Prophéties non encore accomplies

 

 

 Parley P. Pratt (1807-1857)

 

Membre du collège des Douze de 1835 à 1857

Assassiné à l'âge de 50 ans

 

 

    

Les mentions entre crochets sont de la Rédaction 

 


 

Rassemblement littéral d'lsraël

      Nous commencerons par une prédiction d'Ésaie : « Dans ce même temps, le Seigneur étendra une seconde fois sa main pour racheter le reste de son peuple, dispersé en Assyrie et en Égypte, à Pathros et en Éthiopie, à Élam, à Schinear et à Hamath et dans les îles de la mer. Il élèvera une bannière pour les nations, il rassemblera les exilés d'Israël et il recueillera les dispersés de Juda, des quatre extrémités de la terre... L'Éternel dessèchera la langue de la mer d'Égypte et il lèvera sa main sur le fleuve, en soufflant avec violence : Il le partagera en sept canaux, et on le traversera avec des souliers. Et il y aura une route pour le reste de son peuple, qui sera échappé de l'Assyrie, comme il y en eut une pour Israël, le jour où il sortit du pays d'Égypte » (Ésaïe 11:11,12,15,16).

      Nous voyons, ici, qu'une bannière sera élevée aux nations, non seulement pour les dispersés de Juda, mais aussi pour les proscrits d'Israël. Les Juifs sont appelés dispersés, parce qu'ils se trouvent répandus parmi les nations, mais les enfants des dix tribus sont désignés sous le nom de proscrits, parce qu'ils sont relégués dans un lieu inconnu du reste des hommes. Or, le lecteur ne doit pas oublier que les dix tribus n'ont plus habité la terre de Canaan, depuis qu'elles furent emmenées captives par Salmanazar, roi d'Assyrie. Le 15e verset nous dépeint aussi la merveilleuse puissance de Dieu, qui se manifestera par la destruction d'un petit bras de la Mer Rouge, désigné sous le nom de langue de la mer d'Égypte, et par la division des sept courants d'un fleuve ; ce qui permettra aux hommes de la traverser à pied sec. Et de peur que quiconque ne comprenne pas cela littéralement, le dernier verset, dit expressément : « Et il y aura une route pour le reste de son peuple, qui sera échappé de l'Assyrie, comme il y en eut une pour Israël, le jour où il sortit du pays d'Égypte » (Ésaïe 11:16).


Miracle du rassemblement d'lsraël

      Il ne nous reste qu'à demander si, aux jours de Moïse , les eaux de la Mer Rouge furent « littéralement » divisées, ou si cela ne fut qu'une figure ; car les choses se passeront absolument de la même manière. Et pourtant les scribes et les pharisiens modernes ne cessent de nous répéter que les jours des miracles sont à jamais passés ; et ceux qui, de nos jours, croient aux miracles, passent pour des imposteurs, ou du moins pour de pauvres ignorants, égarés par le fanatisme ; et ils sont signalés au public comme de faux docteurs, capables, si cela était possible, d'égarer même les élus.

      Quant au rétablissement de la maison d'Israël, les Prophètes en ont parlé si longuement, et à tant de reprises, que nous nous bornerons à n'en mentionner que les traits les plus frappants, pour signaler les incidents particuliers et les circonstances de ce rétablissement, ainsi que le mode et les moyens avec lesquels il sera effectué. On lit dans Jérémie : « C'est pourquoi voici, les jours viennent, dit l'Éternel, où l'on ne dira plus : L'Éternel est vivant, lui qui a fait monter du pays d'Égypte les enfants d'Israël. Mais on dira l'Éternel est vivant, lui qui a fait monter les enfants d'Israël du pays du septentrion et de tous les pays où il les avait chassés. Je les ramènerai dans leur pays que j'avais donné à leurs pères. Voici, j'envoie une multitude de pêcheurs, dit l'Éternel, et ils les pécheront ; et après cela, j'enverrai une multitude de chasseurs, et ils les chasseront de toutes les montagnes et de toutes les collines et des fentes des rochers » (Jérémie 16:14-16).

      Or, c'était une constante habitude parmi les enfants d'Israël, quand ils voulaient exprimer la grandeur de leur Dieu, de s'écrier : le Seigneur vit qui délivra nos pères de la servitude d'Égypte. Et ces paroles rappelaient aux Hébreux la grandeur et les prodiges qui signalèrent ce mémorable événement, tout en frappant leur esprit d'une sainte terreur et du vif sentiment de la puissance du Dieu d'Israël. Mais, à notre grand étonnement, ici nous apprenons qu'il surviendra quelque chose encore qui fera momentanément oublier tous les grands événements de cette journée ; et les enfants d'Israël connaîtront que leur Dieu est vivant, en reportant leur esprit sur des faits d'une date récente qui se seront accomplis, faits encore plus glorieux et plus merveilleux que leur sortie d'Égypte. Et ils s'écrieront : L'Éternel est vivant, qui a récemment ramené les enfants d'Israël du pays du Nord, et de toutes les contrées auxquelles il les avait chassés, et il les a établis sur la terre de Canaan qu'il avait donnée à leurs pères. Et ces pensées, rappelant des spectacles aussi grandioses que sublimes, des scènes aussi merveilleuses que surprenantes, rappelleront en même temps les révélations, les manifestations, les miracles et les miséricordes prodigués par le Seigneur, en accomplissant ces grands événements, aux yeux de toutes les nations.

      C'est en vue de ces choses que Jérémie s'écrie, dans le dernier verset de ce chapitre : « C'est pourquoi, voici, je leur fais connaître cette fois, je leur fais connaître ma force et ma puissance, et ils sauront que mon nom est l'Éternel » (Jérémie 16:21).


