Prophéties déjà accomplies
Parley P. Pratt (1807-1857)
Membre du collège des Douze de 1835 à 1857
Assassiné à l'âge de 50 ans
Les mentions entre crochets sont de la Rédaction
Il y a une grande distinction qu'il ne faut jamais perdre de vue dans
l'étude des prophéties c'est celle entre l'avenir et le
passé. Le lecteur doit mettre toute son attention à
reconnaître quelle partie en a été accomplie, et
quelle partie attend encore son accomplissement, sans jamais oublier
que la règle d'interprétation fixée par Pierre
s'applique à l'une et à l'autre. Or, Si nous trouvons
dans toutes nos recherches que toutes les prophéties
accomplies jusqu'à ce jour l'ont été
« littéralement », il s'ensuivra
nécessairement que toutes les prophéties qui attendent
leur accomplissement le recevront aussi d'une manière
« littérale ».
Cela posé, commençons à
l'époque reculée du patriarche Noé.
« Et moi, je vais faire venir le déluge d'eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel ; tout ce qui est sur la terre périra » (Genèse 6:1). Dans les versets qui suivent, le Seigneur ordonne à Noé d'entrer dans l'arche, et de prendre avec lui des animaux de toute espèce, etc. Et le 22e verset nous apprend que « C'est ce que fit Noé : il exécuta tout ce que Dieu lui avait ordonné ». Quel bonheur pour lui de ne pas être versé dans les systèmes spiritualistes de nos grands théologiens modernes ; car, sous leur influence somnifère, il n'aurait jamais pu croire qu'une prophétie si merveilleuse avait une signification littérale et s'accomplirait littéralement. De nos jours, on lui aurait objecté que ce déluge d'eaux ne signifiait qu'un déluge spirituel et que l'Arche n'était qu'une Arche spirituelle ; et s'il s'était avisé de penser autrement, nos scribes l'auraient traité dans leurs journaux d'imposteur, de fanatique ou de fou. Mais Noé eut la simplicité de croire que la prophétie devait s'accomplir littéralement. Voilà un exemple frappant de prescience. En effet, tous ceux qui n'avaient pas ce don périrent misérablement dans ce grand cataclysme.
Prophétie
accomplie littéralement
Prenons un autre exemple dans la Genèse : « Et
l'Éternel dit à Abram : Sache que tes descendants
seront étrangers dans un pays qui ne sera point à eux ;
ils y seront asservis et on les opprimera pendant quatre cents ans.
Mais je jugerai la nation à laquelle ils seront asservis, et
ils sortiront, ensuite, avec de grandes richesses. Toi, tu iras en
paix vers tes pères, tu seras enterré après une
heureuse vieillesse. À la quatrième génération,
ils reviendront ici ; car l'iniquité des Amoréens
n'est pas encore à son comble » (Genèse
15:13-16).
Les rigoureux
traitements que les enfants d'Israël subirent en Égypte
durant quatre cents ans, leur délivrance de ce pays avec de
grandes richesses, les terribles châtiments qui furent infligés
à leurs persécuteurs, ainsi que la mort d'Abraham, à
un âge très avancé, sont des faits trop connus
pour avoir, ici, besoin de commentaires. Nous nous bornerons à
observer que c'est là un exemple frappant de l'accomplissement
rigoureux d'une prophétie donnée quatre cents ans à
l'avance ; d'où nous apprenons que ces hommes des temps
primitifs étaient tous exempts de notre manie moderne de tout
spiritualiser.
Mentionnons
l'exemple de Lot : « Qui as-tu encore ici ?
Gendres, fils et filles, et tout ce qui t'appartient dans la ville,
fais-les sortir de ce lieu. Car nous allons détruire ce lieu,
parce que le cri contre ses habitants est grand devant l'Éternel.
L'Éternel nous a envoyés pour le détruire »
(Genèse 19:12-13). Assez simple pour prendre à la
lettre cet avertissement céleste, Lot prit avec lui autant de
membres de sa famille qui voulurent consentir à le suivre, et
il s'enfuit de Sodome au grand amusement de ses habitants qui, en le
voyant passer, criaient sans doute « Illusion, fourberie,
imposture !!! » dans leur persuasion que cette
prophétie n'était qu'une figure. Voilà l'exemple
d'un homme sauvant sa vie par une « prescience »
qui lui fut communiquée, tandis qu'une ville tout entière
périt dans les flammes. Quel bonheur pour Lot de ne pas
connaître notre manière moderne d'interpréter les
prophéties ! S'il était entré dans sa tête
qu'il devait sortir spirituellement de Sodome, au lieu de le faire
littéralement, il aurait péri comme les autres.
Le
pouvoir de prescience
Examinons maintenant une prophétie de Joseph dans le pays
d'Égypte : « Voici, il y aura sept années
de grande abondance dans tout le pays d'Égypte. Sept années
de famine viendront après elles ; et l'on oubliera toute
cette abondance au pays d'Égypte, et la famine consumera le
pays. Cette famine qui suivra sera si forte qu'on ne s'apercevra plus
de l'abondance dans le pays » (Genèse 41:29-31).
Alors Joseph donna des instructions pour faire remplir les greniers
de blé durant les sept années d'abondance, afin de se
prémunir contre la famine. Et Pharaon, aussi peu versé
que ses prédécesseurs dans nos systèmes modernes
de théologie, n'eut jamais la pensée d'interpréter
cette prophétie autrement que dans le sens le plus littéral.
Il fut ainsi, conjointement avec Joseph, un instrument dans les mains
du Seigneur, pour sauver de la famine non seulement son peuple, mais
aussi la maison d'lsraël. Exemple non moins frappant du pouvoir
de la prescience, il préserva l'Égypte de la famine, et
fit passer Joseph d'un cachot dans un palais, en l'élevant du
dernier degré d'abaissement jusqu'au faîte des honneurs,
au point qu'on cria devant lui : « À
genoux ! » Mais que de victimes, quelles lamentations
s'il n'avait été question que d'une famine spirituelle
et de blé spirituel !
