Comment
répondre à
des questions malveillantes
à
propos de l'Église
Ce n'est pas une petite
responsabilité que de représenter l'Église
devant les autres. Et si l'on ne dit pas ce qu'il faut ? Et si
l'on a des paroles blessantes ? On court toujours le risque que
ce soient les autres qui vous mettent dans l'embarras ou qui vous
blessent.
En qualité de directeur d'institut et d'évêque,
j'ai été invité souvent à répondre
à des questions concernant l'Église dans des classes de
l'université et dans d'autres Églises. Ma présentation
met en valeur les aspects positifs de l'Église. Il est facile
de parler des fruits de l'Évangile de Jésus-Christ et
de ce que nous essayons de faire pour mettre en pratique ses
enseignements dans ce monde d'épreuve.
Mais je suis toujours inquiet des questions qu'on peut me poser ;
quelle intention cachent-elles ? Et si quelqu'un avait des
sentiments hostiles ? Par bonheur, les Écritures nous
donnent une compréhension qui nous aide dans ces situations.
En les étudiant (surtout Alma 30), j'ai découvert des
principes précieux qui m'ont guidé à de
nombreuses reprises à répondre à des questions
amicales ou hostiles.
1. Écoutons et expliquons. Il est difficile d'entendre
clairement ce qui se dit quand on est attaqué. J'ai pris part
à des disputes inutiles parce que je devenais trop susceptible
et que je me méprenais sur ce que disait l'autre. Il arrivait
que nous étions tout à fait d'accord sur un point, mais
je croyais qu'il disait quelque chose qu'il ne disait pas.
Assurons-nous d'avoir bien compris ce que la personne a dit. Posons des
questions pour clarifier ou répétons sa question telle
que nous la comprenons, suivie de « C'est bien ce que vous
voulez dire ? » Disons-lui que nous comprenons son
point de vue, et donnons-lui une chance de s'expliquer au besoin.
Si quelqu'un nous frappe sur une joue, il s'attend peut-être à
ce que nous le lui rendions, et cela peut le déconcerter si
nous lui tendons l'autre joue pour écouter. Il sera
certainement plus enclin à nous écouter si nous
l'écoutons d'abord (voir Matthieu 7:12).
2. Proposons de dissiper les malentendus. Il peut être
tentant d'accuser ou d'attaquer quelqu'un qui nous contre, d'essayer
de le mettre dans l'embarras ou de le ridiculiser, surtout si nous
sentons qu'il déforme intentionnellement les faits. Mais la
gageure consiste à aimer cette personne et à éviter
de faire qu'elle se sente attaquée.
Expliquons clairement les faits, comme
Alma l'a fait pour Korihor (voir Alma 30:32, 33), en parlant aussi
calmement et aussi fermement que possible. S'il essaie de critiquer
en s'appuyant sur des livres que l'Église ne reconnaît
pas comme doctrine officielle, informons-le que les saints des
derniers jours ont toujours été libres d'émettre
des suppositions, mais que les conjectures personnelles ne
constituent pas la position officielle de l'Église. C'est
alors que je dirais : « Si ce que l'Église
enseigne vous intéresse, je serai heureux de vous l'expliquer.
Je ne me sens en aucun cas responsable de théories de jadis.
En outre, si chacun n'est pas disposé à s'expliquer, ni
vous ni moi ne pouvons comprendre pleinement ce que l'autre dit.
Voulez-vous savoir ce que l'Église enseigne ? »
La plupart du temps, la personne
répète innocemment des renseignements erronés.
Une réponse douce pour éclaircir les faits peut éviter
que la personne se sente attaquée. « Une réponse
douce calme la fureur, mais une parole blessante excite la colère »
(Proverbes 15:1). La Première Présidence nous a
conseillé de « répondre aux critiques et aux
attaques contre l'Église sans ressentiment et sans
méchanceté » (Lettre du 1er décembre
1983).
3. Mettons l'accent sur les principes de l'Évangile. On
n'aide pas quelqu'un à apprendre à nager en le jetant
dans l'eau profonde ; il peut même craindre alors de
s'approcher à nouveau de l'eau. De même, quand on n'est
pas fondé fermement sur les vérités de base de
l'Évangile, on ne peut supporter de doctrine plus poussée.
C'est pourquoi le Seigneur nous conseille de donner du lait avant la
viande (voir D&A 19:22 ; 1 Corinthiens 3:2).
Dans leur effort de détourner
les gens de l'Église, certains opposants mettent l'accent sur
les demi-vérités en déformant certains de nos
principes doctrinaux les plus riches et les plus précieux que
d'autres ne sont pas prêts à comprendre. Il est
important de ramener la conversation aux principes doctrinaux
fondamentaux, aux vérités simples mais belles de
l'Évangile.
Alma a bien démontré ce principe. En pleine maîtrise
de lui-même et de la situation, il a ramené la
discussion avec Korihor à la croyance de base en Dieu.
