John Taylor (1808-1887)

 

 

Membre du collège des Douze de 1838 à 1877

Président du collège des Douze de 1877 à 1880

Président de l'Église de 1880 à 1887

 

 

 


Résumé historique

 

Vie et ministère de John Taylor

 

Anecdotes de la vie de John Taylor liées à des thèmes évangéliques

 

 


 

Résumé historique

 

La chronologie suivante est un résumé qui permet de situer le contexte historique du ministère de John Taylor


 

1 novembre 1808 : Naissance de John Taylor, deuxième des 10 enfants de James et Agnes Taylor, à West­moreland (Angleterre).

 

1819 : (11 ans) Déménage avec sa famille à Hale (près de Milnthorpe), où il aide aux travaux de la petite ferme que son père a héritée d'un oncle.

 

1822 : (14 ans) Entre en apprentissage comme tonnelier à Liverpool. Au bout d'un an, son maître fait faillite et John Taylor retourne chez lui.

 

1824 : (16 ans) Quitte l'Église anglicane et devient méthodiste. Passe la plupart de son temps libre à étudier la Bible, à lire des ouvrages théologiques et à prier.

 

1825 : (17 ans) Devient « exhortateur » méthodiste, c'est-à-dire prédicateur laïque. Reçoit la forte impression qu'il ira en Amérique pour prêcher l'Évangile.

 

1830 : (21-22 ans) Ses parents et le reste de la famille émigrent à Toronto (Canada), le laissant en Angleterre pour régler des affaires de famille.

 

1832 : (23-24 ans) Quitte l'Angleterre pour New York. Commence à prêcher au Canada.

 

1833-1836 : (24-27 ans) Prédicateur dans l'Église méthodiste à Toronto. Continue à étudier et à sonder les Écritures.

 

9 mai 1836 : (27 ans) Baptisé par Parley P. Pratt à Toronto.

 

1836-1837 : (27-28 ans) Est officier président de l'Église au Canada.

 

Mars 1837 : (28 ans) Se rend à Kirtland pour rencontrer le prophète Joseph.

 

1838 : (30 ans) Ordonné apôtre à Far West (Missouri), le 19 décembre, par Brigham Young et Heber C. Kimball, sous la direction de Joseph Smith, qui est emprisonné à la prison de Liberty.

 

1840 : (31 ans) Missionnaire en Grande Bretagne. Il est le premier missionnaire à prêcher l'Évangile rétabli en Irlande et dans l'île de Man. Supervise la préparation et l'impression de la première édition du Livre de Mormon publiée en dehors des États-Unis. Assiste aussi à la préparation d'un livre de cantiques et publie plusieurs brochures missionnaires.

 

1841 : (32 ans) Retourne aux États-Unis avec plusieurs autres apôtres.

 

1842 : (32-33 ans) Nommé par Joseph Smith pour diriger le Times and Seasons, publication de l'Église. Dirige aussi un journal de Nauvoo, le Wasp (1842-1843) qui devient ensuite le Nauvoo Neighbor (1843-1845).

 

1842 : (33 ans) Devient membre du conseil municipal de Nauvoo, membre du conseil d'administration de l'université de Nauvoo, et juge-avocat dans la légion de Nauvoo.

 

27 juin 1844 : (35 ans) Est témoin du martyre de Joseph et Hyrum Smith dans la prison de Carthage et est gravement blessé pendant l'attaque.

 

1846 : (37 ans) Aide à organiser le bataillon mormon à Council Bluffs. Part pour une deuxième mission en Grande Bretagne avec Parley P. Pratt et Orson Hyde.

 

1847 : (38 ans) Retourne d'Angleterre à Winter Quarters. Dirige un grand convoi de saints se rendant en Utah ; arrivée en octobre.

 

1850-1851 : (41-42 ans) Missionnaire en France. Près de Boulogne, fait une prière dans laquelle il consacre le pays à la prédication de l'Évangile. Reçoit la visite du philosophe Louis Krolikowski. Fonde et dirige le premier périodique de l'Église en France, L'Étoile du Deseret. Aide à traduire le Livre de Mormon en français. Publie le premier périodique de l'Église en Allemagne, le mensuel Zion's Panier (Bannière de Sion). Sous sa direction, le Livre de Mormon est publié pour la première fois en allemand. En France, fait la connaissance du procédé de la manufacture du sucre. Sous sa direction, les machines nécessaires sont achetées et envoyées en Utah. Écrit The Government of God.

 

1854 : (45 ans) Élu législateur du Territoire d'Utah.

 

1854-1856 : (46-48 ans) Mission à New York, où il supervise les affaires de l'Église dans les États de l'Est. Publie un journal appelé The Mormon.

 

1857 : (49 ans) Retourne en Utah. Est élu président du corps législatif territorial d'Utah, fonction qu'il assuma pendant plusieurs années, en plus de ses appels dans l'Église.

 

1868-1870 : (59-61 ans) Occupe la fonction de juge des successions et des tutelles du comté d'Utah.

 

29 août 1877 : Mort de Brigham Young. Pendant les trois années suivantes, John Taylor dirige l'Église au titre de président du collège des Douze (68-71 ans).

 

1878 : (69 ans) Organisation de la Primaire.

 

Octobre 1880 : (71 ans) Soutenu président de Église, avec George Q. Cannon et Joseph F. Smith pour conseillers.

 

1882 : (73 ans) Le Congrès des États-Unis adopte le projet de loi Edmunds qui proscrit le mariage plural et qui interdit aux polygames de voter, de détenir une fonction publique ou d'être membres d'un jury.

 

1882 : (73 ans) Publie The Meditation and the Atonement.

 

Mai 1884 : (75 ans) Consacre le temple de Logan (Utah).

 

1885 : (76 ans) Pendant une visite en Californie, reçoit le message que des officiers fédéraux ont ordonné son arrestation pour polygamie. Le 27 janvier retourne à Salt Lake City. Le 1er février prêche son dernier sermon public et se cache, dans l'espoir que ceci limitera la persécution de l'Église par les autorités fédérales.

 

25 juillet 1887 : Meurt à l'âge de 78 ans, dans la maison de Thomas Roueché, à Kaysville (Utah). Pendant son ministère, le nombre des membres de l'Église a dépassé 150 000.

 

 

 

Vie et ministère de John Taylor
 

      John Taylor avait 68 ans au moment de la mort de Brigham Young le 29 août 1877. Pendant les trois années suivantes, le président Taylor dirigea l'Église en tant que président du collège des douze apôtres. À la conférence générale du 10 octobre 1880, il fut soutenu comme prophète, voyant et révélateur et président de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Il occupa cette fonction jusqu'à sa mort le 25 juillet 1887. Quand il était président, aussi bien que pendant les décennies précédentes où il était apôtre, John Taylor était toujours prêt à enseigner et à défendre la vérité. Il fut la source d'une grande force et de direction pour les saints au cours de l'une des époques les plus éprouvantes de l'histoire de l'Église.

 

 

Description du président Taylor

 

      On dit que le président Taylor était bel homme, mesurait un mètre quatre-vingt environ et avait une expression angélique. Ses cheveux étaient d'un blanc éclatant et son teint était mat. Il avait des manières nobles et dignes, « il n'était pas le genre d'homme qu'un ami, même très proche, taperait amicalement sur le dos ou à qui on secouerait et tournerait le bras de tous côtés en lui serrant la main. Un tel comportement envers lui aurait été aussi déplacé qu'envers le plus fier des monarques couronnés » (The Life of John Taylor, B. H. Roberts, 1963, pp. 419-420). Et pourtant il n'avait rien de hautain ; il était bienveillant, courtois et amical envers tous. « Tous ceux qui le rencontraient, en privé ou en public, sentaient qu'ils étaient en présence d'un grand homme, un homme honorable et de valeur » (Latter-day Saint Biographical Encyclopedia, Andrew Jenson, 4 volumes, 1901-1936, 1:18-19).

 

      Sir Richard Burton, écrivain et voyageur britannique qui rencontra le président Taylor, le décrivit comme « un homme un peu âgé, beau et vigoureux aux yeux gris et au regard aimable, à l'expression agréable et au front noble » (History of Utah, Hubert Howe Bancroft, 1980, p.682). Un autre historien écrivit : « Quand on me présenta à lui en 1884, M. Taylor, qui avait alors soixante-dix-sept ans, s'avança... un homme à l'air bienveillant, aux cheveux blancs, de taille moyenne et bien proportionné, au long visage ovale, aux yeux gris profonds et pénétrants, au front large et carré, aux lèvres serrées. Il laissait paraître une ferme détermination, légèrement teintée de mélancolie, comme on pouvait s'y attendre chez un homme qui avait traversé tant d'épreuves (History of Utah, p. 682).

 

 

Ses jeunes années

 

      Né en 1808 dans la région de Westmoreland dans le Nord-Est de l'Angleterre, il eut la bénédiction d'avoir des parents aimants, gentils et humbles qui lui apprirent à lire la Bible et à y croire, à s'abandonner à Dieu et à avoir l'espérance dans le Christ. Ses parents, James et Agnes Taylor le firent baptiser dans l'Église anglicane peu après sa naissance. L'éducation qu'il reçut dans l'Église anglicane lui fit aimer la musique et les chants sacrés, l'enseignement formel de la Bible et la prière privée et publique. Pendant son enfance, John Taylor conçut une dévotion et un amour profond et immuable pour Dieu. Devenu président de l'Église, il dit aux saints : « Dès mon jeune âge, j'ai appris à m'adresser à Dieu. Souvent, j'allais dans les bois, je me cachais derrière un buisson, je m'inclinais devant le Seigneur et je lui demandais de me guider et de me diriger. Et il entendait ma prière... C'était là l'esprit qui m'animait quand j'étais petit garçon... Mon esprit était tourné vers le Seigneur à cette époque, et je suis toujours le même (Deseret News, 3 janvier 1882, p. 1).

 

      Petit garçon, il avait eu la « vision, d'un ange dans les cieux qui sonnait de la trompette et annonçait un message aux nations ». Bien qu'il n'ait compris le caractère prophétique de cette vision que plus tard dans sa vie, il se sentit proche de Dieu tout au long de son adolescence. Il écrivit : « J'entendais souvent, quand j'étais seul et parfois en compagnie d'autres personnes, de la musique douce, mélodieuse, qui semblait être jouée par des anges ou par des êtres surnaturels » (The Life of John Taylor, pp. 27-28).

 

      À l'âge de 16 ans environ, il quitta l'Église anglicane pour devenir méthodiste. L'année suivante, il fut nommé exhortateur, c'est-à-dire prédicateur laïque, dans cette Église, une responsabilité rare pour un homme si jeune. Sa vie était déjà caractérisée par le courage fondé sur la certitude de sa conviction, conviction basée sur l'expérience personnelle. À la même époque il reçut la forte impression que Dieu l'avait appelé pour un jour prêcher l'Évangile aux États-Unis d'Amérique.

 

 

Sa recherche du royaume de Dieu

 

      En 1830, les parents de John Taylor, ainsi que d'autres membres de sa famille émigrèrent à Toronto (Canada), le laissant en Angleterre pour vendre la ferme et pour régler d'autres affaires de famille. Quand il eut terminé, il quitta l'Angleterre à bord d'un bateau à destination de New York. Au cours du voyage, le bateau rencontra une forte tempête qui avait déjà endommagé plusieurs bateaux dans ce secteur. Le capitaine et les officiers s'attendaient à ce que le bateau coule, mais la voix de l'Esprit rendit à John Taylor le témoignage suivant : « Tu dois aller en Amérique pour prêcher l'Évangile ». Le président Taylor rappelait : « J'avais une telle confiance en mon destin, que je suis monté sur le pont à minuit et je me sentais aussi calme parmi les éléments qui faisaient rage, que si j'avais été assis chez moi dans le salon. Je croyais que j'atteindrais l'Amérique et que j'accomplirais mon oeuvre » (The Life of John Taylor, pp. 28-29). Il arriva sain et sauf à New York et, au bout de quelques mois, rejoignit ses parents à Toronto, où il continua à être membre de l'Église méthodiste et commença à prêcher. À cette époque, il rencontra Leonora Cannon, elle aussi méthodiste fervente qui avait récemment immigré d'Angleterre au Canada. Comme ils partageaient une profonde conviction religieuse et l'amour de la connaissance, de la culture et s'aimaient, ils se marièrent le 28 janvier 1833 à Toronto.