Après ces exemples empruntés aux temps primitifs, nous
allons effleurer en passant quelques-uns des principaux faits
prophétiques qui ont déjà reçu leur
accomplissement, jusqu'à ce que nous arrivions aux grands
prophètes de la maison d'Israël. Alors un vaste champ
s'ouvrira devant nous, présentant successivement les plus
remarquables événements de l'histoire, et nous amenant
au commencement de la glorieuse dispensation des derniers temps.
Accomplissement
des prophéties en lsraël
Le prophète Élie nous offre un trait digne de figurer
dans cette étude. C'est la prédiction qu'il fit à
Achab qu'il ne pleuvrait pas durant trois ans et plus, ce qui
s'accomplit effectivement (1 Rois 17:1 ; 18:41-45). Élisée
nous offre un trait non moins remarquable. Le Syrien Hazaël vint
le voir pour qu'il s'enquît auprès du Seigneur touchant
le roi de Syrie, son maître, qui était malade. Le
prophète, en le considérant attentivement, se mit à
fondre en larmes. Hazaël lui ayant demandé quel était
le sujet de ses pleurs, Élisée lui répondit :
« L'Éternel m'a révélé que tu
seras roi de Syrie ». Alors il se mit à lui
dévoiler les cruautés qu'il exercerait un jour envers
Israël, cruautés tellement horribles que nous les
passerons sous silence pour ne pas offenser les oreilles délicates.
Humilié d'entendre prophétiser qu'il commettrait de
telles infamies, Hazaël s'écria, plein d'étonnement :
« Mais qu'est-ce que ton serviteur, ce chien, pour faire
de si grandes choses ? » Mais, chose surprenante à
dire, cette prédiction s'accomplit rigoureusement à la
lettre (2 Rois 8:7-15 ; 9:14 ; 10:32 ; 12:17 ;
13:22).
Nous lisons dans le 21e
chapitre des 2 Chroniques, versets 14-15, qu'un écrit fut
apporté à Joram de la part du prophète Élie,
qui, après lui avoir reproché le crime de son apostasie
et celui d'avoir massacré ses frères, de la maison de
son père, qui étaient meilleurs que lui, se termine
ainsi « Voici, l'Éternel frappera ton peuple d'une
grande plaie, tes fils, tes femmes, et tout ce qui t'appartient ;
et toi, il te frappera d'une maladie violente, d'une maladie
d'entrailles, qui augmentera de jour en jour jusqu'à ce que
tes entrailles sortent par la force du mal ». Nous voyons
dans ce même chapitre que les Arabes et les Philistins
pillèrent toutes ses richesses et lui enlevèrent ses
femmes et ses enfants. Et, après cela, le Seigneur le frappa
dans ses entrailles d'une maladie incurable, ses entrailles sortirent
par la force de sa maladie, et il expira dans d'affreux tourments.
Josué
prophétise au sujet de Jéricho
Le 26e verset du 6e chapitre du livre de Josué contient cette
étonnante prédiction sur la ville de Jéricho :
« Maudit soit devant l'Éternel l'homme qui se
lèvera pour rebâtir cette ville de Jéricho. Il en
jettera les fondements au prix de son premier-né et il en
posera les portes au prix de son plus jeune fils ». Après
cette malédiction, Jéricho resta déserte pendant
des siècles, personne n'osant s'exposer à de telles
éventualités, en rebâtissant la ville. Après
une longue suite de juges et de rois, après des centaines
d'années, Hiel de Béthel, qui vivait sous le règne
d'Achab, supposant probablement que le Seigneur avait oublié
la malédiction prononcée par Josué contre
Jéricho, osa rebâtir cette ville. Mais à peine en
eût-il jeté les fondements qu'Abiram, son premier-né,
mourut ; puis, persévérant dans son
endurcissement, il en construisit les portes, et perdit Segub, le
plus jeune de ses enfants, conformément aux paroles de Josué
(1 Rois 16:34). Nous pourrions remplir un volume de traits semblables
disséminés dans la partie historique des Écritures ;
mais, voulant aborder promptement et plus en détail l'examen
des livres des prophètes, et de leurs prédictions
contre Jérusalem, Babylone, Tyr, l'Égypte et diverses
autres nations, nous bornerons là nos citations.
Le
rêve de Nébucadnetsar
Babylone, ville la plus ancienne et la plus célèbre du
monde, était agréablement située sur les bords
d'une importante rivière qui serpentait majestueusement à
travers les plaines de Shinar, non loin de l'endroit où
s'élevait jadis la tour de Babel. Divisée en quatre
parties principales, entourée d'une muraille de plus de trois
cents pieds de haut et d'une circonférence de vingt lieues, et
décorée de cent portes d'airain bardées de fer,
dont vingt-cinq situées dans chaque division qui donnaient
naissance à autant de rues longues de cinq lieues dans
l'intérieur de la ville, cette immense capitale était
ainsi disposée en vastes carrés réguliers d'une
même étendue. Au centre de ces places, on voyait de
splendides jardins ornés d'arbustes et de fleurs, et des
promenades couvertes d'arbres, et les maisons, donnant directement
sur les rues, étaient bâties aux extrémités
des carrés. Au centre de la cité s'élevait le
magnifique palais du roi Nébucadnetsar, qui dictait ses lois à
tout l'univers. Ce puissant monarque était, une nuit, plongé
dans le sommeil, quand il plut au Seigneur de soulever devant lui le
sombre voile de l'avenir et de lui présenter en vision
l'histoire du monde, dans tout son ensemble, jusqu'à la
consommation de toutes choses.
« Il voyait une grande statue, dont la tête était
d'or très pur ; sa poitrine et ses bras étaient
d'argent ; son ventre et ses cuisses étaient d'airain ;
ses jambes de fer ; ses pieds, en partie de fer et en partie
d'argile. Il regardait, lorsqu'une pierre se détacha sans le
secours d'aucune main, frappa les pieds de fer et d'argile de la
statue, et les mit en pièces. Alors, le fer, l'argile,
l'airain, l'argent et l'or furent brisés ensemble, et
devinrent comme la balle qui s'échappe d'une aire en été ;
le vent les emporta, et nulle trace n'en fut retrouvée. Mais
la pierre qui avait frappé la statue devint une grande
montagne et remplit toute la terre ».
