La
science et notre quête de la vérité
Alicia
K. Stanton
Pouvez-vous
imaginer aller chez un dermatologue à cause d’une poussée d’acné
et vous entendre dire que le traitement est une saignée ? Cela vous
semblerait absurde mais cela n’aurait pas été farfelu il y a deux
siècles. À l’époque, on considérait que le retrait d’une
grande quantité de sang pouvait traiter presque tous les problèmes
de santé, notamment l’indigestion, la démence et même l’acné.
Personne ne remettait cela en cause. Pourquoi aurait-on dû le faire
? Après tout, les saignées étaient pratiquées depuis des milliers
d’années dans de nombreuses cultures.
Ce
n’est que lorsque les médecins ont commencé à adopter une
méthode scientifique que cette pratique a été remise en cause.
Quand la pratique de la saignée a été examinée de plus près, les
médecins ont arrêté de l’utiliser sauf pour quelques problèmes
de santé spécifiques (voir, par exemple, K. Codell Carter et
Barbara R. Carter, Childbed Fever: A Scientific Biography of
Ignaz Semmelweis, 1994).
Cet
exemple historique nous permet de voir que ce n’est pas parce
qu’une croyance est largement acceptée ou existe depuis longtemps
qu’elle est nécessairement vraie. Et nous voyons que la science
peut être un excellent outil pour découvrir la vérité.
Pour les saints des derniers
jours, c’est extraordinaire. Non seulement le fait de connaître la
vérité nous donne un fondement plus solide pour prendre des
décisions pratiques (« Pas de saignée pour moi aujourd’hui,
merci ! ») mais cela ajoute aussi à notre compréhension de
l’Évangile. Brigham Young (1801-1877) a enseigné : « Il n’est
pas de vérité qui n’appartienne à l’Évangile. […] Si vous
pouvez trouver une vérité au ciel [ou] sur la terre […], elle
appartient à notre doctrine. » (Enseignements des présidents de
l’Église : Brigham Young, 1997, p. 16)
Le
pourquoi et le comment
Bien
sûr, lorsque nous expliquons comment la science contribue aux
vérités que nous connaissons, nous devons veiller à comprendre
quel genre de vérité la science peut découvrir, et quel genre de
vérité elle ne peut pas découvrir. Cela revient à demander à
quelles sortes de questions la science peut et ne peut pas répondre.
Ellen Mangrum, qui a fait des
études en génie chimique à l’institut polytechnique Rensselaer
de New-York (États-Unis) l’explique ainsi : « La science explique
le comment. Mais elle ne répond pas au pourquoi. » Elle ajoute que
la religion est ce qui explique le pourquoi, par exemple pourquoi la
terre a été créée et pourquoi nous sommes sur la terre.
Le
célèbre physicien, Albert Einstein, croyait aussi que la religion
et la science avaient des buts différents et complémentaires.
Il a écrit : « La science ne
peut que vérifier ce qui est, pas ce qui devrait être. En dehors du
domaine [de la science], les jugements de valeur de toutes sortes
restent nécessaires. » (« Science and Religion »,
dans Ken Wilber, Quantum Questions: Mystical Writings of the World’s
Greatest Physicists, 1984)
Qu’est-ce
que cela signifie pour les saints des derniers jours ? Premièrement,
nous savons que la compréhension scientifique continuera de changer.
Après tout, la science consiste à trouver de meilleurs moyens de
comprendre le « comment », le processus du monde qui nous
entoure. Sachant cela, il n’est pas nécessaire de regarder les
dernières études pour comprendre le « pourquoi », c’est-à-dire
la raison d’être, et le « ce qui devrait être » de la vie.
Nous pouvons compter sur l’invariabilité de l’Évangile de
Jésus-Christ pour nous aider à choisir entre le bien et le mal.
Tout
est en adéquation
Russell M. Nelson, président
du Collège des douze apôtres et chirurgien cardiologue renommé, a
expliqué pourquoi la religion et la science sont en adéquation.
Il a dit : « Il n’y a pas
de conflit entre la science et la religion. Un conflit ne résulte
que d’une connaissance incomplète de la science, de la religion ou
des deux. […] Que la vérité vienne d’un laboratoire
scientifique ou par révélation de Dieu, il y a compatibilité. »
(dans Marianne Holman Prescott, « Church Leaders Gather at
BYU’s Life Sciences Building for Dedication », Church News,
17 avril 2015, LDS.org.)
Donc,
si vous vous êtes déjà demandé comment l’âge de la terre, les
dinosaures, l’évolution ou tout ce que vous avez appris d’autre
dans un cours de science, s’accorde avec l’Évangile, c’est
formidable ! Tout s’accorde mais il reste encore de nombreuses
questions parce que nous apprenons encore beaucoup. Brian Down,
chercheur dans l’industrie pharmaceutique au Québec (Canada), a
dit qu’il attend avec impatience le temps où toutes choses nous
seront révélées (voir D&A 101:32-34).
En
attendant, dit-il, « nous sommes limités dans notre capacité de
comprendre tous les mystères du monde qui nous entoure grâce aux
avancées de la science. De même, nous avons une compréhension
limitée des mystères de Dieu et de ses grands desseins pour ses
enfants ».
Vous ne
devez donc pas vous inquiéter du conflit apparent entre votre
compréhension de l’Évangile et ce que la science vous enseigne.
En réalité, rien de ce qu’elle découvre ne peut réfuter votre
foi.
