Comment donner un bon discours


La Rédaction

Édition du 10/09/2023


La plupart des nouveaux membres de l'Église n'ont jamais pris la parole en public et acceptent volontiers quelques conseils pour prononcer leurs premiers discours à l'église. Nous pouvons leur donner utilement des indications comme celles qui suivent. Précisons que ces indications décrivent un idéal atteint avec l'expérience des années, pas un idéal que l'orateur doit avoir atteint avant même de prononcer son premier discours. Par conséquent, les points mentionnés ici ne sont pas à prendre comme des conditions, mais comme un guide. Il appartient ensuite à chaque orateur de trouver son propre style qui, amplifié par le pouvoir du Saint-Esprit, diffère d'autant d'une personne à l'autre.

Une partie des idées de cet article est tirée du magazine de l'Église d'avril 1997.

Comme la réalisation d'une tour ou d'un pont, un bon discours demande une planification. Il n’est pas toujours facile de parler efficacement, mais avec un peu de savoir-faire et les bons outils, on peut préparer et prononcer un discours bien construit.

Le choix du sujet

Si un sujet est pré-désigné, on s'y tient. Il est utile de connaître le thème des autres orateurs pour circonscrire le sien. On peut alors l'élargir ou le rétrécir en vue d'un propos pertinent. Si on a le choix du thème, on prie pour être guidé par l’Esprit. Les sujets qui sont centrés sur Jésus-Christ sont toujours appropriés. Pour bien choisir, il peut être utile de se poser les questions suivantes :

Y a-t-il quelque chose que je me sens inspiré à dire aux gens ?

Ai-je une Écriture, une histoire tirée des Écritures ou un enseignement évangélique préféré qui m’ont guidé et pourraient en aider d’autres ?

Ai-je une expérience spirituelle pas trop personnelle à raconter, qui pourrait toucher et instruire l’assemblée ?

Sur quel sujet de l’Évangile aimerais-je personnellement en savoir davantage ?

Quels sont les groupes d’âge qui vont entendre mon discours ?

Combien de temps me donne-t-on ?

Quels sont les sujets de l’Évangile dans lesquels je me sens le plus à l’aise ?

Est-ce que je peux dire quelque chose qui est relatif à la période ou à la saison de l’année ?

Se fixer un objectif

Que veut-on que l’assemblée retienne du discours ? Tout ce que l'on dira devra être dirigé vers cet objectif.

Rassembler les éléments

On médite pendant un certain temps sur le sujet choisi. On rassemble des citations, des exemples, des questions-clefs, des articles ou d'autres idées qui viennent à l’esprit. On peut également consulter les sources suivantes :

Les Écritures. Pour y trouver rapidement certains passages, on utilise les aides qui s’y trouvent.

D'autres ouvrages sur l’Évangile et les magazines de l’Église.

Les expériences tirées de nos journaux personnels ou de notre mémoire.

Les expériences de nos amis et de notre famille. On veille à ce que les histoires utilisées soient vraies.

Organiser les éléments

Les meilleurs discours sont simples et bien organisés. On trie les éléments dont nous disposons et on les organise en groupes d’idées. On redispose les idées selon un ordre
logique et on élimine la matière que nous n’avons pas le temps de traiter. On met les idées par ordre de priorité pour consacrer un maximum de son temps à parler des points principaux.

Quelques conseils

Les conseils suivants peuvent être utiles pour faire le plan du discours :

On essaie une amorce originale pour capter l’attention de l’assemblée.

On s'abstient de figures de style ou plaisanteries ou termes qui pourraient être inappropriés.

On développe le sujet à l’aide d’Écritures ou d’histoires qui illustrent et soutiennent l'objectif voulu. Chacun des points doit être la suite naturelle du précédent.

Quand on a l'intention de citer des Écritures, on les copie sur une fiche ou on marque les pages pour ne pas perdre de temps à les chercher pendant qu'on est au micro.

On conclut le discours en témoignant du principe qu'on enseigne.

On répète son discours et on adapte sa durée en fonction du temps octroyé.

Après les étapes de préparation du discours, comme rassembler les éléments, les organiser, les synthétiser et les mémoriser, venons-en directement à la prise de parole en énumérant quelques lignes directrices :

L'arrivée au pupitre

Dans les grandes paroisses, l'orateur assiste à la réunion assis sur l'estrade. Mais s'il n'a pas été invité à s'assoir sur l'estrade et assiste à la réunion dans l'assemblée, l'orateur anticipe son déplacement jusqu'à l'estrade pour éviter une attente inutile. L'exemple est donné en conférence générale où les personnes chargées de faire une prière ou un discours se postent à quelques mètres du pupitre peu avant leur tour d'intervenir, particulièrement lorsque leur siège ne se situe pas à proximité du pupitre.

