Quelle est la politique du Seigneur dans la répartition des
richesses et des talents ?
Robert J. Matthews
Dans
ce monde, les gens sont dans des situations très diverses,
souvent dues apparemment au hasard ; certains ont des talents
intellectuels, une personnalité agréable, la richesse,
l’éducation, l’attrait physique tandis que
d’autres naissent dans une pauvreté extrême, ont
des handicaps physiques, un quotient intellectuel faible ou d’autres
difficultés.
On
ne peut expliquer ce qui fait que chacun naît dans telle ou
telle situation ou reçoit plus d'« avantages »
qu’un autre. On ne connaît pas suffisamment toutes les
données du problème. Mais nous pouvons tirer profit de
quelques principes éternels de base qui nous sont communs.
Premièrement,
nous avons beaucoup de chance, nous les membres de l’Église,
de pouvoir accéder tous à une perle de grand prix,
l’Évangile. L’apôtre Paul regardait « toutes choses comme une perte, à cause de l’excellence
de la connaissance de Jésus-Christ » (Philippiens 3:8).
Le facteur important, c’est qu’une famille a ou n’a
pas l’Évangile de Jésus-Christ. La différence
entre le fait d’être riche ou pauvre dans les choses
terrestres est tout à fait négligeable en comparaison
de la différence entre le fait d’avoir les bénédictions
de l’Évangile et celui de ne pas les avoir.
Deuxièmement,
l’Évangile nous enseigne que la vie terrestre n’est
pas le commencement de notre existence. Chacun d’entre nous est
un enfant littéral et intelligent d’esprit de nos
parents célestes ; nous étions tous uniques, nous
pensions, nous apprenions, nous agissions, nous réagissions
tous individuellement avant de venir dans ce m onde mortel. Notre vie
prémortelle a certainement eu quelque chose à voir avec
certains de nos traits personnels et, pour certains, elle a quelque
peu influencé les occasions religieuses qui nous sont données
(voir Alma 13:2-11 ; Abraham 3:22, 23).
Troisièmement,
il semble que nous venions dans cette vie au moment et dans les
conditions voulus par Dieu (voir Actes 17:24-27 ; Deutéronome
32:7, 8). Néphi a dit à propos de ses desseins en la
matière : « Il aime le monde » et « il ne
fait rien qui ne soit pour le profit du monde » (2 Néphi
26:24). Tous ses jugements ne sont pas donnés aux hommes (voir
D.&A. 29:30), mais nous pouvons être sûrs que ses
jugements sont faits en sainteté, en droiture, en justice et
en miséricorde.
Une
vérité fondamentale à se rappeler se trouve dans
la réponse que Joseph Smith a reçue du Seigneur quand
il a prié dans la prison de Liberty : « Sache, mon fils,
que tout cela te donnera de l’expérience et sera pour
ton bien » (D&A 122:7). Dans le cadre de l’éternité,
notre situation terrestre n’a probablement d’importance
que par l’objectif premier qui est d’obtenir un corps
physique, d’élargir notre âme et de nous permettre
par la suite de comparer notre état mortel loin de Dieu à
notre état prémortel et notre état postmortel où
les plans de Dieu sont suivis plus fidèlement.
Un
quatrième principe de base à se rappeler, c’est
de ne pas envier les autres qui semblent jouir d’une vie plus
aisée que la nôtre. Ce qui peut paraître des
avantages, telles les richesses de ce monde, la gloire, l’influence
ou la vie facile, risque en réalité d’être
de dures épreuves. À moins de les gérer
correctement, ces choses peuvent entraîner notre chute
spirituelle. Par contre la pauvreté, les épreuves et
les difficultés de la vie peuvent vraiment être des
bénédictions pour ceux qui les ont mais qui
souhaiteraient ne pas les avoir. Pour le présent, c’est
principalement une question de foi et de confiance en nous, et ce
n’est pas nécessairement une mauvaise situation. Si nous
vivons par la foi et si nous remettons à plus tard les
conclusions péremptoires à propos de certains des
problèmes de la vie, cela nous aidera peut-être à
acquérir l’humilité, la maturité
spirituelle et la patience. On attribue à Abraham Lincoln
cette phrase : « Tout ce que je connais à propos de Dieu
m’amène à lui faire confiance pour tout ce que je
ne connais pas. »
Cinquièmement,
l’Évangile nous enseigne que la vie terrestre est une
épreuve, une période probatoire. Les difficultés
sont normales dans cette période de mise à l’essai.