Lorsque Daniel fut amené devant le roi pour lui dire quel
songe il avait eu et lui en donner l'interprétation, il
s'écria : « Il y a dans les cieux un Dieu qui
révèle les secrets et qui a fait connaître au roi
Nébucadnetsar ce qui arrivera dans la suite des temps ».
Daniel
interprète le songe de Nébucadnetsar
Puis, après avoir dit au roi quel songe il avait eu, il
poursuivit en ce termes : « O roi, tu es le roi des
rois car le Dieu des cieux t'a donné l'empire, la puissance,
la force et la gloire ; il a remis entre tes mains, en quelque
lieu qu'ils habitent, les enfants des hommes, les bêtes des
champs et les oiseaux du ciel, et il t'a fait dominer sur eux tous :
c'est toi qui es la tête d'or. Après toi, il s'élèvera
un autre royaume, moindre que le tien ; puis, un troisième
royaume, qui sera d'airain, et qui dominera sur toute la terre. Il y
aura un quatrième royaume, fort comme du fer ; de même
que le fer brise et rompt tout, il brisera et rompra tout, comme le
fer qui met tout en pièces. Et, comme tu as vu les pieds et
les orteils en partie d'argile de potier et en partie de fer, ce
royaume sera divisé ; mais il y aura en lui quelque chose
de la force du fer, parce que tu as vu le fer mêlé avec
l'argile. Et comme les doigts des pieds étaient en partie de
fer et en partie d'argile, ce royaume sera en partie fort et en
partie fragile. Tu as vu le fer mêlé avec l'argile,
parce qu'ils se mêleront par des alliances humaines ; mais
ils ne seront point unis l'un à l'autre, de même que le
fer ne s'allie point avec l'argile. Dans le temps de ces rois, le
Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit,
et qui ne passera point sous la domination d'un autre peuple :
il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et
lui-même, subsistera éternellement. C'est ce qu'indique
la pierre que tu as vue se détacher de la montagne sans le
secours d'aucune main et qui a brisé le fer, l'airain,
l'argile, l'argent et l'or. Le grand Dieu a fait connaître au
roi ce qui doit arriver après cela. Le songe est véritable
et son explication est certaine » (Daniel 2:28,37-45).
Réalisation
du songe de Nébucadnetsar
Nous venons de voir se dérouler successivement devant nous,
d'abord le royaume de Nébucadnetsar, première monarchie
universelle ; puis l'empire des Perses et des Mèdes qui
conquirent Babylone sur le roi Belsçatsar, et régnèrent
sur toute la terre ; ensuite celui des Grecs sous l'empereur
Alexandre, qui fit la conquête de l'univers et lui dicta des
lois du milieu de Babylone ; quatrièmement, l'empire
Romain qui subjugua toutes les nations ; cinquièmement,
sa division en empire d'Orient et en empire d'Occident, et puis sa
dissolution ou subdivision en divers royaumes, tels qu'ils existent
dans l'état actuel de l'Europe, royaumes représentés
par les pieds et les orteils de la statue, en partie de fer et en
partie d'argile. En dernier lieu, nous avons vu qu'il s'élèverait
un royaume entièrement nouveau, suscité et organisé
par le Dieu du ciel aux derniers jours, ou durant le règne de
ces rois figurés par les pieds et les orteils. Ce dernier
royaume ne doit jamais changer de maître ni passer à un
autre peuple, comme tous ceux qui l'ont précédé,
mais il doit mettre en pièces tous les autres royaumes et
subsister à jamais.
Certains docteurs prétendent que ce dernier royaume n'est
autre que le royaume de Dieu, qui fut organisé du temps de
Jésus-Christ ou des apôtres. Mais il est impossible de
faire une plus grossière bévue. Le royaume de Dieu
établi du temps de Jésus-Christ ou des apôtres ne
mit en pièces aucun des royaumes de la terre. Au contraire, on
lui fit la guerre et il fut subjugué, en accomplissement de
ces paroles du prophète Daniel : « Je vis
cette corne faire la guerre aux saints et l'emporter sur eux...
Jusqu'au moment où l'ancien des jours vint donner droit aux
saints du Très-Haut, et le temps arriva où les saints
furent en possession du royaume... Le règne, la domination et
la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux, seront
donnés au peuple des saints du Très-Haut. Son règne
est un règne éternel, et tous les dominateurs le
serviront et lui obéiront » (Daniel 7:21,22,27).
Le
royaume de Dieu sera établi
Jean, dans son apocalypse, nous apprend qu'il « fut donné
à la bête de faire la guerre aux saints, et de les
vaincre. Et il lui fut donné autorité sur toute tribu,
tout peuple, toute langue et toute nation » (Apocalypse
13:7). En accomplissement de ces paroles, le pouvoir fut donné
aux autorités de la terre de tuer les apôtres et les
hommes inspirés ; et s'il en resta quelques-uns, ils
furent bannis de toute société humaine ou forcés
de se réfugier dans des îles désertes ou dans des
cavernes. C'étaient des hommes dont le monde n'était
pas digne. Et, en même temps, de faux docteurs et de faux
prophètes furent introduits à leur place, que les
hommes se choisirent eux-mêmes, parce qu'ils ne voulaient point
supporter la saine doctrine. C'est ainsi que le royaume de Dieu « se
désorganisa et disparut » de la terre, c'est ainsi
qu'il fut remplacé par des préceptes et par des Églises
à caractère purement humain. Mais nous nous réservons
de traiter plus amplement ce sujet ailleurs. Remarquons simplement
que le royaume dont parle Daniel est un royaume que le Dieu du ciel
doit susciter et organiser lui-même aux derniers jours, sans
rien emprunter aux institutions et aux préceptes des hommes.
