La sainte Bible

 

 

James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933

 

   

 

      Comment nous acceptons la Bible. - L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours accepte la sainte Bible comme le premier de ses livres canoniques, le premier des livres qui ont été proclamés être ses guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré que les saints des derniers jours ont pour la Bible, ils ont la même position que les confessions chrétiennes en général ; mais là où ils diffèrent d'elles c'est lorsqu'ils reconnaissent, en outre, certaines autres Écritures comme authentiques et sacrées, Écritures qui concordent avec la Bible et servent à soutenir et à souligner ses faits et ses doctrines.

      Les données historiques et autres sur lesquelles repose la foi chrétienne actuelle, quant à l'authenticité des écrits bibliques, sont acceptées sans réserve par les saints des derniers jours, comme elles le sont par les membres de n'importe quelle confession, et en interprétation littérale, il est probable que cette Église excelle.

      Néanmoins, l'Église fait des réserves en cas de traduction erronée, celle-ci pouvant résulter de l'incapacité humaine, et même dans cette mesure de précaution, nous ne sommes pas seuls car les érudits bibliques admettent généralement la présence d'erreurs de ce genre à la fois de traduction et de transcription du texte. Les saints des derniers jours croient que les textes originaux sont la parole de Dieu à l'homme, et que, pour autant que ces textes ont été traduits correctement, les traductions en sont considérées comme d'authenticité égale. La Bible anglaise professe être une traduction faite par la sagesse de l'homme ; les hommes les plus savants ont été enrôlés pour la préparer et cependant pas une seule version n'a été publiée sans que des erreurs aient été admises. Cependant, un chercheur impartial trouvera plus de raisons de s'étonner du petit nombre d'erreurs qui ont été commises que du fait qu'on y trouve des erreurs.

      Il n'y a pas et il ne peut y avoir de traduction absolument exacte et sûre de ces Écritures ou d'autres Écritures à moins qu'elle ne soit faite grâce au don de traduction, l'un des dons du Saint-Esprit. Le traducteur doit avoir l'esprit du prophète s'il veut rendre dans une autre langue, les paroles du prophète ; et la sagesse humaine seule ne suffit pas pour posséder cet esprit. Que la Bible soit donc lue avec révérence et un soin pieux, le lecteur recherchant toujours, par la prière, la lumière de l'Esprit afin de pouvoir discerner les erreurs des hommes.

     
Le nom « Bible ». - Selon l'usage actuel, le terme sainte Bible désigne la collection d'écrits sacrés connus encore sous le nom d'Écritures hébraïques, qui contiennent un récit des relations de Dieu avec la famille humaine ; récit qui est entièrement limité - à l'exception du récit des événements antédiluviens - au Proche-Orient. Le mot Bible, quoique de nombre singulier, est la forme française d'un pluriel grec, Biblia, qui signifie littéralement livres. L'emploi de ce mot remonte probablement au quatrième siècle, époque à laquelle nous trouvons Chrysostome employant ce terme pour désigner les livres scripturaux reconnus alors comme canoniques par les chrétiens grecs. Il faut noter que l'idée d'une collection de livres prédomine dans tous les usages anciens du mot Bible ; les Écritures étaient alors, comme maintenant, composées des écrits de nombreux auteurs, séparés les uns des autres par de longues périodes de temps. On peut trouver, dans l'harmonie et l'unité qui règnent dans toutes ces productions diverses, une preuve importante de leur authenticité.

      Le mot
Biblia fut ainsi doté d'un sens particulier en grec, signifiant les livres saints, pour distinguer les Écritures sacrées des autres écrits. Le terme devint bientôt courant en latin, langue dans laquelle il fut employé, dès le début, dans son sens particulier. Par l'usage du latin - peut-être au cours du treizième siècle - le mot finit par être considéré comme nom singulier signifiant le livre ; cette déviation du sens pluriel, invariablement associé au terme dans le grec original, tend à obscurcir les faits. Il semble peut-être que la dérivation d'un mot soit de peu d'importance ; cependant, dans ce cas, la forme originale et l'usage premier du titre maintenant courant de ce volume sacré présentent un intérêt instructif, étant donné qu'ils projettent une certaine lumière sur la compilation du livre dans sa forme actuelle.

      Il est évident que le nom
Bible, avec sa signification courante, ne peut pas être de lui-même un terme biblique ; son emploi pour désigner les Écritures hébraïques est tout à fait extérieur à ces Écritures elles-mêmes. Dans sa première application, qui date des temps post-apostoliques, il embrassait la plupart sinon tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament. Antérieurement à l'époque du Christ, les livres de l'Ancien Testament n'étaient pas connus sous un seul nom collectif, mais étaient désignés par groupe : (1) le Pentateuque, ou les cinq livres de la Loi ; (2) les Prophètes ; et (3) les Hagiographes, qui comprennent tous les livres sacrés non inclus dans les autres groupes. Mais nous pouvons le mieux considérer les différentes parties de la Bible en prenant les divisions principales séparément. La Bible est divisée tout naturellement par le ministère terrestre de Jésus-Christ ; les écrits des temps pré-chrétiens prirent le nom d'Ancienne Alliance ; ceux qui datent de l'époque du Sauveur et des années qui suivirent immédiatement, prirent le nom de Nouvelle Alliance (voir 1 Corinthiens 11:25 ; comparer avec Jérémie 31:31-33). Le terme Testament fut de plus en plus employé et les termes Ancien Testament et Nouveau Testament devinrent communs.



L'ANCIEN TESTAMENT

     
Son origine et son développement. - À l'époque du ministère de notre Seigneur dans la chair, les Juifs étaient en possession de certaines Écritures qu'ils considéraient comme canoniques ou faisant autorité. Il ne peut guère y avoir de doute quant à l'authenticité de ces ouvrages, car ils furent fréquemment cités par le Christ et ses apôtres, qui les appelaient « les Écritures » (Jean 5:39 Actes 17:11). Le Seigneur les mentionne expressément sous les termes acceptés pour les classifier : la loi de Moïse, les prophètes et les Psaumes (voir Luc 24:24). Les livres ainsi acceptés par le peuple à l'époque du Christ sont parfois désignés sous le nom de « canon juif des Écritures ». Le terme canon, employé couramment aujourd'hui, suggère non pas des livres qui sont simplement dignes de foi, authentiques ou même inspirés, mais les livres qui sont reconnus comme des guides faisant autorité en foi et en pratique. Le terme a une dérivation instructive. Son original grec, kanôn, signifiait règle droite à mesurer et, de là, il prit le sens de critère de comparaison, loi, épreuve, s'appliquant aux sujets moraux aussi bien qu'aux objets matériels.

      Quant à la formation du canon juif, ou Ancien Testament, nous lisons que Moïse en écrivit la première partie, c'est-à-dire la Loi, et qu'il la confia aux soins des prêtres ou Lévites, en leur donnant l'ordre de la conserver dans l'arche de l'alliance (voir Deutéronome 31:9,24-26) pour être témoin contre Israël dans ses transgressions. Prévoyant qu'Israël serait un jour gouverné par un roi, Moïse donna le commandement que le monarque fit une copie de la Loi pour lui servir de guide (voir Deutéronome 17:18). Josué, qui succéda à Moïse dans certaines des fonctions de conducteur du peuple d'Israël, écrivit davantage sur les relations de Dieu avec le peuple, et les préceptes divins ; et, selon toute évidence, il ajouta cet écrit à la loi telle qu'elle avait été écrite par Moïse (voir Josué 24:26). Trois siècles et demi après l'époque de Moïse, pendant lesquels la théocratie fut remplacée par une monarchie, Samuel, le prophète approuvé du Seigneur, écrivit au sujet de ce changement, « dans un livre, qu'il déposa devant l'Éternel » (Samuel 10:25). Ainsi la loi de Moïse s'augmenta d'écrits ultérieurs faisant aussi autorité. D'après les écrits d'Ésaïe, nous apprenons que le peuple avait accès au Livre du Seigneur ; car le prophète exhorta à le chercher et à le lire (voir Ésaïe 34:16). Il est évident, alors, qu'à l'époque d'Ésaïe le peuple disposait d'une autorité écrite en doctrine et en pratique.

