Doctrine et Alliances
commentées




Section 1
Sections 20-22
Section 25
Section 42
Section 45
Section 76
Section 84
Section 88
Section 89
Section 93
Section 107
Sections 109-110
Sections 121-123
Section 124
Sections 127-128
Sections 131-132
Sections 137-138
Déclaration officielle – 2




Section 1 par George W. Pace
 
La section 1 de Doctrine et Alliances est appelée la « Préface ». C'est une révélation reçue le 1er novembre 1831 par Joseph Smith entre les sessions d'une conférence à Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée pour examiner la publication de soixante-trois des révélations que Joseph Smith avait reçues. La conférence vota unanimement de les publier comme étant la parole du Seigneur. Conformément à la déclaration du Seigneur, cette section fut publiée à titre de « ma préface au livre de mes commandements » (D&A 1:6). Elle donne le ton de la totalité de Doctrine et Alliances, qui est pressant.
 
Comme les révélations qu’elle introduit, la section 1 est écrite principalement à la première personne comme étant la parole du Seigneur : « Ce que moi, le Seigneur, ai dit, je l’ai dit » (verset 38). Elle proclame au monde que par le rétablissement de son Église, Dieu s’est mis en devoir pour la dernière fois de racheter ses enfants et de préparer la terre pour le retour du Sauveur.
 
La section 1 est la déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous les hommes, que ses paroles iront à toutes les nations par l’intermédiaire des disciples qu’il s’est choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile dans sa propre langue de sorte que chacune puisse comprendre et que les choses faibles du monde vaincront les puissantes et les fortes et que l’Église sera amenée hors de l'obscurité par le pouvoir de Dieu (voir aussi la révélation donnée deux jours plus tard, D&A 133).
 
La section 1 présente de manière équilibrée le jugement et le soulagement. C'est une voix d'avertissement de jugements imminents : « Préparez-vous, préparez-vous » (verset 12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas connaîtront de grandes douleurs, parce que l’état de péché du monde a allumé « la colère du Seigneur » et que les hommes « se sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son] alliance éternelle » (versets 13-15). Il est par contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements, des châtiments, des corrections, de la connaissance et des bénédictions de Dieu.
 
La section finit sur la garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses, quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et seront accomplies.

 
Sections 20-22 par Grant Underwood
 
Les sections 20-22 de Doctrine et Alliances sont les documents formateurs fondamentaux des débuts de l'histoire de l’Église. Elles continuent à remplir la fonction de déclaration définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À l’origine, les sections 20 et 22 ont été publiées ensemble sous le titre « articles et alliances de l’Église du Christ ». Elles ont été publiées pour la première fois dans le Painesville Telegraph (Ohio) en avril 1831 et plus tard sur la première page du premier numéro de l’Evening and Morning Star en juin 1832. La version la plus ancienne connue de la section 20 est datée de juin 1829. Beaucoup de copies anciennes ont été faites à partir d’un brouillon de la main d'Oliver Cowdery.
 
Les sections 20-22 furent officiellement adoptées en tant que révélations doctrinales par l’Église lors de sa première conférence, le 9 juin 1830, et furent les premières sections de Doctrine et Alliances à être approuvées comme telles. Plus tard, les missionnaires lurent souvent des copies manuscrites de ces « articles » aux réunions et aux conférences publiques parce qu'on leur avait dit d'inclure les « Articles de l’Église » dans leurs enseignements (D&A 42:13). La section 20 était le chapitre II de l'édition 1835 de Doctrine et Alliances, directement après la Préface révélée. L'ordre actuel date de l'édition de 1876.
 
La section 20 est un texte composite qui se divise en un prologue historique (versets 1-16), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un recueil de règles et de procédures (versets 37-84). Non seulement ses principes continuent à guider les saints des derniers jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un aperçu de la vie de l’Église dans ses premières années. Le prologue contient les mentions publiées les plus anciennes de l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery comme apôtres (versets 2-3) et de la première vision de Joseph Smith : « il [fut] vraiment… manifesté à ce premier ancien qu'il avait reçu la rémission de ses péchés » (verset 5). La dimension personnelle de ce récit est cohérente avec les récits faits par Joseph en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
 
La section 20 contient également la déclaration de foi la plus ancienne connue de l’Église. Elle affirme des points de doctrine chrétiens de base, suivant la façon commune de faire de la plupart des confessions protestantes, commençant par la nature de Dieu (verset 17), la création (versets 18-19), la chute (verset 20), Jésus-Christ, l'Expiation et le plan de salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la possibilité de « déchoir de la grâce » et de la nature de la sanctification, qui étaient des questions à l’ordre du jour dans les années 1820. Le verset 35 exprime une conscience du monde chrétien environnant, assurant que ces articles n’ajoutent ni ne retranchent rien « à la prophétie [du livre de Jean], aux saintes Écritures ou aux révélations de Dieu qui viendront plus tard ».
 
La majeure partie de la section 20 donne des directives pour le gouvernement de l’Église. S’appuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle explique les ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène et les devoirs des membres baptisés. À l'origine, les prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les dirigeants adultes locaux de la prêtrise, ce qui explique la charge pastorale importante qui leur est donnée (versets 46-59) et leur fonction de signer les certificats de dignité pour les membres qui se déplaçaient d'une branche de l’Église à l'autre (verset 84). La Prêtrise d'Aaron avait pour ministère public de « prêcher, enseigner, expliquer, exhorter » (verset 46) et devait avoir une « licence » (verset 64).
 
Reçue le jour où l’Église a été juridiquement reconnue, la section 21 définit le rôle directeur de Joseph Smith dans la nouvelle Église comme « voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ » (verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien « sous sa main » (verset 11). Il est conseillé aux membres de l’Église de tenir des registres et de recevoir la parole de Joseph « comme si elle sortait de ma propre bouche » (versets 1, 5).
 
La section 22, reçue le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été précédemment baptisés, qu’ils soient baptisés dans « une nouvelle alliance éternelle » (verset 1).
 
Ensemble, ces trois sections constituent une base d'organisation ferme pour l’Église rétablie du Christ.

 
Section 25 par Klis Volkening Hale
 
Cette révélation fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830, trois mois après l'organisation de l’Église. Elle fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre des Commandements. Elle s’adresse à Emma Smith, épouse du prophète Joseph Smith. Dans la version la plus ancienne, Emma Smith est appelée « ma fille en Sion ». Joseph Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant : « tous ceux qui reçoivent mon Évangile sont des fils et des filles dans mon royaume. »

La section a cinq composants principaux :
 
1. Emma est désignée comme « dame élue » (verset 3). Plus tard, le 17 mars 1842, quand elle devint la première présidente de la Société de secours et que les femmes furent organisées selon l'ordre de la prêtrise, Joseph expliqua que c'était le devoir de son appel d’ « élue ». L'organisation de bienfaisance qu'elle dirigea devait passer à plus de 3 millions de femmes en 1990.
 
