Preuves corroboratives du Livre de Mormon

présentées par les découvertes modernes


 

James E. Talmage (1862-1933)


Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933




Introduction

Preuves corroboratives présentées par les découvertes modernes

L'ancienne colonisation de l’Amérique

L'occupation successive de l'Amérique par différents peuples dans les anciens temps

La venue de l’Est d'au moins un groupe des anciens Américains et leur origine israélite

L'origine commune des races indigènes américaines

La langue écrite des anciens Américains



Introduction


Prétendant être, en ce qui concerne la dispensation actuelle, une nouvelle Écriture, présentant des prophéties et des révélations qui ne sont pas encore reconnues jusqu'à présent dans la théologie moderne, proclamant au monde le message d'un peuple disparu, écrit par commandement et par l'esprit de prophétie et de révélation, ce livre a droit à l'examen le plus approfondi et le plus impartial. Non seulement le Livre de Mormon mérite une telle considération, mais encore il la réclame, l'exige même ; car nul homme, professant croire au pouvoir et à l'autorité de Dieu, ne peut recevoir avec indifférence l'annonce d'une nouvelle révélation professant porter le sceau de l'autorité divine. La question de l'authenticité du Livre de Mormon est, par conséquent, une question qui intéresse le monde entier.


Les saints des derniers jours fondent leur croyance en l'authenticité du livre sur les preuves suivantes :


1. L'accord général entre le Livre de Mormon et la Bible dans toutes les matières qui leur sont communes.

2. L'accomplissement d'anciennes prophéties par la parution du Livre de Mormon.

3. La stricte harmonie et la logique du Livre de Mormon avec lui-même.

4. La véracité évidente des prophéties qu'il contient.

À cela, nous pouvons ajouter certaines preuves extérieures ou extra-scripturales, parmi lesquelles :

5. Les témoignages corroboratifs présentés par l'archéologie et l’ethnologie.


Preuves corroboratives présentées par les découvertes modernes


L'archéologie et l'ethnologie du continent américain apportent quelques preuves corroboratives en faveur du Livre de Mormon. Ces sciences sont, de leur propre aveu, incapables d'expliquer de façon décisive l'origine des races américaines natives. Néanmoins les recherches dans ce domaine ont donné des résultats qui sont assez définis, et le récit du Livre de Mormon est en général d'accord avec les découvertes les plus importantes. Nous ne tenterons pas ici de traiter la question à fond ; les limites de ce livre ne le permettraient pas. Pour une étude détaillée sur le sujet, le lecteur devrait consulter des ouvrages qui y sont spécialement consacrés. Nous renvoyons spécialement l'étudiant à l'ouvrage exhaustif de l'Ancien B. H. Roberts, New Witnesses for God, vol. 23, chaps. 24 à 29 inclusivement et vol. 3, chaps. 30 à 34 inclusivement. Parmi les découvertes les plus significatives faites au sujet des aborigènes américains, nous trouvons ce qui suit :


1. L'Amérique fut peuplée à une époque très ancienne, probablement peu après la construction de la tour de Babel.


2. Le continent a été occupé successivement par différents peuples, au moins par deux groupes, ou prétendues races, à des époques largement séparées.


3. Les aborigènes sont venus de l'Est, probablement d'Asie, et les habitants les plus récents, ceux de la seconde période, étaient étroitement liés aux Israélites, sinon identiques à eux.


4. Les races indigènes existant en Amérique proviennent d'une souche commune.



Du résumé déjà donné de la partie historique du Livre de Mormon, on voit que chacune de ces découvertes est pleinement confirmée par ces annales. Ainsi nous y trouvons ce qui suit :


1. L'Amérique fut colonisée par les Jarédites, venus directement des scènes de Babel.


2. Les Jarédites occupèrent le pays pendant environ dix-huit cent cinquante ans et, vers l'époque de leur extinction, aux environs de 590 av. J.-C., Léhi et son groupe vinrent s'établir sur le continent où ils se multiplièrent et devinrent deux nations séparées, les Néphites et les Lamanites. Les premiers furent anéantis vers 385 ap. J.-C. environ mille ans après le débarquement de Léhi - et les derniers survécurent dans un état dégénéré jusqu'à ce jour et sont représentés par les tribus indiennes.


3. Léhi, Ismaël et Zoram, les ancêtres des Néphites et des Lamanites, étaient indubitablement Israélites, étant donné que Léhi appartenait à la tribu de Manassé, qu'Ismaël appartenait à la tribu d'Éphraïm, et que la colonie vint directement de Jérusalem, en Asie.


4. Les tribus indiennes actuelles descendent des émigrants dont l'histoire se trouve dans le Livre de Mormon, et, par conséquent, ils proviennent d'ancêtres qui appartenaient à la maison d'Israël.

 

Examinons maintenant quelques preuves présentées, à ce sujet, par des chercheurs dont la plupart ne connaissaient rien du Livre de Mormon, et dont aucun ne reconnaissait le livre comme authentique (un grand nombre parmi les citations qui suivent, employées dans le cadre des preuves extra-scripturales supportant le Livre de Mormon, ont été recueillies par divers auteurs appartenant à l'Église, surtout par l'Ancien George Reynolds ; voir aussi une série d'articles intitulés « American Antiquities » Millennial Star, Liverpool, vol. 21 ; une série d'articles sur « The Divine Origin of the Book of Mormon », dans le Contributor, Salt Lake City, vol. 2 par Moses Thatcher ; et une brochure, A Prophet of Latter Days, Liverpool, 1090, par Edwin F. Parry).

 

 

1. Concernant l'ancienne colonisation de l’Amérique


Une autorité reconnue sur l'archéologie américaine, présente, en guise de preuve, la déduction suivante : « Un des arts connus des bâtisseurs de Babel était la fabrication des briques. Cet art était aussi connu du peuple qui bâtit les ouvrages de l'Ouest [l'Amérique, ndt). Le cuivre était connu du peuple des plaines de Shinar ; car Noé dut le communiquer, étant donné qu'il vécut cent cinquante [350] ans parmi eux après le déluge. Le cuivre était connu des antédiluviens. Le cuivre était également connu de ceux qui édifièrent les monuments de l'Ouest [idem]. Le fer était connu des antédiluviens. Il était aussi connu des anciens habitants de l'Ouest [idem]. Cependant, il est évident qu'il y avait très peu de fer parmi eux, car on relève très peu de cas où il a été découvert dans leurs ouvrages ; et c'est pour cette raison même que nous tirons la conclusion qu'ils sont venus dans ce pays peu de temps après la dispersion » (Priest, American Antiquities, 1834, p. 219).


Lowry, dans sa « Réponse aux questions officielles concernant les Aborigènes de l'Amérique », conclut au sujet du peuplement du continent occidental « que la première colonisation eut lieu peu de temps après la confusion des langues lors de la construction de la Tour de Babel » (Ethnological Researches de Schoolcraft, vol. 3, 1853).


Le professeur Waterman, de Boston, dit au sujet des ancêtres des Indiens américains : « Quand et d'où sont-ils venus ? Albert Galatin, un des philologues les plus profonds de notre époque, a conclu que, d'après les quelques indices fournis par la langue, le moment de leur arrivée ne dut pas être bien éloigné de la dispersion de la famille humaine » (extrait d'une conférence par le professeur Waterman, à Bristol, Angleterre, en 1849 ; cité dans la brochure par Edwin Party, A Prophet of Latter Days (Liverpool, 1898).


Pritchard écrit des anciens habitants de l'Amérique que « l'ère de leur existence comme race distincte et isolée doit probablement remonter aussi loin que l'époque qui sépara les habitants du vieux monde en nations et qui donna à chaque branche de la famille humaine sa langue et son individualité primitives » (Moses Thatcher, Contributor, vol. 2, p. 227, Salt Lake City, 1881).


Un auteur indigène du Mexique, Ixtilxochitl, « fixe la date du premier peuplement de l'Amérique vers l'an 2000 av. J.-C. ; ce qui s'accorde étroitement avec celle que nous donne le Livre de Mormon qui déclare positivement que, cet événement eut lieu à l'époque de la dispersion, lorsque Dieu, dans sa colère, dispersa le peuple sur la surface de toute la terre ». « Si l'on s'en réfère aux textes d'Ixtilxochitl, il est dit que dix-sept cent seize ans s'écoulèrent depuis la création jusqu'au déluge. Moïse dit que cette période est de seize cent cinquante-six ans », ce qui fait une différence de soixante ans seulement (Appendice 15:3). Ils sont tout à fait d'accord quant au nombre de coudées, quinze, dont les eaux dépassèrent les plus hautes montagnes. Une telle coïncidence ne peut mener qu'à une seule conclusion : les deux récits sont d'origine identique » (Moses Thatcher, Contributor, vol. 2, p. 228).


John T. Short, citant Clavigero, dit : « Les habitants de Chiapas ont été les premiers colons du Nouveau-Monde, si nous en croyons leurs traditions. Ils racontent que Votan, le petit-fils de ce respectable vieillard qui bâtit la grande arche pour se sauver lui et sa famille du déluge et l'un de ceux qui entreprirent la construction de cet édifice élevé qui devait atteindre le ciel, vint peupler ce pays par commandement exprès du Seigneur. Ils racontent aussi que le premier peuple vint des régions du nord, et lorsqu'ils furent arrivés à Soconusco, ils se séparèrent, certains allant habiter le pays de Nicaragua et les autres restant à Chiapas » (John T. Short, North American of Antiquity, p. 204 ; Harper New-York, 2e édition, 1888. Voir aussi Contributor, vol. 2, p. 259).


2. Concernant l'occupation successive de l'Amérique par différents peuples dans les anciens temps


Il a été déclaré par des spécialistes éminents de l'archéologie américaine que deux groupes distincts - certains disent deux races séparées - ont habité ce continent autrefois. Le professeur F. W. Putnam (voir Putnam, « Prehistoric Remains in the Ohio Valley », Century Magazine, mars 1890) est encore plus précis dans son affirmation que l'une de ces races anciennes se répandit depuis le nord et l'autre depuis le sud. Henry C. Walsh, dans un article intitulé « Copan, Ville des Morts » (Copan, a City of the Dead, voir Harper's Weekly, NewYork, septembre 1897, p. 879 ; article de Henry C. Walsh) donne de nombreux détails intéressants sur les fouilles et autres travaux exécutés par Gordon sous les auspices de l'expédition Peabody, et ajoute : « Tout cela indique des périodes successives d'occupation, au sujet desquelles il y a d'autres preuves ».


3. Concernant la venue de l’Est, probablement d'Asie, d'au moins un groupe des anciens Américains et leur origine israélite


On trouve la preuve confirmant la croyance que les aborigènes américains proviennent de peuples de l'hémisphère oriental dans la similitude qui existe entre les récits et les traditions des deux continents concernant la création, le déluge et les autres grands événements de l'histoire. Le Chevalier Boturini consacra plusieurs années à faire des recherches dans les ruines antiques du Mexique et de l'Amérique Centrale, et rassembla beaucoup d'écrits de grande valeur dont il fut dépouillé par les Espagnols ; il publia un ouvrage sur le sujet de ses études en 1746. Sa mention d'une grande éclipse à l'époque de la crucifixion a trait « aux ténèbres qui couvrirent toute la terre » (Matthieu 27:45), qui n'auraient pas pu être dues à une éclipse solaire puisque ce phénomène n'est possible qu'à la nouvelle lune, et que la Pâque juive, à l'époque où eut lieu la crucifixion, fut célébrée à la pleine lune. Boturini, qui est cité par ceux qui ont écrit sur l'archéologie américaine, dit : « Il n'est aucune nation de Gentils qui mentionne les événements de l'histoire primitive avec autant d'assurance que les Indiens. Ils nous font le récit de la création du monde, du déluge, de la confusion des langues à la tour de Babel, de toutes les autres périodes historiques du monde et des longues pérégrinations de leur peuple en Asie, en indiquant les années particulières par leurs traits caractéristiques ; et ils nous racontent la grande éclipse qui eut lieu, lors de la mort du Christ, notre Seigneur, l'année des sept Conejos (lapins) ».


On trouve des preuves semblables de l'existence d'une source commune aux traditions orientales et occidentales, au sujet des grands événements des temps primitifs, mentionnées dans les écrits de Short, déjà cité, et de Baldwin (Ancient America, Harper Bros. New-York, 1871), Clavigero (cité par le professeur Short dans North Americans of Antiquity), Kingsborough (Lord Kingsborough, Mexican Antiquities (1830-1837), vol. 6), Sahagun (Bernardo de Sahagun, Historia Universal de Nueva Espana), Prescott (W. H. Prescott, Conquest of Mexico), Schoolcraft (Ethnological Researches, 1851, voir vol. 1), Squiers (Antiquities of the State of NewYork, 1851) et d'autres (voir Native Races, etc..., vol. 3 et 5, par Bancroft ; Atlantis, de Donnelly, p. 391, 1862).


John T. Short ajoute son témoignage pour prouver que les aborigènes américains proviennent de « l'Ancien Monde», mais il admet son incapacité de déterminer quand et d'où ils sont venus sur le continent américain (John T. Short, North Americans of Antiquity, 1879, p. 517). Waterman, que nous avons déjà mentionné, dit : « Ce peuple n'aurait pas pu être créé en Afrique, car les habitants de ce continent ne ressemblent pas du tout à ceux de l'Amérique ; ni en Europe, où on ne trouve aucune race correspondant aux races américaines. C'est en Asie seule que nous pouvons trouver l'origine des Américains » (extrait d'une conférence faite par le professeur Waterman à Bristol, Angleterre, en 1849 ; citée dans une brochure par Edwin F. Parry, A Prophet of Latter Days, Liverpool, 1898).


Lord Kingsborough, dans son oeuvre monumentale et classique, mentionne un manuscrit de Las Casas, l'évêque espagnol de Chiapas, manuscrit qui est conservé au couvent de Saint-Dominique, au Mexique. L'évêque y déclare qu'il avait constaté l'existence d'une connaissance de la trinité parmi les indigènes du Yucatan. L'un des émissaires de l'évêque écrivit : « Il avait rencontré un notable qui, lorsqu'il fut questionné au sujet de la foi et de la religion ancienne qui prédominaient en ce pays, lui apprit qu'ils connaissaient et adoraient Dieu qui résidait dans les cieux ; et que ce Dieu était le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; et que le Père s'appelait Ycona et avait créé les hommes et toutes choses ; et que le Fils s'appelait Bacah et était né d'une vierge appelée Chibirias, qui était au ciel avec Dieu ; et que le nom de la mère de Chibirias était Ischel ; et que le Saint-Esprit s'appelait Echuah. Bacah, le Fils, disaient-ils, fut mis à mort par Eopuco, qui le flagella, mit sur sa tête une couronne d'épines, et le plaça, les bras étendus, sur une poutre de bois, à laquelle, croyaient-ils, il ne fut pas cloué, mais lié ; qu'il y mourut et resta mort pendant trois jours ; et que, le troisième jour, il revint à la vie et monta aux cieux, où il est avec son Père ; et que, immédiatement après, Echuah, qui est le Saint-Esprit, vint, et remplit la terre de tout ce dont elle avait besoin » (Kingsborough, Antiquities of Mexico, vol. 6, pp. 160-161).


Rosalès affirme qu'il existe une tradition parmi les Chiliens qui raconte que leurs ancêtres furent visités par un personnage merveilleux, plein de grâce et de puissance, qui accomplit beaucoup de miracles parmi eux et les enseigna sur le Créateur qui demeurait dans les cieux au milieu des multitudes glorifiées (RosaIès, History of Chile ; voir Mediation and Atonement, par le président Taylor, pp. 200-202). Prescott mentionne le symbole de la croix, que les soldats de Cortez découvrirent être commun parmi les indigènes du Mexique et de l'Amérique Centrale. En plus de ce signe d'une croyance au Christ, les envahisseurs furent les témoins étonnés d'une cérémonie qui suggérait une analogie avec les sacrements de la communion. Ils virent des prêtres aztèques préparer un gâteau de farine mélangée de sang, qu'ils consacrèrent et qu'ils répartirent entre leurs ouailles ; et les indigènes, en le mangeant, « montrèrent des signes d'humiliation et de tristesse, déclarant que c'était la chair de la Divinité » (Prescott, Conquest of Mexico, vol. 2 ; appendice, 1ère partie, p. 389).


Les Mexicains reconnaissent un Dieu en Quetzalcoatl, dont la vie et la mort, selon la tradition, sont si semblables à notre histoire du Christ que, dit le président John Taylor, « nous ne pouvons arriver à aucune autre conclusion que celle-ci : Quetzalcoatl et le Christ sont le même être » (Mediation and Atonement, p. 201). Lord Kingsborough parle d'une peinture de Quetzalcoatl, « dans l'attitude d'une personne crucifiée avec les marques des clous dans ses mains et ses pieds, mais pas réellement sur la croix ». La même autorité dit en outre : « Le cliché soixante-treize du manuscrit Borgia est le plus remarquable de tous, car Quetzalcoatl n'y est pas seulement représenté crucifié sur une croix de forme grecque, mais son ensevelissement et sa descente aux enfers sont aussi dépeints d'une très curieuse manière ». Et, plus loin : « Les Mexicains croient que Quetzalcoatl revêtit la nature humaine, partageant toutes les infirmités de l'homme, et ne fut pas exempt des peines, des douleurs ni de la mort, qu'il subit volontairement pour expier les péchés des hommes » (Lord Kingsborough, Antiquities of Mexico ; voir citations par le président Taylor, Mediation et Atonement, p. 202).


La source de cette connaissance du Christ et de la divinité apparaît clairement à la personne qui étudie le Livre de Mormon. Grâce à ces Écritures, nous apprenons que les ancêtres des races américaines aborigènes vécurent pendant des siècles avant la naissance de Jésus-Christ, à la lumière de la révélation directe, qui, leur parvenant par leurs prophètes autorisés, montrait les buts de Dieu concernant la rédemption de l'humanité. Et, de plus, que le Rédempteur ressuscité les visita en personne, et établit son Église parmi eux, avec toutes les ordonnances essentielles. Ce peuple est tombé dans la dégénérescence spirituelle ; beaucoup de ses traditions sont tristement déformées et défigurées par le mélange de superstitions et d'inventions humaines qui s'y est ajouté ; cependant la source de ses connaissances est clairement authentique.


4. Concernant l'origine commune des races indigènes américaines


Le fait que les nombreuses tribus et nations indiennes proviennent d'ascendants communs est généralement admis ; cette conclusion est basée sur le rapport étroit évident qui existe entre leurs langues, leurs traditions et leurs coutumes. M. Lewis H. Morgan trouve la preuve que les aborigènes américains avaient une origine commune dans ce qu'il appelle leur système de consanguinité et d'affinité. Il dit : « Les nations indiennes, de l'Atlantique aux Montagnes Rocheuses, et de l'océan Arctique au golfe du Mexique, à l'exception des Esquimaux, ont le même système. Il est minutieux et compliqué dans sa forme générale et dans ses détails ; et, bien que des déviations de l'uniformité se présentent dans les systèmes de diverses tribus, les traits fondamentaux en restent généralement constants. Cette identité des caractéristiques essentielles d'un système si remarquable tend à montrer qu'il a dû être transmis par le sang à chaque famille, à partir d'une source originelle commune. Elle est la preuve la plus forte que nous ayons obtenue jusqu'ici de l'unité d'origine des nations indiennes des régions précitées » (Baldwin, Ancient America, p. 66).


Bradford résume ainsi ses conclusions au sujet de l'origine et des caractéristiques des anciens Américains : « Ils sont tous de la même origine, branches d'une même race, et possèdent des coutumes et des institutions semblables » (Bradford, American Antiquities , 1841, Conclusions, p. 431).


La langue écrite des anciens Américains


À ces preuves séculières ou extra-scripturales de l'authenticité du Livre de Mormon on peut ajouter l'accord qui existe entre les annales et les découvertes relatives au langage écrit de ces peuples anciens. Le prophète Néphi déclare qu'il grava ses annales sur les plaques « dans la langue des Égyptiens » (1 Néphi 1:2), et nous apprenons plus loin que les plaques d'airain de Laban étaient gravées dans la même langue (voir Mosiah 1:4). Mormon, qui abrégea les écrits volumineux de ses prédécesseurs et, prépara les plaques desquelles fut faite la traduction moderne, employa également des caractères égyptiens. Son fils Moroni, qui compléta les annales, déclare ce fait ; mais, admettant une différence entre l'écriture de son époque et celle des premières plaques, il attribua le changement aux mutations naturelles du temps et dit que ses propres annales et celles de son père, Mormon, furent écrites en « égyptien réformé » (Mormon 9:32).


Mais l'égyptien n'est pas la seule langue orientale que l'on trouve représentée dans les reliques de l'antiquité américaine ; l'hébreu y occupe une place tout aussi importante. Il est très naturel que les descendants de Léhi aient employé la langue hébraïque, étant donné qu'ils étaient de la maison d'Israël, ayant été transplantés directement de Jérusalem sur le continent américain. D'après les déclarations de Moroni concernant la langue employée sur les plaques du Livre de Mormon, il apparaît clairement que les Néphites continuèrent à lire et à écrire en cette langue jusqu'à l'époque de leur extinction. « Et maintenant voici, nous avons écrit ces annales selon notre connaissance, dans les caractères qui sont appelés parmi nous l'égyptien réformé, qui nous ont été transmis et ont été altérés par nous, selon notre manière de nous exprimer. Et si nos plaques avaient été suffisamment grandes, nous aurions écrit en hébreu, mais l'hébreu a été altéré par nous aussi » (Mormon 9:32, 33. Voir en particulier les articles intitulés « Egyptology and the Book of Mormon », par Robert V. Webb, dans l'Improvement Era, vol. 26, Salt Lake City, février, mars, avril 1923 ; aussi l'article « The Book of Mormon Plates », par J. H. Sjodahl dans le numéro d'avril, même volume).


Les exemples suivants sont tirés d'une série instructive de témoignages compilés par George Reynolds (« The language of the Book of Mormon », dans The Contributor, Salt Lake City, vol. 17, p. 236). Plusieurs auteurs espagnols des premiers temps de la colonisation de l'Amérique affirment qu'on trouva des indigènes, dans certaines régions du pays, qui parlaient un hébreu corrompu. « Las Casas l'affirme pour les habitants de l'île de Haïti. Lafitu écrivit une histoire dans laquelle il affirme que le langage des Caraïbes est radicalement hébreu. Isaac Nasci, Juif érudit du Surinam, dit, concernant le langage des habitants de la Guyane, que tous leurs substantifs sont hébreux. » Des historiens espagnols rapportent les premières découvertes de caractères hébreux sur le continent américain. « Malvenda dit que les indigènes de Saint-Michel avaient des pierres tombales, que les Espagnols mirent à jour, portant plusieurs inscriptions hébraïques anciennes. »


Dans tous ces écrits, les caractères et la langue appartiennent à la forme la plus ancienne de l'hébreu et ne montrent aucune des voyelles ni des désinences qui furent introduites dans l'hébreu du continent oriental après le retour des Juifs de la captivité de Babylone. Cela correspond au fait que Léhi et son peuple quittèrent Jérusalem peu de temps avant la captivité et, par conséquent, avant l'introduction des changements dans la langue écrite (voir une série instructive d'articles dans l'Improvement Era, Salt Lake City, vol. 17, par Thomas W. Brookbank, intitulée « Hebrew Idioms and Analogies in the Book of Mormon »).



Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890, 1931