Les raisons de certaines de nos actions


 
Gordon B. Hinckley (1910-2008)

 

Assistant des Douze de 1958 à 1961

Membre du collège des Douze de 1961 à 1981

Conseiller dans la Première Présidence de 1981 à 1995

Président de l’Église de 1995 à 2008


 


 

L'Église est une organisation ecclésiastique

 

Le fonctionnement de l'université Brigham Young

 

Pourquoi l'Église est-elle dans les affaires ?

 

Pourquoi l'Église s'engage-t-elle dans des questions soulevées devant le corps législatif et les électeurs ?


 

 


L'Église est une organisation ecclésiastique
 

      L'Église est une organisation ecclésiastique. C'est une organisation caritative. Son premier objectif est le culte de notre Seigneur Jésus-Christ. Notre grande mission est de témoigner qu'il est réel et qu'il vit. Nous ne devons pas nous occuper de ce qui n'est pas conforme à cet objectif principal. Nous devons nous impliquer dans tout ce qui lui est conforme.
 

      Une grande part de ce que nous faisons ne semble pas, à première vue, concourir à ce dessein primordial. Je vais parler de deux ou trois de ces aspects.

 

 

Le fonctionnement de l'université Brigham Youg

 

      Il y a par exemple le fonctionnement de l'université Brigham Young. On nous demande pourquoi nous parrainons un établissement aussi vaste et aussi coûteux dont le premier objectif est l'instruction profane. La question est justifiée. Ce parrainage a une raison doctrinale.
 

      Le Seigneur a décrété par révélation :
 

      « Enseignez diligemment, et ma grâce vous accompagnera, afin que vous soyez instruits plus parfaitement de la théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de l'Evangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il est opportun que vous compreniez ;
 

      « des choses qui se trouvent dans le ciel , sur la terre et sous la terre ; des choses qui ont été, des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu ; des choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à l'étranger ; des guerres et des perplexités des nations, et des jugements qui sont sur le pays ; et aussi d'une connaissance des pays et des royaumes...
 

      « afin que vous soyez préparés en tout, lorsque je vous enverrai de nouveau magnifier l'appel auquel je vous ai appelés et la mission dont je vous ai chargés » (D&A 88:78-80).
 

      Il semble que nous sommes tenus d'apprendre non seulement les sujets ecclésiastiques mais aussi les profanes. Dans l'Église, la tradition veut que l'on s'occupe de ces choses. À Kirtland se tenait l'École des prophètes. Le bâtiment des soixante-dix de Nauvoo servait à des fins éducatives. Il y a eu un projet d'université à Nauvoo.
 

      Lorsque les saints sont arrivés dans ces vallées de l'Ouest, des écoles ont été ouvertes pour la formation des jeunes. L'université d'Utah a été fondée en 1850 par nos ancêtres pionniers. L'université Brigham Young a été créée plus tard, et elle a survécu à presque toutes les universités de l'Église. Elle s'est développée jusqu'à atteindre un effectif de plus de 27 000 étudiants inscrits actuellement. Cela fait beaucoup d'étudiants, mais ce n'est qu'une très petite partie des jeunes de l'Église qui souhaitent faire des études supérieures. Nous ne pouvons en accueillir que relativement peu. Si nous ne pouvons pas donner à tous, pourquoi donnerions-nous à qui que ce soit ? La réponse est que si nous ne pouvons pas donner à tous, donnons à autant de personnes que nous pouvons le faire. Le nombre d'étudiants que l'on peut accueillir dans une université est limité, mais pas l'influence de l'université. De très grands efforts sont accomplis pour élargir cette influence.
 

      Comme ceux qui ont la possibilité de fréquenter cette université ont de la chance ! Cela me mettrait presque en colère lorsque j'entends des plaintes émanant d'étudiants ou d'enseignants. Je suis reconnaissant de pouvoir dire qu'à très peu d'exceptions près, ceux qui viennent y apprendre et ceux qui y enseignent apprécient leur grande bénédiction et en sont conscients.
 