2. Emma est exhortée à l'unité avec son mari : « Tu lui serviras de secrétaire » et « tu partiras avec lui lorsqu'il partira » (verset 6). Elle accepta ces appels, bien qu'elle dût plus tard abandonner sa maison et sa sécurité.
 
3. Emma est appelée à être « ordonnée sous sa main [de Joseph] pour expliquer les Écritures et pour exhorter l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit » (verset 7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de consacrer son temps « à écrire et à apprendre beaucoup » (verset 8). Au cours de sa vie, elle enseigna, expliqua, exhorta, présida et oeuvra dans beaucoup d’organisations de l’Église. Les femmes de l’Église ont toujours pour tâche de maîtriser les Écritures, de manière à diriger avec d’autant plus de puissance, à enseigner, à exercer leur ministère et à servir.
 
4. Emma est chargée de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné du pouvoir spirituel de la musique : « Le chant des justes est une prière pour moi » (verset 12). Son livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835 qui apparaisse à la page de titre). Ce recueil utilise beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes classiques mais contient aussi des chants liés à la plupart des événements et des enseignements propres au Rétablissement.
 
5. Emma reçoit l’avertissement qu’elle ne doit pas murmurer, mettre son ministère public avant son rôle comme compagne de son mari, rechercher « les choses de ce monde » (verset 10) et faire preuve d'orgueil. « Que ton âme se réjouisse de ton mari » (verset 14). Elle doit faire honneur à son mari tandis qu'elle s’occupe de son ministère public. Emma s’acquitta de chacun de ces appels, subit la perte de cinq enfants et soutint Joseph jusqu'à son martyre. Cette inclusion des femmes dans des rôles de direction dans l’Église, la présidence dans certaines organisations et sur certaines fonctions sacrées, s’écartait de manière marquante de ce qui se pratiquait au dix-neuvième siècle. Les dirigeants de l’Église, hommes et femmes, continuent à mentionner des passages de cet appel inspiré d'Emma pour citer en exemple certains des potentiels des femmes et pour faciliter leur participation pleine et entière à tous les appels et bénédictions spirituels de l'Évangile.
 
Bibliographie

Hinckley, Gordon B. « If Thou Art Faithful » Ensign 14 (nov. 84), p. 89-92.

 
Section 42 par Victor L. Brown
 
Cette section est appelée la « Loi du Christ » et la « Loi de l’Église » et sa réception accomplit une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances 38:32, que la loi serait donnée à l’Église en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A 41:2-3), les anciens devaient s’unir dans la prière de la foi. Les soixante-dix premiers versets de la section 42 furent donnés le 9 février 1831, tandis que douze anciens étaient, comme le dit le document, « unis en prière fervente ». Les versets 71-93 furent reçus deux semaines plus tard dans des circonstances semblables. La révélation fut publiée dans The Evening and The Morning Star en juillet et octobre 1832, et fut incluse en 1833 en tant que chapitres 44 et 47 du Livre des Commandements.
 
Des conditions strictes étaient imposées ici à une Église naissante à la population réduite et dispersée qui avait peu de formation et d’expérience. On peut les répartir en six domaines principaux :
 
1. La responsabilité missionnaire de se rendre dans l’Ouest (versets 1-17). Ses membres devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité appropriées, enseigner les principes de l'Évangile à l’aide de la Bible et du Livre de Mormon et n’enseigner que « par l'Esprit ».
 
2. La réaffirmation des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de Moïse mettait l’accent sur les lois du comportement. Le Nouveau Testament, particulièrement le sermon sur la montagne, et un sermon semblable dans 3 Néphi soulignent l'acte et l’état mental, la lettre et l'esprit. La section 42 affirme également les attentes et les aspirations plus larges de la nouvelle alliance éternelle. On trouve en plus : « Tu ne mentiras pas … tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » et « Tu aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t'attacheras à elle et à personne d'autre. » Il est dit du contrevenant qu’il « n'aura pas l'Esprit » et qu’il sera dans la crainte.
 
3. Une déclaration sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets 30-39). Les biens devaient être consacrés par une alliance « qui ne [peut] être rompu[e] » pour le soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant de ses propres biens et un grand conseil et un évêque comme intendants du magasin de l’Église. Ce dernier, rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des indigents. « Dans la mesure où vous le faites aux plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites. » Par ces principes, l’Église devait obtenir des terres, construire des maisons de culte et finalement fonder la nouvelle Jérusalem.
 
4. Mises en garde contre l'orgueil du cœur, l'ostentation, l'oisiveté et l'impureté (versets 40-42).
 
5. Exhortation aux soins compatissants pour les malades qui n’ont pas le don de la foi pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la guérison, suivront des dons spécifiques de foi, mais la forme la plus élevée de foi est « le pouvoir de devenir mes fils ». Ceux qui meurent dans le Seigneur se voient assurés que leur mort « leur sera douce » (verset 46).
 
6. Instructions sur les procédures de l’Église concernant les transgresseurs, les procès, les témoins, la discipline de l’Église par rapport aux lois du pays et le mode de confession et de réconciliation (versets 53-93).  

Bibliographie

Otten, L.G., et C.M. Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, p. 195-206. Springville, Utah, 1982.

 
Section 45 par C. Max Caldwell
 
Cette révélation de Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars 1831, une époque où « beaucoup de faux bruits, de mensonges et d’histoires insensées étaient publiés dans les journaux et circulaient en tous sens pour empêcher les gens d'étudier l’œuvre ou d'embrasser la foi » (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les saints à écouter sa voix et fait remarquer qu’il plaide pour eux auprès du Père (D&A 45:1-7). Il leur dit ensuite qu'il « prophétiserai[t] comme aux hommes d’autrefois » et leur donne ce qu'il a donné à ses disciples à Jérusalem au sujet des événements qui auraient lieu en ce jour-là, dans les derniers jours et à sa seconde venue.
 
Trois événements auraient lieu au cours de la génération même du Sauveur : (1) le temple de Jérusalem serait détruit (versets 18-20) ; (2) la nation juive serait dévastée et détruite (verset 21) ; et (3) les Juifs seraient dispersés parmi toutes les nations (verset 24). L'histoire prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la fin du premier siècle, les conquêtes romaines causèrent l’accomplissement littéral et exact de tout ce que Jésus avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent prophétiser vécurent assez pour être témoins de ces événements.
 
Beaucoup d’événements se produiraient dans les derniers jours précédant la seconde venue du Seigneur : 1. Les Juifs seront rassemblés à Jérusalem (verset 25). 2. Il y aura des guerres et des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cœur des hommes leur manquera (verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde sa venue (verset 26). 5. L'amour des hommes se refroidira (verset 27). 6. L'iniquité abondera (verset 27). 7. La plénitude de l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps des Gentils seront accomplis (verset 30). 9. Il y aura un fléau débordant et une maladie dévastatrice (verset 31). 10. Les méchants maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des tremblements de terre et beaucoup de désolations (verset 33). 12. Il y aura des manifestations de phénomènes célestes : soleil, lune, étoiles (versets 40-44).
 
Les temps des Gentils mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres ont porté l'Évangile aux Gentils après la mort du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième occasion lorsque Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour qu’il soit prêché d'abord aux Gentils et puis aux Juifs.
 
Quand il reviendra, le Sauveur fera au moins trois apparitions générales :
 
1. Il apparaîtra aux saints ou membres de l’alliance de son Église (versets 45-46, 56-57). Le Sauveur a comparé ces membres fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris le Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
 
2. Il apparaîtra aux Juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront engagés dans une bataille pour leur survie, le Sauveur apparaîtra et interviendra en leur faveur et ils le reconnaîtront comme leur Messie.
 
3. Il apparaîtra au monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à un groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les méchants seront détruits, ne laissant que les justes pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La seconde venue du Sauveur coïncidera avec la résurrection des membres fidèles de l'alliance de son Église qui seront enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire (verset 45). Et les païens qui ont vécu sans loi seront ressuscités, ainsi que « ceux qui n’ont pas connu de loi » (verset 54).
 
La révélation connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur l’œuvre de Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et mentionne également des guerres à l'étranger et au pays (verset 63). Les derniers versets appellent les saints à se rassembler « d'un seul cœur et d'un seul esprit… [pour édifier] la nouvelle Jérusalem, pays de paix, ville de refuge, lieu de sécurité pour les saints du Dieu Très-Haut » (versets 65-66).
 
Bibliographie

Département d’Éducation de l’Église. Doctrine et Alliances, manuel de l'étudiant. Salt Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1. Springville, Utah, 1982.


Section 76 par Donald Q. Cannon
 
La section 76 présente une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois royaumes ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter après la résurrection selon la fidélité de chacun.
 
Le 16 février 1832, tandis qu’ils travaillaient à la traduction de la Bible (TJS), Joseph Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à Jean 5:29 au sujet de la résurrection des justes et des injustes. Joseph explique à ce propos : « Il était clair que… si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d’un royaume… Tandis que nous traduisions l'évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante » (HC 1:245). Il y avait au moins dix personnes dans la pièce quand cette révélation fut donnée. L'une d'elles, Philo Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney, presque immobiles pendant une heure environ, rapportaient alternativement et se confirmaient mutuellement ce qu'ils voyaient simultanément dans la vision (Cannon, p. 303-304).
 
La révélation contient une série de six visions : Ils voient le Fils de Dieu à la droite de Dieu (versets 1-24) ; ils voient comment le diable et ses partisans se sont rebellés et ont été précipités (25-49) ; ils voient le royaume céleste (50-70), le royaume terrestre (71-80) et le royaume téleste (81-90), et ceux qui hériteront chacun de ces degrés de gloire ; et ils voient les trois royaumes de gloire comparés (91-119). Le texte fut publié en juillet 1832 dans l’Evening and Morning Star et fut inclus en tant que section 91 dans l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances.
 
Du fait que cette section, appelée « la Vision », s'éloigne considérablement de la conception chrétienne traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains eurent du mal à l’accepter au début. Brigham Young dit : « Mes traditions étaient telles que quand j’ai lu la Vision pour la première fois, elle était si totalement contraire et opposée à mon ancienne éducation que j'ai dit : un instant ; je ne l'ai pas rejetée, mais je ne pouvais pas la comprendre » (Deseret News, Extra, 14 septembre 1852, p. 24). Des branches entières de l’Église eurent le même problème. John Murdock et Orson Pratt, qui faisaient à l’époque une mission en Ohio, eurent du mal à aider les membres de l’Église de là-bas à accepter ce nouveau regard sur l'éternité. Néanmoins, la plupart des membres ne tardèrent pas à croire et à comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette vision comme l’une des plus belles et des plus impressionnantes jamais données.
 
Joseph Smith lui-même se réjouit de « la lumière qui a jailli sur le monde grâce à la vision précitée » (EPJS p. 6), qu'il dit être « une transcription des registres du monde éternel. La sublimité des idées, la pureté de la langue, le domaine laissé à l'action, le temps prolongé accordé pour mener l’action à bien, afin que les héritiers du salut puissent confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses pour la fidélité et les châtiments pour les péchés se situent tellement au-delà de la mesquinerie des hommes que chacun est contraint de s’exclamer : « Elle vient de Dieu » (EPJS, p. 6-7).
 
Bibliographie

Cannon, George Q., dir. de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith." Juvenile Instructor, 27 (15 mai 1892), p. 302-304.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 157-166, 311-312. Provo, Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah, 1984.

 
Section 84 par Leaun G. Otten
 
Donnée les 22-23 septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut d’abord publiée en tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances. On l’appelle la révélation sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence de six anciens qui venaient de rentrer de mission des États de l’Est. La révélation comporte quatre thèmes principaux.
 
SION. Précédemment, l'établissement de Sion et la nécessité d’un temple comme centre avaient été révélés (D&A 57:1-3). La section 84 rend l’Église responsable du rassemblement des saints et de l’édification de la nouvelle Jérusalem (Sion), en commençant par le temple. Les deux entreprises doivent être achevées en une « génération ». Sion doit être établie par le pouvoir et l'autorité de la Prêtrise de Melchisédek (versets 1-5).
 
PRÊTRISE. La prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués à l’homme d’agir pour Dieu pour sauver les âmes et on ne peut pas se l’attribuer, mais elle doit être transmise de quelqu’un qui l’a déjà. La section 84 distingue clairement deux prêtrises, à savoir, celle de Melchisédek et celle d’Aaron. Moïse, par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de Jéthro, qui l'avait reçue d’héritiers légitimes remontant jusqu’à « Adam, qui était le premier homme » (versets 6-17). La Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et détient les clefs des mystères du royaume et de la connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances administrées par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux pouvoirs de la piété. Ce n’est qu’ainsi qu’ils peuvent voir son visage et supporter sa présence (versets 19-22).
 
La Prêtrise d'Aaron détient les clefs du ministère d’anges et de l'Évangile préparatoire. Elle a continué dans une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la prêtrise de la Loi de Moïse. C'était également la prêtrise détenue par Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire comporte la foi, le repentir et le baptême, et mène à la Prêtrise de Melchisédek et à ses ordonnances (versets 26-27).
 
SERMENT ET ALLIANCE DE LA PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la Prêtrise de Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le Seigneur. Ils font alliance de magnifier leurs appels dans la fidélité et l'obéissance – c’est-à-dire qu’ils honoreront et rempliront avec fidélité et obéissance leurs intendances. En gardant cette alliance, le détenteur de la prêtrise reçoit le serment du Père, qui mène à recevoir le royaume du Père et « tout ce que [le] Père a » (verset 38). Ceux qui violent ou rompent cette alliance et s’en détournent complètement « n'aur[ont] pas la rémission des péchés dans ce monde ni dans le monde à venir » (verset 41).
 
