Le
Livre de Mormon commenté
Page
de titre
Premier
livre de Néphi
Deuxième
livre de Néphi
Livre
de Jacob
Livre
d'Énos
Livre
de Jarom
Livre
d'Omni
Paroles
de Mormon
Livre
de Mosiah
Livre
d'Alma
Livre
d’Hélaman
Trois
Néphi
Livre
de Mormon
Livre
d'Éther
Livre
de Moroni
Page de titre
(commentée par Eldin Ricks)
Joseph Smith a écrit
un jour : « Je tiens à préciser ici que
la page de titre du Livre de Mormon est la traduction littérale,
tirée de la toute dernière feuille, située du
côté gauche du recueil ou livre de plaques, qui
contenait le document qui a été traduit … et que
ladite page de titre n'est en aucune façon un écrit
moderne, que ce soit de moi ou de tout autre homme qui ait vécu
ou vive à notre époque » (HC 1:71.).
La page de titre est donc
la traduction d'un document antique, au moins partiellement écrit
par Moroni 2, fils de Mormon, au cinquième siècle apr.
J.-C. Elle décrit le livre comme étant un « abrégé
des annales du peuple de Néphi et aussi des Lamanites »
et « aussi un abrégé tiré du livre
d’Éther, qui contient les annales du peuple de Jared ».
Selon la page de titre,
le Livre de Mormon s’adresse aux Lamanites, aux Juifs et aux
Gentils et vise à informer les Lamanites des promesses faites
à leurs ancêtres et à convaincre « Juif
et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui
se manifeste à toutes les nations. »
La page de titre a été
utilisée comme description du Livre de Mormon sur la demande
de copyright fédéral introduite le 11 juin 1829, avec
R.R. Lansing, greffier du Tribunal de district des États-Unis
pour le district nord de New York, à Albany.
Bibliographie
Ludlow,
Daniel H. “The title page”, dans The Book of Mormon :
First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. Monte S. Nyman
et Charles D. Tate, p. 19-33. Provo, Utah, 1988.
Premier livre de Néphi
(commenté par Rulon
D. Eames)
Écrit par Néphi
1, prophète antique qui s'enfuit de Jérusalem avec son
père, Léhi et la famille de celui-ci peu après
600 av. J.-C., ce livre raconte leurs voyages sous la direction
divine jusque sur le continent américain. Avec son témoignage
détaillé de la mission de Jésus-Christ et sa vue
panoramique de l'histoire sacrée, 1 Néphi est la
base doctrinale et historique de tout le Livre de Mormon. Son
intention avouée est de témoigner que le Dieu d'Israël
peut sauver tous ceux qui se repentent et font preuve de foi en lui
(1 Né. 1:20 ; 6:4).
Composées
plusieurs années après l’arrivée de Néphi
dans la « Terre promise », les annales, dont le
premier livre de Néphi faisait partie, contiennent des
prophéties et des prédications sacrées « à
cause du Christ, et à cause de [son] peuple »
(Jacob 1:4). Son message fondamental est que le Dieu d'Israël
est miséricordieux et a le pouvoir de sauver ceux qui lui
obéissent (1 Né. 1:20 ; 6:4 ; 22:30-31).
Néphi étaie cette thèse par des arguments
historiques et prophétiques. Il cite deux fois l'exode
d'Israël hors d'Égypte comme preuve du pouvoir rédempteur
de Dieu et voit le même pouvoir en action dans l'exode de sa
famille hors d’une Jérusalem condamnée. Voyant
d’une envergure spirituelle remarquable, Néphi témoigne
que des actes rédempteurs plus grands attendent à
l'avenir : Dieu lui-même viendra sur terre racheter
l'homme de la mort et du péché (1 Né.
11:33 ; 19:10), et avant la fin du monde, Israël sera
racheté.
Le récit de
1 Néphi est vivant et mouvementé ; les actes
d'intervention divine dominent ce récit. Il commence la
première année du roi judéen Sédécias
(1 Né. 1:4 ; cf. 2 R. 24:8-18, dont la date, selon
les documents babyloniens, est 597 av. J.-C.). Jérusalem vient
de capituler après un bref siège babylonien et le roi
Jojakin, ainsi que beaucoup de citoyens éminents de Juda, ont
été déportés. Quand Jérusalem
persiste dans son arrogance, une foule de prophètes, notamment
Jérémie et Léhi, annoncent sa destruction. Comme
le peuple conspire pour tuer Léhi, le Seigneur le prévient
et il fuit vers le sud dans le désert. À deux reprises,
ses quatre fils retournent dans la région, une fois pour
obtenir une copie des Écritures écrites sur des plaques
d’airain et une fois pour convaincre Ismaël et sa famille
de fuir avec eux (chapitres 3-7). Guidé par un compas d’airain
miraculeux, le groupe de Léhi accomplit une odyssée
épuisante qui va prendre huit ans dans le désert, pour
arriver dans un endroit verdoyant sur la côte méridionale
de la péninsule arabe. Là, le Seigneur convoque Néphi
sur une montagne où il lui commande de construire un bateau
pour transporter le groupe vers une terre de promission. Grâce
à l'inspiration et à la protection fréquentes de
Dieu, le bateau est achevé et le dangereux voyage a lieu
(chapitres 16-18).
Pendant tout ce temps,
Léhi et Néphi sont en butte à l’opposition
de Laman et Lémuel, les fils aînés de la famille,
qui sont non seulement sceptiques mais parfois violents dans leur
opposition. Les annales prennent la défense de Néphi de
plusieurs manières. Un ange intervient une fois pour protéger
Néphi contre ses frères ; Néphi leur
échappe deux fois, étant rempli de pouvoir de Dieu. À
plusieurs reprises, par sa foi, il réussit là où
ils échouent.
Le récit est
parsemé de grandes visions. Léhi reçoit son
mandat de prophète dans une vision tandis qu’il prie en
faveur de Jérusalem : Il voit une colonne de feu demeurer
sur un rocher et Dieu assis sur son trône et il reçoit
un livre à lire qui décrète des jugements sur la
ville (chapitre 1). Peu après, Néphi entend la voix du
Seigneur dire que lui, Néphi, instruirait et gouvernerait ses
frères aînés (chapitre 2) ; et Léhi a
un songe qui tourne autour d’un arbre magnifique, une rivière,
une barre de fer et un grand et spacieux édifice (chapitre 8).
La fuite de la famille hors d’une Jérusalem orgueilleuse
et matérialiste et sa recherche du salut dans le désert
sont fortement mises en évidence dans le langage figuré
de ce songe. Léhi prophétise aussi sur la captivité
babylonienne des Juifs, sur leur retour final en Palestine et sur la
venue d'un Messie qui rachètera l'humanité de son état
perdu et déchu (chapitre 10).
Inspiré des
expériences spirituelles de Léhi et voulant connaître
la signification du songe de son père, Néphi cherche à
avoir et reçoit la même vision ainsi que son
interprétation. Cette révélation met les
expériences de Léhi et de sa postérité
dans le contexte du plan rédempteur de Dieu et fournit une
grande partie du cadre historique et doctrinal de la prophétie
suivante du Livre de Mormon : (1) Néphi voit la
naissance, le ministère et le sacrifice expiatoire du Fils de
Dieu et le rejet de ses apôtres par Israël ; (2) il
assiste à la division de la famille de Léhi suivie de
la naissance, du déclin et de la destruction de sa propre
postérité par les descendants de ses frères et
il voit que l'agneau de Dieu visitera diverses branches d'Israël,
notamment la postérité de Néphi ; (3) il
voit une grande et abominable Église parmi les Gentils ainsi
qu’une dispensation de l'Évangile chez les Gentils et
leur rôle crucial dans le rassemblement d’Israël et
d'un reste de la postérité de Néphi ; et
(4) la victoire finale de Dieu sur les puissances du mal à la
fin du monde lui est montrée (chapitres 11-14).
Citant d'autres
prophéties allant dans le même sens, 1 Néphi
19-22 renforce ces quatre thèmes, les piliers des perspectives
néphites sur l'histoire du monde. Néphi donne d'abord
un témoignage détaillé du sacrifice expiatoire
du Dieu d'Israël, de son rejet et de la dispersion du peuple de
l'alliance de Dieu, citant Zénos, Zénock, et Néum
(chapitre 19) ; il cite ensuite Ésaïe pour prouver
que Dieu différera sa colère et rassemblera finalement
son peuple grâce à l'aide de rois et de reines gentils
(chapitres 20-21) ; et finalement, il exhorte tout le monde à
obéir aux commandements de Dieu et à être sauvé,
parce que dans les derniers jours les méchants brûleront
et les saints d'Israël régneront (chapitre 22).
Deuxième livre
de Néphi (commenté
par Terry B. Ball)
Le deuxième livre
de Néphi (2 Néphi) est une œuvre écrite
vers 550 av. J.-C. par celui-là même qui a écrit
1 Néphi et qui l’a inclus dans ses petites plaques.
Le deuxième livre contient quatre discours et traités
prophétiques de trois prophètes du Livre de Mormon,
Léhi, Jacob et Néphi 1, ainsi que des extraits
substantiels des prophéties d'Ésaïe tirées
des plaques d'airain. En plus, 2 Néphi rapporte
brièvement la transition difficile de la génération
fondatrice de la colonie de Léhi à la génération
suivante dans leur nouvelle patrie.
La première
section du livre se compose des exhortations et du testament de Léhi
à sa postérité avant sa mort (1:1-4:11). Il
adresse ses premières paroles à ses fils aînés,
Laman, Lémuel et Sam, aussi bien qu’aux fils d'Ismaël.
Il leur rappelle la miséricorde de Dieu qui les a conduits
dans une terre promise, les a instruits de l'alliance de pratiquer la
justice qui se rattache au pays, met en garde contre la perte de
liberté et de prospérité qui découle de
la désobéissance à Dieu et les supplie de se
réconcilier avec leur frère Néphi, leur
gouverneur (1:1-27).
Après cette
exhortation, Léhi prononce des bénédictions
spécifiques sur tous ses descendants, que ce soit à
titre individuel ou comme groupes de familles. Ses bénédictions
contiennent des prophéties et des promesses au sujet du futur
de chaque individu ou groupe dans le pays de l’alliance et sont
suivies de recommandations « selon l’inspiration de
l'Esprit » (1:6). Ses instructions à Jacob et
Joseph, ses fils cadets, sont importantes d’un point de vue
doctrinal. Il parle à Jacob du plan du salut de Dieu pour ses
enfants, enseignant les principes qui sont fondamentaux pour la
compréhension de l'Évangile de Jésus-Christ,
notamment la doctrine de la rédemption par le Messie, la
nécessité de l'opposition et du libre arbitre, le rôle
de Satan et l'importance de la chute d'Adam et Ève (2:1-30).
Léhi instruit son fils Joseph sur les prophéties de son
ancêtre Joseph d'Égypte, qui a prédit la mission,
dans les derniers jours, d'un autre Joseph (le prophète Joseph
Smith) et la parution du Livre de Mormon (3:1-25).
Néphi 1, fils de
Léhi, est l’auteur de la section suivante, la seule
partie historique du document (4:12-5:34). Après avoir raconté
la mort de Léhi et la rébellion de Laman, de Lémuel
et des fils d'Ismaël (4:12-13), Néphi précise
qu'il tient deux annales : les grandes plaques, sur lesquelles
il écrit l'histoire profane, et les petites plaques, sur
lesquelles il écrit « ce qui est agréable à
Dieu » notamment beaucoup d’extraits des plaques
d’airain (4:14-15 ; 5:29-33).
En parlant du plaisir
qu’il a à méditer les Écriture et « les
choses du Seigneur », Néphi se sent poussé à
composer un beau psaume (4:16-35). Dans ces versets, tout comme le
Psalmiste biblique, Néphi utilise des images inspirantes et
des parallélismes poétiques pour louer Dieu de sa
bonté, se lamenter sur ses propres faiblesses et déclarer
sa dévotion au Seigneur.
Néphi clôture
cette section en racontant la division de la postérité
de Léhi en deux peuples distincts, les Néphites (les
croyants) et les Lamanites (les incroyants). Il décrit les
divisions théologiques, culturelles et géographiques
qui se produisent entre les partisans des frères, déplorant
le fait que dans les quarante années de leur séparation,
ils étaient en guerre (5:1-34).
Un sermon de Jacob
constitue la troisième inscription dans 2 Néphi
(chapitres 6-10), suivi de la quatrième et dernière
partie, un long discours écrit de Néphi (chapitres
11-33). Citant des parties substantielles d'Ésaïe, Néphi
et Jacob soulignent deux grands thèmes : l'histoire et le
futur du peuple de l'alliance de Dieu et la mission du Messie. Pour
son discours sur ces sujets, Néphi cite d’abord le texte
d'És. 2-14 dans 2 Né. 12-24 et les commente
ensuite aux chapitres 25-30, en intégrant des parties d'Ésaïe
29 dans ses commentaires. Jacob cite És. 50:1-52 :2 aux
chapitres 7-8. Apparemment, Joseph Smith a mis ces citations d'Ésaïe
dans l’anglais de la King James Version, mais avec beaucoup de
variantes reflétant la source néphite.
En citant Ésaïe
et en réfléchissant à son texte, Jacob et Néphi
se concentrent sur des événements tels que la captivité
babylonienne et le retour (6:8-9 ; 25:10-11) ; l'apostasie,
la dispersion et l'oppression de la maison d'Israël et le
rassemblement de ses descendants dans les derniers jours, son
rétablissement par la conversion à l’Évangile
du Christ et l'établissement de Sion – des thèmes
qui les préoccupent à cause de leur propre ascendance
israélite (6:6-18 ; 8:1-25 ; 10:1-25 ;
25:14-17 ; 26:14-30:18). Ils prophétisent en outre la
destruction des méchants avant la seconde venue du Sauveur
suivie de l'ère de paix (12:1-22 ; 21:1-24 :3).
Dans leurs discours,
Jacob et Néphi parlent du ministère terrestre, du rejet
et de la crucifixion du Messie (6:9 ; 7:1-11 ; 9:1-54 ;
10:3-5 ; 17-19) et des principes fondamentaux de son Évangile :
la foi, le repentir, le baptême et l'obéissance
(9:23-24 ; 31:1-21) ; ensuite ils prophétisent son
baptême, son sacrifice expiatoire et sa résurrection
suivie de son ministère parmi les Néphites, sa seconde
venue finale et le jugement dernier (9:5-27 ; 26:1-9 ;
31:4-12).
Au chapitre 29, Néphi
mentionne tout spécialement le désir du Seigneur que le
Livre de Mormon soit utilisé comme une « bannière »
par son peuple, conjointement avec la Bible (29:2), notant que
d'autres livres paraîtront. En clôturant les annales,
Néphi témoigne que les paroles qui s’y trouvent
sont les paroles du Christ, celles par lesquelles les lecteurs seront
jugés (33:10-15).
Bibliographie
Jackson,
Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 7, p. 86-174. Salt
Lake City, 1987.
McConkie,
Joseph Fielding, et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the
Book of Mormon, Vol. 1, p. 182-376. Salt Lake City, 1987.
Nyman,
Monte S., et Charles D. Tate, dir. de publ.. The Book of Mormon :
Second Nephi, The Doctrinal Structure. Provo, Utah, 1989.
Livre de Jacob
(commenté par Clyde
J. Williams)
Écrite par Jacob,
cinquième fils de Léhi, peu après 545 av. J.-C.,
l’œuvre suit le modèle donné par Néphi
1 pour porter des inscriptions sur les petites plaques :
inclusion de sermons sacrés, de révélations
importantes, de prophéties et de quelques données
historiques. Jacob, prophète néphite, écrit pour
persuader tous les hommes de « venir au Christ »
(Jacob 1:7).
Le livre semble avoir été
écrit en trois étapes. La première est un
discours important de Jacob au temple, dans lequel il appelle son
peuple à se repentir de l'immoralité, du matérialisme
et de l'orgueil (chapitres 2-3). Il conseille aux hommes et aux
femmes d’être généreux de leurs biens,
promettant que, s’ils cherchent le royaume de Dieu avant de
rechercher la richesse, ils auront en bénédiction
suffisamment de richesse pour aider les autres (2:17-19). Il met
vivement son peuple en garde contre les péchés
d'immoralité parce que beaucoup ont transgressé la loi
de chasteté, notamment en pratiquant une polygamie non
autorisée par le Seigneur (2:30). Il rappelle à ses
auditeurs que le Seigneur « [fait ses délices] de
la chasteté des femmes » et que les péchés
des hommes ont brisé le cœur de leurs femmes et de leurs
enfants (2:22-35).
La deuxième partie
contient des prophéties sur l'expiation du Christ, le rejet de
Jésus de Nazareth par beaucoup de Juifs et la dispersion et le
rassemblement d'Israël (chapitres 4-6). Jacob désire que
les générations ultérieures « sachent
que nous [avons] connaissance du Christ et que nous [avons]
l’espérance de sa gloire bien des centaines d’années
sa venue » (4:4). L’élément principal
de cette section est la citation par Jacob de l'allégorie des
oliviers francs et sauvages (chapitre 5). Conçue par Zénos,
un prophète israélite dont les écrits sont
conservés sur les plaques d'airain, cette allégorie
donne sous forme de récit symbolique l'histoire prophétique
de la dispersion et du rassemblement d'Israël, y compris les
descendants de Léhi, depuis la fondation d'Israël jusqu'à
la fin de la terre.
