Histoire de la paroisse de Namur
de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours


1910–2007




Deux tentatives de lancer l’œuvre missionnaire à Namur sont faites en mai 1910 et en mai 1914, mais ne rencontrent aucun succès. Un nouvel essai a lieu en novembre 1924, mais une seule famille devient amie de l'Église. Le 14 octobre 1925, après des mois de travail sans résultat, les missionnaires sont mutés à Charleroi.

C’est le 5 août 1947, sous la présidence de James L. Barker, que les missionnaires Reed Mack et Donald Egginton inaugurent pour de bon l’œuvre à Namur. Des réunions régulières de l’École du dimanche se tiennent dès le 7 mars 1948 au numéro 7 de la rue des Houblonnières à La Plante, et dès décembre 1948, l’historien de la mission signale une assistance moyenne de 25 personnes.

Le samedi 4 décembre 1948, on baptise à l'église de Liège, qui possède des fonts baptismaux, les personnes suivantes : Nuchim et Émilia Elbert, Julienne Bertrand (mère d’Émilia), Émile, Jeanne et Georgette Knops. Les Knops resteront à Namur jusqu’en 1951, puis iront s’installer à Bruxelles. Les Elbert et Julienne Bertrand partiront le 28 mai 1950 s’installer à St-Louis (Missouri).

Le 14 août 1949 se tient une conférence en plein air à la citadelle. Le nombre des personnes présentes est donné comme suit :

                        Hommes     Femmes     Total
Membres             17                 6              23
Amis                     7                   4              11
Total                     24                 10            34

Des tentatives de démarrer la Primaire, la Société de secours et l’École du dimanche sont faites à partir de 1949, mais ce n’est qu’en 1950 que la situation va se stabiliser.

Les missionnaires, en plus du porte à porte, font des réunions publiques place de l’Ange le mercredi et au pont de Jambes le samedi.

Comme partout ailleurs, les missionnaires président la branche, mais le 17 décembre 1950, Émile Knops est mis à part comme deuxième conseiller dans la présidence.

L’historienne de la branche écrit : « Les réunions de l’École du dimanche et de la Sainte-Cène sont suivies par un plus grand nombre d’amis. Les réunions au foyer augmentent rapidement. Des familles entières suivent régulièrement toutes les réunions, conférences, fêtes, etc. Toutes les activités de l’Église prennent un grand essor (…) Le 4 novembre 1950, la radio de Namur interviewe les missionnaires et ils diffusent des disques du Chœur du Tabernacle. »

En janvier 1951, l’histoire de la mission signale :

« La première Primaire qui ait pu être mise sur pied à Namur a été inaugurée le 26 octobre par une fête où se sont réunies 17 personnes (accompagnant 7 enfants). L’instructrice, Mlle Ginette François, dont le beau travail est très apprécié, a été aidée, ce jour-là, par la présence de Sœur Germaine Koncurat, ancienne Présidente de la Primaire du District de Liège.

« Depuis, le nombre des participants n’a jamais été en-dessous de 13, tandis que le nombre des enfants s’élevait à 11. Le programme, soigneusement établi, est mis à exécution par les efforts de Mlle François et de Frère James Johnson, chargé de la partie récréative. »

Les missionnaires appliquent le programme de la mission de faire connaître l’Église par les activités sportives. C’est dans ce cadre qu’a lieu, le 6 novembre 1950, un match de basket-ball contre l’équipe de Salzinnes, la meilleure de la province. Les missionnaires gagnent par 29 contre 22. Le lendemain, ils présentent à la Bourse du Commerce un programme intitulé « Le Message des Âges » où l’on compte une assistance de 93 personnes. Radio Namur, de son côté, demande une interview aux missionnaires et diffuse plusieurs disques de la « Chorale du Tabernacle » (11 minutes le 14 novembre). La chorale de la branche de Namur enregistre plusieurs morceaux qu’elle fait entendre en décembre.

Le 25 décembre 1950 a lieu une fête de Noël dont le compte-rendu est fait par « Mlle Ginette François, historienne de la branche ». Y participent notamment les Knops et les Estiévenart.

