Jésus-Christ 

 

Robert L. Millet


 
Jésus-Christ est la figure centrale de la doctrine de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le prophète Joseph Smith a expliqué que « les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95). Les saints des derniers jours croient que le salut complet n’est possible que par la vie, la mort, la résurrection, la doctrine et les ordonnances de Jésus-Christ et d’aucune autre manière.
 
Les rapports du Christ avec l’humanité se définissent en termes de ses rôles divins dans les trois phases de l’existence : prémortelle, mortelle et postmortelle.
 
JÉSUS PRÉMORTEL. Dans la vie prémortelle, Jésus-Christ, dont le titre principal était Jéhovah, était le premier-né des enfants d’esprit de Dieu le Père et par conséquent le frère aîné et le plus éminent de tous les autres enfants d’esprit de Dieu. Dans ce premier état, il est devenu plus intelligent que tous les autres esprits, quelqu’un de « semblable à Dieu » (Abr. 3:19, 24) et a rempli les fonctions de représentant du Père dans la création de « mondes sans nombre » (Hé. 1:1-3 ; D&A. 76:24 ; Moï. 1:33 ; 7:30). Les dirigeants de l’Église ont déclaré que toute la révélation depuis la chute d’Adam s’est faite par et à travers Jéhovah (Jésus-Christ) et que toutes les fois que le Père est apparu à l’homme, cela a été pour présenter le Fils et rendre témoignage de lui (TJS Jn. 1:19 ; DS 1:35). Adam le connaissait et les patriarches d’Adam à Noé l’ont adoré avec une humble vénération. Il était le Dieu Tout-Puissant d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu-Législateur du Sinaï, le Saint d’Israël. Les documents scripturaires affirment que tous les prophètes depuis le commencement ont parlé ou écrit sur le moment où Jéhovah viendrait sur terre sous la forme d’un homme, dans le rôle d’un Messie. Pierre dit : « Tous les prophètes rendent de lui… témoignage » (Ac. 2:25-31 ; 10:43). Jacob a enseigné que « aucun des prophètes n'a écrit ni prophétisé sans parler de ce Christ » (Jcb. 7:11 ; cf. Mos. 3:5-10 ; 13:33 ; 3 Né. 20:24).
 
JÉSUS MORTEL. Jéhovah est venu au monde à Bethléhem de Judée et a grandi à Nazareth. Il est venu par condescendance en laissant son rang de Seigneur omnipotent pour entreprendre une mission de souffrance et d’humiliation qui allait avoir des conséquences éternelles pour l’humanité (voir 1 Né. 11 ; Mos. 3:5-10). Sa vie a été une vie de perfection morale : il était sans péché et complètement soumis à la volonté du Père (Jn. 5:30 ; 2 Co. 5:21 ; Hé. 4:15 ; 1 Pi. 2:22 ; Mos. 15:2). Jésus est le modèle et l’exemple de tous ceux qui cherchent à acquérir la nature divine. Comme l’a enseigné Joseph Smith, le Sauveur « a subi de plus grandes souffrances et a été exposé à des contradictions plus puissantes que n’importe qui. » Malgré tout cela, « il a gardé la loi de Dieu et est resté sans péché » (Lectures on Faith, sermon 5, paragraphe 2). Le Seigneur ressuscité a demandé aux Néphites : « Quelle sorte d’hommes devriez-vous être ? En vérité, je vous le dis, tel que je suis » (3 Né. 27:27 ; cf. 12:48).
 