      Près de quatre siècles plus tard, vers 640-630 av. J.-C., alors que l'intègre roi Josias occupait le trône de Juda, après la division d'Israël, Hilkijah, grand-prêtre et père du prophète Jérémie, découvrit, dans le temple, « un livre de la loi du Seigneur » (2 Chroniques 34:14,15 ; voir aussi Deutéronome 31:26), qui fut lu devant les rois (voir 2 Rois 22:8-10). Ensuite, au cours du cinquième siècle av. J.-C., à l'époque d'Esdras, l'édit du Cyrus permit au peuple captif de Juda, reste du peuple d'Israël autrefois uni, de retourner à Jérusalem (voir Esdras 1:1-3) pour y rebâtir le temple du Seigneur, selon la loi (voir Esdras 7:12-14) de Dieu qui se trouvait alors entre les mains d'Esdras. Nous pouvons en déduire que la loi écrite était connue alors ; et c'est à Esdras qu'est généralement attribué le mérite d'avoir compilé les livres de l'Ancien Testament tel qu'il pouvait se présenter à son époque ; il y ajouta ses propres écrits (voir le livre d'Esdras). Il fut probablement assisté dans ce travail de compilation par Néhémie et les membres de la grande synagogue, collège juif composé de cent vingt savants (cette information historique est donnée dans certains ouvrages apocryphes ; voir Esdras). Le livre de Néhémie, qui continue les annales historiques commencées par Esdras, est supposé avoir été écrit par le prophète dont il porte le nom et, en partie du moins, du vivant d'Esdras. Ensuite, un siècle plus tard, Malachie (Malachie, chapitres 3, 4), le dernier de cette lignée de grands prophètes qui fleurirent avant la dispensation du Christ (ndlr : une dispensation de l'Évangile est une époque au cours de laquelle se trouve sur la terre au moins un serviteur de Dieu qui détient les clefs de la sainte prêtrise), ajouta ses écrits, complétant et fermant virtuellement le canon pré-chrétien, par une promesse prophétique sur le Messie et sur le messager dont la tâche serait de préparer les voies du Seigneur, surtout en ce qui concerne les derniers jours, notre époque actuelle.

      Ainsi, il est évident que l'Ancien Testament se développa par l'apport des écrits successifs d'auteurs autorisés et inspirés, de Moïse à Malachie, et que sa compilation fut un procédé naturel et graduel, chaque addition étant « déposée devant le Seigneur », comme le disent les Écritures sacrées, en compagnie des écrits précédents. Sans aucun doute les Juifs connaissaient beaucoup d'autres livres qui ne sont pas inclus dans l'Ancien
Testament tel que nous le connaissons à présent ; nous trouvons d'abondantes allusions à ces livres dans les Écritures elles-mêmes, allusions qui prouvent que beaucoup de ces livres extra-canoniques étaient considérés comme ayant une autorité considérable. Mais nous étudierons cette question plus loin à propos des Apocryphes. La canonicité reconnue des livres de l'Ancien Testament est attestée par les nombreuses mentions que l'on trouve dans les derniers livres au sujet des premiers, et par les nombreuses citations de l'Ancien Testament que l’on trouve dans le Nouveau. On a relevé environ deux cent trente citations ou mentions directes, et, en plus de cela, on y rencontre des centaines d'allusions moins directes.

     
Le langage de l’Ancien Testament. - Presque tous les livres de l'Ancien Testament ont été écrits à l'origine en hébreu. Des savants affirment avoir trouvé des preuves que des petites parties des livres d'Esdras et de Daniel ont été écrites en chaldéen ; mais le fait que l'hébreu prévaut comme langue des Écritures originales a valu à l'Ancien Testament l'appellation commune de Canon Juif ou Hébreu. Du Pentateuque, deux versions ont été reconnues - la version hébraïque, propre, et la samaritaine, qui fut conservée dans les caractères hébreux les plus anciens par les Samaritains, qui étaient méprisés des Juifs.

