Les
peuples du Livre de Mormon
John L. Sorenson
Quinze groupes distincts
de peuples au moins sont mentionnés dans le Livre de Mormon.
Quatre (Néphites, Lamanites, Jarédites et le peuple de
Zarahemla [Mulékites]) ont joué un rôle de
premier plan ; cinq sont secondaires et six autres tertiaires.
LES NÉPHITES. Le
noyau de ce groupe est constitué des descendants directs de
Néphi 1, fils du père fondateur Léhi. La
direction politique dans l'aile néphite de la colonie
« n’avait été conféré[e]
qu’à ceux qui étaient descendants de Néphi »
(Mos. 25:13). Ce ne sont pas seulement les premiers rois et juges
mais même Mormon, le dernier commandant militaire des Néphites,
qui se qualifient à cet égard (il note de manière
explicite qu'il est « pur descendant de Léhi »
[3 Né. 5:20] et « descendant de Néphi »
[Mrm. 1:5]).
Dans un sens plus large,
« Néphites » est le nom donné à
tous ceux qui sont gouvernés par un souverain néphite,
comme dans Jcb. 1:13 : « Ceux qui n'étaient
pas Lamanites était Néphites ; néanmoins,
ils étaient appelés [quand c’était
spécifié selon le lignage] Néphites, Jacobites,
Joséphites, Zoramites, Lamanites, Lémuélites et
Ismaélites. » Il est intéressant de noter
que les groupes sans liens ancestraux directs peuvent se retrouver
sous l’égide sociopolitique néphite. Ainsi,
« tout le peuple de Zarahemla était compté
avec les Néphites » (Mos. 25:13). Ce processus
d'amalgame politique a, dans beaucoup de cas, une connotation de
parenté comme quand un groupe de Lamanites convertis « prirent
sur eux le nom de Néphi, afin d’être appelés
les enfants de Néphi et d’être comptés
parmi ceux qui étaient appelés Néphites »
(Mos. 25:12). L'expression « peuple néphite »
ou « peuple de Néphi » dans des passages
tels que Al. 54:14 et Hél. 1:1 suggère une structure
sociale dans laquelle des populations probablement diverses (« le
peuple ») sont dominées par une élite (« les
Néphites »).
Être Néphite
peut également impliquer un ensemble de croyances et de
pratiques religieuses (Al. 48:9-10 ; 4 Né. 1:36-37)
aussi bien que la participation à une tradition culturelle
(Én. 1:21 ; Hél. 3:16). On pouvait apparemment
distinguer la plupart des Néphites des Lamanites (Jcb. 3:5 ;
Al. 55:4, 8 ; 3 Né. 2:15).
L'unité
socioculturelle et politique qu’implique l'utilisation du titre
général « Néphites » est
démentie par le contexte historique qui révèle
une longue série de « dissensions » par
rapport au gouvernement néphite, des groupes importants allant
périodiquement rejoindre les Lamanites (Al. 31:8 ;43:13 ;
Hél. 1:15).
Le Livre de Mormon,
l’histoire à orientation religieuse d’une lignée,
est avant tout un compte rendu tenu par des Néphites, lesquels
en sont les acteurs principaux. Étant donné que le
récit a été écrit du point de vue de ce
peuple (en réalité, de ses dirigeants), tous les autres
groupes sont compris et représentés comme les voient
les élites néphites. Il n’y a, dans les annales
néphites, que des fragments qui indiquent directement le point
de vue d'autres groupes ou même d’hommes du peuple
néphite.
LES LAMANITES. Ce nom
est, lui aussi, appliqué de plusieurs manières. Les
descendants directs de Laman, fils aîné de Léhi,
constituent, en termes généraux, l'ossature des
Lamanites (Jcb. 1:13-14 ; 4 Né. 1:38-39). Les
« Lémuélites » et les
« Ismaélites », qui se sont alliés
aux descendants de Laman en matière de croyance et de
comportement, sont également appelés Lamanites (Jcb.
1:13-14). C’est aussi le cas de « tous les
dissidents des Néphites » (Al. 47:35). Cette
terminologie est employée dans les annales néphites,
bien qu'on ne puisse pas être sûr que tous les dissidents
s’appliquaient le terme à eux-mêmes. Cependant,
l’un de ces dissidents au moins, Ammoron, un Zoramite, se
vante : « Je suis un fier Lamanite » (Al.
54:24).
Les souverains dans le
système lamanite semblent avoir eu plus de difficultés
que les souverains néphites à unir les groupes
composant leur société sous un même régime
(Al. 17:27-35 ; 20:4, 7, 9, 14-15 ; 47:1-3). On a
l’impression qu’ils comptent plus sur le charisme ou sur
la contrainte que sur une tradition commune, des idéaux ou un
appareil de fonctionnaires. Nous ne savons pas s’il existait
une règle selon laquelle les rois lamanites devaient être
descendants de Laman. Au début du deuxième siècle
av. J.-C., deux rois lamanites successifs s’appelaient Laman
(Mos. 7:21 ; 24:3) ; étant donné que c’est
un chroniqueur de culture néphite qui interprète cette
désignation de l’autre côté d’une
frontière culturelle, il est possible que « Laman »
ait vraiment été un titre de fonction, de la même
manière que les rois néphites portaient le titre
« Néphi » (Jcb. 1:9-11). Cependant, plus
tard, Lamoni, souverain lamanite local, est décrit comme « un
descendant d'Ismaël », pas de Laman (Al. 17:21) et
son père, roi de tout le pays de Néphi (patrie
originelle des Néphites prise et occupée par les
Lamanites pendant une grande partie du reste de l’histoire du
Livre de Mormon), devait avoir la même ascendance. De toute
évidence, s'il y avait une règle que les descendants de
Laman héritent du trône, elle n’était pas
appliquée systématiquement. De plus, Amalickiah et son
frère, tous deux dissidents néphites, vont obtenir le
trône lamanite et prétendre à la légitimité
(Al. 47:35 ; 52:3).
Il est dit à
plusieurs reprises que les Lamanites sont beaucoup plus nombreux que
les Néphites (Jm 1:6 ; Mos. 25:3 ; Hél.
4:25), un fait qui pourrait sembler contredire la description que
font d’eux les Néphites au commencement quand ils les
traitent de chasseurs sauvages, ce qui nécessite normalement
beaucoup plus de territoire par personne qu’il n’en faut
aux fermiers (Én. 1:20 ; Jm 1:6). L'expression « peuple
des Lamanites » (Al. 23:9-12) peut indiquer que des élites
lamanites dominaient une paysannerie disparate.
Les quelques aperçus
directs que l'histoire néphite nous donne des Lamanites
indiquent un niveau bien au-delà d’une culture
« sauvage », bien qu’inférieure à
la « civilisation » attribuée aux
Néphites. Leur sophistication était peut-être due
un peu à l'influence des dissidents néphites parmi eux
(voir Mos. 24:3-7). Apparemment certains Lamanites se sont montrés
prompts à apprendre auprès de cette source ; de
plus, ceux qui se convertissent à la religion prophétique
enseignée par les missionnaires néphites sont
habituellement décrits comme exemplaires (Al. 23:5-7 ;
56 ; Hél. 6:1).
LE PEUPLE DE ZARAHEMLA
(MULÉKITES). Au troisième siècle av. J.-C.,
quand le dirigeant néphite Mosiah 1 et son peuple descendent
du pays de Néphi jusqu’au fleuve Sidon, « ils
découvrirent un peuple qui s’appelait le peuple de
Zarahemla » (Om. 1:13-14) parce que leur souverain porte
ce nom. Ces gens descendent d'un groupe qui a fui la conquête
babylonienne de Jérusalem en 586 av. J.-C., et dont faisait
partie Mulek, un fils du roi juif Sédécias. C’est
pour cela que les saints des derniers jours appellent souvent
Mulékites les descendants de ce groupe, bien que le Livre de
Mormon n'emploie jamais le terme. Au moment où les Néphites
le découvrent vers 200 av. J.-C., ce peuple est « extrêmement
nombreux » bien que culturellement dégénéré
à cause de l'analphabétisme et de la guerre (Om.