« Crois-tu qu'il y a un Dieu ? » (Alma
30:37).
Un autre enseignement fondamental de
l'Évangile, c'est que nous croyons à la révélation
moderne et aux prophètes vivants. On peut ramener presque
chaque question à ce point : « La vraie
question n'est pas …, mais de savoir si la révélation
moderne existe dans l'Église de nos jours. Les Écritures
enseignent clairement le principe des prophètes vivants (voir
Amos 3:7 ; Ephésiens 2:20). Je témoigne que le
Seigneur dirige l'Église de nos jours par l'intermédiaire
de prophètes vivants, et que vous pouvez parvenir à
savoir cela également. Aimeriez-vous savoir comment vous
pouvez arriver à connaître ces choses ? »
On peut aborder les choses autrement : « Il faudrait
plus de temps pour répondre à votre question. La
question plus fondamentale qui s'y rapporte est la suivante : … »
4. Témoignons.
Rien n'est plus important pour l'Évangile que notre témoignage
personnel. Alma a témoigné simplement et directement à
Korihor : « Je sais qu'il y a un Dieu, et que le
Christ viendra » (Alma 30:39). Si la personne est ouverte
à la vérité, le Saint-Esprit peut lui témoigner.
Le témoignage de l'Esprit sera l'influence la plus puissante
dans sa conversion.
Mais si quelqu'un n'est pas réceptif à l'Esprit, tous
les raisonnements du monde ne le toucheront pas.
Beaucoup ne sont pas prêts pour
la conversion, mais ils sont curieux de ce que l'Église
enseigne vraiment. Ils méritent d'entendre les vérités
fondamentales de l'Évangile et qu'on les libère de
leurs malentendus. Mais ce faisant, ils risquent de nous demander de
donner des preuves physiques ou logiques de l'Évangile. Bien
que l'Évangile puisse être expliqué logiquement,
nous n'avons pas pour responsabilité d'essayer de le prouver
et de convaincre autrui. La seule preuve valable est le témoignage
de l'Esprit.
5. Expliquons que la discussion ou
la dispute ne nous intéresse pas, mais que nous voulons
exprimer notre point de vue et entendre le sien.
Alma n'est pas tombé dans le piège de tenter de prouver
l'Évangile. En fait, il a fait exactement le contraire face à
Korihor. « Quelle preuve as-tu donc qu'il n'y a point de
Dieu... ? Tu n'en as aucune, si ce n'est ta parole seule »
(Alma 30:40). Si la personne veut discuter, la bonne question sera la
suivante : « Est-ce que vous ne voulez que discuter
ou bien comprendre ce que je crois ? »
6. Invitons la personne à
agir. Quand Korihor
continua à demander des preuves, Alma lui renvoya la balle.
S'il voulait vraiment savoir, il avait « le témoignage
de tous ceux-ci, tes frères, et celui de tous les saints
prophètes... Les Écritures sont devant toi »
(Alma 30:44). Notre promesse au monde est celle que Jésus a
donnée : « Si quelqu'un veut faire sa volonté
[celle de Dieu], il reconnaîtra si cet enseignement vient de
Dieu... Si vous demeurez dans ma
parole... vous connaîtrez la vérité »
(Jean 7:17 ; 8:31, 32). Si quelqu'un veut vivre conformément
à l'Évangile, obéir aux commandements, étudier
les Écritures, prier, il vivra des expériences
spirituelles qui confirmeront la véracité de notre
message ; il n'aura pas à demander de preuve.
Et si nous ne pouvons pas répondre
à la question qu'on nous pose ?
Là encore, Alma a montré un comportement correct :
« Mais ces mystères ne me sont pas pleinement
connus, aussi m'abstiendrai-je » (Alma 37:11). Disons :
« Je ne sais pas ». On nous respectera pour
notre honnêteté. Quand je pense qu'il y a une réponse
valable, généralement, je dis que j'essayerai de la
trouver.
Et si nous craignons de confondre ou de blesser votre
interlocuteur ? Rappelons-nous que le Saint-Esprit peut
dépasser nos efforts parfois maladroits d'aider ceux qui
recherchent sincèrement la vérité. Si nous
étudions les Écritures dans un esprit de prière,
nous avons la promesse que l'inspiration nécessaire nous
« sera donnée à l'heure même »
(D&A 84:85).
Cela me réconforte de lire la déclaration de la
Première Présidence à ce sujet : « Nous
vous rappelons que parmi les bénédictions des membres
de l'Église, il y a le don du Saint-Esprit qui est conféré
à chaque personne au moment de la confirmation. Les membres et
les dirigeants de l'Église qui vivent fidèlement les
principes de l'Évangile de Jésus-Christ jouiront de ce
don. Nous sommes certains que si vous répondez dans un esprit
de prière et d'humilité, vous aurez l'inspiration. »
(Lettre en date du 1er décembre 1983)
(L'Étoile, août 1987, p. 13-15)