Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont
offensés
Spencer W. Kimball
Membre du collège des Douze de
1943 à 1970
Président suppléant du
collège des Douze de 1970 à 1972
Président du collège
des Douze de 1972 à 1973
Président de l’Église
de 1973 à 1985
Un message d'enseignement de paroisse
nous dit ceci :
« On
peut dire sans risque de se tromper que rien de ce que Jésus a
fait ne lui a apporté plus de joie que de pardonner à
ses semblables. Il a donné sa vie même pour que la
transgression d'Adam soit pardonnée et que nous nous en
voyions épargner les conséquences. Que chacun
réfléchisse à son passé et se souvienne
du moment où il a pardonné à quelqu'un. Y a-t-il
une joie qui ait été plus grande pour lui ? Y
a-t-il un sentiment qui ait été plus élevant ?
Les sentiments destructeurs de petitesse, de mesquinerie et de haine
ou l'aspiration à la vengeance sont chassés par
l'attitude de pardon. Le pardon vaut mieux que la vengeance, car il
est le signe d'une nature douce, alors que la vengeance est le signe
d'une nature sauvage[1]. »
Le grand Abraham Lincoln comprenait
ce principe mieux que la plupart des gens. Il avait la réponse
à beaucoup de problèmes. Son ministre de la Guerre,
Edwin Stanton, était un de ses problèmes. Edwin Stanton
écrivit une lettre violente à un général
qui l'avait insulté et l'avait accusé de favoritisme.
Il lut la lettre à Lincoln qui écouta et s'exclama
ensuite : « Excellent, Stanton, vous l'avez touché
en plein dans le mille ! »
Comme Stanton remettait la lettre
dans son enveloppe, Lincoln demanda vivement : « Eh
là, qu'est-ce que vous allez en faire maintenant ? »
« La lui envoyer. »
« Non, non, cela gâcherait
tout, répondit Lincoln. Classez-la. C'est le genre de
classement qui la garde fraîche et ne blesse pas l'autre. »
Paul
et Étienne pardonnaient à leurs ennemis
Savoir pardonner est le signe de la
vraie grandeur. Voyez la vie de Paul. Bien qu'il n'ait pas été
parfait, il fut, après sa conversion, un homme extrêmement
juste. Il nous a donné un bel exemple de pardon. Il dit :
« Alexandre,
le forgeron, m'a fait beaucoup de mal. Le Seigneur lui rendra selon
ses œuvres » (2 Timothée 4:14).
Paul était disposé à
laisser le jugement et le châtiment au Seigneur qui serait sage
et juste. Malgré tout ce qu'il avait souffert de la part de
ses oppresseurs, dont certains étaient des faux frères,
il n'était pas consumé de haine ou de rancune. Tout au
contraire.
Aux Corinthiens, il recommanda les
traits de caractère mêmes qu'il avait si pleinement
développés en lui (2 Cor. 11:23-28). Nous voyons
ici le noble Paul qui avait beaucoup souffert aux mains de ses
contemporains ; Paul qui avait été roué de
coups, qui avait subi l'incarcération dans de nombreuses
prisons ; Paul qui avait reçu deux cents coups de fouet
sur le dos, qui avait été battu de verges, Paul qui
avait été lapidé et laissé pour mort et
qui à trois reprises avait fait naufrage et avait lutté
plusieurs heures dans l'eau ; Paul qui avait souffert des
voleurs, avait été caché à ses
poursuivants et s'était échappé dans un panier
par-dessus le mur ; ce Paul qui avait tellement souffert à
cause des autres arriva vers la fin de sa vie disposé à
pardonner et dit :
« Dans
ma première défense, personne ne m'a assisté,
mais tous m'ont abandonné. Que
cela ne leur soit point imputé ! »
(2 Timothée 4:16).
Étienne fut lui aussi un
exemple de la nature divine du pardon. L'un des sept hommes choisis
pour l’œuvre temporelle de l'Église, c'était
un homme ‘plein de foi et d'esprit saint’. Sa vie était
à tel point proche de la perfection, que pour beaucoup « son
visage... parut comme celui d'un ange » (Actes 6:15).
Après le sermon cinglant qu'il adressa à ses
antagonistes, les méchants de l'endroit, il fut victime d'un
assassinat expéditif et pervers commis par des hommes qui se
précipitèrent sur lui,
« …
le traînèrent hors de la ville et le lapidèrent.
Les témoins déposèrent leurs vêtements aux
pieds d'un jeune homme nommé Saul. Et ils lapidaient Étienne,
qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon
esprit ! Puis, s'étant mis à genoux, il s'écria
d'une voix forte : Seigneur
ne leur impute pas ce péché ! Et,
après ces paroles, il s'endormit » (Actes
7:58-60).
Le
grand exemple de Jésus
Nous avons l'exemple suprême de
force d'âme, de bonté, de charité et de pardon
chez celui qui fut le modèle parfait, notre Sauveur
Jésus-Christ, qui nous commande à tous de le suivre.
Toute sa vie il avait été victime de la méchanceté.
Nouveau-né, on l'avait caché sur l'ordre d'un ange
apparu en songe pour lui sauver la vie et il avait été
emmené en Égypte. À la fin de sa vie
mouvementée, il avait fait preuve d'une dignité
silencieuse, pleine de retenue et divine pendant que des hommes
méchants lui couvraient le visage d'abominables crachats
chargés de germes de maladies. Quelle horreur ! Mais quel
calme il manifesta ! Quelle maîtrise de soi !
Ils le poussèrent çà
et là, le bousculèrent et le tourmentèrent. Pas
un mot de colère n'échappa à ses lèvres.
Quel maîtrise de soi ! Ils le giflèrent et le
frappèrent. Quelle humiliation ! Comme ce dut être
douloureux ! Et cependant il demeura résolu, ne se
laissant pas intimider. Il suivit littéralement sa propre
exhortation quand il tourna l'autre joue pour qu'on pût la
gifler et la frapper, elle aussi.
Ses propres disciples l'avaient
abandonné et s'étaient enfuis. C'est dans cette
position difficile qu'il affronta la canaille et ses dirigeants. Il
resta seul à la merci de ses assaillants et de ses détracteurs
brutaux et criminels.
Les mots sont, eux aussi, difficiles
à accepter. Les accusations, les récriminations et
leurs blasphèmes contre les choses, les personnes, les lieux,
les situations qui lui étaient sacrés, durent être
difficiles à accepter. Ils traitèrent sa douce et
innocente mère de fornicatrice, et cependant il tint bon, ne
bronchant jamais. Pas de révolte, pas de protestation, pas de
réfutation. Quand de faux témoins mercenaires furent
payés pour mentir à son propos, il parut ne pas les
condamner.
Ils déformèrent ses
paroles et interprétèrent faussement ses intentions, et
cependant il demeura calme et impassible. Ne lui avait-il pas été
enseigné de prier pour ceux ‘qui vous maltraitent’ ?
Il fut battu, officiellement
flagellé. On lui fit porter une couronne d'épines,
torture perverse. On se moqua de lui et on le railla. Il subit toutes
les indignités de la part de son propre peuple. « Je
suis venu chez les miens, et les miens ne m'ont point reçu »,
dit-il. Il dut porter sa propre croix, fut emmené au calvaire,
cloué sur une croix et subit des souffrances atroces.
Finalement, alors que les soldats et ses accusateurs étaient
au-dessous de lui, il regarda les soldats romains et dit ces paroles
immortelles :
« Père,
pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font » (Luc
23:34).
Nous
devons pardonner en toutes circonstances
Il aurait été facile à
Paul, à Étienne et à Jésus d'être
vindicatifs, je veux dire s'ils n'avaient pas assidûment
cultivé l'esprit de pardon. La vengeance est une réaction
de l'homme charnel et non de l'homme spirituel. Elle entre dans notre
vie quand nous le lui permettons par des malentendus et des offenses.
À l'époque moderne, le
Seigneur a parlé explicitement de ce sujet et a fait une
déclaration qui est surprenante par ce qu'elle implique. On la
trouve dans Doctrine et Alliances, section 64. Je n'oublierai jamais
cette Écriture, car elle est venue à moi d’une
manière qui m'a semblé miraculeuse.
Je me débattais avec un
problème communautaire dans une petite paroisse de l'Est où
deux hommes importants, des dirigeants, étaient empêtrés
dans un long et impitoyable conflit. Un malentendu les avait séparés,
et ils se haïssaient. Au fil des jours, des semaines et des
mois, la rupture n'avait cessé de s'aggraver. Les familles de
chacun des adversaires commencèrent à prendre parti et
finalement presque tous les membres de la paroisse furent impliqués.
Les rumeurs se répandirent, des différends furent
dévoilés et le commérage se déchaîna,
au point que la petite communauté était divisée
par un gouffre profond. Je fus envoyé régler l'affaire.
Après une longue conférence de pieu qui dura presque
deux jours, j'arrivai le dimanche vers six heures du soir dans cette
communauté frustrée et me réunis immédiatement
avec les principaux belligérants.
Comme nous luttâmes !
Comme je suppliai, mis en garde, priai et exhortai ! Rien ne
paraissait les émouvoir. Chaque antagoniste était si
sûr d'avoir raison et d'être justifié, qu'il était
impossible de le faire bouger.
Les heures passaient - il était
maintenant bien plus de minuit, et le désespoir semblait
envelopper l'endroit ; l'atmosphère était toujours
une atmosphère de mauvaise humeur et d'agressivité. La
résistance entêtée ne voulait pas céder.
C'est alors que l'événement se produisit. J'ouvris de
nouveau Doctrine et Alliances au hasard et je tombai sur ce passage. Je l'avais lu bien des
fois dans les années précédentes et il n'avait
pas eu alors de signification spéciale. Mais ce soir-là,
c'était la réponse qu'il me fallait. C'était un
appel, une supplication et une menace et elle semblait venir
directement du Seigneur. Je lus à partir du verset 7, mais les
participants querelleurs ne bougèrent pas d'un pouce jusqu'au
moment où j'arrivai au verset 9. Alors je les vis fléchir,
surpris, méditatifs. Se pouvait-il que ce fût juste ?
Le Seigneur nous disait à nous tous « c'est
pourquoi, je vous dis que vous devez vous pardonner les uns aux
autres ».
C'était une obligation. Ils
l'avaient déjà entendue. Mais ensuite « ...
car celui qui ne pardonne pas à son frère ses offenses
est condamné devant le Seigneur... »
Dans leur cœur, ils s'étaient
peut-être dit : « Eh bien, je pourrais
pardonner s'il se repent et demande pardon, mais il doit faire le
premier pas. » Alors ils semblèrent touchés
par l'impact de la dernière ligne : « car
c'est en lui que reste le plus grand péché. »
Comment ? Cela veut-il dire que
je doive pardonner, même si mon antagoniste reste froid,
indifférent et méchant ? Ceci est clair et net.
On commet souvent l'erreur de penser
que l'offenseur doit s'excuser et s'humilier dans la poussière
avant que le pardon soit requis. Assurément celui qui fait le
mal doit réparer totalement, mais l'offensé, lui, doit
pardonner à l'offenseur quelle que soit l'attitude de l'autre.
Parfois les hommes trouvent de la satisfaction à voir
l'adversaire à genoux, rampant dans la poussière, mais
ce n'est pas la façon de faire de l'Évangile.
Secoués, les deux hommes se
redressèrent sur leur chaise, écoutèrent,
réfléchirent un instant, puis commencèrent à
céder. Cette Écriture, s'ajoutant à toutes
celles qui avaient été lues, les fit mettre à
genoux. À deux heures du matin, les deux adversaires jurés
se serraient la main, souriant, pardonnant et demandant pardon. Les
deux hommes s’étreignaient,
geste qui en disait long. En cette heure sainte, les vieux griefs
étaient pardonnés et oubliés, et les ennemis
redevenaient des amis. Plus jamais il ne fut fait allusion aux
différends. Les ombres étaient chassées et
chassées pour de bon et la paix était revenue.
À cet égard, on peut
appliquer maintenant, comme à l'époque, l'exhortation
de Joseph F. Smith, faite en 1902 :
« Nous
espérons de tout cœur que vous... vous pardonnerez et
que dorénavant... vous ne garderez pas rancune à un de
vos semblables. Il est extrêmement préjudiciable à
un homme qui détient le don du Saint-Esprit de nourrir un
esprit d'envie, de rancune, de représailles ou d'intolérance
vis-à-vis de son prochain. Nous devons dire dans notre cœur
« Que Dieu juge entre moi et toi, quant à moi je te
pardonne. » Je tiens à vous dire que les saints des
derniers jours qui nourrissent de la rancune sont plus condamnables
que celui qui a péché contre eux. Rentrez chez vous et
chassez de votre cœur l'envie et la haine, liquidez le
sentiment de rancune et cultivez dans votre âme l'esprit du
Christ qui s’est écrié sur la croix :
« Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce
qu'ils font. » Tel est l'esprit que les saints des
derniers jours doivent posséder tout au long du jour. »
Oui, pour être dans notre bon
droit, nous devons pardonner, et nous devons le faire sans
nous occuper de savoir si notre antagoniste se repent ou non, ni
si sa transformation est sincère, ni s'il demande ou non notre
pardon. Nous devons suivre l'exemple et l'enseignement du Maître,
qui disait : « ...
vous devriez dire en votre cœur - Que Dieu juge entre moi et
toi, et te récompense selon tes actes »
(D&A 64:11).
Mais les hommes sont souvent
peu disposés à laisser les choses au Seigneur,
craignant peut-être que le Seigneur ne soit trop
miséricordieux, moins sévère qu'il ne le faut
dans le cas en question. En ceci, nous devons toujours tirer une
leçon du grand David.
Quand il était poursuivi pour
être tué par le roi Saül qui était jaloux de
lui, et qu'il eut une occasion de le tuer facilement, le jeune et pur
David s'abstint de se débarrasser de son ennemi. Il coupa le
bord du manteau de Saül pour prouver au roi qu'il avait été
à sa merci. Il dit plus tard à Saül :
« Je
n'ai point péché contre toi. Et toi, tu me dresses des
embûches, pour m'ôter la vie ! L'Éternel sera
juge entre moi et toi, et l'Éternel me vengera de toi ;
mais je ne porterai point la main sur toi. Des méchants vient
la méchanceté » (1 Samuel
24:11-13).
Et Saül, quand il se rendit
compte combien il avait été impuissant quand il était
à la merci de David, répondit :
« Tu
es plus juste que moi ; car tu m'as fait du bien, et moi je t'ai
fait du mal » (1 Sam. 24:18).
Une des plus belles montagnes du
monde, située dans le parc national de Jasper au Canada a reçu
le nom d'Edith CaveIl, une infirmière qui fut exécutée
par ses ennemis pour avoir caché, soigné et nourri des
soldats blessés. Quand elle se trouva devant le peloton
d'exécution, elle prononça ces paroles immortelles, qui
sont maintenant préservées dans le bronze et le
granit :
« Je
sais que le patriotisme ne suffit pas. Je ne dois avoir ni haine ni
rancune contre qui que ce soit. »
Le
pardon suprême
Parfois l'esprit de pardon est porté
jusqu'aux sommets les plus sublimes : aider l'offenseur. Ne pas
se venger, ne pas rechercher ce que la justice outragée
pourrait exiger, mais laisser l'offenseur entre les mains de Dieu :
cela est admirable. Mais rendre le bien pour le mal, c'est
l'expression sublime de l'amour chrétien.
Nous avons à cet égard
l'exemple stimulant de George Albert Smith. On lui fit dire que
quelqu'un avait volé la bâche de son buggy. Au lieu de
se fâcher, il répondit : « Dommage que
nous ne savions pas qui c'était, car nous aurions pu aussi lui
donner la couverture, car il devait avoir froid, et aussi de la
nourriture, car il devait avoir faim. »
Ceci me rappelle l'histoire classique
de Jean Valjean dans l’œuvre immortelle de Victor Hugo « Les
Misérables ». Henry
D. Moyle a résumé ce passage pour nous dans son
discours rapporté dans l'lmprovement
Era de novembre
1957 :
« La
description que Victor Hugo nous fait de Jean Valjean après
dix-neuf ans de peine aux galères est inoubliable. Son premier
délit avait été de voler un pain pour nourrir la
famille affamée de sa mère. À ce moment-là,
il n'était qu'un petit garçon. Quand il fut libéré
de prison, lorsque tous les autres l'eurent rejeté comme
ancien bagnard méprisé, il trouva finalement un ami en
l'évêque M. Beauvian. Cet évêque traira
Jean Valjean avec beaucoup de bonté et de générosité.
Il lui fit confiance et lui donna nourriture et logement. Jean
Valjean, incapable de surmonter les impulsions mauvaises entretenues
pendant ces années de prison, récompensa l'évêque
en lui volant son argenterie qui se composait de beaucoup de reliques
de famille sans prix. Il fût peu après appréhendé
par les gendarmes et ramené avec, dans son sac, le trésor
de l'évêque. L'évêque pardonna à
Jean Valjean et, au lieu de l'accuser de ce lâche acte
d'ingratitude, lui dit à l'instant : « Vous
avez oublié les chandeliers », et, les donnant à
Jean Valjean, lui dit qu'ils étaient aussi en argent. Lorsque
les policiers furent partis, l'évêque dit à
l'ancien bagnard : « Jean Valjean, mon frère,
tu n'appartiens plus au mal mais au bien... je la tirerai (son âme)
des pensées ténébreuses et de l'esprit de
perdition... »
Cet acte de pardon de la part d'un
homme dont les biens avaient été volés éveilla
les vertus latentes de Jean. Elles étaient restées
dix-neuf ans en veilleuse. Même son long séjour aux
galères ne pouvait détruire le désir inhérent
chez cet homme, de faire du bien. L'un de ses tout premiers actes
après le saint geste de l'évêque fut de se faire
l'ami d'une petite fille aux cheveux blonds appelée Cosette
qui se trouvait dans une grande détresse. La description
finale de Jean Valjean par l'auteur montre la profonde transformation
qui s'était effectuée dans la personnalité de ce
malheureux. Cosette termina la réforme de la vie de cet homme
qu’avait commencée l'évêque. Victor Hugo
écrit : « L'évêque avait fait
paraître l'aube de la vertu sur son horizon, Cosette évoquait
l'aube de l'amour. »
Après une vie remplie de
charité, de pardon et d'autres bonnes actions, Jean Valjean
sacrifia sa vie même pour le bonheur et le bien-être de
Cosette et de son mari. Dans la dernière lettre qu'il lui
écrivit, il dit :
« J'écris
maintenant à Cosette. Elle trouvera ma lettre. Je lui lègue
les deux chandeliers qui sont sur le manteau de la cheminée.
Ils sont en argent, mais pour moi, ils sont comme de l'or. Ce sont
des diamants... je ne sais pas si celui qui me les a donnés
est content de moi... j'ai fait ce que je pouvais. »
Un geste de pardon complet avait
entièrement changé la vie de cet ancien bagnard.
Pendant toute sa vie, il fut pourchassé et connut
l'humiliation et la dégradation presque au-delà de ce
qu'un homme peut endurer. Les gendarmes recherchaient constamment des
raisons mesquines de le remettre en prison. Néanmoins il
réussit à respecter le deuxième grand
commandement pendant toutes les années qui lui restaient à
vivre. Il avait de nouveau reconquis les qualités de vertu,
d'amour et de pardon qu'il exerça consciencieusement par la
suite envers ceux qui le poursuivaient et le persécutaient.
Nous voyons aussi dans l'histoire de
la vie de Jean Valjean à quel point il se repentit vite après
avoir été pardonné par l'homme à qui il
avait fait du tort. Par la suite il produisit du fruit digne du
repentir.
On
peut le faire
Un homme s'aperçut qu’il
avait une grosseur suspecte qui présageait des ennuis graves.
Quand le médecin eut fait une biopsie et constaté que
la grosseur était maligne, l'homme prit les dispositions
nécessaires à l'hôpital pour une intervention
chirurgicale radicale. Quand il apprit la vérité -
c'est-à-dire que sa vie était en jeu - ce brave homme
eut d'abord un mouvement de recul, puis se résigna, se
détendit et sourit en disant au médecin :
« Avant
d'aller à l'hôpital, docteur, il y a quatre choses que
je n'ai pas encore terminées. Tout d'abord, je veux vérifier
mes polices d'assurance et mes titres ; deuxièmement, je
vais régler toutes mes obligations financières ;
troisièmement, je vais revérifier mon testament et
quatrièmement, je vais aller voir BilI et lui demander pardon
pour les choses déplaisantes que j'ai dites à son
sujet, lui demander pardon pour la rancune que j'ai longtemps
entretenue contre lui. Alors je serai prêt à aller à
l'hôpital et au tombeau, si c'est nécessaire. »
Dans le contexte de l'esprit de
pardon, un bon frère m'a demandé « Oui c'est
cela qu'il faudrait faire, mais comment s'y prendre ? Ne faut-il
pas être un surhomme ? »
« Oui,
dis-je, mais il nous est commandé d'être des surhommes.
Le Seigneur a dit : « Soyez donc parfaits comme
votre Père céleste est parfait » (Matt.
5:48). Nous sommes des dieux en embryon, et le Seigneur exige de nous
la perfection. »
« Oui,
le Christ a pardonné à ceux qui lui ont fait du mal,
mais il était plus qu'humain », répliqua-t-il.
Et je répondis : « Mais il y a beaucoup
d'humains qui ont réussi à faire cette chose divine. »
Il y en a apparemment beaucoup qui,
comme ce brave frère, entretiennent la théorie
confortable que l'esprit de pardon, tel qu'il se révèle
dans les exemples que j'ai cités, est plus ou moins le
monopole de personnages des Écritures ou de roman et qu'on ne
peut guère l'attendre de la part de gens réels dans le
monde d'aujourd'hui. Tel n'est pas le cas. Que l'esprit de pardon
peut être acquis aujourd'hui est démontré par les
récits qui suivent, dans lesquels, on le remarquera, la
provocation était, dans la plupart des cas, beaucoup plus
grande que ce que nous rencontrons pour la plupart d'entre nous.
On
peut surmonter la haine et la rancune
Voici les récits de certains
contemporains qui se sont élevés à de grands
sommets de maîtrise de soi, par contraste avec les nombreuses
personnes qui nourrissent de la rancune pour des torts réels
ou imaginaires. Parfois les personnes lésées puisent du
courage et de la force auprès d'autres personnes qui ont eu de
grandes épreuves et qui, malgré tout, ont enduré.
Telle est l'expérience de Mme Ruby Spilsburg Brown, d'EI Paso
(Texas) et de son mari George, maintenant décédé,
qui perdirent leur fils pendant la Deuxième Guerre mondiale,
s'aigrirent à cause de cet événement et tinrent
rancune aux Japonais. Dans leur épreuve ils puisèrent
beaucoup de courage dans l'histoire de Glenn Kempton qui est racontée
plus loin dans ce chapitre, et peut-être beaucoup de lecteurs
seront-ils fortifiés en apprenant que d'autres personnes ont
de grandes épreuves, et en sortent grandies.
Voici l'histoire de Robert Brown,
telle qu'elle est racontée par sa mère :
« Notre
fils, Bobby, fut fait prisonnier par les Japonais au moment de la
chute de Bataan en avril 1941 et échappa ainsi à
l'infâme Marche de la Mort. Il arriva au camp de prisonniers de
Cabanatuan avant le reste des troupes et resta près de la
clôture pendant qu'ils entraient lentement. Il en manquait
beaucoup parmi eux, d'autres étaient gravement blessés
et tous étaient pitoyablement affamés et affaiblis.
Rien d'étonnant à ce qu'en les voyant, il pleurât
toutes les larmes de son corps.
« En
octobre 1940 Bobby s'était engagé dans la garde
nationale du Nouveau Mexique et fut appelé sous les drapeaux
en janvier 1941. Lorsque son unité partit à la fin du
mois d'août pour des lieux inconnus, il était devenu
sergent-major ; en janvier 1942 il reçut une mission de
combat comme premier lieutenant et fut placé à la tête
de la section de ravitaillement.
« Pendant
dix-neuf mois, le Ministère de la Guerre ne nous fit donner
aucune autre nouvelle que le bref ‘Disparu au combat’. Au
cours des deux ans et demi pendant lesquels il fût dans les
camps de prisonniers, nous ne reçûmes que cinq messages
de lui. Ils étaient très brefs, écrits sur des
cartes postales, imprimées d'avance comportant des vides que
l'expéditeur devait remplir. Elles étaient signées
par notre fils, mais fortement censurées. C'était du
moins son écriture et comme nous les chérissions !
Le reste de l'histoire nous l'apprîmes par bribes par ses
camarades qui vinrent nous voir lorsqu'ils rentrèrent après
l'armistice.
« Bobby
fut envoyé dans l'île de Mindanao, aux Philippines, où
les garçons furent mis au travail dans les champs de riz et
les élevages de poules. On nous dit que là nos garçons,
pour pouvoir rester en vie, étaient contraints de prendre de
la nourriture partout où ils pouvaient en trouver. On tuait
une poule malade pour empêcher le reste d'être infecté,
et des oeufs remplaçaient l'eau dans leur gourde. Ces ruses
fournissaient un peu de nourriture supplémentaire pour leurs
corps émaciés. Bobby apprit à les rouler à
leur propre jeu et put utiliser sa ruse et ses capacités pour
le bien de ses hommes éprouvés.
« Le
major Bob Davey, de Sait Lake City, dit qu'il entendit chanter dans
la jungle voisine et pouvait à peine en croire ses oreilles,
car le cantique était ‘Un ange saint de Dieu’.
Sautant au bas de son lit, il se fraya un chemin à travers les
sous-bois de la jungle jusqu'à une petite clairière où
une poignée de prisonniers de guerre mormons, à moitié
morts de faim et en guenilles, étaient rassemblés pour
adorer le Seigneur, et notre Bobby dirigeait la musique. Le major
Davey nous a raconté beaucoup de choses sur Bobby, notamment
qu'il avait appris à comprendre le japonais et pouvait ainsi
aider beaucoup de ses copains qui ne pouvaient comprendre les ordres
des gardes. Ceci leur épargna beaucoup de coups brutaux.
« En
septembre 1944, sept cent cinquante environ de nos garçons
furent chargés dans un navire sans identification pour être
envoyés au Japon. À peine sorti de l'île, le
bateau fût torpillé par notre Navy qui fit un grand trou
dans le bateau.
« Les
hommes qui étaient dans la cale du bateau se précipitèrent
pour se mettre en sécurité, mais les Japonais
tournèrent leurs mitrailleuses contre eux. Bobby et le médecin
de la compagnie intercédèrent, suppliant les Japonais
de leur donner une possibilité de s'échapper sans être
massacrés, car ils n'étaient qu'à quelques
milles au large de la baie de Zamboaga. La dernière fois que
l'on avait vu Bobby vivant, c'était quand lui et le médecin
avaient sauté dans l'eau pour aider quelques-uns des garçons
qui avaient été gravement blessés. Ils
essayaient de rester à flot en s'accrochant à des
débris et en tentant d'aider les blessés. Quand Bobby
leur cria à tous de plonger pour échapper aux
mitrailleuses, tous plongèrent, mais il ne fût pas parmi
ceux qui remontèrent.
« Pendant
bien des années, George, mon mari maintenant décédé,
fut Deputy Marshal des États-Unis et eut à s'occuper de
centaines de prisonniers fédéraux. Parmi ceux-ci, il y
avait beaucoup de Japonais qui étaient considérés
comme espions. Nous avions, lui et moi, laissé la haine
grandir dans notre cœur, car nous estimions que tous les
Japonais que nous voyions étaient un peu responsables des
souffrances et de la mort de Bobby. Sachant cela, notre juge fédéral
A. E. Thomason, par déférence pour nos sentiments, fit
appel à d'autres policiers pour s'occuper des prisonniers de
cette nationalité. Nos sentiments de rancune commencèrent
à affecter notre famille et, conscients de cela, nous priâmes
pour être aidés à surmonter cette situation.
C'est alors que frère Kempton, membre de notre grand conseil
de pieu, raconta comment il avait surmonté sa rancune et sa
haine pour les hommes qui étaient responsables de la mort de
son père. Après avoir entendu son histoire, qui
ressemblait beaucoup à notre propre triste histoire, George et
moi estimâmes que si Glenn Kempton pouvait se maîtriser
et contrôler ses sentiments, nous pouvions le faire, nous
aussi. Nous fîmes de plus grands efforts par la prière
et le jeûne pour recevoir l'aide de Dieu et nous nous rendîmes
compte que le Seigneur peut consoler les cœurs remplis de
rancune et de haine.
« C'est
alors que vous, frère Kimball, êtes aussi venu à
El Paso ; nous avons soigneusement écouté vos
conseils et vous nous avez fait comprendre que pour que le Seigneur
puisse consoler notre cœur brisé, il fallait tout
d'abord que nous en expulsions la haine et la rancune. Par le jeûne,
la prière et la volonté, nous pûmes expulser ces
sentiments. Le Seigneur vint à notre aide.
« Plus
tard les membres de notre famille et quelques amis intimes se
réunirent dans le bureau du commandant de Fort Bliss. On y
remit à titre posthume les médailles de Bobby, parmi
lesquelles il y avait deux cœurs de pourpre et la fameuse
Étoile de Bronze, cinq en tout. »
Sœur Brown raconte ensuite
comment une certaine consolation lui fut apportée, à
elle et à son mari, concernant la mort de Bobby quand ils
virent quelques-unes des épaves de corps et d'esprit qui
parvinrent à rentrer chez elles, et quand ils reconnurent
qu'il y a beaucoup de choses qui sont pires que la mort, surtout
quand cette mort survient chez un digne détenteur de la
prêtrise qui va dans l'éternité, pur et exempt
des péchés du monde.
L'histoire
de Kempton
Mon souvenir me ramène à
1918 et à une autre histoire de pardon qui, à ma
connaissance, a rarement trouvé son égale. Elle
concerne mon bon ami Glenn Kempton, qui s'éleva à des
sommets spirituels que l'homme mortel n'atteint pas souvent.
En février 1918, dans le Sud
de l'Arizona, se produisit une des tragédies les plus
sensationnelles de l'histoire de cet État. Quatre
représentants de la loi s'en allèrent dans les repaires
des montagnes pour obliger les garçons Powers à obéir
à la loi du service militaire car ils ne s'étaient pas
inscrits. Trois des quatre officiers furent tués. Je me
souviens bien de l'enterrement, des trois cercueils recouverts du
drapeau des États-Unis et des trois jeunes veuves avec leurs
dix-neuf enfants orphelins assis aux premiers rangs. Connaissant
intimement les familles, la communauté tout entière de
la Gila Valley était profondément émue.
Nous vîmes les jeunes veuves
traverser péniblement les années dans leur solitude,
élevant la presque vingtaine d'enfants qu'elles avaient. Nous
vîmes les jeunes devenir adultes et éminents dans la
communauté, tandis que Sisson et les garçons Powers
passaient de longues années désolées dans le
pénitencier de l'État.
Lorsque la tuerie de Kilburn Canyon
fut terminée, « Sisson et les garçons Powers
s'enfuirent et pendant vingt-six jours esquivèrent un
détachement de police de trois mille hommes, comprenant
environ deux cents hommes de la cavalerie[2]. »
Les journaux de l'Arizona portaient
d'énormes manchettes. L'excitation était à son comble. Le pays tout
entier était enfiévré. Les hommes se rendirent
le 8 mars 1918 à vingt-deux kilomètres au sud de la
frontière du Mexique. Ils furent jugés, reconnus
coupables et condamnés à la détention à
vie dans le pénitencier d'Arizona.
Quarante-deux années
impitoyables et sans fin s'étaient écoulées.
Sisson était mort trois ans auparavant. Les garçons
Powers, maintenant des hommes âgés, furent libérés
en avril 1960 par le gouverneur de l'Arizona et sortirent sur « ...
leurs jambes encore arquées dans la parenthèse des
cavaliers, leurs cheveux plus rares devenus gris. Chacun avait perdu
l’œil gauche dans le combat[3] ».
Notre intérêt pour cette
histoire tragique tient maintenant à ce grand homme, Glenn
Kempton, l’un des dix-neuf orphelins de 1918 qui eut la
grandeur de pardonner. Il grandit privé de père et fut
soumis aux préjugés, aux haines et aux rancunes
habituels qui entourent naturellement un jeune garçon dans une
telle situation. Il a eu la gentillesse de me raconter l'histoire
telle qu'il l'a vécue :
« Cela
arriva le 10 février 1918, là-haut dans les forteresses
des montagnes Galiuro, dans le sud de l'Arizona. C'était une
aube froide et grise, le ciel était couvert, et la neige
tombait doucement, quand mon père fût abattu par
derrière. Deux autres représentants de la loi perdirent
aussi la vie dans la rafale qui sortit de la petite forteresse en
rondins dans laquelle les réfractaires s'étaient
réfugiés.
« Après
avoir prudemment attendu dix ou quinze minutes, ils sortirent pour
contempler les restes de leur affreux travail. S'étant assurés
qu'ils avaient tué tout le monde, ils portèrent leur
père, qui avait reçu une blessure mortelle, dans un
tunnel proche, le couvrirent d'une vieille couverture et firent
savoir à un fermier voisin qu'il devait s'occuper de lui,
sellèrent leurs chevaux et se dirigèrent vers le sud.
Destination l'ancien Mexique !
« Il
s'ensuivit alors une des plus grandes chasses à l'homme de
l'histoire du Sud-Ouest. Les réfractaires furent finalement
rattrapés et arrêtés près de la frontière
du Mexique. Ils furent jugés, reconnus coupables de meurtre et
condamnés à la détention a vie.
« J'étais
un jeune adolescent à l'époque et il naquit dans mon
cœur une rancune et une haine vis-à-vis de celui qui
avait confessé avoir assassiné mon père, car Tom
Powers avait reconnu avoir tué papa.
« Les
années passèrent rapidement ; je grandis, mais ce
lourd sentiment demeurait quand même en moi. Je terminai mes
études au lycée, et je reçus alors un appel pour
partir comme missionnaire dans la mission des Etats de l'Est. Là,
ma connaissance et mon témoignage de l'Évangile
grandirent rapidement, et je consacrai tout mon temps à
l'étudier et à le prêcher. Un jour que je lisais
le Nouveau Testament, je tombai sur Matthieu, chapitre 5, versets 43
à 45 où Jésus disait :
« Vous
avez appris qu'il a été dit : Tu aimeras ton
prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis :
Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites
du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui
vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez
fils de votre Père qui est dans les cieux... »
« C'était
là les paroles du Sauveur disant que nous devons pardonner.
Cela s'appliquait à moi. Je relus ces versets maintes et
maintes fois, et cela signifiait toujours que je devais pardonner.
Peu de temps après, je trouvai à la soixante-quatrième
section de Doctrine et Alliances, versets 9 et 10 d'autres paroles du
Sauveur :
« C'étaient
là les paroles du Sauveur disant que nous devons pardonner aux
autres ; car celui qui ne pardonne pas à son frère
ses offenses est condamné devant le Seigneur, car c'est en lui
que reste le plus grand péché. Il ajoutait :
« Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux
pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les
hommes. »
« Et
puis, il y a eu ces paroles opportunes de John Taylor : Le
pardon est en avance sur la justice en ce qui concerne la repentance.