1:16-17). Le récit néphite dit que l’ensemble de
la population accueillit Mosiah comme roi.
Mosiah apprend que le
peuple de Zarahemla a découvert le dernier survivant connu des
Jarédites peu avant sa mort. Grâce à cela ou par
des survivants non mentionnés, des éléments de
la culture jarédite semblent avoir été apportés
aux Néphites par le peuple de Zarahemla (CWHN 5:238-247). Le
fait que le peuple de Zarahemla parle une langue inintelligible pour
les Néphites est une indication complémentaire d’un
mélange ethnique plus diversifié que le laisse entendre
le court récit, qui suppose une origine purement juive.
Les Mulékites sont
peu mentionnés par la suite, probablement parce qu'ils ont été
complètement amalgamés dans une société
néphite éclectique (Mos. 25:13). Il n’empêche
qu’en 51 av. J.-C. encore, un homme affilié aux
Lamanites, qui est un descendant du roi Zarahemla, attaque la
capitale néphite et s’en empare brièvement (Hél.
1:15-34)
LES JARÉDITES. Le
peuple le plus ancien mentionné dans le Livre de Mormon
provient de la Mésopotamie, de la « grande tour »
mentionnée dans Genèse 11. C’est de là
qu'un groupe de probablement huit familles a voyagé jusqu’en
l'Amérique sous la direction divine.
L’histoire
existante est un résumé, fait par Moroni 2, le dernier
gardien des annales néphites, d'une histoire écrite sur
des plaques d'or par Éther, dernier prophète jarédite,
vers la moitié du premier millénaire av. J.-C. Composée
et retravaillée par Éther, Moroni 2 et Mosiah 2 (Mos.
28:11-17) et tributaire du manque de place, l’histoire ne fait
qu’un récit squelettique couvrant plus de deux
millénaires d'histoire jarédite. La majeure partie ne
concerne qu’une des huit lignées, celle de Jared, la
lignée régnante à laquelle appartenait Éther,
d’où le nom Jarédites.
Une tradition culturelle
florissante finit par se développer (Ét. 10:21-27),
bien que le maintien d'une population viable semble parfois n’avoir
pas été une mince affaire (Ét.
9:30-34 ;11 :6-7). À la fin, ce sont des millions
qui sont déclarés victimes des guerres d'extermination
dont Éther, le prophète, est témoin (Ét.
15:2). Le peuple de Zarahemla trouvera un unique survivant,
Coriantumr, le dernier roi, peu avant 200 av. J.-C., bien qu'il soit
plausible que plusieurs groupes isolés aient aussi pu survivre
pour fusionner, à l’insu des historiens, avec les
successeurs mulékites et lamanites.
GROUPES SECONDAIRES. Les
sept mêmes lignées mentionnées parmi les
descendants de Léhi vers le commencement des annales néphites
le sont de nouveau 900 ans plus tard (Jcb. 1:13 ; Mrm. 1:8).
Chacune a été baptisée du nom d'un ancêtre
de la première génération et se compose
vraisemblablement de ses descendants. Parmi les Néphites il y
en a quatre : les Néphites proprement dits, les
Jacobites, les Joséphites et les Zoramites. Au sein de la
faction lamanite, les Lémuélites et les Ismaélites
se sont joints aux descendants proprement dits de Laman. Cette
division disparaît après l’apparition du Christ à
Abondance (il n'y avait ni « Lamanites, ni aucune sorte
d’-ites » [4 Né. 1:17]), mais cette
descendance ne sera pas oubliée, parce que les vieilles
lignées vont réapparaître plus tard (4 Né.