À l’époque, on n’hésite pas à utiliser les non-membres dans des offices. On n’est pas regardant non plus sur la répartition des rôles entre les sexe. C’est ainsi que, début 1951, l’historienne note l’organigramme suivant :

« Présidence de la branche :
Président : frère Benner
1er conseiller : frère Crosby
2e conseiller : frère Knops
Secrétaire : Mlle Suzanne Estiévenart

« École du dimanche :
Surintendant : frère Johnson
1er conseiller : frère Hailstone
2e conseiller : Monsieur Estiévenart
Secrétaire : Mlle Suzanne Estiévenart

« Société d’Amélioration Mutuelle :
Surintendant : frère Johnson
1er conseiller : frère Hailstone
2e conseillère : Mlle Christiane Estiévenart
Secrétaire : Mlle Yvette Estiévenart

« Primaire :
Surintendant : frère Johnson
Institutrice : Mlle Ginette François

« Société de Secours :
Présidente : Sœur Knops
1er conseillère : Mme Maure
2e conseillère : Mme François »

C’est l’année 1951 qui verra le baptême des premières familles de la branche : 14 avril, à Liège, baptême des Estiévenart. 11 août, Charles et Palmyre Denis, Adèle Denis, Henri, Emma et Mariette Herreng à Namur. 20 septembre, Louis et Élisabeth Dombret, Ginette François et sa mère Olga. À part celui des Estiévenart, les baptêmes se font dans la Meuse à la Plante.

La famille Estiévenart compte les personnes suivantes : Gabriel Estiévenart et sa femme, et leurs enfants, Ferdinand, Suzanne, Christiane, Yvette et Jacqueline.

La famille Denis : Adèle Denis (la grand-maman) et ses fils Charles et Maximilien (dit Alfred), Palmyre, femme de Charles, et leurs enfants, André, Jean-Marie et Alain.

La famille Dombret : Louis et Elisabeth Dombret et leurs fils, Jean-Pierre et Charles.

En 1951, les réunions se font chez les missionnaires, au numéro 3 de la rue des Brasseurs. Mais la rue a mauvaise réputation et les locaux sont trop petits pour la branche grandissante. À partir du 1er août 1951, les réunions de Sainte-Cène et de l’École du dimanche ainsi que la SAM (Société d'amélioration mutuelle de la jeunesse) et les cours d’anglais se tiennent à la Bourse du Commerce, les autres continuant rue des Brasseurs. On loue alors, à partir du 30 septembre 1951, une maison de maître au 31 avenue de la Plante. C’est une belle maison avec sous-sol et garage au rez-de-chaussée, cour et jardin au premier étage, et trois étages d’habitation, dont le dernier, constitué des anciennes chambrettes des domestiques, est occupé par les missionnaires.

Les nouveaux membres s’investissent considérablement dans les activités de l’Église, notamment dans les activités récréatives. C’est ainsi que lors de la conférence du district des 22 et 23 septembre 1951, les membres du district convergent vers la branche de Charleroi où ils participent, le samedi, à une soirée récréative où Namur se distingue en jouant une pièce humoristique en un acte, « L’anglais tel qu’on le parle », et en présentant divers autres numéros. Le soir, on loge sur place chez les membres de Charleroi pour assister, le lendemain, dès neuf heures, à la partie spirituelle de la conférence. 21 membres de Namur y sont présents. Des fêtes de ce genre seront régulièrement organisées et bien suivies au cours des années qui vont suivre.

Le 31 octobre 1951 a lieu, au nouveau local, la fête de Halloween sous la direction des missionnaires. 45 personnes y assistent, dont la famille Didier et moi-même. Gabrielle Didier est baptisée le 12 avril 1952. Ses enfants, Charles, Jacqueline, Michel et Paul, seront baptisés plus tard. Divers baptêmes auront lieu pendant les années qui suivront, mais les personnes ne resteront pas. Omer et Maria Pirlet sont baptisés le 23 mai 1953. Maria décède et Omer se remarie. Des nombreux enfants issus de trois lits ne deviendront pratiquants, à l’âge adulte, que Guy, maintenant installé à Nivelles, et Omer, qui deviendra évêque à Namur. Les parents deviendront non pratiquants, eux aussi. Charles Denis devient non pratiquant en 1955 et le restera pendant 5 ans. Marcel Kahne sera baptisé le dimanche 10 février 1957, Charles Didier le 24 novembre 1957. Il faudra attendre 1959-60 pour avoir d’autres conversions permanentes.

Le 27 juillet 1953 est une date historique : Ginette François est le premier membre de l’Église en Belgique à partir pour une mission à plein temps. Elle est envoyée en Suisse, à la Chaux-de-Fonds.