 

      Pendant son séjour au Canada, John Taylor se joignit à un groupe d'amis pour étudier sérieusement la Bible et pour approfondir sa compréhension de la vérité. Ce fut à cette époque de recherches spirituelles intenses que Parley P. Pratt, membre du collège des douze apôtres, fut envoyé en mission à Toronto.

 

      À son arrivée à Toronto, Parley P. Pratt demanda à de nombreux prêtres et fonctionnaires de la ville un endroit où prêcher, mais ses requêtes furent rejetées. John Taylor, lui-même, qui avait entendu beaucoup de rumeurs à propos de l'Église, ne fut pas réceptif au début. Sans aucun espoir concret de réussir, Parley P. Pratt décida de quitter Toronto, et il s'arrêta chez les Taylor pour faire ses adieux. La voisine de John Taylor, qui sentait que Parley P. Pratt était un homme de Dieu, offrit de le loger, de le nourrir et de lui donner la possibilité de tenir des réunions. Parley P. Pratt accepta son offre et il fut bientôt présenté aux amis de John Taylor qui se réunissaient pour rechercher la vérité.

 

      John Taylor entama une étude minutieuse de la doctrine de l'Église. Il dit : « Je m'y consacrai pendant trois semaines et je me déplaçai avec frère Pratt ». Il nota et étudia les discours de Parley P. Pratt et les compara aux Écritures. Après un certain temps, le Saint-Esprit rendit témoignage de la véracité du message de Parley P.  Pratt et John et Leonora Taylor furent baptisés le 9 mai 1836. John Taylor témoigna plus tard n'avoir « jamais, depuis lors, douté d'aucun principe du mormonisme » (The Life of John Taylor, p. 38).

 

 

Un nouveau membre et un dirigeant fidèle

 

      Peu de temps après son entrée dans l'Église, John Taylor reçut l'appel d'officier comme président de l'Église au Canada, office qu'il détint pendant un peu plus d'un an. Ses devoirs exigeaient des voyages fréquents, mais il prêcha inlassablement l'Évangile et veilla sur les affaires spirituelles et temporelles de l'Église dans le pays. L'un de ses plus grands désirs à cette époque était de rencontrer Joseph Smith, le prophète. En mars 1837, il se rendit à Kirtland (Ohio), où il fut reçu chez le prophète. Il dit avoir ressenti « comme une décharge électrique » en lui serrant la main (The Lord Needed a Prophet, Susan Arrington Madsen, 1996, p. 49). Le prophète lui enseigna encore de nombreuses vérités concernant l'oeuvre des derniers jours. Rapidement, il se forma entre les deux hommes un lien d'amitié et de confiance qui ne devait jamais se briser.

 

      Pendant son séjour à Kirtland, John Taylor rencontra beaucoup de détracteurs de Joseph Smith, le prophète. Des apostats tenaient fréquemment des réunions dans lesquelles ils critiquaient haut et fort le prophète. Vers la fin d'une de ces réunions dans le temple de Kirtland, John Taylor demanda la parole et défendit courageusement le prophète. Il dit : « C'est Joseph Smith qui, sous la direction du Tout-Puissant, a élaboré les premiers principes, et c'est de lui que nous attendons d'autres instructions. Si l'esprit qu'il manifeste n'apporte pas de bénédictions, je crains fort que celui manifesté par ceux qui ont parlé ne risque guère de les leur assurer. Dans les temps passés, les enfants d'Israël, après avoir vu se manifester le pouvoir de Dieu au milieu d'eux, sont entrés en rébellion et dans l'idolâtrie, et nous courons certainement le très grand danger de faire la même chose » (The Life of John Taylor, pp. 40-41). Beaucoup d'apostats n'abandonnèrent pas leur attitude, mais les saints fidèles furent fortifiés par la loyauté et la conviction de John Taylor.

 

 

Son appel et son service d'apôtre

 

      À l'automne 1837, John Taylor fut appelé par Joseph Smith à venir s'installer à Far West (Missouri), pour remplir une place vacante dans le collège des douze apôtres (il fut ordonné de façon officielle en décembre 1838). À propos de la perspective de servir dans l'apostolat, John Taylor dit : « L'oeuvre et la responsabilité semblaient grandes, les devoirs ardus. Je ressentais ma propre faiblesse et ma petitesse, mais j'étais déterminé, avec l'aide du Seigneur, à m'efforcer de magnifier mon appel » (The Life of John Taylor, p. 48). L'humilité devant Dieu et l'engagement à chercher sa direction allaient caractériser le ministère de John Taylor. Devenu président de l'Église, il dit aux saints : « Je n'ai pas d'idées, seulement celles que Dieu me donne ; vous devriez faire de même. Certains s'obstinent à vouloir faire les choses à leur façon et à exécuter leurs propres théories étranges. Je n'ai aucune pensée de cette sorte, mais j'ai le désir, quand les choses se présentent, de connaître la volonté de Dieu et de la faire » (The Gospel Kingdom, sélection de G. Homer Durham, 1941, p. 44).

 

 

Témoin du martyre

 

      En tant qu'apôtre, John Taylor fut un compagnon fidèle et digne de confiance de Joseph Smith, le prophète. Franklin D. Richards, du collège des Douze, a dit, à propos de l'amitié qui unissait John Taylor et le prophète : « Très peu d'hommes ont atteint la relation personnelle, chaleureuse, qu'il atteignit et entretint avec le plus grand succès avec Joseph Smith, le prophète, jusqu'à sa mort, et l'histoire de cette affection personnelle fut couronnée par les balles qu'il reçut dans la prison de Carthage avec le prophète » (The Life of John Taylor, p. 449).

 

      Le martyre de Joseph Smith fut l'un des événements les plus éprouvants de la vie de John Taylor. Il se rendit volontairement à la prison de Carthage, où le prophète et son frère Hyrum furent illégalement emprisonnés le 25 juin 1844. Bientôt il fut clair que les émeutiers de Carthage n'avaient pas l'intention de les relâcher et qu'ils étaient en danger. Le 27 juin, d'autres membres de l'Église venus de Nauvoo à Carthage, firent des démarches pour essayer d'obtenir que justice soit faite. L'après-midi, il ne restait que John Taylor et l'apôtre Willard Richards dans la prison avec Joseph et Hyrum. Ayant prévu de rassembler les frères de Nauvoo pour délivrer le prophète Joseph, John Taylor dit : « Frère Joseph, si vous le permettez et donnez votre accord, en cinq heures je vous sortirai de cette prison, même si, pour cela, elle doit tomber » (The Life of John Taylor, pp. 134-135). Joseph refusa cette façon d'agir.

 

      Au cours de l'après-midi du 27 juin, une grande tristesse s'empara des quatre hommes. Comme John Taylor avait une magnifique voix de ténor, on lui demanda à deux reprises de chanter le cantique « Je rencontrais sur mon chemin » pour leur faire reprendre courage. Après qu'il eut fini de chanter pour la deuxième fois le cantique, des émeutiers aux visages noircis envahirent les escaliers de la prison. Hyrum Smith et Willard Richards s'appuyèrent immédiatement contre la porte de toutes leur forces, pour les empêcher de l'ouvrir. Les premiers coups de feu traversèrent la porte, Hyrum fut atteint et tué. Les émeutiers continuèrent à tirer et se mirent bientôt à introduire leurs fusils par la porte entrouverte. John Taylor se mit à côté de la porte et, avec une lourde canne, essaya de faire dévier les canons des fusils qui pointaient dans la pièce. Il écrivit : « Ce fut une scène terrible. Des colonnes de feu grosses comme mon bras passaient à côté de moi quand ces hommes tiraient, et... il semblait que la mort était inévitable. Je me souviens d'avoir senti que mon heure était venue, mais j'étais plus calme, plus imperturbable, plus énergique et j'agissais avec plus de rapidité et de résolution qu'à n'importe quel autre moment, dans une situation critique » (The Gospel Kingdom, p. 360).

 

      Au milieu de cette scène, le prophète Joseph, qui avait lui aussi essayé de résister aux émeutiers, dit à John Taylor : « C'est bien, frère Taylor, faites de votre mieux pour les détourner » (The Gospel Kingdom, p. 360). Ce furent les dernières paroles qu'il devait entendre du prophète ici-bas (voir The Gospel Kingdom, p. 360). Conscient que leur position derrière la porte ne pouvait plus être maintenue, John Taylor s'élança vers la fenêtre. Comme il allait sauter, un coup de feu tiré de l'intérieur de la prison le frappa à la cuisse gauche. Pendant un instant il reposa affaissé sur le rebord de la fenêtre, et il serait tombé, mais un coup de feu tiré de l'extérieur frappa la montre dans la poche sur sa poitrine et le fit retomber dans la pièce. John Taylor essaya de ramper sous un lit qui se trouvait dans la pièce. Pendant ce temps, il fut atteint par trois autres balles. L'une se logea un peu au-dessous de son genou gauche et ne fut jamais enlevée. Une autre pénétra la paume de sa main gauche. Une troisième balle frappa le muscle de sa hanche gauche et arracha plusieurs centimètres de chair. Bien que grièvement blessé et souffrant énormément, il survécut à l'attaque et fut plus tard ramené chez lui à Nauvoo par plusieurs saints.

 

      Quelques instants après que John Taylor fut frappé, le prophète Joseph essaya également de sauter par la fenêtre, mais il fut immédiatement atteint et tomba à l'extérieur. John Taylor écrivit plus tard que quand il apprit la mort du prophète, il ressentit « une impression nauséeuse, d'engourdissement et de solitude » (The Life of John Taylor, p. 140).

 

      La section 135 de Doctrine et Alliances contient le récit du martyre, écrit par John Taylor. Cette section ne fournit pas beaucoup de détails de l'événement, mais elle apporte un témoignage puissant concernant le prophète Joseph : « Joseph Smith, le Prophète et Voyant du Seigneur, a fait plus, avec l'exception unique de Jésus, pour le salut des hommes dans ce monde, que n'importe quel autre homme qui y ait jamais vécu... Il fut grand dans sa vie et dans sa mort aux yeux de Dieu et de son peuple. Et, comme la plupart des oints du Seigneur dans les temps anciens, il a scellé sa mission et ses oeuvres de son sang » (D&A 135:3).

 

 

Défenseur de la foi

 

      Lorsqu'il fut membre du Collège des Douze, John Taylor consacra son temps et ses talents à la proclamation et la défense de l'Évangile. Il utilisa son talent pour l'écriture en tant que rédacteur du Times and Seasons, du Wasp et du Nauvoo Neighbor, tous des journaux de Nauvoo. Plus tard, lorsqu'il présida l'Église dans l'Est des États-Unis, il fut le rédacteur et l'éditeur du Mormon, hebdomadaire new­yorkais, qui présentait la doctrine de l'Église. Ses livres comprennent deux commentaires de doctrine, The Government of God et An Examination into and an Elucidation of the Great Principle of the Mediation and Atonement of Our Lord and Saviour Jesus Christ (Une étude et une élucidation du grand principe de la médiation et de l'expiation de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ), publiés alors qu'il était président de l'Église. Ses talents d'écrivain et de rédacteur lui valurent les titres de « Défenseur de la foi » et de « Champion de la vérité » parmi les membres de l'Église. Brigham Young dit de John Taylor : « Je dirai qu'il possède l'un des plus grands cerveaux que l'on puisse trouver ; c'est un homme puissant... C'est un des rédacteurs les plus talentueux qui aient jamais écrit » (Deseret News, 17 septembre 1856, p. 219).

 

      John Taylor proclama l'Évangile non seulement par l'intermédiaire de la parole écrite, mais il fit aussi quatre missions à plein temps : deux en Grande Bretagne, une en France et en Allemagne et une à New York. En tout, il passa plus de sept ans en mission à plein temps. Bien que ces éloignements prolongés de ses êtres chers aient exigé un grand sacrifice, la conviction de John Taylor concernant l'oeuvre du Seigneur ne fléchit jamais. Dans une lettre écrite à sa famille pendant l'une de ses missions, il dit : « Je m'occupe des affaires de mon Maître ; je suis un serviteur de Jéhovah pour proclamer sa volonté aux nations. Je viens pour ouvrir la porte de la vie à une nation puissante, pour annoncer à des millions les principes de la vie, de la lumière et de la vérité, de l'intelligence et du salut, pour briser leurs chaînes, pour libérer les opprimés, pour ramener les errants, pour corriger leurs opinions, pour améliorer leur moralité, pour les sauver de la dégradation, de la ruine et de la misère et pour les conduire vers la lumière, la vie, la vérité et la gloire céleste. Vos esprits ne ressentent-il pas la même chose que le mien ? je sais que si » (The Life of John Taylor, p. 208).

 

 

Mari et père

 

      Son service dans l'Église réclama une grande partie de son temps, cependant John Taylor fut un mari et un père aimant et attentionné. Il chérissait le temps qu'il pouvait passer avec les siens et profita souvent de l'occasion d'apprécier leur compagnie tout en les instruisant. Et de ce fait, sa famille l'aimait beaucoup. Des années plus tard, son fils, Moses W. Taylor écrivit : « Ses enfants l'estimaient tellement, que leur plus grand désir semblait être de lui faire plaisir » (« Stories and Counsel of President Taylor », Young Woman's journal, mai 1905, p. 219).

 

      Dans ses relations avec ses enfants, John Taylor était un exemple de chaleur humaine, de gentillesse et de bonne humeur. Son fils Ezra Oakley Taylor se rappelait l'expérience suivante :

 

      « Quand je devins plus grand, les réunions du dimanche après-midi se tenaient dans le tabernacle. Nous étions tous censés être présents et pouvoir raconter plus tard qui avait fait le discours et à quel sujet, qui avait prié et quels cantiques nous avions chanté. Ce dimanche-là, certains d'entre nous avaient décidé de sauter cette réunion juste une fois et de demander à l'un de nos amis de nous donner les renseignements nécessaires. Ensuite vint le conseil de famille et, bien sûr, mon père m'interrogea sur le discours et me demanda qui l'avait fait. Préparé, mon ami dit qu'il ne se souvenait plus très bien et je répétai ses paroles  : ' Oh, c'était un vieux moulin à paroles et je ne me souviens plus de son nom, mais c'était sans intérêt'. Avec un regard amusé, mon père dit : 'Le vieux moulin à paroles était ton père ', puis il continua le conseil » (« An lnterview with Ezra Oakley Taylor, Son of President John Taylor », par Julia Neville Taylor. Archives du Département de la généalogie et de l'histoire de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Non daté. Microfilm 2).

 

      En tant qu'apôtre et plus tard en tant que président de l'Église, le président Taylor exhorta continuellement les saints à aimer et à fortifier leur famille. Il recommanda aux membres de l'Église de réserver une soirée par semaine pour étudier l'Évangile et pour se distraire en famille. Il leur promit « la paix et l'amour, la pureté et la joie qui rendraient leur vie de famille idéale » s'ils appliquaient fidèlement ce principe (« Home Evening », par Joseph F. Merrill, Improvement Era, janvier 1918, p. 203).

 

 

Présidence de l'Église

 

      Pendant les années où John Taylor dirigea l'Église en tant que président du collège des Douze et, ensuite, en tant que président de l'Église, il se consacra avec énergie et avec dévouement à l'édification des saints.

 

 

Ordre et justice dans la prêtrise

 

      L'une des oeuvres les plus importantes de sa présidence consista à mettre de l'ordre dans les collèges de la prêtrise et à les exhorter à accomplir leurs devoirs. Il donna l'instruction aux évêques de tenir des réunions hebdomadaires de la prêtrise dans leur paroisse et il conseilla aux présidents de pieu de tenir des réunions mensuelles de la prêtrise de pieu. B. H. Roberts, des Soixante-dix, écrivit : « Qui ne se souvient pas de la puissance et du sérieux avec lequel, lors des conférences et d'autres réunions publiques, il incitait les présidents de pieu et les évêques à mettre en ordre la prêtrise et les institutions qu'ils supervisaient ? » (The Life of John Taylor, p. 347).

 

      Dans une révélation donnée par l'intermédiaire du président Taylor en octobre 1882, le Seigneur donna l'instruction aux saints, particulièrement aux frères de la prêtrise, de s'organiser et de marcher en sainteté devant lui. Les paragraphes suivants sont des extraits de cette révélation :

« Et que les présidents de pieu également se purifient, et les détenteurs de la prêtrise et les membres des pieux qu'ils président, et qu'ils organisent la prêtrise selon ma loi dans leurs différents pieux, dans tous leurs divers départements, dans les grands conseils, dans les collèges des anciens, et dans les épiscopats et leurs conseils, et dans les collèges des prêtres, des instructeurs et des diacres ; que chaque collège soit pleinement organisé selon l'ordre de mon Église...

 

      « Et que ma prêtrise s'humilie devant moi et ne cherche pas sa propre volonté, mais la mienne ; car si les détenteurs de ma prêtrise que j'ai choisis, appelés et dotés de l'esprit et des dons pour leurs appels respectifs, et des pouvoirs qui leur appartiennent, ne me reconnaissent pas, je ne les reconnaîtrai pas, dit le Seigneur ; car je serai honoré et obéi par ma prêtrise.

      « De plus, je demande à ma prêtrise et à tout mon peuple de se repentir de leurs péchés et faiblesses, de leurs convoitises, orgueil et désirs personnels, et de toutes leurs iniquités par lesquelles ils pèchent contre moi ; et de chercher en toute humilité à accomplir ma loi, eux qui sont ma prêtrise, mes saints et mon peuple ; et je demande aux chefs de famille de mettre leurs maisons en ordre suivant la loi de Dieu, de remplir les diverses tâches et responsabilités qui y sont associées, de se purifier devant moi et d'extraire l'iniquité de leurs foyers. Et je vous bénirai et serai avec vous, dit le Seigneur ; et vous vous rassemblerez dans vos saints lieux dans lesquels vous vous assemblez pour m'invoquer, vous demanderez des choses qui sont justes, j'entendrai vos prières, mon Esprit et mon pouvoir seront avec vous et mes bénédictions descendront sur vous, sur vos familles, vos demeures et vos foyers, sur votre menu et gros bétail et sur vos champs, sur vos vergers et vos vignes et sur tout ce qui vous appartient ; et vous serez mon peuple et je serai votre Dieu » (The Life of John Taylor, pp. 350-351).

 

 

Perfectionnement des saints

 

      Afin de faire grandir la compréhension et le témoignage de l'Évangile parmi les saints, le président Taylor établit des conférences de pieu trimestrielles dans toute l'Église. Il y assistait chaque fois que c'était possible. S'il ne le pouvait pas, il y envoyait un membre du collège des Douze. B. H. Roberts écrivit, à propos de cette habitude : « Les membres de l'Église reçurent de nombreux enseignements de la part des apôtres, probablement plus que jamais auparavant dans l'histoire de l'Église. Cela entraîna un grand éveil spirituel parmi les saints » (The Life of John Taylor, p. 329). Un autre événement important, qui date du début de sa présidence, fut l'organisation officielle de la Primaire en 1878, pour un enseignement plus efficace des enfants dans l'Église. Le président Taylor insista aussi inlassablement sur l'importance de l'oeuvre missionnaire, et le nombre de frères envoyés proclamer l'Évangile augmenta.

 

      Dans ses nombreux discours, le président Taylor ne cessait d'exhorter les saints à s'acquitter de leurs devoirs dans tous les aspects de leur vie, que ce soit en tant que membres de la famille, membres de l'Église, voisins ou citoyens. Il enseigna aux saints que, s'ils étaient obéissants et mettaient leur confiance dans le Seigneur, ils n'auraient rien à craindre. Il enseigna que Dieu serait du côté d'Israël, si Israël était du côté de la justice (Deseret News, 19 septembre 1882, p. 1).

 

 

Défense de la liberté

 

      Bien que les convictions de John Taylor fussent fortes, il respecta et défendit toujours la liberté individuelle. Pendant ses années à Nauvoo, lorsqu'il était apôtre, il fut appelé « le champion de la liberté » et il continua à mériter ce titre lorsqu'il fut président de l'Église. À une époque où les saints des derniers jours formaient une majorité écrasante en Utah, le président Taylor ne cessa de prêcher la liberté religieuse et la liberté de conscience pour tous. Il affirma : « Nous avons parfois des sentiments très impétueux envers les gens qui ne pensent pas comme nous. Ils ont le droit de penser comme bon leur semble ; et nous aussi. Donc, si un homme n'a pas les mêmes croyances que moi, cela ne me regarde pas. Et si je n'ai pas les mêmes croyances que lui, cela ne le regarde pas. Protégeriez-vous un homme aux croyances différentes des vôtres ? Oui, jusqu'au bout. Il devrait exercer la même justice envers moi, et alors je m'attendrais à ce que mes droits soient protégés » (The Gospel Kingdom, pp. 328-329).

 

      Pour le président Taylor, la liberté était également importante au sein de l'Église. Lors des conseils, il encourageait toujours les membres à s'exprimer librement. Bien que comprenant pleinement l'importance de l'unité, il croyait que la liberté était le moyen d'atteindre une unité véritable.

 

 

Temps d'épreuve

 

      La situation des saints aux États-Unis se révéla être un défi à cet amour de la liberté. Sous la direction du Seigneur, les saints avaient pratiqué le mariage plural dans l'Église, depuis l'époque de Joseph Smith à Nauvoo. Dans les années 1860 et 1870, le gouvernement des États-Unis vota des lois qui interdisaient le mariage plural et refusaient le statut d'État et d'autres droits au Territoire d'Utah et à ses citoyens. Convaincue que ces lois constituaient une violation de la liberté religieuse inscrite dans la Constitution, l'Église usa de son influence pour porter l'affaire devant la Cour suprême des États-Unis. En 1879, juste deux ans après que le président Taylor eut pris la direction de l'Église, la Cour suprême des États-Unis confirma la loi du gouvernement fédéral de 1862 contre la polygamie. En 1882 et de nouveau en 1887, le Congrès des États-Unis vota des lois supplémentaires, qui permettaient au gouvernement fédéral de dissoudre l'Église en tant qu'entité légale et de confisquer tous ses biens excédant une valeur de 50 000 dollars (ce qui comprenait quatre temples en construction, le tabernacle, les églises et beaucoup d'autres biens). La loi avait pour but de priver les membres de l'Église de leurs droits civiques, y compris du droit de vote. Ces mesures donnèrent des moyens légaux permettant la persécution des saints des derniers jours qui pratiquaient le mariage plural. L'Église fit plusieurs appels en justice, mais sans succès.

 

      Durant la dispute grandissante au sujet de la polygamie, John Taylor apprit que des officiers gouvernementaux s'apprêtaient à l'arrêter. Ayant épuisé tous les moyens d'appel légaux, il devait décider d'obéir à Dieu ou à l'homme. Dans son dernier discours public, il dit aux saints : « Je ne peux pas, étant un homme honorable, désobéir à mon Dieu... et fouler sous mes pieds ces obligations saintes et éternelles, que Dieu m'a donné à garder et qui ont une portée éternelle » (Deseret News, 17 février 1885, p. 1). À partir du jour où il prononça ce discours jusqu'au jour de sa mort presque deux ans et demi plus tard, il se cacha dans différents endroits en Utah. Plutôt que de se détourner des instructions du Seigneur concernant le mariage plural, le président Taylor choisit de se cacher pour obéir à Dieu, dans l'espoir que la persécution de l'Église diminuerait. B. H. Roberts écrivit : « Lorsque le président Taylor se retira de la vie publique au soir du 1er février 1885, ce n'était pas par souci de sa sécurité personnelle, de sa tranquillité ou de son confort, mais pour le bien public et dans l'intérêt de la paix » (The Life of John Taylor, p. 400).

 

      Bien qu'absent de la vie publique, il continua à diriger l'Église par le moyen de lettres et d'instructions orales données à des proches en qui il avait confiance. La réclusion, la séparation d'avec sa famille et ses amis et la tension causée par ses responsabilités, commencèrent cependant à lui peser lourdement. Au début de l'année 1887, sa santé commença à se détériorer. Pendant plusieurs mois il résista à la maladie et dit à ses proches qu'il se rétablirait bientôt, mais en juillet il fut manifeste que son état était grave. Le soir du 25 juillet 1887, le président Taylor s'éteignit paisiblement chez Thomas Roueché, à Kaysville (Utah).