C’est en les surmontant que l’on peut progresser. Le
Seigneur donne aux hommes des faiblesses pour qu’ils soient
humbles (voir Éther 12:27) et aussi pour que tout contribue au
bien de ceux qui aiment le Seigneur et qui gardent ses commandements
(voir Romains 8:28). Nos conditions de vie peuvent être
simplement une partie des épreuves de la vie.
Certains
ont cru par erreur que tous les malheurs et/ou tous les plaisirs
viennent directement de Dieu et que Dieu est donc le seul responsable
des conditions de vie de chacun. Il s’ensuit la croyance selon
laquelle toutes les difficultés sont la conséquence
directe et immédiate du péché. Il est triste de
constater que même certains membres de l’Église
ont tendance à croire cela. Combien de fois entendons-nous
quelqu’un dire : « Qu’ai-je fait pour mériter
cela ? » Le Sauveur a pourtant enseigné que la peine ou
les souffrances ne sont pas nécessairement la punition de Dieu
pour le péché (voir Luc 13:1-5; Jean 9:2, 3, 34). Et le
prophète Joseph Smith a déclaré que c’est
un « principe profane » que de supposer que quelqu’un
a transgressé parce qu’il est affligé par la
maladie ou par la mort (voir Enseignements du prophète Joseph
Smith, p. 222).
L’histoire
de Job montre que le Seigneur permet des épreuves qui peuvent
inclure de perdre des amis ou des biens matériels. Mais ce
n’est pas nécessairement en punition d’un péché,
car, comme dans le cas de Job, cela peut être pour donner de
l’expérience. En Égypte, Joseph a également
surmonté de grands obstacles, il s’est élevé
au-dessus d’eux et s’est amélioré par
l’expérience.
L’âme
humaine peut arriver à maturité au moyen d’épreuves
et de souffrances si la personne considère l’expérience
dans une bonne optique. Cela peut la raffiner, et ce raffinement ou
cette expérience est le genre de compensation que nous
recevons pour les problèmes rencontrés dans la
mortalité. Les récompenses de cette maturité
spirituelle ne sont pas seulement profitables dans cette vie, mais
aussi dans l’éternité.
Pour
finir, voyons les paroles de Malachie, témoin des problèmes
rencontrés par ses contemporains : « Vous avez dit :
C’est en vain que l’on sert Dieu ; qu’avons-nous
gagné à observer ses préceptes, et à
marcher avec tristesse à cause de l’Éternel des
armées ? Maintenant nous estimons heureux les hautains ; oui,
les méchants prospèrent ; oui, ils tentent Dieu, et ils
échappent ! Alors ceux qui craignent l’Éternel se
parlèrent l’un à l’autre ; l’Éternel
fut attentif, et il écouta ; et un livre de souvenir fut écrit
devant lui pour ceux qui craignent l’Éternel et qui
honorent son nom. Ils seront à moi, dit l’Éternel
des armées, ils m’appartiendront, au jour que je prépare
; j’aurai com passion d’eux, comme un homme a compassion
de son fils qui le sert. Et vous verrez de nouveau la différence
entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et
celui qui ne le sert pas » (Malachie 3:14-18). Malachie
explique que les injustices apparentes de cette vie seront rajustées
par Dieu.
Ce
qui importe le plus, ce ne sont pas nos conditions de vie (qui est
riche, qui est pauvre, qui est populaire, qui ne l’est pas)
mais plutôt nos réactions à ces conditions. Les
sentiments et les actes qu’elles nous inspirent ont plus
d’importance qu’elles-mêmes. Dans le cadre de
l’existence mortelle qui nous permet d’acquérir un
corps physique, nous rencontrons des difficultés et nous
acquérons de l’expérience ; tout cela peut nous
aider à progresser vers la vie éternelle. Comme l’a
dit Paul, les problèmes de cette vie mortelle ne sont pas
comparables à la gloire qui doit être révélée
par la suite (voir Romains 8:16-18). Acquérir la maturité
spirituelle suffisante pour pouvoir participer à cette joie
sera sans aucun doute une compensation suffisante.
Source
: L'Étoile, décembre 1982, p. 5-8