     
La version des Septante et le Peshito. - Nous reconnaissons d'abord la traduction importante du canon hébreu connue sous le nom de Version des Septante. C'est une version grecque de l'Ancien Testament, traduite de l'hébreu sur les instances d'un monarque égyptien, probablement Ptolémée Philadelphe, vers l'an 286 av. J.-C. Le nom Version des Septante a été donné, dit-on, parce que la traduction fut l’œuvre de soixante-douze anciens, soixante-dix ou septante en chiffres ronds ; ou, selon d'autres traditions, parce que le travail fut accompli en soixante-dix ou soixante-douze jours ; ou bien encore, selon d'autres histoires, parce que la version reçut la sanction du conseil ecclésiastique juif, le Sanhédrin, qui comprend soixante-douze membres. Ce qui est certain, c'est que la version des Septante, parfois désignée par les chiffres romains LXX, était la version courante parmi les Juifs à l'époque du ministère terrestre du Christ, et fut citée par le Sauveur et ses apôtres dans leurs allusions à l'ancien canon. Elle est considérée comme la plus authentique des versions anciennes, et elle est en usage de nos jours parmi les catholiques grecs et les autres églises orientales. Il est ainsi évident que depuis environ trois cents ans avant Jésus-Christ, l'Ancien Testament a été d'usage courant, à la fois en hébreu et en grec ; et cette duplication a été un moyen de protection efficace contre les altérations.

      Une autre compilation, le Peshito, fut faite, selon la tradition, à une date assez ancienne mais indéterminée et est appelée « la plus ancienne version syriaque de là Bible ». Elle contient les livres canoniques de l'Ancien Testament et un grand nombre de livres du Nouveau Testament, omettant toutefois 2 Pierre, 2 et 3 Jean, Jude et l'Apocalypse. Le Peshito est considéré par les érudits comme un ouvrage d'une grande valeur critique.

     
La compilation actuelle reconnaît trente-neuf livres dans l'Ancien Testament ; ceux-ci furent originellement combinés en vingt-deux livres, correspondant aux lettres de l'alphabet hébreu. Les trente-neuf livres, tels qu'ils sont constitués à présent, peuvent être classés de façon commode comme suit :


Le Pentateuque ou les Livres de la Loi : 5
Les Livres Historiques : 12
Les Livres Poétiques : 5
Les Livres des Prophètes : 17

      Les livres de la loi. - Les cinq premiers livres de la Bible portent collectivement le nom de Pentateuque (pente - cinq, teukhos - volume) et s'appelaient, parmi les anciens Juifs, la Torah, ou la loi. Moïse est traditionnellement considéré comme leur auteur (voir Esdras 6:18 ; 7:6  Néhémie 8:1  Jean 7:10) et, par conséquent, « Les Cinq Livres de Moïse » est une autre appellation communément employée. Ils donnent l'histoire, aussi brève qu'elle soit, du genre humain de la création au déluge, et de Noé à Israël ; ensuite un récit plus détaillé de la vie des Israélites lors de leur esclavage en Égypte ; et de là, des quarante années de voyage dans le désert jusqu'au moment où les Israélites campèrent du côté le plus éloigné de la Jordanie.

      Les livres historiques, au nombre de douze, comprennent: Josué, les Juges, Ruth, les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois, les deux livres des Chroniques, Esdras, Néhémie, Esther. Ils racontent l'histoire de l'entrée des Israélites dans la terre promise et du chemin qu'ils parcoururent ensuite à travers trois périodes distinctes de leur existence de peuple (1) en tant que nation théocratique, organisée en tribus unies par les liens de la religion et du sang ; (2) en tant que monarchie, d'abord royaume uni, ensuite nation divisée contre elle-même ; (3) en tant que peuple partiellement conquis dont les vainqueurs devaient restreindre l'indépendance.

      Les livres poétiques, sont au nombre de cinq : Job, les Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste et le Cantique des Cantiques. On les appelle fréquemment ouvrages doctrinaux ou didactiques et le terme désignatif grec Hagiographes (hagios - saint et graphe - écrit) est encore appliqué (comme il a été dit, on entend généralement par « Hagiographes » ou écrits sacrés, les cinq ouvrages poétiques de l'Ancien Testament. Certaines autorités étendent la liste pour lui faire inclure tous les livres, mentionnés dans le Talmud comme hagiographes, à savoir : les Proverbes, l'Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, les Lamentations et Daniel). Ils proviennent d'époques très différentes et le fait qu'ils sont associés dans la Bible est probablement dû au fait que les Églises juives les ont employés comme règles à suivre dans leurs dévotions.

      Les livres des prophètes comprennent les ouvrages plus volumineux : Ésaïe, Jérémie, y compris ses Lamentations, Ézéchiel et Daniel, communément appelés les écrits des quatre grands prophètes ; et les douze livres suivants, plus petits - Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Aggée, Zacharie, et Malachie, appelés les livres des petits prophètes. Ils donnent la teneur de la parole du Seigneur à son peuple, de l'encouragement, des avertissements et des reproches, selon leur condition, avant, pendant et après leur captivité.

