La révélation et l'inspiration

 

 

James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933

 

 

 

    

      Dans le sens théologique, le terme révélation signifie l'acte qui consiste à faire connaître la vérité divine par une communication venant des cieux. Le mot grec apokalupsis dont la signification est très proche de celle de notre mot révélation, exprime le fait de découvrir ou de divulguer ce qui était caché, soit entièrement soit partiellement - l'écartement d'un voile. La forme francisée du terme grec Apocalypse est employée pour désigner la révélation particulière donnée à Jean sur l'île de Patmos dont le récit forme le dernier livre du Nouveau Testament. La révélation divine, telle qu'elle est illustrée par de nombreux exemples dans les Écritures, peut consister en divulgations ou déclarations concernant les attributs de la Divinité ou en l'expression de la volonté de Dieu concernant les affaires des hommes.


      Le mot
inspiration est parfois revêtu d'une signification presque identique à celle du mot révélation, bien que, de par son origine et son usage premier, il possède un sens distinct. Inspirer, c'est littéralement animer de l'esprit ; un homme est inspiré lorsqu'il est sous l'influence d'un pouvoir autre que le sien. L'inspiration divine peut être considérée comme une opération inférieure ou moins directement intense, de l'influence spirituelle sur l'homme que celle qui se produit dans la révélation. C'est pourquoi la différence est plutôt une différence de degré que d'espèce. Le Seigneur, en employant l'un ou l'autre de ces procédés de direction, ne prive cependant pas le sujet humain de son libre-arbitre ni de son individualité, comme le prouvent les particularités, bien marquées, de style et de méthode qui caractérisent les divers livres des Écritures. Et pourtant, quand la révélation est donnée, une influence plus directe opère sur le sujet humain que dans l'effet moindre de l'inspiration qui n'en est cependant pas moins divine.

      La méthode directe et simple par laquelle Dieu peut communiquer avec l'homme dépend des conditions de réceptivité de la personne. Une personne peut être susceptible d'inspiration dans ses aspects les plus inférieurs seulement ; une autre peut être tellement réceptive à l'influence de ce pouvoir qu'elle sera capable de recevoir des révélations directes. Et cette influence supérieure peut se manifester à divers degrés, la personnalité divine étant tantôt plus, tantôt moins voilée. Considérez les paroles du Seigneur à Aaron et à Marie, qui avaient manqué de respect envers Moïse, le révélateur : « L'Éternel descendit dans la colonne de nuée, et il se tint à l'entrée de la tente. Il appela Aaron et Marie, qui s'avancèrent tous les deux. Et il dit : Écoutez bien mes paroles ! Lorsqu'il y aura parmi
vous un prophète, c'est dans une vision que moi, l'Éternel, je me révélerai à lui, c'est dans un songe que je lui parlerai. Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison. Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes, et il voit une représentation de l'Éternel » (Nombres 12:5-8 - La « Revised Version » anglaise dit : « la forme de l'Éternel », ndt).

      Nous avons vu que, parmi les preuves les plus concluantes de l'existence d'un Être suprême il y a celle qui provient de la révélation directe de sa part (voir
Dieu et la Sainte Trinité) ; et qu'une certaine connaissance des attributs de la personne divine est essentielle à l'exercice rationnel de la foi en Dieu (voir La foi). Ce n'est qu'imparfaitement que nous pouvons respecter une autorité dont l'existence même est en doute. C'est pourquoi, si nous voulons faire implicitement confiance en notre Créateur et le révérer sincèrement, nous devons connaître quelque chose de lui. Bien que le voile de la mortalité avec son obscurité épaisse puisse oblitérer la lumière de la présence divine dans le cœur du pécheur, ce rideau de séparation peut être tiré et la lumière céleste peut briller dans l'âme du juste. L'oreille attentive, réglée sur le diapason de la musique céleste, a entendu la voix de Dieu déclarer sa personnalité et sa volonté ; la main du Seigneur a été rendue visible à l’œil dégagé de la poutre et de la paille du péché, sincère dans sa recherche de la vérité ; la volonté de Dieu a été révélée dans l'âme bien purifiée par le dévouement et l'humilité.



Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890