Comment répondre à des questions malveillantes
à propos de l'Église

 

Steve F. Gilliland

 

Ce n'est pas une petite responsabilité que de représenter l'Église devant les autres. Et si l'on ne dit pas ce qu'il faut ? Et si l'on a des paroles blessantes ? On court toujours le risque que ce soient les autres qui vous mettent dans l'embarras ou qui vous blessent.

En qualité de directeur d'institut et d'évêque, j'ai été invité souvent à répondre à des questions concernant l'Église dans des classes de l'université et dans d'autres Églises. Ma présentation met en valeur les aspects positifs de l'Église. Il est facile de parler des fruits de l'Évangile de Jésus-Christ et de ce que nous essayons de faire pour mettre en pratique ses enseignements dans ce monde d'épreuve.

Mais je suis toujours inquiet des questions qu'on peut me poser ; quelle intention cachent-elles ? Et si quelqu'un avait des sentiments hostiles ? Par bonheur, les Écritures nous donnent une compréhension qui nous aide dans ces situations. En les étudiant (surtout Alma 30), j'ai découvert des principes précieux qui m'ont guidé à de nombreuses reprises à répondre à des questions amicales ou hostiles.

1. Écoutons et expliquons. Il est difficile d'entendre clairement ce qui se dit quand on est attaqué. J'ai pris part à des disputes inutiles parce que je devenais trop susceptible et que je me méprenais sur ce que disait l'autre. Il arrivait que nous étions tout à fait d'accord sur un point, mais je croyais qu'il disait quelque chose qu'il ne disait pas.

Assurons-nous d'avoir bien compris ce que la personne a dit. Posons des questions pour clarifier ou répétons sa question telle que nous la comprenons, suivie de « C'est bien ce que vous voulez dire ? » Disons-lui que nous comprenons son point de vue, et donnons-lui une chance de s'expliquer au besoin.

Si quelqu'un nous frappe sur une joue, il s'attend peut-être à ce que nous le lui rendions, et cela peut le déconcerter si nous lui tendons l'autre joue pour écouter. Il sera certainement plus enclin à nous écouter si nous l'écoutons d'abord (voir Matthieu 7:12).

2. Proposons de dissiper les malentendus. Il peut être tentant d'accuser ou d'attaquer quelqu'un qui nous contre, d'essayer de le mettre dans l'embarras ou de le ridiculiser, surtout si nous sentons qu'il déforme intentionnellement les faits. Mais la gageure consiste à aimer cette personne et à éviter de faire qu'elle se sente attaquée.

Expliquons clairement les faits, comme Alma l'a fait pour Korihor (voir Alma 30:32, 33), en parlant aussi calmement et aussi fermement que possible. S'il essaie de critiquer en s'appuyant sur des livres que l'Église ne reconnaît pas comme doctrine officielle, informons-le que les saints des derniers jours ont toujours été libres d'émettre des suppositions, mais que les conjectures personnelles ne constituent pas la position officielle de l'Église. C'est alors que je dirais : « Si ce que l'Église enseigne vous intéresse, je serai heureux de vous l'expliquer. Je ne me sens en aucun cas responsable de théories de jadis. En outre, si chacun n'est pas disposé à s'expliquer, ni vous ni moi ne pouvons comprendre pleinement ce que l'autre dit. Voulez-vous savoir ce que l'Église enseigne ? »

La plupart du temps, la personne répète innocemment des renseignements erronés. Une réponse douce pour éclaircir les faits peut éviter que la personne se sente attaquée. « Une réponse douce calme la fureur, mais une parole blessante excite la colère » (Proverbes 15:1). La Première Présidence nous a conseillé de « répondre aux critiques et aux attaques contre l'Église sans ressentiment et sans méchanceté » (Lettre du 1er décembre 1983).

3. Mettons l'accent sur les principes de l'Évangile. On n'aide pas quelqu'un à apprendre à nager en le jetant dans l'eau profonde ; il peut même craindre alors de s'approcher à nouveau de l'eau. De même, quand on n'est pas fondé fermement sur les vérités de base de l'Évangile, on ne peut supporter de doctrine plus poussée. C'est pourquoi le Seigneur nous conseille de donner du lait avant la viande (voir D&A 19:22 ; 1 Corinthiens 3:2).

Dans leur effort de détourner les gens de l'Église, certains opposants mettent l'accent sur les demi-vérités en déformant certains de nos principes doctrinaux les plus riches et les plus précieux que d'autres ne sont pas prêts à comprendre. Il est important de ramener la conversation aux principes doctrinaux fondamentaux, aux vérités simples mais belles de l'Évangile.

Alma a bien démontré ce principe. En pleine maîtrise de lui-même et de la situation, il a ramené la discussion avec Korihor à la croyance de base en Dieu. « Crois-tu qu'il y a un Dieu ? » (Alma 30:37).