      Les Apocryphes comprennent un certain nombre de livres d'authenticité douteuse, bien qu'ayant été, à certaines époques, tenus en grande estime. C'est ainsi qu'ils furent ajoutés à la version des Septante, et, pendant un certain temps, ils furent acceptés par les Juifs d'Alexandrie. Cependant, leur origine étant trop douteuse, ils n'ont jamais été généralement admis. Ils ne sont pas cités dans le Nouveau Testament. Le qualificatif apocryphe signifiant caché ou secret, fut appliqué pour la première fois à ces livres par Jérôme. L'Église romaine professe les reconnaître comme Écritures, cette décision ayant été prise par le Concile de Trente (1546), quoique un certain doute sur l'authenticité de ces ouvrages semble exister toujours, même parmi les autorités de l'Église catholique romaine. Le sixième article de la Liturgie de l'Église anglicane définit les vues orthodoxes de l'Église quant au but et à la signification des saintes Écritures ; et, après avoir spécifié les livres de l'Ancien  Testament qui sont considérés comme canoniques, poursuit ainsi : « Et les autres livres (comme le dit Hiérome [Jérôme]), l'Église les lit en tant qu'exemple pour la vie et instruction pour la conduite ; mais, cependant, elle ne les applique pas pour établir de doctrine ; et voici ces livres : Le Troisième Livre d'Esdras ; Le Quatrième Livre d'Esdras ; Le Livre de Tobie ; Le Livre de Judith ; Le reste du Livre d'Esther ; Le Livre de la Sagesse ; Jésus, le Fils de Sirach ; Baruch le Prophète ; Le Cantique des Trois Enfants ; L'Histoire de Suzanne ; de Bel et le Dragon ; La Prière de Manassé ; Le Premier Livre des Machabées ; Le Second Livre des Machabées ».



LE NOUVEAU TESTAMENT

      Son origine et son authenticité. - Depuis la dernière partie du quatrième siècle de notre ère, il ne s'est guère élevé de question importante au sujet de l'authenticité des livres du Nouveau Testament, tel qu'il est constitué à présent. Pendant des siècles, le Nouveau Testament a été accepté comme canon des Écritures par ceux qui professent la foi chrétienne. On trouve couramment, au quatrième siècle, des listes des livres du Nouveau Testament tels que nous les possédons maintenant ; nous pouvons mentionner, parmi ces listes, les catalogues d'Athanase, d'Épiphane, de Jérôme, de Rufin, d'Augustin d'Hippone, et la liste publiée par le troisième Concile de Carthage. À ces catalogues on peut en ajouter quatre autres qui diffèrent des précédents en ce qu'ils omettent l'Apocalypse de Jean dans trois cas, et l'Épître aux Hébreux dans un.

      Cette abondance de preuves au sujet de la constitution du Nouveau Testament au quatrième siècle est un résultat des persécutions anti-chrétiennes de cette époque. Au début du siècle en question, les mesures d'oppression de Dioclétien, empereur de Rome, étaient dirigées non seulement contre les chrétiens individuellement et collectivement, mais aussi contre leurs écrits sacrés, que le monarque fanatique essaya de détruire (voir The Great Apostasy, du même auteur, p. 73). Certaines mesures de clémence étaient prévues à l'intention de ceux qui livraient les livres saints confiés à leur garde ; et pas mal de gens saisirent cette occasion de sauver leur vie. Lorsque les rigueurs de la persécution se relâchèrent, les Églises essayèrent de juger ceux de leurs membres qui avaient faibli dans leur fidélité à la foi, en livrant les Écritures, et tous furent frappés d'anathème pour trahison. Étant donné qu'un grand nombre de livres ainsi livrés sous menace de mort n'étaient pas, à cette époque, acceptés généralement comme sacrés, ce devint une question de première importance de décider quels livres au juste étaient reconnus à ce point sacrés que leur abandon ferait d'un homme un traître (voir Hisforic Evidence of the Origin... of the Books of the New Testament 12, par Tregelles). C'est de là que nous trouvons Eusèbe répartissant les livres de l'époque messianique et apostolique en deux classes : (1) ceux dont la canonicité était reconnue ; les Évangiles, les Épîtres de Paul, les Actes, 1 Jean, 1 Pierre et probablement l'Apocalypse ; (2) ceux dont l'authenticité était discutée : les Épîtres de Jacques, 2 Pierre, 2 et 3 Jean, et Jude. À ces deux catégories il en ajouta une troisième comprenant les livres qui étaient reconnus comme faux (voir Eusèbe, Ecclesiastical History, 3:25).