Les anciens de l’Église s’entendent dire qu’à cause de la « vanité » et de « l'incrédulité », eux et tous les enfants de Sion ont été spirituellement enténébrés et sont sous la condamnation devant le Seigneur. Ils doivent se repentir et se rappeler la « nouvelle alliance », à savoir le Livre de Mormon. S’ils obéissent à cette recommandation, leurs péchés leur seront pardonnés et ils produiront du fruit digne du royaume (versets 54-61).
 
CONSEILS MISSIONNAIRES. La section 84 donne des instructions et fait des promesses à ceux qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur direction, l'Évangile doit être porté au monde entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ doivent être baptisés et recevoir le don du Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les missionnaires se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités de la vie (versets 62-119, cf. Mt. 10).
 
En résumé, il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise d’apprendre leurs devoirs et de remplir fidèlement leurs offices et leurs appels. Chaque appel est essentiel dans le royaume du Christ (versets 109-110).
 
Bibliographie

Otten, Leaun G., et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2 vols. Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév. Salt Lake City, 1978.


Section 88 parb Barbara R. Carter
 
La section 88 fut donnée par Joseph Smith dans la « salle de traduction » du magasin de Whitney à Kirtland. Les versets 1-126 furent donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les versets 127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut enregistrée dans le Minutier du Conseil de Kirtland et des parties en furent publiées en février et mars 1833 dans The Evening and The Morning Star. Elle fut imprimée en tant que section 7 dans l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances.
 
Le jour de Noël de 1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie sur la guerre (D&A 87), qui prédisait « la mort et la misère de beaucoup d’âmes ». Cela perturba ses frères. Ils s’unirent dans le jeûne et la prière devant le Seigneur, voulant connaître sa volonté au sujet de l’édification de Sion. Le prophète appela la révélation suivante (D&A 88) « la feuille d’olivier » et « le message de paix que le Seigneur nous adresse » (HC 1:316).
 
La section s’ouvre sur une promesse intime « sur vous, mes amis » qui est donnée de Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A 88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean 14 sur le Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
 
Suivent des passages sur l'immanence universelle de la lumière divine : La Lumière du Christ illumine les yeux et vivifie l’intelligence. Elle est en et à travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et des étoiles. Elle « sort de la présence de Dieu pour remplir l’immensité de l'espace » (verset 12). Elle est mise sur le même pied que la vie, la loi et le pouvoir de Dieu.

Dans ce contexte les points de doctrine suivants sont clarifiés :
 
L'esprit et le corps sont l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois ordres de corps glorifiés. On reçoit un corps ressuscité selon la loi à laquelle on se conforme ici-bas : « Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié » (verset 28). Dans la résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce monde on n’a eu qu’en partie. Un quatrième ordre de corps ressuscités concerne les fils de Perdition, qui, bien que ressuscités, ne reçoivent aucune gloire (versets 32-33).
 
La terre elle-même est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui sont vivifiés par un esprit céleste hériteront ; « c’est dans ce but qu’elle a été faite et créée, et c’est dans ce but qu’ils sont sanctifiés » (verset 20).
 
Il y a des mondes multiples, des créations multiples, tous régis par la loi. « À tout royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions » (verset 38). La loi comporte des temps, des saisons et des ordres cosmiques aussi bien que les attributs et les pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et du jugement. « Tous les êtres qui ne se conforment pas à ces conditions ne sont pas justifiés » (verset 39). Ceux qui cherchent à se faire la loi à eux-mêmes ne seront pas et ne peuvent pas être sanctifiés.
 
Une parabole sur des ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du Seigneur (versets 46-61), que la glorification ne se produit qu’à un moment et dans un ordre désignés, « chacun en son ordre » (verset 60).
 
L'appel est donné de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle. Le temple doit devenir une maison de Dieu : de prière, de jeûne, de foi, de science, de gloire et d'ordre. Toutes les entrées et les sorties et les salutations seront au nom du Seigneur. Il est commandé aux saints qu’ils « s'organisent, et se préparent, et se sanctifient » (verset 74) par la solennité et l'étude sobre, pour être prêts pour l'expérience de temple.
 
Un programme d'études complet pour l'école des prophètes est présenté. Il comprend des langues, l’histoire et une étude « des guerres et [d]es perplexités des nations… et aussi une connaissance des pays et des royaumes » (verset 79).
 
Des prophéties sont réitérées au sujet des changements, des tremblements de terre, des tempêtes et des bouleversements de la terre et des cieux qui précéderont la seconde venue du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune sont désignées. Elles doivent trouver leur point culminant à la septième ou ère millénaire. Un ange et une trompette sonnée par un ange symbolisent chaque période.
 
La révélation conclut sur des instructions précises sur la conduite des réunions, les devoirs de la présidence, l'admission à l'école des prophètes et le lavement des pieds, sur le modèle de Jean 13, comme ordonnance d’initiation et de purification pour les membres de l'école.
 
Bibliographie

Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.

 
Section 89 par Paul H. Peterson
 
Cette section, connue sous le nom de Parole de sagesse d’après ses premiers mots, fut reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion de l'école des prophètes à l’étage du magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin, l’un des vingt-deux dirigeants de l’Église présents, Joseph Smith reçut la révélation dans une pièce voisine en présence de deux ou trois frères, entra avec le document en mains et en lut le contenu aux membres de l’école réunis. La révélation fut imprimée en décembre 1833 ou en janvier 1834 sur une feuille grand format et fut incluse dans l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances.
 
La Parole de sagesse fut donnée « en conséquence des mauvaises intentions et des desseins qui existent et existeront dans les derniers jours dans le cœur des conspirateurs » (verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que l’on mange et boit, la Parole de sagesse donne des directives de base sur ce qui est bon et pas bon et pose en principe une forte relation entre ce que les gens ingèrent et leur bien-être physique et spirituel. La révélation interdit trois choses : le tabac, les boissons fortes et les boissons brûlantes (versets 5-9). On a interprété les « boissons fortes » comme étant les boissons alcoolisées ; les premiers dirigeants de l’Église ont défini les « boissons brûlantes » comme étant le thé et le café. Les dirigeants de l’Église ont traditionnellement limité les conditions requises pour la dignité aux interdits. La révélation recommande également l'utilisation prudente des herbes et des fruits, la consommation fugale de la viande et l'utilisation de « tout grain » mais particulièrement du « blé pour l'homme » (versets 10-17). La santé et la force, la sagesse et la connaissance et la protection contre l'ange exterminateur sont promises aux saints qui obéissent aux recommandations (versets 18-21).
 
La Parole de sagesse était une réponse inspirée à des problèmes ou à des paradoxes précis dans l’Église et à des problèmes sociaux d’actualité dans la société américaine de l’époque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph Smith était perturbé par le caractère manifestement incongru de discussions concernant des sujets spirituels dans un nuage de fumée de tabac et par le fait que cela dérangeait Emma Smith, femme de Joseph, de devoir nettoyer le plancher taché de chiques. Il est également probable que le prophète était sensible et favorable au mouvement généralisé en faveur de la tempérance des années 1830. Comme il le faisait d’habitude, le prophète demanda des instructions au Seigneur et la section 89 se distingue par le fait que c'est un code de santé divinement approuvé.
 