Comment le Seigneur rassemblera lsraël

      Les moyens employés peur amener ce glorieux rétablissement sont non seulement un étendard qui sera déployé, une bannière arborée à la vue des nations, afin que nous puissions connaître quand le temps en est venu ; mais des pêcheurs et des chasseurs doivent être employés pour les pêcher et les chasser, en les faisant sortir de toutes les montagnes, de tous les coteaux, et de tous les trous des rochers. Que le lecteur y prenne garde. Il ne s'agit pas ici de l'initiative d'hommes qui enverront des missionnaires, dépourvus d'inspiration, pour aller prêcher aux enfants d'Israël plusieurs centaines de différents systèmes, des opinions purement humaines, et pour leur annoncer qu'ils supposent que l'heure a peut-être sonné pour leur rassemblement. Non, mais c'est le Dieu du ciel qui doit appeler des hommes par révélation spéciale, directe du ciel, et leur apprendre qui est Israël, ce que sont les Indiens de l'Amérique, s'ils appartiennent à la maison d'Israël, où sont également les dix tribus, et tous les restes épars de ce peuple, perdu depuis tant de siècles. C'est lui qui doit leur donner leur mandat, leur message, qui doit les revêtir de l'autorité d'en-haut pour effectuer cette oeuvre immense, en dépit des éléments contraires et de toutes les oppositions combinées de la terre et de l'enfer. Mais, direz-vous : pourquoi le Seigneur donnerait-il à des hommes cette mission par révélation spéciale ? Je réponds : parce qu'il n'y a pas d'autre moyen d'envoyer des hommes, et cela dans tous les âges du monde. « Nul, a dit l'apôtre, ne s'attribue cette dignité s'il n'est appelé de Dieu, comme le fut Aaron » (Hébreux 5:4). Or, nous reconnaissons tous qu'Aaron fut appelé par révélation.

      Le grand Jéhovah n'a jamais reconnu, et ne reconnaîtra jamais la prêtrise ou le ministère d'un homme, qui n'est pas appelé par révélation et inspiré du Saint-Esprit, comme aux anciens temps. Mais, va s'écrier le lecteur, vous m'effrayez  ; pensez donc que la totalité des prêtres et théologiens modernes n'admettent aucune révélation postérieure à celle de la Bible, et nient toute inspiration ou don surnaturel de l'Esprit. Est-ce que vous les rejetez tous ? Et prétendez-vous qu'ils sont dépourvus d'autorité ? Je réponds : non, mais la Bible le déclare, et j'accepte humblement sa décision ; car ces hommes ne sont nulle part reconnus dans les Écritures, si ce n'est comme « une foule de docteurs que les hommes se donneront » (2 Timothée 4:3). (Le mot « foule » désigne indubitablement un grand nombre de docteurs).


lsraël rassemblé par révélation

      Mais, pour démontrer plus amplement que Dieu donnera des révélations spéciales, pour opérer cette oeuvre glorieuse, nous vous en référons au prophète Ézéchiel (20:33-38). En voici le texte : « Je suis vivant, dit le Seigneur, l'Éternel, je régnerai sur vous, à main forte et à bras étendu, et en répandant ma fureur. Je vous ferai sortir du milieu des peuples, et je vous rassemblerai des pays où vous êtes dispersés, à main forte et à bras étendu, et en répandant ma fureur. Je vous amènerai dans le désert des peuples, et là, je vous jugerai face à face. Comme je suis entré en jugement avec vos pères dans le désert du pays d'Égypte, ainsi j'entrerai en jugement avec vous, dit le Seigneur, l'Éternel. Je vous ferai passer sous la verge, et je vous mettrai dans les liens de l'alliance. Je séparerai de vous les rebelles et ceux qui me sont infidèles ; je les tirerai du pays où ils sont étrangers, mais ils n'iront pas au pays d'Israël. Et vous saurez que je suis l'Éternel ».

      Vous voyez que cette promesse commence par une double assurance ; d'abord par un serment : comme je suis vivant ; ensuite, par cette affirmation : avec une main forte... Et au chapitre suivant, de crainte que le peuple ne le comprenne mal, le prophète, s'écrie « Ah ! Seigneur Éternel, ils disent de moi : n'est-ce pas un faiseur de paraboles ? » (Ézéchiel 21:5). Nous voyons ici que les enfants d'Israël sont ramenés de parmi toutes les nations, avec une main forte, un bras étendu, et une colère répandue (Oh vous, peuples, qui entravez cette oeuvre, attention souvenez-vous du sort de Pharaon, et apprenez à être sages), nous les voyons conduits au désert des nations ; là le Seigneur doit entrer en jugement contre eux, face à face, précisément comme il le fit contre leurs pères, au désert du pays d'Égypte. Ce jugement face à face ne saurait jamais être rendu sans révélation, sans une manifestation personnelle de Dieu, comme du temps de Moïse. Or, je le demande, toutes les manifestations qu'il plut au Seigneur de faire en faveur d'Israël dans le désert, ne sont-elles que des fables qu'il ne faut pas prendre à la lettre ? S'il n'en est pas ainsi, les futures manifestations divines seront absolument comme les premières, non point des mythes, non des figures, mais une glorieuse réalité.

      Il fera passer les Hébreux sous la verge, et les amènera dans les liens de l'alliance.


Nouvelle alliance avec lsraël

      Ceci rappelle à l'esprit la nouvelle alliance, tant de fois promise dans les Écritures, alliance qui doit être contractée avec la maison d'lsraël et avec la maison de Juda, à l'époque précise de leur rassemblement de parmi les nations. Quelques-uns pourraient supposer que cette nouvelle alliance, devant opérer le rassemblement d'Israël, fut faite aux jours de Jésus-Christ et de ses apôtres. Mais Paul nous apprend que cette alliance ne concernait que l'avenir. Ainsi, dans son épître aux Romains, il déclare « qu'une partie d'Israël est tombée dans l'endurcissement, jusqu'à ce que la totalité des païens soit entrée. Et ainsi, tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit le libérateur viendra de Sion, et il détournera de Jacob les impiétés ; et ce sera mon alliance avec eux, lorsque j'ôterai leurs péchés » (Romains 11:25-27). Nous voyons par là que Paul plaçait cette alliance dans l'avenir, jusqu'à l'époque reculée du rétablissement d'Israël, aux derniers jours, quand les temps des Gentils seraient accomplis. Alors, un libérateur sortirait d'Israël et non pas avant, vu qu'ils avaient rejeté le premier avènement de ce Libérateur. Jésus avait dit lui-même aux Juifs : « Voici, votre maison vous sera laissée déserte ; car, je vous le dis, vous ne me verrez plus désormais, jusqu'à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Matthieu 23:38-39). C'est alors, et alors seulement, que l'alliance devait être renouvelée avec la maison d'Israël. Et même quand les apôtres lui demandèrent : « Est-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d'Israël ? », le Sauveur leur répondit qu'il ne leur appartenait pas de connaître les temps et les saisons que le Père s'était réservés ; mais qu'ils avaient à être investis d'autorité, et à lui rendre témoignage, etc. (Actes 1:6-8), comme pour leur dire : ce n'est pas à vous, apôtres, à faire cette oeuvre ; elle sera accomplie au temps arrêté par le Seigneur, et par qui il voudra ; mais pour vous, allez, et faites l'oeuvre que je vous ai commandée. À propos de cette alliance, le prophète Ésaïe nous apprend qu'elle fera connaître leur race parmi les nations, et leur postérité parmi les peuples ; et qu'elle fera que tous ceux qui les verront reconnaîtront qu'ils sont de la race que le Seigneur a bénie (Ésaïe 61:8-9).


Nouvelle alliance faite par révélation

      Or, il est évident que la question de savoir si les aborigènes de l'Amérique sont de la race de Jacob ou non, ne peut être décidée que par révélation. C'est encore un sujet d'incertitude de savoir où sont les dix tribus, ou bien ce qu'elles sont devenues. Mais la nouvelle alliance, à quelque époque qu'elle fasse son apparition, nous révélera ces choses, et dissipera nos doutes à cet égard ; alors nous reconnaîtrons leur race parmi les Gentils, et leur postérité parmi les nations. Oh ! combien furent différents, relativement aux enfants d'Israël, les effets de l'alliance faite il y a dix-huit siècles ! Elle les jeta dans l'incrédulité, et elle fut cause que tous ceux qui les ont vus ou qui ont entendu parler d'eux depuis cette époque, ont reconnu qu'ils sont la race que le Seigneur a maudite. Lorsque l'alliance aura été renouvelée aux derniers jours, Dieu les amènera dans les liens de cette alliance, en se manifestant lui-même à eux, face à face. Comment le Créateur a-t-il contracté alliance avec les hommes, dans les divers âges du monde ? À cette question, il n'y a qu'une réponse à faire : c'est en leur communiquant sa volonté par une révélation formelle ; car, sans révélation, il serait impossible à deux parties de conclure une alliance. Pour expliquer cela, prenons un exemple familier. Nous voyons de quelle manière nous faisons alliance les uns avec les autres. Exemple : un jeune homme désire contracter une alliance de mariage avec une demoiselle ; qu'il soit privé de la faculté de révéler ses intentions à la jeune fille, que toute espèce de communication leur soit interdite, il s'ensuivra qu'aucune alliance entre eux ne pourra jamais être conclue. Il en est de même avec le Tout-Puissant. Il n'a jamais fait une alliance avec ses créatures, sans révélation ; et il ne saurait faire autrement. Toutes les fois qu'il a fait une alliance avec les hommes, quand cela concernait un peuple tout entier, il a compris, dans l'alliance, la prêtrise, les fonctions et les ministères, ainsi que les ordonnances et les bénédictions appartenant à cette alliance. Et c'est ainsi qu'il fera en cette occurrence. Toutes les fois que la nouvelle alliance est établie sur la terre, elle y organise le royaume de Dieu, avec ses ministères, ses ordonnances, ses dons et ses bénédictions, comme aux anciens jours.

 

L'alliance contractée à l'époque du Christ a été rompue

      Mais, dira-t-on peut-être, quel besoin avons-nous du renouvellement d'une alliance, qui n'a jamais été rompue ? Si le Seigneur fit une alliance aux jours des apôtres, appelée nouvelle alliance, pourquoi, voyant qu'elle est en pleine vigueur, cette même alliance serait-elle renouvelée, à moins qu'elle n'ait été brisée par l'une des deux parties contractantes ? Voilà une question d'une importance telle, que de sa solution dépend le sort de la Chrétienté tout entière. Nous devons donc mettre un soin extrême à la résoudre avec la plus grande clarté, et à rendre nos preuves très intelligibles.

      Qu'une nouvelle alliance entre Dieu et les hommes ait été faite aux jours de Jésus-Christ et de ses apôtres, c'est ce que personne ne tenterait de nier. Or, si cette alliance n'a jamais été rompue, elle doit être encore en pleine vigueur de nos jours, et par conséquent il n'est pas nécessaire d'en contracter une nouvelle. Il nous reste donc à prouver que cette alliance a été rompue, complètement rompue, de telle sorte qu'elle n'est plus en vigueur, ni parmi les Juifs, ni parmi les Gentils, ayant perdu ses pouvoirs, son autorité, ses ministères, ses bénédictions, vu qu'on ne saurait les rencontrer nulle part sur la terre. Pour faire notre démonstration, nous allons examiner quels étaient les pouvoirs, l'autorité, les ministères et les bénédictions de cette alliance, et voir ensuite s'ils sont encore connus parmi les hommes.


Conditions de l'alliance de l'Évangile

      Nous lisons dans les Écritures que ces fonctions étaient remplies par des apôtres, par des prophètes, des évangélistes, des docteurs et des pasteurs, tous inspirés, placés dans l'Église par Jésus-Christ lui-même, pour l'édification des saints, pour l'oeuvre du ministère, etc. Et ces diverses fonctions devaient exister dans l'Église, partout où elle serait établie, jusqu'à ce que tous fussent parvenus à l'unité de la foi, et à la mesure de la stature parfaite de Christ (Éphésiens 4:11-14).

      En deuxième lieu, les dons de l'Esprit, appelés par quelques-uns dons surnaturels, étaient les pouvoirs et les bénédictions appartenant à cette alliance, partout où elle existait, soit parmi les Juifs, soit parmi les Gentils, aussi longtemps que l'alliance serait en vigueur.

      M'adressant maintenant au monde chrétien tout entier, ou à chacune de ses innombrables confessions, je leur demanderai si elles ont des apôtres, des prophètes, des évangélistes, des docteurs et des pasteurs, inspirés d'en haut, ainsi que les dons et les bénédictions du Saint-Esprit, qui appartenaient à l'alliance de l'Évangile ? Si elles ne les ont pas, j'en tire la conclusion que les pouvoirs et les ministères de cette alliance ont été perdus sur la terre. Et ce doit être par la violation de cette alliance qu'ils ont été perdus car c'est précisément ainsi que les Juifs perdirent ces privilèges, quand les dits privilèges furent transmis aux Gentils. Dans le 11e chapitre de son épître aux Romains, Paul avertit les Gentils que, s'ils ne persévéraient pas dans la bonté du Seigneur, ils tomberaient, comme étaient tombés les Gentils avant eux.

      Mais pour démontrer, par une nouvelle preuve, que l'alliance de l'Évangile a été violée et par les Juifs et par les Gentils, comme aussi par tous les peuples, de sorte qu'elle n'est plus en vigueur nulle part, je n'ai qu'à citer ici le prophète Ésaie : « Voici, l'Éternel dévaste le pays et le rend désert, il en bouleverse la face et en disperse les habitants. Et il en est du sacrificateur comme du peuple, du maître comme du serviteur, de la maîtresse comme de la servante, du vendeur comme de l'acheteur, du prêteur comme de l'emprunteur, du créancier comme du débiteur. Le pays est dévasté, livré au pillage ; car l'Éternel l'a décrété. Le pays est triste, épuisé ; les habitants sont abattus, languissants ; les chefs du peuple sont sans force. Le pays était profané par ses habitants ; car ils transgressaient les lois, violaient les ordonnances, ils rompaient l'alliance éternelle. C'est pourquoi la malédiction dévore le pays et ses habitants portent la peine de leurs crimes ; c'est pourquoi les habitants du pays sont consumés et il n'en reste qu'un petit nombre » (Ésaïe 24:1-6).


Rupture de l'alliance éternelle

      Nous trouvons dans ce texte que le même châtiment frappera les prêtres et le peuple, le riche et le pauvre, l'homme libre et l'esclave, à tel point que tous seront brûlés, excepté quelques-uns. Et c'est sous l'accusation que la terre a été profanée par les habitants, parce qu'ils ont transgressé les lois, changé les ordonnances, et rompu l'alliance éternelle. Or, ceci ne saurait s'appliquer qu'à l'alliance, aux ordonnances, et aux lois de l'Évangile, alliance formée sur la terre aux jours des apôtres  ; parce que, quelle que soit l'alliance antérieure qui ait été rompue par les hommes, les habitants de la terre n'ont jamais été brûlés, sauf quelques-uns, pour la violation d'une alliance quelconque. Mais cette oeuvre de destruction doit se faire par le feu, d'une manière aussi littérale que le fut le déluge de Noé. Et ce feu consumera et les prêtres et les populations de la terre, et cela formellement pour avoir violé l'alliance de l'Évangile, ainsi que ses lois et ses ordonnances ; sans quoi, il devient indispensable de nous donner une nouvelle édition de la Bible, de laquelle on aura retranché ces chapitres d'Ésaïe.


Ézéchiel prophétise au sujet du rassemblement d'lsraël

      Cette question étant résolue, j'espère maintenant que le lecteur sentira la nécessité d'une nouvelle alliance, pour sauver ceux qui ne doivent pas être brûlés, mais, laissant là ce sujet et reprenant celui du rassemblement d'Israël, nous le prions de lire les chapitres 36, 37, 38 et 39 d'Ézéchiel. Il trouvera dans le 36e chapitre que la promesse est faite aux enfants d'Israël qu'ils seront retirés d'entre les nations où ils avaient été dispersés, pour être ramenés sur la terre qui avait été donnée à leurs pères ; Jérusalem sera remplie d'une nombreuse population, et toutes les villes de la Judée seront rebâties, fortifiées et habitées ; le sol sera si bien cultivé, et ensemencé, qu'on dira : « Cette terre-ci, qui était désolée, est devenue comme le jardin d'Éden. ... Les villes en ruines seront remplies de troupeaux d'hommes... et ils sauront que je suis l'Éternel » (Ézéchiel 36:35-38).

      Il verra dans le 37e chapitre qu'après la vision de la résurrection des morts, le prophète nous apprend que les deux nations ne formeront qu'une seule nation sur les montagnes d'Israël, qu'un seul roi régnera sur eux tous et qu'ils ne seront plus désormais divisés en deux royaumes. Le tabernacle de l'Éternel sera avec eux, et son sanctuaire à jamais au milieu d'eux ; il sera leur Dieu, et ils seront à jamais son peuple. « Et les nations sauront que je suis l'Éternel, qui sanctifie Israël, lorsque mon sanctuaire sera pour toujours au milieu d'eux » (Ézéchiel 37:28). Or, c'est un fait parfaitement connu que Juda et les dix tribus n'ont jamais formé une seule nation sur les montagnes d'Israël, depuis l'époque reculée à laquelle ils furent divisés en deux royaumes.


La main du Seigneur manifestée dans le rassemblement

      Mais quand cela se réalisera, les païens eux-mêmes l'apprendront, et ils seront initiés à la connaissance du vrai Dieu, comme le fut Cyrus. Maintenant, si les missionnaires parviennent à convertir le monde, avant que le Seigneur n'accomplisse cette oeuvre immense, cela lui épargnera la peine de devoir le faire à sa manière ; les prophéties ne devront pas être accomplies, la parole de Dieu aura manqué son effet, et tous les hommes n'auront plus qu'à embrasser l'athéisme. Oh que le Sauveur disait vrai, quand il s'écriait : « Mes voies ne sont pas comme vos voies, ni mes pensées comme vos pensées ».

      Les chapitres 28 et 29 nous offrent le spectacle de plusieurs nations, réunies sous un grand chef, qu'il plaît au Seigneur d'appeler Gog. C'est une immense croisade à cheval, armée de toutes pièces, qui, semblable à une nuée couvrant la terre, marche contre les montagnes d'Israël, pour se livrer au pillage, pour en emporter de l'or et de l'argent, du bétail, et en faire un grand butin.

      Cette prise d'armes doit avoir lieu après le retour des Juifs en Palestine et la reconstruction de Jérusalem, alors que les villes du pays seront encore sans murailles et dépourvues de toute fortification. Mais au moment où cette innombrable armée est sur le point d'engloutir les Juifs et de ravager leurs terres, la colère monte au visage du Seigneur ; soudain la terre tremble jusqu'en ses fondements ; les poissons de la mer, les oiseaux des cieux, les bêtes des champs, tout reptile qui rampe, tous les hommes sur la face de la terre, trembleront en sa présence ; les montagnes seront renversées, toute muraille tombera par terre, et dans l'armée ennemie l'épée de chacun sera tirée contre son frère. Et le Seigneur fera pleuvoir sur Gog et ses nombreuses bandes de grandes pluies, de la grêle, du feu et du soufre. C'est ainsi qu'il se glorifiera, et qu'il se sanctifiera, à la vue de plusieurs nations, et elles sauront qu'il est le Seigneur ; c'est ainsi que Gog et toute son armée, chevaux et cavaliers, seront exterminés sur les montagnes d'lsraël. Alors les Juifs sortiront et ramasseront les armes de guerre, les lances, les écus, les boucliers, les arcs, les flèches et les javelines ; ces armes serviront de bois à brûler durant sept ans aux villes d'Israël, et on n'aura pas à couper du bois des forêts pendant ces années. Et ils spolieront ceux qui les avaient spoliés ; ils dépouilleront ceux qui les avaient dépouillés, et ils amasseront de l'or et de l'argent, et des vêtements en abondance.