Le nombre des personnes présentes aux réunions oscille autour des vingt (un record de 35 est signalé le 5 avril 1953) et en 1957 la branche s’installe au premier étage d’un immeuble au n° 8 de la rue des Croisiers. C’est un appartement et le bruit des cantiques chantés le dimanche matin et celui fait lors des activités de la SAM dérangent les autres occupants. Le samedi 29 novembre 1958, veille de la conférence de branche, a lieu une fête de branche. Le propriétaire de l’étage en-dessous, dont le lustre a tremblé dangereusement quand les missionnaires (habillés en femmes) et Ginette François et Anne Marie Pené (habillées en hommes) ont dansé le French cancan, vient rouspéter. Il faut donc chercher ailleurs. Marcel Kahne note dans son journal à la date du mardi 21 juin 1960 : « Nous avons été rejetés de plusieurs maisons qu’on ne veut pas louer à des mormons. Dimanche on en a découvert enfin une, une villa à deux étages, entièrement remise à neuf, au bord de la Meuse, 2500 frs et le propriétaire nous veut bien... Le local pourrait être plus grand, mais nous ne pouvons vraiment pas être difficiles. » La « Villa Georges », au 69, avenue de la Plante, n’a en fait rien d’une villa. C’est un vieux bâtiment étroit, situé dans un tournant dangereux, inhabitable pour une famille, mais, à une époque où les moyens de l’Église sont limités, et compte tenu de la difficulté de trouver quelqu’un qui veuille bien louer aux mormons, c’est une affaire, mieux en tous cas que le logement précédent. La branche y restera 18 ans.

Comment se passe la vie dans la branche au cours de ces années pionnières des cinquante? Tout est à faire. Les membres ont tout à apprendre et n’ont, pour les diriger, que de jeunes missionnaires. Le président de branche est missionnaire, le président de district est missionnaire. Les missionnaires, quoique un peu plus âgés (ils ont au moins 21 ans et font une mission de 30 mois) et mieux formés que les missionnaires actuels, sont trop jeunes pour s’imposer à des membres beaucoup plus âgés qu’eux. Or, il faut tout apprendre aux membres, non seulement la doctrine de l’Église, mais aussi la façon dont les choses s’y font, la façon dont on dirige des gens et aussi, tout simplement, comment appliquer dans sa vie les enseignements de l’Évangile. Les conflits sont fréquents et il n’y a personne qui ait l’ancienneté, la sagesse, le savoir-faire et l’autorité pour y mettre fin. Lorsque j’arrive en 1951, la brouille est déjà consommée entre les deux sœurs François et les Estiévenart et le conflit ne sera jamais résolu. D’autre part, les familles Estiévenart et Denis sont liées entre elles par un mariage et les conflits familiaux ont tendance à devenir conflits de branche. Marcel Kahne se souvient notamment qu’à la Noël 1953, suite à des disputes, tout le monde était resté chez soi à bouder et comme on ne faisait rien chez lui, il est allé passer la Noël avec les missionnaires dans leur chambre tout en haut d’une grande maison vide à manger des cacahuètes et à écouter l’un des missionnaires jouer du violon, tandis que l’autre, atteint d’un cancer des os, était au lit…

Dans un courrier à Marcel Kahne, Daniel Wiame lui rappelle cet incident qui montre à quel point la débrouille était encore d’actualité à l’époque où l’Église n’était pas riche : « Je me souviens encore de ce jour de pluie ou toi et moi étions allés à la salle de ventes [située rue du Collège en face de l’église Saint-Loup] afin de prendre possession d'un ‘feu continu’ acheté par la Société de secours. Pour le transporter, nous avions utilisé une vieille voiture d'enfant qui pliait de toutes parts sous le poids ! Nous avions pris la rue des Brasseurs, passé le pont du musée, pris la rue menant au casino, et continuant à progresser sur le bord de la route (trottoirs en trop mauvais état pour les petites roues), nous sommes passés tout le long des immeubles suivants pour arriver à la villa Georges. Tu tirais et je poussais ainsi sur ce parcours assez long et sous une forte pluie ! Fort heureusement, ce ‘feu continu’ vint bien à point ! Mais pas d'argent pour l’achat du charbon ! Aussi, Marc, Chantal [frère et sœur de Daniel] et moi, de notre habitation, rue de la Dodane, avions bon accès aux voies du chemin de fer ! Nous trouvions ainsi sur les voies de belles quantités d'excellent charbon tombé lors des remplissages des locomotives. Après mise en sacs, nous prenions, à pied, la route de l'église, le dimanche matin, et remettions à Charles Denis [président de branche de l’époque] nos fournitures ! Ce charbon était de toute première qualité et souvent la forte chaleur dégagée faisait fondre le mica des grilles (qui se remplaçait bien facilement)… Quand il n'y eut plus de charbon sur les voies, nous en vînmes à devoir scier des pneus et à les utiliser comme combustible ! Une peste dans tout le quartier chaque dimanche, mais au moins nous avions chaud à très bon prix ! Il fallait avoir la foi ou être complètement sots ! »

À partir du 2 novembre 1958, une crise grave éclate dans les branches de Namur et de Bruxelles. C’est une période de querelles intestines amères, de jalousie, d’apostasie, une épreuve du feu pour les survivants. Les réunions de témoignages sont, depuis des années, des lieux de règlements de comptes. Des membres cessent de venir à l'église. Parmi les défections, il y a la plupart des membres fondateurs de la branche. Charles Didier et Marcel Kahne font l’enseignement au foyer ensemble et vont les voir. Certains refusent de les recevoir. Marcel note dans son journal à la date du 4 janvier 1959 : « À la réunion avec le président Christensen [président de mission], l’après-midi, il y avait du monde : 17 personnes. Ce chiffre paraîtra peut-être ridicule d’ici dix ou vingt ans, mais pour nous qui sommes habitués à une assistance de 9 à 10 personnes, [4 à 6 à la SAM en février] c’est un merveilleux encouragement. » Et à la date du 19 mai : « Dimanche 17, il y a eu 27 personnes, un record. Mais l’après midi on était à peine 10. » La situation s’améliorera assez vite, puisqu'il note que le dimanche 10 octobre ils sont 29 le matin, 22 le soir. Les chiffres sont permanents, car il écrit le 21 mars 1960 : 24 personnes à l’École du dimanche, 27 à la Sainte-Cène : il y a beaucoup de monde. Le dimanche 24 avril : « Jamais il n’y avait eu tant de monde : 33 le matin et 21 l’après-midi. » Le 3 mai, il y a 34 personnes.

Ceux qui sont fidèles, quant à eux, continuent à œuvrer. En novembre 1958, Marcel note : « Tout récemment nous avons inauguré un programme pour attirer les amis à l’Église, les clubs d’anglais, et nous avons la satisfaction d’y voir du monde (50 personnes environ dont pas mal de jeunes). » Pour lancer le programme, une annonce est mise dans le journal Vers l’Avenir, mais elle ajoute : « Précisons, pour dissiper tout malentendu, que ces cours sont donnés par la secte américaine des mormons ».

Sous l’angle positif, les années 1950 sont de belles années. La télévision n’existant pas encore, l’Église est au centre de la vie de tous. Outre les réunions du dimanche, il y a la SAM, prévue en principe pour les jeunes, mais à laquelle tout le monde assiste. La soirée hebdomadaire se divise en deux parties. La première consiste en une leçon faite à partir d’un manuel fourni chaque année par l’Église. L’amour, le mariage et vous, par exemple, qui donne lieu à des discussions passionnées où jeunes et moins jeunes confrontent leurs points de vue. La seconde partie devrait consister en des activités axées principalement sur la musique, le théâtre, l’art oratoire et la danse, mais étant donné le manque de compétences, on se rabat souvent sur des jeux de société tels que les chaises musicales, Matthieu, Marc, Luc et Jean, Coco est bien assis, etc., ce qui n’est vraiment pas le but visé par l’Église.

Des efforts sont cependant faits et l’on monte des pièces de théâtre ou plus exactement des sketches tels que « L’anglais tel qu’on le parle » ou « Au rayon des aquariums ». Certaines de ces activités trouvent leur consécration dans un petit article dans L’Étoile, le magazine de l'Église. C’est ainsi que le numéro de mars 1953 rapporte « Messieurs Charles Didier et Marcel Kahne dans une petite comédie de dix minutes, ‘Oh, quel plaisir d’être soldat’ ».

Les missionnaires apprennent aux jeunes les danses du jour. En outre, ils les préparent pour des « floor shows », intermèdes dansants exécutés lors du Bal Vert et Or ou de la conférence de jeunesse par les jeunes des diverses branches du district, intermèdes consistant en des danses à figures exécutées par trois ou quatre couples de danseurs.

Comme Ginette François, qui a une jolie voix de soprano, fait partie de la chorale « Les bardes de la Meuse », elle dirige le chœur de branche et organise des quatuors vocaux parmi les jeunes, qui chantent à diverses occasions, comme par exemple la conférence de jeunesse de Lausanne en 1957, où Jacqueline Didier, Charles Didier, Ginette François et Marcel Kahne interprétèrent « Swing low, sweet chariot ».

L’argent est rare, mais la volonté et la débrouillardise aidant, les jeunes achètent les matériaux pour construire une table de ping-pong qui est généreusement utilisée et permet aux jeunes de s’entraîner et de lancer des défis aux autres jeunes du district.

La branche de Namur a l’honneur d’avoir le premier missionnaire ou plus exactement la première missionnaire à plein temps de Belgique : Ginette François, qui fait une mission en Suisse de 1953 à 1955. Elle est suivie en 1957 par Jacqueline Didier et en 1960 par Marcel Kahne. Charles Didier, quant à lui, sera directement appelé comme président de la mission de Genève en 1970.

L’enseignement au foyer et les visites des sœurs de la Société de secours se font régulièrement, mais personne ne possède de voiture. On se déplace à pied ou à vélo ou en utilisant les transports publics.

Les réunions, comme partout ailleurs, se font comme suit : la SAM, la Primaire et les arts ménagers de la Société de secours en semaine, les réunions de prêtrise, de Société de secours et d’École du dimanche le dimanche matin de 9 à 12 heures. À l'époque, l’École du dimanche a une plus grande ampleur qu’aujourd’hui. Elle comporte une pensée spirituelle, deux discours de deux minutes et demie, en principe pour apprendre aux enfants à parler en public, mais souvent faits par des adultes également, une répétition de cantiques où l’on apprend toutes les voix, la bénédiction de la Sainte-Cène et une leçon.

C’est la réunion de Sainte-Cène qui pose problème. Il y a deux sujets de préoccupation. Le premier, ce sont les personnes qui ne sont pas encore tout à fait converties au respect du jour du sabbat. À une époque où l’on travaille ou étudie à l’école encore six jours sur sept et où la télévision n’a pas encore fait son apparition dans les ménages à revenus modestes, le cinéma du dimanche reste la grande distraction. On essaiera à certains moments de fixer la réunion de Sainte-Cène de manière à ce qu’elle empiète sur deux séances de cinéma. Pendant des années, cela ne dérangera pas les membres de faire deux fois le trajet de chez eux à l'église, même si cela signifie traverser toute la ville à pied. Plus tard, dans les années 1960 et 1970, on réduira les déplacements en mangeant à l'église – dans l’horrible sous-sol – et en faisant la réunion de Sainte-Cène après le repas.

Il y a quelques personnes baptisées en 1960, dont les noms de famille sont Vandenhove, Danys, Otte, Talmas. À propos de ce dernier : Il avait été le professeur de néerlandais de Marcel Kahne à l’athénée et ce dernier avait participé à sa conversion. Très pratiquant, il est appelé comme conseiller du président de branche qui est alors Gabriel Estiévenart. Il fait aussi du bon travail à la généalogie. Il participera même à la révision de la version française des Doctrine et Alliances. Mais après le départ de Marcel Kahne en mission, quelqu’un va offenser sa femme, laquelle ne voudra plus rien savoir de l’Église et entraînera son mari avec elle. Les autres ne resteront pratiquants qu’un certain temps, mais Richard Otte finira par revenir dans les années 1990. Lors d’une fête organisée le 15 octobre 1960 par Fernand Talmas, on compte près de 50 membres et amis.

