Quelles sont les limites imposeés à l'adversaire ?
Peut-il
introduire des pensées dans notre esprit ?
Peut-il percevoir
nos pensées ?
Laurence R. Peterson
L'un
des enseignements les plus impressionnants contenus dans le Livre de
Mormon est que la puissance de Satan sur quelqu'un se développe à
mesure que cette personne devient plus méchante jusqu'à ce qu'enfin
elle soit « emmenée captive par le diable » et liée par « les chaînes
de l'enfer » (voir Alma 12:11). La méthode de Satan consiste à
influencer les pensées des hommes en les tentant et en travaillant
toujours « dans le cœur des enfants des hommes » (2 Néphi 28:20).
Nephi
décrit avec frémissement sa méthode : « Il leur chuchote aux oreilles,
jusqu'à ce qu'il les saisisse de ses chaînes terribles d'où il n'y a
point de délivrance. » (2 Néphi 28:22)
Mais
la puissance de Satan n'est pas sans limites. Joseph Smith a enseigné
que Satan n'a de pouvoir sur nous que celui que nous lui concédons
(voir Enseignements du prophète Joseph Smith, p. 249). Néphi a expliqué
que la justice d'un peuple prive Satan de son pouvoir : « Car il n 'a
aucun pouvoir sur le cœur du peuple, puisque celui-ci demeure dans la
justice » (1 Néphi 22:26).
Entre
les deux extrêmes du pouvoir qu'a Satan de captiver et son impuissance
complète, se situent toutes les nuances de sa capacité de tenter. En
tant qu'être d'esprit, il travaille dans le domaine de l'esprit, et son
action est contrebalancée par celle de l'Esprit de Dieu. De cette
manière, le libre arbitre est sauvegardé et cela nous laisse le choix
entre le bien et le mal. Comme Léhi l'a enseigné, « l'homme ne pourrait
agir par lui-même, s'il n'était entraîné par l'attrait de l'un ou de
l'autre » (2 Néphi 2:16). D'un côté Satan nous incite à faire le mal,
de l'autre le Saint-Esprit nous incite à être vertueux (voir Mosiah
3:19). Le libre arbitre exige que ni le Saint-Espritlni le diable n'ait
le pouvoir de contrôler quelqu'un contre sa volonté.
Chacune
de ces deux influences travaille directement sur l'esprit de l'homme –
ou sur son cœur, comme le disent les Écritures – jusqu'à ce que la
personne choisisse volontairement d'obéir à l'un et de se détourner de
l'autre. Alors l'équilibre des forces bascule et la personne commence à
s'élever vers la vie éternelle ou à descendre vers la destruction et la
misère.
Celui
qui choisit le baptême et reçoit le don du Saint-Esprit fait pencher
très fort la balance en faveur de l'influence divine tandis que celui
dont la méchanceté a pour résultat de marquer sa conscience au fer
rouge, comme le dit Paul (voir 1 Timothée 4:2) peut s'être mis
entièrement sous l'influence de Satan. L'Esprit du Seigneur peut cesser
de lutter avec cette personne (voir 1 Néphi 7:14).
Satan
a un grand pouvoir de tentateur. Comme Joseph Fielding Smith l'a dit :
« Nous devrions être sur nos gardes afin de résister toujours aux
avances de Satan… II a le pouvoir de mettre des pensées dans notre
esprit et de susciter en nous des impressions sans dire un mot afin de
nous inciter à satisfaire nos appétits ou nos désirs et il joue sur nos
faiblesses et nos désirs de diverses autres façons. » (Answers to
Gospel Questions, compilées par Joseph Fielding Smith, cinq volumes,
Salt Lake City, Deseret Book Co, 1957-66, volume 3, page 81) Les
tentations auxquelles nous sommes tous soumis viennent souvent par des
incitations dans notre esprit et dans notre cœur.
II
n'est pas aussi facile de répondre à la question de savoir si Satan
peut percevoir nos pensées. Dans Doctrine et Alliances, le Seigneur dit
à Oliver Cowdery : « Il n'y a personne d'autre que Dieu qui connaisse
tes pensées et les intentions de ton cœur. » (D&A 6:16)
Certains
ont interprété cela en disant que Dieu est le seul a connaître les
pensées des autres. Pour soutenir cela, ils renvoient à Moïse 4:6 dans
la Perle de grand prix, qui dit que Satan ne connaît pas la pensée de
Dieu.
D'autres
disent que dans D&A 6:16 (et 24), le Seigneur fait peut-être
allusion à l'incapacité de l'homme de connaître les pensées des autres
et que Moïse 4:6 ne dit rien sur la capacité de Satan de connaître les
pensées des hommes. La question de savoir si Satan peut, oui ou non,
discerner les pensées et les intentions de notre cœur n'a donc pas de
réponse.
Quoi
qu'il en soit, il est possible à Satan de déterminer notre sensibilité
à telle ou telle tentation d'après nos paroles et nos actions qui
révèlent nos pensées.
Comme
le Sauveur l'a enseigné, un arbre se reconnaît à ses fruits et « c'est
de l'abondance du cœur que la bouche parle » (Luc 6:45, 46). Satan peut
voir nos fruits autant que n'importe qui, et nous pouvons être sûrs
qu'il ne tardera pas à tirer profit des faiblesses que nous manifestons.
Si
la question de savoir si Satan peut connaître nos pensées est
intéressante, en fin de compte, la réponse ne fera probablement aucune
différence. II nous est promis que nous ne serons pas tentés au-delà de
nos forces (voir 1 Corinthiens 10:13). Nous pouvons choisir en
permanence de résister à toute forme de tentation, si telle est notre
volonté.
Le
président Spencer W. Kimball a écrit : « La tentation se présente à
tous. La différence entre le pécheur et la personne digne est
généralement que l'un a cédé et que l'autre a résisté. » (Le Miracle du
pardon, p. 86-87)
Par
notre volonté de servir Dieu de tout notre cœur, de tout notre pouvoir,
de tout notre esprit et de toutes nos forces, nous pouvons priver Satan
du pouvoir qu'il a sur nous, le pouvoir de nous rendre malheureux. La
bataille pour l'âme humaine se livre dans le cœur de chacun, et nous
avons tous le pouvoir de vaincre. En nous efforçant de suivre le
Sauveur, nous entretenons des pensées d'une nature telle que peu
importe qui les connaît.
Source
: L'Étoile, avril 1985, p. 30-31