Le Livre de Mormon accomplit les prophéties bibliques
 


 

LeGrand Richards (1886-1983) 

 

Évêque président de 1938 à 1952

Membre du collège des Douze de 1952 à 1983

 

 

 

 

      Quand les plaques que l'ange Moroni avait remises à Joseph Smith eurent été traduites et publiées sous le titre de Livre de Mormon, leur diffusion rencontra une grande opposition, surtout de la part des pasteurs d'alors qui recommandèrent à leurs fidèles de ne pas les lire. Ceci, en soi nous semble plutôt absurde, car, si c'était là une oeuvre humaine, comme ils le prétendaient, ils auraient pu conseiller à leurs fidèles de lire l'ouvrage pour constater par eux-mêmes qu'il s'agissait d'un faux. On leur avait dit que le canon des Écritures était complet ; que nous n'aurions jamais rien de plus que ce qui est contenu dans la Bible. On citait souvent :

 

      Je le déclare à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce livre : Si quelqu'un y ajoute quelque chose, Dieu le frappera des fléaux décrits dans ce livre ; et si quelqu'un retranche quelque chose des paroles du livre de cette prophétie, Dieu retranchera sa part de l'arbre de la vie et de la ville sainte, décrits dans ce livre (Apocalypse 22:18, 19).

 

      À première lecture, on pourrait avoir des raisons de croire que l'apôtre Jean voulait dire qu'aucune autre Écriture ne serait ajoutée à la Bible, surtout si l'on tient compte du fait que ce passage se trouve dans le dernier chapitre de la Bible telle que nous la connaissons. Cependant il est aisé de comprendre que cette interprétation est erronée lorsque l'on apprend que, selon les exégètes bibliques : 1) cette révélation fut écrite quelque part entre 64 et 96 après J.-C. ; 2) Jean lui-même écrivit son évangile (l'évangile selon Jean) à Éphèse à une date beaucoup plus tardive ; 3) à cette époque, les livres de la Bible n'étaient pas encore réunis sous la forme où nous les avons maintenant. Nous devons donc comprendre que Jean mettait en garde contre le fait d'ajouter quelque chose aux révélations qu'il avait reçues et transcrites pendant son exil sur l'île de Patmos, ou d'en retirer quelque chose. Mais cela n'empêche toutefois pas le Seigneur d'ajouter des révélations à celles qu'il a déjà données.

 

      Si nous nous reportons aux paroles de Moïse, nous obtenons la preuve que toute autre conclusion est insoutenable, sinon nous serions obligés de rejeter tous les livres de la Bible à partir du Deutéronome :

 

      Vous n'ajouterez rien à ce que je vous prescris, et vous n'en retrancherez rien ; mais vous observerez les commandements de l'Éternel, votre Dieu, tels que je vous les prescris (Deutéronome 4:2).

 

      Vous observerez et vous mettrez en pratique toutes les choses que je vous ordonne ; vous n'y ajouterez rien, et vous n'en retrancherez rien (Deutéronome 12:32).

 

 

Prophéties concernant d'autres Écritures

 

      Le Seigneur savait que Satan suggérerait aux enfants des hommes de refuser d'accepter ce nouveau livre d'Écritures, le Livre de Mormon, et le déclara lui-même par l'intermédiaire du prophète Néphi :

 

      Mais voici, il y en aura beaucoup — en ce jour-là où je me mettrai en devoir de faire une œuvre merveilleuse parmi eux, afin de me souvenir des alliances que j'ai faites avec les enfants des hommes, afin d'étendre une seconde fois ma main pour recouvrer mon peuple qui est de la maison d'Israël ;

      et aussi afin de me souvenir des promesses que je t'ai faites, à toi, Néphi, et aussi à ton père, que je me souviendrais de votre postérité, et que les paroles de votre postérité iraient de ma bouche à votre postérité ; et mes paroles siffleront jusqu'aux extrémités de la terre, comme bannière pour mon peuple qui est de la maison d'Israël ;

      et parce que mes paroles siffleront, beaucoup de Gentils diront : Une Bible ! Une Bible ! Nous avons une Bible, et il ne peut y avoir davantage de Bible.

      Mais ainsi dit le Seigneur Dieu : Ô insensés, ils auront une Bible ; et elle sortira des Juifs, le peuple ancien de mon alliance. Et comment remercient-ils les Juifs de la Bible qu'ils reçoivent d'eux ? Oui, qu'entendent les Gentils par là ? Se souviennent-ils des labeurs, et des travaux, et des peines des Juifs, et de leur diligence vis-à-vis de moi à apporter le salut aux Gentils ?

      Ô Gentils, vous êtes-vous souvenus des Juifs, le peuple ancien de mon alliance ? Non ; mais vous les avez maudits, et les avez haïs, et n'avez pas cherché à les recouvrer. Mais voici, je ferai retomber ces choses sur votre tête ; car moi, le Seigneur, je n'ai pas oublié mon peuple.

      Insensé, qui diras : une Bible, nous avons une Bible, et nous n'avons pas besoin de davantage de Bible. Avez-vous obtenu une Bible autrement que par les Juifs ?

      Ne savez-vous pas qu'il y a plus d'une nation ? Ne savez-vous pas que moi, le Seigneur, votre Dieu, j'ai créé tous les hommes, et que je me souviens de ceux qui sont dans les îles de la mer, et que je règne dans les cieux en haut et sur la terre en bas, et que je fais parvenir ma parole aux enfants des hommes, oui, à toutes les nations de la terre ?

      Pourquoi murmurez-vous parce que vous allez recevoir davantage de ma parole ? Ne savez-vous pas que le témoignage de deux nations est le témoignage pour vous que je suis Dieu, que je me souviens d'une nation comme d'une autre ? C'est pourquoi, je dis les mêmes paroles à une nation qu'à l'autre. Et lorsque les deux nations s'uniront, les témoignages des deux nations s'uniront aussi.

      Et je fais cela afin de prouver à beaucoup que je suis le même hier, aujourd'hui et à jamais, et que j'envoie mes paroles selon mon bon plaisir. Et parce que j'ai dit une parole, vous ne devez pas supposer que je ne peux pas en dire une autre ; car mon œuvre n'est pas encore finie, et elle ne le sera pas avant la fin de l'homme, ni à partir de ce moment-là, ni jamais.

      C'est pourquoi, parce que vous avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes mes paroles ; et vous ne devez pas non plus penser que je n'en ai pas fait écrire davantage.

      Car je commande à tous les hommes, à la fois à l'est et à l'ouest, et au nord et au sud, et dans les îles de la mer, qu'ils écrivent les paroles que je leur dis ; car c'est d'après les livres qui seront écrits que je jugerai le monde, chacun selon ses œuvres, selon ce qui est écrit.

      Car voici, je parlerai aux Juifs, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux Néphites, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux autres tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles l'écriront ; et je parlerai aussi à toutes les nations de la terre, et elles l'écriront.

      Et il arrivera que les Juifs auront les paroles des Néphites, et les Néphites auront les paroles des Juifs, et les Néphites et les Juifs auront les paroles des tribus perdues d'Israël, et les tribus perdues d'Israël auront les paroles des Néphites et des Juifs.

      Et il arrivera que mon peuple, qui est de la maison d'Israël, sera rassemblé chez lui dans les pays de ses possessions ; et ma parole sera aussi rassemblée en une seule. Et je montrerai à ceux qui combattent ma parole et mon peuple, qui est de la maison d'Israël, que je suis Dieu et que j'ai fait alliance avec Abraham que je me souviendrais de sa postérité à jamais (2 Néphi 29).

 

      Cette révélation nous autorise à croire qu'il y a d'autres Écritures que celles qui se trouvent dans la Bible et dans le Livre de Mormon. Jésus nous éclaire davantage sur ce point :

 

      J'ai encore d'autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut que je les amène ; elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger (Jean 10:16).

 

      L'auteur d'une vie du Christ a déclaré qu'il ne trouvait aucune justification à ce passage d'Écriture, puisqu'il ne connaissait pas d'autres brebis que celles qui avaient reçu le ministère de Jésus. Certains ont expliqué qu'il devait s'agir des Gentils, mais Jésus a dit : « …Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël » (Matthieu 15:24).



Jésus a visité ses autres brebis

 

      Il faut noter que, bien qu'il leur envoya ses apôtres après sa crucifixion, Jésus n'exerça pas son ministère auprès des Gentils. Ceci, en ce qui concerne la Bible, laisse sans réponse la question : Qui étaient les autres brebis qu'il avait promis de visiter ? Pour le savoir, nous devons porter nos regards vers le rétablissement de l'Évangile et l'apparition du Livre de Mormon.

 

      Après avoir été crucifié et être remonté vers son Père, Jésus visita ses « autres brebis » d'Amérique, les Néphites ; il y choisit douze disciples et organisa son Église comme il l'avait fait parmi les juifs. Le récit détaillé nous en est fait dans 3 Néphi du Livre de Mormon, que nous citons comme suit :

 

      Et alors, il arriva que lorsqu'il eut dit ces paroles, Jésus dit à ces douze qu'il avait choisis :

      Vous êtes mes disciples, et vous êtes une lumière pour ce peuple, qui est un reste de la maison de Joseph.

      Et voici, ceci est le pays de votre héritage ; et le Père vous l'a donné.

      Et jamais à aucun moment le Père ne m'a donné le commandement de le dire à vos frères à Jérusalem.

      Et jamais non plus à aucun moment le Père ne m'a donné le commandement de leur parler des autres tribus de la maison d'Israël, que le Père a emmenées du pays.

      Le Père m'a commandé de ne leur dire que ceci :

      Que j'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut aussi que je les amène ; elles entendront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul berger.

      Or, à cause de la roideur de leur cou et de leur incrédulité, ils n'ont pas compris ma parole ; c'est pourquoi il m'a été commandé par le Père de ne pas leur en dire davantage à ce sujet.

      Mais, en vérité, je vous dis que le Père m'a commandé, et je vous le dis, que vous avez été séparés d'eux à cause de leur iniquité ; c'est pourquoi, c'est à cause de leur iniquité que vous leur êtes inconnus.

      Et en vérité, je vous dis encore que le Père a séparé d'eux les autres tribus ; et c'est à cause de leur iniquité qu'elles leur sont inconnues.

      Et en vérité, je vous dis que vous êtes ceux de qui j'ai dit : J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là, il faut aussi que je les amène ; elles entendront ma voix ; et il y aura un seul troupeau, un seul berger.

      Et ils ne m'ont pas compris, car ils pensaient que c'étaient les Gentils ; car ils ne comprenaient pas que les Gentils seraient convertis par leur prédication.

      Et ils ne m'ont pas compris lorsque j'ai dit qu'ils entendraient ma voix ; et ils n'ont pas compris que les Gentils n'entendraient jamais ma voix, que je ne me manifesterais pas à eux, si ce n'est par le Saint-Esprit.

      Mais voici, vous avez entendu ma voix et m'avez vu ; et vous êtes mes brebis, et vous êtes comptés parmi ceux que le Père m'a donnés (3 Néphi 15:11-24).

 

      Ceci nous apprend qui étaient les autres brebis au sujet desquelles Jésus annonça à ses disciples de Jérusalem qu'il avait l'intention de les visiter, cela nous apprend aussi qu'ils étaient un reste de la maison de Joseph. Jésus poursuit en expliquant qu'il a encore d'autres brebis, « qui ne sont pas de ce pays, ni du pays de Jérusalem » (3 Néphi 16:1) et qu'il doit les visiter. Comme nous ne savons pas encore qui elles sont ni où elles se trouvent, nous allons maintenant nous occuper du reste de la maison de Joseph et nous verrons ce que la Bible peut nous apprendre de cette branche de la maison d'Israël.



La maison de Juda et la maison de Joseph

 

      Si nous étudions les promesses faites par le Seigneur à Abraham, à Isaac et à Jacob (Israël) et à ses douze fils, que nous considérons comme les chefs des douze tribus de la maison d'Israël, nous verrons clairement que les promesses les plus importantes furent faites à Juda et à Joseph. Beaucoup ont une idée inexacte de ce que désigne le nom « Israël ». Beaucoup pensent, même à l'heure actuelle, qu'il désigne les Juifs ou la maison de Juda, oubliant que Juda n'était qu'un des douze fils d'Israël. Ruben était le fils aîné, mais à cause de sa transgression, son droit d'aînesse lui fut retiré et donné aux fils de Joseph :

 

      Fils de Ruben, premier-né d'Israël. - Car il était le premier-né mais, parce qu'il souilla la couche de son père, son droit d'aînesse fut donné aux fils de Joseph, fils d'Israël ; toutefois, Joseph ne dut pas être enregistré dans les généalogies comme premier-né. Juda fut, à la vérité, puissant parmi ses frères, et de lui est issu un prince ; mais le droit d'aînesse est à Joseph (1 Chroniques 5:1, 2).

 

      À propos de l'importance et de la situation respective de Juda et de Joseph, Paul dit :

 

      Car il est notoire que notre Seigneur est sorti de Juda, tribu dont Moïse n'a rien dit pour ce qui concerne le sacerdoce (Hébreux 7:14).

 

      Quand on comprend ces promesses et ces bénédictions, il devient clair que les bénédictions de Joseph, qui reçut le droit d'aînesse, lui donnaient la préférence sur tous les fils d'Israël, y compris Juda. C'est probablement à cause du fait que Juda et ses descendants, les Juifs, se sont serré les coudes, qu'ils en sont arrivés à être considérés comme les seuls Israélites. À une époque plus reculée, Israël s'était divisé : Juda constituant le plus petit groupe, tandis que le plus grand était appelé « Israël » :

 

      Joab remit au roi le rôle du dénombrement du peuple : il y avait en Israël huit cent mille hommes de guerre tirant l'épée, et en Juda cinq cent mille hommes (2 Samuel 24:9).

 

      Et l'Éternel dit : J'ôterai aussi Juda de devant ma face comme j'ai ôté Israël, et je rejetterai cette ville de Jérusalem que j'avais choisie, et la maison de laquelle j'avais dit : Là sera mon nom (2 Rois 23:27).

 

      Sous Éphraïm, Israël fut emmené vers le nord à l'époque où le royaume d'Israël fut renversé par les Assyriens, vers 721 avant J.-C. et ne revint jamais. Il fut dispersé parmi les nations :

 

      ...Je ne détruirai pas entièrement la maison de Jacob, dit l'Éternel.

      Car voici, je donnerai mes ordres, et je secouerai la maison d'Israël parmi toutes les nations, comme on secoue avec le crible, sans qu'il tombe à terre un seul grain (Amos 9:8, 9).

 

      Amos promit ensuite qu'après avoir été passé au crible, il serait à nouveau rassemblé (voir Amos 9:14, 15), ce qui signifie le rassemblement d'Israël dans les derniers jours tel qu'il a été promis par les prophètes.



Moïse a béni Joseph

 

      Examinons maintenant plus en détail les promesses faites à Joseph et à sa postérité. Nous allons voir non seulement que leurs promesses furent plus grandes que celles faites à Juda, mais aussi que Joseph et Juda devaient être séparés en deux grands groupes, comme nous l'avons déjà observé. Après le passage d'Israël au crible, Joseph devait recevoir un nouveau pays, séparé et distinct de la terre promise occupée principalement par Juda.

 

      Moïse « bénit les enfants d'Israël avant sa mort » (voir Deutéronome 33). Nous renvoyons le lecteur au récit de ces bénédictions et lui conseillons de le lire soigneusement en notant particulièrement la portée et la signification de la bénédiction de Joseph comparée à celles de ses frères. Étudions la bénédiction donnée à Joseph, telle que nous la lisons dans la version anglaise du roi Jacques (voir également la traduction allemande de Martin Luther) :

 

      Sur Joseph il dit : Son pays recevra de l'Éternel, en signe de bénédiction, le meilleur don du ciel, la rosée, les meilleures eaux qui sont en bas,

      Les meilleurs fruits du soleil, les meilleurs fruits de chaque mois,

      Les meilleurs produits des antiques montagnes, les meilleurs produits des collines éternelles,

      Les meilleurs produits de la terre et de ce qu'elle renferme. Que la grâce de celui qui apparut dans le buisson vienne sur la tête de Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui fut séparé de ses frères.

      Sa gloire est comme le premier-né de son taureau ; ses cornes sont les cornes du buffle ; avec elles il rassemblera les peuples, aux confins de la terre : et ce sont les myriades d’Éphraïm, ce sont les milliers de Manassé (Deutéronome 33:13-17).

 

      Quand le patriarche Moïse donna cette bénédiction, il est clair qu'il pensait d'abord au nouveau pays qui serait donné à Joseph et qui recevrait d'abondantes bénédictions du Seigneur de telle sorte qu'il donnerait les meilleurs fruits et les meilleurs produits des antiques montagnes et des collines éternelles.

 

      Quand les descendants de Joseph furent conduits en Amérique vers 600 av. J.-C., il leur fut dit que ce serait une terre préférable à toutes les autres terres. Si on lit la bénédiction que Moïse donna à Joseph, on voit que Moïse le pressentait et qu'il essaya de le décrire. Il ajouta que ce serait dans « les antiques montagnes » et « les collines éternelles ». Le pays où ils furent emmenés se situe dans la partie occidentale de l'Amérique du Sud, de l'Amérique Centrale et de l'Amérique du Nord, dans les montagnes Rocheuses, et cela correspond exactement à la description de Moïse.

 

      Moïse déclara encore que la grâce de celui qui apparut dans le buisson ardent (il s'agit du Dieu d'Israël qui apparut dans le buisson ardent, voir Exode 3:2) serait sur Joseph, qui fut séparé de ses frères. Il dit ensuite que sa gloire était comme le « premier-né de son taureau », c'est-à-dire premier-né ou héritier de son père, et nous avons déjà montré comment Joseph devint l'héritier du droit d'aînesse. Moïse voyait plus loin : il voyait la puissance et l'autorité qui seraient données à la postérité de Joseph et ajouta : « ...il rassemblera les peuples aux confins de la terre : et ce sont les myriades d'Éphraïm, ce sont les milliers de Manassé » (voir Deutéronome 33:17). Ceci semble annoncer l'établissement du royaume de Dieu sur la terre dans les derniers jours et le rassemblement d'Israël.



Jacob (Israël) a béni Joseph

 

      Jacob, le grand patriarche, fit venir ses enfants auprès de lui et les bénit juste avant de mourir :

 

      Jacob appela ses fils, et dit : Assemblez-vous et je vous annoncerai ce qui vous arrivera dans les derniers jours.

      Rassemblez-vous, et écoutez, fils de Jacob ! Écoutez Israël, votre père ! (Genèse 49:1, 2).

 

      Nous invitons le lecteur à étudier le chapitre 49 de la Genèse en entier, en prêtant attention à la grande différence entre les bénédictions respectives. Examinons maintenant avec soin la bénédiction que Joseph reçut de son père :

 

      Joseph est le rejeton d'un arbre fertile, le rejeton d'un arbre fertile près d'une source ; les branches s'élèvent au-dessus de la muraille. Ils l'ont provoqué, ils ont lancé des traits ; les archers l'ont poursuivi de leur haine.

      Mais son arc est demeuré ferme, et ses mains ont été fortifiées par les mains du Puissant de Jacob : il est ainsi devenu le berger, le rocher d'Israël.

      C'est l’œuvre du Dieu de ton père, qui t'aidera ; c'est l’œuvre du Tout-Puissant, qui te bénira des bénédictions des cieux en haut, des bénédictions des eaux en bas, des bénédictions des mamelles et du sein maternel.

      Les bénédictions de ton père s'élèvent au-dessus des bénédictions de mes pères jusqu'à la cime des collines éternelles ; qu'elles soient sur la tête de Joseph, sur le sommet de la tête de celui qui fut séparé de ses frères (Genèse 49:22-26).

 

      Cette bénédiction est semblable à celle donnée par Moïse, et débute par une allusion au pays où se rendrait la postérité de Joseph : « Un arbre fertile près d'une source ; les branches s'élèvent au-dessus de la muraille ». Il nous paraît logique de penser que l'océan était considéré comme la muraille au-dessus de laquelle les branches de Joseph s'élèveraient « jusqu'à la cime des collines éternelles ». Jacob annonça ensuite que Joseph recevrait les « bénédictions des cieux en haut... bénédictions des mamelles et du sein maternel », ce qui veut dire que sa postérité serait grande et que ses bénédictions surpasseraient les bénédictions de ses pères.



Signification du songe de Joseph

 

      Ajoutons à ces deux bénédictions le songe de Joseph, où il vit les gerbes de ses frères se prosterner devant sa gerbe. Puis il rêva que le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant lui (voir Genèse 37:5-10 ; 44:14).

 

      Posons-nous maintenant les questions suivantes :

 

1. La Bible rapporte-t-elle qu'un autre homme ait reçu des promesses égales à celles-ci, à part la promesse que le Christ viendrait au monde par les reins de Juda ?

 

2. La Bible rapporte-t-elle l'accomplissement de ces promesses ? Dans l'affirmative, où ?

 

3. On s'accorde généralement à reconnaître que la Bible est le livre des Juifs, mais où est le livre de Joseph et de sa postérité ?

 

4. Est-il raisonnable de supposer que Dieu ferait de plus grandes promesses à Joseph et à sa postérité qu'à aucun autre des onze fils de Jacob (Israël) et à sa postérité, et qu'ensuite il ne prendrait pas de dispositions pour que soit rapporté l'accomplissement de ces promesses ?



Le bois de Joseph

 

      Le Seigneur ne négligea pas cette importante question : il prit les dispositions voulues pour que rapport fût tenu des accords qu'il passa avec Joseph et sa postérité, à commencer par ses deux fils, Éphraïm et Manassé :

 

      La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots :

      Et toi, fils de l'homme, prends une pièce de bois, et écris dessus : Pour Juda et pour les enfants d'Israël qui lui sont associés. Prends une autre pièce de bois, et écris dessus : Pour Joseph, bois d'Éphraïm et de toute la maison d’Israël qui lui est associée.

      Rapproche-les l'une de l'autre pour en former une seule pièce, en sorte qu'elles soient unies dans ta main. Et lorsque les enfants de ton peuple te diront : Ne nous expliqueras-tu pas ce que cela signifie ? réponds-leur :

      Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : Voici, je prendrai le bois de Joseph qui est dans la main d'Éphraïm, et les tribus d'Israël qui lui sont associées ; je les joindrai au bois de Juda, et j'en formerai un seul bois, en sorte qu'ils ne soient qu'un dans ma main. Les bois sur lesquels tu écriras seront dans ta main sous leurs yeux (Ézéchiel 37:15-20).

 

      Quand ce commandement fut donné, cela revenait à commander de tenir deux livres, deux recueils d'annales. Une lecture attentive révélera que cela se produirait dans de futures générations (verset 18), que quand leurs enfants demanderaient la signification de ce commandement, le Seigneur prendrait « le bois de Joseph qui est dans la main d'Éphraïm, et les tribus d'Israël qui lui sont associées », les joindrait « au bois de Juda » et en formerait « un seul bois, en sorte qu'ils ne soient qu'un dans » sa « main ».

 

      Remarquons que le Seigneur dit qu'il ferait ceci et qu'ils ne seraient qu'un dans sa main. Or, si nous admettons que la Bible est le bois de Juda, où est le bois de Joseph ? Quelqu'un peut-il répondre ? Dieu a commandé qu'on le tienne pour écrire l'accomplissement des plus grandes promesses qu'il avait faites à Joseph. Ce serait naturellement un livre écrit dans un autre pays, puisque Joseph devait être « séparé de ses frères ». Il ressort avec évidence de cette Écriture que les annales de Juda, c'est-à-dire la Sainte Bible, resteraient avec ce peuple, et que les annales de Joseph y seraient jointes, et que les deux ne feraient plus qu'un.

 

      Quelqu'un verrait-il une objection à ce que Dieu fasse exactement ce qu'il avait promis à Ézéchiel de faire ? Cette promesse pouvait-elle être accomplie d'une façon plus simple et plus parfaite qu'elle ne le fut par l'apparition du Livre de Mormon ? Dieu conduisit en Amérique une branche de la maison de Joseph et leur commanda de tenir des annales de tous leurs actes. Puis il commanda à son prophète Moroni de cacher ces annales sacrées dans la colline de Cumorah, dans l'ouest de l'État de New York, aux États-Unis. Des siècles plus tard, il renvoya Moroni remettre les annales à Joseph Smith et donna à celui-ci le pouvoir de les traduire à l'aide de l’urim et du thummim. À présent les deux livres ont été réunis, ce qui constitue la réalisation complète d'une autre grande prophétie. Encore une fois, qui verrait une objection à ce que Dieu fasse ce qu'il a promis de faire ? Tant qu'il ne se trouvera pas quelqu'un pour expliquer où se trouve le livre de Joseph, le Livre de Mormon maintiendra, incontestée, sa prétention à être « le bois de Joseph ».



Une voix venant de la poussière

 

      Ésaïe vit l'apparition de ce livre sous la forme d'une voix, celle d'un spectre dont le murmure viendrait de la poussière :

 

      Malheur à Ariel, à Ariel ! Cité dont David fit sa demeure! Ajoutez année à année, laissez les fêtes accomplir leur cycle.

      Puis j'assiégerai Ariel ; il y aura des plaintes et des gémissements ; et la ville sera pour moi comme un Ariel.

      Je t'investirai de toutes parts, je te cernerai par des postes armés, j'élèverai contre toi des retranchements.

      Tu seras abaissée, ta parole viendra de terre, et les sons en seront étouffés par la poussière ; ta voix sortira de terre comme celle d'un spectre, et c'est de la poussière que tu murmureras tes discours (Ésaïe 29:1-4).

 

      Ésaïe vit la chute d'Ariel, c'est-à-dire de Jérusalem, à une époque lointaine dans l'avenir : « ajoutez année à année ». Puis il semble avoir été ravi dans une vision où il fut le témoin d'une destruction semblable des villes de Joseph, « et la ville sera pour moi comme un Ariel ». Il décrit comment elles seraient assiégées, comment des retranchements seraient élevés contre elles ; elles seraient abaissées et leur parole viendrait de terre ; les sons en seraient étouffés par la poussière ; leur voix sortirait de terre comme celle d'un spectre, et elles murmureraient leurs discours de la poussière. Or, de toute évidence, la seule manière dont un peuple mort peut parler « de terre » ou « de la poussière » c'est par le texte, et c'est ce que ce peuple fit par le moyen du Livre de Mormon. En vérité, il est comme un spectre, celui des paroles des prophètes du Dieu d'Israël.

 

      Le prophète Néphi décrit cet événement en ces termes :

 

      Lorsque ma postérité et la postérité de mes frères auront dégénéré dans l'incrédulité et auront été frappées par les Gentils, oui, lorsque le Seigneur Dieu les aura investies de toutes parts, les aura cernées par des postes armés, aura élevé contre elles des retranchements, et lorsqu'elles auront été abaissées dans la poussière, de sorte qu'elles ne seront plus, néanmoins, les paroles des justes seront écrites, et les prières des fidèles seront entendues, et tous ceux qui auront dégénéré dans l'incrédulité ne seront pas oubliés.

      Car ceux qui auront été détruits leur parleront de la terre, et leur discours sera un murmure qui sortira de la poussière, et leur voix sera comme celle d'un spectre ; car le Seigneur Dieu lui donnera le pouvoir de chuchoter à leur sujet, comme si cela venait de terre ; et leur discours chuchotera de la poussière.

      Car ainsi dit le Seigneur Dieu : Ils écriront les choses qui se feront parmi eux, et cela sera écrit et scellé dans un livre, et ceux qui auront dégénéré dans l'incrédulité ne l'auront pas, car ils cherchent à détruire les choses de Dieu (2 Néphi 26:15-17, Cf. Ésaïe 29:1-4).

 

      Ésaïe ne vit pas seulement que ce peuple serait détruit, qu'il serait abaissé, qu'il parlerait de terre, et que sa voix serait comme celle d'un spectre dont le murmure vient de la poussière ; il vit aussi que toute cette vision était représentée par un livre scellé :

 

      Toute la révélation est pour vous comme les mots d'un livre cacheté que l'on donne à un homme qui sait lire, en disant : Lis donc cela ! Et qui répond : Je ne le puis, car il est cacheté (Ésaïe 29:11).

 

      Lorsque cette vision fut terminée, Ésaïe entendit à nouveau la parole du Seigneur lui annoncer qu'il allait accomplir une oeuvre merveilleuse et un prodige :

 

      Le Seigneur dit : Quand ce peuple s'approche de moi, il m'honore de la bouche et des lèvres ; mais son cœur est éloigné de moi, et la crainte qu'il a de moi n'est qu'un précepte de tradition humaine.

      C'est pourquoi je m'en vais accomplir dans ce peuple une oeuvre merveilleuse et un prodige : et la sagesse de ses sages périra, et l'intelligence de ses hommes intelligents disparaîtra (Ésaïe 29:13, 14).

 

      L'avènement du Livre de Mormon est « une oeuvre merveilleuse et un prodige » ; les sages et les hommes intelligents du monde ne peuvent l'expliquer autrement que par le récit des faits présenté par Joseph Smith ; et lui ne l'obtint pas, il n'aurait pu l'obtenir, uniquement en lisant la Bible. Il le reçut par révélation du Seigneur par l'intermédiaire de l'ange Moroni.
 

 

Source : LeGrand Richards, A Marvelous Work and a Wonder, Salt Lake City, 1950, chapitre 7