Aperçu des principes de la doctrine des saints des derniers jours

 

 

Parley P. Pratt (1807-1857)


Membre du Collège des Douze de 1835 à 1857



– Article paru en 1839 –

 



      L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a été organisée dans l'État de New-York, l'an de grâce mil huit cent trente, le six d'avril. Elle se composait alors de six membres. Les premiers instruments de son organisation furent Joseph Smith et Olivier Cowdery, en vertu de l'autorité et de la prêtrise, ou apostolat, qu'ils avaient reçu par révélation directe de Dieu — par la voix de Dieu — par l'administration des anges et par le Saint-Esprit. Ils ne fondent de prétention sur aucune autorité de l'antiquité ; c'est-à-dire qu'ils n'ont jamais reçu de baptême ni d'ordination d'aucun système religieux antérieurement existant ; mais ayant reçu leur commission d'en haut, ils se sont baptisés l'un l'autre, puis ont commencé à faire connaître à d'autres l'Évangile, ainsi qu'à leur administrer ses ordonnances.


      Le premier principe de théologie professé par cette Église, est la foi en Dieu le Père éternel, et en son Fils Jésus-Christ, véritablement crucifié pour les péchés du monde, ressuscité des morts le troisième jour et maintenant assis à la droite de Dieu comme médiateur ; et la foi au Saint-Esprit qui rend témoignage du Père et du Fils, les mêmes aujourd'hui, hier et éternellement (voir Actes 8:37).

      Le second principe est le repentir envers Dieu, c'est-à-dire que tous ceux qui croient au Père, au Fils et au Saint-Esprit, sont sommés de quitter leurs péchés, de cesser leurs mauvaises oeuvres et devenir devant le trône de grâce avec un coeur contrit et humilié.


      Le troisième principe est le baptême par immersion dans l'eau, au nom du Père,du Fils et du Saint-Esprit, pour la rémission des péchés (voir Actes 2:38 ; 22:16 ; Romains 6), avec la promesse à tous ceux qui croient et obéissent à l'Évangile de recevoir le Saint-Esprit.


      Le quatrième principe est l'imposition des mains au nom de Jésus-Christ, pour le don du Saint-Esprit (voir Actes 8:17,18 ; 19:6). Cette ordonnance doit être administrée par les apôtres ou par les anciens de l'Église à tous ceux qui y entrent par le baptême.


      En passant par ces divers degrés de foi et d'obéissance, l'homme est rendu participant du Saint-Esprit, et mis au nombre des enfants de Dieu, comme un de ses saints (voir Jean 3:5)
 ; son nom est écrit dans le livre des noms des justes, et il est tenu de veiller, de prier, d'agir droitement, de se réunir avec les saints autant que les circonstances le permettent, et de participer avec eux au pain et au vin, en mémoire du corps rompu et du sang répandu de Jésus-Christ ; en un mot, de persévérer jusqu'à la fin dans l'observation de tous les devoirs que nous prescrit la loi de Jésus-Christ.


      C'est le devoir et le privilège des saints, ainsi édifiés sur le fondement de l'Évangile éternel, de jouir, selon le degré de leur foi, de tous les dons, de tous les pouvoirs, de tous les bienfaits qui émanent du Saint-Esprit ; par exemple : du don de révélation, du don de prophétie, des visions, de l'administration des anges, du don de guérison des malades par l'imposition des mains au nom de Jésus, de l'opération des miracles, en un mot, de toutes les grâces dont parle l'Écriture et que possédaient les saints d'autrefois (voir 1 Corinthiens 12).

      Voilà une esquisse rapide de la doctrine de cette Église, doctrine que nous regardons comme le seul système que Dieu ait jamais révélé à l'homme dans une alliance évangélique, et le seul qui puisse être appuyé par le Nouveau Testament.


      Or, plus les autres systèmes religieux modernes diffèrent de ces principes, plus nous les désavouons. Nous ne reconnaissons ni leur prêtrise, ni leurs ordonnances comme divines. Mais en même temps nous souhaitons du bien aux individus de toutes ces sociétés : nous croyons que beaucoup d'entre eux sont sincères et qu'ils ont le droit, quelles que soient leurs opinions religieuses, de vivre en paix. Nous ne désirons point persécuter les hommes pour cause de religion, mais nous désirons leur enseigner ces principes que nous considérons comme justes ; les leur enseigner, en tant qu'ils sont disposés à recevoir instruction, et rien de plus.


      Nous croyons aussi que les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament sont vrais, qu'ils sont destinés à servir à notre enseignement, et que toute interprétation mystique, ou privée, de ces livres, doit être rejetée (voir 2 Pierre 1:20)
 ; que les prophéties et la doctrine, les alliances et les promesses qu'ils renferment ont une application littérale, selon le sens le plus clair, le plus naturel et le plus simple des mots de la langue dans laquelle ils sont écrits.


      Nous croyons que les Écritures actuelles ne sont pas tous les Écrits sacrés que Dieu a donnés à l'homme, car c'est un fait aisé à démontrer qu'elles ne renferment qu'une faible partie des choses que Dieu a fait connaître à notre humanité. Il est certain, en effet, qu'une communication libre de Dieu à l'homme n'a pas cessé depuis les jours d'Adam jusqu'à ce jour en toute nation, en toute tribu, en toute langue, en tout peuple, à moins que cette communication n'ait été supprimée pour cause de transgression. Des milliers de communications ont été reçues avant que la Bible ait commencé d'être écrite. Des milliers de communications ont été reçues dans le cours du temps où elle s'écrivait, sans compter celles qui y sont relatées ; et des milliers de communications ont été aussi reçues parmi d'autres peuples et dans d'autres pays éloignés des lieux où se sont passés les événements décrits dans la Bible. En un mot, le Saint-Esprit est un esprit de révélation et de prophétie, et partout où l'humanité en a été favorisée, là il y a eu des communications de la part de Dieu. Voici une liste des noms ou titres de livres inspirés qui ont été perdus, mais que Dieu a promis de restaurer dans cette dispensation qui doit ouvrir le règne millénaire (voir Actes 3:19-21).

Livre des Guerres de l'Éternel : Nombres 21:14
Livre du Juste : Josué 10:13
Livres des Actes de Salomon : 1 Rois 11:41
Livre de Nathan le prophète : 1 Chroniques 29:29
Livre de Gad le voyant : 1 Chroniques 29:29
Prophétie d'Achijah : 2 Chroniques 9:29
Révélations de Jéedo le prophète : 2 Chroniques 9:29
Mémoires de Jéhu : 2 Chroniques 20:34
3000 paraboles et 1005 cantiques de Salomon : 1 Rois 4:32
Une épître de Paul aux Corinthiens : 1 Corinthiens 5:9
Une épître aux Laodicéens : Colossiens 4:16


      C'est pourquoi nous croyons au Livre de Mormon, lequel se compose d'anciens mémoires ou annales américaines, récemment découvertes, contenant un abrégé de l'histoire des prophéties et de la doctrine des anciens peuples qui habitaient l'Amérique, livre qui est venu au jour comme accomplissement direct de la prophétie (voir Ésaïe 29).


      Nous croyons également en maintes communications qu'il a plu à Dieu de nous faire, à la naissance et pendant le développement de son Église, nous ayant souvent révélé sa parole par des visions, par des songes, par des anges, par sa propre voix, et par le Saint-Esprit de prophétie et de révélation (voir Joël 2:28, 29 ; Actes 2:39).


      Nous croyons que Dieu continuera de se révéler a nous jusqu'à ce que toutes choses soient révélées concernant le passé, le présent et l'avenir, jusqu'à ce que nous soyons arrivés à posséder toute connaissance, toute intelligence, toute vérité (voir Ésaïe 2:3 ; Jérémie 33:6 ; Ézéchiel 20:33-38 ; 39:29).


      Nous croyons que les Juifs et toute la maison d'lsraël seront bientôt rassemblés dans leur pays de toutes les contrées où ils ont été dispersés, et qu'ils deviendront un seul peuple dans le pays sur les monts d'lsraël, ne devant jamais plus être divisé ou asservi, qu'ils seront tous amenés à la connaissance de Dieu et deviendront une sainte nation (voir Ésaïe 49:18-23 ; Jérémie 16:14-21 ; Ézéchiel 37:21-28 ; Romains 11:25-27).

      Nous croyons que Jésus-Christ viendra en personne dans les nues du ciel, avec puissance et grande gloire, et tous les saints avec lui, pour régner sur la terre mille ans, et qu'à cette seconde apparition il détruira tous les méchants de la terre par de terribles jugements (voir Actes 1:11 ; 3:19-21 ; Zacharie 14 ; 2 Thessaloniciens 1:7-10 ; Apocalypse 20:4).

      Nous croyons qu'à cet avènement les saints ressusciteront, vivront et règneront sur la terre. Nous croyons que les méchants ressusciteront, non avant, mais après la période de mille ans, et que leur résurrection est liée au jugement dernier (voir Apocalypse 5:9, 10 ; et chap. 20).


