La
valeur littéraire
de
Doctrine et Alliances
Steven C. Walker
La qualité
littéraire de Doctrine et Alliances se voit particulièrement
bien dans ses ressemblances avec une proche parente littéraire,
« le monument le plus noble de la prose anglaise »,
la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte
religieux véritablement unique, Doctrine et Alliances contient
plus de 2.000 parallèles étroits avec des passages
bibliques et la manière littéraire du livre est
semblable à la Bible pour ce qui est des thèmes. Comme
la Bible, Doctrine et Alliances offre un éventail de genres
littéraires. Le recueil de révélations va de
formes aussi transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110),
des annonces par des anges (sections 2, 13, 27) et des prophéties
(sections 87, 121), en passant par des proclamations ecclésiastiques
telles que prières (sections 109, 121), épîtres
(sections 127, 128), explications scripturaires (sections 74, 77,
86), commandements (section 19) et déclarations officielles,
jusqu’à des instructions terre à terre (sections
130, 131) et des comptes rendus de réunions (section 102).
La parenté
littéraire de Doctrine et Alliances avec la Bible est plus
évidente dans le ton que dans le style. Doctrine et Alliances,
par exemple, impressionne par un ton direct simple et condensé
qui se prête à des déclarations remarquablement
riches dans leurs implications. Les deux exemples suivants
proviennent d’une même section : « La
vérité, c'est la connaissance des choses telles
qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont
à venir » (D&A 93:24). « La gloire
de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière
et la vérité » (93:36). Ces lignes sont
moins des lignes placées dans un contexte qui les illumine que
des conclusions de sorites sans utilisation de thèse et
d'antithèse.
La richesse du ton
s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même
section de Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence
délicate d’images d’eau en mouvement comme les
« eaux qui coulent » qui ne peuvent pas
« rester impures » (D&A 121:33), les
projets pervers qui « fondront comme la gelée
blanche fond sous les rayons ardents du soleil levant »
(121:11) et une doctrine qui « se distillera sur ton âme
comme la rosée des cieux » (121:45).
Compilation la plus
récente des prophéties divines de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Doctrine et
Alliances a l'avantage littéraire inestimable qu’est son
caractère immédiat ; grâce à ce
livre, le lecteur moderne peut aborder naturellement et directement
le divin. Il localise le lecteur non pas dans le passé
lointain d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de
paysages familiers tels que New York et Boston, où Dieu se
révèle de près. Cette proximité est
visible dans sa façon de s’exprimer ; les
bénéficiaires de ses révélations, il les
appelle une demi-douzaine de fois ses « amis »
dans le livre (D&A 84:63 ; 84:77 ; 94:1 ; 98:1 ;
100:1 ; 104:1).
C'est comme cela que la
voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul appelle
« amis » les lecteurs de Doctrine et Alliances.
La caractéristique littéraire la plus saisissante du
livre est le caractère direct de son accès à
Dieu. Quand Joseph Smith s’écrie dans une longue et
douloureuse prière de reproche : « Ô
Dieu, où es-tu ? » la réponse du Père
apporte une consolation aussi immédiate au lecteur
d’aujourd’hui qu'au prophète : « Mon
fils, que la paix soit en ton âme » (D&A 121:1,
7). Doctrine et Alliances répond avec une force biblique aux
conditions immédiates de la vie moderne. Dans les moments les
plus difficiles des circonstances actuelles, Doctrine et Alliances
élève le regard du lecteur au-dessus des déceptions
mortelles vers des espoirs éternels : « Toutes
ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton
bien » (122:7).
Bibliographie
Sperry,
Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker,
Steven C. "The Voice of the Prophet." BYU Studies 10
(Automne 1969), p. 95-106.
Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation