L'autorité dans le ministère
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des douze apôtres de 1911 à 1933
DES
HOMMES APPELÉS DE DIEU
Exemples
scripturaux. - Il
n'est pas moins conforme à la voix de la raison humaine qu'en
harmonie avec le plan d'organisation parfaite qui caractérise
l'Église de Jésus-Christ, que tous ceux qui
administrent les ordonnances de l'Évangile soient appelés
et commissionnés par l'autorité divine avant de pouvoir
remplir leurs devoirs sacrés. Les Écritures soutiennent
ce point de vue de façon absolue ; elles nous présentent
toute une succession d'hommes dont la vocation divine est attestée,
et dont les oeuvres puissantes proclament un pouvoir plus grand que
celui des forces humaines laissées à elles-mêmes.
D'un autre côté, on ne trouve pas, dans les Saintes
Écritures, un seul cas où quelqu'un se soit approprié
l'autorité d'officier dans les ordonnances sacrées et
ait été accepté du Seigneur dans une telle
administration.
Considérons
le cas de Noé qui « trouva grâce aux yeux de
l'Éternel » (Genèse 6:8) au milieu d'un monde
plongé dans l'iniquité. C'est à lui que le
Seigneur parla, lui faisant part de son courroux contre les méchants
habitants de la terre et de l'intention divine au sujet du déluge,
et c'est à lui que le Seigneur montra comment il devait bâtir
l'arche et la remplir. On sait que Noé proclama la parole de
Dieu à ses contemporains pervers, par ce que Pierre dit de la
mission du Christ dans le monde des esprits - que le Sauveur
prêcha parmi ceux qui s'étaient montrés
désobéissants aux jours de Noé, en dépit
de la patience de Dieu à leur égard, et qui, par
conséquent, avaient dû subir les privations de la prison
dans l'intervalle (voir 1 Pierre 3:19,20). Personne ne peut mettre en
doute la source divine de l'autorité de Noé, ni la
justice de la rétribution qui suivit le rejet volontaire de
ses enseignements, car ses paroles étaient les paroles de
Dieu.
Il en est de même
pour Abraham, que le Seigneur appela (voir Genèse chapitres 12
à 25 ; Abraham 2:6-11, dans la Perle de grand prix) et
avec lequel il fit alliance pour toutes les générations
de sa postérité. Isaac (voir Genèse 26:2-5)
reçut la même faveur, et aussi Jacob (voir Genèse
28:10-15), à qui le Seigneur se manifesta lorsqu'il reposait
sur son oreiller de pierre dans le désert. La voix du Seigneur
parvint à Moïse (voir Exode 3:2-10) du milieu de l'ardeur
du feu, appelant et chargeant l'homme de se rendre en Égypte
et d'en délivrer le peuple dont les cris étaient montés
jusqu'à lui avec tant d'effet. Aaron (voir Exode 4:14-16,27)
fut appelé à aider son frère dans cette oeuvre ;
et plus tard, Aaron et ses
fils (voir Exode 28:1) furent choisis, par commandement divin, du
milieu des enfants d'Israël, pour servir dans l'office de
prêtre. Lorsque Moïse (Nombres 27:15-23) vit que ses jours
étaient comptés, il demanda au Seigneur de désigner
son successeur à la position sacrée qu'il occupait ;
et, par commandement, Josué, fils de Nun, fut choisi pour
remplir ces fonctions particulières.
Samuel, qui devint un grand prophète en Israël,
commissionné pour consacrer, commander et réprimander
les rois, diriger les armées, et servir d'oracle de Dieu au
peuple, fut choisi alors qu'il était tout jeune garçon
et appelé par la voix du Seigneur (voir 1 Samuel 3:4-14). Le
pouvoir qui suivit cet appel était tel que tout Israël,
depuis Dan jusqu'à Beershéba, sut que Samuel était
établi comme prophète du Seigneur (voir 1 Samuel 3:20).
Les Écritures nous parlent de beaucoup d'autres hommes
puissants, qui reçurent leur pouvoir de Dieu, et dont
l'histoire nous montre en quel honneur le Seigneur tient ses
ministres autorisés. Songeons à la vision céleste
par laquelle Ésaïe fut appelé et instruit dans les
devoirs de son office prophétique (voir Ésaïe
1:1 ; 2:1 ; 6:8,9) ; à Jérémie, à
qui la parole du Seigneur fut adressée aux jours de Josias
(voir Jérémie 1:2-10) ; au prêtre Ézéchiel,
qui fut le premier à recevoir le message divin dans le pays
des Chaldéens (voir Ézéchiel 1:3) et qui la
reçut aussi plus tard, à différentes reprises ;
à Osée (voir Osée 1:1), et à tous les
autres prophètes jusqu'à Zacharie (voir Zacharie 1:1)
et Malachie (voir Malachie 1:1).
Les apôtres du Seigneur furent appelés par sa propre
voix à l'époque de son ministère ; et
l'autorité du Sauveur est indiscutable, justifiée
qu'elle est par les oeuvres puissantes de l'expiation accomplie au
milieu des souffrances et de l'angoisse de la mort, et par les
déclarations du Père. Pierre et André, son
frère, alors qu'ils jetaient leurs filets dans la mer, furent
appelés ainsi : « Suivez-moi, et je vous ferai
pêcheurs d'hommes » (voir Matthieu 4:18-20) ;
et peu après, Jacques et Jean, les fils de Zébédée,
reçurent le même appel. Il en fut de même pour
tous ces Douze qui collaborèrent au ministère du
Maître. Et il apparut après sa résurrection, aux
onze apôtres qui étaient demeurés fidèles,
leur donnant des commissions particulières pour l’œuvre
du royaume (voir Matthieu 18:19,20 ; Marc 16:15). Le Christ
affirme expressément qu'il a choisi ses apôtres, et
qu'il les a ordonnés à leur glorieux office (voir Jean
6:70 ; 15:16).
Au cours
de la période qui suivit immédiatement la mission
terrestre du Christ, les ministres de l'Évangile furent tous
choisis et nommés par une autorité indiscutable.
Matthias fut choisi par le sort mais après que la volonté
du Seigneur eût été invoquée, pour remplir
la place laissée vacante dans le groupe des Douze par la mort
de Judas Iscariot. Saul de Tarse, par la suite Paul, l'apôtre,
qui avait été converti avec des signes étonnants
et des manifestations merveilleuses (voir Actes, chapitre 9), dut
être commissionné officiellement à l’œuvre
que le Seigneur désirait lui voir accomplir. Et on nous dit
que le Saint-Esprit parla aux prophètes et aux instructeurs de
l'Église à Antioche, alors que ceux-ci jeûnaient
devant le Seigneur, et leur dit : « Mettez-moi à
part Barnabas et Saul pour l’œuvre à laquelle je
les ai appelés » (voir Actes 13:1,2).
L'ordination des
hommes au ministère,
sanctionnée par les précédents scripturaux et
établie par révélation directe de la volonté
de Dieu, doit s'effectuer par le don de prophétie et par
l'imposition des mains par ceux qui possèdent l'autorité
requise. Par prophétie, on entend le droit de recevoir et le
pouvoir d'interpréter les manifestations de la volonté
divine. Nous avons déjà vu dans plusieurs des cas déjà
cités, que l'imposition des mains est une partie habituelle de
l'ordonnance ; néanmoins, les Écritures rapportent
de nombreuses ordinations aux offices de la prêtrise sans
spécifier l'imposition des mains ni aucun autre détail.
De tels cas ne justifient pas la conclusion que l'imposition des
mains fut omise. Et, à
la lumière de la révélation moderne, il est
clair que l'imposition des mains accompagnait habituellement
l'ordination ainsi que la confirmation de bénédictions
(voir Genèse 48:14-19 ; comparez avec 2 Rois 5:11 ;
Matt. 8:15 ; Marc 6:5 ; 16:15-18) et le don du
Saint-Esprit.
C'est ainsi que
la Sainte Prêtrise fut transmise d'Adam à Noé
sous les mains des pères (voir D&A 107:40-52). Énos
fut ordonné de la main d'Adam ; et il en fut de même
pour Mahalaléel, Jared, Énoch et Métuschélah.
Lamech fut ordonné de la main de Seth ; Noé reçut
son autorité de la main de Métuschélah.
Et on peut ainsi suivre la Sainte Prêtrise, conférée
sous l'inspiration de l'esprit de prophétie, par la main de
l'un sur l'autre, jusqu'au temps de Moïse. Melchisédek,
qui conféra cette autorité à Abraham, reçut
la sienne par la lignée directe de ses pères, depuis
Noé. Ésaïas, contemporain d'Abraham, reçut
son ordination sous la main de Dieu. De la main d'Ésaïas,
l'autorité fut transmise à Gad, puis, de la même
manière, à Jérémie, à Élihu,
à Caleb, et à Jéthro, le prêtre de Madian,
celui-là même qui ordonna Moïse (voir D&A
84:6-14). Josué, le fils de Nun, fut mis à part, selon
les instructions de Dieu, par l'imposition des mains de Moïse
(voir Nombres 27:18 ; Deutéronome 34:9).
À l'époque des apôtres, les circonstances
rendirent nécessaire la nomination d'officiers spéciaux
dans l'Église pour prendre soin des pauvres et distribuer des
approvisionnements ; ces officiers furent choisis avec soin et
mis à part par la prière et l'imposition des mains
(voir Actes 6:1-6). Timothée fut ordonné de la même
façon, comme en témoignent les exhortations que lui
adresse Paul : « Ne néglige pas le don qui est
en toi, et qui t'a été donné par prophétie
avec l'imposition des mains de l'assemblée des anciens »
(1 Timothée 4:14). Et aussi : « C'est pourquoi
je t'exhorte à ranimer le don de Dieu que tu as reçu
par l'imposition de mes mains » (2 Timothée 1:6).
Le Seigneur s'est engagé par alliance à reconnaître
les actes de ses serviteurs autorisés. Le Saint-Esprit viendra
sur tous ceux à qui les anciens de l'Église le
promettent après un baptême acceptable (voir Actes
2:38 ; 3 Néphi 11:35 ; 12:2 ; D&A 84:64).
Tout ce que la prêtrise lie ou délie sur terre, en
accord avec les commandements du Seigneur, doit être lié
ou délié dans les cieux (voir Matthieu 16:19 ; D&A
1:8 ; 128:8-11) ; les malades sur lesquels les anciens
imposent les mains doivent guérir (voir Marc 16:15-18) ;
et beaucoup d'autres signes doivent accompagner ceux qui croient. Le
Seigneur est tellement jaloux du pouvoir d'officier en son nom que,
lors du jugement, tous ceux qui auront aidé ou persécuté
ses serviteurs seront récompensés ou punis comme s'ils
avaient fait ces choses à lui-même (voir Matthieu
18:4-6 ; 25:31-46 ; D&A 75:19-22 ; 84:88,90).
Les
administrations non autorisées
dans les fonctions sacerdotales ne sont pas seulement sans valeur,
mais constituent en plus un grave péché. Dans ses
rapports avec les hommes, Dieu reconnaît et honore la prêtrise
établie sous sa direction et ne sanctionne aucune usurpation
d'autorité. C'est la leçon que nous enseigne le cas de
Korê et de ses amis, qui se soulevèrent contre
l'autorité de la prêtrise en ce sens qu'ils
prétendirent, à tort, avoir le droit de remplir les
fonctions de prêtre. Le Seigneur les châtia promptement
de leurs péchés ; à son commandement la
terre se fendit et engloutit tous ces gens ainsi que tous leurs biens
(voir Nombres, chapitre 16).
Considérez aussi l'affliction qui s'abattit sur Marie, la sœur
de Moïse, qui était prophétesse en Israël
(voir Exode 15:20). Avec Aaron, elle murmura contre Moïse,
disant : «Est-ce seulement par Moïse que l'Éternel
parle ? - Et l'Éternel l'entendit »
(Nombres, chapitre 12). Jéhovah descendit dans une nuée
et se tint devant la porte du tabernacle, dénonçant
leur présomption et justifiant l'autorité de son
oracle, Moïse. Lorsque la nuée quitta
le tabernacle on vit que Marie était lépreuse, blanche
comme neige. Selon la loi, elle fut conduite hors du camp d'Israël.
Cependant, en réponse aux supplications ferventes de Moïse,
le Seigneur guérit la femme et il lui fut permis, par la
suite, de rentrer dans le camp.
Considérez le sort d'Uzza, l'Israélite qui trouva une
mort soudaine dans la colère de Dieu, parce qu'il avait étendu
la main pour soutenir l'arche de l'alliance (voir 1 Chroniques
13:10). Uzza fit cela en dépit de la loi qui interdisait à
tous, sauf aux prêtres, de toucher tout ce qui avait trait à
l'arche de l'alliance ; nous lisons que pas même les
porteurs attitrés de l'arche n'avaient la permission d'en
toucher la partie la plus sacrée sous peine de mort (voir
Nombres 4:15).
Pensez aussi à
Saül, qui avait été appelé, alors qu'il se
trouvait dans les champs, pour devenir roi d'Israël. Lorsque les
Philistins marchèrent contre Israël, à Micmash,
Saül attendit Samuel (voir 1 Samuel 13:5-14), dont la main
l'avait oint roi (voir 1 Samuel, chapitre 10) et qu'il avait toujours
considéré comme son guide aux jours de son humilité ;
il avait demandé au prophète de venir offrir des
sacrifices au Seigneur en faveur du peuple. Mais, s'impatientant
devant le retard de Samuel, Saül prépara l'holocauste
lui-même, oubliant que bien qu'il occupât le trône,
et portât la couronne et le sceptre, ces insignes du pouvoir
royal ne lui donnaient même pas le droit d'officier comme
diacre dans la prêtrise de Dieu ; et c'est pour cela, et
pour d'autres cas encore où il se montra trop présomptueux,
qu'il fut rejeté par Dieu et qu'un autre devint roi à
sa place.
Un exemple frappant
de la jalousie divine, qui est le juste zèle, à propos
des fonctions sacerdotales, est l'expérience d'Ozias, roi de
Juda. Il fut élevé sur le trône à l'âge
de seize ans ; et aussi longtemps qu'il rechercha le Seigneur,
il prospéra à tel point que son nom devint la terreur
de ses ennemis. Mais il laissa l'orgueil envahir son cœur et
entretint l'illusion que sa royauté le rendait suprême.
Il entra dans le temple et essaya de brûler de l'encens sur
l'autel. Horrifiés devant ce blasphème, Azaria, le
souverain sacrificateur du temple et, avec lui, quatre-vingts
sacrificateurs de l'Éternel, s'opposèrent au roi et lui
dirent : « Tu n'as pas le droit, Ozias, d'offrir des
parfums à l'Éternel ! Ce droit appartient aux
sacrificateurs, fils d'Aaron, qui ont été consacrés
pour les offrir. Sors du sanctuaire, car tu commets un péché ».
À cette réprimande et à cette condamnation de la
part de ses sujets, bien qu'ils fussent prêtres du Seigneur, le
roi se mit en colère ; mais, à l'instant même,
le fléau de la lèpre s'abattit sur lui ; les
signes de cette maladie redoutée apparurent sur son front ;
devenu maintenant physiquement impur, sa présence souillait
d'autant plus le sanctuaire divin. Azaria et les autres prêtres
jetèrent le roi hors du temple ; et, maudit, Ozias
s'enfuit de la maison du Seigneur pour ne plus jamais franchir son
enceinte sacrée. Au sujet du reste de son châtiment,
nous lisons ce qui suit : « Le roi Ozias fut lépreux
jusqu'au jour de sa mort, et il demeura dans une maison écartée
comme lépreux ; car il fut exclu de la maison de
l'Éternel » (2 Chroniques, chapitre 26).
Une illustration saisissante de la futilité des faux rites ou
de la forme seule des ordonnances sacrées lorsque l'autorité
en est absente, c'est l'histoire des sept fils de Scéva, que
l'on trouve dans le Nouveau Testament. Ceux-ci, avec tant d'autres,
s'étaient émerveillés devant le pouvoir
miraculeux que possédait Paul, lequel fut tellement béni
du Seigneur dans son apostolat que les malades étaient guéris
et les mauvais esprits chassés par le simple contact de
mouchoirs et de linges envoyés par lui. Les fils de Scéva,
que le chroniqueur sacré met au nombre des exorcistes juifs
ambulants, essayèrent aussi de chasser un mauvais esprit :
« Je vous conjure par Jésus que Paul prêche »,
dirent-ils. Mais l'esprit malin les railla pour leur manque
d'autorité, s'exclamant : « Je connais Jésus,
et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? ».
Alors la personne affligée en qui le mauvais esprit habitait
« s'élança sur eux, se rendit maître
de tous deux, et les
maltraita de telle sorte qu'ils s'enfuirent de cette maison nus et
blessés » (voir Actes 19:13-17).
Vrais et faux
instructeurs. -
Nul, si ce n'est ceux qui sont dûment autorisés à
enseigner, ne peut être considéré comme véritable
prédicateur de la parole de Dieu. Les remarques de Paul au
sujet des souverains sacrificateurs sont applicables à chaque
office de la prêtrise : « Nul ne s'attribue
cette dignité, s'il n'est appelé de Dieu, comme le fut
Aaron » (Hébreux 5:4). Et Aaron, comme nous l'avons
déjà vu, fut appelé par l'intermédiaire
de Moïse, auquel Dieu avait révélé sa
volonté à ce sujet. Cette autorité d'agir au nom
du Seigneur est donnée à ceux-là seuls qui sont
choisis par Dieu ; il ne suffit pas de la demander pour la
recevoir ; on ne l'achète pas avec de l'or. Nous lisons
que Simon, le magicien, convoitait le pouvoir que possédaient
les apôtres ; il leur offrit de l'argent, disant :
« Accordez-moi aussi ce pouvoir, afin que celui à
qui j'imposerai les mains reçoive le Saint-Esprit ».
Mais Pierre, rempli d'une juste indignation, lui répondit :
« Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as
cru que le don de Dieu s'acquérait à prix d'argent. Il
n'y a pour toi ni part ni lot dans cette affaire, car ton cœur
n'est pas droit devant Dieu » (Actes 8:8-24).
Les apôtres d'autrefois savaient que les hommes essayeraient de
s'arroger le droit d'officier dans les choses divines, devenant ainsi
les serviteurs de Satan. S'adressant à une conférence
d'anciens d'Éphèse, Paul prophétisa ces maux et
avertit les bergers du troupeau de bien veiller à ceux dont
ils avaient la charge (voir Actes 20:28-30), et, dans une épître
à Timothée, l'apôtre réitéra cette
prophétie. L'exhortant à prêcher la parole avec
diligence, il déclara : « Car il viendra un
temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ;
mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables,
ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs,
détourneront l'oreille de la vérité, et se
tourneront vers les fables » (2 Timothée 4:2-4).
Les déclarations de Pierre sur le même sujet ne sont pas
moins claires. S'adressant aux saints de son temps, il mentionne les
faux prophètes d'autrefois et ajoute : « Il y
aura parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes
pernicieuses, et qui, reniant le Maître qui les a rachetés,
attireront sur eux une ruine soudaine... Plusieurs les suivront dans
leurs dissolutions, et la voie de la vérité sera
calomniée à cause d'eux » (2 Pierre 2:1-3).
L'autorité
divine dans la dispensation actuelle (ndlr :
une dispensation de l'Évangile est une époque au cours
de laquelle le Seigneur a au moins un serviteur autorisé sur
la terre qui détient les clefs de la Sainte Prêtrise).
- Nous affirmons que l'autorité d'administrer au nom de
Dieu existe et opère dans l'Église de Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours aujourd'hui ; et que ce pouvoir ou
commission fut conféré aux premiers officiers de
l'Église, par ordination sous les mains de ceux qui avaient
détenu ce même pouvoir au cours de dispensations
précédentes. Le fait que l'autorité de la Sainte
Prêtrise devait être enlevée de la terre à
la mort des apôtres et que, nécessairement, elle devait
être rétablie par les cieux avant que l'Église
pût être établie de nouveau, peut être
démontré par les Écritures. Le 15 mai 1829,
tandis que Joseph Smith et Oliver Cowdery étaient occupés
à prier avec ferveur pour obtenir des instructions au sujet du
baptême pour la rémission des péchés, dont
Joseph Smith avait trouvé mention dans les plaques dont il
était alors occupé à traduire le Livre de
Mormon, un messager du ciel descendit dans une nuée de
lumière. Il annonça qu'il était Jean, appelé
autrefois le Baptiste, et déclara qu'il était venu sous
la direction de Pierre, Jacques et Jean, qui détenaient les
clefs de la prêtrise supérieure. L'ange imposa les mains
sur les deux jeunes gens et les ordonna à l'autorité,
disant : « À vous, mes compagnons de service,
au nom du Messie, je confère la prêtrise d'Aaron qui
détient les clefs du ministère d'anges, de l'Évangile
de repentance et du baptême par immersion, pour la rémission
des péchés ; et elle ne sera
plus
jamais enlevée de la terre, jusqu'à ce que les fils de
Lévi fassent de nouveau une offrande au Seigneur selon la
justice » (Joseph Smith, Histoire, 69 ; D&A,
section 13).
Peu de temps
après cet événement, Pierre, Jacques et Jean
apparurent à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, et, les
ordonnèrent tous deux à la prêtrise supérieure,
dite de Melchisédek, leur conférant les clefs de
l'apostolat, que ces messagers célestes avaient détenues
et exercées au cours de la dispensation précédente
de l'Évangile. Cet ordre de la prêtrise détient
l'autorité sur tous les offices de l'Église, et
comprend le pouvoir d'administrer dans les choses spirituelles (voir
D&A, section 107) ; par conséquent, toute l'autorité
et tous les pouvoirs nécessaires pour établir et
développer l'Église furent rétablis sur terre
par cette visitation.
Personne
ne peut officier dans aucune des ordonnances de l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours, à moins
d'avoir été ordonné à l'ordre ou à
l'office particulier de la prêtrise, par ceux qui possèdent
l'autorité requise. Ainsi, personne ne reçoit la
prêtrise si ce n'est des mains de quelqu'un qui détient
cette prêtrise lui-même ; et celui-ci doit l'avoir
reçue d'autres qui furent commissionnés avant lui. Et
ainsi, quiconque détient, aujourd'hui, la Sainte Prêtrise
peut faire remonter son autorité aux mains de Joseph Smith, le
prophète, qui reçut son ordination des mains des
apôtres Pierre, Jacques et Jean ; et ils avaient été
ordonnés par Jésus-Christ. Il est évident,
d'après les Écritures, que les hommes qui sont appelés
par Dieu à exercer l'autorité du ministère sur
cette terre, ont pu être choisis pour remplir une telle mission
avant même d'avoir revêtu leur corps mortel. C'est à
juste titre que cette question réclame notre attention ;
et son examen nous amène aux sujets qui suivent.
LA
PRÉORDINATION ET L'EXISTENCE PRÉTERRESTRE
La préordination. - Au cours d'une entrevue avec
Abraham, le Seigneur révéla beaucoup de choses qui sont
ordinairement cachées aux mortels. Voici ce que le patriarche
écrivit à ce sujet : « Or, le Seigneur
m'avait montré, à moi, Abraham, les intelligences qui
furent organisées avant que le monde fût ; et parmi
toutes celles-là, il y en avait beaucoup de nobles et de
grandes. Et Dieu vit ces âmes, il vit qu'elles étaient
bonnes, et il se tint au milieu d'elles et il dit : « De
ceux-ci je ferai mes gouverneurs. Car il se tint parmi ceux qui
étaient esprits, et il vit qu'ils étaient bons, et il
me dit : «Abraham, tu es l'un d'eux ; tu fus choisi
avant ta naissance » (Abraham 3:22,23 ; voir aussi
Jérémie 1:4,5). C'est là l'une des nombreuses
preuves scripturales que les esprits des hommes existaient avant leur
probation terrestre dans une condition dans laquelle ces
intelligences vécurent et exercèrent leur libre arbitre
avant de revêtir des corps mortels. Ainsi, la nature, la
disposition et les tendances des hommes sont connues du Père
de leur esprit, avant même qu'ils ne naissent dans la
mortalité. La parole du Seigneur fut adressée à
Jérémie, lui disant qu'avant d'avoir été
conçu dans la chair, il avait été ordonné
pour servir de prophète aux nations (voir Jérémie
1:4).
Les preuves abondent que
Jésus-Christ fut choisi et ordonné pour être le
Rédempteur du monde, même au commencement. Nous lisons
la position prééminente qu'il occupait parmi les fils
de Dieu lorsqu'il s'offrit en sacrifice pour exécuter la
volonté du Père. C'est lui qui « a été
prédestiné avant la fondation du monde » (1
Pi. 1:20).
Paul enseigna la
doctrine de la sélection divine et de la préordination
comme suit : « Car ceux qu'il a connus d'avance, il
les a aussi prédestinés à être semblables
à l'image de son Fils... Et ceux qu'il a prédestinés,
il les a aussi appelés » (Romains 8:29,30). Et
aussi : « Dieu n'a point rejeté son peuple
qu'il a connu d'avance » (Romains 11:2).
Alma, le prophète néphite, parla des prêtres qui
avaient été ordonnés selon l'ordre du Fils et
ajouta : « Et voici de quelle manière ils
étaient ordonnés - appelés et préparés
dès la fondation du monde selon la prescience de Dieu, à
cause de leur foi extrême et de leurs bonnes oeuvres ;
laissés libres avant tout de choisir le bien ou le mal et
ayant choisi le bien et fait preuve d'une foi extrêmement
grande, ils sont appelés d'un saint appel, oui, de ce saint
appel qui a été préparé avec et selon une
rédemption préparatoire pour ceux-là »
(Alma 13:3,10,11).
La
préordination n'implique pas la contrainte. - La
doctrine de la prédestination absolue, résultant en
l'annulation du libre-arbitre de l'homme, a été
proclamée, avec diverses modifications, par différentes
confessions. Néanmoins, de tels enseignements ne sont
absolument pas justifiés, ni par la lettre, ni par l'esprit
des Écritures sacrées. La prescience de Dieu concernant
la nature et les capacités de ses enfants lui permet de voir
ce que sera la fin de leur carrière terrestre même
depuis le commencement : « Dit le Seigneur, qui fait
ces choses, et à qui elles sont connues de toute éternité »
(Actes 15:17,18). Beaucoup de gens ont été amenés
à considérer cette prescience de Dieu comme une
prédestination par laquelle les âmes sont désignées
pour recevoir soit la gloire, soit la damnation avant même de
naître dans la chair, et sans égard pour leurs mérites
ou démérites individuels. Cette doctrine hérétique
cherche à dépouiller Dieu de sa miséricorde, de
sa justice et de son amour ; elle veut faire paraître Dieu
capricieux et égoïste, dirigeant et créant toutes
choses uniquement pour sa propre gloire et ne se souciant pas des
souffrances de ses victimes. Qu'une telle idée de Dieu est
affreuse et invraisemblable ! Elle mène à la conclusion
absurde, que la simple connaissance des événements à
venir est l'influence qui détermine l'accomplissement de ces
choses. La connaissance que possède Dieu de la nature
spirituelle et humaine lui permet de conclure avec certitude quelles
seront les actions de n'importe lequel de ses enfants dans des
circonstances données ; cependant, cette connaissance
n'exerce aucune contrainte sur la créature (voir, du même
auteur, Jesus the Christ, pp. 18 et 28 ; et The Great
Apostasy, p. 19).
Sans aucun doute, il sait que certains esprits n'attendent que
l'occasion de pouvoir choisir entre le bien et le mal pour choisir ce
dernier et travailler à leur propre destruction. C'est de
ceux-là que Jude dit que leur « condamnation est
écrite depuis longtemps » (Jude 4). Pour leur
éviter ce sort, leur libre arbitre devrait leur être
enlevé ; ils ne peuvent être sauvés que par
la force seulement et la contrainte est interdite par les lois des
cieux, que ce soit pour le salut ou pour la condamnation. Il y a
d'autres esprits dont l'intégrité et la fidélité
ont été prouvées dans leur état
primitif ; le Père sait qu'il peut avoir confiance en eux
sans réserve, et beaucoup d'entre eux sont appelés,
même dans leur jeunesse mortelle, à des tâches
particulières et glorieuses comme serviteurs commissionnés
du Très-Haut.
L'existence préterrestre des esprits. - Les faits déjà
présentés au sujet de la préordination donnent
la preuve que les esprits des hommes sont passés par un stade
d'existence antérieur à leur épreuve terrestre.
Cette période prémortelle est souvent appelée le
stade de notre première enfance ou premier état. Le
fait que ces esprits ont existé en tant qu'intelligences
organisées et ont exercé leur libre arbitre au cours de
ce stade antérieur apparaît clairement dans les
déclarations du Seigneur à Abraham : « Et
ceux qui gardent leur premier état recevront davantage ;
et ceux qui ne gardent pas leur premier état n'auront point de
gloire dans le même royaume que ceux qui gardent leur premier
état et ceux qui gardent leur second état recevront
plus de gloire sur leur tête pour toujours et à jamais »
(Abraham 3:26).
Aucun de ceux
qui reconnaissent Jésus-Christ comme le Fils de Dieu ne peut
logiquement nier son existence prémortelle ni mettre en doute
sa position de membre de la Trinité avant de venir ici sur
terre comme Fils de Marie. L'interprétation commune donnée
à l'introduction de l'évangile de Jean soutient le
point de vue de la divinité originelle de Jésus-Christ :
« Au commencement était la Parole, et la Parole
était avec Dieu, et la Parole était Dieu ».
Nous lisons plus loin : « Et la Parole a été
faite chair, et elle a habité parmi nous » (Jean
1:1,14). Les affirmations du Rédempteur supportent cette
vérité. Lorsque ses disciples se disputaient au sujet
de sa doctrine concernant sa personne, il dit : « Et
si vous voyez le Fils de l'Homme monter où il était
auparavant ? » (Jean 6:62). Une autre fois, il
prononça ces paroles : « Je suis sorti
du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je
quitte le monde et je vais au Père » (Jean 16:28).
Et ses disciples, se réjouissant de cette déclaration
bien nette qui confirmait peut-être ce qu'ils croyaient déjà
au plus profond de leur cœur, lui dirent : « Voici,
maintenant tu parles ouvertement, et tu n'emploies aucune parabole...
c'est pourquoi nous croyons que tu es sorti de Dieu »
(Jean 16:29,30). À certains méchants Juifs qui se
vantaient de ce qu'ils descendaient d'Abraham, et qui essayaient de
dissimuler leurs péchés sous le manteau du nom du grand
patriarche, le Sauveur déclara : « En vérité,
en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût,
je suis » (Jean 8:58 ; voir Jesus the Christ,
pp. 37,411). En prière solennelle, le Fils implora : « Et
maintenant, toi Père, glorifie-moi auprès de toi-même
de la gloire que j'avais auprès de toi avant que le monde
fût » (Jean 17:5 ; 2 Néphi 9:5 ;
25:12 ; Mosiah 3:5 ; 13:33,34 ; 15:1). Cependant le
Christ naquit, enfant, parmi les mortels ; et il est logique de
déduire que si sa naissance terrestre fut l'union d'un esprit
préexistant ou prémortel à un corps mortel, il
en est de même pour la naissance de tout membre de la famille
humaine.
Mais nous ne sommes
pas limités à une simple déduction basée
sur une analogie ; les Écritures enseignent clairement
que les esprits des hommes étaient connus du Seigneur avant
leur avènement terrestre, et que Dieu en connaissait le
nombre. Lors de ses adieux à Israël, Moïse chanta :
« Rappelle à ton souvenir les anciens jours....
quand le Très-Haut donna un héritage aux nations, quant
il sépara les enfants des hommes, il fixa les limites des
peuples d'après le nombre des enfants d'Israël »
(Deutéronome 32:7,8). D'après ceci, nous apprenons que
la terre fut répartie entre les nations selon le nombre des
enfants d'Israël ; il est donc évident que le nombre
était connu avant l'existence de la nation israélite
dans la chair ; cela s'explique très facilement sur la
base d'une existence antérieure au cours de laquelle les
esprits des nations futures étaient connus.
Il n'y a donc pas de place pour le hasard dans le nombre ou l'ampleur
des créations temporelles de Dieu. La population de la terre
est fixée selon le nombre d'esprits désignés
pour venir revêtir des corps de chair sur cette planète ;
lorsque ceux-ci seront tous venus à l'époque fixée
et dans l'ordre préétabli, alors, et alors seulement,
viendra la fin.
Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890