Une fois organisé, il ne cessera jamais de s'accroître ;
toutes les puissances de la terre et de l'enfer ne sauraient entraver
ses progrès, jusqu'à ce qu'enfin l'Ancien des jours se
soit assis sur son trône, et que le Seigneur Jésus
vienne dans les nuées du ciel, revêtu d'une grande
gloire et d'une grande puissance, en Roi des rois et en Seigneur des
Seigneurs, détruire tous les royaumes et donner « aux
saints » l'empire de l'univers. Alors il n'y aura plus
qu'un Dieu et qu'un Seigneur, et il sera l'unique Roi de toute la
terre.
Revenons à
Nébucadnetsar, que Dieu, par la bouche de Jérémie,
appelle « mon serviteur pour exécuter ses jugements
contre les nations ». Il paraît que le Seigneur
n'avait exalté ce grand monarque, en l'armant de son propre
glaive et en lui donnant une grande puissance, que dans le but formel
d'exécuter ses jugements et de châtier toutes les
nations de la terre. Jérémie nous apprend (Jérémie
25) que le Seigneur avait résolu de faire marcher
Nébucadnetsar et ses armées contre Jérusalem et
contre toutes les nations voisines, pour les mettre sous le joug et
dans la désolation durant soixante-dix ans, et qu'après
ces soixante-dix ans il tournerait sa colère contre le roi de
Babylone et sa nation, et les châtierait à cause de
leurs iniquités. Or, qui pourrait parcourir l'histoire donnant
le récit de ces grands événements, indiqués
avec tant d'exactitude dans Jérémie, Ésaie et
Ézéchiel, sans être frappé d'étonnement
et d'admiration à la vue de ce merveilleux don de prophétie
qui mettait alors ces hommes en état de faire l'histoire de
l'avenir, comme on lit de nos jours celle du passé. En effet,
un lecteur du XXe siècle, tenant en ses mains l'histoire de
Babylone, l'histoire des Mèdes et des Perses, des Grecs, des
Romains et des Égyptiens, ainsi que celle des Juifs, pourrait
à peine se mettre mieux au courant des événements
qui se sont passés parmi ces nations, que ne l'étaient
les prophètes soixante-dix ans avant leur
accomplissement.
Les Juifs
furent asservis par Nébucadnetsar ; Jérusalem et
le temple furent réduits en cendres ; leurs princes,
leurs nobles et le peuple furent transportés à
Babylone, ainsi que tous les objets sacrés. Toutes les
particularités qui marquèrent ce grand désastre
furent clairement prédites par Jérémie, aussi
bien que le temps de la captivité, à savoir,
soixante-dix ans. Après avoir soumis les Juifs, le roi de
Babylone fit marcher son armée contre Tyr, la capitale du
monde commercial de cette époque, ville située sur la
mer et entourée non seulement par la mer, mais d'une forte
muraille, une place si bien fortifiée exigea des efforts
inouïs ; il fallut la persévérance et toute
l'habileté de Nébucadnetsar et de son armée,
pour en venir à bout ; enfin, après des travaux
longtemps prolongés, ils parvinrent à s'emparer de Tyr
et réduisirent ses habitants en servitude pendant soixante-dix
ans. Puis, ils revinrent et rebâtirent leur ville, car Jérémie
avait prédit la prise de Tyr, sa captivité durant
soixante-dix ans et sa restauration après ce laps de temps.
Après son rétablissement, la ville de Tyr redevint
florissante, mais elle fut ensuite réduite à une
extrême désolation. On voit encore de nos jours
quelques-unes de ses ruines au fond de la mer ; l'emplacement
qu'elle occupait n'est plus qu'un rocher stérile habité
par de pauvres pêcheurs. Cette désolation perpétuelle,
et même ces débris misérables, avaient été
clairement prédits par les prophètes.
Nébucadnetsar
accomplit les buts de Dieu
Après la conquête de Tyr par le roi de Babylone, pour
dédommager ses soldats des souffrances extrêmes qu'ils
avaient endurées pendant le siège, le Seigneur lui
promit par la bouche d'Ézéchiel de lui donner les
dépouilles de l'Égypte, comme salaire à son
armée et récompense de ses services. Ce que
Nébucadnetsar effectua, en faisant la conquête de
l'Égypte et en réduisant ses habitants en servitude
durant soixante-dix ans.
Puis, il faut le suivre, exécutant les décrets vengeurs du Seigneur contre Uz, sur les rois des Philistins, sur Askelon et Azaah ; sur Ékron, Édom, Moab, Ammon, Dedan, Buz et Tema ; sur les rois de l'Arabie, Zimri et Élam ; sur tous les rois des Mèdes ; sur tous les princes du Nord, voisins ou éloignés ; enfin contre toutes les nations de la terre qui étaient ivres jusqu'au vomissement, et qui devaient disparaître à jamais sous les coups de son épée. Mais lorsque Dieu eut accompli ces desseins contre ces peuples et ces rois, il résolut de châtier à son tour ce grand monarque et ses successeurs, ainsi que la superbe Babylone, et toute la nation. Il voulut les frapper d'une éternelle désolation ; et, cela, à cause de leur extrême arrogance. Le Seigneur s'écria : « La hache se glorifie-t-elle envers celui qui s'en sert ? Ou la scie est-elle arrogante envers celui qui la manie ?… » (Ésaïe 10:15).
