CE
QUE PEUT NOUS APPRENDRE
L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES SAINTS DES DERNIERS JOURS
par
le Révérend Franck S. Morley,
docteur
en Philosophie de l'Église presbytérienne,
15th
Ave. and 9th St., S. W. Calgary,
Alberta, Canada.
Dimanche
27 novembre 1954
Je
fais une série de sermons intitulés « Les
tâtonnements dans la compréhension ». Ce
soir, c'est le tour de l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, de ce que peut nous apprendre cette
Église, et j'estime qu'il n'est pas inopportun d'en parler ce
soir aux francs-maçons.
La
raison pour laquelle j'ai retenu ce sujet s'éclaircira, je
crois, à mesure que j'avancerai dans mon sermon.
Jusque
naguère, le peu que je savais des mormons, je le devais à
la lecture de Zane Grey [1872-1939, auteur américain]. Je me
souvenais d'un portrait peu flatteur donné par un de ses
romans que j'avais lu dans mon enfance et que j'avais vu avec des
yeux d'enfant. Cette impression ne m'a malheureusement pas quitté
jusqu'au jour, relativement peu éloigné, où j'en
vins à connaître beaucoup mieux cette Église. Je
l'ai surtout découverte lors de la visite que me firent deux
jeunes gens peu après mon arrivée à Calgary.
Ils
venaient de loin, du fin fond des États-Unis, pour
m'entretenir de leur foi. Ils faisaient là, pensais-je, une
chose admirable. Il leur fallait du courage – à tout le
moins je trouvais qu'il leur en fallait pour venir affronter un
ministre presbytérien assez redoutable.
Je
les fis entrer et les laissai parler. C'était de tout jeunes
hommes qui, je pense, ne se rasaient pas depuis bien longtemps, et
ils se mirent à parler de leur foi. Comme ils disaient que
tous les frais étaient à leur charge, je leur demandai
comment ils parvenaient à
gagner
de quoi vivre, et un jeune homme me répondit qu'il venait
d'écrire chez lui pour demander à son père de
vendre une vache et de lui envoyer l'argent. Ils consacrent deux ans
à cette oeuvre et subviennent à leurs propres frais.
Ensuite,
deux autres jeunes gens vinrent aussi me voir pour parler de leur foi
et répondirent à plusieurs de mes questions.
Lors
de la célébration du centenaire en 1947, l'Église
mormone déclara qu'au cours de ces 100 ans, elle avait envoyé
51 612 missionnaires, qui partent pour une durée de deux
ans et subviennent à leurs propres frais ! En 1949, elle
en avait 8695 dans trente-huit pays. Mais, depuis lors, elle en
envoie environ 4000 chaque année. Je présume donc
qu'actuellement elle possède encore plus de missionnaires à
l'oeuvre dans le monde. C'est là une oeuvre missionnaire
stupéfiante pour une Église qui est relativement jeune.
Maintenant,
qu'est-ce qui me plaît dans cette Église ?
D'abord
la clarté de sa doctrine. Une doctrine que les jeunes peuvent
comprendre, qui leur est accessible, bien qu'elle les conduise dans
un domaine plus profond qui, naturellement, dépasse
l'intelligence humaine. Par exemple, leur premier point de doctrine
est la foi en Dieu, en Jésus-Christ et au Saint-Esprit. On
m'avait dit que les mormons ne croyaient pas en Jésus-Christ !
Ces idées préconçues et cette incompréhension
dont ils sont l'objet, il nous faut, voyez-vous, les tirer au clair.
Ils
ont des croyances qui pourraient nous paraître un peu étranges,
telles que la progression éternelle, la révélation
actuelle – la révélation par les prophètes –
et le mariage éternel. Ils ne croient pas que la mort provoque
de séparation.
Mais
ces croyances sont-elles mauvaises ?
En
second lieu, ce que j'aime chez eux, c'est qu'ils ont un mode de vie.
Leur religion pénètre directement dans leur vie. Pour
eux, l'oisiveté, la paresse, le fait de vivre aux crochets du
gouvernement sont néfastes. Ils n'aiment pas ce genre
d'affaires. Ils estiment qu'on ne devrait pas être entretenu
par le gouvernement.
Pour
être membre de I'Eglise mormone, il faut suivre strictement la
Parole de sagesse : pas de thé, de café, de
liqueur, de tabac (ce qui élimine immédiatement
beaucoup
d'entre
nous). On doit être propre au point de vue moral et payer une
dîme.
Maintenant,
j'ignore si c'est dû ou non à leur mode de vie, auquel
leur religion se rapporte si étroitement, mais ils sont
peut-être les gens les plus sains du monde. Pendant la guerre,
on trouva dans l'Utah plus de gens ou plus d'hommes aptes au service
que dans tout autre État des États-Unis.
Le
taux de la mortalité aux États-Unis est de 10 pour
mille, mais, chez les mormons, il est inférieur à 6
pour 2 mille. Le taux de la natalité aux États-Unis est
de 24 pour mille, mais, chez les mormons, de 38. Dans les 22
principales nations civilisées du monde, le nombre
moyen
d'enfants illégitimes est de 74 pour mille ; aux
États-Unis, de 40 pour mille, mais, dans l'Utah, de 10
seulement, et, dans l'Idaho (dont la proportion est voisine, puisque
c'est un État mormon) de 11 pour mille.
Quel
contraste stupéfiant ! Ils ont également un taux
de divorces fort peu élevé.
L'Utah
est le premier État des États-Unis en ce qui concerne
l'enseignement, et peut-être le meilleur du monde. Comme lieu
de naissance d'hommes remarquables, l'Utah vient en tête devant
le Massachusetts (ce qui ne me plaît guère, car le
Massachusetts est puritain
et
était autrefois en tête des États-Unis, mais
actuellement l'Utah précède de 20 pour cent le
Massachusetts).
Pour
la production de savants, l'Utah est au premier rang avec 30 pour
cent de plus que le Colorado. Or le Colorado est voisin. C'est donc
là une production étonnante d'hommes instruits,
compétents et intelligents.
Après
la clarté de leur doctrine et après un code de vie
conforme à leur foi, ce qui me plaît en troisième
lieu chez les mormons, c'est que leur religion est axée sur la
famille. La polygamie fut abolie en 1890. C'est le président
de l'Eglise, Wilford Woodruff, qui, je crois, prit cette décision,
et je pense qu'il n'y a qu'environ quatre ans que l'un des douze
apôtres fut excommunié pour impureté, immoralité,
violation de cette règle de pureté que prônent
tellement les mormons.
Cette
religion axée sur la famille commence par les prières
familiales du matin et du soir et aucune nourriture n'est prise avant
d'être bénie. Toute la famille se rend à l'église
sous la
conduite
du père et de la mère. Le dimanche après-midi,
la famille se réunit pour se consacrer à la vie
religieuse et à la vie sociale.
Il
y a aussi une soirée familiale par semaine. N'est-ce pas
merveilleux ? Une soirée familiale par semaine : un
soir, chaque semaine, tous les membres de la famille mormone sont à
la maison et ont encore une vie familiale. Le père ou la mère
qui est trop occupé
pour
se soucier des enfants ou pour les voir souvent risque d'être,
tôt ou tard, réprimandé pour son comportement.
Les
enfants reçoivent une éducation soignée depuis
la crèche jusqu'à la classe de l'instructrice de
l'École du dimanche. C'est ainsi qu'il y a une instruction
religieuse à raison d'un jour par semaine, appelée la
Primaire. Les enfants de 4 à 11 ans y viennent deux heures par
semaine après l'école. Au premier groupe d'enfants,
âgés de 4 à 5 ans, on apprend à
prier et aussi à pratiquer des vertus telles que la
vénération, la reconnaissance, l'amitié et la
bonté. Puis, à l'âge de 6 ans, ils passent dans
un autre groupe pour apprendre à connaître la nature et
le Dieu de cette nature. De 7 à 8 ans, ils fréquentent
des classes de préparation au baptême, car, à 8
ans, ils deviennent membres de l'Église. Ils reçoivent
alors divers enseignements, les filles ont des cours appelés
« investigations » et les garçons des
cours différents.
Si
un membre de l'Église mormone se trouve dans l'assemblée,
qu'il veuille bien me pardonner si j'omets un point qu'il estime
important, et aussi si je fais une erreur. J'essaie, croyez-le bien,
que mon exposé soit le plus clair possible. Soyez tranquille,
l'essentiel sera, je pense, assez proche de la vérité.