Les interprétations et les applications de la Parole de sagesse ont graduellement changé au cours des années. Ce changement correspond en partie à la croyance de l’Église en la révélation continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette section particulière, les interprétations diverses reflètent également une certaine ambiguïté du verset 2, qui dit que la révélation a été donnée « non par commandement ou par contrainte ». Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction de cette section dans l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances, il y a eu, au cours des années, des divergences de vues quant à savoir si la Parole de sagesse est un commandement dans le sens que son observance est obligatoire pour jouir de la pleine communion de l’Église comme de savoir si l'observance implique l'abstinence ou simplement la modération.
 
Au milieu des années 1830, beaucoup de membres de l’Église estimaient que l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café était un critère pour jouir de la communion des saints. L’unique exception possible à cette interprétation sinon stricte était le vin, que certains des premiers dirigeants de l’Église ont pu ne pas considérer comme « boisson forte ». Cette insistance du début sur l'abstinence ou une quasi-abstinence ne fut pas généralement ni officiellement acceptée dans l’Église, en dépit de la déclaration de Joseph Smith qu’aucun membre n’était « digne de détenir un office » une fois que la Parole de sagesse lui avait été enseignée et « s’il néglige de s’y conformer et d’y obéir » (EPJS, p.91). Néanmoins, la déclaration d’origine fit graduellement place à un accent sur la modération. Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas insisté sur la conformité stricte dans ces premières années afin d'accorder à une génération intoxiquée par des substances nocives quelques années pour se débarrasser de mauvaises habitudes. Cette pratique de la modération, que l’on a pu observer dès les années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième siècle. Le président Taylor entreprit, au début des années 1880, une réforme dans laquelle il soulignait que tous les dirigeants de l’Église devaient s'abstenir des produits interdits, mais ses efforts furent réduits à néant par la désintégration sociale provoquée par les raids fédéraux contre la polygamie. Au XIXe siècle, les dirigeants de l’Église n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur la modération, mirent fortement en garde contre l'ivrognerie et s’opposèrent à la création de distilleries et de débits de boissons ou les limitèrent soigneusement. Les nombreuses observations faites par les visiteurs du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la sobriété générale des communautés mormones et démontrent l'efficacité de ces prédications.
 
Le cheminement qui allait mener à la position actuelle sur la Parole de sagesse commença avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit avec l'administration de Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que n'importe quel autre dirigeant de l’Église, prêcha fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au début des années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café étaient devenue un test officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y eut pas de révélation expresse pour produire ce résultat. Il découla des préoccupations que les dirigeants de l’Église avaient à l’égard des effets physiques et spirituels nocifs de l'alcool, du tabac, du thé et du café sur les personnes et sur les collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique concernant la Prohibition et l’accumulation des preuves scientifiques attestant des effets nocifs de certaines substances intensifièrent ce souci.
 
La Parole de sagesse a eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé physique dans la population de l’Église et la confirmation concrète des vérités reçues par la révélation. Elle constitue aussi un signe distinctif qui rappelle aux saints des derniers jours leurs engagements et leurs responsabilités dans le domaine religieux.
 
Bibliographie

Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition, p. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr. « The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century Perspective » Dialogue 14 (automne 1981) p. 47-65.


Section 93 par Dan J. Workman
 
La section 93 est une révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète Joseph Smith pendant une conférence des grands prêtres à Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée e tant que chapitre 82 de l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances. Les idées contenues dans cette révélation sont à la base de la compréhension que les saints des derniers jours ont de la nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
 
Elle commence par la promesse divine que toute âme qui abandonne le péché, va au Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde ses commandements verra sa face « et saura que je suis, que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde » (versets 1-2).


Les versets suivants mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore être révélé dans son intégralité. Ils font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais ils témoignent également du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
 
Le Christ est appelé le Père et est un avec lui parce qu’il lui « a donné de sa plénitude » (verset 4). Il est appelé la Parole parce qu'il est le « messager du salut » (verset 8). En lui est « la vie des hommes et la lumière des hommes » (verset 9). « Les mondes ont été faits par lui, les hommes ont été faits par lui, tout a été fait par lui, par son intermédiaire et de lui » (verset 10).
 
Contrairement aux théologies de l’existence statique, plusieurs versets affirment le devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent que le Christ n'a pas reçu de plénitude au début mais a reçu « grâce sur grâce » jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du Père (versets 12, 13, 14 ; cf. Lu. 2:40 ; Hé. 5:8-9). Le Christ n’est devenu comme le Père, dans le sens exalté du terme, qu’après sa résurrection et sa glorification (cf. Ap. 5:12-13). La compréhension de ce processus est la base d’un culte authentique.
 
La révélation nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de l'homme, « la lumière de la vérité » (verset 29), n'est pas créée mais existe d’elle-même. L’homme, comme le Christ lui-même, « était… au commencement avec Dieu » (verset 29). En outre, « les éléments sont éternels » (verset 33).
 
La vérité est la « connaissance des choses telles qu’elles sont, telles qu’elles étaient et telles qu’elles sont à venir » (verset 24). La vérité et l'intelligence sont indépendantes dans la sphère dans laquelle Dieu les a placées (verset 30). L'esprit de l'homme fait partie intégrante de l'esprit de vérité, qui « est clairement manifesté » dès le commencement (verset 31). C'est la base du libre arbitre et de la responsabilité. « Tout homme dont l’esprit ne reçoit pas la lumière est sous la condamnation » (verset 32).
 
Le Christ est le modèle en toutes choses. Tous peuvent « ven[ir] au Père en mon nom » (verset 19) et, en temps voulu, être « glorifié[s] en moi, comme je suis dans le Père » (verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera détruit. « L’esprit et l'élément » inséparablement liés (ressuscités) peuvent recevoir une plénitude de joie. « La gloire de Dieu est l’intelligence » définie comme étant « la lumière et la vérité ». Quelqu’un qui reçoit la lumière et la vérité délaisse le Malin (verset 37).
 
« L’esprit de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu » (verset 38). Par la désobéissance les hommes deviennent pécheurs, « la lumière et la vérité » leur étant enlevées quand ils adoptent « la tradition de leurs pères » (verset 39).
 
La révélation clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés à mettre leur maison en ordre en enseignant plus complètement l'Évangile à leur famille (versets 42-50). Sidney Rigdon doit proclamer « l'Évangile de salut » (verset 51) et les Frères doivent se hâter « de traduire mes Écritures » (Bible) et « obtenir la connaissance de l'histoire, des pays, des royaumes, des lois de Dieu et de l'homme » tout cela « pour le salut de Sion » (verset 53).

