Comment donner un conseil à un dirigeant sans donner l'impression d'être critique ?


Bruce L. Olsen



Au début de mon appel d’évêque, un membre de la paroisse vint me trouver pour me donner un conseil. « La paroisse est trop fonctionnelle », dit-il. « Vous avez beaucoup fait pour organiser les auxiliaires et pour leur donner un personnel, mais vous semblez trop affairé pour vous occuper de chacun. » Ce fut pour moi un choc.

Cela ne m’était jamais venu à l’esprit que, dans son désir de pourvoir les auxiliaires de paroisse d’un personnel, notre épiscopat donnait l’impression d’être trop occupé pour être utile aux membres. On étudia à fond l’information gentiment donnée au cours des réunions de l’épiscopat qui suivirent, et elle s’avéra des plus utiles.

Le cas classique de quelqu’un qui propose un conseil utile à un dirigeant de l’Église est peut-être, dans les Écritures, celui de Jethro, le beau-père de Moïse, qui observait Moïse administrer personnellement les affaires des enfants d’Israël qui se tenaient « devant lui depuis le matin jusqu’au soir. Le beau-père de Moïse vit tout ce qu’il faisait pour le peuple, et il dit : Que fais-tu là avec ce peuple ? Pourquoi sièges-tu seul, et tout le peuple se tient-il devant toi, depuis le matin jusqu’au soir ? Moïse répondit à son beau-père : c’est que le peuple vient à moi pour consulter Dieu. Quand ils ont quelque affaire, ils viennent à moi ; je prononce entre eux, et je fais connaître les ordonnances de Dieu et ses lois. Le beau-père de Moïse lui dit : Ce que tu fais n’est pas bien. Tu t’épuiseras toi-même, et tu épuiseras ce peuple qui est avec toi ; car la chose est au-dessus de tes forces, tu ne pourras pas y suffire seul » (Exode 18:13-18).

Jethro en vint ensuite à donner à Moïse des conseils précis qui disaient en détails comment Moïse pouvait à la fois enseigner des principes et choisir des dirigeants pour contribuer à gouverner le peuple. Il est à remarquer que dans le verset 23, Jethro ajoute : « Si tu fais cela, et que Dieu te donne des ordres, tu pourras y suffire. » Une implication au moins ici est la reconnaissance par Jethro que la décision ultime est entre Moïse et le Seigneur.

Il semble que Moïse présenta la suggestion au Seigneur et obtint son approbation parce que le prochain verset nous dit : « Moïse écouta la voix de son beau-père, et fit tout ce qu’il avait dit. »

Donner de temps en temps des conseils aux dirigeants de l’Église semble donc tout à fait approprié mais, ce faisant, nous devons d'abord nous assurer que nos motivations sont pures et que les conseils ont de la valeur. Parmi les questions que nous devons nous poser à nous-même figurent les suivantes : Quel est mon but quand je veux donner mon conseil ? Mon idée n ’est-elle qu’un moyen d’apaiser une contrariété que j'ai ou est-ce un bon conseil qui pourrait s’avérer utile ? Est-ce que j’essaie de conseiller le Seigneur ou ses serviteurs, ou fais-je vraiment une suggestion ? Ai-je étudié l’idée complètement pour voir ses implications et pour être sûr qu'elle a vraiment de la valeur ? Puis-je donner le conseil sans être hostile ?

Dès que nous avons répondu à ces questions et à d’autres qui peuvent nous venir à l’esprit, il semble approprié de présenter notre idée au Seigneur en prière, de ne pas chercher confirmation de l’idée elle-même, car c’est là la responsabilité d’une autre personne, mais de rechercher la confirmation que nous devons vraiment présenter l’idée à notre dirigeant. Si l'on reçoit cette confirmation, nous sommes prêts à aller trouver humblement un dirigeant dans un bon esprit en faisant attention de ne pas critiquer les dirigeants ou les programmes.

Il me semble encore approprié de nous rappeler, quand nous avons présenté notre idée, que nous laissons au dirigeant l’occasion accordée à Moïse par Jethro : celle de demander conseil au Seigneur. Nous devons tenir compte du fait que le dirigeant, avec la responsabilité de son intendance, a le droit de nous écouter et de choisir de ne pas mettre nos idées en application.

Il pourrait être facile d’être offensé si notre conseil n ’est pas mis en application, mais ce serait moins que sage. Nous ne pouvons souvent voir qu'une petite partie, mais l’intendant
ou le dirigeant de l’Église peut bien mieux voir le problème dans son ensemble.



Source : L'Étoile, mars 1979, p. 24-25