Mais pour retracer les événements qui amenèrent
le retour des Juifs, et des autres nations, de leur captivité
de soixante-dix ans, ainsi que le châtiment de Babylone, les
prophètes introduisent un homme bien différent de
Nébucadnetsar. Appelé dans les Écritures l'Oint
du Seigneur, on peut le considérer comme l'un des caractères
les plus extraordinaires que le paganisme ait jamais produits. Sa
douceur, sa persévérance, son courage, ses succès,
mais par-dessus tout sa stricte obéissance aux commandements
de ce Dieu que ni lui ni ses pères n'avaient jamais connu,
tout tend à démontrer qu'Ésaïe ne se
trompait point, quand il l'appelait par son nom comme l'Oint du
Seigneur, pour délivrer les nations de la servitude, pour
dompter et châtier la plus grande ville et la plus vaste
monarchie qui aient jamais existé sur la terre, pour opérer
la restauration des Juifs, et rebâtir Jérusalem et le
temple. Il était réellement un de ces hommes rares, qui
n'apparaissent dans le monde que pour réaliser de grandes
choses. Mais voyons en quels termes le prophète lui-même
en parle : « Ainsi parle l'Éternel à
son oint, à Cyrus, qu'il tient par la main, pour terrasser les
nations devant lui et pour relâcher la ceinture des rois, pour
lui ouvrir les portes afin qu'elles ne soient plus fermées. Je
marcherai devant toi, j'aplanirai les chemins montueux, je romprai
les portes d'airain et je briserai les verrous de fer. Je te donnerai
des trésors cachés, des richesses enfouies afin que tu
saches que je suis l'Éternel qui t'appelle par ton nom, le
Dieu d'Israël. Pour l'amour de mon serviteur Jacob, et d'Israël,
mon élu, je t'ai appelé par ton nom, je t'ai parlé
avec bienveillance, avant que tu me connusses. Je suis l'Éternel,
et il n'y en a point d'autre, hors moi, il n'y a point de Dieu ;
je t'ai ceint, avant que tu me connusses. C'est afin que l'on sache,
du soleil levant au soleil couchant, que hors moi, il n'y a point de
Dieu » (Ésaïe 45:1-6).
Il dit dans le 13e verset : « C'est moi qui ai
suscité Cyrus dans ma justice et j'aplanirai toutes ses
voies ; il rebâtira ma ville, et libérera mes
captifs, sans rançon ni présents, dit l'Eternel des
armées ». Le lecteur ne doit pas perdre de vue
qu'Ésaïe vivait environ cent ans avant la captivité
des Juifs à Babylone, et cent soixante-dix ans avant que Cyrus
n'effectuât leur restauration.
Les
grandes conquêtes de Cyrus
Ici je m'arrête, et je demande quel pouvoir, autre que le
pouvoir de Dieu, eût été capable de mettre un
homme en état d'en appeler un autre par son nom, un siècle
avant sa naissance, et de prédire correctement l'histoire de
sa vie ? Quelles ne durent pas être sa surprise et son
admiration, lorsque, après plusieurs années de guerres
et de commotions, durant lesquelles il marcha de conquêtes en
conquêtes, et il dépouilla de leurs trésors
maintes nations, il vint camper enfin auprès des murs de la
plus forte place de l'univers ! Il avait là devant lui
une muraille qui avait plus de 300 pieds d'élévation,
avec ses portes d'airain bardées de fer. Muni de vivres pour
plusieurs années, le peuple renfermé dans son enceinte
se croyait à l'abri de toute atteinte. Comment songer à
s'emparer d'une aussi forte place ? Qui, à moins d'être
inspiré du grand Jéhovah, n'aurait pas reculé
devant une pareille entreprise ?
Mais Cyrus, ayant détourné le cours de l'Euphrate, et
étant passé sous la muraille même de la ville
dans le lit sec de la rivière, se trouva maître de
Babylone, sans coup férir ; alors même que le roi
Belsçatsar se livrait à une orgie avec ses nobles et
ses concubines, au cours de laquelle il avait fait apporter les vases
d'or et d'argent que son père avait tirés du temple de
Jérusalem. Déjà ses genoux s'étaient
entrechoqués d'horreur, en voyant les doigts d'une main
d'homme qui écrivait sa sentence sur l'enduit de la muraille,
sentence que Daniel venait de lui interpréter, en lui
apprenant que son royaume était donné aux Mèdes
et aux Perses.
Après la
conquête de cette grande monarchie, Cyrus, devenu l'arbitre de
l'univers, dut admettre Daniel au nombre de ses amis. Le prophète
l'initia sans doute à la connaissance des annales juives, et
alors tout le mystère lui fut dévoilé : il
put voir que Dieu l'avait appelé par son nom, que sa puissante
main l'avait ceint pour la bataille et avait dirigé toutes ses
entreprises ; il put alors comprendre pourquoi les trésors
de la terre avaient afflué dans ses mains, pourquoi les rois
avaient tremblé en sa présence, et pourquoi les portes
d'airain s'étaient ouvertes, et leurs barres de fer s'étaient
brisées. Tout cela s'était fait pour qu'il sût
qu'il y avait un Dieu en Israël, qu'il n'y en avait pas d'autre,
et que toutes les idoles n'étaient que pur néant ;
afin, aussi, qu'il opérât la restauration des Juifs,
qu'il rebâtît Jérusalem et le temple, et qu'il
accomplît les desseins de Dieu concernant Babylone.
Cyrus
décrète la reconstruction du temple
En conséquence, il fit publier une proclamation pour inviter
les Juifs à retourner dans leur patrie, et les peuples de son
empire à les aider à rebâtir leur ville. On lit
dans Esdras : « Ainsi parle Cyrus, roi des Perses :
L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les
royaumes de la terre, et il m'a commandé de lui bâtir
une maison à Jérusalem en Juda. Qui d'entre vous est de
son peuple ? Que son Dieu soit avec lui et qu'il monte à
Jérusalem, en Juda, et bâtisse la maison de l'Éternel,
le Dieu d'Israël. C'est le Dieu qui est à Jérusalem »
(Esdras 1:2-3).
Quels puissants arguments, quelle
irrésistible influence purent convaincre Cyrus que le Dieu du
ciel habitait Jérusalem, qu'il était le seul vrai Dieu,
et que c'était lui qui avait fait toutes ces choses ? Il
n'avait pourtant pas été élevé dans la
foi de ce Dieu, ni dans les Saintes Écritures. Il avait été
jusqu'alors un adorateur zélé des idoles, et c'étaient
elles seules qu'il invoquait dans sa jeunesse. À cela, je
réponds : c'était le pouvoir de Dieu rendu
manifeste par les prophéties et leur accomplissement, non
point dans un sens spiritualisé, non point d'une manière
obscure, incertaine et difficile à comprendre, mais par une
démonstration positive, simple et littérale, que nul ne
pouvait rejeter ou nier. Ésaïe nous apprend que tel était
le but du Seigneur, en révélant ses desseins avec tant
de clarté. Et Cyrus fit voir par sa conduite qu'il l'avait
ainsi compris.