      La liste publiée par Athanase, qui date approximativement du milieu du quatrième siècle, donne la constitution du Nouveau Testament, tel que nous le possédons maintenant; et, à cette époque, tout doute sur l'exactitude de l'énumération semble avoir été écarté ; et nous trouvons le Nouveau Testament, accepté communément par les chrétiens de Rome, d'Égypte, d'Afrique, de Syrie, d'Asie Mineure et de la Gaule. Le témoignage d'Origène, qui écrivit au troisième siècle, et celui de Tertullien, qui vécut au deuxième furent examinés et prononcés concluants, par les auteurs qui vinrent après, en faveur de la canonicité des Évangiles et des écrits apostoliques. Chaque livre fut jugé d'après ses propres mérites, et tous furent déclarés, par consentement commun, faisant autorité et obligatoires dans les églises.

      S'il faut remonter plus haut, nous pouvons noter le témoignage d'Irénée, connu dans l'histoire ecclésiastique comme Évêque de Lyon ; il vécut dans la seconde moitié du deuxième siècle et fut, dit-on, disciple de Polycarpe, qui fut personnellement associé avec Jean le Révélateur. Ses écrits volumineux affirment l'authenticité de la plupart des livres du Nouveau Testament et déterminent les auteurs de ces livres tels qu'ils sont admis à présent. À ces témoignages peuvent être ajoutés ceux des saints de Gaule, qui écrivirent à leurs compagnons de souffrance en Asie, citant à profusion les Évangiles, les épîtres et l'Apocalypse (voir Eusèbe, livre 4) ; les déclarations de Méliton, évêque de Sardes, qui fit un voyage dans l'Est pour déterminer quels étaient les livres canoniques, particulièrement de l'Ancien Testament (Eusèbe 4:26) ; et les attestations solennelles de Justin Martyr, qui embrassa le christianisme après l'avoir étudié sérieusement et savamment et qui subit la mort pour ses convictions. En plus des témoignages individuels nous avons ceux des conciles ecclésiastiques et des collèges officiels par lesquels les questions d'authenticité furent jugées et tranchées. À cet égard, on peut mentionner le Concile de Nicée, en 325 ap. J.-C. ; le Concile de Laodicée, en 363 ap. J-C. ; le Concile d'Hippone, en 393 ap. J.-C. ; les troisième et sixième Conciles de Carthage, en 397 et 419 ap. J.-C.

      Depuis cette dernière date, aucune dispute au sujet de l'authenticité du Nouveau Testament n'a réclamé beaucoup d'attention. Il est maintenant trop tard et la distance qui nous sépare de son origine est trop grande pour qu'il soit sage de remettre la question sur le tapis. Le Nouveau Testament doit être accepté pour ce qu'il affirme être ; et bien que beaucoup de parties précieuses en aient peut-être été supprimées ou perdues, tandis que certaines corruptions ont pu se glisser dans les textes et des erreurs s'introduire par inadvertance, suite à l'incapacité des traducteurs, dans l'ensemble, le volume doit être accepté comme authentique et digne de foi, et comme partie essentielle des sainte Écritures (comparez avec Jean 5:39).

      Classification du Nouveau Testament. - Le Nouveau Testament comprend vingt-sept livres, classés commodément comme suit :
 

Historiques : 5
Didactiques : 21
Prophétiques : 1

      Les livres historiques comprennent les quatre Évangiles et les Actes des Apôtres. Les auteurs de ces ouvrages sont appelés évangélistes et sont Matthieu, Marc, Luc et Jean ; c'est à Luc que sont attribués les Actes des Apôtres.

      Les livres didactiques comprennent les épîtres ; et celles-ci peuvent être rangées en trois groupes : (1) Les Épîtres de Paul comprenant (a) ses lettres doctrinales adressées aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens et aux Hébreux ; (b) ses communications pastorales à Timothée, à Tite et à Philémon ; (2) Les Épîtres Générales de Jacques, Pierre, Jean et Jude.