En
tout cas, un garçon devient diacre à l'âge de 12
ans, et le reste pendant 3 ans, jusqu'à 14 ans. Puis il passe
instructeur de 15 à 16 ans, prêtre à l'âge
de 17 ans. Il peut dès lors baptiser, administrer le sacrement
de Sainte-Cène, ordonner les diacres, etc. Il devient
ancien
à 19 ans lorsqu'il peut donner le droit de confirmation :
il oint et bénit les malades.
Ceci
est également intéressant. Les mormons affirment que la
bénédiction et l'onction des malades provoquent des
guérisons miraculeuses. Ils ont des médecins et
coopèent avec eux, mais obtiennent parfois des bénédictions
sans l'intervention des médecins.
Ce
qui me plaît ensuite dans cette Église, c'est l'esprit
d'amitié qui y règne, particulièrement chez les
jeunes. C'est au sein de l'Église qu'ils se rassemblent. C'est
là
qu'ils
trouvent leur joie, leur amusement. Ils ne doivent pas fréquenter
ces vils tripots pour trouver leur amusement, pas plus que ces
bouges. C'est dans un milieu religieux qu'ils se distraient et se
donnent du bon temps. Je trouve que c'est merveilleux. Je voudrais
que nous ayons ce genre d'activité dans notre Église.
Ce
qui me plaît encore (peut-être est-ce le résultat
de cet esprit d'amitié), c'est qu'ils sont partisans des
mariages jeunes. L'idée est bonne. En effet, ils préparent
les jeunes au mariage, et il serait souhaitable que nos jeunes y
soient davantage préparés. Dans l'Église
protestante, la préparation des jeunes au mariage est
nettement insuffisante.
Le
gouvernement de leur Église est une théocratie, mais
une théocratie mêlée de démocratie. Leur
Église possède une Première Présidence,
composée d'un président
et
de deux assistants. À la mort du président, les deux
assistants sont démis automatiquement de leurs fonctions .
C'est l'aîné des douze apôtres qui devient
président. Mais, bien qu'à tous les degrés règne
la théocratie et que les différents officiers et
fonctionnaires soient nommés, ces nominations doivent être
entérinées par le vote d'une assemblée générale,
à laquelle n'importe qui peut assister. Naturellement, seuls
les membres de l'Église peuvent voter. Comme vous le voyez,
l'organisation de leur gouvernement est vraiment remarquable.
Je
voudrais avoir le temps d'en faire avec vous une analyse plus
détaillée, parce que c'est un des gouvernements
religieux les mieux organisés du monde, bien que (et il faut
le souligner) il n'y ait nulle contrainte. Certains d'entre nous
croient (et il y a peu de temps encore, moi aussi je le croyais)
qu'on oblige les missionnaires à partir. Il n'en est rien.
Dans leur Église, il n'y a aucune contrainte. Évidemment,
celui qui y exerce une fonction
doit
respecter certaines règles, mais on n'est jamais forcé
d'être missionnaire ou d'accomplir n'importe quelle autre
tâche.
Ce
qui me plaît encore dans leur Église c'est leur
dévouement. Prenons par exemple le président de pieu.
Un pieu désigne un certain territoire qui dépasse
largement
les
limites de Calgary, qui comprend une vaste région avec, au
centre, notre ville de Calgary. Eh bien, ce président de pieu
n'est pas rétribué. L'homme qui exerce cette fonction
est un citoyen important, l'un de nos hommes d'affaires les plus
occupés, et cependant ce président de pieu consacre
beaucoup de temps à son Église.
Il
consacre une soirée par mois à une réunion des
officiers enseignants du pieu. Il consacre une soirée par
semaine à une réunion de la présidence du pieu.
Il consacre deux dimanches par mois à la visite des paroisses.
Il y consacre tout un dimanche après-midi par mois. Chaque
année, à Salt Lake City, il assiste à deux
assemblées générales, qui durent trois jours. Il
a quatre assemblées de pieu par an, chacune lui prenant un
jour et demi, et il consacre un jour par mois au temple, bien que ce
ne soit pas obligatoire. Pensez donc à tout ce temps !
Pensez-y ! En ce qui me concerne, je ne peux le faire sans être
consterné. Que de temps lui prend cette fonction !
Nous
n'avons absolument rien de semblable ! Dans notre Église,
personne ne sacrifie autant de temps. Personne ! Je connais mon
Église d'une côte à l'autre des États-Unis,
et je vous dis que je ne connais rien de tel.
Je
pense aussi à leur générosité, pas
seulement en fait de temps, mais aussi en ce qui concerne leurs
dîmes. Ils paient la dîme ! Et cela aussi est très
intéressant. Le premier dimanche du mois, ils offrent un
jeûne. Ils se privent de leurs deux repas et vont en donner
l'argent aux pauvres. Le président Hoover [président
des États-Unis de 1929 à 1933] a même dit que, si
toutes les Églises aidaient les pauvres à la façon
de l'Église mormone, l'aide de l'État deviendrait
superflue.
Ils
s'occupent de leurs membres, et c'est encore une caractéristique
de leur Église qui me plaît ; ils s'en occupent non
seulement au point de vue matériel, mais aussi au point de vue
spirituel. Leurs paroisses ou branches sont divisées en ce
qu'ils appellent des « secteurs » ; chacun
d'eux désigne simplement une partie de la ville, où
vivent de trois à huit familles mormones (le plus souvent, je
pense, il y en a environ six), qui, chaque
mois,
reçoivent la visite de deux instructeurs. Or il peut se faire
qu'on ne les trouve pas chez elles ce mois-ci pour une raison ou pour
une autre – elles peuvent être parties en Californie
ou tout simplement être sorties au moment où l'on vient
les voir – mais on reprendra le contact avec elles le mois
prochain.
Toutes
les familles de l'Église mormone reçoivent la visite de
ces instructeurs de six à douze fois par an. Une visite
mensuelle ! Le mois passé, leur but était de
visiter absolument toutes les familles, et ils n'y sont pas parvenus.
Ils ne les ont pas visitées toutes, ils n'en ont visité
que 95 pour cent ! Certaines personnes n'étaient pas là,
mais on passa chez elles, et, sans leur absence, c'eût été
un succès total.
Normalement,
ils parviennent à en visiter environ 80 pour cent. Les
instructeurs ont trois tâches. D'abord, ils donnent un
enseignement qui est basé habituellement sur le message
mensuel. Deuxièmement, ils viennent en aide à tous ceux
qui ont des ennuis, ou, si cela leur est impossible, ils les
renvoient à l'évêque. Leurs visites ont aussi
pour but de favoriser l'activité dans la vie de l'Église.
Je
viens donc, mes amis, de vous parler de l'Église mormone. Quel
message y trouvons-nous ? En premier lieu, celui-ci : cette
Église se compose de laïcs. Les seules personnes qui sont
rémunérées sont celles qui consacrent la
totalité de leur temps à l'Église, comme
le
personnel de bureau, le président de l'Église ou les
douze apôtres, mais ce sont des exceptions. Il n'y a aucun
habitant du pieu de Calgary qui soit rétribué. N'est-ce
pas ahurissant ? C'est une Église de laïcs. Songez
donc à l'oeuvre qu'ils réalisent.
Elton
Trueblood [auteur et théologien américain] a dit qu'une
révolution se produirait dans notre vie si les laïcs de
l'Église chrétienne se rendaient compte que chacun
d'entre eux est un ministre de Jésus-Christ. Les laïcs
constituent le fondement de notre Église protestante, de notre
Église presbytérienne. Si nous ne ranimons pas la foi
des laïcs presbytériens et protestants, je ne pense pas
que l'Église protestante ait un grand avenir. L'un des points
capitaux de la Réforme est, je crois, que tous les hommes sont
les prêtres de Dieu : « la prêtrise de
tous les croyants ».
Voilà
la vérité fondamentale que nous avons enseignée.
Mais que s'est-il passé ? Nous avons rejeté tout
le travail sur le dos du ministre de l'Église, à
l'exception de quelques bagatelles, de quelques broutilles. Si nous
ne pouvons amener de nouveau les laïcs de notre Église à
enseigner et à faire des visites avec le même dévouement
qu'autrefois, je
vous
assure que notre Église va dépérir.
À
mon avis, l'Église presbytérienne, peut-être plus
que toute autre, fournit l'exemple d'une Église décadente,
parce que, plus que les autres, elle a insisté sur
l'institution des anciens, qui font des visites. Quant au ministre,
c'est un ancien qui ne diffère des autres que parce qu'il
enseigne. Ne vous rappelez-vous pas que, dans le Nouveau Testament,
les
apôtres devaient enseigner et prier, et étaient ainsi
mis à part, mais que les autres personnes choisies devaient
pouvoir se consacrer entièrement à leur oeuvre et
assumer les tâches qui n'incombaient pas aux apôtres ?
Mais
que se passe-t-il maintenant ? Nous avons une mentalité
ridicule, dont j'ai eu une preuve l'autre jour. Une femme, qui
n'avait plus été visitée depuis quelque temps,
me dit qu'elle ne venait plus à l'église parce que le
ministre ne l'avait pas visitée. Les ministres sont censés
aller de porte en porte, sonner, et perdre bêtement leur temps
à prendre çà et là une tasse de thé.
Quelle déchéance pour un ministre et quelle tâche
indigne et impossible ! Dans notre ville, aucun ministre
protestant ne peut faire les visites de ce genre que les paroissiens
attendent de lui. Si les laïcs n'assument pas à nouveau
leurs responsabilités, l'Église protestante n'a, je
crois, aucun avenir.
Edgar
A. Guest [1881-1959, poète américain] l'a dit :
« Laissez
l'Église aux ministres, et bientôt elle mourra,
Laissez-la
aux femmes, la jeunesse la dédaignera ;
Car
l'Église nous élève de la foule vile et égoïste
Et
l'Église qui veut réussir a besoin du concours des
laïcs.
«
Un laïc a ses affaires, un laïc a ses joies,
Mais
il doit aussi s'occuper de l'éducation de ses jeunes enfants,
Et
je me demande ce qu'il dirait s'il n'y avait pas ici d'Églises
Et
s'il devait élever ses enfants dans une ambiance athée.
« C'est
à l'Église qu'il appartient de maintenir le bien,
D'enseigner
un mode de vie qui nous ennoblisse,
Mais
le ministre en est incapable s'il ne reçoit pas d'aide,
Car
les laïcs du pays sont la pierre angulaire de l'Église.
« Quand
on voit une église vide, bien que ses portes soient grandes
ouvertes,
Ce
n'est pas l'Église qui se meurt, mais les laïcs qui sont
morts,
Car
l'oeuvre de l'Église ne se réalise pas par le chant ou
le sermon
Mais
ce sont les laïcs du pays qui doivent poursuivre l'oeuvre de
Dieu. »
(extrait
de Collected Verse d'Edgar A. Guest, 1934, The Reilly &
Lee Co., Chicago)
Voici
encore un enseignement de l'Église mormone : la religion ne
doit pas être prise à la légère. II ne
faut pas croire qu'elle n'exige aucun sacrifice, qu'elle n'impose
aucune obligation. Une religion qui n'impose aucune obligation n'est
pas une religion. Elle a perdu
ce
qui fait sa qualité et sa grandeur, et devrait être
abolie. Dans notre Église, nous avons supprimé
considérablement l'esprit de sacrifice. Nous n'exigeons plus
des gens qu'ils se sacrifient et qu'ils souffrent pour l'Église.
Comme un grand prédicateur l'a dit récemment :
« Les multitudes ont rendu le christianisme si facile que
nous ne sommes plus protestants ».
Il
fut un temps où les protestants souffrirent pour leur foi, se
sacrifièrent pour elle. Aujourd'hui nous trouvons que c'est un
sacrifice d'aller à l'église quand il tombe quelques
flocons de neige. Michel-Ange peignit, couché sur le dos, 343
personnages de la chapelle Sixtine sans jamais ôter ses
vêtements. À la fin, lorsqu'il les enleva, la peau vint
avec eux. Il souffrit tant pour peindre cette chapelle !
Semblables
souffrances existent-elles encore aujourd'hui dans notre foi ?
Le docteur Buchman [1878-1961, évangéliste chrétien
protestant] dit avoir rencontré des chrétiens en Chine,
qui s'étaient rendus chez des ennemis de la foi chrétienne,
avaient été fusillés, entassés, arrosés
d'essence et brûlés. Mais l'un d'eux n'avait pas été
tué par la fusillade et ne brûla pas entièrement,
mais fut affreusement défiguré par le feu. Il porte sur
lui les marques de Jésus-Christ. Quels sacrifices certaines
personnes font pour leur foi ! Faisons-nous rien de semblable ?
La foi chrétienne, dit-on, n'occupe pas une grande place dans
la vie d'un homme, mais c'est l'homme tout entier qu'elle accapare,
et c'est vrai.
Le
troisième enseignement de l'Église mormone est la
nécessité d'avoir le sens de la mission. Elle le
possède. Pour devenir importante, une Église doit avoir
le sens de la mission. L'Église protestante pourrait l'avoir
remarquablement, dans ce monde, mes frères, qui est submergé
par le communisme et le matérialisme, ce monde où,
chaque jour, des millions de gens deviennent athées, où
nous avons assisté à une incroyable marée
d'athéisme.
Pensez
donc au défi lancé à notre foi, et celle-ci
dépérit parce que le sens de la mission nous fait
défaut. C'est du moins ce que dit un grand homme comme le
docteur Stanley Jones [1884-1973, théologien et missionnaire
chrétien méthodiste américain]. À son
retour, il dit en voyant notre pays : « Jamais la
jeunesse américaine n'a été si merveilleuse à
beaucoup d'égards : en esprit d'à propos, en
dynamisme et en intelligence. » C'est une jeunesse
merveilleuse, mais, dit-il, sa principale faiblesse c'est que le sens
de la mission lui fait défaut. Est-ce vrai ? À mon
avis, ce l'est en grande partie.
Il
y a peu de temps, à Vienne, une femme souffrit d'un mal qui la
rendit complètement chauve ; elle perdait du poids et
souffrait beaucoup, et l'on se demandait ce qu'elle avait. On lui ôta
les amygdales, mais cela ne servit à rien ; on lui ôta
l'appendice, mais elle n'alla pas mieux et ne retrouva pas ses
cheveux. On lui enleva la vésicule biliaire, mais, une fois de
plus, il n'y eut aucune amélioration. On se mit donc à
étudier un peu plus soigneusement le milieu où elle
vivait (le milieu, cette fois, et non plus la malade) et on découvrit
qu'elle était empoisonnée par du plomb provenant de la
peinture des murs qui l'entouraient : le poison qu'elle
absorbait, c'était du plomb.
Eh
bien, à mon avis, c'est encore plus terrible d'absorber, comme
nous le faisons, le poison des idées mauvaises. L'atmosphère
de notre monde est empoisonnée. Ce sont les pensées et
les idées mauvaises qui rendent le monde malade. Nous devrions
leur faire
la
guerre, mais une guerre de bonté.
Veuillez
me pardonner de vous avoir parlé durement ce soir. C'est que
je suis tellement inquiet. J'aime notre Église, je l'aime et
je suis inquiet, et je crois, mes frères, que l'époque
où nous vivons est dangereuse et difficile. J'ai voulu que
l'assistance si nombreuse que j'ai devant moi ce soir prenne mieux
conscience du besoin pressant qui est le nôtre.
Il
y a peu de temps, à Houston, Texas, un garçon de 12
ans, Bobby Vick, était parti avec un autre petit garçon
à la recherche de palourdes. Il s'avança de plus en
plus dans la boue, s'aperçut finalement qu'il était
dans les sables mouvants et qu'il ne pouvait en sortir.
Il
se mit à crier, et des hommes vinrent le retirer in extremis
avec une corde.
Ce
soir, quantité de garçons et de filles sont dans les
sables mouvants. Voulez-vous
les
connaître ? Parcourez les rues de votre ville, sortez
d'ici et descendez la Huitième Avenue. C'est là que
vous les trouverez. Que faisons-nous, vous et moi, pour eux ?
Ils ne font pas partie de l'Église, ni de quoi que ce soit qui
ennoblisse leur vie. Que faisons-nous pour eux ?
Nous
avons cette grande foi chrétienne qui était destinée
à leur procurer la joie et une vie pleine, et cependant ces
êtres sont là en train de se perdre, soumis à des
influences pernicieuses, avec, en eux, à peine une étincelle
de vérité chrétienne, de lumière
chrétienne. Que faisons-nous pour eux ? Ils sont dans les
sables mouvants de la vie, mais nous en soucions-nous vraiment, vous
et moi ? Si c'est le cas, nous devrions faire beaucoup plus pour
eux.
Prions.
Ô Dieu, aide-nous à aimer comme Jésus-Christ nous
aime, à nous soucier les uns des autres comme Jésus se
soucia de nous, à accepter de nous sacrifier, à donner
notre vie afin que les garçons et les filles pour qui le
Christ est mort vivent dans le bien.
Nous
prions au nom de Jésus-Christ. Amen.