Les
sources des paroles de
Jésus-Christ
J. Philip Schaelling
Pour les disciples de
Jésus-Christ, rien n'a plus d'autorité ou d'importance
que ses propres paroles. Appelées ipsissima verba ou logia,
elles ne sont pas colorées par la paraphrase ou
l'interprétation, mais représentent ses instructions
exactes, qu’elles aient été prononcées par
Jésus lui-même à la première personne ou
par d’autres personnes autorisées par lui, parlant à
la première personne – comme si c’était
Dieu – par le pouvoir du Saint-Esprit (2 Né. 32:3 ;
33:10-11 ; D&A 1:38 ; cf. Ap. 19:1-10).
Le statut donné
aux paroles de Jésus remonte au début du christianisme.
Une grande partie de l’intérêt actuel pour les
apocryphes du Nouveau Testament repose sur l'espoir de retrouver des
paroles authentiques de Jésus. Par exemple, pour employer les
termes d’un éditeur moderne : « L'Évangile
de Thomas n'est pas un ‘évangile’ au sens propre….
il n'est pas autre chose et rien de moins qu’un recueil de 114
logia, le recueil le plus étendu de paroles de Jésus ou
de paroles attribuées à Jésus, qui nous soit
parvenu indépendamment de la tradition néotestamentaire »
(Puech, p. 284-285).
Certaines sources
antiques et contemporaines propres à l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours viennent augmenter
le corpus connu des paroles de Jésus. L'Église enseigne
que Jésus-Christ est le Dieu de l'Ancien Testament et du
Nouveau Testament. Par conséquent, elle considère les
citations attribuées à Dieu dans l'Ancien Testament
comme ipsissima verba de Jésus. Par exemple, le commandement
de Dieu à Moïse « Étends ta main sur la
mer, et fends-la » est considéré comme étant
de Jésus-Christ (Ex. 14:16 ; cf. 1 Co. 10:1-4). De plus,
quand les prophètes antiques citent Dieu à la première
personne, comme dans « Moi, l’Éternel, j’aime
la justice, je hais la rapine avec l’iniquité »
(És. 61:8), ces paroles sont considérées comme
ipsissima verba de Jésus.
Tandis qu’il
faisait sous l'inspiration la Traduction de Joseph Smith de la Bible
(TJS), le prophète Joseph Smith a noté beaucoup de
logia. Par exemple, après que Moïse eut brisé le
premier jeu de tables avec les dix commandements, le Seigneur lui
commanda d’en faire d’autres. Dans les manuscrits hébreux
actuels, Dieu dit qu'il va réécrire ce qui était
sur les premières. Mais dans la TJS, le Seigneur ajoute :
« Ce ne sera pas comme les premières [tables de la
Loi], car j’enlèverai la prêtrise de leur sein ;
c’est pourquoi mon saint ordre et ses ordonnances n'iront pas
devant eux » (TJS Ex. 34:11-12 ; De. 10:1-2 ;
cf. D&A 84:18-27).
La TJS ajoute aussi des
logia au Nouveau Testament. Comme arrière-plan à
l’illustration de Jésus qu’il ne faut pas mettre
du vin nouveau dans de vieilles outres, la TJS ajoute : « Alors
les pharisiens lui dirent : Pourquoi ne veux-tu pas nous
recevoir avec notre baptême, vu que nous gardons toute la loi ?
Mais Jésus leur dit : Vous ne gardez pas la loi. Si vous
aviez gardé la loi, vous m'auriez reçu, car c’est
moi qui ai donné la loi. Je ne vous reçois pas avec
votre baptême, car il ne vous sert à rien. Car lorsque
ce qui est nouveau est arrivé, ce qui est ancien est prêt
à être mis de côté » (TJS Mt.
9:18-21). De tels passages, bien que ne se trouvant dans aucun texte
grec existant, sont acceptés par les saints des derniers jours
comme paroles authentiques de Jésus.
En plus d'accepter les
écrits bibliques, l'Église a canonisé d'autres
Écritures qui préservent des ipsissima verba de
Jésus-Christ : la Perle de grand prix, le Livre de Mormon
et les Doctrine et Alliances.
Dans la Perle de grand
prix, le livre de Moïse – un extrait de la TJS –
conserve la déclaration bien connue parmi des saints des
derniers jours, « car voici mon œuvre et ma gloire :
réaliser l'immortalité et la vie éternelle de
l'homme » (Moï. 1:39). Le livre d'Abraham contient
également des enseignements de Jéhovah ou du Christ. Au
chapitre 3, Jéhovah compare la nature de l'univers à la
variété des esprits ou intelligences, qui l’habitent.
Racontant les relations de Dieu avec le peuple habitant le continent
américain, le Livre de Mormon conserve également des
paroles données à leurs prophètes. En plus des
paroles spécifiques du « Fils » écrites
par Néphi 1 (2 Né. 31:12, 14) et d'autres (par
exemple, Moroni 2 dans Ét. 12:26-28), les paroles dites par
Jésus au peuple du continent américain peu après
sa résurrection apparaissent également. Outre un
discours semblable au sermon sur la montagne rapporté dans
Matthieu 5-7 (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité
parla du baptême (3 Né. 11), de la Sainte-Cène
(chapitre 18), du rassemblement d'Israël et de l’aide
apportée par les Gentils (chapitres 16, 20-21).
Les Doctrine et Alliances
contiennent des paroles du Christ adressées aux hommes du
monde contemporain : « Écoute, ô peuple
de mon Église… en vérité, je le dis :
Écoutez, peuples lointains, et vous qui êtes dans les
îles de la mer, prêtez tous l'oreille » sont
des paroles prononcées en 1831 (D&A 1:1). Ce volume
contient un recueil important des paroles de Jésus-Christ
comme voix d'avertissement et d'instructions sur la façon de
préparer la terre et son propre cœur à son
avènement.
Une source contemporaine
supplémentaire de paroles du Christ réside dans les
déclarations des présidents de l'Église. Le
Seigneur a déclaré que « vous recevrez sa
parole… comme si elle sortait de ma propre bouche »
(D&A 1:38 ; 21:5). Ainsi, toutes les fois que le président
de l'Église parle officiellement dans le cadre de son appel,
les saints des derniers jours considèrent que ses paroles ont
la même autorité que les paroles du Seigneur lui-même.
Bibliographie
•
Millet, Robert L.
"The Formation of the Canonical Gospels." Dans Apocryphal
Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs. Provo,
Utah, 1986.
•
Puech,
Henri-Charles. "Gnostic Gospels and Related Documents."
Dans New Testament Apocrypha, dir. de publ. ed. Edgar Hennecke et
Wilhelm Schneemelcher, Vol. 1, p. 231-362. Philadelphie, 1963.
Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation