La
Traduction de Joseph Smith :
Rétrospective et perspectives
d’avenir
Séance de questions – réponses
animée par Robert J. Matthews (1926-2009)
professeur
d’Écritures anciennes à l’université
Brigham Young
et spécialiste de la Traduction de Joseph
Smith
Lors
d’un colloque tenu à l’université Brigham
Young sur la Traduction de Joseph Smith, les personnes présentes
étaient invitées à poser des questions
par écrit. Les questions étaient ensuite lues
aux intervenants qui y répondaient.
QUESTION
: Est-ce que la Version inspirée, telle qu'elle est publiée
par l’Église réorganisée, est conforme au
manuscrit d’origine ?
ROBERT J. MATTHEWS :
Je peux répondre en toute
confiance : oui. Une autre façon de poser la question serait :
Est-ce que cette édition est fiable ? La réponse
est oui. C'est quelque chose que nous ignorions il y a encore peu de
temps. Je dois dire que si le manuscrit est correct, cette édition
de la Version inspirée l’est aussi car ils ont suivi de
près le manuscrit. Il y a eu quelques corrections
d'orthographe et de grammaire, et quelques autres changements mineurs
; mais j’ai lu le manuscrit un certain nombre de fois et suis
familiarisé avec ; et selon mon jugement et mon expérience,
le manuscrit a été publié avec précision.
QUESTION : Pourquoi Joseph Smith a-t-il fait une nouvelle
traduction de la Bible ?
ROBERT L. MILLET :
Après ce qui a été
présenté au cours des deux derniers jours, on peut
supposer que personne n'est venu directement à Joseph Smith
pour lui dire : Fais une traduction pour telle et telle raison. Il y
a cependant un certain nombre de choses que nous devrions garder à
l'esprit. Bien que nous n'ayons pas en notre possession la révélation
commandant au prophète de commencer la traduction, ce dont
nous disposons implique que lui et ses secrétaires avaient
reçu cette tâche. Ceci apparaît clairement dans la
vision des gloires [D&A 76] : « Car tandis que nous
faisions le travail de traduction que le Seigneur nous avait confié »
[verset 15]. Ainsi, l'une des raisons est que le Seigneur leur
commanda de le faire.
Deuxièmement, ce travail semble avoir servi d'éducation
spirituelle pour le prophète lui-même. Malheureusement,
certains ne comprennent pas pourquoi Joseph Smith a fait la
traduction. De nombreuses personnes me demandent : « Joseph
Smith n’a-t-il pas simplement mormonisé la Bible ? »
Je suppose qu'ils entendent par là : a-t-il revu la Bible à
la lumière de la doctrine mormone pour en faire une Écriture
mormone ? Le problème avec ce raisonnement, c’est
qu’en juin 1830 il y avait peu de « mormonismes »
avec lesquels mormoniser la Bible. Le prophète avait traduit
le Livre de Mormon, et assurément appris un certain nombre de
choses à mesure qu'il traduisait. Cela s'est avéré
être une partie de son éducation, ainsi que de
l'éducation de l'Église. Voici donc une deuxième
raison : l'éducation spirituelle du prophète.
La troisième chose que je dirais est que la traduction de
Joseph Smith nous montre comment la révélation vint à
Joseph Smith : ligne sur ligne et précepte sur précepte,
au fur et à mesure qu’il était en mesure
d'examiner et de réviser certaines choses. Nous voyons que la
révélation est venue souvent de manière
graduelle. Dans un sens, la traduction de Joseph Smith est un modèle
pour chaque membre de l'Église : étudier les Écritures
non pour ce que nous savons déjà de leur contenu, mais
pour ce que nous avons encore à y trouver. Ainsi, la
traduction de Joseph Smith est pour nous un modèle de la façon
de recevoir la révélation.
QUESTION : Joseph
Smith a-t-il terminé la traduction, et sinon, jusqu’où
l’a-t-il menée ?
MONTE S. NYMAN :
Il n'a pas terminé la
traduction. Je sais qu'il est écrit dans l'histoire de
l'Église qu'il a terminé en juillet de 1833. Nous
n'avons aucune idée du stade d'achèvement de son
travail. Je pense qu'il a fait un travail très approfondi dans
les premières parties de la Genèse et dans certaines
parties du Nouveau Testament, mais il en est autrement des prophètes
de l'Ancien Testament. Quand on examine le livre d’Ésaïe
on se rend compte que de nombreux passages n’ont pas été
touchés. Il n'y a pas moyen de savoir s’il a traduit 10
ou 20 pour cent de ce qu’il pouvait faire. Ce qu'il a fait, il
a bien fait. Mais faute de temps et à cause d'autres facteurs,
il y beaucoup de travail qu'il n'a pas eu le temps de faire.
ROBERT
J. MATTHEWS :
Frère Nyman m’autorisera
à ajouter quelque chose : Comme vous le savez probablement,
dans le processus de traduction, Joseph Smith a utilisé deux
systèmes différents. En fait, trois. Quand ils ont
commencé à traduire, ils écrivaient les
Écritures intégralement, y compris des passages et des
chapitres entiers où il n'y avait pas de modifications à
apporter. Dans Doctrine et Alliances 93:53 le Seigneur dit en
substance, au prophète : « Dépêche-toi
de traduire ». C'est un coup de coude donné en
douceur, une manière de dire : «Tu ne peux pas faire un
peu plus vite ? » Ils ont alors adopté une
méthode plus rapide qui consistait à ne réécrire
que les versets qui devaient être modifiés. Finalement,
après un certain temps ils ont adopté une méthode
encore plus rapide : ils n’ont réécrit que les
mots qui devaient être changés. Ils mettaient ensuite
une petite marque dans la Bible à l’endroit où ce
mot devait figurer. C'était encore plus rapide. Je ne sais pas
exactement pourquoi, mais en harmonie avec ce que Monte [S. Nyman]
disait, les passages qui ont été complètement
réécrits ont généralement reçu
davantage de modifications que les passages qui ont été
traités de façon plus rapide. Ceci n’est qu’une
observation technique qui vaut ce qu'elle vaut, mais qui semble
indiquer que la méthode utilisée
a eu une incidence sur de nombreux changements.
QUESTION
: Pourquoi aucun autre président de l’Église n’a
achevé la traduction de la Bible ?
JOSEPH F.
McCONKIE :
Je crois que la raison est évidente
: pour tout ce qui concerne l'œuvre du Seigneur, nous devons
être appelés par le Seigneur pour agir. Il y a eu sans
aucun doute des prophètes spirituellement et
intellectuellement qualifiés pour faire ce travail, mais ils
n'ont pas été appelés à le faire.
Permettez-moi de mentionner un cas classique qui illustre ce
principe. Dans 1 Néphi chapitre 14, nous voyons Néphi
recevoir la même révélation que Jean le
Révélateur, celle enregistrée dans le livre de
l'Apocalypse. Néphi a voulu l'écrire, et sa capacité
à le faire n’était pas en cause. Il était
sur le point de le faire quand le Seigneur lui a dit en substance :
« Rien à faire, cette mission est prévue
pour quelqu’un d’autre du nom de Jean » [voir
1 Néphi 14:20-28]. Peut-être Jean était-il
encore en phase de préparation dans la préexistence, je
ne sais pas. Mais Jean est venu six cents ans plus tard et a écrit
la vision, ce qui était sa mission. Pour cette raison, Néphi
a reçu l’ordre de ne pas le faire. Des prophètes
qui ont été formés depuis l'éternité
arriveront au bon moment pour faire ce travail.
QUESTION :
Pourquoi l'Église, l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours, n’accepte-t-elle pas la traduction
de la Bible par Joseph Smith ?
ROBERT A. CLOWARD :
La réponse est que nous
acceptons la traduction de Joseph Smith. Mais depuis que la
traduction a été faite, certaines parties qui ne sont
plus à la disposition de l'Église. De 1832 à
1851, des parties de la traduction ont été publiées
dans différents périodiques. En 1851, la première
édition de la Perle de Grand Prix a été publiée
à Liverpool, en Angleterre, y compris les parties que nous
appelons aujourd'hui le Livre de Moïse et le chapitre 24 de
Matthieu, qui ont été tirés directement de la
traduction de Joseph Smith. Depuis cette époque, ces parties
de la traduction de Joseph Smith font partie du canon des Écritures.
Je pense que le livre qui les contient porte bien son nom : la Perle
de Grand Prix. Je vois dans l'Église d'aujourd'hui un
processus en cours qui est illustré par la parabole du
Seigneur sur une perle de grand prix. Vous vous souvenez de la
parabole de la perle cachée dans un champ. Quand il a
découvert la perle, l’homme s'en est allé vendre
tout ce qu'il avait et il a acheté le terrain. Je vois la
traduction de Joseph Smith comme une perle et les membres de l’Église
comme étant à la recherche du champ où elle se
trouve. Ils font l'étude et le travail nécessaires pour
acheter le terrain, trouver la perle et bénéficier de
sa valeur. Bien que nous acceptions la traduction, le processus
consiste en une démarche individuelle pour trouver et étudier
le travail de Joseph Smith et bénéficier de sa valeur.
QUESTION : Pendant de nombreuses années nous avons
appelé le travail de Joseph Smith « la Version
inspirée ». Pourquoi l'appelons-nous maintenant
« la Traduction de Joseph Smith » ?
GERALD N. LUND :
Joseph Smith lui-même en
plusieurs endroits de son histoire qualifie son travail de
« traduction ». Le titre le plus typique est :
« Nouvelle Traduction » de la Bible. Quand
l'Église
réorganisée en a publié une édition en
1936, ils ont choisi de l'appeler la Version inspirée.
Les deux mots sont précis : une « version »
de la Bible est évidemment un titre approprié, et il
s'agit clairement d'une version « inspirée ».
Si j’ai bien compris, lorsque le Comité de Publication
des Écritures a parlé d’inclure des extraits de
la traduction de Joseph Smith dans l’édition de la Bible
publiée par l’Église, ils ont choisi comme titre
le terme le plus fréquemment utilisé par le prophète,
à savoir « traduction », ce qui a donné
« Traduction de Joseph Smith ».
Peut-être qu’une autre raison est d’ordre pratique
: les références à la Version inspirée se
notent en anglais IV, ce qui risque d’être confondu avec
le chiffre romain IV. JST est plus lisible.
ROBERT J.
MATTHEWS :
Aussi, si on l’avait appelé
« Nouvelle Traduction », cela aurait donné
NT en abrégé, ce qui est déjà la façon
d’abréger « Nouveau Testament ».
Pour ces raisons, on l’a appelé la « Traduction
de Joseph Smith ». Autre chose : nous éprouvons du
respect pour l'Écriture. Nous ressentons du respect pour les
paroles des prophètes, chacun des prophètes. Donner le
nom JST n'est pas un choix fait à la légère ou d
façon téméraire. Cette suggestion a été
faite par le Comité de Publication des Écritures,
composé des frères Monson, Packer et McConkie, au cours
d’une réunion au temple avec la Première
Présidence et le Collège des Douze. C’est là
qu’elle a été adoptée officiellement.
Cette partie de l’œuvre de Joseph Smith a été
officiellement adoptée en tant que « Traduction de
Joseph Smith » par ces frères dans le temple, et
officiellement abrégée « JST ».
QUESTION : Pourquoi Joseph Smith, dans ses sermons, citait-il
parfois la version du roi Jacques alors qu’il avait déjà
corrigé les mêmes passages ?
CLYDE J.
WILLIAMS :
Tout d'abord, je pense qu’aucune
édition complète de la JST n’étant
disponible à cette époque, il aurait été
très difficile pour les gens de savoir exactement à
quoi il faisait allusion.
C'est une des raisons possibles. Un autre facteur peut avoir été
les gens auxquels il s’adressait et ce qui leur servait de
référence. Permettez-moi de vous donner un exemple tiré
de Doctrine et Alliances 128, où l'on trouve un passage assez
intéressant. Le prophète Joseph vient de citer Malachie
4:5-6 qui est cité de façons différentes dans
deux ou trois endroits dans nos Écritures. Après avoir
cité ce passage, il fait cette déclaration : « J’aurais
pu en donner une traduction plus claire, mais elle est suffisamment
claire pour telle qu’elle est pour ce que je veux montrer ».
Et puis il développe. Le fait est que, souvent, ce qu’il
était nécessaire de tirer d'un passage particulier
pouvait être tiré de la version du roi Jacques, de sorte
qu'il la citait telle quelle, son public étant familiarisé
avec elle et ayant accès à cette version.
Un autre exemple pourrait être Hébreux 11:40, où
l'on retrouve dans la version du roi Jacques ce qui semble être
une référence à l’œuvre pour les
morts : « …afin qu’ils ne parvinssent pas
sans nous à la perfection », etc. Dans la JST ce
verset parle de souffrances endurées. En lisant tout le
chapitre, on voit qu’il est question de ceux qui ont enduré
des souffrances et du rôle de ces souffrances dans leur
perfectionnement. Et ainsi, les modifications qui apparaissent dans
la JST cadrent avec le contexte du chapitre. Pourtant, à
maintes reprises plus tard, Joseph Smith se réfère à
ce passage dans le cadre de
l’œuvre pour les morts. Je pense que la raison est que le
principe est correct dans les deux
cas. Le prophète Joseph Smith ne se sentait pas lié par
l’écrit, mais plutôt par la révélation
et par les principes vrais.
QUESTION : Quelles preuves
avons-nous que Joseph Smith avait l'intention de publier sa
traduction de la Bible et s'il existe des preuves, pourquoi ne
l’a-t-il pas publiée ?
KEITH W. PERKINS :
Probablement pour deux raisons : le
temps et l'argent. Dans Doctrine et Alliances 43:12-13 le Seigneur
dit clairement que les saints, s'ils veulent apprendre les mystères
du royaume par le prophète Joseph, ils doivent le soutenir
financièrement et temporellement. Il est intéressant de
noter que les saints des derniers jours avaient en la personne de
Joseph Smith un prophète, voyant et révélateur,
un maire, un administrateur et un traducteur, et pourtant il devait
pourvoir aux besoins de sa famille : construire sa maison, couper son
bois, etc. Et le Seigneur a dû leur rappeler que s'ils
voulaient que Joseph ait le temps de faire ce qu’il faut pour
recevoir la doctrine, ils devaient l'aider en lui donnant argent,
nourriture, etc. Malheureusement, cela n'a pas été fait
aussi souvent que nécessaire. Par conséquent, nous
n'avons pas obtenu autant que nous aurions pu obtenir. La section 94
parle de bâtiments qui devaient être construits à
Kirtland. Un de ces bâtiments devait être construit pour
le travail d’impression de la traduction de Joseph Smith. La
section 104 parle de la publication des textes sacrés, se
référant à la nouvelle traduction. Par ailleurs,
dans le manuscrit de la section 104, il est fait référence
au droit d'auteur qui devait être obtenu pour la nouvelle
traduction de la Bible. Ce droit d'auteur n'a jamais été
retrouvé, mais il a été apparemment obtenu.
Enfin, le Seigneur dit dans
Doctrine et Alliances 124:89 que William Law avait la responsabilité
de donner de ses moyens pour que la nouvelle traduction puisse être
publiée. Dans l’histoire de l'Église, comme
certains d'entre vous le savez, William Law a commencé à
perdre son témoignage et en fait n'a pas suivi le conseil du
Seigneur à ce sujet. Je suppose que si William avait fait ce
qu'il aurait dû faire, la traduction aurait été
imprimée beaucoup plus tôt. Au lieu de cela, nous avons
dû attendre plus de 125 ans avant que nous puissions la faire
imprimer dans notre propre littérature, ce qui grandement
dommage. Mais il est certain que le Seigneur voulait qu’ils la
publient. En 1833, Joseph Smith a écrit une lettre à
W.W. Phelps, qui avait publié quelques-unes des traductions
dans le Evening and Morning Star. Il demandait à Phelps de ne
pas publier davantage, le prophète ayant l'intention de
publier le Livre de Mormon et le Nouveau Testament JST en un seul
volume. Mais cela n'a jamais été réalisé,
le prophète n’ayant pas eu le temps de terminer la
traduction.
QUESTION : Comment doit-on utiliser la JST dans
l'enseignement de l'Évangile ?
GEORGE A. HORTON :
Je pense que la réponse à
cette question sera évidente pour chacun de nous. Nous devons
l'utiliser de la meilleure manière que nous pouvons,
exactement comme nous le ferions avec toute autre Écriture. La
première chose à faire est d'être conscient qu'il
y a des apports de la traduction de Joseph Smith qui peuvent être
appropriés pour tel ou tel sujet. En un sens, c'est comme
placer un morceau d'un puzzle. Plus on place de morceaux, plus
l’image apparaît clairement. Certains morceaux viendront
de la JST.