Remarquons ici que, lorsque nous aborderons cette partie des prophéties qui n'ont pas encore été accomplies, nous apporterons des preuves positives que les nations païennes des derniers jours seront également convaincues de la même manière que le fut Cyrus ; c'est à dire qu'il y a certains événements clairement prédits par les prophètes, pas encore accomplis, qui, après avoir reçu leur accomplissement, prouveront à ces nations l'existence du vrai Dieu ; et elles reconnaîtront qu'il avait annoncé ces événements et qu'il les a accomplis. Et alors les grands docteurs et les savants théologiens de la chrétienté, comme toutes les sectes, qui donnent aux prophéties une autre interprétation que l'interprétation « littérale », resteront confondus et seront forcés de reconnaître que tout s'est accompli, comme il était écrit.
Désolation
éternelle de Babylone
Mais revenons à nos recherches sur les prophéties et
leur accomplissement. Les prophètes avaient non seulement
prédit la conquête de Babylone par Cyrus, mais ils
avaient proclamé la destinée de cette ville jusqu'à
la fin des temps. Ils avaient annoncé qu'elle serait frappée
d'une complète désolation, et ne serait plus jamais
habitée, même par les Arabes errants. « L'Arabe
n'y dressera point sa tente », avait dit le prophète
Ésaïe (Ésaïe 13:19-22).
Joseph Wolfe, le célèbre missionnaire juif, durant son voyage en Chaldée, s'informa auprès des Arabes s'ils dressaient leurs tentes parmi les ruines de Babylone. Ils répondirent négativement, déclarant qu'ils craindraient en le faisant d'être visités par l'esprit de Nimrod, le fameux chasseur. Ainsi toutes les prédictions des prophètes sur cette puissante ville ont été accomplies.
L'ancien pays d'Édom nous offre un autre exemple frappant de
l'accomplissement des prophéties. Ces prédictions sur
Édom furent faites à une époque où le sol
de ce pays était fort productif, bien cultivé, et
couvert de villes et de villages florissants. Il ne reste maintenant
de ces villes que des monceaux de ruines désolées,
repaire des cormorans, des butors, des serpents, et des bêtes
fauves. Le Seigneur a frappé le sol de stérilité
et en a fait un désert depuis des siècles, en
accomplissement formel des prophéties.
Daniel
reçoit une vision des royaumes
Arrêtons-nous un instant à la vision de Daniel sur le
bouc et le bélier, rapportée dans le huitième
chapitre de son livre. Nous engageons le lecteur à lire le
chapitre tout entier. Pour nous, nous allons plus particulièrement
nous attacher à l'interprétation de cette vision, telle
qu'elle fut donnée par l'ange Gabriel à ce prophète.
« Puis il me dit : Je vais t'apprendre ce qui
arrivera au terme de la colère, car il y a un temps marqué
pour la fin. Le bélier que tu as vu, et qui avait des cornes,
ce sont les rois des Mèdes et des Perses. Le bouc, c'est le
roi de Javan. La grande corne entre ses yeux, c'est le premier roi.
Les quatre cornes qui se sont élevées pour remplacer
cette corne brisée, ce sont quatre royaumes qui s'élèveront
de cette nation, mais qui n'auront pas autant de force. À la
fin de leur domination, lorsque les pécheurs seront consumés,
il s'élèvera un roi impudent et artificieux. Sa
puissance s'accroîtra, mais non par sa propre force ; il
fera d'incroyables ravages, il réussira dans ses entreprises,
il détruira les puissants et le peuple des saints. À
cause de sa prospérité et du succès de ses
ruses, il aura de l'arrogance dans le coeur, il fera périr
beaucoup d'hommes qui vivaient paisiblement, et il s'élèvera
contre le chef des chefs ; mais il sera brisé, sans
l'effort d'aucune main ».
Interprétation
de la vision de Daniel
Dans
cette vision, il est d'abord question de l'empire des Mèdes et
des Perses, tel qu'il exista jusqu'à ce qu'il fût
conquis par Alexandre le Grand. Or, c'est un fait bien connu que cet
empire s'étendit de façon extraordinaire, un peu après
la mort de Daniel, et qu'il poussa ses conquêtes vers le nord,
le sud et l'ouest, au point de tout faire plier devant lui. Mais
Alexandre, roi de Macédoine, arrivant de l'ouest, à la
tête d'une petite armée d'hommes d'élite, vint
attaquer les Perses sur les bords du Granique. Ayant lancé son
cheval dans ses eaux, et suivi de son armée, il traversa la
rivière et fondit impétueusement sur les Perses qui,
rangés pour la bataille sur le rivage, étaient dix fois
plus nombreux ; mais, en dépit de leur nombre et
quoiqu'ils eussent l'avantage du terrain, les Perses furent mis en
pleine déroute. Alors les Grecs s'avancèrent dans
l'intérieur du pays et, après avoir vaincu maintes fois
les Perses en bataille rangée, ils les asservirent
complètement. On sait qu'Alexandre le Grand subjugua toutes
les nations les unes après les autres, et qu'après
avoir fait la conquête de l'univers, il vint mourir à
Babylone, à l'âge de trente-deux ans. Ainsi, après
s'être accrue considérablement, la grande « corne »
fut rompue, et à sa place il en surgit quatre autres vers les
quatre vents des cieux. L'empire d'Alexandre fut divisé entre
quatre de ses généraux, qui n'obtinrent jamais sa
puissance. Et vers le déclin de ces royaumes, quand la
transgression des Juifs fut arrivée à son comble, ces
derniers furent rudement châtiés par les Romains, qui
prirent Jérusalem, et firent cesser le sacrifice perpétuel.
Les Romains ne s'arrêtèrent pas là, ils
exterminèrent les hommes puissants et saints, c'est-à-dire
les apôtres et les premiers chrétiens, qui furent mis à
mort par les autorités de Rome.