1:20, 36-37). Ce qui a pu se produire, c’est que certaines
fonctions publiques que les groupes avaient remplies ont été
reprises pendant plusieurs générations par l'Église
chrétienne, dont ils étaient tous devenus membres. Si
l’on se base sur ce qui se pratiquait dans les systèmes
sociaux des nations du même genre, il est possible que
l'appartenance à l’un de ces sept groupes gouvernait les
choix matrimoniaux et les droits en matière de succession et
peut-être la résidence (Al. 31:3). Les Lémuélites
avaient de toute évidence leur propre ville (Al. 23:12-13) et
c’est la descendance qui a déterminé l’endroit
où les Néphites et le peuple de Zarahemla se sont assis
lors de l’assemblée politico-religieuse de Mosiah 2
(Mos. 25:4 ; cf. 25:21-23). Ces fonctions ont également
pu être remplies par des groupes autres que les sept lignées.
Les sept lignées
peuvent être qualifiées de « tribus »,
comme dans 3 Né. 7:2-4. Juste avant les catastrophes
naturelles qui vont marquer la crucifixion de Jésus-Christ,
l'unité sociale néphite s'effondre, et ils « se
séparèrent les uns des autres en tribus, chaque homme
selon sa famille, et sa parenté, et ses amis… c’est
pourquoi leurs tribus devinrent extrêmement grandes »
(3 Né. 7:2-4).
Les Jacobites sont
toujours cités les premiers parmi les trois peuples
secondaires chez les Néphites. Ils sont descendants de Jacob,
frère cadet de Néphi. On ne nous dit rien sur ce
groupe, si ce n’est qu'il est considéré,
politiquement et culturellement, comme néphite. Puisque Jacob
lui-même est prêtre principal sous le règne de son
frère Néphi, et puisque c’est lui et ses
descendants qui tiennent les annales religieuses commencées
par Néphi, il est possible que les Jacobites, en tant que
lignée, aient eu certaines responsabilités
sacerdotales.
Les Joséphites
sont, semble-t-il, descendants de Joseph, frère cadet de
Néphi. Le texte est silencieux sur les caractéristiques
distinctives du groupe.
Les Zoramites descendent
de Zoram, le serviteur de Laban qui a accepté sous la
contrainte de se joindre au groupe de Léhi après le
meurtre de Laban à Jérusalem (1 Né.
4:31-37). Tant à la fin qu’au début du récit
(Jcb. 1:13 et 4 Né. 1:36), les Zoramites sont comptés
parallèlement aux descendants de Néphi, bien que vers
75 av. J.-C., certains d'entre eux au moins aient fait dissidence
pendant un certain temps et se soient joints à l'alliance
lamanite (Al. 43:4). Étant donné qu’on les a
alors nommés « … capitaines en chef »
des armées lamanites (Al. 48:5), il est possible qu’ils
aient précédemment joué un rôle militaire
officiel chez les Néphites. Une raison de leur scission d’avec
les Néphites est évidemment le souvenir de ce qui est
arrivé à leur ancêtre fondateur : Ammoron,
dissident néphite et roi des Lamanites au premier siècle
av. J.-C., rappelle : « Je suis… un descendant
de Zoram, que tes pères ont enrôlé de force et
ont fait sortir de Jérusalem » (Al. 54:23).
Pendant leur dissidence,
leur culte, caractérisé comme idolâtre et
pourtant adressé à un Dieu d'esprit, a lieu dans des
« synagogues » d’où les riches ont
chassé les pauvres (Al. 31:1, 9-11 ; 32:5). Leurs
pratiques se sont écartées de la manière d’agir
des Néphite et de la loi de Moïse (Al. 31:9-12). Peu de
temps après les signes marquant la naissance du Christ et
presque huit ans après la mention la plus ancienne de leur
séparation d’avec les Néphites, ces Zoramites
sont toujours dissidents et incitent, à l’aide de
« mensonges » et de « paroles
flatteuses » (3 Né. 1:29), les Néphites
naïfs à se joindre aux brigands de Gadianton. Pourtant
deux siècles plus tard ils seront de retour dans la bergerie
néphite (4 Né. 1:36).
La liste des peuples
secondaires parmi les Lamanites commence par les Lémuélites.
Ils sont vraisemblablement la postérité de Lémuel,
deuxième fils de Léhi. On ne nous dit rien du groupe en
tant qu’entité séparée à part les
listes habituelles des ennemis des Néphites (Jcb. 1:13-14 ;
Mrm. 1:8-9), bien qu'une « ville de Lémuel »
soit mentionnée dans Al. 23:12.
Les Ismaélites
sont descendants du beau-père de Néphi et de ses frères
(1 Né. 7:2-5). On ne nous dit nulle part pourquoi les
fils d'Ismaël (1 Né. 7:6) n'ont pas fondé des
lignées à eux. Comme pour les autres groupes
secondaires, nous n’avons pas grand chose permettant de les
caractériser. À un moment donné, ils vont
occuper un pays dit d'Ismaël au sein du pays de Néphi, où
l’un d’eux, Lamoni, est roi (Al. 17:21).
D’une façon
ou d'une autre, à l’époque d'Ammon et de ses
collègues missionnaires (premier siècle av. J.-C.), les
Ismaélites sont au pouvoir dans tout le pays de Néphi
ainsi que sur certains royaumes qui le composent. (Dans Al. 20:9, le
grand roi laisse entendre que les frères de Lamoni sont, eux
aussi, des souverains.) Pourtant le roi revient avec la sempiternelle
plainte lamanite que dans la première génération
Néphi a privé ses pères du droit de régner
(Al. 20:13). C’est, de toute évidence, un Lamanite
culturellement loyal, même s’il fait partie d’une
lignée mineure.
L'information finale que
nous avons sur les Ismaélites et les Lémuélites
est leur présence dans les armées combinées
luttant contre les Néphites du temps de Mormon (Mrm. 1:8). On
peut supposer que leurs contingents ont été impliqués
dans le massacre final des Néphites à Cumorah.
GROUPES TERTIAIRES. Six
autres groupes se qualifient comme peuples, même s'ils ne
montrent pas la puissance des sept lignées.
Les premiers décrits
sont le peuple de Zénif (Zénifites). Zénif, un
Néphite, un demi-siècle environ après que Mosiah
a découvert le peuple et le pays de Zarahemla, emmène,
hors de Zarahemla, un groupe de gens qui désirent vivement
recoloniser « le pays de Néphi, ou pays du premier
héritage de nos pères » (Mos. 9:1).
Accueillis au début par les Lamanites locaux, ils se
retrouvent avec le temps forcés de payer un impôt élevé
à leurs suzerains. Une longue section sur eux dans le livre de
Mosiah (Mos. 9-24) relate leurs expériences temporelles et
spirituelles dramatiques sur trois générations jusqu'à
ce qu'ils réussissent à s'échapper et à
retourner à Zarahemla. Là, ils redeviennent Néphites,
bien que conservant peut-être une certaine autonomie
résidentielle et religieuse en tant que l'une des « sept
Églises » (Mos. 25:23).
Deux groupes se sont
détachés du peuple de Zénif. Le peuple d'Alma 1
est constitué de réfugiés religieux qui ont cru
aux paroles du prophète Abinadi et ont fui l'oppression et la
méchanceté existant sous le roi Noé, deuxième
roi zénifite (Mos. 18, 23-24). Au nombre de quelques
centaines, ils conservent un statut social et politique indépendant
pendant moins de vingt-cinq ans avant d'échapper à la
domination lamanite et de retourner en territoire néphite, où
ils fondent l’ « Église de Dieu »
à Zarahemla (Mos. 25:18), mais ne tardent pas à
disparaître du récit en tant que groupe identifiable.