Au pupitre

Une fois le micro réglé, on ne se courbe pas au-dessus et on n'y colle pas ses lèvres, mais on se tient droit et on parle suffisamment fort, comme en faisant abstraction du micro. On n'adapte pas sa voix aux personnes qui entendent le mieux, mais à celles qui entendent le moins bien.

On parle lentement et distinctement pour être compris de tout le monde. On n'adapte pas son débit aux esprits les plus vifs, mais aux personnes qui ne maîtrisent pas totalement la langue dans laquelle on s'exprime.

Lire son discours sans quitter des yeux le texte posé sur le pupitre est le meilleur moyen de perdre l'attention de l'assemblée. Il est préférable de limiter ses notes aux idées principales et aux citations et de s'exprimer de façon libre et directe. Si néanmoins l'orateur doit lire, les conseils publiés dans L'Étoile d'août 1965 lui seront utiles. La parole libre et la lecture n'ont pas les mêmes vertus. La parole libre, même si elle est préparée, capte naturellement l'attention. La lecture, pour maintenir l'attention, exige d'adopter le bon rythme et d'avoir une expression naturelle et vivante. Mieux vaut une parole libre ponctuée d'arrêts dûs à la réflexion qu'une lecture monocorde ou hâtive, ou ponctuée d'accidents de diction.

On regarde le plus possible l’assemblée. Pour vaincre la peur du débutant, on peut choisir une personne de l'assemblée et la regarder comme si on s'adressait à elle. Une fois l'appréhension passée, il est préférable de porter son regard sur différentes parties de l'assemblée.

On ne s'excuse pas par avance de la piètre qualité de son discours.

On ne parle pas de la genèse de son discours : comment on a été sollicité pour le faire, ce qu'on a ressenti à cette occasion, comment on s'est préparé, ce que cette expérience nous a appris, etc., mais on aborde directement le sujet à traiter et on enseigne directement ce qu'on a appris. L'historique de la préparation peut être consigné dans un journal intime ou pourra être partagé avec les siens.

Quand le sujet du discours est imposé, il n'est pas indispensable de commencer en l'énonçant, comme s'il s'agissait d'un devoir de classe. Il est plus pertinent de commencer par une histoire ou une question. Bien sûr, rien n'empêche d'énoncer le thème, mais on peut préférer laisser les membres de l'assemblée le découvrir par eux-mêmes.

Quand on cite un texte dont on n'est pas l'auteur, on donne le nom de l'auteur. De plus, on ne lit pas un discours tiré du magazine de l'Église comme si on en était l'auteur. Non seulement ce n'est pas honnête, mais l'assemblée se rend vite compte que l'on use d'un langage qui n'est pas le sien et on perd en crédibilité.

Un discours est plus vivant lorsqu'il est le fruit de l'expérience, de la réflexion et de la méditaton de l'orateur que lorsque qu'il est constitué uniquement de citations. Brigham Young disait : « Je désire voir les anciens se lever ici, manifester leur esprit et dire ce qu'ils pensent lorsqu'ils sont seuls dans leurs méditations » (Journal of Discourses, volume 3, p. 237 ; voir aussi Discours de Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, 1925, chapitre 29).

Russell M. Ballard, des Douze, se souviendra longtemps de la conférence générale d'avril 2001 où son discours consista à citer des propos 
du président Hinckley, notamment ceux prononcés la veille. L'orateur suivant était justement le président Hinckley. Après avoir remercié le choeur, il dit : « Merci, frère Ballard, d’avoir redonné mon discours », ce qui provoqua l'hilarité générale (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/2001/04/the-miracle-of-faith?lang=eng)

Si on devient nerveux, on marque un temps d’arrêt, on respire profondément, on reprend ses notes et on continue.

On reste concentré. On ne laisse pas un détail détourner son attention.

L'orateur qui se place sous l'influence de l'Esprit peut être amené à modifier le message qu'il a préparé jusqu'à même s'en écarter, pour l'édification des auditeurs. Il peut aussi être amené à l'adresser à une personne de l'assemblée, comme l'a fait Thomas S. Monson dans le Tabernacle de Salt Lake City lors de la conférence générale d'octobre 1975. Il désigna une fillette sur le balcon à sa gauche et commença son discours en s'adressant à elle (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/1975/10/the-faith-of-a-child?lang=eng).

Plus de trente ans plus tard, lors de la conférence d'avril 2007, il raconta les circonstances et les conséquences de cette expérience de 1975 (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/2007/04/tabernacle-memories?lang=fra). Bien sûr, on n'interpelle pas un membre de l'assemblée à chaque fois qu'on prononce un discours. Frère Monson ne l'a fait qu'une fois en 55 ans d'apostolat, et sous l'influence de l'Esprit.

Lorsque le programme de la réunion prévoit comme orateur une autorité en visite (un membre de la présidence de Mission, ou de pieu ou du grand conseil, voire une autorité interrégionale ou générale), l'usage veut que cet orateur prenne la parole en dernier. Si alors on est l'avant-dernier orateur, on adapte la durée de son discours pour laisser suffisamment de temps au dernier orateur. C'est ce que fit Howard W. Hunter, alors membre des Douze, lors de la conférence générale d'avril 1972, afin de permettre à frère Hugh B. Brown, de la Première Présidence, de parler.

Frère Brown n’avait pas été prévu au programme pour cause de mauvaise santé. Frère Hunter rangea le texte de son discours dans la poche intérieure de son veston et raconta une histoire brève mais marquante qui valait n'importe quel discours élaboré (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/1972/04/a-teacher?lang=eng). Bien que son message (voir L'Étoile, février 1973, p. 63) dura moins de trois minutes, il marqua suffisamment les esprits pour qu'on s'en souvienne des décennies plus tard. Cependant, la plus grande leçon donnée ce jour-là fut celle de la déférence à l'égard de l'autorité.

À l'inverse, lors du passage de LeGrand Richards
, des Douze, dans une paroisse des États-Unis, les orateurs à la réunion de Sainte-Cène prirent bien soin de prononcer l'intégralité de leur discours, et même d'en rajouter, si bien qu'il ne resta plus que cinq minutes à l'apôtre. Que fit celui-ci ? Il ne parla que cinq minutes, à la déception de l'assemblée. À qui la faute ? Certainement pas à l'apôtre qui ne fit que respecter les horaires de la réunion.

On termine par « Je prie pour… », « C'est ma prière », ou « Je témoigne de… », « C'est mon témoignage » suivi de « au nom de Jésus-Christ. Amen », de sorte que le nom du Sauveur soit associé à notre prière ou à notre témoignage plutôt qu'à notre discours. Tel est l'exemple donné par les orateurs en conférence générale.

On n'accélère pas son débit au moment de dire « au nom de Jésus-Christ. Amen », comme par satisfaction d'avoir terminé, mais on prononce cette formule de façon distincte, par égard et respect pour le nom du Sauveur.

À propos du nom du Sauveur, rappelons qu'en français « Le Christ » se dit en prononçant les deux dernières lettres (st) alors que « Jésus-Christ » se dit en laissant muettes les deux dernières lettres, la dernière à être prononcée étant la voyelle i. Prononcer le « st » final, quand on dit « Jésus-Christ », est un anglicisme. Même si depuis des décennies nous entendons cet anglicisme dans la bouche de nos missionnaires d'outre Atlantique (nous le leur pardonnons), il nous revient de prononcer correctement le nom du Fils de Dieu dans notre langue.

Répétons que les points développés ci-dessus ne sont pas des obligations mais des repères pour être un bon orateur. La meilleure garantie de faire un bon discours est de parler par l'Esprit. Cela permet d'avoir la clarté si affectionnée par Néphi (voir 2 Néphi 25:4, 7 ; 31:2-3 ; 33:6) et d'avoir une parole qui atteint l'esprit et le coeur des membres de l'assemblée.
De plus, l'Esprit magnifie notre personnalité, donnant à chaque orateur un style unique. Pour parler par l'Esprit on doit d'abord être digne de la compagnie du Saint-Esprit, même si ce n'est qu'une « portion » de l'Esprit (Alma 40:13). On doit aussi amasser continuellement dans notre esprit les paroles de vie (voir D&A 84:85 ; Moroni 6:4). Enfin, l'adoption des conseils donnés dans cet article contribue à créer les conditions de l'intervention de l'Esprit.

Ces conseils sont le fruit de l'expérience commune. Fort de l'expérience des autres, chacun entame son propre apprentissage. Notre apprentissage commence alors au point où en sont arrivés les autres avant nous. Ce principe est illustré par les propos de Gordon B. Hinckley sur les études en vue d'un métier. Il a dit : « Profitez de l’expérience et de la science de ceux qui sont entrés avant vous dans le domaine de votre choix. L’éducation est le raccourci de la compétence. Elle permet de retirer une leçon des erreurs du passé. Peu importe la profession de votre choix, vous pourrez y arriver plus vite par l’éducation. » (L'Étoile, avril 1982, p. 76)

Dans l'apprentissage de la prise de parole au pupitre, tenir compte de l'expérience commune et suivre les conseils peut
dans un premier temps être ressenti comme un rétrécissement de notre champ d'action, mais en le faisant nous évitons les erreurs du passé pour laisser place à l'Esprit qui, à son tour, magnifie notre capacité. Ce faisant, il élargit notre liberté et la portée de notre parole.

Bibliographie

■ Eric Stephan et Gail S. Grover, Faire des discours inspirants, L'Étoile, mars 1980, p. 32-35

■ Notes pour vos discours, L'Étoile, novembre 1990, p. 25

 
Darrin Lythgoe, Comment faire un bon discours, L'Étoile, avril 1997, p. 26