Le Livre de Mormon commenté


 



Page de titre

Premier livre de Néphi

Deuxième livre de Néphi

Livre de Jacob

Livre d'Énos

Livre de Jarom

Livre d'Omni

Paroles de Mormon

Livre de Mosiah

Livre d'Alma

Livre d’Hélaman

Trois Néphi

Livre de Mormon

Livre d'Éther

Livre de Moroni




Page de titre (commentée par Eldin Ricks)
 
Joseph Smith a écrit un jour : « Je tiens à préciser ici que la page de titre du Livre de Mormon est la traduction littérale, tirée de la toute dernière feuille, située du côté gauche du recueil ou livre de plaques, qui contenait le document qui a été traduit … et que ladite page de titre n'est en aucune façon un écrit moderne, que ce soit de moi ou de tout autre homme qui ait vécu ou vive à notre époque » (HC 1:71.).
 
La page de titre est donc la traduction d'un document antique, au moins partiellement écrit par Moroni 2, fils de Mormon, au cinquième siècle apr. J.-C. Elle décrit le livre comme étant un « abrégé des annales du peuple de Néphi et aussi des Lamanites » et « aussi un abrégé tiré du livre d’Éther, qui contient les annales du peuple de Jared ».

Selon la page de titre, le Livre de Mormon s’adresse aux Lamanites, aux Juifs et aux Gentils et vise à informer les Lamanites des promesses faites à leurs ancêtres et à convaincre « Juif et Gentil que Jésus est le Christ, le Dieu éternel, qui se manifeste à toutes les nations. »
 
La page de titre a été utilisée comme description du Livre de Mormon sur la demande de copyright fédéral introduite le 11 juin 1829, avec R.R. Lansing, greffier du Tribunal de district des États-Unis pour le district nord de New York, à Albany.
 
Bibliographie

Ludlow, Daniel H. “The title page”, dans The Book of Mormon : First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. Monte S. Nyman et Charles D. Tate, p. 19-33. Provo, Utah, 1988.


 
Premier livre de Néphi (commenté par Rulon D. Eames)
 
Écrit par Néphi 1, prophète antique qui s'enfuit de Jérusalem avec son père, Léhi et la famille de celui-ci peu après 600 av. J.-C., ce livre raconte leurs voyages sous la direction divine jusque sur le continent américain. Avec son témoignage détaillé de la mission de Jésus-Christ et sa vue panoramique de l'histoire sacrée, 1 Néphi est la base doctrinale et historique de tout le Livre de Mormon. Son intention avouée est de témoigner que le Dieu d'Israël peut sauver tous ceux qui se repentent et font preuve de foi en lui (1 Né. 1:20 ; 6:4).
 
Composées plusieurs années après l’arrivée de Néphi dans la « Terre promise », les annales, dont le premier livre de Néphi faisait partie, contiennent des prophéties et des prédications sacrées « à cause du Christ, et à cause de [son] peuple » (Jacob 1:4). Son message fondamental est que le Dieu d'Israël est miséricordieux et a le pouvoir de sauver ceux qui lui obéissent (1 Né. 1:20 ; 6:4 ; 22:30-31). Néphi étaie cette thèse par des arguments historiques et prophétiques. Il cite deux fois l'exode d'Israël hors d'Égypte comme preuve du pouvoir rédempteur de Dieu et voit le même pouvoir en action dans l'exode de sa famille hors d’une Jérusalem condamnée. Voyant d’une envergure spirituelle remarquable, Néphi témoigne que des actes rédempteurs plus grands attendent à l'avenir : Dieu lui-même viendra sur terre racheter l'homme de la mort et du péché (1 Né. 11:33 ; 19:10), et avant la fin du monde, Israël sera racheté.
 
Le récit de 1 Néphi est vivant et mouvementé ; les actes d'intervention divine dominent ce récit. Il commence la première année du roi judéen Sédécias (1 Né. 1:4 ; cf. 2 R. 24:8-18, dont la date, selon les documents babyloniens, est 597 av. J.-C.). Jérusalem vient de capituler après un bref siège babylonien et le roi Jojakin, ainsi que beaucoup de citoyens éminents de Juda, ont été déportés. Quand Jérusalem persiste dans son arrogance, une foule de prophètes, notamment Jérémie et Léhi, annoncent sa destruction. Comme le peuple conspire pour tuer Léhi, le Seigneur le prévient et il fuit vers le sud dans le désert. À deux reprises, ses quatre fils retournent dans la région, une fois pour obtenir une copie des Écritures écrites sur des plaques d’airain et une fois pour convaincre Ismaël et sa famille de fuir avec eux (chapitres 3-7). Guidé par un compas d’airain miraculeux, le groupe de Léhi accomplit une odyssée épuisante qui va prendre huit ans dans le désert, pour arriver dans un endroit verdoyant sur la côte méridionale de la péninsule arabe. Là, le Seigneur convoque Néphi sur une montagne où il lui commande de construire un bateau pour transporter le groupe vers une terre de promission. Grâce à l'inspiration et à la protection fréquentes de Dieu, le bateau est achevé et le dangereux voyage a lieu (chapitres 16-18).
 
Pendant tout ce temps, Léhi et Néphi sont en butte à l’opposition de Laman et Lémuel, les fils aînés de la famille, qui sont non seulement sceptiques mais parfois violents dans leur opposition. Les annales prennent la défense de Néphi de plusieurs manières. Un ange intervient une fois pour protéger Néphi contre ses frères ; Néphi leur échappe deux fois, étant rempli de pouvoir de Dieu. À plusieurs reprises, par sa foi, il réussit là où ils échouent.
 
Le récit est parsemé de grandes visions. Léhi reçoit son mandat de prophète dans une vision tandis qu’il prie en faveur de Jérusalem : Il voit une colonne de feu demeurer sur un rocher et Dieu assis sur son trône et il reçoit un livre à lire qui décrète des jugements sur la ville (chapitre 1). Peu après, Néphi entend la voix du Seigneur dire que lui, Néphi, instruirait et gouvernerait ses frères aînés (chapitre 2) ; et Léhi a un songe qui tourne autour d’un arbre magnifique, une rivière, une barre de fer et un grand et spacieux édifice (chapitre 8). La fuite de la famille hors d’une Jérusalem orgueilleuse et matérialiste et sa recherche du salut dans le désert sont fortement mises en évidence dans le langage figuré de ce songe. Léhi prophétise aussi sur la captivité babylonienne des Juifs, sur leur retour final en Palestine et sur la venue d'un Messie qui rachètera l'humanité de son état perdu et déchu (chapitre 10).
 
Inspiré des expériences spirituelles de Léhi et voulant connaître la signification du songe de son père, Néphi cherche à avoir et reçoit la même vision ainsi que son interprétation. Cette révélation met les expériences de Léhi et de sa postérité dans le contexte du plan rédempteur de Dieu et fournit une grande partie du cadre historique et doctrinal de la prophétie suivante du Livre de Mormon : (1) Néphi voit la naissance, le ministère et le sacrifice expiatoire du Fils de Dieu et le rejet de ses apôtres par Israël ; (2) il assiste à la division de la famille de Léhi suivie de la naissance, du déclin et de la destruction de sa propre postérité par les descendants de ses frères et il voit que l'agneau de Dieu visitera diverses branches d'Israël, notamment la postérité de Néphi ; (3) il voit une grande et abominable Église parmi les Gentils ainsi qu’une dispensation de l'Évangile chez les Gentils et leur rôle crucial dans le rassemblement d’Israël et d'un reste de la postérité de Néphi ; et (4) la victoire finale de Dieu sur les puissances du mal à la fin du monde lui est montrée (chapitres 11-14).
 
Citant d'autres prophéties allant dans le même sens, 1 Néphi 19-22 renforce ces quatre thèmes, les piliers des perspectives néphites sur l'histoire du monde. Néphi donne d'abord un témoignage détaillé du sacrifice expiatoire du Dieu d'Israël, de son rejet et de la dispersion du peuple de l'alliance de Dieu, citant Zénos, Zénock, et Néum (chapitre 19) ; il cite ensuite Ésaïe pour prouver que Dieu différera sa colère et rassemblera finalement son peuple grâce à l'aide de rois et de reines gentils (chapitres 20-21) ; et finalement, il exhorte tout le monde à obéir aux commandements de Dieu et à être sauvé, parce que dans les derniers jours les méchants brûleront et les saints d'Israël régneront (chapitre 22).