Jésus était cependant plus qu’innocence, bonté et amour. Il était plus qu’un modèle et un instructeur, plus que l’incarnation de la compassion. Il a pu accomplir son ministère sans pareil, un ministère de réconciliation et de salut, grâce à ce qu’il était. Ezra Taft Benson a dit : « L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours proclame que Jésus-Christ est le Fils de Dieu au sens le plus littéral. Le corps dans lequel il a accompli sa mission dans la chair a été engendré par ce même Être saint que nous adorons comme Dieu, notre Père éternel. Jésus n’était pas le fils de Joseph et n’a pas été engendré par le Saint-Esprit. Il est le Fils du Père éternel ! » (Benson, p. 4). De Marie, femme mortelle, Jésus a hérité la condition mortelle, notamment la capacité de mourir. De son Père exalté il a hérité l’immortalité, la capacité de vivre pour toujours. La nature double du Sauveur – homme et Dieu – lui a permis d’accomplir une expiation infinie, un exploit que n’aurait pu faire aucune autre personne, aussi capable ou douée qu’elle fût (cf. Al. 34:9-12). Tout d’abord, il a pu, à Gethsémané, d’une façon majestueuse mais incompréhensible, prendre sur lui les fardeaux et les effets des péchés de toute l’humanité et, de cette manière, assumer une souffrance et une torture dépassant ce qu’un simple mortel pourrait supporter (2 Né. 9:21 ; Mos. 3:7 ; D&A. 18:11 ;19:16 ; Taylor, p. 148). En second lieu, il a pu se soumettre à la mort physique, donner volontairement sa vie et ensuite reprendre son corps dans la résurrection (Jn. 5:26 ; 10:17, 18 ; 2 Né. 2:8).
 
JÉSUS POSTMORTEL. Les saints des derniers jours croient qu’entre sa mort sur la croix au Calvaire et sa résurrection, l’esprit de Jésus est entré dans le monde d’esprit, un endroit postmortel où se trouvent les désincarnés, ceux qui attendent et se préparent pour la réunion de leur corps et de leur esprit. Pierre enseigne que le Christ est allé dans ce monde pour prêcher aux esprits en prison (1 Pi. 3:18-20 ; 4:6). Une révélation moderne explique que Jésus n’est pas allé lui-même parmi les méchants et les désobéissants qui avaient rejeté la vérité. Ce qu’il a fait, c’est instruire les justes au paradis, les organiser et leur donner le pouvoir d’instruire ces esprits qui étaient restés dans les ténèbres sous la servitude du péché et de l’ignorance (voir D&A. 138:29-32). Ainsi, la mission du Messie de « porter de bonnes nouvelles aux malheureux », « guérir ceux qui ont le cœur brisé… proclamer aux captifs la liberté, aux prisonniers la délivrance » (És. 61:1 ; Lu. 4:18-19) s’est prolongée après la mort dans l’au-delà.
 
Jésus « a détaché les liens de la mort » ; il a été « les prémices de ceux qui sont morts » (1 Co. 15:20 ; Al. 11:40-41). Il s’est levé du tombeau avec un corps immortel et glorifié et a lancé la première résurrection ou résurrection des justes, celle des justes qui avaient vécu depuis le temps d’Adam jusqu’à celui du Christ (Mt. 27:52-53 ; Mos. 15:21-25 ; Hél. 14:25-26 ; 3 Né. 23:7-13). Jésus-Christ reviendra sur terre avec puissance et gloire. La première résurrection, commencée au moment de la résurrection du Christ, reprendra lorsque les justes décédés depuis le midi des temps jusqu’à sa seconde venue reviendront avec lui, ressuscités dans une gloire immortelle. Cette seconde venue signalera également le début du millénium, mille ans de la paix terrestre où Satan sera lié et n’aura aucun pouvoir sur le cœur de ceux qui restent sur terre (Ap. 20:1-2 ; 1 Né. 22:26). Joseph Smith a enseigné que « le Christ et les saints ressuscités régneront sur la terre pendant les mille années. Ils ne demeureront probablement pas [constamment] sur la terre, mais la visiteront quand cela leur plaira ou quand ce sera nécessaire pour la gouverner » (EPJS, p. 216). Pendant cette ère, Jésus se révélera et, pour employer les termes d’Ésaïe, « la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel, comme le fond de la mer par les eaux qui le couvrent » (És. 11:9 ; Hé. 2:14).
 
Jésus-Christ est le Dieu de la terre entière et invite toutes les tribus et tous les peuples à venir à lui. Son ministère terrestre, comme décrit dans le Nouveau Testament, était principalement parmi les juifs. Après sa mort et sa résurrection, il est apparu à ses « autres brebis », des groupes d’Israélites dispersés. D’abord, comme décrit dans le Livre de Mormon, il a exercé son ministère auprès des Néphites en Amérique. Il leur a enseigné son Évangile et leur a donné autorité pour officier en son nom. Il a ensuite visité les tribus perdues, les dix tribus du nord d’Israël, qui ont été dispersées du temps de la captivité assyrienne en 721 av. J.-C. (Jn. 10:16 ; 3 Né. 15:12-16 ; 17:4). En plus des apparitions mentionnées dans la Bible et le Livre de Mormon, qui sont les témoins scripturaires antiques du Rédempteur, Joseph Smith a témoigné que Jésus-Christ, en compagnie de son Père éternel, lui est apparu près de Palmyra (New York) au printemps de 1820 pour ouvrir la dispensation de la plénitude des temps (JS–H 1:1-20 ; voir Première Vision). Par la suite, le Sauveur ressuscité a visité plusieurs fois ses prophètes modernes et s’est révélé à eux et continue à diriger son Église et son royaume actuels).
 
Les saints des derniers jours centrent leur culte sur Dieu, le Père éternel, et c’est à lui qu’ils adressent leurs prières. Ils le font, comme pour tout le reste : sermons, témoignages, prières et sacrements ou ordonnances, au nom de Jésus-Christ (2 Né. 25:16 ; Jcb. 4:4-5 ; 3 Né. 18:19 ; D&A. 20:29 ; Moï 5:8). Les saints adorent également le Christ, le Fils, le reconnaissant comme la source de la vérité et de la rédemption, comme la lumière et la vie du monde, comme le chemin qui mène au Père (Jn. 14:6 ; 2 Né. 25:29 ; 3 Né. 11:11). C’est auprès de lui qu’ils recherchent la délivrance et ils s’efforcent d’être comme lui (voir D&A. 93:12-20 ; McConkie, 1978, p. 568-569). Mettant l’accent sur le pouvoir de transformation de l’exemple du Christ, David O. McKay a observé que « nul ne peut prendre sincèrement la résolution d’appliquer à sa vie quotidienne les enseignements de Jésus de Nazareth sans sentir un changement dans sa propre nature » (IE 65, juin 1962, p. 405).
 
Jésus-Christ a réalisé la résurrection corporelle de tous ceux qui ont vécu ou qui vivront un jour sur la terre (1 Co. 15:21-22 ; Al. 11:40-42). Parce qu’il a vaincu le monde, tous les hommes et toutes les femmes peuvent, en faisant preuve de foi en lui, en ayant confiance en ses mérites et en recevant sa grâce, se repentir de leurs péchés et connaître la paix de la pureté et de l’intégrité spirituelle (Jn. 14:27 ; Ph. 4:7 ; 2 Né. 2:8 ; 25:23 ; Én. 1:1-8 ; Mos. 4:1-3). Ceux qui ont appris à se fier au Seigneur et à s’appuyer sur ses tendres miséricordes « chantent le cantique de l’amour rédempteur » (Al. 5:26). Néphi 1, le prophète et dirigeant du Livre de Mormon, exulte ainsi : « Je mets ma gloire en mon Jésus, car il a racheté mon âme de l’enfer » (2 Né. 33:6). « Nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ… afin que nos enfants sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs péchés » (2 Né. 25:26). Un apôtre moderne a écrit :
 
Oui, je crois en Christ :
Seigneur, mon Dieu.
À lui je dois mes jours heureux.
Car dans ma peine ou mon chagrin,
j’entends sa voix qui me soutient.
Oui, je crois en Christ ; il régnera.
Ce jour béni, je serai là
En dépit de l’adversité ;
À ses côtés je me tiendrai.
[Bruce R. McConkie : « Oui, je crois en Christ », Cantiques, n° 71]

 
Bibliographie

Benson, Ezra Taft. Come unto Christ. Salt Lake City, 1983.
Dahl, Larry E. et Charles D. Tate, dir. de publ. The Lectures on Faith in Historical Perspective. Provo, Utah, 1900.
McConkier, Bruce R. The Promised Messiah. Salt lake City, 1978.
Idem, The Mortal Messiah, 4 vols. Salt Lake City, 1979-1981.
Idem, The Millennial Messiah, Salt Lake City, 1982.
Talmage, James. M. Jesus the Christ. Salt Lake City, 1972.
Taylor, John. The Mediation and Atonement of Our Lord and Savior Jesus Christ. Salt Lake City, 1882.

Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation