Comment la direction de la prêtrise doit opérer dans
la famille ?
Dennis L. Lythgoes
Je
crois fermement au mariage où les époux sont égaux,
où le mari et la femme prennent les décisions ensemble,
et où ni l'un ni l'autre des conjoints n'impose sa volonté
à l'autre. Le
père préside les
soirées familiales ou les conseils de famille, demande aux
membres de la famille de faire des prières ou de donner des
bénédictions ou de présenter des leçons.
Et s'il détient la prêtrise, le père peut donner
des bénédictions à sa femme et à d'autres
membres de la famille. Il peut baptiser et confirmer ses enfants et
accomplir d'autres ordonnances de la prêtrise en leur faveur.
Toutes les discussions et toutes les décisions importantes de
la famille doivent être l'affaire autant de l'un que de l'autre
des conjoints, qui se traiteront avec gentillesse et amour sincère.
En cas de désaccord, le mari et la femme feront bien
d'attendre de se mettre d'accord, au lieu d'essayer l'un ou l'autre
d'imposer sa propre décision. Même les problèmes
les plus urgents doivent être traités avec prudence,
afin que les esprits aient le temps de se calmer et qu'on puisse
prier.
Il
arrive qu'une conception erronée du mariage conduise à
des violences verbales ou physiques. Le président David O.
McKay a dit : « Je n'arrive pas à imaginer
qu'un homme use d'une telle cruauté envers une femme. Je ne
peux imaginer qu'elle se conduise si mal qu'elle mérite un tel
traitement. Il y a peut-être dans le monde des femmes qui
exaspèrent leur mari, mais cela ne justifie pas qu'un homme
recoure à la force physique ou qu'il se libère de sa
colère en jurant. Il y a, nous n'en doutons pas, des hommes
dans le m onde qui se conduisent comme des brutes, mais un détenteur
de la prêtrise de Dieu ne saurait s'abaisser à de telles
pratiques » (Gospel Ideals, p. 476).
Doctrine
et Alliances 121:36-37 met explicitement en garde contre un tel
comportement : « Les droits de la prêtrise sont
inséparablement liés aux pouvoirs des cieux, et…
les pouvoirs des cieux ne peuvent être contrôlés
ou exercés que selon les principes de la justice. Ces droits
peuvent nous être conférés, il est vrai ;
mais lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés,
ou de flatter notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec
quelque degré d'injustice que ce soit, un contrôle, une
domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes,
voici, les cieux se retirent, l'Esprit du Seigneur est affligé,
et lorsqu'il est retiré, amen à la prêtrise ou à
l'autorité de cet homme. »
Le
Seigneur fait remarquer que la tentation d'exercer une domination
injuste est très répandue (verset 39), mais qu'« aucun
pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être
exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la
persuasion, la longanimité, la gentillesse, l'humilité
et l'amour sincère, par la bonté et la connaissance
pure qui élèveront considérablement l'âme
sans hypocrisie et sans fausseté. » (versets
41-42).
Au
lieu de se préoccuper de savoir qui doit avoir le dernier mot,
tout homme, au moment de se marier, devrait se rappeler le conseil de
Gordon B. Hinckley aux hommes :
« Si
vous êtes coupables d'un comportement consistant à
abaisser votre épouse, si vous avez tendance à dominer
et à être autoritaires envers elle, si vous êtes
égoïstes et brutaux au foyer, alors arrêtez !
Repentez-vous ! » (Pierres angulaires d'un foyer heureux,
p. 2)
L'homme
et la femme doivent avoir l'un comme l'autre la possibilité de
résoudre les désaccords. Vouloir statuer seul est
mauvais pour l'homme comme pour la femme. Les conjoints doivent
discuter franchement de leurs points de désaccord, examiner
les avantages et les inconvénients des solutions proposées,
puis prendre une décision acceptable par l'un et par l'autre.
De
ce point de vue, une de mes amies préfère l'expression
« être en union avec la prêtrise »
à l'expression plus connue « soutenir la
prêtrise ». Elle dit que la femme et l'homme doivent
se soutenir mutuellement et avancer unis vers des objectifs communs
élevés.
Si
cette égalité dans le mariage est si logique, comment
expliquer les propos bien connus de l'apôtre Paul :
« Femmes, soyez soumises chacune à votre mari,
comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme
Christ est le chef de l'Église, qui est son corps et dont il
est le Sauveur… Maris, aimez chacun votre femme, comme le
Christ a aimé l'Église et s'est livré lui-même
pour elle » (Éphésiens 5:22-23, 25) ?
En
qualité de chef de l'Église, Jésus était
l'humble serviteur de tous. Il servait constamment les autres, les
aimait et se sacrifiait pour eux. En fait, il a souffert toutes
choses et a donné sa vie pour eux. Si un mari est le serviteur
aimant de sa femme, alors, la « soumission » de
l'épouse au mari est très différente de ce qu'on
imagine dans une situation de contrôle autoritaire. La femme ne
se soumettrait qu'à une direction juste du type du service et
du sacrifice complets.
En
fait, il ne s'agit pas du tout d'une soumission dans le sens où
l'on comprend ce terme aujourd'hui mais plutôt d'une relation
d'intimité et de confiance qui repose sur l'amour, la raison,
le dialogue et le respect. C'est, je crois, ce genre de relation que
le Seigneur a prévu pour tous les maris et toutes les épouses.
(L'Étoile, mars 1988, p. 30-31)