 
Section 107 par Walter D. Bowen
 
La section 107 est l'une des déclarations les plus importantes des Écritures modernes sur les divisions, les offices, les collèges et les conseils de la prêtrise. La section 107 définit un arrangement ordonné des responsabilités d’une prêtrise laïque à plusieurs niveaux. Elle fut publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835 de Doctrine et Alliances et fut intitulée « De la Prêtrise ». Au fil des années elle a été acceptée comme un document d’importance majeure et a été considérée comme une charte sage et efficace sur les clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base de l'administration de l’Église par la prêtrise.
 
Le 28 mars 1835, à Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment organisé se réunit en vue de sa mission dans l'Est des États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne pas être à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial du Christ, le collège rédigea une lettre au prophète Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur : « Le moment où nous sommes sur le point de nous séparer est proche et Dieu seul sait quand nous nous réunirons de nouveau ; nous souhaitons donc demander à celui que nous avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il s'enquière auprès de Dieu pour nous et obtienne une révélation (si c’est faisable) afin que nous puissions la regarder quand nous serons séparés, que notre cœur puisse être consolé » (HC 2:209-210).
 
Joseph « consulta le Seigneur » et reçut la section 107:1-57. Le document distingue la Prêtrise de Melchisédek de la Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent de chacune : La Première Présidence, et sous elle les douze apôtres, les grands prêtres et les anciens, officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent dans toutes les « choses spirituelles » (versets 1-12, 18-19, 21-26) ; l'évêque, avec ses conseillers, agit dans la Prêtrise d'Aaron, qui administre « les ordonnances extérieures » de l’Église, notamment le baptême (versets 13-17, 20). La Première Présidence préside l’Église ; les Douze sont « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (verset 23) ; et les soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile à l'étranger (verset 25).
 
Les principes de l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation combinent des éléments démocratiques et hiérarchiques. « Il y a nécessairement des présidents » sur les divers offices (verset 21), mais toute décision d'un des trois collèges qui gouvernent l’Église « doit être à l’unanimité des voix qui le composent » (verset 27), prise « en toute justice, en sainteté, avec humilité de cœur » (verset 30). La Première Présidence, le Collège des Douze et les collèges des soixante-dix sont « éga[ux] en autorité » mais fonctionnent sous les clefs de prêtrise de la Première Présidence ou du Collège des Douze quand la présidence est dissoute à la mort du président (versets 22-26). La révélation remonte aussi le lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps anciens d'Adam à Noé (versets 39-57).
 
À peu d'exceptions près, les versets 58-100 ont été extraits d'une révélation et d'une vision que Joseph Smith avait reçues précédemment. Elle déclare que le Président de la Haute Prêtrise doit « présider l’Église entière… et… être semblable à Moïse » (verset 91), et définit les devoirs, les présidences et le nombre maximum de membres des collèges d’anciens, de prêtres, d’instructeurs et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de l'évêque en tant que juge en Sion et donne la marche à suivre pour juger de la conduite d'un officier général de l’Église.
 
Bibliographie

Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 215-216, 326-329. Provo, Utah, 1981.


Sections 109-110 par S. Michael Wilcox
 
La section 109 est la prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph Smith écrit qu'il a reçu cette prière par l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière contient un certain langage propre au temple, tiré de Doctrine et Alliances 88 (voir, par exemple, 88:119-121) et quelques passages qui s’y trouvent et qui ont trait à la rédemption de Jérusalem se retrouvent dans la prière d'Orson Hyde prononcée cinq ans plus tard sur le mont des Oliviers.
 
La section 109 est hébraïque dans le ton et rappelle la consécration par Salomon du premier temple et les bénédictions que la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
 
Elle commence par des actions de grâces : « Grâces soient rendues à ton nom, ô Seigneur Dieu d'Israël, toi qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde », demande l’approbation divine et la manifestation visible de la gloire divine sur le temple et les fidèles, demande que Dieu accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice, désigne le bâtiment comme maison de Dieu, de prière, de jeûne, de foi, d'étude, de gloire et d'ordre (verset 8 ; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis sur ses serviteurs, demande le pardon et l’effacement des péchés, plaide pour que les émissaires de la vérité aillent avec puissance et scellent leur témoignage avec pouvoir, demande protection contre les ennemis et que l’on soit délivré des calamités du Missouri, et prie pour la miséricorde sur les nations de la terre, pour l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et de Juda dispersés, pour la rédemption de Jérusalem « dès cette heure » (verset 62), et finalement pour des bénédictions sur les maisons et les familles des dirigeants de l’Église. Elle finit par « Ô entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur ! … afin que nous mêlions nos voix à celles de ces séraphins resplendissants qui entourent ton trône » et « Amen et amen » (versets 78, 80).
 
La section 110 rend compte d’événements qui ont suivi la consécration du temple le 3 avril 1836. Le récit (non canonique dans l’Église Réorganisée) fut écrit par Warren Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une semaine après les événements qu’il décrit dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans l'édition de 1876 de Doctrine et Alliances (voir l’introduction). Après avoir pris la Sainte-Cène et s’être prosternés « en prière solennelle et silencieuse », Joseph Smith et Oliver Cowdery reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et accepta le temple en disant : « Mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (verset 7). Moïse apparut ensuite pour rétablir « les clefs pour rassembler Israël des quatre coins de la terre » (verset 11) en vue du renouvellement des temples et du culte du temple (voir Israël : Rassemblement d'Israël ; Ordonnances du temple). Élias « remit la dispensation de l'Évangile d'Abraham » (verset 12) pour rétablir la promesse de l'alliance faite à Abraham que par lui et par sa postérité toutes les générations seraient bénies (voir Alliance abrahamique ; Évangile d'Abraham). Enfin Élie apparut et conféra les clefs du scellement pour toutes les ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des familles, et annonça l'imminence de la seconde venue du Messie (versets 13-16). Ceci était en accord avec la prophétie finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cœur des enfants vers les pères avant le jour grand et redoutable du Seigneur (Ma. 4:5-6).
 
Bibliographie

Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.

 
Sections 121-123 par Susan Howe
 
Sections 121-123  : Ces sections sont des extraits d’une longue lettre écrite par Joseph Smith le 20 mars 1839, dans la prison de Liberty (Missouri), adressée « à l’Église des saints des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée à l'étranger et à l’évêque Partridge en particulier » (HC 3:289). La puissance et la richesse de la lettre, son contenu doctrinal et ses images littéraires sont sans doute le résultat de la souffrance personnelle du prophète.
 
La section 121 commence par une prière, un cri de « Ô Dieu, où es-tu ? » une supplication pour que Dieu reconnaisse les souffrances des saints, punisse leurs ennemis et venge le mal qu’on leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète entend la voix consolatrice de l'inspiration dire : « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps » (verset 7). Il lui est rappelé : « tes amis se tiennent à tes côtés » et il s’entend promettre que « ils t'accueilleront de nouveau, le cœur chaleureux et la main amicale » (verset 9). « Tu n’es pas encore comme Job » (verset 10). La justice des actions des saints est confirmée ; au moment voulu par le Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront punis (des versets 11-25).
 