1960, c’est le début de « la Nouvelle Ère », une période nouvelle de croissance et de multiplication des baptêmes prophétisée par le président David O. McKay. Marcel Kahne est en mission à ce moment-là. La Mission française (couvrant la France, la Belgique et la Suisse francophones), qui jusque-là faisait cent cinquante à deux cents baptêmes par an, en fait près de mille cette année-là. Des branches, qui sont restées petites jusqu’alors, voient le nombre de leurs membres décupler. C’est le cas de Reims, de Strasbourg, de Paris, de Bordeaux, de Charleroi. C’est dans cette dernière ville que Marcel kahne commence sa mission, remplaçant un missionnaire malade. En quinze jours, ils auront, son compagnon et lui, fait une rue et demie en tout. Il y a, à son arrivée, 29 familles à tous les stades des leçons. À son départ, quinze jours plus tard, il y en aura 49. Ils entrent partout. La liste des baptêmes paraît dans L’Étoile de 1960 à 1963. Namur connaîtra 33 baptêmes durant cette période. Le nombre de membres étant en croissance, la volonté d’avoir un bâtiment en propre se manifeste dès 1960 et des recherches sont faites pour trouver un terrain. Mais l’entreprise est de taille, car il faut réunir une somme équivalant à 20% du coût de la construction à titre de participation de la branche (à l’époque, les paroisses américaines participent à hauteur de 30%). De plus, la chasse au terrain s’avère infructueuse. Le projet doit être remis à plus tard.

Il y a des départs. Charles Didier épouse Lucie Lodomez, de Liège, et va s’installer là-bas. Après son retour de mission, Marcel Kahne épouse Paulette Gilles, de Verviers, et ils s'installent dans la région d’Andenne. Sur leurs instances, la mission ouvre une branche à Huy qu'ils s'efforceront de faire vivre pendant neuf ans. Lors de la fermeture de cette branche en 1974, ils reviendront à Namur avec une famille de convertis d’Amay, les Lapagne.

En 1960, un problème particulier se pose. Les membres, qui jusqu’alors n’avaient jamais participé au budget de branche, sont dorénavant invités à le faire (les membres des États-Unis contribuent déjà à raison de 30% au moins). Marcel note : « Lundi 4-7-60. Ce sont les membres nouveaux et les non pratiquants qui montrent l’exemple aux membres pratiquants de longue date. La mission demande que 20% des frais soient payés par les branches. Tout le monde a accepté sauf deux sœurs, qui ont énergiquement protesté dimanche dernier. De plus Ginette refuse d’aider les nouveaux baptisés à s’intégrer dans la branche en leur rendant des visites d’amitié conformément au nouveau programme d’intégration. » Attitude aujourd'hui étonnante qui montre qu’il a fallu que la pratique entre dans les mœurs ! Pour ce qui est des 20%, il sera presque impossible de les obtenir...

Jusqu’alors, ce sont les missionnaires qui détiennent les postes de direction dans les branches. Dorénavant on va libérer autant que possible les missionnaires de ces offices et on va les donner aux membres. Dès le 29 novembre 1959, la présidence de district est constituée d’Elder [ce terme remplace « frère » à partir de la fin de 1958] Mitchell avec Francis Putmans (ordonné ancien le jour même) et Marcel Kahne comme conseillers (il avait précédemment été président de l’École du dimanche du district depuis février). Quelques semaines plus tard, frère Putmans devient président du district de Charleroi, Polydore Keppens devient président de branche à Charleroi, succédant à frère Dechesne, Jean-Baptiste Leroy devient président de branche à Mons. En février 1960, Elder Westover, président de la branche, choisit Gabriel Estiévenart comme deuxième conseiller. Après quelques tergiversations, frère Putmans obtient que frère Estiévenart soit appelé comme président de branche à Namur. Après le décès de frère Putmans, frère Keppens deviendra président du district (en 1961 ou 1962). Il prendra frère Estiévenart comme conseiller, lequel sera alors remplacé par Charles Denis redevenu pratiquant et désireux de servir.

Il aura fort à faire, car dès qu’il a le malheur de commettre une maladresse, les vieux démons des années cinquante resurgissent. En 1962, Marcel kahne est rentré de mission et, ayant commencé à travailler, il a son propre appartement. Comme il y a de nouveau de l’orage dans l’air, chacun va fêter Noël chez lui et, se rappelant celui de 1953, Marcel organise chez lui un Noël des âmes seules. Charles Denis, qui est veuf, y viendra avec sa télévision, ainsi que les missionnaires et quelques autres.

Charles Denis reste président de branche jusqu’en 1967. Pendant ce temps viendront se joindre à la branche par le baptême, entre autres, la famille Wiame et André Sohy en 1962, sœur Michiels et ses enfants, Danielle et Serge, en 1964. Marie-Thérèse Dalebroux est baptisée en avril 1965. Elle sera suivie le 20 février 1966 par son mari Robert Badoux. Ils divorcent et Robert épouse Danielle Bouchat, fille de sœur Michiels. Ce couple deviendra un pilier de la branche et l’est encore à ce jour. Les Brébois sont baptisés en 1967. Charles Denis est remplacé par un missionnaire, Elder Doherty. En mars 1969, René Brébois devient président de branche avec Fernand Noyon, converti de 1968, comme premier conseiller. Ce dernier lui succédera et sera président jusqu’en 1975.