      Les ouvrages prophétiques, qui consistent en la Révélation de Jean, connue aussi sous le nom d'Apocalypse.



LA BIBLE DANS L'ENSEMBLE

      Premières versions de la Bible. - De nombreuses versions de l'Ancien Testament et des Testaments combinés ont paru à différentes époques. Nous avons déjà noté le texte hébreu et le double samaritain du Pentateuque, et la version grecque des Septante avec une mention sur le Peshito. Des révisions et des traductions modifiées rivalisèrent avec la version des Septante aux premiers siècles de l'ère chrétienne ; Théodose, Aquila et Symmaque publièrent chacun une nouvelle version. Une des premières traductions latines fut la Version Italique, probablement préparée au cours du deuxième siècle ; cette version fut, plus tard, corrigée et amendée, et reçut le nom de Vulgate, que l'Église catholique romaine considère encore aujourd'hui comme la version authentique. Cette version comprend l'Ancien et le Nouveau Testament.

      Versions modernes de la Bible. - Jean des Vignes fut le premier à traduire une partie des saintes Écritures, les Épîtres et les Évangiles, en langue française. La première version française protestante du Nouveau et de l'Ancien Testament fut publiée par Olivétan, avec l'aide de Jean Calvin, à Neuchâtel, en Suisse, en 1535, et à Genève en 1540. Une autre édition de cette Bible parut en 1588 et fut appelée Bible de Genève parce qu'elle avait été revue par le Collège des Docteurs de Genève. David Martin publia en 1707, à Amsterdam, une révision de cette Bible, édition qui fut revue et corrigée dans la suite par l'évêque Luscombe. D'autre part, Pierre de Vaux fit publier, à Lyon, vers 1160, une version du Nouveau Testament en langue populaire.

      Quant aux versions françaises catholiques, nous citerons celle de Lemaistre de Sacy, du dix-septième siècle, celle de Glaire et la version moderne de Crampon.

      En 1611, fut publiée la version anglaise autorisée, ou traduction du roi Jacques ; c'était une nouvelle traduction de l'Ancien et du Nouveau Testament, faite d'après les textes hébreux et grecs, par quarante-sept savants, sur l'ordre du roi Jacques 1er, d'Angleterre. Cette version remplaça toutes les versions précédentes et est restée, jusqu'à présent, en dépit des défauts nombreux et graves qu'elle contient, la version la plus populaire et la plus couramment employée par les protestants dans les pays de langue anglaise. En 1885, une Version Revisée fut publiée ; - cependant celle-ci n'a pas encore été acceptée généralement.

      Authenticité de la Bible. - Aussi intéressantes et instructives que puissent être ces données historiques et littéraires sur les Écritures hébraïques, l'examen de celles-ci est subordonné à celui de l'authenticité des livres. Car puisque, en commun avec le reste du monde chrétien, nous les avons acceptés comme la parole de Dieu, il convient particulièrement que nous examinions l'authenticité des écrits sur lesquels notre foi se base dans une si grande mesure. Toutes les preuves présentées par la Bible elle-même, tels sa langue, les détails historiques et la cohérence de son contenu, s'unissent pour confirmer la prétention de la Bible que les différents livres ont bien été écrits par les auteurs auxquels ils sont attribués. Dans une multitude de cas, la comparaison est aisée entre le récit de la Bible et l'histoire séculière, surtout en ce qui concerne les biographies et les généalogies ; et, dans de tels cas, il a été découvert que les deux concordaient généralement. Nous trouvons une autre preuve dans l'individualité dont fait preuve chaque écrivain, ce qui a pour résultat une diversité bien marquée de styles ; tandis que l'unité qui règne dans l'ensemble de l'ouvrage proclame l'opération d'une influence directrice à travers tous les âges du développement du livre ; et celle-ci ne peut être rien moins que le pouvoir d'inspiration, qui influença tous ceux qui furent acceptés comme instruments de la volonté divine pour préparer ce livre des livres. La tradition, l'histoire, l'analyse littéraire, et par-dessus tout cela, l'épreuve de la recherche par la prière et de l'étude tournée vers la découverte de la vérité, s'unissent pour prouver l'authenticité de ce volume d'Écritures et pour montrer la voie, définie dans ses pages, qui ramène les hommes dans la Présence Éternelle.