      Nous croyons que la restauration d'Israël et de Juda et la seconde apparition du Messie sont proches, que c'est la présente génération qui verra l'accomplissement de ces grands événements, et que le Seigneur a suscité l'Église des saints des derniers jours et rétabli la vérité parmi eux comme un commencement de cette grande restauration (voir Jérémie 16:14-21). Cependant, avant d'aller plus loin, il importe de réfuter certains bruits qui courent, relativement a nos principes sur la propriété, ainsi que sur le mariage. C'est un bruit répandu et souvent accrédité par ceux qui n'ont aucune relation avec notre Société, que nous avons la communauté des biens ; mais c'est une insigne fausseté. Les membres de cette Église ont toujours conservé, chacun, leur propriété, ainsi que cela se pratique généralement dans les autres sociétés de ce monde, sauf ce qu'ils donnent librement pour la leur, afin de subvenir aux besoins des pauvres et pour la construction de maisons servant au culte, etc. Ce qui est ainsi donné est administré par des hommes chargés spécialement de cet objet, lesquels rendent un compte strict de toutes leurs recettes et dépenses, et n'ont pas le droit d'appliquer un dollar à une autre destination que celle pour laquelle il a été donné.


      Quant au bruit, également répandu parmi les ignorants, que nous abolissons le mariage et que nous permettons des relations illicites entre les sexes, c'est une idée sortie du cerveau d'individus méchants et astucieux, et alimentée par la crédulité de gens plus disposés à croire le mensonge qu'ils ne le sont à croire la vérité. Il n'y a jamais eu l'ombre d'un fait quelconque pouvant donner prétexte a un tel bruit. Au contraire, nos principes sur cette matière ont été amplement mis au jour, soit par la presse, soit à la tribune. Nous croyons qu'il est légitime qu'un homme ait une femme, et qu'ils sont unis l'un à l'autre jusqu'à ce que la mort les sépare, et que tout adultère et toute fornication sont absolument interdits par la parole de Dieu, comme ils le sont dans toutes nos lois et règlements religieux et civils ; et que tout individu coupable d'abomination pareille ne peut posséder le royaume de Dieu sans un profond repentir et un complet changement de vie ; condition aussi sans laquelle il ne peut avoir place dans notre Société.


      D'autres bruits encore circulent, que nous jugeons indignes de relever, parce qu'ils sont trop ridicules et trop absurdes pour faire, à un public honnête ou à nous-mêmes, le moindre mal. Il est cependant un conte que je mentionnerai ici, parce que quelques journaux religieux lui ont donné créance. Il s'agit de l'histoire de Salomon Spaulding, écrivant un roman des anciens habitants de l'Amérique, lequel on dit être devenu, entre les mains de M. Sidney Rigdon, le Livre de Mormon. C'est là aussi une basse invention du diable et de ses suppôts pour tromper le monde. M. Sidney Rigdon n'a vu le Livre de Mormon que six mois après sa publication, quand il lui fut présenté par celui qui écrit ces lignes. Le Livre de Mormon n'est point un roman, mais ce sont des archives de l'éternelle vérité, qui subsistera quand même les cieux et la terre passeront. Sous ce rapport, il porte assez le cachet de l'évidence pour que tout lecteur de bonne foi, doué du moindre discernement littéraire, s'aperçoive qu'il n'y a jamais eu trace de fiction dans son origine. On dit enfin de notre Société qu'elle tend à provoquer l'hostilité des Indiens contre les blancs : cela n'a pas non plus le moindre fondement.


      Nous sommes de vrais Américains, nous aimons notre pays et ses institutions ; nous désirons que toute guerre et toute effusion de sang prenne fin. Nous sommes également amis des hommes rouges (ou Indiens) comme étant de la race humaine et plus particulièrement comme étant descendants des enfants d'Israël. Nous désirons qu'ils viennent à la connaissance de ce fait, qu'ils sont les descendants d'Israël, ainsi qu'à la connaissance de Jésus-Christ, laquelle a existé chez leurs aïeux, et qu'ils se repentent et obéissent à l'Évangile, et deviennent un peuple pacifique et béni, et nous croyons qu'ils vont le devenir bientôt, car les alliances faites avec leurs pères doivent s'accomplir.


      Et ces annales ou mémoires de leurs pères, qui ont présentement vu le jour conjointement avec les autres Écritures, feront plus pour leur conversion au christianisme que tous les préceptes du sectarianisme qui peuvent leur être enseignés.
 


 

Sources :

Parley P. Pratt, Histoire des persécutions de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, 1839 

Le Réflecteur, janvier 1853, p. 2-6