Le président de mission lui promet que tout finira bien



William Chung Tien a grandi dans l'île de Tubuaï, et est le petit-fils du côté paternel d'un marchand chinois qui n'est pas membre de l'Église et de sa femme tahitienne. Ses grands-parents maternels sont les fidèles Puna et Teriiotemana Tahiata, qui ont fait tant de sacrifices pour aller au temple dans les années 1960. Avec cet héritage mixte, Willie se trouve devant un choix difficile lorsqu'il s'agit de prendre la décision relative à la mission, but qu'il a envisagé toute sa vie.

Il a travaillé avec diligence dans l'épicerie et la boulangerie de son grand-père, se levant à trois heures du matin dès l'âge de douze ans pour faire le pain. Non seulement il travaille dur, mais il est frugal et il économise soigneusement son argent, le déposant à la banque. Conformément à la tradition chinoise, il honore son grand-père Chung Tien de toutes les manières possibles. Willie est l'orgueil et la joie de son grand-père et celui-ci l'a désigné comme son principal héritier. Lorsqu'il lui fait part de son désir d'aller en mission, le grand-père Chung Tien devient furieux.

Le président de mission, C. Jay Larson, a un entretien avec Willie et lui promet que s'il accepte l'appel à travailler comme missionnaire pour le Seigneur, tout finira bien. Willie envoie ses documents, et lorsqu'il annonce à son grand-père qu'il va temporairement quitter l'entreprise familiale, il ne semble pas que la promesse du président Larson va s'accomplir. Grand père Chung Tien informe Willie sans détour que s'il part, il ne franchira plus jamais le seuil de la maison de son grand-père, qu'il ne devra jamais mentionner le nom de Chung Tien, qu'il perdra son héritage et que lui, son grand-père, usera de son influence pour empêcher Willie de prélever sur ses économies à la banque. Comme si cela ne suffisait pas, il déclare que Willie mourra pendant qu'il sera missionnaire mormon.

En dépit de toutes ces menaces, William Chung Tien prend la décision de servir le Seigneur. Le président Larson rapporte comment la promesse qu'il a faite à ce jeune homme a fini par s'accomplir :

« Elder Chung Tien oeuvra fidèlement. Ses compagnons le respectaient pour son dévouement et son service fidèle. Chaque fois que je le rencontrais, je l'interrogeais sur sa famille et plus particulièrement sur son grand-père. Toute sa famille allait bien, mais aucun changement ne s'était produit chez le grand-père Chung Tien. Et puis un jour, environ six mois avant la fin de sa mission, je reçus un coup de téléphone de sa mère qui avait une demande particulière à me faire au nom du grand-père : permettre à Elder Chung Tien de retourner brièvement à Tubuai pour que son grand-père puisse s'excuser auprès de lui...

« Je répondis que je lui donnerais ma permission mais que je laisserais à notre missionnaire le soin de prendre la décision finale... Sa réaction fut exactement celle à laquelle se serait attendu quiconque le connaissait. Il se dit ravi d'apprendre que son grand-père avait changé d'idée mais il préférait terminer sa mission sans l'interrompre et retourner ensuite à Tubuai. C'est ce qu'il fit. Son grand-père l'accueillit, lui demanda pardon et sa place dans l'affaire familiale lui fut rendue. »

Source : S. George Ellsworth et Kathleen C. Perrin, Chronique de la foi et du courage – Les saints derniers jours en Polynésie française, 1994, Sandy, Utah, p. 297-298