La
science prophétique vient de Dieu
Nous vous le demandons : est-ce que l'histoire de notre pays
nous rapporte plus clairement les événements passés,
que la sagesse du prophète Daniel ne décrivit les
événements de l'avenir, dont quelques-uns ne devaient
s'accomplir qu'après de longs siècles, et que nulle
sagacité humaine n'aurait jamais pu prévoir ? De
nos jours, l'homme, par son intelligence, est parvenu à faire
bien des prodiges. Il peut parcourir les immenses solitudes de
l'océan sans vent ni marée ; il peut s'élancer
dans les nues sans le secours des ailes ; sans l'aide des
animaux, il franchit les distances avec une surprenante vélocité,
et il fait circuler sa pensée avec la rapidité de la
foudre. Mais il est un principe qu'il ne pourra jamais atteindre ;
non, pas même par la sagesse combinée des siècles ;
l'argent ne saurait l'acheter ; il ne vient que de Dieu seul, et
il est donné gratuitement à l'homme. Le prophète
disait aux idoles : « Dites-nous ce qui arrivera,
pour que nous sachions que vous êtes des dieux ».
Les
prophéties messianiques
Maintenant nous allons démontrer avec quelle exactitude les
prophéties furent littéralement accomplies en la
personne de Jésus-Christ. « Voici, avait dit le
prophète, la jeune fille deviendra enceinte et elle enfantera
un fils » (Ésaïe 7:14).
Bethléhem devait être le lieu de sa naissance (Michée
5:1), et l'Égypte, où il séjourna avec ses
parents, l'endroit d'où il devait être appelé
(Osée 11:1). Il vint habiter la ville de Nazareth, car il
était écrit : « Il sera appelé
Nazaréen » (Matthieu 2:23). Il fit son entrée
à Jérusalem sur un ânon, parce que le prophète
avait dit : « Voici, ton Roi vient, doux et humble,
monté sur un âne » (Zacharie 9:9).
Le prophète avait encore dit : « Méprisé
et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à
la souffrance... semblable à un agneau qu'on mène à
la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent ;
il n'a point ouvert la bouche. Il a été enlevé
par l'angoisse et le châtiment ; et parmi ceux de sa
génération, qui a cru qu'il était retranché
de la terre des vivants... Mais il était blessé pour
nos péchés... et c'est par ses meurtrissures que nous
sommes guéris... On a mis son sépulcre parmi les
méchants, son tombeau avec le riche » (Ésaïe
53:3,7,8,5,9).
Aucun de ses membres n'est brisé (Exode 12:46) ; ses
vêtements sont tirés au sort (Psaumes 22:18) ; on
lui donne du vinaigre et du fiel à boire (Psaumes 69:22) ;
il est trahi pour trente pièces d'argent (Zacharie 11:13) ;
enfin, après sa mort, ayant été mis au sépulcre,
il ressuscite triomphant le troisième jour, sans avoir subi la
corruption (Ésaïe 26:19 ; Psaumes 16:10).
Accomplissement
littéral des prophéties messianiques
Maintenant, cher lecteur, Si vous eussiez accompagné le
Rédempteur durant son séjour sur la terre, et que vous
eussiez mis par écrit les circonstances particulières
de sa vie et de sa mort, votre histoire ne serait pas plus clairement
rédigée que celle que les prophètes écrivirent
des centaines d'années avant sa naissance. Une remarque
importante à faire sur la manière dont les apôtres
interprétaient les prophéties, c'est qu'ils se
bornaient à les citer, et signalaient ensuite leur
accomplissement. Par cette méthode, ils étaient à
même de produire, dans les synagogues, des preuves si
convaincantes aux yeux des Juifs, que ceux-ci se trouvaient forcés
de croire que le prétendu imposteur qu'ils avaient crucifié,
était bien réellement le Messie. Mais si, à
l'exemple des grands docteurs du jour, ils se fussent avisés
de vouloir donner aux prophéties un sens spiritualiste ou une
application incertaine, tout serait resté dans le doute et le
vague, et la certitude aurait disparu de la terre.
Prophétie
concernant Jérusalem
Après avoir examiné les prophètes de l'Ancien
Testament, et avoir clairement démontré que
l'accomplissement de leurs prédictions ne pouvait s'entendre
que dans un sens littéral, on demandera peut-être si
cela s'applique également aux prophéties du Nouveau
Testament. Nous allons donc rapporter quelques exemples importants,
puisés dans le Nouveau Testament.
L'une des prophéties les plus remarquables de la Bible nous a
été donnée par Luc. La voici : « Lorsque
vous verrez Jérusalem investie par des armées, sachez
alors que la désolation est proche. Alors, que ceux qui seront
en Judée fuient dans les montagnes, que ceux qui seront au
milieu de Jérusalem en sortent, et que ceux qui seront dans
les champs n'entrent pas dans la ville. Car ce seront des jours de
vengeance, pour l'accomplissement de tout ce qui est écrit.
Malheur aux femmes qui seront enceintes et à celles qui
allaiteront en ces jours-là ! Car il y aura une grande
détresse dans le pays et de la colère contre ce peuple.
Ils tomberont sous le tranchant de l'épée, ils seront
emmenés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem
sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que
les temps des nations soient accomplis » (Luc 21:20-24).
Jérusalem
foulée aux pieds par les Gentils
Cette prophétie comprend la destinée de Jérusalem,
de son temple, et de toute la nation juive depuis dix-huit siècles.
Vers l'an soixante-dix, l'armée romaine vint assiéger
Jérusalem. Les disciples de Jésus, se souvenant des
avertissements qui leur avaient été donnés,
quarante ans auparavant, par leur divin Maître, se réfugièrent
dans les montagnes. La ville de Jérusalem fut prise après
un long siège, au cours duquel les Juifs éprouvèrent
les horreurs les plus extrêmes de la famine, de la peste et de
l'épée. Ils remplirent des maisons de leurs morts,
faute de place pour les enterrer, tandis que des femmes dévorèrent
leurs propres enfants. Dans cette guerre, il périt, en Judée,
près d'un million cinq cent mille Juifs, sans compter les
prisonniers. Le pays fut ravagé, le temple détruit, la
ville brûlée, et les misérables restes de ses
habitants furent dispersés parmi toutes les nations de la
terre. Depuis cette époque, leur situation n'a jamais varié ;
ils ont été chassés de ville en ville, de
contrée en contrée, sous la fréquente et fausse
accusation d'avoir commis les plus grands crimes, pour lesquels ils
étaient exilés, et leurs biens confisqués. En
effet, considérés le plus souvent comme des proscrits
parmi les nations, la plante de leurs pieds ne pouvait nulle part
trouver de repos ; ils étaient partout un objet de mépris
et de dérision, et on disait en les voyant : « Voilà
le peuple de Dieu, il a été banni de sa patrie ».