La troisième
section raconte la rencontre de Jacob avec un antéchrist
appelé Shérem qui, avec habileté et un art
consommé de la parole, essaie, par la flatterie et la
tromperie, d’éloigner le peuple de la foi au Christ
(7:1-4). Shérem accuse Jacob de blasphème et de fausse
prophétie et essaie de convaincre le peuple qu'il n'y aura pas
de Christ. Il finit par être confondu par Jacob et, après
avoir cherché un signe, est frappé par Dieu et meurt
peu après (7:7-8, 13-20). Débarrassé des
enseignements séparatistes de Shérem en sondant les
Écritures, le peuple de Jacob peut à nouveau connaître
la paix et l'amour de Dieu (7:23).
Bibliographie
Matthews,
Robert J. "Jacob : Prophet, Theologian, Historian."
Dans The Book of Mormon : Jacob Through Words of Mormon, dir. de
publ.. M. Nyman et C. Tate, Provo, Utah, 1990.
Livre d'Énos
(commenté par Marilyn
Arnold)
Suivant le modèle
donné par son père et ses prédécesseurs
(Jcb. 1:2-4 ; cf. En. 1:13-16), Énos, fils de Jacob, met
personnellement par écrit le témoignage et les
promesses prophétiques qui lui ont été
communiqués. Énos (v. 515-417 av. J.-C.) est une
personnalité qui touche le cœur. Il incarne la
conversion, la compassion, et la confiance devant le Seigneur. Tandis
qu'il chasse, les paroles de son père « concernant
la vie éternelle et la joie des saints pénétraient
profondément [son cœur] » et son « âme
était affamée » (1:3-4). Toute la journée
et jusque dans la nuit il « lutte… devant Dieu »
en une « supplication fervente » jusqu'à
ce qu'il reçoive le pardon de ses péchés. Il
prie successivement pour son propre bien-être, pour celui de
ses frères, les Néphites, qui s’éloignent
trop facilement de la justice, et puis pour le bien-être de ses
frères les Lamanites, qui sont devenus de plus en plus féroces
et sauvages. Énos reçoit une déclaration
d'alliance du Seigneur que les annales néphites seront
apportées aux Lamanites. Il sait avec certitude qu'il aura la
joie de voir le visage de son Rédempteur et qu’il
recevra une place dans les demeures du Père (1:27).
Livre de Jarom
(commenté par Marilyn
Arnold)
Jarom, fils d'Énos,
fait un bref résumé de l’évolution des
Néphites de son vivant (v. 440-355 av. J.-C.). À deux
reprises il justifie la brièveté de son récit,
prétextant le manque de place et le peu de doctrine nouvelle à
ajouter aux paroles de ses prédécesseurs. Faisant
apparaître une ère de conservatisme strict dans la
colonie florissante, Jarom raconte les grands efforts faits par les
Néphites pour observer la loi de Moïse et annoncer la
venue du Messie. En dépit de leur supériorité
numérique, les Lamanites échouent dans leurs attaques
fréquentes contre les Néphites prospères et
Jarom attribue les succès des Néphites aux prophètes,
aux prêtres et aux instructeurs qui les poussent
continuellement au repentir.
Livre d'Omni (commenté
par Marilyn Arnold)
Ce livre conclut et
remplit les petites plaques de Néphi. Il contient de brèves
déclarations par une succession de gardiens des annales qui
étaient descendants de Jacob mais n’étaient
apparemment pas des dirigeants spirituels : Omni, Amaron,
Chémish, Abinadom et Amaléki (IVe-IIe siècles
av. J.-C.). Amaléki, dont le récit est le plus long des
cinq, décrit la transition importante qui se produit dans
l'histoire du Livre de Mormon quand Mosiah 1 dirige la fuite d’un
groupe de Néphites fidèles du pays de Néphi vers
Zarahemla (v. 200 av. J.-C.). Ils y découvrent les descendants
d'un groupe qui a quitté Jérusalem avec Mulek, mais qui
a perdu sa religion et sa langue. Amaléki relie la corruption
de sa langue à l'absence de documents écrits, montrant
l'importance de la conservation des annales. Mosiah apporte les
plaques d’airain contenant « les annales des Juifs »
(Om. 1:14), notamment les lois que les rois sont tenus de respecter
en vertu de la loi de Moïse (voir De. 17:18-19). Il est accepté
comme roi de ces deux peuples et va régner une génération.
Amaléki survit à Mosiah mais n'a pas d’héritier.
Il transfère donc ses annales au roi Benjamin, fils de Mosiah.
Paroles de Mormon
(commenté par Eldin
Ricks)
Mormon est occupé
à faire son abrégé des grandes plaques de Néphi
1 quand il découvre les petites plaques de Néphi, des
annales prophétiques du début de l'histoire néphite
(P de M 1:3). Profondément impressionné par les
prophéties messianiques qu'il trouve sur les petites plaques
et en réponse à « l’inspiration de
l'Esprit », Mormon annexe ce jeu de plaques à son
résumé (P de M 1:4-7). Mais étant donné
que ces annales finissent quelques années avant que le livre
de Mosiah ne commence (v. 130 av. J.-C.), Mormon s’octroie des
prérogatives d'éditeur et annexe ce post-scriptum
historique aux petites plaques pour rattacher sa conclusion à
l'ouverture du livre de Mosiah. Cette annexe, appelée Paroles
de Mormon, sera écrite vers 385 apr. J.-C.
Livre de Mosiah
(commenté par Alan
Goff)
Le livre de Mosiah est
religieusement riche, symboliquement significatif, chronologiquement
complexe et politiquement important. Bien que ses événements
disparates aillent de 200 à 91 av. J.-C., ils sont unifiés
en particulier par le thème de la délivrance et par le
règne du roi néphite Mosiah 2.
Plusieurs groupes
ressortent dans cette histoire : (1) le gros des Néphites
sous le roi Benjamin et son fils Mosiah 2 ainsi que le peuple de
Zarahemla (Mulékites), dont le nombre dépasse celui de
ses gouverneurs et voisins néphites ; (2) le peuple de
Zénif, qui a échoué dans sa tentative de
réoccuper la patrie néphite, le pays de Néphi ;
et (3) le peuple d'Alma 1, qui s’est détaché du
peuple de Zénif et est devenu le peuple d'Alma, disciple du
prophète martyrisé Abinadi. Les deux derniers groupes
retournent à Zarahemla peu de temps après que Mosiah
est devenu roi.
Le livre de Mosiah est
tiré de plusieurs sources textuelles sous-jacentes : le
discours de Benjamin (124 av. J.-C.) ; les annales de Zénif
(v. 200-120 av. J.-C.), contenant le compte rendu du procès
d'Abinadi par Alma (v. 150 av. J.-C.) et de son peuple (v. 150-118
av. J.-C.) et les annales de Mosiah (124-91 av. J.-C.).
LE
DISCOURS DE BENJAMIN (CHAPITRES 1-6)
Le
couronnement de Mosiah a lieu selon des dispositions semblables à
l’assemblée israélite traditionnelle au temple,
avec les sacrifices, le renouvellement des alliances, les
confessions, les déclarations concernant le sang expiatoire du
Christ et l’invitation à servir Dieu et à aider
les pauvres. Benjamin décède et Mosiah règne. Il
autorise l'expédition d'Ammon pour retrouver le peuple de
Zénif (7:1-8 :21).
ANNALES
DE ZÉNIF (CHAPITRES 9-22)
Retour en arrière
de soixante-quinze ans. Zénif a fondé sa colonie ;
il a combattu dans deux guerres et son fils, le méchant Noé,
lui a succédé. À deux reprises, le prophète
Abinadi lance une condamnation contre Noé ; il répète
les dix commandements, cite Ésaïe 53 et discourt sur
l'expiation de Jésus-Christ et sur la résurrection.
Tandis qu’il subit la mort par le feu, il prophétise que
sa mort préfigure celle de Noé. Alma 1, l’un des
prêtres de Noé, croit en la prédication
d’Abinadi, s’enfuit dans le désert et rassemble un
groupe de convertis qui ont échappé ensemble aux
soldats de Noé. Entre-temps, un officier de l’armée
appelé Gédéon s’oppose à Noé,
les Lamanites attaquent et Noé s’enfuit et est plus tard
exécuté par son propre peuple de la façon
prédite par Abinadi. Il reste Limhi, fils de Noé, qui
va régner plusieurs années en tant que roi vassal
asservi aux Lamanites. À la longue, Limhi et son peuple sont
délivrés et s’échappent vers Zarahemla.
ANNALES
D'ALMA (CHAPITRES 23-24)
Les
disciples d'Alma 1 pratiquent le baptême et mettent fortement
l'accent sur l'unité, l’amour mutuel et le refus des
querelles. Dans un discours qui présage les derniers mots de
Mosiah établissant le règne des juges, Alma 1 refuse de
devenir roi, voulant que son peuple ne soit asservi à
personne. Néanmoins, ils tombent sous la servitude cruelle des
Lamanites, maintenant dirigés par certains des anciens
collègues d'Alma, les méchants prêtres de Noé.
Plusieurs années plus tard, le peuple d'Alma est
miraculeusement délivré.
ANNALES
DE MOSIAH (CHAPITRES 25-29)
Les
Néphites, le peuple de Zarahemla (Mulékites), le peuple
de Limhi et le peuple d'Alma 1 sont unifiés sous Mosiah comme
roi, avec Alma comme grand prêtre. Alma reçoit
l'autorité d’organiser et de réglementer les
Églises, mais beaucoup de membres apostasient et persécutent
les justes. Parmi les méchants, il y a son fils Alma 2 et les
quatre fils de Mosiah. Quand un ange du Seigneur leur apparaît,
ils se repentent et se convertissent. Mosiah traduit les annales
jarédites, passe les annales néphites et les objets
sacrés à Alma 2 et installe Alma 2 comme premier grand
juge selon la voix du peuple.
Les récits du
livre de Mosiah mettent l’accent sur le thème de la
délivrance de la servitude, qu’elle soit physique ou
spirituelle. Dans son discours, Benjamin parle de délivrance
spirituelle par le sang expiatoire du Christ, soulignant la
dépendance de l'humanité à l'égard Dieu
et sa responsabilité vis-à-vis des pauvres (les deux
thèmes ou symboliques sont créés de la même
façon dans la Bible par la tradition de l'Exode). Le récit
de la conversion d'Alma 2 est un cas remarquable de délivrance
de la servitude spirituelle par l’invocation du nom de
Jésus-Christ (Mos. 27 ; Al. 36). Deux groupes sont
délivrés de la servitude et de l'oppression physiques :
le peuple de Limhi et les convertis d'Alma après leur
asservissement par les Lamanites. Comme dans l'Exode, ils invoquent
le Seigneur, qui les entend et les délivre de la servitude. Un
émissaire appelé Ammon compare expressément la
délivrance du peuple de Zénif à l'exode d'Israël
hors d'Égypte et à celui de Léhi hors de
Jérusalem (Mos. 7:19-22, 33).
Le livre de Mosiah
élabore plusieurs paires de comparaisons d’une manière
semblable à une technique littéraire souvent employée
dans la Bible : Alma 1 et Amulon sont des exemples de bons et de
mauvais prêtres ; Benjamin et Noé sont des exemples
contrastants de royauté noble et de royauté corrompue.
Mosiah cite le contraste extrême entre ces rois à la fin
de son règne pour expliquer pourquoi il est sage de passer,
dans le gouvernement des Néphites, de la royauté à
un règne de juges (Mos. 29).
Les annales jarédites
sont mentionnées trois fois (Mos. 8:9 ; 21:27 ;
28:11-19). Pour essayer d'obtenir l'aide de la colonie de Mosiah,
Limhi lance une expédition d’exploration qui ne trouvera
pas Mosiah, mais tombera sur des restes humains, des armes de guerre
et vingt-quatre plaques d'or. L’expédition remet ces
annales à Limhi, qui va les donner à Mosiah, lequel va
les traduire à l’aide de deux pierres appelées
« interprètes ». Les annales racontent
la naissance et la chute des Jarédites.
Bibliographie
Tate,
George S. "The Typology of the Exodus Pattern in the Book of
Mormon." dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p.
245-266. Provo, Utah, 1981.
Thomasson,
Gordon C. "Mosiah : The Complex Symbolism and the Symbolic
Complex of Kingship in the Book of Mormon" F.A.R.M.S. Paper.
Provo, Utah, 1982.
Tvedtnes,
John A. "King Benjamin and the Feast of Tabernacles". Dans
By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks,
Vol. 2, p. 197-237. Salt Lake City, 1990.
Livre d'Alma (commenté
par Cheryl Brown)
Le livre d'Alma est le
livre le plus long du Livre de Mormon. Il a été abrégé
par Mormon, principalement à partir des annales de trois
hommes, Alma 2 (chapitres 1-16, 27-44), Ammon (chapitres 17-26) et le
fils d’Alma, Hélaman 1 (chapitres 45-62) et conclut avec
des réflexions de Mormon (chapitre 63). Son thème
général est que la prédication de la parole de
Dieu avec un témoignage pur est plus puissante que la
politique ou l'épée pour assurer la paix, la justice,
l'égalité et la bonté (Al. 4:19 ; 31:5). Le
livre démontre ce thème par des exemples répétés
de personnes qui sont converties à la foi au Sauveur prédit,
Jésus-Christ, et des exemples de gens à qui Dieu donne
la victoire sur leurs ennemis méchants et ambitieux.
Le livre d'Alma couvre
trente-neuf ans (91-52 av. J.-C.). Les quatorze premières
années sont couvertes par deux récits parallèles
englobant les enseignements et les activités d'Alma 2, qui
démissionne de sa fonction de juge pour se livrer à
l'œuvre missionnaire au pays de Zarahemla (chapitres 1-16), et
l'autre contenant les paroles et les actes des fils du roi Mosiah 2
et de leurs compagnons, qui font des sacrifices personnels
considérables pour essayer de prêcher l'Évangile
parmi les Lamanites (chapitres 17-26).
La première
section commence par le procès de Néhor devant le grand
juge Alma ; Néhor sera condamné et exécuté
pour avoir commis le crime d'imposer les intrigues de prêtres
par l'épée (chapitre 1). Alma mène ensuite une
guerre civile contre les disciples de Néhor et l’emporte
(chapitres 2-4), mais il abandonne bientôt la fonction de juge
pour se consacrer à plein temps au ministère. Il fait
des sermons puissants aux villes de Zarahemla (chapitres 5-6), Gédéon
(chapitre 7), et Mélek (chapitre 8) et se rend à la
ville méchante d'Ammonihah où il est chassé,
mais un ange lui commande d’y retourner. À Ammonihah
pour deuxième fois, il rencontre et est aidé par
Amulek, qui a été chargé par un ange de trouver
Alma (chapitre 8). Bien qu'ils doivent affronter un docteur de la loi
habile appelé Zeezrom, ils finissent par en convertir
beaucoup, dont Zeezrom. Cependant, leurs convertis masculins sont
expulsés de la ville et Alma et Amulek sont mis en prison et
forcés d’être témoins de la mise à
mort par le feu des femmes et des enfants de leurs convertis. Alma et
Amulek seront délivrés quand un tremblement de terre
détruira la prison et tuera leurs geôliers (chapitres
9-14). Peu après, cette ville apostate est annihilée
par une invasion lamanite (chapitre 16).
Pendant les quatorze
mêmes années, les fils de Mosiah et leurs compagnons
sont dans le pays situé du côté du sud. Ammon se
rend au pays d’Ismaël et, grâce à la façon
dont il sert le roi Lamoni et à l’amour qu’il lui
porte, il convertit le roi et beaucoup de son peuple (chapitres
17-19), à qui il enseigne à pratiquer la loi de Moïse
dans l’attente de la venue du Christ (Al. 25:15). Ammon et
Lamoni iront ensuite au pays de Middoni libérer ses collègues
missionnaires de prison. En cours de route, ils affrontent le père
de Lamoni, roi de tous les Lamanites, qui a recours à l'épée.
Ammon résiste à ses coups, prend le dessus sur le roi
et lui fait promettre d’accorder la liberté à ses
frères et l'autonomie pour Lamoni et son peuple (chapitre 20).
Une fois libérés, Aaron, frère d'Ammon, et ses
compagnons vont chez le père de Lamoni, l’instruisent et
le convertissent, lui, sa maison et beaucoup de son peuple. Ces
Lamanites convertis, ne tenant pas à ce que la culpabilité
de leurs crimes sanglants antérieurs ne revienne sur eux, font
le serment de ne plus jamais verser le sang (chapitre 23). D'autres
Lamanites et des dissidents néphites attaquent ces convertis
et en tuent 1.005, qui ne voulaient pas se défendre à
cause de ce serment. Beaucoup parmi les agresseurs lamanites (mais
pas les dissidents néphites) éprouvent du remords pour
ce qu’ils ont fait, déposent les armes et se
convertissent aussi (chapitres 24-25). Par la suite, Ammon conduira
ces convertis, appelés Anti-Néphi-Léhis, en
territoire néphite, où ils s’installeront au pays
de Jershon (chapitre 27). Les Lamanites restés en arrière
se mettent en colère contre les Néphites et attaquent
et détruisent Ammonihah (Al. 25:1-2 ; décrit plus
en détail dans Al. 16:1-11).
Après ces
événements, Korihor, un antéchrist et
propagandiste de doctrines blasphématoires, défie Alma,
grand prêtre, à la cour du grand juge, où il
demande un signe de Dieu, est frappé de mutisme et meurt peu
de temps après (chapitre 30). Après cela, Alma part à
la tête d’une délégation prêcher aux
Zoramites, un groupe néphite dissident. Beaucoup de Zoramites
victimes de la pauvreté sont reconvertis et expulsés
par les autres Zoramites. Les non-convertis s’empressent de
s’allier aux Lamanites, attaquent les Néphites et sont
battus (chapitres 31-35, 43-44).
Les chapitres qui
traitent tout particulièrement d’Alma contiennent
également ses bénédictions et ses instructions à
ses trois fils (chapitres 36-42) et le récit de sa disparition
(son enlèvement au ciel, chapitre 45). Le livre d'Alma finit
par les récits détaillés faits par Hélaman
1 d'autres guerres entre les Néphites et les Lamanites
(chapitres 43-62 ; voir Livre de Mormon–Histoire de la
guerre dans). Le chapitre final (chapitre 63) annonce le décès
de Pahoran, de Moroni, de Hélaman et de son frère
Shiblon, qui marque la fin de cette ère de domination juste
des Néphites à Zarahemla. Il parle aussi de Hagoth,
constructeur de navires qui transporte des gens vers le nord et dont
on n’entendra plus jamais parler après son deuxième
départ.
Le livre d'Alma couvre
une période critique de l'histoire néphite, les
premières années du règne des juges néphites.
La survie de cette forme de gouvernement sur base populaire est
menacée plusieurs fois au cours du livre. Cela commence quand
Amlici, disciple de Néhor, cherche à devenir roi. Elle
est de nouveau menacée quand les Zoramites font défection.
D’autres conflits apparaissent quand le Zoramite Amalickiah
persuade beaucoup de juges inférieurs de le soutenir comme
roi. Un général appelé Moroni rallie les troupes
néphites en brandissant une bannière qu'il appelle
Titre de la liberté ; elle proclame la nécessité
de se rappeler et de défendre leur Dieu, leur religion, leur
liberté, leur paix, leurs épouses et leurs enfants.
Amalickiah et quelques-uns de ses hommes se sauvent chez les
Lamanites où, par la trahison et le meurtre, il devient roi et
entraîne les Lamanites dans une longue guerre contre les
Néphites. Amalickiah est tué après sept ans de
guerre, mais les guerres continuent encore pendant six autres années
sous son frère Ammoron. Ces années deviennent
particulièrement périlleuses pour les Néphites
quand des « hommes-du-roi » apparaissent à
Zarahemla et expulsent le gouvernement néphite de la capitale
(traité dans CWHN 8:328-79). Moroni est obligé de
quitter le front pour reprendre la capitale avant de pouvoir
concentrer toute son attention sur la victoire sur les Lamanites.
Dans chaque cas, les Néphites finissent par l’emporter
et rendent grâces et louanges à Dieu.
Dans le livre d'Alma, la
démarcation entre les nations néphite et lamanite le
long de frontières ancestrales devient floue. Plusieurs
groupes de Néphites-Amlicites (chapitres 2-3), de Zoramites
(chapitres 31-35, 43), d’Amalickiahites (chapitres 46-62) et
d’hommes-du-roi (chapitres 51, 61) rejettent les principes
religieux néphites et rejoignent les Lamanites afin d'essayer
de renverser le gouvernement néphite. Plusieurs groupes
lamanites – les Anti-Néphi-Léhis (chapitres
17-27), les convertis de l'armée qui a marché contre
les Anti-Néphi-Léhis (chapitre 25) et certains soldats
lamanites capturés par Moroni (chapitre 62) – adoptent
l'Évangile et le mode de vie néphite et vont vivre
parmi eux. Vers la fin du livre, ces populations se distinguent plus
par leur idéologie que par leur lignage. Ceux qui désirent
le gouvernement par « la voix du peuple » et
adoptent les enseignements de l'Évangile sont comptés
parmi les Néphites, alors que ceux qui s’y opposent s
sont appelés Lamanites.
On trouve beaucoup
d’enseignements religieux importants dans le livre d'Alma. Alma
5 est un discours prononcé par Alma appelant le peuple de la
ville de Zarahemla à se repentir et enseignant à tous
les disciples du Christ à juger de l'état de leur
ancienne nouvelle naissance spirituelle et de leur bien-être
actuel. Alma 7, prononcé devant la ville juste de Gédéon,
enseigne aux croyants à faire de l'expiation du Christ une
réalité dans leur vie. Les chapitres 12 et 13
expliquent les mystères de la rédemption, de la
résurrection et de la prêtrise selon l'ordre du Fils de
Dieu. Alma 32 et 33 sont un sermon fait par Alma aux Zoramites
pauvres, expliquant la façon correcte de prier, le rapport
entre l'humilité et la foi en Jésus-Christ et le
processus par lequel on augmente la foi. Alma 34 est le discours
d'Amulek sur la nécessité du « sacrifice
infini et éternel » fait par le Fils de Dieu.
Amulek y enseigne aussi au peuple comment prier et lui dit comment
vivre de telle sorte que ses prières ne soient pas vaines.
Alma enseigne à
ses fils la confiance en Dieu en racontant sa conversion personnelle
(chapitre 36). Il donne aussi des instructions sur la tenue des
annales sacrées et explique comment les desseins de Dieu sont
accomplis par de petits moyens (chapitre 37). Il enseigne le
caractère mauvais du péché sexuel (chapitre 39),
la nature de la résurrection et du rétablissement
(chapitres 40-41), le but et les conséquences de la chute
d'Adam, notamment la mort spirituelle et temporelle et le rapport
entre la justice et la miséricorde (voir le chapitre 42).
Les chapitres traitant
des guerres comportent des exemples de raisons justifiant la guerre
(chapitre 48), parallèlement à l'exemple du pouvoir
protecteur de la foi exercée par les jeunes guerriers qui se
battent sous Hélaman et dont aucun ne meurt au combat, parce
qu’ils croient aux enseignements de leurs mères que
« Dieu les délivrerait » (Al. 56:47-48).
De façon générale,
le livre d'Alma enseigne par des récits vifs et détaillés
comment l'ambition personnelle peut mener à l'apostasie et à
la guerre et montre comment le Seigneur rassemble son peuple par la
prédication de l'Évangile du Christ et le délivre
en justice de l'agression.
Bibliographie
Pour
des essais sur Alma le Jeune, Ammon, le roi Lamoni, Ammonihah, la
sophistique de Korihor, Amlici, plusieurs dissidents, le capitaine
Moroni, les grands juges néphites et d'autres figures du livre
d'Alma, voir Jeffrey R. Holland, The Book of Mormon : It Begins
with a Family, p. 79-170. Salt Lake City, 1983.
Livre d’Hélaman
(commenté par Paul
R. Cheesman)
Le livre d’Hélaman
raconte l'une des périodes les plus tumultueuses de l'histoire
des Néphites et des Lamanites (52-1 av. J.-C.). Le récit
se concentre sur les difficultés inattendues (par exemple,
l'invasion et l’occupation sans précédent du pays
de Zarahemla par les Lamanites relatée aux chapitres 4 et 5)
et les résolutions inattendues qui viennent de Dieu (par
exemple, le retrait des forces lamanites résultant directement
de l'œuvre missionnaire de deux fils d’Hélaman,
Néphi 2 et Léhi, dans 5:49-52).
Ce livre doit son nom à
son premier auteur, Hélaman 2, fils d’Hélaman 1.
Les autres personnes qui participent à l’élaboration
des annales sont Néphi et Léhi, fils d’Hélaman
2 (16:25), et Mormon, rédacteur principal du Livre de Mormon,
qui ajoute le commentaire politique et religieux.
Le récit s'ouvre
après qu’Hélaman a reçu de son oncle
Shiblon la garde des annales néphites (Al. 63:11) la
quarantième année du règne des juges (v. 52 av.
J.-C. ; Hél. 1:1). Le récit se répartit en
six sections principales : les annales d’Hélaman
(chapitres 1-3), les annales de Néphi (chapitres 4-6), la
prophétie de Néphi (chapitres 7-11), les réflexions
rédactionnelles de Mormon sur la puissance de Dieu (chapitre
12), la prophétie de Samuel le Lamanite (chapitres 13-15) et
une brève déclaration sur la période de cinq ans
précédant la naissance de Jésus (chapitre 16).
Plusieurs discours religieux sont intégrés au récit,
notamment les exhortations d’Hélaman à ses fils
(5:6-12), le psaume de Néphi (7:7-9), le sermon fait par Néphi
du haut de la tour de son jardin (7:13-29 ; 8:11-28), la prière
de Néphi (11:10-16) et le long discours de Samuel du haut des
murs de Zarahemla (13:5-39 ; 14:2-15:17).
La personne la plus en
vue mentionnée dans le livre est sans aucun doute Néphi
2. Après avoir démissionné de son poste de grand
juge, Néphi, en compagnie de son frère Léhi, va
se consacrer entièrement à la prédication du
message de l'Évangile (5:1-4). Sa défense de la
providence de Dieu affirme le pouvoir de la prophétie
(8:11-28) et, à un niveau pratique, conduit à la
condamnation du meurtrier du grand juge (9:21-38). Le Seigneur lui
confie le pouvoir de sceller les cieux de sorte qu'aucune pluie ne
tombe (10:4-11), un pouvoir que Néphi utilise pour provoquer
la fin des conflits et de la perversion civils (11:1-18).
L'apparition des brigands
de Gadianton (1:9-12 ; 2:3-11), une société
hostile et secrète au sein du corps politique des Néphites
et des Lamanites est incontestablement l’événement
le plus décourageant et le plus inquiétant de ces
cinquante et une années. Mormon informe ses lecteurs de la
nature de l'organisation (6:17-30) et de son impact débilitant
sur la société (2:13-14 ; 6:38-39 ;
11:24-34).
Par contraste avec ces
observations désespérantes, il y a l’un des
thèmes centraux du livre : l'ascendant étonnant
des Lamanites dans le domaine spirituel. Les Néphites se font
écraser en 35 av. J.-C. par une armée lamanite menée
par des dissidents néphites et ne réussissent pas à
récupérer les territoires perdus (4 :5-10). Néphi
et Léhi vont alors chez les Lamanites prêcher l'Évangile
(5:16-20). Le succès remarquable avec lequel ils convertissent
leurs auditeurs au Christ leur vaut d’être jetés
en prison (5:21). Mais dans un déversement extraordinaire de
l'Esprit de Dieu, tous ceux qui sont dans la prison sont convertis,
un événement qui provoque un revirement spirituel chez
les Lamanites et, en fin de compte, le retrait des forces militaires
lamanites des terres néphites (5:22-52). À partir de ce
moment-là, ce sont les Lamanites qui accomplissent l’œuvre
de l'Église, prêchant tant aux Néphites qu’à
leur propre peuple (6:1-8, 34-36).
Presque trente ans après
(v. 6 av. J.-C.), un prophète lamanite appelé Samuel
prophétise à Zarahemla. Il condamne la décadence
de la société néphite et met en garde contre la
destruction des individus et de la société (13:5-39, en
particulier 38 ; 14:20-15:3). Il prophétise aussi que des
signes visibles sur le continent américain accompagneront la
naissance et la mort de Jésus (14:2-25). Il déclare que
l’Expiation a le pouvoir de racheter l'humanité de la
chute d'Adam et de réaliser la Résurrection. Il parle
enfin de la justice des Lamanites et des promesses de Dieu à
leur égard dans les derniers jours (15:4-16).
Bibliographie
Jackson,
Kent P., dir. de publ. Studies in Scripture, vol. 8, p. 92-124. Salt
Lake City, 1988.
Trois Néphi
(commenté par Charles
Randall Paul)
Le livre de 3 Néphi
est le point culminant historique et spirituel du Livre de Mormon. Il
se concentre sur trois avènements de Jésus :
d'abord, comme l’enfant né à Bethléhem ;
en second lieu, comme Seigneur ressuscité visitant les
Néphites ; et troisièmement, à sa seconde
venue comme juge final à la fin du monde. Dans l’année
qui suit les destructions dévastatrices qui se sont produites
moment de sa crucifixion, Jésus ressuscité descend
parmi un groupe de justes dans la ville néphite d’Abondance.
Il se révèle sans aucun doute possible comme le
Seigneur et Sauveur du monde, expose son Évangile et établit
son Église.
Néphi 3, l'auteur
du livre, est le chef religieux d'un groupe ethniquement mélangé
de Néphites et de Lamanites à l'époque de la
naissance du Christ. Son livre couvre les événements
allant de ce moment-là à 34 apr. J.-C. Il est évident
que Mormon a copié in extenso dans son abrégé
une grande partie du texte de Néphi.
Les annales de Néphi
commencent au moment où l'accomplissement des prophéties
messianiques de Samuel le Lamanite sauve miraculeusement les croyants
de menaces de persécutions anti-messianiques. Les signes de la
naissance de Jésus apparaissent : une nuit sans obscurité
et une nouvelle étoile, ce qui donne raison à la foi de
ceux qui ont cru aux prophéties que Jésus viendrait au
monde (chapitre 1).
Après ces signes,
beaucoup sont convertis à l’Église dirigée
par Néphi. D'autre part, la cupidité, la recherche du
plaisir et l'orgueil augmentent radicalement et le gouvernement ne
tarde pas à être infiltré par une corruption
organisée qui cause une anarchie complète et une
désintégration du peuple en tribus familiales et en
bandes de brigands. Les attaques incessantes de ces bandes harcèlent
les Néphites, qui finissent par abandonner leurs propriétés
et se regroupent en un seul corps avec assez de provisions pour
subsister pendant sept ans. Les Néphites l’emportent
finalement, mais ces perturbations et cette méchanceté
causent l'effondrement du gouvernement central. Bien que la plupart
des gens rejettent les avertissements et les miracles de Néphi
3, il baptise et ordonne ceux qui croient et le suivent (chapitres
2-7).
Les croyants commencent à
attendre les signes désastreux de la mort du Christ, également
prophétisés par Samuel. Un orage violent se produit
ainsi que des tremblements de terre massifs qui démolissant
beaucoup de villes, tuent des milliers de méchants et laissent
pendant trois jours de deuil les survivants plus justes dans une
épaisse vapeur de ténèbres. Une fois que le
tumulte s’apaise, la voix de Jésus-Christ se fait
entendre dans les ténèbres, exprimant sa tristesse pour
les morts impénitents et son espoir que ceux qui ont été
épargnés le recevront, lui et sa rédemption. Il
annonce que son sacrifice a mis fin à la nécessité
des sacrifices sanglants pratiqués en vertu de la loi de Moïse
(chapitres 8-10).
Plus tard, revêtu
d’un blanc rayonnant, le Christ ressuscité va descendre
montrer ses plaies, guérir, enseigner et ordonner des
dirigeants pour son Église. Le premier jour de plusieurs de
ces visites, Jésus apparaît à un groupe de 2.500
hommes, femmes et enfants rassemblés au temple d’Abondance.
Il ordonne douze disciples et leur donne le pouvoir de baptiser et de
conférer le don du Saint-Esprit ; il enseigne au peuple
les principes, les ordonnances et les commandements de son Évangile ;
il explique qu'il a accompli la loi de Moïse ; il guérit
les malades et bénit leurs familles. Il annonce son projet de
se montrer à d'autres personnes encore inconnues alors des
Juifs et des Néphites. Finalement, il contracte une alliance
avec eux. Le peuple promet de garder les commandements qu'il lui a
donnés et il bénit pour lui le sacrement du pain et du
vin en souvenir de son corps ressuscité qu'il lui a montré
et du sang par lequel il a accompli l'Expiation (chapitres 11-18).
Le matin du deuxième
jour, les disciples baptisent les fidèles et leur confèrent
le don du Saint-Esprit et ils sont environnés d’anges et
du feu du ciel. Jésus apparaît de nouveau et fait trois
prières merveilleuses, explique l'alliance de Dieu avec Israël
et son accomplissement promis, passe en revue et corrige quelques
points des Écritures néphites et prédit les
événements du monde futur, citant les prophéties
d'Ésaïe, de Michée et de Malachie. Il inspire même
les bébés à révéler « des
choses merveilleuses » (3 Né. 26:16). Ensuite
il explique l'histoire passée et future du monde, en
soulignant le fait que le salut sera accordé à tous
ceux qui le suivent (chapitres 19-26).
Une troisième
fois, Jésus apparaît aux douze disciples néphites
seuls. Il donne un nom à son Église et explique les
principes du jugement final. Trois des disciples sont transfigurés
et ont des visions célestes. Jésus accorde à ces
trois disciples leur souhait de rester sur la terre comme serviteurs
spéciaux jusqu'à la fin du monde (chapitres 27-28).
Le Christ revisite les
Néphites pendant une période prolongée et leur
dit qu'il visitera aussi les tribus perdues d'Israël.
Son Église grandit
en ayant tout en commun, sans riches ni pauvres. Cet état de
paix dure presque 180 ans et « assurément il ne
pouvait y avoir de peuple plus heureux » (4 Né.
1:16).
Mormon va écrire
son abrégé de 3 Néphi plus de trois cents
ans après les événements. Entre-temps, les
descendants des Néphites qui ont été si bénis
ont dégénéré et se livrent des guerres
génocidaires. Le témoignage final et sobre de Mormon à
ses futurs lecteurs parle de la venue du Seigneur dans les derniers
jours, qui, comme sa venue au pays d'Abondance, sera désastreuse
pour les impies mais glorieuse pour les justes (chapitres 29-30).
Le texte de 3 Néphi
entre dans plusieurs catégories. Tout d'abord, c'est un
testament chrétien, un évangile chrétien. Il
contient beaucoup de citations directes de Jésus et établit
sa nouvelle alliance. Mis par écrit sur un ton personnel
émouvant par un témoin oculaire participant à
des événements extrêmement tragiques et beaux, le
récit invite d'une façon convaincante le lecteur à
croire en l'Évangile de Jésus-Christ et à sentir
l'amour qu'il a pour tous.