« Je
ne savais pas si Tom Powers s'était repenti ou non, mais je
savais maintenant que j'avais un rendez-vous à respecter
lorsque je serais rentré chez moi ; je pris la résolution
dès avant de quitter le champ de la mission, de le faire.
« Après
être rentré chez moi, je rencontrai et épousai
une excellente jeune sainte des derniers jours, et le Seigneur bénit
notre foyer en nous donnant cinq beaux enfants. Les années
passèrent rapidement et le Seigneur avait été
bon pour nous ; cependant, je me sentais coupable chaque fois
que je pensais au rendez-vous que je n'avais pas respecté.
« Il
y a quelques années, juste un peu avant Noël, une période
de l'année où l'amour du Christ abonde et où
l'esprit du don et du pardon entre en nous, ma femme et moi avions
fait un court voyage à Phoenix. Ayant terminé de régler
nos affaires au milieu du deuxième après-midi, nous
nous mîmes en route pour la maison. Tandis que nous roulions,
j'exprimai le désir de faire un détour et de rentrer
par Florence, car c'est là que se trouve la prison de l'État.
Ma femme accepta immédiatement.
« Nous
arrivâmes après les heures de visite, mais j'entrai et
demandai à voir le directeur. On me conduisit à son
bureau.
« Lorsque
je me fus présenté et exprimai le désir de
rencontrer Tom Powers et de lui parler, le directeur eut un air
étonné, mais après une très légère
hésitation, il dit : Je suis sûr qu'on peut
arranger cela. Là-dessus il envoya un garde dans le bloc
cellulaire et celui-ci revint bientôt avec Tom. On nous
présenta et on nous conduisit dans le parloir où nous
eûmes une longue conversation. Nous retournâmes à
ce froid matin gris de février, trente ans auparavant,
reconstituant toute cette horrible tragédie. Nous parlâmes
pendant peut-être une heure et demie. Je dis finalement :
Tom, vous avez commis une erreur pour laquelle vous devez à la
société une dette que j'estime que vous devez continuer
à payer, tout comme je dois continuer à payer le prix
d'avoir été élevé sans père.
« Puis,
je me levai et tendis la main. Il se leva et la prit. Je continuai :
De tout cœur, je vous pardonne cette chose terrible qui s'est
produite dans notre vie.
« Il
inclina la tête et je le laissai là. Je ne sais pas ce
qu'il a éprouvé à ce moment-là, et je ne
sais pas maintenant ce qu'il ressent, mais je vous rends mon
témoignage que c'est quelque chose de merveilleux quand la
rancune et la haine sortent de votre cœur et que le pardon y
entre.
« Je
remerciai le directeur de sa bonté et en passant la porte et
en descendant cette longue volée d'escaliers, je sus que le
pardon valait mieux que la vengeance, car je l'avais ressenti.
« Tandis
que nous roulions vers la maison dans la nuit tombante, un calme doux
et paisible m'envahit. Par pure reconnaissance, j'enlaçai ma
femme, qui comprit, car je sais que nous avions trouvé
maintenant une vie plus pleine et plus abondante. »
Non seulement Glenn Kempton avait
trouvé la joie de pardonner, mais l'exemple qu'il donna comme
saint des derniers jours fidèle eut une profonde influence sur
beaucoup d'autres personnes qui connaissent son histoire et
entendirent son témoignage.
« Heureux
les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. »
Autres
exemples modernes
Il y avait cette jeune mère
qui avait perdu son mari. La famille était pauvre et la police
d'assurance ne s'élevait qu'à deux mille dollars. La
société remit promptement un chèque de ce
montant, dès que la preuve du décès fut fournie.
La jeune veuve décida qu'elle pouvait le garder en vue d'une
urgence et le déposa en conséquence à la banque.
D'autres étaient au courant de son épargne, et un
parent la convainquit de lui prêter les deux mille dollars à
un taux d'intérêt élevé.
Les années passèrent et
elle n'avait reçu ni principal ni intérêt ;
elle remarqua que l'emprunteur l'évitait et faisait des
promesses évasives quand elle l'interrogeait au sujet de
l'argent. Elle avait maintenant besoin de cet argent et elle ne
pouvait l'obtenir.
« Comme
je le déteste ! » me dit-elle, et sa voix
exprimait la haine et la rancune et ses yeux sombres lançaient
des éclairs. Pensez qu'un homme valide dépouille une
jeune veuve avec des enfants à charge ! « Comme
je le méprise ! ne cessait-elle de répéter.
Alors je lui racontai l'histoire de Kempton. Elle écouta
intensément. Je vis qu'elle était frappée. À
la fin, les larmes aux yeux, elle chuchota : « Merci.
Merci sincèrement. Je dois certainement, moi aussi, pardonner
à mon ennemi. Je vais maintenant purifier mon cœur de sa
rancune. Je ne m'attends pas à jamais recevoir l'argent, mais
je laisse mon offenseur entre les mains du Seigneur. »
Des semaines plus tard, elle me revit
et confessa que les semaines qui s'étaient écoulées
entre-temps avaient été les plus heureuses de sa vie.
Une paix nouvelle l'avait remplie et elle fut capable de prier pour
l'offenseur et de lui pardonner, même si elle ne récupéra
jamais le moindre dollar.
Je vis un jour une femme dont la
petite fille avait été violée. « Tant
que je vivrai, je ne pardonnerai jamais au coupable »,
répétait-elle chaque fois que cela lui venait à
l'esprit. L'acte était abominable. Tout le monde serait choqué
et troublé devant un tel crime, mais ne pas vouloir pardonner
n'est pas chrétien. Cet acte atroce avait été
commis et ne pouvait
pas être
défait. Le coupable avait été puni. Dans sa
rancune, la femme se rapetissait et se rabougrissait.
Comparez cette femme à la
jeune sainte des derniers jours qui fit preuve d'une maîtrise
de soi suprême quand elle pardonna à l'homme qui avait
défiguré son beau visage. Laissons le journaliste de la
United Press, Neal Corbett, raconter son histoire telle qu'elle parut
dans les pages des journaux du pays.
« Je
pense qu'il doit souffrir, quelqu'un qui est comme cela, nous devons
avoir pitié de lui », dit April Aaron à
propos de l'homme qui l'avait envoyée pour trois semaines à
l'hôpital, après une attaque brutale au couteau à
San Francisco. April Aaron est une mormone dévote de
vingt-deux ans ... c’est une secrétaire aussi jolie que
son nom, mais son visage a un défaut : l'oeil droit lui
manque .. April l'a perdu sous les coups de couteau d'un voleur à
l'esbroufe près du Golden Gare Park de San Francisco pendant
qu'elle se rendait, le 18 avril dernier, à un bal de sa
paroisse. En luttant avec son assaillant, elle a subi aussi de
profondes entailles au bras gauche et à la jambe droite après
avoir trébuché et être tombée dans ses
efforts pour l'éviter, à un pâté de
maisons seulement de l'église mormone...
« J’ai
couru pendant une centaine de mètres avant qu'il ne m'attrape.
On ne peut pas courir très vite avec des talons hauts »,
dit April avec un sourire : Les entailles dans sa jambe étaient
si profondes que les médecins ont craint un moment de devoir
l'amputer. La lame de l'arme n'a pu endommager ni le caractère
vivace ni la compassion d'April. « ... je voudrais que
quelqu'un puisse faire quelque chose pour lui, pour l'aider. Il
faudrait le traiter. Qui sait ce qui amène quelqu'un à
faire une chose comme celle-là ? Si on ne le trouve pas,
il risque de recommencer.
« ...
April Aaron a conquis le cœur des habitants de la région
de la baie de San Francisco par son courage et sa bonne humeur face à
la tragédie. Sa chambre de l'hôpital Saint Francis a été
remplie de fleurs pendant tout son séjour, et les infirmières
ont dit qu'elles ne pouvaient se souvenir de quelqu'un qui ait reçu
plus de cartes et de vœux. »
Ce qui suit est tiré d'un
journal de Los Angeles, attestant de la force de gens qui se sont
élevés au-dessus de la vengeance sordide et de la
rancune hideuse qui règnent si souvent dans de telles
circonstances :
« ...
Les trois hommes appréhendés pour l'enlèvement
et le meurtre de Marvin V. Merrill, étaient des noirs. Il y en
a qui pourraient transformer cet incident en un déchaînement
incontrôlable de haine raciale, mais c'était exactement
l'esprit opposé qui régnait au service funèbre
la semaine dernière à Matthews Ward. Les facteurs de
Wagener Station ont choisi Angelo B. Rollins, un employé des
postes noir, pour les représenter en lisant son éloge
funèbre. Frère Merrill travaillait à
l'administration des postes depuis plus de vingt ans. Un peu partout
dans la chapelle et dans la salle adjacente, il y avait des dizaines
de facteurs venus directement de leurs tournées, toujours en
uniforme. Beaucoup de ces hommes étaient des noirs... Rollins
dit : Nul ne peut justifier les actes des criminels qui ont mis
fin à sa vie. Ces actes pervers et vils qui nous font pencher
la tête de honte montrent d'un doigt accusateur des millions de
personnes innocentes comme étant une nation de criminels. Dans
ma faiblesse pécheresse, je leur aurais arraché membre
après membre, mais le murmure doux et léger du Maître
a dit : À moi la vengeance... Ce frère mormon,
Norman Merrill, ferme dans la force de sa foi, et ferme dans les
enseignement du Christ, aurait probablement dit d'eux, comme notre
Sauveur au calvaire : « Père, pardonne-leur,
car ils ne savent ce qu'ils font ». »
La
réconciliation par les voies de l'Église
Quand les membres de l'Église
ne peuvent résoudre seuls leurs problèmes mutuels, ils
arrivent parfois à un point où l'Église
intervient pour les aider. On attira mon attention sur une situation
de ce genre, il y a quelques années, dans un cas impliquant
deux saints des derniers jours âgés dans l'Est, qui
étaient devenus des ennemis jurés au point que chacun
portait un revolver pour se protéger de l'autre. La cause de
leur inimitié était un achat de propriété ;
le contrat avait été mal rédigé et
beaucoup de malentendus s'étaient produits. Le vendeur était
riche, l'acheteur était pauvre. Chacun était certain de
se souvenir exactement de la transaction. Chacun porta des
accusations furieuses et les sentiments devinrent
de plus en plus rancuniers et intenses.
On demanda aux hommes de se réunir
avec leurs présidents de branche, mais ils refusèrent
de le faire, craignant de recevoir un mauvais coup de l'autre s'ils
se rencontraient. Le cas fut porté devant les tribunaux et on
engagea des avocats. Pendant les mois qui suivirent la rancune flamba
et l'antagonisme bouillonna.
Au lieu de cette attitude rancunière
et vengeresse qu'ils avaient adoptée, qu'aurait-il fallu
faire ? Paul dit aux saints de Corinthe :
« Ne
vous vengez point vous-mêmes, bien-aimés, mais laissez
agir la colère, car il est écrit : À moi la
vengeance, à moi la rétribution, dit le Seigneur. Si
ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s'il a soif, donne-lui
à boire ; car en agissant ainsi, ce sont des charbons
ardents que tu amasseras sur sa tête. Ne te laisse pas vaincre
par le mal, mais surmonte le mal par le bien » (Rom.
12:19-21).
Nous nous souvenons aussi du
commandement du Seigneur :
« ...
je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un
te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre. Si
quelqu'un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui
encore ton manteau. Si quelqu'un te force à faire un mille,
fais-en deux avec lui » (Matt. 5:39-41).
Mais les deux antagonistes étaient
maintenant loin de telles pensées. Toutefois les tentatives de
médiation continuèrent et par des efforts persévérants
de la part de leur sage président de mission, les hommes
furent finalement réunis chez un président de branche.
Pendant tout ce temps, les épouses des deux hommes n'avaient
cessé de prier pour qu'une entente se produisît et qu'il
en résultât le pardon.
Quand la question fut pleinement
expliquée et que chaque point de vue eut été
énoncé, dans l'esprit de l'Évangile, les deux
hommes acceptèrent la décision et se donnèrent
la main en signe de pardon et de camaraderie. Le vendeur avait aussi
un fond serviable, car dans un geste surprenant, il signa
volontairement un chèque du montant qui était disputé
et le présenta à l'acheteur qui lui avait demandé
pardon. C'est ainsi que par l'esprit de compréhension et de
pardon, les deux hommes et leurs femmes reconnaissantes rentrèrent
chez eux, assurés de la pensée que tout était
réglé. La paix fut rétablie ; honteux, les
hommes cachèrent les deux revolvers et redevinrent frères.
On pouvait maintenant mettre en toute conscience les offrandes sur
l'autel :
« Si
donc tu présentes ton offrande à l'autel, et que là
tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
laisse là ton offrande devant l'autel, et va d'abord te
réconcilier avec ton frère ; puis, viens présenter
ton offrande » (Matt. 5:23-24).
Litiges
entre membres de l'Église
Paul va plus loin dans l'esprit de
pardon quand il dit qu'il vaut mieux qu'un membre de l'Église
accepte même une injustice d'un autre membre plutôt que
de s’adresser au tribunal. Les conflits devraient plutôt
être réglés par les voies de l'autorité de
l'Église. Aime-t-on son prochain si on le traîne devant
les tribunaux ? Paul découvrit ce défaut chez ses
convertis corinthiens et leur adressa cette exhortation :
« Quelqu'un
de vous, lorsqu'il a un différend avec un autre, ose-t-il
plaider devant les injustes, et non devant les saints ? Mais un
frère plaide contre un frère, et cela devant des
infidèles ! C'est déjà certes un défaut
chez vous que d'avoir des procès les uns avec les autres.
Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt quelque injustice ?
Pourquoi ne vous laissez-vous pas plutôt dépouiller ? »
(1 Cor. 6:1,6,7).
Orgueil
ou paix
Souvent l'orgueil nous entrave et
devient notre pierre d'achoppement. Mais chacun de nous doit se poser
la question : ‘Ton orgueil est-il plus important que ta
paix ?’