Les versets 26-33 promettent des bénédictions de connaissance qui seront bientôt déversées par le Saint-Esprit sur les saints des derniers jours, notamment la connaissance de toutes les dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles fonctionnent. La dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont parmi les plus sensibles et les plus puissants des Écritures modernes. Ici le prophète s’oppose à toutes les formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il, est toujours liée à l’amour. « Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère » (verset 41).
 
La section 122 est une révélation adressée expressément à Joseph Smith pour l'aider à comprendre les épreuves par lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en bien parmi les nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se tournera jamais contre lui à cause « du témoignage de traîtres » (verset 3). Les versets décrivent d’une manière percutante les dangers et les trahisons qu'il a soufferts ou qu’il va encore souffrir puis ajoute : « Sache, mon fils, que toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (verset 7). La section finit en rappelant au jeune prophète que « Le Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout cela » (verset 8).
 
La section 123 instruit les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander réparation pour leur persécution et leurs pertes au Missouri. Il leur est recommandé de faire la liste des torts infligés aux propriétés, aux personnes et à leur réputation, de faire des déclarations sous serment et de rassembler les publications diffamatoires afin de pouvoir présenter leur cas devant les autorités. Il leur est expliqué que cette façon de faire est le dernier devoir qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la génération montante. La section finit en assurant aux saints que ces efforts, même s’ils n’en comprennent pas la valeur, seront importants à l’avenir pour l’Église (verset 15).

 
Section 124 par Paul C. Richards
 
La section 124, donnée le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus longue révélation de Doctrine et Alliances. C'est la première section reçue à Nauvoo et elle a été imprimée dans l'édition de 1844 de Doctrine et Alliances sous le numéro 103.
 
En 1839, les membres de l’Église s'étaient enfuis du Missouri en Illinois pour échapper à l'ordre d'extermination du Gouverneur Lilburn W. Boggs. La rive orientale du fleuve Mississippi devint un lieu de refuge et le siège de l’Église. Dès 1841, Nauvoo y avait été créée et le village avait grandi jusqu’à compter quelque 3.000 habitants. Dans ce cadre, la section 124 constituait une inauguration importante, un genre de constitution pour le développement ultérieur de Nauvoo et de l’Église. Elle donne des instructions sur des sujets temporels, doctrinaux et d'organisation et donne des tâches et des recommandations à cinquante-cinq personnes.
 
La section 124 comprend ce qui suit :
 
Une mission confiée à Joseph Smith de « faire une proclamation solennelle » de l'Évangile aux souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
 
Des directives pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où « le voyageur fatigué trouve la santé et la sécurité tandis qu'il contemple la parole du Seigneur » (versets 22-24, 56-82).
 
Un commandement aux membres d’aider à construire le temple de Nauvoo, commencé trois mois plus tôt. Il devait être un endroit où le Seigneur pourrait rétablir la plénitude de la prêtrise et révéler « des choses qui ont été cachées dès avant la fondation du monde » concernant la dispensation de la plénitude des temps » (versets 25-28, 40-44).
 
Une promesse que si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs, « ils ne seront pas enlevés de leur place » (versets 45-46).
 
Des éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini comme une ordonnance du temple. La révélation dit que Moïse avait reçu la même mission de construire un tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
 
La déclaration que les efforts des saints pour créer une ville et un temple au Missouri ont été acceptés par le Seigneur, même si les persécutions ont empêché leur création à ce moment-là (versets 49-54).
 
Des appels et des confirmations de divers postes dans l’Église, notamment une liste de nouveaux officiers et la répétition de certains appels précédents. Par exemple, Hyrum Smith est appelé comme patriarche en remplacement de son père, décédé le 14 septembre 1840. Joseph Smith, Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la Première Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de président du Collège des douze apôtres (il avait été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des tâches sont confiées à ce collège. Douze membres sont appelés pour former un grand conseil de pieu et d'autres sont appelés dans des présidences de grands prêtres, d’anciens, de soixante-dix, de deux épiscopats, et de prêtres. Il est fait mention d’organisations d’instructeurs, de diacres et de pieux, mais aucun appel de direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21, 123-142).

 
Sections 127-128 par George D. Durrant
 
Les sections 127 et 128 sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète Joseph Smith tandis qu’il est « en exil » près de Nauvoo pendant la première semaine de septembre 1842. Son secrétaire était William Clayton. Les sections furent publiées dans The Times and Seasons les 14 septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en 1844 dans Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
 
Ces documents éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du baptême pour les morts, pratique attestée au premier siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus tôt, le 15 août 1840, lors d’un discours prononcé à l’occasion d’obsèques, Joseph Smith annonça pour la première fois en public la responsabilité des membres de l’Église d'accomplir des baptêmes pour les morts (EPJS, p. 143). « Il présente l'Évangile du Christ sur une échelle probablement plus vaste que certains l'ont imaginé » (EPJS, p. 143). Immédiatement après, les membres de l’Église commencèrent à accomplir des baptêmes par procuration dans le Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait : « Il n’y aura plus de baptêmes pour les morts avant que l’ordonnance ne puisse être accomplie dans les fonts de la Maison du Seigneur » (HC 4:426). Le 21 novembre 1841, quand les fonts baptismaux du temple de Nauvoo furent achevés, des baptêmes pour les morts y furent accomplis (HC 4:454).
 
Les sections 127 et 128 soulignent la nécessité de la présence de témoins oculaires et d’un greffier à tous les services de baptême de ce genre. Sans documents authentifiés sur terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré comme valide (D&A 127:6-9 ;128:3-10).
 
À la section 128, le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême pour les morts est « un chaînon » entre les parents et les enfants (D&A 128:18). Il explique, en outre, qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les ordonnances du temple à leurs ancêtres décédés, lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans la famille de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être entièrement sauvés et exaltés (versets 14, 15, 18). « sans nous ils ne peuvent parvenir à la perfection — et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus parvenir à la perfection » (verset 15 ; cf. Hébreux 11:40).
 
Les baptêmes et les autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie essentielle de la doctrine et de la pratique de l’Église.

 
Sections 131-132 par Paul Grant
 
Ces sections expliquent que le principe du mariage éternel est une condition pour parvenir au degré le plus élevé de gloire dans le royaume céleste (D&A 131:1-4 ; cf. 76:50-70). Dans cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent des dieux (voir Divinité), continuent à avoir des enfants et parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A 132:23-24).

La section 131 contient un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17 mai 1843, pendant une visite aux membres de l’Église à Ramus (Illinois), à 35 kilomètres à l'est de Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par William Clayton dans son journal intime. En plus de ses enseignements sur le mariage éternel, la section 131 définit également l’expression « parole prophétique plus certaine », déclare que personne ne peut être sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que l'esprit est de la matière purifiée.
 