Le Seigneur se fera connaître au jour du rassemblement

      Les oiseaux des cieux et les bêtes des champs feront un grand festin ; ils mangeront leur saoul de la graisse et de la chair, et ils boiront du sang jusqu'à en être ivres. Ils auront à se repaître du cadavre des rois, des généraux, des officiers, et de tous les hommes de guerre. Mais les Juifs auront un rude service à faire durant sept mois de temps, ce sera la sépulture de leurs ennemis. Ils choisiront un lieu, à l'orient de la mer, nommé la Vallée-des-Passants ; c'est là qu'on enterrera Gog et toute la multitude de ses gens, et on l'appellera la Vallée-d'Hammon-Gog. L'odeur de tant de cadavres sera telle que les passants s'en boucheront le nez ; et c'est ainsi que le pays sera purifié et nettoyé.

      « Je manifesterai ma gloire parmi les nations ; et toutes les nations verront les jugements que j'exercerai, et les châtiments dont ma main les frappera. La maison d'Israël saura que je suis l'Éternel, son Dieu, dès ce jour et à l'avenir. Et les nations sauront que c'est à cause de ses iniquités que la maison d'Israël a été conduite en captivité, à cause de ses infidélités envers moi ; aussi, je leur ai caché ma face et je les ai livrés entre les mains de leurs ennemis, afin qu'ils périssent tous par l'épée. Je les ai traités selon leurs souillures et leurs transgressions, et je leur ai caché ma face. C'est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : maintenant je ramènerai les captifs de Jacob, j'aurai pitié de toute la maison d'Israël et je serai jaloux de mon saint nom. Alors ils oublieront leur opprobre, et toutes les infidélités qu'ils ont commises envers moi, lorsqu'ils habitaient en sécurité leur pays, et qu'il n'y avait personne pour les troubler. Quand je les ramènerai d'entre les peuples, quand je les rassemblerai du pays de leurs ennemis, je serai sanctifié par eux aux yeux de beaucoup de nations. Et ils sauront que je suis l'Éternel, leur Dieu, qui les avait emmenés captifs parmi les nations et qui les rassemble dans leur pays ; je ne laisserai chez elles aucun d'eux, et je ne leur cacherai plus ma face, car je répandrai mon esprit sur la maison d'Israël, dit le Seigneur, l'Éternel » (Ézéchiel 39:21-29).


Pourquoi les prophéties sont incomprises

      Nous voyons, par ce qui précède, que les nations devront apprendre que les enfants d'Israël avaient été menés en captivité, à cause de leur iniquité ; et qu'après avoir porté leur ignominie pour toutes leurs transgressions, ils ont été ramenés sur leur terre par la main du Seigneur. Et nous voyons que les enfants d'Israël connaîtront que c'est le Seigneur leur Dieu qui les avait fait disperser parmi les nations, et c'est lui qui les a ramenés et défendus, et qu'il ne cachera jamais plus sa face d'eux, mais répandra sur eux son Esprit. Des nations entières seront-elles assez aveugles pour accomplir cette prophétie, et ne la connaître qu'au moment où elle éclatera sur leurs têtes pour leur extermination ? D'où vient cet excès d'égarement ? Hélas la faute en est à ces faux docteurs qui enseignent aux peuples que la Bible doit être spiritualisée. D'autres déclarent que ces prophéties ne pourront jamais être comprises, si ce n'est après leur accomplissement. S'il en est ainsi, alors nous ne saurions échapper aux terribles châtiments qu'elles nous annoncent, et nous devrions continuer à marcher dans les ténèbres, jusqu'à ce que ces calamités nous frappent soudain et nous balayent de la terre. Alors, quelle belle consolation de regarder en arrière et de voir l'accomplissement de ces prophéties. Mais, béni en soit le Seigneur, il nous a avertis par la bouche de Daniel que beaucoup de gens courront çà et là, que la connaissance sera augmentée, que les sages comprendront ces choses, mais qu'aucun des méchants n'aura de l'intelligence (Daniel 12:4-10). Or, maintenant, je vous le demande, y a-t-il perversité comparable à celle de ces docteurs, obstinément aveugles, osant conduire des troupes d'autres aveugles, et qui soutiennent gravement que nous ne pouvons pas comprendre les Écritures ?


« Le jour du Seigneur arrive »

      Dans son 14ème chapitre, le prophète Zacharie nous donne de longs détails sur la grande bataille et la déroute des nations qui combattront contre Jérusalem. Il dit en termes précis que le Seigneur apparaîtra, au moment de l'extermination de cette armée ; oui, à l'heure même où les troupes ennemies, après avoir déjà pris la moitié de Jérusalem, seront entrées dans la ville, et seront occupées à piller les maisons et à violer les femmes. C'est alors que leur Messie, qu'ils attendent depuis tant de siècles, apparaissant soudain, mettra le pied sur la montagne des Oliviers, un peu à l'est de Jérusalem, pour combattre contre les assiégeants et délivrer les enfants d'Israël. Le prophète Zacharie dit que la montagne des Oliviers se fendra en deux par le milieu, de l'est à l'ouest, et qu'une moitié de la montagne se retirera vers le nord, et l'autre moitié vers le midi, formant tout à coup une immense vallée vers laquelle se précipiteront les Juifs pour se mettre à l'abri de leurs ennemis, comme ils s'enfuirent de devant le tremblement de terre sous le règne d'Hosias, roi de Juda. Alors viendra le Seigneur, et tous les saints avec lui. Et c'est alors que les Juifs verront le Messie, ce Messie si longtemps ardemment désiré, venant à leur secours avec une grande puissance, tel qu'ils l'ont toujours attendu. Il exterminera leurs ennemis, et les délivrera de leurs mains à l'instant même où, consternés, réduits à la dernière extrémité, ils allaient périr sous leurs coups.

      Mais quelle ne sera pas leur surprise, lorsque, sur le point de tomber aux pieds de leur Sauveur, et de reconnaître en lui leur Messie, ils apercevront les plaies qui furent faites autrefois à ses mains, à ses pieds et à son côté et qu'après information, ils reconnaîtront en lui Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs, cet homme qu'ils avaient si longtemps rejeté. Combien le prophète a raison de dire qu'ils pleureront et qu'ils se lamenteront, chaque famille à part, et les femmes à part. Mais, grâce au Ciel, il y aura une fin à leurs lamentations ; car il leur pardonnera leurs iniquités, et les purifiera de toute souillure. Désormais, Jérusalem sera une ville sainte, et toute la Palestine deviendra comme une plaine depuis Guébah jusqu'à Bimmon ; elle sera élevée et habitée en sa place, les hommes y demeureront en sûreté. Jérusalem ne sera plus détruite ; « en ce jour-là, l'Éternel sera le seul Éternel, et son nom sera le seul nom, et il sera roi de toute la terre » (Zacharie 14:9).


Des destructions accompagneront la Seconde Venue

      Dans le onzième chapitre de ses Révélations [Livre de l'Apocalypse], Jean nous donne plusieurs autres particularités de ces mêmes événements. Il nous apprend qu'après la reconstruction de Jérusalem et du temple par les Juifs, les Gentils fouleront aux pieds la cité sainte pendant quarante-deux mois et que, durant ce temps, deux prophètes y prophétiseront continuellement et y feront de puissants miracles. Il paraît que les assiégeants ne pourront prendre la ville, aussi longtemps que vivront ces deux prophètes. Mais, après un siège de trois ans et demi, ils parviendront enfin à tuer les deux prophètes, et à prendre en partie possession de la ville ; ils s'enverront des présents les uns aux autres à cause de la mort des prophètes, et, ne permettant pas de mettre leurs corps dans le sépulcre, ils les laisseront exposés dans les rues de Jérusalem trois jours et demi, pendant lesquels l'armée des Gentils, composée de différents peuples, de diverses nations, tribus et langues, verra leurs cadavres exposés dans les rues, en parcourant la ville pour en faire le pillage. Mais, après ces trois jours et demi, soudain l'Esprit de vie, envoyé de Dieu, entrera en eux, ils se relèveront sur leurs pieds, et une grande terreur saisira ceux qui les verront. Et alors une voix du ciel leur criera et « ils montèrent au ciel dans la nuée, et leurs ennemis les virent ». Après avoir décrit toutes ces choses, le tremblement de terre dont parle Ézéchiel éclate, et la montagne des Oliviers se fend en deux, comme nous l'apprend Zacharie. Jean dit : « À cette heure-là, il y eut un grand tremblement de terre, et la dixième partie de la ville tomba ; sept mille hommes furent tués... ». Et dans une des scènes qui suivent, de grandes voix se font entendre, disant : « Le royaume du monde est remis à notre Seigneur et à son Christ ; et il régnera aux siècles des siècles » (Apocalypse 11:13,15).

      Après avoir résumé la description de ces grands événements dont nous ont parlé ces prophètes, je me borne à remarquer qu'il n'y a aucune difficulté à reconnaître qu'ils sont tous parfaitement clairs et que leur accomplissement se fera d'une manière littérale.


Événements miraculeux dans les derniers jours

      Qu'il me suffise de dire que les Juifs reviennent habiter la Palestine, et rebâtissent Jérusalem. Les nations des Gentils forment une coalition pour leur faire la guerre. Leurs armées assiègent Jérusalem avec plus ou moins de succès, durant trois ans et demi. Deux prophètes juifs, par leurs puissants miracles, empêchent la ville de tomber entre les mains des assiégeants ; mais enfin, tués par l'ennemi, la ville est livrée pendant trois jours et demi au pillage ; les deux prophètes ressuscitent des morts et montent au ciel. Le Messie vient, il bouleverse la terre, défait l'armée des Gentils, délivre les Juifs, purifie Jérusalem, extirpe toute iniquité de la terre, ressuscite les saints d'entre les morts, les amène avec lui, et commence son règne de mille ans, durant lesquels son Esprit sera répandu sur toute chair ; hommes et bêtes, oiseaux et serpents, deviendront parfaitement inoffensifs, la paix et la connaissance de la gloire de Dieu couvriront la terre, comme les eaux couvrent la profondeur des mers ; et le royaume et la grandeur des royaumes, sous toute l'étendue des cieux, seront donnés aux saints du Très-Haut.

      Durant ces mille ans, Satan sera lié et n'aura aucun pouvoir pour tenter les enfants des hommes. Et la terre elle-même sera délivrée de la malédiction qui provient de la chute. Les endroits raboteux deviendront unis, les déserts fertiles, les montagnes seront abaissées, et les vallées exaltées, plus de ronces ni d'épines, mais la terre, purifiée, donnera ses fruits en abondance aux saints de l'Éternel. À la fin des mille ans, Satan sera délié de sa prison ; il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, il les assemblera pour combattre et les conduira pour attaquer le camp des saints. C'est alors que se livrera la grande et dernière bataille entre Dieu et Satan, pour l'empire de la terre. Satan et ses alliés seront vaincus. Alors viendront la fin du monde, la résurrection des méchants, et le jugement dernier. Et il y aura un nouveau ciel et une nouvelle terre, car le premier ciel et la première terre seront passés, c'est-à-dire qu'ils seront changés de leur état temporel en un état éternel, et rendus propres à servir de demeure à des êtres immortels.


Les humbles recevront la terre en héritage

      Alors la sainte Jérusalem descendra du ciel d'auprès de Dieu, après avoir été renouvelée comme le ciel et la terre. « Car, dit-il, voici, je fais toutes choses nouvelles » (Apocalypse 21:5).

      Placée sur la nouvelle terre, cette nouvelle cité, ayant au milieu d'elle Dieu et l'Agneau, sera le séjour éternel de l'homme ; Si bien que, comme a dit le poète, après toutes nos ardentes aspirations vers un lieu au-delà des bornes du temps et de l'espace, nous sommes enfin ramenés au sentiment du vrai, et il nous est donné à comprendre que l'homme est destiné à hériter à jamais de cette même planète où il fut d'abord créé, planète qui sera rachetée, sanctifiée, renouvelée, purifiée, et préparée afin de devenir un héritage éternel d'immortalité et de vie éternelle, avec la sainte cité pour capitale ; ayant au centre le trône de Dieu pour siège de son gouvernement ; et arrosée d'un fleuve d'eau vive, claire comme du cristal, qui sort du trône de Jéhovah, et dont les deux rives sont ornées d'arbres d'une beauté immortelle.

