L'Éternité du mariage et le mariage plural

 

 


Carter E. Grant 

 

Historien

 

 

 

 

L'éternité du mariage

 

      Pour réaliser les desseins qui lui étaient propres à l'égard de la perpétuation de la vie familiale ici-bas et dans l'au-delà, Dieu rétablit l'ordre éternel du mariage et donna à Joseph Smith l'autorité d'unir mari et femme pour le temps et l'éternité. Sur l'importance du mariage céleste, le Seigneur déclara : « En vérité, en vérité, je te dis que tout ce que tu scelles sur la terre sera scellé dans les cieux » (Doctrine et Alliances 132:46). C'est pourquoi, « ...tous contrats, alliances, conventions, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou attentes » (D&A 132:7), si l'on veut qu'ils aient cours une fois dans l'au-delà doivent être « contractés et scellés par  le Saint-Esprit de promesse, de la main de celui qui est oint, à la fois pour le temps et pour toute l'éternité » (D&A 132:15).

 

      « C'est pourquoi, si un homme épouse une femme en ce monde, mais ne l'épouse pas par moi ni par ma parole, et fait alliance avec elle aussi longtemps qu'il est dans le monde, et elle avec lui, leur alliance et mariage ne sont pas valides lorsqu'ils sont morts et hors du monde ; ils ne sont donc liés par aucune loi lorsqu’ils sont hors du monde » (D&A 132 :15). D'un autre côté, ceux qui sont scellés par les serviteurs désignés de Dieu « ...passeront devant les anges et les dieux qui sont placés là, vers leur exaltation et leur gloire en toutes choses, comme cela a été scellé sur leur tête, laquelle gloire sera une plénitude et une continuation des postérités pour toujours et à jamais… Alors, ils seront dieux, parce qu'ils ont tout pouvoir et que les anges leurs seront soumis. En vérité, en vérité, je te le dis, si tu ne respectes pas ma loi, tu ne pourras atteindre cette gloire (D&A 132:19-21).

 

 

Le rétablissement du mariage plural

 

     Dans cette même communication importante, le Seigneur rétablit dans son Église l'ordre antique du mariage plural (John A. Widtsoe, Evidences and Reconciliations, p. 309). Le Seigneur déclara que cet ordre avait été accepté par ses prophètes et ses patriarches dans les anciennes dispensations et annonça à Joseph Smith : « Dieu donna un commandement à Abraham et Sara donna Agar pour femme à Abraham. Et pourquoi fit-elle cela ? Parce que telle était la loi... Abraham était-il donc sous la condamnation ? En vérité, je te dis que non, car moi, le Seigneur, je l'avais commandé... David reçut également beaucoup de femmes... ainsi que Salomon et Moïse, mes serviteurs, de même qu'un grand nombre d'autres de mes serviteurs, depuis le commencement de la création jusqu'à ce jour ; et ils ne péchèrent que dans ce qu'ils n'avaient pas reçues de moi... Je suis le Seigneur ton Dieu, et t'ai désigné, toi, mon serviteur Joseph, pour rétablir toutes choses » (D&A 132:34, 35, 38, 40).

 

 

Le mariage plural en Israël

 

Dans le premier livre de la Sainte Bible est rapporté le récit dans lequel Abraham prit une femme plurale : « Saraï, femme d'Abram, ne lui avait point donné d'enfants. Elle avait une servante... nommée Agar » que Saraï donna pour femme à Abram ; et quand Agar fut sur le point de donner le jour à un fils, un « ange de l'Éternel lui dit : Je multiplierai ta postérité, et elle sera si nombreuse qu'on ne pourra la compter... Tu... enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom d'Ismaël ; car l'Éternel t'a entendue dans ton affliction... Agar enfanta un fils à Abram » (Genèse 16:1, 10, 11, 15).

 

Jacob, petit-fils d'Abraham, épousa quatre femmes : Léa, Rachel, Bilha et Zilpa, qui devinrent mères des douze tribus d'Israël.

 

 

Une épreuve

 

      Sur les cent trente-quatre révélations qu'il écrivit, la révélation sur le mariage fut la seule communication que Joseph Smith, le prophète, hésita à rendre publique. Se rendant parfaitement compte du conflit qu'elle causerait parmi beaucoup de membres de l'Église aussi bien que parmi les peuples du monde, il déclina de la mettre par écrit. Ce ne fut qu'après une préparation approfondie et éprouvante, qui couvrit plusieurs années et comprit l'apparition soudaine d'un ange du Seigneur, tenant en main une « épée nue » et menaçant Joseph de destruction, qu'il accepta le commandement divin et se mit à l'enseigner confidentiellement aux frères de la prêtrise en qui il avait le plus de confiance (Jenson, Hist. Record, pp. 219, 222, 230 ; Whitney, Lile of Heber C. Kimball, p. 331-339).

 

 

Premier mariage plural

 

      À propos de la façon dont le mariage plural devint réalité dans l'Église, le président Joseph F. Smith écrit :  « À une conférence trimestrielle de pieu tenue à Centerville, dans le Comté de Davis (Utah), le 11 juin 1883... Joseph B. Noble [ancien évêque de Nauvoo]... déclara que le prophète Joseph lui avait dit que la doctrine du mariage céleste [voulant dire le mariage plural] lui avait été révélée tandis qu'il était occupé à traduire les Écritures ; mais quand il reçut la communication pour la première fois, le Seigneur avait déclaré que le moment de mettre ce principe en pratique n'était pas arrivé. II déclara par la suite que l'ange du Seigneur lui était apparu et l'avait informé que le moment était pleinement arrivé ». Le président Smith explique alors que  « frère Noble scella la sœur de sa femme à Joseph, ce qui fut le premier mariage plural qui fut consommé. Le prophète donna la forme de la cérémonie. Frère Noble rendit témoignage de la pureté de caractère de sa belle-sœur [Louisa Beman], femme d'une moralité irréprochable, qui conclut le mariage plural avec la conviction profonde que cette doctrine était de Dieu ». Ce premier mariage plural fut accompli le 5 avril 1841 (Jenson, op. cit., p. 213, 232).

 

 

Témoignage du président Snow

 

      Le président Lorenzo Snow raconte : « Au mois d'avril 1843, je revins de ma mission en Europe ». Le prophète lui expliqua immédiatement la « doctrine de la pluralité des épouses ». Le président Snow témoigne que quand le prophète « prévit les ennuis qui s'ensuivraient et chercha à se détourner du commandement, un ange du ciel apparut devant lui avec une épée dégainée, le menaçant de destruction s'il n'obéissait pas au commandement. Il dit en outre que ma sœur Eliza R. Snow lui avait été scellée comme femme pour le temps et l'éternité » (Id., p. 222).

 

La sœur du Président Snow, Eliza R. Snow Smith, écrit que la première femme du prophète lui donna son consentement pour qu'il vécût la loi du mariage plural : « C'est un fait que sœur Emma, de son plein gré, donna quatre femmes à son mari, dont deux sont maintenant en vie et prêtes à attester que non seulement elle les donna à son mari, mais qu’elle leur enseigna la doctrine du mariage plural et les exhorta à l’accepter ». Signé, Eliza R. Snow, une des femmes de Joseph Smith le prophète (Id., p. 224 ; Deseret News, 22 octobre 1879).

 

 

Femmes scellées au prophète

 

      Le président Joseph F. Smith tire cette conclusion : « Il y a suffisamment de preuves pour montrer sans qu’il puisse subsister l’ombre d’un doute que Joseph Smith, le prophète, enseigna et pratiqua bien le principe du mariage plural de son vivant ». Andrew Jenson donne dans le Historical Record les noms de vingt-sept femmes membres de l’Église qui furent scellées par mariage plural à Joseph Smith durant les trois dernières années de sa vie. D’autres femmes furent également scellées au prophète après sa mort. L’une d’elles fut Rachel Ivins, qui, après être arrivée en Utah, épousa Jedediah M. Grant, deuxième conseiller du président Young et devint la mère de Heber J. Grant, septième président de l’Église.

 

 

Présentation de la révélation au Grand Conseil   

 

      « Le ou vers le 12 août 1843 », Hyrum Smith lut la révélation sur le mariage plural au « Grand Conseil et rendit témoignage de sa véracité ». Elle fut acceptée par un vote de neuf contre trois. Il est intéressant de constater que les neuf frères qui acceptèrent la révélation restèrent fermes dans l’Évangile de Jésus-Christ, mais d’autre part, les trois qui rejetèrent la révélation entrèrent en dissidence, luttèrent contre l’Église et moururent sans en être membres (Jenson, op. cit., p. 227-233). 

 

 

« J’ai désiré la tombe » 

 

      On peut voir d’après ce qu’il déclara dans un sermon prononcé à Provo (Utah) le 14 juillet 1855 que Brigham Young, président du collège des douze apôtres à l’époque où la révélation fut donnée, ne reçut pas la révélation avec beaucoup de joie : « Si on m’avait demandé ce qu’était mon choix quand Joseph Smith révéla cette doctrine… j’aurais dit, à condition que cela ne diminuât pas mon salut : ‘N’avoir qu’une seule femme ‘... Je n’étais pas désireux de reculer devant aucun devoir, ni de m’abstenir le moins du monde de faire ce qui m’était commandé, mais ce fut la première fois de ma vie que j'avais désiré la tombe, et il me fallut longtemps pour me faire une raison (B. H. Roberts, Comprehensive History, vol. II, p. 102, 103).

 

 

Témoignage de John Taylor

 

« J'ai toujours entretenu des idées strictes sur la vertu, et, en tant qu'homme marié, j'avais le sentiment que c'était pour moi, en dehors de ce principe, une chose terrible à faire. L'idée d'aller demander à une jeune fille de m'épouser alors que j'avais déjà une femme ! C'était une chose calculée pour émouvoir l'âme humaine au plus profond de son être. J'avais toujours entretenu la chasteté la plus stricte... Avec les sentiments que j'éprouvais, seules la connaissance de Dieu, des révélations de Dieu, et de leur authenticité, auraient pu m'amener à embrasser un pareil principe » (B. H. Roberts, The Life of John Taylor, p. 100).

 

À cause des intenses persécutions qui eurent lieu à Nauvoo durant les quelques dernières années de la vie du prophète, la révélation sur le mariage plural ne fut pas publiée au monde avant 1852, cinq ans après que les saints se fussent établis dans les vallées des Montagnes Rocheuses, loin des mains de leurs persécuteurs.

 

 

Mise en pratique

 

À aucun moment de l'existence du mariage plural, de 1841 environ à 1890, le nombre de frères qui vécurent cette loi ne dépassa deux ou trois pour cent de la population masculine de l'Église (Widtsoe, op. cit., p. 85). Toute personne qui entrait dans ce saint ordre le faisait avec la permission du président de l'Église, et il devait aussi, disait la révélation, obtenir la permission de sa première femme.

 

Joseph Smith enseigna que les femmes plurales devaient être scellées à leur mari pour le temps et l'éternité, que les participants ne devaient avoir d'autre but que de fonder des foyers et donner naissance aux enfants spirituels de Dieu, les amener dans une vie de famille honorable et leur accorder le privilège de naître sous la nouvelle alliance éternelle.

 

 

Fiers de leur héritage

 

John A. Widtsoe fait ce commentaire : « De nombreuses femmes plurales ont témoigné du ton moral élevé de leurs rapports avec leurs maris. Non seulement toutes les femmes étaient égales quant aux droits de propriété, mais aussi traitées avec une déférence égale, et tous les enfants étaient éduqués et reconnus d'une manière égale. Le mariage plural mormon n'avait rien de semblable à la vie lascive de l'homme pour qui la femme n'est que le moyen de satisfaire ses désirs. Les femmes n'étaient pas forcées de pratiquer le mariage plural. Elles le contractaient volontairement, les yeux ouverts. À peu d'exceptions près, les hommes et les femmes qui vécurent le mariage plural étaient purs et généreux. Leurs descendants, dont des dizaines de milliers sont en vie, dignes citoyens, sont fiers de leur héritage. L'histoire des saints des derniers jours, parfaitement accessible, quand elle est lue par des hommes honnêtes, infirme la théorie selon laquelle le mariage plural aurait été le produit de la licence ou de la sensualité » (Widtsoe, op. cit., p. 308).

 

 

Congrès des États-Unis

 

Pendant vingt ans après que le prophète eut accepté le mariage plural, il n'y eut pas de loi aux États-Unis interdisant à un homme d'épouser plus d'une femme. Pour les statuts du pays, toute personne était libre de choisir la monogamie ou la polygamie comme mode de vie de famille.

 

Les lois fédérales qui condamnèrent le mariage plural furent passées en 1862, 1882 et 1887, mais l'Église et ses avocats considérèrent ces lois comme anticonstitutionnelles. Il fut déclaré que pareils décrets constituaient des infractions contre les droits et les croyances religieuses des citoyens des États-Unis, car le Congrès ne pouvait faire aucune loi interdisant le libre exercice de la religion. Il en résulta un conflit entre le Congrès et les mormons. En mai 1890, après des années de débat, la Cour Suprême des États-Unis rendit constitutionnelles les lois prohibant le mariage plural, avec trois voix d'opposition.

 

 

Emprisonnés

 

      Avant même que la Cour Suprême eût passé sa décision, les agents fédéraux d'Utah avaient envoyé en prison plus de 1300 officiers de l’Église, lesquels subirent des peines allant de quelques dollars à cinq cents dollars et cinq ans de prison. En outre, le juge menaça d'infliger des peines accrues à tout homme qui, ayant purgé sa peine, retournait dans sa famille plurale.

 

Un certain nombre de femmes furent citées à comparaître au tribunal comme témoins ; et comme elles refusaient de répondre à une liste de questions relatives à leurs enfants et à leurs relations maritales, le juge les accusa  « d'outrage à la Cour » et les envoya en prison. Annie Gallifant y resta vingt-quatre heures ; Nellie White, six semaines ; Belle Harris, nièce de Martin Harris, reçut une amende de 25 dollars et fut détenue de mai à août 1884 (Whitney, Popular History of Utah, p. 368, 369 ; Roberts, Comprehensive History, Vol. VI, p. 211).

 

Craignant les arrestations croissantes, les pères de familles plurales allèrent en « exil » ou en « cachette », ce qu'on a appelé le « maquis ». Le président John Taylor, forcé de s'exiler les deux dernières années de sa vie, mourut dans sa retraite le 27 juillet 1887, à Kaysville, Comté de Davis (Utah). Des milliers de saints remplissaient le tribunal à ses funérailles, où les policiers fédéraux montaient la garde pour empêcher beaucoup de dirigeants de l'Église d'être présents.

 

 

Dissolution de l'Église

 

Avant que la Cour Suprême eût pris sa décision finale, le Congrès passa la loi Edmunds-Tucker de 1887, qui dissolvait l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours au point de vue légal et confisquait ses biens - personnels et fonciers - à l'exception des « cimetières » et « des lieux utilisés exclusivement à des fins cultureIles ». Le droit de suffrage des femmes parmi les mormons fut également retiré.

 

Le marshal Dyer, nommé receveur pour le gouvernement, prit possession des propriétés de l'Église - biens fonciers et bâtiments - à Salt Lake City et administra les affaires comme il lui semblait bon. Il interdit à l'Église d'entreprendre aucune affaire, et il reloua à des membres individuels de l'Église les bureaux des dîmes et de l'historien, pour 2400 dollars par an, et la Gardo House dans laquelle le président Taylor avait vécu, pour 5500 dollars. Bien que l'Église eût cessé la construction du temple de Salt Lake, elle conservait cependant le contrôle de Temple Square et de ses bâtiments en versant des honoraires. En moins d'un an, le marshal Dyer et ses deux assistants avaient retiré comme salaire des biens de l'Église 26825 dollars en argent liquide (Id, p. 198).

 

 

Privation des droits civiques

 

En outre, le gouvernement ôta à tous les polygames leurs droits civiques, ainsi qu'à tous les hommes qui avaient, à une époque quelconque, vécu avec plus d'une femme, et leur refusa trois libertés : le droit de vote, le droit de remplir des offices et le droit d'être jugés par un jury.

 

Des agents fédéraux munis de  « serments d'épreuve » furent envoyés dans toutes les localités du territoire, pour exiger de tous les citoyens qu'ils signent le serment qu'ils n'étaient pas polygames, avant de leur permettre de voter. Beaucoup de mormones - polygames ou non - indignées, refusèrent de répondre à cette liste de questions et de signer le serment.

 

 

Dislocation de la vie communautaire

 

L'État d'Idaho, exécutant les lois encore plus sévèrement que l'Utah, refusa la citoyenneté à tous les mormons, qu'ils fussent polygames ou non. D'autres États avoisinants passèrent des lois similaires et imposèrent de lourds châtiments. La vie communautaire mormone – religieuse, sociale et politique - se disloqua profondément.

 

 

Révélation du Manifeste 

 

      Les mormons se trouvaient dans grave dilemme, pris entre les révélations de Dieu, d’une part, et les lois du pays qui interdisaient Ie mariage plural, d’autre part. Le 25 septembre 1890, le président Wilford Woodruff écrivait au sujet de ces temps d'épreuve : « Après avoir prié le Seigneur et me sentant inspiré, j'ai publié la déclaration suivante, le Manifeste qui mettait fin au mariage plural, que soutiennent mes conseillers et les douze apôtres ».

 

      Dix jours plus tard, à la conférence d'octobre, le président Woodruff présenta le Manifeste à l'Église, après quoi la congrégation au Tabernacle vota de mettre fin au mariage plural aux États-Unis (D&A, Déclaration officielle – 1). Cependant pendant plusieurs années après que le Manifeste eût été publié, il fut permis aux membres de l'Église du Mexique et du Canada de pratiquer le mariage plural, mais plus tard il fut supprimé dans toute l'Église.

 

 

Pétition adressée au gouvernement

 

La Première Présidence et le collège des douze apôtres croyaient sans réserve que le Manifeste était un document divin. Ces quinze hommes apposèrent leur nom à une pétition adressée au gouvernement fédéral, le 19 décembre 1891, demandant au Congrès de restituer les biens de l'Église et d'accorder de nouveau les droits sacrés de la citoyenneté. Les dirigeants de l'Église attestaient solennellement au gouvernement : « Selon notre religion, le dirigeant de l'Église reçoit de temps en temps des révélations pour le gouvernement religieux de son peuple. En septembre 1890, le dirigeant actuel de l'Église, dans l'angoisse et la prière, implora Dieu d'aider son troupeau, et reçut la permission d'aviser les membres de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours que la loi commandant la polygamie était dorénavant suspendue » (Widtsoe, op. cit., p. 87-89).

 

 

Révélations importantes

 

À propos du Manifeste, le président Woodruff déclara le dimanche 1er novembre 1891 à Logan (Utah) : « Cette Église n'a jamais été dirigée un seul jour autrement que par la révélation... J'ai eu quelques révélations récemment, et des révélations qui étaient pour moi très importantes, et je vais vous dire ce que le Seigneur m'a dit. Laissez-moi attirer votre attention sur ce que l'on appelle le Manifeste. Le Seigneur m'a dit par révélation qu'il y a beaucoup de membres de l'Église dans tout Sion qui sont cruellement éprouvés dans leur cœur à cause du mariage plural.

 

Le Seigneur m'a montré par la vision et la révélation ce qui se produirait si nous ne cessions cette pratique. Si nous n'y avions pas mis fin, vous n'auriez pas besoin... d'aucun des hommes de ce temple de Logan ; car toutes les ordonnances seraient arrêtées dans tout le pays de Sion. La confusion régnerait dans tout Israël, et beaucoup d'hommes seraient faits prisonniers. Ce malheur aurait frappé l'Église tout entière, et nous aurions été obligés de mettre un terme à cette pratique. La question est donc de savoir si elle devait être arrêtée de cette manière, ou de la manière que le Seigneur nous a manifestée, et laisser libres nos prophètes, nos apôtres et nos pères, et les temples entre les mains du peuple, de manière que les morts puissent être rachetés ».

 

 

« J'ai écrit ce que le Seigneur m'a dit d'écrire »

 

Le président Woodruff poursuit : « Le Seigneur... m'a dit exactement ce que je devais faire, et ce qu'il en résulterait si nous ne le faisions pas... Mais je veux dire ceci : J'aurais laissé tous les temples sortir de nos mains, je serais allé en prison moi-même, et j'y aurais laissé aller tous les autres hommes, si le Dieu du ciel ne m'avait pas commandé de faire ce que j'ai fait ; et lorsque l'heure fut venue où il me fut ordonné de le faire, tout était clair pour moi. J'allai devant le Seigneur, et j'écrivis ce que le Seigneur me dit d'écrire... » (Deseret News, 8 et 21 novembre 1891 ; Widtsoe, op. cit., p. 65-89 ; G. H. Durham, Discourses of Wilford Woodruff, Chap. XVI ; Deseret News, 18 avril 1951).

 

 

« Le commandement de Dieu »

 

      À cette même réunion le premier conseiller du président Woodruff, George Q. Cannon, affirma : « Dieu donna le commandement et il fallait le commandement de Dieu pour nous faire changer d'attitude. Le président Woodruff détient la même autorité que l'homme par qui la révélation parvint à l'Église. Il fallait la même autorité pour nous dire : ' Cela suffit. Dieu a accepté votre sacrifice ' » (Idem).

 

 

Statut constitutionnel du Manifeste

 

      À différentes époques, les officiers de l'Église ont continué à affirmer lors d’allocutions solennelles que le Manifeste n'était pas un instrument fragile, qu'il ne fut pas forgé sur l'enclume de la tromperie, que lorsqu'il fut approuvé par l'Église assemblée en conférence, il devint loi constitutionnelle pour les saints.

 

 

Châtiment des violateurs de la loi

 

      Parce que le Manifeste était accepté par le peuple mormon aussi bien que par le gouvernement fédéral, lequel gouvernement restitua plus tard de bonne foi à l'Église ses biens et ses droits civiques, l'Église a pris fermement position contre ceux qui ont persisté à enfreindre cette loi. Au cours du XXe siècle, des violateurs ont été excommuniés dé l'Église, tandis que les cas de transgression grave ont été soumis à des amendes et à de l'emprisonnement sur ordre de la Cour Suprême des États-Unis.

 

 

Source : Carter E. Grant, Le royaume de Dieu rétabli, 1955, p. 287-297 de l'édition française de 1964