La section 132 contient la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut une cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent que le mariage plural était « le point de doctrine le plus saint et le plus important jamais révélé » (W. Clayton, dans A. Jensen, Historical Record, 6:226). Cette révélation fut mise par écrit le 12 juillet 1843, dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur l’insistance de Hyrum Smith, afin qu'Emma Smith puisse être convaincue de sa véracité, le prophète Joseph Smith la dicta phrase par phrase. Clayton écrivit que « lorsque le tout fut écrit, Joseph me demanda de la lire lentement et soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte » (CHC 2:106-7). Ce soir-là, l’évêque Newel K. Whitney reçut la permission de copier la révélation. Le jour suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le document, et Whitney et Kingsbury comparèrent la copie à l’original. Cette copie fut donnée à Brigham Young en mars 1847 ; elle fut officiellement adoptée comme révélation en août 1852, lors d’une conférence générale à Salt Lake City et fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
 
Les points de doctrine de cette révélation furent probablement reçus en 1831 tandis que le prophète traduisait la Bible. En réponse à des questions sur la légitimité des mariages pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla à Joseph Smith les conditions requises dans lesquelles le mariage plural devait être observé. Lyman Johnson dit à Orson Pratt que « Joseph lui avait fait connaître [à lui, Johnson] dès 1831 que le mariage plural était un principe correct » mais avait dit que ce n'était pas encore le moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40 [1878], p. 788). Cette date fut plus tard confirmée dans diverses déclarations et déclarations sous serment rassemblées par Joseph F. Smith et d'autres auprès de ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à Nauvoo.
 
La section 132 dit que toutes les alliances doivent être faites de la manière appropriée, par l’autorité compétente, et être scellées par le Saint-Esprit de promesse pour être valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité, des bénédictions éternelles sont garanties à ceux qui se marient selon cette nouvelle alliance éternelle : « Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin ; c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu'ils continuent » (verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le monde fût, et par elle Abraham reçut la promesse de vies éternelles par sa postérité (versets 28-37). Des interdictions strictes en ce qui concerne l'adultère accompagnent la loi du mariage éternel (versets 38-44, 61-63). Dans les derniers versets, Dieu confirme à Joseph Smith sa situation éternelle auprès de lui et accepte ses œuvres (versets 45-50) ; il exhorte Emma et d'autres à observer cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que Dieu puisse être glorifié (versets 51-66).
 
Bibliographie

Danel W. Bachman. « New Light on an Old Hypothesis : The Ohio Origins of the Revelation on Eternal Marriage ». Journal of Mormon History 5 (1978), p. 19-32.

 
Sections 137-138 par Leon R. Hartshorn
 
La section 137 rapporte une vision du royaume céleste notée dans le journal intime de Joseph Smith. Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres dirigeants de l’Église se réunirent dans le temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de l'onction. Joseph bénit et oignit son vieux père, Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres de la présidence de l’Église et scella des bénédictions sur le prophète. Joseph écrit que quand la présidence posa les mains sur sa tête et prophétisa, « les cieux s'ouvrirent à nous, et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume » (verset 1). Il en vit les rues comme pavées d’or. Le Père et le Fils étaient assis sur un trône flamboyant. Adam et Abraham étaient là, de même que les parents de Joseph, qui étaient encore vivants au moment de la vision, et son frère Alvin, qui était mort avant que la prêtrise n’ait été rétablie et par conséquent n'avait pas été baptisé pour la rémission des péchés. La vision continua au-delà de ce qui se trouve à la section 137 (HC 2:380-81 ; Pwjs, p. 145-146). Beaucoup parmi les personnes présentes reçurent des visions et témoignèrent que la gloire de Dieu remplissait la salle.
 
La vision de Joseph fut la première révélation doctrinale donnée à l’Église révélant que le Seigneur donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile l’occasion de l'entendre et de l’accepter dans le monde d'esprit de manière à pouvoir entrer dans le royaume céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité (huit ans) sont héritiers du royaume céleste (D&A 137:10).
 
La section 138 est le compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le président Joseph F. Smith, tandis qu’il réfléchissait à la nature universelle de l'expiation de Jésus-Christ et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en prison dans le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection (D&A 138:1-11 ; cf. 1 Pi. 3:19 ; 4:6). Il y voit la visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il remarque aussi que Jésus ne va pas en personne parmi les méchants et les désobéissants mais qu’il organise parmi les esprits des justes des représentants pour porter l'Évangile « à tous les esprits des hommes » (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile n’a pas été enseigné sur terre recevront l'occasion de l'entendre et d'accepter sa plénitude exaltante quand il est enseigné par les représentants autorisés du Christ dans le monde d'esprit ; les esprits qui sont « dans les ténèbres et dans la servitude du péché… qui se repentent seront rachetés » (versets 138:57-58 ; cf. 76:74).

Les récits de ces deux visions ont été canonisés lors de la conférence générale d'avril 1976 comme ajouts à la Perle de grand prix. En 1981, Ils sont devenus des sections de Doctrine et Alliances.
 
Bibliographie

Millet, Robert L. "Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 549-563, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Sandy, Utah, 1984.

 
Déclaration officielle – 2 par Cardell Jacobson
 
La déclaration – 2 révèle que « le jour promis depuis si longtemps est venu où tous les hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise. » Cette « révélation sur la prêtrise » permettait que tous les membres masculins dignes soient ordonnés à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise était précédemment refusée aux membres noirs de l’Église, ce qui les empêchait de détenir des appels dans la prêtrise et de participer à la plupart des ordonnances du temple.
 
Ce fut le président Spencer W. Kimball qui reçut la révélation « après avoir supplié longuement et avec ferveur » dans le temple de Salt Lake City. Cette même révélation fut donnée à ses conseillers et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut ensuite présentée à toutes les autres Autorités générales, qui l'approuvèrent à l'unanimité. Elle fut annoncée par courrier à tous les dirigeants de la prêtrise de l’Église et à la presse le 8 juin 1978. La déclaration – 2 contient le texte de cette lettre et constitue le compte rendu de sa présentation et de son acceptation le 30 septembre 1978 en conférence générale par le consentement commun des membres de l’Église. La révélation résolut des problèmes pour beaucoup de membres qui avaient été tourmentés par la pratique antérieure (Bush et Mauss), dont les origines et les ramifications historiques étaient devenues le sujet de beaucoup de débats et de réflexions.
 
Depuis l'annonce, les missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de pays ayant de fortes populations noires où des milliers de personnes sont devenues membres de l’Église. Dallin H. Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du colloque afro-américain tenu à l'université Brigham Young à l'occasion du dixième anniversaire de la révélation (Oaks). Il a particulièrement relevé la croissance rapide des convertis noirs dans les Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
 
Bibliographie

Bush, Lester E., et Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black : Mormon Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale, Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil Temple." Dialogue 23 (Spring 1990), p. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium, p. 3-5. Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For the Blessing of All His Children." Discours, LDS Afro-American Symposium. Provo, 8 juin 1988.

Articles tirés de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation