La recherche constante de la vérité

 



Gordon B. Hinckley (1910-2008)

 

Assistant des Douze de 1958 à 1961

Membre du collège des Douze de 1961 à 1981

Conseiller dans la Première Présidence de 1981 à 1995

Président de l’Église de 1995 à 2008




Version rééditée du discours prononcé par l'auteur en juin 1983, à l'université Brigham Young, à Hawaii, lors de la cérémonie de remise des diplômes




Nous, membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, avons l'obligation d'observer le commandement d'étudier et d'apprendre. Le Seigneur a dit : « Cherchez des paroles de sagesse dans les meilleurs livres ; cherchez la science par l'étude et aussi par la foi » (D&A 88:118).


Il a, en outre, établi clairement que notre recherche de la vérité doit être infinie, que nous devons avoir la connaissance de « ce qui se trouve dans le ciel, sur la terre et sous la terre, de ce qui a été, de ce qui est, de ce qui doit arriver sous peu; de ce qui se passe au pays, de ce qui se passe à l' étranger ; des guerres et des perplexités des nations, et des jugements qui sont sur le pays ; et afin que vous ayez aussi une connaissance des pays et des royaumes » (D&A 88:79).


Le Seigneur nous a chargés de nous développer constamment en vue de l' éternité ! Nul d'entre nous ne peut supposer qu'il a assez appris. La porte qui se ferme sur une des phases de la vie s'ouvre sur une autre, au cours de laquelle nous devons acquérir de nouvelles connaissances.


Notre recherche de la vérité – recherche qui doit inclure les vérités spirituelles et religieuses aussi bien que les connaissances de ce monde – doit être incessante. Tout en nous développant et en progressant, recherchons surtout ce qui est bon, ce qui est beau, ce qui est édifiant.


J'essaie de lire deux ou trois journaux par jour. Je lis parfois les éditoriaux. À l'occasion j'écoute les commentateurs de la télévision et de la radio. Ces commentateurs sont brillants. Ils savent manier la langue et connaissent l'art d'écrire. Mais, la plupart du temps, je trouve que, quel que soit le sujet qu'ils traitent, ils semblent viser surtout les échecs et les faiblesses. Ils critiquent constamment et ne louent que rarement.


Et cette attitude n'est pas l'apanage des éditorialistes des journaux, de la télévision ou de la radio. Nombre de lettres adressées aux journaux débordent d'hostilité, écrites par des gens qui semblent ne trouver rien de bon dans ce monde, ni chez leurs amis. La critique, la médisance, la calomnie, ce sont là les sentiments de notre époque. On nous dit qu'il n'y a nulle part d'homme intègre détenant d'office politique. Les hommes d'affaires, nous dit-on, sont des escrocs. On affirme que les services publics ont l'intention de nous écorcher en majorant leurs factures. On entend partout l'observation injurieuse, le commentaire sarcastique, l'attaque verbale contre la réputation d'autrui. Il est triste de constater que c'est là trop souvent le fond de nos conversations. Dans nos foyers, les femmes pleurent et les enfants sont profondément perturbés à cause des critiques de leurs maris et pères. La critique mène au divorce et pousse notre jeunesse à la rébellion. Elle mène parfois même à la destruction de la dignité et de la valeur de l'individu. Dans l'Église, elle mène à l'inactivité et finalement l'apostasie.


Ce que je demande, c'est que nous cessions de rechercher les tempêtes et les ombres de la vie, et que nous appréciions plus pleinement la lumière du soleil. Je propose qu'au fil de nos jours nous portions notre attention principalement sur ce qui édifie. Ce que je demande, c'est que nous scrutions mieux pour trouver le bien, que nous arrêtions le bruit des insultes et des sarcasmes et que nous soyons plus généreux de nos compliments envers la vertu et l'effort. Je ne demande pas de s'abstenir de toute critique. C'est en se corrigeant qu'on grandit. C'est en se repentant qu'on devient fort. Sage est l'homme qui sait reconnaître ses fautes qui lui sont indiquées par autrui et changer sa façon d'agir.


Ce que je propose, c'est que nous renoncions tous à l'attitude négative qui se répand dans notre société et recherchions ce qu'il y a de bon et de remarquable chez ceux qui nous entourent ; c'est que nous parlions des vertus les uns des autres plutôt que de nos fautes ; c'est que l'optimisme remplace le pessimisme et que notre foi soit plus forte que nos craintes. Quand j'étais jeune et que j'étais enclin à critiquer les gens ou les événements, mon père disait : « Les pessimistes n'apportent rien, les incrédules ne créent rien, les sceptiques n'accomplissent rien. »


Considérer les choses sous leur aspect le plus sombre mène au pessimisme, qui aboutit si souvent à la défaite. S'il y a jamais eu homme capable d'encourager une nation à son heure la plus sombre, c'est bien Winston Churchill, premier ministre de Grande-Bretagne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les bombes pleuvaient sur Londres. Les troupes nazies avaient envahi l'Autriche, la Tchécoslovaquie, la France, la Belgique, la Hollande, la Norvège et s'avançaient en Russie. La plus grande partie de l'Europe était sous le talon de la tyrannie, et l'Angleterre devait être la prochaine victime. À cette heure d'extrême danger, alors que les coeurs défaillaient, Churchill a proclamé :


« Ne parlons plus de jours plus sombres ; parlons plutôt de jours plus rigoureux. Ce ne sont pas des jours sombres : ce sont des jours de grandeur – les plus grands que notre pays ait jamais vécus. Et nous devons tous remercier Dieu qu'il nous a été permis, à chacun de nous selon notre place dans la vie, de contribuer à rendre ces jours mémorables dans l'histoire de notre race. » (discours prononcé au collège de Harrow, le 29 octobre 1941)


Une année plus tôt, après le terrible désastre militaire de Dunkerque, lorsque la Grande-Bretagne a tenté d'envahir l'Europe et de repousser l'ennemi, maints prophètes de malheur avaient prédit la fin de cette nation. Mais en cette heure sombre et solennelle, cet homme remarquable, Churchill, a déclaré – et je l'ai entendu prononcer ces paroles radiodiffusées dans le monde entier : « Nous ne faiblirons pas et nous n'échouerons pas... nous nous battrons en France, nous nous battrons sur les mers et les océans, nous nous battrons avec toujours plus d'assurance et de force dans les airs, nous défendrons notre île à tout prix, nous nous battrons sur les plages, nous nous battrons sur les terrains d'atterrissage, nous nous battrons dans les champs et dans les rues, nous nous battrons sur les collines ; nous ne nous rendrons jamais ! » (discours prononcé devant le Parlement britannique, à Londres, le 4 juin 1940)


C'est ce genre de discours, celui d'un homme qui voyait poindre au loin la victoire à travers les nuages noirs de la guerre, et non pas la censure des pessimistes qui a contribué à préserver le peuple de Grande-Bretagne de la catastrophe.


Je ne doute pas que bon nombre d'entre nous éprouvent des craintes pour leur avenir. Nous vivons à une époque où le monde entier est agité. Nous passons de temps en temps par des périodes difficiles. Ne désespérez pas. N'abandonnez pas. Attendez le soleil qui brille derrière les nuages. Des occasions finiront par vous être présentées. Ne permettez pas aux prophètes de malheur de mettre votre potentiel en péril.


Ce conseil s'adresse aussi à nous tous qui sommes membres de l'Église du Seigneur. On dirait que nous faisons face à une armée de critiques. Certains semblent vouloir essayer de nous détruire. ils se moquent de ce qui est sacré. Ils dénigrent ce qui pour nous est divin. Certains critiques affirment que nous sommes victimes d'erreurs qui se sont glissées dans notre histoire. D'autres ont travaillé en toute diligence pour trouver des défauts chez les premiers dirigeants de l'Église. On nous accuse d'être opposés à la raison, à la pensée rationnelle.


Ce sont là de graves accusations contre une Église qui enseigne que « la gloire de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité » (D&A 93:36). Ce sont là des inculpations sérieuses contre une Église qui, chaque année, emploie une grande partie de ses revenus à instruire sa jeunesse. Ceux qui nous critiquent ont perdu de vue la gloire et les prodiges de cette oeuvre. Ils sont tellement occupés à nous trouver des fautes qu'ils ne voient pas la grandeur de l'oeuvre du Seigneur. Ils ont perdu de vue l'étincelle spirituelle qui a jailli à Palmyra (New York) et qui maintenant allume des brasiers de foi d'un bout à l'autre de la terre, dans maints pays et en de nombreuses langues. Suivant la philosophie de l'humanisme qui ne reconnaît pas le besoin d'intervention divine, ils ne parviennent pas à comprendre que l'influence du Saint-Esprit a joué un rôle aussi important dans les actions de nos prédécesseurs que les procédés de la raison. Ils n'ont pas compris que la religion concerne autant le coeur que l'intellect.


Le poète et philosophe américain George Santayana a écrit :


Ô monde, tu ne choisis pas la meilleure part !

Ce n'est pas la sagesse de n'être que sage

Et de fermer les yeux sur la vision intérieure,

Mais c'est la sagesse de croire son coeur.


Parmi une vaste quantité d'informations, nos critiques semblent choisir et traiter celles qui ravalent et déconsidèrent des hommes et des femmes d'autrefois qui ont travaillé avec tant d'acharnement à poser les fondations de cette grande cause. Ceux qui lisent de tels écrits semblent goûter chaque point défavorable. Ce faisant, ils savourent simplement quelques miettes au lieu de profiter des nombreux plats d'un repas agréable et satisfaisant.


Ce que je réclame, c'est qu'en continuant notre recherche de la vérité, surtout nous, les membres de l'Église, nous cherchions ce qui fait la vaillance et la bonté plutôt que la faiblesse et la défaillance chez ceux qui ont accompli une oeuvre si grande à leur époque.


Nous reconnaissons que ceux qui nous ont précédé étaient humains. Sans aucun doute, ils ont commis des erreurs. Certains d'entre eux ont reconnu leurs erreurs. Mais ces erreurs étaient insignifiantes si on les compare à l'oeuvre merveilleuse qu'ils ont accomplie. Monter en épingle les erreurs en passant sur le bien accompli équivaut à faire une caricature. Les caricatures sont amusantes, mais elles peuvent aussi être méchantes et menteuses. Quelqu'un peut avoir une verrue sur la joue tout en ayant un visage exprimant la beauté et la force de caractère. Mais si la verrue est exagérée en comparaison avec ses autres traits, le portrait manque d'intégrité.


Il n'y a eu sur cette terre qu'un seul homme parfait. Le Seigneur s'est servi d'hommes imparfaits pour travailler à l'édification de sa société parfaite. Si certains ont parfois trébuché ou s'ils ont fait preuve de certaines faiblesses de caractère, il en est d'autant plus prodigieux qu'ils aient tant accompli.


Je mentionne cela parce que j'espère que nous allons chercher les éléments constructifs qui entraînent le développement et l'enthousiasme. Nous ne sommes pas victimes de notre histoire. Cette histoire contient la fondation de cette oeuvre. Elle décrit, de façon relativement détaillée, les circonstances et les événements relatifs au rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ. Si le tableau n'est pas toujours complet ou s'il existe des versions un peu différentes de certains événements, la probité intellectuelle nous indique qu'il n'y a rien de nouveau à cela. Par exemple, le Nouveau Testament comprend quatre évangiles. Le ton de chacun est le même, mais chaque auteur a choisi les points sur lesquels il désirait particulièrement mettre l'accent, et ce n'est qu'en les lisant tous les quatre et en les harmonisant que nous obtenons l'image la plus complète, dans la mesure du possible, du Fils de Dieu qui a parcouru les chemins de la Palestine.


Je ne crains pas la vérité. Je l'accueille avec joie. Tout ce que je veux, c'est que les faits restent dans le contexte qui leur est propre, avec l'accent porté sur les éléments qui expliquent le grand développement et la force de cette organisation. J'ai senti le besoin d'exprimer tout cela parce qu'il y a aujourd'hui des gens qui accentuent le négatif et semblent ignorer complètement la grande source d'inspiration de cette oeuvre.


Cela m'amène à dire quelques mots sur l'intellectualisme. Un érudit a exprimé un jour l'opinion que l'Église est ennemie de l'intellectualisme. S'il veut dire par intellectualisme la doctrine philosophique qui enseigne que la connaissance provient, totalement ou principalement, de la raison pure, et que la raison est le principe final de la réalité, alors oui, nous sommes opposés à une interprétation aussi étroite quand on l'applique à la religion. Une telle interprétation exclut le pouvoir que possède le Saint-Esprit de parler aux hommes et par l'intermédiaire des hommes.


Bien sûr nous croyons au développement de l'esprit, mais l'intellect n'est pas la seule source de connaissance. Il y a une promesse faite sous l'inspiration du ToutPuissant, en ces termes remarquables : « Dieu vous donnera la connaissance par son Saint-Esprit, oui, par le don indicible du Saint-Esprit » (D&A 121:26).


Les humanistes qui critiquent l'oeuvre du Seigneur, les soi-disant intellectualistes qui la dénigrent, le font dans leur ignorance des manifestations spirituelles. Ils n'ont pas entendu la voix de l'Esprit. Ils ne l'ont pas entendue parce qu'ils ne l'ont pas cherchée et ne se sont pas préparés pour être dignes de l'entendre. Alors, supposant que la connaissance ne provient que du raisonnement et des exercices de la raison, ils nient ce qui provient de la puissance du Saint-Esprit.


Les choses de Dieu se comprennent par l'Esprit de Dieu. Cet Esprit est réel. Pour ceux qui ont bénéficié de sa puissance, la connaissance ainsi acquise est aussi réelle que celle provenant de l'exercice des cinq sens. Je rends témoignage de cela. Et je suis sûr que la plupart des membres de l'Église peuvent aussi en rendre témoignage. J'exhorte chacun de nous à continuer de mettre notre coeur au diapason de l'Esprit. Si nous le faisons, notre vie en sera enrichie. Nous nous sentirons vraiment de la famille de Dieu notre Père éternel. Nous connaîtrons une douce joie que l'on ne peut connaître autrement.

 

Ne nous laissons pas prendre au piège des arguments trompeurs du monde, lesquels, pour la plupart, sont négatifs et produisent des fruits amers. Allons de l'avant avec foi dans l'avenir, en parlant avec optimisme et en manifestant de l'assurance. Si nous le faisons, nous communiquerons notre force aux autres.


Le Sauveur traversait la foule lorsqu'une femme qui était malade depuis longtemps toucha son vêtement. Il s'aperçut qu'une force était sortie de lui. Cette force avait été communiquée à la femme. Qu'il en soit ainsi de chacun de nous.


Le Seigneur dit à Pierre : « Simon, Simon, Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas, et toi, quand tu seras revenu (à moi) affermis tes frères » (Luc 22:31, 32).


Ne nous abandonnons pas à l'attitude négative qui est si commune à notre époque. Il y a dans ce monde tant de douceur, tant de décence et tant de beauté sur lesquelles on peut édifier. Nous avons accepté l'Évangile de Jésus-Christ. Évangile signifie « bonne nouvelle » ! Le message du Seigneur est un message d'espérance et de salut ! La voix du Seigneur publie de bonnes nouvelles ! L'oeuvre du Seigneur est une oeuvre de réalisations glorieuses !


En une heure sombre et troublée, le Seigneur a dit à ceux qu'il aimait : « Que votre coeur ne se trouble pas et ne s'alarme pas » (Jean 14:27).


Ces paroles célèbres, qui inspirent la confiance, sont comme un phare pour chacun de nous. En lui nous pouvons vraiment mettre toute notre foi. Car il ne nous fera jamais défaut, ni lui ni ses promesses.



Source : L'Étoile, février 1986, p. 9-11