 
Deuxième livre de Néphi (commenté par Terry B. Ball)
 
Le deuxième livre de Néphi (2 Néphi) est une œuvre écrite vers 550 av. J.-C. par celui-là même qui a écrit 1 Néphi et qui l’a inclus dans ses petites plaques. Le deuxième livre contient quatre discours et traités prophétiques de trois prophètes du Livre de Mormon, Léhi, Jacob et Néphi 1, ainsi que des extraits substantiels des prophéties d'Ésaïe tirées des plaques d'airain. En plus, 2 Néphi rapporte brièvement la transition difficile de la génération fondatrice de la colonie de Léhi à la génération suivante dans leur nouvelle patrie.
 
La première section du livre se compose des exhortations et du testament de Léhi à sa postérité avant sa mort (1:1-4:11). Il adresse ses premières paroles à ses fils aînés, Laman, Lémuel et Sam, aussi bien qu’aux fils d'Ismaël. Il leur rappelle la miséricorde de Dieu qui les a conduits dans une terre promise, les a instruits de l'alliance de pratiquer la justice qui se rattache au pays, met en garde contre la perte de liberté et de prospérité qui découle de la désobéissance à Dieu et les supplie de se réconcilier avec leur frère Néphi, leur gouverneur (1:1-27).
 
Après cette exhortation, Léhi prononce des bénédictions spécifiques sur tous ses descendants, que ce soit à titre individuel ou comme groupes de familles. Ses bénédictions contiennent des prophéties et des promesses au sujet du futur de chaque individu ou groupe dans le pays de l’alliance et sont suivies de recommandations « selon l’inspiration de l'Esprit » (1:6). Ses instructions à Jacob et Joseph, ses fils cadets, sont importantes d’un point de vue doctrinal. Il parle à Jacob du plan du salut de Dieu pour ses enfants, enseignant les principes qui sont fondamentaux pour la compréhension de l'Évangile de Jésus-Christ, notamment la doctrine de la rédemption par le Messie, la nécessité de l'opposition et du libre arbitre, le rôle de Satan et l'importance de la chute d'Adam et Ève (2:1-30). Léhi instruit son fils Joseph sur les prophéties de son ancêtre Joseph d'Égypte, qui a prédit la mission, dans les derniers jours, d'un autre Joseph (le prophète Joseph Smith) et la parution du Livre de Mormon (3:1-25).
 
Néphi 1, fils de Léhi, est l’auteur de la section suivante, la seule partie historique du document (4:12-5:34). Après avoir raconté la mort de Léhi et la rébellion de Laman, de Lémuel et des fils d'Ismaël (4:12-13), Néphi précise qu'il tient deux annales : les grandes plaques, sur lesquelles il écrit l'histoire profane, et les petites plaques, sur lesquelles il écrit « ce qui est agréable à Dieu » notamment beaucoup d’extraits des plaques d’airain (4:14-15 ; 5:29-33).
 
En parlant du plaisir qu’il a à méditer les Écriture et « les choses du Seigneur », Néphi se sent poussé à composer un beau psaume (4:16-35). Dans ces versets, tout comme le Psalmiste biblique, Néphi utilise des images inspirantes et des parallélismes poétiques pour louer Dieu de sa bonté, se lamenter sur ses propres faiblesses et déclarer sa dévotion au Seigneur.
 
Néphi clôture cette section en racontant la division de la postérité de Léhi en deux peuples distincts, les Néphites (les croyants) et les Lamanites (les incroyants). Il décrit les divisions théologiques, culturelles et géographiques qui se produisent entre les partisans des frères, déplorant le fait que dans les quarante années de leur séparation, ils étaient en guerre (5:1-34).
 
Un sermon de Jacob constitue la troisième inscription dans 2 Néphi (chapitres 6-10), suivi de la quatrième et dernière partie, un long discours écrit de Néphi (chapitres 11-33). Citant des parties substantielles d'Ésaïe, Néphi et Jacob soulignent deux grands thèmes : l'histoire et le futur du peuple de l'alliance de Dieu et la mission du Messie. Pour son discours sur ces sujets, Néphi cite d’abord le texte d'És. 2-14 dans 2 Né. 12-24 et les commente ensuite aux chapitres 25-30, en intégrant des parties d'Ésaïe 29 dans ses commentaires. Jacob cite És. 50:1-52 :2 aux chapitres 7-8. Apparemment, Joseph Smith a mis ces citations d'Ésaïe dans l’anglais de la King James Version, mais avec beaucoup de variantes reflétant la source néphite.
 
En citant Ésaïe et en réfléchissant à son texte, Jacob et Néphi se concentrent sur des événements tels que la captivité babylonienne et le retour (6:8-9 ; 25:10-11) ; l'apostasie, la dispersion et l'oppression de la maison d'Israël et le rassemblement de ses descendants dans les derniers jours, son rétablissement par la conversion à l’Évangile du Christ et l'établissement de Sion – des thèmes qui les préoccupent à cause de leur propre ascendance israélite (6:6-18 ; 8:1-25 ; 10:1-25 ; 25:14-17 ; 26:14-30:18). Ils prophétisent en outre la destruction des méchants avant la seconde venue du Sauveur suivie de l'ère de paix (12:1-22 ; 21:1-24 :3).

Dans leurs discours, Jacob et Néphi parlent du ministère terrestre, du rejet et de la crucifixion du Messie (6:9 ; 7:1-11 ; 9:1-54 ; 10:3-5 ; 17-19) et des principes fondamentaux de son Évangile : la foi, le repentir, le baptême et l'obéissance (9:23-24 ; 31:1-21) ; ensuite ils prophétisent son baptême, son sacrifice expiatoire et sa résurrection suivie de son ministère parmi les Néphites, sa seconde venue finale et le jugement dernier (9:5-27 ; 26:1-9 ; 31:4-12).
 
Au chapitre 29, Néphi mentionne tout spécialement le désir du Seigneur que le Livre de Mormon soit utilisé comme une « bannière » par son peuple, conjointement avec la Bible (29:2), notant que d'autres livres paraîtront. En clôturant les annales, Néphi témoigne que les paroles qui s’y trouvent sont les paroles du Christ, celles par lesquelles les lecteurs seront jugés (33:10-15).
 
Bibliographie

Jackson, Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 7, p. 86-174. Salt Lake City, 1987.

McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet. Doctrinal Commentary on the Book of Mormon, Vol. 1, p. 182-376. Salt Lake City, 1987.

Nyman, Monte S., et Charles D. Tate, dir. de publ.. The Book of Mormon : Second Nephi, The Doctrinal Structure. Provo, Utah, 1989.

 
Livre de Jacob (commenté par Clyde J. Williams)

Écrite par Jacob, cinquième fils de Léhi, peu après 545 av. J.-C., l’œuvre suit le modèle donné par Néphi 1 pour porter des inscriptions sur les petites plaques : inclusion de sermons sacrés, de révélations importantes, de prophéties et de quelques données historiques. Jacob, prophète néphite, écrit pour persuader tous les hommes de « venir au Christ » (Jacob 1:7).
 
Le livre semble avoir été écrit en trois étapes. La première est un discours important de Jacob au temple, dans lequel il appelle son peuple à se repentir de l'immoralité, du matérialisme et de l'orgueil (chapitres 2-3). Il conseille aux hommes et aux femmes d’être généreux de leurs biens, promettant que, s’ils cherchent le royaume de Dieu avant de rechercher la richesse, ils auront en bénédiction suffisamment de richesse pour aider les autres (2:17-19). Il met vivement son peuple en garde contre les péchés d'immoralité parce que beaucoup ont transgressé la loi de chasteté, notamment en pratiquant une polygamie non autorisée par le Seigneur (2:30). Il rappelle à ses auditeurs que le Seigneur « [fait ses délices] de la chasteté des femmes » et que les péchés des hommes ont brisé le cœur de leurs femmes et de leurs enfants (2:22-35).
 
La deuxième partie contient des prophéties sur l'expiation du Christ, le rejet de Jésus de Nazareth par beaucoup de Juifs et la dispersion et le rassemblement d'Israël (chapitres 4-6). Jacob désire que les générations ultérieures « sachent que nous [avons] connaissance du Christ et que nous [avons] l’espérance de sa gloire bien des centaines d’années sa venue » (4:4). L’élément principal de cette section est la citation par Jacob de l'allégorie des oliviers francs et sauvages (chapitre 5). Conçue par Zénos, un prophète israélite dont les écrits sont conservés sur les plaques d'airain, cette allégorie donne sous forme de récit symbolique l'histoire prophétique de la dispersion et du rassemblement d'Israël, y compris les descendants de Léhi, depuis la fondation d'Israël jusqu'à la fin de la terre.

