Le
roman de Salomon Spaulding
Thomas
B.-H. Stenhouse (1825-1882)
Voyons
comment nos ennemis prouvent l'imposture du Livre de Mormon. Laissons
parler M. Guers:
« Un
pasteur américain, M. Salomon Spaulding, exerçait son
ministère à New-Salem, État d'Ohio. C'était
un homme d'une imagination vive, et passionné d'archéologie.
L'affaiblissement de sa santé l'ayant forcé de renoncer
à ses fonctions pastorales, il résolut de se livrer à
des travaux littéraires. » (p. 62)
Nous
devons ici à nos lecteurs une révélation, et à
MM. Guers et Favez une petite représaille. Pour nous libérer
envers chacun, nous dirons que la source impure où nos
adversaires ont puisé une partie des calomnies qu'ils
prodiguent à J. Smith et à ses frères, est un
roman du capitaine Marryat,
intitulé : M.
Violette, ou voyage d'un jeune émigré français,
etc. [25]
Dans
une discussion qu'ils disent sérieuse, des ecclésiastiques
vont se renseigner là !... Nous ne dirons rien de plus ;
sinon que Bowes, autre prédicateur, n'a pas fait autrement.
Dieu leur pardonne à tous !
La
représaille, la voici. À ce portrait du ministre
Spaulding, tracé par le ministre Guers avec tous les égards
qu'on se doit entre confrères, nous opposons celui qu'on va
lire ; mais nous avons la franchise d'avouer que nous prenons
cette seule citation... au même roman que ces messieurs n'ont
pas craint de mettre souvent à contribution :
« Il
y a nombre d'années, vivait un homme du Connecticut, nommé
Salomon Spaulding, parent de l'inventeur des noix muscades en bois.
En le suivant dans sa carrière, le lecteur trouvera en lui un
Yankee pur sang. On le voit d'abord étudiant en droit, puis
prédicateur, marchand et banqueroutier. Plus tard, il devient
maréchal-ferrant dans un petit village, ensuite spéculateur
en terre et maître d'école du comté ; plus
tard encore il est maître de forges, fait banqueroute une autre
fois, et finit par être écrivain et songe-creux. Il
mourut de misère quelque part dans la Pennsylvanie. »
(Tome 3, page 124 de l'édition de Bruxelles)
Assurément
nous ne garantissons pas l'exactitude de ce précis
biographique ; nous croyons même que
S. Spaulding fut un homme honorable. Mais nous le demandons
sérieusement à nos adversaires : Est-il honnête,
dans une discussion religieuse, en face d'un public que l'on prend
pour juge, d'invoquer de pareilles autorités ?
Salomon
Spaulding, disent-ils, a écrit un roman religieux dont il a
confié le manuscrit à MM. Patterson et Lambdin,
imprimeurs à Pittsbourg. Ceux-ci l'ont communiqué à
Sidney Rigdon, lequel, avec ou sans l'aide de J. Smith, en a fait, en
ajoutant des réflexions religieuses au récit de
Spaulding, ce qui fut plus tard publié sous le titre de Livre
de Mormon.
À
l'appui de cette histoire, nos ennemis citent une déclaration
qu'ils attribuent à la veuve de Spaulding, devenue Madame
Davidson ; « déclaration, dit M. Guers,
confirmée par deux pasteurs américains. »
On
lit dans cette déclaration que :
« Dans
une réunion de la nouvelle secte, à laquelle assistait
M. John Spaulding, son beau-frère, homme pieux, on avait lu de
larges portions d'un livre que celui-ci reconnut à l'instant
même, ainsi que ses amis présents, pour être, dans
ses parties historiques, l'ouvrage de M. Salomon Spaulding.
Douloureusement surpris, comme on peut le croire, à l'ouïe
de telles choses, et fondant en larmes, M. John Spaulding exprima
tout haut son indignation de voir le manuscrit de son frère
employé dans un but si méprisable et si révoltant.
(Ici M. Guers ajoute de son crû, mais sans en donner aucune
preuve, tout ce qui suit). « On compara sur l'heure le
Livre de Mormon avec le manuscrit de M. Spaulding, et l'on constata
pleinement la fraude. Ce livre, en effet, d'un bout à l'autre,
n'était ni plus ni moins que le roman religieux de M.
Spaulding, dans lequel une main hardie avait intercalé, etc. »
(page 63)
M.
Favez n'ose pas aujourd'hui en dire autant, mais il paraît
qu'il possède la première édition de la fameuse
lettre, car il dit que les fragments du roman converti en Livre de
Mormon furent lus dans une réunion par une femme prédicateur !
En effet, les deux ministres américains, qui n'ont pas
confirmé, mais fabriqué la prétendue lettre de
Madame Davidson, avaient imprimé d'abord cette monstruosité ;
mais quand leurs amis virent l'effet produit par cet ignoble conte,
ils firent disparaître, dans une seconde édition, la
femme prédicateur. On peut juger de l'authenticité de
la lettre, publiée au long par M. Favez, et où personne
d'ailleurs ne reconnaîtra le style d'une femme.
M.
Favez, qui sait aussi bien que nous quels sont les auteurs de la
fausse lettre, a eu le soin d'en retrancher un passage en forme de
préambule ; il a compris que ce passage, que nous allons
reproduire, décelait la main de ses hardis confrères.
Que le lecteur juge si les lignes suivantes ont été
écrites par une femme de 70 ans et infirme :
« Pour
tout esprit non perverti par les illusions les plus grossières,
il est évident que les prétentions de cet ouvrage (le
Livre de Mormon) à être considéré comme
d'origine divine sont totalement dénuées de fondement ;
et il est de toute impossibilité qu'aucune personne
raisonnable puisse le classer au-dessus de toute production de
l'esprit humain. Cependant il est ainsi considéré par
des habitants de cette Nouvelle-Angleterre si éclairée,
et même par un certain nombre de personnes reconnues pour être
des chrétiens.
« Ayant
appris récemment que le mormonisme avait pénétré
dans une congrégation du Massachussets, et que plusieurs
membres de cette congrégation en avaient accepté les
doctrines et jusqu'à ses plus grossières duperies, au
point que l'excommunication était devenue
nécessaire, je me suis déterminée à
arracher immédiatement le masque à ce monstre de péché,
et à mettre à découvert cet abîme
d'abomination. »
Que
pensez-vous de cette femme septuagénaire, qui déclare
que l'excommunication était devenue nécessaire ?
Voyez-vous la main des ministres !
Nous
répondrons donc tout d'abord : cette lettre est fausse.
Jamais Madame Davidson n'a écrit ni signé rien de
semblable.
Il
ne faut pas croire, d'ailleurs, que l'on ose encore, en Amérique,
parler de cette prétendue lettre de Mme
Davidson ; l'imposture a été trop bien démontrée
il y a vingt ans, et M. Clarke lui-même, un de nos ennemis,
affirme (page 17), que c'est M. Storrs qui l'a envoyée au
journal de Boston pour la publier, furieux qu'il était d'avoir
vu passer au mormonisme le diacre et plusieurs membres influents de
sa congrégation.
Cette
lettre, en tous cas, sauf les faits qu'elle raconte, n'exprimerait
jamais que l'opinion d'une dame âgée sur nos doctrines,
dont elle ne connaissait pas un mot ; ce n'est donc pas son
appréciation, et encore moins celle des vrais auteurs, que
nous voulons combattre. Mais comme les faits sont faussement exposés,
nous voulons démasquer le mensonge.
Le
professeur J.-B. Turner, Illinois Collège, Jacksonville, l'un
des écrivains les plus hostiles au mormonisme, et parfaitement
placé d'ailleurs pour obtenir tous les éclaircissements
relatifs aux faits dont il s'agit, a publié un livre intitulé Mormonism in all ages.
Dans cet ouvrage, p. 207, il rapporte ainsi le témoignage de
John Spaulding, frère de Salomon, l'auteur du roman :
« Après
avoir prêché pendant trois ou quatre années,
Salomon abandonna le ministère et se livra aux affaires de
commerce avec son frère Joseph, à Cherry-Valley
(New-York), où il fit faillite ; et en 1809 il alla
résider à Conneaut (Ohio). Je suis allé le
visiter environ quatre ans plus tard, et je l'ai trouvé criblé
de dettes. Il me dit qu'il venait d'écrire un livre qu'il
avait l'intention de faire imprimer, et qu'avec les bénéfices
il espérait pouvoir payer ses dettes. Ce livre portait le
titre de Manuscript found
(le Manuscrit trouvé) ; il m'en lut de nombreux passages
(many passages). »
Or
les deux ministres, qui ignoraient que John habitait assez loin de
Salomon pour rester quatre ans sans le visiter, attribuent à
la plume de Mme
Davidson cette phrase :
« M.
Spaulding avait un frère, M. John Spaulding, qui alors
résidait dans le même lieu. Cet ouvrage lui était
parfaitement connu ; il en avait maintes fois entendu la lecture
en entier.
Suivant
John Spaulding, au contraire, c'est seulement en allant visiter son
frère à Conneaut, où lui-même ne résidait
pas, qu'il apprit que celui-ci avait écrit un ouvrage, et
qu'il lui en fut lu un certain nombre de passages.
Voici
une lettre qui a paru dans le Quincy Whig
peu de temps après que le ministre D. Austin, le docteur Ely,
de Monson (Massachussets), et le ministre Storrs, de Holliston,
avaient eu l'impudence de publier le factum mensonger dont on vient
de lire un extrait. Cette lettre est adressée par M. John
Haven, d'Holliston (Massachussets), à sa fille Elisabeth
Haven, de Quincy (Illinois).
« Votre
frère Jessé a passé par Monson, où il a
vu Mme Davidson et
sa fille, Mme
Kinestry, et aussi le docteur Ely, et il a passé plusieurs
heures avec eux. Pendant ce temps, il leur a fait les questions
suivantes, savoir :
Question.
Avez-vous, madame Davidson, écrit une lettre à John
Storrs, lui donnant un récit de l'origine du Livre de Mormon ?
Réponse.
Je ne l'ai pas fait.
Q.
Avez-vous signé votre nom au bas de cette lettre ?
R.
Je ne l'ai pas fait, et je n'ai pas vu non plus cette lettre avant
qu'elle parût dans le Recorder
de Boston. Jamais cette lettre ne me fut présentée pour
la signer.
Q.
En quoi avez-vous contribué à l'envoi de cette lettre à
M. Storrs ?
R.
M. Austin vint dans ma maison et me fit quelques questions ; il
prit des notes sur du papier et s'en est servi pour la lettre.
Q.
Ce qu'il a écrit dans celte lettre est-il vrai ?
R.
Globalement, c’était vrai.
Q.
Avez-vous lu le Livre de Mormon ?
R.
J'en ai lu une partie.
Q.
Est-ce que le manuscrit de M. Spaulding et le Livre de Mormon se
ressemblent ?
R.
Je crois que quelques-uns des noms sont semblables.
Q.
Le manuscrit parle-t-il d'un peuple idolâtre, ou d'un peuple
religieux ?
R.
D'un peuple idolâtre.
Q.
Où est le manuscrit ?
R.
Le docteur P. Hulbert vint ici et le prit, disant qu'il voulait le
faire imprimer et me donner la moitié du profit.
Q.
Le docteur Hulbert a-t-il fait imprimer le manuscrit ?
R.
J'ai reçu de lui une lettre dans laquelle il me disait qu'il
ne l'avait pas trouvé tel qu'il s'y attendait, et qu'il ne le
ferait pas imprimer.
Q.
Quelle est l'étendue du manuscrit de M. Spaulding ?
R.
Environ un tiers de celle du Livre de Mormon.
Questions
adressées à Madame M'Kinestry :
Q.
Quel âge aviez-vous quand votre père écrivit ce
manuscrit ?
R.
Environ cinq ans.
Q.
Avez-vous déjà lu ce manuscrit ?
R.
À l’âge d’environ douze ans, j'y ai lu pour
mon amusement.
Q.
Le manuscrit donnait-il l'histoire d'un peuple religieux, ou d'un
peuple idolâtre ?
R.
D'un peuple idolâtre.
Q.
Le manuscrit et le Livre de Mormon s'accordent-ils ?
R.
Je pense que quelques noms s'accordent.
Q.
Êtes-vous certaine que quelques noms s'accordent ?
R.
Je ne le suis pas.
Q.
Avez-vous déjà lu dans le Livre de Mormon ?
R.
Non.
Q.
Était-ce par votre ordre que votre nom était sur la
lettre envoyée à M. Storrs ?
R.
Je ne désirais pas qu'il s'y trouvât.
« Vous
voyez, par les questions et les réponses précédentes,
que M. Austin, dans son grand zèle pour détruire les
saints des derniers jours, a interrogé madame Davidson et a
ensuite écrit à M. Storrs dans son propre style. Je ne
dis pas que les questions et les réponses furent littéralement
données dans la forme que je reproduis, mais j'en donne
exactement la substance. Madame Davidson est âgée
d'environ soixante-dix-ans, et passablement cassée. »
Nous
lisons dans le feuilleton de la Presse,
12 août 1853, sous le titre Les mormons,
ce qui suit :
« On
suppose qu'à Pittsbourg ce manuscrit a été
laissé à un imprimeur nommé Lambdin, et que
celui-ci l'a dû confier aux soins d'un nommé Sidney
Rigdon, lequel fît rencontre du prophète dans ces
entrefaites, et que ce fut alors qu'ils se concertèrent pour
métamorphoser ce roman en Bible d'or. Cette version est
contredite par des événements postérieurs.
« Lorsque
le Livre de Mormon parut, et que ceux qui connaissaient le Manuscript
found le retrouvèrent dans cette œuvre
divine, on voulut savoir ce qu'était devenu le roman manuscrit
de Salomon Spaulding. Il avait disparu sans que ses possesseurs
pussent s'expliquer cette disparition, tant elle avait été
effectuée mystérieusement ; si bien que le
manuscrit found
(trouvé) n'a cessé d'être depuis lors le
manuscrit Iost
(perdu). La malle qui le contenait fut visitée avec le plus
grand soin ; mais parmi son contenu on ne retrouva que la main
de papier manuscrite formant l'Exode romain
que l'auteur avait adopté dans le plan
primitif de son ouvrage. Comment et quand ce manuscrit a-t-il été
soustrait ? Cette question n'a pu être résolue
jusqu'à ce jour, et ne le sera peut-être jamais. »
Eh
bien, ce manuscrit qui avait disparu, qu'on ne retrouva jamais, M.
Guers affirme néanmoins qu'on le compara sur l'heure avec le
Livre de Mormon, et que l'on constata pleinement la fraude ! M.
Favez l'avait déjà dit en 1851 dans sa lettre
sur les mormons ; il n'ose plus le
répéter en 1854 ; mais sa lettre n'en est pas
moins une autorité pour M. Guers.
Nous
avons lu un grand nombre d'ouvrages publiés contre le
mormonisme, tant en Angleterre qu'en Amérique ; mais nous
certifions que personne avant eux, parmi ces auteurs, n'a poussé
l'audace au point d'avancer un fait aussi évidemment faux,
mais en même temps aussi facile à démentir. Ils
ajoutent, avons-nous dit, de leur propre crû cette infidélité
à celles de MM. Austin et Ely. À cet endroit surtout,
M. Guers secoue tout scrupule ; témoin ce passage,
démenti par la déclaration déjà citée
de John Spaulding :
« À
mesure qu'il composait son ouvrage, M. Salomon Spaulding (qui
habitait alors à Conneaut, Ohio) le
communiquait à son frère John Spaulding (qui habitait
le comté de Crawford, Pennsylvanie). » (page 62)
On
voit jusqu'où mène le zèle religieux !...
Les
personnes qui résident en Amérique, qui ont pu vérifier
les faits, se gardent bien d'affirmations aussi hardies. Le
professeur Turner, bien mieux placé que MM. Guers et Favez
pour saisir la vérité, s'exprime ainsi (p. 212) :
« M.
Spaulding quitta Pittsbourg en 1814 et partit pour Amity, (comté
de Washington), où il mourut en 1816. S'il a emporté
son manuscrit avec lui, ou s’il l’a laissé dans
l’imprimerie de Lambdin, sa veuve, actuellement Madame
Davidson, n’en est pas positivement certaine. Les mormons ont
affirmé qu'elle avait raconté sur ce sujet des
histoires contradictoires, ce qui, vu son âge et l'infirmité
de sa mémoire, est assez probable. »
Notons
en passant que le grand âge et l'infirmité de Madame
Davidson, attestés par ce témoin et par beaucoup
d'autres, sont soigneusement passés sous silence par les deux
ministres qui lui attribuent leur lettre mensongère, et que
nos adversaires en Europe sont tout aussi discrets à cet égard
que leurs confrères d'Amérique.
Le
docteur Hulbert,
le plus fougueux de nos ennemis en Amérique, l'instigateur de
toutes les attaques dirigées contre nous [26],
a aussi publié un ouvrage intitulé Mormonism
unveiled
(le mormonisme dévoilé), où il dit, en parlant
du fameux manuscrit qu'il avait reçu de la veuve de Salomon
Spaulding :
« Ceci
est un roman que l'auteur donne comme traduit du latin et ayant été
trouvé, en vingt-quatre rouleaux de parchemin, dans une cave,
mais écrit dans un style moderne. Il raconte l'histoire
fabuleuse d'un vaisseau faisant voile de Rome pour la
Grande-Bretagne, et qui fut jeté sur les côtes de
l'Amérique quelque temps avant l'ère chrétienne,
ce pays étant alors habité par des Indiens. »
Voilà,
avons-nous dit, le plus ardent de nos ennemis. Il a eu le manuscrit
en sa possession, il l'a lu, il le connaît parfaitement.
Espérant y trouver des analogies frappantes avec le Livre de
Mormon, il avait promis à la veuve Spaulding de l'imprimer
pour donner l'évidence du plagiat de J. Smith ; mais il
s'est trouvé que ce roman ne ressemblait en rien au Livre de
Mormon, et il n'a plus voulu l'imprimer. N'est-il pas certain que
s'il eût présenté la possibilité de faire
croire à un tel plagiat, nos ennemis, qui ont fait preuve d'un
si grand zèle contre le développement de l'Église,
n'auraient pas manqué de le publier ? Les uns ont menti
en affirmant que les deux livres ont été comparés
et qu'on a reconnu la fraude ; d'autres ont menti en disant que
le manuscrit avait disparu mystérieusement. La seule version
vraie sur ce point est celle du docteur Hulbert, qui vous dit :
Moi je l'ai lu en 1834 ; il ne ressemble en rien au Livre de
Mormon.
Ceci,
d'ailleurs, s’accorde avec cette partie de la lettre attribuée
à Madame Davidson, publiée dans la brochure de M.
Pavez, p. 19 :
« Le
manuscrit alors m'échut et fut soigneusement gardé. Il
a été fréquemment examiné par ma fille,
madame M' Kinestry, de Monson (Massachussets), avec qui je demeure
maintenant, et par d'autres amis. »
L'unique
vérité, dans tout ce fatras de mensonges
contradictoires que l'on a publiés au sujet
du roman de Spaulding et du Livre de Mormon, c'est que lorsque ce
dernier parut, la malveillance de nos ennemis voulut faire croire à
une copie subrepticement obtenue du roman, qui aurait été
donné ensuite par Joseph comme un livre sacré ;
mais que, lorsqu'on voulut vérifier, le manuscrit de Spaulding
fut remis au docteur Hulbert, qui, après avoir comparé
les deux ouvrages, les trouva absolument sans aucun rapport, ni dans
les faits, ni dans le style.
Ceci
est d'autant plus vrai, que les deux « ministres
américains » n'ont pas osé dire un seul mot
dans le sens de l'allégation de M. Guers. Voici le passage de
la lettre publiée sous le nom de Mme
Davidson (Favez, p. 19) :
« L'excitation
dans New-Salem devint si grande, que les habitants eurent une
assemblée et députèrent ici le docteur Philastus
Hulbert, l'un d'entre eux, chargé de me demander le manuscrit
original de M. Spaulding, désirant le comparer avec la Bible
des mormons, pour satisfaire leur propre esprit et empêcher
leurs amis de tomber dans un piège aussi grossier. »
La
lettre n'ajoute ni que le manuscrit fut remis au député,
ni qu'il était égaré ; il n'y a à
cet égard que le témoignage du docteur Hulbert rapporté
plus haut, et qui donne un éclatant démenti à
toute cette histoire du roman de Spaulding converti en Livre de
Mormon.
Ce
que nous venons de dire touchant la différence qui existe
entre le roman de Spaulding et le Livre de Mormon est confirmé
par le témoignage d'un auteur qui nous est amèrement
hostile, mais que ce sentiment n'emporte pas au-delà des
limites qu'un honnête homme ne doit pas franchir. Citons donc
encore le professeur Turner (p. 213) :
« Madame
Davidson n'étant pas certaine que le Manuscrit
trouvé était dans sa malle, on
jugea convenable d'y chercher. Au lieu d'un certain nombre de
manuscrits, on n'en trouva qu'un seul, qui était un petit
roman inachevé, fixant l'origine des Indiens à Rome,
d'où ils avaient été amenés sur les côtes
de l'Amérique par un vaisseau qui faisait voile pour la
Grande-Bretagne, avant l'ère chrétienne. »
Or,
le Livre de Mormon se compose de 519 pages d'impression très
compacte ; il était imprimé et répandu à
l'époque de la déclaration que les ministres américains
ont publiée sous le nom de Mme
Davidson. Comment pourrait-on prétendre qu'un livre aussi
étendu « n'était, d'un bout à
l'autre, ni plus ni moins que le roman religieux de S. Spaulding »
qui n'était qu'un petit roman inachevé ? Comment
un homme raisonnable pourrait-il confondre ce petit roman, cette main
de papier manuscrite dont parle un témoin,
avec le Livre de Mormon, lequel, en supposant deux pages de manuscrit
pour une page d'impression compacte, a dû former une collection
de 1000 à 1200 pages ?
D'ailleurs,
est-il croyable qu'un roman, roman religieux si l'on veut, ait été
écrit dans le style qui caractérise le Livre de
Mormon ? Quel roman ressemble à celui-là ?
Citons
ici une appréciation lumineuse publiée dans le
« New-Yorker »
sous le pseudonyme de Joséphine. Cet article, évidemment
écrit par une personne étrangère à notre
Église, a été envoyé au président
J. Smith par M. A. G. Gano ; Esqr.
de Cincinnati (Ohio), et reproduit dans le Times
and Seasons :
« Le
style (du Livre de Mormon) est une imitation fidèle des
Écritures, et il est remarquablement privé de toute
allusion qui trahisse la connaissance de l'état politique ou social de la société actuelle.
L'écrivain vit de toute la force de son imagination dans l'âge
qu'il décrit. Il est difficile d'imaginer une élaboration
littéraire plus ardue que d'écrire ce qui peut être
appelé la continuation de l'Écriture sainte, et de le
faire de manière non seulement à éviter toute
discordance avec les mots sacrés et authentiques, mais encore
à combler maintes lacunes qui semblent y exister, et à
confirmer ainsi ces livres l'un par l'autre.
« Établir
la théorie vraisemblable et appuyée que les aborigènes
de notre continent (l'Amérique) sont des descendants d'Israël,
sans se compromettre par aucune assertion ou dissertation qui la
contredise, dénote un degré de talent et de science
qui, chez un jeune homme sans éducation, est presque un
miracle.
« Une
copie des caractères de plusieurs pages du Livre d'or fut
communiquée à une personne de notre ville, laquelle
naturellement fut incapable de les déchiffrer, quoiqu'ils
présentassent une grande ressemblance avec les anciens
caractères égyptiens.
« Si,
en les comparant, ils résulte que ces caractères sont
semblables à ceux découverts dans les ruines de
l'Amérique centrale, qui ont naguère si vivement frappé
l'attention, et qui décidément ressortent de
l'architecture égyptienne, cela plaidera en faveur de Smith.
Cela tendra à prouver que les plaques sont authentiques, si
même cela n'établit pas la vérité de son
inspiration et la fidélité de sa traduction. »
Après
toute discussion sur le prétendu roman de Spaulding et le
Livre de Mormon, il reste vrai jusqu'à l'évidence qu'il
n'existe pas plus de rapport entre ces deux ouvrages qu'il n'y en a
entre la Bible et les Aventures de Télémaque. La fausse
déclaration des deux ministres américains est démentie
par une foule d'auteurs respectables, au témoignage desquels
nous allons ajouter celui de M. Pichot, notre ennemi bien connu (p.
69) :
« Ce
document isolé, terminé par une malédiction,
n'est pas absolument concluant. Mathilde Davidson
peut fort bien n'avoir été elle-même qu'un
instrument de vengeance dans les mains du docteur Philastus
Hulbert [27],
le délégué des habitants de Salem. Le docteur
Philastus, dont nos lecteurs ne seront pas fâchés de
connaître les antécédents, avait cru lui-même
au prophète Joseph Smith, et avait été l'un des
membres de la nouvelle Église. D'après son dire, il se
retira parce que ses yeux s'ouvrirent à l'imposture et à
la fraude dont il avait été l'innocente victime.
D'après la version des mormons, au contraire, il fut expulsé
de leurs rangs pour adultère et pour d'autres actes
d'immoralité. »
Après
quelques détails sur ce malheureux, M. Pichot ajoute :
« Si
nous nous sommes arrêté un instant à ces misères,
c'est qu'il y a, au fond des persécutions que l'on va bientôt
voir essuyer aux mormons, de fourbes et lâches rivalités
de sectaires trop souvent couvertes du manteau de la morale et de
l’intérêt public.
« Auprès
de certains prédicants de dénominations diverses et
multiples, le Tartufe de Molière n'est qu'un écolier,
et Joseph Smith lui-même un maladroit, au moins dans ses
débuts. » (p. 72)
Ce
dernier membre de phrase ne laisse aucun doute sur les dispositions
de M. Pichot envers J. Smith ; son ouvrage entier, d'ailleurs,
imprimé dans la Bibliothèque des chemins de fer, porte
un cachet d'hostilité non équivoque. Le lecteur peut
donc admettre avec confiance les éclairs d'impartialité
et de franchise qui jaillissent parfois de la plume de cet écrivain.
Nous ajouterons : On dirait que M. Pichot a eu sous les yeux les
brochures de MM. Guers et Favez.
M.
Favez nous dit (p. 9) :
« Le
livre de Mormon n'est pas homogène. En divers endroits du
volume anglais sorti des mains de Smith, on découvre des
additions dont plusieurs sont marquées par des fautes de
grammaire et font avec le reste un contraste évident d'où,
par conséquent, naît la pensée que ce livre doit
avoir deux auteurs : l'un qui écrivait bien l'anglais,
l'autre qui l'écrivait mal. »
À
ces observations faites, ou plutôt copiées par M. Guers,
et adoptées par M. Favez, nous allons opposer d'autres
appréciations de personnes plus compétentes, quoique
aussi hostiles envers nous. Le lecteur jugera si l'avis de MM. Guers
et Favez peut être comparé à ceux que nous
reproduisons.
Écoutons
d'abord le professeur Alexandre Campbell, president of Bethany Collège, U. S.,
dans son ouvrage intitulé « Mormonism
weighed in the balances and found wanting (le
mormonisme pesé dans la balance et trouvé léger),
page 18 :
« Ce
livre (le Livre de Mormon) professe être écrit à
divers intervalles et par différentes personnes pendant la
longue période de 1020 ans ; et cependant, pour
l'uniformité du style, il n'y eut jamais un livre plus
évidemment écrit par la même main, ni plus
certainement conçu par le même cerveau, depuis le
premier livre qui a paru dans le langage humain, que ce même
livre. Autant je pourrais jurer que je reconnais sur la scène
un acteur qui prend successivement divers costumes et joue des rôles
différents, autant je peux jurer qu'un seul homme a écrit
ce livre [28].
Et comme Joseph Smith est un homme très ignorant, et qu'il en
est désigné comme l'auteur, je ne peux pas douter un
seul instant qu'il n'en soit le seul auteur et propriétaire. »
Voilà
déjà un démenti donné à MM. Guers
et Favez ; en voici d'autres. La Revue
d'Edimbourg (N° CCII, p. 321, avril
1854), écrite par des gens qui connaissent sans doute
l'anglais mieux que ces deux messieurs, s'exprime ainsi :
« Ces
fautes sont si uniformément répandues à travers
l'ouvrage, qu'elles doivent être attribuées à son
auteur, et non, comme elles l'ont été quelquefois, à
un interpolateur postérieur. On a eu recours à cette
hypothèse, parce qu'on ne pouvait pas comprendre qu'un homme
chargé d'enseigner la religion ait pu commettre de telles
fautes. Mais en Amérique les qualités littéraires
requises pour l'ordination sont nécessairement réduites
au minimum. »
Considérant
Salomon Spaulding comme un pauvre d'esprit, et lui attribuant le
Livre de Mormon en totalité, sans exception, l'écrivain
ajoute :
« Il
n'est pas étonnant que S. Spaulding ait fait banqueroute en
chaire comme derrière son comptoir. »
Comment
concilier tous ces témoignages d'uniformité de style
avec le témoignage de MM. Guers et Favez qui veulent
absolument reconnaître deux auteurs, l'un qui écrivait
bien l'anglais, l'autre qui l'écrivait mal ?
D'altération
en altération, nos ennemis ont fini par tomber quelquefois
dans des mensonges tellement cyniques, tellement
monstrueux, qu'ils se sont effrayés les uns les autres.
Notamment, MM. Guers et Favez n'ont pas osé s'appuyer sur le
témoignage du docteur John Thomas, president
of the S. and E. Medical College of Virginia, U. S. On
n'aime pas à trouver son maître. « Celui-là,
ont-ils dit, est encore plus hardi que nous. » M. Thomas,
en effet, dans sa brochure imprimée à Londres, dit sans
façon (p. 2), qu'un prédicateur presbytérien des
États-Unis fit un roman qu'il intitula le Livre
de Mormon (This
fiction he termed « the Book of Mormon… »
Il
nous reste à démentir une allégation de nos
ennemis, qui consiste à dire que J. Smith, trop ignorant pour
approprier lui-même le roman de Spaulding à l'usage
qu'il voulait en faire, s'est associé dans ce travail Sidney
Rigdon.
Sur
ce point, comme sur beaucoup d'autres, nos adversaires se
contredisent entre eux : c'est pour eux une fatalité.
Ainsi, M. Favez, dans la lettre que les ministres d'Amérique
ont fabriquée sous le nom de Mme
Davidson, cite ce qui suit :
« Sidney
Rigdon, qui a figuré si grandement dans l'histoire des
mormons, était à cette époque en relation avec
l'imprimerie de M. Patterson, et c'est une chose bien connue dans
cette contrée, — Rigdon lui-même l'a souvent
déclaré, — qu'il eut en mains le manuscrit de M.
Spaulding et le copia. C'était un fait notoire pour toutes les
personnes en relation avec l'imprimerie. »
Cette
lettre, comme l'annonce M. Favez, a paru dans le journal de Boston ;
mais depuis elle a sans doute été confirmée par
les ministres, c'est-à-dire falsifiée ; car, dans
le journal de Boston, au lieu de « et la copia »,
— on lit : Là, il eut amplement occasion de
connaître le manuscrit « et de le copier s’il
a voulu ».
M.
Guers enchérit encore sur l'exagération de M. Favez ;
il dit (page 62) que Sidney Rigdon était employé dans
l'imprimerie de M. Patterson. Un autre écrivain dit qu'en 1812
et 1814 il y était chargé de préparer les
manuscrits. — Voici la vérité :
Sidney
Rigdon est né en 1793 ; en 1812 il était donc âgé
de dix-neuf ans. À cette époque il travaillait dans la
ferme exploitée par son père, et il y resta jusqu'au
moment où il alla à Pittsbourg comme étudiant,
comme dit le professeur Turner, non pas en 1812, mais en 1822. Or, la
veuve de Salomon Spaulding déclare qu'à la mort de son
mari le roman lui échut, et qu'elle le garda soigneusement.
Joignez à cela qu'elle l'avait encore à sa disposition,
suivant M. Guers, quand, en 1833 ou 1834, on voulut comparer ce
manuscrit avec le Livre de Mormon. Dites-nous donc, Messieurs, à
quelle époque vous prétendez que Sidney Rigdon a pu
copier le roman de Spaulding.
Mais
nous allons démontrer, par un témoignage non suspect,
que les chrétiens d'Amérique, parmi lesquels se
trouvait Sidney Rigdon en qualité de ministre, n'ont jamais
songé à l'accuser de complicité avec J. Smith
dans la publication du Livre de Mormon.
Nous
démontrerons, de plus, par la même citation, que Sidney
Rigdon n'a eu connaissance de ce livre et n'est entré dans
l'Église que quelque temps après sa publication.
L'autorité que nous invoquons est de celles devant lesquelles
nos ennemis doivent s'incliner : c'est un de leurs organes en
Angleterre (Christain Messenger and Reformer
for April 1841) :
« …La
Bible d'or fut imprimée dans l'été de 1830…
Étant pleinement préparés, Smith et Cowdery
commencèrent à accomplir leur mission, et s'étant
baptisés l'un l'autre, ils réussirent
bientôt à en convertir d'autres à leur imposture,
les baptisant pour la rémission des péchés et
les dons du Saint-Esprit dans tous ses pouvoirs miraculeux. Parmi
leurs premiers disciples était Parley P. Pratt, qui est
actuellement en ce pays (Angleterre), qui s'est joint au prophète
peu après la publication de la Bible. Bientôt après
lui vint Sidney Rigdon, qui était auparavant en communion avec
nos frères en Amérique. »
Voilà
encore une preuve positive que Sidney Rigdon n'a pris aucune part
au Livre de Mormon [29].
En voici une autre, empruntée au professeur Turner (page
211) :
« En
1812, Spaulding quitta Ohio et se rendit à Pittsbourg, où
il demeura environ deux ans, pendant lesquels on a supposé
qu'il avait laissé son manuscrit à l'imprimerie de
Patterson et Lambdin, et que Sidney Rigdon l'y trouva en 1822. De
cela, cependant, il n’y a aucune évidence, et je ne peux
pas imaginer qu'un homme du talent de Sidney Rigdon, éloquent
et connaissant parfaitement la Bible, ait jamais pu entasser les
absurdités qui composent le Livre de Mormon. »
Une
autre preuve, négative, il est vrai, c'est que le fameux
Alexandre Campbell, auquel Sidney Rigdon était alors associé
pour la fondation de l’Église des Campbellistes, qui le
connaît parfaitement et qui sait très bien la date de
leur séparation, Campbell, disons-nous, qui a beaucoup écrit
contre nous, ne songe pas le moins du monde à le regarder
comme ayant pris une part quelconque à la publication du Livre
de Mormon.
Nous
croyons avoir traité cette question du Livre de Mormon (au
point de vue purement rationnel), avec tous les développements
nécessaires ; nous n'avons laissé debout aucune
des imputations d'imposture faites par nos ennemis, et nous aimons à
penser que le lecteur, quel qu'il soit, est maintenant convaincu,
nous ne dirons pas de la divinité de ce livre, — puisque
nous n'avons pas abordé la discussion au point de vue
religieux et que nous n'avons donné aucune preuve de ce genre,
cet opuscule n'étant pas destiné à l'exposition
de nos doctrines, — mais au moins de l'honnêteté
de ces hommes sur lesquels on a accumulé tant de calomnies.
Nous n'avions pas d'autre but.
---------------------------------
NOTES
[25]
On peut juger de la valeur des assertions renfermées dans
l'ouvrage du capitaine Marryat par les lignes qui suivent : « M.
Combe, d'Edimbourg, dans l'introduction à des notes sur les
États-Unis de l'Amérique du Nord, page xi, assure que
miss Martineau et le capitaine Marryat ont été abusés
par les Américains pendant qu'ils recueillaient des matériaux
pour leurs ouvrages. La personne qui a égaré le
capitaine s'en vante à ses amis et leur assure qu'elle lui a
rempli (crammed)
la tête des histoires les plus ridicules (Joe Millers), que le
capitaine a prises au sérieux et introduites dans ses ouvrages
comme types des mœurs américaines. » (Logic
of facts, p. 36. Holyoake, London)
[26]
Bien que le docteur Hulbert soit le premier qui ait voulu, dans un
pamphlet, faire croire à la similitude du Livre de Mormon et
du roman de Spaulding, l'idée première de cette
confusion ne lui appartient pas, mais à un fermier nommé
Henri Lake, vieillard incrédule, nommé par M. Favez
lui-même (p. 19). Hulbert, alors membre de l'Église, a
mainte fois combattu cette supposition, et il n'a feint d'y croire
lui-même qu'après avoir été retranché
pour cause d'adultère. Le docteur était tellement
décrié dans le pays, que son pamphlet (le
mormonisme dévoilé)
n'a pas été publié sous son nom ; nos
ennemis lui ont offert une somme pour son travail, et la brochure
parut sous le nom de l'imprimeur E. D. Howe. M. Favez avait sans
doute besoin de ces petits éclaircissements.
[27]
Septième fils d'une nombreuse famille, ses parents
l'appelaient par plaisanterie le Docteur.
Ce surnom est donc un sobriquet, et non pas le titre d'une profession
qu'il n'a jamais apprise. Du reste, la vengeance dont parle M. Pichot
s'explique par cette circonstance que Philastus Hulbert, ayant menacé
la vie de Joseph, fut mené devant le tribunal de la ville de
Painsville (Ohio), le 9 avril 1834, condamné à fournir
une caution pour la somme de 200 dollars comme garantie pécuniaire
de sa conduite future envers le prophète pendant six mois, et
aux frais de l'instance qui s'élevaient à 300 dollars
environ.
[28]
À ceux qui s'étonneraient de cette uniformité
dans un livre écrit par plusieurs auteurs et à de longs
intervalles, nous rappellerons que les anciens prophètes
américains ont été abrégés par
Mormon, qui dès lors leur a imprimé son propre style.
Nous entrerons dans de plus amples explications à cet égard
en répondant à M. le comte de Gasparin (voir Livre de
Mormon, p. 466 ; Mormon 2:17, 18, ndlr).
[29]
Sidney Rigdon, au moment où cette lettre fut publiée, y
a répondu et a démontré qu'il n'avait jamais eu
rien de commun avec l'imprimerie Patterson ni avec le roman de
Spaulding, dont il n'apprit l'existence que par les publications de
l'apostat Hulbert. Parley P. Pratt, qui avait présenté
le Livre de Mormon à Sidney Rigdon six mois après sa
publication, a confirmé les assertions de S. Rigdon. Du reste,
l'imprimeur Patterson a nié toute cette histoire du manuscrit
de Spaulding, qu'il dit n'avoir jamais vu.
Source :
Thomas
B.-H. Stenhouse, Les mormons et leurs ennemis, Lausanne, 1854