 

 

Hommages au président Taylor

 

      Les descriptions les plus justes du ministère de John Taylor furent celles données par les personnes qui avaient servi avec lui et qu'il avait instruites. Dans le discours qu'il prononça lors des funérailles de John Taylor, Franklin D. Richards, du collège des Douze, affirma : « Le président Taylor était un courageux défenseur de la vérité. Il ne craignait rien... Quand nous étions en mission en Europe ensemble, il oeuvrait en France. Il y travaillait diligemment, et, à un moment donné, un certain nombre de ministres du culte se mirent ensemble pour dénoncer cette hérésie, comme ils l'appelaient. Le président Taylor, avec sa hardiesse habituelle, consentit à en rencontrer toute une bande... Il leur résista et il défendit la vérité » (The Life of John Taylor, p. 448).

 

      Daniel H. Wells, qui fut conseiller de Brigham Young, dit ceci à propos du président Taylor : « Il vécut une vie noble et sans crainte, agréable à Dieu. Que ceux qui sont encore en vie cherchent à imiter son noble exemple... Il fut défenseur des droits humains, défenseur de la liberté et de la vérité. Il eut une vie noble et utile, remplie d'honneur et de mérite pour lui-même et sa famille, qui apporta de la satisfaction au peuple et de la gloire à Dieu. C'est avec plaisir que je témoigne de la fidélité et du dévouement du président Taylor, de son intégrité devant Dieu et de son amour pour son peuple » (The Life of John Taylor, p. 455).

 

      Angus M. Cannon, président du pieu de Salt Lake, fut le dernier orateur aux obsèques de John Taylor. Il rendit hommage à l'homme qui avait passé tant d'années à oeuvrer à l'établissement du royaume de Dieu : « Il a été soulagé de ses douleurs. Il dort en Dieu ; et je vois en imagination le portail des cieux ouvert, par lequel il est entré... Frère Taylor prit le témoignage que Joseph lui donna, que Jésus transmit à Joseph, que Dieu demanda à Joseph d'écouter de la bouche de son Fils bien-aimé ; et il porta cette nouvelle aux pays étrangers, et fit vibrer notre coeur par les paroles qu'il y annonça. Je proclame que c'est avec une grande joie et une grande allégresse que le président Taylor s'est réuni de l'autre côté du voile avec ceux qui oeuvrèrent avec lui, entourés par les apôtres de Jésus-Christ » (The Life of John Taylor, pp. 459-460).

 

 

 

Anecdotes de la vie de John Taylor liées à des thèmes évangéliques

 

 

Amour du prochain

 

      John Taylor a souvent enseigné aux membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours qu'il est important non seulement de croire, mais aussi de mettre en application la demande du Seigneur d'aimer son prochain. Il leur lança l'exhortation suivante : « Aimez-vous les uns les autres, faites des oeuvres de justice, ayez à l'esprit le bien-être de tous, et efforcez-vous de contribuer au bonheur de tous. C'est ce que fait Dieu » (The Gospel Kingdom, p. 341). Il était persuadé que l'Esprit fait grandir l'amour pour les autres. Il enseigna : « Lorsque vous recevez l'Esprit de Dieu, vous êtes remplis de bonté, de charité, de longanimité et vous souhaitez, tout au long de la journée, donner à chacun ce que vous désirez pour vous-mêmes. Vous êtes prêts, tout au long de la journée, à faire pour tous les hommes ce que vous voudriez qu'ils fassent pour vous » (Deseret News, 24 décembre 1862, p. 201).

 

      Depuis le moment de son baptême en 1836 jusqu'à sa mort en 1887, John Taylor fut témoin de beaucoup de persécutions et de traitements injustes infligés aux saints. Il vit les émeutiers chasser des membres de l'Église de leur maison, il fut le témoin oculaire du martyre de Joseph et de Hyrum Smith (et fut lui-même grièvement blessé dans l'attaque) ; et il était avec les saints en Utah lorsque la persécution à leur égard continua. Malgré cela, il exhorta toujours les membres de l'Église à aimer tous les hommes. Dans un discours prononcé en Utah lorsqu'il était président du collège des douze apôtres, il déclara :

 

      « David pria pour que Dieu envoyât ses ennemis au séjour des morts rapidement (voir Psaume 55 :16). Jésus, lorsqu'il fut crucifié, souffrant la douleur d'une mort cruelle, dit : ' Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font ' » (Luc 23 :34). J'aime cette prière beaucoup plus que la première... C'est ce que nous devrions éprouver. Nous devrions le ressentir les uns envers les autres et nous devrions nous traiter mutuellement avec bonté et ne pas avoir de sentiments négatifs... J'entends parfois quelqu'un dire : ' Je déteste untel '. Eh bien, je ne connais personne ici-bas que je déteste. Le commandement est de nous aimer les uns les autres ! » (Deseret News, 1 juin 1880, p. 1).

 

 

dîme

 

      John Taylor croyait que Dieu subvenait à ses besoins temporels en plus de ses besoins spirituels. Il encourageait les saints à rechercher et à reconnaître la main de Dieu dans les affaires temporelles : « Nous devons nous comporter de manière à être guidés et inspirés par le Seigneur concernant les choses temporelles comme les choses spirituelles, sinon nous n'obtiendrons jamais la gloire que tant d'entre nous recherchent » (Deseret News, 11 février 1879, p. 1).

 

      Tout en reconnaissant l'importance des choses temporelles pour subvenir aux besoins physiques, le président Taylor avait une perspective correcte des choses du monde. À propos de sa manière de voir les richesses temporelles, B. H. Roberts, des soixante-dix, écrivit : « Il n'a jamais cherché à devenir riche... Cependant les biens qu'il possédait à Nauvoo et auxquels il renonça pour fuir dans le désert avec l'Église du Christ étaient suffisants pour prouver qu'il était financièrement aisé. Il avait cependant le regard et le coeur fixés sur de meilleures richesses que la teigne et la rouille ne pouvaient pas détruire et que les voleurs ne pouvaient ni percer, ni dérober (voir Matthieu 6:19­2). Ces choses emplissaient son âme, accaparaient son attention et ne lui laissaient que peu de temps pour lui permettre de s'intéresser aux biens de ce monde. Son slogan était ' l'argent a peu d'importance au regard de la vérité ' » (The Life of John Taylor, pp. 424-425).

 

      Le président Taylor considérait qu'il était important d'observer la loi de la dîme pour s'acquitter de ses responsabilités temporelles et reconnaître la main de Dieu dans toutes ses bénédictions. À une époque où la plupart des dîmes étaient payées en nature plutôt qu'en argent, il enseigna à ses enfants l'importance de donner ce qu'il y avait de meilleur au Seigneur pour exprimer leur reconnaissance pour tout ce qu'ils avaient reçu. « Lorsque l'on récoltait les fruits en automne », écrivit son fils Moses W. Taylor, « notre père venait inspecter les paniers et, en choisissant les fruits les plus gros et les plus beaux, il disait : ' Prélevez la dîme parmi ceux-ci et veillez à la payer entièrement ' » (Young Woman's journal, mai 1905, p. 218).

 

 

épreuves

 

      John Taylor subit de nombreuses épreuves dans sa vie. L'une de ses plus grandes épreuves fut peut-être celle qu'il vécut dans la prison de Carthage. Pendant l'attaque au cours de laquelle le prophète Joseph et son frère Hyrum furent tués, John Taylor fut touché par plusieurs balles. Grièvement blessé et incapable de voyager jusqu'à Nauvoo, il resta à Carthage plusieurs jours. C'est dans cette période qu'un docteur de la ville vint lui retirer une balle qui s'était logée dans sa jambe. Les blessures de John Taylor étaient si graves que sa femme, qui venait juste d'arriver, « se retira dans une autre pièce afin de prier pour lui, pour qu'il ait la force de supporter cela et qu'il puisse rentrer auprès d'elle et de sa famille ». Quand le docteur demanda à John Taylor s'il désirait être attaché pendant l'opération, celui-ci répondit non. L'opération se fit sans qu'il soit attaché ou anesthésié (The Life of John Taylor, p. 146).

 

      Lorsque plusieurs membres de l'Église arrivèrent à Carthage dans le but de le ramener à Nauvoo, John Taylor était si faible à cause de la perte de son sang qu'il pouvait à peine murmurer. Il était incapable de faire la route en chariot, et c'est sur une civière qu'il fut transporté à Nauvoo. Toutefois, les mouvements des personnes qui le portaient finirent par provoquer une violente douleur. On trouva un traîneau qu'on accrocha à l'arrière d'un chariot. On y fit un lit et la femme de John Taylor se tint aux côtés de son mari pour humecter ses blessures avec de l'eau glacée ; le traîneau glissa doucement sur l'herbe épaisse de la prairie jusqu'à Nauvoo (voir The Life of John Taylor, pp. 148-149).

 

      Les tribulations continuèrent à Nauvoo, où John Taylor et des centaines de saints commencèrent à quitter la ville en février 1848 afin d'échapper à la persécution qui augmentait. Leurs souffrances alors qu'ils campaient en face de Nauvoo, de l'autre côté du fleuve, ont été rapportées comme suit : « Ils étaient là, exposés aux rigueurs du climat, alors qu'à peu de distance, presque visibles, se trouvaient leurs demeures confortables, leur belle ville et leur magnifique temple ! Ces maisons qu'ils avaient quittées et cette ville leur appartenaient toujours car leur départ avait été si précipité qu'ils n'avaient pas eu le temps de vendre leurs propriétés » (The Life of John Taylor, p. 169).

 

      Bien des années plus tard, alors que les saints étaient installés dans la vallée du lac Salé, le président Taylor subit l'épreuve de la solitude et de l'isolement. Il se cachait pour atténuer la persécution que les autorités fédérales faisaient subir à l'Église, et se trouvait dans l'impossibilité de voir ses êtres chers, car ils étaient l'objet de surveillance. Son isolement devint particulièrement pénible pendant la maladie et finalement le décès de son épouse Sophia. Pour des raisons de sécurité, il ne put aller la voir ni même assister à son enterrement. Le coeur brisé, le président Taylor supporta humblement ces moments difficiles avec la force d'âme chrétienne qui l'avait caractérisé toute sa vie (voir The Life of John Taylor, pp. 389-391, 400). Son attitude devant l'épreuve est peut-être le mieux résumée dans l'extrait suivant d'une lettre qu'il écrivit à sa famille alors qu'il était en exil : « Certains pensent que les épreuves et les persécutions sont des afflictions, mais quelquefois, et surtout si nous faisons la volonté du Seigneur et gardons ses commandements, on peut dire qu'elles sont vraiment des bénédictions déguisées » (The Life of John Taylor, pp. 391-392).

 

      Malgré les épreuves qui ponctuèrent sa vie, John Taylor demeura un serviteur du Seigneur et un dirigeant vaillant, un exemple permanent de foi et de persévérance au milieu des afflictions.

 

 

Évangile

 

      Au cours de l'année 1836 à Toronto (Canada), John Taylor et d'autres personnes se réunissaient plusieurs fois par semaine pour étudier la Bible et pour s'efforcer de comprendre la vérité. Ils croyaient fermement au rassemblement d'Israël, aux dons de l'Esprit, au règne millénaire du Sauveur, à la nécessité d'avoir des apôtres et des prophètes, et à l'importance que les ordonnances soient accomplies par l'autorité venant de Dieu. À cette époque, cependant, ils ne connaissaient aucune Église qui enseignât ces choses. John Taylor a dit à propos de leur quête de la vérité : « Nous priions le Seigneur et nous jeûnions et priions pour que Dieu nous enseigne les vrais principes, qu'il rétablisse l'Évangile ancien, pur, et que, s'il y avait sur la terre une Église vraie, il nous envoie un messager ».

 

      Leurs prières furent bientôt exaucées par l'arrivée de Parley P. Pratt. Avant le départ en mission de Parley P. Pratt, Heber C. Kimball lui prophétisa : « C'est la volonté du Seigneur que vous alliez au Canada, car il y a là-bas des personnes qui recherchent diligemment la vérité, et beaucoup d'entre elles croiront vos paroles et recevront l'Évangile ».

 

      Parley P. Pratt commença à prêcher à Toronto et, après un certain temps, il rencontra John Taylor et ceux qui étudiaient avec lui. John Taylor écrivit plus tard : « Nous fûmes remplis de joie en écoutant ses prédications mais lorsqu'il rendit témoignage concernant Joseph Smith et le Livre de Mormon, nous ne sûmes pas quoi dire. je notai les huit premiers discours qu'il prêcha et je les comparai aux Écritures. J'examinai aussi les preuves concernant le Livre de Mormon et je lus Doctrine et Alliances. Je m'y consacrai régulièrement pendant trois semaines et je suivis Parley P. Pratt d'un endroit à l'autre » (« History of John Taylor by Himself », Histoires des Douze, Archives du Département de la généalogie et de l'histoire de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, pp. 9-10).

 

      John Taylor fut bientôt convaincu que l'Évangile éternel avait été rétabli. Il se fit baptiser le 9 mai 1836. Dans son appel de missionnaire, d'apôtre et finalement de président de l'Église, il se réjouit d'enseigner les vérités immuables et éternelles de l'Évangile.

 

 

expiation

 

      Lors d'une réunion du dimanche avec des membres de l'Église, John Taylor parla de la joie que lui apportait la méditation sur l'Expiation de Jésus-Christ. « J'aime rencontrer les saints. J'aime rompre le pain avec eux en mémoire du corps rompu de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, et aussi boire la coupe en mémoire de son sang répandu. Et j'aime ensuite réfléchir aux associations que cela comporte. Notre relation avec Dieu par l'intermédiaire de notre Seigneur Jésus-Christ; nos relations entre nous en tant que membres du corps du Christ, et nos espoirs concernant l'avenir ; la seconde venue de notre Seigneur Jésus Christ, lorsque, nous fait-on comprendre, il se ceindra et il nous servira, et nous mangerons du pain et nous boirons du vin avec lui dans le royaume de son Père. J'aime réfléchir à tout cela et à mille autres choses concernant le salut, le bonheur et l'exaltation des saints de Dieu ici-bas et dans le monde à venir » (Deseret News, 15 janvier 1873, p. 760).

 

      John Taylor enseignait souvent les effets de l'expiation de Jésus-Christ pour toute l'humanité. Il parlait aussi de la joie qu'il recevait personnellement lorsqu'il méditait sur la miséricorde manifestée par l'Expiation. Il a dit : « Je me réjouis que nous ayons un Sauveur qui a eu la bonté de venir nous racheter et que nous ayons un Sauveur qui se fait une joie de la rédemption du monde qui se produira » (Deseret News, 4 mars 1863, p. 282).

 

      Peu avant sa mort, le président Taylor écrivit aux membres de sa famille la lettre suivante, dans laquelle il exprimait l'espérance que lui procure l'Expiation : « Je prie Dieu, le Père éternel, pour que, lorsque nous auront terminé notre temps de mise à l'épreuve ici, nous soyons présentés au Seigneur sans défaut et sans tache, comme des représentants purs et honorables de l'Église et du royaume de Dieu sur la terre, puis, pour que nous héritions d'une gloire céleste dans le royaume de notre Dieu et vivre à jamais dans la félicité avec les purs et les justes dans les demeures du jour éternel, grâce aux mérites et à l'expiation du Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur et Rédempteur, aux siècles des siècles » (The Life of John Taylor, p. 398).

 

 

famille

 

      Le 1er février 1885, John Taylor se cacha volontairement pour éviter la persécution des autorités fédérales. Il espérait que cet exil atténuerait l'oppression que subissait l'Église à cette époque, bien qu'il sût que cela le séparerait vraisemblablement de la plus grande partie de sa famille pour le reste de sa vie terrestre. Néanmoins, pendant toute cette période, il continua à se soucier du bien-être des siens. Peu de temps avant sa mort, il dit à son neveu, Angus M. Cannon : « Dis-leur que je me souviendrai toujours d'eux. J'aime chacun d'eux et ne cesse de prier Dieu à leur sujet » (The Life of John Taylor, p.459).

 

      Le président Taylor était un mari et un père aimant et dévoué. Son fils, Moses W. Taylor, a écrit à son sujet : « Il désirait vraiment que ses enfants restent sous l'influence de la famille et il nous trouvait des terrains de jeu. Même âgé de plus de soixante-dix ans, il venait jouer avec nous. Il avait fait venir un gros tas de sable pour les plus jeunes et je ne crois pas avoir passé de meilleurs moments de toute ma vie que ceux passés à creuser ce sable... Je ne l'ai jamais vu se fâcher contre un membre de la famille. Je n'ai jamais entendu mon père et ma mère se quereller ou être en désaccord en présence des enfants. Quand il parlait de nos tâches dans l'Église, c'était toujours sous forme de conseils et il disait souvent : ' Cela me ferait plaisir que tu sois un saint des derniers jours fidèle '. Ses enfants le tenaient en si haute estime que leur plus grand désir était de lui faire plaisir » (Young Woman's journal, Mai 1905, p. 219).

 

      Le président Taylor enseigna aux saints l'importance d'être de bons exemples pour leurs enfants. Son fils, Frank Y. Taylor, a parlé de la grande influence positive que son père a eue sur sa vie : « Quand je pense à l'éducation attentive que j'ai reçue, à l'exemple merveilleux qui m'a été donné dans ma jeunesse, j'aurais été impardonnable de ne pas avoir choisi le bien dans ma vie, parce que je crois avoir eu un exemple parfait. Quand j'étais jeune, j'ai été tenté comme tous les autres garçons ; mais mon père menait une vie si libre, si pure et si propre qu'à chaque tentation, il me semblait qu'il se tenait devant moi, majestueux comme un monument, et je ne pouvais faire le mal qui me tentait. Je sentais que j'attirerais son déplaisir et je savais que rien dans la vie ne pourrait me justifier de choisir un chemin qui ne serait pas acceptable aux yeux de mon Père céleste. En pensant à la vie de mon père, je me disais que je voudrais bien avoir la même afin d'être une lumière dans les ténèbres pour mes fils et mes filles » (Conference Report, octobre 1919, p. 156).

 

 

instruction

 

      En 1877, John Taylor fut élu au poste de directeur des écoles d'un district du territoire d'Utah. À ce poste, il s'efforça de nommer les enseignants les plus qualifiés pour instruire les enfants et les jeunes. Il supervisa aussi des enquêtes statistiques sur le niveau d'instruction de la population, non seulement en Utah mais dans tous les États et les territoires des États-Unis, pour mieux évaluer le niveau d'instruction des saints des derniers jours. Pour sa gestion du système scolaire, il reçut une lettre de félicitations de l'administrateur suppléant de l'Éducation des États-Unis (voir The Life of John Taylor, p. 323). Cette lettre constituait une distinction méritée pour le travail accompli par John Taylor, dont la vie reflétait son amour de l'instruction et de l'enseignement.

 

      De sa scolarité en Angleterre, lorsqu'il était enfant, à son service en tant que président de l'Église, John Taylor a constamment étudié et s'est efforcé de développer l'intelligence que Dieu lui avait donnée. La diligence dont il faisait preuve pour apprendre permit à l'Église de progresser de nombreuses façons. Cela a été le cas par exemple lorsqu'il faisait une mission en France. Bien qu'il ne soit pas resté longtemps dans ce pays, il participa à la traduction du Livre de Mormon en français et en allemand et lança la publication de deux mensuels de l'Église dans ces langues (voir The Life of John Taylor, pp. 228-232).

 

      John Taylor a beaucoup écrit sur l'Évangile : des lettres, des traités, des cantiques, des brochures, des articles de journaux et des livres. Un historien américain célèbre a fait l'éloge de l'un de ses livres, The Government of God. Il a écrit : « Comme dissertation sur un sujet général et abstrait, ce livre n'a probablement pas d'égal dans toute la littérature mormone. Son style est élevé et clair et chaque page dénote la grande érudition de l'auteur. En tant qu'étudiant d'histoire ancienne et contemporaine, théologien et moraliste, le président Taylor a vraiment sa place parmi les plus grands » (Hubert Howe Bancroft, History of Utah, 1890, p. 433).

 

      En plus de ses nombreux écrits, sa maîtrise de la langue ajoutée à son témoignage de l'Évangile permirent à John Taylor de faire d'innombrables sermons inspirants et instructifs. B. H. Roberts a écrit : « Les saints qui l'ont écouté pendant un demi-siècle se souviendront toute leur vie de sa présence de dirigeant, de son charisme, de la vigueur et de la puissance de ses discours et des grands principes dont ils traitaient... Il était d'une éloquence débordante, qui vous touchait jusqu'au tréfonds de l'âme » (voir The Life of John Taylor, pp. 430-433).

 

 

intégrité

 

      John Taylor a mené une vie intègre qui était un exemple pour toutes les personnes qui le connaissaient et qui servaient dans l'Église avec lui. Le lendemain de sa mort, en juillet 1887, ses conseillers, George Q. Cannon et Joseph F. Smith, écrivirent une lettre au Deseret News, pour informer le public de son décès. Cet avis de décès contenait un hommage au président Taylor. Voici un extrait de l'hommage qui décrit la vaillance et l'intégrité de ce prophète bien-aimé :

 

      « Peu d'hommes ont jamais fait preuve d'une aussi grande intégrité, d'une morale aussi indéfectible et d'un aussi grand courage que notre président bien-aimé qui vient de nous quitter. Il n'éprouvait jamais de peur concernant l'oeuvre de Dieu. Lorsqu'il était face à une foule en colère ou dans d'autres occasions où des personnes qui menaçaient sa vie risquaient de s'en prendre à lui physiquement, ou encore lorsqu'un groupe de personnes était en danger, il ne reculait jamais, ses genoux ne tremblaient jamais, ses mains ne montraient aucun signe de peur. Lorsque la fermeté et le courage étaient nécessaires, tous les saints des derniers jours savaient à l'avance, dans quel camp se trouverait John Taylor et avec quel ton il parlerait. Il abordait tous les problèmes hardiment et sans détour, d'une façon qui méritait l'admiration de toutes les personnes qui le voyaient et qui l'entendaient. Le courage et la fermeté à toute épreuve faisaient partie de ses plus grandes qualités... C'était un homme sur lequel tout le monde pouvait compter » (The Life of John Taylor, pp. 410-411).

 

 

joie

 

      Fin juin 1847, un grand groupe de saints dirigé par John Taylor et Parley P. Pratt quitta Winter Quarters pour se rendre dans l'Ouest. En septembre 1847, ils avaient atteint le versant est des Montagnes Rocheuses, à quelque six cents kilomètres de la vallée du lac Salé. La première semaine de septembre, il neigea beaucoup et de nombreux saints commencèrent à perdre courage. Au même moment, Brigham Young et plusieurs autres membres des Douze quittaient la vallée du lac Salé en direction de Winter Quarters pour aller à la rencontre du convoi de John Taylor. Malgré la neige et l'inquiétude croissante des pionniers qui se rendaient dans la vallée du lac Salé, John Taylor encouragea chacun à prendre courage et il tint conseil avec le président Young, les autres membres des Douze qui l'accompagnaient et les autres dirigeants du groupe.

 

      Pendant que les frères étaient en réunion, les nuages se dissipèrent et le soleil fit rapidement fondre la neige. Sans en informer le reste du groupe, plusieurs soeurs se rendirent jusqu'à une prairie retirée entourée de buissons. Elles commencèrent à installer des tables de fortune avec des nappes blanches et de la belle vaisselle. Un récit de l'époque rapporte que « l'on tua le veau gras ; l'on prépara du gibier et du poisson en abondance ; l'on apporta des fruits, des gelées et des achards qui avaient été réservés pour une occasion spéciale afin que le festin soit vraiment royal ».

 

      À la fin de la réunion, on conduisit les frères qui y avaient participé et plus de cent autres membres du groupe à un lieu de rassemblement surprise où ils purent apprécier un bon repas. Le récit poursuit : « Le dîner terminé et débarrassé, on organisa un bal et bientôt, au doux mélange de rires et de conversations enjouées se mêla le son joyeux du violon... L'on dansa, l'on chanta et l'on récita des poèmes. ' Nous nous sentîmes à la fois édifiés et bénis, écrivit John Taylor, nous louâmes le Seigneur et nous nous bénîmes les uns les autres ' » (voir The Life of John Taylor, pp. 186, 188-192 ; voir aussi B. H. Roberts, A Comprehensive History of the Church, 3 : 293-298).

 

      Les saints des derniers jours ont toujours cru qu'il fallait avoir du bonheur dans la vie, que ce soit en profitant de la beauté et de l'abondance de la nature, en se rassemblant pour des activités sociales saines ou en méditant sur les vérités de l'Évangile. John Taylor a enseigné : « La vie et la recherche du bonheur devraient occuper l'attention de tous les êtres intelligents ».  Il croyait que l'on peut recevoir beaucoup de joie dans cette vie, cependant il a aussi enseigné : « Pour atteindre le plus grand bonheur, nous devons recevoir l'approbation de notre Père céleste, craindre Dieu, apprendre à connaître ses lois, les principes de vérité éternelle et les choses qui, selon nous, nous apporteront non seulement le bonheur temporel, mais aussi le bonheur éternel » (The Gospel Kingdom, p. 342).

 

 

Joseph Smith

 

      En mars 1837, John Taylor se rendit à Kirtland, en Ohio, et eut l'occasion de rencontrer pour la première fois Joseph Smith, le prophète, et d'apprendre les principes de l'Évangile nouvellement rétabli. À l'époque où John Taylor se rendit à Kirtland, beaucoup de membres de l'Église étaient devenus critiques à l'égard de Joseph. Même certains membre du collège des douze apôtres s'étaient laissé prendre par cet esprit de dissension, comme Parley P. Pratt, qui avait été le premier à enseigner l'Évangile à John Taylor. Lorsque Parley P.  Pratt lui fit part de ses doutes au sujet du prophète, John Taylor répondit :

 

      « Je suis étonné de vous entendre parler ainsi, frère Parley. Avant de quitter le Canada, vous avez rendu un témoignage puissant que Joseph Smith est un prophète de Dieu et que l'oeuvre qu'il a commencée est vraie. Vous avez dit que vous saviez ces choses par la révélation et par le don du Saint-Esprit. Vous m'avez donné la stricte recommandation de ne pas croire si vous ou un ange du ciel devait déclarer quelque chose d'autre. Frère Parley, ce n'est pas à l'homme que j'obéis mais au Seigneur. Les principes que vous m'avez enseignés m'ont conduit à lui et j'ai maintenant le même témoignage dont vous bénéficiiez alors. Si l'oeuvre était vraie il y a six mois, elle est vraie aujourd'hui, si Joseph Smith était un prophète, il est encore un prophète maintenant » (The Life of John Taylor, pp. 39-40). Parley P. Pratt se repentit bientôt de ses sentiments et continua à être un serviteur vaillant du Seigneur.

 

      John Taylor resta loyal à Joseph Smith depuis le jour où il le rencontra et ils étaient ensemble quand le prophète fut tué en martyr. Dans un discours qu'il fit presque 20 ans après la mort de Joseph, John Taylor dit : « Même si personne d'autre sous les cieux ne sait que Joseph Smith est un prophète de Dieu, moi, je le sais, et j'en témoigne à Dieu, aux anges et aux hommes » (Deseret News, 25 mars 1863, p. 306). Pendant tout son ministère, il enseigna avec joie que « Dieu a remis son Évangile des temps anciens à Joseph Smith, en lui donnant des révélations, en lui ouvrant les cieux et en lui faisant connaître le plan de salut et d'exaltation des enfants des hommes » (The Gospel Kingdom, p. 33).

 

 

Libre arbitre et responsabilité

 

      John Taylor a déclaré : « Nous parlons parfois du libre arbitre. Est-ce un principe correct ? Oui et c'est un principe qui a toujours existé et qui vient de Dieu, notre Père céleste » (The Gospel Kingdom, p. 59). Le président Taylor chérissait le principe du libre arbitre, le pouvoir que notre Père céleste a donné à ses enfants de choisir le bien ou le mal et d'agir par eux-mêmes. Il enseigna cependant que les gens sont responsables de leurs actions devant Dieu. Il déclara : « Dieu n'a jamais donné à l'homme un contrôle illimité des affaires de ce monde ; mais il a toujours dit que l'homme reçoit son inspiration de lui et demeure ici-bas et est responsable de ses actes devant lui » (The Government of God, p. 49).

 

      Pour mettre l'accent sur le rapport entre le libre arbitre et la responsabilité, le président Taylor fit l'analogie suivante : « Un homme loue une vigne ou une ferme. Il possède un certain libre arbitre et un pouvoir discrétionnaire, mais il doit toujours respecter certaines conditions imposées par le propriétaire des lieux. De même, Dieu a contracté une alliance avec Noé, Abraham, les enfants d'Israël et les premiers saints. Une alliance signifie qu'il y a deux parties : dans ce cas, Dieu et le peuple. Si le peuple respecte son alliance, le Seigneur est lié et doit respecter son engagement mais, si l'homme transgresse, le Seigneur n'est pas obligé de respecter son engagement... L'homme a donc la capacité de prendre des décisions d'ordre moral afin de recevoir ou non les bénédictions que Dieu lui permet de recevoir » (The Government of God, pp. 49-50).

 

      À l'époque du président Taylor, certaines personnes disaient que l'objectif de l'Évangile et de la prêtrise était « d'asservir les hommes ou de tyranniser l'esprit des hommes ». Il rejeta catégoriquement cette idée en déclarant que l'objectif de l'Évangile est « de rendre tous les hommes aussi libres que Dieu, afin qu'ils puissent boire au ' fleuve dont les courants réjouissent la cité de Dieu ', afin qu'ils soient élevés et non rabaissés, afin qu'ils soient purifiés et non corrompus, afin qu'ils apprennent les lois de la vie et qu'ils les suivent, afin qu'ils évitent les sentiers corrompus et ne descendent vers la mort » (The Gospel Kingdom, p. 123).

 

 

obéissance

 

      John Taylor montra qu'il était disposé à obéir à Dieu tout au long de sa vie. Ce fut particulièrement évident lorsqu'il reçut l'appel de quitter ses êtres chers et de servir le Seigneur comme missionnaire en Angleterre.

 

      L'appel lui fut adressé en juillet 1838 dans une révélation contenue dans la section 118 de Doctrine et Alliances. Cette révélation commandait aux apôtres de partir du site du temple de Far West (Missouri), le 26 avril 1839, pour leur service missionnaire. Il devint extrêmement difficile d'obéir à ce commandement à cause de la persécution et de l'expulsion des saints du Missouri pendant l'hiver 1838-1839. Pourtant, en dépit du danger que présentait leur retour au Missouri, John Taylor et les autres apôtres avaient confiance au Seigneur et furent obéissants. Le 26 avril 1839, peu après minuit, ils retournèrent à Far West et se retrouvèrent sur le site du temple, où ils posèrent la pierre angulaire du temple et partirent pour Nauvoo afin de terminer les préparatifs pour leur mission en Angleterre (voir The Life of John Taylor, pp. 64-65).

 

      John Taylor partit en mission de Montrose (Iowa), où il s'était installé avec sa famille dans une ancienne caserne en rondins sur l'autre rive du fleuve, face à Nauvoo. Bien que lui-même et sa famille souffrissent de malaria, il obéit à l'appel de partir en mission en Angleterre. À propos de la douleur de se séparer de sa famille, il dit : « Le souvenir des épreuves qu'ils venaient de supporter, l'incertitude de savoir s'ils pourraient rester dans la maison qu'ils occupaient alors, et qui consistait en une pièce unique, la fréquence des maladies, la pauvreté des frères, l'insécurité à cause des émeutiers, tout cela mêlé à l'incertitude concernant ce qui pourrait se passer pendant mon absence, suscitèrent en moi des sentiments très forts. Ces soucis, paternels et conjugaux, furent encore augmentés par le temps et la distance qui allaient nous séparer. Mais l'idée de partir pour obéir à l'ordre du Dieu d'Israël de me rendre dans mon pays natal, afin d'enseigner les principes de la vérité éternelle et de faire connaître les choses que Dieu avait révélées pour le salut du monde, domina sur tous les autres sentiments » (The Life of John Taylor, pp. 67-68).

 

      Le président Taylor puisa sa force dans son témoignage profond de l'Évangile. « Lorsque j'entendis l'Évangile pour la première fois, je fus obligé d'admettre qu'il présentait quelque chose de raisonnable. J'espérais presque qu'il n'était pas vrai. S'il est vrai, me suis-je dit, je serai obligé de l'accepter, car je suis un honnête homme. Sinon je ne pourrais pas avoir confiance en moi » (The Gospel Kingdom, p. 359).

 

 

Oeuvre missionnaire

 

      John Taylor a été missionnaire aux États-Unis et à l'étranger. Il fit plusieurs missions à plein-temps entre 1839 et 1857. Il montra qu'il avait une grande foi et un grand témoignage lorsqu'il prêchait, souvent dans des circonstances difficiles, parfois sans argent ni nourriture. Il avait confiance que le Seigneur le protégerait, lui et sa famille, et lui donnerait le moyen de prêcher l'Évangile.

 

      Le pouvoir et le soutien du Seigneur se manifestèrent par exemple peu de temps après que John Taylor eût quitté sa famille à Montrose, dans l'Iowa, pour faire une mission en Angleterre. Tandis qu'il traversait l'Indiana, il tomba très malade et fut obligé de passer plusieurs semaines dans un hôtel pour se rétablir. Pendant ce temps, John Taylor enseignait l'Évangile lors de réunions qu'il tenait près de l'hôtel, même s'il devait parfois rester assis pendant qu'il parlait. Les personnes qui l'écoutaient remarquèrent qu'il n'avait jamais demandé d'argent, malgré sa situation difficile. Finalement, l'une de ces personnes s'approcha de lui et dit : « M. Taylor, vous n'agissez pas comme les autres prédicateurs : vous n'avez rien dit sur votre situation ni sur l'argent que vous avez. Pourtant, cela fait un moment que vous êtes malade. Votre note de médecin, d'hôtel et vos autres dépenses doivent être élevées. J'en ai discuté avec des amis et nous voudrions vous aider ». John Taylor accepta cette aide avec reconnaissance. Il put bientôt poursuivre sa route après avoir payé tout ce qu'il devait. John Taylor a dit de cette expérience : « Je préfère placer ma confiance dans le Seigneur que dans n'importe lequel des rois de la terre » (The Life of John Taylor, pp. 69-71). 

 

 

Origine et destinée de l'humanité

 

      Dans un discours qu'il fit alors qu'il était président du collège des Douze, John Taylor évoqua le désir spirituel qu'il avait dans son enfance de comprendre le but de l'existence et sa relation avec Dieu. Il dit : « Quand j'étais petit, je me demandais souvent  : Qui suis-je ? D'où suis-je venu ? Que fais-je ici ? Et pourquoi suis-je ici ? Ces choses-là nous intriguent encore, beaucoup d'entre elles du moins, et pourtant ce sont des choses auxquelles nous sommes obligés de penser. Nous voyons la naissance des enfants, nous voyons le printemps, l'été, l'automne et l'hiver se suivre régulièrement et nous nous demandons : Par quelle puissance ces choses furent-elles créées ? Pourquoi sommes-nous ici et quel est le but de toutes ces choses que nous voyons autour de nous » (Deseret News, 24 juin 1879, p. 1).

 

      Les enseignements de John Taylor reflètent la joie qu'il trouva dans la doctrine de l'Évangile qui l'aida à comprendre son origine divine et sa destinée d'enfant de Dieu. Il déclara : « Quand un saint de Dieu réfléchit et que la vision de l'éternité s'ouvre devant lui et que les desseins immuables de Dieu se révèlent à son esprit, quand il contemple sa vraie position devant Dieu, les anges et les hommes, alors il s'élève au-dessus des choses temporelles et des sens et il brise les liens qui l'attachent aux objets terrestres. Il contemple Dieu et sa propre destinée dans le plan éternel de Dieu et il se réjouit dans l'espérance grandissante d'une gloire immortelle » (The Gospel Kingdom, p. 63).

 

 

prêtrise

 

      John Taylor considérait que la prêtrise, en plus d'être l'autorité d'agir au nom de Dieu, était aussi une grande force permettant d'accomplir de grandes choses. Il enseigna que les détenteurs de la prêtrise devaient l'utiliser activement pour le bien d'autrui et pour accomplir les justes desseins de Dieu. Il recommanda à tous les détenteurs de la prêtrise d'accomplir leurs devoirs et de magnifier leurs appels, en ajoutant que « l'instructeur ou le diacre qui accomplit ses devoirs est beaucoup plus honorable que le président ou le membre des Douze qui ne le fait pas » (The Gospel Kingdom, p. 166).

 

      Le président Taylor respectait également l'autorité des frères qui utilisaient leur prêtrise pour le servir, lui et sa famille. L'humble respect qu'il avait pour l'autorité de la prêtrise est démontré dans l'histoire que son fils Moses W. Taylor relata à propos d'une soirée où la famille recevait la visite de leurs instructeurs au foyer. Le fils du président Taylor raconta : « L'un d'entre eux était âgé de seize ans et, ce soir-là, c'était son tour de diriger. Mon père réunit la famille ; il dit aux instructeurs au foyer que nous étions tous là et ajouta : ' Nous sommes entre vos mains et nous attendons vos instructions ' ».

 

      Le jeune garçon demanda alors au président Taylor si les membres de sa famille et lui priaient ensemble et personnellement, s'ils se comportaient bien envers leurs voisins, s'ils assistaient régulièrement à leurs réunions dominicales et s'ils soutenaient les dirigeants de l'Église. « Mon père répondit à chacune de ces questions avec autant d'humilité que s'il avait été le plus jeune membre de la famille. Après avoir terminé leurs questions, les instructeurs au foyer demandèrent à mon père s'il avait des instructions à leur donner. Il leur répondit qu'il était heureux de leur fidélité et qu'il les remerciait de leur visite, puis il les exhorta à venir rendre visite à sa famille aussi souvent qu'ils le pouvaient parce qu'il comprenait tout le bien qu'un détenteur de la prêtrise qui est le pouvoir de Dieu pouvait apporter à sa famille ; il leur dit qu'aucun office de l'Église ne pouvait accomplir autant de bien que celui d'instructeur. Il leur demanda de veiller particulièrement sur ses enfants et de les conseiller comme un père le ferait. ' Je ne suis pas souvent chez moi ', ajouta-t-il, ' car mes responsabilités dans l'Église m'appellent souvent à m'absenter et je crains que mes enfants ne s'égarent s'ils ne reçoivent pas souvent de bons conseils ' » (Young Woman's journal, mai 1905, p. 219).

 

      Le président Taylor accordait beaucoup d'importance à l'ordre et à l'organisation au sein de la prêtrise, et enseignait que la prêtrise « est un modèle de ce qui se passe dans les cieux » et le moyen « par lequel les habitants de la terre reçoivent les bénédictions de Dieu » (Deseret News, 28 décembre 1859, p. 337). Il organisa la pratique de réunions hebdomadaires de la prêtrise dans les paroisses, ainsi que des réunions mensuelles de la prêtrise au niveau des pieux et des conférences de pieu tous les quatre mois afin d'inciter les détenteurs de la prêtrise à apprendre leurs responsabilités et à s'en acquitter.

 

      Après le décès de Brigham Young en août 1877, la Première Présidence fut dissoute et le collège des douze apôtres, présidé par John Taylor, devint le collège président de l'Église. Le président Taylor savait que dans ce genre de situation le collège des Douze avait la même autorité que la Première Présidence (voir D&A 107:22-24), mais il savait aussi que l'ordre normal de la prêtrise voulait que l'Église soit dirigée par un président et ses deux conseillers. En même temps, il chercha humblement à faire la volonté du Seigneur et il ne voulut pas s'attribuer lui-même une quelconque position.

 

      Un peu plus de trois ans après le décès de Brigham Young, la Première Présidence fut réorganisée. Le 10 octobre 1880, John Taylor fut soutenu comme président de l'Église, avec George Q. Cannon et Joseph F. Smith comme conseillers. Lorsqu'il fut soutenu, le président Taylor dit : « Si nous n'avions pas eu le devoir d'organiser pleinement et complètement l'Église dans tous ces offices, j'aurais de beaucoup préféré rester avec les frères des Douze ; ce sont bien sûr mes sentiments personnels. Mais il y a des questions qui se posent concernant ces sujets et ce n'est pas à nous de décider de la route à prendre ou de la manière d'agir. Lorsque Dieu nous donne un ordre et qu'il décide d'une organisation dans son Église, avec les divers collèges de la prêtrise, tels qu'ils nous ont été révélés par l'intermédiaire de Joseph Smith, le prophète, je ne pense pas que la Première Présidence, les Douze, les grands-prêtres, les soixante-dix, les évêques ou qui que ce soit d'autre ait le droit de changer ou de modifier ce plan que le Seigneur a présenté et établi ».

 

      Il déclara ensuite que, depuis le décès de Brigham Young, la prêtrise avait été pleinement organisée, à l'exception de la Première Présidence, et qu'il était nécessaire que le collège de la Première Présidence, ainsi que tous les autres collèges, occupent la place qui leur avait été assignée par le Tout-Puissant.

 

      Le président Taylor ajouta : « Ce sont les suggestions que m'a données l'Esprit du Seigneur. J'ai fait part de mes sentiments aux Douze, qui ont été d'accord avec moi et, en fait, plusieurs d'entre eux avaient eu les mêmes sentiments que moi. Nous ne considérons pas cela, du moins nous ne devons pas le considérer, comme une question de place, de position ou d'honneur, bien que cela soit un grand honneur de servir Dieu. C'est un grand honneur de détenir la prêtrise de Dieu. Bien que ce soit un honneur d'être au service de Dieu, de détenir la prêtrise, il n'est pas honorable qu'un homme ou qu'un groupe d'hommes cherche à obtenir une position dans la sainte prêtrise. Jésus a dit : ' Ce n'est pas vous qui m'avez choisi ; mais moi, je vous ai choisis ' (Jean 15:16). Comme je l'ai dit auparavant, si j'avais écouté mes sentiments personnels, j'aurais dit : les choses vont très bien comme cela ; tout est facile et agréable et j'ai, au collège des Douze, beaucoup de bons frères que je respecte et que j'estime, et je me réjouis de leur présence. Je préfère que les choses restent comme elles sont. Mais ce n'est pas à moi de décider, ce n'est pas à vous de décider ce que vous préférez, mais nous qui détenons la sainte prêtrise, nous devons veiller à ce que toutes les organisations de cette prêtrise restent intactes et que tout, dans l'Église et dans le royaume de Dieu soit organisé en fonction du plan qu'il a révélé. C'est pourquoi nous avons pris la décision que nous vous demandons de soutenir aujourd'hui » (The Gospel Kingdom, pp. 141-142).

 

 

relation avec Dieu

 

      John Taylor aimait profondément son Père céleste. Il l'appelait « notre Père, notre ami et notre bienfaiteur ». Il disait : « Nous nous appuyons sur son bras et nous savons qu'il nous guidera et nous dirigera, qu'il influencera et contrôlera les affaires de son peuple, c'est pourquoi nous nous appuyons sur lui » (Deseret News, 27 décembre 1871, p 550).

 

      En témoignant de l'amour et de l'intérêt que Dieu porte à ses enfants, le président Taylor déclara : « Je ne connais pas d'homme ici-bas, quel que soit l'endroit où il demeure, qui n'ait pas été délivré après avoir placé sa confiance en Dieu. Je sais sans aucun doute que c'est mon cas. Lorsque je me suis trouvé à l'étranger et que je ne pouvais me tourner vers personne d'autre que lui, je sais que le Tout-Puissant était à mes côtés et qu'il a répondu à mes prières » (The Gospel Kingdom, p. 45).

 

      Sa confiance en Dieu se manifesta en 1839 lorsqu'il partit en mission avec Wilford Woodruff dans les îles Britanniques. Il tomba gravement malade pendant le voyage de Nauvoo à New York, où ils devaient embarquer à bord d'un navire à destination de l'Angleterre. Wilford Woodruff se rendit à New York où il attendit John Taylor, qui avait dû repousser son départ à cause de sa maladie.

 

      Lorsque John Taylor arriva à New York, Wilford Woodruff avait hâte de partir et il paya immédiatement son billet à destination de l'Angleterre. Bien que sans un sou en poche, John Taylor dit à Wilford Woodruff : « Frère Woodruff, si vous pensez que je dois venir, je viens avec vous ». Wilford Woodruff lui demanda comment il allait se procurer l'argent du billet ; il lui répondit : « Oh, il n'y aura pas de difficulté. Réservez-moi une place sur votre bateau et je trouverai l'argent ».

 

      Après avoir entendu la conversation entre John Taylor et Wilford Woodruff, Theodore Turley exprima le désir de les accompagner et il se proposa de cuisiner pour eux, bien qu'il n'ait pas d'argent non plus. Voyant le désir de Theodore Turley de participer à l'oeuvre, John Taylor demanda à Wilford Woodruff de lui réserver aussi une place à bord du navire.

 

      En peu de temps, le Seigneur leur fournit l'argent dont ils avaient besoin pour le voyage. B. H. Roberts, des soixante-dix, écrivit : « Au moment où il prit cette décision, frère Taylor n'avait pas d'argent, mais l'Esprit lui avait chuchoté qu'il trouverait l'argent et cette petite voix douce ne l'avait jamais trahi ! Il avait confiance en elle et ce ne fut pas en vain. Bien qu'il n'ait pas demandé un centime à quiconque, plusieurs personnes lui donnèrent volontairement de l'argent, juste assez pour payer sa traversée et celle de frère Turley » (The Life of John Taylor, pp. 65-74).

 

 

révélation

 

      John Taylor a dit : « Je me souviens bien d'une observation que m'avait faite Joseph Smith... Il avait dit : 'Frère Taylor, vous avez été baptisé, on vous a imposé les mains pour vous donner le Saint-Esprit et vous avez été ordonné à la sainte prêtrise. À présent, si vous continuez à suivre l'inspiration de l'Esprit, il vous guidera toujours dans la justice. Il vous inspirera parfois des choses contraires à ce que vous pensez, mais peu importe ; suivez ses recommandations et si vous obéissez fidèlement à ses murmures, il finira par devenir pour vous un principe de révélation qui vous permettra de connaître toute chose » (Deseret News, 15 janvier 1878, p. 1).

 

      John Taylor suivit la recommandation de Joseph Smith et s'appuya sur le Saint-Esprit pour être dirigé par lui dans sa vie personnelle et dans son appel de prophète, voyant et révélateur. Heber J. Grant, septième président de l'Église, parla de la manière dont le président Taylor obéissait à l'inspiration de l'Esprit : « J'ai été appelé au collège des douze apôtres suite à une révélation que le Seigneur a donnée à John Taylor. De mon arrivée au collège des Douze, deux ans après l'appel de John Taylor comme président de Église, jusqu'à son décès, je l'ai vu, chaque semaine... et je sais qu'il était un serviteur du Dieu vivant. Je sais qu'il recevait l'inspiration du Seigneur ; je sais qu'à chaque fois qu'il a dit : ' C'est ce que le Seigneur désire ' et que ses compagnons du collège des apôtres ont soutenu sa décision, il ne s'est jamais trompé et l'inspiration du Seigneur a montré que la sagesse qu'il recevait par le pouvoir de Dieu était supérieure à celle des autres hommes... Je pourrais citer des exemples où John Taylor, sous l'inspiration du Seigneur, a demandé aux apôtres d'accomplir certaines tâches que ces derniers ne pensaient pas pouvoir accomplir. À leur retour, ils ont témoigné qu'avec l'aide du Seigneur, ils ont pu accomplir la tâche que le président Taylor, le prophète du Seigneur, leur avait confiée » (Gospel Standards, pp. 19-20).

 

 

royaume de Dieu

 

      John Taylor croyait fermement que le royaume de Dieu serait établi sur la terre. Il avait compris que cette entreprise ne dépendait pas de Joseph Smith, le prophète, ni d'aucun homme ; mais que c'était le Seigneur qui la dirigeait. Il était prêt à sacrifier sa vie pour la défendre.

 

      En 1838, peu après son appel au collège des Douze, John Taylor partit pour Far West (Missouri) pour y retrouver les saints. En cours de route, il devait s'arrêter pour s'adresser à un groupe de personnes aux environs de Colombus (Ohio). Peu avant l'heure prévue, certains frères rapportèrent que des hommes s'étaient rassemblés dans la salle de réunion et complotaient d'enduire John Taylor de goudron et de plumes. Les frères lui conseillèrent d'annuler la réunion, parce qu'ils étaient moins nombreux et ne seraient pas en mesure de le protéger. Mais John Taylor insista pour prêcher comme prévu et déclara qu'il le ferait, dût-il y aller seul.