Le texte a aussi été
comparé à la littérature pseudépigraphique
des quarante jours qui décrit le ministère du Christ
auprès des fidèles en terre sainte après sa
résurrection (voir CWHN 8:407-434). D'autres ont vu dans les
chapitres 11-18 un rituel d'alliance qui amplifie fortement la
signification du sermon sur la montagne dans l'Évangile de
Matthieu (Welch, p. 34-83). Le récit ressemble également
au message apocalyptique des livres d’Énoch :
Depuis le type et le but du cataclysme initial jusqu’au
caractère sublime de ses révélations aux fidèles
et à la création d'une société juste,
3 Néphi est une histoire de théodicée, de
théophanie et de théocratie.
Le texte donne des
instructions pratiques pour mener une vie sainte. Ce n'est pas un
texte exprimant un rêve utopique mais un manuel pratique de
commandements à accepter dans des ordonnances d’alliance
et à respecter strictement avec dévotion et une
consécration pure à Dieu. Ce n'est pas le genre de la
littérature de sagesse, pas simplement un livre de suggestions
morales pour une bonne vie. Il explique clairement l'Évangile
du Christ et rend les idéaux élevés du sermon
sur la montagne vivables par tous ceux qui reçoivent le
Saint-Esprit. Dotés de pouvoir par de véritables
ordonnances chrétiennes et les dons du Saint-Esprit, les
Néphites vont créer un paradis que ne surpassé
en justice que la Sion d’Hénoc.
Cette Sion fait bon
accueil à chacun, d’où qu’il vienne, de
quelque époque il vienne. Il promet des bénédictions
à « tous ceux qui ont le cœur pur »
qui vont au Christ (3 Né. 12:3-9). Ainsi, 3 Néphi
invite tout le monde à accepter et à vivre l'Évangile
du Christ pour perfectionner la société terrestre et à
se joindre à la Sion de tous les peuples justes passés
et à venir de sorte que, comme le dit Malachie, la terre ne
soit pas « frappée d’interdit » à
la seconde venue du Christ (JS–H 1:39). C'est l’exploit
antique de Hénoc et l’espoir moderne de Joseph Smith. Le
texte ne traite pas du royaume millénaire de Dieu et le Christ
ne prie pas non plus ici : « Que ton règne
vienne. » Car parmi ces heureux Néphites, il est
déjà venu.
Quatre
Néphi (commenté
par Rex C. Reeve)
Abrégé par
Mormon, ce bref récit contient les écrits de quatre
prophètes néphites (34-320 apr. J.-C.) : Néphi
4, fils de Néphi 3, qui était un disciple de Jésus
ressuscité, Amos, fils de Néphi 4 et Amos et Ammaron,
deux fils d’Amos. La première section de 4 Néphi
résume brièvement quatre générations de
paix, de justice et d'égalité qui ont résulté
de la conversion du peuple à l’Évangile de
Jésus-Christ après la visite du Sauveur ressuscité.
Par contre, la dernière section annonce la destruction future
de la nation néphite qui va suivre le rejet progressif et
conscient du message de l'Évangile.
4 Néphi
relate une époque inégalée dans la société
humaine où tout le monde suit les enseignements du Christ
pendant presque deux siècles. Ce que l’on retient le
plus dans le livre, c’est sa description du pouvoir social et
religieux de l'amour de Dieu qui a vaincu les querelles et les autres
maux sociaux et politiques (4 Né. 1:15-16). Le peuple
connaît un renouvellement urbain, une vie de famille stable,
l'unité dans l'Église et l'égalité
sociale et économique, ainsi que des miracles divins (1:3-13,
15-17). « Assurément il ne pouvait y avoir de
peuple plus heureux… créé par la main de Dieu »
(1:16).
Le livre annonce aussi
l'apostasie future de la majeure partie de la population par rapport
aux enseignements du Christ, introduisant un état de
méchanceté et de chaos qui va finir par mener à
une destruction totale. Selon le récit, le déclin
individuel et collectif va être progressif, étape par
étape, avec la perte de l'ordre social et religieux manifestée
dans des querelles, l'orgueil engendré par la prospérité,
les distinctions de classe avec une amplification des divisions
sociales, le rejet du Christ et de son Évangile et la
persécution de l'Église (1:24-46).
Bibliographie
Skinner,
Andrew C. "The Course of Peace and Apostasy." Dans Studies
in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.
Livre de Mormon
(commenté par Rex
C. Reeve)
Le bref livre de Mormon
(320-400/421 apr. J.-C.), à l’intérieur du Livre
de Mormon, raconte l'effondrement extraordinaire de la civilisation
néphite, comme cela a été prédit (1 Né.
12:19-20 ; Al. 45:10-14). Il consiste en l'abrégé
fait par Mormon de son histoire plus détaillée et plus
complète (Mrm. 1-6), en son exhortation finale aux futurs
Lamanites et aux autres restes de la maison d'Israël (chapitre
7), et dans les avertissements prophétiques de Moroni 2, fils
de Mormon, aux futurs lecteurs des annales (chapitres 8-9). Comme les
Néphites du temps de Mormon ont rejeté Jésus-Christ
et son Évangile, la superstition et la magie ont remplacé
la révélation divine (Mrm. 1:13-19). Une escarmouche à
la frontière (1:10) se transforme en guerre majeure, chassant
les Néphites de leurs terres traditionnelles (2:3-7, 16,
20-21). Après une paix négociée de dix ans, ils
repoussent une attaque lamanite, mais ils le font sans Mormon, ancien
commandant de l'armée néphite, qui a refusé
d’encore les diriger. La situation s’aggravant, Mormon
accepte à contrecœur de commander l'armée néphite
à Cumorah, où elles sont détruites (chapitres
3-6). Avec une angoisse intense, Mormon se lamente sur son peuple
massacré : « Ô belles créatures,
comment avez-vous pu rejeter ce Jésus qui se tenait, les bras
ouverts, pour vous recevoir ? » (6:17-22).
Mormon termine ses
annales en invitant les Lamanites et les autres restes de la maison
d'Israël à s’informer sur leurs ancêtres, à
déposer leurs armes de guerre, à se repentir de leurs
péchés et à croire que Jésus-Christ est
le Fils de Dieu. Ses paroles finales sont : « Si vous
croyez au Christ, et êtes baptisés, premièrement
d'eau, ensuite de feu et du Saint-Esprit… tout ira bien pour
vous au jour du jugement. Amen » (7:10).
Après la bataille
finale (385 apr. J.-C.), Moroni 2, solitaire et incertain de sa
propre survie, note la mort de son père et termine les annales
de celui-ci (8:1-5). Quinze ans plus tard (400 apr. J.-C.), Moroni
écrit que les survivants de son peuple ont été
pourchassés d'un endroit à l'autre jusqu'à ce
qu'il n'y en ait plus sauf lui. Il observe aussi que les Lamanites se
font la guerre et que tout le pays est témoin de continuelles
effusions de sang. Une deuxième fois il termine l’ouvrage
en promettant que ceux qui recevront ces annales dans le futur et ne
les condamneront pas apprendront des choses spirituelles plus grandes
(8:6-13).
Moroni va apparemment
revenir une troisième fois aux annales (entre 400 et 421 apr.
J.-C.). Après avoir eu une vision du futur (8:35), il témoigne
que les plaques du Livre de Mormon paraîtront par le pouvoir de
Dieu un jour où les gens ne croiront plus aux miracles. Les
combinaisons secrètes abonderont, les Églises seront
souillées et il y aura des guerres, des bruits de guerres, des
tremblements de terre et de la souillure sur la terre. Moroni lance
aussi des avertissements à ceux des derniers jours qui ne
croient pas au Christ et qu nient les révélations de
Dieu, s’opposant de ce fait aux œuvres du Seigneur
(8:14-9 :27). Il mentionne la difficulté de tenir des
annales, écrites comme elles l’étaient en
« égyptien reformé » (9:31-33 ;
cf. Ét. 12:23-25). Moroni termine le volume de son père
par le témoignage de la véracité de ses paroles
(9:35-37).
Bibliographie
MacKay,
Thomas W. "Mormon and the Destruction of Nephite Civilization."
Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt
Lake City, 1988.
Livre d'Éther
(commenté par Morgan
W. Tanner)
Le livre d’Éther
est le récit abrégé par Moroni 2 de l'histoire
des Jarédites, qui sont allés sur le continent
américain à l'époque de la « grande
tour » de Babel et ont vécu dans la région
plus tard connue sous le nom de « pays situé du
côté du nord » chez les Néphites, bien
avant la colonie de Léhi. Moroni raconte leur histoire, écrite
sur les vingt-quatre plaques d'or trouvées par le peuple de
Limhi et traduites par Mosiah 2 (Mos. 28:11-19). Éther,
dernier prophète des Jarédites et survivant de leur
annihilation, grave ces plaques peu après la destruction
finale de son peuple. On ne sait pas si Moroni s'est basé sur
la traduction de Mosiah ou s’il a retraduit entièrement
ou partiellement les annales jarédites. Moroni affirme
humblement n’avoir pas écrit « la centième
partie » des annales d’Éther (Ét.
15:33).
La structure du livre
d’Éther ressemble beaucoup au reste du Livre de Mormon.
Il parle de l'émigration d’un peuple par voie de terre
et de mer du Proche-Orient, de l’intervention de Dieu pour
conduire ce peuple par l’intermédiaire de prophètes,
de sa croissance, de sa prospérité et de sa chute, le
tout en rapport direct avec son obéissance aux commandements
du Seigneur dans sa terre promise. Moroni inclut le livre d’Éther
parce que son père Mormon avait projeté de le faire
(Mos. 28:19) mais pour une raison quelconque ne l’a pas fait.
Tous les deux connaissaient la valeur de ces annales et pouvaient
voir que l'histoire des Jarédites ressemblait fort à
certains événements néphites.
Moroni va annexer cette
histoire au récit néphite comme deuxième témoin
contre les maux et les combinaisons secrètes qui ont conduit à
l'annihilation des Jarédites et des Néphites. Plusieurs
de ses thèmes renforcent les messages de la section néphite
du Livre de Mormon : la nécessité de suivre les
prophètes et de s’éloigner de la méchanceté
persistante et pernicieuse, le pouvoir de la foi au Seigneur
manifesté par Jared et le frère de Jared, le témoignage
que Jésus-Christ est le Dieu éternel sauveur et
l'effondrement d'une nation quand son peuple choisit délibérément
la méchanceté. Néanmoins, il y a des différences
culturelles notables entre les civilisations jarédite et
néphite ; par exemple, les Jarédites étaient
exclusivement gouvernés par des rois et ils n’avaient
pas les lois et les coutumes israélites puisqu'ils étaient
antérieurs à Moïse.
Bien que condensé,
le livre reflète un style épique (voir CWHN 5:153-449 ;
6:329-58). Il commence par l'émigration des Jarédites,
partis « de la grande tour » (Ét. 1:33,
cf. Ge. 11:9) et de la vallée de « Nimrod »
(Ét. 2:1 ; cf. Ge. 10:8) vers une nouvelle terre de
promission sur le continent américain. Il abrège
ensuite l’histoire des rois et des guerres jarédites et
conclut par la destruction de la civilisation jarédite. Voici
une brève esquisse du livre : Le lignage royal d’Éther
est donné (chapitre 1) ; Jésus prémortel
apparaît au frère de Jared en réponse à
ses prières et touche seize petites pierres, les faisant
briller pour fournir de la lumière pendant que les barques
jarédites traversent la mer (chapitres 2-6) ; les
générations des rois jarédites vivent, chassent,
se disputent, entrent dans des combinaisons secrètes et les
prophètes jarédites mettent en garde contre la
destruction imminente (chapitres 7-11) ; Moroni certifie
qu’Éther était un prophète qui avait une
grande foi et une grande connaissance (chapitres 12-13) ; Éther
est témoin de l'annihilation des armées jarédites
et la rapporte (chapitres 14-15).
Les personnages
principaux et les déclarations doctrinales principales
apparaissent pour le plupart au commencement et à la fin du
livre d’Éther. Le choix des textes fait par Moroni est
d'importance capitale, parce qu’il imprègne l'histoire
d’idées, d’exhortations et de comparaisons
majeures. Jared est mentionné dès le départ
comme fondateur du peuple jarédite. Les révélations
et la foi du frère de Jared se voient accorder une importance
spéciale au commencement et à la fin du livre. Shiz et
Coriantumr sont des figures historiques et symboliques cruciales
parce qu'ils deviennent les instruments de l'annihilation. Éther,
l'auteur du texte sous-jacent, est témoin oculaire des
batailles finales et Moroni considère ses prophéties
comme « grandes et merveilleuses » (Ét.
13:13). Le milieu du livre raconte les événements plus
banals liés aux règnes des rois jarédites.
Plusieurs points de
doctrine enseignés dans le livre d’Éther sont
très estimés chez les saints des derniers jours, à
savoir que la prospérité dans la terre promise
(l’Amérique) est conditionnée par le service du
« Dieu du pays qui est Jésus-Christ »
(Ét. 2:12), que le Christ prémortel avait un corps
d'esprit « semblable à la chair et au sang »
(3:6), que Dieu est un Dieu de puissance et de vérité
(3:4, 12), que trois témoins confirmeront la véracité
du Livre de Mormon (5:3), que la corruption et la chute de la société
peuvent venir des combinaisons secrètes (8:22), que le
Seigneur montrera à l’humanité sa faiblesse pour
que par l'humilité les choses faibles puissent devenir des
forces (12:27) et qu’une nouvelle Jérusalem sera un jour
édifiée sur le continent américain (13:3-12).
Bibliographie
Sperry,
Sidney B. Book of Mormon Compendium, p. 460-481. Salt Lake City,
1968.
Welch,
John W. "Sources Behind the Book of Ether" F.A.R.M.S.
Paper. Provo, Utah, 1986.
Livre de Moroni
(commenté par S.
Michael Wilcox)
Entre 400 et 421 apr.
J.-C., Moroni 2, le dernier gardien des plaques d'or, compile le
livre final des annales du Livre de Mormon. Il écrit :
J'avais pensé que je n’écrirais plus ; mais
j'écris encore un petit nombre de choses, afin qu’elles
aient peut-être de la valeur pour mes frères »
(Mro. 1:4). Il rassemble ensuite des points plus ou moins apparentés
mais importants, notamment les ordonnances accomplies dans l'Église
de son temps et dans le l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours aujourd'hui (chapitres 2-6), l’un des
sermons de son père (chapitre 7) et deux des lettres de son
père (chapitre 9). Il conclut par son propre témoignage
et ses exhortations au lecteur (chapitre 10).
ORDONNANCES
(CHAPITRES 2-6)
Le
chapitre 2 contient des instructions données par Jésus-Christ
ressuscité à ses douze disciples sur le continent
américain au moment où il leur confère le don du
Saint-Esprit. Ce don est conféré au nom de Jésus-Christ
et par l’imposition des mains de quelqu’un qui a reçu
l'autorité. Le chapitre 3 explique que les prêtres et
les instructeurs étaient ordonnés au nom de
Jésus-Christ par l’imposition des mains par quelqu’un
détenant l’autorité requise. La fonction
principale des prêtres et des instructeurs était
d'enseigner le repentir et la foi en Jésus-Christ. Les
chapitres 4 et 5 contiennent les prières fixes pour bénir
le sacrement du repas du Seigneur, prières actuellement
utilisées dans l'Église. Le chapitre 6 décrit
les conditions pour le baptême, notamment le « cœur
brisé », l’esprit contrit et le repentir
véritable. Moroni explique ensuite comment les membres de
l’Église enregistrent les noms de tous les membres,
s’instruisent mutuellement, se réunissent dans le jeûne
et la prière et prennent souvent la Sainte-Cène.
SERMON
ET LETTRES DE MORMON (CHAPITRES 7-9)
Le
sermon de Mormon (chapitre 7) traite de la foi, de l’espérance
et de la charité et comprend des enseignements sur la façon
de distinguer le bien du mal, la nécessité des dons
spirituels, la nature des miracles et des instructions sur la façon
d’obtenir la charité, « l'amour pur du
Christ » (7:47).
La première lettre
(chapitre 8) condamne le baptême des petits enfants. Mormon
enseigne que les enfants sont rendus purs par l'expiation du Christ
et n'ont pas besoin du pouvoir purificateur du baptême tant
qu’ils ne sont pas assez âgés pour être
responsables de leurs actions et être capables de se repentir
de leurs péchés.
La deuxième lettre
(chapitre 9) expose le niveau de dépravation auquel les
Néphites et les Lamanites sont tombés (avant 385 apr.
J.-C.), donnant les raisons de leur destruction prophétisée
(« [ils sont] sans principes et [ont] perdu toute
sensibilité », verset 20), ainsi que la charge
donnée par Mormon à son fils de rester fidèle au
Christ malgré la méchanceté de leur société.
EXHORTATION
ET ADIEU (CHAPITRE 10)
Moroni recommande
instamment à tous ceux qui lisent le Livre de Mormon de
réfléchir et de prier pour avoir le témoignage
divin de sa véracité (versets 3-5) et de ne pas nier
les dons du Saint-Esprit, qu'il énumère (versets 8-19).
Il rend son témoignage personnel de Jésus-Christ et
lance cette invitation à tout le monde : « Venez
au Christ, et soyez rendus parfaits en lui, et refusez-vous toute
impiété » (verset 32). Il dit adieu à
ses lecteurs jusqu'à ce qu'il les rencontre le jour final du
jugement « devant la barre agréable du grand
Jéhovah » (verset 34).
Bibliographie
Jackson,
Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 8, p. 282-312.
Salt Lake City, 1988.
(Articles tirés de l'Encyclopédie du mormonisme (Macmillan Publishing Company, 1992), traduction : Marcel Kahne, source : www.idumea.org, avec autorisation)