      « Heureux ceux qui lavent leurs robes, afin d'avoir droit à l'arbre de vie, et d'entrer par les portes dans la ville ! » (Apocalypse 22:14). Maintenant, nous commençons à comprendre ces paroles du Sauveur : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre » (Matthieu 5:5). Nous régnerons sur la terre. Et vous, lecteurs, soyez sans crainte. Supposez que vous soyez enlevés au ciel, et que là vous vous mêliez au choeur innombrable des rachetés de toute nation, de toute tribu, de toute langue et de tout peuple, pour chanter des cantiques. Quel ne serait pas votre étonnement de voir tous ces êtres bienheureux, remplis d'allégresse, accorder leur lyre immortelle, en joyeuse anticipation de régner un jour sur la terre, sur la terre, actuellement sous la domination de Satan, séjour de profonde misère, d'où votre esprit joyeux vient de s'envoler pour lui dire, comme vous le supposiez, un éternel adieu. Vous seriez d'abord frappés, et vous vous demanderiez peut-être : pourquoi n'ai-je jamais entendu chanter ce thème dans les églises sur la terre ? C'est que vous viviez à une époque où les hommes ne comprenaient pas les Écritures.


Cette terre sera notre ciel

      Abraham vous dirait au ciel que vous auriez dû lire la promesse que Dieu lui fit, au 8e verset du 17e chapitre de la Genèse, où le Seigneur donne la terre de Canaan en possession perpétuelle, non seulement à sa postérité, mais à lui-même. De plus, vous auriez dû lire le témoignage d'Étienne (Actes 7:1-7), par lequel vous vous seriez assurés qu'Abraham n'avait jamais hérité les choses promises à lui, mais qu'il attendait encore d'être ressuscité des morts et ramené sur la terre de Canaan pour hériter. Oh ! oui, vous dirait Ézéchiel, si vous aviez lu le 37e chapitre de mes Prophéties, vous y auriez trouvé la promesse positive que Dieu ouvrirait les sépulcres de tous les enfants de la maison d'Israël, qui étaient morts ; qu'il réunirait leurs os secs, qu'il mettrait sur eux des nerfs, ferait croître de la chair et étendrait de la peau sur eux, que son Esprit entrerait en eux et qu'ils renaîtraient tous à la vie ; et qu'alors, au lieu d'être enlevés au ciel, ils seraient ramenés sur la terre de Canaan, à eux donnée par le Seigneur, et que serait là leur héritage.

      Mais, dans votre surprise, vous pourriez vous adresser à Job qui, non moins étonné que vous de rencontrer quelqu'un ignorant des choses si claires, s'écrierait : Mais n'avez-vous donc jamais lu les versets 23 à 27 de mon 19e chapitre où, exprimant le voeu que mes discours soient écrits dans un livre, je déclare que mon Rédempteur viendra sur la terre aux derniers jours, que je le verrai, que mes propres yeux le verront, et non un autre, bien que mon corps devienne la pâture des vers ? David lui-même, David le chantre harmonieux d'Israël, vous rappellerait son 37e psaume, où il déclare à diverses reprises que les débonnaires hériteront à jamais de la terre, après que les méchants en auront été exterminés. Enfin, pour trancher tout à fait la question, prêtez l'oreille à cette parole décisive que le Sauveur laisse tomber de ses lèvres, dans son discours sur la montagne : « Heureux les débonnaires, car ils hériteront la terre » (Matthieu 5:5).

      À toutes ces citations, vous répondriez : j'avais bien certainement lu ces divers passages, mais on m'avait toujours appris à croire qu'ils n'avaient pas cette signification ; voilà pourquoi je ne les ai pas compris jusqu'à cette heure. Laissez-moi donc aller dire aux hommes quelles merveilles se sont révélées à mes yeux depuis mon arrivée dans le ciel, et simplement pour avoir entendu chanter un court cantique. Il est vrai que, durant mon séjour sur la terre, j'avais entendu beaucoup discourir sur les splendeurs du ciel, mais je n'aurais jamais pu m'imaginer que l'on s'y réjouissait, à la perspective de revenir sur cette planète. Hélas, disait le Sauveur : « Ils ont Moïse et les Prophètes... s'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait » (Luc 16:2-3).


Avènement du millénium

      Nous allons reprendre maintenant le sujet de l'avènement du Messie, et celui de ce jour glorieux, nommé le millénium, ou le règne de mille ans. Nous savons par le champ prophétique, à travers lequel nous avons glané, que ce jour heureux sera introduit par le retour personnel du Christ, et par la résurrection de tous les saints. Ensuite, nous avons appris qu'au moment de son avènement tous les méchants seront exterminés de la terre par de terribles jugements de Dieu et par le feu ; de sorte que la terre sera purifiée, délivrée de ses habitants corrompus, comme elle le fut autrefois par les eaux du déluge. Ce feu brûlera les prêtres et les populations, tous périront excepté quelques-uns.

      Mais ce terrible châtiment s'adresse davantage aux Églises déchues qu'aux païens ou aux Hébreux qu'elles essayent de convertir en ce moment. Malheur à vous, Gentils, qui vous intitulez le peuple de Dieu, mais qui avez anéanti sa loi par vos traditions : car, c'est en vain que vous criez : Seigneur ! Seigneur ! Si vous ne faites pas ce que Jésus commande ; c'est en vain que vous l'adorez, si vous enseignez pour ses doctrines des préceptes humains ; voici, l'épée de sa vengeance est suspendue sur vos têtes ; à moins que vous ne vous repentiez, elle tombera bientôt sur vous ; et en ce jour-là il sera plus miséricordieux envers les païens et les Juifs qu'envers vous. Vous vous flattez que ce jour glorieux, dont nous parlent les Prophètes, sera amené par vos inventions modernes, et par tous ces plans fondés sur l'argent, qui ont pour but de convertir les païens et les Juifs aux divers systèmes religieux des confessions soi-disant chrétiennes et, cela fait, vous espérez voir naître un millénium d'après votre coeur. Mais ni les Juifs ni les païens ne seront jamais convertis, comme peuples, par un autre plan que celui qui existe dans la Bible pour la restauration d'Israël. Et vous, entendez bien « vous-mêmes », végétez sous une alliance rompue, et mûrissez pour le feu aussi vite que possible. Mais ne me prenez pas pour un ennemi parce que je vous dis la vérité ; car je prends Dieu à témoin que j'aime trop vos âmes pour vous cacher aucune vérité, aussi sévère qu'elle puisse vous paraître. Les blessures d'un ami sont meilleures que les caresses d'un ennemi.