La troisième section raconte la rencontre de Jacob avec un antéchrist appelé Shérem qui, avec habileté et un art consommé de la parole, essaie, par la flatterie et la tromperie, d’éloigner le peuple de la foi au Christ (7:1-4). Shérem accuse Jacob de blasphème et de fausse prophétie et essaie de convaincre le peuple qu'il n'y aura pas de Christ. Il finit par être confondu par Jacob et, après avoir cherché un signe, est frappé par Dieu et meurt peu après (7:7-8, 13-20). Débarrassé des enseignements séparatistes de Shérem en sondant les Écritures, le peuple de Jacob peut à nouveau connaître la paix et l'amour de Dieu (7:23).
 
Bibliographie

Matthews, Robert J. "Jacob : Prophet, Theologian, Historian." Dans The Book of Mormon : Jacob Through Words of Mormon, dir. de publ.. M. Nyman et C. Tate, Provo, Utah, 1990.

 
Livre d'Énos (commenté par Marilyn Arnold)


Suivant le modèle donné par son père et ses prédécesseurs (Jcb. 1:2-4 ; cf. En. 1:13-16), Énos, fils de Jacob, met personnellement par écrit le témoignage et les promesses prophétiques qui lui ont été communiqués. Énos (v. 515-417 av. J.-C.) est une personnalité qui touche le cœur. Il incarne la conversion, la compassion, et la confiance devant le Seigneur. Tandis qu'il chasse, les paroles de son père « concernant la vie éternelle et la joie des saints pénétraient profondément [son cœur] » et son « âme était affamée » (1:3-4). Toute la journée et jusque dans la nuit il « lutte… devant Dieu » en une « supplication fervente » jusqu'à ce qu'il reçoive le pardon de ses péchés. Il prie successivement pour son propre bien-être, pour celui de ses frères, les Néphites, qui s’éloignent trop facilement de la justice, et puis pour le bien-être de ses frères les Lamanites, qui sont devenus de plus en plus féroces et sauvages. Énos reçoit une déclaration d'alliance du Seigneur que les annales néphites seront apportées aux Lamanites. Il sait avec certitude qu'il aura la joie de voir le visage de son Rédempteur et qu’il recevra une place dans les demeures du Père (1:27).

 
Livre de Jarom (commenté par Marilyn Arnold)
 
Jarom, fils d'Énos, fait un bref résumé de l’évolution des Néphites de son vivant (v. 440-355 av. J.-C.). À deux reprises il justifie la brièveté de son récit, prétextant le manque de place et le peu de doctrine nouvelle à ajouter aux paroles de ses prédécesseurs. Faisant apparaître une ère de conservatisme strict dans la colonie florissante, Jarom raconte les grands efforts faits par les Néphites pour observer la loi de Moïse et annoncer la venue du Messie. En dépit de leur supériorité numérique, les Lamanites échouent dans leurs attaques fréquentes contre les Néphites prospères et Jarom attribue les succès des Néphites aux prophètes, aux prêtres et aux instructeurs qui les poussent continuellement au repentir.

 
Livre d'Omni (commenté par Marilyn Arnold)
 
Ce livre conclut et remplit les petites plaques de Néphi. Il contient de brèves déclarations par une succession de gardiens des annales qui étaient descendants de Jacob mais n’étaient apparemment pas des dirigeants spirituels : Omni, Amaron, Chémish, Abinadom et Amaléki (IVe-IIe siècles av. J.-C.). Amaléki, dont le récit est le plus long des cinq, décrit la transition importante qui se produit dans l'histoire du Livre de Mormon quand Mosiah 1 dirige la fuite d’un groupe de Néphites fidèles du pays de Néphi vers Zarahemla (v. 200 av. J.-C.). Ils y découvrent les descendants d'un groupe qui a quitté Jérusalem avec Mulek, mais qui a perdu sa religion et sa langue. Amaléki relie la corruption de sa langue à l'absence de documents écrits, montrant l'importance de la conservation des annales. Mosiah apporte les plaques d’airain contenant « les annales des Juifs » (Om. 1:14), notamment les lois que les rois sont tenus de respecter en vertu de la loi de Moïse (voir De. 17:18-19). Il est accepté comme roi de ces deux peuples et va régner une génération. Amaléki survit à Mosiah mais n'a pas d’héritier. Il transfère donc ses annales au roi Benjamin, fils de Mosiah.

 
Paroles de Mormon (commenté par Eldin Ricks)


Mormon est occupé à faire son abrégé des grandes plaques de Néphi 1 quand il découvre les petites plaques de Néphi, des annales prophétiques du début de l'histoire néphite (P de M 1:3). Profondément impressionné par les prophéties messianiques qu'il trouve sur les petites plaques et en réponse à « l’inspiration de l'Esprit », Mormon annexe ce jeu de plaques à son résumé (P de M 1:4-7). Mais étant donné que ces annales finissent quelques années avant que le livre de Mosiah ne commence (v. 130 av. J.-C.), Mormon s’octroie des prérogatives d'éditeur et annexe ce post-scriptum historique aux petites plaques pour rattacher sa conclusion à l'ouverture du livre de Mosiah. Cette annexe, appelée Paroles de Mormon, sera écrite vers 385 apr. J.-C.

 
Livre de Mosiah (commenté par Alan Goff)
 
Le livre de Mosiah est religieusement riche, symboliquement significatif, chronologiquement complexe et politiquement important. Bien que ses événements disparates aillent de 200 à 91 av. J.-C., ils sont unifiés en particulier par le thème de la délivrance et par le règne du roi néphite Mosiah 2.
 
Plusieurs groupes ressortent dans cette histoire : (1) le gros des Néphites sous le roi Benjamin et son fils Mosiah 2 ainsi que le peuple de Zarahemla (Mulékites), dont le nombre dépasse celui de ses gouverneurs et voisins néphites ; (2) le peuple de Zénif, qui a échoué dans sa tentative de réoccuper la patrie néphite, le pays de Néphi ; et (3) le peuple d'Alma 1, qui s’est détaché du peuple de Zénif et est devenu le peuple d'Alma, disciple du prophète martyrisé Abinadi. Les deux derniers groupes retournent à Zarahemla peu de temps après que Mosiah est devenu roi.
 
Le livre de Mosiah est tiré de plusieurs sources textuelles sous-jacentes : le discours de Benjamin (124 av. J.-C.) ; les annales de Zénif (v. 200-120 av. J.-C.), contenant le compte rendu du procès d'Abinadi par Alma (v. 150 av. J.-C.) et de son peuple (v. 150-118 av. J.-C.) et les annales de Mosiah (124-91 av. J.-C.).
 
LE DISCOURS DE BENJAMIN (CHAPITRES 1-6)

Le couronnement de Mosiah a lieu selon des dispositions semblables à l’assemblée israélite traditionnelle au temple, avec les sacrifices, le renouvellement des alliances, les confessions, les déclarations concernant le sang expiatoire du Christ et l’invitation à servir Dieu et à aider les pauvres. Benjamin décède et Mosiah règne. Il autorise l'expédition d'Ammon pour retrouver le peuple de Zénif (7:1-8 :21).
 
ANNALES DE ZÉNIF (CHAPITRES 9-22)

Retour en arrière de soixante-quinze ans. Zénif a fondé sa colonie ; il a combattu dans deux guerres et son fils, le méchant Noé, lui a succédé. À deux reprises, le prophète Abinadi lance une condamnation contre Noé ; il répète les dix commandements, cite Ésaïe 53 et discourt sur l'expiation de Jésus-Christ et sur la résurrection. Tandis qu’il subit la mort par le feu, il prophétise que sa mort préfigure celle de Noé. Alma 1, l’un des prêtres de Noé, croit en la prédication d’Abinadi, s’enfuit dans le désert et rassemble un groupe de convertis qui ont échappé ensemble aux soldats de Noé. Entre-temps, un officier de l’armée appelé Gédéon s’oppose à Noé, les Lamanites attaquent et Noé s’enfuit et est plus tard exécuté par son propre peuple de la façon prédite par Abinadi. Il reste Limhi, fils de Noé, qui va régner plusieurs années en tant que roi vassal asservi aux Lamanites. À la longue, Limhi et son peuple sont délivrés et s’échappent vers Zarahemla.

ANNALES D'ALMA (CHAPITRES 23-24)

      Les disciples d'Alma 1 pratiquent le baptême et mettent fortement l'accent sur l'unité, l’amour mutuel et le refus des querelles. Dans un discours qui présage les derniers mots de Mosiah établissant le règne des juges, Alma 1 refuse de devenir roi, voulant que son peuple ne soit asservi à personne. Néanmoins, ils tombent sous la servitude cruelle des Lamanites, maintenant dirigés par certains des anciens collègues d'Alma, les méchants prêtres de Noé. Plusieurs années plus tard, le peuple d'Alma est miraculeusement délivré.
 
ANNALES DE MOSIAH (CHAPITRES 25-29)

Les Néphites, le peuple de Zarahemla (Mulékites), le peuple de Limhi et le peuple d'Alma 1 sont unifiés sous Mosiah comme roi, avec Alma comme grand prêtre. Alma reçoit l'autorité d’organiser et de réglementer les Églises, mais beaucoup de membres apostasient et persécutent les justes. Parmi les méchants, il y a son fils Alma 2 et les quatre fils de Mosiah. Quand un ange du Seigneur leur apparaît, ils se repentent et se convertissent. Mosiah traduit les annales jarédites, passe les annales néphites et les objets sacrés à Alma 2 et installe Alma 2 comme premier grand juge selon la voix du peuple.
 
Les récits du livre de Mosiah mettent l’accent sur le thème de la délivrance de la servitude, qu’elle soit physique ou spirituelle. Dans son discours, Benjamin parle de délivrance spirituelle par le sang expiatoire du Christ, soulignant la dépendance de l'humanité à l'égard Dieu et sa responsabilité vis-à-vis des pauvres (les deux thèmes ou symboliques sont créés de la même façon dans la Bible par la tradition de l'Exode). Le récit de la conversion d'Alma 2 est un cas remarquable de délivrance de la servitude spirituelle par l’invocation du nom de Jésus-Christ (Mos. 27 ; Al. 36). Deux groupes sont délivrés de la servitude et de l'oppression physiques : le peuple de Limhi et les convertis d'Alma après leur asservissement par les Lamanites. Comme dans l'Exode, ils invoquent le Seigneur, qui les entend et les délivre de la servitude. Un émissaire appelé Ammon compare expressément la délivrance du peuple de Zénif à l'exode d'Israël hors d'Égypte et à celui de Léhi hors de Jérusalem (Mos. 7:19-22, 33).
 
Le livre de Mosiah élabore plusieurs paires de comparaisons d’une manière semblable à une technique littéraire souvent employée dans la Bible : Alma 1 et Amulon sont des exemples de bons et de mauvais prêtres ; Benjamin et Noé sont des exemples contrastants de royauté noble et de royauté corrompue. Mosiah cite le contraste extrême entre ces rois à la fin de son règne pour expliquer pourquoi il est sage de passer, dans le gouvernement des Néphites, de la royauté à un règne de juges (Mos. 29).
 
Les annales jarédites sont mentionnées trois fois (Mos. 8:9 ; 21:27 ; 28:11-19). Pour essayer d'obtenir l'aide de la colonie de Mosiah, Limhi lance une expédition d’exploration qui ne trouvera pas Mosiah, mais tombera sur des restes humains, des armes de guerre et vingt-quatre plaques d'or. L’expédition remet ces annales à Limhi, qui va les donner à Mosiah, lequel va les traduire à l’aide de deux pierres appelées « interprètes ». Les annales racontent la naissance et la chute des Jarédites.
 
Bibliographie

Tate, George S. "The Typology of the Exodus Pattern in the Book of Mormon." dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p. 245-266. Provo, Utah, 1981.

Thomasson, Gordon C. "Mosiah : The Complex Symbolism and the Symbolic Complex of Kingship in the Book of Mormon" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1982.

Tvedtnes, John A. "King Benjamin and the Feast of Tabernacles". Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 197-237. Salt Lake City, 1990.

 
Livre d'Alma (commenté par Cheryl Brown)
 
Le livre d'Alma est le livre le plus long du Livre de Mormon. Il a été abrégé par Mormon, principalement à partir des annales de trois hommes, Alma 2 (chapitres 1-16, 27-44), Ammon (chapitres 17-26) et le fils d’Alma, Hélaman 1 (chapitres 45-62) et conclut avec des réflexions de Mormon (chapitre 63). Son thème général est que la prédication de la parole de Dieu avec un témoignage pur est plus puissante que la politique ou l'épée pour assurer la paix, la justice, l'égalité et la bonté (Al. 4:19 ; 31:5). Le livre démontre ce thème par des exemples répétés de personnes qui sont converties à la foi au Sauveur prédit, Jésus-Christ, et des exemples de gens à qui Dieu donne la victoire sur leurs ennemis méchants et ambitieux.
 
Le livre d'Alma couvre trente-neuf ans (91-52 av. J.-C.). Les quatorze premières années sont couvertes par deux récits parallèles englobant les enseignements et les activités d'Alma 2, qui démissionne de sa fonction de juge pour se livrer à l'œuvre missionnaire au pays de Zarahemla (chapitres 1-16), et l'autre contenant les paroles et les actes des fils du roi Mosiah 2 et de leurs compagnons, qui font des sacrifices personnels considérables pour essayer de prêcher l'Évangile parmi les Lamanites (chapitres 17-26).
 
La première section commence par le procès de Néhor devant le grand juge Alma ; Néhor sera condamné et exécuté pour avoir commis le crime d'imposer les intrigues de prêtres par l'épée (chapitre 1). Alma mène ensuite une guerre civile contre les disciples de Néhor et l’emporte (chapitres 2-4), mais il abandonne bientôt la fonction de juge pour se consacrer à plein temps au ministère. Il fait des sermons puissants aux villes de Zarahemla (chapitres 5-6), Gédéon (chapitre 7), et Mélek (chapitre 8) et se rend à la ville méchante d'Ammonihah où il est chassé, mais un ange lui commande d’y retourner. À Ammonihah pour deuxième fois, il rencontre et est aidé par Amulek, qui a été chargé par un ange de trouver Alma (chapitre 8). Bien qu'ils doivent affronter un docteur de la loi habile appelé Zeezrom, ils finissent par en convertir beaucoup, dont Zeezrom. Cependant, leurs convertis masculins sont expulsés de la ville et Alma et Amulek sont mis en prison et forcés d’être témoins de la mise à mort par le feu des femmes et des enfants de leurs convertis. Alma et Amulek seront délivrés quand un tremblement de terre détruira la prison et tuera leurs geôliers (chapitres 9-14). Peu après, cette ville apostate est annihilée par une invasion lamanite (chapitre 16).
 
Pendant les quatorze mêmes années, les fils de Mosiah et leurs compagnons sont dans le pays situé du côté du sud. Ammon se rend au pays d’Ismaël et, grâce à la façon dont il sert le roi Lamoni et à l’amour qu’il lui porte, il convertit le roi et beaucoup de son peuple (chapitres 17-19), à qui il enseigne à pratiquer la loi de Moïse dans l’attente de la venue du Christ (Al. 25:15). Ammon et Lamoni iront ensuite au pays de Middoni libérer ses collègues missionnaires de prison. En cours de route, ils affrontent le père de Lamoni, roi de tous les Lamanites, qui a recours à l'épée. Ammon résiste à ses coups, prend le dessus sur le roi et lui fait promettre d’accorder la liberté à ses frères et l'autonomie pour Lamoni et son peuple (chapitre 20). Une fois libérés, Aaron, frère d'Ammon, et ses compagnons vont chez le père de Lamoni, l’instruisent et le convertissent, lui, sa maison et beaucoup de son peuple. Ces Lamanites convertis, ne tenant pas à ce que la culpabilité de leurs crimes sanglants antérieurs ne revienne sur eux, font le serment de ne plus jamais verser le sang (chapitre 23). D'autres Lamanites et des dissidents néphites attaquent ces convertis et en tuent 1.005, qui ne voulaient pas se défendre à cause de ce serment. Beaucoup parmi les agresseurs lamanites (mais pas les dissidents néphites) éprouvent du remords pour ce qu’ils ont fait, déposent les armes et se convertissent aussi (chapitres 24-25). Par la suite, Ammon conduira ces convertis, appelés Anti-Néphi-Léhis, en territoire néphite, où ils s’installeront au pays de Jershon (chapitre 27). Les Lamanites restés en arrière se mettent en colère contre les Néphites et attaquent et détruisent Ammonihah (Al. 25:1-2 ; décrit plus en détail dans Al. 16:1-11).
 
Après ces événements, Korihor, un antéchrist et propagandiste de doctrines blasphématoires, défie Alma, grand prêtre, à la cour du grand juge, où il demande un signe de Dieu, est frappé de mutisme et meurt peu de temps après (chapitre 30). Après cela, Alma part à la tête d’une délégation prêcher aux Zoramites, un groupe néphite dissident. Beaucoup de Zoramites victimes de la pauvreté sont reconvertis et expulsés par les autres Zoramites. Les non-convertis s’empressent de s’allier aux Lamanites, attaquent les Néphites et sont battus (chapitres 31-35, 43-44).
 
Les chapitres qui traitent tout particulièrement d’Alma contiennent également ses bénédictions et ses instructions à ses trois fils (chapitres 36-42) et le récit de sa disparition (son enlèvement au ciel, chapitre 45). Le livre d'Alma finit par les récits détaillés faits par Hélaman 1 d'autres guerres entre les Néphites et les Lamanites (chapitres 43-62 ; voir Livre de Mormon–Histoire de la guerre dans). Le chapitre final (chapitre 63) annonce le décès de Pahoran, de Moroni, de Hélaman et de son frère Shiblon, qui marque la fin de cette ère de domination juste des Néphites à Zarahemla. Il parle aussi de Hagoth, constructeur de navires qui transporte des gens vers le nord et dont on n’entendra plus jamais parler après son deuxième départ.
 
Le livre d'Alma couvre une période critique de l'histoire néphite, les premières années du règne des juges néphites. La survie de cette forme de gouvernement sur base populaire est menacée plusieurs fois au cours du livre. Cela commence quand Amlici, disciple de Néhor, cherche à devenir roi. Elle est de nouveau menacée quand les Zoramites font défection. D’autres conflits apparaissent quand le Zoramite Amalickiah persuade beaucoup de juges inférieurs de le soutenir comme roi. Un général appelé Moroni rallie les troupes néphites en brandissant une bannière qu'il appelle Titre de la liberté ; elle proclame la nécessité de se rappeler et de défendre leur Dieu, leur religion, leur liberté, leur paix, leurs épouses et leurs enfants. Amalickiah et quelques-uns de ses hommes se sauvent chez les Lamanites où, par la trahison et le meurtre, il devient roi et entraîne les Lamanites dans une longue guerre contre les Néphites. Amalickiah est tué après sept ans de guerre, mais les guerres continuent encore pendant six autres années sous son frère Ammoron. Ces années deviennent particulièrement périlleuses pour les Néphites quand des « hommes-du-roi » apparaissent à Zarahemla et expulsent le gouvernement néphite de la capitale (traité dans CWHN 8:328-79). Moroni est obligé de quitter le front pour reprendre la capitale avant de pouvoir concentrer toute son attention sur la victoire sur les Lamanites. Dans chaque cas, les Néphites finissent par l’emporter et rendent grâces et louanges à Dieu.
 
Dans le livre d'Alma, la démarcation entre les nations néphite et lamanite le long de frontières ancestrales devient floue. Plusieurs groupes de Néphites-Amlicites (chapitres 2-3), de Zoramites (chapitres 31-35, 43), d’Amalickiahites (chapitres 46-62) et d’hommes-du-roi (chapitres 51, 61) rejettent les principes religieux néphites et rejoignent les Lamanites afin d'essayer de renverser le gouvernement néphite. Plusieurs groupes lamanites – les Anti-Néphi-Léhis (chapitres 17-27), les convertis de l'armée qui a marché contre les Anti-Néphi-Léhis (chapitre 25) et certains soldats lamanites capturés par Moroni (chapitre 62) – adoptent l'Évangile et le mode de vie néphite et vont vivre parmi eux. Vers la fin du livre, ces populations se distinguent plus par leur idéologie que par leur lignage. Ceux qui désirent le gouvernement par « la voix du peuple » et adoptent les enseignements de l'Évangile sont comptés parmi les Néphites, alors que ceux qui s’y opposent s sont appelés Lamanites.
 
On trouve beaucoup d’enseignements religieux importants dans le livre d'Alma. Alma 5 est un discours prononcé par Alma appelant le peuple de la ville de Zarahemla à se repentir et enseignant à tous les disciples du Christ à juger de l'état de leur ancienne nouvelle naissance spirituelle et de leur bien-être actuel. Alma 7, prononcé devant la ville juste de Gédéon, enseigne aux croyants à faire de l'expiation du Christ une réalité dans leur vie. Les chapitres 12 et 13 expliquent les mystères de la rédemption, de la résurrection et de la prêtrise selon l'ordre du Fils de Dieu. Alma 32 et 33 sont un sermon fait par Alma aux Zoramites pauvres, expliquant la façon correcte de prier, le rapport entre l'humilité et la foi en Jésus-Christ et le processus par lequel on augmente la foi. Alma 34 est le discours d'Amulek sur la nécessité du « sacrifice infini et éternel » fait par le Fils de Dieu. Amulek y enseigne aussi au peuple comment prier et lui dit comment vivre de telle sorte que ses prières ne soient pas vaines.
 
Alma enseigne à ses fils la confiance en Dieu en racontant sa conversion personnelle (chapitre 36). Il donne aussi des instructions sur la tenue des annales sacrées et explique comment les desseins de Dieu sont accomplis par de petits moyens (chapitre 37). Il enseigne le caractère mauvais du péché sexuel (chapitre 39), la nature de la résurrection et du rétablissement (chapitres 40-41), le but et les conséquences de la chute d'Adam, notamment la mort spirituelle et temporelle et le rapport entre la justice et la miséricorde (voir le chapitre 42).
 
Les chapitres traitant des guerres comportent des exemples de raisons justifiant la guerre (chapitre 48), parallèlement à l'exemple du pouvoir protecteur de la foi exercée par les jeunes guerriers qui se battent sous Hélaman et dont aucun ne meurt au combat, parce qu’ils croient aux enseignements de leurs mères que « Dieu les délivrerait » (Al. 56:47-48).
 
De façon générale, le livre d'Alma enseigne par des récits vifs et détaillés comment l'ambition personnelle peut mener à l'apostasie et à la guerre et montre comment le Seigneur rassemble son peuple par la prédication de l'Évangile du Christ et le délivre en justice de l'agression.
 
Bibliographie

Pour des essais sur Alma le Jeune, Ammon, le roi Lamoni, Ammonihah, la sophistique de Korihor, Amlici, plusieurs dissidents, le capitaine Moroni, les grands juges néphites et d'autres figures du livre d'Alma, voir Jeffrey R. Holland, The Book of Mormon : It Begins with a Family, p. 79-170. Salt Lake City, 1983.

 
Livre d’Hélaman (commenté par Paul R. Cheesman)
 
Le livre d’Hélaman raconte l'une des périodes les plus tumultueuses de l'histoire des Néphites et des Lamanites (52-1 av. J.-C.). Le récit se concentre sur les difficultés inattendues (par exemple, l'invasion et l’occupation sans précédent du pays de Zarahemla par les Lamanites relatée aux chapitres 4 et 5) et les résolutions inattendues qui viennent de Dieu (par exemple, le retrait des forces lamanites résultant directement de l'œuvre missionnaire de deux fils d’Hélaman, Néphi 2 et Léhi, dans 5:49-52).

Ce livre doit son nom à son premier auteur, Hélaman 2, fils d’Hélaman 1. Les autres personnes qui participent à l’élaboration des annales sont Néphi et Léhi, fils d’Hélaman 2 (16:25), et Mormon, rédacteur principal du Livre de Mormon, qui ajoute le commentaire politique et religieux.
 
Le récit s'ouvre après qu’Hélaman a reçu de son oncle Shiblon la garde des annales néphites (Al. 63:11) la quarantième année du règne des juges (v. 52 av. J.-C. ; Hél. 1:1). Le récit se répartit en six sections principales : les annales d’Hélaman (chapitres 1-3), les annales de Néphi (chapitres 4-6), la prophétie de Néphi (chapitres 7-11), les réflexions rédactionnelles de Mormon sur la puissance de Dieu (chapitre 12), la prophétie de Samuel le Lamanite (chapitres 13-15) et une brève déclaration sur la période de cinq ans précédant la naissance de Jésus (chapitre 16). Plusieurs discours religieux sont intégrés au récit, notamment les exhortations d’Hélaman à ses fils (5:6-12), le psaume de Néphi (7:7-9), le sermon fait par Néphi du haut de la tour de son jardin (7:13-29 ; 8:11-28), la prière de Néphi (11:10-16) et le long discours de Samuel du haut des murs de Zarahemla (13:5-39 ; 14:2-15:17).
 
La personne la plus en vue mentionnée dans le livre est sans aucun doute Néphi 2. Après avoir démissionné de son poste de grand juge, Néphi, en compagnie de son frère Léhi, va se consacrer entièrement à la prédication du message de l'Évangile (5:1-4). Sa défense de la providence de Dieu affirme le pouvoir de la prophétie (8:11-28) et, à un niveau pratique, conduit à la condamnation du meurtrier du grand juge (9:21-38). Le Seigneur lui confie le pouvoir de sceller les cieux de sorte qu'aucune pluie ne tombe (10:4-11), un pouvoir que Néphi utilise pour provoquer la fin des conflits et de la perversion civils (11:1-18).
 
L'apparition des brigands de Gadianton (1:9-12 ; 2:3-11), une société hostile et secrète au sein du corps politique des Néphites et des Lamanites est incontestablement l’événement le plus décourageant et le plus inquiétant de ces cinquante et une années. Mormon informe ses lecteurs de la nature de l'organisation (6:17-30) et de son impact débilitant sur la société (2:13-14 ; 6:38-39 ; 11:24-34).
 
Par contraste avec ces observations désespérantes, il y a l’un des thèmes centraux du livre : l'ascendant étonnant des Lamanites dans le domaine spirituel. Les Néphites se font écraser en 35 av. J.-C. par une armée lamanite menée par des dissidents néphites et ne réussissent pas à récupérer les territoires perdus (4 :5-10). Néphi et Léhi vont alors chez les Lamanites prêcher l'Évangile (5:16-20). Le succès remarquable avec lequel ils convertissent leurs auditeurs au Christ leur vaut d’être jetés en prison (5:21). Mais dans un déversement extraordinaire de l'Esprit de Dieu, tous ceux qui sont dans la prison sont convertis, un événement qui provoque un revirement spirituel chez les Lamanites et, en fin de compte, le retrait des forces militaires lamanites des terres néphites (5:22-52). À partir de ce moment-là, ce sont les Lamanites qui accomplissent l’œuvre de l'Église, prêchant tant aux Néphites qu’à leur propre peuple (6:1-8, 34-36).
 
Presque trente ans après (v. 6 av. J.-C.), un prophète lamanite appelé Samuel prophétise à Zarahemla. Il condamne la décadence de la société néphite et met en garde contre la destruction des individus et de la société (13:5-39, en particulier 38 ; 14:20-15:3). Il prophétise aussi que des signes visibles sur le continent américain accompagneront la naissance et la mort de Jésus (14:2-25). Il déclare que l’Expiation a le pouvoir de racheter l'humanité de la chute d'Adam et de réaliser la Résurrection. Il parle enfin de la justice des Lamanites et des promesses de Dieu à leur égard dans les derniers jours (15:4-16).
 
Bibliographie

Jackson, Kent P., dir. de publ. Studies in Scripture, vol. 8, p. 92-124. Salt Lake City, 1988.

 
Trois Néphi (commenté par Charles Randall Paul)
 
Le livre de 3 Néphi est le point culminant historique et spirituel du Livre de Mormon. Il se concentre sur trois avènements de Jésus : d'abord, comme l’enfant né à Bethléhem ; en second lieu, comme Seigneur ressuscité visitant les Néphites ; et troisièmement, à sa seconde venue comme juge final à la fin du monde. Dans l’année qui suit les destructions dévastatrices qui se sont produites moment de sa crucifixion, Jésus ressuscité descend parmi un groupe de justes dans la ville néphite d’Abondance. Il se révèle sans aucun doute possible comme le Seigneur et Sauveur du monde, expose son Évangile et établit son Église.
 
Néphi 3, l'auteur du livre, est le chef religieux d'un groupe ethniquement mélangé de Néphites et de Lamanites à l'époque de la naissance du Christ. Son livre couvre les événements allant de ce moment-là à 34 apr. J.-C. Il est évident que Mormon a copié in extenso dans son abrégé une grande partie du texte de Néphi.
 
Les annales de Néphi commencent au moment où l'accomplissement des prophéties messianiques de Samuel le Lamanite sauve miraculeusement les croyants de menaces de persécutions anti-messianiques. Les signes de la naissance de Jésus apparaissent : une nuit sans obscurité et une nouvelle étoile, ce qui donne raison à la foi de ceux qui ont cru aux prophéties que Jésus viendrait au monde (chapitre 1).
 
Après ces signes, beaucoup sont convertis à l’Église dirigée par Néphi. D'autre part, la cupidité, la recherche du plaisir et l'orgueil augmentent radicalement et le gouvernement ne tarde pas à être infiltré par une corruption organisée qui cause une anarchie complète et une désintégration du peuple en tribus familiales et en bandes de brigands. Les attaques incessantes de ces bandes harcèlent les Néphites, qui finissent par abandonner leurs propriétés et se regroupent en un seul corps avec assez de provisions pour subsister pendant sept ans. Les Néphites l’emportent finalement, mais ces perturbations et cette méchanceté causent l'effondrement du gouvernement central. Bien que la plupart des gens rejettent les avertissements et les miracles de Néphi 3, il baptise et ordonne ceux qui croient et le suivent (chapitres 2-7).
 
Les croyants commencent à attendre les signes désastreux de la mort du Christ, également prophétisés par Samuel. Un orage violent se produit ainsi que des tremblements de terre massifs qui démolissant beaucoup de villes, tuent des milliers de méchants et laissent pendant trois jours de deuil les survivants plus justes dans une épaisse vapeur de ténèbres. Une fois que le tumulte s’apaise, la voix de Jésus-Christ se fait entendre dans les ténèbres, exprimant sa tristesse pour les morts impénitents et son espoir que ceux qui ont été épargnés le recevront, lui et sa rédemption. Il annonce que son sacrifice a mis fin à la nécessité des sacrifices sanglants pratiqués en vertu de la loi de Moïse (chapitres 8-10).
 
Plus tard, revêtu d’un blanc rayonnant, le Christ ressuscité va descendre montrer ses plaies, guérir, enseigner et ordonner des dirigeants pour son Église. Le premier jour de plusieurs de ces visites, Jésus apparaît à un groupe de 2.500 hommes, femmes et enfants rassemblés au temple d’Abondance. Il ordonne douze disciples et leur donne le pouvoir de baptiser et de conférer le don du Saint-Esprit ; il enseigne au peuple les principes, les ordonnances et les commandements de son Évangile ; il explique qu'il a accompli la loi de Moïse ; il guérit les malades et bénit leurs familles. Il annonce son projet de se montrer à d'autres personnes encore inconnues alors des Juifs et des Néphites. Finalement, il contracte une alliance avec eux. Le peuple promet de garder les commandements qu'il lui a donnés et il bénit pour lui le sacrement du pain et du vin en souvenir de son corps ressuscité qu'il lui a montré et du sang par lequel il a accompli l'Expiation (chapitres 11-18).
 
Le matin du deuxième jour, les disciples baptisent les fidèles et leur confèrent le don du Saint-Esprit et ils sont environnés d’anges et du feu du ciel. Jésus apparaît de nouveau et fait trois prières merveilleuses, explique l'alliance de Dieu avec Israël et son accomplissement promis, passe en revue et corrige quelques points des Écritures néphites et prédit les événements du monde futur, citant les prophéties d'Ésaïe, de Michée et de Malachie. Il inspire même les bébés à révéler « des choses merveilleuses » (3 Né. 26:16). Ensuite il explique l'histoire passée et future du monde, en soulignant le fait que le salut sera accordé à tous ceux qui le suivent (chapitres 19-26).
 
Une troisième fois, Jésus apparaît aux douze disciples néphites seuls. Il donne un nom à son Église et explique les principes du jugement final. Trois des disciples sont transfigurés et ont des visions célestes. Jésus accorde à ces trois disciples leur souhait de rester sur la terre comme serviteurs spéciaux jusqu'à la fin du monde (chapitres 27-28).

Le Christ revisite les Néphites pendant une période prolongée et leur dit qu'il visitera aussi les tribus perdues d'Israël.
 
Son Église grandit en ayant tout en commun, sans riches ni pauvres. Cet état de paix dure presque 180 ans et « assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux » (4 Né. 1:16).
 
Mormon va écrire son abrégé de 3 Néphi plus de trois cents ans après les événements. Entre-temps, les descendants des Néphites qui ont été si bénis ont dégénéré et se livrent des guerres génocidaires. Le témoignage final et sobre de Mormon à ses futurs lecteurs parle de la venue du Seigneur dans les derniers jours, qui, comme sa venue au pays d'Abondance, sera désastreuse pour les impies mais glorieuse pour les justes (chapitres 29-30).
 
Le texte de 3 Néphi entre dans plusieurs catégories. Tout d'abord, c'est un testament chrétien, un évangile chrétien. Il contient beaucoup de citations directes de Jésus et établit sa nouvelle alliance. Mis par écrit sur un ton personnel émouvant par un témoin oculaire participant à des événements extrêmement tragiques et beaux, le récit invite d'une façon convaincante le lecteur à croire en l'Évangile de Jésus-Christ et à sentir l'amour qu'il a pour tous.
 
