Le mariage et le mariage céleste

 

 


James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du Collège des Douze de 1911 à 1933

 

 

 

 

Le mariage

 

      Les enseignements des Écritures concernant la nécessité du mariage sont nombreux et explicites. « Le Seigneur Dieu dit : Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Gen. 2:18). Cette déclaration générale fut faite au sujet d'Adam immédiatement après son établissement en Éden. Ève lui fut donnée, et l'homme reconnut la nécessité d'une association permanente des sexes dans le mariage, et dit : « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Gen. 2:24). En tant que contrepartie de la Divinité, aucun des sexes n'est complet en lui-même. On nous dit expressément que Dieu est le Père des esprits (voir Nom. 22 ; voir aussi Héb. 12:9) et pour bien saisir le sens littéral de cette vérité solennelle, nous devons savoir qu'il existe une mère des esprits [1]. Nous lisons au sujet de la création des hommes : « Dieu créa l'homme à son image ; il créa l'homme à l'image de Dieu : il créa l'homme et la femme » (Gen. 1:27 ; 5:2).


      Le but de cette double création est indiqué dans le verset suivant du récit sacré. « Dieu les bénit, et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre » (Gen. 1:28 ; 1, 7 ; Lév. 26:9). Un tel commandement aurait été nul et non avenu s'il avait été adressé uniquement à l'un ou à l'autre des sexes ; et sans la faculté de perpétuer son espèce, la gloire et la majesté de l'homme n'auraient pas de sens ; car les oeuvres d'un individu quelconque dans cette vie mortelle représentent bien peu de chose, en vérité.


      Aussi grandioses que puissent paraître les exploits d'un homme qui est vraiment grand, le point culminant de sa glorieuse carrière consiste à laisser une postérité pour continuer son oeuvre et rehausser les triomphes de l'ancêtre. Et si cela est vrai des mortels en ce qui concerne les choses de cette terre, combien plus grand est le pouvoir de la multiplication éternelle, lorsqu'on la considère à la lumière de la vérité révélée sur la progression infinie dans l'état futur. En vérité, l’apôtre était sage lorsqu'il dit : « Toutefois, dans le Seigneur, la femme n'est point sans l'homme ni l'homme sans la femme » (1 Cor. 11:11 ).


      Les saints des derniers jours acceptent la doctrine que le mariage est honorable (voir Héb. 13:4) et qu'il est requis de tous ceux ne sont pas empêchés, par une incapacité physique ou autre, d'assumer les responsabilités sacrées de l'état conjugal. Ils considèrent que chaque homme digne possède, de naissance, le devoir et la bénédiction de devenir chef de famille et père d'une postérité qui, par la grâce de Dieu, peut ne jamais s'éteindre ; et le droit de chaque femme digne d'être épouse et mère dans la famille humaine est tout aussi grand. En dépit du caractère simple, raisonnable et naturel de ces enseignements, de faux docteurs se sont élevés parmi les hommes, proclamant cette doctrine pernicieuse que l'état de mariage n'est qu'une nécessité de la chair, héritée par l'homme, conséquence de sa dégradation, et que le célibat est la marque d'un état élevé, plus acceptable aux
yeux de Dieu. Voici ce que le Seigneur a dit de nos jours, au sujet de tels hommes : « En vérité, je vous dis que quiconque interdit le mariage n'est pas ordonné de Dieu, car le mariage est un commandement de Dieu à l'homme... afin que la terre puisse répondre au but de sa création ; et qu'elle soit remplie de sa mesure d'hommes, selon leur création avant que le monde ne fût fait » (D&A 49:15-17).

 

 

Le mariage céleste

 

      Le mariage tel qu'il est considéré par les saints des derniers jours est honoré par Dieu et est destiné à être une relation éternelle des sexes. Ce peuple ne le considère pas simplement comme un contrat temporel valide sur terre autant que dure la vie mortelle des parties intéressées, mais comme une alliance solennelle qui se prolonge au-delà du tombeau. Dans l'ordonnance complète du mariage, l'homme et la femme sont placés sous une alliance de fidélité mutuelle, non pas « jusqu'à ce que la mort vous sépare », mais « pour le temps et pour toute éternité ». Un contrat d'une portée aussi grande que celui-ci, s'étendant non seulement à travers le temps tout entier mais aussi dans le domaine de l'au-delà, requiert, pour être validé, une autorité supérieure à celle de la terre ; et nous trouvons cette autorité dans la sainte prêtrise, qui, venant de Dieu, est éternelle. Tout pouvoir moindre que celui-ci, bien que valide dans cette vie, est nul quant à la condition de l'âme humaine au-delà du tombeau.


      Le Seigneur a dit : « Tous contrats, alliances, liens, obligations, serments, vœux, actes, unions, associations ou promesses qui ne se font pas et qui ne sont pas scellés par le Saint-Esprit de promesse, de la main de celui qui est oint, à la fois pour le temps et pour toute l'éternité, de la façon la plus sacrée, par révélation et par commandement, par l'intermédiaire de celui que j'ai oint et que j'ai choisi sur terre pour détenir ce pouvoir… n'ont aucune validité, vertu ou force dans et après la résurrection des morts ; car tous les contrats qui ne sont pas faits de la sorte prennent fin quand les hommes sont morts. » (D&A 132:7)


      Quant à l'application du principe de l'autorité terrestre pour les choses de cette terre, et de l'autorité éternelle pour les choses au-delà du tombeau, au contrat sacré du mariage, la révélation ajoute ceci : « C'est pourquoi, si un homme épouse une femme en ce monde, mais ne l'épouse pas par moi ni par ma parole, et fait alliance avec elle aussi longtemps qu'il est dans le monde et elle avec lui, leur alliance et mariage ne sont pas valides lorsqu'ils sont morts et hors du monde ; ils ne sont donc liés par aucune loi lorsqu'ils sont hors du monde. C'est pourquoi, lorsqu'ils sont hors du monde, ils ne peuvent se marier ni être donnés en mariage, mais ils deviennent des anges dans les cieux ; lesquels anges sont des serviteurs au service de ceux qui sont dignes d'un poids de gloire beaucoup plus grand, extrême et éternel. Car ces anges ne se sont pas conformés à ma loi ; c'est pourquoi ils ne peuvent s'accroître, mais restent séparés et célibataires, sans exaltation, dans leur état sauvé, à toute éternité ; et, par conséquent, ils ne sont pas dieux, mais anges de Dieu, pour toujours et à jamais. » (D&A 132:15-17)


      Ce système de mariage sacré, comprenant des alliances portant sur cette vie et sur toute éternité, porte le nom distinctif de mariage céleste – l'ordre de mariage qui existe dans les mondes célestes. L'ordonnance du mariage céleste est permise seulement à ces membres de l'Église qui sont jugés dignes de participer aux bénédictions de la Maison du Seigneur ; car cette ordonnance, avec d'autres ordonnances valables éternellement, doit être administrée dans les temples élevés et dédiés à ces services sacrés (voir D&A 124:30-40).

 

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NOTE

 

[1] Jésus-Christ n'est pas le Père des esprits qui ont pris ou prendront encore un corps sur cette terre, car il est l'un d'eux. Il est le Fils, comme ils sont fils et filles d'Élohim. Dans la mesure où les étapes de la progression et des réalisations éternelles ont été communiquées par la révélation divine, nous devons comprendre que seuls des êtres ressuscités et glorifiés peuvent devenir parents de descendants spirituels. Seules ces âmes exaltées ont atteint la maturité dans le cours fixé de la vie éternelle ; et les esprits qui leur sont nés dans les mondes éternels passeront par la même succession à travers les étapes ou états respectifs par lesquels les parents glorifiés ont atteint l'exaltation.


Le mormonisme proclame un rapport réel et littéral de parent à enfant entre le Créateur et l'homme - non pas au sens figuré dans lequel la machine peut être appelée l'enfant de son constructeur ; non la relation d'une chose manufacturée envers son fabricant, mais la relation entre père et rejeton. Bref, il a la hardiesse de déclarer que l'esprit de l'homme étant le rejeton de la divinité et le corps de l'homme, bien que composé d'éléments terrestres, étant à l'image et à la ressemblance même de Dieu, l'homme, même dans sa condition dégradée ou déchue actuelle, possède cependant, même si ce n'est qu'à l'état latent, des traits, des tendances et des pouvoirs hérités, qui parlent de sa descendance plus que royale, et ceux-ci peuvent être développés jusqu'à le rendre, alors même qu'il est mortel, dans une certaine mesure, semblable à Dieu.


Mais le mormonisme est plus hardi encore. Il affirme qu'en accord avec la loi inviolable de la nature organique - selon laquelle une espèce produit la même espèce et la multiplication des nombres et la perpétuation des espèces sont conformes à la condition « chacun selon son espèce » - l'enfant peut devenir tel que ses parents étaient, et que dans sa condition mortelle, l'homme est un Dieu en embryon. Aussi loin que cela puisse être dans l'avenir, quel que soit le nombre d'âges qui puissent s'écouler, quelque longue que soit l'éternité qui peut passer avant qu'un individu, actuellement être mortel, puisse atteindre le rang et la sainteté de la Divinité, l'homme porte cependant en son âme les possibilités d'y parvenir ; de même que la chenille rampante ou la chrysalide cadavéreuse, détient la possibilité latente, non, la certitude même, à moins qu'elle ne soit détruite à un stade antérieur, de devenir l'insecte ailé dans toute la gloire de sa maturité.


Le mormonisme proclame que toute la nature, aussi bien sur la terre que dans les cieux, fonctionne selon un plan d'avancement ; que le Père éternel même est un Être progressif ; que sa perfection, si complète qu’elle ne peut être comprise par l’homme, possède cette qualité essentielle de la perfection véritable - la capacité de croître éternellement. Que, pour cette raison, dans un lointain avenir, au-delà de l’horizon des éternités peut-être, l’homme peut atteindre la stature d’un Dieu. Cependant, cela ne signifie pas qu’il sera alors l’égal de la Divinité que nous adorons, ni qu’il rattrapera jamais ces intelligences qui le dépassent déjà en avancement ; car certifier une telle chose serait prétendre qu’il n’y a aucune progression en dehors d’un certain état d’accomplissement, et que l’avancement est une caractéristique d’une organisation moindre et d’un but inférieur seulement. Nous croyons qu’il y avait plus que la résonance de l'airain ou le retentissement de cymbales verbeuses dans la fervente exhortation du Christ à ses disciples : « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait » (L'auteur, dans The Story and Philosophy of Mormonism, p. 108-110, Salt Lake City, 1920)

 

 

Source : James E. Talmage, Étude des Articles de foi de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Salt Lake City, 1890