Lorsque la branche de Huy est fermée en octobre 1976, les membres retournent à Namur. La maison du 59 avenue de la Plante (villa Georges), qui abrite à ce moment la branche, est vétuste. Le plancher qui soutient l’estrade est pourri et devient dangereux. En outre le local est devenu trop petit et l’on essaie vainement de trouver un terrain pour y bâtir une église : les plans d’urbanisme de la ville de Namur, conçus pour arrêter la prolifération des « grandes surfaces », empêchent tout achat de terrain pour une église dans un rayon raisonnablement accessible à tous, et l’on songe sérieusement à acheter un bâtiment à transformer. C’est alors que Paulette Kahne, qui se passionne pour tout ce qui est architecture, remarque, sur le chemin que sa famille emprunte pour aller à l’église, une très belle villa, située en bordure de Meuse, au 548 avenue Prince de Liège. L’Église l’achète en 1980. Comme la paroisse doit participer à hauteur de 20% à l’achat, les membres fournissent de la main d’œuvre. C’est ainsi que Lucien Lapagne, aidé de son beau-père, installe le chauffage central tandis que Charles Denis s’occupe des travaux de menuiserie.

De 1976 à 1991, il y a 109 baptêmes, dont 60 restent pratiquants. En 1991, il y a jusqu’à cent membres aux réunions, ce qui pose un problème notamment à la réunion de Sainte-Cène, quand tout le monde est réuni. Le plafond de la salle de Sainte-Cène n’est pas suffisamment haut et l’air y est vite vicié. La recherche d’un terrain pour y bâtir une vraie église reprend. On finit par découvrir, à Erpent, un terrain beaucoup trop grand (10 hectares), mais situé dans un périmètre où l’urbanisme n’a pas encore imposé de spécifications. De guerre lasse, l’Église l’achète quand même. Le premier coup de pioche est donné le 16 mars 1992 et le bâtiment est inauguré le 18 avril 1993.

Quand le pieu est créé en 1977, Daniel Denis, qui était déjà président de la branche depuis 1975, devient, à 22 ans, le plus jeune évêque du pieu. Lucien Lapagne lui succède en avril 1980 et restera jusqu’en 1984. Il est remplacé par un de ses conseillers, Omer Pirlet, auquel succèdent Jean-Marie Rousseaux, puis Jean-Pierre Dombret en décembre 1991, puis René Brébois en 1998, Benoît Royer et enfin Michel Mazy en octobre 2004.

En 1979 arrive un jeune couple américain qui va avoir un effet bénéfique sur l’esprit de la paroisse. Il s’agit de Ralph et Mary Lou Boone. Le mari est là pour un stage aux Facultés Notre-Dame de la Paix. Le couple avait fréquenté différentes Églises, mais n’y avait pas trouvé ce qu’il cherchait. Remarqué par les missionnaires à Liège, il est contacté et instruit par eux. Il connaît des manifestations spirituelles pendant cet enseignement. Lors d’une visite chez Marcel Kahne, Mary Lou lui raconte un rêve qu’elle a fait et dont elle ne saisit pas le sens. Ce qu’elle décrit, avec une grande précision, n’est autre chose qu’un moment précis de la dotation, alors qu’elle ne sait même pas que cela existe. Ceci donne une idée de la force de la conversion de ce couple. Pendant les quelques mois qu’ils seront à Namur, leur émerveillement devant ce qu’ils découvrent dans ce qu’on leur enseigne sera un véritable bain de spiritualité et de rafraîchissement pour des membres qui ont laissé tout cela devenir de la routine.