      Témoignage du Livre de Mormon concernant la Bible. - Les saints des derniers jours acceptent le Livre de Mormon comme volume d'Écritures sacrées qui, de même que la Bible, contient la parole de Dieu. Il peut être utile de mentionner les preuves collatérales fournies par cet ouvrage en faveur de l'authenticité des Écritures juives ; et de l'intégrité générale de ces dernières dans leur forme actuelle. Selon le Livre de Mormon, le prophète Léhi et sa famille, en compagnie de quelques autres personnes, quittèrent Jérusalem, sur l'ordre de Dieu, en 600 av. J.-C., au cours de la première année du règne de Sédécias. Avant de quitter leur pays natal, les voyageurs se procurèrent certaines annales, gravées sur des plaques d'airain. Parmi ces écrits, se trouvaient une histoire des Juifs et certaines Écritures considérées à l'époque comme authentiques.

      Léhi examina les annales : « Et il vit qu'elles contenaient les cinq livres de Moïse, qui donnaient l'histoire de la création du monde, et aussi d'Adam et d'Ève, qui furent nos premiers parents ; et aussi une histoire des Juifs depuis le début jusqu'au commencement du règne de Sédécias, roi de Juda ; et aussi les prophéties des saints prophètes, depuis le début jusqu'au commencement du règne de Sédécias ; et aussi, beaucoup de prophéties qui ont été dites de la bouche de Jérémie » (1 Néphi 5:10-13). Cette allusion directe au Pentateuque et à certains prophètes juifs est une preuve externe précieuse de l'authenticité de ces parties des annales bibliques.

      Néphi, fils de Léhi, apprit dans une vision de l'avenir, les desseins de Dieu concernant la famille humaine et vit qu'un livre de grande valeur, contenant la parole de Dieu et les alliances du Seigneur avec Israël, parviendrait des Juifs aux Gentils (voir 1 Néphi 13:21-23). Nous apprenons, plus loin, que la compagnie de Léhi, qui, comme nous le verrons, fut conduite à travers les eaux sur le continent occidental, où elle s'établit et devint, par la suite, un peuple nombreux et puissant, avait l'habitude d'étudier les Écritures gravées sur les plaques d'airain ; et, de plus, leurs écrivains en incorporèrent de longues citations dans leurs propres annales grandissantes (voir 1 Néphi chapitres 20-21 ; 2 Néphi chapitres 7-8, 12-24). Voilà pour le témoignage du Livre de Mormon sur l'authenticité de l'Ancien Testament ou du moins de ces parties du canon juif qui étaient complètes lorsque la petite colonie d'émigrants de Léhi quitta Jérusalem, pendant le ministère du prophète Jérémie.

      Mais, en outre, cette voix de l'Ouest n'est pas muette au sujet des Écritures du Nouveau Testament. Dans des visions prophétiques, de nombreux prophètes néphites virent et ensuite prédirent le ministère du Christ au midi des temps, et écrivirent des prédictions concernant les événements principaux de la vie et de la mort du Sauveur, le tout avec une fidélité et des détails frappants. Ce témoignage est rapporté de Néphi (voir 1 Néphi 10:4,5 ; chapitres 11-14 ; 2 Néphi 25:26 ; 26:24), de Benjamin (Mosiah, chapitre 3 ; 4:3), qui était à la fois prophète et roi, d'Abinadi (Mosiah, chapitres 13-16), de Samuel, le Lamanite converti (voir Hélaman 14:12) et d'autres. En plus de ces prophéties et de beaucoup d'autres concernant la mission de Jésus-Christ, qui concordent toutes avec le récit de leur accomplissement rapporté par le Nouveau Testament, nous trouvons dans le Livre de Mormon, le récit de la mission du Sauveur ressuscité parmi les Néphites, au cours de laquelle il établit son Église parmi eux, selon le modèle que nous trouvons dans le Nouveau Testament; et, de plus, il leur donna ses instructions en employant des paroles presque identiques à celles de ses enseignements parmi les Juifs, en Orient (voir 3 Néphi, chapitres 9-26 ; comparer, pour les références du Nouveau Testament, avec Matthieu, chapitres 5-7, etc. ; et pour les mentions de l'Ancien Testament, avec Ésaïe, chapitre 54 ; Malachie, chapitres 3, 4).
 
 

Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890