Histoire
de la paroisse de Namur
de
l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours
1910–2007
Deux tentatives de
lancer l’œuvre missionnaire à Namur sont faites
en mai 1910 et en mai 1914, mais ne rencontrent aucun succès.
Un nouvel essai a lieu en novembre 1924, mais une seule famille
devient amie de l'Église. Le 14 octobre 1925, après
des mois de travail sans résultat, les missionnaires sont
mutés à Charleroi.
C’est le 5 août
1947, sous la présidence de James L. Barker, que les
missionnaires Reed Mack et Donald Egginton inaugurent pour de bon
l’œuvre à Namur. Des réunions régulières
de l’École du dimanche se tiennent dès le 7 mars
1948 au numéro 7 de la rue des Houblonnières à
La Plante, et dès décembre 1948, l’historien de
la mission signale une assistance moyenne de 25 personnes.
Le samedi 4 décembre
1948, on baptise à l'église de Liège, qui
possède des fonts baptismaux, les personnes suivantes :
Nuchim et Émilia Elbert, Julienne Bertrand (mère
d’Émilia), Émile, Jeanne et Georgette Knops. Les
Knops resteront à Namur jusqu’en 1951, puis iront
s’installer à Bruxelles. Les Elbert et Julienne
Bertrand partiront le 28 mai 1950 s’installer à
St-Louis (Missouri).
Le 14 août 1949 se
tient une conférence en plein air à la citadelle. Le
nombre des personnes présentes est donné comme suit :
Hommes Femmes Total
Membres
17
6
23
Amis
7
4
11
Total
24
10
34
Des tentatives de
démarrer la Primaire, la Société de secours et
l’École du dimanche sont faites à partir de
1949, mais ce n’est qu’en 1950 que la situation va se
stabiliser.
Les missionnaires, en
plus du porte à porte, font des réunions publiques
place de l’Ange le mercredi et au pont de Jambes le samedi.
Comme partout ailleurs,
les missionnaires président la branche, mais le 17 décembre
1950, Émile Knops est mis à part comme deuxième
conseiller dans la présidence.
L’historienne de
la branche écrit : « Les réunions de
l’École du dimanche et de la Sainte-Cène sont
suivies par un plus grand nombre d’amis. Les réunions
au foyer augmentent rapidement. Des familles entières suivent
régulièrement toutes les réunions, conférences,
fêtes, etc. Toutes les activités de l’Église
prennent un grand essor (…) Le 4 novembre 1950, la radio de
Namur interviewe les missionnaires et ils diffusent des disques du
Chœur du Tabernacle. »
En janvier 1951,
l’histoire de la mission signale :
« La première
Primaire qui ait pu être mise sur pied à Namur a été
inaugurée le 26 octobre par une fête où se sont
réunies 17 personnes (accompagnant 7 enfants).
L’instructrice, Mlle Ginette François, dont le beau
travail est très apprécié, a été
aidée, ce jour-là, par la présence de Sœur
Germaine Koncurat, ancienne Présidente de la Primaire du
District de Liège.
« Depuis, le
nombre des participants n’a jamais été
en-dessous de 13, tandis que le nombre des enfants s’élevait
à 11. Le programme, soigneusement établi, est mis à
exécution par les efforts de Mlle François et de Frère
James Johnson, chargé de la partie récréative. »
Les missionnaires
appliquent le programme de la mission de faire connaître
l’Église par les activités sportives. C’est
dans ce cadre qu’a lieu, le 6 novembre 1950, un match de
basket-ball contre l’équipe de Salzinnes, la meilleure
de la province. Les missionnaires gagnent par 29 contre 22. Le
lendemain, ils présentent à la Bourse du Commerce un
programme intitulé « Le Message des Âges »
où l’on compte une assistance de 93 personnes. Radio
Namur, de son côté, demande une interview aux
missionnaires et diffuse plusieurs disques de la « Chorale
du Tabernacle » (11 minutes le 14 novembre). La chorale
de la branche de Namur enregistre plusieurs morceaux qu’elle
fait entendre en décembre.
Le 25 décembre
1950 a lieu une fête de Noël dont le compte-rendu est
fait par « Mlle Ginette François, historienne de
la branche ». Y participent notamment les Knops et les
Estiévenart.
À l’époque,
on n’hésite pas à utiliser les non-membres dans
des offices. On n’est pas regardant non plus sur la
répartition des rôles entre les sexe. C’est ainsi
que, début 1951, l’historienne note l’organigramme
suivant :
« Présidence
de la branche :
Président :
frère Benner
1er
conseiller : frère Crosby
2e
conseiller : frère Knops
Secrétaire :
Mlle Suzanne Estiévenart
« École
du dimanche :
Surintendant :
frère Johnson
1er
conseiller : frère Hailstone
2e
conseiller : Monsieur Estiévenart
Secrétaire :
Mlle Suzanne Estiévenart
« Société
d’Amélioration Mutuelle :
Surintendant :
frère Johnson
1er
conseiller : frère Hailstone
2e
conseillère : Mlle Christiane Estiévenart
Secrétaire :
Mlle Yvette Estiévenart
« Primaire :
Surintendant :
frère Johnson
Institutrice :
Mlle Ginette François
« Société
de Secours :
Présidente :
Sœur Knops
1er
conseillère : Mme Maure
2e
conseillère : Mme François »
C’est l’année
1951 qui verra le baptême des premières familles de la
branche : 14 avril, à Liège, baptême des
Estiévenart. 11 août, Charles et Palmyre Denis, Adèle
Denis, Henri, Emma et Mariette Herreng à Namur. 20 septembre,
Louis et Élisabeth Dombret, Ginette François et sa
mère Olga. À part celui des Estiévenart, les
baptêmes se font dans la Meuse à la Plante.
La famille Estiévenart
compte les personnes suivantes : Gabriel Estiévenart et
sa femme, et leurs enfants, Ferdinand, Suzanne, Christiane, Yvette
et Jacqueline.
La famille Denis :
Adèle Denis (la grand-maman) et ses fils Charles et
Maximilien (dit Alfred), Palmyre, femme de Charles, et leurs
enfants, André, Jean-Marie et Alain.
La famille Dombret :
Louis et Elisabeth Dombret et leurs fils, Jean-Pierre et Charles.
En
1951, les réunions se font chez les missionnaires, au numéro
3 de la rue des Brasseurs. Mais la rue a mauvaise réputation
et les locaux sont trop petits pour la branche grandissante. À
partir du 1er
août 1951, les réunions de Sainte-Cène et de
l’École du dimanche ainsi que la SAM (Société
d'amélioration mutuelle de la jeunesse) et les cours
d’anglais se tiennent à la Bourse du Commerce, les
autres continuant rue des Brasseurs. On loue alors, à partir
du 30 septembre 1951, une maison de maître au 31 avenue de la
Plante. C’est une belle maison avec sous-sol et garage au
rez-de-chaussée, cour et jardin au premier étage, et
trois étages d’habitation, dont le dernier, constitué
des anciennes chambrettes des domestiques, est occupé par les
missionnaires.
Les nouveaux membres
s’investissent considérablement dans les activités
de l’Église, notamment dans les activités
récréatives. C’est ainsi que lors de la
conférence du district des 22 et 23 septembre 1951, les
membres du district convergent vers la branche de Charleroi où
ils participent, le samedi, à une soirée récréative
où Namur se distingue en jouant une pièce humoristique
en un acte, « L’anglais tel qu’on le parle »,
et en présentant divers autres numéros. Le soir, on
loge sur place chez les membres de Charleroi pour assister, le
lendemain, dès neuf heures, à la partie spirituelle de
la conférence. 21 membres de Namur y sont présents.
Des fêtes de ce genre seront régulièrement
organisées et bien suivies au cours des années qui
vont suivre.
Le 31 octobre 1951 a
lieu, au nouveau local, la fête de Halloween sous la direction
des missionnaires. 45 personnes y assistent, dont la famille Didier
et moi-même. Gabrielle Didier est baptisée le 12 avril
1952. Ses enfants, Charles, Jacqueline, Michel et Paul, seront
baptisés plus tard. Divers baptêmes auront lieu pendant
les années qui suivront, mais les personnes ne resteront pas.
Omer et Maria Pirlet sont baptisés le 23 mai 1953. Maria
décède et Omer se remarie. Des nombreux enfants issus
de trois lits ne deviendront pratiquants, à l’âge
adulte, que Guy, maintenant installé à Nivelles, et
Omer, qui deviendra évêque à Namur. Les parents
deviendront non pratiquants, eux aussi. Charles Denis devient non
pratiquant en 1955 et le restera pendant 5 ans. Marcel Kahne sera
baptisé le dimanche 10 février 1957, Charles Didier le
24 novembre 1957. Il faudra attendre 1959-60 pour avoir d’autres
conversions permanentes.
Le 27 juillet 1953 est
une date historique : Ginette François est le premier
membre de l’Église en Belgique à partir pour une
mission à plein temps. Elle est envoyée en Suisse, à
la Chaux-de-Fonds.
Le nombre des personnes
présentes aux réunions oscille autour des vingt (un
record de 35 est signalé le 5 avril 1953) et en 1957 la
branche s’installe au premier étage d’un immeuble
au n° 8 de la rue des Croisiers. C’est un appartement et
le bruit des cantiques chantés le dimanche matin et celui
fait lors des activités de la SAM dérangent les autres
occupants. Le samedi 29 novembre 1958, veille de la conférence
de branche, a lieu une fête de branche. Le propriétaire
de l’étage en-dessous, dont le lustre a tremblé
dangereusement quand les missionnaires (habillés en femmes)
et Ginette François et Anne Marie Pené (habillées
en hommes) ont dansé le French cancan, vient rouspéter.
Il faut donc chercher ailleurs. Marcel Kahne note dans son journal à
la date du mardi 21 juin 1960 : « Nous avons été
rejetés de plusieurs maisons qu’on ne veut pas louer à
des mormons. Dimanche on en a découvert enfin une, une villa
à deux étages, entièrement remise à
neuf, au bord de la Meuse, 2500 frs et le propriétaire nous
veut bien... Le local pourrait être plus grand, mais nous ne
pouvons vraiment pas être difficiles. » La « Villa
Georges », au 69, avenue de la Plante, n’a en fait
rien d’une villa. C’est un vieux bâtiment étroit,
situé dans un tournant dangereux, inhabitable pour une
famille, mais, à une époque où les moyens de
l’Église sont limités, et compte tenu de la
difficulté de trouver quelqu’un qui veuille bien louer
aux mormons, c’est une affaire, mieux en tous cas que le
logement précédent. La branche y restera 18 ans.
Comment se passe la vie
dans la branche au cours de ces années pionnières des
cinquante? Tout est à faire. Les membres ont tout à
apprendre et n’ont, pour les diriger, que de jeunes
missionnaires. Le président de branche est missionnaire, le
président de district est missionnaire. Les missionnaires,
quoique un peu plus âgés (ils ont au moins 21 ans et
font une mission de 30 mois) et mieux formés que les
missionnaires actuels, sont trop jeunes pour s’imposer à
des membres beaucoup plus âgés qu’eux. Or, il
faut tout apprendre aux membres, non seulement la doctrine de
l’Église, mais aussi la façon dont les choses
s’y font, la façon dont on dirige des gens et aussi,
tout simplement, comment appliquer dans sa vie les enseignements de
l’Évangile. Les conflits sont fréquents et il
n’y a personne qui ait l’ancienneté, la sagesse,
le savoir-faire et l’autorité pour y mettre fin.
Lorsque j’arrive en 1951, la brouille est déjà
consommée entre les deux sœurs François et les
Estiévenart et le conflit ne sera jamais résolu.
D’autre part, les familles Estiévenart et Denis sont
liées entre elles par un mariage et les conflits familiaux
ont tendance à devenir conflits de branche. Marcel Kahne se
souvient notamment qu’à la Noël 1953, suite à
des disputes, tout le monde était resté chez soi à
bouder et comme on ne faisait rien chez lui, il est allé
passer la Noël avec les missionnaires dans leur chambre tout en
haut d’une grande maison vide à manger des cacahuètes
et à écouter l’un des missionnaires jouer du
violon, tandis que l’autre, atteint d’un cancer des os,
était au lit…
Dans
un courrier à Marcel Kahne, Daniel Wiame lui rappelle cet
incident qui montre à quel point la débrouille était
encore d’actualité à l’époque où
l’Église n’était pas riche : « Je
me souviens encore de ce jour de pluie ou toi et moi étions
allés à la salle de ventes [située rue du
Collège en face de l’église Saint-Loup] afin de
prendre possession d'un ‘feu continu’ acheté par
la Société de secours. Pour le transporter, nous
avions utilisé une vieille voiture d'enfant qui pliait de
toutes parts sous le poids ! Nous avions pris la rue des
Brasseurs, passé le pont du musée, pris la rue menant
au casino, et continuant à progresser sur le bord de la route
(trottoirs en trop mauvais état pour les petites roues), nous
sommes passés tout le long des immeubles suivants pour
arriver à la villa Georges. Tu tirais et je poussais ainsi
sur ce parcours assez long et sous une forte pluie ! Fort
heureusement, ce ‘feu continu’ vint bien à
point ! Mais pas d'argent pour l’achat du charbon !
Aussi, Marc, Chantal [frère et sœur de Daniel] et moi,
de notre habitation, rue de la Dodane, avions bon accès aux
voies du chemin de fer ! Nous trouvions ainsi sur les voies de
belles quantités d'excellent charbon tombé lors des
remplissages des locomotives. Après mise en sacs, nous
prenions, à pied, la route de l'église, le dimanche
matin, et remettions à Charles Denis [président de
branche de l’époque] nos fournitures ! Ce charbon
était de toute première qualité et souvent la
forte chaleur dégagée faisait fondre le mica des
grilles (qui se remplaçait bien facilement)… Quand il
n'y eut plus de charbon sur les voies, nous en vînmes à
devoir scier des pneus et à les utiliser comme combustible !
Une peste dans tout le quartier chaque dimanche, mais au moins nous
avions chaud à très bon prix ! Il fallait avoir
la foi ou être complètement sots ! »
À partir du 2
novembre 1958, une crise grave éclate dans les branches de
Namur et de Bruxelles. C’est une période de querelles
intestines amères, de jalousie, d’apostasie, une
épreuve du feu pour les survivants. Les réunions de
témoignages sont, depuis des années, des lieux de
règlements de comptes. Des membres cessent de venir à
l'église. Parmi les défections, il y a la plupart des
membres fondateurs de la branche. Charles Didier et Marcel Kahne
font l’enseignement au foyer ensemble et vont les voir.
Certains refusent de les recevoir. Marcel note dans son journal à
la date du 4 janvier 1959 : « À la réunion
avec le président Christensen [président de mission],
l’après-midi, il y avait du monde : 17 personnes. Ce
chiffre paraîtra peut-être ridicule d’ici dix ou
vingt ans, mais pour nous qui sommes habitués à une
assistance de 9 à 10 personnes, [4 à 6 à la SAM
en février] c’est un merveilleux encouragement. »
Et à la date du 19 mai : « Dimanche 17, il y
a eu 27 personnes, un record. Mais l’après midi on
était à peine 10. » La situation
s’améliorera assez vite, puisqu'il note que le dimanche
10 octobre ils sont 29 le matin, 22 le soir. Les chiffres sont
permanents, car il écrit le 21 mars 1960 : 24 personnes
à l’École du dimanche, 27 à la
Sainte-Cène : il y a beaucoup de monde. Le dimanche 24 avril
: « Jamais il n’y avait eu tant de monde : 33 le
matin et 21 l’après-midi. » Le 3 mai, il y a
34 personnes.
Ceux
qui sont fidèles, quant à eux, continuent à
œuvrer. En novembre 1958, Marcel note : « Tout
récemment nous avons inauguré un programme pour
attirer les amis à l’Église, les clubs
d’anglais, et nous avons la satisfaction d’y voir du
monde (50 personnes environ dont pas mal de jeunes). »
Pour lancer le programme, une annonce est mise dans le journal Vers
l’Avenir,
mais elle ajoute : « Précisons, pour dissiper tout
malentendu, que ces cours sont donnés par la secte américaine
des mormons ».
Sous
l’angle positif, les années 1950 sont de belles années.
La télévision n’existant pas encore, l’Église
est au centre de la vie de tous. Outre les réunions du
dimanche, il y a la SAM, prévue en principe pour les jeunes,
mais à laquelle tout le monde assiste. La soirée
hebdomadaire se divise en deux parties. La première consiste
en une leçon faite à partir d’un manuel fourni
chaque année par l’Église. L’amour,
le mariage et vous,
par exemple, qui donne lieu à des discussions passionnées
où jeunes et moins jeunes confrontent leurs points de vue. La
seconde partie devrait consister en des activités axées
principalement sur la musique, le théâtre, l’art
oratoire et la danse, mais étant donné le manque de
compétences, on se rabat souvent sur des jeux de société
tels que les chaises musicales, Matthieu, Marc, Luc et Jean, Coco
est bien assis, etc., ce qui n’est vraiment pas le but visé
par l’Église.
Des
efforts sont cependant faits et l’on monte des pièces
de théâtre ou plus exactement des sketches tels que
« L’anglais tel qu’on le parle »
ou « Au rayon des aquariums ». Certaines de
ces activités trouvent leur consécration dans un petit
article dans L’Étoile,
le magazine de l'Église.
C’est ainsi que le numéro de mars 1953 rapporte
« Messieurs Charles Didier et Marcel Kahne dans une
petite comédie de dix minutes, ‘Oh, quel plaisir d’être
soldat’ ».
Les missionnaires
apprennent aux jeunes les danses du jour. En outre, ils les
préparent pour des « floor shows »,
intermèdes dansants exécutés lors du Bal Vert
et Or ou de la conférence de jeunesse par les jeunes des
diverses branches du district, intermèdes consistant en des
danses à figures exécutées par trois ou quatre
couples de danseurs.
Comme Ginette François,
qui a une jolie voix de soprano, fait partie de la chorale « Les
bardes de la Meuse », elle dirige le chœur de
branche et organise des quatuors vocaux parmi les jeunes, qui
chantent à diverses occasions, comme par exemple la
conférence de jeunesse de Lausanne en 1957, où
Jacqueline Didier, Charles Didier, Ginette François et Marcel
Kahne interprétèrent « Swing low, sweet
chariot ».
L’argent est rare,
mais la volonté et la débrouillardise aidant, les
jeunes achètent les matériaux pour construire une
table de ping-pong qui est généreusement utilisée
et permet aux jeunes de s’entraîner et de lancer des
défis aux autres jeunes du district.
La branche de Namur a
l’honneur d’avoir le premier missionnaire ou plus
exactement la première missionnaire à plein temps de
Belgique : Ginette François, qui fait une mission en
Suisse de 1953 à 1955. Elle est suivie en 1957 par Jacqueline
Didier et en 1960 par Marcel Kahne. Charles Didier, quant à
lui, sera directement appelé comme président de la
mission de Genève en 1970.
L’enseignement au
foyer et les visites des sœurs de la Société de
secours se font régulièrement, mais personne ne
possède de voiture. On se déplace à pied ou à
vélo ou en utilisant les transports publics.
Les réunions,
comme partout ailleurs, se font comme suit : la SAM, la Primaire et
les arts ménagers de la Société de secours en
semaine, les réunions de prêtrise, de Société
de secours et d’École du dimanche le dimanche matin de
9 à 12 heures. À l'époque, l’École
du dimanche a une plus grande ampleur qu’aujourd’hui.
Elle comporte une pensée spirituelle, deux discours de deux
minutes et demie, en principe pour apprendre aux enfants à
parler en public, mais souvent faits par des adultes également,
une répétition de cantiques où l’on
apprend toutes les voix, la bénédiction de la
Sainte-Cène et une leçon.
C’est la réunion
de Sainte-Cène qui pose problème. Il y a deux sujets
de préoccupation. Le premier, ce sont les personnes qui ne
sont pas encore tout à fait converties au respect du jour du
sabbat. À une époque où l’on travaille ou
étudie à l’école encore six jours sur
sept et où la télévision n’a pas encore
fait son apparition dans les ménages à revenus
modestes, le cinéma du dimanche reste la grande distraction.
On essaiera à certains moments de fixer la réunion de
Sainte-Cène de manière à ce qu’elle
empiète sur deux séances de cinéma. Pendant des
années, cela ne dérangera pas les membres de faire
deux fois le trajet de chez eux à l'église, même
si cela signifie traverser toute la ville à pied. Plus tard,
dans les années 1960 et 1970, on réduira les
déplacements en mangeant à l'église –
dans l’horrible sous-sol – et en faisant la réunion
de Sainte-Cène après le repas.
Il y a quelques
personnes baptisées en 1960, dont les noms de famille sont
Vandenhove, Danys, Otte, Talmas. À propos de ce dernier :
Il avait été le professeur de néerlandais de
Marcel Kahne à l’athénée et ce dernier
avait participé à sa conversion. Très
pratiquant, il est appelé comme conseiller du président
de branche qui est alors Gabriel Estiévenart. Il fait aussi
du bon travail à la généalogie. Il participera
même à la révision de la version française
des Doctrine et Alliances. Mais après le départ de
Marcel Kahne en mission, quelqu’un va offenser sa femme,
laquelle ne voudra plus rien savoir de l’Église et
entraînera son mari avec elle. Les autres ne resteront
pratiquants qu’un certain temps, mais Richard Otte finira par
revenir dans les années 1990. Lors d’une fête
organisée le 15 octobre 1960 par Fernand Talmas, on compte
près de 50 membres et amis.
1960,
c’est le début de « la Nouvelle Ère »,
une période nouvelle de croissance et de multiplication des
baptêmes prophétisée par le président
David O. McKay. Marcel Kahne est en mission à ce moment-là.
La Mission française (couvrant la France, la Belgique et la
Suisse francophones), qui jusque-là faisait cent cinquante à
deux cents baptêmes par an, en fait près de mille cette
année-là. Des branches, qui sont restées
petites jusqu’alors, voient le nombre de leurs membres
décupler. C’est le cas de Reims, de Strasbourg, de
Paris, de Bordeaux, de Charleroi. C’est dans cette dernière
ville que Marcel kahne commence sa mission, remplaçant un
missionnaire malade. En quinze jours, ils auront, son compagnon et
lui, fait une rue et demie en tout. Il y a, à son arrivée,
29 familles à tous les stades des leçons. À son
départ, quinze jours plus tard, il y en aura 49. Ils entrent
partout. La liste des baptêmes paraît dans L’Étoile
de 1960 à
1963. Namur connaîtra 33 baptêmes durant cette période.
Le nombre de membres étant en croissance, la volonté
d’avoir un bâtiment en propre se manifeste dès
1960 et des recherches sont faites pour trouver un terrain. Mais
l’entreprise est de taille, car il faut réunir une
somme équivalant à 20% du coût de la
construction à titre de participation de la branche (à
l’époque, les paroisses américaines participent
à hauteur de 30%). De plus, la chasse au terrain s’avère
infructueuse. Le projet doit être remis à plus tard.
Il y a des départs.
Charles Didier épouse Lucie Lodomez, de Liège, et va
s’installer là-bas. Après son retour de mission,
Marcel Kahne épouse Paulette Gilles, de Verviers, et ils
s'installent dans la région d’Andenne. Sur leurs
instances, la mission ouvre une branche à Huy qu'ils
s'efforceront de faire vivre pendant neuf ans. Lors de la fermeture
de cette branche en 1974, ils reviendront à Namur avec une
famille de convertis d’Amay, les Lapagne.
En 1960, un problème
particulier se pose. Les membres, qui jusqu’alors n’avaient
jamais participé au budget de branche, sont dorénavant
invités à le faire (les membres des États-Unis
contribuent déjà à raison de 30% au moins).
Marcel note : « Lundi 4-7-60. Ce sont les membres
nouveaux et les non pratiquants qui montrent l’exemple aux
membres pratiquants de longue date. La mission demande que 20% des
frais soient payés par les branches. Tout le monde a accepté
sauf deux sœurs, qui ont énergiquement protesté
dimanche dernier. De plus Ginette refuse d’aider les nouveaux
baptisés à s’intégrer dans la branche en
leur rendant des visites d’amitié conformément
au nouveau programme d’intégration. »
Attitude aujourd'hui étonnante qui montre qu’il a fallu
que la pratique entre dans les mœurs ! Pour ce qui est
des 20%, il sera presque impossible de les obtenir...
Jusqu’alors, ce
sont les missionnaires qui détiennent les postes de direction
dans les branches. Dorénavant on va libérer autant que
possible les missionnaires de ces offices et on va les donner aux
membres. Dès le 29 novembre 1959, la présidence de
district est constituée d’Elder [ce terme remplace
« frère » à partir de la fin de
1958] Mitchell avec Francis Putmans (ordonné ancien le jour
même) et Marcel Kahne comme conseillers (il avait précédemment
été président de l’École du
dimanche du district depuis février). Quelques semaines plus
tard, frère Putmans devient président du district de
Charleroi, Polydore Keppens devient président de branche à
Charleroi, succédant à frère Dechesne,
Jean-Baptiste Leroy devient président de branche à
Mons. En février 1960, Elder Westover, président de la
branche, choisit Gabriel Estiévenart comme deuxième
conseiller. Après quelques tergiversations, frère
Putmans obtient que frère Estiévenart soit appelé
comme président de branche à Namur. Après le
décès de frère Putmans, frère Keppens
deviendra président du district (en 1961 ou 1962). Il prendra
frère Estiévenart comme conseiller, lequel sera alors
remplacé par Charles Denis redevenu pratiquant et désireux
de servir.
Il aura fort à
faire, car dès qu’il a le malheur de commettre une
maladresse, les vieux démons des années cinquante
resurgissent. En 1962, Marcel kahne est rentré de mission et,
ayant commencé à travailler, il a son propre
appartement. Comme il y a de nouveau de l’orage dans l’air,
chacun va fêter Noël chez lui et, se rappelant celui de
1953, Marcel organise chez lui un Noël des âmes seules.
Charles Denis, qui est veuf, y viendra avec sa télévision,
ainsi que les missionnaires et quelques autres.
Charles Denis reste
président de branche jusqu’en 1967. Pendant ce temps
viendront se joindre à la branche par le baptême, entre
autres, la famille Wiame et André Sohy en 1962, sœur
Michiels et ses enfants, Danielle et Serge, en 1964. Marie-Thérèse
Dalebroux est baptisée en avril 1965. Elle sera suivie le 20
février 1966 par son mari Robert Badoux. Ils divorcent et
Robert épouse Danielle Bouchat, fille de sœur Michiels.
Ce couple deviendra un pilier de la branche et l’est encore à
ce jour. Les Brébois sont baptisés en 1967. Charles
Denis est remplacé par un missionnaire, Elder Doherty.
En mars 1969, René Brébois devient président de
branche avec Fernand Noyon, converti de 1968, comme premier
conseiller. Ce dernier lui succédera et sera président
jusqu’en 1975.
Lorsque
la branche de Huy est fermée en octobre 1976, les membres
retournent à Namur. La maison du 59 avenue de la Plante
(villa Georges), qui abrite à ce moment la branche, est
vétuste. Le plancher qui soutient l’estrade est pourri
et devient dangereux. En outre le local est devenu trop petit et
l’on essaie vainement de trouver un terrain pour y bâtir
une église : les plans d’urbanisme de la ville de
Namur, conçus pour arrêter la prolifération des
« grandes surfaces », empêchent tout
achat de terrain pour une église dans un rayon
raisonnablement accessible à tous, et l’on songe
sérieusement à acheter un bâtiment à
transformer. C’est alors que Paulette Kahne, qui se passionne
pour tout ce qui est architecture, remarque, sur le chemin que sa
famille emprunte pour aller à l’église, une très
belle villa, située en bordure de Meuse, au 548 avenue Prince
de Liège. L’Église l’achète en
1980. Comme la paroisse doit participer à hauteur de 20% à
l’achat, les membres fournissent de la main d’œuvre.
C’est ainsi que Lucien Lapagne, aidé de son beau-père,
installe le chauffage central tandis que Charles Denis s’occupe
des travaux de menuiserie.
De
1976 à 1991, il y a 109 baptêmes, dont 60 restent
pratiquants. En 1991, il y a jusqu’à cent membres aux
réunions, ce qui pose un problème notamment à
la réunion de Sainte-Cène, quand tout le monde est
réuni. Le plafond de la salle de Sainte-Cène n’est
pas suffisamment haut et l’air y est vite vicié. La
recherche d’un terrain pour y bâtir une vraie église
reprend. On finit par découvrir, à Erpent, un terrain
beaucoup trop grand (10 hectares), mais situé dans un
périmètre où l’urbanisme n’a pas
encore imposé de spécifications. De guerre lasse,
l’Église l’achète quand même. Le
premier coup de pioche est donné le 16 mars 1992 et le
bâtiment est inauguré le 18 avril 1993.
Quand le pieu est créé
en 1977, Daniel Denis, qui était déjà président
de la branche depuis 1975, devient, à 22 ans, le plus jeune
évêque du pieu. Lucien Lapagne lui succède en
avril 1980 et restera jusqu’en 1984. Il est remplacé
par un de ses conseillers, Omer Pirlet, auquel succèdent
Jean-Marie Rousseaux, puis Jean-Pierre Dombret en décembre
1991, puis René Brébois en 1998, Benoît Royer et
enfin Michel Mazy en octobre 2004.
En 1979 arrive un jeune
couple américain qui va avoir un effet bénéfique
sur l’esprit de la paroisse. Il s’agit de Ralph et Mary
Lou Boone. Le mari est là pour un stage aux Facultés
Notre-Dame de la Paix. Le couple avait fréquenté
différentes Églises, mais n’y avait pas trouvé
ce qu’il cherchait. Remarqué par les missionnaires à
Liège, il est contacté et instruit par eux. Il connaît
des manifestations spirituelles pendant cet enseignement. Lors d’une
visite chez Marcel Kahne, Mary Lou lui raconte un rêve qu’elle
a fait et dont elle ne saisit pas le sens. Ce qu’elle décrit,
avec une grande précision, n’est autre chose qu’un
moment précis de la dotation, alors qu’elle ne sait
même pas que cela existe. Ceci donne une idée de la
force de la conversion de ce couple. Pendant les quelques mois
qu’ils seront à Namur, leur émerveillement
devant ce qu’ils découvrent dans ce qu’on leur
enseigne sera un véritable bain de spiritualité et de
rafraîchissement pour des membres qui ont laissé tout
cela devenir de la routine.
Quand l’Église
lance le programme d’extraction des noms pour la généalogie,
la paroisse de Namur se jette à corps perdu dans cette œuvre
et ce, dès 1983. C’est Charles Denis qui donne
l’impulsion au centre d'histoire familiale local avec l’aide
d’Eugénie Jacques. Ils sont rapidement rejoints par
Françoise Denis, Yvonne Denis, Élisabeth Dombret,
Ginette François, Louise Michaux et Anne-Marie Wareigne. Plus
tard viendront aussi Michel Hanot et Isabelle Schimpel. Ils
totalisent cent heures d'indexation par semaine. En 1987, quinze
mille actes sont traités. En 1988, vingt mille. En 1990,
vingt-cinq mille. En 1987, 1988 et 1989, Namur fournit 90% du
travail du pieu. Le centre est alors chargé de la formation
de neuf unités d’indexation comprenant une cinquantaine
de personnes. Cette formation produit des fruits car en 1991, pour
un même effort soutenu, Namur ne représente plus que
60% des chiffres du pieu. En octobre 1992, les huit sœurs et
les deux frères qui équipent le centre (E. Dombret, L.
Michaux, E. Schimpel, Y. Denis, L. Michiels, G. François, E.
Jacques, Ch. Denis, L. Lapagne, M-F Lapagne) totalisent 500 à
600 heures de travail par mois. Le premier semestre de 1994, 30 000
noms sont envoyés. En 1995 plus de 4000 heures sont
consacrées à l’indexation. Le centre de
recherches familiales totalise 348 heures d’ouverture, avec
177 visiteurs non membres et 235 visites de membres de l'Église.
Les heures d’ouverture passeront à 600 en 1998, avec
162 visiteurs et à 830 en 1999 avec 621 visiteurs. En 2000 il
y aura 1218 visites et en 2001, 1498 pour un total de 1220 heures
annuelles d’ouverture.
Un autre exploit dans la
paroisse est accompli par le couple Badoux qui, de janvier 1991 à
janvier 2003, rédige et distribue un mensuel intitulé
Info-Namur, soit 131 numéros contenant non seulement les
annonces paroissiales mais aussi une foule de rubriques d’intérêt
général, des curiosités, des histoires pour la
fête des mères ou des pères, pour Noël et
pour Pâques, des pensées, des poésies et même
des recettes de cuisine.
Le 27 novembre 1994, les
unités de Liège 1 et 2, Herstal, Seraing et Verviers
sont détachées du pieu pour former le district de
Liège et le 17 septembre1995 la branche de Huy est ouverte.
Les familles Kahne, Van Herck, Kool et Lapagne ainsi que sœur
Durinck quittent la paroisse de Namur. L’expérience
prend fin en juin 2006 quand le district de Liège est inclus
dans le pieu de Bruxelles et que Huy est fermé le 2 septembre
2007, date à laquelle la famille kahne revient à
Namur, ainsi que sœur Durinck, les autres membres de Huy
devenant membres de la paroisse de Liège 1.
Missionnaires de Namur
Ginette
François
|
Paris
|
1953
|
Jacqueline
Didier
|
Paris
|
1959
|
Marcel
Kahne
|
Paris
|
1960
|
Daniel
Wiame
|
Paris
|
1965
|
André
Sohy
|
Genève
|
1966
|
Marc
Wiame
|
Tahiti
|
1970
|
Omer
Pirlet
|
Genève
|
1977
|
Françoise
Jaumotte
|
Montréal
|
1978
|
Régine
Pierret
|
Costa
Rica
|
1983
|
Gérald
Kahne
|
Paris
|
1984
|
Bruno
Kahne
|
Salt
Lake City Nord
|
1986
|
Jean-Yves
Jaumotte
|
îles
Réunion/Maurice
|
1987
|
Pascale
Flamme
|
Bordeaux
|
1989
|
Jean-Marc
Selvon
|
Londres
Sud
|
1991
|
Fabienne
Kahne
|
Bristol
|
1991
|
Frédérique
Badoux
|
Arizona
|
1992
|
Pierre
Kahne
|
Marseille
|
1992
|
Jean-Philippe
Silvestrin
|
Paris
|
1992
|
Rudy
Lambé
|
Marseille
|
1994
|
Nicolas
Fiévet
|
Bordeaux
|
1995
|
Anne-Catherine
Paulus
|
Genève
|
2003
|
Yannick
Rousseaux
|
Côte
d’Ivoire / Montréal
|
2003
|
Marie
Rousseaux
|
Paris
|
2004
|
Maxime
Léonard
|
Marseille
|
2005
|
Bruno
Wiame
|
Paris
|
2005
|
Pierre-Olivier
Paulus
|
Salt
Lake City
|
2007
|
Barbara
Léonard
|
Montréal
|
2011
|
Thibault
Mai
|
Portugal
|
2011
|
Ruben
Dawagne
|
Montréal
|
2013
|
Sources
•
History
of the Netherlands Mission,
compilée par Frank I. Kooyman, Archives du département d’histoire
de l’Église. Utilisé avec la permission de l’Église.
•
Journal personnel et
souvenirs de Marcel Kahne
•
L’Histoire
de la Branche de Namur,
registre conservé dans la paroisse
•
Article
sur la généalogie à Namur, L’Étoile,
Vie de l’Église, mars
et août 1988
•
Info
Namur, bulletin
d’information de la paroisse 1991-2003
•
Courrier
électronique de Daniel Wiame, septembre 2013
Source :
Marcel Kahne, Histoire de le paroisse de Namur, 2013