      En outre, l'université donne une réputation très positive à l'Église. L'organisation qui la parraine, l'Église, est généralement reconnue. Elle s'est fait connaître pour des principes et des idéaux qui font l'objet de commentaires écrits et oraux et qui informent le monde de nos croyances. Ses programmes académiques et sportifs lui font honneur ainsi qu'à l'Église. Les générations d'étudiants qui défilent dans ses bâtiments et obtiennent un diplôme puis partent dans le monde entier font gloire à l'établissement dont ils sont issus et à son parrain, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.
 

      Nous continuerons de soutenir l'université Brigham Young et son homologue à Hawaii. Nous continuerons de soutenir Ricks College. Nous ne construirons vraisemblablement pas d'autres universités. Nous souhaiterions pouvoir en construire suffisamment pour accueillir tous ceux qui souhaitent les fréquenter. Mais c'est hors de question. Elles sont extrêmement coûteuses. Mais nous les garderons pour témoigner de l'engagement éducatif important et sérieux de l'Église dans les domaines religieux et profanes, et pour prouver au monde qu'un enseignement profane excellent peut être dispensé dans un cadre de foi religieuse.
 

      À l'appui de ces institutions, nous avons un peu partout d'autres écoles, nos instituts de religion et le remarquable département des séminaires de l'Église.
 

      Nous espérons qu'ils sont le moyen pour nos jeunes, où qu'ils soient, de faire en partie l'expérience bénéfique de l'université Brigham Young.

 

 

Pourquoi l'Église est-elle dans les affaires ?
 

      La question suivante est : Pourquoi l'Église est-elle dans les affaires ?
 

      Nous avons quelques intérêts commerciaux. Pas beaucoup. La plupart ont vu le jour dans les tous premiers jours de l'Église lorsqu'elle était la seule organisation qui pouvait financer ce qui était nécessaire pour lancer certaines entreprises destinées à servir les gens dans ces régions reculées. Nous nous sommes dessaisis depuis longtemps de quelques-unes d'entre elles dont nous n'avons plus senti la nécessité : entre autres, la vieille Consolidated Wagon and Machine Company, qui avait prospéré à l'époque des chariots et des machines agricoles tirées par des chevaux. Cette entreprise a duré plus longtemps qu'elle n'était utile.
 

      L'Église a vendu les banques qu'elle possédait auparavant. Dans la mesure où de bonnes banques ont été créées dans la collectivité, il n'était plus nécessaire que l'Église ait les siennes.
 

      Certaines de ces entreprises répondent directement aux besoins de l'Église. Par exemple, notre activité est la communication. Nous devons parler aux gens partout dans le monde. Nous devons le faire à l'intérieur de notre pays pour faire connaître notre position, et à l'étranger pour informer les autres de l'oeuvre que nous accomplissons. Voilà pourquoi nous possédons un journal, le Deseret News, qui est la plus ancienne entreprise d'Utah.
 

      Nous possédons également des chaînes de télévision et des stations de radio. Elles permettent de s'exprimer dans les collectivités qu'elles desservent. Je peux ajouter que nous sommes parfois choqués par certaines émissions de la télévision commerciale. Les membres de l'Église font de leur mieux pour en diminuer l'effet.
 

      Nous avons une branche dans les biens immeubles essentiellement destinée à vérifier la viabilité et l'aspect des constructions qui entourent Temple Square. Le centre de nombreuses villes s'est terriblement détérioré. On ne peut pas dire la même chose de Salt Lake City, bien que vous risquiez de ne pas être d'accord lorsque vous essayez d'accéder au Tabernacle en ce moment. Nous avons essayé de veiller à ce que cette partie de la ville reste agréable et en bon état. Grâce aux magnifiques jardins de Temple Square et de l'esplanade adjacente à l'est, nous entretenons des parterres qui en valent bien d'autres n'importe où au monde. Ce secteur deviendra encore plus agréable lorsque le bâtiment actuellement en construction sur la rue principale sera terminé et que le grand centre de conférence au nord sera fini.
 

      Ces entreprises sont-elles destinées à faire des bénéfices ? Oui, bien sûr. Elles fonctionnent dans un monde compétitif. Elles paient des impôts. Elles constituent une partie importante de cette ville. Elles font des bénéfices d'où provient l'argent qui sert à la Fondation de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours pour aider des causes caritatives et utiles dans la collectivité et à l'étranger, et surtout, à contribuer aux grands efforts humanitaires de l'Église.
 

      Ces entreprises versent un dixième de leurs revenus à la Fondation. La Fondation ne peut pas s'octroyer de don à elle-même ni à d'autres parties de l'Église mais elle peut utiliser ses ressources pour aider d'autres causes, ce qu'elle fait très généreusement. Des millions de dollars ont ainsi été distribués. Des milliers et des milliers de personnes ont été nourries. Elles ont reçu des fournitures médicales, des vêtements et un abri en période de grande urgence et de terrible détresse. Comme je suis reconnaissant de la générosité de cette grande fondation qui puise ses ressources dans les placements financiers de l'Église.

 

 

Pourquoi l'Église s'engage-t-elle dans des questions soulevées devant le corps législatif et les électeurs ?
 

      J'ai le temps de répondre à une autre question. Pourquoi l'Église s'engage-t-elle dans des questions soulevées devant le corps législatif et les électeurs ?
 

      Je m'empresse de dire que nous ne traitons que les affaires législatives d'ordre purement moral ou qui touchent directement au bien-être de l'Église. Nous nous sommes opposés aux jeux d'argent et à l'alcool et continuerons à le faire. Nous considérons que c'est non seulement notre droit, mais notre devoir de nous opposer à ces forces, qui nous le pensons, sapent l'intégrité morale de notre société. Une grande, une très grande part de nos efforts sont soutenus par d'autres institutions qui partagent nos intérêts. Nous travaillons en collaboration avec des groupes juifs, catholiques, musulmans et protestants et avec des personnes qui ne s'affilient à aucune religion et se sont regroupées pour défendre des positions sur des questions d'intérêt moral. C'est le cas actuellement en Californie où des saints des derniers jours militent, dans le cadre d'un groupe d'action, pour la sauvegarde du mariage traditionnel contre des groupes d'influence dans notre société qui essaient de redéfinir cette institution sacrée. Le mariage reconnu par Dieu entre l'homme et la femme est la base de la civilisation depuis des milliers d'années. Rien ne justifie que l'on redéfinisse ce qu'est le mariage. Nous n'en avons pas le droit et ceux qui essaient de le faire devront en répondre devant Dieu.
 

      Certains prônent comme un droit civique la légalisation des mariages homosexuels. Ceci n'est pas une question de droits civiques, mais de morale. D'autres remettent en cause le droit constitutionnel qu'a l'Église de s'élever contre une question d'une immense importance pour l'avenir de la famille. Nous croyons que le fait de défendre cette institution sacrée en nous efforçant de préserver le mariage traditionnel est au nombre de nos droits religieux et constitutionnels. En vérité, notre doctrine nous contraint à élever la voix.
 

      Toutefois, je voudrais dire que le fait que nous nous opposions aux tentatives de légalisation des mariages homosexuels ne doit jamais être interprété comme une justification de la haine, de l'intolérance ou de sévices à l'encontre de ceux qui expriment des tendances homosexuelles, individuellement ou en groupe, et je le souligne. Comme je l'ai dit à ce pupitre il y a un an, notre coeur se tourne vers les personnes qui se dénomment homosexuels ou lesbiennes. Nous les aimons comme des fils et des filles de Dieu. Ils sont bienvenus dans l'Église. Toutefois, il est attendu d'eux qu'ils suivent les mêmes règles divines de comportement que tous les autres, seuls ou mariés.
 

      Je félicite les membres de notre Église qui se sont associés bénévolement à d'autres personnes ayant le même objectif, pour défendre la nature sacrée du mariage traditionnel. Dans le cadre d'un groupe d'action comprenant d'autres croyants, vous donnez abondamment de vos moyens. L'argent collecté en Californie a été donné à ce groupe à titre personnel par des membres de l'Église. Vous investissez de votre temps et de vos talents pour défendre une cause juste qui risque, dans certains domaines, de ne pas être politiquement correcte mais qui, néanmoins, est primordiale dans le plan éternel de Dieu pour ses enfants, tout comme le font d'autres confessions. Il s'agit d'un effort commun.
 

 

Source : Le Liahona, janvier 2000, p. 62