 

      Quand il arriva devant la grande foule assemblée pour l'écouter, il commença par l'informer de son retour récent de pays gouvernés par des monarques. Il parla de l'honneur qu'il avait à se tenir sur un sol libre. À propos de la façon dont cette liberté avait été acquise, il dit : « Messieurs, je me trouve à présent au milieu d'hommes dont les ancêtres ont combattu pour obtenir l'un des plus grands bienfaits conférés à la famille humaine : le droit de penser, de parler, d'écrire ; le droit de dire qui les gouvernera, et le droit d'adorer Dieu selon les inspirations de leur conscience ; tous ces droits sont accordés à l'homme et garantis par la Constitution américaine. Je vois autour de moi les fils de ces hommes nobles qui, plutôt que de céder aux ordres d'un tyran, risquèrent leur vie, leur fortune et leur honneur pour briser ces fers, afin de jouir eux-mêmes de la liberté, de la léguer à leur postérité ou de mourir dans leur tentative ».

 

      John Taylor ajouta alors : « J'ai appris, à propos, que vous avez l'intention de m'enduire de goudron et de plumes, à cause de mes opinions religieuses. Est-ce là l'avantage que vous avez hérité de vos ancêtres ? Est-ce là le bienfait qu'ils ont acquis au prix de leur sang ? Est-ce là votre liberté ? Si c'est le cas, vous avez à présent une victime et nous aurons une offrande à la déesse liberté ».

 

      Après avoir dit cela, il déchira son gilet et s'exclama : « Messieurs, apportez votre goudron et vos plumes, votre victime est prête ; et vous, ombres des vénérables patriotes, contemplez les oeuvres de vos fils dégénérés ! Allons, Messieurs, venez ! Venez, vous dis-je. Je suis prêt ! » John Taylor s'arrêta quelques minutes, mais personne ne fit un geste, ni ne dit un mot. Alors, il reprit son discours et continua à prêcher avec témérité et puissance, pendant trois heures (The Life of John Taylor, pp. 47, 53-55).

 

      De nombreuses années après la mort du président Taylor, Matthias F. Cowley, du collège des Douze, déclara : « Sa devise personnelle ' Le royaume de Dieu ou rien ' exprime sa loyauté à Dieu et à l'Église » (Our Pioneer Heritage, compilation de Kate B. Carter, 20 volumes, 1958-1977, 7 : 218).

 

 

sabbat

 

      À partir de fin juin 1847, John Taylor et Parley P. Pratt conduisirent un groupe de plus de 1500 saints de Winter Quarters à la vallée du lac Salé. À propos du départ de cette expédition, B. H. Roberts écrivit : « Il était déjà bien tard dans l'année pour entreprendre une telle expédition. Il était trop tard pour faire des semailles cette année, même s'ils s'arrêtaient loin de la base à l'est des Montagnes Rocheuses. Ils avaient à peine assez de provisions pour subsister un an et demi et si leur première récolte était un échec, ils mourraient de faim, parce qu'ils seraient à 1600 ou 2400 kilomètres du point de ravitaillement le plus proche... Ils sacrifiaient tout sur l'autel, même leurs femmes et leurs enfants, qui devaient partager leurs épreuves et leur destinée. Ils ne connaissaient pas leur destination, ils risquaient tout dans cette entreprise, d'où ils ne pouvaient pas s'enfuir. S'ils ne trouvaient pas d'endroit convenable pour faire une récolte la première année, on ne pourrait pas leur faire parvenir de provisions et ils ne pourraient pas aller en chercher. Ils devaient réussir ou périr dans le désert, où ils avaient commencé leur expédition ». Malgré cette situation périlleuse et l'importance vitale d'arriver à la vallée du lac Salé avant la venue de l'hiver, ils faisaient halte chaque dimanche pour observer le jour du sabbat. B. H. Roberts ajoute : « Le dimanche était un jour de repos. Chaque camp organisait un service religieux et le silence du grand désert était brisé par les saints qui chantaient les cantiques de Sion ». Le 5 octobre 1847, les convois Taylor et Pratt arrivèrent saints et saufs dans la vallée du lac Salé et commencèrent à se préparer pour l'hiver (voir The Life of John Taylor, pp. 188-192).

 

      Pour John Taylor, le sabbat était un jour de culte, de repos et de méditation. Il incitait les saints à sanctifier le jour du sabbat, à en faire un jour de repos, un jour de rassemblement pour prendre la Sainte-Cène et pour écouter les paroles de vie, pour ainsi observer les commandements et montrer le bon exemple à leurs enfants (The Gospel Kingdom, p. 339).

 

 

service dans l'Église

 

      Dès sa conversion, John Taylor s'engagea à consacrer toutes ses forces à l'oeuvre du Seigneur. À propos de l'appel d'apôtre qu'il reçut en 1837, il fit part de ces pensées : « L'oeuvre semblait grande, les responsabilités ardues et importantes. J'étais conscient de ma faiblesse et de ma petitesse, mais j'étais déterminé et je savais qu'avec l'aide du Seigneur, je réussirais à magnifier mon appel. Quand j'ai découvert le mormonisme, je l'ai fait en pleine connaissance de cause. Je connaissais le prix à payer. Je l'ai considéré comme l'oeuvre d'une vie et je me suis dit que cela allait m'engager non pour le temps, mais aussi pour l'éternité et je n'ai pas eu le désir de me dérober, malgré la conscience que j'avais de mon incompétence » (The Life of John Taylor, p. 48).

 

      Cette « oeuvre de toute une vie » qu'il avait imaginée était devenue réalité. Au cours de ses décennies de service, il avait placé sa confiance dans le Seigneur, sachant que, s'il servait fidèlement, le Seigneur le soutiendrait et lui permettrait d'accomplir sa volonté. Un événement qui montre la façon dont le Seigneur soutient ceux qui le servent se produisit alors que John Taylor prêchait l'Évangile dans l'île de Man, près de l'Angleterre. Il avait passé commande de tracts qu'il avait écrits pour répondre aux fausses accusations à l'encontre de l'Église et de Joseph Smith, le prophète. L'imprimeur refusa cependant de lui remettre les tracts avant d'être payé complètement. Pressé de distribuer les tracts, John Taylor pria le Seigneur de lui apporter de l'aide, ce qui se produisit rapidement.

 

      « Quelques minutes après qu'il eut terminé sa prière, un jeune homme se présenta à la porte et, après avoir été invité à entrer, il remit une enveloppe à frère Taylor et s'en alla. Frère Taylor ne connaissait pas ce jeune homme. L'enveloppe contenait de l'argent et un petit message disant : ' L'ouvrier mérite son salaire ' ; il n'y avait aucune signature. Quelques minutes plus tard, une pauvre vendeuse de poissons se présenta et lui offrit un peu d'argent pour l'aider dans son ministère. Il lui répondit qu'il y avait suffisamment d'argent dans le monde et qu'il ne voulait pas prendre son argent. Elle insista en disant que le Seigneur la bénirait davantage et qu'elle serait heureuse s'il l'acceptait ; il accepta donc son offrande et, à sa surprise, la petite somme de la pauvre femme, ajoutée au don du jeune homme correspondait exactement à la somme dont il avait besoin pour payer l'imprimeur » (Andrew Jenson, Latter-day Saint Biographical Encyclopedia, 4 volumes, 1901-1936, 1 : 16).

 

 

temple

 

      À cause de la persécution croissante qui existait à Nauvoo, Joseph Smith, le prophète, craignait de ne pas vivre suffisamment longtemps pour voir le temple de Nauvoo terminé. Comme il voulait s'assurer qu'il aurait le temps de conférer les clés et la connaissance nécessaires à d'autres personnes, il prépara une pièce au-dessus d'un magasin, à Nauvoo, où il pourrait accomplir les ordonnances du temple pour quelques élus (The Gospel Kingdom, pp. 286-287). Parmi ces personnes se trouvait John Taylor, qui s'était particulièrement intéressé aux ordonnances du temple depuis le jour où ces principes avaient été révélés à l'Église. À partir de ce jour-là, et après avoir eu d'autres expériences, le président Taylor acquit une compréhension et une appréciation particulières du temple et des ordonnances qui s'y déroulent.

 

      Lors de la consécration du terrain du temple de Logan (Utah), le président Taylor fit part à l'assemblée de ce qu'il avait ressenti lorsqu'il avait visité le temple de St. George (Utah), premier temple construit dans le territoire d'Utah.

 

      « Lorsque j'ai visité ce saint temple, accompagné des frères qui étaient avec moi, nous avons éprouvé une joie sacrée et un sentiment de solennité et de respect. En passant la porte sacrée, nous avons eu l'impression de nous tenir en un lieu saint et nous avons pensé, comme quelqu'un il y a longtemps, ' C'est ici la maison de Dieu, c'est ici la porte des cieux ' (Genèse 28:17). Ce n'est pas une simple métaphore, mais une réalité, car c'est dans cette maison et c'est dans la maison qui sera construite à cet emplacement, que les ordonnances de Dieu les plus sacrées seront accomplies et celles-ci concernent l'intérêt et le bonheur de la famille humaine, les vivants comme les morts. Je me réjouis que nous ayons pu construire un temple au nom de notre Père et de notre Dieu » (Deseret News, 19 juin 1877, p. 1).

 

      En plus de comprendre l'importance du temple, le président Taylor savait que le nombre de temples et d'usagers du temple continueraient de grandir au fur et à mesure que le plan de Dieu s'accomplirait. Pendant qu'il montrait l'emplacement du temple de Salt Lake City qui était en construction à un visiteur venu d'un autre pays, il prophétisa que le nombre de temples dans le monde grandirait : « Nous comptons en construire des centaines d'autres et y travailler pour accomplir l'oeuvre de Dieu » (The Gospel Kingdom, p. 294).

 

 

vérité

 

      L'une des qualités les plus admirables de John Taylor était son attachement à la vérité, quelles que soient les opinions d'autrui. B. H. Roberts écrit : « Les louanges ou les critiques du monde avaient peu d'influence sur l'esprit de John Taylor concernant la vérité. Plus les hommes la méprisaient, plus son attachement semblait profond » (The Life of John Taylor, p. 4). Les événements qui entourèrent la conversion de John Taylor à l'Évangile rétabli donnent l'un des exemples les plus précoces de son amour de la vérité.

 

      John Taylor connut l'Évangile au Canada grâce à Parley P. Pratt. Les enseignements de Parley P. Pratt réjouirent John Taylor et ses coreligionnaires qui avaient des croyances similaires concernant les sacrements comme le baptême par immersion et le don du Saint-Esprit par imposition des mains. Toutefois, lorsque Parley P. Pratt leur parla de Joseph Smith et du Livre de Mormon, de nombreux amis de John Taylor hésitèrent à en apprendre davantage et certains refusèrent même d'examiner le Livre de Mormon et ses enseignements. Avec hardiesse, John Taylor s'adressa au groupe en ces termes :

 

      « Nous sommes ouvertement à la recherche de la vérité. Jusqu'à présent, nous avons examiné d'autres croyances et doctrines et en avons démontré la fausseté. Pourquoi craindrions-nous d'examiner le mormonisme ? Monsieur Pratt nous a apporté de nombreux enseignements qui correspondent à nos propres points de vue... Nous avons prié Dieu de nous envoyer un messager, s'il a effectivement une Église sur la terre... Monsieur Pratt est venu à nous... sans bourse, ni sac, comme voyageaient les anciens apôtres, et aucun de nous n'a pu réfuter sa doctrine par les Écritures ou par la logique. Je désire étudier sa doctrine et ses affirmations d'autorité... Si je découvre que sa religion est vraie, je l'accepterai, quelles qu'en soient les conséquences ». Les recherches soigneuses de John Taylor l'amenèrent au baptême le 9 mai 1836. Il déclara plus tard : « Depuis lors, je n'ai jamais mis en doute aucun principe du mormonisme » (The Life of John Taylor, pp. 37-38).

 

      En tant que membre et dirigeant de l'Église, on pouvait toujours compter sur John Taylor pour enseigner et défendre la vérité. « Il proclama la vérité dans de nombreux pays et, en champion de la vérité, il était prêt à rencontrer tous ceux qui la combattaient et, que ce soit en débat public devant une multitude imbue de préjugés contre lui ou dans les colonnes de la presse, il obtenait toujours la victoire par ses déclarations puissantes concernant la vérité » (The Life of John Taylor, p. 20).

 

 

Source  : Enseignements des présidents de l'Église : John Taylor (Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, 2002)