Le deuxième
fragment zénifite commence quand les prêtres du roi Noé,
dirigés par Amulon, s’enfuient dans le désert
pour éviter de se faire exécuter par leurs sujets
rebelles. Au cours de leur fuite, ils enlèvent des femmes
lamanites et les prennent pour femmes, fondant ainsi les Amulonites
dans un pays où ils créent leur propre version de la
culture néphite (Mos. 24:1). Avec le temps, ils vont adopter
l’ordre religieux de Néhor (voir ci-dessous), usurper la
direction politique et militaire et « exciter »
les Lamanites pour qu’ils attaquent les Néphites (Al.
21:4 ; 24:1-2 ; 25:1-5). Eux et les Amalékites (voir
ci-dessous) aident les Lamanites à construire une ville
appelée Jérusalem dans le pays de Néphi. À
en juger par les brèves déclarations des Néphites
(Mos. 12-13 ; Al. 21:5-10), les Amulonites et les Amalékites
se considèrent comme les défenseurs d'un système
de croyances basé sur l’Ancien Testament, ce qui
explique certainement le nom qu’ils donnent à leur
ville.
Un des groupes de
dissidents néphites les plus anciens, ce sont les Amlicites.
L’ambitieux Amlici, disciple de Néhor, se réclamant
vraisemblablement d’une naissance noble (Al. 51:8), rassemble
un grand nombre de partisans et défie le système
néphite innovateur du règne des juges institué
par Mosiah 2 ; Amlici veut être roi. Quand son projet est
contrecarré par « la voix du peuple »,
il complote une attaque coordonnée avec les Lamanites grâce
à laquelle il réussit presque à s’emparer
de Zarahemla, la capitale néphite. Les forces loyalistes
commandées par Alma 2 finissent par détruire ou
disperser l'ennemi (Al. 2:1-31). Amlici est tué, mais on ne
sait pas quel sort sera réservé à ses forces. Il
est vraisemblable que certains de leurs éléments auront
accompagné l'armée lamanite battue au pays de Néphi.
Le nom Amlicite n'est plus utilisé après cela.
Un autre groupe de
dissidents néphites, les Amalékites, vit au pays de
Néphi (Al. 21:2-3 ; 43:13). Leur origine n'est expliquée
nulle part. Cependant, si l’on se base sur les noms et les
dates, il est possible qu'ils aient constitué le reste
amlicite précédemment mentionné, leur nouveau
nom étant peut-être une « lamanitisation »
de l'original. [Voir aussi, « Les ennemis d’Alma »,
dans http ://idumea.org/Etudes/Ecritures/LM/Ennemi_Alma.htm] Ils
sont mieux armés que les Lamanites ordinaires (Al. 43:20) et,
comme certains Zoramites, sont désignés comme chefs
militaires dans l'armée lamanite en raison de leurs
« dispositions plus méchantes et plus meurtrières »
(Al. 43:6). Les annales des missionnaires néphites nous
apprennent qu'ils croient en un Dieu (Al. 22:7). Bon nombre d'entre
eux, comme les Amlicites, appartiennent à l'ordre religieux de
Néhor et construisent des sanctuaires ou des synagogues où
ils rendent le culte (Al. 21:4, 6). Comme les Amulonites, ils
refusent absolument d’accepter la religion orthodoxe néphite
(Al. 23:14). Au lieu de cela, ils croient que Dieu sauvera tout le
monde. Entre leur première et leur dernière mention, il
ne s’écoule que quinze ans.
Pendant une mission de
quatorze ans au pays de Néphi, les missionnaires néphites
Ammon et ses frères font beaucoup de convertis lamanites (Al.
17-26). Lamoni, un roi lamanite qui fait partie de ces convertis,
donne aux convertis lamanites le nom d'Anti-Néphi-Léhis.