Trop souvent, quelqu'un qui a
accompli beaucoup de choses splendides dans la vie et fait
d'excellents apports, permet à l'orgueil de lui faire perdre
la grande récompense à laquelle il aurait droit. Nous
devons toujours porter ‘le sac et la cendre’ d'un cœur
miséricordieux et d'un esprit contrit, étant toujours
disposés à faire preuve d'une humilité sincère
comme le publicain, et à demander au Seigneur de nous aider à
pardonner.
En 1906, mon père reçut
une lettre de son cher ami Matthias F. Cowley qui avait été
considérablement embarrassé du fait de son exclusion du
collège des Douze. Sa lettre montrait un grand courage et un
esprit plein de bonté et dénué d'amertume :
« En ce qui concerne l'épreuve qui m'a été
apportée, je dirai que je l'accepte en toute humilité
et en toute douceur, sans critique contre mes frères, mais
avec le fort désir de continuer à être fidèle
et à consacrer ma vie et toute mon énergie au service
du Seigneur. »
Dans
l'esprit d'amour
Inspiré par le Seigneur
Jésus-Christ, Paul nous a donné la solution aux
problèmes de la vie qui exigent la compréhension et le
pardon.
« Soyez
bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant
réciproquement, comme Dieu vous a pardonné en Christ »
(Éph. 4:32).
Si cet esprit de pardon plein de
bonté et de compassion l'un pour l'autre pouvait être
porté dans tous les foyers, l'égoïsme, la méfiance
et la rancune qui brisent tant de familles disparaîtraient et
les hommes vivraient en paix.
Cet esprit de pardon a un aspect
quantitatif aussi bien que qualitatif. Le pardon ne peut pas être
l'affaire d'une seule fois. Pierre avait certainement été
irrité par certains récidivistes qui retournaient à
leurs péchés même après avoir été
pardonnés. Pour clarifier la question, il demanda au
Rédempteur :
« Seigneur,
combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu'il
péchera contre moi ? Sera-ce jusqu'à sept fois ?
Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu'à sept
fois, mais jusqu'à septante fois sept fois »
(Matt. 18:21,22).
Ceci cadre bien entendu avec
l'enseignement et la pratique par le Maître de la loi
supérieure de l'Évangile, la loi d'amour :
« Je
vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les
autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous
les uns les autres. À ceci tous connaîtront que vous
êtes mes disciples, si vous avez de l'amour les uns pour les
autres » (Jean 13:34,35).
Difficile
mais possible
Difficile à faire ? Bien
entendu. Le Seigneur n'a jamais promis de chemin facile, ni
d'Évangile simple, ni de principes ou de normes bas. Le prix
est élevé, mais les biens obtenus valent tout ce qu’ils
coûtent. Le Seigneur lui-même a tendu l'autre joue, il a
permis qu'on le tourmente et qu'on le batte sans protester, il a subi
toutes les indignités sans pour autant prononcer un seul mot
de condamnation. Et la question qu'il nous pose à tous est :
« C'est
pourquoi, quel genre d'hommes devez-vous être ? »
et il nous répond : « Tel que je suis
moi-même » (3 Néphi 27:27).
Dans son Prince
of Peace (Prince de
la Paix), William Jennings Bryan écrivait :
« La
vertu la plus difficile de toutes à cultiver est l'esprit de
pardon. La vengeance semble être naturelle chez l'homme ;
c’est humain de vouloir rendre la pareille à l'ennemi.
Il a été même populaire de se vanter de son
esprit vengeur ; on a inscrit un jour sur le monument d'un homme
qu'il avait rendu à ses amis et à ses ennemis plus
qu'il n'avait reçu. Tel n'était pas l'esprit du
Christ. »
Si on nous a fait du tort ou du mal,
pardonner signifie l'effacer complètement de notre esprit.
Pardonner ou oublier est une recommandation éternelle. « Être
lésé ou volé », disait le philosophe
chinois Confucius, « n'est rien tant que vous ne continuez
pas à vous en souvenir ».
Les torts infligés par les
voisins, les parents ou les conjoints sont généralement
d'importance assez mineure, du moins au départ. Nous devons
leur pardonner. Et puisque le Seigneur est si miséricordieux,
ne devons-nous pas l'être, nous aussi ? « Heureux
les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde »
est une autre version de la Règle d'Or. « Tout
péché et tout blasphème sera pardonné aux
hommes »,
dit le Seigneur, « mais
le blasphème contre l'Esprit ne sera point pardonné ».
Si le Seigneur est si généreux et si bon, nous devons
l'être aussi.
Parfois les poètes, dans leurs
vers expressifs, touchent notre cœur mieux encore que ne
pourrait le faire la prose. John Greenleaf Whittier nous a donné
ces vers dignes d'être médités :
J'avais
le cœur lourd, car sa confiance avait été
Abusée,
sa bonté récompensée par le mal ;
Me
détournant ainsi sombrement de mes semblables,
Par
un sabbat d'été, je me promenais parmi
Les
tertres verts du cimetière du village ;
Là,
voyant comme tout amour et toute haine humaine
Trouvent
un même triste niveau, et comment, tôt ou tard,
Offensés
et offenseurs, chacun le visage adouci,
Les
mains froides jointes sur le cœur immobile,
Passent
le seuil de notre tombe commune,
Où
se dirigent tous les pas, d'où personne ne part,
Rempli
de crainte pour moi-même, et plein de pitié pour ma
race,
Notre
douleur commune, comme une vague puissante,
Balayant
tout mon orgueil, et, tremblant, je pardonnai.
Quand des gens tels que la veuve,
l'évêque Kempton, les Brown et d'autres personnes
profondément lésées peuvent pardonner, quand des
hommes comme Étienne et Paul peuvent pardonner les attaques
féroces lancées contre eux et donner l'exemple du
pardon, alors tous les hommes doivent pouvoir pardonner dans leur
recherche de la perfection.
Au-delà des déserts
stériles de la haine, de la cupidité et de la rancune,
il y a la belle vallée du paradis. Nous lisons constamment
dans les journaux et entendons à la télévision
que le monde ‘est dans un terrible pétrin’. Ce
n'est pas vrai ! Le monde est encore très beau. C'est
l'homme qui n'est pas à sa place. Le soleil continue à
illuminer le jour et à donner la lumière et la vie à
toutes choses, la lune continue à éclairer la nuit, les
océans continuent à nourrir le monde et à
assurer le transport, les fleuves continuent à drainer la
terre et à fournir de l'eau d'irrigation pour nourrir le blé.
Même les ravages du temps n'ont pas érodé la
majesté des montagnes. Les fleurs s'épanouissent
toujours et les oiseaux chantent encore et les enfants continuent à
rire et à jouer. Ce qui ne va pas dans le monde, c'est ce qui
est fait par l'homme.
On peut y arriver. L'homme peut se
dominer. L'homme peut vaincre. L’homme peut pardonner à
tous ceux qui l'ont offensé et continuer à recevoir la
paix dans cette vie et la vie éternelle dans le monde à
venir.
Notes
[1]
Message de l'instructeur de
paroisse, janvier 1944.
[2]
El Paso Times, 31
mai 1960.
Source :
Spencer W. Kimball, Le Miracle du Pardon, Salt Lake City,
1969, Paris, 1974, ISBN 2-903879-08-7