Le pouvoir des missionnaires que nous sommes tous


Pourquoi et comment faire part de l’Évangile




Clayton M. Christensen






Introduction : L'objectif de ce livre

PREMIÈRE PARTIE : TROUVER DES PERSONNES QUE LES MISSIONNAIRES PEUVENT ENSEIGNER

Chapitre 1 : Principes fondamentaux
Chapitre 2 : Susciter des conversations sur l’Évangile
Chapitre 3 : L'oeuvre missionnaire auprès des personnes prospères
Chapitre 4 : Faire part de la vérité au travail avec fierté et assurance
Chapitre 5 : Se fixer des objectifs et des délais
Chapitre 6 : Questions et réponses sur l'Internet

DEUXIÈME PARTIE : ENSEIGNER EN VUE DE LA CONVERSION

Chapitre 7 : Enseigner à prier
Chapitre 8 : Enseigner à étudier le Livre de Mormon
Chapitre 9 : Enseigner à sanctifier le jour du sabbat
Chapitre 10 : Enseigner à reconnaître et à déjouer la tentation

TROISIÈME PARTIE : ÉDIFIER LE ROYAUME DE DIEU

Chapitre 11 : Tous à l’œuvre à Augusta
Chapitre 12 : Rendre visite à ceux qui ne sont pas entrés dans la bergerie
Chapitre 13 : Guider les faibles et les simples
Chapitre 14 : Développer des paroisses sur lesquelles le Seigneur peut compter
Chapitre 15 : Jaime Valarezo et la branche hispanophone de Cambridge
Chapitre 16 : Les pensées et les voies du Seigneur

Épilogue : Témoignage



Introduction : L'objectif de ce livre

Les bénédictions qui viennent quand on fait part de l’Évangile

Être un membre missionnaire de l'Église peut être une source de grand bonheur. L'objectif de ce livre est d'en témoigner. Nous nous faisons de très bons amis quand nous invitons les gens à en apprendre davantage sur leur Père céleste et qu'ils ressentent notre amour pour eux. Chaque fois que nous prenons quelqu’un par la main, au sens figuré, pour lui faire connaître Jésus-Christ, nous ressentons la profondeur de l’amour que le Seigneur a pour nous et pour cette personne.

J’ai passé une grande partie de ma vie à participer à l'édification du royaume de Dieu par l’œuvre missionnaire. Ce faisant, j’ai compris les paroles de Dieu à Ésaïe : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel » (Ésaïe 55:8). J’ai appris, par exemple, que la tentative de l'adversaire de ralentir notre œuvre missionnaire ne se manifeste pas seulement par la tentation d’enfreindre les commandements de Dieu, mais aussi par la tentative de nous inculquer des pensées et des usages purement humains lorsque nous faisons part de l’Évangile.

Beaucoup parmi nous connaissent des personnes qui semblent avoir des facilités à être des membres missionnaires, comme si elles possédaient le don de faire part de l’Évangile avec aisance. Chez ma femme, Christine, et moi, ce n’est pas du tout naturel. Au début, nous avons trouvé cette œuvre pénible et intimidante, ce que, avec un peu de recul, je reconnais comme venant de l'adoption de pensées et d'usages purement humains. C’est en apprenant et en suivant les principes résumés dans ce livre que nous avons pu faire part de l’Évangile de façon plus naturelle et même passionnante, c'est-à-dire à la façon du Seigneur.

À propos de notre époque, Daniel a vu que « dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. » (Daniel 2:44)

L’Église rétablie de Jésus-Christ comprend actuellement [2013, ndlr] plus de 14 millions de membres, ce qui montre que l’on ne s’y prend pas trop mal. Il y a cependant de quoi s’inquiéter. En effet, l’Église grandit rapidement dans certaines régions d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie du Sud-Est, pays désignés par les économistes comme des pays émergents. Cependant, beaucoup d’entre nous qui vivent dans des pays prospères pensent que la croissance du royaume est terminée chez nous. Dans un pieu près de Boston, presque soixante-quinze membres de deux paroisses adjacentes ont déménagé au moment d’une récession économique. Les deux paroisses ont alors fusionné en une seule. Une autre solution aurait été de trouver soixante-quinze nouveaux membres de l'Église parmi les 100 000 personnes qui vivaient dans les limites de ces paroisses.

Effectivement, la déclaration du Seigneur que le monde « blanchit déjà pour la moisson » (D&A 4:4) n’a pas de date d’expiration. Le monde est encore prêt pour la moisson.

J’ai remarqué que quand on ne magnifie pas son appel, c’est souvent parce qu’on ne sait pas comment le faire. La majorité d’entre nous sommes impatients d’être des membres missionnaires efficaces, mais le problème est que nous ne savons pas comment le faire à la manière du Seigneur. J’espère que ce livre aidera ceux d’entre nous qui ont le désir de lancer leur faucille de toutes leurs forces à devenir des membres missionnaires qui ont du succès.

Ressentir l’Esprit de Dieu

À vingt-sept ans, après avoir terminé mes études de gestion et après avoir débuté ma carrière, j’ai commencé à ressentir petit à petit une diminution de l'influence de l’Esprit du Seigneur dans ma vie. Je servais comme conseiller de l’évêque Kent Bowen dans la paroisse de Boston et je dépensais beaucoup de temps et d’énergie à remplir cet appel. Je priais et étudiais les Écritures régulièrement et, malgré cela, je sentais que l’Esprit ne m'accompagnait pas avec la même intensité que précédemment pendant ma mission en Corée.

Ensuite, nous avons déménagé à Washington D.C. où je devais travailler comme stagiaire assistant à la Maison Blanche. Nous nous sommes retrouvés à vivre, à travailler et à prendre les transports en commun avec de nouvelles personnes, et j’ai commencé à avoir beaucoup plus d’occasions de parler de l’Évangile avec mes nouveaux amis. Peu de temps après notre déménagement, deux de mes collègues ont accepté mon invitation de venir chez nous recevoir les leçons missionnaires.

Avant l’une de ces leçons, nous étions en train de nous dépêcher de ranger la maison. J’ai mis une cassette de l’Orchestre symphonique des jeunes mormons dans notre chaîne hi-fi et le chœur a commencé à chanter son interprétation de L’Esprit du Dieu saint (Cantiques, n°2). J’étais dans la salle à manger quand ils sont passés au troisième couplet :

Que, tous assemblés, nous invoquions le Maître ;
Au monde prêchons le royaume des cieux.
Que par notre foi, nous puissions reconnaître
Les dons, les visions et la gloire de Dieu.

En entendant ces paroles, un esprit doux et puissant est entré dans mon cœur et je me suis rendu compte de ce qui s’était passé dans ma vie spirituelle. Au moment de notre déménagement à Washington, j’avais recommencé à faire ma part pour répandre le message de l'Évangile. J’en ai alors récolté les dons, la vision et la gloire de Dieu. J’ai commencé à de nouveau ressentir quotidiennement l’Esprit. J’avais des perspectives de nature spirituelle et je chantais les cantiques du Rétablissement en marchant vers l’arrêt de bus.

La leçon que j’ai apprise peut se résumer à la métaphore suivante. Pendant une guerre, les généraux accordent des armes dernier cri aux soldats des premières lignes qui sont engagés dans un combat rapproché avec l’ennemi. Aux soldats qui travaillent dans des cadres administratifs derrière la ligne militaire, on donne des armes moins puissantes. À Boston, je passais de plus en plus de temps à servir dans les affaires administratives. En fait, je pouvais faire efficacement la plupart de mes tâches sans devoir beaucoup dépendre de l’Esprit. Cependant, en redevenant missionnaire actif, je me suis repositionné au front dans la guerre contre l'adversaire et pour les âmes. J’avais donc besoin que l’Esprit m'accompagne quotidiennement.

En vertu de l’appel fait à chacun de nous dans la section 4 des Doctrine et Alliances, je me suis donc ré-appelé en mission. J’aime ma vie en tant que missionnaire au front. L’image que j’ai à l’esprit est que Dieu, mon Général, se tient à la porte quand je sors le matin, et, connaissant la nature de la guerre, il me donne chaque jour son arme la plus puissante : son Esprit. J’en suis extrêmement reconnaissant.

L’impact sur notre famille

Les bénédictions que notre famille a reçues grâce à notre participation à l’oeuvre missionnaire sont incommensurables. Il y a plusieurs années, par exemple, nous avions invité l’un de mes anciens étudiants, Sunil, à suivre les leçons missionnaires chez nous. Les missionnaires ont fait un excellent travail et à la fin de la première leçon, ils ont tous deux témoigné des vérités qu’ils avaient enseignées. Christine et moi avons également rendu notre témoignage et j’ai demandé à l’un des missionnaires de terminer la leçon par une prière. À ce moment-là, notre fils, Spencer, qui avait passé la leçon en restant assis en silence sur le tabouret du piano, leva la main et demanda : « Papa, puis-je ajouter quelque chose ? Il se mit debout, regarda Sunil droit dans les yeux et dit : « Sunil, je n’ai que onze ans. Cependant, je voudrais te dire que je sais que les choses que les missionnaires ont dites sont vraies. Je sais que Dieu vit. Je sais que toi et moi, nous sommes ses fils et que Joseph Smith était véritablement un prophète de Dieu ». Un esprit doux et puissant entra dans la salle.

Le lendemain, Sunil m’a envoyé un e-mail disant que bien qu’il ait apprécié l’explication claire de nos croyances faite par les missionnaires au cours de la leçon, « lorsque votre fils s’est levé et a dit ces paroles, j’ai ressenti quelque chose au plus profond de moi-même que je n’avais jamais ressenti auparavant. Ce doit être ce que vous voulez dire quand vous parlez de l’Esprit de Dieu. »

De nombreuses bénédictions et de nouvelles amitiés nous sont apparues grâce à notre action pour faire part de l’Évangile. Mais l’une des meilleures bénédictions a été celle-ci : la présence de l’Esprit de Dieu et l’impact profond sur la foi de nos cinq enfants lorsque les missionnaires ont assisté notre famille pour faire part de l’Évangile à de nouveaux amis ou d’anciennes connaissances.

Les bénédictions promises à chaque membre de l’Église

Y aurait-il un déséquilibre dans l’Église si tous ses membres s’appelaient eux-mêmes en tant que missionnaires ? Une grande partie de l’Église est organisée en programmes, que ce soit le service pastoral, les organisations auxiliaires, l’histoire familiale, l’entraide ou la communication. Quand nous sommes appelés à servir dans l’Église, nous définissons nos responsabilités en termes de programmes et de personnes que servons par cet appel. Par exemple, une présidente de la Primaire pourrait décrire son poste en disant qu’elle s’occupe des enfants de dix-huit mois à douze ans de sa paroisse, et que tous les dimanches, elle organise la période d’échange et supervise les responsables de la garderie et les instructeurs des différents groupes d’âges. Les chefs scouts assument la responsabilité du scoutisme pour les garçons de douze et treize ans, et ainsi de suite.

Ces programmes nous aident à mettre en œuvre les missions de l’Église qui comprennent la prédication de l’Évangile, le perfectionnement des saints, la rédemption des morts, et l’administration de secours aux nécessiteux. La délimitation des responsabilités grâce aux programmes fait que l’Église est en ordre. Elle définit ce dont nous sommes responsables et ce dont nous ne sommes pas responsables. Cette délimitation programmée implique cependant un compromis. En donnant une importance excessive à un programme on réduit nécessairement le temps, la supervision, l’énergie et le talent qu’un autre programme mérite. Quand on est pressé, le compromis semble inévitable.

En nous appuyant sur le verset où le Seigneur dit « mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies » (Ésaïe 55:8), plusieurs de mes amis — Elder Bob Gay, Elder Matt Eyring et frère David Wingate — et moi avons décidé de chercher les conseils que nos dirigeants de paroisses et de pieux pourraient tirer des Doctrine et Alliances pour retrouver l’équilibre perdu par ce compromis et recentrer notre action. Nous avons découvert que les Doctrine et Alliances, qui sont l’instruction que Dieu nous a donnée pour l’édification de son royaume à notre époque, regorgent de promesses remarquables que Dieu a faites à tous ceux qui acceptent son appel à faire part de l’Évangile. Si nous faisions davantage part de l’Évangile, poussés en cela par nos dirigeants de paroisse et de pieu, cela ne créerait pas un déséquilibre mais résoudrait la plupart des problèmes qui nous handicapent, nous, nos foyers, nos paroisses et nos pieux ; ces problèmes se résoudraient d’eux-mêmes grâce aux bénédictions liées à l’appel que Dieu donne à chacun de nous d’être missionnaire.

Certaines promesses du Seigneur portent sur la puissance et la force que les saints reçoivent en faisant part de l’Évangile. Voici ces promesses, avec l’indication entre parenthèses de la section et du verset des Doctrine et Alliances qui les contiennent :

Nul ne vous arrêtera (1:5).

Vous recevrez une force telle qu’on n’en connaît pas de semblable parmi les hommes (24:12).

Il ira lui-même avec vous et il sera au milieu de vous ; rien ne prévaudra contre vous (32:3).

Du pouvoir reposera sur vous ; il sera avec vous et il ira devant votre face (39:12).

Vos ennemis n’auront pas de pouvoir sur vous (44:5).

Le Seigneur se tiendra à vos côtés (68:6).

Toute arme forgée contre vous sera sans effet (71:9).

Il vous soutiendra (93:51).

Les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre vous (17:8).

Vous aurez le pouvoir d’annoncer sa parole (99:2).

Votre langue sera déliée et vous aurez son Esprit pour convaincre les hommes (11:21).

Votre bouche sera remplie et vous deviendrez comme Néphi d’autrefois (33:8).

Vous ne serez pas confondu ; la part qui sera attribuée à tout homme vous sera donnée à l’heure même (84:85 ; 100:5).

Votre parole sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l’avis du Seigneur et sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut (68:4).

Votre bras sera le bras de Dieu ; il sera votre protection et votre bouclier ; il vous ceindra les reins et mettra vos ennemis sous vos pieds (35:14).

D’autres bénédictions que le Seigneur a promises à ceux qui font part de l’Évangile ont trait à la pureté personnelle et une foi accrue :

Vous serez innocents devant Dieu (4:2).

Vous serez exaltés au dernier jour (17:8).

Vous recevrez un témoignage des paroles des prophètes (21:9).

Vous aurez des révélations (28:8).

Vos péchés vous seront pardonnés (31:5 ; 36:1 ; 60:7 ; 62:3 ; 84:61).

Vous aurez une grande foi (39:12).

Vous serez à même de garder les lois de Dieu (44:5).

Notez les bénédictions qui se rapportent au bonheur, à la santé et à la prospérité :

Vous aurez des bénédictions plus grandes que si vous obteniez les trésors de la terre (19:37-38).

Il prendra soin de vos troupeaux (88:72) et votre dos sera chargé de gerbes (31:5 ; 33:9).

Vous ne serez las ni en esprit ni dans le corps ni dans les membres ni dans les jointures et vous n’aurez ni faim ni soif ; pas un cheveu de votre tête ne tombera inaperçu sur le sol (84:80, 116).

Votre joie sera grande (18:14-15).

Peut-être encore plus extraordinaire, il a promis de déverser sur nous et sur notre œuvre son Saint-Esprit afin de faire de nous de meilleurs hommes et de meilleures femmes :

Il enverra sur vous le Consolateur, qui vous enseignera la vérité et le chemin que vous prendrez (79:2).

Le Saint-Esprit sera déversé pour rendre témoignage de toutes les choses que vous direz (100:8).

Il ira devant votre face ; il sera à votre droite et à votre gauche ; son Esprit sera dans votre cœur et ses anges seront tout autour de vous pour vous soutenir (84:88).

Il vous portera comme sur des ailes d’aigle ; et vous susciterez de la gloire et de l’honneur pour vous-mêmes et pour le nom du Seigneur (124:18).

Il vous rendra saints (60:7).

Nous faisons part de l’Évangile parce que nous savons que cela aidera des gens à devenir plus heureux et meilleurs. Cependant, les bénédictions qui nous sont promises sont inestimables. Quel évêque ne voudrait pas la réalisation de ces bénédictions pour lui-même et pour chaque membre de sa paroisse ? Quel parent ne les voudrait pas pour ses enfants ? Qui ne voudrait pas de telles bénédictions pour lui-même ?

Faire part de l’Évangile n’exige pas que nous ayons au préalable la puissance de Dieu pour convaincre les hommes. Faire part de l’Évangile nous donne cette puissance. Faire part de l’Évangile magnifie notre parole pour lui donner le statut d’Écriture, à savoir : la volonté du Seigneur, l’avis du Seigneur, la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut des hommes.

L’œuvre missionnaire soutient ceux d’entre nous qui luttent contre une addiction, une mauvaise habitude, qui ont du mal à se sentir dignes ; elle les prépare à être innocents devant Dieu, à être pardonnés de leurs péchés et à être en mesure de garder les commandements de Dieu. Dieu n’exige pas simplement notre pureté. Il nous aide à être purs. À ceux d’entre nous qui se battent contre la tristesse, faire part de l’Évangile produit une grande joie. Faire part de l’Évangile nous permet de devenir des femmes et des hommes saints qui reçoivent des révélations et qui sont portés comme sur des ailes, recevant de la gloire et de l’honneur pour eux-mêmes et pour le nom du Seigneur. La participation de nos enfants à l’oeuvre missionnaire leur permet d’acquérir un témoignage des paroles des prophètes et les aide à devenir des hommes et des femmes d’une grande foi.

Lorsque nous avons été baptisés, nous avons accepté l’appel de Dieu à servir en tant que membres-missionnaires de l’Église en tant que ses témoins (voir Mosiah 18:10). Comme promis, le Seigneur nous accorde les bénédictions citées plus haut si nous faisons part de l’Évangile, ravivant ainsi l’Esprit que nous avons ressenti pendant notre mission à plein-temps ou lors de notre conversion. Quelles que soient nos autres responsabilités dans le royaume de Dieu, nous réussissons davantage dans ces appels et dans nos actions pour devenir des disciples purs du Christ lorsque faire part de l’Évangile devient une partie intégrante de tout ce que nous faisons. J’en témoigne.

Par où commencer ?

Dans les appels que nous recevons pour édifier une partie précise du royaume de Dieu, nous devons savoir ce qu’il faut faire et comment le faire. Généralement, l’objectif d’un appel est spécifié. En revanche, il arrive qu’on omette d’enseigner la méthode.

Pour comprendre l’importance d’enseigner la méthode, examinons l’appel d’une présidente de Primaire d’une paroisse type. La majorité des présidentes de Primaire ont du succès dans leur appel. Pourquoi ? À mon avis, c’est parce qu’on a enseigné à ces femmes à la fois l’objectif à atteindre et la façon de l'atteindre. On trouve généralement les objectifs dans les Écritures, les manuels et les discours des conférences générales. Quant à la façon de remplir son appel, elle est enseignée de deux manières : à travers des modèles — d’autres frères ou sœurs qui ont occupé ce poste précédemment — et à travers une structure qui définit les rôles et les programmes pour tous. À la Primaire, la structure comprend la période d’échange, la période musicale, les manuels pour chaque groupe d’âge, et un programme qui indique à quel moment il faut faire quoi. Les modèles sont des présidentes qui ont rempli leur appel avec une maîtrise absolue. Cette structure et ces modèles à imiter expliquent pourquoi la majorité des présidentes de Primaire que j’ai connues ont eu du succès dans leur appel. Elles savent quoi faire et comment le faire.

Ce n’est pas toujours le cas s’agissant d’autres appels dans l’Église. Beaucoup ont une vague notion de ce qu’ils sont censés faire mais ils ne savent pas exactement comment le faire. Il y a peu de structures pour leur travail, et peu de modèles de réussite visibles à imiter. Par exemple, prenons les spécialistes de l’emploi et de la prévoyance. Pour la plupart des membres, il est difficile de s’accomplir dans leur appel. Et ce n’est pas en appelant les ‘meilleurs’ ou les ‘plus convertis’ qu'on accélère l’édification du royaume de Dieu, mais en enseignant à chacun la façon de le faire.

Le Sauveur, en tant que dirigeant et enseignant, maîtrisait parfaitement les objectifs et les méthodes. Par ses commandements, il nous dit quoi faire. Et il enseigne la façon de le faire par des histoires et des paraboles. Le frère de Jared, le Bon samaritain et le Fils prodigue sont des exemples de sa façon d’enseigner. Ces exemples ne donnent pas des détails précis mais illustrent des principes dont nous pouvons faire usage quand nous savons quoi atteindre mais pas comment le faire.

L’une des raisons pour lesquelles l’œuvre missionnaire ralentit dans de nombreuses parties du monde est peut-être que nous, membres de l’Église, qui avons la responsabilité de faire part de l’Évangile, ne savons pas comment le faire. C’est un problème courant et répandu. La plupart d’entre nous ne savent pas comment trouver les personnes que les missionnaires pourront enseigner. La majorité de ceux que les missionnaires enseignent cessent d’étudier l’Évangile avant le baptême ou s’éloignent peu après. Pourquoi ? Parce souvent on omet d’enseigner à nos amis qui étudient l’Évangile comment prier sincèrement, comment lire les Écritures sérieusement, comment méditer et comment écouter la voix de l’Esprit. Beaucoup d’amis de l’Église perdent leur intérêt prématurément non parce qu’ils ne veulent pas recevoir un témoignage mais parce qu’ils ne savent pas l’obtenir.

Beaucoup de paroisses peinent à remplir leur responsabilité missionnaire. On sait ce qui devrait être fait mais on ne sait pas comment le faire. Les dirigeants de mission de paroisse sont souvent en difficulté, servant plus comme administrateurs que comme dirigeants parce qu’ils ne savent pas comment diriger les membres.

C’est pour ces raisons que j’ai écrit ce livre. J’espère qu’après l’avoir lu, vous en conclurez que faire part de l’Évangile n’est pas un ‘don’ attribué à quelques saints des derniers jours et refusé aux autres. Trouver des personnes que les missionnaires peuvent enseigner et les aider à progresser vers le baptême peut être facile et naturel pour nous tous, si nous apprenons à le faire selon le Seigneur. Les histoires racontées plus bas sont à lire comme des paraboles pour en tirer les principes qui s’appliquent à la situation de chacun.

Ce livre comporte trois parties. La première cherche à montrer comment trouver des personnes à présenter aux missionnaires. La deuxième est axée sur la façon d’aider les amis de l’Église à progresser vers le baptême et vers une vie dévouée à l’Évangile. La troisième partie relate quelques miracles de notre époque qui illustrent certains principes d’action qui peuvent aider l’œuvre missionnaire à avancer sur tous les plans. Dans chaque chapitre, j’ai essayé d’enseigner à la façon du Seigneur : par des paraboles, chacune étant une histoire vraie. La plupart de ces expériences me sont arrivées ou sont arrivées à d’autres membres de l’Église de Nouvelle-Angleterre qui me les ont racontées. J’ai changé quelques noms et j’ai modifié certains détails personnels pour protéger les personnes concernées. Je ne raconte absolument pas ces histoires pour me mettre en avant. Je les utilise simplement pour mentionner ce que nous avons essayé de faire, ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, ainsi que les leçons que nous avons apprises les uns des autres sur la façon de faire la volonté du Seigneur.


PREMIÈRE PARTIE : TROUVER DES PERSONNES QUE LES MISSIONNAIRES PEUVENT ENSEIGNER

Le porte-à-porte est visiblement le moyen le moins efficace dont les missionnaires à plein temps disposent pour trouver des personnes à enseigner. Cela prend beaucoup de temps et d’effort et il faut faire face à beaucoup de découragement et de frustration avant de croiser le chemin d’un contact « en or ».

De plus, le monde change. Les gens sont de moins en moins prêts à ouvrir leur porte aux inconnus et par conséquent l’efficacité du porte-à-porte diminue rapidement. Avec le temps, de plus en plus de personnes que nous voudrions que les missionnaires instruisent vivent dans des immeubles ou dans des quartiers résidentiels difficiles d’accès où les missionnaires ne peuvent aller non accompagnés. De plus, la famille où les deux parents travaillent est devenue la norme et lorsque les missionnaires frappent à la porte il n’y a souvent personne pour ouvrir.

Tout cela signifie qu’avec le temps, les membres de l'Église auront à faire davantage pour trouver des personnes que les missionnaires peuvent enseigner. Mais comment faire ? Nous allons examiner plusieurs principes qui permettent de constater qu’il n'est pas si difficile d'inviter les gens à écouter le message de l’Évangile.


Chapitre 1 : Principes fondamentaux

Nous ne pouvons pas tout prévoir et ne devons pas juger

Christine et moi avons appris assez tôt dans nos efforts pour être de bons membres missionnaires que nous ne pouvions pas prévoir qui sera intéressé par l’Évangile et qui ne le sera pas. Nous avons appris, de plus, que le développement d’une amitié n’est pas une condition prérequise pour inviter des personnes à connaître l’Évangile. Ces deux simples principes ont rendu l'oeuvre missionnaire beaucoup plus facile.

Nous avons découvert ces deux principes en tant que jeunes mariés alors que les missionnaires de notre paroisse venaient nous demander de faire une liste de personnes avec qui nous pourrions partager l’Évangile. Nous devions commencer en « préparant » ceux qui se trouvaient en haut de la liste en suivant un processus de douze étapes. Tout d’abord, il fallait que nous les invitions à dîner chez nous, puis par la suite que nous allions avec eux un évènement culturel. Les sixième, septième et huitième étapes nous demandaient de les inviter à l’Église, de leur donner un exemplaire du Livre de Mormon et de leur demander de suivre les leçons missionnaires. Ce programme s’achevait avec la douzième étape : le baptême.

Nous avons scrupuleusement composé la liste, en incluant tout en haut ceux que nous pensions être les plus susceptibles de s’intéresser à l’Évangile, puis nous l’avons fixée à l’intérieur d’un placard de notre cuisine. Le premier couple, Ken et Suzy Gray, nous semblaient être idéaux comme membres potentiels de l'Église : le département central du casting pour les films de BYU aurait pu les choisir pour jouer dans un film de l’Église. Le mode de vie pur de Ken et de Suzy et leur dévouement à leur famille reflétaient les nôtres. Nous avons commencé à forger notre amitié en les invitant à dîner chez nous. Ils nous ont ensuite tendu la même invitation avec un agréable dîner chez eux, et pendant les semaines suivantes, nous avons continué à nous rendre la pareille, trouvant davantage de choses à faire avec les Gray, ce qui a approfondi notre amitié, tout comme les missionnaires l’avaient prédit. Mais faire part de l’Évangile devenait maintenant le grand pas à franchir qui ajoutait des obligations à notre vie déjà bien chargée en tant que dirigeant des Jeunes Gens et dirigeante des Jeunes Filles de la paroisse d’Oxford.

Lorsque nous sommes arrivés à la sixième étape de notre liste, nous avons invité les Gray à venir à l’Église avec nous et ils ont accepté notre offre — en partie parce que Christine et moi devions faire des discours à la réunion de Sainte-Cène. C’était vraiment formidable. Nous avions l’impression d’être de bons membres missionnaires ! Après l’Église, nous avons tous déjeuné chez nous et je leur ai offert un exemplaire du Livre de Mormon et leur ai demandé s’ils seraient intéressés d’en apprendre davantage sur notre Église. Ken accepta le livre d’un air embarrassé et répondit : « Merci, mais ça ne nous intéresse pas. Nous avons tous les deux grandi dans l’Église épiscopale et nous aimons aller à l’église anglicane du coin. » La conversation a changé de sujet mais elle est restée tendue et les Gray sont partis peu après.

Après avoir fait la vaisselle, j’ai regardé notre liste en me demandant : « Je suis vraiment déçu. Qu’est-ce qu’on devrait faire ? Je suis terriblement occupé par mes études et nous sommes terriblement occupés par nos responsabilités aux Jeunes Gens et Jeunes Filles. » Si les Gray n’étaient pas intéressés, nos instructions indiquaient qu’il fallait maintenant nous lier d’amitié avec les Bailey (les prochains sur notre liste) pour qu’ils deviennent nos nouveaux amis (ils étaient seulement des connaissances) avant de les inviter à en savoir davantage sur l’Évangile. J’ai donc trouvé un crayon et j’ai barré les Gray de notre liste. Je me sentais mal de le faire, mais nous voulions être de bons missionnaires et nous ne pouvions pas consacrer notre temps à devenir amis avec tout le monde.

Nous avons invité les Bailey à dîner. Ils semblaient ravis d’être invités et nous avons alors commencé le même processus qu’avec les Gray. Cependant, ils ont reculé à la sixième étape en refusant notre invitation de venir à l’église. Nous les avons donc barrés et sommes passés au troisième couple de la liste.

À la même époque, mon ami Randy, qui était membre de l’Église et qui lui aussi connaissait Ken Gray, me prit à part dans la salle de sports et me demanda : « Clay, qu’as-tu fait pour rendre Ken aussi furieux ? »

Je lui répondis que je n’en avais aucune idée. « Nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Ils sont venus à l’Église mais cela ne les intéressait pas d’en apprendre davantage. »

Randy m’expliqua : « Voici ce que m’a raconté Ken : du jour au lendemain, tu as voulu devenir amis. Mais dès qu’il t’a dit qu’il ne voulait pas se convertir, tu l’as laissé tomber comme une vielle savate. Tu ne lui as même pas adressé la parole depuis. Tu voulais seulement le convertir sous un faux-semblant d’amitié. »

Le compte rendu de Randy m’a profondément blessé, bien que son récit soit tout à fait exact. « Mais que veux-tu que je fasse, Randy ? » répondis-je de manière défensive. « Le Seigneur veut que nous soyons missionnaires. Le président de mission dit que le meilleur moyen de faire cela est de préparer les personnes à accepter notre invitation en devenant leur ami. On peut ensuite les inviter. Le problème, c’est que si les gens ne s’intéressent pas à l’Église, comment puis-je continuer à cultiver toutes ces amitiés alors que j'ai tant à faire ? »

Je me souviens avoir pensé que nous commettions peut-être des erreurs, mais qu’au moins, nous faisions des efforts. Cependant, tous ceux que nous croyions pouvoir être intéressés d’en savoir d’avantage sur l’Évangile ont refusé nos invitations entre la sixième et la huitième étape. Chacun de ces amis nous a dit, à sa manière, qu’il se contentait de son approche actuelle de la religion. Après beaucoup de travail et au bout de plusieurs mois, nous n’avons trouvé personne qui soit intéressé par l’Évangile. Nous avons enlevé la liste de notre réfrigérateur en arrivant à la conclusion que nous n’étions pas faits pour être des membres missionnaires.

C’est alors que de nouveaux missionnaires ont été mutés dans notre paroisse. Ne connaissant rien de notre histoire, ils sont venus chez nous, ont déplié un tableau sur notre table et nous ont demandé de faire une liste de toutes les personnes avec lesquelles nous pourrions nous lier d’amitié pour les préparer à être enseignées par les missionnaires. Nous avons protesté : « On a déjà fait ça. Ça a pris beaucoup de temps, et ça n’a pas marché. » Nous avons expliqué que nous pensions avoir déjà fait de notre mieux avec toutes les personnes susceptibles de vouloir suivre les leçons missionnaires.

Désespérés d’avoir un contact, les missionnaires supplièrent : « Vous ne connaissez vraiment personne à qui nous pourrions rendre visite ? » Nous leur avons alors donné les noms de quatre couples que nous avions exclus de notre première liste, y compris celui des Taylor. Nous les avons avertis qu’ils pourraient frapper à leur porte, mais ce ne serait que du temps gaspillé. Le mari voyait d’un mauvais œil la religion structurée. C’était un rugbyman endurci qui aimait boire sa bière quotidienne.

Les elders sont revenus une heure plus tard, rayonnants. Les Taylor les avaient invités chez eux, avaient écouté la première leçon et avaient invité les missionnaires à revenir pour une deuxième leçon. Nous sommes par la suite devenus de bons amis en suivant avec eux les leçons missionnaires. Nous n’aurions jamais imaginé qu’ils puissent s’intéresser à l’Évangile.

Nous avons appris par cette expérience que nous ne pouvons tout simplement pas savoir à l’avance qui voudra en apprendre davantage sur l’Église. Nous croyions pouvoir juger et avons exclu de notre liste beaucoup de personnes dont le mode de vie, les habitudes ou l’apparence faisaient d’eux des candidats improbables. Cependant, en repensant à ceux qui sont devenus membres de l’Église, peu d’entre eux auraient été sur notre liste de membres potentiels probables après un premier contact avec l’Église. « L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7). Vivre l’Évangile transforme les gens. Le seul moyen pour que chaque personne ait l’occasion d’accepter ou de rejeter l’Évangile de Jésus-Christ est de l’inviter, sans le juger, à suivre le Sauveur.

Cette expérience nous a également enseigné qu’il n’est pas forcément nécessaire de transformer nos relations en amitiés avant d’inviter les autres à connaître l’Évangile. Qu’importe que ce soit un voisin, un camarade de classe, un collègue de travail, une vendeuse ou le passager d'un autobus, il n’est pas nécessaire de changer notre relation avant de les inviter. Je dirais même qu’il n’est ni obligatoire ni désirable de modifier notre relation avec les autres avant de les inviter à apprendre l’Évangile.

Les missionnaires à plein-temps, par exemple, n’attendent pas de devenir amis avec leurs contacts. Ils parlent avec tout le monde. Une relation de confiance s’établit lorsqu’ils ont l’occasion d’enseigner les gens. Depuis vingt ans, nous n’avons observé aucune corrélation entre la force d’une relation et la probabilité qu’une personne s’intéresse à l’Évangile. L’inverse, en revanche, est presque toujours vrai : toutes les personnes qui acceptent l’invitation à connaître l’Évangile deviennent des amis plus proches, qu’ils acceptent en fin de compte le baptême ou non. Nous avons aussi appris que même quand les personnes refusent notre invitation, elles ne sont pas offensées tant qu’elles peuvent ressentir notre sincérité, notre amour et l’amour de Dieu lorsque nous les invitons à connaître l’Évangile du Christ. En général, ils ont plutôt été reconnaissants qu’on se soucie d’eux au point de partager quelque chose d’aussi personnel et important.

Plus souvent qu’on ne le voudrait, certains disent à des collègues de travail : « Fais gaffe, c’est un mormon. » Quand vous entendez cela, c’est presque toujours parce qu’un membre de l’Église a feint une amitié en partant de la fausse idée qu’il faut « préparer » les gens avant de les inviter. Cette perception suscite une méfiance envers les membres de l’Église, comme si les « mormons » avaient toujours une arrière-pensée. Nous devons être honnêtes, aimants et directs. Telles sont les voies de Dieu.

Qu’est-ce qu’une réussite ?

Bien que les Taylor aient reconnu beaucoup de vérité et de bonté dans notre Église, ils ont décidé après cinq ou six leçons qu’ils ne voulaient pas être baptisés. Même si nous savions que beaucoup de personnes qui arrêtent les leçons missionnaires réécoutent et acceptent l’Évangile plus tard, nous étions déçus. Mais tout cela nous a appris une troisième leçon de grande valeur : nous nous sommes rendu compte que nous avions réussi en tant que missionnaires. Les Taylor sont devenus de bons amis et nous leur avons donné l’occasion de comprendre plus profondément l’Évangile de Jésus-Christ. Qu’ils entrent dans les eaux du baptême ou non, ils ont fait un pas dans leur propre progression éternelle et ils ont fait certains choix importants et corrects.

Mon ami Ben m’a raconté ce qui suit à propos de ses tentatives missionnaires : « Tout d’abord, Clay, tu dis que tu ne peux pas prévoir à l’avance qui, parmi tous ceux que tu vas rencontrer, voudra en apprendre plus sur l’Évangile, c’est bien cela ? Ensuite, tu dis qu’en général, une personne sur quatre qui sera invitée dira oui. Cela veut dire que pour chaque oui, on entendra non trois fois. On est d’accord ? C’est justement ce que je trouve difficile, parce que je suis sensible à de telles choses. Si j’échoue la première fois, j’ai vraiment du mal à réessayer ».

Il a continué : « Mais j’ai trouvé un moyen de gérer ce paradoxe. J’ai promis au Seigneur que je trouverai quelqu’un qui dirait non à mon invitation. Parfaitement : quelqu’un qui dira non. Ça, c’est facile ! Et comme prévu, la première personne à qui j’ai demandé a dit non… et j’avais réussi ! Trouver quelqu’un qui dit non était bien plus facile que je ne l’aurais cru ! »

Ben s’est fixé un but de trouver trois personnes de plus qui diraient « non ». La personne suivante a surpris Ben en acceptant son offre ! C’était tout ce qu’il fallait pour Ben. Il a appris qu’inviter des personnes est vraiment facile parce qu’inviter est une réussite en soi, quel que soit le résultat.

Un succès en entraîne un autre. Ma foi s’approfondit à chaque fois que j’invite quelqu’un. Voici pourquoi s’engager à se contenter d'inviter, comme l’a fait Ben, peut être si important : parce que cela nous aide à sentir pousser la semence (voir Alma 32). Et lorsque la semence pousse, nous commençons à croire que Dieu peut en réalité nous aider à trouver quelqu’un qui suivra les leçons missionnaires, à condition que nous fassions notre part en l’invitant. Cette découverte m’a grandement facilité l’œuvre missionnaire.

J’ai pu approfondir ma compréhension de ce principe il y a quelques années en discutant avec un collègue de travail, Wes Lambert. Wes parlait de l’influence des membres de l'Église dans sa vie, alors qu’il étudiait à l’École de commerce de Harvard. « Grâce à vous tous, j’ai décidé qu’habiter avec ma petite amie n’était pas correct et nous nous sommes donc mariés. Quand j’ai vu à quel point vos enfants vous apportaient de la joie, nous avons décidé d’avoir des enfants — nous en avons deux maintenant. Quand j’ai vu comment vous ne travailliez pas le week-end pour mettre en premier votre famille, j’ai moi aussi arrêté de travailler le week-end. J’ai même commencé à aller à la synagogue le samedi. Cependant, il reste encore une différence entre vous et moi. Il est clair que vous faites ce que vous faites parce que vous aimez Dieu. Moi, je pratique ma religion parce que je crains Dieu. »

Je lui ai répondu qu’il avait raison : nous faisons ce que nous faisons parce que nous aimons Dieu. Plus tard ce jour-là, par e-mail je l’ai invité avec sa femme chez nous afin de leur expliquer comment nous sommes arrivés à connaître et à aimer Dieu. J'ai promis à Wes qu’il pouvait aussi le connaître et l’aimer.

Quelques jours plus tard, j’ai vu Wes et je lui ai demandé s’il était intéressé. Il m'a remercié de me soucier autant de lui et de lui offrir une telle chose, mais a refusé en disant : « Nous sommes dévoués aux traditions de notre religion, et j’ai espoir de pouvoir y trouver ce que tu offres. »

J’étais anéanti. Mais au milieu de ce sentiment, une impression forte m’est parvenue, presque comme si une personne invisible se tenait à mes côtés. J’ai ressenti que Jésus aimait Wes Lambert. Son amour pour Wes n’a pas du tout été affecté par le fait que Wes venait de rejeter l’occasion qui se présentait à lui d’apprendre à connaître le Sauveur. Jésus aimait Wes au point qu’il avait déjà souffert pour tous les péchés qu’il aurait pu commettre, si par miracle Wes acceptait le Sauveur quand la chance se présenterait. C’est pourquoi je sais qu’on réussit quand on invite.

Moroni a vu cela aussi :

« Et il arriva que je priai le Seigneur, afin qu’il donnât aux Gentils la grâce, afin qu’ils eussent la charité. Et il arriva que le Seigneur me dit : S’ils n’ont pas la charité, cela n’a pas d’importance pour toi, tu as été fidèle : c’est pourquoi tes vêtements seront purifiés » (Ether 12:36-37).

La plupart d’entre nous craignons l’échec, mais dès que nous apprenons que nous réussissons en tant que membres missionnaires lorsque nous invitons des personnes à apprendre et à accepter la vérité, une grande partie de la peur qui nous empêche de faire part de l’Évangile disparaît. Nous leur donnons l’occasion d’exercer leur libre arbitre. Certains emploient ce libre arbitre pour accepter l’Évangile, d'autres pas, et ce n’est pas grave. Les inviter est une réussite en soi.


Chapitre 2 : Susciter des conversations sur l’Évangile

Comment peut-on susciter une conversation sur notre Église avec quelqu’un, même si nous ne savons pas s'il s’intéressera ou pas à ce que nous avons à offrir ? Voici quelques habitudes très utiles.

Employer un vocabulaire religieux dans toutes les conversations

La première idée m'a été suggérée par un ami : employer un vocabulaire religieux dans mes conversations de tous les jours comme dans les exemples suivants :

« Je suis exténué. Je suis chef scout du groupe de ma paroisse et nous avons fait du camping hier soir. »

« Je vais régulièrement à l’église à Belmont, et un ami qui a fait un discours dimanche dernier a dit quelque chose qui m’a aidé à savoir exactement comment commencer cette présentation. »

« Quand j’étais missionnaire en Corée… »

Et ainsi de suite.

Lorsque j’emploie ce vocabulaire dans mes conversations, c’est comme si j’ouvrais une porte aux autres pour discuter de l’Église. La grande majorité n’y entre pas, bien sûr, et ce n’est pas grave. Cependant, parfois quelqu’un entre par cette porte en demandant : « Tiens, tu es donc mormon ? »

Je réponds : « Oui, je le suis et c’est une Église magnifique. Pourquoi me demandes-tu cela ? » J’ai trouvé qu’il est utile de demander « Pourquoi me demandes-tu cela ? » plutôt que de donner des informations qui n’intéressent pas la personne. Ainsi, nous pouvons parler de ce qui l’intéresse, elle. La plupart du temps, l’intérêt n'est que passager. Mais parfois la personne montre davantage d’intérêt, ce qui me permet de l’inviter à avoir une discussion plus approfondie.

Il est important de supposer que la plupart des gens n'iront pas au-delà d'une conversation ordinaire. En supposant que seulement 5 % des gens auront un intérêt quelconque pour l'Église, cela signifie que si je suscite une conversation sur l’Église avec vingt personnes, l'une d’elles manifestera de l’intérêt. Or, je ne peux pas prédire de quelle personne il s'agit. Et si je suscite une conversation avec cent personnes, cinq d’entre elles manifesteront de l'intérêt. Et ainsi de suite. C’est la raison pour laquelle il est si important d’inclure l’Évangile dans nos conversations, de façon ouverte et pragmatique.

Ce qui nous intéresse ne les intéresse pas nécessairement

Quand quelqu’un dit : « Parlez-moi de votre Église », nous donnons souvent une réponse doctrinale comme la famille éternelle, les prophètes modernes, les Écritures, etc. Tout cela a du sens pour nous, car la doctrine est la raison pour laquelle nous sommes membres de l'Église plutôt que d’une autre. Mais chez les convertis, si la doctrine prend peu à peu de l'importance, ce n’est généralement pas la raison première de leur intérêt pour l’Église.

En 1975, l’Église a fait un sondage parmi les nouveaux convertis pour identifier la caractéristique de l’Église qui les a prioritairement attirés (voir Ensign, octobre 1977). Voici ces caractéristiques dans l'ordre décroissant :

1. Le sentiment d’intimité avec Dieu qu'ils souhaitaient vivre à leur tour après l'avoir observé chez des membres de l'Église.

2. Le bonheur et le sentiment de paix qu’ils voulaient obtenir après les avoir observés chez des membres de l'Église.

3. Inspirés par des membres de l'Église, ils recherchaient un sens meilleur à leur vie et une direction à suivre.

Seuls 9 % des nouveaux convertis ont dit que la doctrine était ce qui avait suscité leur intérêt pour l'Église. C'est généralement plus tard, après leur baptême s'ils restent pratiquants, que la doctrine renforce les liens des convertis avec l'Église. Au départ, ce n’est pas ce qu’ils recherchent.

Tout cela signifie que lorsque quelqu’un nous pose une question sur notre appartenance à l'Église, nous devrions, la plupart du temps, ne pas mentionner tous les points de doctrine que affectionnons. Personnellement, je préfère répondre par une question comme : « C’est une Église magnifique. Pourquoi me demandes-tu cela ? » Si mon interlocuteur n'a rien de particulier à l'esprit, je parle de l’un des trois sujets mentionnés plus haut. S’il a quelque chose de particulier à l’esprit, je réponds de façon plus spécifique.

Séparation

J'utilise la troisième habitude avec les personnes que je connais bien. Je crée une cloison entre mon invitation à en apprendre plus sur l’Église et ma relation avec la personne que j'invite. Je le fais en employant un langage comme celui-ci : « Scott, je vais te poser une question. Mais avant que je ne la pose, il faut que nous soyons d’accord qu’elle n’influencera pas notre amitié si le sujet ne t’intéresse pas. D’accord ? » Quasiment à chaque fois, mes amis me rassurent en disant qu’il n’y a pas de problème. Je dis ensuite : « Comme tu le sais, je suis membre de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Ça fait un moment que j’ai l’impression que certains aspects de l’Église pourraient t’intéresser. Si à un jour cela t’intéresse, je serais ravi de t'en parler. »

En formulant mon invitation de cette manière, mon interlocuteur se sent libre de la rejeter sans que notre relation soit remise en question. D’ailleurs, qu’ils s’y intéressent ou pas, la plupart du temps les gens me remercient de leur avoir manifesté de l'intérêt.

Découvrir leurs questions

Beaucoup d'églises catholiques et protestantes sont vides par manque de fréquentation. Lors d'une rencontre avec un homme que j’ai connu il y a plusieurs années, Stephen Spencer, j’ai pu vérifier le désintérêt pour la religion qui caractérise les pays développés. C'est d'ailleurs une manière d’engager une conversation sur l’Évangile que de poser des questions sur le désintérêt de notre interlocuteur pour la religion.

Lors de notre première conversation, j’ai employé un vocabulaire religieux et, pour vérifier, il m'a demandé : « Vous êtes donc mormon ? »

C’est exact, ai-je répondu. Pourquoi me demandez-vous cela ? C’est une Église magnifique.

Par curiosité. Ça doit faire à peu près trente ans que je ne suis pas allé l'église. »

Plutôt que d’essayer d'encourager Stephen d'assister à un office religieux, chez nous ou ailleurs, je lui ai demandé : « Quel est votre point de vue sur la raison de la désaffection généralisée des églises ? N'auraient-elles pas la réponse aux questions fondamentales de l'existence ? »

Stephen m'a répondu qu’il aurait besoin de temps pour faire une liste réfléchie de ces raisons.

Je lui ai dis : « Je serais ravi d'en discuter parce que moi aussi j’y réfléchis beaucoup. Et si mon appartenance peut apporter un éclairage à notre discussion, je le proposerai. » Stephen a accepté et nous avons fixé un rendez-vous tôt la semaine suivante.

Lorsque nous nous sommes retrouvés, j’ai été surpris : Stephen me posait de très bonnes questions sur le sens de la vie, sur la nature de Dieu, etc. Il a dit : « Pendant mes études universitaires et mes études supérieures, les Églises que je fréquentais n’arrivaient pas à répondre à mes questions. J'ai donc cessé d’y aller et je cherche maintenant mes réponses plutôt dans la philosophie et les sciences. Mais, pour être franc, ces disciplines n’y répondent pas mieux que les Églises. »

Nous avons commencé au début de la liste de Stephen. J’ai posé des questions sur sa première question pour comprendre quelle importance elle avait pour lui et pourquoi il ne se satisfaisait pas des réponses proposées par les autres. Ensuite, j’ai puisé la réponse à sa première question dans le Livre de Mormon et la lui ai expliquée.

Je vis qu’il barrait la première question de sa liste. « Pourquoi l’avez-vous barrée ? lui ai-je demandé.

Vous y avez répondu », a-t-il dit.

Pour continuer l'examen de son questionnaire, nous avons planifié les discussions suivantes en prévoyant la présence des missionnaires. Lorsque le moment est venu de son entretien de baptême avec les dirigeants de zone, nous avons fait la liste des points habituellement enseignés au cours des quatre premières leçons missionnaires et avons été ravis de découvrir que nous avions déjà parlé de chacun des principes, mais dans l'ordre des questions de Stephen (voir le manuel « Prêchez mon Évangile », p. 21, 196, 202, 204, 206).

Aujourd’hui, si quelqu’un me pose une question sur l'Église, je ne lui dis pas ce que je veux qu’il sache, moi. Je demande plutôt : « Est-ce que vous vous posez des questions sur la religion, ou y-a-t-il des questions auxquelles vous ne trouvez pas de réponse satisfaisante ? » En fin de compte, beaucoup de gens se posent des questions, mais la plupart ont abandonné l’idée que les Églises puissent y répondre. Du coup, nous supposons que la religion ne les intéresse pas, alors qu'en réalité des questions importantes les préoccupent.

Expliquer le rôle des questions

Un ami m’a dit une fois : « Je ne comprends pas. Les mormons que je connais sont des gens biens et sensés. Ce qui me dépasse, c’est comment des gens si bien peuvent croire à une Église aussi étrange ! » J’en ai conclu que le meilleur moyen de résoudre ce paradoxe était d’examiner les questions que les gens se posent plutôt que nos réponses. Bien qu’il n’existe pas une réponse idéale à la question de mon ami, ce qui suit montre l'importance des questions pour expliquer l'Église.

« Évidemment, je ne suis jamais allé au paradis, lui ai-je dis. Mais quand j’essaie de me l’imaginer, l'idée d'une bibliothèque m’aide : Imaginons que Dieu ait construit au paradis une bibliothèque énorme. Les rayons de cette bibliothèque sont remplis de livres pleins de vérités, de sagesse et de réponses. La plupart de ces livres n’ont jamais été empruntés. On se demande pourquoi ces ouvrages sont entreposés dans une bibliothèque céleste plutôt que d’être distribués parmi la population humaine ?

La raison est que les gens n’apprennent que lorsqu’ils sont prêts à apprendre, et non pas quand nous sommes prêts à les enseigner. Si Dieu ordonnait à un bibliothécaire céleste de chercher sur l’étagère la réponse à la question n°23 et de l’envoyer à quelqu'un ici-bas, la réponse passerait inaperçue. Quand on se pose une question, par contre, c’est comme si on avait un Velcro sur le cerveau là où il faut la réponse. Quand la réponse est diffusée, elle vient se coller au Velcro, exactement là où il la fallait. La règle est donc la suivante : n’importe qui sur terre peut emprunter un livre, mais il doit auparavant se poser la question correspondante. »

Je racontai ensuite à mon ami que trois siècles après la mort du Christ, les dirigeants de l’Église chrétienne primitive ont déterminé et annoncé que Dieu avait déjà donné toutes les réponses. Croyant avoir tout reçu, on n’était plus obligé de poser de questions à Dieu. Quand on a arrêté de poser des questions, la révélation des cieux s’est arrêtée. On n’avait plus besoin de prophètes. Les dirigeants d'alors ont éteint la lumière et plongé l’humanité dans l’âge des ténèbres.

Les réformateurs tels que Luther, Wesley et Calvin ont commencé à poser des questions sur les réponses décidées plusieurs siècles auparavant. Ils ont créé des Églises qui différaient les unes des autres par leur façon d’interpréter ces réponses. Ces hommes ont fait énormément de bien en mettant la Bible à la disposition de tous dans la langue de chacun et en la commentant. Mais ils n’ont pas remis en question l'idée avancée par les premiers dirigeants selon laquelle à leur époque toutes les réponses avaient déjà été données à l’humanité.

Ensuite, je racontai à mon ami qu’en 1820, dans le nord de l’État de New York, un jeune homme de quatorze ans, Joseph Smith, a prié pour poser à Dieu une question simple : à laquelle de toutes les confessions religieuses il devait se joindre. Dieu et son Fils Jésus-Christ sont descendus des cieux pour lui donner personnellement la réponse de ne se joindre à aucune de ces confessions, car elles étaient toutes dans l'erreur. Un garçon simple avait posé une question simple et avait reçu une réponse simple.

Pendant les trois années suivantes, Joseph n’a plus reçu aucune réponse de Dieu parce qu’en gros il ne posait plus de questions. Puis, en 1823, à l’âge de dix-sept ans, Joseph a prié de nouveau avec une question qui, dans le langage d’aujourd’hui, revenait essentiellement à ceci : « Désolé de t’avoir perdu de vue, mais je ne sais pas trop qui doit faire le premier pas. Y a-t-il quelque chose que tu veux que je fasse ? » Immédiatement, un ange, Moroni, est apparu et a répondu à la question de Joseph sur ce que Dieu voulait qu’il fasse et pourquoi.

Je trouve intéressant que les bibliothécaires célestes n’aient pas pris un haut-parleur pour annoncer : « Ca y est, on a trouvé notre gars ! Vidons la bibliothèque et envoyons-lui tout ce qu’on a ! » Plutôt que cela, à maintes reprises au cours des vingt années qui ont suivi, Joseph Smith a dû poser à Dieu des questions auxquelles il ne connaissait pas la réponse et auxquelles Dieu a répondu en complétant certaines des réponses déjà données et en révélant des vérités supplémentaires. Mais Dieu n'a pas tout révélé d'un bloc à Joseph mais lui a fait comprendre qu’il y avait encore des choses grandes et importantes à lui révéler concernant le royaume de Dieu (cependant qu'il continuait à poser des questions).

J’ai expliqué à mon nouvel ami que de même que l’œuvre de Luther, de Wesley, de Calvin et d’autres est appelée la Réforme, celle de Joseph Smith et de ses successeurs est appelée le Rétablissement — le rétablissement de l’Église originelle de Jésus-Christ. Joseph Smith posa des questions dont les réponses n'étaient pas encore à la disposition de l'humanité. Depuis, nous en avons appris bien davantage sur le plan de Dieu pour l'humanité que pendant les dix-huit siècles suivant le décret qu’il ne restait plus ni réponse ni question. La différence essentielle entre les autres Églises et la nôtre n’est pas celle de l’orthodoxie contre la non-orthodoxie. Il s’agit plutôt d’une différence dans la profondeur et l’ampleur de notre compréhension du plan de Dieu pour l'humanité. Cela vient de la qualité des questions posées. Curieusement, la raison pour laquelle certains qualifient le l'Église d'« étrange » est qu'en réalité nous sommes uniques ! Nous ne croyons pas que Dieu a déjà donné toutes les réponses à l’humanité, et nous continuons par conséquent à lui poser des questions.

« Je vois, a rétorqué mon ami. Mais ça ne vous dérange pas que tout cela dépende de l’histoire d’un adolescent de quatorze ans dialoguant avec Dieu et des anges ? Je trouve que c’est quand même une histoire difficile à croire.

J'ai répondu : « Imaginez que vous soyez au ciel et que vous vouliez donner des vérités et des réponses à l’humanité. Choisiriez-vous comme porte-parole sur terre quelqu'un qui est convaincu que le ciel a déjà répondu à toutes les questions, ou préféreriez-vous quelqu’un à l’esprit neuf et curieux, avide de réponses ? Préféreriez-vous un diplômé en théologie ou un simple garçon ? »

J’ai résumé ensuite le C.V. des personnes appelées par Dieu à être prophètes. Nous n’avons de détails que pour certains, dont Énoch, Moïse, Samuel, Saul, David, Jérémie et Amos. J’ai raconté leur histoire en remplissant un tableau aux en-têtes de colonne suivants : Quel âge avait-il ? Quelle a été sa réaction en recevant l’appel de Dieu à devenir prophète ? Le prophète en savait-il beaucoup sur Dieu ou sur son plan au moment de son appel ? Si on les connaît, quels étaient son acquis scolaire et sa profession ?

Cet exercice a révélé un modèle intéressant : Tous sauf un étaient des garçons ou des jeunes hommes au moment de leur appel. Tous ont été surpris de leur appel et certains ont même essayé de convaincre Dieu qu’il n'avait pas choisi la bonne personne. La plupart étaient bergers ; ils ne savaient pas grand-chose sur Dieu ou sur ses enseignements aux prophètes précédents. Dieu les a par la suite transformés en orateurs et dirigeants puissants.

Je lui dis ensuite : « Vu ce modèle, l’affirmation qu'au cours des années 1820 Dieu et des anges sont apparus à un jeune-homme simple et peu instruit que Dieu a appelé à être son prophète pour le monde est l’évènement le plus crédible de l’histoire de la religion depuis plus de dix-huit siècles. Dieu avait accès aux meilleures personnes du monde. Pourquoi choisirait-il un simple garçon ? »

Mon ami a répondu : « Parce qu’il poserait beaucoup de questions, je suppose. »

Qu’est-ce qui rend l’Église si différente ? C'est parce que de nouveau des questions ont été adressées au ciel. En tant qu’Église et en tant que membres de l'Église, nous en savons beaucoup plus sur le plan de Dieu pour l'humanité que ceux qui prétendent que les bibliothèques célestes n'ont plus rien à révéler et sont fermées depuis des siècles. Non seulement notre histoire est crédible, mais elle est vraie.

Puisque Dieu donne des réponses lorsque nous posons des questions, cela nous révèle quelque chose sur l'oeuvre missionnaire : Les gens apprennent quand ils sont prêts à apprendre, pas simplement quand nous sommes prêts à les enseigner. Connaître les questions qu’ils se posent sur la religion me permet de constater que je suis entouré de beaucoup plus de personnes religieuses que je ne le croyais, car ils ont tous des questions.

L’une des choses que j’aime le plus à propos de l'Église est l’importance des questions. On nous encourage à tous les niveaux de l’Église à nous demander s’il existe un meilleur moyen d’établir le royaume de Dieu (voir D&A 58:26-29). À propos du Seigneur, l'affirmation « Nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e Article de foi) ne comporte pas de date d’expiration.


Chapitre 3 : L'oeuvre missionnaire auprès des personnes prospères

Depuis longtemps on sait que quand les gens vivent dans des circonstances difficiles qui les amènent à être humbles, ils sont plus enclins à écouter l’Évangile de Jésus-Christ (voir Alma 32). Puisqu'ils ont tendance à accepter l’Évangile, le Seigneur a décidé que rétablissement de l’Évangile reposerait sur les faibles et simples (voir D&A 1:19-22).

Une raison pour lesquelles l'oeuvre missionnaire a tant de succès chez les gens humbles est que, en tant que membres de l’Église, nous sommes un peuple serviable et généreux. Nous invitons ces personnes à entrer dans l’Église en leur montrant comment l’Évangile nous aide et comment il les aidera aussi.

En revanche, l’œuvre missionnaire auprès des personnes prospères demande souvent une approche différente. Le constat est le suivant : les gens qui vivent confortablement ressentent parfois le besoin de s’affilier à une Église. Mais la plupart du temps, nous aurions plus de succès avec eux en leur montrant que nous, membres de l’Église, avons besoin de leur aide.

Bien que cette idée semble paradoxale à première vue, elle reflète un mécanisme fondamental de conversion qui a été exprimé par le Sauveur : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. » (Marc 8:35)

Autrement dit, nous devons donner l’occasion de perdre leur vie au service de l’Évangile non seulement aux gens humbles, mais aussi aux gens prospères. Bien que beaucoup de personnes prospères et aisées ne croient pas avoir besoin de religion, elles ressentent presque toutes le besoin d’aider autrui.

Voici un exemple qui illustre ce principe. J’ai grandi à Rose Park, un quartier sympathique près du centre-ville de Salt Lake City. Quand j’étais petit, mon père était instructeur au foyer d’un homme qui s’appelait Phillip Strong. Phil avait été baptisé quand il était petit, mais il détestait l’Église. Chaque mois, mon père emmenait l’un de mes frères ou moi pour ses visites. Nous frappions à la porte de Phillip. Phillip venait sur le perron et chassait mon père en menaçant d’appeler la police. Et chaque mois, mon père revenait frapper à sa porte et se faisait renvoyer.

Un novembre, une pluie torrentielle s’est déversée sur Salt Lake City. Le vent soufflait si fort qu’il enleva une bonne partie du toit du bâtiment principal de Welfare Square. Quelqu’un appela mon père, qui faisait partie de l’épiscopat de notre paroisse, pour voir s’il pouvait rassembler un groupe d’hommes pour aller à Welfare Square résoudre le problème. Mon père quitta donc le travail en avance et alla de porte en porte pour trouver des bénévoles. La plupart des personnes acceptèrent d’y aller. Puis il arriva devant chez Phillip Strong. Il se trouvait que Phillip Strong était ouvrier qualifié. Mon père allait passer directement à la maison suivante, mais il s’arrêta et dit : « Non, il faut que j’invite Phillip Strong. »

Il frappa à la porte et, comme chaque mois, se fit inviter à quitter précipitamment les lieux. Mais papa lui dit : « Phillip, je ne demande pas que vous veniez à l’Église. J’ai besoin de votre aide. » Il expliqua le problème et ajouta : « J’ai un groupe de personnes, mais vous êtes le seul qui sache gérer ce genre de problème. Pourriez-vous venir juste pour superviser le travail ? »

Phillip accepta.

Les hommes y sont allés vers 17h. Il fallait illuminer le site. La pluie continuait de tomber et le vent soufflait très fort. Ils ont travaillé jusqu’à 23h sur la toiture gelée. Mon père dit qu’à chaque fois qu’il enfonçait un clou dans le papier goudron, il avait l’impression d’enfoncer figurativement un clou dans le cercueil spirituel de Phillip, tellement la tâche était misérable.

Cependant, lorsqu’ils descendirent tous du toit, Phillip mit son bras autour des épaules de mon père et dit : « Ça fait vingt ans que je ne me suis pas senti aussi bien ! » Deux semaines plus tard, Phillip Strong est venu à l’Église. C’était le début de son retour. Par la suite, Phillip Strong et sa famille ont amené de nombreuses personnes à l'église de Rose Park et ont fortifié leur foi.

Notez la différence : Quand mon père disait en substance à Phillip : « Phil, tu as besoin de l’Église », Phil le renvoyait sans ménagement. Mais dès que le message a été : « Phillip, l’Église a besoin de toi », il a immédiatement répondu favorablement.

En lien avec ce principe je vais, dans les pages qui suivent, raconter des expériences vécues par des amis, des membres de ma famille ou moi-même. Je les raconte pour montrer que nous avons besoin de nos amis qui ne sont pas encore membres de l’Église et que ces derniers sont prêts à nous aider. Je vais raconter ces expériences à la première personne, même quand elles ont été vécues par d'autres. Je vais ainsi leur prêter ma voix et leur éviter de l'embarras.

Presque chaque appel que nous acceptons dans l’Église peut être vu comme une occasion missionnaire. Dans le cadre de notre appel, nous pouvons inviter des gens qui ne sont pas encore membres de l’Église à se joindre à nous dans le service du Seigneur. Nous pouvons le faire avec l’assurance que, tout comme nous ressentons l’Esprit en servant, nos amis peuvent ressentir ce même Esprit et se rendre compte que malgré leur prospérité, il manquait quelque chose à leur vie.

J’espère que ces expériences donneront une vision du champ de possibilités dont nous disposons.

Jim, qu’on le veuille ou non, c’est ça l’Église

J’étais instructeur au foyer d’une sœur âgée de notre paroisse. Un samedi en juillet, nous avons vécu toute la lourdeur d’un été à Boston : il faisait presque 40 degrés et l’humidité dépassait les 90 %. Je me sentais mal. Je me suis dit qu’il fallait que je rende visite à Julia pour vérifier que tout allait bien. En entrant dans sa maison, j'ai été surpris et j’ai dit à Julia, qui avait perdu le sens de l’odorat : « Ça sent la mort dans cette maison ! Quelle est cette odeur pestidentielle ? » Nous avons suivi l’odeur jusqu’au sous-sol où nous en avons découvert la cause. Le Noël précédent, le fils de Julia, qui vivait en Floride, lui avait expédié une caisse de pamplemousses. Julia avait mis la caisse dans le vieux réfrigérateur au sous-sol et l'avait aussitôt oubliée. Quelque temps après, elle avait entendu une annonce suggérant que tout appareil inutilisé devait être éteint. Julia était donc descendue et avait débranché le réfrigérateur. Au cours des mois, les fruits avaient pourri et la moisissure s’était répandue partout. « Julia, il faut qu’on sorte ce frigo de votre maison et qu’on l’apporte à la décharge », ai-je dis.

Rentré chez moi, j’ai appelé tout le monde sur le répertoire de paroisse mais personne n’était disponible. Désespéré, j'ai demandé de l'aide à mon voisin Jim. Plusieurs fois déjà j’avais demandé à Jim s’il souhaitait en apprendre plus sur l'Église, mais il avait toujours aimablement refusé. En revanche, à cet appel au secours, il a répondu sans hésiter.

Non seulement il faisait chaud et humide ce jour-là, mais en plus il nous fallut deux heures de dur travail pour venir à bout de notre tâche. Le vieux réfrigérateur était très lourd et plus large que l’escalier branlant qui comprenait deux virages serrés. Nous avons dû enlever la balustrade, puis enlever la porte du réfrigérateur. Nos vêtements ont très vite été trempés, tellement nous transpirions. Après être arrivés au premier virage de l’escalier et avoir posé le réfrigérateur sur le palier, Jim m'a dit : « Bon, parle-moi de ton Église. »

En m’essuyant le front, j'ai répondu : « Franchement, Jim, qu’on le veuille ou non, c’est ça l’Église. » J’ai expliqué ensuite comment fonctionne le service pastoral, j’ai mentionné combien cette sœur avait besoin de nous, et j’ai raconté comment nos propres frères du service pastoral avaient aidé ma famille. Je lui ai raconté aussi que comme les étudiants emménageaient et déménageaient tout le temps dans notre quartier, notre famille était souvent en train de charger ou décharger un camion de déménagement.

Jim était incrédule. Il a dit : « Dans notre Église, on écoute le sermon et on rentre chez nous. Je ne sais pas le moins du monde qui pourrait avoir besoin de moi, et personne n’a le moyen de savoir si j’ai besoin d’aide. J’aime ce genre de chose. La prochaine fois que vous les mormons avez besoin d’aide, pourriez-vous me la demander ? »

Bien que j’aie essayé par le passé de parler de religion avec Jim, il n'avait jamais été intéressé. Ce qui l'intéressait, c'était d’aider les autres. À occasion Jim a ressenti ce qu’il avait rarement ressenti dans son Église, et par la suite il a accepté notre invitation à suivre les leçons missionnaires.

Tom, qui ne savait pas qu’il était intéressé

Il y a quelques années, j’ai fait la connaissance de Tom Singleton et l’ai invité à participer à nos matches de basket du samedi matin – nous nous réunissions à 7h à l'église. Tom a commencé à venir et il semblait apprécier la camaraderie. J’ai pensé que Tom serait un bon candidat pour les leçons missionnaires et lui ai demandé s’il voulait les suivre. Il a répondu : « Si je dis que ça ne m’intéresse pas, vous me laisserez continuer à faire du basket avec vous ? »

« Bien sûr », ai-je répondu.

Tom a ajouté avec sa franchise typique : « Tant mieux. Ça ne m’intéresse pas. »

Tom a continué à jouer avec nous. Il semblait tellement aimer les matches avec les frères de la paroisse que quelques mois plus tard je l'ai invité à nouveau à venir chez nous pour apprendre ce qui nous motive.

« Est-ce que les règles ont changé ? A demandé Tom.

Quelles règles ? Ai-je répondu.

Tu m’avais dit que je n’avais pas besoin de devenir membre de ton Église pour faire du basket.

Bien sûr que non, tu n’es pas obligé, Tom. On est heureux de t’avoir. Je pensais seulement que tu voudrais peut-être savoir ce que tous ces hommes ont en commun, ai-je dit.

Merci, mais vraiment, ça ne m’intéresse pas. »

A ce moment-là, un nouveau missionnaire venait d'arriver dans notre paroisse. Il avait toujours été difficile de trouver de nouvelles personnes à enseigner dans notre région, et par conséquent ce jeune missionnaire n’avait rien enseigné au-delà de la première leçon pendant les trois premiers mois de sa mission. Quelques semaines plus tard, après un match de basket, j'ai pris Tom Singleton à part. Je lui ai dit : « Tom, je sais que te convertir ne t’intéresse pas. Mais je me demande si tu pourrais m’aider. Tout comme lorsque j’étais missionnaire en Corée, de jeunes missionnaires sont affectés ici pour enseigner. Ils sont censés se former pour être en mesure d'enseigner une série de leçons à ceux qui s’intéressent à notre Église. Le problème est que tout le monde dans cette région semble être solidement catholique comme toi. Personne n’est intéressé. Sans personne à enseigner, ils n’ont pas réussi à apprendre ces leçons mais il faudra qu’ils soient prêts pour le jour où ils rencontreront quelqu’un qui est curieux d'apprendre. Serait-il possible que ces hommes viennent chez toi pour travailler leurs leçons avec toi ? Je veux que tu sois dur avec eux — on veut que l’entrainement soit aussi réaliste que possible. » Tom a accepté l’invitation.

J’ai expliqué la situation aux missionnaires — que Tom n’était pas intéressé par l'Église mais qu’il avait offert de les aider à répéter les leçons. Je leur ai dit d’être aussi sincères que possible. Je les ai accompagnés à la première leçon pour vérifier qu’ils suivaient cette recommandation. À la fin de la première leçon, le deuxième collègue a sorti un exemplaire du Livre de Mormon et l’a offert à Tom et à sa femme, Ann, en disant : « Voudriez-vous lire ce livre ? » À notre grande surprise, ils l’ont accepté et ont dit qu’ils le liraient. Ils l’ont fait, et ils ont fini par être baptisés.

Quand mon invitation était centrée sur son intérêt pour l’Église, elle n'avait pas d'effet. Mais dès que je lui ai demandé de l’aide, il a répondu positivement. Lui et sa femme ont beaucoup apporté à notre paroisse.

Un œil de mouche, une tige en acier soudé et de l’alcool

Quand j’étais dans la présidence des Jeunes Gens de ma paroisse, chargé de superviser les prêtres, nous avions consacré le troisième mardi de chaque mois à une soirée d’orientation. Nous retrouvions un membre de la paroisse sur son lieu de travail où il nous montrait et nous expliquait en quoi consistait son métier.

À cette époque, l’un des meilleurs scientifiques de mon entreprise, Mark, semblait en vouloir aux membres de l'Église, et il profitait de chaque occasion pour tourner en dérision l’Église, quelle que soit la conversation.

Un dimanche avant une soirée d’orientation prévue, le frère qui devait nous présenter sa profession a dû annuler à cause d’un voyage d’affaires de dernière minute. Le lendemain, j’ai parlé à Mark de l'activité d’orientation et lui ai dit que notre prochain présentateur ne pouvait plus le faire. « Mark, je suis désolé de vous le demander à la dernière minute, dis-je, mais serait-il possible que vous expliquiez la science des matériaux à nos garçons demain soir si on les amène ici à votre laboratoire ?

Avec plaisir, a-t-il répondu. À quelle heure arrivent-ils et à quelle heure doivent-ils avoir terminé ? »

Le lendemain soir nous avons eu l’activité probablement la plus passionnante de toute l’histoire de notre programme pour les jeunes. Mark était expert dans l’utilisation du microscope électronique et nous a expliqué que quand on recouvre d'or l’échantillon à observer, la clarté de l’image était décuplée. Mark avait tué une mouche et avait pulvérisé dessus une fine pellicule d’or. Nous avons passé deux heures à étudier l’œil d’une mouche avec un microscope électronique. Chaque prêtre est reparti, décidé à devenir scientifique.

J’ai rencontré un autre homme qui était chef d’un atelier de soudage. Je lui ai demandé d’apprendre à mes prêtres à souder. Quand nous sommes arrivés, il avait découpé des tiges en morceaux et en a distribué un échantillon à chaque garçon. Il avait prévu d’en faire un de moins que nécessaire pour pouvoir montrer aux garçons comment couper une tige en acier à l’aide d’un chalumeau. Il a passé la soirée à aider chaque garçon à souder ses tiges pour fabriquer un tabouret à emporter chez eux. Ces tabourets étaient vraiment bien, et ces adolescents de dix-sept ans rayonnaient de fierté lorsque nous sommes partis. Quand j’ai voulu payer mon ami pour tout l’acier que nous avions utilisé, il a refusé et m'a remercié de nous être intéressés à son travail.

Une autre fois, j’ai demandé à un policier d'expliquer son travail aux garçons. Entre autres choses, il leur a présenté le protocole pour appréhender les conducteurs soupçonnés d’être en état d’ivresse. Il avait apporté une bouteille de bourbon et en a pris une gorgée (un acte plutôt inhabituel chez un membre de l'Église !) pour que les garçons puissent sentir son haleine pour apprendre à jauger le taux d’alcool.

Dans tous les cas, ces activités avec mes amis non-membres ont été de qualité. On ne leur avait jamais demandé une telle chose auparavant, et ils semblaient être flattés que les garçons s’intéressent à leur métier. Aucun de ces amis n’est encore membre de l'Église, mais ils ont une idée de l’essence de notre religion et ils l'ont reçue de façon bien plus marquante que s’ils avaient simplement lu quelque chose sur nous.

Le meilleur samaritain

Il y a quelque temps, j’ai appelé mon amie Susan, qui n’était pas membre de l'Église, et lui ai demandé : « J’enseigne un cours pour les enfants de neuf ans à notre Église. Dans deux semaines, je devrai leur enseigner l’une des leçons les plus importantes de l’année : celle du Bon Samaritain. Susan, tu es l’un des meilleurs exemples de bon samaritain que je connaisse. Voudrais-tu m’aider à préparer et à enseigner cette leçon ? » Susan ne croyait pas mériter un tel compliment mais elle a accepté avec plaisir.

À la fin de notre rendez-vous où Susan et moi avons préparé la leçon, je lui ai dit : « Une des pratiques de notre Église est de terminer un discours ou une leçon par un témoignage, c’est-à-dire une déclaration de notre conviction personnelle sur le sujet. Je rendrai probablement un témoignage simple sur mes sentiments personnels à propos du principe du Bon Samaritain. Ne te sens pas obligée de faire pareil, mais si tu veux le faire, je suis sûr que cela touchera certains des enfants.

Susan a répondu : « Si tu crois que les enfants en profiteront, je ferai de mon mieux. »

La leçon s’est très bien passée. Après mon témoignage, Susan a dit, les larmes aux yeux, comment elle se sentait à chaque fois qu’elle aidait quelqu’un d’autre. Pendant que nous rangions la salle, après le départ des enfants, Susan m'a remercié et m'a dit : « Je ne montre jamais mes émotions comme ça. En fait, je n’ai jamais ressenti ce que je ressens en ce moment. Ça t'arrive à toi aussi ?

Oui, ai-je répondu. Ce que tu ressens est l’Esprit de Dieu. C’est comme cela que Dieu te dit que ce que tu viens de dire est vrai.

Susan a ajouté : « Si jamais tu as besoin de quelqu’un pour t’aider à donner une autre leçon, je serais ravie de le faire. Je n’ai jamais ressenti une chose pareille ! »

Coordinateur du pain de la Sainte-Cène

Plusieurs mois après notre emménagement dans une grande paroisse, on m’a appelé comme coordinateur du pain pour la Sainte-Cène. L’appel consistait tout bêtement à apporter du pain le dimanche. Je ne m’étais pas rendu compte à quel point j’avais besoin de me sentir utile, et cet appel m’indiquait qu’on n’avait pas besoin de moi !

Peu de temps après, j’ai entendu quelqu’un à l’église dire que chaque appel, d’une manière ou d’une autre, peut se transformer en appel missionnaire. Je me suis alors dit : « Est-il possible que je transforme l’appel de coordonnateur du pain pour la Sainte-Cène en appel missionnaire ? »

Après quelques instants de réflexion, je me suis dit : « Je déteste faire du pain maison. Mais peut-être que je pourrais faire une liste de soeurs semi pratiquantes ou de femmes en dehors de l'Église qui aiment faire la cuisine. Je pourrais leur expliquer mon appel à l’Église et leur dire que je voudrais m’y engager à fond. Je leur dirais : Je ne veux pas seulement apporter du pain ; je voudrais apporter du pain fait-maison pour montrer au Seigneur que la Sainte-Cène est quelque chose de sacré et d’important pour moi. Pourriez-vous m’enseigner à faire le meilleur pain du monde, quelque chose que je serais fier d’apporter à la réunion de sainte-cène le dimanche ? »

J’ai décidé de tenter cette idée. Comme il faut laisser lever la pâte, cette tâche prenait environ trois heures chaque samedi. Aucune des femmes n’a refusé mon invitation, et elles avaient toutes préparé leur meilleure recette. Je suis vite devenu un fin connaisseur en panification. Mais plus important, cela m’a permis de disposer de trois heures pour parler de beaucoup de choses, y compris de l’Évangile.

Remplir un camion de déménagement

Tôt un samedi matin, j’étais en train de travailler avec cinq autres membres de notre paroisse. Nous chargions un camion de déménagement avec les meubles et autres biens de la famille Simpson. Ils déménageaient dans un autre État, et ils allaient nous manquer. Petit à petit, nous nous sommes rendu compte que les Simpson avaient beaucoup plus de choses à charger que ce qu’on avait prévu.

Plusieurs parmi nous avaient d’autres engagements ce jour-là et je me demandais comment nous allions finir le chargement avant de pouvoir partir. J’ai remarqué que Dave, le voisin des Simpson, était assis sur son perron et nous regardait en fumant sa cigarette. Je l’ai abordé, me suis présenté et lui ai dit : « Est-ce que vous pourriez nous aider ? Nous avons un peu de retard. »

— Bien sûr, a-t-il répondu en éteignant sa cigarette. Dave nous a été d’une très grande aide et, grâce à lui nous avons pu finir à l’heure. Une fois que tout le travail a été fait, nous avons tous serré la main de Dave pour le remercier de son aide. Dave a lors demandé : « Vous êtes qui au fait ? »

Je lui ai parlé de l’Église et du principe de l’entraide et lui ai dit : « Si vous avez un peu de temps et que cela vous intéresse, pourrais-je revenir vous parler davantage de notre religion ? C’est vraiment un groupe de personnes formidables.

Bien sûr. Je n’ai pas grand-chose à faire donc c’est quand vous voulez, je suis assez libre.

Dave a été baptisé par la suite, ainsi que ses enfants. Depuis, il est devenu travailleur au temple.

Le présentoir de dépliants

J’avais décidé qu’il nous fallait un présentoir à l'entrée de l'église pour y mettre des dépliants sur l’Église, pour que les membres de la paroisse puissent en donner à leurs amis. Mon voisin, qui était scientifique, avait comme passe-temps dans son garage le travail du bois et la construction de meubles. Je lui ai demandé de m’aider à trouver quelques idées pour concevoir un présentoir de dépliants. Il m'a demandé quelques dépliants pour avoir une idée de ce qu’il faudrait comme présentoir. Je lui en ai donné quelques-uns. Le lendemain soir, il a frappé à ma porte pour me montrer ses croquis. Son projet de présentoir était magnifique.

« Mel, lui ai-je dit, je n’avais pas l’intention de te demander ce niveau de travail. Je pensais que tu pourrais juste me donner quelques idées générales. Je suis vraiment reconnaissant de ce que tu as fait. »

Il m'a posé quelques questions puis m'a dit : « Laisse-moi garder ces desseins un jour de plus. Je voudrais changer quelques petits détails. »

Le lendemain soir, Mel a frappé à notre porte. Il avait en main tous les éléments du présentoir, coupés dans du bois de chêne.

« Mel, c’est beaucoup plus que ce que j’imaginais, ai-je protesté. Il ne fallait pas faire ça. Mais qu’est-ce que c’est beau ce que tu as fait ! Je vais pouvoir les assembler. »

Mel m'a montré comment tout devait s’emboîter, a posé quelques questions et a ajouté : « Je voudrais faire quelques petites modifications, je te les rapporterai demain. »

Le lendemain, Mel s'est présenté chez nous avec le présentoir entièrement assemblé, collé, poncé et ciré à la main. La conception et la réalisation du présentoir étaient absolument magnifiques.

Quand je lui ai exprimé mon émerveillement devant son ouvrage, Mel m'a demandé : « Est-ce qu’on peut l’installer dans ton église ce soir ? » J'ai répondu que j’avais déjà beaucoup abusé de sa gentillesse, mais Mel a rétorqué : « Écoute, je sais comment fixer cet équipement sur les murs de plâtre. Si ce n’est pas fait correctement, un gamin l’arrachera facilement. Viens avec moi et je te montrerai comment faire. »

À 21h ce soir-là, il y avait un beau présentoir plein de dépliants missionnaires à l’entrée de l'église. J’étais émerveillé de voir ce que Mel avait fait. Je lui ai fait une petite visite guidée du bâtiment. À la fin, nous nous sommes assis dans la salle de culte. Je lui ai un peu parlé de l’histoire du bâtiment puis nous avons parlé de ses questions sur l’Église.

De l’aide pour mon discours

Il y a quelques mois, on m’a demandé de donner un discours à la Sainte-Cène. Je suis la pire oratrice de la paroisse : je me fige quand je monte au pupitre. Mais cette fois-ci, j’ai demandé à mon amie Megan de m’aider. Elle n’est pas membre de l’Église, mais elle a toujours l’air sûre d’elle uand elle parle aux réunions de l'association de parents d’élèves. Je l’ai appelée et lui ai demandé si elle pouvait m’aider à faire un discours à la réunion de Sainte-Cène. Megan m'a répondu qu'elle m’aiderait avec plaisir. Une fois que j’ai eu fait un brouillon de mon discours, Megan est venue chez moi pour que je le répète. Megan m’a donné beaucoup de commentaires sur le contenu du discours, en particulier sur les points qui n’étaient pas clairs pour elle en tant qu'étrangère à l'Église. Elle m’a donné de très bons conseils sur mon élocution. Elle m’a beaucoup complimentée, je suis sûre qu’elle le faisait pour me donner confiance en moi.

Quand j’ai remercié Megan de son soutien et de son aide, elle m'a demandé : « Puis-je venir à la réunion pour voir quand tu le feras pour de vrai ? » J’ai été surprise mais lui ai répondu que j’en serais honorée.

À la fin de la réunion, Megan m'a dit : « Super ! Vraiment, bon boulot ! J'ignorais que l’Église mormone était comme ça. Si tu as besoin d’aide la prochaine fois, appelle-moi ! »

Dans quelle mesure ces principes s’appliquent-ils ?

L'expérience de ces personnes très diverses m'a appris que lorsque nos invitations à en découvrir davantage sur l’Église se concentrent sur la doctrine ou sur l'aide que l’Église pourrait apporter à ces gens, il n’y a pas de déclic car ce n’est pas ce que cherchent les gens prospères. Par contre, chez beaucoup de ceux qui sont satisfaits de leur vie, la lumière du Christ crée un besoin profond d’aider autrui. Tous les enfants de Dieu ont besoin de trouver le moyen de se perdre au service du Sauveur, et nous sommes bien placés pour les aider à le trouver. Or, ceci est en harmonie avec les pensées et les voies de Dieu.

Inviter les autres à nous aider leur permet de se sentir utiles, de se rendre compte que nous avons beaucoup en commun, et de ressentir l’Esprit. Quand ces sentiments surviennent, beaucoup de personnes finissent par se rendre compte qu'il manque quelque chose à leur vie. Quand nous aidons les autres à faire la volonté de Dieu, ils comprennent la nature de l’Église et de l’Esprit.

Grâce à la structure de l'Église, nous avons des occasions d’aider autrui 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous considérons ces occasions comme quelque chose de normal. Cependant, la plupart des autres personnes ne savent pas où trouver de telles occasions. Elles se contentent de leur vie, vivent parmi des personnes qui s’en contentent aussi, et elles fréquentent des Églises qui ne fournissent pas de telles occasions. En réalité, nous n’apprécions pas notre situation à sa juste valeur.

Quand mes amis vivent une bonne expérience en m’aidant, je mets en pratique les principes du chapitre précédent : je sépare notre amitié de mon invitation à en apprendre davantage sur l’Évangile en leur demandant de me promettre de dire « non » s’ils ne sont pas intéressés. Si je ne fais pas cela, ils peuvent croire que j’ai une arrière-pensée en leur demandant de l’aide. Je dois m’assurer aussi qu’ils savent que j’ai vraiment besoin de leur aide et que j’en suis reconnaissant.

Il y a plusieurs années, j’ai parlé des principes présentés dans ce chapitre avec Gary Crittenden, qui à l’époque était le président du pieu de Yorktown (dans l’état de New York), ainsi qu’avec les dirigeants de pieu et de paroisse. Ils ont décidé que le plans de mission de chaque paroisse devait se concentrer sur deux choses. Premièrement, ils ont demandé aux membres de participer à la vie d'organisations de leur collectivité afin de connaître beaucoup plus de personnes. Deuxièmement, ils ont demandé à chaque membre de leur unité de s’engager à inviter quelqu’un d'extérieur à l'Église à l’accompagner pour rendre un service pour l'Église. Le pieu couvre certains des quartiers les plus riches du monde, et ses statistiques de baptêmes avaient toujours été les plus faibles des pieux de la Mission du Nord de New York. Quand les membres du pieu ont commencé à demander aux gens de servir à leurs côtés, le nombre de baptêmes a triplé l’année suivante, faisant de ce pieu celui de la mission où il y avait le plus grand nombre de baptêmes, dépassant même les pieux dont la population vivait plus modestement.

Dieu n’a pas réservé aux membres pratiquants de l’Église la possibilité de ressentir l’Esprit. Ceux qui ne sont pas membres de l'Église et ceux qui sont non pratiquants ou semi pratiquants peuvent ressentir le même Esprit quand on leur donne l’occasion de s'oublier dans le service du Sauveur et de son Évangile.


Chapitre 4 : Faire part de la vérité au travail avec fierté et assurance

L'activité professionnelle, les études à l’école ou à l’université et toute activité dans une organisation civile sont des situations de notre vie où nous interagissons avec un grand nombre de personnes qui ne partagent pas notre foi. La plupart d’entre nous passons beaucoup de temps au travail et on croit souvent qu'il est délicat ou même déplacé de parler de l’Église avec les autres au travail. Parmi toutes les batailles de la guerre que nous livre l'adversaire, celle-ci en est une de taille et bien souvent nous plions et cédons devant l’adversaire. Prêcher debout sur une estrade, à la manière de Heber C. Kimball, n'est pas la seule méthode qui existe. Au travail, d’autres méthodes, tout aussi hardies et directes de faire part de l’Évangile, fonctionnent beaucoup mieux.

Certains penseront que je peux faire part de l’Évangile au travail parce que ma vie est très différente de la leur, que je suis relativement installé dans ma profession, que personne ne va me renvoyer si je le fais. Ils se disent que leur situation est bien différente et que s'ils font part de l'Évangile au travail ils vont se faire virer ou, au moins, marginaliser.

Il est difficile de savoir si mon cas est si particulier. Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai eu quatre carrières différentes : sept ans d’études supérieures, cinq ans comme consultant, cinq ans comme entrepreneur et maintenant vingt ans dans le monde universitaire. À chaque fois, je n’étais ni connu ni installé au départ, et j’ai quitté certains de ces métiers modestement. Cependant, dans chaque situation, j’ai essayé de faire part de l’Évangile avec autant de personnes que possible, peu importe mon poste. Dans chaque situation, j’ai essayé, pour devenir un meilleur missionnaire, d’apprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en faisant part de l’Évangile.

J'affirme avec conviction que quand le Christ a dit : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toute ces choses vous seront données par-dessus » (Matthieu 6:33), ce n’étaient pas des paroles en l’air. J’ai réellement ressenti l’augmentation de mes capacités personnelles au-delà de ce qu’elles auraient pu être autrement, parce que justement j’ai cherché à contribuer à l’édification du royaume de Dieu même lorsque j’étais au travail.

Un paradoxe formulé par l'adversaire

Comme le travail est le lieu où nous pouvons le plus facilement rencontrer des gens et entamer des conversations sur l’Évangile, l'adversaire a tout intérêt à empêcher ces échanges. Pour expliquer comment l'adversaire nous ferine, voici le dialogue imaginaire que j’ai eu avec lui ou avec l’un de ses émissaires. Ne vous inquiétez pas : à chaque fois que l'adversaire nous tente, nous tenons une conversation en quelque sorte, puisqu’il parle à notre esprit pour nous convaincre de pécher par omission ou commission et que notre esprit répond en approuvant ou pas. J’ai essayé de reproduire — et je m’excuse d’avance auprès de l’auteur renommé C. S. Lewis — le style de son chef-d’œuvre Tactique du diable. C’est une conversation mentale qui se tient plusieurs fois par jour entre les membres de l’Église et l'adversaire qui tente de les dissuader de faire ce qui est juste. Je vais nommer cet adversaire Empêcheur.

« Attends, Empêcheur, tu me dis que quand je suis au travail, je ne devrais parler à personne de mes convictions, que ce n’est pas politiquement correct, que les gens seront offensés si je le fais et que la religion est une affaire personnelle, n'est-ce pas ?

C'est tout à fait ça, répondit Empêcheur.

Mais Jésus-Christ veut que je fasse part de son Évangile avec tout le monde, même avec mes collègues de travail !

Bien sûr qu’il le voudrait, rétorqua Empêcheur. Qui ne voudrait pas cela ?

Voici donc le problème : Imagine que je suive ton conseil et que je ne parle de l’Évangile à personne au travail. Pendant soixante heures par semaine (y compris le trajet), tu interdis l'oeuvre missionnaire, c’est ça ? Le problème est que le samedi je dois passer du temps en famille, et ils sont déjà tous membres de l'Église. Le dimanche, je passe du temps en famille à l’Église où tout le monde est membre de l'Église. Tu me dis alors qu’en dehors de ces sept jours de la semaine, je peux faire part de l’Évangile avec les autres. Est-ce que j’ai bien compris ?

Exactement, répondit Empêcheur. N’est-ce pas magnifique ? »

Bien que la majorité d’entre nous n’ayons pas contextualisé la conversation de cette façon, nous avons presque tous eu cette conversation et ceci nous semble être un paradoxe : le fait de savoir que le partage de l’Évangile plairait au Seigneur, mais que cela semble impossible.

Si l’interdiction de parler de religion au travail découlait d’une préférence des dirigeants des entreprises, il y aurait une différence d'opinion sur le sujet d’un organisme à un autre. Si la règle empêchant les conversations religieuses était basée sur la crainte de la diminution de la productivité des employés, les conversations sur d’autres sujets tels que la politique, la culture et le sport seraient également vues comme des distractions à l'encontre de la productivité au travail. Le fait que l’interdiction ne s’applique qu’à la religion et dans presque chaque lieu de travail me dit qu'il s'agit d'une conviction culturelle particulière insufflée par l'adversaire. Je ne vois aucune autre explication.

Pourquoi l'adversaire se soucie-t-il tant du sujet de nos conversations au travail ou à l’école ? C’est une attaque qui s'inscrit dans la guerre qu'il a lancée dans les cieux contre le libre arbitre. Ayant perdu la bataille dans l’existence prémortelle, il use à présent d'une stratégie différente pour contrecarrer le libre arbitre sur terre. Pour que le plan de Dieu se réalise, l’occasion de choisir entre le bien et le mal doit être présentée à chacun de nous ; sinon, nous ne pourrions agir par nous-mêmes. Comme a dit Léhi : « C’est pourquoi, le Seigneur Dieu donna à l’homme d’agir par lui-même. C’est pourquoi, l’homme ne pourrait agir par lui-même s’il n’était attiré par l’attrait de l’un ou de l’autre. » (2 Néphi 2:16)

Sachant que le plan de Dieu requiert qu'il lui soit permis de nous tenter, comment l'adversaire peut-il employer cette connaissance à son avantage dans sa guerre contre le libre arbitre ? Il n’a qu’à convaincre les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours qu’il est bizarre et politiquement incorrect de parler du plan de Dieu avec les autres au travail. Du coup, les gens sont privés de « l’attrait de l’un ou de l’autre » et de la possibilité de choisir l'Évangile.

L'adversaire semble souvent gagner cette bataille dans sa guerre contre le libre arbitre. Gary Lawrence et moi avons observé que beaucoup moins de dix pour cent des saints des derniers jours invitent leurs voisins, leurs camarades de classe et leurs collègues à en apprendre davantage sur l’Évangile de Jésus-Christ. Si les saints des derniers jours se taisent, les gens ne peuvent agir par eux-mêmes, et c’est exactement ce que veut l'adversaire. C’est un problème sérieux.

Quelques façons de faire part de l’Évangile au travail

Savoir que la peur de discuter de nos croyances est le résultat d'une construction théorique de l'adversaire me donne du courage. Nous ferions bien de reconnaître la menace que représente l'adversaire sur les discussions sur les convictions religieuses au travail. Mais ne nous laissons pas décourager. J’ai appris qu’il y a deux façons très différentes d’être missionnaire : par le précepte et par l'exemple. La première est d’expliquer l’Évangile et son rétablissement sur terre. La deuxième est d'expliquer les principes de l'Évangile de manière visible lorsqu'il s'agit de résoudre des problèmes au travail. L'une comme l'autre, ces deux façons de faire nous permettent de rendre témoignage.

Par le précepte

Quand on emploie l’expression « faire part de l’Évangile », notre première réaction est souvent de faire part de choses matérielles : des dépliants, des exemplaires du Livre de Mormon et ainsi de suite. Je trouve difficile cette façon de faire part de l'Évangile au travail car elle interrompt le travail plutôt que de s’adapter à son rythme. Cette façon de faire peut même détourner l’attention du contenu de l’Évangile.

Un meilleur moyen que j’ai trouvé est de mettre mon témoignage et l’histoire de ma vie sur l'Internet. Cela s’adapte plus facilement au rythme du travail parce que je peux le communiquer pendant mon temps libre et les autres peuvent le lire pendant leur temps libre. Si ensuite j’intègre du vocabulaire religieux ou lié à l'Église dans mes conversations, comme je l'ai préconisé plus haut, je peux envoyer mes collègues sur ce que j’ai écrit sur l'Internet.

Plusieurs fois par semaine, des collègues réagissent à mon usage de termes religieux ou liés à l'Église en disant : « Je crois en Dieu aussi », ou « Moi aussi, je suis croyant. »

Je peux donc répondre : « Nous sommes bien béni de croire en Dieu, non ? J’ai de la peine pour ceux qui ne croient pas. D’ailleurs, il y a quelque temps j’ai résumé mes idées sur la foi sur mon site web. Voici le lien si cela vous intéresse. J’aimerais bien savoir ce que vous en pensez. Avez-vous aussi un site avec vos opinions ? » et ainsi de suite.

En règle générale, la plupart des gens au travail croient en Dieu. La minorité qui est convaincue que Dieu n’existe pas ou que les conversations sur la religion sont interdites impose parfois son opinion à la majorité. J’ai trouvé qu'au travail si j’ai le courage d’intégrer à mon langage des termes religieux ou liés à l'Église et que je le fais de manière normale et pragmatique, je libère en réalité beaucoup de mes collègues des entraves qui m’avaient moi aussi limité à l’origine.

L’année dernière, les présidents de deux universités importantes de la région de Boston m’ont remercié d’avoir parlé ouvertement de Dieu. Les deux ont décrit l’isolement qu’ils avaient ressenti à cause des athées de leur établissement qui prétendaient haut et fort que la foi et la religion sont des sujets de conversation inappropriés.

Même dans des établissements laïques comme le mien, j’ai trouvé tant de personnes disposées à parler de leur foi en Dieu que je pourrais, avec seulement une petite partie d'entre eux, passer des heures tous les jours. Dans la majorité des cas, cette façon de faire part de l’Évangile a fonctionné parce nos discussions ont commencé quand nous étions disponibles. Et le travail n’a pas été perturbé par nos échanges.

Par l'exemple

Une autre façon de faire part de l’Évangile au travail est d’appliquer l’Évangile ouvertement pour résoudre les problèmes rencontrés. Il s'agit de circonstances permettant d'instruire les autres. L'acte d'enseigner ne se fait pas toujours devant une classe. Le plus souvent, il s'agit d'expliquer en privé la façon de faire ceci, de mieux réussir cela, de résoudre tel problème, de mieux communiquer, etc. La plupart des enseignants donnent aux apprenants une liste de choses à faire, de façon didactique. Les bons enseignants, eux, illustrent leurs cours d'anecdotes. C’est en grande partie pour cela que le Sauveur était un si bon instructeur : il employait des métaphores, des histoires et des paraboles pour illustrer les points principaux. Le grain de sénevé, le passereau, le bon Samaritain et le fils prodigue nous aident à visualiser ce que le Sauveur veut que nous fassions. À chaque fois qu'au travail je suis en situation d’enseigner, j’essaie de trouver une histoire pour illustrer ce qu’il faut faire.

Les trois expériences personnelles qui suivent démontrent comment nous pouvons puiser dans l’Évangile pour résoudre des problèmes communs.

Utilisation du modèle de l’enseignement au foyer dans les programmes d’employés

Il y a plusieurs années, j’étais consultant d’une énorme entreprise européenne qui produit des produits d’hygiène de marque. Elle emploie des centaines de milliers d’employés et ses produits se trouvent dans la plupart des foyers du monde. Le défi particulier que nous avions était celui-ci : l’entreprise n’arrivait pas à investir dans des produits innovants qui pouvaient apporter des résultats à long terme. La priorité était donnée aux projets susceptibles de se concrétiser dans les deux ans maximum.

L’une des causes était le système qui identifiait les employés à fort potentiel dans l’entreprise, les managers juniors intelligents, débrouillards et ambitieux dans une hiérarchie compétitive. Ils étaient prédestinés à devenir les futurs dirigeants dans les dix ou vingt ans. Pour les préparer, on établissait pour chacun de ces managers à fort potentiel un plan de carrière ; ce plan les envoyait pendant des périodes de deux ans comme managers dans des filiales autour du monde. Ces mutations étaient sous-tendues par des objectifs de marketing, de gestion de nouveaux projets, de production, de finance etc. L’idée était qu’à travers cette série de mutations, les employés à fort potentiel pourraient avoir une excellente connaissance du fonctionnement de l’entreprise et de la façon dont toutes ses parties se complètent.

Quand j’ai demandé à mon hôte comment cette série de mutations était déterminée, il m'a dit que ces managers juniors, après avoir passé dix-huit mois sur un projet, étaient classés par leurs supérieurs selon ce qu’ils avaient réalisé. Il y avait des affectations très convoitées et des affectations moins intéressantes. Les managers à fort potentiel qui avaient le mieux réussi dans leur projet recevaient de meilleurs projets à la mutation suivante. Cela voulait dire qu'en huit à dix ans, à peu près cinq managers se distinguaient comme leaders et avaient tellement monté en puissance qu’ils étaient largement devant le reste du peloton dans la compétition pour devenir le prochain PDG.

Je dis à mon hôte : « Voici le problème : Si on découvre une innovation importante qui ne portera des fruits qu’après dix-huit mois, aucun manager à fort potentiel ne la proposera. S'il le faisait, ses rapports reflèteraient surtout les coûts subis et peu de résultats pendant les dix-huit mois. Le système d’identification des forts potentiels disqualifie d'entrée de jeu les investissements à long terme et encourage la mentalité du court terme parmi vos managers les plus prometteurs. » Cette révélation fit sérieusement réfléchir mon hôte.

Il expliqua toutefois qu’on ne pouvait pas créer et suivre un plan de développement personnel pour chacun des milliers d’employés : « Donc, pour les autres, ça passe ou ça casse. De temps en temps, l’un d’eux brille tellement qu’on l’accepte avec du retard dans le groupe à fort potentiel. »

Je dis : « J’ai une idée qui peut servir comme mécanisme de développement et de suivi d’un plan de carrière pour beaucoup plus de vos employés. Comme vous le savez peut-être, je suis membre de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, et nous avons exactement le même problème mais à plus grande échelle. Nous n’avons pas de clergé professionnel pour administrer l’Église. Nous nous enseignons et nous nous occupons les uns des autres. Tout cela veut dire que nous devons tous apprendre à diriger ainsi qu’à identifier qui a besoin de quel genre d’aide ou de développement. Nous le faisons notamment par le programme de l'enseignement au foyer. »

Nous avons passé les quatre heures suivantes à discuter de la façon dont ce programme fonctionne en théorie et en pratique dans l’Église, et de la façon dont un programme similaire pourrait être intégré dans l'entreprise. L’idée : à chaque employé seraient affectées deux personnes pour veiller sur lui et s’assurer que tout va bien. Nous avons décidé de les nommer « compagnons » et « instructeurs au foyer » en abrégé dans l’entreprise. Surtout, chaque équipe devrait formuler un plan de carrière pour deux ou trois autres collègues dont ils s’occupaient. La plupart des employés n’avait aucune ambition de devenir le prochain PDG. Presque tout le monde, par contre, voulait apprendre, se développer, accomplir, acquérir davantage de responsabilités et voir reconnaître ses efforts. Chaque équipe développerait un plan pour ceux à qui elle faisait l’instruction au foyer pour les aider à réaliser leurs aspirations. Ce plan serait ensuite rendu au bureau des ressources humaines et toutes les équipes devraient rendre compte mensuellement au DRH du succès du plan de chaque employé.

C’était l’une des conversations les plus engageantes de ma vie sur l’Église. Mon hôte était extrêmement perspicace. À un moment donné, je lui ai demandé : « Qui désigneriez-vous comme instructeurs au foyer du PDG ? Du vice-président ?

L’un serait représentant de commerce. L’autre serait scientifique dans le département de développement de nouveaux produits. »

À un autre moment dans la conversation, nous étions en train d’examiner un diagramme de la hiérarchie de l’Église avec son siège, ses pieux et ses paroisses. Mon hôte m'a montré du doigt la case intitulée « président du collège d’anciens » et a demandé : « Que fait-il ?

Ce qu’il fait surtout, c’est organiser les équipes pour aider les gens à charger leur camion de déménagement au printemps et à l’automne à Boston. Sinon, c’est assez varié. »

Mon hôte a écrit à côté du cadre du président du collège d’anciens : « Directeur général des relations humaines. » Il a dit : « Je pense que je vais peut-être implémenter l’instruction au foyer dans ma division de l’entreprise. C’est une formidable idée. Je ne suis pas sûr, en revanche, de vouloir qu’on m’appelle ‘évêque’. J'ai répondu : « Si c'était le cas, il faudrait que vous soyez baptisé dans l’Église pour nous aider à améliorer notre programme. »

Ça se peut, a-t-il répondu. Ça se peut bien. »

Mon but à l’origine n’était pas d’expliquer l’Église à mon hôte. J’ai seulement appliqué les principes de l’Évangile de Jésus-Christ pour l’aider à résoudre un problème. Il en a appris plus sur l’Église que je n’aurais imaginé, et plusieurs fois pendant notre conversation, j’ai ressenti la direction de l’Esprit qui nous aidait à voir et à comprendre des choses que nous n’aurions pas vu autrement. Ce PDG a ressenti et vu que l’Évangile fonctionne.

Des conseils pour Jack

La deuxième histoire raconte l'une des occasions où j’ai eu à donner des conseils. Jack, un de mes anciens étudiants, m’avait rendu visite en espérant que je puisse l’aider à trouver un emploi. Sept ans auparavant, le PDG de sa société avait pris sa retraite et Jack, en tant que vice-président, pensait qu’il aurait le poste. Mais c’était Wendy, une inconnue, qui avait été recrutée en externe et invitée à prendre le poste.

Wendy était déterminée à maximiser les gains et pour ce faire elle a réduit les dépenses au maximum. Elle l'a si bien fait qu’elle a éliminé complètement le budget consacré au développement de produits de nouvelle génération. Son dévouement complet aux coûts a multiplié par six les bénéfices de l’entreprise. Le succès de Wendy à rétablir la rentabilité des entreprises était tel qu’elle était considérée extrêmement brillante, et trois ans après avoir accepté ce poste de PDG, elle a accepté la direction d'une entreprise plus importante. Son timing était impeccable puisqu’au trimestre suivant, l’entreprise de Jack a annoncé que les revenus avaient baissé de dix pour cent, résultat du manque d’investissement dans les nouveaux produits. Le conseil d’administration a demandé à Jack de prendre la direction, avec comme objectif de relancer la croissance de l’entreprise. Pour ce faire il aurait fallu relancer les capacités de recherche et de développement mais il était déjà trop tard. La côte en bourse de l’entreprise a chuté, l'entreprise a été acquise et le PDG de la société qui l'a rachetée a informé Jack qu’on n’avait plus besoin de lui. C'est à ce moment-là que Jack est venu me voir.

Ces injustices rongeaient Jack. Il était en colère contre le conseil d’administration qui avait embauché Wendy plutôt que lui. Il était vraiment en colère contre Wendy, car il avait été renvoyé à cause de son mauvais management alors qu’elle avait été récompensée.

« Clay, il me faut un boulot, a dit Jack. Dans chaque entretien, on présuppose que l’entreprise a fait faillite sous ma direction. J’essaie d’expliquer que c’est à cause de la PDG précédente mais jusqu’ici, je n’arrive pas à échapper à cette réputation. »

J'ai répondu : « Je vois, Jack. Tu es furieux. Ce qui m’inquiète c’est que ceux qui te font passer des entretiens le ressentent peut-être aussi, et ils vont avoir du mal à t’évaluer. Ils se disent peut-être : “On dirait surtout un homme en colère… comment va-t-il s’intégrer au sein de notre entreprise ?” »

J'ai poursuivi : « J’essaye de lire les Écritures tous les matins en arrivant au travail pour bien me remettre la tête sur les épaules pour la journée. Il y a quelques jours, j’ai lu quelque chose qui pourrait t’être utile. Veux-tu bien le lire à haute voix ? Le verset vient d'Écritures modernes. »

J’ai sorti mes Écritures que j’ai ouvert à D&A 64:8-10 : « Dans les temps anciens, mes disciples cherchaient à s’accuser les uns les autres et ne se pardonnaient pas les uns aux autres dans leur cœur ; et pour ce mal, ils furent affligés et sévèrement châtiés. C’est pourquoi je vous dis que vous devez vous pardonner les uns aux autres ; car celui qui ne pardonne pas à son frère ses offenses est condamné devant le Seigneur, car c’est en lui que reste le plus grand péché. Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes. »

« J’ai l’impression que tu blâmes beaucoup de gens pour ce qui s’est passé, ai-je dit. Il est vrai que d’autres ont causé les problèmes. Mais que pourras-tu résoudre si tu es en colère contre tout le monde ?

Clay, il faut bien que quelqu’un rende un peu de justice. J’ai hérité de tous les problèmes créés par Wendy et cela a fait capoter ma carrière, et elle s’en sort sans une égratignure !

J'ai dit : « Permets-moi de te raconter quelque chose qui est arrivé dans mon Église il y a quelques années. Dans une troupe de scouts sponsorisée par notre Église, le chef scout a agressé sexuellement des jumeaux de douze ans. Lorsque leur mère l’a dénoncé à l’évêque de la paroisse, celui-ci a contacté le chef scout, a vérifié les faits et a invité l’épouse de l’homme à entrer pour que le chef scout puisse lui confesser ce qu’il avait fait. Dans les semaines qui ont suivi, l’homme a été excommunié de l’Église et son cas a été confié à la justice qui l'a entendu sur tout ce qui s’était passé.

C’était bouleversant pour tous les protagonistes. Plusieurs personnes ont essayé de convaincre la femme de cet homme de divorcer, mais elle a décidé de lui pardonner. Ils ont déménagé dans un autre État pour se donner un nouveau départ.

La mère des jumeaux, par contre, était furieuse. “Si l’évêque de la paroisse suivait l’Esprit, il n’aurait jamais appelé cet homme à être chef scout, se plaignait-elle. Tant qu’il sera évêque de la paroisse, je n’irai pas à l’église.” Elle n'a plus permis non plus à ses enfants d’aller à l’église.

Après quelques années, j’ai appris que dans la ville où le chef scout et sa femme avaient emménagé, les dirigeants de l’Église avaient déterminé qu’il s’était réellement repenti de ses péchés, et il avait été rebaptisé.

Lorsque la mère des jumeaux l'a appris, elle a annoncé : “Ça suffit. Si on accepte de telles personnes dans l’Église, il est impossible qu’elle soit dirigée par Dieu.” Elle a demandé que son nom et ceux de ses jumeaux soient rayés des registres de l’Église. Elle a divorcé par la suite, en en voulant au monde entier. »

J'ai demandé à Jack : « Qui sont les gagnants et les perdants dans cette histoire ? »

Jack s'est rendu compte que le gagnant était la femme du chef scout. Sa famille a été fortifiée parce qu’elle a su pardonner et se mettre à résoudre les problèmes. « Et la perdante au final ? » ai-je demandé. C’était évidemment la mère des jumeaux. Ses sentiments d’injustice continuent de l'empoisonner. Son mariage est terminé. Elle et ses fils se sont coupés de Dieu.

Ensuite je lui ai relu D&A 64:10 et j'ai ajouté : « Ici, le langage de Dieu me paraît assez clair. Il se réserve pour lui seul le droit de pardonner ou de ne pas pardonner à qui bon lui semble. Pour nous, par contre, pardonner est une obligation absolue. Il n’y a ni exception, ni circonstance atténuante, ni imprévu. Il faut que nous pardonnions toujours à tous. Pourquoi Dieu est-il si dogmatique s'agissant du pardon ? » ai-je demandé.

Jack s'est mis à pleurer. « Il a vu trop de personnes mettre leur vie en ruine en ne pardonnant pas. Dieu ne veut pas que cela m’arrive. » Ensuite, Jack m'a demandé : « Je suis venu trouver un emploi et tu m’as parlé de Dieu. Pourquoi ? »

Je ne fais cela que lorsque Dieu peut nous aider à résoudre un problème, ai-je répondu. Je crois vraiment que Dieu est mon Père, et le tien aussi. Il veut t’aider. Ce serait ridicule si je n’appliquais pas les meilleures idées ou méthodes pour résoudre un problème. »

Jack est reparti le pas vif et léger. Il a trouvé un bon travail peu de temps après et m’a écrit pour me demander de lui envoyer l’Écriture que nous avions lue. « Pour que je puisse l'afficher sur mon bureau », a-t-il ajouté. Je l’ai fait, et je lui ai aussi envoyé un triptyque, en écrivant au-dessus de ma signature : « Si jamais tu as besoin de te remettre la tête sur les épaules un matin, lis ceci. »

Parler avec amour

Troisième exemple : il y a quelques années, un certain nombre d’élèves de ma classe à l’École de commerce de Harvard n’aimaient pas mon cours pour une raison que je n’arrivais pas à déterminer. C’était nouveau pour moi car jusque-là mes cours avaient été populaires auprès des étudiants. J’ai invité les étudiants mécontents, individuellement et en groupe, à me rencontrer pour m'aider à comprendre ce qu’il faudrait changer pour qu’ils aient le sentiment d’être bien instruits. Chacun d'eux a pointé un aspect de mon instruction ou du programme qu’il n’avait pas apprécié. Au final, il aurait fallu que je refasse tout différemment. Ce qui compliquait la situation était que la majorité des autres étudiants semblaient être tout à fait satisfaits par mon cours.

J’ai demandé à plusieurs collègues plus expérimentés d’observer mes cours pour trouver quelque chose à changer, mais ils n’ont rien trouvé qui méritait une transformation notoire. J’étais extrêmement mal à l'aise. Nos étudiants paient une somme importante pour étudier à Harvard, et j’ai toujours fait de mon mieux pour donner de la valeur à chaque cours, pour chaque élève.

C'est à cette époque que j'ai fait un voyage par avion à Minneapolis assis à côté d’un monsieur âgé qui appartenait à la tribu amérindienne Lakota. Un sage. Quand il a appris ce que je faisais comme métier, il a demandé : « Est-ce que cela vous plaît d’enseigner à Harvard ? »

J'ai répondu que d’habitude j’aimais énormément mon travail, mais que ce semestre était particulièrement éprouvant. Je lui ai expliqué ce qui se passait dans cette classe particulière. Après m’avoir patiemment écouté, il a dit : « La raison pour laquelle cela vous arrive est que vous n’instruisez pas avec amour. Il faut toujours instruire avec amour. »

Ce commentaire profond m’a pris complètement au dépourvu. Je n’avais jamais fait le lien entre l’idée d’instruire avec amour et le style d’étude de cas de l’École de commerce de Harvard. Je me suis rendu compte qu’en fait, je ne traitais pas ces étudiants avec clémence et amour, comme Jésus l’avait conseillé.

Quand j’ai repris l’instruction le lendemain, je me suis rappelé des sages paroles de cet homme. Je me suis agenouillé dans mon bureau et j’ai prié Dieu qu’il m’aide à instruire avec amour et que les étudiants puissent ressentir émaner de moi l’amour de Dieu pour eux par mon instruction. Au bout de quelques jours, l’atmosphère d’animosité qui avait régné s'est dissipée et a fait place à une atmosphère de cordialité, de confiance et de bonheur, et beaucoup d’étudiants de ce groupe restent encore proches de moi aujourd’hui. Beaucoup parmi eux m’ont demandé ce qui s’était passé dans ce cours et je leur ai raconté le sage conseil que j’avais reçu. Je leur ai dit que tous les jours avant les cours, j’ai prié pour que l’Esprit de Dieu soit dans notre cours. L’un d’eux, Rob, s’est joint à l’Église l’été suivant. Il m’a raconté par la suite que sa motivation à rechercher l’Église était venue en grande partie de l’atmosphère qu’il avait ressentie à notre cours.

Ce jour-là et avant chaque classe que j’ai enseignée depuis, j’ai appliqué cette pratique de m’agenouiller pour demander à Dieu de m’aider pendant mon instruction. J’ai élargi par la suite l’ampleur de mes prières matinales : que chaque personne avec qui j’aurais des interactions au cours de la journée puisse ressentir mon amour pour elle ainsi que l’amour de Dieu pour elle. Je continue de le faire et je suis heureux de dire que je réussis de temps en temps. Personne ne m’a jamais demandé de m’arrêter d’être gentil ou de m’arrêter d’aider les autres à se sentir appréciés. Et comme j’essaie d’intégrer du vocabulaire de l'Évangile et de l'Église dans mes conversations, tout le monde sait faire le lien entre ces sentiments et l'Église.

La science, le monde universitaire et la religion

Les scientifiques et les académiques en général sont ceux qui manifestent le plus d’intolérance envers les conversations sur la religion. Bien qu’ils se croient les plus impartiaux et avoir la plus grande ouverture d’esprit, mon expérience m'a appris que beaucoup de gens dans le monde universitaire peuvent être subjectifs et fermés à la vérité. Beaucoup de personnes se laissent intimider et sont convaincues que parce que certains des plus érudits parmi nous décrient la religion, le monde universitaire et la religion ne sont pas compatibles et ne devraient même pas se retrouver dans la même conversation. Beaucoup traitent la religion comme un parent pauvre quand elle est incluse dans une enquête scientifique ou académique, et beaucoup parmi nous en concluent que la mention de la religion dans une conversation politiquement correcte est nuisible à notre réputation.

J’ai décidé que, plutôt que de voir de tels collègues comme des adversaires intellectuels, je les verrais comme ayant été victimes de la tromperie de l'adversaire, comme nous le sommes souvent tous. Grâce à cet état d’esprit, dans mes interactions avec des collègues je peux toujours les traiter comme si nous étions dans la même équipe.

Voici mon raisonnement : Dieu ne nous a pas dit pendant la vie prémortelle : « Mes enfants, dans peu de temps, vous allez descendre sur terre et je voudrais que vous soyez prudents. Quand vous arriverez, vous découvrirez différentes croyances, dont la science et le monde universitaire. Vous les trouverez remplis d’incohérences par rapport à la vérité sur moi, et plus vous les étudierez, plus votre foi en moi faiblira. Méfiez-vous donc de la science et du monde universitaire ; n’en apprenez pas trop dans ces domaines. »

Ce n’est pas ce que Dieu a dit.

Le grand scientifique Henry Eyring a enseigné ce principe à maintes reprises : peu importe la source qui la dévoile, la vérité nous aide à devenir davantage comme Dieu.

Le soir avant que le jeune Henry Eyring quitte son foyer pour aller étudier l’ingénierie à l’Université d’Arizona, son père, Ed Eyring, a demandé à Henry de marcher avec lui autour du ranch familial. Au cours de cette promenade, il ne lui a pas conseillé d’apprendre de manière sélective. Il lui a dit : « Dans cette Église, personne ne t’oblige à croire en des choses qui sont fausses. Vas à l’Université d’Arizona apprendre tout ce que tu peux, et tout ce qui est vrai fait partie de l’Évangile. » (Henry J. Eyring, Mormon Scientist, 2007, p. 4)

Le Rétablissement de l’Évangile nous permet de classifier les choses comme « vérité ou erreur » plutôt que comme « science ou religion ». Cela me permet d’éliminer toute peur. Je peux me servir instinctivement de concepts religieux pour résoudre des problèmes en affaires ou en éducation, comme je me sers des idées du monde universitaire pour résoudre les mêmes problèmes. Ed Eyring m’a aidé à voir qu’il n’existe pas de hiérarchie dans la vérité. Les vérités scientifiques et académiques ne sont absolument pas supérieures à la vérité religieuse, et vice versa. Il n’existe aucune contradiction fondamentale entre les deux. Si l’on observe une incohérence entre d'un côté le monde académique et scientifique, et de l'autre la religion, c'est qu'un côté ou l’autre est incomplet ou faux, soit les deux. Cependant, la vérité ne peut contredire la vérité. Tant qu’on recherche humblement la vérité, on repose sur quelque chose de stable.

Les expériences que j’ai vécues avec des collègues, comme celles que j’ai racontées ici, sont parmi les expériences missionnaires les plus passionnantes et satisfaisantes de ma vie. Voici certains des principes que j’ai tirés de ces expériences :

Premièrement, beaucoup de personnes dans le monde du travail croient en Dieu et sont disposées à en parler.

Deuxièmement, expliquer ce que nous croyons n’est pas le seul moyen de faire part de l’Évangile. Nous pouvons appliquer nos convictions pour aider les autres à comprendre et à résoudre des problèmes. Au travail, le mode de témoignage peut être différent de celui employé à l’Église : il suffit d’appliquer l’Évangile. D’ailleurs, c’est l'une des manières de rendre témoignage à laquelle le Sauveur nous a invités : « Si quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef. » (Jean 7:17)

Troisièmement, puisque la vérité fonctionne, nous n’avons aucune raison de nous sentir timides en l’appliquant. L’Évangile est extraordinairement souple parce que la vérité est largement applicable. Nous pouvons nous appuyer sur les vérités de l’Évangile pour aider à résoudre toutes sortes de problèmes. Tout comme on nous a enseigné à citer nos sources dans un devoir quand on emprunte une idée à quelqu'un, nous devrions nous assurer que nos collègues comprennent d’où viennent les principes dont nous nous servons quand nous appliquons l’Évangile pour résoudre des problèmes.

Quatrièmement, nous devrions mentionner les principes de l’Évangile simplement, du même ton de voix que si nous étions en train de citer un article du Wall Street Journal ou d’une revue scientifique. La connaissance est toujours connaissance, et la vérité est toujours vérité. Il n’y a pas besoin de séparer le langage religieux du langage d’affaires, scientifique ou académique. Quand nous avons un langage commun, nos amis et collègues peuvent nous parler de religion, et vice versa.

Enfin, cinquièmement : Tout comme nous ressentons l’Esprit de Dieu pendant les réunions de jeûne et de témoignage, nos collègues de travail peuvent aussi le ressentir lorsque nous appliquons l’Évangile. Le président Hugh B. Brown a résumé cela comme suit : « Il ne faut pas “défendre” l’Évangile dans le sens militaire. Nous devons plutôt faire avec la religion comme nous faisons avec la musique : non pas la défendre mais l’interpréter tout simplement. L’Évangile n’a pas besoin d’une défense. » (The Memories of Hugh B. Brown: An Abundant Life, Edwin B. Firmage, ed., 1988, p. 136)


Chapitre 5 : Se fixer des objectifs et des délais

Certains sont si bien organisés qu’ils finissent leur instruction au foyer avant le dix du mois. Malheureusement, je remets au lendemain et fais toujours mes visites à la fin du mois. Heureusement que quelqu’un a décidé qu’il fallait les faire avant la fin du mois parce que sans ce délai, je les remettrais constamment à la semaine suivante. Il me faut une date limite.

J’imagine cependant que même ceux qui font tous les mois leurs visites avant le dix du mois doivent se fixer des dates limites pour y parvenir. Ils se fixent tout simplement un délai plus tôt dans le mois.

Mes fournisseurs de gaz, de téléphone, d’eau et d’électricité, ainsi que mes sociétés de cartes de crédit et le fisc fixent des délais mensuels, trimestriels ou annuels pour que je paie mes factures. Sinon, j’oublierais de les payer. Autrement dit, les buts et les délais aident chacun de nous à faire ce qu’il a à faire.

Contrairement à l’enseignement au foyer où on a le dernier jour du mois comme délai concret, on n’a jamais donné de date limite à l’œuvre missionnaire des membres de l'Église. Par conséquent, la plupart d’entre nous ne nous efforçons pas de trouver des gens que les missionnaires peuvent instruire. La plupart d’entre nous voulons être de bons missionnaires et comptons commencer la semaine à venir.

En 1984, lors de la conférence générale, M. Russel Ballard, des Douze, nous a invités à prendre l'habitude de choisir une date limite pour trouver quelqu’un à inviter chez nous à recevoir les leçons missionnaires. Il a promis que si nous choisissions une date plutôt qu’une personne, et que si nous faisions de notre mieux pour parler de l’Évangile avec autant de personnes que possible, le Seigneur nous accorderait la capacité de trouver, avant la date choisie, quelqu’un qui accepterait l’invitation à étudier l’Évangile avec les missionnaires (voir L’Étoile, janvier 1985, p. 12-14). Pour une raison que j’ignore, ce discours a eu un impact puissant sur moi, probablement parce que j’étais dirigeant de mission de paroisse. J’ai ressenti fortement que cette invitation était quelque chose que je devais faire, moi en particulier.

Dans mes prières ce soir-là, j’ai choisi une date qui me donnait confortablement environ un an. Je me suis ensuite engagé à faire tout ce que je pouvais pour susciter des conversations sur l’Évangile avec autant de personnes que possible. Les premières personnes que j’ai trouvées à présenter aux missionnaires étaient la famille Singleton (Tom était l'ami qui faisait du basket avec nous). L’année suivante, j’ai choisi une nouvelle date et j’ai pu présenter un collègue de travail et sa femme aux missionnaires.

Chaque année par la suite, j’ai choisi une date et à chaque fois Dieu m’a béni pour que je trouve quelqu’un à présenter aux missionnaires. La majorité des personnes ne se sont pas jointes à l’Église. Je n’ai presque jamais pu prévoir qui allait accepter l’invitation. J’ai plutôt appris que je peux avoir la certitude absolue que je trouverais quelqu’un.

Est-ce que tout le monde peut le faire ? Oui. Mais tout est dans la méthode, comme le montrent les histoires suivantes.

Dans un avion pour Hawaii

Je m’étais fixé comme date le 31 janvier 1993. Évidemment, 1994 est arrivé sans que j'aie trouvé quelqu’un d'intéressé. Je devais aller à Honolulu le 20 janvier pour assister à une conférence. En regardant mon emploi du temps du reste du mois, il était évident que les seuls moments pour rencontrer la personne que je pourrais présenter aux missionnaires étaient mes vols à destination ou en provenance de Honolulu. Je n’aurais tout simplement aucun autre moment pour le faire. J’ai donc prié que Dieu fasse qu’une personne qui accepterait mon invitation à suivre les leçons missionnaires s’assoie à côté de moi dans l’avion à destination de Hawaii.

J’étais sidéré de voir qui s’assit à côté de moi dans l’avion, après tous ces efforts et toutes ces prières. Mon voisin était un homme de trente-trois ans en short et chemise hawaïenne déboutonnée quasiment jusqu’au nombril, le poitrail poilu orné de trois chaînes en or. J’ai essayé de lui faire la conversation. Il m’a expliqué qu’il était maçon à Hartford et qu’il travaillait onze mois par an pour économiser suffisamment pour s’échapper un mois en hiver à Hawaï pour courir les jupons. Il m'a raconté combien il appréciait de revoir quatre belles femmes chaque année lorsqu’il revenait à Honolulu. J’étais terriblement déçu. J’avais tout essayé et avais prié avec ferveur pour trouver quelqu’un, et je me retrouvais coincé avec un play-boy irréligieux comme ce n'est pas possible. Découragé, je lui ai souhaité poliment un bon séjour et je me suis mis à lire. Il a loué des écouteurs et s’est mis à tapoter des doigts au rythme du rock'n'roll qu’il écoutait à un volume déconseillé.

Lorsque l’hôtesse a distribué les déjeuners, j’ai dû ranger mon livre et j’ai retenté de faire un peu la conversation avec mon voisin. Il a demandé si j’étais déjà allé à Hawaï et j’ai répondu que j’y étais allé vingt ans plus tôt pour une formation linguistique de deux mois avant une mission pour l’Église en Corée. L’homme a reposé sa fourchette, m'a regardé droit dans les yeux et dit : « Vous êtes mormon ? » J'ai confirmé et il a dit : « Vous savez, il m’arrive une drôle de chose depuis un an. Je suis de plus en plus curieux d’en apprendre davantage sur les mormons. Je ne sais pas pourquoi. Voulez-vous bien m’en dire un peu plus sur votre Église ? »

J’ai ressenti une sorte de bulle descendre sur nous et nous envelopper, et pendant les trois heures qui ont suivi, nous avons parlé de l’Évangile de Jésus-Christ. Il régnait un bon esprit. Puis nous avons commencé à parler d’autre chose et j’ai dû m’excuser car je devais finir d’écrire un projet. À plusieurs reprises au cours du vol, il m’a interrompu pour me remercier de lui avoir parlé de mon Église. La dernière fois qu'il m’a interrompu, je lui ai dit qu’il y avait des missionnaires à Hartford et que j’étais sûr qu’ils voudraient lui rendre visite lorsqu’il rentrerait pour lui expliquer nos croyances de manière plus détaillée. Il a demandé s’il n’y avait pas plutôt des missionnaires à Honolulu. J’ai donc pris son adresse et lui ai promis de les lui envoyer.

Ted Blackstone

Pendant des vacances d’été en Utah, nous avons eu l’occasion d’assister aux portes ouvertes du temple de Mount Timpanogos. C’était une visite guidée silencieuse et l’expérience m’a troublé. On venait d’annoncer la construction du temple à Boston et je nous voyais déjà en train de nous y promener lors des portes ouvertes avec nos amis sans pouvoir rien expliquer en passant devant le vestiaire, le baptistère, la salle céleste et la salle de scellement. Je me suis rendu compte que si mon intention était de présenter l’Église à mes amis en les amenant aux portes ouvertes, leur visite serait plutôt un aperçu intéressant de l’architecture du temple. Je me suis décidé à ce moment-là de fixer une date assez tôt en 2000 à laquelle j’aurais déjà suivi toutes les leçons missionnaires avec quelqu’un, avant les portes ouvertes. Comme ça, les portes ouvertes seraient l’aboutissement d’un apprentissage, plutôt qu’une introduction. J’ai donc choisi le 20 juin 2000 comme date, soit deux mois avant le début des portes ouvertes.

Mais, comme d’habitude, j’ai reporté pendant plusieurs mois et, ensuite, j’ai commencé à inviter désespérément toutes sortes de personnes improbables à suivre les leçons missionnaires. Mi-juin, un ancien étudiant qui s’appelait Ted Blackstone m’a rendu visite et, lorsqu’il s’est assis sur le canapé dans mon bureau, j’ai eu le sentiment que je devais l'inviter à suivre les leçons missionnaires. Il connaissait un peu ma foi mais je ne savais presque rien de lui et je n’avais jamais pensé à lui comme personne à inviter. À ma grande surprise, il a accepté et nous avons commencé les leçons, animées par un missionnaire extraordinaire, Jared Sine, et ses collègues.

Au fur et à mesure que nous progressions dans les leçons, Ted est devenu plus sérieux. À la fin d’une cinquième leçon particulièrement poignante en mi-août, j’ai ressenti beaucoup d’émotion. En l’invitant à être baptisé, je lui ai dit : « Tu sais, Ted, si tu continues, avant d’être baptisé, à attendre de savoir de manière sûre que c’est bien l’Évangile de Jésus-Christ, il est possible que tu attendes très longtemps. » Je lui ai lu ce verset de l’évangile de Jean : « Si quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon propre chef » (Jean 7:17). J’ai dit à Ted qu’un des moyens les plus sûrs de connaître la vérité est de s’engager à être baptisé, parce que la démarche consistant à faire la volonté de Dieu était la manière de connaître la vérité. Je lui ai dit que dans tous les cas il pourrait assister aux portes-ouvertes du temple en septembre, mais que s’il se faisait baptiser, il pourrait aussi assister à la consécration du temple en tant que membre de l’Église. J’ai proposé le 9 septembre comme date de baptême.

Nous avons décidé de jeûner ensemble le dimanche suivant pour aider Ted à prendre sa décision. Le lendemain soir, Ted m’a appelé. Il a dit que sa tante qui vivait à Phœnix et s’était convertie à l’Église il y avait plusieurs années l’avait appelé pour lui dire qu’elle ressentait que quelque chose d’important se passait dans la vie de Ted et qu’elle voulait pouvoir l’aider. Cela a aidé Ted à ressentir combien Dieu s’intéressait personnellement à cette décision, et il m’a appelé pour me dire qu’il allait être baptisé. Le service de baptême et la confirmation ont été des expériences merveilleuses. Le dimanche de sa confirmation, Ted a demandé à l’évêque Ott s’il pouvait rendre son témoignage. Il a dit qu’il avait enfin compris que le baptême était un acte de foi, et non une décision prise après une connaissance parfaite.

Des amis se sont arrangés par la suite pour que Ted puisse être dans la salle céleste du temple pendant la consécration. Lorsque le président Gordon B. Hinckley a fait la prière de consécration, Ted a ressenti quelque chose entrer dans la salle et dans son corps, ce qui a changé son cœur à jamais.

Notre famille a vécu une expérience merveilleuse aussi, puisque nos places étaient dans l’antichambre du vestiaire pour hommes. Par bonheur pour nous, la famille Singleton, que j'avais invitée à recevoir les leçons missionnaires peu après le discours de M. Russell Ballard de 1984, y était aussi, ce qui m’a permis de réfléchir aux témoignages que j’ai pu leur rendre, souvent au bord des larmes, pendant ces leçons. Je n’aurais pas pu me sentir plus béni qu’à ce moment-là.

Natasha Paton

En 2001, je m’étais fixé trois dates et pour les deux premières, les personnes que j'avais trouvées ont décidé, après la première leçon, de cesser de recevoir les missionnaires. En travaillant avec les dirigeants de mission de paroisse en tant que conseiller dans la présidence de la Mission de Boston, j’avais affirmé à maintes reprises : « Vous ne pouvez pas réussir en tant que dirigeants de mission de paroisse si vous ne pouvez pas parler de l'oeuvre missionnaire au présent et à la première personne. » Je m’étais créé pas mal de pression.

Par conséquent, en début d’été j’ai fixé une nouvelle date : le 15 octobre. Comme à mon habitude, j'ai commencé par ne rien faire et, vers fin août, j’ai révélé la date aux missionnaires qui servaient dans ma paroisse, leur ai dit que j'avais besoin de leurs prières et commencé à rechercher activement des occasions d’inviter des gens. Ma méthode était d’intégrer fréquemment dans mes conversations du vocabulaire de l'Église, mais je n’ai pas réussi à trouver quelqu'un qui soit intéressé. J’ai alors accéléré le rythme en invitant toutes sortes de personnes improbables à suivre les leçons missionnaires, mais les possibilités se sont évaporées les unes après les autres.

Arrivé fin septembre, je me suis résigné à l’échec. C’était le semestre le plus chargé de ma vie et je n’arrivais pas à voir comment il serait possible que je trouve quelqu’un avant le 15 octobre. J'ai alors abandonné l'objectif de cette date, en me disant que le Seigneur savait que je faisais tout ce que je pouvais pour édifier son royaume. Je pensais que ça passerait pour cette fois-ci, puisque j’étais très occupé, et que je pourrais pour une fois laisser les autres être des membres missionnaires. Mais après quelques jours dans cet état d’esprit, je me suis dit que si je commençais comme ça, j'en prendrais l'habitude. Je me suis donc engagé auprès de Dieu à faire de mon mieux pour trouver quelqu’un. J’ai commencé à demander à Dieu de m’envoyer quelqu’un qui voudrait apprendre l’Évangile. Je lui ai promis que j’inviterais cette personne dès que je la verrais.

Le 12 octobre, Christine et moi avons pris la parole à l'Association des étudiants saints des derniers jours de l’École de commerce de Harvard, à l'église de Cambridge, pour présenter ce que nous avons appris de nos travaux de recherche et de rédaction de l’histoire de l’Église dans la région de Boston. Quelques étudiants avaient amené leurs amis d’autres confessions et il y avait un bon esprit pendant cette réunion. Après notre présentation, quelques étudiants sont restés à discuter avec nous, et une étudiante de l’un de mes cours, Natasha Paton, est venue me demander : « Professeur Christensen, j’ai entendu dire qu’il existe une série de leçons sur votre Église pour ceux qui voudraient en savoir plus. Serait-il possible que je les suive chez vous ? » J’étais sans voix ; je pouvais à peine retenir mes larmes. Les propos de Natasha étaient une réponse directe à mes efforts et à mes prières. Nous avons tenu les leçons chez nous avec Natasha et son mari Andrew (qui, sans que je le sache, était membre de l'Église non pratiquant) et, comme à chaque fois, nous avons vécu de belles expériences spirituelles. Natasha a été baptisée le 8 juin 2002. Un an plus tard, Andrew et elle ont été scellés dans le temple de Boston.

Howard Littlefield

Quelques années après notre expérience avec Natasha, j’ai choisi comme date le 31 août. À peu près deux mois avant la date, j’ai intensifié mes efforts et j’ai demandé à de nombreuses personnes si elles voulaient bien venir chez nous rencontrer les missionnaires. Pas une seule n’était intéressée. Pour la première fois en vingt-deux ans, je n’arriverais pas à trouver quelqu’un avant la date. Cependant, le 29 août, je conduisais à Stamford (Connecticut) accompagné d'un nouveau doctorant, un Anglais, Howard Littlefield, qui m'avait proposé de m’aider à rédiger une étude de cas. Pendant le voyage, j’ai mentionné que j’étais membre de l'Église et son visage s’est illuminé. Il m'a confié qu’il avait été très pratiquant dans son Église en Angleterre mais qu’il était très déçu que l’Église épiscopale près de Harvard Square soit fermée en été. Je lui ai parlé des paroisses de Jeunes Adultes qui se réunissaient à l'église de Longfellow Park et je lui ai demandé s’il voulait assister à leurs réunions jusqu’à ce que les offices de culte épiscopaliens reprennent à la rentrée. Il a accepté avec plaisir. J’ai ensuite suggéré qu’il lui serait peut-être utile de prendre un rendez-vous chez nous avec les missionnaires pour qu’il sache à quoi s’attendre et il a accepté l'invitation.

Ce soir-là au cours du dîner je racontai à ma famille que j’avais trouvé Howard et que les missionnaires allaient l’instruire, et j'ajoutai : « Pourquoi est-ce que je ne peux jamais trouver la personne des semaines ou des mois avant la date ? Pourquoi est-ce que le Seigneur me fait toujours attendre jusqu’à la dernière minute ? »

Mon fils, Spencer, répondit : « Papa, je t’ai vu faire ça tellement de fois que je crois savoir ce qui t’arrive. Plusieurs mois avant ta date, tu es si décontracté que le Seigneur ne peut pas te faire confiance. S’il met une personne sur ton chemin, il ne sait pas s’il peut compter sur toi pour l'inviter. Tu commences alors à t'inquiéter de ton engagement à trouver quelqu’un et, à l'approche de la date, tu désespères de plus en plus. C'est alors que le Seigneur peut compter sur toi. Il sait que tu inviteras toute personne qu’il mettra sur ton chemin. »

J’ai nommé ce phénomène : « le principe de Spencer ».

À chaque fois que j'ai choisi une date — d’abord comme délai pour inviter quelqu’un et ensuite pour trouver quelqu’un qui accepte, Dieu m’a béni pour que je croise quelqu’un qui allait accepter mon invitation de venir chez nous étudier avec les missionnaires. Je ne mentionne que les expériences dont j’ai tiré des leçons importantes. Bien sûr, la plupart des gens n’ont pas accepté le baptême, et ce n’est pas grave. Lorsque j'invite quelqu'un, c'est déjà une réussite en soi. De plus, dans presque tous les cas, ces expériences nous ont permis d'accroître notre amitié avec les gens que nous avions invités chez nous. Et dans presque tous les cas, je n’aurais pas pu prévoir à l’avance qui allait accepter ou rejeter mon invitation.

De ces expériences de choix de date, j’ai tiré quelques leçons importantes. Premièrement, le principe de Spencer : Lorsque nous faisons alliance avec Dieu d'appliquer ce que nos dirigeants ont exhorté à faire et que nous sommes désespérés parce que nous n’arrivons pas à honorer notre engagement, Dieu peut alors nous faire confiance. Il a pu faire confiance à Abraham (voir Genèse 18:17-19) et il pourra nous faire confiance. Je pense que la raison pour laquelle autant de personnes choisissent une date mais finissent par ne pas trouver quelqu’un à présenter aux missionnaires est qu’elles n'atteignent jamais l'état de désespoir, ce qui dénote le manque de sérieux de leur engagement.

La deuxième leçon à tirer est que le choix d'une date n’est pas un programme. S’engager envers Dieu est un principe d’obéissance et de progression qui peut et devrait enrichir chaque aspect de notre vie. Il se peut qu'une des raisons pour lesquelles l’œuvre missionnaire stagne parfois est que trop peu d'entre nous prennent au sérieux l’engagement que nous faisons lors de notre baptême d’être « témoins de Dieu en tout temps, et en toutes choses, et dans tous les lieux » (Mosiah 18:9).

Enfin, je pense que nous sommes tellement occupés par notre famille, par l’Église et par le quotidien que nous avons tendance à nous justifier quand des commandements ou des directives des dirigeants de l’Église nous gênent : nous nous disons que puisque nous avons déjà trop de pression, nous en faisons assez et qu’il y a des circonstances atténuantes qui nous permettent de ne pas obéir à ces conseils spécifiques ou à ce commandement particulier. Ces expériences m’ont enseigné qu’en fait, plus on est occupé, plus il est important de mettre en pratique notre foi d’enfant, comme Néphi l'a montré : « J’irai et je ferai la chose que le Seigneur a commandée, car je sais que le Seigneur ne donne pas de commandement aux enfants des hommes sans leur préparer la voie pour qu’ils puissent accomplir ce qu’il leur commande. » (1 Néphi 3:7)

Dans l’équation qui détermine si nous parviendrons à trouver des personnes que les missionnaires peuvent enseigner, le rôle de Dieu est constant, il n'est pas variable. Il tient toujours ses promesses. La seule variable est notre foi aux miracles qui se produisent si nous nous engageons envers Dieu et faisons ce que nous promettons.


Chapitre 6 : Questions et réponses sur l'Internet

Nous avons vu deux Internets dans les quinze dernières années. Le premier était unidirectionnel, parfois appelé le Web 1.0, dans lequel les gens qui cherchaient des informations pouvaient les trouver, les lire et les télécharger. Nous en sommes maintenant au Web 2.0, qui est multilatéral et interactif. On peut communiquer, poser des questions et recevoir des réponses à l'aide des moteurs de recherche, des sites web, de Facebook et d’autres sites et médias sociaux, ainsi que par les conversations orales ou écrites, les blogs, les discours, les débats, les messages instantanés et les tweets.

Les opposants à l'Église ont lancé des sites qui bombardent ceux cherchent à se renseigner sur l'Église d’informations trompeuses sinon fausses. En 2005, une étude de la More Good Foundation a trouvé que si on entrait des termes ou expressions spécifiques à l'Église, comme « missionnaires mormons », « temples mormons », « histoire du mormonisme », etc., entre 80 % et 90 % des sites web identifiés par les moteurs de recherche étaient opposés à l'Église.

Pour contrer ce phénomène, à partir de 2005 la More Good Foundation et d'autres initiatives de membres de l'Église ont lancé de nombreux sites web dont les URL contiennent les mêmes termes ou expressions mais avec un contenu positif. Ils continuent à alimenter ces sites de contenus positifs. Dans le même temps, l'Église a fait évoluer ses sites LDS.org et Mormon.org en sites de type Web 2.0 qui s'avèrent être parmi les meilleurs sites religieux de l'Internet, où les gens peuvent facilement trouver des réponses à leurs questions. Nos dirigeants nous ont exhortés à poster notre témoignage personnel sur ces sites, même si cette démarche est individuelle et isolée. Cette expérience permet de comprendre comment la participation à l'oeuvre missionnaire sur l'Internet peut devenir un mode de vie pour nous. Ci-dessous, voici quelques leçons tirées de cette expérience. Il nous reste encore beaucoup à apprendre, mais ce qui suit peut nous aider.

Utiliser l’Internet comme outil missionnaire

Lors d'une conférence de jeunes adultes à Boston en octobre 2009, Elder M. Russell Ballard, du Collège des douze apôtres, a parlé de la nécessité de commencer à faire part de l'Évangile en ligne. En réponse, les dirigeants locaux de Boston ont décidé de fonder une « mission numérique » pour apprendre à mieux suivre cette exhortation.

Environ vingt-cinq personnes ont été appelées comme internautes de mission de pieu, avec comme dirigeants Teppo Jouttenus, Natalie Williams et Reed Davis. Trois autres — Emily Tanner, Melanie Ensign et Brigham Frandsen — ont été appelés comme dirigeants de zone. Au départ, on pensait que la parade à l’emprise de l'adversaire sur le Web 1.0 consistait à écrire et à poster des choses positives que les internautes cherchant des réponses pourraient télécharger. C'était un concept unidirectionnel, de nous à eux, sans possibilité de discussion. Les blogs, par contre, sont des outils permettant de résoudre le problème par le dialogue. Chaque zone a décidé de créer un blog plutôt que de diffuser des réponses, ce qui permettait d'augmenter les occasions d'entrer en contact avec les internautes ayant des questions, chose courante dans l'œuvre missionnaire. Il s'agit des blogs suivants : MormonPerspectives.com, NextDoorMormon.com et RealLifeAnswers.org. Chacun de ces blog était dédié à une dimension différente de l'expérience de membre de l'Église. La première année, chaque site a attiré près de 40 000 visiteurs uniques.

On avait demandé aux missionnaires internautes de servir entre cinq et huit heures par semaine. La moitié de ce temps était consacrée aux blogs, l'autre moitié à identifier les internautes qui avaient des questions sur l'Église ou des questions plus générales sur la religion. Nos missionnaires internautes aidaient les gens à trouver les réponses à leurs questions.

La première année nous avons limité et ciblé notre mission numérique de pieu, ensuite nous avons demandé à tous les dirigeants de mission de paroisse de suggérer aux évêques l'appel d'un ou deux missionnaires internautes de paroisse, chacun affecté à un site parmi les trois en ligne. Ces missionnaires de paroisse invitaient à leur tour des membres de leurs paroisses, qui avaient d'autres appels, à être « bloggeurs invités ». Ainsi, l'activité en ligne consistant à faire part de l'Évangile n'était pas réservée à certains. On souhaite qu'elle devienne un mode de vie pour tous.

En organisant leurs blogs, deux ou trois des missionnaires de chaque zone sont devenus « auteurs principaux » : ils ont défini et développé les principaux axes du blog. On appelle les autres missionnaires de la zone des « répondeurs » : ils lisent les commentaires et y répondent ou rédigent des articles sur certains thèmes. Les « diffuseurs » forment le troisième groupe. Ils passent leur temps à mettre le blog en lien avec les personnes de leur connaissance qui pourraient s'y intéresser. Puisque le nombre et le type de liens entre le blog et d'autres sites et blogs détermine son classement dans les moteurs de recherche, les trois rôles se sont avérés essentiels. Ils se complètent pour aider les internautes qui ont des questions sur l'Église à trouver des gens avec lesquels discuter.

Il existe une grande demande pour discuter de sujets religieux en ligne et cette demande est loin d'être satisfaite. Le tableau ci-dessous montre un échantillon de questions sur la religion que les gens se sont posées sur l'Internet en 2013 et 2014. Les chiffres donnent en milliers la fréquence mensuelle moyenne des mots recherchés.

Expression recherchée               Recherches mondiales          Recherches en France

L’Esprit                                         3.350                                         450
La conversion                              450                                              60,5
L’amour                                        246                                              74
La religion                                    246                                                8,1
mormon                                        165                                              12,1
Sion                                              165                                              12,1
Le ciel                                           74                                                33,1
Les saints                                     74                                                12,1
Le pardon                                     60,5                                               6,6
L’apostasie                                  40,5                                             33,1
Le bonheur                                   40,5                                             18,1
L’amitié                                         33,1                                             14,8

Examinons la première ligne. On voit que dans un mois typique, 3,35 millions de personnes dans le monde, dont 450.000 en France, ont entré le mot « l’Esprit » dans Google à la recherche d’articles, d'actualités et de blogs sur ce thème. Google classe chacun de ces sujets comme étant « faibles », ce qui veut dire que ces thèmes ne sont pas encore saturés et qu'y consacrer un blog peut attirer un nombre important d'abonnés.

En 2011, lorsque Mara et Danny Kofoed ont décidé de faire part de l'Évangile en ligne, ils ont créé un blog appelé ablogaboutlove.com pour attirer quelques-unes des millions de personnes qui s’intéressent au sujet de l'amour. « Qu'est-ce que l’amour ? » est l’une des expressions les plus recherchées sur le net en anglais. J'invite le lecteur à visiter leur site web. Danny était membre de notre pieu mais après avoir épousé Mara il est allé vivre avec elle à Brooklyn, à notre grand regret. Leur blog parle de l'amour et des hauts et des bas de la vie quotidienne. Leur blog a eu plus d'un million de visites mensuelles pendant les neufs premiers mois. La franchise et l'honnêteté des auteurs à propos de leurs difficultés sont leur meilleure approche missionnaire. Leur but est d'aider ceux qui vivent des épreuves similaires ou qui veulent parler avec quelqu'un. Ils n'imposent leur religion à personne mais ils sont très ouverts quant à leurs convictions et, si on le leur demande, ils font part de leurs croyances et de leur témoignage. De plus, ils ont prévu la possibilité de donner suite aux conversations en ligne en rencontrant les gens en personne. Une telle approche ne convient pas à tout le monde, bien sûr, mais elle peut s'ajouter à nos autres actions sur l'Internet.

Un autre concept consiste à dédier son blog à un sujet local ou peu commun pour ne pas se trouver en compétition avec d’autres blogs. C'est ce qu'ont fait les auteurs de MormonPerspectives.com. En 2011, un missionnaire internaute a rédigé une critique de la comédie musicale The Book of Mormon. Son article est devenu viral et s'est vite retrouvé parmi les cinq premiers résultats lorsqu'on tapait l'expression « comédie musicale The Book of Mormon » sur Google. C'est encore le cas aujourd'hui. Des milliers de personnes continuent de lire cet article chaque mois.

Dans le cadre de ma participation à l'oeuvre missionnaire en ligne, j'écris parfois des articles pour l'un de nos blogs. Parfois, j'écris un article et je le poste sur mon site web personnel. L'un de ces essais est mon témoignage. Je l'ai intitulé « Pourquoi je suis membre pratiquant de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ». Je l'avais écrit pour mes enfants, à l'occasion de mon cinquantième anniversaire. Plus tard, je l'ai publié sur mon site web (claytonchristensen.com) où les visiteurs peuvent le retrouver facilement. Une femme que je n'avais jamais rencontrée et qui est tombée sur mon témoignage, m'a écrit :

« Je viens de lire (deux fois) votre déclaration d'amour à vos enfants. Quel beau témoignage. Je suis émue, et plus curieuse que je ne l’aurais imaginé. J'entends des choses très perturbantes sur la foi mormone et son histoire à l'égard des noirs. Cependant… l'une des bonnes amies de ma mère était mormone. C'était une personne merveilleuse. Un jour, elle a amené mon frère et moi à des réunions de l’Église ; je n'oublierai jamais le sentiment d'amour et d'accueil chaleureux que nous avons ressenti. Chaque mormon que j'ai rencontré a été charitable et sympathique, attentionné et engagé. J’ai toujours pensé que c’était un grand paradoxe. Je vais me renseigner un peu plus sur la foi mormone. Je voudrais en savoir plus. »

Je suis reconnaissant d'avoir pu entrer en contact avec quelqu'un d’aussi extraordinaire que cette femme et je me réjouis à l'idée de nourrir notre amitié par le témoignage et l'Esprit. Plusieurs fois par mois nos missionnaires internautes et moi avons vécu ce genre d'expérience. C'est une façon formidable de participer à l'oeuvre missionnaire.

J'ai écrit plus haut que lorsque je me suis « re-appelé » en mission, l'Esprit de Dieu est revenu dans ma vie. J'invite quiconque à faire de même, non parce que c'est facile, mais parce que ça en vaut la peine.

Leçons apprises en faisant part de l’Évangile en ligne

Notre expérience de l'œuvre missionnaire en ligne nous a appris un certain nombre de leçons importantes. La première concerne la conversion personnelle. Quand les missionnaires internautes et les bloggeurs de paroisse (qui peuvent être aussi nombreux que notre capacité à les superviser nous le permet) reçoivent la tâche d'écrire un article, c'est un peu comme quand on leur demande de faire un discours à la réunion de Sainte-Cène ou de préparer une leçon. On leur conseille d'étudier les Écritures. On leur donne une date limite et la notion de l'urgence. Lorsque les missionnaires internautes et les bloggeurs sollicités prennent le temps d'étudier, de sonder les Écritures et de formuler leurs pensées et leurs sentiments, leur témoignage grandit. Leur conversion personnelle et leur capacité de faire part de l'Évangile et d'exprimer leur témoignage augmentent. En apprenant à se relire et à peaufiner leurs textes avant de les diffuser, ils progressent.

C'est particulièrement vrai chez les jeunes entre quatorze et vingt-cinq ans. La majorité d’entre eux sont déjà en ligne et si on ne les appelle pas comme missionnaires internautes, ils trouveront d'autres choses à faire sur la toile.

Nous avons constaté que peu d'adolescents ont des occasions régulières de faire part de leur témoignage à l'extérieur de l'Église. Leur demander de servir en tant que missionnaires internautes est une façon idéale de les aider à avoir des occasions missionnaires régulières et à apprendre à mieux exprimer leurs convictions. Nous avons appelé Jackson Haight, lycéen de seize ans, à servir comme missionnaire internaute. Les dirigeants de la mission numérique l'ont guidé de façon rapprochée et il a commencé à écrire des articles pour l'un des blogs. Il a dit qu'au début c’était difficile pour lui parce que précédemment il n'avait jamais eu à témoigner publiquement par écrit. Il savait aussi qu’il fallait faire attention de ne pas faire d'erreur de doctrine. Il a passé des heures à étudier les Écritures et les paroles des prophètes vivants pour vérifier que ses écrits étaient corrects. Il a travaillé pour exprimer de façon concise ses croyances pour qu'elles soient comprises sans difficulté par le public. L'un de ses articles, par exemple, a été repartagé plus de 700 fois sur les médias sociaux et a été vu par des milliers de gens.

Au cours de ce processus, Jackson a trouvé que les messages de ses articles entraient plus facilement dans ses conversations avec ses amis. Son assurance à faire part de l'Évangile a grandi. En septembre 2012, il a baptisé son ami Keith et plus tard lui a conféré la prêtrise d'Aaron et l'a ordonné à l'office de prêtre. En octobre 2012, nous avons ouvert un quatrième blog, YoungAndMormon.com. Ce blog est administré sous la direction des présidences de Jeunes Gens et de Jeunes Filles du pieu et de leur équipe de la mission numérique. Quand Jackson s'est adressé au comité des jeunes de pieu pour faire part de son expérience et qu’il a expliqué comment cela l'avait amené à approfondir son étude de l’Évangile, l'Esprit était puissant. Par la suite, nous avons appelé d'autres membres du comité comme missionnaires internautes, et ils sont occupés à contribuer régulièrement au blog. Jackson Haight est l'illustration type de l'Écriture qui dit : « Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera » (Marc 8:35). Lorsque Jackson sera appelé en tant que missionnaire à plein temps, il maniera parfaitement le langage de la technologie et celui de l'expression personnelle.

Deuxièmement, nos missionnaires internautes ont trouvé qu'il est facile d'inviter leurs amis qui ne sont pas membres de l'Église ou ne sont pas pratiquants à les rejoindre sur le blog pour y contribuer. Ils le font par exemple en leur envoyant le brouillon d'un article pour leur demander leurs commentaires avant de le publier sur le blog. Sans exception, ces amis acceptent d’apporter leur aide. Les missionnaires internautes peuvent ainsi faire part de l'Évangile à leurs amis plus facilement qu'autrement. Cette technique s'est avérée être si efficace à la fois pour la qualité de l'écriture et l'impact missionnaire que nous en avons quasiment fait une obligation avant la publication d’un article. On pourrait consacrer un livre entier aux anecdotes liées au succès de cette procédure.

Troisièmement, puisqu'on ne peut pas prévoir qui s'intéressera à l'Évangile, plus on rencontre de gens, plus on peut en inviter et plus on trouve des personnes prêtes à suivre les leçons missionnaires. J'ai la chance de pouvoir rencontrer beaucoup de nouvelles personnes au travail, mais d'autres, selon leur situation personnelle ou professionnelle, ont peu d'occasions de rencontrer de nouvelles personnes. Par exemple, beaucoup de mères au foyer qui ont des enfants en bas âge trouvent qu'il est difficile de se faire des amis du fait de leur activité. Qu'elles vivent à Orem, à Odessa ou à Orlando, la plupart de leurs amis sont membres de l'Église et cela ne facilite pas l'oeuvre missionnaire. Servir comme missionnaires internautes ou comme bloggeuses leur procure beaucoup plus d’occasions de rencontrer de nouvelles personnes. Les missionnaires à plein temps doivent frapper sur une porte à la fois dans l'espoir de trouver des gens à qui parler de l'Église, mais ceux qui font part de l'Évangile en ligne peuvent savoir rapidement qui est intéressé et qui ne l'est pas. Il suffit de lire les questions posées.

Quatrièmement, oeuvrer seul peut parfois être décourageant, mais les missionnaires internautes font partie d'une équipe. À ce propos, notre mission numérique organisée en zones fonctionnait bien. Nos dirigeants de zone ont tenu des conférences de zone mensuelles où ils recevaient une formation, faisaient part d'expériences inspirantes, trouvaient la solution à des difficultés partagées et géraient la planification des articles rédigés par les missionnaires et les bloggeurs dont le nombre était en constante augmentation.

Enfin, voici la dernière leçon : lorsqu'un signal se propage par un fil, plus la distance est grande, plus sa puissance et sa clarté diminuent. La clarté et la puissance de l'Esprit de Dieu, en revanche, ne diminuent pas en fonction des distances, même si nos correspondants habitent à l'autre bout du monde. Quand nous écrivons sur l’Internet par le pouvoir de l'Esprit et avec l'amour du Seigneur, nos correspondants peuvent ressentir cet Esprit et cet amour comme si on leur parlait face à face. Je rends témoignage de ce principe.


DEUXIÈME PARTIE : ENSEIGNER EN VUE DE LA CONVERSION

Nous avons souvent une fausse idée de la raison pour laquelle autant d’amis de l’Église ne tiennent pas leur engagement à lire le Livre de Mormon, à prier pour savoir s’il est vrai ou à aller à l’église. Quand les amis de l’Église manquent plusieurs fois à leur engagement, les missionnaires et nous avons tendance à penser que c'est parce qu'ils ne sont pas vraiment intéressés. Pourtant, souvent, la raison pour laquelle les amis de l’Église ne font pas ces choses est parce qu’ils ne savent pas comment le faire.

Beaucoup savent s’exprimer mais, dans leur Église on apprend les prières par cœur, on ne les fait pas en expression libre. Ils savent lire, bien sûr, mais ils ont appris à lire en commençant par le début et en terminant par la fin, alors que s'agissant des Écritures, on les lit souvent pour répondre à des questions (voir Prêchez mon Évangile, p. 115-120). Chose étonnante, peu d’amis de l’Église savent comment sanctifier le jour du sabbat. Ils ne l’ont jamais fait. Ils ne savent pas non plus mettre pleinement à profit leur présence aux réunions de l’Église.

Puisque de nombreux amis de l’Église ne savent ni lire les Écritures, ni prier, ni sanctifier le sabbat, la plupart des amis de l’Église ne progressent pas jusqu’au baptême. Quand on prend le temps de leur enseigner à faire ces choses, ils sont beaucoup plus nombreux à être baptisés. Aider les autres à apprendre à faire ces choses est le thème de la deuxième partie de ce livre.


Chapitre 7 : Enseigner à prier

Il y a plusieurs années, nous avons invité Joshua Moore et sa femme Angela (qui était membre non pratiquante de l'Église) à venir chez nous pour un rendez-vous avec les missionnaires. Joshua avait grandi dans une famille chrétienne membre d'une autre Église où il n'avait jamais été pratiquant. Il avait reçu une excellente éducation et était investisseur en capital-risque à Boston. Ils attendaient leur premier bébé.

Les missionnaires, Elder Murphy et Elder Adams qui servaient dans notre paroisse à l’époque étaient d’excellents instructeurs. Notre président de mission insistait sur l’importance de limiter les leçons à quarante-cinq minutes, durée optimale selon Prêchez mon Évangile. Pendant la première leçon, Joshua a posé beaucoup de questions, et il a fallu les quarante-cinq minutes pour enseigner ce que les frères missionnaires ressentaient qu’ils devaient présenter. À la fin de la leçon, ils ont donc donné un exemplaire du Livre de Mormon à Joshua et l’ont invité à lire et à prier à son sujet. Joshua a dit qu’il le ferait.

Au début de la deuxième leçon, Elder Adams a demandé à Joshua s’il avait commencé à lire dans le Livre de Mormon et s’il priait. Quand il a répondu par l'affirmative, les missionnaires ont exprimé leur satisfaction et commencé à enseigner la deuxième leçon à Joshua et Angela. La leçon a pris plus de temps que prévu. Jetant un coup d’œil à sa montre, Elder Murphy a vu que la limite de quarante-cinq minutes approchait et il a conclu son dernier point aussi vite que possible. Après la prière de clôture de ma femme, Elder Adams a demandé à Joshua s’il continuerait à lire le Livre de Mormon et à prier tous les jours. Joshua a répondu qu’il le ferait.

La troisième leçon était une copie de la deuxième. Elder Adams a commencé en demandant à Joshua s’il continuait à lire le Livre de Mormon et à prier. Quand Joshua a confirmé qu’il l’avait fait, les missionnaires l’ont complimenté et lui ont demandé s’il avait des questions. Joshua a dit qu’il n’en avait pas et les missionnaires ont commencé à enseigner leur leçon. Contenant encore beaucoup de points, la leçon s'est poursuivie jusqu’à la fin du temps autorisé. À la fin de la leçon, Elder Adams a de nouveau demandé : « Est-ce que vous continuerez à lire et à prier, Joshua ? » Il a promis de nouveau qu’il le ferait et les missionnaires, après avoir fixé le rendez-vous suivant, sont repartis.

Au début de la quatrième leçon, il était clair que la lumière de l’Évangile qui émane normalement de ceux qui découvrent la vérité n’était pas présente chez Joshua. Lorsqu’il a répété aux missionnaires qu’il avait étudié et prié, j'ai décidé d’aller plus en détail en demandant : « Joshua, comment fais-tu pour prier et qu’est-ce que tu dis dans tes prières ? »

D’un air penaud mais soulagé, Joshua a répondu : « En fait, je ne sais pas prier. J’ai grandi dans une famille chrétienne mais je n’ai jamais vraiment appris à prier. J’ai mémorisé quelques prières quand j’étais petit mais je ne m’en souviens plus. Je vous ai dit que je priais parce que j’avais trop honte d’avouer que je ne savais pas le faire. En fait, je n’ai jamais vraiment réfléchi à la prière de quelque manière que ce soit. »

Je me suis excusé de ne pas avoir aidé Joshua dans cette tâche et les missionnaires ont mis de côté le plan de leçon qu’ils avaient préparé. J'ai alors suggéré : « Tu nous as entendus prier au début et à la fin de nos conversations, Joshua, mais ce sont des prières publiques où on dit des choses qui s’appliquent à nous tous. Tes prières personnelles devraient être différentes ; elles sont plutôt comme un rapport personnel ou une conversation avec Dieu. Agenouillons-nous et je vais te montrer comment je prierais si j’étais à ta place. Je vais ensuite demander à Christine de prier, puis à Elder Murphy. Écoute ce que nous disons et la manière dont nous le disons. Chaque prière sera différente mais prête attention aux paroles. Ensuite, nous nous assiérons et tu pourras nous poser toutes les questions que tu voudras sur la prière. »

Après avoir terminé cet exercice, je lui ai demandé : « Quels points communs as-tu remarqués dans notre façon de prier ?

La chose la plus évidente est que vous avez tous prié à voix haute plutôt que de prier dans votre tête. Est-ce que vous priez toujours à voix haute quand vous priez en privé ?

Les prières silencieuses suffisent, a répondu Elder Murphy, mais quand c’est possible, on prie à haute voix. Ça aide à avoir le sentiment de parler vraiment avec Dieu parce que c’est exactement ce qu’on fait : c’est une conversation personnelle avec notre Père céleste.

Joshua a dit ensuite : « Vous avez tous commencé votre prière en remerciant Dieu pour les choses qu’il nous a données. J’imagine que cela nous aide à reconnaître à quel point Dieu nous aime, n’est-ce pas ? »

Elder Adams a confirmé et Joshua demandé : « J’ai remarqué que vous n’avez pas seulement demandé des bénédictions, mais que vous lui avez aussi expliqué la situation : vous lui avez dit ce que vous aviez fait et ce que vous alliez faire et ensuite vous avez demandé son conseil. Pourquoi avez-vous fait comme cela ? »

Elder Adams a répondu : « Quand vos enfants vous parlent au téléphone, vous voulez qu’ils vous mettent au courant de leur vie. Vous savez plus ou moins ce qu’ils font mais vous les aimez tellement que vous voulez les entendre parler d’eux-mêmes, n'est-ce pas ? Dieu aussi voudrait avoir de nos nouvelles parce qu’il nous aime vraiment. Il veut que nous étudiions tous les aspects des choses par nous-mêmes et que nous prenions ensuite nos propres décisions sur ce qu’il faut faire. Nous lui demandons alors son opinion sur nos décisions. Il préfère qu’on fasse de cette façon parce que s’il prenait toutes nos décisions à notre place, nous ne progresserions pas. C’est ainsi que j’imagine la prière personnelle : un coup de fil à mes parents. Les Écritures montrent que notre Père céleste veut que nous 'l’appelions' parce qu’il nous aime et veut entendre notre voix et nous conseiller. »

La conversation semblait éveiller la curiosité de Joshua sur la prière. Il a demandé : « Quand je parle de choses avec Dieu et que je lui demande son aide, quelles sortes de sujets puis-je aborder ? Par exemple, ne peut-on demander à Dieu que de l’aide spirituelle, ou bien est-ce qu’on peut prier pour des problèmes au travail ? »

Elder Murphy a demandé à Joshua de lire Alma 34:17-27. Quand il a eu fini, Joshua a résumé ce qu’il en avait tiré : « Je suppose que cela dit que tout ce qui m’est important est important à Dieu aussi. C’est ça ? »

C’est exactement ça, Joshua, a répondu Elder Murphy. Je suis émerveillé par l’idée que Dieu, qui a un pouvoir et une sagesse immenses, nous aime tellement que tout ce qui nous est important lui est important aussi. » Il a demandé à Joshua s’il voulait bien s’agenouiller avec eux et prier à haute voix de la manière qu’on venait de présenter. Joshua a fait une prière belle et sincère.

Ensuite, Joshua a demandé : « Jusque-là, vous m’avez enseigné à parler à Dieu. Mais lui, comment me parle-t-il ? »

Je me suis permis de donner cette explication :

« Voici comment je vois la chose. Nous nous parlons de manière physique et mécanique. Nos cordes vocales vibrent. Cela crée des ondes acoustiques dans l’air qui sont elles aussi matérielles. Ces ondes percutent les tympans des autres, ce qui les fait vibrer et crée ensuite des signaux électriques qui transportent ces vibrations jusqu’au cerveau des auditeurs. Ensuite, les signaux incitent les neurones à interagir presque instantanément avec différentes parties du cerveau, communiquant l’idée que l’orateur veut transmettre. Le concept clé est que ce sont tous des phénomènes physiques et mécaniques. Nous n’entendons pas vraiment avec les oreilles ; nous entendons avec le cerveau. Nos merveilleuses oreilles sont interprètes ; elles transforment des signaux mécaniques en signaux électroniques.

« Pour autant qu’on le sache, ces ondes physiques et mécaniques qui transmettent la parole ne voyagent pas dans l’espace, où il n’y a pas d’atmosphère. Donc si deux astronautes enlevaient leur casque sur la lune et essayaient de se parler, ils n’entendraient rien puisqu’il n’y a pas d’air dans lequel les vibrations peuvent se transformer en ondes. Il faut qu’ils parlent électroniquement, pas mécaniquement.

« Tout ça pour dire qu’il ne faut pas t’attendre à ce que Dieu te parle par des ondes physiques que tes oreilles peuvent détecter. Il envoie plutôt le Saint-Esprit, qui est l’Esprit de Dieu et qui peut communiquer avec ton esprit au plus profond de toi, directement dans ton cerveau ou à travers tes sentiments, sans passer par la conversion électromécanique de tes oreilles. Beaucoup de personnes ont du mal à comprendre parce qu’elles essaient d’entendre la voix de Dieu avec les oreilles et elles n’entendent rien. Il faut plutôt écouter au fond de soi. Parfois sa voix se perçoit comme des idées, des mots ou des phrases qui apparaissent dans la tête comme des pensées. Plus souvent, son message se perçoit comme des sentiments paisibles et doux dans notre cœur. C’est comme si l’Esprit de Dieu entrait en toi et entourait chaleureusement ton esprit pour te dire 'C’est juste' ».

Après notre explication, Elder Adams a demandé : « Joshua et Angela, nous voudrions que vous fassiez deux choses chaque jour. En premier, trouverez-vous un moment tranquille où vous êtes seuls pour prier notre Père céleste tous les jours à voix haute comme vous venez de faire ? Et avant de vous coucher, est-ce que vous vous agenouillerez ensemble pour prier en tant que mari et femme pour les choses qui concernent votre mariage et votre famille ? Ferez-vous ces deux choses ? » Joshua et Angela ont accepté l’invitation.

Elder Murphy a demandé à Joshua la permission de téléphoner quelques jours plus tard pour s'assurer que tout se passait comme prévu. Joshua a dit qu’il serait content de recevoir l’appel. Les missionnaires l’ont appelé et Joshua a répondu avec fierté qu’ils priaient comme ils l’avaient promis. Quand ils sont venus pour leur prochain rendez-vous, la lumière que je n’avais pas vue auparavant en Joshua y était enfin. Il a été baptisé peu de temps après.

Joshua et Angela ont été scellés dans le temple et ils ont maintenant quatre beaux enfants. Je frémis à l’idée que si on n’avait pas découvert son incapacité à prier, les missionnaires l’auraient probablement mis sur la liste des ex amis de l’Église qui ne progressent pas.

Quand on voit des amis de l’Église qui ne tiennent pas leur engagement à prier, à lire et à aller à l’église, il se peut bien que ce soit parce qu’ils ne savent pas le faire. Même s’ils proviennent de l’une des meilleures universités du monde (comme Joshua), on ne doit pas présupposer qu’ils savent communiquer avec Dieu ou, comme nous le verrons maintenant, qu'ils savent étudier la parole de Dieu. Notre hypothèse par défaut devrait être qu’ils ne savent pas le faire.


Chapitre 8 : Enseigner à étudier le Livre de Mormon

Notre expérience avec Joshua et Angela Moore et les expériences que je vais partager dans ce chapitre ont profondément changé la manière dont nous amenons nos amis à la conversion. En plus de leur enseigner à prier, nous devons enseigner aux gens comment lire et sonder les Écritures, plus précisément, comment se livrer à l’étude personnelle du Livre de Mormon en s’aidant de la prière. Ce besoin m’est devenu évident au cours de mes échanges avec un collègue de travail que je connaissais depuis plusieurs années, Brian Carpenter. Brian m’avait envoyé un e-mail dans lequel il avait demandé quelle était la position de l’Église sur plusieurs sujets, et je l’ai invité chez nous pour en parler avec les missionnaires autour de la table. En lançant l’invitation, je lui ai dit : « Plutôt que nous te disions ce que nous voudrions que tu saches sur notre Église, veux-tu bien venir avec une liste de questions sur la religion auxquelles tu n’as pas pu trouver de réponses satisfaisantes ? Comme ça, nous pourrons te présenter notre point de vue sur ces questions. Nous voulons répondre à ce qui te préoccupe. »

Brian est venu un jeudi soir avec une liste de questions très réfléchies sur la notion du péché originel, du baptême des enfants et d'autres sujets. Nous en avons parlé au cours du dîner pour comprendre pourquoi ces questions étaient importantes pour lui et comment il avait essayé d’en trouver les réponses. Nous sommes passés ensuite au salon et avons demandé aux missionnaires de répondre à certaines des questions en haut de la liste. Pour ce faire, ils ont puisé habilement dans les quatre leçons du chapitre 3 de Prêchez mon Évangile. Ils ont ensuite décrit le Livre de Mormon, ont expliqué qu’il contenait les réponses à toutes les questions de Brian, en ont témoigné, lui en ont donné un exemplaire et lui ont demandé s’il le lirait. Brian avait fait des études supérieures et avait grandi dans une famille chrétienne, mais il a repoussé le livre en disant : « Quelqu’un m’en a déjà donné un il y a quelques années. J’ai essayé de lire jusqu’à 2 'Nifi' mais c’était bizarre et je n’ai pas vraiment accroché. »

Quand Brian a dit cela, j’ai eu la forte impression qu’une raison de sa difficulté avec le Livre de Mormon, bien qu'il sache lire et qu’il ait fréquenté d’autres Églises, était qu’il n’avait jamais appris à lire les Écritures.

J'ai dit alors : « Brian, quand on lit des romans ou des manuels scolaires à l’école, on apprend à commencer par le début et à terminer par la fin. Mais ce n’est pas toujours le moyen le plus efficace avec les Écritures. Pour t’aider à apprendre à lire d’une façon différente, je vais te donner un devoir. Tu devras me le rendre la semaine prochaine. Je vais l’écrire. Il te faudra à peu près deux heures pour le faire, donc tu ferais bien de réserver du temps pour le faire un soir ou ce dimanche. Cela devrait être un moment tranquille où tu peux être seul sans être interrompu. »

J'ai donné alors à Brian le devoir de lire deux chapitres du Livre de Mormon : Mosiah 18 et Moroni 8. Il devait ensuite écrire une réponse en deux paragraphes à chacune des trois questions suivantes :

Pourquoi Dieu est-il si fâché lorsqu’on baptise les petits enfants ?

Pourquoi Dieu veut-il qu’on soit baptisé ? Quel est l’objectif du baptême ?

Par quel processus est-on pardonné de ses péchés ?

J’ai choisi ces questions parce que les questions sur le baptême des enfants et le péché originel étaient sur la liste que Brian avait apportée et que les réponses se trouvent dans les chapitres qu'il devait lire. Ensuite, j’ai écrit sept étapes que Brian devait suivre pour faire son devoir :

1. Prie à genoux et à voix haute, en expliquant à Dieu que ton ami t’a donné ce devoir. Demande-lui de t’aider à comprendre les chapitres que tu liras.

2. Lis les chapitres.

3. Écris un brouillon des réponses à ces trois questions.

4. Agenouille-toi de nouveau pour prier à voix haute et explique à Dieu les réponses que tu as reçues, comme si tu lui parlais en personne. Ensuite, dis-lui que tu reliras les chapitres. Demande-lui de bien vouloir t’aider à comprendre encore mieux les réponses qu’il veut que tu donnes à ces questions.

5. Relis les chapitres.

6. Peaufine les réponses à la lumière de ton nouveau niveau de compréhension. Ces réponses écrites constituent le devoir que tu devras me rendre à notre prochain rendez-vous.

7. Agenouille-toi encore pour prier une troisième fois. Cependant, le but de cette prière sera différent. Cette fois, il faut que tu pries Dieu pour lui demander si les choses que tu auras écrites et les choses que tu auras lues sont vraies.

Après avoir relu l'énoncé du devoir pour nous assurer que Brian le comprenait, nous avons lu Moroni 3:3-5 et avons dit : « Maintenant, nous voudrions t’apprendre à faire la prière de la septième étape. » Nous avons montré du doigt la première phrase du verset 3 et avons demandé : « Brian, pourquoi Dieu veut-il que tu prennes quelques minutes avant de faire cette prière pour réfléchir à la façon dont Dieu t’a abondamment béni ? »

Après une pause, Brian a répondu : « Je suppose que cela m’aidera à ressentir à quel point Dieu m’aime et combien je l’aime.

Exact. Il est important de ne pas omettre cette étape.

Nous avons ensuite continué à lire et nous nous sommes arrêtés vers la fin du verset 4 pour demander : « Que signifie prier avec une intention réelle ?

Je suppose que cela veut dire que je dois être sincère, a répondu Brian.

Pas exactement, ai-je dit. On a déjà parlé de la sincérité dans le verset précédent. Prier avec une intention réelle veut dire que tu dois dire à Dieu ce que tu as l’intention de faire s’il répond à ta prière.

Nous avons parlé de l'influence que la vérité pourrait avoir dans la vie de Brian. Nous avons ensuite lu le verset 5 et avons expliqué que Dieu répond aux prières par des pensées qui viennent à l'esprit et des sentiments qui se manifestent. J'ai terminé en demandant : « Feras-tu ce devoir, Brian ? »

Brian a accepté de le faire.

Quand Brian s'est levé pour partir, nous avions consacré environ 70 % de notre temps aux questions de Brian et 30 % sur la façon de recevoir ses propres réponses pendant l’étude personnelle du Livre de Mormon. Les missionnaires ont téléphoné à Brian le samedi suivant pour lui demander s’il avait des questions sur le devoir. Brian a répondu qu’il avait réservé deux heures de la soirée de dimanche pour le faire.

Le mardi suivant, après la prière d’ouverture, Brian, tout fier et souriant, a rendu des copies de son devoir aux missionnaires et à nous. « Permettez-moi de vous dire ce que j’ai appris », a-t-il dit. Il a lu sa réponse à la première question à voix haute. Il a commencé ainsi : « Dieu se fâche lorsqu’on baptise les enfants parce que cela dévalorise l’Expiation de Jésus-Christ. » Il a expliqué comment il était arrivé à cette conclusion. Il a passé dix minutes à expliquer comment il avait tiré sa réponse de Moroni 8.

« Clay, a-t-il dit ensuite, merci de m’avoir obligé à écrire tout ça. Je déteste écrire mais ça m’a forcé à vraiment y réfléchir. C’était vraiment très utile. » Brian a lu ensuite à voix haute ses réponses aux deux questions suivantes et a expliqué comment, à partir des deux chapitres, il était arrivé à ces conclusions. Les réponses étaient tout aussi profondes.

Lorsque Brian a eu terminé le compte-rendu de son devoir, il a dit : « Vous savez quoi ? Je crois vraiment que ces choses sont vraies. Je les comprends enfin dans ma tête et j’en ai ressenti la véracité dans mon cœur lorsque je priais. » J'ai remarqué la tendresse avec laquelle Brian tenait le Livre de Mormon dans ses mains pendant qu’il disait cela. Il était visible qu'il tenait quelque chose d’important.

Je lui ai alors demandé : « Brian, maintenant que tu sais que c’est vrai, accepteras-tu d’être baptisé ?

J’y ai réfléchi, et absolument je veux être baptisé, a-t-il répondu. Vous m’avez dit que je devais dire à Dieu ce que j’avais l’intention de faire. C'est ce j’ai fait. Au début, je pensais que je devais attendre d'avoir la réponse à toutes mes questions. Puis je me suis rendu compte que ce n’est pas l’objectif du baptême. Si j’attendais d'avoir la réponse à toutes mes questions, cela pourrait durer une éternité. Tenez, a-t-il dit en indiquant la réponse à la deuxième question, l’objectif du baptême est de s’engager à suivre Dieu. Le baptême est le début et non pas la fin.

Nous avons fixé une date de baptême pour le 17 décembre.

Brian avait passé les trente-cinq premières minutes de notre leçon de quarante-cinq minutes à nous enseigner l’Évangile et à rendre son témoignage. Les missionnaires n'ont pu que donner un bref résumé de la leçon qu’ils avaient préparée mais ce n’était pas grave. Nous apprenons plus profondément les choses quand nous les enseignons aux autres et Brian venait de passer trente-cinq minutes à nous enseigner les premiers principes et ordonnances de l’Évangile.

Les rendez-vous suivants avec Brian se sont passés comme le premier. Avant la fin, j’ai écrit un devoir qui l’aiderait à trouver dans le Livre de Mormon la réponse à deux autres de ses questions. Quand j'ai commencé à énumérer les sept étapes, Brian a dit : « Tu n’as pas besoin de me les écrire. Je les connais par cœur : Prier, lire, écrire ; Prier, lire, écrire ; Puis prier encore une fois. C’est un excellent système. » Elder Adams ne manquait jamais d’appeler entre les rendez-vous pour vérifier que Brian comprenait et faisait son devoir. Brian prenait toujours les vingt premières minutes des rendez-vous pour présenter son devoir, puis les missionnaires enseignaient pendant à peu près quinze minutes. Nous passions les dix dernières minutes à lui expliquer son prochain devoir et à vérifier que Brian comprenait les autres engagements qu’on l'avait invité à prendre. J’ai baptisé mon ami Brian le 17 décembre 2005 à l'église de Belmont.

Nous avons appris plusieurs leçons au cours de notre expérience avec Brian, et nous les avons appliquées à chaque occasion suivante où nous avons reçu les missionnaires chez nous pour enseigner l’Évangile à nos amis.

Premièrement, comme nous l’avons appris de notre expérience avec Stephen Spencer (au chapitre 2), nous avons commencé à demander à chaque personne de venir à ces conversations avec une liste de questions sur la religion auxquelles elles n’avaient pas trouvé de réponse satisfaisante. Dans Prêcher mon Évangile (p. 115-123), les missionnaires apprennent à étudier le Livre de Mormon en commençant par des questions pour pouvoir appliquer toutes les Écritures à eux-mêmes (voir 1 Néphi 19:23-24). On leur apprend à chercher des réponses dans les Écritures en s’aidant de la prière, à écrire les pensées et les impressions qui leur viennent à l’esprit lorsqu’ils étudient, et à prier pour savoir si leurs conclusions sont vraies. S’il est correct que les missionnaires étudient de cette manière, les amis de l’Église peuvent certainement en bénéficier aussi.

Deuxièmement, dans toutes nos expériences précédentes pour faire part de l’Évangile aux autres, nous avions supposé que ceux qu’on enseignait savaient comment lire les Écritures, tout comme nous avions supposé que Joshua Moore savait comment prier. Nous passions beaucoup de temps à enseigner avec les missionnaires et agissions comme si la conversion se faisait principalement pendant les leçons missionnaires. Du coup, pendant ces leçons, on passait 90 % du temps à écouter les missionnaires enseigner et témoigner. Les leçons missionnaires sont très importantes, mais il existe un autre contexte où le pouvoir de conversion de l’Esprit peut agir dans le cœur de ceux cherchent : l’étude personnelle du Livre de Mormon où ils trouvent les réponses aux questions qu’ils se posent.

Nous passons maintenant une grande partie des leçons missionnaires à enseigner cela aux amis de l’Église. De plus, nous leur demandons de témoigner de ce qu’ils ont appris et ressenti au cours de leur étude et de leurs prières. Christine et moi sommes enseignants de profession et avons enseigné de nombreuses classes dans l’Église. Nous savons qu’on apprend beaucoup plus en enseignant un cours qu'en l'écoutant. Maintenant, nous savons que ce principe s’applique aussi à ceux qui apprennent l’Évangile rétabli. Ils apprennent bien mieux quand on leur donne l’occasion de nous enseigner.

La troisième idée est liée à ce que Brian a déclaré à propos de son devoir : « Je déteste écrire, mais ça m’a forcé à vraiment y réfléchir. » Ce principe se trouve à la fin de Moroni 10:3 : « Quand vous recevrez ces choses… méditez cela dans votre cœur. » Je n’avais jamais beaucoup réfléchi à cet élément de la promesse, et nous n’avions jamais enseigné à nos amis de l’Église la façon de méditer sur la vérité. Apparemment, c’est un élément essentiel du processus de la conversion.

J’ai parlé des « devoirs » avec beaucoup de membres de l'Église et de missionnaires. Souvent, ils répliquent : « Brian a fait son MBA à Harvard. Les devoirs, c’est facile pour lui. Et si un ami de l’Église n’a jamais fait d’études ? Vous pensez qu’il ou elle peut répondre à ces questions ? » Ma réponse est double. D’abord, c’est vrai que Brian n’est pas commun. Mais n’est-ce pas merveilleux que si on suit les voies de Dieu plutôt que celles de l’homme, on peut inviter des personnes aussi douées que Brian à apprendre de nous ? Et ce, au point qu'elles souhaitent avec enthousiasme se joindre à l'Église ? Deuxièmement, si tout le monde ne peut pas exprimer ses réponses avec autant d'éloquence que Brian, les bonnes questions à nous poser sont les suivantes :

Est-ce que nous souhaitons apporter l’Évangile aux gens qui ont des questions ?

Est-ce que nous voulons qu’elles réfléchissent et méditent pour connaître les réponses à leurs questions ?

Si c’est le cas, les devoirs, que l’on peut modifier selon les personnes, sont de très bons outils.

Enfin, quatrièmement, nous avons appris qu’une des raisons pour lesquelles certaines personnes que nous avons invitées à étudier l’Évangile ont refusé notre invitation, ou que d’autres ont choisi d’arrêter d’étudier avec les missionnaires avant le baptême, est que nous essayions de leur dire ce que nous pensions qu’ils devaient savoir. Il s'ensuivait que si nos propos ne correspondaient pas à leurs questions, ils estimaient que l’Évangile n’avait pas d’utilité dans leur vie. En organisant chaque leçon missionnaire, ainsi que les devoirs, autour de questions auxquelles ils cherchent les réponses, beaucoup plus de personnes acceptent notre invitation. Dans Prêchez mon Évangile, nous lisons : « Adaptez votre enseignement aux besoins » (p. 196). Aux pages 202 à 205, ce manuel nous apprend à poser des questions et à écouter.


Chapitre 9 : Enseigner à sanctifier le jour du sabbat

Nous avons presque tous un ou plusieurs « lieux sacrés » — des lieux où, à des moments précédents dans notre vie, nous avons vécu des expériences chaleureuses, joyeuses et mémorables. Nous aimons revisiter ces lieux. J’en ai plusieurs. L’un d’eux est la rivière Jordan dans le quartier de Rose Park à Salt Lake City. Quand j’avais treize ans, mon frère Elliott, nos amis et moi avons construit des kayaks et avons passé nos étés d’adolescence à monter et à descendre la rivière. J’aime surtout la partie où elle croise Rose Park.

Un autre lieu sacré est Queens College, à l’université d’Oxford en Angleterre. C'est là que, après avoir reçu une bourse Rhodes et alors qu'en tant qu’étudiant de troisième cycle j’étudiais une nuit au troisième étage de Drawda Hall, rue High Street, j’ai appris avec certitude que Jésus-Christ vit, que le Livre de Mormon est vrai et que son Évangile a été véritablement rétabli sur la terre.

À chaque fois que j’ai le temps pendant mes voyages à Salt Lake City, je me promène sur le bord de la rivière Jordan et je suis inondé de souvenirs qui emportent mes soucis. Bien que j’aille en Angleterre moins souvent, j’essaie toujours de retourner à Oxford où je m’assois sur un banc en face de ce bâtiment de High Street pour me rappeler l’Esprit qui est venu dans cette salle et qui a changé ma vie pour toujours. Je repars toujours d’Oxford l’esprit purifié.

Cette description des lieux sacrés, je l’espère, mettra mes commentaires qui suivent dans leur contexte. Dans les deux chapitres précédents, j’ai affirmé que la raison pour laquelle beaucoup d’amis de l’Église ne tiennent pas leurs engagements à lire, méditer et prier est que nous ne leur avons pas enseigné comment le faire. Je présente un problème similaire dans ce chapitre : quand les gens ne tiennent pas leur engagement d’aller à l’église, c’est souvent parce qu’ils ne savent pas comment faire. Et s’ils viennent, ils « subissent » passivement les réunions. Pour remédier à ces inconvénients, je suggère trois choses. On peut d'ailleurs en discuter et planifier ces actions (voir Prêchez mon Évangile, p. 162) en s’aidant du Rapport de progression au cours du conseil de paroisse (voir Prêchez mon Évangile, p. 241-242).

D’abord, nous pouvons fixer un rendez-vous à l'église avec les amis de l’Église avant qu’ils ne viennent aux réunions du dimanche. Faisons-leur visiter le bâtiment et expliquons-leur ce qu'on fait dans chaque salle : Parlons-leur des réunions de Sainte-Cène, de la Société de secours, de la Prêtrise, de la Primaire et ainsi de suite. Ils doivent ne pas être intimidés par le bâtiment et ressentir que l'église est un lieu sacré. Ils voudront alors revenir dans un endroit où ils savent qu’ils se sentiront bien. Pour cela, faisons qu'à l'occasion de cette visite de l'église, les missionnaires leur donnent un enseignement édifiant. Ils doivent vivre une belle expérience spirituelle dans ce bâtiment.

Une telle expérience fait partie des choses que l'on peut prévoir. Pour illustrer ce principe, voici le contenu d'un e-mail que j’ai adressé il y a quelques mois à une dizaine de membres dans ma paroisse :

Chers amis,

Comme vous le savez peut-être, nos missionnaires, Christine et moi étudions l’Évangile avec Bill Skelley. Il fait de grands progrès. Bill était président du conseil municipal de Belmont lorsque nous travaillions pour recevoir les permis requis pour construire le temple et il nous a été d’une grande aide. Bill a accepté de venir à notre réunion de jeûne et de témoignage ce dimanche. Je n’ai pas la prétention de vous imposer quoi que ce soit. Toutefois, si vous vous sentez inspirés à le faire, s’il vous plaît, pensez à Bill lors de votre jeûne ce dimanche. Aussi, si vous vous y sentez poussés, je vous serais reconnaissant de bien vouloir partager votre témoignage afin que Bill puisse ressentir la véracité de ce que vous direz. J’espère que cette réunion de la paroisse de Belmont 2 ce dimanche sera la meilleure réunion de jeûne et de témoignage depuis l’organisation de l’Église en 1830.

En vous remerciant par avance du fond du coeur,
Clay Christensen

Mes amis ont vraiment jeûné, prié et témoigné pour Bill Skelley. Je regrette que tous les membres de l’Église n’aient pas eu la chance d’assister à cette réunion de jeûne et de témoignage particulière en avril 2012 à la paroisse de Belmont 2. J’ai du mal à imaginer qu’il y en ait eu un jour de meilleure.

Les membres de chaque paroisse de l’Église peuvent inviter l’Esprit dans leurs réunions, mais il est utile de savoir quels amis de l’Église vont venir et de connaître les besoins de chacun.

Deuxièmement, repensez à la première fois qu'un ami de l’Église vient à l’église : en retard, en jean et en t-shirt. Il s’assoit au dernier rang où sont les familles avec les enfants bruyants. En voyant tous ces gens endimanchés en compagnie de leurs amis et de leur famille et il se dit : « Il n’y a pas de place pour moi ici ». Notre erreur est peut-être d'inviter les gens à aller l'église sans leur expliquer comment s'y rendre, comment s’habiller, où s’asseoir et comment profiter de ce qui s'y passe.

Troisièmement, le sabbat ne se limite pas aux réunions de l'Église. Il dure toute la journée. Quand l'un de nos amis vient à l’église, nous avons tendance à triompher pour finalement nous rendre compte que nous n'avons pas vraiment atteint le but qui est de les aider à sanctifier le jour du sabbat. Même quand les amis de l’Église ressentent l’Esprit à l’église, ce sentiment peut vite se dissiper lorsqu’ils remplissent le reste de la journée d’activités profanes.

Il faut que nous leur apprenions à sanctifier le jour du sabbat. Nous pouvons le faire en disant par exemple : « Quand vous vous levez dimanche matin, agenouillez-vous seul et avec votre famille pour prier. Expliquez à notre Père céleste que vous irez à l’église. Demandez-lui de vous permettre de ressentir son Esprit lorsque vous entendrez les orateurs et les instructeurs. »

Quand nous enseignons aux gens le principe du sabbat, il ne faut pas que par défaut nous nous contentions de la notion d'assistance aux réunions de l'Église. Parfois, je leur enseigne cette idée en lisant avec eux Mosiah 3:16-19 puis en posant des questions telles que : « Quelles sont quelques activités profanes que les gens ont le jour du sabbat ? » Il est facile d’en faire une longue liste. Je demande ensuite : « Quelles sont les activités sacrées que vous pourriez avoir le dimanche ? » Il faut aussi qu’ils les écrivent, bien que ce soit plus difficile. Je finis avec cette invitation : « Me promettrez-vous que vous n'aurez aucune de ces activités profanes ce dimanche et que vous remplirez plutôt votre journée d’activités sacrées ? »


Chapitre 10 : Enseigner à reconnaître et à déjouer la tentation

Satan est un adversaire redoutable. Lorsque le royaume de Dieu est sur le point de faire une avancée significative, il ne bat jamais en retraite pour s'occuper d'autre chose. Au contraire. Il tente toujours d'empêcher les progrès.

Par exemple, après que Dieu ait appelé Moïse à conduire Israël hors d’Égypte, Satan est apparu à Moïse, criant d’une voix forte et commandant à Moïse de l’adorer (voir Moïse 1:12-22). Quand Moïse a refusé, il a vu l’amertume de l’enfer. Quand Jésus se préparait à son ministère, il est allé dans le désert pour jeûner et pour prier. Satan en connaissait les enjeux et a offert le monde entier au Christ à condition qu’il le loue (voir Matthieu 4:1-11). Quand le jeune Joseph s’est agenouillé pour prier dans le Bosquet sacré, Satan savait que c’était le début du rétablissement de l’Évangile, et il est intervenu pour s'efforcer de l’arrêter (voir Joseph Smith — Histoire 1:15-17).

De même, quand nos amis se préparent au baptême, nous devons nous attendre à l’intensification de la tentation et de la tromperie. Notre tâche en tant que missionnaires est alors d’enseigner à nos amis à identifier la tentation et à y résister. L’attaque peut prendre deux formes différentes : la première est la tentation personnelle de désobéir à la loi divine. La deuxième est l’apostasie.

Souvent, l'adversaire tend aux nouveaux convertis le piège du paradoxe de l’obéissance. Nous enseignons à nos amis que s’ils cèdent à la tentation, il ne faut pas désespérer de surmonter le péché parce que le Seigneur offre le repentir et le pardon. Satan en profite en enseignant aux convertis : « Le repentir est comme la carte Vous êtes libéré de prison dans le Monopoly. Il est parfaitement acceptable de céder de temps en temps et de s’adonner à quelques-uns de ses anciens péchés. Tu te repentiras par la suite, tu promettras de ne plus recommencer et tu seras pardonné. »

D’après mon expérience, un bon moyen d’armer les nouveaux convertis contre les ruses de l'adversaire est de leur enseigner qu’il est plus facile de garder les commandements 100 % du temps que 98 % du temps (voir, par exemple, Thomas S. Monson, « Les trois principes du choix », Le Liahona, novembre 2010, p. 67-70).

L’autre méthode qu’utilise l'adversaire pour arrêter la progression des nouveaux convertis est l’apostasie. Cela peut arriver avant ou après le baptême, quand quelqu’un devient tout à fait convaincu qu'en fin de compte l’Église n’est pas vraie. Comprendre la tromperie de l'adversaire qui mène à l’apostasie est un élément important de l’œuvre missionnaire.

La tromperie vient souvent des amis ou des membres de la famille qui croient vraiment sauver nos convertis de l’erreur. Ils cherchent à remettre en cause l’histoire de Joseph Smith ou de l’Église et ses dirigeants actuels. Ils prétendent que certains principes doctrinaux et pratiques de l’Église sont faux ou obsolètes. Comme il le fait depuis l’aube des temps, Satan intervient pour essayer d’empêcher le baptême des nouveaux convertis. Et s’ils sont déjà baptisés, il essaie d’annuler ce qui a été fait.

Mon propos est de montrer comment Satan se glisse dans notre esprit pour réorganiser nos circuits logiques et nous mener à de fausses conclusions à partir de données vraies.

Les chapitres 2 et 3 d’Éther, dans le Livre de Mormon, décrivent le frère de Jared, que j’appellerai ici le prophète. Il parle souvent avec Dieu, qui lui a parlé dans une nuée. Le prophète connaît Dieu. Il a été châtié par Dieu, et il sait combien le prier est important.

Le prophète fond d’un rocher seize pierres blanches et demande à Dieu de toucher chacune du doigt. Le prophète est tellement étonné quand il voit le doigt de Dieu toucher les pierres qu’il tombe devant le Seigneur, frappé de crainte (voir Éther 3:6). Le prophète explique ensuite sa réaction en disant : « Je ne savais pas que le Seigneur avait de la chair et du sang » (verset 8).

Le Seigneur demande ensuite au prophète s’il a vu plus que son doigt. Le prophète lui répond par la négative et le Seigneur lui permet de le voir en entier. Dieu se présente alors au prophète en disant, en substance : « Je ne suis pas Dieu en fait. Je suis Jésus-Christ, le Fils de Dieu — mais ça va si tu m’appelles Dieu. Dieu et moi sommes d’un seul cœur et d’un seul esprit. J’ai été préparé depuis le commencement du monde pour racheter l’humanité. » Dieu continue en expliquant au prophète qu’à ce moment-là il a un corps qui ressemble au nôtre mais que ce n’est qu’un corps d’esprit. Il explique que dans le futur, il viendra sur terre vivre dans un corps physique comme le nôtre. En outre, Dieu dit au prophète que c’est la première fois depuis la création du monde que quelqu’un a été autorisé à le voir.

En posant des questions, le prophète apprend certaines dimensions fondamentales de la nature de Dieu qu’il n’avait pas comprises auparavant, mais l'ancienne conception du prophète n'est complètement incorrecte. Elle est plutôt incomplètes. Le prophète doit modifier et reformuler son ancienne conception de Dieu. La révélation au sujet de Dieu n’est pas un évènement unique où tout ce qu’on peut savoir sur Dieu est livré d’un bloc au prophète. C’est un processus qui prend du temps. Je suppose qu’après cette expérience, il reste au prophète encore beaucoup à comprendre sur Dieu.

Imaginons à présent qu’après cette expérience vécue par le prophète, quelqu’un nous montre deux autres séquences du ministère du frère de Jared, l’une vécue plus tôt, l’autre plus tard. Un ami nous dit : « Regarde le manque de cohérence entre la première description de Dieu et celle qui a été écrite plusieurs années après. Tu vois comment il embellit l’histoire ? Ce type n’est qu’un charlatan. En plus il n’est même pas un bon charlatan puisqu’il ne se souvient pas de l’histoire qu’il a racontée au départ ! »

Qu’en est-il en réalité ? Le problème est une mauvaise compréhension de la révélation. Voici une métaphore : ces trente dernières années, la façon dont on enseigne la biochimie et la biologie moléculaire a radicalement changé. Non pas que les lois scientifiques de ces disciplines aient changé, mais c'est la compréhension de ces disciplines, et donc ce que nous pouvons enseigner, qui a changé. De même, Dieu n’a pas changé. Il est le même hier, aujourd’hui et à jamais. C’est ce que le prophète savait sur Dieu et ce qu’il pouvait enseigner sur Dieu qui a changé.

Certains critiquent Joseph Smith, disant qu’il a embelli ou révisé ce qu’il avait dit ou écrit précédemment sur la Première Vision. On en conclut souvent que ces contradictions signifient qu’il ne pouvait pas être un prophète. Ce faisant, on prend la chose à l’envers. Le fait que Joseph Smith ait changé quelque chose qu’il avait dit ou écrit précédemment ne devrait pas nous déranger. Il a fait ce que les prophètes doivent faire : poser les questions qui n'ont pas encore été posées afin de recevoir davantage de ce que Dieu veut qu’on apprenne.

La révélation est un peu comme un polar. Le protagoniste (le prophète) ne commence qu’avec la vague compréhension d’un problème compliqué. Au fur et à mesure qu’il pose des questions, la vérité apparaît. En attendant, sa recherche n'est pas exempte d'impasses ou d'hypothèses erronées issues d’informations partielles. À la fin de l'épisode d'une série télévisée, on lit généralement à l'écran le message « À suivre », un peu comme dans notre neuvième Article de foi nous lisons « nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu ». Dans le processus de la révélation, il existe beaucoup de ces « épisodes ». Les « stars » de ces épisodes sont Moïse, Pierre, Thomas, Joseph Smith et d’autres — des prophètes dont la compréhension de Dieu découle de leur faculté à poser des questions, à recevoir des réponses et à les enseigner (question, réponse, transmission).

Il est important de voir les choses dans leur contexte. Du point de vue de Dieu, la doctrine du Christ est complète et immuable. Certains membres actuels ou anciens de l’Église prient que nos prophètes changent un principe doctrinal ou une pratique de l'Église pour coller aux normes changeantes de notre société. Mais Dieu ne change pas les règles et la doctrine pour suivre le rythme de la société. Dans la perspective de Dieu, la doctrine est immuable. Dans la nôtre, nous devons nous attendre à ce que notre compréhension de la doctrine évolue et s’améliore. On peut s’attendre à ce que le prophète change des choses de temps en temps, mais il faut admettre que nous, en tant que membres de l'Église, pouvons nous tromper et avoir besoin d’approfondir notre connaissance de l’Évangile de Jésus-Christ. Il s'agit de nous poser les bonnes questions, celles qui déboucheront sur une plus grande compréhension.

Il est essentiel que nous comprenions l'importance des questions dans le processus de la révélation. Il est rare que les convertis se rapprochent de l’Église sans que Satan ne s’en aperçoive. Si nous ne sommes pas vigilants, les élus — dont des personnes très intelligentes — peuvent se perdre très vite avant ou après le baptême (voir Matthieu 24:24).

Comme tout converti sensé, j’ai un certain nombre de questions auxquelles je n’ai pas de réponse. Mais je n’ai aucun doute à propos du rétablissement de l’Évangile de Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas nous vacciner contre l’apostasie. Satan a déployé une palette d’outils sophistiqués pour attaquer la foi des amis de l’Église qui n'ont pas appris comment fonctionne la révélation. De nos jours, un élément important de l’œuvre missionnaire est d'enseigner aux nouveaux convertis comment fonctionne la révélation et comment démasquer la tromperie de l'adversaire.

Dans cette deuxième partie du livre, nous avons vu comment aider ceux qui étudient l’Évangile à progresser résolument vers le baptême. Nous devons enseigner aux amis de l’Église qu’en tant que membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, nous prenons connaissance étape par étape, et non d'un seul coup, de ce que Dieu sait. Nous devons leur expliquer pourquoi le processus de la conversion commence par des questions auxquelles ils n’ont pas encore trouvé de réponse, comment prier comme s’ils parlaient personnellement avec Dieu, comment trouver dans les Écritures les réponses à leurs questions, comment régénérer leur spiritualité chaque semaine en sanctifiant le jour du sabbat, comment vaincre les tentatives de l’adversaire de détruire leur foi, et comment rester fidèle.


TROISIÈ PARTIE : ÉDIFIER LE ROYAUME DE DIEU

Pour les chapitres précédents j'ai puisé dans mon journal personnel des expériences susceptibles de convaincre chacun qu'il peut lui aussi être témoin de conversions en apprenant aux gens à se convertir. J’espère qu'à la lecture de ces expériences chacun s'est dit : « Moi aussi je peux le faire. Je vois maintenant comment ça marche. »

D’autres expériences missionnaires concernent de grandes groupes de personnes qui se joignent à l’Église, comme dans l’expérience d’Alma qui a accompli ce miracle dans les eaux de Mormon. Autre exemple, celui de Wilford Woodruff qui a organisé la migration vers l’Ouest de toute la population des îles Fox au large du Maine. En Angleterre, il a amené dans l’Église des centaines d’amis de John Benbow, parmi les Frères unis. Plus près de nous, les pionniers du Ghana ont amené des milliers de gens dans l’Église, avant même que celle-ci ne soit officiellement établie dans le pays. Ces récits racontent ce qui s’est passé mais donnent moins de détails sur la façon dont cela s'est fait.

L’objectif des chapitres de la troisième partie de cet ouvrage est de rapporter quelques miracles extraordinaires qui se sont produits de nos jours, ce qui nous aidera à voir comment des membres ordinaires de l’Église ont assisté et participé à des miracles dans l’édification du royaume de Dieu. J'ai été personnellement témoin de certains de ces miracles, les autres m'ont été racontés par les personnes qui les ont vécus. Ces miracles se sont produits parce que les protagonistes ont suivi les pensées et les voies de Dieu.

À la fin de cette partie, j'essaierai d'énumérer les leçons que l'on peut tirer de ces expériences afin qu'elles soient une aide pour les évêques, les dirigeants de mission de paroisse, les familles et les personnes, pour qu'ils sachent que de tels miracles peuvent se produire aussi dans leur paroisse et dans leur branche.


Chapitre 11 : Tous à l’œuvre à Augusta

En septembre 2002, on m’a chargé d’aider frère Glenn L. Pace de la présidence de l’interrégion du Nord-Ouest de l’Amérique du Nord à réorganiser la présidence de pieu d’Augusta, dans le Maine. En cherchant à savoir qui le Seigneur voulait que nous appelions comme nouveau président de pieu, nous avons demandé aux frères que nous avions convoqués comment ils étaient devenus membres de l’Église. Ils ont été nombreux à donner la même réponse : « Mes parents ont été baptisés dans la branche de Farmingdale en 1963, quand j’étais petit. » Après avoir entendu cette réponse plusieurs fois, nous avons pris des renseignements et avons appris qu'en 1963 à Farmingdale plus de 450 personnes s’étaient jointes à l’Église.

Le lendemain, avant la session générale de la conférence de pieu, on m’a présenté un frère âgé et sa femme, George et Karline McLaughlin. George avait été président de la branche de Farmingdale à l'époque de cette vague de conversions. Je suis revenu plus tard pour interroger les McLaughlin chez eux, pour parler de leur expérience en tant que dirigeants de la branche. L’état de santé de George se détériorait et je l’ai trouvé alité chez eux, à Gardiner, dans le Maine, où ils avaient élevé huit enfants. En écoutant leurs souvenirs, je me suis rendu compte que j’étais en présence de deux des missionnaires les plus humbles mais aussi les plus puissants de l’histoire de l’Église, et qu’il fallait raconter leur histoire.

Frère et sœur McLaughlin se sont joints à l’Église en 1951, suite à une vision remarquable de la mère de Karline. Ils ont été scellés en 1955 dans le temple de Logan. À l’époque, il n’y avait que cinq branches dans l’état du Maine. Les McLaughlin étaient membres d'une branche de dix membres pratiquants à Litchfield, près d’Augusta. La branche a grandi jusqu’à compter vingt membres pratiquants au début des années 1960. C'est alors que George a été appelé comme président de branche. En 1962, la branche s’est installée dans un petit bâtiment qu’ils avaient construit à Farmingdale, en banlieue d’Augusta. Peu de temps après le déménagement, George, dont le métier était de conduire un camion de laitier, a décidé de jeûner et de prier pendant deux jours afin d’apprendre du Seigneur comment il devait établir l’Église dans la vaste région centrale du Maine, qui comprenait la branche de Farmingdale. Le deuxième jour, George a garé son camion de laitier au bord d’une route rurale et a trouvé un endroit isolé où il a exprimé au Seigneur son désir d’établir son royaume. Revenu dans son camion, il savait par l’Esprit ce que les membres de la branche et lui devaient faire.

Le dimanche suivant, dans un discours à la réunion de sainte-cène, George a présenté son plan aux membres de la branche. C’était un discours qui, selon le récit de sœur McLaughlin, était parmi les plus inspirants et remplis de l’Esprit qu’elle avait jamais entendus. Après la réunion, le président McLaughlin a appelé trois familles de la branche comme « familles missionnaires ». Chaque famille avait comme tâche d’amener une autre famille à l’église le mercredi soir de la semaine suivante, soit dix jours plus tard, pour une soirée de branche. Lors de cette soirée, il passait un film qui présentait l’Église et donnait un bref discours en terminant par son témoignage. Plus tard dans la semaine, les missionnaires devaient enseigner une leçon chez la famille, puis la semaine suivante une autre leçon à l'église pendant la soirée de branche. Deux fois par semaine ils devaient prendre rendez-vous avec ces familles : une fois à l'église, une fois chez elles, jusqu’à ce que les familles soient baptisées ou qu’elles décident de ne plus continuer d’étudier l’Évangile. À ce moment-là, les familles missionnaires devaient trouver une nouvelle famille à amener à la soirée de branche suivante.

À la première soirée de branche, chaque famille missionnaire est arrivée avec une famille. Pendant l’entretien, j'ai admiré comment ces familles avaient accepté et entrepris avec autant de fidélité cette tâche délicate donnée par leur président de branche. Karline a expliqué : « C’est grâce au discours qu’avait fait George à la réunion de Sainte-Cène. » Chose remarquable, chaque nouvelle famille amenée à la soirée de branche était baptisée, et le dimanche suivant George appelait ces familles à servir comme familles missionnaires.

Avant cela, cette année-là, quand le nouveau président de la Mission de la Nouvelle-Angleterre, Truman G. Madsen, a rencontré frère et sœur McLaughlin, il a dit à George que s’il y avait un jour un baptême à la branche de Farmingdale, il aimerait assister au service. Quelques semaines après la première soirée de branche, George a invité le président Madsen à un service de baptême, mais le président lui a répondu que son emploi du temps ne lui permettrait pas d'y assister. Quand George a rappelé au président Madsen sa promesse, le président lui a demandé : « Combien de personnes seront baptisées ? », comme pour vérifier que le voyage de trois heures de Boston en valait la peine. « Je ne vais pas vous le dire, a répondu George, venez simplement. »

Quand le président Madsen est entré par le fond de l'église de Farmingdale, il a compté dix-huit personnes en vêtements blancs qui attendaient le baptême. Les larmes lui sont montées aux yeux. « George, je ne verrai jamais plus une telle chose de toute ma vie », a-t-il dit d’une voix émue.

Si, vous le reverrez, a répondu George.

Au fur et à mesure que le nombre de familles baptisées et appelées à servir comme familles missionnaires grandissait, la réunion de branche devait être réadaptée. Au bout d'un certain temps, pendant que le film d’ouverture était passé dans la salle de culte, on enseignait chacune des leçons missionnaires dans différentes salles du bâtiment. Si une famille avait déjà reçu la deuxième leçon chez elle la semaine précédente, ce mercredi soir elle allait dans la salle de classe où l'on enseignait la troisième leçon. Cette année-là, 451 personnes ont été baptisées dans la branche de Farmingdale ; l’année suivante, 191. Bien sûr, on a dû diviser la branche plusieurs fois. Et dans chacune des nouvelles unités, les membres ont continué à suivre le modèle des soirées de branche.

J'ai alors demandé : « Avec autant de personnes qui entraient dans cette branche minuscule, comment les avez-vous gardées dans l’Église ? »

Karline a répondu : « Il a fallu leur enseigner comment être membres de l'Église. Il faut comprendre qui était la plupart de ces gens. Ils étaient pauvres et peu éduqués. » George et Karline se rappelaient d'une famille qui vivait dans une cabane en rondins avec des torchons enfoncés dans les interstices pour éviter les courants d’air. « Ils sont restés fidèles et leurs quatre enfants ont fini par faire des études universitaires. »

George : « Ma responsabilité en tant que président de branche était de leur enseigner comment faire des discours et comment enseigner des leçons à l’église. Je devais leur enseigner comment enseigner l’Évangile à leurs enfants. Mes conseillers géraient la branche. Moi, je formais les nouveaux membres pour être des membres forts. »

Comme dans le modèle de rétention qu’enseignerait plus tard le président Gordon B. Hinckley, tous ces nouveaux membres avaient des amis. Des amis les avaient amenés, et à leur tour ils amenaient des amis. Ils avaient des responsabilités. Le dimanche après leur baptême, ils étaient appelés comme familles missionnaires : un appel simple et clair à amener une autre famille, puis une autre à la soirée de branche. On les nourrissait aussi de la bonne parole de Dieu puisqu’ils continuaient d’apprendre en aidant leurs amis, de façon répétée, à étudier l’Évangile avec les missionnaires.

Cinq ans plus tard, en 1968, frère Harold B. Lee, du Collège des Douze a organisé le pieu d’Augusta. Parmi les douze membres du premier grand conseil de pieu, dix avaient été baptisés dans la branche de Farmingdale en 1963 ou 1964.

George McLaughlin, dont la vision et la foi ont donné l'élan de la progression de l’Église dans le Maine, n’a pas été appelé comme président de pieu ou comme l’un de ses conseillers. Karline raconte : « Quelqu’un est venu vers nous dans l'assemblée pour nous demander si nous n’étions pas déçus de ne pas avoir été appelés pour diriger le pieu ». George a poursuivi : « Je lui ai dit que j’étais bien content de m’asseoir parmi les gens que nous aimions et de laisser d’autres prendre les rênes. C’est pour ça que nous avons fait tout cela : pour amener les gens au Christ, non pour mériter une position. »

Alors qu'on a largement publié les contributions de beaucoup de grands missionnaires du rétablissement de l’Église, j'étais étonné que deux des plus grands missionnaires de cette dispensation finissent leur vie aussi méconnus, dans cette petite maison à Gardiner. Cependant, lorsque nous avons terminé notre conversation, j’ai ressenti que l’esprit profondément paisible dans cette pièce venait des anges qui attendaient de pouvoir guider George et Karline McLaughlin, respectivement laitier et mère, vers un accueil céleste digne de héros.


Chapitre 12 : Rendre visite à ceux qui ne sont pas entrés dans la bergerie

Les expériences de ce chapitre et du suivant montrent comment les dirigeants d’une paroisse et d’un pieu peuvent inspirer leurs membres à aider les convertis à s’intégrer pleinement dans l’Église.

Une des aptitudes les plus importantes qu’un dirigeant doit maîtriser est la capacité de poser la bonne question, parce qu’elle est essentielle pour connaître les pensées et les voies de Dieu. Un exemple où nous posons peut-être la mauvaise question et passons à côté des pensées et des voies de Dieu est quand nous demandons : « Combien de personnes ont assisté à la réunion de sainte-cène aujourd’hui ? » Nos greffiers font le tour de la salle de culte pour faire le compte, et ils gardent ensuite ces chiffres bien au chaud dans leurs bureaux afin de pouvoir faire un compte-rendu précis.

L’assistance aux réunions est importante, mais je ne peux pas m’empêcher de me demander si nous posons la bonne question s'agissant de l’édification du royaume de Dieu. La bonne question a été formulée par le Sauveur dans sa parabole du bon berger : « Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? » (Matthieu 18:12) Ce faisant, le Sauveur suggère que la bonne question est : « Qui n’est pas venu aujourd’hui ? »

Au début des années 1990, la paroisse de Cambridge, qui se réunissait à l'église de Harvard Square, comptait plus de 450 membres, dont bien plus de la moitié étaient semi ou non pratiquants. La majorité des membres semi pratiquants vivaient dans les municipalités de Malden, d’Everett, de Revere et de Chelsea : des communautés ouvrières où il était assez facile de baptiser les gens parce qu’ils vivaient dans des circonstances qui les rendaient humbles. Cependant, quand ces braves personnes faisaient courageusement le trajet jusqu’à l'église de Harvard Square, elles trouvaient une paroisse dont l’ensemble des dirigeants — en fait, l’ensemble de la paroisse — se composait de nombreux membres talentueux, expérimentés et hautement qualifiés, nés dans l’Église, tous venus à Boston pour étudier à l’une des grandes universités de la région. La plupart des nouveaux membres de ces communautés avaient rapidement l’impression qu’ils ne pourraient jamais s’intégrer dans cette paroisse et devenaient non pratiquants.

Face à cela, en 1990 les dirigeants ont décidé d’établir un groupe ou mini-branche de l’Église à Malden. Ils ont tenu la première réunion chez sœur Letha May, qui ne venait que rarement aux réunions mais qui avait de bons sentiments à l’égard de l’Église. Douze personnes sont venues le premier dimanche. Enthousiastes d’avoir attiré un si grand groupe, ils en ont fait rapport au président de pieu. Il a répondu aux membres de cette mini-branche que s’ils arrivaient à avoir vingt personnes, il louerait une salle de réunions qu’ils pourraient utiliser le dimanche. Après la deuxième réunion de Sainte-Cène, ces douze membres et deux missionnaires se sont concertés et se sont posés la question que les bons bergers se posent comme le Sauveur : « Qui est perdu ? Qui d’autre aurait pu venir aujourd’hui ? » Ensuite, chacun a accepté la tâche de contacter une de ces personnes le jour même avec le message : « Nous créons une branche dans notre ville. Vous nous avez manqué ! Comment allez-vous ? Est-ce qu’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour vous aider ? Voulez-vous venir la semaine prochaine ? Nous avons besoin de vous ! » Le dimanche suivant, ils ont réparti vingt chaises dans le salon de sœur May et après la réunion, ils se sont regroupés pour se poser de nouveau la question : Qui d'autre aurait pu être avec nous aujourd'hui ? Et ils ont accepté la tâche de contacter les absents.

En quelques mois, les vingt chaises étaient occupées. Le président de pieu les a aidés à louer une salle pour les réunions du dimanche et le groupe est officiellement devenu la branche de Malden. Mais ils se sont vite rendus compte de quelques inconvénients : il fallait tous les dimanches apporter le pupitre, les cantiques, le matériel pour la Sainte-Cène et le clavier, puis tout rapporter chez eux. Ils ont alors demandé au président de pieu s’ils pouvaient louer la salle à la semaine. Il a répondu qu’ils pourraient le faire dès qu'il y aurait quarante membres à la réunion de Sainte-Cène. Le dimanche suivant, ils ont installé quarante chaises pour matérialiser les absents : « Qui d’autre aurait pu venir aujourd’hui ? » « Qui va les contacter aujourd’hui pour leur dire à quel point nous avons besoin d’eux ? » En moins d’un an, quarante personnes assistaient à la réunion de Sainte-Cène de cette branche et on a loué l'espace à la semaine.

Les membres de la branche de Malden, qui avaient commencé à prendre de la vitesse, ont demandé au président de pieu s’il pensait qu’ils pourraient un jour avoir leur propre église. Il a répondu qu’ils le pourraient, mais ils devraient être quatre-vingts aux réunions pour mériter un bâtiment de phase 1. Le dimanche suivant, ils ont installé soixante chaises et ont continué à se concerter après les réunions pour encore se poser la bonne question. En moins de deux ans, les chaises étaient occupées. Le dimanche suivant, ils ont installé vingt chaises de plus, pour atteindre quatre-vingt, et ont continué à poser la question du bon berger : « Qui aurait dû être ici qui n’est pas venu aujourd’hui ? » Lorsqu’ils ont atteint leur but de quatre-vingts personnes, ils ont voulu un bâtiment de phase 2, ce qu’ils ont mérité le jour où ils ont atteint une assistance de 120 membres de l'Église.

Quand les membres de la mini-branche et ensuite de la branche de Malden ont cherché à répondre à la question « Qui n’est pas venu ? », les noms qui sont le plus facilement venus à l’esprit étaient ceux des semi pratiquants ou des non pratiquants. Certains des semi pratiquants ont commencé à assister régulièrement aux réunions quand c’est devenu plus pratique, mais bien davantage ont accepté de revenir quand le message a été : « L’Église a besoin de vous. » Peu à peu, les discussions dans les réunions sont passées de « Qui n’est pas venu » à « Qui parmi les personnes enseignées par les missionnaires n’est pas venu ? ». Dès lors, la nécessité a cessé d'être la remotivation, mais l'accompagnement des amis de l'Église. Et plus tard, la question est devenue : « Lequel de mes amis n'est pas venu parce que je ne l'ai pas invité ? »

Si un voyage d’affaires ou de vacances vous amène un jour à Boston, permettez-moi de suggérer que vous visitiez l’un des plus beaux bâtiments de la région. Conduisez vers le nord depuis le centre-ville sur la Route 1, traversez le pont Tobin et continuez pendant sept minutes en direction de Revere. Immédiatement après avoir passé la sortie de Sargent Street, regardez à gauche où vous verrez une belle église de phase 2 qui abrite les paroisses de Revere 1 et Revere 2, un véritable hommage au petit groupe de membres qui se sont posés la question que les bons bergers se posent.

Je m’étais toujours demandé pourquoi le Sauveur avait précédé sa parabole du bon berger de la question : « Que vous en semble ? » Maintenant, je crois le savoir. Peut-être que, dans notre langage, cette question ressemblerait à ceci : « Mais qu’est-ce qui vous prend donc de ne compter que le nombre de mes brebis qui sont venues dans la bergerie tous les dimanches et puis de rentrer chez vous ? Ceux qui me préoccupent, moi, sont ceux qui ne sont pas venus ! »


Chapitre 13 : Guider les faibles et les simples

En 1991, dans l’arrondissement new-yorkais de Queens et dans les régions voisines à l’ouest du comté de Nassau, sur Long Island, il y avait deux paroisses et deux branches. Ces unités représentaient une population d'environ 250 membres pratiquants de l’Église et de plus de 1000 membres semi pratiquants. L’Église grandissait lentement. Il était relativement facile de baptiser à Queens, mais il était difficile de garder les nouveaux convertis en tant que membres pratiquants de l'Église car les lieux de culte étaient relativement inaccessibles depuis plusieurs quartiers de Queens.

En 1991, après avoir étudié le problème et prié pendant de nombreux mois, plusieurs dirigeants de l’Église à New York City et à Long Island ont décidé de détacher Queens et ses alentours à l’ouest du comté de Nassau des pieux de New York City et de Plainville (Long Island) et de les confier au président de mission (Cree L. Kofford, à l’époque) en tant que district de la mission, ce qui permettait plus de souplesse. Ces dirigeants ont divisé les deux paroisses et les deux branches en huit branches, et chacune d’elles avait une trentaine de membres pratiquants et entre 150 et 200 membres semi pratiquants. On a loué des locaux avec façade sur rue pour que les branches puissent se réunir. Ce changement a plongé ces branches dans une telle crise de manque de dirigeants qu’on a dû appeler comme dirigeants des frères qui n’étaient pas pleinement pratiquants ou fidèles à tous les commandements.

En deux ans, l’assistance aux réunions de Sainte-Cène dans ces branches avait tellement augmenté qu’elles ont été à nouveau divisées en deux, créant le même problème de recrutement de dirigeants que précédemment. Alors qu'à ce moment-là les dirigeants de branche avaient gagné en confiance pour diriger de façon ordonnée, les nouvelles divisions obligeaient encore à trouver de nouveaux dirigeants inexpérimentés. Alors que l’assistance aux réunions de Sainte-Cène retrouvait un niveau confortable, les dirigeants divisaient les branches. Et ce modèle a continué à être reproduit. En 1999, dans les vingt-six branches des trois districts de mission à Queens et dans l’ouest de Nassau, 2100 membres de l'Église assistaient à la réunion de Sainte-Cène.

La plupart des membres et dirigeants de l'Église accomplissaient la prophétie de Joseph Smith, à savoir que le royaume de Dieu serait édifié par les faibles et les simples (voir D&A 1:18-23). À mon avis, six dirigeants et leurs épouses et enfants ont joué un rôle clé. Ils n'ont pas permis que les simples et les faibles, parmi lesquels de futurs dirigeants, se perdent. Ils ont plutôt appliqué l'Écriture qui dit : « Et si quelqu’un d’entre vous est fort dans l’Esprit, qu’il emmène celui qui est faible, afin qu’il soit édifié en toute humilité, afin qu’il devienne fort aussi. » (D&A 84:106)

Blair Garff a été deux fois président de district et conseiller de plusieurs présidents de mission. Il était chargé de former les dirigeants de toutes ces branches et de tous ces districts. Il travaillait dans une banque d’investissement, mais tous les week-ends, pendant des années, il quittait sa maison de Westchester pour sillonner Queens de long en large et former les dirigeants de ces unités émergeantes de l’Église. Quand il avait fini leur formation, il regardait derrière eux et voyait une nouvelle génération de dirigeants récemment appelés qui avaient besoin d’être formés. Pendant ce temps, Susanne Garff s’occupait presque exclusivement de leur foyer. Blair et Susanne Garff ont été appelés par la suite à présider une des missions du Nigeria, puis à servir comme président et intendante du temple de New York City.

Ralph Weidler et Robert DeRosa ont été les conseillers de plusieurs présidents de mission. Alors que les présidents guidaient les missionnaires à plein temps de la Mission de New York Sud, plusieurs fois par semaine Ralph et Bob parcouraient chacun entre quatre-vingts et quatre-vingt-quinze kilomètres depuis l’ouest de Long Island pour instruire, guider et s'entretenir avec les membres des branches pour les préparer à se rendre au temple de Washington, D.C.

Le docteur David L. Duffy s’est joint à l’Église en 1973 après avoir terminé ses études de médecine à Harvard. Comme les Garff, David et sa femme, Audrey, ont formé des centaines de dirigeants à Queens pendant la décennie où il a servi en tant que président des districts de Queens Est et de Queens Ouest. Quand le pieu de Queens a été créé en 2005, le président Duffy en est devenu le premier président, et Audrey et lui continuent à former les membres pour être de grands dirigeants.

Une histoire révèle la personnalité du président Duffy. Peu de temps après l’organisation du pieu de Queens, on m’a confié la tâche de présider la conférence du district de Queens Ouest en tant que soixante-dix d’interrégion. Quelques minutes avant le début de la session générale, un homme d’une vingtaine d’années, très inquiet, s'est approché du président Duffy pour lui dire : « Président, vous m’avez demandé d’organiser un chœur de jeunes adultes qui devait chanter aujourd’hui. J’ai complètement oublié. »

Le président Duffy s’est excusé auprès de moi de l'absence d'un chœur et a expliqué que le jeune homme qui devait diriger le chœur n’avait jamais fait une telle omission de toute sa vie. J'ai répondu : « Président, ne vous en faites pas. Tout va bien. » Je me suis dit plus tard que si on qualifiait d'« Église forte » une Église dont les paroisses sont complètement pourvues en personnel et où chaque membre magnifie son appel, Queens serait faible. Cependant, si la définition de « fort » était qu'année après année de plus en plus de personnes sont baptisées, de plus en plus redeviennent pratiquants, que davantage de membres assistent à la réunion de Sainte-Cène, s’améliorent en tant que dirigeants et instructeurs et s'efforcent d’aller au temple, Queens serait un des endroits les plus forts de l’Église.

Jeffery Olson et sa femme, Julie, vivaient dans une maison confortable à Long Island. Jeffery servait comme président du pieu de Plainview, qui comprenait au début de cette histoire l’Est de Queens et l’intégralité de Long Island. Alors que l’Église continuait de grandir à Queens et dans l’ouest de Long Island, les Olson se sont rendu compte que l’Église avait davantage besoin de leurs capacités de dirigeants là-bas que dans le pieu de Plainview. Suite à une série de circonstances miraculeuses, ils ont vendu leur maison et ont déménagé à la frontière de Queens et de Long Island. C’est là qu’ils ont continué à élever leurs neuf enfants. Le président Olson a été relevé comme président de pieu et a été appelé comme président du district de Lynbrook, poste dans lequel il a continué de servir pendant près de douze ans. Les enfants Olson étaient souvent parmi les seuls membres de la branche de leur âge, et ils ont rempli beaucoup d’appels pendant leur adolescence. J’ai eu un entretien avec leur fils Peter lorsqu’il est venu étudier à Harvard :

Est-ce que tu as enseigné à la Primaire ?

Oui.

Est-ce que tu as été missionnaire de branche ?

Aussi.

Joues-tu du piano ?

Non, du violon.

Tout ça avant l’âge de dix-neuf ans, et avant qu’il n’ait fait une mission.

Peter n’est pas unique : Les neuf enfants Olson sont des membres de l’Église confiants, capables et engagés. Après avoir formé des centaines de dirigeants dans leurs branches et dans leur district, Jeffery Olson a été appelé comme soixante-dix d’interrégion en 2010.

Hyrum Smith est un descendant direct de Joseph F. Smith et de son père, Hyrum Smith, frère du prophète Joseph. Hyrum Smith vit à Queens. Il a servi comme président de branche avant, pendant et après les évènements en question. Hyrum se voyait comme un formateur. Quand il appelait un nouveau greffier de branche, il passait deux semaines à le former pour que le nouveau greffier sache parfaitement quoi faire, comment le faire, quand le faire et pourquoi. Hyrum passait ensuite les deux semaines suivantes à former son nouveau président du collège d’anciens sur le quoi, le comment, le quand et le pourquoi. Puis il consacrait les deux semaines suivantes à former la nouvelle présidente de Société de secours, et ainsi de suite. Par la suite, il s'est trouvé que sa branche a été divisée et que tous ces dirigeants capables et formés appartenaient désormais à l’autre branche ou qu’ils avaient déménagé et que le temps était déjà venu de former un nouvel ensemble de dirigeants. Cela s’est répété plusieurs fois. Selon frère Olson, Doctrine et Alliances 84:106 décrit parfaitement la manière dont Hyrum travaille pour contribuer à édification du royaume de Dieu.

Je vois ces branches non comme des destinations mais comme des étapes. Lorsque les nouveaux membres et ceux récemment remotivés suivent les commandements du Seigneur de magnifier leur appel dans l’Église, ils progressent non seulement en tant que membres de l'Église, mais aussi dans leur métier. Leurs progrès leur permettent d'en faire profiter d'autres ailleurs. Quant aux dirigeants, ils forment sans relâche pour que les autres, quand ils seront ailleurs, sachent faire ce qu'on leur demande. Leur oeuvre est celle de Dieu : « réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moïse 1:39).

Si vous passez en voyage d’affaires ou en vacances à New York City, passez deux ou trois heures à Queens pour admirer quelques-uns des plus beaux modèles d’architecture de l’Église. Commencez en vous garant n’importe-où dans Queens, au hasard. Verrouillez votre voiture et commencez à marcher. Vous arriverez forcément devant une belle église en moins de vingt minutes. Après l’avoir admirée, marchez encore vingt minutes jusqu’à la prochaine, et ainsi de suite. Vous verrez une église à Rego Park. Celle de Woodside est une usine de montres Bulova réaménagée ; à Flushing, l'église a été construite il y a près d'un siècle par l’Église de la science chrétienne. À Richmond Hill, c’est un bel entrepôt réaffecté ; à Lynbrook, le bâtiment est une ancienne école de commerce. Pour moi, ce sont de magnifiques lieux sacrés, non pas à cause de l’histoire des bâtiments mais à cause de ce qu’ils représentent : un hommage à la foi des dirigeants et membres de l'Église dont les pensées et les voies ont été celles de Dieu.


Chapitre 14 : Développer des paroisses sur lesquelles le Seigneur peut compter

En étudiant la manière de mieux établir le royaume de Dieu, j’ai découvert trois paroisses où l’on baptise régulièrement par groupes de vingt ou trente convertis dont la plupart restent fidèles. Pourtant, rien ne distingue les secteurs géographiques de ces trois paroisses des autres à proximité. L’une de ces paroisses se situe dans une banlieue de classe moyenne de Dublin (en Irlande), une autre dans une ville rurale du nord de la Nouvelle-Angleterre où peu de gens sont prospères, et la troisième dans une banlieue riche de Boston.

Bienvenue à la paroisse de Terenure

Il y a quelques années, ma famille s’est trouvée à Dublin (en Irlande) pendant un week-end. Nous avons loué une voiture et sommes partis vers le sud jusqu’à une banlieue, Terenure, pour assister aux réunions du dimanche de cette paroisse. En descendant de notre voiture, à peu près quinze minutes avant le début des réunions, j'ai vu un homme à l’autre bout du parking. Les mains tendues, il a crié : « Permettez-moi d’être le premier à vous souhaiter la bienvenue à la paroisse de Terenure ! » Il est venu, s’est présenté, nous a aidés à descendre de la voiture et nous a accompagnés à la salle de culte où il nous suggéré où nous asseoir pour profiter au mieux de la réunion. En chemin, il m’a présenté à plus de vingt personnes.

Pendant la réunion de Sainte-Cène, trois personnes qui avaient été baptisées la veille ont été confirmées membres de l’Église. Par bonheur, le thème de la réunion de prêtrise ce jour-là était l’œuvre missionnaire. Quelqu’un a demandé au dirigeant de mission de paroisse, qui dirigeait la conversation : « Combien de nouveaux membres ont été baptisés dans la paroisse de Terenure depuis le début de l’année ? » On était fin mai.

Si l'on compte les quatre personnes qui seront baptisées cette semaine, cela fait vingt-trois cette année, a répondu le dirigeant de mission de paroisse.

Comment cela se fait-il ? a poursuivi le questionneur. Au cas où on l’aurait oublié, on est en Irlande ! C’est un pays catholique. On est habitués à un ou deux baptêmes par an. Si on continue comme ça, on aura baptisé une cinquantaine de personnes cette année ! Pourquoi dans notre paroisse et pas ailleurs ?

Il est exact que les autres paroisses du pieu baptisent une ou deux personnes par an. Je crois que ce qui se passe ici, frères, est que Dieu peut compter sur la paroisse de Terenure. Il peut compter sur vous parce que vous invitez les gens à étudier l’Évangile. Il peut compter sur vous parce qu'à l'église vous cherchez qui est nouveau et lui manifestez de l’intérêt et de l’amour fraternel, que ce soit avant et après son baptême.

La branche de Lamoille

Quand j’étais soixante-dix d’interrégion, j’avais parfois l’occasion de visiter une mission pour rencontrer les missionnaires et je leur demandais toujours, en entretien privé : « Y a-t-il une branche ou une paroisse de la mission où tout le monde rêve d’être muté ? Qu’est-ce qu’il y a dans cette unité qui la rend si attirante pour les missionnaires ? »

Quand je me réunissais avec les missionnaires de la Mission de Manchester (au New Hampshire), chaque missionnaire avec lequel je parlais voulait être muté à la branche de Lamoille, qui se trouve au bout de la région la plus au nord du Vermont, sur la frontière du Québec. Dans cette branche, plus de trente personnes par an avaient été baptisées les trois dernières années.

« Qu’est-ce qui rend la branche de Lamoille si attirante ? » ai-je demandé.

L'un des missionnaires a répondu : « Je ne sais pas, mais là-bas, si on arrive à faire venir nos amis à l'église, les membres les embrassent et les accueillent très chaleureusement. C’est dingue. Même le porte-à-porte marche mieux à Lamoille que dans n’importe quel autre endroit de la mission. »

Le porte-à-porte ? Pourquoi est-ce que le porte-à-porte marche mieux là-bas que dans n’importe quel autre endroit de la mission ?

Christine et moi avons décidé, un dimanche que nous avions de libre, d’aller à Lamoille, à cinq heures en voiture au nord-ouest de Boston, pour mieux comprendre ce qui se passait dans cette branche. J’avais appris du président de pieu, Mike Sessions, qu’on avait transformé la branche en paroisse quelques semaines auparavant. Nous avons questionné de nombreux membres de la paroisse et on nous a dit à plusieurs reprises combien la paroisse était chaleureuse et accueillante envers les nouveaux visiteurs. Une femme m’a raconté que la première fois qu’elle est venue à l’église, une fillette de deux ans est venue vers elle, les bras tendus, en imitant ce qu’elle avait si souvent vu faire chez les adultes quand quelqu’un de nouveau entrait par cette porte.

Dieu semblait compter sur la paroisse de Lamoille pour aimer et s’occuper de ses enfants.

La paroisse de Weston

Au moment de cette histoire, la paroisse de Weston comprenait plusieurs des banlieues les plus aisées de l’ouest de Boston. Entre 1967 et 1977, près de trois cents personnes ont été baptisées dans la paroisse de Weston, c’est-à-dire à peu près trente convertis par an, dont dix-neuf familles complètes. La plupart de ces convertis sont restés pratiquants dans l’Église. Au cours des entretiens et en écrivant l’histoire de l’Église de la région de Boston, nous avons parlé avec beaucoup de personnes qui étaient ou sont devenus membres de cette paroisse au cours de la décennie en question.

Il n’y a absolument aucun point commun quant à la manière dont ces gens ont trouvé l’Église. Certains ont été indiqués par des membres. D’autres ont été trouvés par les missionnaires qui avaient frappé à leur porte. Un grand nombre d’entre eux ont découvert l’Église par eux-mêmes. Quoi qu'il en soit, tous ont dit que dès l’instant où ils sont entrés dans l'église de la paroisse de Weston, ils se sont sentis appréciés. L’un d’eux a dit : « C’était comme si tout le monde se plaçait près de la porte pour attendre mon entrée. »

Par exemple, un dimanche, sœur Virginia Perry, femme de L. Tom Perry, qui à l’époque était président du pieu de Boston, a remarqué une femme assise silencieusement au dernier rang de l'église de Weston ; elle était arrivée avec quelques minutes de retard à la réunion de Sainte-Cène. Elle était en jean et en t-shirt et était venue en moto. Sœur Perry a vite ressenti que la femme ne se sentait pas à l’aise alors que tous les autres étaient en habits du dimanche et installés par familles. Sœur Perry a quitté sa place, s'est rendue au dernier rang et a demandé à la visiteuse si elle pouvait s’asseoir à côté d’elle. Lorsque la femme a acquiescé d’un sourire, sœur Perry a mis son bras autour de ses épaules. Le dimanche suivant, sœur Perry est venue à l’église en jean et en t-shirt.

La seule chose que je puisse trouver pour expliquer les trente baptêmes annuels de la paroisse de Weston, et ce pendant des années alors que d’autres paroisses de la région ne baptisaient que quelques personnes par an, est celle-ci : Dieu pouvait compter sur la paroisse de Weston. Il savait que quand ses enfants le priaient pour recevoir de l’aide ou pour être guidés, s’il pouvait les guider vers la paroisse de Weston ou vers l'un de ses membres, il pourrait compter sur les membres de cette paroisse.

Dans les trois cas décrits ci-dessus, l'oeuvre missionnaire des paroisses voisines manquait d’enthousiasme, mais dans ces trois paroisses, elle avançait à grands pas. Je suppose que dans les limites géographiques des paroisses de Terenure, de Lamoille et de Weston, des personnes priaient Dieu à leur façon pour demander de l’aide d’une manière ou d’une autre. Si Dieu ne peut pas compter sur les membres de l’Église pour inviter ces personnes à recevoir son Évangile, pourquoi les mettrait-il sur notre chemin ? Et si Dieu ne peut pas compter sur nous pour faire en sorte que ses enfants se sentent aimés et bienvenus après s’être joints à l’Église, pourquoi nous les amènerait-il ?

Je ne crois pas qu’il y ait eu dans le territoire de ces trois paroisses davantage de personnes priant Dieu de les guider que dans le territoire des paroisses voisines. La différence est que Dieu pouvait compter sur les membres de ces trois paroisses et a répondu aux prières de beaucoup en les mettant sur le chemin des membres de ces paroisses ou en les guidant vers l’Église.

Mériter la confiance de Dieu est un principe qui n’est pas nouveau. Il a dit d’Abraham : « Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire ? Abraham deviendra certainement une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes les nations de la terre. Car je l’ai choisi afin qu’il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l’Éternel, en pratiquant la droiture et la justice, et qu’ainsi l’Éternel accomplisse en faveur d’Abraham les promesses qu’il lui a faites. » (Genèse 18:17-19)

Je crois que le même principe s’applique à chaque membre de l'Église. Dans presque chaque paroisse, entre quatre et six personnes trouvent 80 % des gens présentés aux missionnaires. Est-ce que ces quelques membres missionnaires sont les seuls à vivre ou à travailler parmi de futurs amis en or de l’Église ? Et est-ce que les membres de l'Église qui ne sont pas engagés dans l’œuvre missionnaire sont entourés de gens absolument pas intéressés par l’Évangile ?

J’imagine que Dieu pourrait dire de beaucoup de membres pratiquants de l’Église : « Je les ai choisis, mais en fait je ne suis pas sûr qu’ils feront part de l’Évangile à mes autres enfants comme je le leur ai commandé. » Dieu a promis qu’il répondrait aux prières de ses enfants, mais s’il ne peut pas compter sur nous, nous l'obligeons à user d'autres moyens pour répondre aux prières des autres.


Chapitre 15 : Jaime Valarezo et la branche hispanophone de Cambridge

En 1976, à la paroisse de Cambridge 1 (Boston), un petit groupe de saints hispanophones a commencé à tenir un cours de l’École du dimanche. En 1980, il y avait assez de saints hispanophones pour former une branche dépendante. Peu de temps après, une sœur missionnaire hispanophone, Carmen Francisco, a été affectée à la branche. Pendant qu'elle était là, ses collègues et elle ont converti une cinquantaine de personnes. La majorité d'entre elles étaient des femmes dont les maris ne se sont pas convertis. À la fin de sa mission, sœur Francisco est rentrée en Californie puis est vite revenue à Boston où elle a trouvé un emploi. Elle a été rapidement appelée comme présidente de la Société de secours de la branche hispanophone de Cambridge. À ce moment-là, la branche comprenait environ quarante femmes et six hommes adultes pratiquants.

Sœur Francisco a mis les sœurs de la Société de secours au défi de résoudre ce problème, en leur expliquant que pour que la branche devienne un jour paroisse, il fallait plus de détenteurs de la prêtrise. Les sœurs ont décidé de jeûner et de prier pendant tout un week-end, et ont demandé à Dieu d’envoyer à Cambridge un homme qui pourrait devenir un grand dirigeant dans la branche. Elles ont jeûné et prié et le dimanche suivant un inconnu est entré dans l'église. Loin d’être le dirigeant mûr et capable que les soeurs avaient demandé, l'homme était un immigrant salvadorien de quinze ans, Jaime Valarezo, qui s’était joint à l’Église avec sa mère au Salvador. Jaime bégayait tellement qu’il avait du mal à tenir une conversation et préférait parler aux jeunes enfants.

En quittant les réunions ce jour-là, sœur Francisco a dit à sa conseillère : « Je n’en reviens pas que ce soit tout ce que Dieu nous ait envoyé, alors que nous avons jeûné et prié avec tant de foi ! »

Cependant, Jaime avait un cœur en or. Il venait tôt à l’église pour répartir les cantiques et préparer la Sainte-Cène. De plus, il s’entendait très bien avec les enfants. Quand les enfants s’agitaient pendant les réunions, il les prenait dans ses bras et jouait avec eux. Les enfants en sont arrivés à aimer Jaime. Un jour, les missionnaires enseignaient un couple à l'église, et ils ont demandé à Jaime de surveiller les enfants pour que les parents ne soient pas distraits. Les enfants ont tant aimé Jaime qu’ils ont supplié leurs parents de retourner à l’église où était Jaime, et la famille a été baptisée par la suite. Les missionnaires ont commencé à amener régulièrement Jaime avec eux à chaque fois qu’il pouvait permettre aux parents de jeunes enfants à se concentrer mieux sur ce que les missionnaires enseignaient. Cette collaboration marchait bien, et la branche a commencé à se fortifier.

Un jour, à la fin de la réunion de Sainte-Cène, le président de branche a demandé à Jaime de faire la prière de clôture. L'assemblée a laissé échapper un murmure d'étonnement ; les gens ont été surpris du manque d'égard pour son défaut d’élocution. Mais Jaime s’est quand même levé et a fait une très belle prière. Les membres ont alors découvert que Jaime était maintenant capable de parler non seulement aux enfants mais aussi à Dieu. Pas encore aux adultes. Mais cela est arrivé par la suite. Jaime a décidé de faire une mission et le président de pieu, Gordon Williams, l’a béni pour que sa langue se délie.

Jaime a fait une très bonne mission, et à son retour a donné un discours puissant et rempli de l’Esprit devant la branche hispanophone de Cambridge qui avait beaucoup grandi. C’était éblouissant : en l’espace de quelques années, un jeune homme timide qui ne pouvait pas tenir une discussion avec des adultes était maintenant un homme confiant qui se tenait devant tout le monde et donnait un discours éloquent et inspirant. Après le cantique et la prière de clôture, personne ne s’est levé pour partir ; tous voulaient rester assis pour profiter de l’Esprit qui était dans la salle. Spontanément, un adolescent s'est levé pour dire : « Je voulais juste remercier Jaime pour tout ce qu’il a fait pour nous. Et je voudrais que Jaime sache que quand j’aurai dix-neuf ans, je partirai en mission, comme lui. » Puis un autre garçon s'est levé, a remercié Jaime et a promis qu’il partirait lui aussi en mission à l’âge de dix-neuf ans. Un par un, treize adolescents de l'assemblée se sont levés et ont fait cette promesse à Jaime.

Douze des treize garçons ont tenu leur promesse.

Aujourd’hui, il y a quatre unités hispanophones (deux paroisses et deux branches) dans la région de Boston. Dieu a répondu au jeûne et aux prières des sœurs de la Société de secours d’une façon plus puissante qu’elles n’auraient pu l’imaginer, mais à sa manière.


Chapitre 16 : Les pensées et les voies du Seigneur

Le vent de laïcité qui souffle sur les pays prospères ne facilite pas l'oeuvre missionnaire. Jérémie a eu la vision d'une caractéristique de l’œuvre missionnaire de nos jours : « Je vous prendrai, un d’une ville, deux d’une famille, et je vous ramènerai en Sion » (Jérémie 3:14).

Jérémie a vu aussi que malgré la diligence des saints des derniers jours, la plupart des gens s’intéresseraient peu à l’Évangile : « Lorsque vous aurez multiplié et fructifié dans le pays, en ces jours-là, dit l’Éternel, on ne parlera plus de l’arche de l’alliance de l’Éternel ; elle ne viendra plus à la pensée ; on ne se la rappellera plus, on ne s’apercevra plus de son absence, et l’on n’en fera point une autre » (Jérémie 3:16).

En dépit de cette attitude généralisée, les expériences racontées ci-dessus ne se sont pas produites à l’époque d’Énoch, d’Ammon ou de Wilford Woodruff, mais de nos jours. Ma première idée était de les traiter comme des miracles modernes. Mais qu'en est-il ? C'est une question de point de vue : « Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (Ésaïe 55:8-9).

Je crois que la raison pour laquelle ces membres missionnaires ont réussi malgré le climat actuel d’indifférence apparente pour la religion est qu'ils ont fait de leur mieux pour connaître et suivre les pensées et les voies de Dieu. Je crois dur comme fer que de tels miracles sont prévisibles dans notre vie quand nous suivons les pensées et les voies divines. C'est sous cet angle que doivent être examinés ces récits.

Les simples et les faibles

Les dirigeants qui ont prévu la croissance à Queens avaient des capacités personnelles extraordinaires. Mais ils n'ont pas appelé des dirigeants locaux aux mêmes capacités qu'eux pour diriger la paroisse de Queens. Ils ont plutôt fait confiance au Seigneur qui a dit qu’il établirait son royaume par les simples et les faibles :

« Les choses faibles du monde s’avanceront pour abattre les puissantes et les fortes, afin que l’homme ne conseille pas son semblable et ne place pas sa confiance dans le bras de la chair, mais afin que chacun parle au nom de Dieu, le Seigneur, le Sauveur du monde, afin que la foi grandisse sur la terre, afin que mon alliance éternelle soit établie, afin que la plénitude de mon Évangile soit proclamée par les faibles et les simples jusqu’aux extrémités du monde et devant les gouverneurs. Voici, je suis Dieu, et je l’ai dit. » (D&A 1:19-24)

Plutôt que de s'en remettre à des dirigeants dont les capacités étaient fortes, ils ont choisi de faire diriger les membres locaux par des gens simples. Ils voulaient que chaque personne de Queens soit capable de parler au nom de Dieu, le Seigneur, et ils prévoyaient que la foi grandirait à Queens en permettant aux faibles et aux simples de proclamer l’Évangile de Dieu.

Miraculeusement, mais aussi comme cela était prévisible, l'assistance à la réunion de Sainte-Cène à Queens est passée de 250 à 2100 en huit ans.

Lorsque les sœurs de la Société de secours de la branche hispanophone de Cambridge ont jeûné et prié pour avoir un dirigeant fort, le Seigneur a envoyé Jaime et l’a ensuite magnifié, exhaussant ainsi les prières des sœurs bien au-delà de ce qu’elles auraient pu imaginer.

Avoir un ami, une responsabilité, et être nourri de la bonne parole de Dieu

George et Karline McLaughlin ont suivi le conseil du président Gordon B. Hinckley qui a déclaré que chaque nouveau membre de l’Église a besoin d’un ami, d’une responsabilité et d’être nourri de « la bonne parole de Dieu » (Moroni 6:4-5). Les McLaughlin ont reproduit ce modèle avec persévérance. Tous les membres de la branche avaient été amenés par un ami et amenaient à leur tour leurs propres amis. On les appelait à participer à l'oeuvre missionnaire le jour après leur baptême. En aidant régulièrement les missionnaires à enseigner l’Évangile à leurs amis, ils étaient continuellement nourris de la bonne parole de Dieu. Comme prévu, et non par miracle, des centaines de personnes ont accepté le baptême et la plupart des convertis sont restés fidèles.

Le bon berger

Les douze membres du groupe de Malden du pieu de Boston, désireux d’avoir leur propre branche et église, ont suivi le modèle de bon berger qu'est le Sauveur.

« Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? » (Mattieu 18:12)

Ils se sont réunis chaque semaine après les réunions pour se poser la question du bon berger : « Qui n’est pas venu aujourd'hui ? » Il n’y a pas de montagne à Revere, Everett, Malden ou Chelsea dans le Massachusetts, mais les chemins escarpés et sinueux de ces endroits étaient tout aussi intimidants pour ces gens que la montagne pour le berger de la brebis égarée. Huit ans plus tard, quand les membres de la paroisse de Revere 2 ont assisté à la consécration de leur belle église, c’était bien un miracle, mais ils l’avaient prévu tout comme nous pouvons le faire.

Aimez-vous les uns les autres

Les paroisses de Terenure, Lamoille et Weston ont mérité la confiance de Dieu au point de baptiser des dizaines de personnes chaque année pendant que les paroisses voisines avaient du mal à avoir quelques nouveaux membres. Les gens qui venaient dans l'une de ces trois paroisses se sentaient toujours aimés. « À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jean 13:35)

Est-il surprenant que le porte-à-porte soit plus productif dans la vallée de Lamoille qu’ailleurs dans la Mission ? Ou qu’à Terenure, en Irlande, on baptise vingt-trois personnes en cinq mois ? Je crois vraiment qu'à certaines périodes, Dieu a pu compter sur les membres de ces trois paroisses. Le nombre remarquable de personnes qui se sont jointes à l’Église est miraculeux, mais il est à la portée de toutes les paroisses qui font le nécessaire pour mériter la confiance du Seigneur.

D’après ce que j’ai compris, le nombre de conversions dans ces paroisses a ensuite baissé pour rejoindre la moyenne, ce qui suggère que cette confiance peut grandir mais aussi diminuer.

Ces membres et dirigeants locaux de l'Église ont été entreprenants. Ils ont produit beaucoup de justice de leur propre initiative. Voici comment les Écritures les justifie :

« Car voici, il n’est pas convenable que je commande en tout, car celui qu’il faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans sagesse; c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense. En vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir d’agir par eux-mêmes. Et si les hommes font le bien, ils ne perdront en aucune façon leur récompense. Mais celui qui ne fait rien tant qu’on ne le lui a pas commandé et qui reçoit un commandement le cœur indécis et le garde avec paresse, celui-là est damné. » (D&A 58:26-29)

Certains dans l’Église ont l’impression que les saints obéissants sont ceux qui appliquent les programmes et que l’innovation est signe de rébellion si elle n’est pas « approuvée ». Les protagonistes des succès rapportés plus haut ont suivi l’Esprit, ce qui les a amenés à innover. Les programmes de l’Église sont conçus pour faire place à l’initiative personnelle et à l'inspiration. Que je sache, aucune date limite n'a été précisée pour cette partie du neuvième Article de foi : « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu. »

Je crois sincèrement que si nous abordons cette œuvre en suivant les pensées et les voies de Dieu, nous pouvons tout à fait nous attendre à être des instruments dans les mains du Seigneur pour lui amener beaucoup plus d'âmes que par le passé. C’est en fait ce qu'il a promis à ses saints : « Et là où quiconque vous reçoit je serai aussi, car j’irai devant votre face ; je serai à votre droite et à votre gauche, et mon Esprit sera dans votre cœur, et mes anges seront tout autour de vous pour vous soutenir » (D&A 84:88). « Et je le porterai comme sur des ailes d’aigle ; et il suscitera de la gloire et de l’honneur pour lui-même et pour mon nom » (D&A 124:18). Ces promesses s’appliquent à chacun de nous.


Épilogue : Témoignage

Le choix de rapporter cette série d'expériences n'a pas été facile à faire, car toute ma vie j’ai essayé de ne pas me mettre en avant. Cependant, j’ai fait ce choix à cause des leçons que j’ai apprises sur l'oeuvre missionnaire, notamment la nécessité d'adopter les pensées et les voies de Dieu.

Les principes enumérés dans cet ouvrage ne résultent pas d’une analyse ciblée de l’œuvre missionnaire, mais de l'habitude quotidienne d'y réfléchir, comme je réfléchis tous les jours à la façon d'être un meilleur professeur à Harvard, un meilleur mari, un meilleur père, un meilleur créateur d'entreprises et un meilleur instrument entre les mains de Dieu pour contribuer à l'édification de son royaume. Je suis quotidiennement amené à réfléchir sur ces questions et d'autres. Ce faisant, j'approfondis peu à peu ma compréhension des lois qui gouvernent ces domaines.

C'est ainsi qu'avec le temps j’ai découvert que nous créons nous-mêmes certains obstacles à l’œuvre missionnaire. Notre tendance à faire l'oeuvre missionnaire en adoptant les pensées et les méthodes humaines est un frein aux progrès du royaume de Dieu.

Il nous reste beaucoup à apprendre, mais je témoigne que les principes résumés dans ce livre sont vrais. Je les ai appris avec l’aide de l’Esprit au cours de mes travaux pour faire part de l’Évangile.

Faire part de l’Évangile ne compromettra ni votre succès, ni votre profil professionnel ou familial ou dans la collectivité. Le Sauveur a promis : « Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous seront données par-dessus » (Mathieu 6:33). Autrement dit, la clé pour réussir dans tous ces domaines est de donner la priorité au royaume de Dieu. Ces bienfaits ne sont pas accordés en restant passif. L’Esprit de Dieu nous magnifie pour que nous puissions faire ce qui nous serait autrement impossible. Je sais cela par expérience personnelle.

J'invite quiconque à vérifier les promesses de Dieu contenues dans les Doctrine et Alliances et résumées dans l’introduction de ce livre, en commençant dès aujourd'hui personnellement et en famille. Je sais que Dieu vit et que Jésus-Christ est véritablement le Sauveur de l’humanité. Je sais qu’ils sont apparus à un jeune garçon, Joseph Smith qui, par le pouvoir de Dieu, a traduit le Livre de Mormon. Ce livre est vrai. À notre époque, Dieu et son Fils ont rétabli ici-bas le véritable Évangile. Je sais ces choses car elles m'ont été communiquées directement des cieux.

Il n’y a pas de mots pour dire à quel point je suis reconnaissant d’avoir la vérité et l’occasion de m'unir aux saints pour faire part à tous, avec fierté et amour, de ce magnifique Évangile.