L'érudition
biblique chez
les saints des derniers jours
Stephen E. Robinson
Article tiré de
l'Encyclopédie
du mormonisme
(Macmillan
Publishing Company, 1992)
Traduction : Marcel
Kahne
Source : www.idumea.org
avec autorisation
Les saints des derniers
jours acceptent l’érudition biblique et l’étude
intellectuelle de la Bible. Joseph Smith et ses associés ont
étudié le grec et l’hébreu et ont enseigné
que la connaissance religieuse s’obtient par l’étude
et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant, les saints des
derniers jours préfèrent utiliser l’érudition
biblique plutôt que d’être menés ou dominés
par elle.
Le prophète Joseph
Smith a proposé quelques paramètres généraux
pour l’étude critique de la Bible par les saints :
« Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la
mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons
aussi que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (8e A
de F). Parce que les saints des derniers jours préfèrent
les prophètes aux savants comme guides spirituels, et
l’inspiration de l’Écriture et le Saint-Esprit au
raisonnement de textes secondaires, l’érudition biblique
joue un rôle plus restreint dans leur spiritualité que
dans certaines confessions.
Un principe de
fonctionnement fondamental des religions « révélées »
est que toute la vérité ne peut pas être
complètement découverte par la seule raison humaine.
Sans l’aide de Dieu, personne ne peut obtenir les données
essentielles, les perspectives convenables et les clefs
d’interprétation pour le connaître. Parce qu’ils
croient que leur religion est révélée par les
prophètes vivants de Dieu, les saints des derniers jours
subordonnent la raison humaine à la vérité
révélée.
Dans cet ordre d’idées,
les saints des derniers jours ont certaines affinités avec
l’érudition biblique conservatrice catholique et
évangélique contemporaine. Ils acceptent et utilisent
la plupart des résultats objectifs de l’érudition
biblique tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie,
tout en rejetant les thèses naturalistes de la discipline et
ses méthodes et ses théories plus subjectives. Dans les
cas où l’érudition biblique et la religion
révélée sont en conflit, les saints des derniers
jours s’en tiennent aux interprétations de la Bible qui
apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les
enseignements des prophètes actuels.
De ces observations
découlent trois principes de base pour le fonctionnement de
l’érudition biblique chez les saints des derniers
jours :
1. Les manières
d’aborder la Bible doivent accepter l’inspiration et la
révélation divines dans le texte biblique original :
il présente la parole de Dieu et n’est pas simplement
une production humaine. Par conséquent, toute méthodologie
critique qui ignore ou nie implicitement ou explicitement la
participation importante de Dieu au texte biblique est rejetée.
À de rares exceptions près, comme le Cantique des
Cantiques, que Joseph Smith considérait comme non inspiré
(cf. IE 18 mars 1915, p. 389), le texte ne doit pas être traité
d’une manière fondamentalement naturaliste. La
participation de Dieu est considérée comme importante
tant dans les événements eux-mêmes que dans le
processus de leur mise par écrit. Son activité est donc
l’un des effets avec lesquels il faut compter lors de
l’interprétation des événements et dans la
compréhension des textes qui les rapportent.
2. En dépit de
l’inspiration divine, le texte biblique n’est pas exempt
de l’influence du langage humain et n’est pas à
l’abri des influences négatives de son environnement
humain, et il n’y a aucune garantie que les révélations
données aux prophètes antiques aient été
parfaitement préservées (cf. 1 Né.
13:20-27). Ainsi, l’étude critique de la Bible est
justifiée pour expliquer les erreurs humaines dans la
formulation, la transmission, la traduction et l’interprétation
des documents antiques et proposer les corrections qui s’indiquent.
3. Ce genre d’érudition
critique, en plus de reconnaître les origines divines de la
Bible, doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du
Livre de Mormon et des autres révélations données
aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances et la
Perle de grand prix, puisque pour les saints des derniers jours ces
sources ont non seulement la priorité sur les révélations
rapportées dans l’Antiquité (cf. D&A 5:10)
mais aident aussi à interpréter le texte biblique.
Les saints des derniers
jours insistent sur une herméneutique objective, c’est-à-dire
qu’ils affirment que le texte biblique a une signification
précise et objective et que l’intention de l’auteur
originel est à la fois importante et en grande partie
récupérable. Pour cette raison, les savants de
l’Église, comme d’autres conservateurs, se sont
orientés vers les outils plus objectifs de l’érudition
biblique, tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie
– tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent
être évalués de manière critique –
et ont généralement évité les méthodes
plus subjectives de la critique littéraire.
Les commentateurs mormons de
la Bible les plus influents sont James E. Talmage, Bruce R. McConkie,
Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que l’œuvre de
Talmage ait été accomplie avant beaucoup de découvertes
importantes et que celle de McConkie se soucie moins de faire de
l’exégèse critique que de comprendre le Nouveau
Testament au sein de l’ensemble de la doctrine de l’Église.
Bibliographie
Anderson,
Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie,
Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City,
1965-1973.
Nibley,
Hugh W. Collected Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry,
Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry,
Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry,
Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage,
James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.