Ces gens se distinguent singulièrement par leur engagement
ferme vis-à-vis de l'Évangile de Jésus-Christ,
notamment les commandements du Sauveur d’aimer ses ennemis et
de ne pas résister au méchant (3 Né. 12:39,
44 ; Mt. 5:39, 44). Ammon affirme que ces gens surpassent les
Néphites pour ce qui est de l’amour chrétien (Al.
26:33). Après leur conversion, dit le Livre de Mormon, ils
« n'avaient plus le désir de faire le mal »
(Al. 19:33) et « ne combattirent plus Dieu, ni aucun de
leurs frères » (Al. 23:7). Ayant précédemment
versé le sang humain, ils font alliance, en tant que peuple,
de ne plus jamais ôter la vie à un être humain
(Al. 24:6) et enterrent même toutes leurs armes (Al. 24:17).
Ils ne veulent pas se défendre quand ils sont attaqués
par les Lamanites et 1.005 d'entre eux se font tuer (Al. 24:22).
Ammon exhorte les Anti-Néphi-Léhis vulnérables à
s’enfuir en territoire néphite. Chez les Néphites,
on va les appeler peuple d'Ammon (ou Ammonites ; voir Al.
56:57). Ils aboutissent dans un lieu séparé en pays
néphite, le pays de Jershon (Al. 27:26). Plus tard, ils vont
s’installer en masse au pays de Mélek (Al. 35:13), où
les rejoindront de temps en temps d'autres réfugiés
lamanites.
Quelques années
plus tard, désirant aider les armées néphites à
défendre le pays, mais ne souhaitant pas rompre son alliance
(Al. 53:13), le peuple d'Ammon envoie 2.000 de ses fils volontaires
comme soldats, puisque ceux-ci n'ont pas, comme lui, contracté
l’alliance de la non-violence. Ces « deux mille
jeunes soldats » (Al. 53:22) seront connus comme fils
d’Hélaman, leur chef néphite et auront beaucoup
de succès au combat (Al. 56:56). Bien que tous aient été
blessés, aucun ne sera jamais tué, une bénédiction
remarquable attribuée « au pouvoir miraculeux de
Dieu, à cause de leur foi extrême » (Al.
57:26 ; cf. 56:47).
Selon Hél. 3:11,
une génération plus tard, certains du peuple d'Ammon
vont émigrer au « pays situé du côté
du nord ». C'est la dernière fois qu’on parle
d’eux dans le Livre de Mormon.
AUTRES GROUPES. Parmi les
autres groupes mentionnés dans le Livre de Mormon, il y a les
combinaisons secrètes ou « brigands »
très répandues. Pourtant ces groupes ne se qualifient
pas comme « peuples » mais comme associations,
auxquelles les gens peuvent se joindre ou qu’ils peuvent
quitter de leur propre gré.
Un autre groupe, l’
« ordre de Néhor », est un culte centré
sur les idées que les prêtres doivent être payés
et que Dieu rachètera tout le monde. Ce n'est pas vraiment un
« peuple » au sens technique : le terme
implique une continuité biologique qu’une secte ne
possède pas.
Les habitants des
différentes villes sont parfois appelés peuples. Il est
certain que des croyances et des coutumes locales les distinguaient
les uns des autres, mais nous ne disposons pas de détails
suffisants pour décrire des unités à cette
échelle.
Bibliographie
Nibley, Hugh W. Lehi in
the Desert ; The World of the Jaredites ; There Were
Jaredites. CWHN 5. Salt Lake City, 1988.
Sorenson, John L. An
Ancient American Setting for the Book of Mormon. Salt Lake City,
1985.
Welch, John W. "Lehi's
Last Will and Testament : A Legal Approach." Dans The Book
of Mormon : Second Nephi, The Doctrinal Structure, dir. de publ.
M. Nyman et C. Tate, p. 61-82. Provo, Utah, 1989.
Article tiré de l'Encyclopédie du mormonisme, Macmillan Publishing Company, 1992, traduction Marcel Kahne, source www.idumea.org, avec autorisation