En décembre
1974 un article de Church News disait qu'il était approprié
d'utiliser la JST pour
enseigner la doctrine de l’Église ou écrire à
son sujet. L’article suggérait cependant
que si la question à l'étude était déjà
commentée dans nos ouvrages canoniques, il serait approprié
de les citer en premier. En d'autres termes, s'il y a quelque chose
dans le Livre de Moïse, citons le Livre de Moïse en premier
plutôt que de citer le même verset dans la traduction de
Joseph Smith. Une fois qu'on a utilisé les ressources des
ouvrages canoniques, on peut alors se tourner vers d’autres
sources disponibles.
La seule
chose que je pourrais ajouter à cela est que nous devons le
faire avec le témoignage, par l'Esprit et en sachant que ces
choses sont inspirées et que le Seigneur leur a donné
un but. Ainsi, si nous ne pouvons trouver aucun autre outil que la
JST, il est évident qu'elle aura une certaine importance et
qu’il sera approprié de s’en servir dans notre
enseignement.
QUESTION : Recommanderiez-vous que les
missionnaires utilisent la JST dans l'enseignement de l'Évangile ?
GEORGE A. HORTON :
Si j'étais en présence
des missionnaires de ma propre branche au MTC et qu’un
missionnaire me demande : « Faut-il utiliser la JST ? »
je pense que ma réponse serait immédiate : Non, du
moins pas au début. Je crois que le rôle du missionnaire
n'est pas d'enseigner les doctrines les plus profondes de l'Église.
La première chose qu'il doit faire est de témoigner du
Seigneur et du rétablissement de l'Évangile par
l'intermédiaire du prophète Joseph Smith. Ceci étant
établi, je suppose que s’ils ont affaire à
quelqu’un qui cherche la vérité ou, mieux encore,
à un membre de l'Église qui a accepté le message
du Rétablissement, qui a un témoignage du prophète,
qui a lu et connaît le Livre de Mormon, alors peut-être
sera-t-il approprié qu’ils passent à autre chose.
Mais je pense que ce serait contre-productif s’ils devaient dès
l’abord utiliser la JST. Ils pourraient utiliser la JST une
fois que la personne a accepté le prophète comme le
représentant de Dieu. Si elle accepte cela, les missionnaires
travaillent sur une bonne terre. Il y a une petite mise en garde dans
le premier chapitre du Livre de Moïse, où le Seigneur dit
que ces choses doivent être données à ceux qui
croient. Avec cette mise en garde à l'esprit, je pourrais en
parler à cette personne, mais je ne l'utiliserais qu’au
moment, dans sa progression, où elle est prête à
le recevoir.
QUESTION : Pourquoi a-t-on inclus seulement huit
chapitres de Moïse dans la Perle de Grand Prix ? Franklin
D. Richards, qui a compilé la Perle de Grand Prix en 1851,
n’avait-il pas accès à plus que cela ?
ROBERT J. MATTHEWS :
Il semble que Franklin D. Richards
n'a pas eu plus que cela. En fait, si quand on examine l’édition
de 1851 de la Perle de Grand Prix, le texte que nous appelons
maintenant Moïse est disposé sommairement et au coup par
coup, une partie ici et une partie sur une autre page ; et rien de
tout cela n’est appelé le Livre de Moïse. C’est
simplement qualifié d’Extraits d'une autre traduction.
C’est Orson Pratt qui plus tard, en 1879, a placé ces
textes dans la Perle de Grand Prix et qu'ils ont commencé à
ressembler à notre actuel Livre de Moïse. Il semble tout
à fait approprié - peut-être le moment
viendra-t-il – que le Livre de Moïse et la Perle de Grand
Prix puissent un jour être complétés. Il
semblerait logique pour moi qu'ils soient complétés au
moins jusqu'à Abraham, pour avoir la continuité des
événements dans la Perle de Grand Prix. Comme indiqué
précédemment, les Écritures sont sacrées
et utilisées avec précaution. De toute façon, ce
genre de chose doit
d’abord être recommandé et approuvé par la
Première Présidence et le
Collège des Douze. Je ne sais pas si cela arrivera ni quand,
mais cela peut arriver un jour.
QUESTION : Qui est l’auteur
des chapeaux précédant chaque chapitre dans la Bible
éditée par l’Église, dans le Livre de
Mormon, dans les Doctrine et Alliances et dans la Perle de Grand
Prix ?
ROBERT J. MATTHEWS :
Je vais vous le dire, mais
permettez-moi de commencer par autre chose. Le Comité de
Publication des Écritures a utilisé les compétences
de nombreuses personnes dans de nombreux aspects de ce projet. Il
s'agissait d'un projet de groupe et il était convenu que, bien
que certaines personnes aient accompli certaines choses, leur nom ne
serait pas cité. Voilà pourquoi vous ne pouvez pas
trouver, dans les ouvrages publiés, qui a fait quoi. Je pense
que ce ne serait pas une violation de l'étique ou de la
confidentialité si je disais, ce que je fais avec plaisir, que
Bruce R. McConckie est l’auteur de ces chapeaux. Je ne connais
personne qui aurait pu le faire aussi bien que lui. Tous ces chapeaux
ont un caractère d’interprétation et sont à
ce titre un élément important de la nouvelle édition
des Écritures. Parfois les gens me disent : « Nous
avons un merveilleux Guide des Écritures (laissez-moi vous
dire qu'il y a des gens ici qui ont contribué à son
élaboration), « il y a beaucoup d'autres bonnes
choses dans cette nouvelle édition des Écritures, mais
il n'y a aucun commentaire ». J’ai été
frappé un jour par le fait que les commentaires sont dans les
têtes de chapitre. Faites un jour l’expérience de
lire les chapeaux et seulement les chapeaux des quinze premiers
chapitres de la Genèse. Vous constaterez non seulement que ces
chapeaux résument bien chaque chapitre, mais aussi qu’ils
s’enchaînent parfaitement entre eux.
QUESTION :
Hier après-midi vous avez fait allusion à Doctrine et
Alliances 35:18 où le Seigneur dit à propos de Joseph
Smith : « Et je lui ai donné les clefs du mystère
de ces choses qui ont été scellées, c’est-à-dire
des choses qui étaient depuis la fondation du monde et des
choses qui viendront depuis ce moment jusqu’au moment de ma
venue… » Cela signifie-t-il qu’à
l’avenir aucun mystère ne sera révélé
autrement que par Joseph ?
ROBERT J. MATTHEWS :
Je ne pense pas que c'est ce que cela
signifie, mais je crois que la plupart de la doctrine de cette
dispensation a été révélée par le
prophète Joseph Smith. Frère McConkie y fait allusion
dans son discours. Dans Doctrine et Alliances 5:10 le Seigneur dit à
Joseph Smith : « Mais cette génération aura
ma parole par ton intermédiaire ». Cela ne limite
pas la parole à Joseph, mais signifie qu'il a jeté les
bases doctrinales.
QUESTION : Peut-on et devrait-on acheter
la traduction de la Bible par Joseph Smith pour l’utiliser dans
l'enseignement des classes dans l'Église ? Est-il
opportun de le faire ?
ROBERT J. MATTHEWS :
Je pense que tout le monde sur
l’estrade derrière moi et les deux tiers d'entre vous
dans l’assistance répondraient à cette question :
« Oui, vous pouvez », « Oui, vous
devriez », « Oui, c’est approprié »,
ce qui suscite une autre question :
QUESTION : Comment se
fait-il que seulement des extraits de la traduction de Joseph
Smith
aient été inclus dans la Bible éditée par
l’Église, et pas l’intégralité de sa
traduction ?
ROBERT J. MATTHEWS :
Dans la Bible du roi Jacques éditée
par l’Église, près de 700 versets de la JST ont
été inclus dans les notes de bas de page et dans le
Guide des Écritures. Il ne semblait pas nécessaire
d'inclure dans ces annexes le texte du Livre de Moïse ou le
texte du chapitre 24 de Matthieu, car on a estimé que tous
ceux qui possédaient la Bible éditée par
l’Église possédaient également un
exemplaire de la Perle de Grand Prix. Il semblait y avoir un gain de
place à ne pas inclure le texte de Moïse et du chapitre
24 de Matthieu dans ces annexes. On compte près de 700 versets
insérés ainsi dans la Bible, auxquels s’ajoutent
les plus de 400 du Livre de Moïse et les 70 environ du chapitre
24 de Matthieu, ce qui donne environ 1150 passages ou versets de la
JST dans notre édition des Écritures. Ceci pour donner
une idée des chiffres.