Depuis lors, les Gentils ont possédé le pays de Canaan,
et foulé aux pieds la cité sainte, où leurs
pères avaient adoré le Seigneur. Or, au cours de cette
longue captivité, les Juifs n'ont jamais perdu de vue leur
patrie absente. Leurs yeux ont veillé, et leurs coeurs ont
attendu en soupirant le jour où il leur sera permis de
reprendre possession de ce riche héritage, légué
à leurs pères, de rebâtir Jérusalem et le
temple, de rétablir leur prêtrise et leur ancien culte.
Ils ont fait plusieurs tentatives de retour, mais ils y ont
constamment échoué, car le Seigneur avait
inaltérablement décrété que Jérusalem
serait foulée aux pieds des Gentils jusqu'à ce que les
temps des Gentils fussent accomplis. Moïse et les prophètes
s'étaient clairement exprimés dans leurs écrits,
sur cette longue dispersion. Moïse avait même mentionné
cette particularité que des enfants seraient secrètement
mangés durant le siège, tant seraient affreuses les
extrémités auxquelles ils seraient réduits.
Quiconque lira le 28e chapitre du Deutéronome, lira l'histoire
des calamités subies par les Juifs, prédites par Moïse
avec toute la clarté qui caractérise l'histoire des
événements du passé, et cela des milliers
d'années avant leur accomplissement.
Accomplissement
littéral de prophéties du Nouveau Testament
Nous citerons ensuite une prédiction qui se trouve dans les
Actes, faite par le prophète Agabus qui, ayant pris la
ceinture de Paul et s'en étant lié les mains et les
pieds, s'écria : « Voici ce que déclare
le Saint-Esprit : l'homme à qui appartient cette
ceinture, les Juifs le lieront de la même manière à
Jérusalem et le livreront entre les mains des païens »
(Actes 21:10-11). L'accomplissement de cette prophétie est
trop connu pour qu'il soit nécessaire de s'y arrêter.
Nous allons donc passer à une prédiction de Paul :
« Car il viendra un temps où les hommes ne
supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison
d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de
docteurs selon leurs propres désirs, détourneront
l'oreille de la vérité et se tourneront vers les
fables » (2 Timothée 4:3-4).
Cette prophétie a été accomplie à la
lettre, car elle s'applique à tous les docteurs qui ont paru
depuis Paul jusqu'à nos jours, à l'exception de ceux
appelés par révélation directe et inspirés
du Saint-Esprit. Mais pour convaincre le lecteur qu'elle a été
rigoureusement accomplie, nous n'avons qu'à lui faire jeter
les yeux sur les innombrables prêtres qui, de nos jours [1837],
prêchent pour de l'argent, qui ne remplissent leurs fonctions
que pour un salaire, et n'ont reçu leur autorité que
des hommes. Quant aux fables [op. cit.] qu'ils prononcent, nous
n'avons besoin que de mentionner les interprétations
spiritualistes et privées des Écritures, qui se font
entendre de presque toutes les chaires ou qu'on lit dans toutes les
publications religieuses.
Mais il y a une autre prophétie de Paul bien digne de fixer
notre attention, car elle dépeint parfaitement l'époque
actuelle. En voici le texte : « Sache que, dans les
derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront
égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains,
blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats,
irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs,
intempérants, cruels, ennemis des gens de bien, traîtres,
emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que
Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce
qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là »
(2 Timothée 3:1-5).
Condition
prédite du christianisme moderne
Par le dernier verset, nous apprenons à notre grand étonnement
que ce total d'affreuse perversité s'applique à ceux
qui font profession de religion, c'est-à-dire que Paul a
prédit que ce serait là le caractère des hommes
des derniers jours, se parant du titre de chrétiens. S'il vous
reste encore quelque doute sur le témoignage de Paul à
cet égard, jetez un coup d'oeil autour de vous, et jugez par
vous-mêmes. « Vous les connaîtrez à
leurs fruits ».
En sommes-nous arrivés là ? L'esprit de vérité
n'a-t-il soulevé le voile de l'obscurité de dessus les
derniers jours, que pour nous montrer un peuple d'apostats, une
Église qui n'a qu'une vaine forme de sainteté et qui
nie le pouvoir du Seigneur ? c'est-à-dire qu'elle rejette
l'inspiration directe et les dons surnaturels du Saint-Esprit, qui
constituent toujours l'Église du Christ. Était-ce
seulement pour cela que le Saint-Esprit, dévoilant à
quelques élus les événements futurs, leur fit
contempler l'aurore radieuse des derniers jours ? Ô vous,
prophètes et apôtres, saints hommes des temps passés,
qu'avez-vous fait, si vous vous arrêtez là ? Et que
deviendrions-nous, si vos visions prophétiques, en remontant
le cours des siècles, n'avaient pas dépassé les
temps actuels [1837] ? Hélas ! vous avez rempli nos
coeurs de chagrin et de désespoir ; vous avez laissé
les Juifs errants dans la tristesse et dans les ténèbres,
loin de tout ce qu'ils estiment le plus au monde ; la terre de
leur héritage est dans la désolation. Jérusalem
est encore au pouvoir des Gentils, le temple n'est plus et eux-mêmes
méconnaissent le vrai Messie. Après avoir été
greffés sur l'olivier franc et avoir largement puisé de
sa sève, les Gentils, à l'exemple des Juifs, ont
apostasié et, à cause de leur incrédulité,
ils sont comme des arbres ne portant plus de fruits, morts et
déracinés ; ils n'ont qu'une vaine forme de
sainteté ; et les dons et les pouvoirs qui
caractérisaient l'Église primitive ont disparu de la
terre.
Source : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, 1837