Pourquoi le baptême à l’âge de huit ans ?



C. N. Ottosen




Le Christ a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu », et pour s’expliquer davantage, il a ajouté : « Ne t’étonne pas que je t’aie dit : II faut que vous naissiez de nouveau » (Jean 3:5-7). La repentance et le baptême sont nécessaires pour être admis dans l’Église de Jésus-Christ. Ils sont la porte par laquelle tout le monde doit passer pour obtenir la rémission de ses péchés, pour devenir digne de recevoir le Saint-Esprit et pour devenir membre du royaume de Dieu (voir Actes 2:38, 2 Néphi 31:17).

Ce mandat est pour les hommes, car comme le Christ le dit à Jean à l’occasion de son baptême : « Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste » (Matt. 3:15).

II y a une exception notoire, ce sont les petits enfants. Le Christ a dit : « Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent » (Matthieu 19:14).

Le Sauveur posa alors les mains sur eux et les bénit. Le prophète Mormon a dit que « les petits enfants ne peuvent se repentir… et celui qui dit que les petits enfants ont besoin du baptême, nie les miséricordes du Christ et tient pour nuls son expiation et le pouvoir de sa rédemption » (Moroni 8:19-20). II s'ensuit naturellement que cette déclaration de Mormon et les passages scripturaux analogues ne doivent être applicables que jusqu’au moment où l’enfant s’est développé et a grandi au point où il est capable de se repentir, de discerner le bien du mal, et de commencer à être responsable de ses actes. Après être arrivé à ce point de son développement, il doit aussi « naître d’eau et de l’Esprit » pour entrer dans le royaume de Dieu et devenir membre de l’Église du Christ.

Le fait que le Christ a déclaré que le baptême est obligatoire pour tous les hommes n’est pas en désaccord avec le passage où Mormon dit que les petits enfants n'ont pas besoin de baptême. II est naturel que dans les primes années de l’enfance, la repentance soit impossible, mais à un certain stade de leur développement ultérieur, elle le devient. Toute idée opposée heurterait le programme d’un Père céleste bon et sage. On ne peut que s’attendre à ce que vienne, dans la vie d'une personnalité en développement, un moment où on peut lui demander de rendre compte de ses actes, de se repentir de ses erreurs et « accomplir tout ce qui est juste » au même titre que tous les autres hommes.

Les Églises qui pratiquent le baptême des petits enfants et essaient de défendre leur position voient qu’elles ne peuvent soutenir leur pratique spirituellement ou autrement.

Les points de vue des hommes d'Église varient. Saint Augustin vouait tous les enfants non baptisés aux flammes éternelles de l’enfer, mais écrivait aussi en guise d’excuse : « Je suis, croyez m'en, assailli par de graves difficultés, et je ne sais vraiment que penser. » Vincent Wilkin, aumônier catholique de l’Université de Liverpool, a émis la théorie que les petits enfants non baptisés vont au ciel, mais pas avant la fin du monde, lorsque le Christ viendra. À ce moment-là, le péché originel aussi bien que la mort seront abolis. Les petits enfants pourront alors entrer au ciel parce que leur seul péché a été originel. (Time, novembre 1961, p. 52)

La révélation moderne vient à la rescousse, clarifie la question et confirme le fait que les petits enfants qui n’ont pas encore l’âge de responsabilité ne se verront pas interdire l’entrée du royaume de Dieu et sont exemptés de se conformer à l’ordonnance du baptême jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge de responsabilité. Le Seigneur a commandé à l’Église par le prophète Joseph Smith que « nul ne peut être reçu dans l’Église du Christ s'il n’est arrivé à l’âge de responsabilité devant Dieu et n’est capable de se repentir » (D&A 20:71) et que, pour être plus précis, les enfants seront baptisés « à l'age de huit ans » (D&A 68:27). Et les parents ont la responsabilité de veiller à ce que l’enfant comprenne la signification de la repentance, dans la foi du Christ, le Fils de Dieu, et se prépare à l’ordonnance du baptême à cet âge-là de peur que « le péché soit sur la tête des parents » (D&A 68:25).

Dans quelle mesure est-il ou n’est-il pas arbitraire de fixer l'âge de huit ans comme étant l’âge où les enfants peuvent être responsables de leurs actes, l’âge où on peut attendre d'eux le discernement et le jugement, de sorte que l’on puisse leur inculquer la repentance et le baptême ?

Y a-t-il une base quelconque dans les faits, l’expérience ou la logique qui autorise à designer l'âge de huit ans comme étant l’âge de responsabilité ?

Les enfants de cet âge sont-ils capables de connaître la différence entre le bien et le mal ? Sont-ils capables de se repentir et d’assumer les obligations de la nouvelle vie, les nouvelles possibilités et les nouvelles obligations qui se présenteront après le baptême et la réception du Saint-Esprit ?

II est intéressant de remarquer que dans certains domaines d'étude et d'activité, les enfants de huit ans sont considérés d’une manière tout à fait uniforme comme ayant l’âge de responsabilité, comme commençant la période de leur développement où ils sont capables de faire preuve de discernement, de jugement, d’autodiscipline et ou ils sont capables de comprendre le danger et de connaître la différence entre le bien et le mal. Selon les études menées dans le domaine de la psychologie des enfants, les traits de maturité des enfants de huit ans répondent fortement par l’affirmative à ces questions et confirment les conclusions ci-dessus.

À quoi ressemble un enfant à l’âge de huit ans ? Les Dr Arnold Gesell et Frances L. Ilg de la Clinic of Child Development du collège de médecine de l’Université de Yale ont effectué en collaboration des études et des recherches pendant plusieurs années, analysant les processus de développement, de croissance et de pensée des enfants et en sont venus aux conclusions suivantes :

Une tendance dominante de l’enfant de huit ans est d’évaluer ce qui lui arrive et ce qui fait que cela lui arrive. II s’est dans une grande mesure détaché de la domination de ses parents et de ses maîtres. Ses camarades de classe et lui-même créent leur propre discipline et dominent leurs propres activités par la critique mutuelle et en s'assignant des responsabilités.

À partir de huit ans, l’enfant ressent beaucoup plus souvent la honte ; il a une aversion croissante pour le mensonge. II reconnaît ses mauvaises actions, et ses actes révèlent qu’il se conforme aux principes moraux et à la droiture. II apprend à perdre et à accepter les inhibitions et les limitations imposées par ses camarades de jeux. Ce n’est plus un petit enfant.

Au cours de ses cinquième, sixième et septième années, il a été en contact avec les facettes du monde sans cesse grandissant de l’homme, n’en a eu que des aperçus et ses adaptations se faisaient au petit bonheur ; mais à l’âge de huit ans, il commence à voir les tenants et les aboutissants et à faire des distinctions, et son univers est moins décousu.

II se voit lui-même comme étant une personne parmi d’autres et comme un membre de la société. II tient à évaluer ses réalisations et ses rapports avec les autres et il veut être ce que les autres veulent qu’il soit.

L’enfant de huit ans est davantage capable de dominer ses pensées, de prendre une décision, de méditer sur les choses. II veut être bon et connaît maintenant les deux forces opposées du bien et du mal. II se sent davantage responsable de ses actes et est disposé à en subir les conséquences.

II est plus sincère et éprouve un intérêt actif pour la religion et la Bible. II fait preuve d'une plus grande initiative et va à la rencontre de son milieu (voir Arnold Gesell and Frances L. Ilg, The Child from Five to Ten, New York, Harper & Brothers, 1946, p. 160-186)

Le Dr Benjamin S. Bloom, dans son livre Stability and Change in Human Characteristics, dit en gros qu’avant l’âge de quatre ans, l’enfant acquiert la moitié de son intelligence ; il en acquiert 30 pour cent en plus, soit un total de 80 pour cent de son intelligence dès l’âge de huit ans. (Benjamin S. Bloom, Stability and Change in Human Characteristics, New York, John Wiley & Sons, 1964, p. 68)

William Johnz, directeur de l’École d’éducation primaire pour les handicapés à Berkeley (Californie), passe pour avoir dit : « Le meilleur âge de la vie d’une personne pour explorer les sciences abstraites et les mathématiques c’est entre 8 et 11 ans. » (Salt Lake Tribune, 15 décembre 1966, p. A-17)

En 1938, appel fut fait à un procès devant la Cour suprême du Michigan. Le procès comportait un problème relatif à la responsabilité des enfants d'environ sept ans et la capacité qu’ont les enfants généralement à cet âge-là de réagir aux dangers et de comprendre la mesure de prudence, de discernement et de jugement nécessaires pour éviter d’être laissés dans la circulation automobile. Pour se faire une opinion, des juges s'en référent aux conclusions de plusieurs savants et autres observateurs dans le domaine du soin, de l’éducation et de la psychologie des enfants, puis déclarèrent :

« Qu’est-ce qui peut, dans les faits, la science ou les recherches, justifier que l’on traite les enfants de moins de sept ans autrement que ceux qui ont dépassé cet âge ? On ne peut qu’être frappé du fait que les conclusions qui se sont cristallisées il y a des siècles concernant le statut de l’enfant de cet âge ont été confirmées par les observateurs et les savants actuels du domaine spécialisé du soin, de l'éducation et de la psychologie de l’enfant… Ce qu’il y a de remarquable dans les conclusions auxquelles sont parvenues ces recherches, c’est le fait que l’âge de sept ans marque une transition dans le développement mental des enfants.

« Dans la littérature abondante et riche consacrée à ce sujet, on insiste constamment sur le fait que cet âge marque le début de la pensée et de la raison, le commencement de l’échange des idées, la naissance d'idées de justice. Les autorités affirment que cet âge marque le passage de la période de la parole et de la pensée égocentriques à la compréhension verbale et à la pensée et à la coopération sociales. Bref, l’âge de sept ans peut être défini comme étant le seuil que franchit l’être humain pour passer du domaine de l’imagination et du rêve au monde de la réalité et des faits. » (Tyler vs. Weed, Michigan, 1938, 280 N. W. 827, at p. 832)

Dans les systèmes de tribunaux fédéraux et de tribunaux d'État des États-Unis, les opinions et les décisions judiciaires ont tiré, quant aux traits de maturité des enfants de sept et huit ans, des conclusions qui sont essentiellement identiques aux conclusions des savants et des psychologues de l’enfant. Les tribunaux fédéraux et tribunaux d’État ont été obligés de scruter et d'attaquer ce problème pour voir si l'enfant concerné a suffisamment de jugement et de discernement pour pouvoir être tenu comme responsable et capable de conduite négligente.

Le souci du tribunal serait simplement celui-ci : À quel âge ou a quel moment du développement et de la croissance de l’enfant peut-on dire qu'il s’est développé suffisamment pour être tenu pour responsable de ses actes ? Quand a-t-il suffisamment de jugement et d’expérience pour discerner le bien du mal ? Que peut-on considérer comme étant une conduite négligente de nature à autoriser une accusation en vertu de la loi, et fait-elle du tort aux autres ou contribue-t-elle à se faire du tort à soi-même ?

Un adulte est négligent ou imprudent s’il n’obéit pas à la loi ou ne réagit pas comme le ferait « une personne raisonnable et prudente » dans le même ensemble de circonstances. (Section 15.1, Utah Jury Instruction Forms)

Mais les tribunaux n’ont trouvé aucune règle précise à fixer comme modèle de prudence pour les enfants. Les tribunaux ont été peu disposés à adopter une règle objective de ce genre pour les enfants dans leurs tendres années. Le problème du jugement, de l'expérience, de l’intelligence et de la capacité de discerner la conduite correcte de la mauvaise conduite varie tant tout au long des premières années que les tribunaux estiment qu'aucun jury d’adultes ne peut juger ce que ferait l’esprit d’enfants « raisonnables et prudents » à un âge quelconque dans un ensemble donné de circonstances. (Tyler vs, Weed, supra, p. 833-36)

II en résulte que deux règles acceptables ont été formulées. La règle dite de l’Illinois estime arbitrairement qu’il y a une présomption concluante d’incapacité chez tout enfant jusqu’à l’âge de sept ans. La grande majorité des États suivent cette règle. L’autre règle, appelée la règle de Massachusetts, maintient qu'il y a une présomption réfutable d'incapacité jusqu’à l’âge de sept ans. (174 A.L.R. 1103 ; 77 A.L.R. 2nd 913)

II semble juste d'en conclure qu’en vertu des deux règles, les tribunaux reconnaissent qu’il y a une présomption d’incapacité jusque l’achèvement des sept ans. La seule différence, c’est que la majorité des États considèrent la présomption concluante tandis que la minorité la considère comme réfutable.

Encore une fois, nous pouvons conclure que tous les États considèrent la période de sept à huit ans comme étant la ligne de séparation entre les plus jeunes qui sont présumés être incapables de jugement et de discernement et les enfants de plus de huit ans qui sont considérés être capables de jugement et de discernement et sont responsables de leur conduite et peuvent être jugés d'après les faits comme pour les adultes.

Je n’ai pas l’intention de défendre ou de justifier la règle de l’Illinois ou celle du Massachusetts dans le cadre de la loi qui s’applique aux enfants. Toutefois il est utile de souligner le fait que quelle que soit celle des deux règles que l’on suit, l’époque de sept à huit ans est estimée être « la ligne de transition du développement mental de l’enfant.

Cet « âge crucial de responsabilité » s’est révélé être le même dans le domaine de la psychologie de la loi criminelle des traditions et de l’éducation de l’enfant. Tous les tribunaux reconnaissent que pendant les années de tendre enfance jusque l’âge de cinq à six ans inclus, les enfants n’ont pas assez de discernement pour qu’on puisse les accuser de négligence ou d’imprudence et sont considérés comme étant incapables de négligence. Un tribunal l’a dit comme ceci : « Nous suivons la règle promulguée par les nombreuses autorités éminentes, car l’enfant de moins de sept ans est incapable d’imprudence. » (Baker vs. Alt, Michigan, 1965, 132 N. W. 2nd. 614, at p. 620 ; Tyler vs. Weed, supra, p. 838)

Une discussion d’un sujet de loi ne serait pas complète sans citer la grande autorité anglaise en matière de lois, Sir William Blackstone, qui écrivit vers 1765-1769 : « En dessous de sept ans, en effet, un enfant ne peut être coupable de délit, car un discernement délictueux est à ce moment-là quasiment impossible ; mais à l’âge de huit ans, il peut être coupable de délit. (Blackstone Commentaries, Book IV, Section 23)

Ceci a bien entendu trait à la responsabilité criminelle, mais cela montre qu’il y a longtemps déjà on avait une opinion quant à la capacité et à l’âge de responsabilité des petits enfants. Blackstone rappelle le cas de ce garçon de huit ans qui brûla deux granges et fut condamné et pendu en vertu d’une loi du dix-septième siècle, mais même alors, dans la jurisprudence impitoyable de cette époque, l’âge de sept ans était un âge d’innocence.

Pour ce qui est des enfants de huit ans et plus, nous trouvons de nouveau les inévitables divergences humaines, mais, chose intéressante, dans la grande majorité des cas, il y a une sorte de constance. En dépit des variantes résultant des divergences d'opinions humaines, la constance de la plupart des décisions des tribunaux où on examine la responsabilité qu'a l’enfant de sa conduite autorise à tirer les conclusions générales qui suivantes :

(1) En dessous de sept ans, l’enfant est considéré comme incapable de jugement et de discernement et n’est pas responsable d’actes de négligence.

(2) À l’âge de sept ans, la plupart des tribunaux le considèrent toujours comme incapable et non responsable, mais beaucoup de tribunaux estiment que cette règle est réfutable, exigent des preuves dans chaque cas de la capacité, du jugement, de la formation, du passé et du discernement de l’enfant concerné et laissent la décision au tribunal ou au jury.

(3) Après avoir atteint l’âge de huit ans, l’enfant est arrivé à son âge de responsabilité, a suffisamment de jugement, de capacité et de discernement pour discerner le bien du mal, et est accepté et traité comme un adulte.

Apparemment, au cours des siècles, les étudiants, les psychologues de l’enfance et ceux qui ont à juger une conduite préjudiciable et délictueuse ont tous trouvé qu'à l’âge de huit ans, le développement de l’enfant normal a atteint un stade ou l’on peut considérer l’enfant comme étant suffisamment mûr pour être tenu pour responsable de ses actes.

Ce qui précède n’est donné que pour confirmer ce que les saints des derniers jours estiment être la meilleure preuve au monde quant au point de savoir quand le baptême des petits enfants est nécessaire, à savoir : le commandement donné par Dieu à Joseph Smith que les enfants soient baptisés à l’âge de huit ans. Toutes les autres preuves sont secondaires.
 
 
Source : L’Étoile, janvier 1971, p. 5-8