Maintenant, pourquoi n'a-t-on pas tout inclus ? Je peux vous
donner deux raisons. D'abord, l’édition complète
est déjà énorme. Deuxièmement, elle
contient déjà pratiquement tous les changements
significatifs du point de vue doctrinal. C’était une
question de jugement. Une autre considération pratique, c'est
que l'Église réorganisée est propriétaire
du manuscrit original, et qu’il est sous copyright. Il est
protégé au maximum de ce que la loi permet. Il semblait
prudent de ne pas aller les voir pour leur dire : « Nous
souhaitons obtenir de votre part toute la JST ». On a donc
fait une sélection d'environ 700 versets, une liste de ces
versets a été préparée, et elle a été
présentée à l'historien de l’Église
réorganisée. Nous avons expliqué que nous avions
le projet d'une édition de la Bible et avions l’intention
d'y inclure des extraits de la JST. L'historien de l’Église
réorganisée a estimé que ce serait une
excellente idée. Lorsque le travail a été fait,
nous voulions un accord entre les maisons d'édition, Herald
pour l'Église réorganisée et Deseret Book
Company pour l’Église. Un contrat juridique a été
élaboré et l'Église réorganisée a
été conciliante et même ravie que nous ayons
l’intention d’utiliser la JST. Vous voyez, c'est un bon
signe, et cela nous a laissé un doux sentiment. Notre édition
des Écritures ne contient pas toute la JST, mais je pense que
nous avons tout ce qui est doctrinalement important.
QUESTION
: Quelle est la position actuelle de l'Église réorganisée
à propos de la Version inspirée ?
ROBERT
J. MATTHEWS :
Permettez-moi de faire une
comparaison. Je ne peux pas parler au nom de l'Église
réorganisée. Officiellement, ils tiennent la JST en
honneur et la considèrent avec respect. Mais je crois avoir
décelé un glissement parmi eux sur certaines questions.
L'Église réorganisée voit d’un mauvais œil
le Livre d'Abraham. En fait, si vous étudiez l'histoire des
réorganisés, vous les voyez progressivement accepter de
moins en moins le Livre d'Abraham jusqu'à le rejeter
complètement aujourd’hui. Certains d'entre eux ont
montré la même tendance avec le Livre de Mormon. Ils ne
l'ont pas rejeté, mais ont commencé à en
minimiser la valeur doctrinale et historique. Il y a parfois une
différence d’un membre à l’autre. De même
qu’il serait difficile de dire que tous les saints des derniers
jours croient ceci ou ne croient pas cela, de même les
réorganisés n’ont pas tous une croyance
identique. Un bon nombre d'entre eux (certains de leurs dirigeants)
ont adopté une position a minima vis-à-vis du Livre de
Mormon. Maintenant, quelle est la position actuelle de l'Église
réorganisée en ce qui concerne la traduction de Joseph
Smith ?
Ce que je veux dire, c’est qu’il se peut qu’il en
soit de même que pour le Livre d'Abraham et le Livre de Mormon.
Comment pourrait-il en être autrement ? Ce qui distingue
la JST de la Bible est d’ordre doctrinal. Mais après une
centaine d'années, il semble qu'ils soient un peu négligents
dans leur façon de considérer la doctrine, et donc il
me semble que la JST est moins tenue en haute estime aujourd'hui par
les réorganisés qu’il y a une centaine d’années.
Maintenant, il se peut que vous ayez parmi vos voisins un membre de
l’Église réorganisée qui démentira.
Il se peut que ce que je dis ne soit pas vrai pour lui, pourtant la
JST ne semble plus aujourd’hui avoir tout à fait le même
éclat et la même brillance parmi les réorganisés
officiels qu'elle avait il y a cent ans. L’ont-ils rejetée ?
Non, mais je pense qu'ils ont rejeté, ou du moins négligé
certains des concepts qui s’y trouvent.
Source
: Monte S. Nyman and Robert L. Millet, “The Joseph Smith
Translation: The Restoration of Plain and Precious Things”,
Religious Studies Center Monograph Series, vol. 12, 1985, Provo,
Utah, Religious Studies Center, Brigham Young University, 2nd
Printing, 1987, Produced and Distributed by BOOKCRAFT, INC. Salt Lake
City, Utah