Si donc vous aimez
la science, apprenez tout ce que vous pouvez sur ce qui vous
intéresse ! Votre foi peut même vous donner un avantage. Richard
Gardner, professeur associé de biologie à l’université de
Virginie du Sud, dit que sa foi en l’Évangile de Jésus-Christ lui
a été d’un grand secours.
Il
dit : « Parfois, quand la recherche devenait difficile et que rien
ne semblait marcher, ce qui est fréquent dans ce domaine, ma
perspective des bénédictions de l’Évangile m’a aidé à m’en
sortir. »
Frère Down
pense lui aussi que sa foi l’a aidé dans son travail de
scientifique.
Il dit :
« J’ai toujours fait mon travail en ayant foi qu’il y avait une
logique et un ordre en tout et que, si je travaillais à une question
suffisamment longtemps et diligemment, notre Père céleste finirait
par ouvrir mon esprit à la réponse. »
Se
réjouir des découvertes scientifiques
Notre
foi au Christ et en son Évangile peut aussi nous aider à rester
humbles et ouverts à la vérité que nous recherchons, qu’elle
soit scientifique ou spirituelle.
Le
professeur Gardner dit : « Il y a beaucoup de choses que nous ne
connaissons pas en science, et beaucoup de choses que Dieu n’a pas
encore révélées. Il est donc important de garder l’esprit ouvert
aux données qui nous arrivent et de ne pas nous inquiéter en
attendant. »
Par
exemple, certaines personnes croient en Dieu simplement parce
qu’elles ne voient pas d’autre explication à leurs observations
du monde. Cela s’appelle croire en un « dieu des lacunes » et
peut rendre les gens inquiets des découvertes scientifiques. Le
professeur Gardner donne un exemple :
«
Certaines personnes croient en Dieu parce qu’il y a des vides dans
le registre fossile (ce qui signifie pour elles que l’évolution ne
peut pas expliquer comment nous sommes arrivés là où nous sommes).
Mais qu’arrivera-t-il à votre foi si ces vides sont comblés par
la découverte de nouveaux fossiles ? Au contraire, nous devons
obtenir une preuve positive de Dieu, grâce au Saint-Esprit, et
ensuite nous réjouir de toute découverte scientifique au lieu de
nous en inquiéter. »
Quand
nous adoptons cette approche, nous nous souvenons que la science et
la religion peuvent nous aider dans notre recherche de la vérité et
qu’au bout du compte toute cette vérité vient de la même source
: Dieu.
Le professeur
Gardner dit : « Dieu pourrait révéler tout ce qu’il veut, y
compris tous les faits scientifiques. Il a véritablement inspiré
des scientifiques, des inventeurs et des ingénieurs, mais il ne leur
donne tout simplement pas toutes les réponses. Il veut qu’ils
utilisent, et que nous utilisions, notre cerveau donc il nous laisse
nous occuper de la science, et les révélations qu’il donne à
l’Église portent plutôt sur la façon de l’organiser et
spécialement sur la façon d’aller au Christ et d’être sauvé.
« Les révélations
personnelles qu’il nous donne peuvent porter sur n’importe quel
sujet mais plus spécialement sur le fait qu’il vit et qu’il nous
aime, que le Christ a mis en œuvre le plan de salut, que nous avons
un prophète vivant aujourd’hui, que nous pouvons suivre le plan de
Dieu et que tout cela en vaut vraiment la peine. »
QUESTIONS-RÉPONSES
avec Richard Gardner,
docteur en biologie moléculaire et cellulaire
D’où
vous est venu votre intérêt pour la science ?
Mon
père, qui était botaniste, m’a donné le goût de la science.
Dans mon enfance, j’avais l’habitude de m’amuser avec ses
microscopes et autres équipements de laboratoires, et de l’entendre
parler de plantes et de champignons. Quand j’avais environ neuf
ans, son père, qui était généticien, m’a donné des
drosophiles. Dans le secondaire, j’ai suivi tous les cours de
science que je pouvais et j’ai particulièrement aimé le devoir
dans lequel j’ai dû constituer une collection d’insectes. Quand
j’étais très jeune, j’ai décidé d’obtenir un doctorat en
science parce que j’aimais savoir comment les choses marchaient et
que j’adorais apprendre.
Comment
vos recherches scientifiques ont-elles fortifié votre foi ?
Plus j’apprenais la
complexité de la cellule, plus j’étais émerveillé. J’ai deux
grandes affiches dans lesquelles sont schématisées en petits
caractères la plupart des réactions chimiques à l’intérieur
d’une cellule classique ; toutes ces réactions sont solidement
contrôlées. Un jour, je les ai montrées dans un cours de la
prêtrise que je donnais. J’ai rappelé aux frères la statue du
Christ à Temple Square et dans d’autres centres de visiteurs de
l’Église. Derrière la statue se trouve un tableau de l’univers
qui rappelle qu’« Il est le Créateur de tout cela ! » Mais j’ai
suggéré de placer ces deux affiches derrière la statue. Elles ne
sont pas aussi belles que le tableau de l’univers mais le Christ a
aussi créé la chimie de cette cellule et la comprend dans le
moindre détail !
Comment
votre foi vous a-t-elle aidé dans vos recherches scientifiques ?
Quand je faisais de la
recherche et aujourd’hui, où je me consacre principalement à
l’enseignement des sciences, ma foi a été importante parce que je
ne peux pas avoir l’image complète sans elle. Apprendre comment
les cellules fonctionnent sans me préoccuper de savoir pourquoi
elles se trouvent comme nous sur la terre ne me satisferait pas.
Source
: Le Liahona, juillet 2016, p. 54-57