LA MAISON
DU SEIGNEUR
Une Etude des Sanctuaires sacrés
· de l'Antiquité
et des Temps Modernes
par
JAMES E. TALMAGE
·1
PRÉFACE
Pa.rrlli les nombreuses églises et sectes actuelles, les
Saints des Derniers Jours se sont taillé une réputation
de bâtisseurs de Temples. A cet égard, ils sont semblables
à l'antique Israël. Il n'est pas surprenant dès lors que l'on
ma.tiifeste généralement un grand intérêt pour cette caractéristique
de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours, et que l'on pose continuellement des questions
touchant le but et les raisons qui se cachent derrière
cette oeuvre grandiose ainsi que sur la nature des ordonnances
que l'on administre dans ces Maisons modernes
du Seigneur. C'est pour répondre à certaines de ces
questions et pour mettre à la portée des chercheurs sincères
une documentation authentique concernant l'aspect
doctrinal et l'aspect pratique de l'oeuvre du Temple, que
le présent ouvrage a été écrit. · ·
En vue de permettre une comparaison aisée entre les
réalisations des constructeurs de Temples du passé et ceux
de l'époque actuelle, nous avons inclu une brève notice
sur les sanctuaires des dispensations antérieures. Alors
qu'il est possible de se procurer des renseignements détaillés
sur les Temples antiques et les sanctuaires qui s'y
rattachent en consultant des encyclopédies, des dictionnaires
bibliques et des ouvrages plus spécialisés, il n'y a
guère de publications · distinctes concernant les Temples
d'aujourd'hui et le service sacré que l'on y ~élèbre.
« L'Histoire » officielle de l'Eglise de J ésus-Chnst des
Saints des Derniers Jours renferme d'abondantes indications
sur cette matière, mais ces renseignements sont
répartis dans de .nombreux volumes ~t ne,.so~t _accessibles
qu'à un nombre relativement restremt d mdiv1dus. .
Parmi les publications spéciales parues dans ce domame,
dont la plupart sont consacrées avant tout à l'~istoire e~
à la description du Temple de Salt Lake City, mentionnons:
.
« Temples: Descriptive and historical sketches of
ancient and modem sacred edifices», brochure de 28
pages, due à J. M. Sjodahl, Salt Lake City, _18?2. ~lie
renferme l'histoire du Temple de Salt Lake City JUsqu au
moment de la pose de la dernière pierre, en avril 1892.
La brochure renferme quelques esquisses. .
«The Salt Lake Temple», article écrit par James
H. Anderson, publié dans « The Contributor », vol. XIV,
no 6, avril 1893, 60 pages accompagnées de nombreuses
illustrations montrant le Temple à différents stades de sa
construction, ainsi que des détails de celle-ci, des portraits
de dirigeants de l'Eglise et d'autres personnes en
rapport avec l'édification de ce bâtiment grandiose.
« Historical and descriptive sketch of the Salt Lake
Temple», brochure illustrée de 36 pages, publiée par
le Deseret News à Salt Lake City, en avril 1893.
« A Description of the Great Temple, Salt Lake City,
and a statement concerning the purposes for which it has
been built », brochure de 40 pages, écrite par D. M.
McAlister, Salt Lake City, 1912. Celle-ci renferme des
illustrations en similigravure représentant des vues tant
extérieures qu'intérieures.
En rédigeant le présent ouvrage, l'auteur a bénéficié
de nombreuses autorisations et reçu beaucoup d'aide de
la part des dirigeants de tous les Temples, de l'Historien
de l'Eglise et de ses assistants, des autorités générales
de l'Eglise, et de beaucoup d'autres personnes. C'est avec
respect qu'il se reconnaît l'obligé de tous ceux qui l'ont
assisté dans cette tâche agréable.
Salt Lake City, Utah.
21 septembre 1912.
JAMES E. TALMAGE.
·1
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE 1. - PRÉAMBULE
Vue générale des sanctuaires des temps anciens et modernes.
CHAPITRE II. - LES SANCTUAIRES DES DISPENSATIONS
ANTÉRIEURES
Le « Témoignage ». - Le Tabernacle provisoire. - La Tente
d'Assignation. - Le. troisième Tabernacle. - Le Temple de
Salomon. - Le Temple de la Vision d'Ezéchiel. - Le Temple
de Zorobabel. - Le Temple d'Hérode.
CHAPITRE III. - NÉCESSITÉ DES TEMPLES DANS
Pages
18
LA DISPENSATION ACTUELLE . 63
Nécessité de l'obéissance aux lois et ordonnances de l'Evangile.
- Ministère vicarial des vivants pour les morts. - Autorité
de travailler au bénéfice des morts. - Les Temples sont nécessaires
au service vicarial.
CHAPITRE IV. ORDONNANCES MODERNES DU
TEMPLE
Le baptême pour les morts. - Ordination et Dotation. - Salut
et Exaltation. - Degrés dé Gloire. - La Dotation du
Temple. - Le scellement dans le mariage. - Autres ordonnances
de scellement.
90
VIII TABLE DES MATIÈRES
Pages
CHAPITRE V. · TEMPLES MODERNES. LES
TEMPLES DE KIRTLAND ET DE NAUVOO . 111
Emplacement du Temple à lndependence (Missouri). - Le
Temple de Kirtland. - Emplacement du Temple à Far-West
(Missouri). -.Le Temple de ·Nauvoo ..
CHAPITRE VI. - LE GRAND TEMPLE DE SALT
LAKE CITY, UTAH. HISTORIQUE ....
Début du travail. - Première description. - Pose de la dernière
pierre. - Achèvement du bâtiment, sa dédicace. - Prière de
Dédicace.
CHAPITRE VII. - LE GRAND TEMPLE DE SALT
LAKE CITY. EXTÉRIEUR . . . . .
Style architectural. ,..-- Description générale. - Pierres portant
un emblème.
1
CHAPITRE VIII. - LE GRAND TEMPLE DE SALT.
LAKE CITY. INTÉRIEUR . . . . . .
L'Annexe. - Le Passage de l'Annexe. - Le Corridor inférieur.
- Le Baptistère. - La Salle de Conférence inférieure. -
La Salle du Jardin. - Le grand Escalier. - La Salle du
Monde. - La Salle Terrestre. - La Salle Céleste. - La Salle
du Scellement pour les Morts. - La Salle du Dôme. - La Salle
des Anciens. - La Salle du Conseil des Douze Apôtres. - La
Salle du Conseil des Soixante-Dix .. - La Salle du Conseil de la
Première Présidence et des Douze Apôtres. - La Salle du
Grand Conseil. - La grande Salle de Réunion. - Les étages
supérieurs. - Les quatre escaliers de granit.
CHAPITRE IX. - CONCLUSION . . .
La Prêtrise inférieure ou Prêtrise d'Aaron à l'oeuvre dans les
Temples antiques. - La prêtrise supérieure ou Prêtrise de
Melchisédek à l'oeuvre dans ·les Temples d'aujourd'hui.
ILLUSTRATIONS
138
187
197
218
225
CHAPITRE 1
PRÉAMBULE
Le terme « temple » a: un sens restreint et bien particulier
quand il est utilisé littéralement, tant en dérivation
que dans l'usage courant. L'idée essentielle exprimée par
le mot « temple » est et a toujours été celle d'un LIEU
réservé spécialement à un service considéré comme sacré,
et d'une sainteté réelle ou supposée ; dans un sens plus
restreint, un temple est un BATIMENT édifié et exclusivement
consacré à des rites et des cérémonies sacrés.
Le latin TEMPLUM était l'équivalent de l'hébreu
BETH ELOHIM, et signifiait la demeure de la Divinité ;
dès lors, associé qu'il était avec le culte de la Divinité,
il signifiait littéralement la Maison du Seigneur."
Des édifices considérés dans leur entièreté comme des
sanctuaires, ou comprenant des locaux ainsi désignés, on
en a construit à de nombreuses époque différentes. Les
auteurs en étaient aussi bien des idolâtres que des disciples
du vrai Dieu vivant. Les temples païens de l'antiquité
étaient regardés comme la demeure des dieux et des
déesses de la mythologie dont ils portaient le nom, et
au service desquels ils étaient _dédiés. Tandis que les
abords de ces temples servaient de lieu de rassemblement
général pour les cérémonies publiques, il y avait toujours
des enceintes intérieures où seuls les prêtres consacrés
2 LA MAISON DU SEIGNEUR
étaient autorisés à pénétrer et où, prétendait-on, se manifestait
la présence de la divinité. Les temples antiques,
même ceux d'origine païenne, étaient exclusifs: nous en
voyons une preuve dans le fait que l'autel pour le culte
païen ne se trouvait pas à l'intérieur du temple proprement
dit, mais en face de l'entrée. Les temples n'ont
jamais été considérés comme des lieux ordinaires de réunion
publique, mais bien comme des enceintes sacrées,
réservées aux cérémonies les plus solennelles du genre
particulier de culte - divin ou idolâtre - dont le
temple constituait le symbole visible et le type matériel.
Dans l'ancien temps, le peuple d'Israël avait la réputation
parmi les nations, d'être un constructeur de sanctuaires
au nom du Dieu vivant. Ce service lui était spécialement
demandé par Jéhovah, qu'il professait servir.
L'histoire d'Israël en tant que nation date de l'exode.
Au cours des deux siècles de leur esclavage en Egypte,
les enfants de J a((ob étaient devenus tm peuple nombreux
et puissant ; néanmoins, ils étaient en esclavage. En temps
voulu, cependant, leurs larmes et· leurs supplications montèrent
jusqu'au Seigneur et Il les emmena par la puissance
de Son bras étendu. Ils avaient à peine échappé au
milieu idolâtre des Egyptiens, qu'il leur fut demandé de
préparer un sanctuaire où Jéhovah manifesterait Sa présence
et ferait connaître Sa volonté en Sa qualité de
Seigneur et de Roi reconnu.
Le Tabernacle, qu'Israël révéra toujours comme le
sanctuaire de Jéhovah, depuis le moment où il fut construit
dans le désert, pendant toute la période de ses
pérégrinations et pendant de longs siècles encore, avait été
construit selon un plan et des spécifications obtenues par
révélation. C'était un meuble de dimensions réduites et
transportable comme l'exigeaient les nécessités d'une vie
PRÉAMBULE
nomade. Bien que ce Tabernacle ne fût qu'une tente,
U était fait des matériaux les meilleurs, les plus prisés èt
les plus coûteux que ces gens possédaient. Cette excellence
même de la réalisation était justifiée, car ce meuble, une
fois terminé, constituait l'offrande de toute une nation au
Seigneur. La construction en fut déterminée jusque dans
le plus infime détail, tant pour la forme que pour les
matériaux; c'était à .tous égards ce que le peuple pouvait
donner de meilleur, et Jéhovah sanctifia l'offrande
qu'on Lui présentait par son acceptation divine. Souvenons-
nous, en passant, du fait que si une très bonne
chose est offerte, que ce soit par un homme ou par
une nation, cette chose est toujours excellente aux yeux
de Dieu si .elle est offerte de bon gré et avec des intentions
pures, quelque pauvre qu'elle puisse paraître par
comparaison avec d'autres.
Lorsqu'on fit appel au peuple pour fournir les matériaux
destinés à la construction du Tabernacle, l'élan fut
si sincère et si généreux que les besoins furent· largement
couverts : « Les objets préparés suffisaient, et au-delà,
pour tous les ouvrages à faire. » (Exode 36:7 .) En conséquence,
une proclamation fut faite, empêchant le peuple
d'en apporter davantage. Les artisans et les ouvriers
engagés pour la construction du Tabernacle furent désignés
par révélation directe, ou bien choisis par ceux que
Dieu avait investis de Son autorité, en tenant compte particulièrement
de leur habileté et de leur piété. Le Tabernacle
terminé, si on le rapproche de son décor et si l'on
tient compte des circonstances de sa création, était un
meuble imposant. Les planches en étaient de bois rares,
les draperies intérieures de toile fine, ornées de broderies
compliquées avec des motifs imposés de couleur bleue,
pourpre ou écarlate ; les rideaux intermédiaires et exté4.
LA MAISON. DU SEIGNEUR
rieurs étaient faits de peaux choisies ; les parties métalliques
étaient d'airain, d'argent et d'or.
A l'extérieur du Tabernacle, mais à l'intérieur du parvis,
se trouvaient l'autel des holocaustes et la cuve d'ablutions.
La première pièce du Tabernacle proprement dit était
une pièce extérieure appelée le « Saint » ; au-delà, dérobé
aux regards par le second voile, se trouvait le sanctuaire
intérieur, l'endroit le plus Saint, !lésigné expressément
sous le nom de Saint des Saints. Selon les directives
reçues, seuls les prêtres étaient autorisés à pénétrer dans
la pièce extérieure ; tandis que dans la pièce intérieure,
«la plus sainte de toutes », seul le grand-prêtre avait le
droit de pénétrer, et ce, une fois l'an seulement, et
encore, devait-il d'abord passer par un long rituel de
purification et de sanctification.
Parmi les dépendances les plus sacrées du Tabernacle
figurait l'Arche d'Alliance. C'était un coffret - ou un
coffre - fait du meilleur bois que l'ùn pût se procurer,
doublé et recouvert d'or pur, et équipé de quatre anneaux
d'or pour recevoir les barres servant à transporter l'Arche
au cours du voyage. L'Arche renfermait certains objets
sacrés par destination, tel un vase en or contenant de
la manne que l'on conservait en souvenir ; on y ajouta
plus tard le bâton d'Aaron qui avait bourgeonné, ainsi
que les tablettes de pierre gravées par la main du Seigneur.
Quand le Tabernacle était dressé dans le camp
d'Israël, l'Arche était déposée derrière le voile intérieur,
dans le Saint des Saints. Posé sur l'Arche se trouvait le
propitiatoire, surmonté d'un couple de chérubins en or
battu. C'est de ce siège que le Seigneur manifestait Sa
présence, ainsi qu'il l'avait promis avant que l'Arche ni
le Tabernacle ne fussent construits : « C'est là que je me
rencontrerai avec toi ; du haut du propitiatoire, entre les
PRÉAMBULE 5
deux chérubins placés sur l'arche du témoignage, je te
donnerai tous mes ordres pour les enfants <;l'Israël. »
(Exode 25:22.)
Nous ,n'avons pas l'intention de donner ici une descrip-:
tion détaillée du Tabernacle, de ses ,dépendances ni de
son mobilier ; -il nous suffit de savoir pour l'instant que
le camp d'Israël possédait un tel sanctuaire ; qu'il avait
été construit selon un plan révélé ; qu'il représentait ce
que le peuple pouvait donner de. meilleur, tant en matériaux
qu'en main-d'oeuvre ; que c'était l'offrande d'un
peuple à son Dieu, et qu'il avait été dûment accepté par
Celui-ci. Enfin, et nous le démontrerons plus tard, le
Tabernacle était un prototype du Temple, plus stable et
plus magnifique, par lequel il fut remplacé dans la suite
(Exode 40:34-38). .
Après qu'Israël se fut établi dans la terre promise,
lorsque, après quarante années de pérégrinations dans le
désert, le peuple de l'alliance eut enfin Canaan bien à
lui, le Tabernacle et son contenu sacré trouvèrent le repos
à Silo ; et c'est en ce lieu que les tribus vinrent apprendre
la volonté et la parole de Dieu. b Plus tard, il fut transféré
à Gabaon, c et enfin à la Cité de David, Sion. d
David, deuxième roi d'Israël, désirait construire une
maison au Seigneur et il en conçut le projet, car, déclarait-
il, il était inconvenant que lui, le roi, habitât un palais
en cèdre alors que le sanctuaire de Dieu n'était qu'une
tente (II Samuel 7:2). Mais le Seigneur parla par la
bouche du prophète Nathan, déclinant l'offrande proposée
et établissant nettement le fait que, pour être acceptable
à Ses yeux, il ne suffisait pas que le don fût approprié,
il fallait aussi que le donateur fût digne. David, roi d'Israël,
qui était à beaucoup d'égards un homme selon le coeur
de Dieu, avait péché ; et son péché n'avait pas encore
6 LA MAISON DU SEIGNEUR
été expié. Ainsi parla le roi: «J'avais l'intention de bâtir
une maison de repos pour l'arche de l'alliance de l'Eternel
et pour le marchepied de notre Dieu, et je me préparais
à bâtir. Mais Dieu m'a dit: Tu ne bâtiras pas une maison
à mon nom, car tu es un homme de ·guerre et tu as
versé du sang. » • Néanmoins, David fut autorisé à rassembler
les matériaux pour la Maison du Seigneur. Quant
à l'édifice, ce n'est pas lui, mais son fils Salomon qui
devait le construire.
Peu après son accession au trône, Salomon se mit à
la grande oeuvre qui lui était échue en même temps que
sa couronne, comme un héritage et un honneur. Il en
posa les fondations dans la quatrième année de son règne,
et le bâtiment fut terminé en moins de sept ans et demi.
Grâce aux grandes richesses accumulées par son royal
père et spécialement affectées à la construction du Temple,
Salomon put mettre à contribution tout le monde connu
et associer les autres nations à sa grandiose entreprise.
Les ouvriers du temple se comptaient par dizaines dé
milliers et chaque secteur de l'entreprise se trouvait placé
sous la responsabilité d'un maître artisan. Etre employé
sur ce chantier à quelque titre que ce fût était un honneur
; et le travail en retira une dignité qu'on ne lui avait
jamais reconnue auparavant. La maçonnerie devint une
profession et la hiérarchie qui s'y établit a survécu jusqu'à
nos jours. L'érection du Temple de Salomon fit époque,
non seulement dans l'histoire d'Israël, mais dans celle
du monde.
Selon la chronologie généralement admise, le Temple
fut achevé vers l'an 1005 avant J.-C. Pour son architecture
et sa construction, sa décoration et son prix de revient,
il est considéré comme un des bâtiments les plus remarquables
de l'histoire. Les rites de la dédicace durèrent
PRÉAMBULE 7
sept jours - une semaine de réjouissances sacrées pour
Israël. Avec un cérémonial approprié, le Tabernacle de
la Congrégation et l'Arche sacrée de_ l'Alliance furent
introduits dans le Temple ; et l'Arche fut déposée dans le
sanctuaire intérieur, le Saint des Saints. Le Seigneur accepta
gracieusement cette offrande et le manifesta par une nuée
qui emplit les lieux sacrés au moment où les prêtres se
retiraient : « Les sacrificateurs ne purent y rester pour
faire le service, à cause de la nuée ; car la gloire de l'Eternel
remplissait la maison de Dieu. »' C'est ainsi que le
Temple remplaça, tout en l'incluant, ce Tabernacle dont
il était, en fait, le fastueux successeur.
Si nous comparons le plan du Temple de Salomon avec
celui de l'ancien Tabernacle, nous voyons qu'ils étaient
pratiquement identiques dans tous les traits essentiels
de la disposition et des proportions. Il est vrai que le
Tabernacle n'avait qu'une seule enceinte, alors que le
Temple était entouré de cours, mais le bâtiinent intérieur,
le Temple proprement dit, se confdrmait étroitement au
plan primitif. Les dimensions du Saint des Saints, du
Saint, et du Portique, étaient, dans le Temple, exactement
le double des parties correspondantes du Tabernacle.
La glorieuse prééminence de cette magnifique construction
fut de brève durée. Lé déclin en commença trentequatre
ans après la dédicace, cinq ans seulement après
la mort de Salomon ; et ce déclin s'amplifia bientôt en
une spoliation générale qui devint finalement une véritable
profanation. Salomon, ce roi, cet homme sage, ce maîtreconstructeur,
s'était laissé égarer par les artifices de femmes
idolâtres, et ses manières- dépravées avaient suscité l'iniquité
en Israël. La nation n'était plus unie; il s'y trouvait
des factions et des sectes, des partis et des croyances
particulières, certains adoraient au ·sommet des collines et
8 LA MAISON DU SEIGNEUR
d'autres sous les arbres verts, chaque groupe proclamant
l'excellence de son sanctuaire particulier. Le Temple perdit
bientôt son caractère de sainteté. Le don fut déprécié par
la perfidie du donateur, et Jéhovah retira Sa présence
tutélaire de ce lieu profané.
Les Egyptiens, qui avaient tenu le peuple en esclavage
jusqu'à ce qu'il en fût délivré par Dieu, furent de nouveau
autorisés à opprimer Israël. Schischak, roi d'Egypte,
s'empara de Jérusalem - cité de David et siège du
Temple - « et il prit les trésors de la maison de l'Eternel
» (I Roi 14:25-26 ; II Chron. 12:9). Une partie du
mobilier jadis sacré, que les Egyptiens avaient laissé, fut
pris par d'autres et affecté à des idoles (II Chron. 24:7).
L'oeuvre de profanation se poursuivit pendant des siècles.
Deux cent seize ans après la: spoliation des Egyptiens,
Achaz, roi de Juda, vola au Temple les quelques trésors
qui lui restaie~t et envoya une partie de cet or et de cet
argent en présent à un roi païen dont il cherchait à gagner
la faveur. En outre, il enleva l'autel et la cuve et ne laissa
qu'une maison là où jadis un Temple s'était élevé (II Rois
16:7-9; 17:18; cf. aussi II·Chron. 28:24-25). Plus tard,
Nebucadnetsar, roi de Babylone, consomma le dépouillement
du Temple et emporta les maigres trésors restants.
Quant au bâtiment lui-même, il le détruisit par le feu
(II Chron. 36:18-19; cf. aussi II Rois 24:13; 25:9).
Ainsi donc, six cents ans avant l'avènement sur terre
de notre Seigneur, Israël restait dépourvu de Temple. Le
peuple s'ét~it divisé ; il y avait deux royaumes - Israël
et Juda - enneniis l'un de l'autre ; ils étaient devenus
idolâtres et pervertis ; le Seigneur les avait rejetés, eux
et leur sanctuaire. Le Royaume d'Israël, qui comprenait
à peu près dix des douze tribus, avait été asservi par
l'Assyrie vers 721 avant J.-C., et un siècle plus tard, le
PRÉAMBULE 9
Royaume de Juda fut soumis par les Babyloniens. Pendant
soixante~dix ans, le peuple de Juda- celui qu'on appela
désormais « les Juifs » - fut gardé en captivité, ainsi
qu'il avait été prédit (Jérémie 25:11-12; 29:10). Puis,
sous la tutelle amicale de Cyrus (Esdras · 1 et 2) et de
Darius (Esdras 6), ils reçurent l'autorisation de retourner
à Jérusalem et d'y édifier une fois de plus un Temple en
accord avec leur foi. En souvenir de celui qui dirigea les
travaux, le Temple restauré est connu en ·histoire sous
le nom de Temple de Zorobabel. Les fondations en furent
jetées lors d'une cérémonie solennelle ; et à cette occasion,
les vétérans encore en vie qui se rappelaient le Temple
ancien, versèrent des larmes de joie (Esdras 3:12-13). En
dépit de tracasseries légales (Esdras 4:4-24) et d'autres
obstacles, le travail se poursuivit et moins de vingt ans
après leur retour, les Juifs eurent un Temple prêt à être
dédié. Le Temple de Zorobabel fut terminé en 515 avant
J.-C., exactement le troisième jour du mois d'Adar, la
sixième année du règne du roi Darius. La cérémonie de
dédkace suivit immédiatement (Esdras 6:15-22). Bien que
ce Temple fût de loin inférieur au splendide Temple de
· Salomon, si on les compare sous le rapport de la richesse
de la présentation et du mobilier, il était néanmoins tout
ce que le peuple pouvait construire de mieux, et le Seigneur
l'accepta comme une offrande concrétisant l'amour
et la dévotion de Ses enfants de l'alliance. Voyez, pour
preuve de son acceptation divine, comment des prophètes
tels que Zacharie, Aggée et Malachie exercèrent leur
ministère dans ses murs.
Environ seize ans avant la naissance du Christ,
Hérode Jer, roi de Judée, entreprit la reconstruction du
Temple de Zorobabel qui, à cette époque, était délabré au
point de tomber en ruines. Cet édifice avait tenu bon
!
•1'
!
/'
10 LA MAISON DU SEIGNEUR
pendant cinq siècles ; sa ruiné était sans aucun doute
principalement l'effet du temps. De nombreux incidents
de la vie terrestre du Sauveur sont associés au Temple
d'Hérode. Il ressort avee évidence des écritures que tout
en s'opposant à la dégradation et aux usages commerciaux
auxquels le Temple avait été ravalé, le Christ reconnaissait
et cautionnait le caractère sacré des locaux du Temple.
Le Temple d'Hérode était un édifice sacré ; quel que fût
le nom sous lequel on le connaissait, c'était bien à Ses
yeux la Maison du Seigneur. Puis, lorsque le rideau de
ténèbres descendit sur la grande tragédie du Calvaire,
lorsqu'enfin le cri d'agonie « Tout est accompli » s'éleva
de la croix, le voile du Temple se déchira, et le Saint des
Saints de jadis se trouva mis à nu. La destruction absolue
du Temple avait été prédite par notre Seigneur, tandis qu'Il
vivait encore dans la chair (Matt. 24:2; Marc 13:2; Luc
21:6). En l'an 70 après J.-C., le Temple fut détruit de
fond en comble par le feu lorsque les Romains de Titus
se furent emparés de Jérusalem.
Le Temple d'Hérode fut le dernier temple édifié ·dans
l'hémisphère oriental. Depuis la destruction de ce grand
édifice jusqu'à l'époque de rétablissement de l'Eglise de
Jésus-Christ au dix-neuvième siècle, le seul récit que nous
possédions de la construction d'un temple, c'est la mention
que nous en trouvons dans les chroniques néphites.
Les écritures du Livre de Mormon affirment que des
temples furent érigés par les colons néphites sur ce que
l'on appelle maintenant le continent américain; mais nous
ne possédons que peu de détails sur la construction et
moins encore de faits concernant l'administration des
ordonnances effectuées dans ces temples occidentaux. Le
peuple construisit un Temple vers 570 avant J .-C., ce
temple étant conçu sur le modèle du Temple de Salomon,
,;<"t
PRÉAMBULÈ il
bien qu'il fût très· inférieur à ·cet édifice somptueux sous
le rapport de la grandeur et de la richesse. (Livre de ·
Mormon, II Néphi 5:16). Il est intéressant de lire que
quand le Seigneur ressuscité se manifesta aux Néphites sur
le continent occidental, Il les trouva assemblés aux abords
du Temple (Livre de Mormon, III Néphi 11:1). Le Livre
de Mormon, toutefois, ne fait plus mention de temples,
même à l'époque de la destruction de Jérusalem; en
outre la nation néphite vint à s'éteindre dans les quatre
siècles qui suivirent le Christ. Il est donc évident que,
dans les deux hémisphères, les temples cessèrent d'exister
au début de la période d'apostasie, et que le concept même
de Temple dans cette acception particulière disparut de
parmi les hommes. ·
Pendant de nombreux siècles, on ne fit plus au Seigneur
l'offrande d'un· sanctuaire ; le fait est, semble-t-il, que le
besoin ne s'en était point fait sentir. L'église apostate
déclara que les communications directes venant de Dieu
avaient ·cessé ; en remplacement de cette administration
divine, un gouvernement se constitua de son propre chef
et s'arrogea le pouvoir suprême. Il est bien évident qu'en
ce . qui concerne l'Eglise, la voix du Seigneur avait été
étouffée ; que les hommes n'étaient plus disposés à écouter
la voix de la révélation et que le gouvernement de l'Eglise
avait été abrogé par des agents humains 01 oyez, du même
auteur «La Grande Apostasie», chapitre IX).
Lorsque, sous le règne de Constantin, un christianisme
perverti fut devenu religion d'état, le besoin d'un lieu où
Dieu pourrait Se révéler ne se faisait pas encore sentir,
ou bien était ignoré. Il est vrai que l'on érigea nombre
d'édifices, dont la plupart étaient coûteux et grandioses.
Parmi ceux-ci, certains furent dédiés à Pierre et à Paul,
à Jacques et à Jean; d'autres à Marie-Madeleine et à la
\'
12 L~ MAISON DU SEIGNEUR
Vierge; mais pas un ne fut ~levé nommément par l'autorité
en l'honneur de Jésus, le Christ. Parmi cette mu1-
titude de chapelles et de sanctuaires, d'églises et de cathédrales,
le Fils de l'Homme ne possède pas un lieu qu'li
puisse appeler le Sien. Il fut déclaré que le Pape, qui
siégeait à Rome, était le vicaire du. Christ et qu'il avait le
pouvoir, sans révélation, de proclamer la volonté de Dieu
(Voyez du même auteur «La Grande Apostasie», chapitre
X).
Ce n'est que lorsque l'Evangile eut été rétabli au dixneuvième
siècle, avec ses anciens pouvoirs et privilèges,
que la Sainte Prêtrise se manifesta de nouveau parmi les
hommes. Il ne faut pas oublier que l'autorité de parler
et d'agir au nom de la divinité est essentielle pour un
Temple, et un Temple est vide sans l'autorité sacrée de'
la Sainte Prêtrise. En l'an 1820 de notre Seigneur, Joseph
Smith, le prophète de la: dernière dispensation, qui était
alors un adolescent dans sa quinzième année, reçut une
manifestation divine, dans laquelle le Père Eternel et
Son Fils, Jésus-Christ, lui apparurent et lui donnèrent des
instructions. (Cf. « Les Articles de Foi » du même auteur,
chapitre premier et les références qui s'y rapportent.) C'est
par l'intermédiaire de Joseph Smith que l'Evangile de jadis
fut rétabli sur terre et que l'ancienne loi fut remise en
vigueur. En temps voulu, et toujours par le ministère du
prophète, l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours fut organisée et sa fondation fut marquée par des
manifestations de la puissance divine. (Cf. « Les Articles
de Foi», surtout le chapitre premier et les notes qui s'y
rapportent.)
Il est un fait significatif : c'est que cette Eglise, fidèle
à la distinction qu'elle proclame - celle d'être l'Eglise
du Dieu vivant, CO!Dme son nom l'indique - commença,
PRÉAMBULE 13
dès les premiers jours de. son histoire, à prendre des dispositions
pour l'érection d'un Temple (Doctrine et Alliance~
36:8 ; 42:36 ; 133:2). L'Eglise fut organisée sous la form~
d'une association de personnes le 6 avril 1830 ; et, l'année
suivante, en juillet, elle recevait une· révélation désignant
le site d'un temple à èonstruire près d'Independence,
Missouri. La construction d'un temple en ce lieu d'élection
a été ajournée, de même que celle d'un autre temple à
Far-West, Missouri, dont la première pierre a été posée
en 1838 (Doctrine et Alliances 115:7-16). L'Eglise considère
comme une mission sacr~ cette responsabilité d'édifier
des temples à ces endroits, mais, jusqu'à présent elle n'a
pas eu la voie libre pour exécuter son projet. Entre-temps,
des temples ont été élevés en d'autres lieux, et déjà la
dispensation moderne est marquée par l'éreCtion de six de
ces édifices sacrés (Quinze en 1965).
Le premier jour du mois de juin 1833, dans une révélation
faite au prophète Joseph Smith, le Seigneur enjoignit
de construire immédiatement une maison sainte dans
laquelle, promit-Il, Il doterait Ses serviteurs élus de pouvoir
et d'autorité (Doctrine et Alliances section 95). Le
peuple répondit à cet appel dans un grand élan de- dévotion.
Malgré leur pauvreté insigne et les persécutions qu'ils enduraient\
sans relâche, l'oeuvre fut menée à bien et, en
mars 1836, le premier Temple des temps modernes fut
dédié à Kirtland, Ohio (Doctrine et Alliances, section 109).
La cérémonie de dédicace fut marquée de manifestations
divines comparables à celles qui accompagnèrent l'offrande
du premier Temple de jadis ; dans la suite, à différentes
occasions,1des êtres célestes apparurent dans ce lieu sacré,
porteurs de révélations de la volonté divine aux hommes.
C'est en ce lieu encore que l'on a revu et entendu Jésus
(Doctrine et Alliances 110:1-10). Moins de deux ans à
14 LA MAISON DU SEIGNEUR
dater de sa dédicace, le Temple de Kirtlaiid fut abandonné
par le peuple qui l'avait construit; ils furent contraints de
fuir à cause des persécutions, et, du fait de leur départ,
le Temple sacré devint un bâtiment ordinaire, renié par
le Seigneur au nom de qui il avait été édifié. Ce bâtiment
est toujours debout et sert de lieu de réunion à une petite
secte, relativement peu connue.
La migration des Saints des Derniers Jours s'effectua
vers l'ouest; et ils s'établirent tout d'abord dans le Missouri,
puis dans l'Illinois, avec N auvoo comme siège
central de l'Eglise. A peine s'étaient-ils installés dans ce
nouveau domicile, que la voix de la révélation se fit
entendre, demandant au peuple de construire à nouveau
une maison consacrée au nom du Seigneur.
La première pierre du Temple de N auvoo fut posée lè
6 avril1841, la dernière fut mise en place le 24 mai 1845 ;
chacùn de ces événements fut célébré par une réunion solennelle
et un service sacré. Bien qu'il fût évident pour tous
qu'ils seraient forcés de fuir de nouveau et bien qu'ils
.sussent que le Temple devrait être abandonné peu de temps
après avoir été achevé, ils apportèrent toute leur énergie et
toute leur diligence à terminer le bâtiment et 'à le meubler
convenablement. Il fut dédié le 30 avril 1846, bien que
certaines parties, telles que le baptistère, eussent été dédiées
antérieurement et utilisées pour l'oeuvre des ordonnances.
Nombre de Saints reçurent leur bénédiction et leur dotation
sainte dans le Temple de Nauvoo, bien que l'exode du
peuple eût recommencé, même avant le complet achèvement
de l'édifice. Le Temple fut abandonné par ceux qui
l'avaient édifié dans la pauvreté et le sacrifice. En novembre
1848, il devint la proie d'un incendie, et en mai 1850,
une tornade détruisit ce qui restait des murs noircis.
Le 24 juillet 1847, les pionniers <<Mormons'> péné-
PRÉAMBULE 15
trèrent dans les vallées de l'Utah, alors que cette région
était encore territoire mexicain, et y fondèrent une colonie
là où se dresse maintenant Salt Lake City. Quatre jours
plus tard, Brigham Young, prophète et chef, indiqua un
emplacement dans le désert et,. frappant de son bâton le sol
aride, proclama: ~C'est ici que sera le Temple de notre
Dieu». Cet emplacement, c'est maintenant le magnifique
bloc du Temple, autour duquel la ville s'est développée.
En février 1853, le lieu fut dédié par un service sacré, et
le 6 avril suivant, la première pierre du bâtiment fut posée
à l'occasion d'une cérémonie solennelle et imposante. La
construction du Temple de Salt Lake City dura quarante
ans ; la dernière pierre en fut posée le 6 avril 1892, et le
Temple, complètement achevé, fut dédié un an plus tard.
Des quatre Temples déjà construits en Utah, celui de
Salt Lake City fut le premier commencé et le dernier
achevé. Pendant qu'il était en voie de construction, trois
autres Temples furent édifiés par les .Saints des Derniers
Jours, un à St. George, un à Logan et un à Man ti, Utah.
Ajoutez à ces quatre temples les deux premiers construits,
à Kirtland, Ohio, et à Nauvoo, Illinois, et voilà six de ces
édifices sacrés déjà construits au cours de la présente et
dernière dispensation de la Prêtrise, la dispensation de la
plénitude des temps. •
Nous n'avons pas l'intention, dans le présent chapitre,
de considérer en détail aucun Temple particulier, ni ancien
ni moderne ; mais plutôt de faire ressortir les traits essen- .·
tiels et caractéristiques des Temples,. et d'établir nettement
le fait que, aussi bien dans l'Antiquité que dans les temps
modernes, le peuple de l'alliance a toujours considéré la .
construction des Temples comme étant une oeuvre spécifiquement
exigée de lui. De ce qui précède, il ressort bien
qu'un Temple est plus qu'une chapelle ou une église, plus
16 LA MAISON DU SEIGNEUR
qu'une synagogue ou une cathédrale ; c'est un bâtiment
édifié en vue d'être la Maison du Seigneur, consacré à la
communion la plus intime êntre le Seigneur Lui~même et la
Sainte Prêtrise, et réservé aux ordonnances les plus hautes
et les plus sacrées, caractéristiques de l'époque, ou dispensation,
à laquelle ce Temple particulier appartient. En
outre, pour être vraiment un Temple saint - accepté par
Dieu et reconnu par Lui comme Sa maison - l'offrande
doit avoir été demandée, et le don aussi bien que le donateur
doivent être dignes.
L'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
proclame qu'elle détient la Sainte Prêtrise à nouveau réta'
blie sur la terre, et qu'elle est investie de la divine mission
d'édifier et d'entretenir des Temples dédiés au nom et au
service du véritable Dieu vivant, ainsi que d'administrer,
dans ces édifices sacrés, les ordonnances de la Prêtrise, qui
ont pour effet de lier aussi bien sur la terre qu'au-delà du
tombeau.
NOTES DU CHAPITRE 1
1
• Il est intéressant et instructif à cet égard de considérer l'importance du
nom Béthel, contraction de Beth Elohim, donné par Jacob au lieu où le Seigneur
se manifesta à lui. Il dit : « Certainement, l'Eternel est en ce lieu, et moi,
je ne le savais pas ! Il eut peur, et dit : Que ce lieu est redoutable ! Et Jacob
se leva de bon matin ; il prit la pierre dont il avait fait son chevet, il la dressa
pour monument, et il versa de l'huile sur son sommet. Il donna à ce lieu le
nom de Béthel. » (Genèse 28:16-19 ; lisez les versets 10-22.)
• Josué 18:1; aussi 19:51; 21:2; Juges 18:31; I Samuel 1:3, 24; 4:3-4.
c I Chron. 21:29; II Chron. 1:3.
• II Samuel 6:12 ; Il Chron. 5:2.
• I Chron. 28:2-3 ; Il Samuel 7:1-13.
NOTES 17
t II Chron. 5:14; voyez aussi 7:1-2 et Exode 40:35.
u Il convient d'y ajouter à l'heure actuelle les Temples de LAIE, Oahu,
Hawaï; CARDSTON, Alberta, Canada; MESA, Arizona; IDAHO FALLS,
Idaho ; LOS ANGELES et OAKLAND, Californie ; BERNE, Suisse ;
HAMILTON, Nouvelle-Zélande; LONDRES, Angleterre.
CHAPITRE II
LES SANCTUAIRES
DES DISPENSATIONS ANTÉRIEURES
Tel que nous le comprenons et l'utilisons ici, le terme
« temple » a le sens restreint de « bâtiment réel, édifié par
l'homme,. sanctifié et consacré au service particulier de la
Divinité, ce service comprenant l'administration par l'autorité
voulue, des ordonnances qui sont du ressort de la Sainte
Prêtrise» et non pas le sens large d'endroit, quelque sacré
qu'il ait pu devenir. Si les lieux sacrés devaient être classés
av~ les bâtiments sacrés dans la catégorie des temples,
celle-ci renfermerait pas mal de Bethe! sacrés que l'on
considère rarement comme des temples. Au sens le plus
large du terme, c'est le Jardin d'Eden qui fut le premier
sanctuaire de la terre, car c'est là que le Seigneur parla à
l'homme pour la première fois et lui fit connaître la loi
divine; De même, le Sinaï devint un sanctuaire, car cette
montagne fut consacrée afin de devenir la résidence spéciale
du Seigneur pendant qu'il communiquait avec le prophète
et qu'il promulguait ses décrets. La sainteté de ces
lieux est encore comparable à celle du mont Horeb, où
Dieu s'adressa à Moïse du milieu d'une flamme, et où
l'homme qui s'approchait fut arrêté par cet ordre:
«N'approche pas d'ici; ôte tes souliers de tes pieds, car
le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. »
LES SANCTUAIRES 19
(Exode 3:5.) Mais un temple se caractérise non pas seulement
comme le lieu où Dieu se révèle à l'homme, mais
aussi comme la Maison où }es ordonnances obligatoires de
la Prêtrise sont administrées solennellement.
LE « TÉMOIGNAGE »
Antérieurement à la construction du Tabernacle dans le
désert, c'est-à-dire, en fait, au cours des premières étapes
de sa mémorable sortie d'Egypte, le peuple d'Israël possédait
pour ses objets sacrés un lieu de dépôt appelé le
«témoignage». Une mention nette en est faite à l'occasion
de l'incident que voici : Selon les instructions divines, un
vase rempli de manne devait être conservé, de peur que le
peuple n'oubliât la puissance et la bonté de Dieu, par
lesquelles il avait été nourri :
« Moïse dit : Voici ce que l'Eternel a ordonné : Qu'un
omer rempli de manne soit conservé pour vos descendants,
afin qu'ils voient le pain que je vous ai fait manger
dans le désert, après vous avoir fait sortir du pays
d'Egypte. Et Moïse dit à Aaron : Prends un vase, mets-y
de la manne plein un omer, et dépose-le devant l'Eternel,
afin qu'il soit conservé pour vos descendants. Suivant
l'ordre donné par l'Eternel à Moïse, Aaron le déposa
devant le témoignage, afin qu'il fût conservé. » (Exode
16:32-34.)
Il semble peu douteux que le « témoignage » en question
fût une construction matérielle et que le nom en suggérât
un témoignage divin quant à son caractère sacré. Du fait
que le récit de l'Exode ne mentionne pas la réalisation
d'une construction de cette sorte et, en outre, puisque
l'existence et l'usage en étaient formellement connus avant
que le peuple eût eu le temps ou la possibilité de le confectionner
dans le désert, il semble bien que ce « témoignage »
20 LA MAISON, DU SEIGNEUR
sacré a dû venir avec eux d'Egypte. Cet incident est plein
d'intérêt et d'importance en ce qu'il démontre l'existence
d'un sanctuaire sacré pendant qu'Israël se développait pour
former une nation et alors que ce peuple était assujetti à •
des maîtres idolâtres. Cette application du terme « témoignage
» ne doit pas être confondue avec cette autre qu'on
en fit plus tard, en désignant ainsi les tables de pierre portant
le Décalogue inscrit par Dieu. (Exode 31:18 ; 25:16 ;
32:15 ; 34:28-29.) Il est à noter encore que le Tabernacle
qui abritait l'Arche de l'Alliance contenant les tables de
pierre sacrées, est nettement dénommé Tabernacle du
Témoignage. Les différents usages de ce terme n'entraînent
aucune ambiguïté si l'on considère soigneusement le contexte
dans chaque cas.
LE TABERNACLE PROVISOIRE
Tandis que Moïse était en communion avec le Seigneur ·
sur le Sinaï, le peuple, laissé un moment à lui-même, érigea
un Veau d'Or à l'imitation du Boeuf Apis, une idole
égyptienne ; en conséquence de leurs orgies idolâtres, la
colère du Seigneur s'alluma contre eux. Du;rant la période
d'éloignement qui s'ensuivit, et avant qu'une réconciliation
fût intervenue entre Jéhovah et Son peuple, les manifestations
divines cessèrent, et c'est seulement à l'écart du camp
que l'on pouvait trouver le Seigneur. Nous lisons, relativement
à cet état de choses, qu'un lieu temporaire de réunion
fut établi, peut-être la tente de Moïse, qui fut sanctifiée
par la présence divine. En voici le récit :
« Moïse prit la tente et la dressa hors du camp, à
quelque distance ; il l'appela tente d'assignation; et tous
ceux qui consultaient l'Eternel allaient vers la tente d'assignation,
qui était hors du camp.
LES · SANCTUAIRES 21
Lorsque Moïse se rendait à la tente, tout le peuple
se levait, chacun se tenait à l'entrée de sa tente, et _suivait
des yeux Moïse, jusqu'à ce qu'il fût entré dans la
tente. ·
Et lorsque Moïse était entré dans la tente, la colonne
de nuée descendait et s'arrêtait à l'entrée de la tente, et
l'Eternel parlait avec Moïse. Tout le peuple voyait la
colonne de nuée qui s'arrêtait à l'entrée de la tente, tout
le peuple se levait et se prosternait à l'entrée de sa tente.
L'Eternel parlait avec Moïse face à face, comme un
homme parle à son ami. Puis Moïse retournait au camp ;
mais son jeune serviteur, Josué, fils de Nun, ne sortait
pas du milieu de la tente.>> (Exode 33:7-11.)
La tente appelée ici tente (tabernacle) d'assignation,
n'est pas la construction compliquée et coûteuse réalisée
spécialement selon les directives du Seigneur ; cela ressort
avec évidence du fait que ce tabernacle plus grandiose et
plus résistant n'avait pas encore été construit au moment
dont il est question dans l'écriture que nous venons de
citer. Contrairement au Tabernacle ultérieur, qui fut dressé
au centre du camp tandis que les tribus se massaient tout
autour dans un ordre imposé, le Tabernade provisoire fut
planté en dehors du camp, à l'écart, peut-être en signe de
l'éloignement du Seigneur consécutif à la trahison idolâtre
d'Israël. Mais ce Tabernacle provisoire fut néanmoins un
sanctuaire sacré, ainsi qu'en témoignent les rapports personnels
qu'y entretinrent Jéhovah et Son serviteur Moïse.
LA TENTE D'ASSIGNATION
C'est au milieu des nuées, dans un grand accompagnement
de tonnerre et d'éclairs, que le Seigneur, sur le Sinaï,
confia à Moïse la loi et le témoignage. Moïse ne fut pas le
seul à converser là avec le Seigneur en personne : par ordre
1
;:1
22 LA MAISON DU SEIGNEUR
divin, Aaron et ses fils N adah et Abihu, ainsi que soixantedix
anciens d'Israël, firent l'ascension de la montagne et
virent effectivement le Dieu d'Israël. Au-dessus du Sinaï,
la gloire du Seigneur demeura pendant de longs jours :
« Moïse entra au milieu de la nuée, et il monta sur la .
montagne. Moïse demeura sur la montagne quarante jours
et quarante nuits. » (Exode 24:9, 10, 18 ; lire le chapitre
entier.)
Lorsqu'il redescendit, Moïse avait reçu mission de faire
appel aux enfants d'Israël afin qu'ils apportent en contribution
et en offrande· une partie de leurs biens et de tous
leurs objets précieux, tout ce qui pourrait servir à la construction
d'un sanctuaire pouvant être utilisé dans le désert.
« L'Eternel parla à Moïse, et dit : Parle aux enfants
d'Israël. Qu'ils m'apportent une offrande ; vous la recevrez
pour moi de tout homme qui la fera de bon coeur.
Voici ce que vous recevrez d'eux en offrande: de l'or,
de l'argent et de l'airain; des étoffes teintes en bleu, en
pourpre, en cramoisi, du fin lin et du poil de chèvre ; des
peaux de béliers teintes en rouge et des peaux de dauphins
; du bois d'acacia ; de l'huile pour le chandelier, des
aromates pour l'huile d'onction et pour le parfum odoriférant
; des pierres d'onyx et d'autres pierres pour la garniture
de l'éphod et du pectoral. ·
Ils me feront un sanctuaire et j'habiterai au milieu
d'eux.
Vous ferez le tabernacle et tous ses ustensiles d'après
le modèle que je vais te montrer. »a -
Le peuple répondit si libéralement et si promptement à
cet appel qu~on eut bientôt réuni plus que les matériaux
nécessaires.
« Et ils vinrent dire à Moïse : Le peuple apporte beaucoup
plus qu'il ne faut pour exécuter les ouvrages que
l'Eternel a ordonné de faire.
Moïse fit publier dans le camp que personne, homme
ou femme, ne s'occupât plus d'offrandes pour le sanc-
LES SANCTUAIRES 23
tuaire. On empêcha ainsi le peuple d'eh apporter; les
objets préparés suffisaient, et au-delà, pour tous les
ouvrages à faire.» (Exode 36:5-7.)
La direction diville se m3nifesta dans ·la désignation des
hommes qui devaient être chargés du travail. Betsaléel,
fils d'Uri et Oholiab, fils d'Ahisamac, furent désignés par
révélation comme devant être des maîtres-artisans sous la
direction de quiJes autres ouvriers devaient travailler, jusqu'à
ce que tout fût achevé conformément au modèle et
au plad révélés. Et lorsque ce fut ainsi mené à bien, cela
représentait ce qu'il y avait de mieux sous le rapport des
matériaux et de la main-d'oeuvre. '
Le Tabernacle .se dressait dans une enceinte extérieure,
ou parvis, masqué par des écrans de toile, avec aux entrées
des rideaux finement brodés. Les tentures qui formaient les
murs du parvis étaient suspendues à des colonnes qui se
dressaient à intervalles tout au long de l'enceinte de forme
oblongue. Les murs les plus longs ·étaient orientés estouest,
et l'entrée principale de l'enceinte se trouvait du
côté est. Des deux carrés délimités par les tentures, celui
de l'est était réservé aux assemblées du peuple, tandis que
celui de l'ouest constituait le terrain sacré réservé au Tabernacle
lui-même.
L'espace total ainsi enclos mesurait cent. coudées de
long sur cinquante de large, soit approximativement quarante-
cinq mètres sur vingt-deux mètres cinquante.b Dans
la partie est, et par conséquent à l'écart du Tabernacle, se
trouvait l'autel des holocaustes. Entre l'autel et le Tabernacle
se trouvait la cuve: c'était un grand bassin d'airain,
monté sur un piédestal et contenant l'eau destinée aux ablutions
rituelles, à la purification des mains et des pieds des
prêtres. Il est intéressant de noter que la cuve et son pié24
LA MAISON DU SEIGNEUR
destal ont été fabriqués par une contribution spéciale des
femmes, qui donnèrent dans ce but leurs miroirs d'airain.
Le Tabernacle avait son grand axe orienté est-ouest et
.son entrée du côté est. Cette construction n'avait que
trente coudées de long sur dix de large, soit treize mètres
cinquante sur quatre mètres cinquante ; ce sont là les
dimensions fournies par Josèphe et elles sont pratiquement
en accord avec la description qu'en· donne l'Exode, selon
laquelle les murs étaient faits de vingt planche!> d'un côté,
chaque planche ayant une coudée et demie de large ; du
côté ouest, il y avait six planches; chacune d'une coudée
et demie, soit neuf coudées en tout, si f'on ajoute à ceci les
poteaux d'angle, cela nous donne une largeur totale égale à
celle mentionnée par Josèphe, dix coudées. Les planches
des murs étaient assemblées par des tenons ayant des bases
d'argent, deux pour chaque planche ; les planches ellesmêmes
étaient recouvertes d'or et pourvues d'anneaux de
même métal pour recevoir lès barres qui étaient aussi
recouvertes d'or.
On remarquera que le Tabernacle n'était qu'une construction
modeste, ne se prêtant absolument pas à recevoir
de grandes assemblées, mais il faut se rappeler qu'il n'avait
jamais été conçu dans ce but. A l'intérieur du Tabernacle,
il n'y avait que les détenteurs attitrés de la Prêtrise qui
officiaient ; et parmi eux, seuls ceux qui participaient effectivement
au service de la journée pouvaient être admis.
Le Tabernacle était divisé, par un rideau appelé le V <;>ile,
en deux compartiments : le compartiment extérieur s'appelait
le Saint, et le compartiment intérieur était le Très Saint
Lieu, ou Saint des Saints. Josèphe et quelques autres
affirment que le Tabernacle se composait de trois parties ;
mais la troisième subdivision se trouvait en réalité en dehors
de. la tente principale et se présentait comme un portique à
LES SANCTUAIRES 25
l'extrémité orientale, profond de cinq coudées et s'étendant
sur toute la largeur de la façade. Le Voile, qui séparait le
Saint du Saint des Saints était un fin travail « de fil bleu,
pourpre et cramoisi, et de fin lin retors, artistement travaillé
» ; on y avait brodé des chérubins. Il était suspendu à
quatre colonnes de bois recouvertes d'or ; les crochets
étaient d'or et les bases d'argent. Le bois utilisé pour ces
colonnes, ainsi d'ailleurs que dans d'autres parties de la
construction, était ce bois rare, précieux et résistant, le
shittim ou acacia, que l'on appelle parfois bois d'épine.
Au-delà du Voile, l'enceinte était des plus sacrées et c'est
là que fut placée l'Arche d'Alliance avec son propitiatoire
supportant les chérubins sacrés, dont une description nous
est donnée en ces termes :
« Betsalaléel fit l'arche de bois d'acacia ; sa longueur
était de deux coudées et demie, sa largeur d'une coudée
et demie, et sa hauteur d'une coudée et demie.
Il la couvrit d'or pur en dedans et en dehors, et il y fit
une bordure d'or tout autour.
Il fondit pour elle quatre anneaux d'or, qu'il mit à
ses quatre coins, deux anneaux d'un côté et deux anneaux
de l'autre côté.
Il fit des barres de bois d'acacia et les couvrit d'or.
Il passa 'les barres dans les anneaux sur les côtés de
l'arche, pour porter l'arche. Il fit un propitiatoire d'or
pur ; sa longueur était de deux coudées et demie, et sa
largeur d'une coudée et demie. Il fit deux chérubins d'or ;
il les fit d'or battu, aux deux extrémités du propitiatoire.
Un chérubin à l'une des extrémités, et un chérubin à
l'autre extrémité ; il fit les deux chérubins sortant du
propitiatoire à ses deux extrémités.
Les chérubins étendaient les ailes par-dessus, couvrant
de leurs ailes le propitiatoire, et se regardant l'un l'autre ;
les chérubins avaient la face tournée vers le propitiatoire. »
(Exode 37:1-9 ; 25:10-22.)
26 LA MAISON DU SEIGNEUR
A l'extérieur du Voile, mais toujours à l'intérieur du
Tabernacle, se trouvait le Saint; c'est ici qu'étaient placés
la table des pains de proposition, l'autel des parfums et le
chandelier d'or à sept branches. (Exode 37:10-29,
25:23·AO.)
Les riches tissus de travail délicat qui formaient les murs
et le toit du Tabernacle étaient protégés par des tentures
plus grossières en poil de chèvre ; celles-ci, à leur tour
' . ' etru.ent recouvertes de peaux. L'édifice tout entier porte
dans les écritures tantôt le nom de Tente d'assignation et
tantôt celui de Tabernaclè d'assignation ; la première
expression apparaît treize fois, la seconde, cent trente-trois
fois ; pourtant, nonobstant cette différence, l'original en
était dans chaque cas « Ohel Moed », dont la traduction
la plus sûre est « Tente de Réunion ». Il ne faut pas supposer
cependant que ceci doit être pris au sens courant de
lieu de réunion, car la réunion dont il est question ici n'est
pas un rassemblement d'adorateurs, mais le lieu de commu~
ion entre Dieu et Sa Prêtrise. La Tente de Réunion, ou
Tabernacle d'assignation, chez Israël, était la tente du
Seigneur, celle où Il rencontrait les représentants accrédités
de Son peuple.
Le premier jour de la seconde année qui suivit la sortie
d'Israël <l'Egypte, le Tabernacle fut monté pour la première
fois, et tout le mobilier sacré fut disposé selon les
~rdres exprès du Seigneur. Le voile fut suspendu, et ce
lieu consacré comme un lieu très saint, ineffablement sacré,
comme étant la résidence de Jéhovah. A ce moment, tout
COlpllle sur le Sinaï une nuée avait enveloppé le séjour
provisoire de Dieu, il en fut de même pour le Tabernacle :
«Alors la nuée couvrit la tente d'assignation et la
gloire de l'Eternel remplit le Tabernacle. '
Moïse ne pouvait pas entrer dans la tente d'assignation,
LES SANCTUAIRES 27
parce que la nuée restait dessus, et que la gloire de
l'Eternel remplissait le ,Tabernacle,
Aussi longtemps que durèrent leurs marches, les enfants
d'Israël partaient quand la nuée s'élevait de dessus le
Tabernacle. ·
Et quand la nuée ne s'élevait pas, ils ne partaient pas,
jusqu'à ce qu'elle s'élevât.
La nuée de l'Eternel était de jour sur le tabernacle ;
et de nuit, il y avait un· feu, aux yeux de toute la maison
d'Israël, pendant toutes leurs marches. » (Exode
40:34-38.) .
L'idée dir~ctrice, la pensée sous-jacente dans l'édification
de ce sanctuaire transportable, était qu'il fallait exprimer
l'étroite association entre Jéhovah et Son peuple. Le peuple
devait se considérer comme essentiellement le peuple de
Dieu, et c'est parmi eux qu'il devait établir Sa demeure,
surpassant ainsi de façon transcendante la présence des
dieux de bois et de pierre qu'abritaient les nations idolâtres
avec lesquelles Israël devait se mesurer. Cette pensée fut
exprimée dans le tout premier commandement ayant trait
à la construction du tabernacle : « Ils me feront un sanctuaire
et j'habiterai au milieu d'eux. » (Exode 25:8.) .
II y avait un autre élément, plus indispensable en vérité
que le Tabernacle ou le Temple pour l'entretien de relations
étroites avec la Divinité : c'était la Prêtrise. Il fallait
donc s'attendre, puisqu'un sanctuaire sacré avait été établi,
à ce que l'on procédât à des désignations et des ordinations
afin de mettre des hommes vraiment à part en vue
des offices sacrés de la Prêtrise. Moïse était le premier
grand-prêtre d'Israël ; il était à l'origine d'une dispensation
distincte de l'autorité et de la puissance divines ; mais il y
avait beaucoup d'autres fonctions de la Prêtrise, d'un ordre
moins élevé, et c'est en vue de pourvoir à celles-ci que
furent mis à part Aaron et ses quatre fils, Nadab, Abihu,
28 LA MAISON DU SEIGNEUR
Eléazar et !thamar. De même que le Tabernacle avait été
construit selon des directives expresses portant jusque sur
le moindre détail ; les fonctions de la Prêtrise furent arrêtées
et l'ordre du culte établi de manière à ce que le peuple
se souvînt que parmi eux habitait Jéhovah et qu'ils ne
devaient lui préférer aucun autre dieu. (Exode, chapitre
28.)
Le Tabernacle avait été préparé essentiellement en vue
d'un service itinérant ; aussi les parties constituantes
furent-elles achevées séparément et conçues de manière à
permettre un montage et un démontage aisés. Lorsqu'il se
dressait au milieu de son parvis, le Tabernacle occupait la
place d'honneur au centre du camp.
A l'est, et par conséquent immédiatement devant l'entrée
du parvis, se trouvaient les tentes des prêtres ; tandis que
les Lévites campaient le long des trois autres côtés. Se
trouvant ainsi les serviteurs les plus proches, on les a comparés
aux gardes-du-corps du Grand Roi • dont le trône se
trouvait à l'intérieur du sanctuaire ; au-delà de leurs tentes,
les autres tribus étaient installées selon l'ordre de préséance
établi. Quand il était démonté et en cours de transport,
lorsque le peuple était en marche, le Tabernacle occupait
toujours la place centrale; ses porteurs, c'étaient les Lévites,
et toute l'armée d'Israël était sa garde.
Jusqu'à ce qu'Israël se fût établi de façon permanente
dans la terre promise, le Tabernacle d'assignation n'eut
que des sièges temporaires. Tant que le peuple se déplaça,
le . sanctuaire fut transporté, jusqu'à ce qu'il trouvât un
siège un peu plus permanent à Silo. C'est en ce lieu, à la
porte du Tabernacle, que la répartition définitive de Canaan
entre les tribus fut effectuée." C'est là que le Tabernacle
demeura durant la période des Juges et jusqu'après le
moment où Dieu permit que l'Arche d'Alliance passât de
LES SANCTUAIRES 29
la garde d'Israël à celle des Philistins, parce qu'~sraël av~t
péché. (I Samuel 4:10-18.) .La gloire du s~c~ua~~e ~ ferdr
beaucoup et bien que le Tabernacle contmuat. eXIs er,, e
service sacré se mit à décliner. C'est avec. tnstesse qu on
proclama la vérité : « La gloire est bannie d'Israël, ~ar
l'arche de Dieu est prise. » (I Samuel 4:22.) On possede
la preuve que pendant une brève période sous ~e règne de
Saül le Tabernacle fut établi à Nob, car c'est la que nous
trou~ons le prêtre Achinlélec continuant le . s~rvi7e des
pains de proposition (I Samuel 21:1-6), mais 1 Arche
d'Alliance n'était certainement pas là (I Samuel 7:1-2).
Nous apprenons ensuite que le Tabernacle a été dressé à
Gabaon, quoique la situation q?i motiva so? tran~port en
cet endroit ne nous apparrusse pas tres clrurement.
(I Chron. 21:28-30; II Chron. 1:3-6.) L'Arche fut mise à
l'abri dans une autre tente, et finalement toutes deux ~urent
transférées dans le splendide Temple de Salomon qm supplanta
tous les sanctuaires antérieurs.
LE TROISIÈME TABERNACLE
Une autre tente-sanctuaire fut encore montée et utilisée
par Israël antérieurement à la ~~~struction, du grand
Temple. Celle-ci, pour plu~ de fa,ct~It~, nous 1 ap~ellero.ns
le troisième Tabernacle ; Il fut edifie par le rm J?avid,
dans sa propre ville, pour servir d'abri à l'Arche d'A}iu~nce.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le récit de l'ecnture
parle de la capture de l'Arche par les Philistins et de son
retour en Israël. Cet incident se produisit durant la fin d~
règne des Juges, avant qu'Israël se fût incliné devant un roi
en Canaan. (I Samuel 4:10-22; aussi Chapitres 5 et 6;
ainsi que 7:1-2.)
Durant tout le règne de Saül, l'Arche demeura sous le
toit d'une demeure privée ; en ce lieu, toutefois, il y avait
:'J'
30 , LA MAISON DU SEIGNEUR
u~ prêtre chargé d~ l'ent:etien et du service. L'un des pre~
Iers actes de David apres son accession au trône fut d'étudier
le transfert de l'Arche en un lieu plus convenable. Au
cou~s ~e ce .~an~fert, Uz.za fut frappé, parce que sans en
avOir 1 autonte, il essayrut de retenir le meuble sacré · et
cette manifestation du mécontentement divin affect; si
fort David qu'il remit à plus tard son projet d'runener
l' A~che dans sa propre ville, et il la plaça dans une autre
mruson: particulière, celle d'Obed-Edom, de Gath.
(II Srunuel 6:1-12 ; aussi I Chron, chapitre 13.) Tant que
l' :Uche demeura, sous ce. toit, la famille fut bénie et prospera:
A~ bout ? un certam temps, le plan originel fut mis
a execut~on :t 1 _Arche fut déposée dans une tente spécialem~
nt preparee ~ c;t effet d~s la Cité de David : « Après
qu on. ~ut amene 1 arche de 1 Eternel, on la mit à sa place
au milieu de la tente que David avait dressée pour elle ·
et David offrit devant l'Eternel des holocaustes et des sacri~
fiees d'actions de grâces. » (II Srun. 6:17; aussi I Chron.
15:1, et 16:1.)
~n~i,, durant le règne de David, il y eut deux endroits
consideres comme sanctuaires ; et le culte du peuple en
fut divisé. II semble que Salomon reconnut la saintèté des
deux endroits : le lieu où reposait l'Arche à Jérusalem et
l'emp~acement du Tabernacle d'assignation à Gab;on.
(I ROis 3:15 et II Chron. 1:3-4.) C'est par ses soins que les
deux sanctuaires furent réunis. (I Rois 8:1-4.)
LE TEMPLE DE SALOMON
A ~eine l'Arche d'Alliance avait-elle été déposée dans
la capitale d~ ~oya~m.e - !a Cité .de David - que le roi
conçut le desir d edifier a son Intention un abri plus
durable que la tente dans laquelle on l'avait installée en
grande pompe. Il semble que la conscience du roi fut
LES SANCTUAIRES 31
troublée par la pensée qu'il était mieux logé que le sanctuaire
du Seigneur : « Lorsque David fut établi dans sa
maison, il dit à Nathan le prophète: Voici, j'habite dans
une maison de cèdre, et l'arche de l'alliance de l'Eternel est
sous une tente.» (I Chron. 17:1 ; aussi II 'Samuel 7:1-2.)
Le désir de David était de construire pour le Seigneur une
Maison convenable et, tout d'abord, le prophète Nathan
encouragea l'entreprise. Mais le Seigneur parla à Nathan
et le chargea de décliner l'offre que lui faisait le roi. Bien
que Jéhovah eût été dépourvu d'un sanctuaire que le
peuple aurait reconnu comme Sien, bien que, comme Il le
fit remarquer, il ne fût pas. demeuré dans une maison en
Israël, mais fût passé d'une tente dans une autre et d'un
tabernacle dans un autre (l Chron. 17:4-5) bien que, ainsi
que le texte le laisse entendre, le Seigneur eût été négligé
au cours du long délai qui précéda l'érection d'une Maison
à Son nom, David, néanmoins, ne pouvait pas avoir
l'honneur d'être chargé, ni même d'être autorisé à construire
une telle maison, car on le tenait pour un homme de
sang. (I Chron. 22:8 ; comparez avec 28:3, et I Rois. 5:3.)
Nous n'avons pas à juger ici de l'importance de l'offense
de David, ce serait usurper une prérogative divine ; qu'il ·
nous suffise de savoir que même un don royal peut être
refusé s'il y a quoi que ce soit qui nécessite une réconciliation
entre le mortel et son Dieu. David fut toutefois
autorisé à fournir les moyens et à rassembler les matériaux
qui seraient. utilisés plus tard· pour l'érection du Temple ;
(I Chron. 22:1-5) en outre,· c'est par son entremise que
fut choisi et sanctifié le site sur lequel lé grandiose édifice
devait s'élever dans la suite. Une grande peste. s'était
abattue sur Israël et l'Ange du Seigneur, envoyé avec un
mandat de destruction, fut apérçu par David alors qu'il se
tenait, le glaive à la main, sur le mont Morija, sur l'aire
1
1.
32 LA MAISON DU SEIGNEUR
d'Aravna le Jébusien. (II Samuel 24:15-25; aussi 1 Chron.
21:15-17; et II Chron. 3:1.) Ce lieu, sanctifié par la présence
d'un messager céleste, même si ce messager était
l'Ange de la Mort, fut marqué par l'érection d'un autel,
ainsi que le Seigneur l'ordonna par l'intermédiaire du
prophète Gàd. (1 Chron. 21:18-20-30; comparez avec II
Samuel 24:18-25.)
Lorsque David se rendit compte que ses années étaient
comptées, il reporta sur Salomon, son fils et successeur
désigné, la mission solennelle de construire cette maison
qu'il lui· avait été interdit de construire. Le roi s'appesantit
pathétiquement sur sa propre disgrâce, puis répéta
la promesse qu'avait faite le Seigneur d'accepter cette
offrande de la main de Salomon. Voici ce que dit le récit
biblique:
« Et David fit beaucoup de préparatifs avant sa mort.
David appela Salomon, son fils, et lui ordonna de bâtir
une maison à l'Eternel, le Dieu d'Israël.
David dit à Salomon : Mon fils, j'avais l'intention de
bâtir une maison au nom de l'Eternel, mon Dieu.
Mais la parole de l'Eternel m'a été ainsi adressée:
Tu as versé beaucoup de sang, et tu as fait de grandes
guerres ; tu ne bâtiras pas une maison à mon nom, car
tu as versé devant moi beaucoup de sang sur la terre.
Voici, il te naîtra un fils, qui sera un homme de
repos, et à qui je donnerai du repos en le délivrant de
tous ses ennemis d'alentour ; car Salomon sera son
nom, et je ferai venir sur Israël la paix et la tranquillité
pendant sa vie. ·
Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom. Il sera
pour moi un fils, et je serai pour lui un père ; et j'affermirai
pour toujours le trône de son royaume en Israël.
Maintenant, mon fils, que l'Eternel soit avec toi, afin
que tu prospères et que tu bâtisses la maison de l'Eternel,
ton Dieu, comme il l'a déclaré à ton égard !
Veuille seulement l'Eternel t'accorder de la sagesse et
LES SANCTUAIRES 33
de l'intelligence, et te faire régner. sur Israël dans l'observation
de la loi de l'Eternel, ton Dieu !
Alors tu prospérer~, si tu as soin de mettre en ~ratique
les lois· et les ordonnances que l'Eternel a presentes
à Moïse pour Israël. Fortifie-toi et prends courage, ne
crains point et ne t'effraie point.
Voici, par mes efforts, j'ai préparé po~r. la maison de
l'Eternel cent miile talents d'or, un mdhon de talents
d'argent, et une quantité d'airain et de fer qu'il ~·~st Pru:
possible de peser, car il y en a en abond.ance; J at aussi
préparé du bois et des pierres, et tu en aJo~teras. encore.
Tu as auprès de toi un grand nombre d ouvners, des
taiiieurs de pierre, et des charpentiers, et des hommes
habiles dans toute espèce d'ouvrages.
L'or, l'argent, l'airain et le fer, sont saJ?-S nombre.
Lève-toi et agis, et que l'Eternel soit avec tot !
David ordonna à tous les chefs d'Israël de venir en
aide à Salomon, son fils.
L'Eternel votre Dieu, n'est-il pas avec vous, et ne vous·
a-t-il pas d~nné du repos de tous côtés ? Car il a livré
entre mes mains les habitants du pays, et le pays est
assujetti devant l'Eternel et devant son peuple.
Appliquez maintenant votre coeur et votre âme à chercher
l'Eternel votre Dieu ; levez-vous et bâtissez le sanctuaire
de l'Et~rnel Dieu, afin d'amener l'arche de l'alliance
de l'Eternel et les ustensiles consacrés à Dieu dans la
maison qui sera bâtie au nom de l'Eternel. » (I Chron.
22:5-19 ; voyez aussi 28:1-8 ; 29:1-7.)
David donna à Salomon des instructions détaillées concernant
la disposition et les mesures de la maison et de ses
dépendances, le plan du portique ainsi que celui du bâtiment
principal et des constructions annexes « et c'est pa.r
l'Esprit qu'il avait le modèle de tout ce~a .. »,En outr~, _il
lui donna des directives concernant le mtmstere des differents
ordres de Prêtres et de Lévites, et « tout ce qui concernait
le service de la maison de l'Eternel, et tous les
34 LA MAISON DU SEIGNEUR
ustensiles pour le service de la maison de l'Eternel. »
(I Chron. 28:11-13.)
Le travail _de construction proprement dit commença
pendant la quatrième année du règne de Salomon, et le
Temple fut prêt pour la dédicace penda,nt la douzième,
c'est-à-dire, vers 1005 avant J.-C. Dès le début de
l'ouvrage, Salomon conclut avec Hiram, un roi voisin, un
accord aux termes duquel les ressources de Tyr et de
Sidon étaient réservées pour cette grande entreprise. Par
cette alliance~ il fut possible de profiter des splendides
forêts du Liban ; des cèdres, des sapins et d'autres arbres
furent abattus par milliers et acheminés par eau jusqu'au
point le mieux situé pour achever par la route le transport
jusqu'à Jérusalem. Il avait été préalablement expliqué à
Hiram que les besoins seraient grands, car, selon les paroles
. mêmes de Salomon : « La maison que je vais bâtir est
grande, car notre Dieu est plus grand que tous les dieux. »
(II Chron. 2:5; voyez le chapitre entier.) On mit au travail
des bûcherons Sidoniens, c'étaient les travailleurs de
bois les plus habiles que l'on connût alors ; et le bois du
Liban fut fourni en abondance .. On peut juger de l'importance
des besoins d'après la somme énorme promise et
effectivement payée par Salomon. (I Rois 5:11 ; et II
Chron. 2:10, 15.)
Des ouvriers Israélites furent employés en grand
nombre; tant en collaboration avec les Sidoniens qu'en
Israël. Nous lisons :
« Le roi Salomon leva sur tout Israël des hommes de
corvée ; ils étaient .au nombre de trente. mille.
Il les envoya au Liban, dix mille par mois alternativement
; ils étaient un mois au Liban, et deux mois chez eux.
Adoniram était préposé sur les hommes de corvée.
Salomon avàit encore soixante-dix mille hommes qui
LES. SANCTUAIRES 35
portaient les fardeaux et quatre-vingt mille qui taillaient
les pierres dans la montagn!'!. . . .
Sans compter les chefs, au nombre de trms mille tro!s
cents, préposés par ~alomon sur les travaux et charges
de surveiller les ouvners. . . 'fi
Le roi ordonna d'extrmre de grandes et m~gm ques
. d taille pour les fondements de la marson. . pre.;:~s ou~riers de Salomon, ceux de Hiram, et. les Gmbliens
les taillèrent et ils préparèr_ent les bms et les
pierre~ pour bâtir la maison,» (1 Rms 5:13-18.)
Pour employer avec succès de si grand~ ~ombres
d'ouvriers, il était nécessaire d'avoir une o~gams~~on e~cace.
Nous ne sommes donc pas surpris ~elire, qu 11 Y. ~vait
trois mille trois cents surveillants en serviCe. L efficacite du
système est prouvée par le su~c.ès qui couronna cette
gigantesque entreprise. Les Israelites et les hommes de
Tyr . et de Sidon travaillaient de conc,ert; et une gr~nde
partie des matériaux de construction et,_aient façonn~~ e~
mis aux dimensions voulues çlans la foret ou la carri~re ,
en conséquence « lorsqu'on bâtit la mais?n, on se s~rvit de
pierres toutes taillées, et ni marteau, m hache, m a~cun
instrument de fer, ne furent entendu~ dans la maison
pendant qu'on la ·construisait.» (I Rms 6:7; comparez
avec le Deutéronome 27:5-6.) . ,,
Notre sourct: première d'inf?~ati~n concernant 1 erection
du grand Temple est le recit scnptural contenu dans
I . Rois, chapitres. 6 et 7 ; un récit u_ltérieu~ ~e ~ou~e ~ans
II Chroniques, chapitres 3 et 4, mais ce recit, ainsi que !a
description fournie par Josèphe • remontent, semble-t-il,
au premier texte cité. , .
Dans l'ensemble, le plan du Temple de Salo~on ~tait
celui du Tabernacle d'assignation quoique les dimensiOns
du Temple fussent le double de celles du Tab~rn~cle. On
se souvient. que le portique du Tabernacle avait cmq coui
•1 ,'
36 LA MAISON DU SEIGNEUR
dées de profondeur ; celui du Temple mesurait dix coudées
en profondeur ; dans les deux cas, ce portique s'étendait sur
toute la largeur de la maison. Le Saint, c'est-à-dire la première
pièce enclose de murailles, avait vingt coudées de
long, dix coudées de large et dix de haut dans le Tabernacle
; celui du Temple mesurait quarante coudées sur
vingt, et vingt coudées de haut. Le sanctuaire intérieur,
l'Oracle, ou Saint des Saints, était cubique dans le Tabernacle
et mesurait dix coudées dans chaque sens ; dans le
Temple, cette salle sacrée était un cube de vingt coudées.
Ainsi donc, le Tabernacle couvrait en surface trente-cinq
coudées sur vingt, et le Temple, soixante-dix coudées sur
quarante. Ces mesures ne tiennent pas compte des pièces
latérales qui, dans le Tabernacle, mesuraient cinq coudées
de large ; celles qui flanquaient le Temple mesuraient dix
coudées dans leur plus grande largeur ; si nous les ajoutons
au reste, la surface totale du Tabernacle était de quarante
coudées sur vingt, et celle du Temple, quatre-vingts sur
quarante, soit, dix-huit mètres sur neuf pour le Tabernacle
et trente-six mètres sur dix-huit pour le Temple, selon
l'équivalence métrique généralement acceptée pour la coudée.
Eii hauteur, la même proportion se vérifiait : le
Tabernacle s'élevait de quinze coudées et le Temple de
trente coudées. Il semble que le portique du Temple dominait
en hauteur le bâtiment principal. (II Chron. 3 :4.)
Dans le portique, semblant monter la garde au seuil du
Temple, se dressaient deux colonnes "d'airain, d'un dessin
compliqué et sans doute de signification symbolique. Elles
étaient considérées comme si importantes qu'elles méritèrent
une description détaillée et que le nom de leur réalisateur
fut inscrit dans les archives du Temple. Elles furent
travaillées par Hiram de Tyr - non pas le roi du même
nom, mais un maître-artisan, habile à travailler l'airain.
LES SANCTUAIRES 37
Hiram confectionna les colonnes : elles avaient chacune
douze coudées. de. circonférence et dix-huit coudées de
hauteur, san~ compter les chapiteaux massifs qui étaient
ornés d'un motif de grenades et de lis. La colonne à
droite de l'entrée fut appelée Jakin, ce qui signifie «Elle
tiendra » et celle de gauche fut appelée Boaz, ce qui veut
dire «Elle est solide». (l Rois 7:13-22.) Peut-être une
signification plus profonde s'attachait-elle à ces colonnes
massives ; quoi qu'il en soit, leur symbolisme suggestif de
force et de solidité apparaît avec évidence. Quant à savoir
si elles supportaient vraiment le toit du portique, ou si
elles étaient libres et ne servaient que d'ornement et de
symboles, le texte de l'écriture ne le précise pas.
Les murs du grand Temple étaient de pierre de taille ;
toutefois, aucune pierre n'était visible de l'intérieur, car les
murs étaient lambrissés du haut en bas de cèdre richement
décoré de sculptures de fleurs, d'arbres et autres dessins,
et le parquet était en sapin. (1 Rois 6:15-18, 29.) En
outre, l'intérieur était richement ornementé de motifs plaqués
d'or pur. La séparation qui distinguait l'Oracle ou
Saint des Saints, et qui correspondait au voile du ':fabernacle,
était recouverte de semblable manière et était suspendue
par des chaînes d'or (versets 19-22). Les chérubins
qui se dressaient comme des gardiens symboliques de
l'Oracle, étaient de bois d'olivier recouvert d'or, le précieùx
métal ayant été ajusté sur le bois sculpté (verset 35).
Le vestibule ou portique se trouvait à l'extrémité est ;
il constituait le seul accès au Temple proprement dit. Le
long des trois autres faces, donc entourant le Saint et
l'Oracle, il y avait de nombreuses petites pièces réparties
en trois étages. La largeur de ces pièces était de cinq coudées
à l'étage inférieur, de six coudées à l'étage intermédiaire,
et de sept coudées à l'étage supérieur; cette parti-
,l'
38 LA MAISON DU SEIGNEUR
cularité que constituait l'augmentation de la largeur proportionnellement
à l'élévation, était due à une diminution
de l'épaisseur des murs. Grâce à cet amincissement des
murs, les pièces de cèdres étaient bien soutenues, tout en
ne faisant pas partie du bâtiment principal ; il était conçu
de telle manière ·que « les poutres ne fussent pas fixées
dans les murs de la maison» (versets 5-6). Ces petites
pièces étaient donc « des retraites tout autour, contre les
·murs de la maison» et pourtant, de construction indépendante.
Par la mention qu'en fait Ezéchiel (Ez. 41:6-7), on
suppose que ces pièces étaient au nombre de trente, bien
qu'aucune précision ne soit apportée. Elles étaient probablement
utilisées pour le service que devaient remplir les
prêtres à côté des cérémonies . constituant le rituel général.
L'accès à ces pièces se trouvait du côté droit du bâtiment:
un escalier to:urnant menait aux pièces supérieures. Au-dessus
du niveau des pièces supérieures, il y avait des fenêtres
par lesquelles le Saint recevait la lumière du jour ; quant au
Saint des Saints, il ne connaissait pas la lumière naturelle.
Le mobilier du Temple ne comprenait qu'un petit
nombre d'objets ; cependant, chaque pièce était de conception
particulière et destinée à un usage exclusif. Dans le
Saint se trouvait une table, ou plutôt une série de tables
destinées à porter les pains ·de proposition .sacrés. On y
mentionne aussi un autel d'or, et dix chandeliers d'or pur,
disposés en face de l'entrée de l'Oracle, cinq de chaque
côté ; en outre il y avait des pincettes en or, des vases, des
éteignoirs, des bassins et des cuillères. L'Oracle était préparé
pour recevoir l'Arche d'Alliance, et pour abriter ce
meuble sacré, on avait préparé les deux grands chérubins,
hauts chacun de dix coudées : ils étaient de bois d'olivier
recouvert d'or.'
Le Temple se dressait dans des enceintes de murailles
LES SANCTUAIRES 39
que l'on appelle généralement cour extérieure et cour
intérieure. Selon la description qui nous en est faite, le mur
de la cour intérieure se composait de trois assises de pierre
de taille et d'une rangée de poutres de cèdre. Ceci correspondait
au parvis unique de l'ancien Tabernacle. Du fait
que toutes les dimensions attestées nous montrent que le
Temple était le double du Tabernacle, il est possible que ce
parvis ait été de proportions correspondantes: c'est pourquoi
on croit généralement qu'il s'étendait sur cent coudées
du nord au sud et sur deux cents coudées d'est en
ouest.'
A l'intérieur du parvis « devant le portique du Seigneur
» se trouvait l'autel des sacrifices. C'était une masse
carrée d'airain, de vingt coudées de côté et de dix coudées
de haut. Appartenant· au service de cet autel il y avait de
nombreux ustensiles, tels que bassins, pots et pelles, fabriqués
spécialement sous la direction du maître-artisan
Hiram de Tyr. Autre objet remarquable dans ce parvis:
la mer de fonte, dite aussi la mer d'airain." Cette grande
cuve mesurait trente coudées de circonférence et cinq coudées
de hauteur ; elle était richement ornée. Les parois
avaient une palme d'épaisseur et le bord en était embelli
de motifs floraux. Elle était posée sur douze boeufs d'airain,
disposés par groupes de trois, les groupes faisant face aux
quatre points cardinaux. Cette grande cuve se trouvait entre
l'autel et le portique, « du côté droit de la maison, au sudest
». (1 Rois 7:39.) Du même ordre que la mer de fonte, il
y avait dix bassins, montés sur des bases de construction
spéciale et pourvues de roues pour en faciliter le transport.
(1 Rois 7:27-39 ; II Chron. 4:6.) Les bassins étaient utilisés
en rapport avec le service de l'autel, pour le lavage des
offrandes, mais la cuve principale, la mer de fonte était
réservée aux ablutions rituelles des prêtres.
40 LA MAISON DU SEIGNEUR
· Lorsque la Maison du Seigneur fut achevée on fit des
préparatifs compliqués en vue de sa dédicace. Tout d'abord
vint l'installation de l'Arche d'Alliance et de ses dépendances,
le Tabernacle d'assignation et les vases sacrés
c:e~t en_ grande ~ompe et avec accompagnement d'un~
ce:emome ~e s~crifice que I'~rche fut apportée par les
pretres et deposee dans le Samt des Saints sous les ailes
des chérubins. A cette époque, l'Arche ne contenait que
les deux tables de pierre « que Moïse y avait mises ». Les
barres par lesquelles on portait l'Arche furent tirées de
manière à être visibles du Saint, et alors « au moment
QÙ les sacrificateurs sortirent du lieu saint la nuée remplit
la maison de l'Eternel. Les sacrificat;urs ne purent
pas Y res~er pour faire le service, à cause de la nuée ;
car la glorre de l'Eternel remplissait la maison de l'Eternel.
» (I Rois 8:10-11.)
. Puis Salomon s'adressa à la multitude assemblée pour
l~I rappeler les circonstances dans lesquelles la construction
du Temple avait été conçue par David son père et
exécutée par lui-même, et pour proclamer ia miséric;rde
et la bonté du Dieu d'Israël. Debout devant l'autel du
Seigneur dans le parvis du Temple, le roi éleva les mains
vers le ciel et offrit la prière de dédicace. Puis, le roi bénit
le peuple en ces termes : « Béni soit l'Eternel qui a donné
du repos à son peuple d'Israël, selon toutes s:s promesses !
De tout~s les bonnes paroles qu'il fit prononcer par Moïse
son serviteur, aucune n'est restée sans effet. Que l'Eternel
no~~e Dieu, soit avec nous, ~omme il a été avec nos pères ;
qu Il ~e nous abandonne pomt et ne nous délaisse point. »
(I R?Js 8:5~-~7 ; pour la description complète de la cérémome
de dedicace, voyez le chapitre entier.)
Lês servi~es princip~ux ainsi que les festivités s'y rapportant
durerent sept Jours, et « le huitième jour, il ren-
LES SANCTUAIRES 41
voya le peuple. Et ils bénirent le roi, et s'en allèrent dans
leurs tentes, joyeux et le coeur content pour tout le bien
que l'Eternel avait fait à David, son serviteur, et à Israël,
son peuple» (verset 66).
Élles ne durèrent qu'un tiers de siècle, la suprématie et la
gloire de ce splendide édifice. Dans les dernières années de
son règne, Salomon s'était mal conduit aux yeux de Dieu
et le peuple n'avait pas tardé à suivre son roi dans la voie
du mal. Israël avait laissé s'affaiblir son obéissance envers
Jéhovah et avait suivi des dieux étrangers. Après la mort
de Salomon, la nation fut disloquée. Au cours de la cinquième
année du règne de Roboam, Schischak, roi
d'Egypte, assiégea la Cité de David et alla jusqu'à dépouiller
· le Temple d'une partie de ses trésors sacrés. Ensuite,
Joas, qui régnait sur une des moitiés de la nation divisée
emporta de la Maison du Seigneur l'or, l'argent, et les
vases sacrés et les emmena en Samarie. (II Rois 14:13-14.)
Il apparaît donc que la violation du Temple ne fut pas
entièrement le fait des ennemis d'Israël; le peuple même
pour qui cette Maison avait été jadis consacrée, contribua
à sa profanation. Achaz, ce mauvais roi de Juda, enleva
de sa place l'autel des sacrifices et le remplaça par un autre
qui avait été façonné sur son ordre sur le modèle des autels
païens ; en outre, il déposa la mer de fonte et démonta les
bassins. (II Rois 16:1-10-18; aussi II Chron. 28:34.)
Manassé, autre méchant roi de Juda, se fit le disciple de
Baal et éleva des autels aux idoles à l'intérieur même du
Temple. (II Rois 21:1-7; aussi II Chron. 33:1-7.) Les
objets précieux de la Maison du Seigneur servirent de monnaie
d'échange entre rois. C'est ainsi qu'Asa, roi de Juda,
acheta le soutien de Ben-Hadad pour lutter contre Israël ;
(I Rois 15: 18) de la mê~e manière, Joas acheta la paix à
1 ·,
i
42 LA MAISON DU SEIGNEUR
Ha.zaël, roi de Syrie; (II Rois 12:18) et c'est ainsi encore
qu'Ezéchias dépouilla la Maison du Seigneur afin de pouvoir
payer tribut aux Assyriens. (II Rois 18:15-16.)
Des tentatives furent faites pour réparer les ravages les
plus graves, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Temple
(li Rois 12:2-14; comparez avec II Chron. 24:7-14; aussi
II Rois 22:3-7 ; comparez avec II Chron. 34:8-13) mais il
semblait que la Maison eût été abandonnée à son triste sort.
En l'an 586 avant J.-C., Nebucadnetsar, roi de Babylone,
consomma la destruction du Temple lorsqu'il conquit le
royaume de Juda. Ce qui pouvait encore y présenter
quelque valeur fut emporté, et le bâtiment fut détruit par
le feu.~>
Il est encore fait mention une fois dans la suite de c~rtains
des vases qui avaient été fabriqués en vue du service
de Jéhovah - c'est quand on les so·rtit pour couronner
le triomphe de Balthazar au cours de son festin païen.
Alors se manifesta le mécontentement du Seigneur, et le
roi, tremblant, apprit son destin des lèvres de Daniel - car
il n'avait pas pris garde au sort qui avait été celui de son
père, et il s'était élevé contre le Seigneur du Ciel; et
il avait enlevé les vases sacrés de la maison de Dieu afin
que lui-même, ses seigneurs, ses épouses et ses concubines
pussent y boire leur vin; et il avait fait l'éloge des·
dieux, d'or et d'argent, d'airain, de fer, de bois, et de
pierre, qui ne voient point ni n'entendent, et qui ne savent
pas ; mais le Dieu dans la main de qui était sa vie, et à
qui appartenaient toutes ses actions, il ne l'avait pas glorifié.
II avait été pesé dans les balances et il n'avait pas
fait le poids ; et son royaume lui .fut enlevé. Cette nuit-là,
le roi Balthazar fut tué (Daniel chapitre 5).
LES SANCTUAIRES 43
LE TEMPLE DE LA VISION D'ÉZÉCHIEL
Au cours de la vingt-cinquième année de la captivité
de Babylone, alors que le peuple d'Israël se trouvait encore
en exil dans un pays étranger, la parole du Seigneur fut
adressée au prophète Ezéchiel ; la puissance de D~eu r:p?s.a
sur lui, et il eut la vision d'un Temple dont il decnvlt
minutieusement le plan (Ezéchiel, chapitres ~0 à 43). ~
prophète ne s'est pas prononcé sur la quest10n de savorr
si le projet qui lui avait été montré devait être réalisé
dans la suite ou si ce n'était qu'un idéal grandiose, mais
inaccessible. Ce qui est certain, c'est que ce Temple, dont
il eut ia vision, n'a pas encore été construit. ,
Dans la plupart de ses traits essentiels, l'idéal d'_E~éc~el
suivait de près le plan du Temple de Salomon ; s1 ~t~01~e,
en effet, est cette ressemblance, que nombre de details
spécifiés par Ezéchiel ont été retenus comme étant ceux
du splendide édifice détruit par Nebucadnetsar. La caractéristique
prédominante du Temple décrit par Ezéchiel,
c'était l'ampleur de ses proportions et la symétrie, tant
de la Maison Sainte que de ses dépendances. L'enceinte
devait être un carré de cinq cents coudées, entouré de
murailles et pourvu d'une porte et d'arcades sur trois
côtés · du côté ouest le mur n'était rompu par aucune
porte.' A chacune des portes, il y avait de ~etites p~èces
considérées comme des loges et pourvues d un portique,
Dans le parvis extérieur il y avait d'autres pièces. Toute
cette enceinte devait être surélevée et une volée de marches
menait à chaque porte. Dans le parvis intérieur, on voyait
le grand autel, dressé devant la Maison et occupant le
centre d'un carré de cent coudées (Ezéchiel 40:47). On
avait pourvu amplement à toutes les variétés de sacrifices
et d'offrandes, ainsi qu'au logement des prêtres, des chan44
LA MAISON. DU SEIGNEUR
teurs, et de tous ceux qui participaient au rituel sacré
(ver~ets 44-46) .. Le bâtiment principal comprenait un
portique, un Samt et un sanctuaire intérieur ou Très
Saint !-ieu, ce dernier, surélevé par rapport au reste et
a~c~ssi?le par des marches. Ce plan prévoyait une spéCialisation
plus grande éncore que celle qui caractérisait
le complexe sacré du Temple de Salomon. Le service du
Temple était fixé dans le détail ; les ordonnances de
l'autel, les devoirs des prêtres, le ministère des Lévites
le règlement régissant les oblations et les fêtes, tout étai~
exposé (Ezéchiel, chapitres 44-48).
Le b~t. immédiat de cette révélation faite par le moyen
de la ViSion du prophète semble avoir été d'éveiller le
peuple d'Israël à la conscience de sa déchéance et à une
concep~i~n de sa gloire disparue. Le prophète reçut l'ordre
que VOlCi:
' « ~?i, ms .. de l'homme, montre ce temple à la maison
d Israel ; .q'! il~ ~n mesurent le plan, et qu'ils rougissent
de leurs tmqmtes. .
.« S'ils rougissent de toute leur conduite, fais-leur connattre
la fo:me de cette maison, sa disposition, ses issues
et ses e!ltrees, tous ses dessins et ses ordonnances tous
ses dessms et tout~. ses lois ; mets-en la descriptio~ sous
leurs yeux, afin qu Ils gardent tous ces dessins et toutes
ces ordonnances; et qu'ils s'y conforment dans l'exécution.
Telle est· la loi de la maison. Sur le sommet de la
montagne, tout l'espace qu'elle doit occuper est très
saint. Voilà donc la loi de la maison.» (Ezéchiel43:10-12.)
LE TEMPLE DE ZOROBABEL
Pendant soixante-dix longues années, les Juifs avaient
pleu:é et gémi sous le joug babylonien. La plus grande
partie de ce royaume de Juda jadis si fier avait été emmenée
en captivité, et ceux qui étaient restés au pays de leurs
j.
LES SANCTUAIRES 45
ancêtres avaient perdu leur statut de nation et s'étaient largement
mêlés aux Gentils. Avec quelle terrible exactitude
s'était accomplie la cruelle prédiction de Jérémie. Par son
intermédiaire, le Seigneur avait dit :
«C'est pourquoi ainsi parle l'Eternel des armées: Parce
que vous n'avez point écouté mes paroles ;
J'enverrai chercher tous les peuples du septentrion,
dit l'Eternel, et j'enverrai auprès de Nebucadnetsar, roi
de Babylone, mon serviteur ; je le ·ferai venir contre ce
pays et ses habitants, et contre toutes ces nations à
l'entour, afin de les dévouer par interdit, et d'en faire
un objet de désolation et de moquerie, des ruines éternelles.
Je ferai cesser parmi eux les cris de réjouissance et
les cris d'allégresse, les chants du fiancé et les chants de
la fiancée, le bruit de la meule et la lumière de la lampe.
Tout ce pays deviendra une ruine, et ces nations seront
asservies au roi de Babylone pendant soixante-dix ans. ~
(Jérémie 25:8-11 ; aussi 29: 10.)
Cependant, les ténèbres de cette affiigeante prophétie
avaient été éclairées d'un rayon d'espoir, d'une promesse :
l'assurance que quand les soixante-dix années du châtiment
du Seigneur seraient accomplies, le peuple retournerait
au pays de son héritage et serait de nouveau reconnu
comme étant le peuple du Seigneur.' C'est encouragé par
cet espoir que le peuple avait vécu ; inspirés par lui, les
prophètes, bien que captifs, avaient recherché le Seigneur
et avaient fait connaître au peuplé Sa volonté ; c'est à
cette lumière qu'Ezéchiel, le voyant, avait eu la vision
du rétablissement de son peuple et la possibilité d'un
Temple plus vaste et plus grandiose que le premier. En
temps voulu, le Dieu d'Israël tint Sa parole et affirma à
nouveau Sa puissance de Roi des rois ; il gouverna et
dirigea les passions des nations et des dirigeants terrestres
et ramena une fois encore Son peuple de son pays
tl: r
46 LA MAISON DU SEIGNEUR
d'esclavage. La Perse était devenue une puissance prédominante
parmi les nations et c'est par un décret du roi
de Perse que Juda fut émancipé. Voyez comment la
puissance de Dieu s'impose à ceux qui gouvernent les
mortels:
« La première année de Cyrus, roi dè Perse, afin que
s'accomplît la parole de l'Eternel prononcée par la bouche
de Jérémie, l'Eternel réveilla l'esprit de Cyrus, roi de
Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication
dans tout son royaume :
Ainsi parle Cyrus, roi des Pèrses : L'Eternel, Dieu
des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre; et
il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem
en Juda.
Qui d'entre vous est de son peuple ?
Que son Dieu soit avec lui, et qu'il monte à Jérusalem
en Juda et bâtisse la maison de l'Eternel, le Dieu d'Israël !
C'est le Dieu qui est à Jérusalem.
Dans tout lieu où séjournent des restes du peuple de
l'Eternel, les gens du lieu leur donneront de l'argent, de
l'or, des· effets, et du bétail, avec des offrandes volontaires
pour la maison du Dieu qui est à Jérusalem. »
(Esdras 1:1-4.)
C'est avec cette gracieuse permiSSion que le peuple
retourna au pays de ses pères et se mit en mesure de
reconstruire une Maison au. Seigneur. Cyrus avait passé
son décret à l'effet que la construction fût digne du grand
Nom auquel elle devait être consacrée: elle devait avoir
de solides fondements ; la hauteur devait être de soixante
coudées, ainsi que la largeur ; on devait poser trois rangées
de pierre de taille et une rangée de bois neuf ; . en
outre, les frais devaient être couverts par le trésor royal
(Esdras 6:3-4). Le roi restitua au peuple tous les vases
qui avaient été emportés par Nebucadnetsar du premier
LES SANCTUAIRES 47
T mple · il y en avait plusieurs milliers et ils furent remis o~cielle~ent par le trésorier du roi (Esdr~s 1:7-11)., .
Si grand était l'enthousiasme du peuple, si fort son de~rr
de prendre part personnellement à, ~a ~a~te entrepnse
que beaucoup de gens qui avaient et~ ,neglige~ts ~e le?r
héritage réclamaient à présent la qualite, ~e pretre , , mrus,
comme leur généalogie n'avait pas ete conserv~e: 1~
prêtrise leur fut refusée, bien qu'ils fussent autonses a
retourner avec les autres. Les· prérogatives du sa:erdoce
leur furent refusées jusqu'à ce qu'un prêtre se levat av_ec
puissance pour rétablir leur généalogie au moyen de l'Unm
et du Thummin (Esdras 2:61-63).
Zorobabel et Josué avaient la charge ?e l'~uv~~· et
sans. délai ils reconstruisirent l'autel du D1eu d Israel et
réinstaurèrent le rituel du sacrifice et l'observance des
fêtes sacrées (Esdras 3:1-6). Des maçons et des, charpentiers
des ouvriers et des artisans de toute espece et de
tout' rang furent engagés ; Tyr et Sidon fur~nt de nouveau
soumises à un tribut amical et une f01s de plus la
richesse des forêts du Liban fut amenée à J érusal~m .. Les
Prêtres et les Lévites furent réorganisés co~e, Jadis ~t
le bruit des trompettes et des cymbales se melrut a la voiX
des chanteurs. y a-t-il lieu de s'étonner qu'au mon:ent
où on posa les fondations, des vieillard~ qui ~e . souvenatent
de la première Maison et de sa glorre pnruent et versaient
des larmes de joie? (Esdras 3:8_-13.) . ,
Mais il s'éleva des adversaires qm susc1terent des
obstacles aux constructeurs. Le peuple de Canaan - ~es
Israélites qui avaient oublié l;ur allé~eance pour Dieu
et s'étaient mêlés à des idolatres, pnrent _om~rag~ de
l'activité des Juifs revenus. Tout d'abord, il~ s offnre~t
à les aider . dans leur oeuvre, mais voyant qu on refusrut
de les reconnaître à cause de leurs relations avec les
48 LA MAISON DU SEIGNEUR
ido~âtres, ils se _mirent à faire de l'obstruction, «ils décou~
ragerent 1: peupl~ de Ju~a; ils !~intimidèrent pour l'empêcher
de batlr, ·et Ils gagnerent à prix d'argent des conseillers
pour faire échouer son entreprise. II en fut ainsi
P,endant toute_ la vi~ de Cyrus, roi de Perse; et jusqu'au
regne de Danus, rot de Perse.» (Esdras 4:1-6 7-24 · et
le chapitre 5.) On protesta en disant que depuis touj~urs
le peuple de Juda avait causé des ennuis aux autres
nations, et que leur Temple une fois restauré ils redeviendra!
ent sé~i~eux. Finalement, les protestations et les
accusatiOns ~mverent aux oreilles de. Darius, le monarque
ré~ant _; mais lorsqu'il eut fait une enquête sur toute cette
affarre? il passa m;t décret au terme duquel, non seulement
les J_uifs ne devaient pas être interrompus dans la construction
de leur Temple, mais encore une partie du tribut
du roi, c'est-à-dire les impôts officiels du pays serait
consacrée à cette oeuvre ; et, selon les paroles du roi :
« Et voici l'ordre que je donne touchant quiconque
transg.r:_essera c~tte parole : on arrachera de sa maison
une ptece de bms, on la dressera pour qu'il y soit attaché
et l'on fera ~e sa maison un tas d'immondices. '
Que le Dteu . qui fait résider en ce lieu son nom
renverse tout roi et tout peuple qui étendrait la main
pour _tra~sgr~sser ma parole, pour détruire cette maison
de pte~ a Jerusalem ! Moi, Darius, j'ai donné cet ordre.
Qui! soit ponctuellement exécuté.» (Esdras 6:11-12 ·aussi
les versets 7-10.) '
Ainsi soutenu, le peuple acheva rapidement· la construction.
Quoique presque vingt ans ·se fussent écoulés
entr~ la pose ~es fondations et l'achèvement, la majeure
p~e du ~avail fut effectuée au cours des quatre derrueres
annees. Les cérémonies de dédicace furent solen.:.
nelles et édifiantes. Pendant sept jours on observa la fête
LES SANCTUAIRES 49
des pains sans levain ; la Pâque fut mangée par ceux qui
étaient revenus de captivité et par tous ceux «qui s'étaient
éloignés de l'impureté des nations du pays pour chercher
L'Eternel, le Dieu d'Israël» (Esdras 6:21).
Ce second Temple fut terminé en l'an 515 avant J.-C. ;
il est connu des historiens sous le nom de Temple de
Zorobabel. Dans ses grandes lignes, il suivait le modèle
du Temple de Salomon, bien qu'en plusieurs de ses dimensions,
il excédât son prototype. Le parvis était divisé en
deux sections : une réservée aux prêtres et une autre pour
le public ; selon Josèphe, cette division était matérialisée
par une clôture en bois (Josèphe : Antiquités juives XIII,
13:5). Un autel de pierre brute fut érigé au lieu du graild
autel d'airain de jadis (Exode 20:25, Deut. 27:5 ; Josué
8:31). Le Saint ne fut orné que d'un seul chandelier au
lieu de dix ; et d'une seule table pour les pains de proposition
au lieu des dix tables recouvertes d'or qui se
dressaient dans le premier temple. On nous parle aussi
d'un autel d'or pour l'encens et de quelques meubles de
moindre import~ce. Le Saint des Saints était vide, car
on ne savait pas ce que l'Arche d'Alliance était devenue
lorsque le peuple était parti en captivité.
A de nombreux égards, le Temple de Zorobabel avait
l'air pauvre en comparaison de son splendide prédécesseur
et, dans certains détails, il apparaissait effectivement inférieur
à l'ancien Tabernacle d'assignation - le sanctuaire
des tribus nomades. Des critiques savants précisent que
les caractéristiques suivantes du Temple de Salomon manquaient
au Temple de Zorobabel: 1) l'Arche d'Alliance;
2) le feu sacré; 3) le Shekinah ou gloire du Seigneur,
qui se manifestait jadis par la Présence Divine ; 4) l'Urim
et le Thummin, par lesquels Jéhovah expliquait Sa volonté
aux prêtres de l'ordre d'Aaron ; 5) le génie ou esprit
50 LA MAISON DU SEIGNEUR
de prophétie, marquant la communion intime existant
entre les mortels et leur Dieu. Nonobstant ces différences,
le Temple de Zorobabel fut reconnu par Dieu et fut sans
aucun doute le lieu· ou le siège de la révélation divine
aux prophètes dûment institués.
Cette infériorité du second Temple comparé au premier
est généralement reconnue ; cependant, cette différence
était plutôt une question de splendeur que de dimensions
(Aggée 2:1-4; comparez avec Zacharie 4:10). Mais même
cette moindre splendeur, il ne la conserva pas longtemps.
De nouveau le peuple se détourna de son Dieu et n'écouta
plus la voix des prophètes. De nouveau Jéhovah· permit
aux païens d'opprimer Juda. Quant au reste de l'histoire
de ce Temple, le récit biblique ne nous en donne que
peu ?~ ~étails ; mais ~'autres sources nous parlent de
ses VICISsitudes. La Mruson du Seigneur fut profanée au
moment de la persécution des Macchabées. Un roi syrien,
Antiochus Epiphane, s'empara de Jérusalem (168 à 165
avant J.-C.) et blasphéma outrageusement la religion du
peuple. Il piiia le Temple et en emporta le chandelier
d'or, l'autel d'or pour l'encens, la table des pains de
prpposition et il aiia jusqu'à arracher les voiles sacrés
qui étaient-faits de fine toile et d'écarlate. II poussa 1~
malignité jusqu'à profaner sciemment l'autel du sacrifice
en Y offrant du porc et à ériger un autel païen dans
J'enceinte sacrée. Non content de ·violer le Temple, ce
méchant monarque fit ériger des autels dans les viiies et
ordànna d'y offrir des animaux impurs. Le rite de la
circoncision fut interdit sous peine de mort et le culte
de _Jé~o~~ _fut considéré comme un crime (Josèphe,
Antlqmtes JUives, XII, 5:3-5). Suite à cette persécution,
de nombreux Juifs apostasièrent et déclarèrent qu'ils étaient
LES SANCTUAIRES 51
Mèdes ou Perses - nations dont ils avaient secoué le
joug par hi puissance de Dieu.
Parmi cèux qui restèrent fidèles à la religion de leurs
pères se trouvait Mattathias~ qu~ était pr~t~e et p~~sonnage
en vue. On lui demanda d offrrr un sacrifice pmen ; non
seulement il refusa, mais dans sa juste indignation, il tua
ceux qui essayaient de commettre ce sacrilège. Cet acte
entraîna d'autres émeutes et pendant trois ans, la lutte
se poursuivit. Judas, fils de Mattathias, se distingua, et
on l'appelle maintenant Judas Macchabée - le premier
des Macchabées. Sous sa direction, le peuple retourna à
Jérusalem et trouva le Temple désert, tel qu'il avait été
laissé par l'armée d'Antiochus. Les portes en avaient été
arrachées et brûlées, et les mauvaises herbes poussaient
à l'intérieur des murailles. Judas tenta de purifier et de
réhabiliter la Maison ; il y apporta de nouveaux vases
et remplaça le chandelier, l'autel pour l'~ncens, 1~ ~able
des pains de proposition, et les vOiles et il construisit un
nouvel autel pour les holocaustes. Puis, en l'an 163 avant
J.-C., la Maison fut dédiée à nouveau; cet événement fut
commémoré dans la suite par une festivité annuelle
appelée la Fête de la Dédicace.' .
Pour des raisons de sécurité personnelle, les Juifs conclurent
une alliance avec les Romains qui ·devinrent plus
tard leurs maîtres. Durant le règne des Macchabées, le
Te~ple tomba en décadence, et lorsque le dernier représentant
de cette dynastie fut suivi ·par Hérode le Grand,
la Maison n'était guère plus qu'une ruine. Néanmoins,
l'ordre sacerdotal avait été préservé, et un semblant de
cérémonial cultuel avait continué. L'histoire du Temple
de Zorobabel rejoint celle du Temple d'Hérode.
52 LA MAISON DU SEIGNEUR
LE TEMPLE D'HÉRODE
En l'an 37 avant J.-C., Hérode Jer, connu en histoire
sous le nom d'Hérode le Grand, fut installé sur le trône
des rois de Juda. Il avait déjà servi successivement en
9~alit~ de procurateur et de tétrarque et, au fond, avait
ete rot de nom pendant quelque temps avant de monter
sur le trône, et durant cette période, il avait été en lutte
avec le peuple dont un décret du . Sénat romain l'avait
fait gouverneur. Lorsqu'il monta sur le trône, il était
connu pour son arrogance et sa cruauté ; et son règne
fut un règne tyrannique, au cours duquel même les liens
de famille et les liens les plus étroits du sang s'avérèrent
insuffisants à protéger les victimes de son déplaisir. Au
début de son règne, il mit à mort presque tous les membres
du Sanhédrin, le Grand Conseil juif, et. il ne cessa de
régner avec une sévérité croissante. Néanmoins, il réussit
.à maintenir la paix avec d'autres gouvernements, et ses
maîtres romains le considéraient comme un gouverneur
compétent. Parmi ses actes de cruauté, on compte le
massacre des nouveau-nés de Bethléhem, meurtre qui fut
conçu et exécuté dans l'espoir d'inclure l'Enfant Jésus
parmi les victimes. •
Tel est le caractère de l'homme qui se proposa de
remplacer le Temple de Zorobabel, miné par l'âge, par
~ne .construction nouvelle et plus magnifique. Peut-on
Imagmer que l'offrande d'un tel donateur puisse être
acceptable aux yeux du Seigneur ? Jadis, David avait offert
.de construire une Maison au Seigneur, mais il en avait
été dissuadé, parce que c'était un homme de sang. Le but
que p~ur.suivait Hérode en entreprenant cette grande
oeuvre etait de se grandir lui-même et dë grandir la nation
plutôt que de rendre hommage à Jéhovah. Sa propositio~
LES SANCTUAIRES 53
de reconstruire ou de restaurer le Temple sur une échelle
plus grande et plus magnifique fut considérée comme
suspecte et accueillie avec méfi.ance par les Juifs : quand
l'ancien édifice serait démoli, ce monarque arbitraire était
bien capable d'abandonner son projet et de laisser le peuple
dépourvu de Temple. Pour dissiper ces craintes, le
roi se mit en devoir de reconstruire et de restaurer le
vieil édifice, partie par partie, en dirigeant le travail· de
telle manière qu'à aucun moment le service du Temple
ne fût sérieusement perturbé. On ne conserva cependant
que si peu de l'ancienne construction, que le Temple
d'Hérode doit être regardé comme une création nouvelle.
L'oeuvre fut entreprise environ seize ans avant la naissance
du Christ ; et, alors que la Maison Sainte proprement
dite était pratiquement achevée en un an et demi
- cette partie de l'ouvrage ayant été exécutée par un
millier de prêtres spécialement entraînés dans ce but -
l'emplacement du temple fut témoin de travaux ininterrompus
de construction jusqu'en 63 après J.-C. Nous
apprenons qu'à l'époque du ministère du Christ, le Temple
était en reconstruction depuis quarante-six ans ; (Jean
2:20) et à ce mom_ent il n'était pas encore achevé.
Le texte biblique ne nous donne guère de renseignements
concernant ce dernier temple, le plus grand de
l'antiquité ; ce que nous en savons, nous le devons principalement
à Josèphe, avec à l'appui quelques témoignages
trouvés dans le Talmud. Dans tous ses traits essentiels,
la Maison Sainte, ou Temple proprement dit, était sem.:.
blable aux deux maisons ou sanctuaires antérieurs, quoiqu'il
fût, extérieurement, bien plus compliqué et plus
imposant qu'eux ; le Temple d'Hérode, en effet, les surclassait
de loin sur le chapitre des cours· d'enceinte et
des bâtiments annexes. Si l'on s'avançait du mur exté54
LA l\;1AISON DU SEIGNEUR
rieur vers l'enceinte intérieure occupée par la Maison
Sainte, on traversait des cours successives, chacune située ~
à un _ni~eau plus élevé que la précédente, disposition que '
favonsruent les pentes du mont Moriah. Ces cours s'étendaient
sous la forme d'énormes plates-formes en terrasse;
soutenues, par des fondations de maçonnerie massive, qui
s'élevaient à la verticale et atteignaient en certains endroits
deux cents mètres à partir du pied de la colline.
Le mur extérieur qui enfermait tout le complexe du
temple et qui .présentait approximativement la forme
d'un carré, mesurait quatre cents coudées, ou un stade
(environ cent quatre-vingts mètres) de côté. La muraille
est, qui constituait la principale défense de la cité de ce
côté, n'était percée d'aucune porte; chacun des trois
autres côtés était pourvu d'un ou plusieurs portails magnifiques
permettap.t de franchir ce mur digne d'une forteresse.
Les quatre côtés de cette grande enceinte immédiatement
à l'intérieur du mur extérieur, étaient 'occupés
par une série de portiques magnifiques, à la grecque, formant
une colonnade couverte, dont chaque pilier était
un monolithe massif de marbre blanc. Cette colonnade
était interrompue à l'angle nord-ouest par la Tour
d'Antonia, véritable château fortifié, d'où un passage
souterrain conduisait jusqu'à l'enceinte intérieure où se
dressait la Maison Sainte. La colonnade ou rangée . de
portiques qui longeait le côté sud, était particulièrement
travaillée et portait le nom de Portique Royal. Il y avait
ici quatre rangs de colonnes énormes, et par conséquent
trois corridors dont celui de l'intérieur mesurait quinze
mètres de large et trente mètres de haut, tandis que les
deux corridors latéraux mesuraient chacun neuf mètres
de large et dix-huit mètres de haut. Cet effet imposant
produit par le Portique Royal, Josèphe s'y étend longue-
LES SANCTUAIRES 55
m~nt, disant que la beauté en . était incroyable pour ceux
qui ne l'avaient pas vu, et stupéfiante pour ceux qui le
contemplaient.
La colonnade est portait le nom de Portique de Salomon
(Jean 10:23 ; Actes 3:11 ; 5:12) par allusion à une
tradition selon laquelle le portique recouvrait et englobait
une partie du mur original élevé par le constructeur du
premier Temple. A l'intérieur de ce portique, il y avait
un espace assez vaste dont l'accès était autorisé au public:
c'était la Cour des Gentils. C'est dans cette cqur que les
changeurs et les marchands d'animaux utilisés pour les
sacrifices avaient établi leurs échoppes à l'époque du
ministère de notre Seigneur, et d'où ils furent chassés
par Sa juste colère, lorsqu'Il déclara : « Il est écrit : Ma
maison sera appelée une · maison de prière. Mais vous,
vous en faites une .caverne de voleurs.» (Matt. 21:12-13;
voyez aussi Marc 11:15; Luc 19:45; Jean 2:14.)
Entre la Cour des Gentils et les cours intérieures se
dressait un mur haut de vingt-cinq coudées ; ceci marquait
la limite des lieux plus s.acrés dans lesquels on ne
pouvait légalement admettre aucun Gentil. A intervalles
le long du mur, il y avait des tablettes, prévenant tous
çeux qui n'étaient pas d'Israël qu'il était défendu d'entrer
sous peine de mort. La traduction littérale de ces avis
est : Qu'aucun étranger ne pénètre à l'intérieur ·de la
balustrade et du parvis entourant le sanctuafre. Quiconque
y est pris est lui-même responsable de sa mise à mort
qui s'ensuivra.
Les cours intérieures étaient accessibles de la Cour
des Gentils par neuf portes, dont une était à l'est, quatre
au nord et quatre au sud ; tout comme dans les Temples
antérieurs, le mur ouest était dépourvu de porte. De ces
portails, le principal était celui de l'est; c'était une cons56
LA MAISON DU SEIGNEUR
truction compliquée en précieux airain corinthien, et portant
le nom de Porte Corinthienne, ou parfois celui de
son donateur, Nicanor ; beaucoup d'autorités estiment en
outre que c'est là la Belle Porte devant laquelle était
assis le paralytique qui fut guéri par le ministère de
Pierre et de Jean (Actes 3:2, 10).
Une partie de l'espace compris dans les parvis intérieurs
était accessible aux Israélites des deux sexes, et portait
le nom de Cour des Femmes. C'était une enceinte pourvue
d'une colonnade, où se tenaient les assemblées générales
selon le rituel prescrit pour le culte public. Des pièces utilisées
pour certaines cérémonies occupaient les quatre coins
de cette cour ; et, entre celles-ci et les loges qui flanquaient
les portes, il y avait d'autres constructions, dont
une série constituait le Trésor ; on y plaçait des réceptacles
en forme de trompette pour recevoir les dons (Marc
12:41-44).
Au-delà de la Cour des Femmes, dont elle était la
suite, se trouvait une section que son nom seul suffit à
décrire : la Cour des Hommes ; ces deux cours sont parfois
désignées conjointement du nom de Cour d'Israël.
Dans cette cour, il y avait de nombreux bâtiments destinés
au rangement d'objèts sacrés ou à des assemblées spéciales.
Au milieu de la Cour d'Israël et la dominant, se
trouvait la Cour des Prêtres où se dressait le grand autel
des sacrifices et où l'on n'admettait que les prêtres
dûment ordonnés et les laïques qui venaient offrir des
sacrifices. L'autel était une grande construction carrée de
pierres brutes, mesurant quatorze mètres de côté à la
base et allant en diminuant vers le foyer qui en avait
onze. Un plan incliné y donnait accès du côté sud
(Exode 20:26). Une cuve, réservée aux ablutions pres-
LES. SANCTUAIRES 57
cri tes aux . prêtres officiants, se trouvait à proximité du
côté ouest. ·
A l'intérieur de la Cour des Prêtres, surélevée de douze
marches, se dressait la Maison Sainte, le Templ~ lui-~êine.
En comparaison avec ses nombreuses et· m~ss1ves dependances
ce n'était qu'un édifice modeste, mats sur le plan
de l'ar~hitecture, on en avait fait le plus impres~io?Dant,
sinon le plus imposant de l'ensemble. On l'a decnt fort
justement comme « une masse étincelante d: ~~rbre bl~nc
et d'or » (Encyclopedia Britannica, 11 e edttion, artlcle
« Temple » ). Comme les Temples antéri.eurs, celui~ci comprenait
un Portique, le Saint, et le Samt des Samts. ~
Portique mesurait cent coudees, tant en ~argeur q~ en
hauteur. Le Saint mesurait quarante coudees sur vmgt,
comme dans le Temple de Zorobabel, mais la hauteur en
avait été portée à quarante coudées. En aj?~tant des. pi~ces
latérales avec un passage les séparant ~u batlment p~mctpal,
Hérode rendit ce Temple plus grandtose, plus maJestueux
qu'aucun de ses prédécesseurs. Le Saint des Sai.nts co~servait
sa ·forme et ses dimensions originales qm en faisaient
un cube de vingt coudées dans tous les sens. Entre
celui-ci et le Saint, était suspendu un double voile d'un
tissu très fin, orné d'une broderie compliquée. Le voile
extérieur s'ouvrait du côté nord, le voile intérieur s'ouvrait
du côté sud, de sorte que le grand-prêtre qui y pénétrait
une fois l'an pouvait passer entre les voiles sans exposer
le Saint des Saints. Le local sacré était vide à l'exception
d'une grande pierre que le grand-prêtre aspergeait du ~ang
du sacrifice le· jour de l'Expiation : cette pierre occuprut la
place de l'Arche et de son propitiatoire. A l'extérieur du
voile, dans le Saint, se trouvaient l'autel de l'enc~ns, le
chandelier à sept branches et la table des pruns de
proposition.
58 LA MAISON DU SEIGNEUR
Le Temple d'Hérode était de loin le· bâtiment le plus
grandiose que l'on eût jamais construit pour être un
Temple : c?est ce qu'on admet généralement ; et pourtant,
sa beauté, sa grandeur, résidaient plutôt dans sa perfection
architecturale que dans la sainteté du culte. ou daiis
la manifestation de la Présence Divine à l'intérieur de
ses murs. Le rituel; les cérémonies étaient surtout d'inspi~
ration humaine, car, tandis que l'on se targuait d'observer
la lettre de la Loi: de Moïse, cette loi avait été complétée
et sur de nombreux points remplacée par la tradition et
les prescriptions sacerdotales. Les Juifs affectaient de le
considérer comme saint, · et ce sont eux. qui le proclamaient
« Maison du . Seigneur ». Quoiqu'il fût dépourvu
des manifestations divines qui avaient accompagné. les
autres sanctuaires acceptés par Dieu, et quoiqu'il fût
souillé par l'arrogance des prêtres usurpateurs aussi bien
que par des intérêts mercenaires égoïstes, il fut cependant
reconnu, même par notre Seigneur Jésus-Christ,
comme la Maison 'de Son Père (Matt. 21:22 ; comparez
avec Marc 11:15 et Luc 19:45). C'est là que Jésus enfant
fut présenté comme l'exigeait la Loi (Luc 2:22-38) ; c'est
là qu'Il vint avec ses parents à l'époque de la Pâque
(Luc 2:42.,.50; aussi Jean 2:13-23 ; 5:1 ; 12:12-20); c'est
dans cette enceinte qu'Il se proclama, ainsi que le Père qui
l'envoyait (Luc 19:47 ; Jean 10:22-39). Quand, finalement,
rejeté par les siens et cloué. par eux sur la croix,
Il accomplit le sacrifice qui rendait possible le salut de
l'homme, le voile du Teinple fut déchiré par une puissance
invisible èt le dernier vestige de la sainteté suprême
quitta ce lieu (Matt. 27:51 ; Marc 15:38 ; Luc 23:45).
Aussi longtemps qu'il fut debout, cependant, ce Temple
fut tenu par les Juifs en grande vénération. Une déclaration
du Sauveur, que les esprits obtus interprétèrent
. LES SANCTUAIRES 59
comme une menace contre le Temple, fut utilisée contre
Lui comme un des principaux chefs d'accusation pour
lesquels on exigeait sa condamnation à mo~.~ Quand , l~s
Juifs réclamaient une preuve de Son autonte, Il predit
Sa propre mort et sa résurrection par ces mots :. « Détruisez
ce temple et, en trois jours, je le relèverai. » (Jean
2:19-22 ; voyez aussi Matt. 26:61 ; 27:40 ; Marc 14:58 ;
15:29.) Dans leur aveuglement, ils considérèrent cette
remarque comme une allusion irrespectueuse à . leur
Temple, un bâtiment construit de main d'homme, et ,11~ se
refusèrent à l'oublier ou à la pardonner. Cette veneration
se poursuivit après la crucifixion de notre Seigneur ;
cela ressort avec évidence des accusations portées contre
Etienne, et. plus tard contre Paul. Dans leur rage meurtrière,
ces gens . accusèrent Etienne de manque de respect
pour le· Temple et produisirent de faux témoins qui se
parjurèrent en déclarant : « Cet homme ne cesse d~ p~oférer
des paroles contre le lieu saint et contre la lot. »
(Actes 6:13 .) Là-dessus, Etienne fut rangé au nombre
des martyrs.· Quand on proclama que Paul avait introduit
avec lui un Gentil dans les locaux du temple, toute la
ville fut ameutée et une population furieuse arracha
Paul de ce lieu et chercha à le tuer (Actes 21:26-40).
Pendant encore trente ans ou davantage après la mort
du Christ, les Juifs continuèrent d'aménager et d'embellit
les bâtiments du temple. Le plan · complexe conçu et
projeté par Hérode avait été pratiquement mené ~ bien ;.
le Temple était pour ainsi dire achevé et, comme_ll apparut
bientôt après, il était prêt pour la. destruction. So~
destin avait été nettement prédit par le· Sauveur Lmmême.
Commentant une remarque d'un des disciples.
concernant les grandes pierres et les bâtiments splendides.
de la colline du Temple, Jésus avait dit : « Vois-tu ces.
60 LA MAISON DU SEIGNEUR
grandes constructions ?. II ne restera pas pierre sur pierre
qui ne soit renversée. » (Marc 13:1-2 ; aussi Matt..24:1-2 ;
Luc 21:5-6.)
Cette amère prédiction .fut bientôt littéralement accomplie.
Dans le grand conflit qui. les opposa aux légions
romaines sous Titus, beaucoup de Juifs avaient cherché
;un refuge dans .les. cours du temple, apparemment dans
l'espoir que le Seigneur mènerait à nouveau la lutte pour
Son peuple et lui donnerait la victoire. Mais la présence
protectrice de Jéhovah s'en était éloignée depuis long-.
temps et Israël fut abandonné en proie à ses ennemis.
Quoique Titus eût voulu épargner le ·Temple, ses légionnaires,
ivres de carnage, déclenchèrent l'incendie et tout
ce qui pouvait brûler fut brûlé, Le massacre des Juifs
fut épouvantable ; des milliers d'hommes, de femmes et
d'.enfants furent égorgés sans merci à l'intérieur des murs,
et les ·cours du temple furent littéralement inondées de
sang . humain. Cet événement se passa en l'an 70 après
J;-C., et, selon Josèphe, le même mois et le même jour
du mois où le jadis glorieux_ temple de Salomon était
devenu . la proie des flammes allumées par le roi de
Babylone.' Le chandelier d'or et la table des pains de
proposition qui faisaient partie du mobilier du temple,
furent enlevés du Saint et rapportés à Rome . par Titus
en guise . de trophées de guerre ; on peut les voir représentés
sur l'arc de triomphe élevé au nom de ce général
victorieux.
Depuis la destruction du splendide Temple d'Hérode,
aucune construction .. de cette espèce, aucun Temple,
aucune Maison du Seigneur :.___ puisque ces termes ont
un .sens distinct ~ 'n'a plus été consacré dans l'hémisphère
occidental. A un moment quelconque entre 3 61 et 3 63
après J.-C.," l'empereur romain Julien,. surnommé, du
LES SANCTUAIRES 61
fait de sa reconversion du ch rI.S ti" am•s m e. au paganis,m e'
Julien l'Apostat, tenta de reconstruire le Templ~ d~ Jerusalem
Son but n'était pas defaire preuve de devotiOn -~u
d' . . our Dieu mais bien de contredire la prophetie
et amd'éotuarb lpir ainsi la' fausseté de la fm. ch r'f m Ainsi ~ Ienne. d
se termine la série des Temples consacres ~u. nom u
Dieu vivant avant la dispensation de la plemtude des
temps.
NOTES DU CHAPITRE ll
, il de la construction et de la décoration du
B Exode 25:1-9,. Pour les d~ta s
25
à
31
et plus particulièrement le chatabernacle,
voyez Exode chapitre~ , , ' .
pitre 25, dont le texte est en partie répete en 36.8-38.
. re de longueur, dont la valeur différait
• La coudée est une ancienne mesu 'il •t dans la Bible ce terme
1 , ques Tel qu apparal •
selon les pays et es ep~ . n accord avec les encyclopédies modernes,
désigne des longueurs vanables. E d té ici la longueur de quarante-
. . b'bl' s etc nous avons a op
dict10nna1res 1 1que • ., . B •t . Smith's Bible Dictionary, etc.
cinq centimètres. Voyez l'Encyclopedia n anmca,
o Smith's Dl.c t!.O nary o f the B1'b le - édit. Barnum - article « Tabernacle ».
1 s 1 1•3 . 24 . 4:3-4. d Josué 18:1-3 ; 19:51 ; aussi 21:2; Juges 18:31 ; aroue . • '
• Josèphe : Antiquités juives, Livre VIII : chapitres 2, 3, 4.
f Pour plus de détails concernant 1e s parvi.s , v.o ir. 1 R·5o is 6:36 ; comparez
avec 7:12; voyez aussi II Rois 23:12 ;_ Il Chron. 4.9' 33 ..
u I Rois 7:23-26 ; II Chron. 4:2 ; voyez aussi. 11 R o is 25·.1 3 ·' Jérémie 52:17.
36 7 19 . comparez avec Esaïe 64:11 ;
h 11 Rois 24:13 ; 25:9-17; II .Chro;;
23
: Lam~ntations 2:7; 4:1 ; et Esdras
Jérémie 27:16, 19-22; 28:3; 52. 13• - '
1:7.
' Voyez auss1. d u même auteur « Les Articles de Foi », chapitre 17 • « La
Dispersion d'Israël ».
1 Josèphe, Antiquités juives, XII, chapitres 6 et 7 ; et Il Macch. 2:19 ;
10:1-8 ; aussi Jean 10:22.
62 LA MAISON DU SEIGNEUR
~ Matt. 2:1-10, 16-18. «Un p~tit enfant fit trembler le grand Hérode sur son
trône. Quand il apprit que les mages étaient venus saluer leur Roi et Seigneur,
et ne· s'étaient pas arrêtés à son palais, mais avaient poursuivi leur chemin
jusqu'à un toit plus humble, et quand il découvrit qu'ils ne reviendraient pas
trahir' cet enfant, il mit à mort tous les enfants de Bethléem âgés de moins. de
deux ans. Le crime était grand, mais le nombre des victimes, dans une petite
bourgade comme Bethléem, était trop réduit pour que Josèphe ou d'autres
historiens en fissent une mention spéciale parmi les autres actes de cruauté
d'Hérode, car il était dépourvu d'intérêt politique. » Smith's Comprehensive
Dictionary of the Bible, article « Jésus Christ », page 466.
' Josèphe, Guerres des Juifs, livre VI, 4:5-8. On trouve une description
détaillée de la destruction du Temple dans les chapitres 4 et 5.
m « Il commença effectivement à creuser les fondations, mais ses ouvriers
s'enfuirent en proie à une panique causée par des explosions et des jets de
flammes terrifiants. Les chrétiens considérèrent cette manifestation comme
miraculeuse ; et il est certain que Julien lui-même en fut si frappé qu'il
renonça à l' enl!eprise. » P. V. N. Mey ers, General His tory, page 334.
CHAPITRE III
NÉCESSITÉ DES TEMPLES
DANS LA DISPENSATION ACTUELLE
Parmi les . nombreuses sectes. et confessions qui se
réclament du christianisme, l'Eglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours est la seule qui enseigne et pratique
un lninistère exercé dans un temple. L'ardeur avec
laquelle ces gens se dévouent à l'oeuvre sacrée de construire
des temples et à y administrer les ordonnances de l'Evangile
pour le salut, ne cesse d'attirer l'attention et de susciter
l'étonnement, aussi bien des philosophes que des profanes.
Il ne suffit pas de tenter d'expliquer ce sacrifice singulier et
stupéfiant en l'assignant à quelque fanatisme supposé et non
encore prouvé ; l'investigateur consciencieux, l'observateur
soigneux, et même le lecteur superficiel - s'il se trouve ·
être honnête- admettent·qu'au-dessous de cette dévotion
il y. a une foi profondément enracinée et durable. On ne
peut affirmer que les Saints des Derniers Jours construisent
des temples comme signe de la richesse de leur communauté
ou pour s'enorgueillir d'une grandeur humaine ; car nous les
trouvons déjà opiniâtrement engagés dans cette oeuvre à un
moment où le pain et les vêtements étaient rares chez eux ;
et tout au long de leur histoire, ces gens ont considéré leurs
temples comme des édifices appartenant au Seigneur, euxmêmes
étant les intendants à qui était confiée la garde de ces .
,,1
64 LA MAISON DU SEIGNEUR
biens sacrés. On ne peut dire non plus que cette Eglise
construit des templès comme d'autres sectes érigent des chapelles,
des églises, des cathédrales, et des synagogues ; car
l'Eglise possède l'équivalent de celles-ci, et le fait est que les
lieux de réunion et de culte publics tenus par les Saints des
Derniers Jours sont proportionnellement plus nombreux que
ceux des autres dénominations. En outre, comme nous
l'avons déjà dit, leurs temples ne sont pas utilisés comme
lieux de réunion commune, ni comme des maisons destinées
à un culte général et communautaire.
Pourquoi, dès lors,'l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des
Derniers Jours construit-elle et entretient-elle des temples?
En guise de réponse, considérons les faits que voici, qui qnt
trait à cette matière :
Il est nécessaire d'obeir aux lois et aux ordonnances
de l'évangile.
Dans ses articles de· foi, l'Eglise proclame :
« Nous croyons que, par le sacrifice expiatoire du
Christ, tout le genre humain peut être sauvé, en obéissant
aux lois et aux ordonnanc~s de l'évangile. ~a
Tout en professant croire en la possibilité d'un salut
universel, l'Eglise affirme que le salut n'est assuré qu'à
la condition que l'individu satisfasse aux exigences posées
par le Rédempteur, sans le sacrifice expiatoire de qui personne
ne pourrait être sauvé. L'expiation réalisée par le
Christ au Calvaire était une offrande vicariale, et toute
l'humanité participe à ses conséquences bénéfiques. En ce
qui concerne le rachat de cet esclavage qu'est la mortalité
consécutive à la transgression en Eden, le sacrifice que
le Christ a fait de Sa vie satisfait entièrement aux exigences
que pose l'infraction à la loi ; et personne à part Adam
ne sera tenu pour responsable de la désobéissance d'Adam
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 65
ni d'aucune de ses conséquences. Au juste jugement auquel
tout mortel devra comparaître, tout .sera dûment pesé et
considéré : l'état de faiblesse reçu en héritage, les tentations
dues aux circonstances, l'aptitude à choisir et à agir,
la mesure de la connaissance atteinte par le sujet, la quantité
de vérité qu'il a acceptée ou rejetée, les occasions
qu'il a utilisées judicieusement ou dédaignées à tort, la
fidélité avec laquelle il a marché dans la lumière, ou la
dépravation qui lui a fait emprunter les sentiers interdits
des ténèbres, en un mot, chaque fait, chaque circonstance
constituant sa vie individuelle. Au tribunal de Dieu, le
trait distinctif de la miséricorde divine sera, tout comme
il l'est actuellement dans la vie mortelle, non pas un pardon
arbitraire du péché ni une remise imméritée de la dette
du coupable, mais le fait de fournir au pécheur un moyen
de se mettre en règle avec les exigences de l'Evangile et
passer ainsi en temps voulu de la prison du péché à la
glorieuse liberté d'une vie juste.
Un seul prix est exigé pour le pardon des transgressions
de l'individu, et il est le même pour tous, pour les pauvres
comme pour les savants ; il ne connaît pas de fluctuations,
il ne change pas avec le temps ; il était le même hier
qu'aujourd'hui, et il le restera à jamais, et ce prix, qui
est celui d'une perle sans prix, c'est l'obéissance aux lois
et aux ordonnances de l'Evangile.
Ecoutez cette autre déclaration de foi enseignée par
l'Eglise rétablie :
« Nous croyons que les premiers pnnctpes et ordonnances
de l'Evangile sont: 1) La foi au Seigneur JésusChrist;
2) La repentance; 3) Le baptême par immersion
pour la rémission des péchés; 4) L'imposition des mains ·
pour le don du Saint-Esprit. »b
! 1
66 LA. MAISON DU SEIGNEUR
La foi dans le Seigneur Jésus-Christ est le principe fondamental
de l'Evangile, la première lettre de l'alphabet
· du salut, dans lequel s'écrivent les paroles de vie éternelle.
Or, qui peut avoir foi en quelque chose dont il ne sait
rien ? La connaissance est essentielle à la foi et la foi
incite celui qui la possède à rechercher davantage de connaissance
et de transformer cette connaissance en sagesse,
qui n'est que la connaissance appliquée, utilisée. Prêcher
le Christ crucifié (1 Cor. 1:23, 2:2), c'est absolument la
seule façon d'enseigner la foi en Lui par le moyen du
précepte et de l'exemple. Bien que connaissance et foi
soient ainsi étroitement associées, elles ne sont pas identiques,
l'une n'est pas le prolongement assuré de l'autre.
II se peut qu'un homme ait appris la vérité et pourtant
l'ignore. Sa connaissance, loin de développer en son âme
la foi qui dirige les actions justes, ne peut qu'aggraver sa
condamnation, car il pèche sans même avoir l'excuse de
l'ignorance. Les mauvais esprits ont témoigné de leur
connaissance que Jésus est le Christ, néanmoins ils restent
les disciples déchus de Satan (Marc 1:24; 3:11 ; 5:1-18;
et Matt. 8:28-34). A mesure qu'une foi vivante se développe
dans l'âme de l'homme, elle entraîne son possesseur
à chercher le moyen de s'élever au-dessus de la
servitude du péché ; et la pensée même de cette émancipation
inspire un dégoût pour la contamination passée
du mal. Le fruit naturel de cette glorieuse croissance,
c'est la repentance. ,
La repentance, qui est exigée de tous les hommes,
constitue le deuxième principe de l'Evangile du Christ.
II comprend un regret sincère des péchés passés et leur
abandon résolu, avec la détermination solennelle de s'efforcer
- Dieu aidant - de n'y jamais revenir. La repentance
vient de Dieu comme un don à celui qui a accu-
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 67
roulé et développé en soi ce premier don qu'est la foi.
On ne l'obtient pas en la demandant négligemment ; elle
ne se trouve pas au milieu de la grand-route ; elle n'est
pas de la terre, c'est un trésor du ciel ; elle ne se donne
qu'à bon escient; et pourtant avec une ·libéralité sans
bornes à ceux dont les oeuvres en garantissent l'attribution.
C'est-à-dire que tous ceux qui se préparent à la repentance
seront amenés par l'influence toute de douceur et
d'humilité du Saint-Esprit à la possession effective de ce
grand don. Lorque 'Pierre fut accusé par ses coreligion
·naires d'avoir enfreint la loi en fréquentant des Gentils,
il parla à ses auditeurs des manifestations divines qu'il
venait de recevoir ; ils crurent et déclarèrent : « Dieu a
donc accordé la repentance aussi aux païens, afin qu'ils
aient la vie. » Paul également, dans son épître aux Romains,
enseigne que la repentance procède de la bonté de Dieu. •
Le fait de persister volontairement dans le péché peut
amener la perte de l'aptitude à se repentir·; si l'homme
remet à plus tard le moment de la repentance, il encourt
cette perte et la rend de plus en plus certaine. La parole
divine, rapportée par la bouche d'un prophète moderne,
est très explicite :
« Car moi, le Seigneur, je ne puis considérer le péché
avec le moindre degré d'indulgem;e ;
Néanmoins, celui qui se repent et obéit aux commandements
du Seigneur sera pardonné ;
Et à celui qui ne se repent pas, on ôtera même la
lumière qu'il a reçue ; car mon Esprit ne luttera pas toujours
avec l'homme, dit le Seigneur des armées. » (Doctrine
et Alliances 1:31-33.)
Les Saints des Derniers Jours croient et enseignent que
la repentance sera possible et effectivement exigée de la
68 LA MAISON DU SEIGNEUR
part de ceux qui ne se seront pas encore repentis, même
après la mort ; et ils affirment que cette doctrine est
appuyée par les écritures, tant anciennes que modernes.
Nous lisons que, pendant que le corps de notre Seigneur
était couché dans le tombeau entre le soir du jour de la
crucifixion et l'aube glorieuse de sa résurrection, Luimême
exerçait un ministère dans le monde des esprits
désincarnés. Pierre déclare expressément que notre Seigneur
« est allé prêcher aux esprits en prison, qui autrefois
avaient été incrédules, lorsque la patience de Dieu
se prolongeait, aux jours de Noé » (l Pierre 3:19-20 ;comparez
avec 4:6). Le contexte dans lequel apparaissent
ces paroles de l'apôtre inspiré montre que l'événement
auquel il est fait allusion se produisit avant la résurrection
du Sauveur. En outre, on se souviendra que l'un des larrons
dont la croix se dressait à côté de celle de Jésus manifesta
sa foi et même un certain degré de repentance et reçut
du Christ souffrant une bénédiction avec cette assurance :
« Aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. » (Luc
23:39-43.) On ne peut soutenir que cette promesse signifiait
que le pécheur repentant allait passer directement de
la croix au Ciel - lieu où les rachetés seulement demeurent
en la présence de Dieu - car assurément ce pénitent
souffrant n'avait eu aucune occasion de témoigner effectivement
sa repentance en se conformant aux lois et
ordonnances de l'Evangile, et faute de s'être conformé
- fût-ce seulement à l'exigence du baptême d'eau -
cet hon;tme ne pouvait pénétrer dans le Royaume de Dieu,
ni le voir, sinon la parole du Christ se serait avérée
fausse. (Voyez la déclaration de notre Seigneur à Nicodème
: Jean 3:1-5 .) De 'plus, pour achever de prouver
qu'entre le moment de la mort et de la résurrection du
Christ, ni Lui ni le pécheur repentant n'étaient allés dans
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 69
la demeure de Dieu, nous avons les paroles du Seigneur
ressuscité à Madeleine en pleurs : « Je ne suis pas encore
monté vers mon Père.» (Jean 20:17.)
Mis en face de cette affirmation scripturale selon laquelle
le Christ désincarné visita et exerça son ministère parmi
les esprits qui avaient été désobéissants et qui étaient
retenus en captivité parce que leurs péchés n'étaient pas
pardonnés, il convient de nous renseigner sur la portée
et l'objet du ministère de notre Sauveur parÏni eux. Sa
prédication a dft être riche de sens· et positive ; en outre,
on ne peut supposer que Son message ait apporté autre
chose que du soulagement et de la miséricorde. Ceux vers
qui Il allait étaient déjà en prison et ils s'y trouvaient
depuis longtemps. Si le Rédempteur est allé vers eux
c'est pour leur prêcher, non pour les condamner davantage,
pour ouvrir la route qui menait à la lumière et
non pour renforcer les ténèbres du désespoir dans lequel
ils languissaient. Cette visite libératrice n'avait-elle pas
été prédite depuis longtemps ? Plusieurs siècles avant cette
époque fatale, Esaïe avait prophétisé, parlant d'esprits
fiers et méchants : « Ils seront assemblés captifs dans une
prison, ils seront enfermés dans des cachots et, après un
grand nombre de jours, ils seront visités. » (Esaïe 24:22.)
Ailleurs, parlant du ministère dévolu au Christ, la même
voix prophétique inspirée déclarait qu'une partie de cette
oeuvre était « pour être la lumière des nations, pour
ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison
le captif, et de leur cachot ceux qui habitent dans les
ténèbres » (Esaïe 42:6-7). David, débordant d'émotion,
de contrition et d'espoir chantait dans des vers où se
mêlaient joie et tristesse : << Aussi mon coeur est dans
la joie, mon esprit dans l'allégresse, et mon corps repose
1
il
' ·:1 1.:
:'''
70 LA MAISON DU SEIGNEUR
en sécurité. Car tu ne livreras pas mon âme au séjour
des morts. » (Psaumes 16:9-10.) ·
Ces écritures ainsi que d'autres nous apprennent que
le ministère du. Christ ne se limitait pas au petit nombre
de ceux qui vivaient leur existence mortelle pendant l:;t
brève période de Sa vie terrestre, ni même aux personnes
de cette génération-là et des générations futures, mais
qu'il s'adressait à tous, les morts, les vivants, et ceux
qui n'étaient pas encore nés. On ne peut nier. que des
millions de gens avaient vécu et étaient morts avapt le
midi des • temps, et que, parmi ces multitudes comme
parmi tous ceux qui sont nés depuis lors, innombrables
sont ceüx qui . sont morts sans avoir connaissance de
l'Evangile et ·du plan de salut qu'il prescrit. Quelle est
leur situation ? Et, en somme, quelle sera la situation
des habitants actuels de la terre et des multitudes encore
à venir qui mourront dans l'ignorance et sans avoir la
foi qui sauve ? Dernimdons-nous encore une fois, comment
ceux qui ne connaissent pas le Christ peuvent-ils avoir
foi en Lui, ~t comment, ne possédant ni la connaissance
ni la foi, peuvent-ils profiter des dispositions prévues
pour leur salut ?
L'Egli~e cie Jésus-Christ des Saints· des Deiniers Jours
affirme que le plan de salut n'est pas limité par la tombe,
que l'Evangile ne tient pas compte de la mort, et qu'il
est éternel depuis les âges écoulés jusqu'aux éternités
à venir. Il ne fait pas de doute · que le ministère du Sauveur
parmi les morts· comportait la révélation de sa propre
mort expiatoire, la prédication de la foi en Lui-même
et dans le plan de conception divine qu'Il représentait;
ainsi que la · nécessité d'une repentance acceptable aux
yeux de Dieu. Il est raisonnable de àoire que les autres
·exigences essentielles comprises dans les « lois et ordan-
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 71
nances de l'Evangile » furent portées à leur connaissance.
Il peut sembler, à un lecteur moins réfléchi, qu'enseigner
la possibilité de se repentir au-delà du tombeau, cela peut
tendre à affaiblir la croyance en l'absolue nécessité' d'un
repentir. et d'une réforme dans cette vie. Toutefois, après
avoir considéré soigneusement la question, il apparaîtra
que cette doctrin:e ne justifie pas urie telle objection. Rejeter
ou ignorer à quelque degré que ce soit un don de Dieu,
c'est renoncer dans une mesure proportionnelle aux droits
que l'on peut faire valoir sur ce don. Pour l'âme qui aura
négligé volontairement les occasions de se repentir qui
se seront offertes ici"'-bas, la repentance dans l'au-delà peut
être - et on peut effectivement croire avec raison qu'elle
sera - si difficile qu'elle n'y atteindra pas avant longtemps.
Cette conception est justifiée par l'écriture ainsi
qu'en témoignent les paroles d'Amulek, un prophète
néphite qui admonesta en ces termes l'Eglise sur le continent
occidental quatre-vingts ans avant la naissance du
Christ:
« Car voici, cette vie est le moment où les hommes
doivent se préparer à rencontrer Dieu ; ... pour cette raison,
je vous supplie de ne pas différer le jour de votre repentànce
jusqu'à la fin; ... Vous ne pourrez pas dire, quand
vous en arriverez à cette crise terrible : Je veux me
repentir, je veux retourner à mon Dieu. Non, vous ne
pourrez pas le dire ; car ce même esprit qui possède votre
corps au moment où vous quittez cette vie, ce même
esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le
monde éternel. .Car voici, si vous avez différé le jour de
votre repentance, jusqu'à la mort, voici, vous vous êtes
assujettis à l'esprit du diable, et il vous scelle à lui comme
siens. » (Livre de Mormon, Alma 34:32-35.)
Le baptême d'eau est enseigné par l'Eglise en cette
dispensation comme étant une ordonnance essentielle de
72 LA MAISON DU SEIGNEUR
l'Evangile. Le baptême est la porte qui mène à la bergerie
du Christ, lè .portail de l'Eglise, le rite prescrit de
naturalisation dans le royaume de Dieu. Celui qui présentè
sa candidature à l'admission dans l'Eglise, ayant
obtenu · et professé sa foi dans le Seigneur Jésus-Christ,
et s'étant sincèrement repenti de ses péchés, est requis,
comme il convient, de fournir la preuve de sa sanctification
spirituelle par quelque ordonnance extérieure, prescrite
par l'autorité comme le signe ou le symbole de cette nouvelle
profession. Cette ordonnance initiatrice, c'est le baptême
d'eau, qui doit être suivi d'un baptême plus élevé,
celui du Saint-Esprit; et, suite à cet acte d'obéissance, la
rémission des péchés est accordée. • ·
Que le baptême soit essentiel au salut, cela est attesté
par un grand nombre d'écritures traitant de ce sujet ; et
pourtant, même sans s'appuyer sur celles-ci, le caractère
essentiel apparaît comme conséquence de cette exigence
inconditionnelle de la repentance et de ce fait
évident que pour être valable et effective, la repentance
doit supposer l'obéissance aux exigences divines, lesquelles
comprennent le baptême d'eau. Il faut se rappeler que
Jés~s, le Christ, bien qu'exempt de la souillure du-péché, se
soumit en personne à cette ordonnance qui lui fut administrée
par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain. L'essentiel
de l'enseignement de Jean était: «Repentez-vous, car
le royaume des cieux est proche », et à ceux qui venaient
vers lui et professaient leur repentance, il administrait le
baptême par immersion. C'est alors que Jésus vint vers
Jean, pour être baptisé par lui; et Jean-Baptiste, qui Le
considérait comme sans péChé, protesta en disant :
« C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi, . et tu
viens à moi 1 •
Jésus répondit: Laisse faire maintenant, car il est con-
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 73
. venable que nous accomplissions , ainsi tout ce qui est
juste. Et Jean ne lui résista plus.
Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l'eau. Et voici,
lès cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de ·Dieu descendre
comme une colombe et venir sur lui.
Et voici, une voix fit entendre des cieùx ces paroles :
Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute
mon affection.» (Matt. 3:13-17.)
II ressort de ce qui précède que le baptême de Jésus
était acceptable pour le Père et que celui-ci lui donnait
le caractère d'un acte d'humilité et d'obéissance de la
part du Fils, acte dont Il était pleinement satisfait. Quelque
temps après son propre baptême, Jésus affirma, en des
termes à la fois énergiques et sans équivoque, que le
baptême est requis de tous les hommes comme une des
conditions de leur entrée dans le royaume de Dieu.
A Nicodème, un dirigeant juif qui vint le voir de nuit
et montrait quelque foi, Jésus déclara : « En vérité, en
vérité, je te le dis, si un homme ne naît d'eau et d'Esprit,
il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.» (Jean 3:1-7.)
Quand II se manifesta aux apôtres dans son état ressuscité,
il leur donna ces dernières instructions comme
mission spéciale : « Allez, faites de toutes les nations des
disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils, et du
Sa~t-Esprit. » (Matt. 28:19.) La nécessité et le but de
cette ordonnance apparaissent dans la suite des paroles
qu'Il prononça en cette même occasion solennelle : « Celui
qui croira et qui sera baptisé sera sauvé, mais celui qui
ne croira pas sera condamné. » (Marc 16: 16.)
Les apôtres, inspirés par cette mission divine, ne cessèrent
d'enseigner la nécessité du baptême aussi longtemps
que dura leur ministère parmi les mortels (Actes 2:38 ;
9:1-18; 10:30-48; 22:1-16; I Pierre 3:21).
Les anciens de l'Eglise, dans la dispensation actuelle,
1
1
1 !
74 LA MAISON DU SEIGNEUR
ont reçu les mêmes directives, ont été revêtus de la
même autorité, et presque dans les mêmes termes : « Allez
dans le monde entier, prêchez l'évangile à toute créature,
agissant avec l'autorité que je vous ai donnée, baptisant
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Et celui qui
croira sera sauvé, et celui qui ne croira pas sera damné. »
(Doctrine et Alliances 68:8-9.) En une autre occasion,
le Seigneur ajouta, dans une révélation donnée par l'intermédiaire
du prophète moderne, Joseph Smith : «C'est
pourquoi ce que j'ai dit à mes apôtres, je vous ·le dis de
nouveau : toute âme qui croira à vos paroles et sera
baptisée d'eau pour la rémission des péchés, recevra le
Saint-Esprit. » Et plus loin: «En vérité, en vérité, je vous
le dis, ceux qui ne croiront pas à vos paroles, et qui ne
seront pas· baptisés d'eau en mon nom pour la rémission
de leurs péchés, afin de recevoir le Saint-Esprit, seront
damnés et ne viendront pas dans le royaume de mon Père,
là où mon Père et moi sommes. » (Doctrine et Alliances
84:64, 74; voyez aussi 112:28-29.)
Le don du Saint-Esprit suit le baptême d'eau et son
attribution par l'autorité voulue constitue une autre ordonnance
essentielle de l'Evangile («Les Articles de Foi»,
chapitre 8). Tant dans l'antiquité que dans nos temps
modernes, cette dotation a été considérée comme un
baptême supérieur, sans lequel le. baptême d'eau est inéomplet.
Jean, mieux connu sous le nom de Jean-Baptiste,
l'a enseigné à la veille même du ministère personnel du
Sauveur. Considérez bien ses paroles : « Moi, je vous
baptise d'eau, pour vous amener à la repentance; mais
celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et
je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous
baptisera du Saint-Esprit et de fèu. » (Matt. 3:11 ; comparez
avec· Marc 1:7-8; et Luè · 3:16.) Jean témoigne
. NÉCESSITÉ DES TEMPLES 75
encore que celui qui inaugurera ce baptême supérieur
sera Jésus Lui-même. Ce n'est qu'après lui avoir administré
l'ordonnance du baptême d'eau que Jean reconnut
Jésus pour le Christ ; mais,· immédiatement ·après cette
reconnaissance, Jean-Baptiste proClama sans crainte son
témoignage: «Voici l'Agneau de Dieu .. : C'est celui dont
j'ai dit : Après moi vient un homme qui m'a précédé ...
Je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser
d'eau, celui-là m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit
descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du SaintEsprit.
» (Jean 1:29-33.)
Jésus promit à plusieurs reprises aux apôtres que le
« Consolateur » ou « Esprit de Vérité » leur serait donné,
et cette assurance leur fut définitivement confirmée avant
l'ascension. (Jean 14:16, 17, 26; 15:26; 16:7, 13.)
Il «leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem,
mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous
ai ànnoncé, leur dit-il ; car Jean a baptisé d'eau, mais vous,
dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit ...
Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant
sur vous et vous serez mes témoins. »(Actes 1:4, 5, 8.) Cette
promesse fut remplie à la Pentecôte suivante, lorsque les
apôtres reçurent un pouvoir qui leur était inconnu jusqu'alors,
cette attribution se manifestant extérieurement
par des langues de feu. (Actes 2:1-4.) Dans la suite, les
apôtres promirent le Saint-Esprit à ceux qui .cherchaient le
salut. L'exhortation que Pierre adressa à la foule ce même
jour mémorable de la Pentecôte, est particulièrement explicite
et énergique. En réponse à la demande. « Hommes,
frères, que ferons-nous ? » le chef des apôtres ,répondit :
« Repentez-vous et que chacun dé vous soit baptisé au
nom de Jésus-Christ, pour le pardon de vos péchés; et
vous recevrez le don du Saint-Esprit. » (Actes 2:37-38.)
1:
1
i:
76 LA MAISON DU SEIGNEUR
Une semblable assurance quant à l'attribution supérieure
du Saint-Esprit consécutive à l'ordonnance du baptême
d'eau fut donnée par les prophètes néphites, (Livre de
Mormon, II Néphi 31:8, 12-14, 17) ainsi que par le Christ
ressuscité lors de Sa visite au peuple du continent occidental.
(Ill Néphi 11:35 ; 12:2.) Plus tard encore, ceci a
été répété par l'intermédiaire de l'Eglise dans notre dispensation
actuelle, celle de la plénitude des temps. «Je vous le
dis à nouyeau ~ déclara le Seigneur dans une révélation
adressée à certains anciens de l'Eglise, « toute âme qui
croira à vos paroles et sera baptisée d'eau pour la rémission
des péchés, recevra le Saint-Esprit. ~ (Doctrine et
Alliances 84:64.)
Répétons-le en résumé: L'Eglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours tient pour doctrine essentielle,
attestée et prouvée par les écritures, tant anciennes que
modernes, que l'obéissance aux lois et ordonnances de
l'Evangile est une exigence absolue et irrévocable pour
l'admission au Royaume de Dieu, ou, en d'autres mots,
pour assurer le salut individuel aux âmes des hommes, et
que cette exigence est universelle, s'appliquant de même
façon à toute âme arrivée à l'âge et à l'exercice de la responsabilité
dans la chair, quelle que soit l'époque ou la
dispensation où cette âme a vécu dans la mortalité.
ll s'ensuit comme conséquence nécessaire que si une âme
a, par ignorance ou par négligence, omis de se conformer
à ces exigences, l'obligation n'est pas annulée par la mort.
MINISTÈRE VICARIAL DES VIVANTS POUR LES MORTS
La question se pose maintenant de savoir comment il est
possible aux morts de se conformer aux conditions de
l'Evangile et de faire en esprit ce qu'ils ont omis de faire
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 77
dans la chair. Il se peut que l'exercice de la foi et la manifestation
de la repentance par des esprits désincarnés ne
présentent pas de grandes difficultés pour une intelligence
humaine ; mais que les morts doivent obéir aux ordonnances
de l'Evangile qui exigent le baptême d'eau et le
baptême d'Esprit par imposition des mains de quelqu'u~
en ayant l'autorité, cela paraît à beaucoup tout ausst
impossible qu'une nouvelle naissance le paraissait à Nicodème.
Il écoutait avec stupeur les paroles du Sauveur :
« A moins qu'un homme ne naisse de nouveau, il ne peut
voir 1~ royaume de Dieu ~, et demanda : « Comment un
homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer
une seconde fois dans le sein de sa mère, et naître ? ~
Il apprit finalement que cette. nouvelle naissance à laquelle
il était fait allusion, c'était le baptême d'eau et le baptême
d'Esprit. C'est avec une égale pertinence qu!! l'on peut
demander maintenant : Comment peut-on baptiser un
homme quand il est mort ? Peut-il entrer une seconde fois
dans son corps de chair et être immergé dans l'eau par
l'action d'un homme? La réponse est que les ordonnances
nécessaires peuvent être exécutées au bénéfice des morts
par leurs représentants vivants, le sujet mortel agissant par
procuration pour le disparu. Ainsi, de même qu'un homme
peut être baptisé en personne lui-même, il peut être baptisé
au bénéfice d'un mort.
La validité d'un service vicarial, dans lequel une personne
agit au bénéfice d'une autre, est généralement reconnue
comme faisant partie intégrante des institutions
humaines ; et ce genre de service est acceptable aux yeux
de Dieu : cela est attesté par l'Ecriture. Les écritures
anciennes et modernes, les annales d'histoire profane, les
. traditions de tribus et de nations, les rites des sacrifices
sanglants, et même les sacrifices abominables de l'idolâtrie
I,,l
!'
1
1
! Il
78 LA MAISON DU SEIGNEUR
païenne impliquent cette· conception fondamentale de propitiation
vicariale et de service rendu par procuration. Le
bouc-émissaire (Lév. 16:20-22) et la victime de l'autel
(Lév., chapitre 4) de la dispensation de Moïse, à condition
d'être offerts par l'autorité constituée et dûment accompagnés
de confession et de repentance, étaient acceptés par
le Seigneur comme des sacrifices destinés à racheter les
péchés de Son peùple.
Le sacrifice le plus chargé de sens, la plus grande
oeuvre jamais accomplie dans l'humanité, l'événement central
de l'histoire humaine, la réalisation suprême, à la fois
glorieuse consommation et commencement béni, c'est
l'Expiation du Christ, et c'était au plus haut titre une
offrande vicariale. Aucune personne qui croit que Jésus
mourut pour l'homme ne peut douter de la validité et de
l'efficacité de l'administration vicariale. Il donna Sa vie en
sacrifice pré-ordonné, offert volontairement et dûment
accepté comme rachetant l'infraction à la loi, et comme
étant le moyen par lequel le salut était mis à la portée de
l'homme. Le fait que Sa mort fut littéralement une offrande
acceptée au bénéfice du genre humain nous est exposé .en
ces termes par le Christ ressuscité - c'est la révélation
moderne qui nous les rapporte :
« Car voici, moi, Dieu, j'ai souffert ces choses pour
tous afin qu'ils ne souffrent pas s'ils se repentent. Mais
s'ils ne veulent pas se repentir, ils doivent souffrir tout
comme moi. Et ces souffrances m'ont fait trembler moimême,
moi, Dieu, le plus grand de tous, à cause de la
douleur, et elles m'ont fait saigner à chaque pore, m'ont
torturé à la fois le corps et l'esprit, m'ont fait souhaiter
ne pas devoir boire à la coupe amère et m'ont fait reculer
d'effroi. Néanmoins, gloire soit au Père, j'ai bu à la
coupe et j'ai terminé tout ce que j'avais préparé pour les
enfants des hommes. » (Doctrine et Alliances 19:16-19.)
NÉCE~SITÉ DES TEMPLES 79
L'effet vicarial de l'expiation du Christ est double:
Il a racheté tous les hommes de la mort de la chair, consécutive
à la transgression d'Adam, et Il a procuré un moyen
de propitiation pour les péchés individuels, grâce auquel le
. pécheur peut arriver au salut par l'obéissance. C'est par
Sa vie mortelle et le sacrifice de Sa mort au bénéfice
d'autrui - c'est-à-dire tous ceux qui ont vécu ou qui
vivront jamais - que Jésus-Christ a conquis Son titre de
Sauveur et de Rédempteur de l'humanité. Et de même que
Lui, par ses efforts, ses sacrifices et ses souffrances, a fait
pour les hommes ce qu'ils n'auraient jamais pu accomplir
pour eux-mêmes et est devenu en vérité le seul et unique
Sauveur et Rédempteur de la race, de même chacun
d'entre nous, en ouvrant à ses disparus la voie par laquelle
ils peuvent arriver à la loi de salut de l'Evangile, devient
dans une mesure réduite, le sauveur de ces personnes qui,
autrement, seraient restées dans les ténèbres. (Abdias 21 ;
1 Timothée 4:16; Jacques 5:20.)
Dans chaque cas d'administration vicariale, il est absolument
indispensable que l'intermédiaire soit digne et
acceptable ; et, de toute nécessité, il doit lui-même s'être
conformé aux lois et ordonnances de l'Evangile avant de
pouvoir officier au bénéfice d'autrui. En outre, le ministère
du représentant vivant doit être en accord avec la désignation
divine et n'être en aucune façon simple présomption
humaine. Les sacrifices acceptables de l'antique Israël
étaient en tous points conformes à des spécifications précises
et · des prescriptions minutieuses ; et les sacrifices
rituels ne pouvaient être célébrés que par les prêtres autorisés.
Le sacrifice suprême qu'impliquait la mort expiatoire
du Christ était tout aussi véritablement prévu et préordonné.
Tout au long des siècles ayant précédé l'ère chrétienne,
des prophètes prédirent la naissance, la vie et la
''
1
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1
80 LA. MAISON DU SEIGNEUR
mortde notre Seigneur: tout était déjà prévu (Deut. 18:15,
17-19; Job 19:25,.27; Psaumes 2:1-12; Zach. 9:9; 12:10;
13:6; Esaïe 7:14; Michée 5:2) ; et ces prophéties furent
confirmées par Jésus lui-même. (Luc 24:27, 45, 46.) Considérez
aussi le témoignage des apôtres sur le même sujet. -
Pierre désigne spécifiquement le Christ comme « un Agneau
sans défaut et sans tache, prédestiné avant la fondation du
monde». (I Pierre 1:19-20.) Cette appellation d'« Agneau»
désigne la victime d'un sacrifice. Paul, . écrivant aux
Romains, dépeint notre Seigneur comme celui « que Dieu
a destiné à être un instrument de propitiation par son
propre sang, moyennant la foi, pour montrer sa justice pour
la rémission des péchés commis jadis. » (Romains 3:25 ;
aussi Romains 16:25-26; Eph. 3:9 ; Col. 1:24-26; II Tim.
1:8-10; Tite 1:2-3; Apoc. 13:8.)
Les Saints des Derniers Jours affirment que cette oeuvre
vicariale au bénéfice des morts leur a été demandée par un
appel du Seigneur reçu par révélation directe ; et que tout
individu qui accepte l'évangile et entre dans l'Eglise
acquiert le privilège - et le devoir - de travailler au salut
de ses morts. Il est attendu et requis de lui, par les obligations
et la responsabilité qu'il a assumées en tant que
membre de l'Eglise de Jésus-Christ, qu'il vive de manière
à être, dans ces saintes ordonnances, le digne représentant
de ses ancêtres disparus, et aussi qu'il mène une vie pure,
afin de ne pas s'aliéner le droit de pénétrer dans l'enceinte
sacrée de la Maison du Seigneur, seul lieu où il puisse
officier en cette qualité privilégiée.
Cette doctrine de l'oeuvre vicariale pour les morts
n'implique, en rien, que l'administration des ordonnances
au bénéfice des esprits des disparus gêne en quelque
manière le droit de choisir de ceux-ci et l'exercice de leur
libre arbitre. Ils ont toute liberté d'accepter ou de rejeter
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 81
ce ministère exercé en leur faveur; ils l'accepteront ou le
rejetteront conformément à leur état - converti ou
endurci - exactement comm~ il en va des mortels à qui
parvient le message de l'Evangile. Bien que le baptême
soit dûment administré à un homme vivant au bénéfice
d'un ancêtre défunt, cet esprit n'en retirera aucun avantage
immédiat, aucun bénéfice, s'il n'est pas encore arrivé à la
foi au Seigneur Jésus-Christ ou s'il ne s'est pas encore
repenti; De même que le Christ a offert le salut à tous,
bien que peu nombreux soient ceux qui l'acceptent dans la
chair, de même les ordonnances du temple peuvent être
administrées pour beaucoup d'esprits se trouvant au
royaume des disparus et qui ne sont pas encore préparés à
en · profiter.
Il est donc évident que l'oeuvre au bénéfice des morts
est double : ce qui est accompli sur terre resterait incomplet
et inutile s'il n'y avait un complément, une contrepartie
au-delà du voile de la mort. L'oeuvre missionnaire
est en progrès là-bas - oeuvre à côté de laquelle le travail
missionnaire sur terre n'est qu'une mince entreprise. Il y a
des prédicateurs et des instructeurs, des· ministres investis
de la Sainte Prêtrise, tous occupés à annqncer la bonne
nouvelle de l'Evangile aux esprits qui n'ont pas encore
trouvé la lumière. Ainsi que nous l'avons déjà montré,
cette grande oeuvre parmi les morts a été inaugurée par
Jésus-Christ au cours de sa brève désincarnation. Le ministère
salvateur ainsi inauguré fut laissé à d'autres, dûment
autorisés et chargés de la mission de le poursuivre, tout
comme l'oeuvre de prédication de l'Evangile et d'administration
de ses ordonnances parmi les vivants fut confiée aux
apôtres de l'Eglise de jadis.
82 LA MAISON DU SEIGNEUR
AUTORITÉ DE TRAVAILLER AU BÉNÉFICE DES MORTS
Dans le chapitre final de ce recueil d'écritures que l'on
appelle Ancien Testament, le prophète Malachie décrit en
ces termes une situation inhérente aux derniers jours, immédiatement
avant la seconde venue du Christ :
« Car voici, le· jour vient, ardent comme une fournaise.
Tous les habitants et tous les méchants seront
comme du chaume; le jour· qui vient les embrasera, dit
l'Eternel des armées, il ne leur laissera ni racine ni rameau.
« Mais pour vous qui craignez mon nom se lèvera le
soleil de la justice, et la guérison sera sous ses . ailes. »
Cette prophétie lourde de èonséquences se termine sur
la promesse bénie que voici, dont la portée est longue :
«Voici, je vous enverrai Elie le prophète, avant que
le jour de l'Eternel arrive, ce jour grand et redoutable.
Il ramènera le coeur des pères à leurs enfants, et le coeur
des enfants à leurs pères, de peur que je ne vienne frapper
le pays d'interdit. » (Malachie 4:1-2, 5-6.)
Il a été soutenu par certains théologiens et commentateurs
bibliques que cette prédication avait trait à la naissance
et au ministère de Jean-Baptiste (Matt. 11:14;
17:11; Marc 9:11; Luc 1:17) sur qui reposaient l'esprit
et la puissance d'Elie (Elias). Toutefois, il n'est rapporté
nulle part qu'Elie ait conféré son ministère à Jean-Baptiste,
et en outre, le ministère de celui-ci, si glorieux qu'il fût, ne
justifie en rien la conclusion selon laquelle c'est en lui que
la prophétie trouve son accomplissement total. De plus, il
faut se souvenir que la déclaration faite par le Seigneur par
la voie de .Malachie, concernant le jour de l'embrasement
où les méchants seront détruits comme du chaume, attend
encore d'être accomplie. Il est donc évident que l'interprétation
communément acceptée est en défaut et que
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 83
nous devons chercher plus loin que l'époque de JeanBaptiste
l'accomplissement de la prophétie de Malachie.
Cette occasion plus tardive est venue ; elle appartient à la
présente dispensation et marque l'inaugt!Iation d'une
oeùvre spécialement réservée à l'Eglise de . ces derniers
jours. Au cours d'une manifestation glorieuse à Jo~eph
Smith et Olivier Cowdery au Temple de Kirtland en
Ohio, le 3 avril 183 6, le prophète de jadis, Elie, leur apparut,
lui qui avait été enlevé de la terre alors qu'il était
encore dans la chair. Il leur déclara :
« Voici, le temps est pleinement arrivé; ce temps dont
il a été parlé par Malachie, lorsqu'il témoigna qu'il (Elie)
serait envoyé avant que le jour de l'Eternel arrive, ce jour
grand et redoutable. Pour tourner le coeur des pères vers
les enfants, et le coeur des enfants vers les pères, de peur
que la terre tout entière ne soit frappée de malédiction.
C'est pourquoi les clefs de cette dispensation sont remises
entre vos mains, et vous saurez par là que le jour de
l'Eternel, jour grand et redoutable est proche, et même à
la porte.» (Doctrine et Alliances 110: 13-16.)
Un des principes fondamentaux sous-jacents à cette
doctrine du salut pour les morts est celui de l'interdépendance
des pères et des enfants. Les ramifications généalogiques
d'une famille et la suite des générations dans chaque
lignée particulière sont.des faits qui ne peuvent être changés
par la mort; et d'autre part, il ressort avec évidence des
écritures anciennes déjà citées et corroborées par les paroles
également nettes de la révélation moderne, que les rapports
familiaux terrestres sont reconnus dans le monde des
esprits. Ni les enfants ni les pères, ni les progéniteurs ni
les descendants ne peuvent seuls atteindre la perfection, et
la coopération nécessaire est réalisée par le baptême et
84 LA MAISON DU SEIGNEUR
les ordonnances qui s'y rattachent, administrés aux vivants
au bénéfice de~ morts.
C'est de cette manière et par cette oeuvre que les coeurs
des pères et ceux des enfants se tournent les uns vers les
autres. A mesure que les enfants vivants apprennent que
sans leurs ancêtres ils ne peuvent atteindre un état de
perfection dans le monde éternel, leur propre foi se renforce
et ils se trouvent disposés à travailler à la rédemption
et au salut de leurs morts. Et les morts, apprenant par
la prédication de l'Evangile dans leur monde qu'ils dépendent
de leurs descendants pour être sauvés par procuration,
se tournent avec amour, foi et prière, vers leurs
enfants encore en vie.
Cette fusion de l'intérêt des pères et des enfants fait
partie de la pr~paration nécessaire à la future venue du
Christ en tant que Roi et Seigneur de la terre. Joseph
Smith nous l'a enseigné en ces termes :
« Le pays sera frappé d'interdit à moins qu'il n'y ait un
chaînon d'une sorte ou d'une autre entre les pères et les
enfants dans un domaine ou dans l'autre et voici, quel
est ce domaine? C'est le baptême pour les morts. Car
sans eux nous ne pouvons pas être rendus parfaits, et sans
nous ils ne peuvent pas non plus être rendus parfaits. »
(Doctrine et Alliances 128:18.)
L'Eglise d'aujourd'hui s'appuie sur une autorité pour
administrer les ordonnances au bénéfice des morts : l'attribution
spéciale de ce pouvoir et de cet office par le
ministère d'Elie ; en outre, l'Eglise soutient que la remise
de ce pouvoir marquait l'accomplissement de l'importante
prédiction de Malachie. Il semble qu'un élément soit particulièrement
bien à sa place : le fait que le ministre par qui
cette grande oeuvre a été inaugurée n'était autre qu'Elie
NÉCESSITÉ ·DES . TEMPLES 85
qui, n'ayant pas franchi les portes de la mort, se trouve
lié de façon spéciale tant_ avec les morts qu'avec les
vivants. Quant à la fidélité avec laquelle l'Eglise n'a cessé
de s'acquitter de cette mission spéciale, les temples qu'elle
a consacrés au prix de tant de sacrifices et d'abnégation de
la part de ses dévoués adhérents, ainsi que l'oeuvre des
ordonnances déjà accomplie eii ces temples, en sont une
preuve suffisante.
L'importance que les Saints des Derniers Jours assignent
à l'oeuvre du temple en faveur des morts détermine naturellement
chez eux un vif intérêt pour les documents
généalogiques de leurs familles respectives. L'oeuvre des
ordonnances dans les temples au bénéfice d'un disparu ne
peut être accomplie que dans la mesure où cette personne
peut être identifiée par des documents, quant à son nom,
sa filiation, la date et le lieu de sa naissance et de· sa
mott, etc., tous éléments qui permettent de l'isoler et de
l'identifier complètement et avec certitude. (Doctrine et
Alliances 128:5-8.) C'est un fait bien connu que l'intérêt
pour la recherche généalogique s'est grandement accru
aux Etats-Unis et en Europe au cours des sept ou huit
dernières décennies. Des sociétés de généalogie se sont
constituées et des ·chercheurs isolés ont consacré énormément
de temps et d'argent à compiler des documents
étab!issant de nombreuses lignées familiales et les multiples
ramifications de parentés compliquées. Dans toute cette
entreprise, les Saints des Derniers ·Jours affirment voir à
l'oeuvre une autorité toute-puissante qui leur facilite le
service pour les morts.
1!
86 LA MAISON DU SEIGNEUR
LES TEMPLES SONT NÉCESSAIRES AU SERVICE VICARIAL
Alors que les ordonnances du baptême, de l'imposition
des mains pour le don du Saint-Esprit, et autres, telle que
l'ordination à la Prêtrise, peuvent être accomplies en
n'importe quel lieu qui s'y prête, les ordonnances correspondantes
accomplies au bénéfice des morts ne sont acceptables
aux yeux du Seigneur, et par conséquent valides,
que si ·elles sont administrées dans des lieux préparés tout
exprès, mis à part et consacrés en vue de ce but ou
d'autres du même genre; c'est-à-dire que ces ordonnances
appartiennent exclusivement à la Maison du Seigneur. Ce
n'est que pendant une période très brève, tàut au début de
l'histoire de l'Eglise moderne, avant que le peuple n'eût
eu l'occasion d'ériger des temples, que le Seigneur accepta
gracieusement un sanctuaire temporaire, de même qu'Il
avait accepté le. Tabernacle de jadis comme temple temporaire
à l'époque des pérégrinations d'Israël. ·
Dans une révélation donnée au prophète Joseph Smith
à Nauvoo, Illinois, le 19 janvier 1841, le Seigneur fit
appel à Son peuple afin qu'il construisît une maison à
Son nom «pour que le Très-Haut y habite», et Il ajouta
en guise d'explication et d'instructions :
« Car il ne se trouve pas de lieu sur la terre où il puisse
venir restaurer ce qui a été perdu pour vous, ou qu'il a
enlevé, à savoir la plénitude de la prêtrise.
Car il n'y a pas sur la terre de fonts baptismaux dans
lesquels mes saints puissent être baptisés pour ceux qui
sont morts. ·
Car cette ordonnance appartient à ma maison et ne peut
être acceptable devant moi, si ce n'est dans les jours de
votre pauvreté, si vous n'êtes pas capables de m'édifier
une maison.
Mais je vous commande à vous tous, mes saints, de me
bâtir une maison, et je vous accorde suffisamment de
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 87
temps pour me construire une maison ; èt durant ce temps
vos baptêmes sont acceptables devant moi. '
Mais voici, à la fin de ce temps, vos baptêmes pour vos
m?rts ne seront pas acceptables devant moi ; et si vous ne
faites pas ces choses pour la fin du temps fixé vous serez
vous, l'Eglise, rejetés avec vos morts, dit le S;igneur votr~
Dieu.
Car en vérité, je vous le dis, lorsque vous aurez eu suffisamment
de temps pour me bâtir une maison à laquelle
appartient l'ordonnance du baptême pour les m~rts et pour
lesquels celui-ci fut institué dès avant la fondation du
monde, vos baptêmes pour vos morts ne pourront être
acceptables devant moi.
Car c'est là que sont conférées les clefs de la Sainte
Prêtrise, afin que vous receviez de l'honneur et de la
gloire. ·
Et après ce temps-là, vos baptêmes pour les morts par
ceux qui sont dispersés au loin ne seront pas acceptables
devant moi, dit le Seigneur.
Car il est décrété qu'en Sion et dans ses pieux, et à
Jérusalem, ces endroits que j'ai désignés pour être des
refuges, seront les lieux pour vos baptêmes pour vos
morts.
Et de plus, en vérité, je vous le dis, comment vos ablutions
seront-elles acceptables devant moi, si vous ne les
accomplissez pas dans une maison que vous aurez bâtie à
mon nom?
Car c'est pour cette raison que j'ai commandé à Moïse
qu'il construise un tabernacle, afin qu'ils le portassent
avec eux dans le désert, et me bâtissent une maison dans
le pays de promission, afin que ces ordonnances qui
avaient été cachées avant que le monde fût, fussent révélées.
C'est pourquoi, en vérité, je vous dis que vos onctions
vos ablutions, vos baptêmes pour les morts, vos assem~
blées solenn,el!es et vos souvenirs pour vos sacrifices par
les fils de Lévi, et pour vos oracles dans vos lieux les plus
saints où vous recevez des conversations, et vos statuts et
vos jugements pour le commencement des révélations et
de la fondation de Sion, et pour la gloire, l'honneur et la
1
88 LA MAISON DU SEIGNEUR
dotation de tous ses habitants, sont ordonnés par l'ordonnance
de ma sainte maison que je commande toujours à
mon peuple de construire à mon saint nom.
Et en vérité, je vous le dis, que cette maison soit bâtie
à mon nom, afin que je puisse y révéler mes ordonnances
à mon peuple.
Car je daigne révéler à mon Eglise des choses qui ont
été cachées dès avant la fondation du monde, des choses
qui appartiennent à la dispensation de la plénitude des
temps.·» (Doctrine et Alliances 124: 28-41 ; lisez toute la
section.)
Voilà donc une réponse suffisante à la question de
savoir pourquoi les Saints des Derniers Jours construisent
et entretiennent des temples. Ils ont reçu instructions et
ordres à cet effet du Seigneur des Armées. Ils ont appris
que beaucoup d'ordonnances essentielles de l'Eglise ne
sont acceptables que si elles sont administrées dans des
temples spécialement érigés et réservés à cet effet. Ils
savent que dans ces enceintes sacrées, le Seigneur a révélé
beaucoup de choses grandes et importantes relatives au
Royaume de Dieu ; et qu'Il a promis de révéler encore
davantage à l'homme dans des maisons consacrées à Son
nom. Ils ont appris qu'une grande partie de la mission et du
ministère de l'Eglise rétablie est constituée par l'administration
des ordonnances vicariales au bénéfice des innombraples
morts qui n'ont jamais entendu la bonne nouvelle
de l'Evangile, et, pour un service aussi sacré et aussi
salvateur, ·
LES TEMPLES SONT UNE NÉCESSITÉ.
NÉCESSITÉ DES TEMPLES 89
NOTES DU CHAPITRE m
o Voyez du même auteur « Les Articles de Foi », chapitre 4, ainsi que les
références qui y sont citées.
~ Voyez du même auteur « Les Articles de Foi », chapitres 5 à 8, ainsi que
les références qui y sont citées.
• Actes 11:18 ; Romains 2:4 ; voyez aussi « Les Articles de Foi », chapitre
5:19-30, ainsi que les références qui y sont citées.
d « Les Articles de Foi », chapitre 6:1. L'ensemble de la question du
baptême est traité dans les chapitres 6 et 7.
CHAPITRE IV
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE
C'est un examen plus détaillé des ordonnances modernes
du Temple qui va maintenant retenir notre attention. Ce
rituel comprend :
1. Le baptême, plus exactement le baptême pour les
morts.
2. L'ordination et les dotations de la Prêtrise qui s'y
rattachent.
3. Les mariages.
4. D'autres ordonnances de scellement.
Ainsi qu'on a pu le déduire de nos précédents propos,
chacune de ces cérémonies ou ordonnances peut être
accomplie soit pour un vivant, présent en personne, ou pour
un mort, représenté alors par un individu vivant agissant
par procuration. Les vivants sont bien peu nombreux
comparés aux morts; il s'ensuit que l'oeuvre des ordonnances
pour les morts dépasse de beaucoup celle qui
s'accomplit pour les vivants. Les temples d'aujourd'hui
sont surtout entretenus au bénéfice et pour le salut des
innombrables défunts.
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 91
LE BAPTÊME POUR LES MORTS
Comme nou,s l'avons montré dans les pages qui precedent,
la loi du baptême est universelle dans son application,
c'est-à-dire que le baptême est exigé de toüs ceux qui ont
atteint l'âge de responsabilité. Seuls ceux qui meurent en
bas âge en sont dispensés. Les enfant~, n'ayant pas de
péchés à expier, et n'étant pas capables de comprendre la
nature. de l'obligation baptismale, ne doivent pas être baptisés
de leur vivant, et l'ordonnance ne doit pas être
accomplie pour eux au cas où ils viendraient à mourir
avant d'atteindre l'âge de responsabilité. Quant à la part
qu'a l'enfant à l'héritage de mortalité découlant de la
transgression d'Adam, l'expiation du Christ la compense
entièrement et la rédemption de l'enfant est assurée.a Quant
à la loi qui prescrit le .baptême comme essentiel au salut,
son applicabilité est générale, les écritures ne font aucune
distinction entre les vivants et les morts. Le sacrifice
expiatoire du Christ a été offert, non seulement pour le
petit· nombre de ceux qui vivaient sur terre pendant qu'Il
s'y trouvait dans la chair, non seulement pour ceux qui
sont nés à l'état mortel après Sa mort, mais pour tous les
habitants de la terre, passés, présents et à venir. Il fut
ordonné par le Père pour être le juge tant des vivants que
des morts. (Actes 10:42; II Tim. 4:1 ; 1 Pierre 4:5.) Il est
le Seigneur des vivants aussi bien que des morts (Romains
14:9) du fait que les hommes parlent de vivants et de
morts, bien que tous vivent en Lui (Luc 20:36, 38).
Parmi les dogmes pernicieux qu'enseigne un christianisme
perverti et bien mal nommé, se trouve cette doctrine
atroce selon laquelle un châtiment sans fin ou une
félicité interminable sera le sort de toute âme, la récompense.
dépendant de la condition de l'âme au moment de la
92 LA MAISON DU SEIGNEUR
mort corporelle ; une vie de péché étant effacée par un
repentir au lit de mort, et une vie honorable qui ne serait
pas jalonnée par les cérémonies des sectes établies étant
suivie par les tortures de l'enfer sans aucune possibilité de
soulagement. Un tel dogme est à mettre sur le même pied
que la terrible hérésie qui proclame la condamnation de
petits enfants innocents qui n'ont pas subi une aspersion
sous une autorité que l'homme s'est attribuée. Dans la
justice de Dieu, aucune âme ne sera définitivement condamnée
au nom d'une loi qu'elle n'a eu aucune occasion
de connaître. ll est vrai que le châtiment éternel a été
décrété comme devant être le sort des méchants, mais la
véritable signification du châtiment ainsi décrété, le Seigneur
Lui-même nous l'a fait connaître. (Doctrine et
Alliances 19:10-12) : le châtiment éternel, c'est le châtiment
de Dieu ; le châtiment infini, c'est le châtiment de
Dieu, car « Infini » et « Eternel » sont deux de Ses noms . . '
ce sont des termes qui décrivent Ses attributs. Aucune âme
ne sera punie pour ses péchés plus longtemps que ne
l'exigent le travail nécessaire à sa réforme et la satisfaction
de la justice, car c'est dans ces seuls buts qu'un châtiment
est imposé. Et aucune ne sera admise à pénétrer dans un
royaume de gloire au séjour des élus si elle n'en a conquis
le droit par son obéissance à la loi.
ll s'ensuit de toute nécessité que l'Evangile doit être
proclamé dans le monde des esprits, et qu'un tel ministère
soit prévu, les écritures le prouvent abondamment. Pierre,
définissant la mission du Rédempteur, déclare cette vérité
solennelle : « Car l'Evangile a été aussi annoncé aux morts,
afin. que, après avoir été jugés comme les hommes quant à
la chair, ils vivent selon Dieu quant à l'esprit. » (1 Pierre
4:6.) Comme nous l'avons déjà montré, c'est le Christ qui
ORDONNANCES ~ODERNES DU TEMPLE 93
a inauguré cette oeuvre parmi les morts dans l'intervalle
séparant Sa mort de Sa résurrection.
Dans sa première épître . aux Saints de Corinthe, Paul
présente un traité bref, mais complet, de la doctrine de la
résurrection - sujet qui avait donné lieù àcette époque
et parmi les destinataires de son épître à beaucoup de
débats et disputes; (1 Cor. chapitre 15 ; voyez surtout le
verset 29) et, ayant montré que par l'entremise du Christ
la r~surrection des morts a été rendue possible et que, en
temps voulu, toute l'humanité sera rachetée de la mort du
corps, l'apôtre demande: «Autrement, que feraient ceux
qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent
absolument pas,· pourquoi se font-ils baptiser pour
eux ? » b Puisque cette question est posée comme un argument
définitif, écrasant, il est évident que le sujet ainsi
présenté n'était pas une doctrine nouvelle ou étrange, mais
au contraire, une doctrine qui ·devait être familière· aux
gens à qui il s'adressait et qui ne nécessitait aucune
démonstration. Donc, le baptême pour les morts était connu
dans son principe et mis en pratique en tant qu'ordonnance
à l'époque apostolique. Le fiüt que cette pratique
se poursuivit sous une forme quelconque pendant un siècle
ou davantage après que les apôtres eurent disparu de la
terre, est prouvé par de nombreux passages des écrits des
premiers Pères de l'Eglise et plus tard par d'autres autorités
en matière d'histoire ecclésiastique.
L'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours
proclame que la présente dispensation est la dispensation
de la plénitude des temps au cours de laquelle seront ras.:.
semblés et rétablis tous les principes du salut, toutes les
ordonnances essentielles des dispensations antérieures, et où
le grand plan de la rédemption universelle sera totalement
révélé. C'est pourquoi l'Eglise s'acquitte de l'cèuvre proi
1
1
94 LA MAISON DU SEIGNEUR .
prement dite •. du baptême pour les morts, et c'est dans les
temples d'aujourd'hui que cette .oeuvre sacrée se poursuit
sans interruption. Comme on le verra, chacun des tetl1ples
est pourvu des. fonts. baptismaux et de .. tout ce qui est
nécessaire ~ l'administration de cette ordonnance. (Doctrine
et Alliances 1.28:12,.13.)
Le rite du . baptême d'eau au bénéfice des morts est
suivi de celui de l'imposition des mains pour le don du
Saint-Esprit et, en cette ordonnance comme dans la précédente,
·la personne morte est représentée par procuration
par un vivant. L'imposition des mains en vue de. conférer
le don du Saint-Esprit constitue un baptême supérieur,
un baptême d'esprit qui est exigé de tous sans distinction,
et ii . inclu.t le rite de la c.onfitmation, par laquelle la personne
devient membre ·de l'Eglise . du Christ. Dans tous
leurs traits e'ssentièls; les ordo'llllances du baptême et de la
confirmation sont: identiques, qu'elles soient administrées
aux vivants pot;n: eu.~-,m.êmes .ou par procuration pour les
morts. Lors de l'administration de ces ordonnances dans
les temples actuels, outre le secrétaire et l'ancien qui officie,
il faut que deux témoins soient présents afin d'attester que
la cérémonie a été dûment accomplie.
. ORDINATION ·ET DOTATION
Le baptême d'eau et le baptê)lie supérieur d'esprit par
l'imposition des mains ·en vue de conférer le Saint-Esprit
constituent les deux ordonnances. fondamentales de l'Evangile.
L'âme repentante qui a de cette manière pénétré dans
l'Eglise du Christ peut dans la. suite arriver à occuper un
poste .. et revetir une certaine autorité dans la . Sainte
Prêtrise, .non pas que ce· soit un honnel!r. terrestre, ni un
titre de gloire personnelle, ni un symbole de puissance et
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 95
peut-être d'oppression, mais c'est une dotation comportant
·une certaine autorité et en même· temps la responsabilité
expresse. d'utiliser cette autorité au service ·.de ses
frères et pour la gloire de Dieu. Dans le service du temple,
l'homme qui agit par procuration pour ses parents défunts
doit être ordonné à la Prêtrise avant de pouvoir aller
au-delà des fonts baptismaux.
C'est un précepte de l'Eglise que les femmes membres
de l'Eglise partagent avec leur mari, actuel ou futur, l'autorité
de la Prêtrise, et par conséquent, qu'elles reçoivent une
dotation pour elles-mêmes t>u pour des morts, elles ne sont
pas ordonnées à un rang particulier de la Prêtrise. Néan.,.
moins, il n'existe pas de grade, de rang, où de phase dans
la dotation du· temple auquel les fémmes ne soient pas
admises sur un pied d'égalité avec les hommes. Il est vrai
que certaines ordonnances supérieures ne peuvent être
conférées à une femme non mariée, mais la règle est
également valable pour ·un célibataire. L'état· de mariage
est considéré comme sacré, sanctifié, et saint dans toute la
procédure du temple, et dans la Maison du Seigneur, la
femme est l'égale et la compagne de l'homme. En ce qui
concerne les privilèges et les bénédictions de ce saint lieu,
la déclaration de Paul est considérée comme un décret
scriptural dans toute sa force et tous ses effets : « Toutefois,
dans le Seigneur, la femme n'est point sans l'homme,
ni l'homme sans la femme.» (l Cor. 11:11.)
La foi et une repentance sincère, suivies d'abord du
baptême d'eau, puis de l'imposition des mains pour le don
du Saint-Esprit, tels sont les moyens prescrits pour arriver
au salut dans le Royaume de Dieu. Màis une distinction
doit être établi,e entre salut et exaltation. Au point .où nous
en sommes arrivés, il serait bon d'exatpiner cette distinc96
LA MAISON DU SEIGNEUR
tion et d'exposer les doctrines de l'Eglise rétablie concerna~
t les différents degrés. d'exaltation au-delà du tombeau.•
Salut et exaltation : Un certain degré de !;ialut sera attribué
à tous ceux qui n'auront pas aliéné leur droit à cette
récompense ; l'exaltation est donnée uniquement à ceux
qui, par des efforts positifs, ont conquis un droit à cette
miséricordieuse libéralité de Dieu par laquelle elle est
attribuée. Parmi les sauvés, tous ne seront pas exaltés aux
gloires supérieures ; des récompenses ne sont pas attribuées
au mépris de la justice ; des châtiments ne sont pas imposés
sans miséricorde. Personne ne peut être admis à un ordre
de gloire, bref, personne ne peut être sauvé tant que la
justice n'a pas eu satisfaction pour les violations de la loi.
Cette vieille idée selon laquelle, dans l'au-delà il n'y aura
que deux places pour les âmes de l'humanité, un ciel et un
enfer, avec la même gloire dans tous les recoins du premier
et les mêmes terreurs partout dans le secqnd, cette
idée est tout à' fait insoutenable à la lumière de la révélation
divine.
Degrés de gloire : Le fait que les privilèges et gloires
du ciel sont gradués pour correspondre aux différents
mérites des élus, est indiqué dans les enseignements du
Christ : A Ses apôtres, Il déclara : « Il y a plusieurs
demeures dans la maison de mon Père : Si cela n'était pas,
je vous l'aurais dit. Je vais vous préparer une place. Et
lorsque je m'en serai allé, et que je vous aurai préparé
une place, je reviendrai et je vous prendrai avec moi, afin
que là où je suis, vous soyez aussi. » (Jean 14:1-3.) Cette
déclaration est complétée par celle de Paul, qui parle en
ces termes des degrés de gloire de la résurrection :
« Il y a aussi des corps célestes et des corps terrestres ;
mais autre est l'éclat des corps célestes, autre celui des
corps terrestres.
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 97
Autre est l'éclat du soleil, autre l'éclat de la lune, et
autre l'éclat des étoiles ; même une étoile diffère en éclat
d'une autre étoile.
Ainsi en est-il de la résurrection des morts.» (I Cor.
15: 40-42.) .
La présente dispensation a reçu ùne connaissance plus
complète de ce sujet par une révélation faite en 1832
(Doctrine et Alliances, section 7 6) : Il y a trois grands
royaumes ou degrés de gloire organisés en vue d'y héberger
la race humaine ; on les appelle Céleste, Terrestre et
Téleste. Bien en dessous de ce dernier, qui est aussi le
moindre, se trouve l'état de châtiment éternel préparé pour
les fils de perdition.
La gloire céleste est prévue pour ceux qui méritent les
plus hauts honneurs des cieux ; dans la révélation déjà
mentionnée, nous lisons à leur sujet :
« Ce sont ceux qui ont reçu le témoignage de Jésus,
ont cru en son nom, ont été baptisés à la manière de sa
sépulture, ayant été ensevelis dans l'eau, en son nom, selon
le commandement qu'il a donné, afin qu'en gardant les
commandements, ils puissent être lavés et purifiés de tous
les péchés et recevoir le Saint-Esprit par l'imposition des
mains de celui qui est ordonné et scellé à ce pouvoir ; qui
vainquent par .la foi et qui sont scellés par le Saint-Esprit
de promesse, que le Père répand sur tous ceux qui sont
justes et fidèles. Ce sont ceux qui sont l'Eglise du PremierNé.
Ce sont ceux entre les mains desquels le Père a remis
toutes choses. Ce sont ceux qui sont prêtres et rois, qui ont
reçu de sa plénit11:de et de sa gloire ; et sont prêtres du
Très-Haut, selon l'ordre du Fils unique. C'est pourquoi,
comme il est écrit, ils sont dieux, oui, les fils de Dieu ;
c'est pourquoi tout est à eux, .que ce soit la .vie ou la mort,
le présent ou l'avenir, tout est à eux, et ils sont au Christ,
et le Christ est à Dieu ... Ceux-là demeureront dans la présence
de Dieu et de son Christ, pour toujours et à jamais.
Ce sont ceux qu'il amènera avec lui, lorsqu'il viendra
98 LA MAISON DU SEIGNEUR
dans les nuées du ciel pour régner sur la terre sur son
peuple. Ce sont ceux qui auront part à la première résur~
rection. Ce sont ceux qui se lèveront lors de la résurrection
des justes·... Çe sont les justes rendus parfaits par
l'intermédiaire' de Jésus, le médiateur de la nouvelle
alliance, qui accomplit cette expiation parfaite par l'effusion
de son . propre sang. Ce sont ceux dont les corps
sont célestes, dont la gloire est celle du soleil, même la
gloire de Dieu, la plus haute de toutes, gloire dont il est
écrit que le soleil du firmament en est le type. » (Doctrine
et Alliances 76:51-70.)
La gloire terrestre : Ce degré, le suivant en importance,
sera attribué à beaucoùp dont les oeuvres ne méritent pas
la récompense supérieure. Nous lisons à leur sujet:
« Ce sont ceux qui sont du terrestre, dont la gloire
diffère de celle d.e l'Eglise du Premier-Né qui a reçu la
plénitude du Père, de même que la gloire de la lune diffère
de celle du· soleil dans le firmament. Voici, ce sont
ceux qui sont morts sans loi. Et aussi, ceux qui sont les
esprits des hommes gardés en prison, que le Fils visita et
à qui il prêcha l'évangile, afin qu'ils puissent être jugés
selon les hommes dans la chair; qui n'ont pas accepté le
témoignage de Jésus dans la chair, mais l'ont accepté
ensuite. ·ce sont les hommes honorables de la terre qui ont
été aveuglés pa,r les supercheries des holl\mes. Ce sont
·ceux qui reçoivent de sa gloire, mais pas de sa plénitude.
Ce sont ceux qui reçoivent de la présence du Fils, mais
pas de la plénitude dû 'Père. C'est pourquoi, ils sont des
corps terrestres et non pas des corps célestes, et ils diffèrent
en gloire comme la lune diffère du soleil. Ce sont
ceux qui ne sont pas vaillants dans le témoignage de
Jésus; c'est pourquoi ils n'obtiennent pas la couronne du
royaume de notre Dieu. » (id. 76:71-79.)
La gloire té/este : La révélation poursuit :
« Et ensuite, nous vîmes la gloire des télestes, qui est
la moindre, de mêi!le que la gloire de la lune. dans le firmament.
Ce sont ceux qui n'ont pas accepté l'évangile du
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 99
Christ, ni le témoignage de Jésus. Ce sont èéux qui ne
renient pas le Sàint-Esprit. Ce sont ceux qui sont précipités
dans l'enfer. Ce sor;tt ceux qui ne seront délivrés des
mains du diable qu'à la dernière· résurrection, que quand
le Seigneur, c'est-à-dire le Christ, l'Agneau, aura terminé
son oeuvre.» (Doctrine et Alliances 76:81-85.)
Nous apprenons plus loin que les habitants de ce
royaume occupent des degrés divers, et qu'ils comprennent
les membres des diverses seètes qui sont restés dans les
ténèbres, ainsi que des pécheurs de différents types, dont
le péché ne signifie pas la perdition totale :
. ' '
«Car, comme une .étoile diff~re eri gloire d'une autre
étoile, ainsi dans le monde· té leste, l'un diffère en gloire de
l'autre. Car ce sont ceux qui sont de Paul, d'Apollos et de
Céphas. Ce sont cèux qui se disent de celui-ci ou de
celui-là, les. uns du Christ, les autres de Jean, d'autres de
Moïse, d'autres d'Elie, d'<!-utres d'Esaïas, d'autres d'Esaïe
et d'autres d'Enoch, mais qui n'ont pas accepté l'évangile,
ni le témoignage de Jésus, ni 'les prophètes, ni l'alliance
éternelle. » (Doctrine et Alliances 76:98-101.)
Les trois royaumes de ces trois . gloires si différentès
sont organisés selon un plan bien · ordonné et gradué.
Nous avons vu que le royaume· téleste comprend plu.:
sieurs subdivisions ; il en est de même,· Iious · dit-on, du
céleste (Doctrine et Alliances 131 : 1 ; aussi Il Cor~ 12:1 '-4) ;
et, par analogie, nous concluons que des conditions semblables
existent dans le terrestre. Ainsi donc les innombrables
degrés de mérite que l'on trouve parmi les hommes
seront récompensés par une infinité· de gloires graduées.
Le royaume céleste a le suprême honneur d'être administré
personnellement par le Père et le Fils: Le royaume ter-:
restre sera administré par l'intermédiaire du précédent,
sans recevoir une plénitude de gloire. Le téleste est gouverné
par l'intermédiaire du terrestre, ·par « des anges qui
100 LA MAISON DU SEIGNEUR
sont chargés de les servir » / (Doctrine et Alliances
76:86-88).
L'exaltation dans le royaume de Dieu suppose que
l'on a atteint les degrés supérieurs de la Sainte Prêtrise,
et c'est à ceux-ci que les cérémonies de la dotation sont
directement associées.
La Dotation du Temple, telle qu'elle est administrée
dans les temples m<;>demes, comprend une instruction
relative à la signification de la suite des dispensations
passées et à l'importance de la dispensation présente, qui
est l'ère la plus grandiose de l'histoire humaine. Cette instruction
comporte un récit des événements les plus :marquants
de la période de la création, la condition de nos
premiers parents dans le Jardin d'Eden, leur désobéissance
et leur expulsion subséquente de ce séjour de délices, leur
condition dans le monde aride et désolé, alors qu'ils étaient
condamnés à vivre de leur travail, à la sueur de leur
front, le plan de rédemption par lequel cette grave transgression
peut être expiée, la période de la grande apostasie,
le rétablissement de 'l'Evangile avec tous ses anciens pouvoirs
et privilèges, la condition absolue et indispensable
de pureté personnelle et de dévouement au bien dans la
vie actuelle, complétée par la conformité aux exigences de
l'Evangile. .
Comme on le montrera, les temples érigés par les Saints
des. Derniers Jours prévoient des salles séparées pour
l'enseignement de ces matières, chacune d'entre elles étant
consacrée à une matière spéciale ; grâce à ce système,
il est possible d'avoir plusieurs groupes recevant· une
instruction simultanément.
Les ordonnances de dotation comportent certaines obligations.
de la part de l'individu, telles que l'engagement
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 101
et la promesse d'observer la loi de la vertu la plus stricte
et de la chasteté, d'être charitable, bienveillant, tolérant ·
et pur ; de consacrer ses talents et ses moyens matériels
à la propagation de la vérité et au progrès de la race,
de rester dévoué à la cause de la vérité; et de chercher
à contribuer de toutes les manières possibles aux grands
préparatifs faits en vue que la terre puisse recevoir son
Roi, le Seigneur Jésus-Christ. Au moment de prendre
chaque engagement, et d'assumer chaque obligation, une
bénédiction est prononcée, impliquant une promesse dont
la réalisation dépend de la fidèle observance des conditions.
Il n'y a pas une virgule, pas un iota, pas un détail des
rites du temple qui ne soit édifiant et sanctifiant. Par
chaque détail, la cérémonie de dotation contribue à déterminer
des. engagements touchant la moralité de la vie,
la consécration de l'individu à des idéaux élevés, le dévouement
à la vérité, la fidélité au service de la nation, et
l'allégeance envers Dieu. Les bénédictions de la Maison
du Seigneur ne sont pas réservées à une classe privilégiée ;
tout membre de l'Eglise peut être admis au temple avec
le droit de participer aux ordonnances qui s'y administrent,
s'il est dûment confirmé qu'il a une vie et une conduite
dignes.
LE SCELLEMENT DANS LE MARIAGE
Les Saints des Derniers Jours considèrent que la cérémonie
de mariage accomplie exclusivement dans l'enceinte
du temple est le seul et unique contrat de mariage parfait.d
Ils reconnaissent l'entière validité légale et l'obligation
morale résultant d'un mariage conclu sous la .loi civile,
mais le mariage civil et en somme tous les mariages conclus
sans l'autorité de la Sainte Prêtrise, ils les consi-
1!
1 j
1
1
'i
102 LA MAISON DU SEIGNEUR
dèrent comme des contrats valables uniquement pour
-cette vie et par conséquent dépourvus de ces éléments
supérieurs qui rendent une union complète et perpétuelle.
Ils soutiennent que les rapports de famille sur terre peuvent
être rendus durables et contraignants au-delà du voile de
la mort. Ils disent qu'aux yeux de la loi en vigueur dans
les mondes célestes, les rapports terrestres d'époux à
épouse, qe parent à enfant continueront à revêtir toute
leur force, à sortir tous leurs effets à condition que · ces
rapports aient été scellés sur la terre par le pouvoir et
l'autorité de la Sainte Prêtrise. Le rite ordinaire du
mariage tel qu'il est prescrit par la loi civile ou par les
dénominations religieuses n'unit l'homme et la femme que
pour c~ monde uniquement ; la loi supérieure de mariage
telle qu'elle nous a été révélée par Dieu unit les deux
parties pour le temps et pour l'éternité.
« Mariage céleste » est un terme d'usage courant parmi
les Saints des Derniers Jours, bien qu'il n'apparaisse dans
aucune révélation contenue dans les ouvrages canoniques
de l'Eglise. L'Eglise · adopte et . valide les écritures des
dispensations antérieures en matière de mariage. Elle soutient
que le mariage est honorable (Hébreux 13:4) et
ordonné de Dieu (Genèse 2:18, 24; 1:27; 5:2; 9:1-7;
Lev. 26:9). Selon les enseignements de l'Eglise, le mariage
est obligatoire pour tous ceux qu'une incapacité physique
ou autre n'empêche pas d'assumer les responsabilités de
la vie matrimoniale. Les Saints des Derniers Jours déclarent
que c'est le droit de tout homme digné que de se trouver
à la tête d'une' famille en qualité d'époux et de père ;
tout aussi strict est le droit de toute femme digne d'être
une épouse et une mère honorée.
L'Eglise dénonce comme faux et pernicieux les enseignements
d'hommes dévoyés et morbides qui prétendent
1 ••
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 103
que l'union .des sexes n'est qu'une nécessité charnelle
héritée par l'homme en conséquence de sa dégradation ;
et elle repousse l'idée que le célibat est une condition
supérieure plus agréable à Dieu. Concernant ces· faux
docteurs, le Seigneur a déclaré à notre époque :
« Quiconque interdit le mariage n'est pas ordonné de
Dieu, car le mariage est un commandement de Dieu à
l'homme ... afin que la terre puisse répondre au but de sa
création, et qu'elle soit remplie de sa mesure d'hommes,
selon leur création avant que le monde ne fût fait. »
(Doctrine et Alliances 49:15-17.)
Les Saints des Derniers Jours affirment que le mariage
parfait prévoit une union éternelle des sexes. Pour ces
gens, le mariage n'est pas simplement un contrat temporaire
valable seulement tant que les deux parties seront
en vie sur terre, mais un engagement solennel à une union
qui durera au-delà de la tombe. Dans la cérémonie complète
du mariage telle qu'elle est prescrite par l'Eglise et
administrée uniquement dans l'enceinte du temple, l'homme
et la femme sont unis par un engagement de fidélité
mutuelle, non pas jusqu'à ce que la mort les sépare, mais
pour le temps et toute l'éternité.
Un contrat de portée aussi longue que celui-ci, un engagement
dont la validité couvre non seulement la période
de vie mortelle, mais encore celle du royaume de l'au-delà,
nécessite de toute évidence pour être validé une autorité
bien supérieure à toute autorité d'origine humaine. Nous
admettons sans discussion le fait que les hommes ont
le droit de constituer entre eux des associations et des
communautés, d'organiser des sectes, groupements, compagnies,
églises, clubs ou toute autre union qu'il leur
plaise de créer, pour autant, évidemment, que ces groupements
ne soient pas ennemis de la loi et de l'ordre. Nous
104 LA MAISON DU SEIGNEUR
admettons aussi que toute association fondée par les
hommes peut promulguer des lois et fixer des règlements
pour gouverner ses membres, pour autant que les droits
de la liberté individuelle ne s'en trouvent pas restreints.
Par conséquent l'église comme l'état peuvent formuler,
prescrire et ordonner une réglementation légale concernant
le mariage ou toute autre forme de contrat, et ces
réglementations sont reconnues comme pleinement effectives
dans les limites des juridictions. Donc, les mariages
peuvent être justement et légalement autorisés par l'état
ou la nation, et les contrats de mariage ainsi conclus produisent
leurs effets durant la vie des parties engagées.
Mais peut-on dire qu'aucune association humaine puisse
créer et soutenir une autorité qui soit effective après la
mort ? Y a-t-il aucun pouvoir qui puisse légiférër au-delà
des limites de sa juridiction ? Un homme dans son foyer
peut-il prescrire un règlement familial pour le ménage de
son voisin? Notre nation peut-elle promulguer des lois ·
qui soient valides dans un royaume étranger ? L'homme
peut-il formuler des lois pour réglementer les affaires du
Royaume de Dieu ?
Ce n'est qu'au cas où Dieu délègue une autorité à
l'homme, avec l'assurance que ce qui est administré par
cette autorité sera reconnu dans les cieux, que l'on peut
conclure un contrat sur terre dont l'effet soit assuré après
la mort des parties intéressées. Cette autorité d'agir au
nom du Seigneur est la caractéristique distinctive de la
Sainte Prêtrise. Comme l'a dit le Seigneur :
« Tous contrats, alliances, liens, obligations, serments,
voeux, actes, unions, associations ou promesses qui ne se
font pas et qui ne sont pas scellés par le Saint-Esprit de
promesse, de la main de celui qui oint, à la fois pour le
temps et pour toute l'éternité, de la façon la plus sacrée,
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 105
par révélation et par commandement, par l'intermédiaire
de celui que j'ai oint et que j'ai choisi sur terre pour détenir
ce pouvoir ... n'ont aucune validité, vertu ou force dans
et après la résurrection des morts ; car tous les contrats
qui ne sont pas faits de la sorte prennent fin quand les
hommes sont morts.» (Doctrine et Alliances 132:7.)
Appliquant ce principe aux alliances du mariage, la
révélation poursuit :
«C'est pourquoi, si un homme épouse une femme en
ce monde, mais ne l'épouse pas par moi ni par ma parole,
et fait alliance avèc elle aussi longtemps qu'il est dans le
monde, et elle avec lui, leur alliance et mariage ne sont pas
valables lorsqu'ils sont morts et hors du monde ; ils ne
sont donc liés par aucune loi. lorsqu'ils sont hors du
monde. Cest pourquoi, lorsqu'ils sont hors du monde, ils
ne peuvent se marier ni être donnés en mariage, mais ils
deviennent des anges dans les cieux ; lesquels anges sont
des serviteurs au service de ceux qui sont dignes d'un
poids de gloire beaucoup plus grand, extrême et éternel.
Car ces anges ne se sont pas conformés à ma loi ; c'est
pourquoi ils ne peuvent s'accroître, mais restent séparés
et célibataires, sans exaltation, dans leur état sauvé, à toute
éternité. Et dès lors, ils ne sont pas dieux, mais anges de
Dieu, pour toujours et à jamais. » (Doctrine et Alliances
132:15-17.)
Ce genre de mariage saint, comprenant dès engagements
pour le temps et l'éternité, est connu sous le nom spécial
de Mariage Céleste, et il est entendu que c'est un mariage
de l'ordre de ce qui existe dans les mondes célestes. Cette
ordonnance sacrée n'est administrée par l'Eglise qu'à
ceux que l'on estime mener une vie digne et être aptes à
être admis dans la Maison du Seigneur, car ce rite sacré,
ainsi que d'autres dont la validité est éternelle, ne peut
être célébré que dans les temples cônsacrés et dédiés à
ce service élevé (Doctrine et-Alliances 124:30-34). Les
1
1!
1
106 LA MAISON DU SEIGNEUR
enfants qui naissent de. parents mariés selon la loi· céleste
sont héritiers de la Prêtrise ; ils sont appelés « enfants
de l'alliance» ; il n'est besoin d'aucune ordonnance d'adoption
ou de scellement pour leur donner place dans la
postérité bénie de la promesse. ·· ...
L'Eglise, cependant, sanctionne et reconnaît le mariage
légal pour le temps uniquement et célèbre effectivement
de telles unions entre parties qui ne peuvent être admises
dans la Maison du Seigneur, ou qui choisissent volontairement
l'ordre inférieur du mariage temporel.
C'est dans le temple et non ailleurs rque sont célébrés
les mariages au bénéfice de parties décédées. Les maris et
les femmes qui ont vécu ensemble dans la condition mortelle
et sont maintenant défunts peuvent être scellés par
l'autorité de la Prêtrise, à condition, naturellement, que
les ordonnances préliminaires du temple aient été administrées
en leur faveur. Dans ce rituel du mariage pour
les morts, comme dans les autres . ordonnances, les parties
sont représentées par leurs descendants vivants agissant
par procuration.
Cette ordonnance du mariage céleste, par lequel les
parties, qu'elles soient vivantes ou mortes, sont unies par
l'autorité de la Sainte Prêtrise pour le temps et pour
l'éternité, est désignée spécialement comme la cérémonie
du scellement du mariage. On dit que le mari et la femme
ainsi unis sont scellés, alors que s'ils ne sont unis que
par la loi inférieure, que ce soit par une autorité séculi~re
ou ecclésiastique, ils ne sont que mariés.
Le mari et la femme qui n'ont été mariés que pour le
temps, que ce soit par une cérémonie séculière ou ecclésiastique,
peuvent être ultérieurement scellés pour le temps
et pour l'éternité, à condition qu'ils se ~oient faits membres
de l'Eglise et qu'ils soient jugés dignes de pénétrer dans
ORDONNANCES MODÉRNES DU TEMPLE 107
le temple dans ce but ; par contre, il n'est pas possible
de confirmer une union existante ni de sceller des personnes
mariées si les parties n'apportent pas la preuve
qu'elles sont dûment et légalement mariées .. Aucun mariage
de personnes vivantes ne peut être accompli dans aucun
temple sinon sous le couvert d'une licence régulièrement
délivrée conformément aux lois du pays; Cette ordonnance
du scellement s'étend à d'autres unions que celle
du mariage, ainsi qu'on va le voir.
La pertinence de l'ordonnance du scellement du mariage
trouve une illustration dans les enseignements personnels
du Sauveur. Un beau jour, quelques Saduccéens vinrent
Le trouver (Matt. 22:23-33 ; Marc 12:18-27 ; Luc
20:27-40) ; ceux-ci, on s'en souvient, niaient la possibilité
de la résurrection des morts. Ils cherchaient à Lui tendre
un piège en posant une question difficile. Voici comment
ils présentèrent leur cas :
. « Maître Moïse a dit : Si quelqu'un meurt sans enfants,
son frère épousera sa veuve, et suscitera une postérité à
son frère.
Or il y avait parmi nous sept frères. Le premier se
maria, et mourut; et, comme il n'avait pas d'enfants, il
laissa sa femme à son frère.
Il en fut de même du second, puis du troisième, jusqu'au
septième.
Après eux tous, la femme mourut aussi.
A la résurrection, duquel des sept sera-t-elle donc la
femme ? Car tous l'ont eue. »
Notez bien la suite:
«Jésus leur répondit: Vous êtes dans l'erreur, parce
que vous ne comprenez ni les Ecritures ni la puissance de
Dieu. Car, à la résurrection, les hommes ne prendront
point de femmes, ni les femmes de maris, mais ils seront
comme les anges de Dieu dans le ciel. »
: i
1
108 LA MAISON DU SEIGNEUR
Il est bien évident que dans l'état ressuscité, il ne pouvait
y avoir de contestation entre les sept frères, quant à
celui dont cette femme était l'épouse, car, après la mort
on ne pouvait ni prendre ni donner en mariage. La question
du mariage entre individus devait et doit encore être
résolue avant ce moment. La femme ne pouvait être
l'épouse que d'un seul dans le monde éternel : celui à
qui elle avait été donnée par l'autorité de la Sainte Prêtrise
sur terre, pour être sa conjointe pour le temps et
pour l'éternité. Bref, cette femme devait être l'épouse de
l'homme avec qui elle s'était engagée pour l'éternité sous
le sceau de l'autorité divine, et aucun contrat, aucun
accord temporel n'est valide dans la résurrection.
Il semble que cet exposé ait été convaincant : la foule
fut étonnée et les Saduccéens réduits au silence (Matt.
22:33-34) ; eQ outre, un des Scribes déclara: « Maître,
tu as bien parlé.» (Luc 20:39.) Notre Seigneur ajouta
ce qui nous semble avoir ·été une question complémentaire,
assortie d'une instruction de la plus grande
importance :
« Pour ce qui est de la résurrection des morts, n'avezvous
pas dit :
Je suis le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac, et le Dieu
de Jacob. Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des
vivants. » (Matt. 22:31-32.)
AUTRES ORDONNANCES DE SCELLEMENT
Les enfants nés en dehors du mariage céleste, mais
cependant lors d'une union légalement établie sont les
héritiers légaux et légitimes de leurs parents dans toutes
les affaires terrestres. lis sont les rejetons d'une union
terrestre qui est à tous égards un état légal, moral et
.[
ORDONNANCES MODERNES DU TEMPLE 109
convenable selon les lois humaines. Mais il n'est pas plus
certain que ces enfants appartiendront à leurs parents
dans l'au-delà que leurs parents ne s'appartiendront
. mutuellement. Les parents n'ont été mariés que temporellement
et temporairement, et leurs réjetons ne leur
appartiennent que pour la période de validité de leur
contrat. De même que le mari et la femme, bien que
légalement unis par la loi séculière, doivent être scellés
par l'autorité de la Sainte Prêtrise s'ils veulent que leur
union soit valide pour l'éternité, de même les enfants nés de
parents mariés pour le temps seulement doivent être scellés
à leurs parents après que leur père et leur mère ont été
scellés l'un à l'autre selon l'ordre du mariage céleste.
L'Eglise affirme la perpétuation éternelle de tous les
liens de famille existant sur terre sous le sceau et l'autorité
de la Prêtrise, et déclare qu'aucun autre lien ne sera
valide après la mort. Les enfants nés de parents qui ne
sont pas unis par le mariage céleste seront donc scellés
ou adoptés par leurs parents en qualité de membres de
l'organisation familiale qui existera durant toute l'éternité ;
ainsi, les maris et les femmes qui sont morts sont mariés
ou scellés l'un à l'autre par procuration, et leurs enfants
sont scellés à eux de semblable façon pour rétablir
l'unité familiale.
On verra donc que l'oeuvre vicariale des vivants pour
les morts telle qu'elle s'effectue dans les temples actuels,
comprend plus que le baptême et la confirmation. L'oeuvre
n'est achevée sur terre que quand les parties, représentées
par leurs parents vivants, ont été baptisées, confirmées,
dotées et scellées tant au nom du lien qui les unissait
jadis comme mari et femme que de celui qui les unissait
en tant que parents à leurs enfants.
110 LA MAISON DU SEIGNEUR
NOTES DU CHAPITRE IV
··a Lé baptême des enfants est traité brièvement dans «Les Articles de Foi»
du même auteur, chapitre 6, 13-17; quant au baptême pour les morts, voy~
le chapitre 7, 18-33.
b Ce passage a été sujet à beaucoup de controverses. Le Dr Adam Clarke,
dans son magistral Commentaire des Ecritures, dit: «Voici certainement le
verset le plus difficile du Nouveau Testament, car, nonobstant le fait que les
plus grands sages se sont efforcés de l'expliquer, il en existe à ce jour presque
autant d'interprétations différentes qu'il y a d'interprètes. » Pourtant, malgré sa
signification énigmatique, ce passage des écritures fait partie du service funèbre
officiel de i'Eglise Episcopale, et est dûment répété par les prêtres à toutes les
funérailles. Mais où réside la difficulté de compréhension ? Le passage est
<\'une portée fort nette, et c'est seulement quand on tente de le prendre au
figuré que les difficultés surgissent. Il est dair que dû temps de Paul, cette
ordonnance du baptême pour les morts était comprise et pratiquée et l'argument
de l'apôtre en vue d'appuyer la doctrine de la résurrection littérale est
valable : « Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font-ils
baptiser pour eux ? »
·c Voyez du même auteur « Les Articles de Foi», chapitres 4 et 12, do;,t
nous avons repris ici certaines parties.
o Voyez ce que .l'auteur dit du mariage dans «Les Articles de Foi»,
chapitre 24.
•
CHAPITRE V
TEMPLES MODERNES
LES TEMPLES DE KIRTLAND ET DE NAUVOO
En ce qui concerne la conception générale et même
ies détails du plan et de· la construction des sanctuaires
a11ciens, nous en savons beaucoup, qui nous a été rapporté
par l'intermédiaire des écritures saintes. Rien qu'en se
basant sur le récit biblique, il serait possible de pratiquement
reproduire le Tabernacle d'assignation et le Temple de
Salomon qui lui est postérieur ; cependant, si nous n'avio11s
aucun renseignement pour compléter ce récit biblique, nous
ne saurions pas grand-chose de la procédure nécessaire à
l'administration des ordonnances appartenant spécialement
aux temples.
Touchant le plan de construction et la conception de
la structure des temples, nous ne trouvons pas de similitude
étroite, encore moins une identité si approximative
soit-élie, entre les maisons saintes édifiées dans des dispensations
différentes ; au contraire, nous pouvons affirmer
qu'il est nécessaire d'obtenir par révélation les plans du
temple lors de chaque période distincte du ministère de
la Prêtrise, c'est-à-dire de chaque dispensation de l'autorité
divine. Bien que la destination générale des temples soit
la même en tous temps, la disposition particulière de ces
112 LA MAISON DU SEIGNEUR
édifices est déterminée par les besoins de la dispensation
particulière à laquelle ils appartiennent chacun.
Il existe un esprit de suite bien défini dans le développement
des relations entre Dieu et l'homme au cours
des siècles, et c'est cette unité d'ordre et de finalité qui
constitue l'éternelle immuabilité de l'Etre Suprême. Aujourd'hui
n'est pas simplement Ia répétition d'hier; au contraire,
chaque aujourd'hui est la somme de tout ce qui
le précède, de sorte qu'à chaque âge successif, le plan de
Dieu est en progrès et le grandiose finale de ce grand
drame qu'est le salut de l'homme devient plus proche.
Depuis l'époque de l'ancien Tabernacle d'assignation
et jusqu'au midi des temps, les sacrifices d'animaux étaient
prescrits comme rite de propitiation et d'adoration ; en
tant que tels, ils préfiguraient la mort expiatoire qui, selon
les prophètes, faisait partie de la mission du Fils de
l'Homme. Les temples des -Hébreux qui vivaient sous la
loi mosaïque, étaient donc conçus pour que l'on pût
abattre les animaux, découper rituellement les carcasses
et dûment recueillir le sang, immoler les offrandes de
façon commode et en vue de nombreux autres détails.
du rituel prévu pour le culte par la loi de MoÏse.
Les Saints des Derniers Jours, en accord avec les autres
sectes chrétiennes, acceptent sans réserve la doctrine selon
laquelle la mort expiatoire du Christ mettait fin aux cérémonies
mosaïques des sacrifices comportant une effusion
de sang rituelle, puisqu'en vérité, leur préfiguration était
accomplie dans la réalité. Les temples d'aujourd'hui ne
sont pas pourvus d'autels pour le sacrifice, ni de cours
pour l'abattage, ni de charniers rouges du sang des
animaux, ni bûchers pour y brûler les carcasses, ni d'encensoirs
dont l'encens est destiné à masquer l'odeur de chair
brûlée.
TEMPLES MODERNES 113
Même parmi les temples de la dispensation présente,
il y a de la variété, une gradation dans les détails de
cons~ruction. Le premier temple des temps modernes
était dans une certaine mesure incomplet si on le compare
aux maisons saintes construites ultérieurement. Ce fait
était sans aucun doute connu du Seigneur bien que, dans
sa sagesse, il l'eût dissimulé ari commun des mortels :
le temple de Kirtland ne devait servir que pour le début
du rétablissement des ordonnances particulières pour
lesquelles les temples sont indispensables. Tout comme
le Tabernacle de jadis n'était qu'un modèle inférieur de
ce qui allait suivre, conçu en vue d'être utilisé dans des
conditions spéciales, les premiers temples de la dispensatien
des derniers jours, c'est-à-dire ceux de Kirtland et
de Nauvoo, n'étaient que des Maisons temporaires du
Seigneur, destinées à ne servir de sanctuaire que pendant
de brèves périodes.
A peine l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours eut-elle été organisée que le Seigneur montra
la nécessité d'un temple où Il pût révéler à l'homme Son
intention et Sa volonté, et où les ordonnances sanctifiantes
de l'Evangile pussent être administrées. Dans une révélation
donnée dès décembre 1830, le Seigneur dit: «Je
suis Jésus-Christ, le Fils de Dieu; c'est pourquoi ceignezvous
les reins et je viendrai soudain dans mon temple. »
(Doctrine et Alliances 36:8; Malachie 3:1.) En février 1831,
le Seigneur précisa Son intention en ces termes : « Afin
que le· peuple de mon alliance soit rassemblé en un seul
groupe le jour où je viendrai dans mon temple. Et je fais
cela pour le salut de mon peuple. » (Doctrine et Alliances
42:36.) Des instructions plus précises concernant les travaux
pratiques qu'entraînent l'achat d'un terrain et l'édification
d'un temple suivirent bientôt.
114 LA MAISON DU SEIGNEUR
EMPLACEMENT DU TEMPLE À INDEPENDENCE
(MISSOURI)
Le siège principal de l'Eglise avait été temporairement
établi à Kirtland, Ohio ; néanmoins, le prophète avait
appris par nne révélation précoce que Sion serait établie
loin dans l'ouest. En juin 1831, une conférence d'anciens
se tint à Kirtland, et à cette occasion, ils reçurent une
révélation enjoignant à certains anciens de partir vers
l'ouest, en voyageant par deux et en prêchant en cours
de route (Doctrine et Alliances, section 52 ; aussi 54).
Au cours du mois suivant, ces anciens se rassemblèrent
en un lieu désigné, dans le. Missouri occidental, tout
heureux de leur ministère et avides ~'apprendre les autres
désirs du Seigneur. Le thème de leur prière et de leur
chant est ainsi exprimé par le prophète : « Quand le désert
fleurira-t-il comme le jasmin ? Quand Sion sera-t-elle cons- '
truite dans sa gloire et où se dressera ton temple, auquel
doivent venir toutes les nations dans les derniers jours ? »a
En réponse à leurs supplications, le Seigneur parla par la
bouche de Son prophète, désignant l'ouest du Missouri
comme étant le pays de Sion, et l'emplacement occupé
par la ville d'Independence comme étant «le lieu central» ;
un endroit était spécifié comme étant celui où il faudrait
construire un temple (Doctrine et Alliances 57:1-4).
Le 3 août 1831, le prophète Joseph Smith et sept autres
anciens. de l'Eglise se réunirent sur la parcelle de terrain
du temple et la dédièrent en vue de son but sacré. Bien
que le groupe fût réduit, l'instant était fort solennel et
impressionnant. Le prophète lui-même offrit la prière .de
dédicace. b Le temple ainsi projeté reste encore à construire.
Bien que les Saints des Derniers Jours eussent
acquis légalement le titre de possession de cette parcelle
TEMPLES MODERNES 115
de terrain du temple, ils furent plus tard contraints par
la violence, d'abandonner leurs biens légitimes.
LE TEMPLE DE KIRTLAND
La construction d'un temple en Missouri était considérée,
même par le prophète et ceux qui l'assistèrent lors
de la dédicace du site, comme un événement appartenant
à l'avenir, peut-être même à un avenir assez lointain. Le
centre d'activité, le siège de l'Eglise se trouvait à cette
époque en Ohio, et Kirtland était un lieu de rassemblement
temporaire. C'est à Kirtland aussi que devait être érigé
le premier temple des temps modernes.
Dans une révélation donnée le 27 décembre 1832, le
Seigneur ordonna la fondation d'une maison sainte (Doctrine
et Alliances, section 88:119-120). Peut-être du fait
que les yeux étaient trop fixement tournés vers le « lieu
central», et parce que le peuple était enclin à s'absorber
dans la contemplation de la gloire future au point de
négliger les obligations présentes, il n'y eut guère d'empressement
à se plier à l'ordre de se mettre immédiatement à
la construction d'un temple, et le Seigneur réprimanda le
peuple pour sa lenteur et sa négligence tout en réitérant
Sa volonté de voir une maison consacrée à Son nom et
promettant le succès à condition que l'effort consenti fût
soutenu (Doctrine et Alliances seètion 95).
Les Saints firent preuve tout à coup d'une grande
activité, maintenant qu'il s'agissait de la construction d'un
temple à usage immédiat. On constitua un comité de con~truction,
et un appel fut lancé à toutes les branches de
l'Eglise. • Le deux août 1833, la voix du Seigneur se fit
à nouveau entendre au sujet de la construction du temple,
et bien que ces instructions spéciales parussent s'appliquer
116 LA MAISON DU SEIGNEUR
au temple futur du comté de Jackson, Missouri, la révélation
n'en eut pas moins un effet immédiat en suscitant
un plus grand effort pour la construction du temple de
Kirtland (Doctrine et Alliances 97: 1 0-1 7).
Le temple de Kirtland fut construit conformément aux
projets et aux plans, bien que le travail fût marqué par
un esprit de sacrifice extrême de la part de ce peuple
écrasé de pauvreté. Considérez ces paroles d'un contemporain,
une personne qui a aidé et souffert, et qui parle
d'expérience, en rappelant de vifs souvenirs. Eliza R. Snow,
poétesse de talent et . historienne de l'Israël moderne, . a
écrit :
«Il (le Temple) fut commencé en juin 1833, sous la
direction immédiate du Tout-Puissant, par l'intermédiaire
de son serviteur, Joseph Smith, qu'il avait appelé dans
sa jeunesse, comme jadis Samuel, pour introduire la plénitude
de l'évangile éternel.
« A cette époque, les· Saints étaient en nombre restreint,
et la plupart d'entre eux étaient très pauvres ; et n'eût été
la certitude que c'était Dieu qui avait parlé et qui avait
commandé qu'une maison fût construite à Son nom, dont
Il avait non seulement révélé la forme, mais aussi fixé
les dimensions, cette tentative de construire un Temple
dans les circonstances qui prévalaient alors, eût été qualifiée
d'absurde par tous les intéressés.
« Il mesure vingt-quatre mètres sur dix-huit ; les murs
ont quinze mètres de haut, et la tour trente-deux mètres.
Les deux salles principales mesurent seize mètres sur vingt
à l'intérieur. Le bâtiment renferme quatre petites salles
en façade, et cinq pièces mansardées qui étaient consacrées
à la littérature et aux réunions des différents collèges de
la Prêtrise.
<< La disposition du grand hall présentait une parti-
TEMPLES MODERNES 117
cularité qui impressionnait plus qu'il n'est habituel : à tel
point qu'un sentiment de crainte sacrée semblait peser
sur tous ceux qui y pénétraient. Non seulement les Saints,
mais les étrangers également manifestaient leur profond
respect. Quatre chaires se dressaient l'une auprès de
l'autre, au centre du bâtiment, alignées nord-sud, du côté
est et du côté ouest... En face de ces deux rangées de
chaires se trouvait une table de Sainte-Cène, pour l'administration
de cette ordonnance sacrée. Dans chaque coin
du hall se trouvait une estrade surélevée pour les chanteurs,
le choeur étant réparti en quatre groupes. En· plus
des rideaux de la chaire, il y en avait d'autres, se coupant
à angle droit, qui subdivisaient le grand hall du rez-dechaussée
en quatre sections égales, attribuant à chacune
la moitié d'une série de chaires.
« Depuis le jour où fut donné le premier coup de pioche
pour la pose des fondations du Temple jusqu'à sa dédicace,
le 27 mars 1836, le travail fut poursuivi avec vigueur.
« Avec très peu de capital à part leur cerveau, leurs
bras et leurs muscles, combinés avec une foi inébranlable
en Dieu, hommes, femmes et enfants même, travaillèrent
de toutes leurs forces. Tandis que les frères
oeuvraient, chacun dans sa spécialité, les soeurs s'employaient
activement à nourrir et à vêtir les ouvriers qui
ne recevaient pas d'autre aide, et tous vivaient aussi économiquement
que possible, de manière que le moindre sou
pût être affecté à la grande oeuvre, tandis que leur énergie
était stimulée par la perspective de participer à la bénédiction
que constitue une maison construite sous la direction
du Très-Haut et acceptée par Lui. »a
Les pierres angulaires avaient été posées le 23 juillet
1833, juste au moment où l'antagonisme et les persécutions
étaient les plus· générales dans les branches occi118
LA MAISON DU SEIGNEUR
dentales de l'Eglise, et le jour même où une populace
sans loi signifiait un déèret d'expulsion aux Saints du
Missouri: Néannioins, le travail au Temple de Kirtland
se poursuivit sans interruption, bien que les progrès
parussent lents au gré des Saints. Le 7 mars 1835, une
réunion solennelle se tint à Kirtland « convoquée dans le
but de bénir au nom du Seigneur ceux qui ont jusqu'ici
apporté leur aide à la construction, par le travail de leurs
mains ou autrement, de la Maison du Seigneur err cet
endroit. » Le texte donne le nom de ceux qui avaient
consacré leur temps, leurs forces et leurs moyens à cette
oeuvre.' Bien avant quele Temple ne fût achevé, certaines
parties du bâtiment étaient utilisées pour des réunions de
conseil et autres rassemblements de la prêtrise. En
janvier 1836 fut adopté un code de règles << à observer
dans la Maison du Seigneur à Kirtland »." Le 21 de ce
dernier mois, une réunion de la Prêtrise se tint dans le
Temple inachevé, et à cette occasion, le Patriarche Président
et les trois Grands-Prêtres qui composaient la Première
Présidence de l'Eglise se rassemblèrent seuls dans
une pièce et se plongèrent dans une prière solennelle.
Le Patriarche, Joseph Smith père, fut oint et béni successivement
par chaque membre de la Première Présidence,
après quoi, en vertu de son office, il les oignit et les bénit.
Parlant des glorieuses manifestations qui suivirent, le
prophète écrit ce qui suit :
«Les cieux s'ouvrirent sur nous et j~ vis le céleste
royaume de Dieu, et sa gloire ; je ne saurais dire si j'étais
dans mon corps ou hots de mon corps. Je vis la beauté
transcendante de la porte par laquelle pénétreront les
héritiers de ce royaume : elle était semblable à un cercle
de flammes. Je vis aussi le trône ardent de Dieu, sur lequel
étaient assis le Père et le Fils. Je vis les magnifiques rues
TEMPLES MODERNES 119
de ce royaume que l'on aurait dit pavées d'or ... Je vis les
Douze Apôtres de l'Agneau qui se trouvent maintenant
sur terre, qui détiennent le.s clés de cet ultime ministère
dans les pays étrangers, se tenant réunis en cercle, recrus
de fatigue, les vêtements en lambeaux et les pieds gonflés,
et les yeux baissés vers le sol; et Jésus se tenait
au milieu d'eux et ils ne le voyaient pas. Le Sauveur
les considérait et pleurait.
« Bèaucoup de mes frères qui reçurent l'ordonnance avec
moi virent aussi de glorieuses visions. Des anges leur
apportèrent leur ministère tout comme à moi-même, et
la puissance du Très-Haut reposa sur nous; la maison
était remplie de la gloire de Dieu et nous chantâmes
« Hosanna à Dieu et à l'Agneau ». Mon secrétaire aussi
reçut l'onction en même temps que nous et vit, dans une
vision, les armées célestes protégeant les Saints dans leur
retour à Sion, et beaucoup de choses que je vis moi-même.
« L'évêque de Kirtland et ses conseillers, ainsi qqe
l'évêque de Sion et ses conseillers étaient présents à nos
côtés et reçurent leur onction des mains de Joseph Smith
père, et ceci fut confirmé par la Présidence, et les gloires
du ciel leur furent dévoilées aussi.
Nous invitâmes alors les membres du Grand Conseil
de Kirtland et de Sion à entrer dans notre salle.
La vision des cieux leur fut aussi donnée. Certains
d'entre eux virent le visage du Sauveur, et d'autres reçurent
le ministère d'anges, et l'esprit de prophétie et de révélation
fut répandu en force sur eux ; de vibrants hosannas et
gloire à Dieu au plus haut des cieux saluèrent les cieux,
car nous étions tous en communion avec les armées
célestes. » h
La dédicace du Temple de Kirtland eut lieu le dimanche
27 mars 1836. Une heure matinale, 8 heures, avait été
.j
120 LA MAISON DU SEIGNEUR
fixée pour l'ouverture des portes ; mais si intense était
l'intérêt, et si grande l'attente, que des centaines de gens
s'étaient rassemblés près des portes bien longtemps avant
l'heure. Neuf cents à mille personnes assistèrent au service.
La congrégation siégeait en assemblée solennelle,
chacun des corps constitués de la Prêtrise occupant une
place désignée avec ses officiers présidents. L'hymne, la
lecture des écritures, et une prière implorant la grâce
divine furent suivis de brefs discours ; après quoi, les autorités
de l'Eglise telle qu'elle était constituée alors furent
présentées au peuple pour être acceptées ou rejetées et
le vote à main levée garantit un soutien unanime dans
chaque cas. Les autorités de la Prêtrise ainsi soutenues
comprenaient tous les officiers présidents, depuis la Première
Présidence jusqu'aux présidences de diacres. La
prière de dédicace fut offerte par Joseph Smith qui affirme
que cette prière lui fut donnée par révélation (Doctrine et
Alliances, section 109).
La question de savoir si la Maison du Seigneur était
acceptée comme dûment dédiée fut posée séparément aux .
différents collèges de la Prêtrise, et à la congrégation dans
son ensemble ; le vote donna oui à l'unanimité. Ensuite,
la Sainte-Cène fut administrée et beaucoup d'anciens rendirent
un témoignage solennel de la divinité de l'Evangile··
tel qu'il était rétabli. Le journal du prophète continue en
disant :
« Le président Frédéric G. Williams se leva et témoigna
que, pendant que le président Rigdon disait sa première
prière, un ange entra par la fenêtre, s'installa entre Joseph
Smith père et lui-même et y resta durant la prière. Le
président David Whitmer vit aussi des anges dans la maison.
Le président Hyrum Smith fit quelques commentaires
appropriés, félicitant ceux qui avaient enduré tant de
TEMPLES MODERNES 121
difficultés et de privations pour construire cette maison.
Le président Rigdon fit ensuite quelques remarques pour
terminer et. prononça une courte prière, au terme de
laquelle nous scellâmes les· cérémonies de la journée en
criant «Hosanna, Hosanna, Hosanna à Dieu et à l'Agneau»
trois fois, en le scellant chaque fois par « Amen, Amen,
et Amen.»'
Le soir du jour de la dédicace, se tint une autre réunion ;
à celle-ci, toutefois, n'assistèrent que les officiers de l'Eglise.
Le rapport qu'en fit le prophète est conçu en ces termes :
«J'ai rencontré les collèges dans la soirée et leur ai
donné des instructions concernant l'ordonnance du lavement
des pieds, à laquelle ils devaient assister le mercredi
suivant ; je leur ai donné aussi des instructions concernant
l'esprit de prophétie.
«Frère George A. Smith se leva et se mit à prophétiser,
lorsqu'on entendit comme le bruit d'un vent violent, impétueux,
qui remplit le Temple, et toute la congrégation se·
dressa en même temps, comme mue par un pouvoir
invisible ; beaucoup se mirent à parler en langues et à
prophétiser ; d'autres virent de glorieuses visions ; moi,
je vis que le Temple était rempli d'anges, et je le déclarai
à la congrégation. Les gens du voisinage accoururent
(entendant un bruit inhabituel à l'intérieur et voyant une
lumière brillante semblable à une colonne de feu reposer
sur le Temple) et furent frappés d'étonnement en voyant
ce qui se passait. Ceci dura jusqu'à ce que la réunion fût
terminée, à 11 heures du soir. »'
Le jeudi suivant ce sabbat mouvementé, une autre
réunion solennelle se tint dans le Temple, comprenant,
comme précédemment, les autorités générales de l'Eglise
122 LA MAISON DU SEIGNEUR
et, en outre, les membres qui n'avaient pas réussi à y
entrer la fois précédente. Les cérémonies furent dans une
certaine mesure la répétition de celles du premier jour ;
on lut la prière de dédicace, on joua une musique' de circonstance,
et on prononça des discours.
Le fait que ce bâtiment était véritablement un Temple,
un édifice sacré, accepté par Celui au nom de qui il avait
été consacré, que c'était vraiment une Maison du Seigneur,
avait été attesté par la visitation d'êtres célestes et par
des manifestations divines surpassant toute attente, comme
on put le constater le soir du jour de la dédicace. Le
sabbat suivant, le 3 avril 1836, se produisirent des visitations
et des manifestations de plus grande ampleur
encore. Durant le service de l'après-midi, on administra
la Sainte-Cène, après quoi le prophète et son conseiller,
Olivier Cowdery, se retirèrent dans le local réservé aux
officiers présidents de la Prêtrise de Melchisédek, qui
était fermé de rideaux, ou de yoiles baissés pour la circonstance.
Ils témoignèrent solennellement qu'en cet endroit
même le Seigneur Jésus-Christ se révéla à eux. Ensuite,
d'autres personnages célestes exercèrent leur ministère
auprès d'eux, chacun d'eux remettant ou conférant l'autorité
particulière dont il était spécialement investi. Voici
le témoignage de Joseph Smith et Olivier Cowdery :
« Le voile fut enlevé de notre esprit, et les yeux de
notre entendement furent ouverts.
Nous. vîmes le Seigneur debout sur la balustrade de
la chaire devant nous. Sous ses pieds il y avait un pavement
d'or pur, d'une couleur semblable à l'ambre.
Ses yeux étaient de flamme, ses cheveux étaient blancs
comme la neige immaculée, son visage était plus brillant
que l'éclat du soleil et sa voix était comme le bruit du
TEMPLES MODERNES 123
déferlement des grandes eaux, ·savoir la voix de Jéhovah
disant : ·
Je suis le premier et le .. demier; je suis celui qui vit,
je suis celui qui a été immolé ; je suis votre avocat auprès
du Père.
Voici, vos péchés vous sont pardonnés ; vous êtes purs
devant moi ; levez donc la tête et réjouissez-vous.
Que le coeur de vos frères se réjouisse et que tout mon
peuple se réjouisse en son coeur,. oui, mon peuple qui a
bâti de toutes ses forces une mruson en mon nom.
Car voici, j'ai accepté cette maison, et mon nom sera
ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple
dans cette maison.
Oui, j'apparaîtrai à mes serviteurs et je leur parlerai
de ma propre voix si mon peuple veut ~arder m~s commandements
et ne souille pas cette ma1son sacree.
Oui des milliers et des dizaines de milliers se réjouiront
grand:ment en leur coeur à cause des bénédictions qui
seront déversées sur mon peuple. J'ai dit. Amen.
Lorsque cette vision se fut refermée, les cieux s'ouvrirent
de nouveau à nous; ·Moïse apparut devant nous et n~us
remit les clefs pour rassembler Israël des quatre coms
de la terre et pour ramener les tribus du pays du nord.
Après cela, Elias apparut et remit la dispensation de
l'évangile d'Abraham, disant qu'en nous et. en ~~tre
postérité toutes les générations après nous serment b~~1es.
Lorsque cette vision se fut refermée, une autre VlSl~n,
grande et glorieuse, se déploya devant nasA yeux: Elie,
le prophète qui fut enlevé au ciel sans gouter la mort,
se tint devant nous et dit :
Voici le temps est pleinement arrivé, ce temps dont
il a été 'parlé par Malachie, lorsqu'il témoigna qu'il (Elie)
124 LA MAISON DU SEIGNEUR
serait envoyé avant que le jour de l'Eternel arrive, ce
jour grand et redoutable. ·
Pour tourner le coeur des pères vers les enfants, et le
coeur des enfants vers les pères, de peur que la terre tout
entière ne soit frappée de malédiction.
C'est pourquoi les clefs de cette dispensation sont
remises entre vos mains, et vous saurez par là que lé
jour de. l'Eternel, ce jour grand et redoutable, est proche,
et même à la porte. » •
L'édification du Temple de Kirtland sembla accroître
l'antagonisme hostile que l'Eglise subissait depuis son
organisation et la persécution devint bientôt si violente,
que tous les Saints qui purent disposer de leurs biens
et s'en aller le firent et allèrent rejoindre leurs coreligionnaires
dans le Missouri. En moins de deux ans après la
dédicace, un exode général des Saints s'était produit, et
le Temple tomba bientôt aux mains des persécuteurs. Le
bâtiment est toujours debout, et est utilisé comme lieu
de réunion ordinaire par une secte obscure qui ne manifeste
pas d'activité particulière en matière de construction de
temples ni de croyance apparente dans les ordonnances
sacrées en vue desquelles les temples sont construits. Le
peuple dont les sacrifices et les souffrances édifièrent cette
construction ne prétend plus en être le propriétaire. Ce
qui fut jadis le Temple de Dieu, où le Seigneur Jésus
apparut ·en personne, n'est plus qu'une maison, un bâtiment
dont la seu1e prétention à se distinguer des constructions
innombrables faites de main d'homme, réside dans
son passé merveilleux.
EMPLACEMENT DU TEMPLE À FAR WEST, MISSOURI
En quittant l'Ohio, l'Eglise émigra à l'ouest, et des
lieux de ralliement furent établis en Missouri, principa-
TEMPLES MODERNES 125
lement dans les comtés de Jackson, de Clay et de Caldwell.
On ne perdit pas de temps à regretter vainement
l'abandon forcé du Temple de Kirtland. Même en ces
premiers temps de l'Eglise, sept ans seulement après son
organisation, le peuple en était arrivé· à considérer la
persécution comme une conséquence inévitable de sa
religion, et la spoliation comme son héritage. Résolument
ils se mirent à l'oeuvre pour préparer un autre temple,
et un emplacement fut choisi à Far West, comté de Caldwell,
en Missouri. Le 5 août 1837, «la Présidence, le
grand conseil et toutes les autorités de l'Eglise dans le
Missouri se réunirent en conseil à Far West et résolurent ·
à l'unanimité de progresser avec modération et de construire
une maison au nom du Seigneur à Far West, à
mesure qu'ils en auraient les moyens. »' Le 26 avril 183 8,
ils reçurent une révélation fixant le moment et la manière
de commencer le travail :
« Que la ville, Far West, soit un pays saint et consacré
à moi ; et il sera appelé très saint, car la terre sur laquelle
vous vous tenez est sainte. C'est pourquoi, je vous commande
de me bâtir une maison pour le rassemblement des
saints, afin qu'ils m'adorent. Que le commencement de ce
travail, les' fondations et le travail préparatoire se fassent
l'été prochain. Que l'on commence le quatrième jour du
prochain mois de juillet ; et que mon peuple travaille dès
lors diligemment à bâtir une maison à mon nom. Et que
dans un an, à partir de ce jour, on recommence à poser les
fondations de ma maison. » (Doctrine et Alliances
115:7-11.) Le 4 juillet 1838, les pierres d'angle furent
posées avec accompagnement d'une parade militaire et
d'une procession solennelle. m Il apparaît nettement de la
révélation du 26 avril 183 8, que même la pose des fondations
du temple projeté ne se ferait pas sans interruption.
126 LA MAISON DU SEIGNEUR
·Les pierres d'angle furent posées le 4 juillet comme il avait
été ordonné, et, le 8, il est à nouveau fait mention de
l'emplacement en rappot:t avec une demande spéciale
concernant le futur travail des apôtres : « Qu'ils prennent
congé de mes saints dans la ville de Far West le vingtsixième
jour d'avril prochain à l'endroit où sera construite
ma maison, dit le Seigneur. » (Doctrine et Alliances 118:5.)
Les mois qui suivirent furent marqués par des persécutions
et des violences ; une opposition hostile déclara que la
mission ne serait jamais remplie. Cependant, l'histoire
atteste que le vingt-sixième jour d'avril 1839, les apôtres,
· plusieurs autres officiers de l'Eglise et un certain nombre
de membres se rassemblèrent aux premières heures de la
matinée, chantèrent leurs hymnes, adressèrent ·leurs exhortations
et se mirent en devoir de poser les pierres de la
fondation. A cette occasion, deux vacances dans le Conseil
des Douze furent remplies par l'ordination de Wilford
Woodruff et de George A. Smith, dont la nomination avait
été acceptée · antérieurement. Ensuite les apôtres prirent
congé des autres personnes présentes et poursuivirent leur
mission. Presque immédiatement après l'événement rapporté
en dernier lieu, les Saints furent contraints d'ahan- ·
donner leurs foyers du Missouri.
Les Saints des Derniers Jours considèrent le long retard
subi par l'érection des temples sur les emplacements dédiés
à cet effet dans le Missouri, comme étant principalement
la conséquence de leur propre défection, de leur négligence
et de leur désobéissance à la parole du Seigneur, en sorte
qu'il fut permis à leurs ennemis de se montrer les plus
forts. Quand, en 1834, les Saints du Missouri furent
l'objet de cruelles persécutions, leur cqreligionnaires des
branches orientales de l'Eglise reçurent pour instruction
d'aller à lëur aide, et d'envoyer des hommes avec de
TEMPLES MODERNES 127
l'argent acheter les terrains adjacents aux emplacements
choisis et en outre consacrer tout ce qu'ils possédaient à la
rédemption de Sion. Deyalit ces dernières exigences, la
réaction fut peu satisfaisante, et même au Camp de Sion,
ainsi que l'on appelait le corps de cent cinquante à deux
cents hommes qui quittèrent l'Ohio pour le Missouri· selon
les instructions reçues, il y avait fort peu d'enthousiasme,
on murmurait, on manquait de foi. Le 22 juin 1834, le
Seigneur déclara par l'intermédiaire de Joseph le prophète :
«Voici, je vous le dis, n'étaient les trangressions de mon
peuple, et je parle de l'Eglise et non d'individus, il aurait
pu être racheté dès maintenant. » (Doctrine et Alliances
105:2; voyez aussi 103:23 et comparez avec 105:8-9 ; il
faudrait lire les deux sections en entier.)
Ainsi, à cause de leurs propres transgressions, les Saints
furent gênés dans le travail qui était attendu d'eux, et la
moisson de bénédictions que devait apporter ce travail
particulier, n'a pas encore mûri.
LE TEMPLE DE NAUVOO
Après leur expulsion du Missouri, les réfugiés « Mormons
» tournèrent leurs regards vers l'est, traversèrent le
Mississippi et s'établirent dans l'obscure localité de Commerce,
comté de Hancock, Illinois, et dans ses environs.
Le peuple fit encore une fois preuve de son étonnante
capacité de récupération et se mit sans délai ni hésitation
à établir de nouveaux foyers et un nouveau temple. Au
début de juin 1839, les habitations étaient en voie de
construction, et bientôt ce hameau se transforma en ville.
A ce nouveau lieu de résidence, les Saints donnèrent le
nom de Nauvoo, qui signifiait pour eux tout ce que pouvait
impliquer «Cité magnifique». Elle n'était qu'à quel-·
128 LA MAISON DU SEIGNEUR
ques milles de Quincy, dans une courbe du fleuve majestueux,
ce qui permettait d'y accoster de trois côtés. Elle
semblait se nicher là comme si le Père des Eaux l'entourait
de son bras puissant."
Le meilleur· emplacement, celui qui convenait le mieux
dans les limites de la ville fut, selon le plan, choisi, acheté
et dûment mis à part comme terrain pour le temple. Les
pierres d'angles furent posées le 6 avril 1841, le jour où
l'Eglise entrait dans la douzième année de sa carrière
troublée et pourtant en progrès. La Légion de Nauvoo,
corps de milice levé conformément aux lois de l'Illinois,
prit une part importante aux cérémonies organisées ce
jour-là, et deux compagnies de volontaires du Territoire
d'Iowa y participèrent également. • La pierre angulaire
sud-est fut posée sous la direction immédiate de la Première
Présidence, et le Président prononça sur elle la
bénédiction suivante :
« Cette principale pierre d'angle, symbole de la Première
Présidence, nous la posons officiellement en l'honneur
du Grand Dieu ; puisse-t-elle rester là jusqu'à ce
que tout le bâtiment soit achevé ; et puisse celui-ci être
terminé rapidement ; de manière que les Saints aient un
lieu pour y adorer Dieu, et le Fils de l'Homme un endroit
où poser Sa tête. »
Sidney Rigdon, de la Première Présidence, prononça
~nsuite . ces paroles :
«Puissent les personnes employées à l'édification de
cette maison être préservées de tout mal aussi longtemps
qu'elles seront occupées à sa construction et jusqu'à ce
que le tout soit achevé, au nom du Père, et du Fils et du
Saint-Esprit. J'ai dit. Amen. »p
Après s'être retirée pendant une heure, l'assemblée se
réunit de nouveau, et. les pierres d'angle restantes furent
TEMPLES MODERNES 129
posées dans l'ordre indiqué. La pierre sud-ouest fut posée
sous la direction de l'organisation des Grands-Prêtres, et
son président prononça ce. qui suit :
« La deuxième pierre d'angle du temple que construit
maintenant l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours en l'honneur du Grand Dieu est officiellement
posée; puisse la même unanimité qui s'est manifestée en
cette occasion durer jusqu'à ce que le tout soit achevé;
que la paix y règne jusqu'à ce que la pierre du faîte soit
posée et la clé tournée ; afin que les Saints puissent avoir
part aux bénédictions du Dieu d'Israël dans l'enceinte de
ses murs et que la gloire de Dieu repose sur ceux-ci.
Amen.»
Ensuite, c'est la pierre d'angle nord-ouest qui fut mise
en place sous la surintendance du Grand Conseil, avec une
bénédiction dite par Elias Higbee en ces termes :
«La troisième pierre d'angle est à présent officiellement
posée ; puisse cette pierre être un soutien ferme pour le
bâtiment, de manière que le tout puisse être achevé tel
qu'il a été conçu. »
La pierre d'angle nord-est fut posée par les évêques, et
l'évêque Whitney prononça ce qui suit :
« Cette quatrième et dernière pierre d'angle, symbole de
la Prêtrise inférieure, est maintenant posée officiellement ;
puissent toutes les bénédictions prononcées jusqu'ici, ainsi
que toutes les autres bénédictions désirables, reposer sur
elle à jamais. Amen. » •
A propos de la pose des pierres angulaires de Nauvoo,
le prophète Joseph Smith écrivit ce qui suit touchant le
processus qu'il convient de suivre en matière de construction
de temples :
« Si l'on veut exécuter strictement l'ordre de la Prêtrise
dans la construction des temples, la première pierre doit
130 LA MAISON DU SEIGNEUR
être posée à l'angle sud-est, par la Première Présidence de
l'Eglise. Ensuite l'angle sud-ouest; puis l'angle nord-ouest,
et enfin l'angle nord-est. La Première Présidence doit poser
la pierre d'angle sud-est et désigner les personnes habilitées
· à poser les autres pierres d'angle.
Si l'on construit un temple éloigné, et que la Première
Présidence ne soit pas présente, c'est le Collège des Douze
Apôtres qui doit désigner l'ordre pour ce temple; et en
l'absence des Douze Apôtres, c'est la Présidence du Pieu
qui posera la pierre d'angle sud-est; la Prêtrise de Melchisédek
posera les pierres angulaires du côté est du temple,
et la Prêtrise inférieure, celles du côté ouest. » •
Le Temple de Nauvoo fut édifié par le peuple qui
apporta une contribution libérale, tant en dîmes qu'en
offrandes volontaires d'argent et de main-d'oeuvre. Le plus
gros du travail fut effectué par des hommes qui donnaient
la dîme de leur temps et consacraient ainsi - au moins
un jour sur dix - leur énergie au chantier du Temple.·
Le travail progressait lentement, mais sans interruption
notable, ce qui s'avère surprenant lorsqu'on se met à
cûnsidérer les nombreuses conditions défavorables. Les
Saints ne profitèrent que d'un répit passager dans la persécution,
et à mesure que le Temple s'élevait, l'opposition
s'accrut.'
L'intérêt avàit été avivé et les énergies stimulées en
matière de temple par une révélation dans laquelle le
Seigneur faisait connaître Sa volonté et ce que prévoyaient
les lois célestes touchant l'ordonnance sacrée du baptême
pour les morts. On se souvient que rien n'avait été prévu
pour ce rite dans le Temple de Kirtland, car à l'époque où
fut édifié ce bâtiment, la révélation moderne n'avait rien
apporté à ce sujet. Le 19 janvier 1841, le Seigneur avait
parlé par l'intermédiaire du prophète, expliquant la néces-
TEMPLES MODERNES 131
sité d'avoir une maison sainte pourvue d'un baptistère,
principalement et tout particulièrement au bénéfice des
morts. (Doctrine et Alliances 124:28-31.) Si grand était
le désir des Saints de rèndre à leurs morts ce service
vicarial, qu'avant que les murs eussent· dépassé le niveau
du sol, la construction des fonts était déjà bien avancée.
Le 8 novembre 1841, les fonts étaient prêts pour la dédicace
et la cérémonie fut célébrée par le prophète lui-même.
Ainsi, longtemps avant que le Temple fût achevé, l'oeuvre
des ordonnances progressa sur son emplacement, les fonts
étant entourés de murs provisoires. En voici une description
rédigée par Joseph Smith :
« Les fonts baptismaux sont situés au centre du sous-sol,
sous le hall principal du temple ; ils sont construits en bois
de pin, et les chevrons sont assemblés par tenons et mortaises
; leur forme est ovale, seize pieds (quatre mètres
quatre-vingts) de long d'est en ouest, douze pieds (trois
mètres soixante) de large, sept pieds (deux mètres dix) de
haut à partir de la base, la cuve a quatre pieds (un mètre
vingt) de profondeur ; la moulure des pourtours inférieur
et supérieur est constituée par un magnifique travail de
sculpture· de style antique.
Les côtés sont lambrissés. Une volée de marches du
côté nord et du côté sud permettent de franchir le bord
et de descendre dans la cuve ; elles sont bordées de
rampes.
Les fonts se dressent sur douze boeufs, quatre de chaque
côté et deux à chaque bout, la tête, les épaules et les pattes
de devant ressortent de dessous les fonts ; ils sont sculptés
dans du pin massif, et collés ensemble ; ils ont été copiés
sur les plus beaux taureaux de cinq ans que l'on ait pu
trouver dans le pays, et leur ressemblance avec les originaux
est vraiment frappçmte ; les cornes ont été façonnées
d'après .les cornes les plus parfaites que l'on ait pu se
procur~r.
Les boeufs et les moulures ornementales des fonts ont
été sculptés par l'ancien Elijah Fordham, de New York, et
132 LA MAISON DU SEIGNEUR
cela lui a pris huit mois. Les fonts ont été enfermés dans
une construction provisoire de bardeaux, avec un toit du
même matériau, si bas que les planchers du rez-de-chaussée
du temple furent posés par-dessus. L'eau était fournie
par un puits profond de trente pieds (dix mètres) situé à
l'extrémité est des fondations. »"
Outre le baptistère, d'autres parties du Temple furent
préparées pour servir provisoirement pendant que la construction
des murs progressait, et, le dimanche 30 octobre
1842, une assemblée générale s'y réunit. Les rapports la
mentionnent comme étant la première réunion qui se soit
tenue au Temple." A d'autres dates dans la suite, d'autres
réunions se tinrent dans le bâtiment inachevé, et nonobstant
une violente opposition de la part de l'ennemi du
dehors et les obstacles encore plus réels causés par l'esprit
d'apostasie qui se manifestait chez un petit nombre de
membres de l'Eglise, le travail fut poursuivi avec énergie.
Il ne fut pas permis à Joseph Smith, le prophète, ni
à Hyrum Smith, qui fut jadis conseiller à la Première Présidence
et plus tard Patriarche de l'Eglise, de vivre assez
longtemps pour voir le bâtiment achevé. Le 27juin 1844,
ces hommes de Dieu tombèrent victimes des balles de
leurs assassins à Carthage, Illinois."' Bien que le coup
porté aux Saints par le martyre de leurs dirigeants fût dur,
et cruelle leur affliction, le travail de l'Eglise n'en fut
guère ralenti. Moins de deux semaines après l'horrible
événement, la construction du Temple fut reprise, et depuis
ce moment jusqu'à l'achèvement de l'oeuvre, le travail fut
poursuivi avec une énergie et une détermination accrues.
Quelques mois avant son martyre, le Patriarche Hyrum
Smith, agissant en qualité de membre du Comité du
Temple, avait lancé un appel aux femmes de l'Eglise,. leur
demandant de . souscrire hebdomadairement un · « cent »
TEMPLES MODERNES 133
par personne (0,05 FF ; 0,50 FB ; 0,04 FS), cet argent
étant destiné à l'achat de matériel, surtout du verre et
des clous, pour le Temple. On rapporte que « on vit bientôt
se manifester parmi h~s soeurs un vif désir de payer
leur part, et presque toutes payèrent un ·an de souscription
d'avance. » oe
Les archives de l'Eglise pour 1844 et 1845 renferment
de nombreuses références au sujet de l'état d'avancement
des travaux. Le 24 mai 1845, la dernière pierre fut posée
avec un cérémonial impressionnant, sous la direction du
président Brigham Young et d'autres membres du Conseil
des Douze Apôtres, aux côtés desquels se trouvaient de
nombreuses autorités générales et locales de l'Eglise. Après
que la pierre eut été dûment posée, le Président déclara :
« Void que la dernière pierre est posée sur le Temple,
et je prie le Tout-Puissant, au nom de Jésus, de nous
défendre en ce lieu et de nous soutenir jusqu'à ce que le
Temple soit terminé et que nous ayons tous reçu nos
dotations. » v
Puis vint le cri solennel et sacré : « Hosanna ! Hosanna !
Hosanna ! à Dieu et à l'Agneau ! Amen ! Amen ! et
Amen ! » Il fut répété une seconde puis une troisième fois ;
et pour terminer le président dit : « Qu'il en soit ainsi,
Seigneur Tout-Puissant ! » (Rapport Historique, vol. VII,
p. 870.)
Les sombres nuages de la persécution s'amassaient et
s'épaississaient sur ce peuple dévoué. Sur le conseil de
leurs dirigeants, ils se préparèrent une fois encore à quitter
leurs foyers, et cette fois, ils résolurent d'aller au-delà des
frontières du monde civilisé. Un exode général se préparait,
et dès février 1846, il avait commencé. La plupart
des Saints, cependant, demeurèrent encore un peu de
temps, et pour ceux-ci, l'achèvement du Temple était le but,
134 LA MAISON DU SEIGNEUR
l'objectif principal de la vie. Bien qu'ils sussent que l'édifice
sacré dût. être bientôt abandonné, ils oeuvrèrent diligemment
pour le terminer, jusque dans les moindres
détails.
Dès octobre 1845, le bâtiment était si avancé qu'il était
possible d'y tenir de grandes assemblées. La conférence
générale d'automne de l'Eglise se tint cette année-là à
l'intérieur des murs, et l'assemblée présente le 5 octobre
comptait plus de cinq mille âmes. Au cours de décembre
1845 et des premiers mois de 1846, beaucoup de Saints
reçurent leur bénédiction et leur dotation dans le Temple,
car des parties du bâtiment avaient été dûment consacrées
à cet effet, mais ce n'est que fin avril que l'ensemble fut
prêt pour la dédicace.
Le Temple de N auvoo était construit en majeure partie
en un calcaire à grain fin, gris clair, matériau à la fois
résistant et durable, et pourtant facile à travailler, et· se
prêtant donc bien aux finitions ornementales. Le bâtiment
entier mesurait trente-neuf mètres sur vingt-six et vingt
mètres de haut. La pointe de la flèche se trouvait à
quarante-huit mètres au-dessus .du sol et supportait la
statue d'un héraut ailé sonnant de la trompette. D'aspect
général, la construction était un solide quadrilatère haut
de deux étages et demi avec, à l'avant, une tour hexagonale
s'élevant en quatre terrasses et surmontée d'un dôme.
Au-dessus de la porte centrale, dans la façade et immédiatement
en dessous de la base de la tour, figurait l'inscription
suivante :
La Maison du Seigneur
Edifiée par l'Eglise ·de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours
Sainteté au Seigneur
TEMPLES MODERNES 135
A l'extérieur ressortaient trente pilastres, neuf de chaque
côté et six à chaque bout. Chaque pilastre portait en
relief sur sa base une lune à son premier quartier et se
terminait vers le haut par un chapiteau de pierre sculptée
représentant la face du soleil sous une forme allégorique,
avec deux mains tenant des cornes. Au-dessus des chapiteaux,
il y avait une frise ou corniche ornée de trente
étoiles de pierre. Vers la fin de la journée du 30 avril 1846,
le Temple fut dédicacé dans l'intimité, quoique officiellement,
en présence des autorités générales que l'on put
réunir. Le président Joseph Young, du Premier Conseil
des Soixante-Dix, offrit la prière de dédicace. Le caractère
semi-privé de cette dédicace était dû à la pensée qu'une
cérémonie publique .serait troublée, tant était actif l'esprit
d'intolérance et de persécution. Le jour suivant, c'est-àdire
le 1er mai 1846, des services d'une nature générale
et publique se tinrent dans le Temple sous la direction des
anciens Orson Hyde et Wilford Woodruff du Conseil des
Douze Apôtres. ·
, Les Saints avaient satisfait à l'exigence posée par le
Seigneur de construire une autre Maison à Son nom.
L'oeuvre des ordonnances se poursuivit pendant encore
quelques mois, en dépit du fait que l'exode des membres
s'accentuait. En septembre 1846, le Temple de Nauvoo
tomba aux mains de la populace, et ce~ gens dont l'énergie
et la substance, dont la sueur et le sang avaient contribué
à son édification, furent chassés dans le désert ou tués.
Pendant deux ans, le bâtiment jadis sacré ressembla à
un bâtiment abandonné ; puis, le 19 novembre 1948, il fut
la proie d'un incendie allumé par un fou. Après le sinistre,
il ne demeura plus que des murs noircis, là où jadis s'était·
élevé un sanctuaire si majestueux. Chose étrange à dire,
une organisation locale, les Icariens, "fit une tentative pour
136 LA MAISON DU SEIGNEUR
relever les ruines, dans l'intention avouée d'y tenir une ·
école, mais alors que le travail en était encore à ses débuts,
une tornade démolit la plus grande partie des murs. Ceci
se produisit le 27 mai 1850. Ce qui restait encore du
Temple a été emporté par les chasseurs de souvenirs ou
utilisé comme matériau de construction pour d'autres.
bâtiments. Les pierres du Temple ont été emportées dans
la plupart des états de l'Union et au-delà des mers, mais
sur l'emplacement où se dressait jadis la Maison du Seigneur,
il ne reste pas pierre sur pierre. Avant même que
la démolition du Temple de Nauvoo ne fût complète, les
Saints des Derniers Jours s'étaient établis dans les vallées
de l'Utah et se préparaient déjà à construire un autre·
sanctuaire, plus grandiose, au nom de leur Dieu et pour
Son service.
NOTES DU CHAPITRE V
a Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, vol. I,
p. 189.
b Voyez «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. I, p. 199 ; également la «Vie de Joseph Smith», par George Q. Cannon,
p. 119; voyez encore «Histoire de l'Utah», par Orson F. Whitney, vol. I,
p. 91.
• «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours »,
vol. I, pages 349, 350.
• «Vie de Joseph le Prophète », par Edward W. Tullidge, pages 187-189.
• «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. I, page 400.
r «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ dès Samts des Derniers Jours»,
vol. II, pages 205-206.
u «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours »,
vol. II, pages 368-369.
-.\
NOTES 137
h «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. II, pages 380-382.
' «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. II, pages 427-428.
J « Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. II, page 428.
~ Doctrine et Alliances, section 11 O. Voyez aussi « Histoire de l'Eglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours», vol. II, pages 434-436.
1 «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours>>,
vol. II, page 505.
·m «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. III, pages 41-42.
n «Histoire du Mormonisme», par le même auteur, page 35. Edit. anglaise.
• Journal de Joseph Smith, 6 avril 1841 ; voyez «Histoire de l'Eglise de
Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours», vol. IV, pages 327-329.
v «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. IV, page 329.
• « Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. IV, page 330.
r «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. IV, page 331.
s «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours »,
vol. IV, page 517.
• Dans « Times and Seasons >> du 2 mai 1842 parut un éditorial traitant des
progrès des travaux du Temple, et ce texte a été repris dans le. journal du
prophète. «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Dermers Jours»,
vol. V, pages 608-610.
u « Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours>>,
vol. IV, pages 446-447.
• « Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. V, page 182 •
.. «Histoire de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours»,
vol. VI, pages 612-631 ; également Doctrine et Alliances, section 135.
"' Rapport Historique, Salt Lake City, juin 1889, vol. VIII, pages 865-866.
v Rapport Historique, Salt Lake City, juin 1889, vol. VII, page 870.
. CHAPITRE VI
LE GRAND TEMPLE DE SALT LAKE CITY, UTAH
HISTORIQUE
Là où en 1847, il n'y avait qu'un désert d'hélianthes et
d'armoise s'étendant à l'ouest de la chaîne des Wasatch
jusqu'aux rives du Grand Lac Salé, se dresse maintenant une
cité majestueuse, ainsi qu'il était apparu dans une vision
prophétique. Sur l'emplacement choisi quatre jours seulement
après l'arrivée de la troupe des pionniers des colons
« Mormons », se dresse une construction massive, • dédiée
au nom du Très-Haut. Elle est à la fois un objet d'émerveillement
et d'admiration pour le visiteur et un sujet de
joie sanctifiante et d'orgueil ~égitime pour ces gens dont
les sacrifices et les efforts l'ont appelé à l'existence.
Sur la tour centrale du côté est figure une inscription
dont ·les lettres . sont profondément taillées dans la pierre
et rehaussées d'or :
Sainteté au Seigneur
La Maison du Seigneur
Edifiée par l'Eglise de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours
Commencée le 6 avril 1853
Achevée le 6 avril 1893
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 139
Dans l'une des salles supérieures un splendide vitrail
offre une excellente reproduction du bâtiment achevé et
présente deux inscriptions . latérales ainsi conçues :
Pierre d'angle posée le 6 avril 1853
par le Président Brigham Young
assisté de ses Conseillers
Heber C. Kimball, Willard Richards
Dédié le 6 avril 1893
par le Président Wilford Woodruff
assisté de ses Conseillers
George Q. Cannon, Joseph F. Smith
Ces tablettes commémoratives de pierre et de verre
travaillés fournissent les dates essentielles de l'histoire du
grand Temple ; mais quelques autres éléments pourraient
peut-être intéresser le lecteur.
Le bloc du Temple, un terrain de dix acres (quatre
hectares) fut réservé en 184 7 et est actuellement un des
meilleurs emplacements de la cité. A la Conférence Générale
de l'Eglise qui se tint en avril 1851, on procéda. à un
vote officiel autorisant l'érection du Temple. Il faut se
souvenir que ceci était le fait d'un peuple pauvre, dénué de
tout, en lutte avec un désert indompté et constamment
menacé par des indigènes hostiles, et qu'à cette époque, la
population totale de l'Utah ne dépassait pas trente mille
âmes, dont moins de cinq mille habitaient sur le territoire
de la future cité. Une lettre ouverte émanant de la Première
Présidence de l'Eglise, en date du 7 avril 1851 est fort
instructive à cet égard :
· « Il a été projeté d'établir une voie ferrée depuis le bloc
du Temple dans cette ville jusqu'à la carrière de pierre
·dans la montagne à l'est, en vue du transport des matériaux
140 LA MAISON DU SEIGNEUR
de construction ; la construction commencera immédiatement.
... Nous envisageons d'entourer le Bloc du Temple
d'un mur cette saison-ci, afin· d'être prêts à poser les fondations
d'un Temple l'année prochaine; nous sommes
certains de le faire si tous les Saints se montrent prêts à
payer leur dîme, à sacrifier une partie de leurs biens et à
les consacrer à cette oeuvre aussi libéralement que nous le
ferons nous-mêmes ; et si les Saints ne paient pas leur
dîme, nous ne pourrons ni construire ni nous préparer à
construire ; et s'il n'y a pas de Temple construit, les
Saints ne pourront avoir de dotation, et s'ils ne reçoivent
pas leur dotation, ils ne pourront jamais arriver à ce salut
qu'ils espèrent si ardemment. » G
Il avait été décidé d'entourer tout le bloc d'un mur
solide. Le début du travail fut ajourné au 3 août 1852
faute de matériaux et d'hommes, mais à partir de cette
date, il progressa assez rapidement, et le 23 mai 1857, le
mur était terminé, pratiquement tel qu'il est maintenant.
II a les dimensions d'un bloc de la ville : deux cents mètres
dans chacune des quatre directions, et, fait intéressant à
noter, ces dimensions sont pratiquement les mêmes que
celles de l'enceinte des terrains sur lesquels s'élevait le
Temple d'Hérode. b Ce mur a un soubassement en pierre
de taille, un grès rouge provenant des montagnes à l'est;
ce soubassement a un mètre vingt de haut et supporte des
rangées de briques s'élevant à trois mètres plus haut ;
vient enfin un couronnement de grès rouge de trente centimètres
d'épaisseur, ce qui donne au mur une hauteur totale
de quatre mètres cinquante. Les briques sont masquées par
un revêtement durable en ciment. L'accès de cette enceinte
est assuré par quatre grandes grilles situées au milieu de
chacun des quatre côtés. Quand ce mur fut construit, le
City Creek traversait le bloc du Temple ; actuellement, ce
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 141
ruisseau . est enfermé dans un canal rectiligne au nord du
bloc ; les arches sous lesquelles ce ruisseau passait jadis,
sont encore visibles dans le soubassement du mur, tant à
l'est qu'à l'ouest.
La construction du mur, qui était en soi une entreprise
vaste et coûteuse pour des gens qui se trouvaient dans cette
situation, n'était qu'une affaire secondaire, comparée à la
grande oeuvre que représentait l'érection du Temple. L'intérêt
pour ce travail n'eut jamais l'occasion de baisser ;
poètes et prédicateurs en faisaient leur thème favori et cette
obligation de première urgence était constamment rappelée
au public. On faisait comprendre au peuple que la mission
de construire le Temple leur incombait à eux, et non pas
seulement à leurs dirigeants.
L'emplacement fut dédié et le premier coup de pioche
donné le 14 février 1853. Cet événement était mémorable
et fut célébré par les Saints comme un jour de réjouissance
publique. Entre la date du premier coup de pioche et celle
de la Conférence- de l'Eglise suivante, les préparatifs pour
la pose des pierres angulaires furent poussés avec vigueur
et décision. Cet heureux événement se produisit le 6 avril
18 53, vingt -troisième anniversaire de l'organisation de
l'Eglise, et fut célébré par le peuple avec des marques de
reconnaissance et de joie réelle qui faisaient bien augurer
de leur dévouement à une oeuvre si favorablement commencée.
Des sociétés civiques et militaires y participèrent ;
il y eut des cortèges avec fanfares et des cérémonies
solennelles avec prières. Le maire de la ville étaif le roi
du jour ; la police municipale servait de garde d'honneur
et la milice territoriale défilait avec la congrégation des
Saints. La pose des pierres d'angle fut célébrée comme un
accomplissement triomphal bien qu'elle ne fût qu'un début.
Que l'on n'imagine pas que le travail se soit poursuivi
142 LA MAISON DU SEIGNEUR
sans obstacles et sans contretemps. La fondation fut commencée
à l'angle sud-est le 16 juin 1853, et fut achevée le
23 juillet 1855. Une couche de moellons fut posée sur la
fondation proprement dite et recouverte de dalles. Le travail
n'avait progressé que lentement lorsque, en 1857, une
grave interruption se produisit. A cette époque, les gens
se préparèrent à quitter leurs foyers, temporairement du
moins, pour chercher ùn domicile autre part dans le
désert. La cause de cet exode imminent, était l'approche
d'une f~rce armée envoyée par le gouvernement des EtatsUnis
afin de juguler une prétendue rébellion en Utah. Le
mouvement de troupes avait été ordonné suite à une
interprétation complètement erronée des faits, due à de
faux renseignements. L'arrivée de la garnison avait été
annoncée comme s'accompagnant de terribles actes de
violence ; les gens avaient beau se savoir innocents de tout
acte déloyal envers le gouvernement ou ses représentants,
ils n'avaient pas oublié les pénibles scènes de la persécution
. organisée en Missouri et en Illinois suite à des malentendus,
et ils préféraient les incertitudes du désert à la possibilité
d'une répétition des terreurs du passé. Tout en faisant
tristement leurs préparatifs de départ, ils recouvrirent
soigneusement les fondations exécutées sur l'emplacement
du Temple ; les excavations furent comblées et tout vestige
de maçonnerie fut dissimulé. A cette époque, aucune
partie des fondations ne dépassait le niveau du sol. Quand
on eut terminé les travaux de camouflage, l'emplacement
n'était guère plus attrayant que la surface déserte d'un
champ grossièrement labouré.
Nous nous plaisons à faire remarquer qu'un accord à
l'amiable intervint entre l'armée et la population. Les
Saints regagnèrent leurs foyers, et les soldats établirent un
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 143
camp, qui devait devenir plus tard un poste, à une distance
de soixante-cinq kilomètres de la ville. •
L'interruption ainsi causée dai1s les travaux de construction
fut suivie d'une brève période d'inactivité relative,
après le retour de la population. Les fondations furent
ramenées au jour, mais avant de reprendre les travaux
d'empierrement, on s'aperçut que les moellons recouvrant
les fondations proprement dites et se trouvant immédiatement
sous les dalles paraissaient ne pas présenter la stabilité
requise ; sans hésiter on enleva les dalles et les moellons.
On y substitua de la pierre de première qualité et le vrai
travail de construction fut poursuivi avec une énergie
renouvelée. L'oeuvre de construction dura des années.
L'enceinte du temple fut pendant une courte période le
centre municipal de l'industrie mécanique, l'unique grand
atelier de l'empire des montagnes. L'Eglise avait installé
là ses ateliers publics, qui comprenaient une- centrale
génératrice où l'énergie du City Creek était attelée à la
roue, un équipement à air comprimé; une fonderie de fer
et des ateliers mécanisés pour le travail du bois et du
métal! tine grande partie du tràvail effectué ici n'avait
aucun ·rapport avec les grands travaux entrepris dans le
bloc du Temple.
· Outre les interruptions et les retards déjà signalés,
d'autres obstacles ne purent être évités, et dans les meilleures
conditions, les progrès ne pouvaient être que lents.
Ce n'est que des années après l'incident de «l'exode:.
provoqué par l'arrivée des troupes fédérales que l'on prit
wie décision au sujet des matériaux pour le gros du
bâtiment. Déjà à la Conférence d'octobre 1852 on avait
envisagé la question des matériaux. On avait suggéré de
l'oolithe provenant. des carrières· de Sanpete County, du
grès rouge provenant des· collines proches, . des briques
144 LA MAISON DU SEIGNEUR
faites d'argile mêlée de gravier; la question fut mise au
vote, bien que, il faut le reconnaître, la formule proposée
fût assez imprécise. A la session du matin, le 9 octobre
1852, le Président Heber C. Kimball soumit cette question
: « Ferons-nous construire le Temple en grès de
Red Butte, en briques, en oolithe, ou avec la meilleure
pierre que les montagnes renferment ? » En réponse, on
adopta à l'unanimité une résolution au terme de laquelle
on « construirait un Temple avec les meilleurs matériaux
que l'on puisse obtenir dans les montagnes d'Amérique
du Nord, et la Présidence dicterait où il faudrait se procurer
la pierre et les autres matériaux. » Cette réaction est
significative et montre la foi, la confiance et la détermination
de ces gens. Le Temple qu'ils se . disposaient à édifier
serait le meilleur qu'ils fussent capables de produire. Cette
moderne Maison du Seigneur ne devait pas être une construction
temporaire, ni de proportions exiguës, ni en matériaux
peu coûteux, ni conçue de façon mesquine ou
inadéquate. On savait dès le début que la construction ne
serait pas achevée avant de longues années, des dizaines
d'années, peut-être, et qu'à ce moment-là, la colonie serait
devenue un empire, cette poignée d'hommes serait devenue
une multitude d'âmes. Le Temple devait être digne de ce
grand avenir. Le grès, l'oolithe, les briques, tout cela fut
dûment envisagé et rejeté tour à tour. La décision fut
prise dans ce sens : les murs seraient de granit compact.
Un énorme gisement ·de cette pierre résistante avait
été découvert dans les canyons de Cottonwood, à trente
kilomètres au sud-est, et pour ces gens animés par la foi,
il suffisait de savoir que les matériaux convenables étaient
disponibles. Quelque grand que pût être l'effort et le sacrifice,
quelle que fût la somme d'abnégation et de souffrances
nécessaires, .on se les procurerait.
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 145
Ce qu'on appelle le « granit du temple » est en réalité
une syénite et se présente sous la forme d'une immense
laccolithe dans la sectiou de Cottonwood des monts
Wasatch. Urie érosion millénaire a creusé de profonds
canyons dans la masse éruptive, et de~ glaciers, descendant
avec une force irrésistible, ont délogé de leur place et
charrié d'innombrables rochers, la plupart de dimensions
colossales. Ces blocs isolés, que l'on appelle erratiques,
fournirent la quantité voulue de pierres de construction ;
on ne jugea pas nécessaire de creuser une carrière dans la
masse granitique de la montagne. Dans les canyons, on
découpa les blocs erratiques en se servant surtout de forets
à main eJ de coins, bien qu'on utilisât aussi à l'occasion
des explosifs de faible puissance. Les blocs bruts furent
acheminés tout d'abord par des attelages de boeufs: il
fallait quatre paires de boeufs pour chaque bloc, et chaque
trajet représentait un pénible voyage de trois ou quatre
jours. On projeta de creuser un canal pour transporter la
pierre par eau, et le travail fut effectivement commencé,
mais le projet fut abandonné au moment où la perspective
du transport par chemin de fer devint une certitude.
Le plan de la construction fut fourni par Brigham
Young, Président de l'Eglise, et les détails architecturaux
furent mis au point sous sa direction par l'architecte de
l'Eglise, Truman O. Angell. La description que ce dernier
en fit fut publiée dès 1854, tant en Utah ( « Deseret News»,
Salt Lake City, 17 août 1854) qu'à l'étranger." Pour que
l'on puisse aisément comparer les détails de la construction
réelle telle qu'elle nous apparaît maintenant, nous reproduisons
ici cette description anticipée de ce que devait
être Ie Temple :
« Le Bloc du Temple est un carré de deux cents mètres
de côté, orienté nord-sud et est-ouest ; il contient donc
1.
146 LA MAISON DU SEIGNEUR
quatre hectares. Le centre du Temple est situé à quarantesept
mètres à l'ouest du centre du bord est du bloc. La
longueur de ladite Maison, d'est en ouest, est de cinquantesix
mètres, y compris les tours, et la largeur est de trente
mètres. A l'extrémité est, il y a trois tours, ainsi que du
côté ouest. Tirez du nord au sud une ligne de trente-cinq
mètres cinquante passant par le centre des tours, et vous
aurez l'extension nord-sud du plan horizontal, piédestal
compris.
Nous descendons en terre à une profondeur de quatre
mètres quatre-vingts à l'extrémité est et dépassons la ligne
des murs de quatre-vingt-dix centimètres tout autour pour
le soubassement. '
Les murs nord et sud ont deux mètres quinze d'épaisseur,
au-dessus du piédestal; ils sont assis sur une fondation
de quatre mètres quatre-vingts à la base qui se rétrécit
graduellement de quatre,.vingt-dix centimètres de chaque
côté à la hauteur de deux mètres vingt-cinq. La fondation
des tours s'élève jusqu'à la même hauteur que celle des
côtés et est constituée par un solide bloc de maçonnerie de
moellons bruts liés par un bon mortier à la chaux.
Le sous-sol du bâtiment principal est (livisé en de nombreux
compartiments par des murs reposant tous sur une
fondation. Le niveau du parquet du sous-sol se trouve à
quinze centimètres au-dessus du sommet de la fondation.
De la tour de l'est à celle de l'ouest, la surface du sol
descend de un mètre quatre-vingts ; à dix centimètres
au-dessus du sol du côté est, part un trottoir dont la largeur
varie de trois mètres trente à six mètres soixante ;
il fait le tour de tout le bâtiment et on y accède de tous
côtés par des marches de pierre.
Il y a quatre tours aux quatre coins du bâtiment, chacune
d'elles s'élevant sur une fondation de sept mètres
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 147
carrés quatre-vingts ; elles s'élèvent de cinq mètres pour
arriver au niveau du cordon du soubassement qui se
trouve à deux mètres quar~te au-dessus du trottoir. A ce
niveau, les tours sont ramenées à sept mètres carrés cinquante
; puis elles s'élèvent jusqu'à onze ·mètres quarante,
c'est-à-dire la hauteur du second cordon ; là elles sont
ramenées de nouveau à six mètres carrés quatre-vingt-dix;
elles s'élèvent encore de onze mètres quarante et atteignent
le troisième cordon. Les cordons font le tour du bâtiment,
sauf là où ils sont interrompus par des contreforts. Ces
cordons sont des moulures massives constituées par de
solides blocs de pierre.
Les deux tours est s'élèvent encore de sept mètres cinquante
jusqu'à un cordon ou corniche. Les. deux tours ouest
s'élèvent de cinq mètres soixante-dix pour arriver à leur
cordon ou corniche. Les quatre tours s'élèvent encore de
deux mètres soixante-dix jusqu'au sommet des créneaux.
Ces tours sont cylindriques et ont cinq mètres dix de diamètre
intérieur ; elles renferment un escalier tournant
autour d'une solide colonne de un mètre vingt de diamètre,
ménageant des paliers aux différents étages du bâtiment.
Ces tours possèdent chacune cinq fenêtres ornementales sur
deux côtés, au-dessus du soubassement. Ces deux tours
centrales occupent le centre des extrémités est et ouest du
bâtiment ; elles mesurent neuf mètres carrés trente au-dessus
de leurs fondations et sont divisées en étages au même
niveau que les tours d'angle jusqu'à hauteur du troisième
cordon. Ensuite, la tour centrale est s'élève de douze
mètres jusqu'au sommet-de ses créneaux; la tour centrale
ouest s'élève de dix mètres vingt jusqu'au sommet de ses
créneaux. Toutes les tours ont une flèche dont le détail
n'est pas encore arrêté.
Toutes ces tours ont à chaque coin une tourelle octogo148
LA MAISON DU SEIGNEUR
nale, terminée par un 'pinacle octogonal également, d'un
mètre cinquante de diamètre à la base, d'un mètre vingt au
premier étage et de quatre-vingt-dix centimètres au-dessus.
Il y a aussi deux contreforts sur chaque côté des tours,
excepté là où elles sont en contact avec le corps du bâtiment
principal. Ces contreforts dont le sommet dépasse
les · murs sont au nombre de quarante-huit et reposent
chacun sur un piédestal. L'espace qui sépare les contreforts
des tourelles est de soixante centimètres au premier
étage. Les deux tours centrales présentent en façade deux
grandes fenêtres, hautes de neuf mètres soixante chacune,
situées l'une au-dessus de l'autre et soigneusement prévues
pour cet emplacement.
Sur les deux tours d'angle ouest et sur la face ouest du
temple, un peu en dessous des créneaux, on peut voir en
haut relief une reproduction de la Grande Ourse, avec ses
deux étoiles arrière indiquant presque exactement l'étoile
Polaire. (Moralité : ceux qui sont perdus peuvent se retrouver
grâce à la Prêtrise.)
Je vais maintenant jeter un coup d'oeil au corps principal
de la Maison. J'ai déjà dit plus haut que le sous-sol était
divisé en de nombreuses pièces. La- pièce centrale est
arrangée en fonts baptismaux et mesure dix-sept mètres
sur dix mètres cinquante ; elle est séparée du mur principal
par quatre pièces, deux de chaque côté, mesurant cinq
mètres soixante-dix de long sur trois mètres soixante de
large. Du côté est et du côté ouest de ces pièces se
trouvent quatre passages de trois mètres soixante de large :
ils permettent d'accéder à ces pièces par des portes extérieures,
deux au nord et deux au sud. De l'autre côté de
ces passages, à l'est et à l'ouest, se trouvent quatre autres
pièces, deux à chaque bout, larges de huit mètres quarante
et longues de onze mètres cinquante. Ces pièces et leurs
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 149
murs occupent le sous-sol. Tous les murs s'élèvent de cinq
mètres au-dessus de leurs fondations et s'arrêtent au niveau
du rez-de-chaussée.
Nous sommes maintenant à deux mètres quarante au-dessus
du trottoir et des marches menant au Temple; au niveau
du cordon inférieur, qui couronne le piédestal, et au niveau
du rez-de-chaussée de ladite Maison. Celui-ci communique
avec les cours extérieures, ces cours étant constituées par
l'espace séparant les tours, quatre mètres quatre-vingts
sur deux mètres soixante-dix hors tout. On accède au niveau
de ces cours (qui sont de plain-pied avec le rez-de-chaussée
du bâtiment principal) par quatre volées de marches de
pierre de deux mètres quatre-vingt-cinq de large, ménagées
dans le soubassement; la première marche est dans l'alignement
de la ligne extérieure des tours. De ces cours, des
portes permettent d'accéder à n'importe quelle partie du
bâtiment.
La première grande salle mesure trente-six mètres de
long sur vingt-quatre de large ; en hauteur ·elle atteint
presque le second cordon de pierre. En son centre, cette
salle est voûtée selon une courbe elliptique dont la flèche
mesure trois mètres, et dont la portée est de vingt-deux
mètres quatre-vingts. Les plafonds latéraux ont la forme
d'un quart d'ellipse partant des murs latéraux du bâtiment
principal à la hauteur de quatre mètres quatre-vingts et
s'appuyant sur le chapiteau des colonnes de sept mètres
vingt qui supportent la base de la voûte centrale. Ces
colonnes reposent directement sur les fondations de ladite
maison ; elles se continuent vers le haut pour soutenir
l'étage supérieur.
Les murs extérieurs de cet étage ont deux mètres dix
d'épaisseur. L'espace qui s'étend entre le pied de la voûte
centrale et le mur extérieur est divisé en seize comparti150
LA MAISON DU SEIGNEUR .
ments, huit de ch~que côté, ce qui ménage des pièces de
quatre mètres carrés vingt, sans compter les cloisons, et de
trois mètres de haut, tout en laissant un passage d'un mètre
quatre-vingts de lar,ge du côté du flanc de la voûte centrale
; on peut ainsi accéder aux deux extrémités de celle-ci.
Les seize pièces sont éclairées chacune par une fenêtre
elliptique ou ovale, dont le grand axe est vertical.
La seconde grande salle est trente centimètres plus large
que la salle d'en dessous ; ceci résulte du fait que le mur
n'a qu'un mètre quatre-vingts d'épaisseur ; il est en retrait
de quinze centimètres à l'extérieur. Ceci est souligné à
l'extérieur par le second cordon. Les pièces de cet étage
sont semblables à celles de l'étage inférieur. Les murs
latéraux ont neu~ contreforts de chaque côté et huit séries
verticales de fenêtres : cinq fenêtres dans chaque série.
Le pied des fenêtres du sous-sol se trouve à vingt centimètres
au-dessus du trottoir ; elles ont quatre-vingt-dix
centimètres de haut et s'achèvent en plein cintre. Les
fenêtres du rez-de-chaussée ont trois mètres soixante de
longueur de châssis et se terminent en plein cintre. Les
fenêtres ovales ont deux mètres de haut. Les fenêtres du
permier étage sont les mêmes que celles d'en dessous. Les
dormants de toutes ces fenêtres ont un mètre trente-cinq
de largeur.
Les piédestaux de tous les contreforts font une saillie
de soixante centimètres à la base ; au-dessus de la base,
qui mesure trente-huit centimètres sur un mètre trentecinq
de large, la face extérieure porte l'image d'un globe
d'un mètre dix-huit de diamètre, dont l'axe correspond à
l'axe de la terre.
Le cordon de base constitue un chaperon pour ces piédestaux.
Au-dessus du chaperon, les contreforts mesurent
un mètre cinq et s'élèvent jusqu'à la hauteur de trente
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 151
mètres. Au-dessus du trottoir, juste en dessous du second
cordon, il y a sur chacun des contreforts une image de la
lune représentée dans ses différentes phases. Juste en
dessous du troisième cordon, ou corniche, il y a une image
du soleil. Immédiatement au-dessus, on· voit Saturne avec
ses anneaux. Les contreforts se terminent par un chaperon
en saillie. ·
La seule différence entre les contreforts des tours et
ceux que nous venons de décrire, est qu'au lieu d'avoir une
représentation de Saturne, ils ont des nuages et des rayons
de lumière se projetant vers le bàs.
Tous ces symboles doivent être sculptés en bas-relief
sur de la pierre dure. Les murs latéraux s'élèvent de deux
mètres. cinquante-cinq au-dessus du cordon ou corniche ' ce qm porte la hauteur des murs à vingt-huit mètres
quatre-vingts ; ils se terminent en créneaux parsemés
d'étoiles.
Le toit est tout à fait plat, car il ne s'élève que de deux ·
mètres quarante, et il doit être recouvert de fer galvanisé
ou de quelque autre métal. Le bâtiment doit recevoir encore
d'autres ornements en plusieurs endroits. La construction
tout entière est conçue pour symboliser une partie de la
grande oeuvre architecturale ci-dessus.
L~s !enêtres du sous-sol sont en retrait de quarante-cinq
centimetres par rapport à la surface du mur extérieur et
mises en valeur par une évasement. Les fenêtres se trouv~
t au~de~sus du sous-sol sont en retrait de quatre-vingtdiX
cen~etres ; elles sont entourées de jambages de pierre
mo~lures et surmontées d'un larmier qui s'arrête à leur
hor~on, sauf pour les fenêtres ovales, dont le larmier se
termm.e sur des. colonnes qui s'élèvent d'un cordon supplémentarre,
au pted de chaque fenêtre, jusqu'au centre du
grand axe.
152 LA MAISON DU SEIGNEUR
Mon principal objectif, dans ce dernier paragraphe, est
de montrer à quiconque se sentirait déconcerté, comment
on peut accéder à ces fenêtres, etc. Toutes les fenêtres des
tours sont moulurées et pourvues de jambages de pierre ;
toutes sont couronnées de larmiers moulurés.
Si vous désirez de plus amples détails, attendez que la
Maison soit terminée, puis venez la voir.
La superficie totale de la Maison est de dix-neuf cent
soixante-huit mètres carrés. »
Lorsque la ligne de chemin de fer de l'Union Pacifie
arriva en Utah, en 1868, cela eut pour conséquence temporaire
de retarder le travail du Temple, car l'affectation
des ouvriers à la grande ligne transcontinentale se faisait
par priorité. Avec le temps, toutefois, le travail de construction
de la voie ferrée apporta une grande aide à
l'entreprise, car, après la ligne principale ce fut le tour des
dérivations et, en 1873, une ligne secondaire arrivait aux
carrières de granit. De la gare de la ville une ligne fut
établie qui remontait South Temple Street et pénétrait
dans le bloc du Temple.
Le travail de construction progressait si lentement qu'il
suscitait un sentiment voisin de l'impatience dans le coeur
des Saints surexcités et on dut les rappeler gentiment
au calme. A d'autres moments, il était nécessaire de les
presser quelque peu. Le travail était réparti entre les
habitants du Territoire (le Territoire d'Utah comportait,
outre l'Etat actuel d'Utah, la quasi-totalité du Nevada,
un coin du Wyoming et une partie du Colorado. N.d.T.),
lequel, pour plus de facilité, fut divisé en districts pour le
temple. Les pieux, les paroisses et les collèges de la
Prêtrise eurent chacun leur rôle à jouer, et on élabora
un système efficace de division du travail et des responsabilités.'
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE
Le Président Brigham Young mourut en 1877, et à
cette époque les murs de granit du Temple étaient arrivés
à une hauteur d'environ six mètres au-dessus du sol.
Durant l'administration de son successeur, le Président
John Taylor, le travail se poursuivit sans interruption
notable pendant une autre décennie, pour être poussé
ensuite avec plus de vigueur encore sous la direction de
Wilford Woodruff, le président suivant. De même que
dans une course les derniers tours de piste sont généralement
marqués par un redoublement d'énergie déterminé
par le sprint final - suprême effort pour atteindre le but
en triomphateur glorieux, de même que dans un drame
puissant, l'intérêt devient plus intense et l'action plus concentrée
à l'approche du dénouement, de même, dans cette
grande entreprise, le fait que la fin se profilait à l'horizon
décuplait l'énergie du peuple. Quand le cube de granit
fut achevé et que les flèches se dessinèrent en place, un
sentiment d'anxiété quasi fiévreuse était perceptible dans
toute l'Eglise.
POSE DE LA DERNIÈRE PIERRE
Le 6 avril 1892 fut la date fixée pour la mise en place
de la dernière pierre du Temple, et cette annonce fut
accueillie avec joie dans toutes les paroisses et les branches
de l'Eglise, et dans tous les ménages des Saints.
Cette journée marquait la clôture de la Conférence
annuelle et fut sanctifiée par tous les rites des réunions
solennelles. En guise de préliminaire à la cérémonie principale,
une nombreuse assemblée se réunit dans le Tabernacle
à une heure matinale ; au cours de celui-ci les
qifférentes organisation:s de la Prêtrise occupèrent des
emplacements distincts au parterre, tandis que les galeries
154 LA MAISON DU SEIGNEUR
étaient réservées au grand public. A l'issue d'un service
impressionnant, la foule se dirigea en procession vers
l'espace libre situé du côté sud du Temple, où une estrade
provisoire avait été érigée et surmontée du drapeau national.
Une plate-forme adjâcente était destinée au .choeur,
qui comptait plus de deux cents chanteurs. li y avait une
fanfare de premier ordre et on avait prévu tous les éléments
essentiels d'un culte fervent combiné à une joyeuse
festivité.
Il y avait plus de quarante mille personnes rassemblées
dans l'enceinte du bloc du Temple, et d'autres milliers,
incapables de trouver place à l'intérieur, se tenaient dans
les rues ou regardaient des toits et des fenêtres des bâtiments
adjacents. De mémoire d'homme, c'était la plus
vaste assemblée qui se fût jamais tenue en Utah. A midi
débuta le service spécial. La musique tant de la fanfare
que du choeur, les marches, les hymnes, les cantiques
avaient été spécialement composés ·pour cette joyeuse
cérémonie. La prière fut offerte par le Président Joseph
F. Smith, de la Première Présidence, et le grand «Amen»
fut repris par quarante mille voix. Un cantique suivit, puis
le vénérable président de l'Eglise, Wilford Woodruff,
s'avança et annonça que le grand moment, si longtemps
attendu, était arrivé. Voici ses vibrantes paroles :
« Attention, vous tous, la maison d'Israël, et vous
toutes, les nations de la terre ! Nous allons maintenant
poser la pierre faîtière du Temple de notre Dieu, dont
la fondation a été posée et dédiée par le prophète voyant
et révélateur, Brigham Young. »
A ce moment solennel, le président ferma un circuit
électrique, et la demi-sphère de granit qui constituait le
bloc le plus élevé du grand Temple, descendit lentement
en place. Vint ensuite une scène qui n'a pas sa pareille
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 155
chez ce peuple, sauf dans des .occasiçns extraordinairement
solennelles, je veux dire le grand cri . sacré de
l'Hosanna. Sous la direction de Lorenzo Snow, président
du Conseil des Douze Apôtres, les quarante mille Saints
s'écrièrent comme un seul homme :
« Hosanna ! Hosanna ! Hosanna ! à Dieu et à l'Agneau !
Amen ! Amen ! Amen ! » ·
Ceci fut répété trois fois, et à chaque fois, on agitait
des mouchoirs blancs.
Du toit de. l'édifice vint la voix de l'architecte responsable,
J. Don Carlos Young, décl;rrant que la pierre faîtière
était dûment posée, et le choeur et l'assemblée éclatèrent
en un chant de triomphe :
« L'Esprit du Dieu Saint brûle comme une flamme
Déjà paraît la gloire des derniers jours
Les dons d'autrefois réjouissent notre âme
Les anges reviennent à notre secours
Chantons à la gloire du Très-Haut dans les cieux
Hosanna ! car l'homme retrouve l'Eden
Honneur et grandeur au Dieu Saint dans
les hauts lieux
Toujours et à jamais, amen et amen; »
L'ancien Francis M. Lyinan du Conseil des Douze
proposa ensuite d'adopter la proposition suivante:
<< Puisque nous croyons que les instructions du Président
Woodruff concernant le prompt achèvement du Temple
de Salt Lake sont pour .nous la parole du Seigneur,
je propose que cette assemblée s'engage, collectivement
et individuellement, à procurer aussi vite qu'il sera nécessaire,
tout l'argent que pourra exiger l'achèvement du
156 LA MAISON DU SEIGNEUR
Temple dans le plus bref délai,. de manière que la dédicace
puisse avoir lieu le. 6 avril 1893. »
· La multitude assemblée manifesta son accord en pous:
sant Un. cri assourdissant et en levant la main. L'hymne
de clôture fut le glorieux « Song of the Redeemed » (Chant
des rachetés) - particulièrement bien approprié à la
circonstance, et la bénédiction fut prononcée par le Président
George Q. Cannon.
La pierre du faîte et le bloc de granit sur lequel elle
repose immédiatement forment une sphère. Dans la moitié
inférieure, une cavité avait été ménagée : on y plaça certains
livres et autres objets, de manière que la pierre
faîtière posée forme un couvercle sûr et massif pour ce
réceptacle de pierre. Cette pierre renferme un exemplaire
de la Sainte Bible, du Livre de Mormon, de Doctrine
et Alliances, de la Voix d'Avertissement, des Lettres de
Spencer, de la Clé de la Théologie, du Compendium, de
la Perle de Grand Prix, et quelques autres livres ; en
outre, des photographies de Joseph et Hyrum Smith,
Brigham Young, John Taylor, Wilford Woodruff, George
Q. Cannon et Joseph F. Smith, une photographie du
Temple tel qu'il apparaissait à l'époque, et, de plus, une
tablette de cuivre gravé exposant les dates principales de
l'histoire de la construction et portant le nom des autorités
générales de l'Eglise telles qu'elles étaient constituées
le jour où fut posée la pierre faîtière, le 6 avril 1892.
Plus tard le même jour, la pierre faîtière fut surmontée
de la grande statue, conçue pour représenter Moroni, le
messager. céleste qui exerça son ministère auprès du jeune
prophète Joseph Smith en 1823. Cette statue, qui mesure
plus de trois mètres soixante, est en cuivre recouvert d'une
forte couche d'or. Elle représente un héraut portant une
trompette à· ses lèvres/
·.;~
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 157
ACHÈVEMENT DU BÂTIMENT; SA DÉDICACE
Adopter un projet, soumettre une résolution au vote,
sont choses faciles, à côté desquelles l'exécution de ce
projet, la réalisation de ce qui a été résolu par le vote,
peuvent constituer une tâche gigantesque. C'est là le contraste
qui existait entre la décision de la multitude réunie
le 6 avril 1892 et le travail accompli dans le courant de
l'année qui suivit.
Lorsque la pierre faîtière du Temple fut posée, tout,
à l'intérieur des murs, n'était que chaos et confusion.
Terminer l'intérieur en un an paraissait une impossibilité
matérielle. La tâche dont le peuple s'était chargé était
presque surhumaine. Néanmoins, ils considéraient l'ordre
de terminer le bâtiment dans les délais prescrits comme
étant véritablement la parole que leur avait adressée le
Seigneur, et ils se souvenaient de la déclaration du prophète
antique : « Je sais que le Seigneur ne donne
aucun commandement aux enfants des hommes sans leur
préparer la voie pour qu'ils puissent accomplir ce qu'il
leur commande.» (Livre de Mormon, 1 Néphi 3:7.) Les
Saints estimaient que leur vote équivalait à apposer leur
signature individuelle sur un billet à ordre. Quant à la
façon dont ils :s'acquittèrent de leur obligation et tinrent
leur promesse, laissons parler les réalisations de l'année.
Le ·peuple s'était. engagé « collectivement et individuellement,
à procurer aussi vite qu'il serait nécessaire, tout
l'argent que pourrait exiger l'achèvement du Temple dans
le plus bref délai, de manière que la dédicace pût avoir
lieu le 6 avril 1893 ». L'engagement fut pleinement tenu.
A la date du 21 avril 1892, la Première Présidence publia
une lettre circulaire adressée aux Saints des Derniers Jours
en Sion et dans le monde entier, ordonnant au peuple
158 LA MAISON DU SEIGNEUR
de se rassembler dans les lieux de culte le dimanche
1er mai, et de consacrer cette journée à un jeûne soler;m.el
et à la ·prière. A cet appel, le peuple répondit fidèlement.
·Mêlées aux actions de grâces pour les multiples bénédictions
du passé, montèrent de ferventes prières, demandant
que le travail d'achèvement de la Maison du Seigneur
fût mené à bien dans les délais prescrits.• ·
Pour cette phase terminale du travail du Temple, il était
de la plus haute importance de pouvoir s'en remettre à
un homme compétent, responsable, investi du pouvoir
exécutif dans les différents départements de l'oeuvre. La
Première Présidence et le Conseil des Douze, tout en
gardant en main le pouvoir directeur, avaient besoin
d'un agent exécutif digne de confiance qui sût agir avec
promptitude, décision et autorité dans toutes les questions
qui pourraient se présenter. Le choix des autorités
présidentes tomba sur John R. Winder, qui était à cette
époque Second Conseiller de l'Episcopat Président, et qui
devint plus tard Premier Conseiller de la Première Présidence
de l'Eglise. A l'époque où il fut désigné pour ce
poste important de Surintendant Général du Travail du
Temple, le 16 avril 1892, le président Winder se trouvait
dans sa soixante-douzième année, et pourtant il possédait
l'énergie et l'activité d'un jeune homme, combinées à la
sagesse et au jugement que seul l'âge peut apporter. Sous
sa direction efficace, le travail à l'intérieur du Temple
progressa à une cadence qui surprit même les ouvriers.
Des travailleurs de toutes catégories furent appelés, décorateurs,
artisans de tout genre. Le peuple croyait véritablement
qu'une puissance supérieure à l'homme était à
l'oeuvre pour les aider dans, cette grandiose entreprise.
Des matériaux, dont une grande partie avait été spéciale-
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE' 159
ment manufaçturée, arrivèrent de l'orient et de l'occident
sans guère subir de ces retards habituels . au transit.
Le chauffage et l'éclairage furent installés, et cette installation
nécessita la construction d'une chaufferie avec tous
ses accessoires. En outre, l'Annexe devait être construite.
Ici, il convient d'expliquer que chacun des Temples d'Utah
est relié à un bâtiment séparé, dénommé l'Annexe - une
sorte d'avant-corps - où se tenaient les services préliminaires
et où l'on enregistre le travail des ordonnances
à exécuter par les parties présentes, avant qu'elles ne
soient autorisées à pénétrer dans le Temple le jour du
service. L'Annexe du Temple de Salt Lake City se trouve
à environ trente mètres au nord du bâtiment principal.
Jusqu'à un mois avant la date fixée pour la dédicace,
il restait encore tant à faire que l'on avait le sentiment
que pour 'une fois du moins, le peuple s'était trompé en
croyant que le Seigneur avait parlé, et que, terminer le
travail dans les délais impartis était une impossibilité matérielle.
Le 18 mars 1893, la Première Présidence publia la
lettre suivante :
«Aux Officiers et aux Membres de l'Eglise de JésusChrist
des Saints des Derniers Jours » :
La proximité de la date fixée pour la dédicace du
Temple de notre Dieu nous pousse à exprimer avec une
grande franchise les sentiments que nous portons à nos
frères, les officiers de l'Eglise qui détiennent avec nous
la Prêtrise du Fils de Dieu, et à tous les Saints des
Derniers Jours en général, afin qu'au moment de pénétrer
dans ce bâtiment sacré, nous puissions tous être jugés
acceptables, nous et nos familles, et pour que le bâtiment
que nous dédierons puisse aussi être acceptable aux yeux
du Seigneur.
160 LA MAISON DU SEIGNEUR
Les Saints des Derniers Jours ont usé libéralement de
leurs moyens pour ériger d'autres Temples dans ces vallées
et notre Père nous a bénis dans nos efforts. Aujourd'hui
nous jouissons du grand bonheur de posséder trois de ces
bâtiments sacrés terminés, dédiés et acceptés par le Seigneur,
et les Saints peuvent y pénétrer et satisfaire aux
ordonnances qu'Il a révélées dans Sa bonté et Sa générosité
infinies. Mais voici quarante ans que les espoirs, les désirs
anticipés de toute l'Eglise se concentrent sur l'achèvement
de cet édifice dans la principale cité de Sion. Les fondements
en ont été posés dans les premiers jours de notre
installation dans ces montagnes, et depuis. cette époque
jusqu'à présent, les yeux des membres de l'Eglise dans
tous les pays sont dirigés avec amour vers lui. Le considérant
comme le Temple des temples, le peuple, durant
toutes ces années, n'a cessé de travailler, au prix d'efforts
incessants, avec une patience inlassable et en y consacrant
de bonne grâce tous les moyens nécessaires pour l'amener
à son présént état d'achèvement; et maintenant que les
labeurs et les sacrifices de quarante années se voient si
heureusement couronnés de succès, maintenant que ce
grandiose édifice est enfin terminé et prêt à être utilisé
pour ses fins divines, est-il besoin de dire que nous approchons
d'un événement dont la célébration revêt pour notre
peuple la plus haute signification ? Grande en sera la
portée, cela est certain, qu'ajouterions-nous encore pour
en faire comprendre à l'Eglise entière la formidable
importance ?
Sur ce point, rien assurément ; cependant nous pouvons
dire quelques mots d'une phase qui y touche directement.
Aucun membre de l'Eglise qui voudrait être jugé
digne de pénétrer dans cette sainte maison ne peut être
considéré comme ignorant les principes de l'Evangile.
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 161
Il n'est pas. exagéré de présumer que chacun sait quels
sont ses devoirs envers Dieu et envers ses frères. Personne
b'a la mémoire courte au point d'avoir perdu de vue
l'exhortation selon laquelle nous devons être remplis
d'amour et de charité pour nos frères. Dès lors, personne
ne peut douter un instant qu'il soit de la plus grande
importance que chaque membre de la congrégation soit
en paix avec tous ses frères et soeurs et en paix avec
Dieu. Sinon, comment pouvons-nous espérer obtenir les
bénédictions qu'Il a promises, si ce n'est en nous conformant
aux exigences dont ces bénédictions sont la
récompense?
Les hommes et les femmes qui violent une loi de Dieu
ou ceux qui sont négligents dans l'obéissance à Ses commandements,
peuvent-ils s'attendre à ce que le simple
fait d'entrer dans Sa sainte maison et de prendre part à
sa dédicace les rende dignes de recevoir Ses bénédictions,
les leur fasse recevoir ?
Pensent-ils que l'on puisse omettre si légèrement de
se repentir et de se détourner du péché ?
Ont-ils l'audace, même en pensée, d'accuser ainsi le
Père d'injustice et de partialité, et de Lui imputer une
négligence dans l'accomplissement de Ses propres paroles?
Assurément, personne qui se réclame d'appartenir à
Son peuple ne voudrait se rendre coupable d'une telle
chose.
Dès lors, ceux qui en sont indignes doivent cesser
d'attendre une bénédiction en réponse à leur assistance
au Temple, alors qu'ils répandent encore autour d'eux
l'odeur du péché dont ils ne se repentent pas, et que de
l'amertume ou même une froide rancune .envers leurs
frères et soeurs hante encore leur coeur.
Sur ce dernier point, nous avons le sentiment que l'on
162 LA MAISON DU SEIGNEUR
pourrait dire beaucoup de choses. Tandis que l'on se
perd dans la lutte pour se conformer à des points de la
loi apparemment plus importants, il est possible que l'on
sous-estime l'importance de l'esprit d'amour, de générosité
et de charité. Quant à nous, il n'est pas de précepte qui,
pour l'instant, nous paraisse devoir être inculqué avec
plus de sévérité.
Au cours des dix-huit derniers mois, les Saints des
Derniers Jours se sont divisés sur des questions de politique
nationale. On a mené des campagnes politiques, on
a procédé à des élections, et des sentiments, plus ou moins
intenses, sont nés ainsi dans l'esprit de frères et de soeurs
d'un côté comme de l'autre.
Nous avons constaté des attitudes et entendu beaucoup
d'expressions qui nous ont été très pénibles et qui ont
affiigé notre esprit.
Nous savons qu'elles constituent une offense envers
le Dieu de paix et d'amour et une pierre d'achoppement
pour beaucoup de Saints.
Nous estimons que voici le moment d'une réconciliation ;
qu'avant de pénétrer dans le Temple pour nous présenter
devant le Seigneur en assemblée solennelle, nous devons
nous débarrasser de tout sentiment dur ou inamical les
uns envers les autres ; afin que non seulement nos petites
querelles cessent, mais encore que leur raison d'être disparaisse,
et que toute considération qui a pu les susciter
ou les entretenir soit écartée ; il faut que nous nous
confessions mutuellement nos péchés et que nous nous
demandions mutuellement pardon ; il faut que nous plaidions
notre cause auprès du Seigneur afin qu'il nous donne
l'esprit de repentance, puis, l'ayant obtenu, que nous
suivions ses inspirations ; et de cette manière, si nous
nous humilions devant Lui et que nous recherchions le
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 163
pardon les . uns des autres, nous ferons nous-mêmes
preuve, envers ceux qui implorent notre pardon, de. cette
charité et de cette générosité que nous demandons et
espérons bien recevoir du ciel.
Puissions-nous ainsi monter en ce saint lieu le coeur
libre de tout artifice et l'âme préparée en vue de l'édification
qui lui est promise ! C'est ainsi que nos supplications,
exemptes de toute pensée de discorde, monteront
unanimes jusqu'aux oreilles de Jéhovah et feront descendre
sur nous les bénédictions de choix du Dieu des
Cieux!
Nous, vos ·frères, qui avons été soutenus par votre
vote et dans votre foi en qualité de Première Présidence
de l'Eglise, voici ce que nous avons à dire aux Saints
des Derniers Jours, tant à titre personnel qu'à, titre officiel
: S'il y a un seul membre de l'Eglise qui nourrisse
du ressentiment contre nous, nous ne désirons pas franchir
le seuil du Temple avant de lui avoir donné satisfaction
et de lui avoir ôté toute cause de ressentiment,
soit en ayant une explication avec lui, soit en faisant
convenablement amende honorable et réparation. Nous
ne désirerions pas non plus franchir le portail sacré de
cet édifice avant d'avoir eu une explication, amende honorable
ou réparation de quiconque envers qui nous pourrions
avoir un grief réel ou supposé.
Ayant ainsi annoncé que nous suivrions nous-mêmes
cette ligne de conduite, nous disons à tous les autres officiers
de l'Eglise que nous désirons les voir suivre notre
exemple. Que chacun, depuis le plus élevé en grade
jusqu'au plus humble de chaque pieu et de chaque
paroisse de Sion tienne compte de cet avis. Qu'ils invitent
tous ceux qui peuvent avoir du- ressentiment contre eux
à s'avancer et à le faire connaître ; qu'ils s'efforcent
164 LA MAISON DU ·sEIGNEUR
ensuite de corriger tout malent~ndu, toute mepnse possible,
ou de faire réparation pour le moindre tort, ou la
moindre injustice qu'ils aient causé.
Nous en disons autant - et quand les officiers auront
suivi la ligne de conduite indiquée, nous désirons qu'ils
en disent autant aux membres individuels de l'Eglise.
Nous faisons appel à eux afin qu'ils cherchent à s'attacher
la compagnie de leurs frères · et soeurs, ainsi que toute
leur confiance et leur amour ; et par-dessus tout qu'ils
cherchent à avoir la compagnie et la conimunion avec le
Saint-Esprit. Que l'on recherche cet esprit et qu'on k
chérisse diligemment aussi bien dans le cercle de famille
le plus petit et le plus humble que parmi les membres
des organisations et des collèges les plus élevés. Qu'il
imprègne le coeur des frères · et des soeurs, des parents
et des enfants du foyer aussi bien que le coeur de la
Première Présidence et des Douze. Qu'il adoucisse et
aplanisse tous les différends entre les· membres des Présidences
de Pieu et les Grands· Conseils aussi bien
qu'entre voisins habitant la même paroisse. Qu'il unisse
jeunes et vieux, hommes et femmes, troupeau et berger,
peuple et Prêtrise par les liens de la gratitude, du pardon
et de l'amour, de manière qu'Israël puisse se sentir
approuvé . par le Seigneur et que nous puissions corn- ·
paraître tous devant Lui avec la conscience nette de toute
offense envers quiconque. Alors il n'y aura pas de déception
quant aux bénédictions promises à ceuX. qui L'adorent
sincèrement. Les doux chuchotements du Saint-Esprit
leur seront donnés avee les trésors du ciel, et la communion
des anges s'y ajoutera de temps à autre, car Sa
promesse nous est venue et elle ne peut faillir.
Nous demandons les bénédictions de Dieu sur vous
tous dans vos efforts pour mettre en pratique notre avis,
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 165
et,· désirant les voir prendre la forme d'un effort unanime
de la part dù peuple tout entier, nous suggérons que le
samedi 25 mars 1893 soit mis à part comme jour de
jeûne et de prière. A cette occasion, nous conseillons
aux Présidences de Pieu, aux Grands Conseils, aux
Evêques et à leurs conseillers de se joindre aux Saints
dans leurs chapelles respectives, de se confesser mutuellement
leurs péchés, et d'extirper du peuple tout sentiment
de colère, de méfiance ou d'inimitié qui pourrait s'y
trouver, de manière qu'une coD:fiance totale soit restaurée
sur-le-champ et qu'à partir de ce moment, l'amour règne
en ·maître dans toutes les congrégations des Saints. »
Il était évident que les autorités de l'Eglise comprenaient
combien il était important de se préparer au grand
événement qu'était la dédicace autrement que par la construction
matérièlle et des décorations coûteuses. C'est
le coeur du peuple qn'il fallait préparer ; il était nécessaire
qu'Israël fût sanctifié. Dans toute l'étendue de Sion,
il y eut un nettoyage général des esprits et des âmes ;
l'inimitié fut enterrée ; les brouilles cessèrent ; . les différends
entre frères furent aplanis ; les offenses furent
réparées et pardonnées ; on célébra un véritable jubilé.
Les dernières touches furent apportées à l'intérieur
du bâtiment en fin d'après-midi le 5 avril, et le soir de
ce même jour, le Temple fut ouvert pour une inspection
générale. Non seulement les membres de l'Eglise furent
admis, mais des personnes honorables qui ne s'étaient
jamais affiliées à l'Eglise furent invitées au nombre de
plus d'un millier, et elles passèrent le Temple en revu~
depuis le sous-sol jusqu'au faîte. Si on rapproche ce fru.t
de la croyance générale selon laquelle les Temples des
Saints des Pemiers Jours ne sont jamais exposés aux
166 LA MAISON DU SEIGNEUR
regards des non-membres, il revêt une importance particulière.
Le matin du 6 avril 1893, Wilford Woodruff, Président
de l'Eglise, ouvrit la marche pour pénétrer par le portail
sud-ouest dans J'enceinte sacrée. Cet événement · a été
comparé avec quelque raison à celui où Josué introduisit
Israël dans la Terre Promise. Le vénérable Président était
suivi du reste des autorités générales de l'Eglise, et celles-ci,
à leur tour;, par d'autres personnages officiels de l'Eglise
et par les membres qui avaient été spéci,alement désignés
pour prendre part au premier service de la dédicace.
Parmi les dizaines de milliers de ·Saints qui désiraient
être présents, dont c'était le légitime privilège d'assister,
et qui avaient contribué de leur substance même à l'édification
du plus grand Temple des temps modernes, il n'y
eut qu'un petit nombre qui purent être admis le jour de
la .. dédicace. La salle de réunion qui, avec ses annexes,
occupe tout l'étage supérieur, avait été pourvue de sièges
pour deux mille deux cent cinquante-deux personnes. On
prit des dispositions, par conséquent, pour que les services
fussent répétés deux fois chaque jour, à partir
du 6 avril, jusqu'à ce que tous ceux qui avaient un droit
à être admis eussent eu l'ocCasion d'être présents.
Le premier jour, voici ceux qui furent admis à prendre
part à ce que l'on considérera toujours comme la session
officielle de dédicace : La Première Présidence, le Conseil
des Douze Apôtres, le Patriarche Président, le Premier
Conseil des Soixante-Dix, l'Episcopat Président, et toutes
les autres autorités générales de l'Eglise, et en outre, les
Présidents de Pieu et leurs conseillers, les membres des
Grands Conseils de Pieu, les Patriarches, les Présidents
des Collèges de Grands-Prêtres et leurs conseillers. L'accès
fut accordé aussi aux épouses et à la proche famille de
\ '
\
\\\
\ \ LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 1.67
\
tous les personnages officiels que nous venons de citer.
Pour les· ses~\ons ultérieures, l'admission fut réglementée
de telle sorte \que chaque paroisse et chaque pieu se vît
assigner spécialement une session déterminée.
Personne ne fut admis sans un certificat officiel, appelé
par convention une «recommandation» signée par l'Evêque
de sa paroisse et le Président de son Pieu. Dans une circulaire
contenant des instructions relatives à la dédicace,
nous relevons ce qui suit : « Il faudra que chaque candidat
présente sa recommandation au portier afin de pouvoir
passer. La recommandation sera ensuite reprise par le
préposé aux billets qui se tiendra au-delà du portail. Nul
ne sera admis sans recommandation, sous aucun prétexte.
» Les services eurent lieu quotidiennement du 6 au
18 avril inclus: et encore les 23 et 24. Il y eut habituellement
deux sessions chaque jour, mais le 7 avril, on
ajouta une session le soir. Comme les enfants au-dessous
de huit ans et par conséquent non encore baptisés, n'étaient
pas admis aux sessions générales, des jours spéciaux leur
furent réservés ; c'est ainsi que le 21 et le 22 avril
- vendredi et samedi - furent réservés aux enfants de
l'Ecole du Dimanche qui n'étaient pas encore en âge
de baptême.
Au premier service - la dédicace officielle - la
prière fut offerte par le Président Wilford Woodruff, et
à chaque session ultérieure, la prière fut lue. La prière
elle-même est à la fois un sermon et une supplication ;
elle exprime les pensées intimes du peuple; c'est un
épitomé de l'histoire des Saints et de la situation de
l'Eglise à cette époque.
En voici le texte intégral :
« Notre Père du ciel, toi qui as créé les cieux et la
168 LA MAISON DU SEIGNEUR
;
terre, et tout ce qui s'y trouve, toi, le Très Glorieux, parfait
en miséricorde, en amour et en vérité nous tes· enfants
nous venons aujourd'hui devant toi, e' t dan1's cette mai-'
so.n que nous avons construite à ton très shlnt nom nous . '
frusons humblement valoir le sang expiatoire de ton Fils
Unique, pour que nos péchés puissent être oubliés à
jamais, mais que nos prières montent jusqu'à toi et aient
libre accès à ton trône,· afin que nous puissions être entendus
dans ta sainte demeure. Puisses-tu nous faire la grâce
de prêter l'oreille à nos pétitions et d'y répondre selon ta
sagesse et ton amour infinis, et permets que les bénédic.,.
ti~ns que nous recherchons puissent nous être accordées,
meme au centuple, dans la mesure où nous cherchons, le
coeur pur et l'esprit déterminé, à faire ta volonté et à
glorifier ton nom. .
·»Nous te remercions ô grand Elohim, de ce que tu
aies suscité ton serviteur Joseph Smith, par les reins
d'Abrahan;t~ d'Isaac et de Jacob, et fait de luiun Prophète,
Voyant et Révélateur, et aussi, que par l'aide et le ministère
d'anges, tu l'aies rendu capable de présenter au monde
le Livre de Mormon - le bois de Joseph dans la I;Ilain
d'Ephraïm - en accomplissement des prophéties d'Esaïe
et d'autres prophètes, dont le récit a été traduit et publié
dans de nombreuses langues. Nous te remercions aussi,
notre Père Céleste, d'avoir inspiré ton serviteur et de lui
avoir donné sur la terre le pouvoir d'organiser dans ce
bon pays ton Eglise, dans toute sa plénitude, toute sa
pu~ssance et toute sa gloire, avec des Apôtres, des Prophetes,
des Pasteurs et des Instructeurs, avec tous les dons,
et toutes les grâces qui s'y rapportent, et tout ceci par le
pouvoir de la Prêtrise d'Aaron et de Melchisédek, que tu
lui as conférée par le ministère de saints anges qui détenaient
cette Prêtrise au temps du Sauveur. Nous te remer-
LE GRAND TEMPLE.- HISTORIQUE 169
cians, ô Diél!, de ce que tu as mis ton serviteur Joseph
· à même de cpnstruire deux temples, dans lesquels furent
administrées les ordonnances pour les vivants et pour les
morts ; et aussi de ce gu'il a vécu pour faire parvenir
l'Evangile 1aux nations de la terre et aùx îles de la mer,
et de ce qu'il a oeuvré avec excès jusqu'à être martyrisé
pour la parole de Dieu et le témoignage de J ésus-,Christ.
»Nous te remercions aussi, ô notre Père Céleste, de ce
que tu as suscité ton serviteur Brigham Y aung, qui a détenu
les clés de la Prêtrise sur terre pendant de nombreuses
années, et qui a conduit ton peuple dans ces vallées des
montagnes, et qui a posé .la pierre angulaire de ce grand
Temple et te l'a dédié, et qui a effectivement dirigé la
construction dans ces Montagnes Rocheuses de trois autres
temples qui ont été dédiés à ton saint nom et dans lesquels
des vivants ont été bénis et des morts rachetés par milliers.
»Notre Père Céleste, nous te sommes reconnaissants
aussi pour ton serviteur John Taylor, qui marcha sur les
traces de ton serviteur Brigham Young jusqu'au moment
où il perdit la vie en exil.
» Tu as appelé tes. serviteurs Wilford Woodruff, George
Q. Cannon, et Joseph F. Smith à détenir les clés de la
Présidence et de la Prêtrise en ce jour, et pour ces bergers
de ton troupeau, nous désirons te rendre grâces et
louange. Ton serviteur Wilford se sent tenu de reconnaître
ta main, ô Père, dans le fait que sa vie a été préservée
depuis l'heure de sa naissance jusqu'au jour présent. Rien,
sinon ta puissance, n'aurait pu le préserver au milieu de
tout ce qu'il a subi au cours des quatre-vingt-six années
de vie que tu luL as accordées sur cette terre.
» Pour avoir suscité les Douze Apôtres, nous te remercions
aussi, toi, notre Dieu, ainsi que pour l'union parfaite
qui existe en leur sein.
170 LA MAISON DU SEIGNEUR
»Nous te remercions, ô Seigneur, pour les organisations
parfaites de ton Eglise telles qu'elles existent actuellement.
» 0 Seigneur, nous considérons avec des sentiments
intenses mais indescriptibles l'achèvement de cette maison
sacrée. Daigne accepter ce temple, le quatrième que les
enfants de ton alliance ont, avec ton aide, érigé dans ces
montagnes. Dans des temps révolus, tu as inspiré tes serviteurs
les prophètes, par l'intermédiaire de ton Esprit
Saint, à parler d'un moment dans les derniers jours, où
la montagne de la maison du Seigneur serait établie sur
le sommet des montagnes et serait exaltée au-dessus des
collines. Nous te remercions de ce que nous avons eu
la glorieuse occasion de contribuer à l'accomplissement de
ces visions de tes anciens voyants, et de ce que tu as
condescendu à nous permettre de prendre part à cette
grande oeuvre. Et puisque cette partie des paroles de tes
serviteurs s'est réalisée de façon si merveilleuse, nous te
prions, avec une foi accrue et un espoir renouvelé, pour
que toutes leurs paroles ayant trait à ta grai:lde oeuvre
du rassemblement d'Israël et de l'édification de ton royaume
sur terre dans les derniers jours, puissent être amplement
accomplies~ et ce, ô Seigneur, rapidement.
»Nous venons devant toi avec joie et reconnaissance,
avec l'esprit réjoui et le coeur plein de louanges de ce
que tu nous as permis de voir ce jour pour lequel, quarante
années durant, nous avons espéré, travaillé et prié, ce jour
où il nous est possible de te dédier cette maison que nous
avons construite à ton très glorieux nom. Il y a un an,
nous avons posé la pierre faîtière en criant Hosanna à
Dieu et à l'Agneau. Et aujourd'hui, nous te dédions le
tout, avec tout ce qui s'y rapporte, afin qu'il puisse être
saint à tes yeux ; qu'il puisse être une maison de prière,
une maison de louange et d'adoration; pour que ta gloire
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 171
puisse • reposer dessus, que ta sainte présence puisse y. être
continuellement ; pour qu'il soit la demeure de ton Fils
Bien-Aimé, notre Sauveur ; pour que les anges • qui se
tiennent .. devant ta face puissent être les messagers sacrés
qui le visiteront pour nous apporter tes désirs et ta volonté,
pour qu'il puisse être sanctifié et consacré saint dans toutes
ses parties à tes yeux, · Dieu d'Israël, Souverain Tout..:
Puissant de l'humanité. Et nous te prions pour que quiconque
pourra franchir le seuil de cette maison qui est
la tienne, puisse sentir ta puissance et être contraint de
reconnaître que c'est toi qui l'as sanctifiée, que c'est ta
maison, un lieu de ta sainteté.
» Nous te prions, Père Céleste, d'accepter ce bâtiment
dans toutes ses parties depuis les fondations jusqu'à la
pierre du faîte, avec la statue qui est placée sur celle-ci;
et toutes les décorations et autres ornements qui en
rehaussent l'extérieur. Nous te prions de bénir, afin qu'ils
ne se délabrent pas, tous les murs, les cloisons, les parquets,
les plafonds, les toits ainsi que les passages, les
ascenseurs, les escaliers, les rampes et les marches, les
châssis, les· portes, les fenêtres et autres ouvertures, toutes
les choses ayànt rapport à l'éclairage, au chauffage et
aux appareils sanitaires, les chaudières, les moteurs et
les dynamos, les tuyauteries et les câbles, les lampes et
les brûleurs, ainsi que tous les ustensiles, le mobilier et
les objets utilisés pour les ordonnances administrées dans
cette maison ou en rapport avec elles, les rideaux et les
autels, . les fonts baptismaux et les boeufs sur lesquels
ils reposent, ainsi que tout ce qui s'y rapporte, les baignoires,
les lavabos et les bassins. Egalement les coffresforts
et les caves où les archives sont conservées, ainsi
que les archives elles-mêmes et tous les livres, documents
et papiers se rapportant à l'office d'archiviste, de même
172 LA MAISON DU SEIGNEUR
que la bibliothèque, avec tous les livres, cartes, instruments,
etc., qui peuvent s'y trouver. Nous te. présentons
aussi, pour que tu les acceptes, toutes les annexes et
les bâtiments qui ne font pas partie de l'édifice principal
mais qui en sont des dépendances, et nous te prions de
bénir tout le mobilier, les sièges, les coussins, les rideaux,
les tentures, les serrures et les attaches, ainsi qu'une
multitude d'autres dispositifs et agencements appartenant
à ce Temple et à ses annexes, ou s'y trouvant, ainsi que
tout le travail de décoration qui le. recouvre, la peinture
et les plâtres, les ors et les bronzes, les ouvrages délicats
en bois et en métal de toute espèce, les broderies et les
travaux d'aiguille, les gravures et les statues, les sculptures
et les baldaquins. Egalement les matériaux dont sont faits
ou composés les bâtiments et leur contenu : pierre, chaux,
mortier et plâtre, les planches et les lattes, le bois de
divers arbres, l'or et l'argent, le bronze et le fer .ainsi
que tous les autres métaux, la soie, la laine et le coton,
les peaux et les fourrures, le verre, la porcelaine et les
pierres précieuses : toutes ces choses et toutes les autres
qui se trouvent ici, nous les présentons humblement à
ton acc.eptation et à ta bénédiction sanctifiante. ·
» Notre Père Céleste, nous présentons devant toi les
· autels que nous avons préparés pour que tes serviteurs
et tes servantes reçoivent leurs scellements bénis. Nous
les dédions au nom du Seigneur J ésus.,.Qrrist à ton nom
très saint, et nous te demandons de sanctifier ces autels,
de façon que ceux qui viennent vers eux puissent sentir
que la puissance du Saint-Esprit repose sur eux et comprennent
la sainteté des ·alliances ·qu'ils concluent. Et
nous prions pour que les alliances et les contrats que
nous passons avec toi et entre nous puissent être inspirés
par le Saint-Esprit, être tenus par nous pour sacrés, et
LE GRAND ':[EMPLE - HISTORIQUE 173
être acceptés de toi, et pour que toutes les bénédictions
promises puissent être comprises par tous les Saints qui
s'approchent de ces autels, à l'aube de la résurrection
des justes.
» 0 Seigneur, nous te prions de bénir et de sanctifier
tout ce bloc, tout ce terrain sur lequel s'élèvent ces bâtiments,
avec les murs et les clôtures qui les entourent, les
allées, les sentiers, les parterres ornementaux ainsi que
les arbres, plantes, fleurs et arbustes qui poussent dans
ce sol ; puissent-ils . prospérer et fleurir et devenir extrêmement
beaux et odorants, et puisse ton Esprit demeurer
en leur milieu, en sorte que ce bout de terrain soit un
lieu de repos et de paix, accueillant pour la sainte méditation
et les pensées inspirées. ·
» Protège ces bâtiments, nous t'en supplions, des dégâts
et de la destruction par l'eau ou le feu, de la colère des
éléments, des traits de feu de la foudre, du souffle dévastateur
de l'ouragan, des flammes de l'incendie dévorant
et des secousses des tremblements de terre, ô Seigneur,
protège-les.
» Bénis, nous t'en prions, Père Céleste, tous ceux qui
viendront travailler dans cette maison. Souviens-toi sans
cesse de ton serviteur qui sera désigné pour présider à
l'intérieur de ces murs ; dote-le richement de la sagesse
du Très-Saint, de l'esprit de sa mission, du pouvoir de
sa Prêtrise et du don de discernement. Bénis, selon leur
appel, ses assistants et tous ceux qui lui sont associés
dans l'accomplissement des ordonnances - baptêmes; confirmations,
ablutions, onctions, scellements, dotations et
ordinations - qui sont exécutées ici, afin que tout ce
qui s'y fait soit saint et acceptable à tes yeux, ô Dieu
de notre salut. Bénis les archivistes et les secrétaires, afin
que les annales du Temple soient tenues parfaitement,
174 LA MAISON DU SEIGNEUR
sans omissions et sans erreurs, et qu'elles soient aussi
acceptées par toi. Bénis selon leur fonction les· machinistes,
les surveillants, les gardes, et tous ceux qui ont
des devoirs à accomplir en. rapport avec cette maison,
afin qu'ils s'en acquittent en n'ayant en vue que ta seule
gloire.
» Souviens-toi aussi dans ta miséricorde de tous ceux
qui ont peiné pour ériger cette maison, ou qui . ont, de
quelque manière que se soit, contribué par leurs moyen~
ou leur influence à son achèvement ; puissent-ils ne perdre
en aucune façon leur récompense.
» 0 toi, Dieu de nos pères, Abraham, Isaac et Jacob,
dont tu te complais à être appelé le Dieu, nous te
remercions avec toute la ferveur d'une gratitude débordante
de ce que tu aies révélé les pouvoirs par lesquels le coeur
des enfants se tourne vers leurs pères et le coeur . des pères
vers les enfants, afin que les enfants des hommes, dans
toutes leurs générations, puissent devenir participants aux
gloires et aux joies du royaume des cieux. Confirme sur
nous l'esprit d'Elie, nous t'en prions, afin que nous puissions
ainsi racheter nos morts et aussi nous rattacher à nos
pères qui sont passés derrière le voile, et encore sceller nos
défunts afin qu'ils se lèvent à la première résurrection, en
sorte que nous, qui habitons sur terre, puissions être liés à
ceux qui habitent au ciel. Nous te remercions au nom de
ceux qui ont achevé leur travail dans la mortalité, aussi bien
qu'en notre nom personnel, de ce que les portes de la prison
ont été ouvertes, de ce que la délivrance a été proclamée
aux captifs, et de ce que les liens ont été enlevés à ceux
qui étaient enchaînés. Nous te louons de ce que nos pères,
du dernier au premier, depuis maintenant en rèmontant
jusqu'au commencement, peuvent être unis à nous par des
liens indissolubles forgés par la sainte Prêtrise et de ce
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 175
que c'est comme une seule grande famille unie en toi et
cimentée par ton pouvoir que nous nous tiendrons ensemble
devant toi et que, par le pouvoir du sang expiatoire de
ton Fils, nous serons délivrés de tout mal, sauvés et sanctifiés,
exaltés et glorifiés. Veuille aussi permettre que des
saints messagers nous visitent à l'intérieur de ces murs
sacrés et nous éclairent au sujet du travail que nous devons
exécuter au bénéfice de nos défunts. Et, puisque tu as
incliné le coeur de beaucoup de personnes qui n'ont pas
encore conclu une alliance avec toi, à rechercher leurs
ancêtres et, ce faisant, à retrouver la trace des ancêtres de
beaucoup de Saints, nous te prions de bien vouloir faire
croître ce désir dans leur sein, afin qu'ils puissent de cette
manière contribuer à l'accomplissement de ton oeuvre.
Bénis-lês, nous t'en prions, dans leurs travaux, afin qu'ils
.. ne tombent pas dans l'erreur en préparant leur généalogie;
en outre nous te demandons d'ouvrir devant eux de nouvelles
voies de renseignements et de mettre entre leurs
mains les annales du passé, afin que leur travail soit non
seulement correct, mais aussi complet.
» 0 toi, Grand Père des esprits de toute chair, bénis dans
ta grâce et accorde une pleine qualification à ceux sur qui
repose une part de ton autorité et qui portent les responsabilités
et les pouvoirs de la Prêtrise qui est selon l'ordre
de fon Fils. Bénis-les tous du premier au dernier, depuis
ton serviteur, qui te représente dans le monde entier, jusqu'à
celui qui a été le plus récemment ordonné à l'office
de diacre. Confère à chacun d'entre eux l'esprit de son
appel, en même temps que la compréhension de son
devoir et un zèle plein d'amour pour le remplir. Dote-les de
foi, de patience et d'intelligence. Que leur vie soit fortifiée
par la vertu et ornée par l'humilité ; que leur ministère soit
effectif, leurs prières valables et leurs enseignements la
176 LA MAISON DU SEIGNEUR
voie du salut. Puissent-ils être unis par l'Esprit et la puis-
sance de Dieu dans tous leurs travaux, et que par toutes
leurs pensées, paroles et actes ils glorifient ton nom et
justifient la sagesse qui les a faits rois et prêtres à tes yeux.
» C'est pour tes serviteurs de la Première Présidence de
l'Eglise que nous te prions avant tout. Révèle-leur en toute
clarté ta pensée et ta volonté en toutes les choses
essentielles au bien-être de ton peuple ; donne-leur unf:l
sagesse céleste, une foi abondante, et les pouvoirs
et les dons nécessaires pour leur permettre de présider,
d'une manière qui te soit acceptable, sur les officiers et les
mèmbres de ton Eglise. Souviens-toi dans ton amour de
ton serviteur que tu as appelé à être un Prophète, un
Voyant et un· Révélateur pour toute l'humanité, et dont les
jours ont été nombreux sur cette. terre ; pourtant, allonge
1encore la durée de sa vie mortelle, nous t'en prions, et
accorde-lui tous les pouvoirs et les dons de l'office que tu
, lui as conféré, dans toute leur étendue ; et bénis de semblable
manière ses associés dans la Présidence · de ton
Eglise.
» Confère à tes serviteurs, les Douze Apôtres, une riche
dotation de ton Esprit. Sous leur direction, puisse l'Evangile
du royaume parvenir au monde entier, afin d'être
prêché à toute nation, tribu, langue et peuple, afin que
ceux qui ont le coeur pur puissent entendre la bonne nouvelle
de joie et de salut. Etends ton règne, nous t'en prions,
au milieu des gouvernements de la terre, afin que les barrières
qui font actuellement obstacle à ·la prédication de
tes vérités puissent être abattues et que la liberté de
conscience soit·. accordée à tous les peuples.
» Souviens-toi dans ta bienveillance et ton amour de
tes serviteurs les Patriarches. Puiss.ent-ils être pleins de
bénédictions pour ton peuple d'Israël. Puissent-ils porter
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE ~· 177
en eux les semences du réconfort et de la consolation, de
l'encouragement et de la bénédiction. Remplis-les du SaintEsprit
de promesse, et . qu'il te plaise gracieusement
d'accomplir leurs paroles de prophétie, afin que ton nom
soit exalté par le peuple de ton Eglise et que leur foi en
toi et dans les promesses de tes serviteurs attitrés soit
sans cesse renforcée davantage.
» En même temps que tes serviteurs les Douze, bénis
leurs associés, les Soixante-Dix ; qu'ils soient puissants
dans la prédication de ta parole et dans sa proclamation
jusqu'aux extrémités de la terre. Qu'une voie toujours plus
large s'ouvre devant eux jusqu'à ce qu'ils aient levé dans
tous les pays l'étendard de l'Evangile et proclamé ses
vérités salvatrices dans toutes les langues, en sorte que
toutes les îles et les continents se réjouissent dans le témoignage
de la grande oeuvre que tu es en train d'accomplir
sur terre en ces derniers jours.
»Bénis abondamment, ô Seigneur, les Grands-Prêtres
dans les multiples devoirs et fonctions auxquels tu les as
appelés. Eux qui sont les ministres permanents de ta parole
dans les Pieux de Sion qui se multiplient, veuille les doter
richement de l'esprit de leur haute mission. Qu'ils soient
Présidents, Conseillers, Evêques, membres de Grands
Conseils ou revêtus de tout autre office que leur Prêtrise
leur donne le droit de remplir, puissent-ils être des ministres
intègres de ta sainte loi, des pères aimants du peuple, et
qu'en leur qualité de juges au milieu des Saints ils rendent
un jugement juste et impartial tempéré de miséricorde et
d'amour.
» De même encore, confère les précieux dons de sagesse,
de foi et de connaissance selon leurs appels particuliers à
tes serviteurs les Anciens, les Prêtres, les Instructeurs et
les Diacres, en sorte que tous s'acquittent diligemment de
178 LA MAISON DU SEIGNEUR
la part qu'ils ont dans les glorieux efforts que tu as appelé
ta Prêtrise à consentir. ·
» N'oublie pas, nous t'en supplions, tes serviteurs les
missionnaires, qui sont occupés à proclamer les vérités
salvatrices que tu as révélées pour la rédemption de
l'homme, aux millions de ceux qu'environnent de profondes
ténèbres spirituelles. Préserve-les de tout mal, écarte
d'eux les violences de la foule, ne les laisse manquer
d'aucune bonne chose, mais bénis-les des dons et des pouvoirs
de leur ministère. Souviens-toi aussi de leurs familles
en sorte qu'elles soient soutenues et réconfortées par toi
et qu'elles soient aimées et aidées par tes Saints.
»Nous te prions pour tous les membres de ta Sainte
Eglise répandus dap.s le monde entier, afin que ton peuple
soit guidé et gouverné par toi, que tous ceux qui professent
être des Saints et se font appeler de ce nom puissent être
conservés dans l'unité de la foi, dans la voie de la vérité,
dans les liens de la paix et dans une vie de sainteté.
Affermis les faibles, nous t'en prions, et répands ton
Esprit sur tous.
» Notre Père, que la paix demeure dans les foyers de
tous tes Saints ; que des saints anges les gardent ; que les
bras de ton amour les étreignent ; que la prospérité brille
sur eux, et que le tentateur et le destructeur soient écartés
bien loin d'eux. Que les jours du peuple de ton alliance
soient multipliés dans la justice, que la souffrance et la
maladie soient chassées du milieu d'eux. Que le pays qu'ils
habitent soit rendu fertile par ta grâce, que les eaux
abondent et que le climat soit tempéré en vue du réconfort
et des besoins de ton peuple ; que la sécheresse, les tempêtes
dévastatrices, les cyclones et les ouragans soient
tenus à l'écart, et que les tremblements de terre ne
troublent jamais le pays que tu nous a donné. Puissent les
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 179
sauterelles, les chenilles et les autres insectes ne pas
détruire nos jardins ni désoler nos champs ; et puissionsnous
être un peuple béni dans le corps et dans l'esprit,
dans nos foyers et nos maisons, dans le gros et le petit
bétail, en nous-mêmes et en notre postérité, et en tout ce
dont tu nous as institués intendants.
» Prions à présent pour la jeunesse de Sion, les enfants
de ton peuple ; dote-les richement de l'esprit de foi et
de justice, ainsi que d'un amour croissant pour toi-même
et pour ta loi. Favorise toutes les institutions que tu as établies
au milieu de nous pour leur bien-être. Donne aux
Ecoles de l'Eglise un pouvoir toujours croissant pour réaliser
le bien. Puisse ton Esprit Saint dominer les enseignements
qui s'y donnent et contrôler aussi le coeur et
illuminer l'esprit des étudiants. Bénis étonamment tes
serviteurs, le Surintendant dénéral et tous les directeurs,
les instructeurs et autres officiers, ainsi que ceux qui constituent
le Comité ·Général de l'Enseignement de ton Eglise.
Souviens-toi de même dans ton amour et ta bienveillance
des Ecoles du Dimanche avec tous ceux qui, instructeurs
ou élèves, en font partie; puissent l'influence et l'enseignement
qui y sont donnés s'élargir et s'approfondir pour ta
gloire et le salut de tes enfants, jusqu'au jour de la perfection.
,Bénis les membres du Comité Général de l'Union
de l'Ecole du Dimanche de Deseret en leur donnant la
sagesse nécessaire au bon accomplissement de li;:mrs devoirs
et à la réalisation des buts pour lesquels ce Comité . a été
créé.
»Nous te présentons aussi La Société d'Amélioration
Mutuelle des Jeunes Gens et des Jeunes Filles, avec tous
ses officiers, généraux et locaux, et tous ses membres.
Puissent-ils être favorisés de toi, que le nombre de membres
s'accroisse 'et que le bien qu'ils accomplissent aug180
LA MAISON DU SEIGNEUR
mente avec chaque année qui passe. C'est encore pour les
Classes de Primaire et de Religion que nous recherchons ta
constante bénédiction et ta direction attentive; que l'esprit
d'enseignement soit répandu sur les présidentes, les officiers
qui leur sont associés et sur les instructrices. Puissent-elles
se tenir au niveau du reste des établissements d'enseignement
de l'Eglise, en sorte que, dès leurs plus jeunes années,
nos enfants soient élevés diligemment dans les voies du
Seigneur et que ton nom soit magnifié à mesure qu'ils
croissent en vertu et en intelligence.
» Nous ne voulons pas non plus oublier, ô Seigneur, les
écoles normales de ton peuple, que ces classes soient rattachées
aux Ecoles de l'Eglise, aux Sociétés d'Amélioration
ou aux Ecoles du Dimanche. Fais en sorte que ces classes
soient le moyen de répandre . une véritable éducation dans
tous les pays des Saints par la création d'un corps d'instructeurs
qui non seulement posséderont une rare intelligence,
mais qui seront aussi remplis de l'Esprit de l'Evangile, qui
seront puissants pour rendre témoignage de la vérité et
pour implanter l'amour de toi et de tes oeuvres dans le
coeur de tous ceux qu'ils instruiront.
»Nous voulons te présenter aussi, ô Seigneur, les Sociétés
de Secours, avec tous leurs membres, et toutes celles
qui président en leur milieu selon leur appel et leur fonction,
générale ou locale. Bénis les Instructrices dans leur
oeuvre de miséricorde et de charité, qui, imitant le ministère
des anges, visitent le foyer des malades et des nécessiteux,
apportant secours, consolation et réconfort aux malheureux
et aux affiigés. Et bénis, nous t'en supplions,
Père très miséricordieux, les pauvres de ton peuple, pour
que des cris de misère et de souffrance ne montent pas
jusqu'à toi du milieu de tes Saints, que tu as bénis si
abondamment par toutes les consolations de ce monde.
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 181
Ouvre de nouvelles voies par lesquelles les nécessiteux
puissent obtenir un gagne-pain en échange d'une occupation
honnête, et incline aussi le coeur de ceux qui ont été
bénis plus abondamment à donner généreusement de leur
substance à leurs frères moins favorisés sous ce rapport,
afin que tu n'aies nùlle raison de nous réprimander pour
avoir négligé les plus petits des enfants de ton alliance.
» 0 Dieu d'Israël, tourne ton visage avec amour, nous
t'en prions, vers ton peuple malmené de la maison de
Juda. 0, délivre-les de ceux qui les oppriment. Guéris
leurs blessures, réconforte leur. coeur, affermis leurs pieds
et donne-leur des ministres selon ton coeur qui les conduiront,
comme jadis, dans tes voies. Puissent .}es jours de
leurs tribulations cesser bientôt et qu'ils soient plantés par
toi dans les vallées et les plaines de leur ancienne patrie ;
que Jérusalem se réjouisse et que la Judée soit heureuse de
voir la multitude de ses fils et de ses filles, d'entendre la
douce voix des enfants dans ses rues et de voir répandre
sur eux les trésors de ta miséricorde salvatrice. Puisse
Israël ne plus baisser la tête ni courber le cou devant son
oppresseur, mais que ses pieds soient affermis sur les collines
éternelles en sorte qu'il n'en soit plus jamais banni, et
c'est à. toi qu'iront la louange et la gloire.
» Souviens-toi avec une pitié pareille du nombre toujours
décroissant de ceux de la maison d'Israël qui descendent
de ton serviteur Léhi. Rétablis-les, nous t'en prions,
dans ton ancienne faveur, accomplis dans leur intégralité
les promesses faites à leurs pères, et fais d'eux une race
blanche et agréable, un peuple aimé et saint comme dans
les premiers jours. Puisse aussi le temps être proche où tu
rassembleras les dispersés d'Israël des îles de la mer et
de tous les pays dans lesquels tu les as dispersés, ainsi que
les dix tribus de Jacob de ce lieu septentrional où elles
182 LA MAISON DU SEIGNEUR
sont cachées, et rétablis-les dans la communion et la compagnie
de leurs parents de hi. descendance d'Abraham.
»Nous te .remercions, ô Dieu~ d'Israël, de ce que tu as
suscité des patriotes pour poser les fondements de ce grand
gouvernement américain. C'est toi qui leur as inspiré
d'établir une boime Constitution et des lois qui garantissent
à tous les habitants du pays des droits égaux et le privilège
de t'adorer· selon Cf< que leur dicte leur conscience. Bénis
les officiers des pouvoirs judiciaire et exécutif. Déverse
d'abondantes faveurs sur le Président, sur sori Cabinet et
sur le Congrès. Eclairés et guidés par ton Esprit, puissent-ils
soutenir et maintenir les glorieux principes de la liberté
humaine. Nos coeurs sont remplis de gratitude envers toi;
notre Père Céleste; parce que ta sollicitude pour nous a
adouci à notre égard le coeur de nos concitoyens, les membres
de cette nation. Ce que tu as fait nous paraît merveilleux.
Nous te remercions de ce que tu as mis au coeùr du
Président de notre nation le désir d'accorder une amnistie
générale ; de ce que tu as retiré les préjugés et les malentendus
nous concernant de l'esprit de beaucoup de ces
gens, et de ce qu'ils sont disposés à nous traiter comme
des concitoyens et non comme des ennemis. Dans cette
sainte maison, nous inclinons à t'en rendre gloire, et nous
te demandons humblement de développer ce sentiment
dans leur coeur. Permets-leur de nous voir sous notre vrai
jour. Montre-leur que nous sommes leurs amis, que nous
aimons la liberté, que nous nous joignons à eux pour maintenir
les droits du peuple, la Constitution et les lois de notre
pays ; et donne-nous, ainsi qu'à nos enfants un penchant
accru à être toujours loyaux, et à faire tout ce qui est en
notre pouvoir pour maintenir les droits constitutionnels et
la liberté de tous dans les limites de cette grande République.
LE GRAND TEMPLE - HISTORIQUE 183
» Souviens-toi dans ta miséricorde, ô Seigneur, des rois,
des princes, des nobles, des souverains et des gouverneurs
et de tous les grands de la terre ; souviens-toi de même de
tous les pauvres, des affligés et des opprimés et, en fait, de
tous les hommes, en sorte que leur coeur s'.adoucisse lorsque
tes serviteurs s'en iront porter témoignage de ton nom, et
que leurs préjugés s'effacent devant la vérité, et que ton
peuple trouve grâce à leurs yeux. Contrôle les affaires des
nations de la terre de manière à ce que la voie soit préparée
pour intr:oduire le règne de la justice et de la vérité. Nous
désirons voir la liberté se répandre par toute la terre, voir
l'oppression cesser, le joug des tyrans brisé, et renversé
toute espèce de gouvernement despotique sous lequel tes
enfants sont dégradés et opprimés, et empêchés de jouir
de leur part des bénédictions de la terre, que tu as créée
pour être leur demeure.
» 0 Dieu, Père Eternel, tu connais toutes choses. Tu
vois l'attitude que ton peuple a été amené à prendre en
matière de politique. Ils se sont joints, en de nombreux
cas, aux deux grands partis natimiaux. Des campagnes ont
été menées, des élections ont eu lieu et il s'est formé ainsi ·
beaucoup d'esprit de parti. On a dit et fait beaucoup de
choses qui ont blessé les sentiments des humbles et des
paisibles et causé des offenses. Nous t'implorons, dans ta
bonté et ta miséricorde infinies, de pardonner à ton peuple
tous les péchés qu'il a commis dans ce domaine. Montreleur,
ô Père, leurs fautes, leurs erreurs, afin qu'ils les
voient comme telles à la lumière de ton Esprit Saint, qu'ils
se repentent vraiment et sincèrement, et qu'ils cultivent
cet esprit d'affection et d'amour que tu désires voir régner
parmi tous les enfants des hommes, et que tes Saints, plus
que quiconque, devraient chérir. Mets ton peuple à même
d'éviter dorénavant l'amertume et les querelles, et de s'abs184
' LA MAIS0N DU SEIGNEUR
tenir dans les discussions politiques de toute parole et de
tout acte qui suscite. du ressentiment et afilige ton Esprit
Saint.
»Père Céleste, quand tes fidèles n'auront pas l'occasion
d'entrer dans cette sainte· maison pour t'offrir leurs suppli- ·
cations, et qu'ils seront opprimés et désemparés, environnés
de difficultés ou assaillis par la tentation, et qu'ils tourneront
le visage vers cette sainte maison qui est la tienne et
qu'ils te demanderont de les délivrer, de les aider, d'exercer
ta puissance en leur faveur, nous te supplions de jeter sur
eux, de ta demeure sainte, un regard de miséricorde et de
tendre compassion, et d'écouter leurs cris. Ou bien, quand
les enfants de ton peuple, dans les années à venir, seront
éloignés p~r une cause quelconque, de ce lieu, et que leur
coeur se tournera vers ce saint Temple en se souvenant de
tes promesses, et que leurs cris monteront vers toi du fond
de leur afiliction et de leur. douleur afin que tu leur accordes
soulagement et délivrance, nous te supplions humblement
de leur prêter une oreille miséricordieuse ; écoute leurs
cris et accorde-leur les bénédictions qu'ils demandent.
» Père Tout-Puissant, augmente en nous le pouvoir de
cette foi que tu as acèordée à tes Saints pour qu'elle rest~
en leur possession. Fortifie-nous par le souvenir des glorieuses
délivrances passé~s, par le souvenir des alliances
sacrées que tu as faites avec nous, de sorte que,' quand le
mal nous accable, que le désarroi nous environne, quand
nous passons par la vallée ·de l'humiliation, nous n'ayons
pas un tremblement, pas un doute, mais que dans la force
de ton saint nom, nous puissions accomplir tes justes
intentions en ce qui nous concerne, remplir la mesure de
.notre création, et trioll!pher glorieusement, par ta grâce,
de tout péché habituel, être rachetés de tout mal, et être
LE GRAND TEMPLE .. HISTORIQUE 185
comptés, dans le royaume des cieux parini ceux qui demeureront
dans ta présence à jamais. ·
» Et maintenant, notre Père, nous te bénissons, nous te
louons, nous te glorifions, nous t'adorons, jour après jour
nous te magnifions, et nous te rendons grâces pour ta
grande bonté à notre égard, nous, tes enfants, et nous te
prions, au nom de ton Fils Jésus-Christ, d'entendre ces
humbles pétitions qui viennent de no'Qs, et de .nous répondre
du ciel, ta sainte demeure, où tu sièges sur un trône de
gloire, de puissance, de majesté et de souveraineté et avec
une infinité de puissance telle que nous, tes créatures mortelles,
nous ne pouvons J'imaginer et moins encore la
comprendre. Amen et Amen.>>
Tous c~ux .qui assistèrent aux services de dédicace le
matin du 6 avril 1893 se souviennent de la grandeur de
cètte journée. Le ciel était couvert et bas, et peu de temps
avant l'heure de commencer, un fort vent du nord-ouest
se mit à souffler. Ce vent s'enfla jusqu'à être un veritable
ouragan et durant toute la session· du matin; il sembla
vraiment que le prince de l'air régnait en maître, mais la
paix et la sérénité de l'assemblée parurent d'autant plus
iillpressionnantes par con.traste avec le fracas et la tempête
à l'extérieur.
De grandes orgues avaient été dressées dans la salle de
réunion et servirent à accompagner le choeur de voix choisies
par lequel les cantiques et les hymnes spécialement
composés pour la circonstance furent rendus. Le trait
essentiel et caractéristique du service fut, naturellement,
l'offrande de la prière de dédicace ; il s'y ajouta de brèves
allocutions de personnages officiels de l'Eglise. A la première
session, chaque membre de la Première Présidence
fit une allocution, pleine de promesses et de prophéties.
186 LA MAISON DU SEIGNEUR
Pendant tout le service revint ce refrain solennel qui s'exprimait
dans les hymnes, les sermons et les prières :
« La Maison du Seigneur est achevée :. .
NOTES DU CHAPITRE VI
G Contributor, vol. XIV, n• 6, avril 1893, page 248.
& Josèphe, Antiquités juives, Livre XV, 11:3.
• Du même auteur, «L'Histoire du Mormonisme», pages 63-81.
d Vous trouverez une description de cette entreprise précoce dans un admirable
article de James H. Anderson : «The Salt Lake Temple», paru dans
The Contributor, vol. XIV, n• 6, avril 1893. Cet article donne des renseignements
très détaillés sur les travaux de construction du Grand Temple.
• « Millennial Star» Liverpool, vol. 16, page 753. «The Illustrated London
News» du 13 juin 1857 contie!J.t un article «Mormon Temple in Salt Lake
City » où sont données de nombreuses précisions sur la construction. A l'appui
de ce texte figure une grande gravure sur bois représentant une perspective du
grand bâtiment ; cette gravure est une représentation fidèle de l'édifice achevé,
à part quelques détails des tours et de la décoration finale.
r Pour avoir un exemple de. cette division des tâches et de l'appel direct
aux. différentes organisations de l'Eglise, voyez la circulaire éditée en 1876 par
l'autorité de la Première Présidence et du Conseil des Douze Apôtres, adressée
aux Anciens, aux Soixante-Dix et aux Grands-Prêtres ; elle figure dans le
« Contributon>, vol. XIV, pages 267-268.
• Apoc. 14:6-7; et aussi Perle de Grand Prix, Ecrits de Joseph Smith II,
30-48.
~ Le texte intégral de cette lettre se trouve dans le « Contributor »,
vol. XlV, pages 280-281.
CHAPITRE VII
LE GRAND TEMPLE DE SALT LAKE CITY
EXTÉRIEUR
Devant nous se dresse le bâtiment achevé, le résultat
visible de quatre décennies d'un labeur dévoué, période
marquée à ses débuts par la pauvreté et la pénurie suivies
d'une relative prospérité, d'une certaine abondance.
L'impression que produit un premier coup d'oeil sur l'extérieur
est celle de massiveté jointe à un sentiment de stabilité
certaine. Un examen plus approfondi, une connaissance
plus intime ne servent qu'à renforcer cette première
impression, tout en faisant apparaître de nombreux détails
qui dénotent l'unicité du plan et l'excellence de la construction.
Pour ce qui est du style architectural, le Temple
appartient à une catégorie qui lui est propre. C'est l'originalité
plutôt que la nouveauté qui caractérise tous les traits.
saillants. Et pourtant rien ne vient trahir un effet forcé, un
effort conscient pour s'écarter de lignes plus conventionnelles.
Le Temple n'est pas une excentricité architecturale ;
au contraire, il est exactement à sa place, tant du point de
vue du cadre matériel que de l'atmosphère spirituelle.
La construction est de style composite, car elle présente
des traits gothiques et romans. Des architectes expérimentés.
l'ont décrit comme étant une modification du gothique.
188 LA MAISON DU SEIGNEUR
rond, tandis que d'autres l'ont appelé roman parce qu'il se
conforme en partie au style crénelé qui s'est tellement
développé en Angleterre. Mais, même si cette description
est vraie de l'extérieur, elle ne peut du ~out s'appliquer à
l'intérieur. Il n'y a pas de voûtes élancées pour soutenir
une toiture gothique, ni de poutres massives dans le genre
du style roman ; au contraire, l'intérieur est plutôt conçu
selon le style Renaissance."
Le Temple fut construit en vue d'un usage spécifique ;
il était destiné à un service tout différent de celui d'une
jCathédrale, d'un tabernacle, d'une mosquée ou d'une
synagogue ; et le bâtiment fut conçu et modelé afin de
répondre à son but particulier. Voilà quelle était et quelle
èst encore sa raison d'êtrer l'explication de sa conception,
la justification de son 'plan. ·
Comme nous l'avons montré, les plans du bâtiment
furent publiés et une description assez détaillée en fut
diffusée en 1854. Un examen minutieux· de la construction
telle qu'elle nous apparaît maintenant, montre que dans
tous ses détails essentiels, le plan originel de l'extérieur a
été respecté presque jusqu'à la perfection. Le détail des
flèches, des tourelles et des fleurons n'avait pas été arrêté
lorsque le plan fut publié la première fois, et dans ces
détails comme dans certains autres, le plan originel a été
complété, mais aucune modification essentielle n'y a été
apportée. · -
Tel quel, le bâtiment mesure cinquante-cinq mètres
quatre-vingt-quinze de long, et trente-cinq mètres c.inquailte-
cinq de large, y compris les tours d'angle mesurées
au niveau du sol, soit vihgt-neuf mètres soixante-dix de
largeur pour le corps principal. Les murs latéraux ont
cinquante mètres. vingt-cinq de haut ; la tour centrale
ouest a une hauteur de soixante-et-un mètres vingt et celle
LE GRAND TEMPLE - EXTÉRIEUR 189
qui lui correspond à l'est a un mètre quatre-vingts de plus.
La surface totale couverte par le bâtiment est de dix-neuf
Inille six cent soixante-cinq mètres carrés.
Les murs s'élèvent sur tine fondation massive, qui pénètre
de quatre mètres quatre-vingts dans le sol, mesure quatre
mètres quatre-vingts d'épaisseur à la base et deux mètres.
soixante-dix au sommet. Depuis le niveau du sol jusqu'aux.
globes qui surmontent les flèches, les murs sont en granit ;
chaque bloc a été taillé avec précision quant à la forme et
aux dimensions et ajusté avec un soin égal tant à l'extérieur
qu'à l'intérieur. Les fenêtres, cintrées ou ovales, qui toutes
· sont profondément encastrées dans leur niche de granit,
sont encadrées d'oolithe.· Sur toute la hauteur du rez-dechaussée;
les murs ont deux mètres quarante d'épaisseur;
plus haut, cette épaisseur est graduellement réduite à un
minimum d'un mètre quatre-vingts. Les contreforts ont
uniformément trente centimètres d'épaisseur de plus que
les murs proprement dits.
Le bâtiment comporte trois tours à chaque extrémité,
entre lesquelles s'étend le corps principal, ce qui rappelle
à un observateur situé à quelque distance, une vaste nef
intermédiaire. En plan, le Temple présente une symétrie
frappante, chaque axe central étant un axe de symétrie,
La moitié ouest est la répétition de la moitié est et la
moitié méridionale est le double de la septentrionale. Les
lignes qui courent nord-sud en passant par le centre des
trois tours de chaque extrémité sont aussi des lignes de
symétrie qui divisent les tours en parties qui se correspondent.
La .répétition des partiys _se manifeste aussi en élévation
verticale; C'est ainsi que, au-dessus du preinier cordon de
pierre, c'est-à-dire immédiatement' au-dessus du sous-sol
se trouve le rez-de-chaussée indiqué à l'extérieur par une
190 LA MAISON DU SEIGNEUR
sene de hautes fenêtres cintrées situées entre les contreforts
; au-dessus de celles~ci se trouve une série de fenêtres
elliptiques ou ovales .. Le cordon situé immédiatement
au-dessus de ces ouvertures ovales marque le milieu de la
construction selon une section verticale du corps principal.
La moitié supérieure, jusqu'au niveau. du cordon supérieur,
est dans l'ensemble la répétition de la moitié inférieure.
Le toit est si peu incliné qu'on peut le considérer comme
plat : il n'est inçliné que de deux mètres quarante du centre
jusqu'au bord. Entre les tours terminales, c'est-à-dire dans
le corps principal du bâtiment, les murs supportent neuf
contreforts ou pilastres tant du côté nord que du côté sud.
Chacun de ces pilastres s'élève plus haut que le parapet et
que· les créneaux des murs et est couronné d'un bloc de
granit d'un mètre carré cinq à la base et de soixante-quinze
centimètres de haut. De ces pierres de couronnement des
pilastres, quatre sur chaque mur sont creuses et constituent
l'orifice des conduits d'aération qui descendent jusqu'au
sous-sol.
Plus haut que le niveau du toit s'élèvent les sections
~upérieures des tours avec leur . flèche et leurs fleurons.
Des tourelles octogonales occupent les angles des tours et
·chaque tourelle est surmontée d'un monolithe pyramidal
d'un mètre quatre-vingts de haut et de quatre-vingt-dix
centimètres de diamètre à la base ; le sommet de cette
pyramide est taillé de manière à représenter un bouquet
d'acanthes. Chacune des six tours est surmontée d'une
flèche pyramidale qui se tennine par un globe de pierre.
Les pierres taillées qui constituent les flèches ont soixante
centimètres· d'épaisseur; les globes qui couronnent les
quatre tours d'angle ont quatre-vingt-dix centimètres de
diamètre, tandis que .ceux des deux tours centrales mesurent
vingt centimètres de plus.
LE GRAND TEMPLE - EXTÉRIEUR 191
Le globe qui couronne la tour centrale du côté est, qui
est la plus haute pierre du bâtiment et par conséquent la
pierre terminale proprement dite, supporte une statue dont
la couronne constitue le point le plus élevé de toute la
construction. Cette statue, qui mesure ·trois mètres soixante-
quinze, est celle d'un homme ayant l'allure d'un
héraut ou messager, souffiant de la trompette. Par son attitude
et ses proportions, cette statue est pleine de grâce et
de douceur, quoique virile et forte ; son vêtement est simplement
drapé et ne ·laisse apparaître que les pieds, les
bras, le cou et la tête. Autour de la tête, un mince anneau
supporte une série d'ampoules puissantes. La statue est en
cuivre battu, doublé d'épaisses feuilles d'or. C'est l'oeuvre
de C. E. Dallin, natif de l'Utah, et dont la renommée
comme sculpteur a franchi les frontières nationales. Cette
statue doit représenter Moroni, le prophète néphite, qui
mourut vers 421 après J.-C., et qili, sous la forme ressuscitée,
apparut en 1823 au prophète Joseph Smith, alors
jeune homme, et lui confia le message de l'Evangile rétabli,
conformément à la prédiction du Voyant antique :
« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel,
ay~t un évangile éternel, pour l'annoncer aux habitants
de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue et
à tout peuple. Il disait d'une voix forte : Craignez Dieu,
et donnez-lui gloire, car l'heure de son jugement est venue ;
et adorez celui qui a fait le ciel et la terre, et la mer, et les
sources d'eaux. » (Apoc. 14:6-7.)
Comme nous l'avons décrit à propos des cérémonies
pour la pose de la pierre tenninale, le 6 avril 1892, la
pierre sur laquelle est posée la statue est une des pierres
historiques du Temple. Une autre pierre historique doit
être remarquée. Elle se trouve à l'angle sud-est du bâtiment,
immédiatement en dessous de la première couche de
192 LA MAISON DU SEIGNEURgranit.
C'est un bloc de quartzite de quatre-vingt-dix centimètres
de long et de cinquante centimètres de largeur et
de hauteur. Une cavité de trente centimètres sur trente
renferme des livres imprimés, des périodiques et des
registres manuscrits, qui y furent placés au moment de la
pose de la première rangée !le blocs. de granit. Une plaque
de quartzite ferme la cavité et est dûment cimentée en
place afin d'éviter que la moisissure n'y pénètre.
Il y a dans les murs plusieurs séries de pierres portant
des dessins de signification emblématique, telles que celles
qui représentent la terre, la lune, le soleil et les étoiles
avec, en outre, des pierres figurant des nuages et des pierres
portant des inscriptions.
Les pierres figurant la terre sont au nombre de trentequatre,
onze de chaque côté et six à chaque bout du bâtiment.
Elles sont posées sur la rangée qui sert de piédestal,
c'est-à-dire la première rangée de granit, qui atteint soixante-
dix centimètres au-dessus du soL Il y a une de ces
pierres à chaque contrefort, à la seule exception. des contreforts
se trouvant à là jonction des tours et du corps
principal. Ces pierres figurant la terre constituent les plus
gros blocs cubiques du bâtiment ; chacun d'entre eux
mesure un mètre soixante-cinq de. haut, un mètre trentecinq
de large et cinquante centimètres d'épaisseur et pèse
presque trois tonnes et demie. Chacun de ces blocs massifs
est taillé de ·façon à représenter une partie de la surface
d'une sphère, le segment ayant un diamètre de plus de
quatre-vingt-dix centimètres.
Les blocs qui ont été taillés pour représenter la lune
dans ses différentes phases occupent une place en vue dans
les contr.eforts immédiatement au-dessous du second cordon
de pierre ·; ils sont donc au niveau du dessus de la rangée
inférieure de fenêtres ovales correspondant au plafond de
LE GRAND TEMPLE - EXTÉRIEUR 193
l'entresol. Il y a cinquante de ces pierres figurant la lune ;
chacune a un mètre trente-huit de haut, un mètre cinq de
large et trente centimètres d'épaisseur.
Les pierres figurant le soleil sont placées dans les contreforts
immédiatement au-dessous du troisième cordon de
pierre, qui est pratiquement au niveau du toit. Il y en a ·
cinquante, taillées de manière à représenter le globe
solaire, avec un bord dentelé figurant cinquante-deux
rayons de soleil. Chacune de ces pierrès a un mètre trentehuit
de haut, un mètre cinq de large et vingt-cinq centimètres
d'épaisseur.
Les pierres portant une étoile sont nombreuses ; chacune
porte en relief l'image d'une étoile à cinq branches.
Sur la tour centrale du côté est, immédiatement en dessous
des créneaux, il y en a seize, qùatre sur chaque face ; et
sur chacune des tours d'angle de l'est, il y en a douze, ce
qui fait quarante, rien que pour ces tours. Les clefs de
voûte des portes et des fenêtres cintrées sont de ce genre
et portent chacune une étoile.
D'autres pierres figurant des étoiles sont visibles sur la
façade de la tour centrale côté ouest. Ici, au-dessus de la
fenêtre la plus élevée, et s'étendant jusqu'à la base de la
rangée de créneaux, on voit les sept étoiles de la constellation
septentrionale dite la . Grande Ourse, appelée aussi le
Chariot. Le groupe est orienté de telle manière que les deux
étoiles arrière sont pratiquement dans l'alignement de
l'Etoile Polaire elle-même.
Des pierres figurant des nuages, au. nombre de deux,
sont visibles sur la face supérieure de la tour ·centrale côté
est, immédiatement en dessous du couronnement des contreforts
principaux. Elles représentent un groupe de cumulus
à. travers lesquels percent les rayons du soleil. La face
194 LA MAISON DU SEIGNEUR
ainsi sculptée a une surface de un mètre cinquante sur un
mètre cinq.
Nous avons déjà fait allusion aux pierres portant des
inscriptions qui font partie des murs extérieurs. La principale
pierre de ce genre se trouve sur la tour centrale côté
· est au-dessus des fenêtres et correspond par sa position à
la ~:,;onstellation de la tour centrale ouest. L'inscription principale,
qui occupe une surface d'un peu plus de six mètres
sur un mètre quatre-vingts, est formée de lettres profondément
gravées et fortement dorées. Dans l'arcade qui surmonte
les grandes fenêtres des tours centrales figure une
inscription, la même aux deux bouts du bâtiment. La clé
de voûte de la fenêtre inférieure porte SUJ:' un rouleau
gravé «Je suis l'Alpha et l'Oméga». (Apoc. 1:8, 11 ;
21:6; 22:13.) Cette inscription, épitomé symbolisant le
temps et l'éternité, et en même temps affirmation de Celui
qui n'a ni commencement ni fin, est particulièrement à ·sa
place au-dessus des croisées centrales de cette Maison qui
est celle du Seigneur; et celui qui s'arrête pour lire ce
texte, peut bien le considérer dans son contexte entier :
«Je suis l'alpha et l'oméga, dit le Seigneur Dieu, celui qui
est, qui était, et qui vient, le Tout-Puissant.» (Apoc. 1:8:)
Immédiatement en dessous de cette inscription dans
l'arcade de la fenêtre inférieure de la tour centrale figure
en relief l'emblème des mains serrées, symbolisant le lien
de fraternité et le geste libre de celui qui tend la main
droite de la camaraderie. Sur les pierres correspondantes,
au-dessus de la fenêtre supérieure de chacune des tours
centrales, se. trouve sculpté l'emblème de l'OEil qui voit
Tout.
L'accès au Temple directement de l'extérieur est assuré
par quatre grands portails, deux à chaque extrémité ;
chacun de ces portails occupe une cour située entre la tour
LE GRAND TEMPLE - EXTÉRIEUR 195
centrale et la tour d'angle joignante. Les qua_tre portails
sont construits de manière semblable. Une volée de seize
marches de granit amène au niveau de la cour ; la· marche
inférieure a environ quatre mètres quatre-vingts de long,
la marche supérieure environ deux mètres soixante-dix, et
chacune des marches intermédiaires environ trois mètres.
Sur la dalle de granit supérieure repose le seuil proprement
dit qui est en bronze coulé. Le portail mesure deux mètres
quarante de large et quatre mètres quatre-vingt-quinze dans
sa plus grande hauteur. Il est fermé par deux vantaux à
imposte cintrée. Les vantaux eux-mêmes ont trois mètres
soixante de haut et un mètre vingt de large chacun. Dans
chaque vantail, le panneau inférieur . est en chêne, tandis
que le panneau central et le panneau supérieur sont occupés
par des glaces biseautées protégées par une grille de
bronze au motif compliqué portant au centre un médaillon
figurant une ruche. Les parties métalliques sont toutes en
bronze coulé et d'un dessin particulier. Le bouton de porte
présente l'image en relief d'une ruche, ali-dessus de laquelle,
suivant une ligne courbe, figurent les mots « Sainteté au
Seigneur>>. L'écusson présente en relief les mains serrées à
l'intérieur d'urie guirlande de rameaux d'olivier, une arcade
avec sa clé de voûte, et les dates « 1853-1893 » -
années du commencement et de l'achèvement de ce grandiose
édifice.
Sur le côté de chacun des portails qui flanquent la tour
centrale, se trouve une niche à baldaquin creusée dans le
granit, assez grande pour recevoir une statue de proportions
héroïques. b
Tel est le grand Temple vu de l'extérieur. Cet édifice
massif impressionne même un observateur superficiel
comme un symbole de permanence, la concrétisation de la
196 LA. MAISON DU S.EIGNEUR
stabilité et de la durabilité. ll se dresse comme une masse
isolée des collines éternelles. Pour autant qu'une oeuvre
humaine puisse le faire, il suggère la durée.
NOTES nu CHAPITRE vn
0 Joseph D. C. Young, qui fut l'architecte responsable au cours de la dernière
partie de la construction, écrivit ce qui suit en réponse à une demande
de l'auteur en janvier 1912 : «La· question du style architectural représenté
dans le grand Temple a été posée à de nombreuses reprises. Certains architectes
de premier plan l'ont classé comme étant du gothique rond ; d'autres
ont dit qu'il est pratiquement impossible à classer, car il est «tout en matériaux
et pas du tout en plan ». A mon sens, on pourrait l'appeler du roman
modifié par le style crénelé. »
b Pendant un certain nombre d'années, les niches de l'extrémité est du
Temple furent occupées par des statues en bronze de Joseph Smith le prophète
et d'Hyrum Smith le patriarche. Ces statues ont depuis lors été transportées
au milieu des pelouses qui se trouvent dans l'enceinte du Bloc du
Temple. ·
1
CHAPITRE VIII
LE GRAND TEMPLE DE SALT LAKE CITY
INTÉRIEUR
L'Ann[!xe du Temple: Bien qu'il y ait quatre portails
donnant accès au Temple directement de l'extérieur,
l'entrée habituelle se fait par un bâtiment distinct connu
sous le nom d'Annexe. Dans les circonstances habituelles,
seules les autorités de l'Eglise qui se réunissent en conseil
pénètrent par les portails extérieurs, encore qu'en de rares
occasions où la Prêtrise est spécialement convoquée, de
nombreuses personnes franchissent ces portails.
On pénètre dans l'Annexe au niveau du rez-de-chaussé((
par un vestibule spacieux de cinq mètres quarante sur six
mètres trente avec du verre ondulé sur trois côtés. Le
parquet est en mosaïque bordée de blocs <le marbre. Cette
antichambre . est chauffée à la vapeur et sert éventuellement
de vestiaire. De part et d'autre du portail de l'Annexe
se dressent deux grandes colonnes en mosaïque de marbre,
et tout contre les· murs adjacents se. trouvent deux autres
colonnes du .même matériau et d'un dessin semblable.
A l'intérieur de l'Annexe, se trouvent, à cet étage, des
bureaux bien équipés de tout le matériel nécessaire à
l'énorme travail de routine que représentent l'enregistrement
et les archives.
198 LA MAISON DU SEIGNEUR
La salle principale, toutefois, est la Salle de Réunion de
l'Annexe. Celle-ci occupe la partie centrale du bâtiment
et peut contenir trois cents personnes assises. La salle
comporte une aire centrale carrée de dix mètres quatrevingts
de côté flanquée du côté nord et du côté sud d'une
alcôve semi-circulaire de deux mètres soixante-dix de
rayon. L'alcôve du côté nord est occupée par une estrade
surélevée de vingt-cinq centimètres et meublée d'un petit
lutrin. La partie centrale de la salle a une imposante
colonne de style corinthien dans chacun des quatre coins ;
ces colonnes de modèle semblable supportent les arcades
qui séparent les alcôves de l'auditorium principal. Au-dessus
des arcades du côté nord figurent des portraits des
membres vivants de la Première Présidence ; et le long
des murs ceux de l'actuel Conseil des Douze Apôtres,
arrangés par ordre d'ancienneté d'ordination. A l'intérieur
des alcôves sont suspendus les ·portraits des défunts - au
nord, ceux des anciens membres de la Première Présidence,
et au sud ceux des apôtres décédés. Sur le mur ouest se
trouve une reproduction grandeur nature de la fameuse
toile de Munkacsy « Le Christ devant Pilate » ; cette copie
est l'oeuvre de Dan Weggeland, un des vieux artistes de
l'Utah. Le plafond est formé par l'intersection de quatre
voûtes, ce qui produit une quadruple arête. Chacune des
quatre lunettes est occupée par une série de trois fenêtres
cintrées en verre coloré, d'un modèle simple.
Du côté ouest du bâtiment se trouve un petit réfectoire
où une collation est servie à midi aux archivistes et autres
personnages officiels de service ce jour-là. Un escalier conduit
au sous-sol qui· est occupé par des dépôts de documents
et des toilettes. ·
Le Passage de l'Annexe: Le pied de l'escalier marque
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 199
le début d'un passage semi-souterrain, long de vingt-sept
mètres, qui se dirige vers le sud jusqu'au mur du Temple.
Ce passage reçoit de l'air ~t la lumière du jour par des
fenêtres latérales situées dans trois grandes coupoles de
ventilation qui s'élèvent d'un mètre quatre-vingts au-dessus
du sol. L'éclairage artificiel est assuré par trois lustres
électriques, contenant chacun douze ampoules. Près de
l'extrémité sud s'amorce un corridor secondaire qui mène
à une salle des machines où est installé un dispositif très
efficace de nettoyage par aspiration ; celui-ci est relié à
toutes les salles du Temple. (Avant 1911, le Temple était
chauffé et éclairé par ses propres chaudières et ses propres
dynamos, et durant cette période, les générateurs électriques
fonctionnaient dans ces salles. La vapeur et l'électricité
sont fournies à présent par une centrale située immédiatement
à l'ouest du Bloc du Temple. Voir chapitre IX.) Le
passage se termine au pied d'une volée de marches de granit
- au centre du mur nord du bâtiment principal. Le haut
de ces marches constitue le seuil du Temple. De lourdes
portes séparent l'Annexe du Temple.
Le Corridor Inférieur: La porte du passage de l'annexe
donne directement sur le corridor inférieur du Temple.
Celui-ci s'étend sur toute la largeur du bâtiment, du nord
au sud, et a un peu plus de trois mètres soixante de largeur.
Le sol en est couvert de tapis luxueux, les murs finement
décorés, et le corridor dans son ensemble présente un
contraste imposant avec le passage extérieur qui est fort
ordinaire. Les murs sont agrémentés de grandes peintures,
dont la principale est une toile de quatre mètres cinquante
sur trois mètres quatre-vingt-dix, montrant Joseph Smith
prêchant les tribus indiennes de l'est. A l'extrémité nord se
trouve une fontaine d'eau potable en onyx d'Utah - une
1
1
200 LA. MAISON. DU· SEIGNEUR
parmi toutes celles de ce modèle unique qui sont réparties
dans le bâtiment.
Le Ba.p tistère: A l'ouest du corridor inférieur ' ét occu- pant le tiers central de l'étage de ce côté, se trouve la salle
des baptêmes où se dressent les grands fonts. Cette pièce
mesure neuf mètres soixante sur treize mètres cinquante et
est dallée de marbre blanc. Un lambris de vingt-cinq centimètres,
du même matériau, court le long de tous les murs
et est surmonté d'une boisèrie à fibre apparente. Les murs
sont pratiquement une succession de portes à deux battants,
dont la moitié inférieure est un panneau de bois et la
moitié . supérieure un carreau martelé. Ch~que porte est
cintrée : au-dessus se trouve une grande imposte semicircul~
ire pou~e d'une ouv~rture centrale occupée par
un gnllage en metal. Il y a six de ces portes dans le mur
nord· et six dans le mur sud, plus deux à l'est et deux à
l'ouest. Il y a vingt-six pilastres cannelés le long des murs,
et chacun va du sol jusqu'au plafond. La seule lumière
naturelle que cette salle reçoit provient des fenêtres extérieures,
mais la lumière artificielle tombe à flots d'un
grand lustre central et dé nombreuses appliques.
Les fonts baptismaux sont évidemment l'objet le plus
remarquable de cette salle. Pour constituer ces fonts on a
, . ' creuse une excavatiOn, une sorte .de puits profond de
quatre-vingt-dix centimètres en dessous du niveau du sol.
Ce puits, carrelé de marbre, est circulaire ; le diamètre. en
est de six mètres trente ; il est entouré d'une balustrade
ornementale en fer, de soixante centimètres de haut. Dans
cette excavation. se dressent douze boeufs de fonte, grandeur
nature, dont le corps est bronzé et les cornes argentées.
Les boeufs font face à l'extérieur par groupes de trois et
supportent les fonts massifs. (Comparez avec la << mer de
f
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 201
fonte» du Temple de Salomon, I Rois 7:23-26; II Chron.
4:3-5.) Les fonts sont en fonte émaillée blanche de forme
elliptique : le grand axe me!!ure trois mètres et 1~ petit axe
un mètre quatre-vingts ; la profondeur est d'un mètre
vingt ; la capacité dépasse seize cents litrés. On en atteint
le bord de l'extérieur grâce à une volée de sept marches
située à chaque bout, avec balustrade et rampe en fer ; à
chaque bout également cinq marches permettent d'atteindre
le fond. Un équipement adéquat et efficace permet de
renouveler rapidement l'eau froide et chaude des fonts et
on a apporté les soins voulus à la ventilation et à toutes
les exigences sanitaires.
Le palier situé au-dessus des marches de l'extrémité
ouest des fonts s'élargit en deux petites plates-formes, une
de chaque côté ; celles-ci sont clôturées par une extension
de la balustrade. Du côté sud, il y a une petite table à
l'usage de l'archiviste et du côté nord des sièges pour les
témoins dont la présence est indispensable à tout baptême
conféré au bénéfice d'un défunt. (Cf. Doctrine et Alliances
section 128.) '
Si l'on a placé le baptistère à l'étage inférieur, en soussol,
ce n'est pas seulement pour une raison pratique. La
plupart des baptêmes conférés dans le Temple le sont au
bénéfice des morts et le symbolisme de l'emplacement des
fonts est fixé par l'autorité :
« Les fonts baptismaux furent institués comme similitude
de la tombe, et il fut commandé qu'ils fussent en un
lieu situé en dessous de l'endroit où les vivants ont coutume
de s'assembler, pour montrer les vivants et les
morts. » (Doctrine et Alliances 128:13.) ·
Du côté nord du baptistère se trouve une grande sail~
divisée en une série de loges servant d,e vestiaires et où
202 LA MAISON DU SEIGNEUR
l'on exécute certaines ordonnances- des onctions- pour
les hommes. Des dispositions semblables ont· été prises
pour les femmes du côté sud. Dans ces cérémonies ce sont
exclusivement des femmes qui exercent le ministère auprès
des femmes et des hommes auprès des hommes.
La Salle de Conférence inférieure : A l'est du corridor
inférieur se trouvent deux salles de réunion. La première
de celles-ci mesure environ douze mètres sur treize mètres
cinquante ; elle est décorée et meublée avec une grande
simplicité. Les murs sont dépourvus de tout ornement et, à
part les six lustres électriques, le seul ~lément vraiment
décoratif est une fontaine d'eau potable en marbre jaspé
et en onyx du côté sud. La pièce est pourvue d'un tapis
confortable, mais d'une simplicité voulue, sans une seule
trace de couleur vive. Les sièges sont des chaises pliantes
d'un modèle courant ; ils sont prévus pour deux cent cinquante
personnes. Cette salle est utilisée· pour une instruction
préliminaire et on l'appelle pour plus de facilité la
Salle de Conférence inférieure.
La Salle du Jardin : Contrastant de manière frappante
avec la salle que nous venons de décrire, il y a la salle du
sud, à laquelle on accède en venant de la salle de conférence
par une voûte tendue de portières. Tout en ayant
approximativement les mêmes dimensions que la salle que
nous venons de décrire et destinée à recevoir le même
nombre de personnes, elle est de conception plus recherchée
dans tous ses détails. Le plafond et les murs sont ornés de
peintures à l'huile, celui-là pour représenter les nuages
et le ciel avec le soleil, la lune et les étoiles ; ceux-ci nous
montrant des paysages d'une rare beauté. Il y a des grottes
sylvestres, des v~ons moussus, des étangs et des torrents,
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 203
des cascades et des ruisseaux, des arbres, de la vigne, des
fleurs, des insectes, des oiseaux et de gros animaux, bref,
la terre dans toute sa beauté - telle qu'elle était avant la
Chute. On peut l'appeler la salle du Jardin d'Eden, car
dans tous ses rècoins, dans tous ses détails elle exprime
une douce satisfaction, une paix bénie. Rien n'évoque les
désagréments, les litiges, l'hostilité ; les animaux sont en
paix et les oiseaux vivent en bon accord. Au centre du
mur sud il y a un podium avec un autel de prière auquel
on accède par trois marches. L'autel est tapissé de velours ;
dessus se trouve la S~nte Bible. Sur les côtés de l'autel, de
grandes portes s'ouvrent directement sur une serre de
plantes vivantes.
Le Grand Escalier : Il a son départ près de l'extrémité
sud du corridor inférieur déjà décrit. Il est pourvu d'un
imposant pilastre et d'une lourde balustrade, tous deux en
cerisier massif. Cet escalier comporte trente-cinq marches,
avec trois paliers ; au sommet se trouve le corridor inférieur
qui s'étend sur douze mètres vers le nord et vers le sud.
Une grande toile représentant le Christ instruisant les
Néphites sur le continent occidental occupe six mètres du
mur est de ce corridor ; des peintures plus petites décorent
les autres murs.
La Salle du Monde : Du dernier palier avant d'atteindre
le haut du grand escalier un corridor latéral de deux
mètres soixante-dix de large sur quatre mètres cinquante
de long se détache vers l'ouest. Il renferme un vitrail aux
couleurs vives, de forme elliptique, d'environ trois mètres
de haut, représentant l'expulsion du Jardin d'Eden. Il revêt
une signification particulière de par sa situation sur le
trajet de la Salle du Jardin à la salle symbolique où mène
204 LA MAISON DU SEIGNEUR
ce corridor latéral. A chaque extrémité, le corridor aboutit
à une voûte ; entre celles-ci, le plafond est fait de panneaux
d'un travail délicat. La salle a les mêmes dimensions
que celle du dessous : treize mètres cinquante sur
douze. Elle est pourvue d'un tapis brun chaud et des
sièges habituels. A l'extrémité ouest se trouve un autel
de prière recouvert de tapisserie sur lequel les Saintes
Ecritures sont toujours prêtes à être consultées. Près de
l'autel il y a un escalier qui mène à une petite salle
d'attente adjacente au palier de l'ascenseur.
Les murs sont entièrement couverts de paysages peints
et le plafond est peint de manière à représenter le ciel
et les nuages. Les scènes terrestres forment un contraste
. accusé avec celles de la Salle du Jardin à l'étage inférieur.
Ici les rochers sont fendus et disloqués ; l'histoire de la
terre parle de surrection de montagnes et d'ébranlements
sismiques. Les animaux s'affrontent en luttes mortelles,
en attaques meurtrières, à moins qu'ils ne soient déjà en
train de déchirer leur proie. Les créatures les plus timorées
fuient devant leurs voraces ennemis ou s'abritent dans des
retraites à demi dissimulées. II y a des lions en train
de combattre, un tigre se régalant d'un daim abattu, des
loups et des renards affamés en quête de nourriture. Des
oiseaux de proie tuent ou sont tués. Au sommet d'une
falaise raboteuse on voit l'aire d'un aigle : la mère et sa
nichée surveillexlt l'approche du mâle qui porte un agneau
dans ses serres. Tout le peuple de la forêt et les choses
sauvages de la montagne vivent sous la menace toujours
présente de la mort, et c'est par la mort qu'ils vivent. Les
arbres sont rabougris, tordus et flétris ; des buissons
accrochent une racine précaire dans les anfractuosités du
roc ; les épines, les orties, les cactus et les mauvaises
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 205
herbes abondent ; et dans une région, une tempête destructrice
fait rage.
Ces scènes caractérisent la situation du monde sous
la malédiction de Dieu. Il y a -néanmoins un étrange
attrait dans ces scènes et dans leur puissance de suggestion.
L'histoire est celle de la lutte, du combat, de la
victoire et du triomphe ou bien de la défaite et de la
mort. Du jardin · d'Eden, l'homme a été chassé pour
affronter la lutte, pour être aux prises avec les difficultés,
pour vivre à force de combats et de sueur. C'est à juste
titre que l'on appelle cette salle la salle du monde déchu,
ou, plus brièvement, la salle du monde.
La Salle Terrestre: De l'angle nord-ouest de la salle
que nous venons de décrire, une large porte mène à une
autre salle, haute, spacieuse, et magnifique. L'effet général
est une combinaison de richesse et de simplicité. Venant
après le décor chargé de la Salle du Monde, celle-ci inspire
le repos par la douceur de ses coloris et son apparence
confortable. Le tapis est en velours lavande orné de
figures simples. Les murs sont bleu pâle, le plafond et
les boiseries sont blancs avec des garnitures dorées.
A l'extrémité ouest se trouve un grand miroir encadré
de blanc et d'or. Les chaises sont tapissées de manière
à s'harmoniser avec le couvre-parquet. Du plafond à
panneaux pendent trois lustres électriques, massifs et cependant
simples, supportant des globes d'opaline. Deux séries
d'abat-jour coniques renfermant des ampoules à incandescence
occupent des cavités circulaires dans le plafond,
et des appliques en forme de torche supportant des
lampes supplémentaires sont fixées aux pilastres des murs.
Quelques toiles encadrées sont pendues aux murs; la
plus grande est une peinture originale de Girard : Joseph
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206 LA MAISON DU SEIGNEUR
interprétant les songes de l'intendant et du grand panetier.
D'autres peintures retracent des incidents de la vie du
Christ et des paysages bibliques. -
Un autel recouvert de tapisserie se dresse près de l'extrémité
est de la pièce ; un exemplaire des écritures saintes
y est placé. Dans cette salle, on donne des conférences
qui se rapportent aux dotations et mettent l'accent sur
les devoirs pratiques d'une vie religieuse. C'est pourquoi
on l'appelle communément la salle de conférence supérieure,
mais étant donné son rapport avec la salle suivante,
nous trouvons plus pratique de l'appeler la Salle
Terrestre. A l'extrémité est se trouve une estrade surélevée
que l'on atteint par trois marches et qu'enjambe
une voûte de neuf mètres de portée. La voûte est supportée
par cinq colonnes entre lesquelles est suspendue
une tenture de soie divisée en quatre sections. C'est le
Voile du Temple.
La Salle Céleste :De la salle que nous venons de décrire,
nous passons à la suivante en franchissant le Voile. Cette
nouvelle salle est vaste et élevée, elle mesure dix-huit
mètres sur treize mètres cinquante et dix mètres vingt de
haut ; elle occupe toute la section nord-est de cet étage
du bâtiment.· Par sa décoration et son mobilier c'est la
plus fastueuse de toutes les grandes salles que renferme
l'édifice. Si l'on pouvait considérer la salle précédente
comme typique de la condition terrestre, celle-ci suggère
une situation encore plus exaltée, et on peut à juste titre
l'appeler la Salle Céleste. L'extrémité ouest en est occupée
par le Voile. Le mur est est partiellement recouvert par
deux miroirs à trois faces, hauts de trois mètres quatrevingt-
dix ; la partie centrale de chacun mesure un mètre
dix de large et les parties latérales quatre-vingt-dix centi-
LE GRAND· TEMPLE - INTÉRIEUR 207
mètres chacune. Le long des murs se dressent vingt-deux
colonnes, assemblées par paires, à chapiteau corinthien ;
ceux-ci supportent des entablements d'où s'élancent dix
voûtes, quatre de chaque côté et une à chaque-bout. Dans
les renfoncements formés par ces voûtes ·et suspendus
aux colonnes murales se trouvent des peintures et des
bustes des dirigeants passés et actuels de l'Eglise ainsi
que des toiles représentant des scènes bibliques et des
incidents marquants de l'histoire de l'Eglise. On remarque
principalement parmi celles-ci des peintures de Lamboume,
montrant la colline de Cumorah ( « Les Articles de Foi»,
XIV:l-3) et Adam-ondi-Ahman (Doctrine et Alliances,
section 116). Des toiles de choix illustrant des scènes de
la vie du Christ et quelques petites statues sont disposées
dans la salle et produisent un très heureux effet. Le plafond
est une combinaison de voûtes et de panneaux
d'une décoration compliquée. Les corniches massives et
les poutres séparant les panneaux du plafond sont richèment
décorées de grappes de fruits et de· fleurs. La teinte
des murs est brun clair, relevé par le bleu pâle des
colonnes cannelées et par d'abondantes garnitures dorées.
Huit lustres électriques avec des abat-jour en verre richement
décorés sont suspendus au plafond et chacune des
vingt-deux colonnes porte une applique à plusieurs lampes
d'un modèle correspondant. Un pilastre à l'est porte un
bouquet de globes colorés sur un support artistique en
bronze. Le parquet est recouvert d'un tapis épais et les
meubles sont d'un style riche et pourtant approprié. Des
palmiers et autres plantes vivantes sont entretenus dans
d'élégantes jardinières en porcelaine fine. A l'est il y a
une courte volée de marches conduisant à un bureau
réservé au président du Temple.
L'embrasure de chacune des quatre fenêtres nord est
208 LA MAISON DU SEIGNEUR
encadrée de tentures de soie, qui, par le tissu et les
·motifs, sont assorties au Voile. Du côté sud il y a quatre
paires de portes à deux battants qui, par leur position
et leurs dimensions correspondent symétriquement aux
fenêtres du nord. Le portail situé au sud-ouest, qui est
_équipé de portes va-et-vient, donne directement sur le
corridor supérieur au haut du grand escalier déjà décrit ;
shacun des trois autres portails est équipé de portes à
coulisse et donne sur une salle séparée, légèrement surélevée
par rapport à la grande salle, et réservée à des
cérémonies spéciales qui seront décrites plus loin en
détail.
, La Salle du Scellement pour les Morts : La première
de ces trois petites salles comporte une partie rectangulaire
d'environ trois mètres sur trois mètres . quatre-vingt-dix,
avec un renfoncement semi-circulaire d'un mètre cinquante
de profondeur du côté sud. Cette salle est surélevée de
.deux marches au-dessus du parquet principal. Dans la
paroi d~ ce renfoncement il y a une fenêtre en saillie
garnie de vitraux représentant avec des détails précis et
impressionnants le prophète ressuscité, Moroni, remettant
les plaques du Livre de Mormon au jeune voyant, Joseph
Smith. Cela symbolise fort à propos la réalité des rapports
.entre les morts et les vivants, et c'est à des ordonnances
se rapportant à ceux-ci que la salle est consacrée: c'est
la Salle de Scellement pour les Morts. Le mur ouest est
occupé par un grand miroir. Au centre se dresse un autel
tapissé de velours vieux-rose décoré d'or. L'aùtel mesure
un mètre quatre-vingts sur un mètre cinq à la base et
soixante-quinze centimètres de hauteur. C'est ici que
s'agenouillent humblement ceux qui viennent servir de
représentants pour des maris et des épouses, des parents
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 209
et des enfants défunts. Le seul autre mobilier consiste en
chaises pour l'ancien qui officie, pour les témoins et pour
les personnes qui assiste,nt aux ordonnances de l'autél.
La Salle de Scellement pour les Vivànts : La salle qui,
des trois, se trouve le plus à l'est, est, par sa forme
et ses dimensions, une réplique de celle que nous venons
de décrire. Par sa décoration, toutefois, elle jette une note
plus claire ; l'autel et les , chaises sont tapissés de velours
cramoisi et les murs sont de couleur claire. Un miroir va
du parquet au plafond sur le mur est. C'est la Salle de
Scellement pour. les Vivants. C'est ici que l'on célèbre
l'ordonnance sacrée du mariage entre parties qui viennent
prendre un engagement de fidélité- maritale pour le temps
et pour l'éternité, et pour recevoir sur leur union le
sceau de la Prêtrise éternelle. C'est ici également que l'on
exécute les ordonnances du scellement , ou d'adoption des
enfants vivants par les parents qui n'ont pas dès l'abord
été unis selon l'ordre du mariage céleste. Du côté sud de
cette salle il y a une porte dont l'imposte et les panneaux
latéraux sont en verre décoré de motifs de fleurs qui conduit
à un salon de réception prévu pour accueillir les
groupes qui assistent à l'ordonnance du scellement. Ce
salon est relié du côté ouest par un bref couloir à un
salon plus petit, une autre salle d'attente, et celle-ci à
son tour donne sur le corridor supérieur au-dessus du
grand escalier.
Le Saint des Saints : Des trois petites salles reliées
à la Salle Céleste, celle qui se trouve au centre - située
donc entre la Salle de Scellement pour les Vivants et la
Salle de Scellement pour les Morts - est df) toutes les
petites salles du Temple de loin la plus magnifique. Et
210 . LA MAISON DU SEIGNEùR
pourtant· elle l'emporte· plutôt par sa· magnifique simplicité
que par une splendeur somptueuse. Elle est surélevée par
rapport aux deux autres et on y accède par une volée
supplémentaire de six marches situées à l'intérieur des
portes à coulisse. Ce petit escalier est bordé de balustrades
sculptées à la main qui se terminent par une paire de
pilastres supportant des figures de bronze symbolisant
l'enfance innocente; celles-ci supportent des bouquets de
:fleurs dont chaque bouton travaillé renferme une ampoule
électrique. Sur le palier au haut des marches, il y a une
autre voûte avec des portes à coulisse ; ces portes marquent
le seuil de la salle intérieure ou Saint des Saints du Temple,
et correspond à la_ draperie intérieure, ou voile, qui dissimulait
aux vues du public les pièces les plus sacrées du
Tabernacle et du Temple au cours des dispensations
antérieures.
Le parquet est recouvert de lames de bois dur mdigène,
de deux centimètres et demi de large chacune. La salle est
de forme circulaire, de cinq mètres quarante de diamètre,
les murs sont à panneaux séparés par des colonnes sculptées
supportant des voûtes; elle est décorée en bleu et or.
La porte d'entrée et les panneaux sont encadrés de velours
rouge avec un bord extérieur doré. Dans le mur, quatre
niChes, bordées de cramoisi et d'or, ont un ·fond bleu
foncé et abritent de hauts vases contenant des :fleurs. La
Salle est pratiquement dépourvue de lumière naturelle,
mais elle est brillamment illuminée par un grand lustre
électrique et huit appliques latérales. Le plafond est un
dôme dans lequel sont encastrées des fenêtres circulaires et
semi-circulaires en verre travaillé, et à l'extérieur de
celles-ci, d~nc au-dessus du plafond, il y a des globes électriques
dont la clarté pénètre dans la salle en d'innombrables
nuances de lumière tamisée.
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 211
Du côté sud de cette salle, vis-à-vis de la porte d'entrée,
et de dimensions semblables à celle-ci, se trouve une
fenêtre dont les vitraux représentent l'apparition du Père
Eternel et de Son Fils Jésus-Christ au jeune Joseph Smith.
L'événement évoqué ici marqua l'inauguration de la dispensation
de la plénitude des temps. La scène se passe dans
un bosquet ; les Personnages célestes sont vêtus de blanc
et leur attitude suggère qu'ils donnent des instructions au
jeune prophète, lequel est agenouillé, le visage levé et les
bras étendus. En dessous est inscrite l'écriture par laquelle
Joseph fut amené à rechercher l'enseignement divin:
« Si quelqu'un d'entre vous manque de sagessè, qu'il la
demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans
reproche, et elle lui sera donnée. » ·
Et en dessous :
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Ecoute-Le. »
Cette pièce est réservée aux ordonnances supérieures de
la Prêtrise se rapportant à l'exaltation tant des vivants que
des morts.
La Salle du Dôme: Près du pilier de l'escalier de granit
de la tour sud-est, au deuxième étage, se trouve l'entrée de
la grande Salle du Dôme, onze mètres soixante-dix sur
treize mètres vingt. Du côté sud se trouvent trois fenêtres
ovales et vis-à-vis de celles-ci du côté nord, il y a des demicercles
de verre martelé plongeant dans la Salle Céleste et
encastrés dans les voûtes de celle-ci. Au centre apparaît un
grand dôme de quinze mètres trente de circonférence à la
base et haut de deux mètres dix. Il s'y trouve encastré dixsept
fenêtres en verre travaillé et on l'identifie aisément
comme étant le plafond du Saint des Saints, déjà décrit
comme étant un des traits saillants du premier étage. Dans
212 LA MAISON DU SEIGNEUR
chacune de ces fenêtres il y a des lampes électriques, et
c'est ·.de celles-ci que la salle d'en dessous emprunte la
beauté de son éclairage coloré. Aux murs sont suspendus
les portraits des autorités de l'Eglise. Aucun travail
d'ordonnance particulier ne se rattache à cette salle.
A l'angle nord-ouest, elle donne sur un hall ou corridor de
vingt-deux mètres cinquante de long, de deux mètres quarante
de large pendant quatre mètres cinquante, puis de
trois mètres de large sur tout le reste de sa longueur. Des
salles .s'ouvrent sur les deux côtés de ce corridor.
~ La Salle des Anciens : C'est la première du côté sud
du corridor, à l'ouest de la Salle du Dôme. Elle mesure
neuf mètres trente sur trois mètres quatre-vingt-dix et est
éclairée par une seule fenêtre ovale. Le mobilier se compose
d'un autel pour la prière, de chaise~ et d'une table.
Cette salle est réservée aux réunions de conseil et de prière
des différents collèges d'anciens des pieux de Salt Lake
City, chacun de ces groupements en ayant la jouissance
selon un horaire déterminé.
La Salle du Conseil des Douze Apôtres : Elle se trouve
à l'ouest de la Salle des Anciens, du côté sud du corridor.
Celle-ci mesure huit mètres quarante sur huit mètres soixante-
dix et possède deux fenêtres ovales au sud. Elle est
meublée de douze chaises en chêne tapissé de cuir, d'autres
chaises pour les archivistes ou secrétaires, de pupitres,
d'une table et d'un autel. Sur les murs on voit les portraits
des Apôtres des Derniers Jours actuellement en vie. Adjacente
à cette salle, il y a une antichambre de quatre mètres
vingt sur six mètres trente.
La Salle de Conseil des Soixante-Dix : On y accède
par le corridor, près de son extrémité ouest. Cette salle
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 213
a huit mètres quarante sur quatre mètres vingt et possède
une fenêtre ovale du côté sud. Elle est réservée aux Sept
Premiers Présidents des Soixante-Dix, ou, pour plus de
précision, au Premier Conseil des. Soixante-?ix. Dans ce
but elle est meublée de sept chru.ses assorties, avec une
chaise supplémentaire pour l'archiviste ou secrétaire, une
table et un autel de prière.
La Salle du Conseil de la Première Présidence et des
Douze Apôtres: Elle est située du côté n?rd du co~dor
et avec ses antichambres, -occupe la maJeure partie de
c~ côté. La Salle principale mesure douze mètres sur huit
mètres quarante. Au centre se trouve un autel de prière
de bois blanc tendu de velours cramoisi. Douze grandes
chaises en chêne recouvertes de tapisserie, sont disposées
en trois quarts de cercle autour de l'autel. L'autre qua~
est occupé par une table derrière laquelle s~ trouve~~ trots
chaises assorties pour les trois grands-pretres prestdents
qui constituent la Première Présidence de l'Eglise, et une
autre chaise pour le Patriarche Président. Ces meubles,
avec un bureau, une table et une chaise à l'usage du secrétaire,
constituent l'essentiel du mobilier de la salle ; les
autres sont seulement décoratifs. Aux murs sont suspendues
plusieurs belles peintures, parmi lesquelles deux toiles
représentant la descente de. croix, une la mise au
tombeau du Christ crucifié, et d'autres des scènes de la
vie du Sauveur. Outre celles-ci, il y a des toiles originales
représentant des paysages intéressant l'histoire de l'Eglise
rétablie.
L'antichambre de cette salle a quatre mètres quatrevingts
sur quatre mètres vingt. Du côté nord on voit
un vitrail commémoratif, montrant, dans son panneau
central, une magnifique image du Temple achevé, au-dessus
1
;
Il
214 LA MAISON DU SEIGNEUR
de laquelle figure l'inscription sacrée « Sainteté au Seigneur
». Chacun des panneaux latéraux présente un écusson
avec un rouleau et des inscriptions.
La Salle du Grand Conseil : Immédiatement au nord
de l'antichambre de la salle réservée à la Première Présidence
et aux Douze Apôtres se trouve une pièce de sept
mètres cinquante sur quatre mètres quatre-vingts, affectée
à la Présidence et au Grand Conseil de chacun des pieux
de Sion se trouvant dans le district du Temple. La disposition
de cette pièce est fixée par un règlement, et les
conseils présidents de chacun des pieux intéressés y ont
accès tour à tour à des moments désignés, principalement
pour des' exercices de dévotion. Pour expédier leurs
affaires, ces organisations se réunissent autre part que
dans le Temple. La pièce est meublée du nombre voulu
de chaises, d'une table, d'un bureau et d'un autel.
La Grande Salle de Réunion : Avec ses vestiaires et
les corridors qui se trouvent aux deux bouts, cette salle
occupe tout le troisième étage et mesure trente-six mètres
sur vingt-quatre en surface et dix mètres quatre-vingts en
hauteur. Une galerie commode s'étend le long des deux
côtés et même les deux bouts sauf au-dessus de l'espace
occupé par les tribunes. A chaque bout de ce grand
auditoire se tro:uve une tribune spacieuse, une plate-forme
surélevée, une série multiple de chaires. Les deux sont
identiques quant à la décoration et au mobilier ; il nous
suffira d'en décrire une seule.
La tribune comporte quatre plates-formes, dont la plus
basse se trouve trente centimètres au-dessus du sol, tandis
que les trois autres s'élèvent de soixante centimètres.
Sur chacune des trois plates-formes inférieures se trouve
un canapé ou banquette dè cinq mètres quarante de long ;
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEUR 215
la plate-forme supérieure est meublée d'un canapé de
deux mètres quarante de long destiné au- président et à
ses deux conseillers. Sur chaque plate-forme se trouve
un lutrin central, avec un pupitre plus petit de conception
semblable de chaque côté. Toutes les boiseries
de ces plates-formes surélevées sont sculptées à la main
et décorées en blanc et or.
La tribune supérieure à chaque bout de la salle est
couverte d'un baldaquin soutenu par des colonnes, et
portant à son fronton la désignation de l'ordre de Prêtrise
auquel ce bout est réservé. La tribune de l'extrémité ouest
est libellée «Prêtrise d'Aaron» et celle de l'est «Prêtrise
de Melchisédek ».On se souvient qu'en décrivant l'extérieur
du Temple nous avons dit que les tours de l'est· sont plus
élevées que celles de l'ouest. On constate maintenant que
cette différence correspond à la gradation des ordres de
la Prêtrise qui se trouvent à l'intérieur, la Prêtrise supérieure
à l'est et la Prêtrise inférieure à l'ouest.
Flanquant les tribunes officielles aux deux bouts de
l'auditoire, il y a des sièges pour les officiers de la Prêtrise
qui ne sont pas immédiatement appelés à officier dans
les services du jour. La galerie et les ailes des tribunes
sont meublées de chaises pliantes ; les sièges appartenant
à l'auditoire proprement dit sont d'un modèle réversible,
de manière que les auditeurs puissent faire face à la.
tribune destinée à la Prêtrise qui officie à cette occasion.
Cette vaste salle est décorée en blanc et or. Du pla~
fond à panneaux pendent de grands lustres électriques
qui, joints aux lampes de la corniche, totalisent un nombre
de trois cent quatre globes électriques. A l'arrière de
chaqùe tribune se trouvent des vestiaires commodes avec
entrée de chaque côté. Daris chaque angle de cette salle
imposante, un escalier en spirale mène à la galerie ;
216 LA MAISON DU SEIGNEUR
l'escalier a une ligne gracieuse rehaussée de motüs décoratüs
sculptés à la main.
Les Etages Supérieurs : Au-dessus du niveau de la
Grande Salle de Réunion avec ses dépendances, il n'y a
plus de salles. L'étage suivant comporte un palier d'ascenseur
à l'ouest avec un corridor transversal réunissant les
deux tours d'angles, tant de l'extrémité est que de .l'extrémité
ouest du Temple, mais rien de plus. Le palier supérieur
est au niveau du toit du Temple. Plus haut, il n'y
a plus que les flèches et les fleurons.
Les quatre escaliers de granit : Dans chacune des quatre
tours d'angle, il y a, menant · du sous-sol au toit, un
escalier, dont chaque marche est en granit solide. Les
marches sont fixées à une colonne centrale en granit d'un
mètre vingt de diamètre; chaque marche est ajustée et
ancrée de telle sorte que le temps ne puisse y mettre
le moindre jeu. Chacun de ces quatre escaliers d'angle
compte cent soixante-dix-sept marches, ce qui donne un
total de sept cent huit marches. Chaque marche a un
mètre quatre-vingts de long et est enca~trée de huit centimètres
à chaque bout ; du côté étroit, chaque marche
mesure douze centimètres et demi de large, et à l'autre
bout, cinquante centimètres ; chaque marche présente
aussi un nez de quatre centimètres. Il y a de larges
paliers disposés à intervalles commodes dans la longue
spirale. Chaque marche complète pèse plus de sept cent
cinquante kilos et le poids total du granit des quatre
escaliers dépasse cent dix tonnes. A chaque étage il y a
un corridor transversal de trois mètres de large, reliant
les escaliers des tours. A l'extrémité ouest de la construction
se trouvent deux ascenseurs commodes glissant dans
LE GRAND TEMPLE - INTÉRIEuR 217
deux cages de granit distinctes allant du sous-sol au toit.
On installa tout d'abord des ascenseurs hydrauliques, mais
ceux-ci ont été remplacés par des ascenseurs électriques
automatiques.
Que l'on se souvienne que le Temple n'a pas été construit
uniquement pour le présent. La structure e~ assure
la stabilité et la construction a reçu tous les soms que
pouvaient y apporter l'habileté et le dévouement. ~?~
aspect intérieur est strictement en accord avec la stab1hte
des murs et en harmonie avec l'aspect impressionnant et
imposant de l'extérieur. Aucune de s~s p~ti~s ne trahit
la hâte dans l'établissement du plan ru la negligence dans
' son exécution. Même les pièces mansardées et les salles
d'archives - que l'on n'utilise que rarement - sont
bien et complètement décorées.
Toutefois, le Temple n'a pas été embelli, en to~s ses
points avec un souci égal. On n'a pas engage de depense
somptuaire ou inutile dans la décoration. La préoccupation
dominante a été l'adaptation au but. II y a beau- .
coup de salles de conception simple, meublées dans un
style fort ordinaire ; il y en a d'autres où l'on n'a. pas
ménagé les efforts ni mesuré la dépense pour attemdre
à la grandeur et au sublime. Nulle part on ne voit trace
d'imperfection; nulle part on ne songe à un excès ~'ornementation.
Chaque salle a été conçue et construite en
vue d'un but déterminé et a été décorée et meublée
strictement en conséquence. Dans le cadre de ce Temple,
le plus grandiose de la dispensation présente, il n'y a
pas d'ostentation, pas de gaspillage de matériaux, pas
de surcharge. Le Temple a été conçu et construit de la
manière que l'on estimait ·ta plus appropriée pour
La Maison du Seigneur.
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li
1
1 i.
CHAPITRE IX
CONCLUSION
Comme nous l'avons exposé au cours des pages qui
précèdent, l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours proclame la nécessité à l'époque présente des
Temples élevés et dédiés au service du Très-Haut, et
affirme que l'Eglise a reçu mission de construire et d'entretenir
ces sanctuaires et d'y administrer les ordonnances
salvatrices et exaltantes de l'Evangile, tant pour les vivants
que pour les morts.
Cette oeuvre a déjà atteint des dimensions à la fois
impressionnantes et surprenantes. Les ordonnances de
baptême et de confirmation, d'ordination à la Prêtrise et
de scellement tant entre époux qu'entre parents et enfants,
telles qu'on les célèbre dans les Temples de la dispensation
actuelle, se comptent déjà par millions, et l'oeuvre
se poursuit, in.arquée d'un zèle et d'un dévouement toujours
égaux.
L'Evangile de Jésus-Christ a été donné pour le salut
du genre humain; ses exigences s'appliquent également
aux vivants qui ont le privilège béni d'en entendre la
bonne nouvelle tandis qu'ils sont encore dans la chair,
et aux morts qui ont l'occasion de l'accepter dans le
monde des esprits. Le génie de l'Evangile est un altruisme
sans limites ; sa puissance de salut s'étend au-delà des
CONCLUSION 219
portes de la mort. Du fait que l'oeuvre vicariale pour les
morts ne peut être accomplie que dans des sanctuaires
spécialement consacrés à . ce but, il y aura un besoin toujours
actuel de Temples aussi longtemps qu'il y aura des
âmes attendant ce ministère. ·
Notre époque est une des ères les plus importantes de
toute l'histoire, car elle comporte les fruits du passé et
la semence vivante d'un avenir encore plus grand. La présente
dispensation est celle de la plénitude, dont les
dispensations des siècles passés n'ont été que les préli..:
minaires et la préparation. L'oeuvre de salut et de sanctification
en rapport avec les Temples modernes dépasse
celle des Temples des époques antérieures, comme la
lumière de midi surpasse la pénombre de l'aurore.
L'autorité qui exerçait le ministère dans les Temples
de Salomon, de Zorobabel et d'Hérode était celle de la
Prêtrise _inférieure ou Prêtrise d'Aaron, car la Prêtrise
supérieure ou Prêtrise de Melchisédek, connue aussi sous
le nom de Sainte Prêtrise selon l'ordre du Fils de Dieu,
avait été retirée d'Israël en même temps que Moïse. Les
Temples actuels sont administrés sous la plus haute autorité.
II est important de savoir faire la distinction entre
les deux ordres de Prêtrise et nous pourrions l'étudier
de plus près ici. Le fait qu'elles sont essentiellement
séparées et distinctes nous est montré avec évidence par
Paul dans son épître aux Hébreux :
« Si donc la perfection avait été possible par le sacerdoce
lévitique- car c'est sur ce sacerdoce que repose la .
loi donnée au peuple - qu'était-il encore besoin qu'il
parût un autre sacrificateur selon l'ordre de Melchisédek,
et non selon l'ordre d'Aaron?
Car, le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il
y a un changement de loi.» (Hébreux 7:11-12.)
220 LA MAISON DU SEIGNEUR
L'apôtre met l'accent sur la supériorité de la Prêtrise
appelée du nom de Melchisédek, en affirmant que JésusChrist
était un grand-prêtre de cet ordre supérieur (Hébreux
5:6 ; 10 ; 6:20 ; Psaumes 110:4 ; aussi Genèse 14:19).
Cette Prêtrise fut détenue et exercée par les Patriarches
tour à tour d'Adam à Moïse. Aaron fut ordonné à
l'office de prêtre, de même que ses fils, mais il est
abondamment prouvé que Moïse détenait une autorité
supérieure. (Considérez la réprimande que fit le Seigneur
à Aaron et à Miriam, Nombres 12:1-8.) Après la mort
d'Aaron, c'est son fils Eléazar qui exerça l'autorité de
grand-prêtre de la Prêtrise inférieure, et même Josué
devait lui demander conseil et instructions (Nombres
27:18-23).
Depuis le ministère de Moïse jusqu'à celui du Christ,
seule la Prêtrise inférieure fut à l'oeuvre sur terre, à
l'exception de quelques exemples où une autorité d'un
ordre supérieur fut spécialement déléguée, ainsi qu'il
apparaît dans le ministère de certains prophètes choisis :
Esaïe, Jérémie, Ezéchiel et d'autres. Il est évident que
ces prophètes, voyants et révélateurs étaient spécialement .
et individuellement chargés de missions, mais il apparaît
qu'ils n'avaient pas autorité pour appeler et ordonner des
successeurs, car de leur temps, la Prêtrise supérieure
n'existait pas sur terre avec son organisation de collèges
dûment dirigés par des officiers. Il n'en allait pas de
même, toutefois, de la Prêtrise d'Aaron, ou lévitique,· car
les successions ou collèges de cet ordre furent maintenus
jusqu'à l'époque 'du Christ. Le dernier qui détint et
exerça l'autorité de la Prêtrise d'Aaron sous l'ancienne
dispensation, ou dispensation mosaïque, fut Jean-Baptiste,
qui avait été spécialement chargé de mission. Voici comment
cette question est exposée dans la révélation moderne:
CONCLUSION 221
«Or, Moïse enseigna ceci clairement aux enfants
d'Israël dans le désert, et il chercha diligemment à sanctifier
son peuple, afin qu'il vît la face de Dieu.
Mais ils s'endurcirent le coeur et ne purent supporter sa
présence; c'est pourquoi, le Seigneur, dans sa colère, car
sa colère était allumée contre eux, jura qu'ils n'entreraient
pas dans son repos tandis qu'ils étaient dans le désert,
lequel repos est la plénitude de sa gloire.
C'est pourquoi il prit Moïse de leur milieu, ainsi que la
Sainte Prêtrise.
Et la moindre prêtrise continua, laquelle prêtrise détient
la clef du ministère des anges et de l'évangile préparatoire.
Lequel évangile est l'évangile de repentance et de baptême,
et la rémission des péchés, et la loi des commandements
charnels, que le Seigneur dans sa colère, fit continuer
dans la maison d'Aaron, parmi les enfants d'Israël,
jusqu'à Jean, que Dieu suscita et qui étaif rempli du SaintEsprit
dès le sein de sa mère.
Car il fut baptisé alors qu'il était encore dans son
enfance et fut ordonné à ce pouvoir par l'ange de Dieu,
lorsqu'il avait huit jours, pour renverser le royaume des
Juifs et pour aplanir le chemin du Seigneur, entre les
mains duquel tout pouvoir est donné. » (Doctrine et
Alliances 84:23-28.)
La Prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek fut
rétablie par le canal du ministère personnel de JésusChrist
et demeura avec Ses apôtres et dans l'Eglise sous
leur ministère, mais elle se perdit de nouveau lorsque
l'apostasie eut fait des progrès.
La Sainte Prêtrise dans sa plénitude a été rétablie à
notre époque - non seulement les fonctions inférieures
de diacre, d'instructeur et de prêtre, qui constituent les
offices distincts de l'ordre d'Aaron qui inclut l'ordre lévitique,
mais aussi l'autorité supérieure - celle d'ancien,
de soixante-dix, de patriarche, d'apôtre et de grandprêtre.
La Prêtrise d'Aaron est appelée ainsi du nom
222 LA MAISON, DU SEIGNEUR .
d'Aaron, qui fut donné à Moïs~ en qualité de porte-parole;
afin d'agir sous sa direction dans l'exécution des intentions
de Dieu touchant Israël (Exode 4:14-16). Pour cette
raison elle est parfois appelée Prêtrise inférieure, mais
quoique inférieure, elle n'est ni petite ni dépourvue d'importance.
Tandis qu'Israël voyageait dans le désert, Aaron
et . ses fils furent appe_Iés par prophétie et mis à part
pour les devoirs de l'office de prêtre (Exode 28:1). A une
période ultérieure de l'histoire d'Israël, le Seigneur choisit
la tribu de Lévi pour ·- assister Aaron dans les fonctions
sacerdotales, les devoirs particuliers des lévites étant
l'entretien des instruments et l'assistance aux services du
tabernacle. Les lévites ainsi choisis par le Seigneur devaient
prendre la place du premier-né de toutes les tribus, que
le Seigneur avait réclamé pour son service depuis le
moment de la dernière plaie d'Egypte, celle où le premier-
né . de chaque foyer égyptien était tué, tandis que
l'aîné de chaque foyer israélite était consacré et épargné
(Nombres 3:12-13 ; 39:44-45, 50-51). Cette mission ainsi
confiée aux lévites est parfois appelée la Prêtrise lévitique
(Hébreux 7:11) elle doit être considérée comme un
apanage de la prêtrise d'Aaron, vu qu'elle ne comprend
pas les pouvoirs supérieurs de la prêtrise. La Prêtrise
d'Aaron, telle qu'elle est rétablie sur ·la terre en cette
dispehsation, éomprend l'ordre lévitique (Doctrine et
Alliances 107:1). .Cette prêtrise détient les clés du
ministère d'anges ·et l'autorité d'assister aux ordonnances
extérieures, la lettre de l'évangile (Doctrine et Alliances
107 :20) ; elle comporte les offices de diacre, d'instructeur
et de prêtre, l'épjscopat en détenant les clefs de la
présidence.
La Prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek est
ainsi appelée du nom du roi de Salem, gra'lld-prêtre de
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-1
CONCLUSION 223
Dieu (Genèse 14:18; Hébreux 7:1-17); avant son époque,
elle était connue sous le nom de « la Sainte Prêtrise
selon l'ordre du Fils de Dieu», mais par respect pour
.le nom de l'Etre Suprême, afin d'éviter la répétition trop
fréquente de son nom, l'Eglise, dans les temps anciens,
appela cette prêtrise du nom de Melchisédek (Doctrine
et Alliances 107:2-4). Cette prêtrise détient le droit de
présidence dans tous les offices de l'Eglise ; ses fonctions
particulières consistent en l'administration des choses spirituelles
: ce qui comprend les clefs de toutes les bénédictions
spirituelles de l'Eglise, le droit « de voir les cieux
s'ouvrir devant eux, de communier avec l'assemblée générale
de l'Eglise du Premier-Né et de jouir de la communion
et de la présence de Dieu le Père et de Jésus, le
médiateur de la nouvelle alliance » (Doctrine et Alliances
107:8, 18-19). Les offices particuliers à la Prêtrise de
Melchisédek sont ceux d'apôtre, de patriarche ou évangéliste,
de grand-prêtre, de soixante-dix et d'ancien
(«Les Articles de Foi», XI:13-15).
Les Temples d'aujourd'hui sont entretenus et les
ordonnances particulières qui s'y rapportent sont administrées
sous l'autorité de la Prêtrise supérieure ou Prêtrise
de Melchisédek, ce qui constitue la plus grande,
la plus haute mission jamais confiée à l'homme. La prédiction
divine formulée par Malachie est en voie d'accomplissement
rapide. Elie le prophète a été envoyé sur
terre et il a confié à l'Eglise ce pouvoir et cette autorité
par lesquels a été inauguré le service vicarial au bénéfice
des morts. C'est par son ministère que le coeur des pères
se tourne vers les enfants et que le coeur des enfants se
tourne vers les pères, et ce, afin de préparer la proche
venue de notre Seigneur, le Christ (Malachie 4:5-6).