Signes des temps

      En ce qui concerne les signes des temps, on demande souvent : quand ces choses arriveront-elles et quels seront les signes qui en précéderont l'accomplissement (Luc 21:7) ? Et cette autre question m'est bien souvent posée : ces choses arriveront-elles bientôt ? Je vais donc vous dire à tous à quels signes vous reconnaîtrez par vous-mêmes quand ces événements approcheront, et quand nous en serons même à la veille, afin que vous n'ayez plus à recourir au savoir des autres. Or, lorsque vous voyez le pommier, et tous les autres arbres dont les feuilles commencent à pousser vous savez de vous-même que l'été est proche ; de même quand vous verrez éclater de grands tremblements de terre, des pestes, des famines et autres fléaux de toute espèce ; quand vous verrez la mer briser ses barrières naturelles, et toutes choses en commotion ; quand les nations seront plongées dans la détresse et la perplexité ; quand les coeurs des hommes seront rongés par la crainte, dans l'attente des choses qui devront se passer sur la terre ; quand vous verrez des signes dans les cieux, des signes sur la terre, du feu, du sang, et des vapeurs de fumée, le soleil obscurci par les ténèbres, la lune en sang et les étoiles lancées hors de leur marche ; quand vous verrez les Juifs se rassembler à Jérusalem, et les armées des nations se réunir pour leur faire la guerre - alors vous saurez, avec la plus parfaite certitude que l'avènement du Seigneur est proche, qu'il est même à la porte. « Je vous le dis, en vérité, cette génération ne passera point, que tout cela n'arrive » (Matthieu 24:34). Le ciel et la terre passeront, mais aucune des paroles que le Seigneur a prononcées, par la bouche de ses prophètes et de ses apôtres, ne manquera de s'accomplir. Quiconque examinera les écrits des Prophètes, et les paroles de Jésus-Christ à ce sujet, se convaincra que tous les signes, dont j'ai parlé, sont clairement désignés comme les signes qui signaleront son avènement.


Conséquences du rejet de la vérité dans les derniers jours

      Mais, bien que toutes ces choses soient écrites, sa venue surprendra les hommes, comme le déluge aux jours de Noé. Pourquoi ? Uniquement parce qu'ils ne comprendront pas les Prophètes. Ils ne supporteront par les saines doctrines ; grâce aux faux docteurs et à des préceptes humains, leurs oreilles, détournées de la vérité, ne s'ouvriront que pour entendre des fables (2 Timothée 4:3-4).

      Et ce qu'il y a de déplorable, c'est que, lorsque le Seigneur enverra des hommes prêcher la nouvelle et éternelle alliance, en leur donnant le courage de donner hardiment leur témoignage, ils seront traités comme les serviteurs de Dieu l'ont été avant eux par les Églises déchues. Les membres de chaque Église, s'attachant à leur propre système, sont unanimes à dire : « Nous n'avons pas besoin de ces nouveautés, la bonne ancienne voie nous suffit » ; en même temps qu'ils marcheront en autant de voies différentes qu'il y a d'Églises, ils ne s'accorderont que sur un point : persécuter et dire toute sorte de mal des chasseurs et des pêcheurs que Dieu leur enverra.

      Mais, grâce au Ciel, il y a dans chaque Église des individus cherchant humblement la vérité, lesquels, après avoir reconnu sa voix, embrasseront la nouvelle et éternelle alliance. Ces personnes seront adoptées dans la grande famille d'Israël ; elles seront rassemblées avec ses enfants et participeront aux mêmes bénédictions et promesses. Oui, comme nous l'apprend Jérémie dans ces prophéties : « Les nations viendront à toi des extrémités de la terre, et elles diront : Nos pères n'ont hérité que le mensonge, de vaines idoles, qui ne servent à rien » (Jérémie 16:19). Mais, comme les Juifs, en ne comprenant pas les Prophètes, et en reportant toutes leurs espérances sur le glorieux avènement du Messie aux derniers jours, dans l'attente de le voir rétablir le royaume d'Israël et les venger de leurs ennemis ; comme les Juifs, dis-je, se trompèrent sur son premier avènement, et que par erreur ils furent brisés et dispersés, il en sera de même pour les Gentils : ils se méprendront sur les prophéties touchant son deuxième avènement, en les confondant avec le grand jugement final, qui n'aura lieu que mille ans après. Et cette méprise fatale, au lieu de ne causer que leur défaite et leur dispersion, fera qu'ils seront tous réduits en cendres.


Préparez-vous à rencontrer votre Dieu

      Mes frères selon la chair, combien mon âme déplore votre destinée. Oh si j'avais une voix comme celle d'une trompette, je crierais : Éveillez-vous, éveillez-vous, sortez de votre léthargie, les temps sont accomplis, votre destruction est à la porte. « La destruction de tout le pays est résolue ; Je l'ai appris du Seigneur, de l'Éternel des armées » (Ésaïe 28:22). Préparez-vous donc à recevoir votre Dieu. Et vous, enfants de la maison d'Israël, levez la tête car votre rédemption est proche ; partez, partez, quittez ces lieux où vous aviez été dispersés, retournez sur la terre de votre héritage, rebâtissez vos villes ; oui, sortez des nations, depuis un bout du ciel jusqu'à l'autre bout, mais que votre fuite ne soit point précipitée, car le Seigneur marchera devant vous, et le Dieu d'lsraël sera votre arrière-garde. Enfin, je crierai à tous, Juifs et Gentils : Repentez-vous, repentez-vous, car le grand jour du Seigneur est proche. Et si vous me haïssez, moi, qui ne suis qu'un homme, lorsque j'élève ma voix pour vous exciter au repentir, que direz-vous quand ce jour viendra, quand les tonnerres feront entendre leurs puissantes voix jusqu'aux extrémités de la terre, criant à toutes créatures :


      « Repentez-vous, et préparez-vous pour le grand jour du Seigneur oui, quand les éclairs sillonneront les nues, de l'Orient à l'Occident, criant à tous les mortels : repentez-vous, car le grand jour du Seigneur est arrivé... Et le Seigneur fera entendre sa voix du Ciel, en disant : Prêtez l'oreille, ô nations de la terre, et écoutez les paroles de ce Dieu qui vous a créés. Combien de fois, ô peuples de la terre, ne vous aurais-je pas rassemblés, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, mais vous ne l'avez pas voulu ! Combien de fois, ne vous ai-je pas appelés par la bouche de mes serviteurs, par le ministère d'anges, par ma propre voix, par la voix des éclairs et du tonnerre, par celle des tempêtes, des tremblements de terre et de la grêle, par la famine et des fléaux de toutes sortes, par les sons éclatants de la trompette, par la voix des châtiments et celle de la miséricorde, durant tout le jour, et par la voix de la gloire, des honneurs, et des trésors de la vie éternelle, et combien de fois ne vous ai-je pas offert un salut éternel, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici, le jour est venu où la coupe de la colère de mon indignation est pleine » (Doctrine et Alliances 43:21-26).
 

 

Source : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, 1837