Le texte a aussi été comparé à la littérature pseudépigraphique des quarante jours qui décrit le ministère du Christ auprès des fidèles en terre sainte après sa résurrection (voir CWHN 8:407-434). D'autres ont vu dans les chapitres 11-18 un rituel d'alliance qui amplifie fortement la signification du sermon sur la montagne dans l'Évangile de Matthieu (Welch, p. 34-83). Le récit ressemble également au message apocalyptique des livres d’Énoch : Depuis le type et le but du cataclysme initial jusqu’au caractère sublime de ses révélations aux fidèles et à la création d'une société juste, 3 Néphi est une histoire de théodicée, de théophanie et de théocratie.

Le texte donne des instructions pratiques pour mener une vie sainte. Ce n'est pas un texte exprimant un rêve utopique mais un manuel pratique de commandements à accepter dans des ordonnances d’alliance et à respecter strictement avec dévotion et une consécration pure à Dieu. Ce n'est pas le genre de la littérature de sagesse, pas simplement un livre de suggestions morales pour une bonne vie. Il explique clairement l'Évangile du Christ et rend les idéaux élevés du sermon sur la montagne vivables par tous ceux qui reçoivent le Saint-Esprit. Dotés de pouvoir par de véritables ordonnances chrétiennes et les dons du Saint-Esprit, les Néphites vont créer un paradis que ne surpassé en justice que la Sion d’Hénoc.
 
Cette Sion fait bon accueil à chacun, d’où qu’il vienne, de quelque époque il vienne. Il promet des bénédictions à « tous ceux qui ont le cœur pur » qui vont au Christ (3 Né. 12:3-9). Ainsi, 3 Néphi invite tout le monde à accepter et à vivre l'Évangile du Christ pour perfectionner la société terrestre et à se joindre à la Sion de tous les peuples justes passés et à venir de sorte que, comme le dit Malachie, la terre ne soit pas « frappée d’interdit » à la seconde venue du Christ (JS–H 1:39). C'est l’exploit antique de Hénoc et l’espoir moderne de Joseph Smith. Le texte ne traite pas du royaume millénaire de Dieu et le Christ ne prie pas non plus ici : « Que ton règne vienne. » Car parmi ces heureux Néphites, il est déjà venu.

 
Quatre Néphi (commenté par Rex C. Reeve)
 
Abrégé par Mormon, ce bref récit contient les écrits de quatre prophètes néphites (34-320 apr. J.-C.) : Néphi 4, fils de Néphi 3, qui était un disciple de Jésus ressuscité, Amos, fils de Néphi 4 et Amos et Ammaron, deux fils d’Amos. La première section de 4 Néphi résume brièvement quatre générations de paix, de justice et d'égalité qui ont résulté de la conversion du peuple à l’Évangile de Jésus-Christ après la visite du Sauveur ressuscité. Par contre, la dernière section annonce la destruction future de la nation néphite qui va suivre le rejet progressif et conscient du message de l'Évangile.
 
4 Néphi relate une époque inégalée dans la société humaine où tout le monde suit les enseignements du Christ pendant presque deux siècles. Ce que l’on retient le plus dans le livre, c’est sa description du pouvoir social et religieux de l'amour de Dieu qui a vaincu les querelles et les autres maux sociaux et politiques (4 Né. 1:15-16). Le peuple connaît un renouvellement urbain, une vie de famille stable, l'unité dans l'Église et l'égalité sociale et économique, ainsi que des miracles divins (1:3-13, 15-17). « Assurément il ne pouvait y avoir de peuple plus heureux… créé par la main de Dieu » (1:16).
 
Le livre annonce aussi l'apostasie future de la majeure partie de la population par rapport aux enseignements du Christ, introduisant un état de méchanceté et de chaos qui va finir par mener à une destruction totale. Selon le récit, le déclin individuel et collectif va être progressif, étape par étape, avec la perte de l'ordre social et religieux manifestée dans des querelles, l'orgueil engendré par la prospérité, les distinctions de classe avec une amplification des divisions sociales, le rejet du Christ et de son Évangile et la persécution de l'Église (1:24-46).
 
Bibliographie

Skinner, Andrew C. "The Course of Peace and Apostasy." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.


Livre de Mormon (commenté par Rex C. Reeve)
 
Le bref livre de Mormon (320-400/421 apr. J.-C.), à l’intérieur du Livre de Mormon, raconte l'effondrement extraordinaire de la civilisation néphite, comme cela a été prédit (1 Né. 12:19-20 ; Al. 45:10-14). Il consiste en l'abrégé fait par Mormon de son histoire plus détaillée et plus complète (Mrm. 1-6), en son exhortation finale aux futurs Lamanites et aux autres restes de la maison d'Israël (chapitre 7), et dans les avertissements prophétiques de Moroni 2, fils de Mormon, aux futurs lecteurs des annales (chapitres 8-9). Comme les Néphites du temps de Mormon ont rejeté Jésus-Christ et son Évangile, la superstition et la magie ont remplacé la révélation divine (Mrm. 1:13-19). Une escarmouche à la frontière (1:10) se transforme en guerre majeure, chassant les Néphites de leurs terres traditionnelles (2:3-7, 16, 20-21). Après une paix négociée de dix ans, ils repoussent une attaque lamanite, mais ils le font sans Mormon, ancien commandant de l'armée néphite, qui a refusé d’encore les diriger. La situation s’aggravant, Mormon accepte à contrecœur de commander l'armée néphite à Cumorah, où elles sont détruites (chapitres 3-6). Avec une angoisse intense, Mormon se lamente sur son peuple massacré : « Ô belles créatures, comment avez-vous pu rejeter ce Jésus qui se tenait, les bras ouverts, pour vous recevoir ? » (6:17-22).
 
Mormon termine ses annales en invitant les Lamanites et les autres restes de la maison d'Israël à s’informer sur leurs ancêtres, à déposer leurs armes de guerre, à se repentir de leurs péchés et à croire que Jésus-Christ est le Fils de Dieu. Ses paroles finales sont : « Si vous croyez au Christ, et êtes baptisés, premièrement d'eau, ensuite de feu et du Saint-Esprit… tout ira bien pour vous au jour du jugement. Amen » (7:10).
 
Après la bataille finale (385 apr. J.-C.), Moroni 2, solitaire et incertain de sa propre survie, note la mort de son père et termine les annales de celui-ci (8:1-5). Quinze ans plus tard (400 apr. J.-C.), Moroni écrit que les survivants de son peuple ont été pourchassés d'un endroit à l'autre jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus sauf lui. Il observe aussi que les Lamanites se font la guerre et que tout le pays est témoin de continuelles effusions de sang. Une deuxième fois il termine l’ouvrage en promettant que ceux qui recevront ces annales dans le futur et ne les condamneront pas apprendront des choses spirituelles plus grandes (8:6-13).
 
Moroni va apparemment revenir une troisième fois aux annales (entre 400 et 421 apr. J.-C.). Après avoir eu une vision du futur (8:35), il témoigne que les plaques du Livre de Mormon paraîtront par le pouvoir de Dieu un jour où les gens ne croiront plus aux miracles. Les combinaisons secrètes abonderont, les Églises seront souillées et il y aura des guerres, des bruits de guerres, des tremblements de terre et de la souillure sur la terre. Moroni lance aussi des avertissements à ceux des derniers jours qui ne croient pas au Christ et qu nient les révélations de Dieu, s’opposant de ce fait aux œuvres du Seigneur (8:14-9 :27). Il mentionne la difficulté de tenir des annales, écrites comme elles l’étaient en « égyptien reformé » (9:31-33 ; cf. Ét. 12:23-25). Moroni termine le volume de son père par le témoignage de la véracité de ses paroles (9:35-37).
 
Bibliographie
 
MacKay, Thomas W. "Mormon and the Destruction of Nephite Civilization." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. K. Jackson, vol. 8. Salt Lake City, 1988.


Livre d'Éther (commenté par Morgan W. Tanner)
 
Le livre d’Éther est le récit abrégé par Moroni 2 de l'histoire des Jarédites, qui sont allés sur le continent américain à l'époque de la « grande tour » de Babel et ont vécu dans la région plus tard connue sous le nom de « pays situé du côté du nord » chez les Néphites, bien avant la colonie de Léhi. Moroni raconte leur histoire, écrite sur les vingt-quatre plaques d'or trouvées par le peuple de Limhi et traduites par Mosiah 2 (Mos. 28:11-19). Éther, dernier prophète des Jarédites et survivant de leur annihilation, grave ces plaques peu après la destruction finale de son peuple. On ne sait pas si Moroni s'est basé sur la traduction de Mosiah ou s’il a retraduit entièrement ou partiellement les annales jarédites. Moroni affirme humblement n’avoir pas écrit « la centième partie » des annales d’Éther (Ét. 15:33).
 