Quand l’Église lance le programme d’extraction des noms pour la généalogie, la paroisse de Namur se jette à corps perdu dans cette œuvre et ce, dès 1983. C’est Charles Denis qui donne l’impulsion au centre d'histoire familiale local avec l’aide d’Eugénie Jacques. Ils sont rapidement rejoints par Françoise Denis, Yvonne Denis, Élisabeth Dombret, Ginette François, Louise Michaux et Anne-Marie Wareigne. Plus tard viendront aussi Michel Hanot et Isabelle Schimpel. Ils totalisent cent heures d'indexation par semaine. En 1987, quinze mille actes sont traités. En 1988, vingt mille. En 1990, vingt-cinq mille. En 1987, 1988 et 1989, Namur fournit 90% du travail du pieu. Le centre est alors chargé de la formation de neuf unités d’indexation comprenant une cinquantaine de personnes. Cette formation produit des fruits car en 1991, pour un même effort soutenu, Namur ne représente plus que 60% des chiffres du pieu. En octobre 1992, les huit sœurs et les deux frères qui équipent le centre (E. Dombret, L. Michaux, E. Schimpel, Y. Denis, L. Michiels, G. François, E. Jacques, Ch. Denis, L. Lapagne, M-F Lapagne) totalisent 500 à 600 heures de travail par mois. Le premier semestre de 1994, 30 000 noms sont envoyés. En 1995 plus de 4000 heures sont consacrées à l’indexation. Le centre de recherches familiales totalise 348 heures d’ouverture, avec 177 visiteurs non membres et 235 visites de membres de l'Église. Les heures d’ouverture passeront à 600 en 1998, avec 162 visiteurs et à 830 en 1999 avec 621 visiteurs. En 2000 il y aura 1218 visites et en 2001, 1498 pour un total de 1220 heures annuelles d’ouverture.

Un autre exploit dans la paroisse est accompli par le couple Badoux qui, de janvier 1991 à janvier 2003, rédige et distribue un mensuel intitulé Info-Namur, soit 131 numéros contenant non seulement les annonces paroissiales mais aussi une foule de rubriques d’intérêt général, des curiosités, des histoires pour la fête des mères ou des pères, pour Noël et pour Pâques, des pensées, des poésies et même des recettes de cuisine.

Le 27 novembre 1994, les unités de Liège 1 et 2, Herstal, Seraing et Verviers sont détachées du pieu pour former le district de Liège et le 17 septembre1995 la branche de Huy est ouverte. Les familles Kahne, Van Herck, Kool et Lapagne ainsi que sœur Durinck quittent la paroisse de Namur. L’expérience prend fin en juin 2006 quand le district de Liège est inclus dans le pieu de Bruxelles et que Huy est fermé le 2 septembre 2007, date à laquelle la famille kahne revient à Namur, ainsi que sœur Durinck, les autres membres de Huy devenant membres de la paroisse de Liège 1.



Missionnaires de Namur


Ginette François Paris 1953
Jacqueline Didier Paris 1959
Marcel Kahne Paris 1960
Daniel Wiame Paris 1965
André Sohy Genève 1966
Marc Wiame Tahiti 1970
Omer Pirlet Genève 1977
Françoise Jaumotte Montréal 1978
Régine Pierret Costa Rica 1983
Gérald Kahne Paris 1984
Bruno Kahne Salt Lake City Nord 1986
Jean-Yves Jaumotte îles Réunion/Maurice 1987
Pascale Flamme Bordeaux 1989
Jean-Marc Selvon Londres Sud 1991
Fabienne Kahne Bristol 1991
Frédérique Badoux Arizona 1992
Pierre Kahne Marseille 1992
Jean-Philippe Silvestrin Paris 1992
Rudy Lambé Marseille 1994
Nicolas Fiévet Bordeaux 1995
Anne-Catherine Paulus Genève 2003
Yannick Rousseaux Côte d’Ivoire / Montréal 2003
Marie Rousseaux Paris 2004
Maxime Léonard Marseille 2005
Bruno Wiame Paris 2005
Pierre-Olivier Paulus Salt Lake City 2007
Barbara Léonard Montréal 2011
Thibault Mai Portugal 2011
Ruben Dawagne Montréal 2013



Sources

History of the Netherlands Mission, compilée par Frank I. Kooyman, Archives du département d’histoire de l’Église. Utilisé avec la permission de l’Église.

Journal personnel et souvenirs de Marcel Kahne

L’Histoire de la Branche de Namur, registre conservé dans la paroisse

Article sur la généalogie à Namur, L’Étoile, Vie de l’Église, mars et août 1988

Info Namur, bulletin d’information de la paroisse 1991-2003

Courrier électronique de Daniel Wiame, septembre 2013


Source : Marcel Kahne, Histoire de le paroisse de Namur, 2013