Un autre enseignement fondamental de l'Évangile, c'est que nous croyons à la révélation moderne et aux prophètes vivants. On peut ramener presque chaque question à ce point : « La vraie question n'est pas …, mais de savoir si la révélation moderne existe dans l'Église de nos jours. Les Écritures enseignent clairement le principe des prophètes vivants (voir Amos 3:7 ; Ephésiens 2:20). Je témoigne que le Seigneur dirige l'Église de nos jours par l'intermédiaire de prophètes vivants, et que vous pouvez parvenir à savoir cela également. Aimeriez-vous savoir comment vous pouvez arriver à connaître ces choses ? » On peut aborder les choses autrement : « Il faudrait plus de temps pour répondre à votre question. La question plus fondamentale qui s'y rapporte est la suivante : … »

4. Témoignons. Rien n'est plus important pour l'Évangile que notre témoignage personnel. Alma a témoigné simplement et directement à Korihor : « Je sais qu'il y a un Dieu, et que le Christ viendra » (Alma 30:39). Si la personne est ouverte à la vérité, le Saint-Esprit peut lui témoigner. Le témoignage de l'Esprit sera l'influence la plus puissante dans sa conversion. Mais si quelqu'un n'est pas réceptif à l'Esprit, tous les raisonnements du monde ne le toucheront pas.

Beaucoup ne sont pas prêts pour la conversion, mais ils sont curieux de ce que l'Église enseigne vraiment. Ils méritent d'entendre les vérités fondamentales de l'Évangile et qu'on les libère de leurs malentendus. Mais ce faisant, ils risquent de nous demander de donner des preuves physiques ou logiques de l'Évangile. Bien que l'Évangile puisse être expliqué logiquement, nous n'avons pas pour responsabilité d'essayer de le prouver et de convaincre autrui. La seule preuve valable est le témoignage de l'Esprit.

5. Expliquons que la discussion ou la dispute ne nous intéresse pas, mais que nous voulons exprimer notre point de vue et entendre le sien. Alma n'est pas tombé dans le piège de tenter de prouver l'Évangile. En fait, il a fait exactement le contraire face à Korihor. « Quelle preuve as-tu donc qu'il n'y a point de Dieu... ? Tu n'en as aucune, si ce n'est ta parole seule » (Alma 30:40). Si la personne veut discuter, la bonne question sera la suivante : « Est-ce que vous ne voulez que discuter ou bien comprendre ce que je crois ? »

6. Invitons la personne à agir. Quand Korihor continua à demander des preuves, Alma lui renvoya la balle. S'il voulait vraiment savoir, il avait « le témoignage de tous ceux-ci, tes frères, et celui de tous les saints prophètes... Les Écritures sont devant toi » (Alma 30:44). Notre promesse au monde est celle que Jésus a donnée : « Si quelqu'un veut faire sa volonté [celle de Dieu], il reconnaîtra si cet enseignement vient de Dieu... Si vous demeurez dans ma parole... vous connaîtrez la vérité » (Jean 7:17 ; 8:31, 32). Si quelqu'un veut vivre conformément à l'Évangile, obéir aux commandements, étudier les Écritures, prier, il vivra des expériences spirituelles qui confirmeront la véracité de notre message ; il n'aura pas à demander de preuve.

Et si nous ne pouvons pas répondre à la question qu'on nous pose ? Là encore, Alma a montré un comportement correct : « Mais ces mystères ne me sont pas pleinement connus, aussi m'abstiendrai-je » (Alma 37:11). Disons : « Je ne sais pas ». On nous respectera pour notre honnêteté. Quand je pense qu'il y a une réponse valable, généralement, je dis que j'essayerai de la trouver.

Et si nous craignons de confondre ou de blesser votre interlocuteur ? Rappelons-nous que le Saint-Esprit peut dépasser nos efforts parfois maladroits d'aider ceux qui recherchent sincèrement la vérité. Si nous étudions les Écritures dans un esprit de prière, nous avons la promesse que l'inspiration nécessaire nous « sera donnée à l'heure même » (D&A 84:85).

Cela me réconforte de lire la déclaration de la Première Présidence à ce sujet : « Nous vous rappelons que parmi les bénédictions des membres de l'Église, il y a le don du Saint-Esprit qui est conféré à chaque personne au moment de la confirmation. Les membres et les dirigeants de l'Église qui vivent fidèlement les principes de l'Évangile de Jésus-Christ jouiront de ce don. Nous sommes certains que si vous répondez dans un esprit de prière et d'humilité, vous aurez l'inspiration. » (Lettre en date du 1er décembre 1983)
 

(L'Étoile, août 1987, p. 13-15)