La structure du livre d’Éther ressemble beaucoup au reste du Livre de Mormon. Il parle de l'émigration d’un peuple par voie de terre et de mer du Proche-Orient, de l’intervention de Dieu pour conduire ce peuple par l’intermédiaire de prophètes, de sa croissance, de sa prospérité et de sa chute, le tout en rapport direct avec son obéissance aux commandements du Seigneur dans sa terre promise. Moroni inclut le livre d’Éther parce que son père Mormon avait projeté de le faire (Mos. 28:19) mais pour une raison quelconque ne l’a pas fait. Tous les deux connaissaient la valeur de ces annales et pouvaient voir que l'histoire des Jarédites ressemblait fort à certains événements néphites.
 
Moroni va annexer cette histoire au récit néphite comme deuxième témoin contre les maux et les combinaisons secrètes qui ont conduit à l'annihilation des Jarédites et des Néphites. Plusieurs de ses thèmes renforcent les messages de la section néphite du Livre de Mormon : la nécessité de suivre les prophètes et de s’éloigner de la méchanceté persistante et pernicieuse, le pouvoir de la foi au Seigneur manifesté par Jared et le frère de Jared, le témoignage que Jésus-Christ est le Dieu éternel sauveur et l'effondrement d'une nation quand son peuple choisit délibérément la méchanceté. Néanmoins, il y a des différences culturelles notables entre les civilisations jarédite et néphite ; par exemple, les Jarédites étaient exclusivement gouvernés par des rois et ils n’avaient pas les lois et les coutumes israélites puisqu'ils étaient antérieurs à Moïse.
 
Bien que condensé, le livre reflète un style épique (voir CWHN 5:153-449 ; 6:329-58). Il commence par l'émigration des Jarédites, partis « de la grande tour » (Ét. 1:33, cf. Ge. 11:9) et de la vallée de « Nimrod » (Ét. 2:1 ; cf. Ge. 10:8) vers une nouvelle terre de promission sur le continent américain. Il abrège ensuite l’histoire des rois et des guerres jarédites et conclut par la destruction de la civilisation jarédite. Voici une brève esquisse du livre : Le lignage royal d’Éther est donné (chapitre 1) ; Jésus prémortel apparaît au frère de Jared en réponse à ses prières et touche seize petites pierres, les faisant briller pour fournir de la lumière pendant que les barques jarédites traversent la mer (chapitres 2-6) ; les générations des rois jarédites vivent, chassent, se disputent, entrent dans des combinaisons secrètes et les prophètes jarédites mettent en garde contre la destruction imminente (chapitres 7-11) ; Moroni certifie qu’Éther était un prophète qui avait une grande foi et une grande connaissance (chapitres 12-13) ; Éther est témoin de l'annihilation des armées jarédites et la rapporte (chapitres 14-15).
 
Les personnages principaux et les déclarations doctrinales principales apparaissent pour le plupart au commencement et à la fin du livre d’Éther. Le choix des textes fait par Moroni est d'importance capitale, parce qu’il imprègne l'histoire d’idées, d’exhortations et de comparaisons majeures. Jared est mentionné dès le départ comme fondateur du peuple jarédite. Les révélations et la foi du frère de Jared se voient accorder une importance spéciale au commencement et à la fin du livre. Shiz et Coriantumr sont des figures historiques et symboliques cruciales parce qu'ils deviennent les instruments de l'annihilation. Éther, l'auteur du texte sous-jacent, est témoin oculaire des batailles finales et Moroni considère ses prophéties comme « grandes et merveilleuses » (Ét. 13:13). Le milieu du livre raconte les événements plus banals liés aux règnes des rois jarédites.
 
Plusieurs points de doctrine enseignés dans le livre d’Éther sont très estimés chez les saints des derniers jours, à savoir que la prospérité dans la terre promise (l’Amérique) est conditionnée par le service du « Dieu du pays qui est Jésus-Christ » (Ét. 2:12), que le Christ prémortel avait un corps d'esprit « semblable à la chair et au sang » (3:6), que Dieu est un Dieu de puissance et de vérité (3:4, 12), que trois témoins confirmeront la véracité du Livre de Mormon (5:3), que la corruption et la chute de la société peuvent venir des combinaisons secrètes (8:22), que le Seigneur montrera à l’humanité sa faiblesse pour que par l'humilité les choses faibles puissent devenir des forces (12:27) et qu’une nouvelle Jérusalem sera un jour édifiée sur le continent américain (13:3-12).
 
Bibliographie

Sperry, Sidney B. Book of Mormon Compendium, p. 460-481. Salt Lake City, 1968.

Welch, John W. "Sources Behind the Book of Ether" F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.

 
Livre de Moroni (commenté par S. Michael Wilcox)
 
Entre 400 et 421 apr. J.-C., Moroni 2, le dernier gardien des plaques d'or, compile le livre final des annales du Livre de Mormon. Il écrit : J'avais pensé que je n’écrirais plus ; mais j'écris encore un petit nombre de choses, afin qu’elles aient peut-être de la valeur pour mes frères » (Mro. 1:4). Il rassemble ensuite des points plus ou moins apparentés mais importants, notamment les ordonnances accomplies dans l'Église de son temps et dans le l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours aujourd'hui (chapitres 2-6), l’un des sermons de son père (chapitre 7) et deux des lettres de son père (chapitre 9). Il conclut par son propre témoignage et ses exhortations au lecteur (chapitre 10).
 
ORDONNANCES (CHAPITRES 2-6)

Le chapitre 2 contient des instructions données par Jésus-Christ ressuscité à ses douze disciples sur le continent américain au moment où il leur confère le don du Saint-Esprit. Ce don est conféré au nom de Jésus-Christ et par l’imposition des mains de quelqu’un qui a reçu l'autorité. Le chapitre 3 explique que les prêtres et les instructeurs étaient ordonnés au nom de Jésus-Christ par l’imposition des mains par quelqu’un détenant l’autorité requise. La fonction principale des prêtres et des instructeurs était d'enseigner le repentir et la foi en Jésus-Christ. Les chapitres 4 et 5 contiennent les prières fixes pour bénir le sacrement du repas du Seigneur, prières actuellement utilisées dans l'Église. Le chapitre 6 décrit les conditions pour le baptême, notamment le « cœur brisé », l’esprit contrit et le repentir véritable. Moroni explique ensuite comment les membres de l’Église enregistrent les noms de tous les membres, s’instruisent mutuellement, se réunissent dans le jeûne et la prière et prennent souvent la Sainte-Cène.
 
SERMON ET LETTRES DE MORMON (CHAPITRES 7-9)

Le sermon de Mormon (chapitre 7) traite de la foi, de l’espérance et de la charité et comprend des enseignements sur la façon de distinguer le bien du mal, la nécessité des dons spirituels, la nature des miracles et des instructions sur la façon d’obtenir la charité, « l'amour pur du Christ » (7:47).
 
La première lettre (chapitre 8) condamne le baptême des petits enfants. Mormon enseigne que les enfants sont rendus purs par l'expiation du Christ et n'ont pas besoin du pouvoir purificateur du baptême tant qu’ils ne sont pas assez âgés pour être responsables de leurs actions et être capables de se repentir de leurs péchés.
 
La deuxième lettre (chapitre 9) expose le niveau de dépravation auquel les Néphites et les Lamanites sont tombés (avant 385 apr. J.-C.), donnant les raisons de leur destruction prophétisée (« [ils sont] sans principes et [ont] perdu toute sensibilité », verset 20), ainsi que la charge donnée par Mormon à son fils de rester fidèle au Christ malgré la méchanceté de leur société.
 
EXHORTATION ET ADIEU (CHAPITRE 10)

Moroni recommande instamment à tous ceux qui lisent le Livre de Mormon de réfléchir et de prier pour avoir le témoignage divin de sa véracité (versets 3-5) et de ne pas nier les dons du Saint-Esprit, qu'il énumère (versets 8-19). Il rend son témoignage personnel de Jésus-Christ et lance cette invitation à tout le monde : « Venez au Christ, et soyez rendus parfaits en lui, et refusez-vous toute impiété » (verset 32). Il dit adieu à ses lecteurs jusqu'à ce qu'il les rencontre le jour final du jugement « devant la barre agréable du grand Jéhovah » (verset 34).
 
Bibliographie

Jackson, Kent P., dir. de publ., Studies in Scripture, Vol. 8, p. 282-312. Salt Lake City, 1988.

(Articles tirés de l'Encyclopédie du mormonisme
(Macmillan Publishing Company, 1992), traduction : Marcel Kahne, source : www.idumea.org, avec autorisation)