Pour
un meilleur équilibre
émotionnel
Méthode
conçue pour les saints des derniers jours
Zane
Nelson
Cet
ouvrage est un récapitulatif des meilleures idées
extraites de dizaines de livres sur le développement personnel
où elles sont exposées dans le cadre de l’Évangile. L’auteur,
Zane Nelson, est membre pratiquant de l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours et psychologue professionnel à
Boise, dans l’Idaho, aux États-Unis. Son livre, très
concret, est basé sur ses expériences religieuses et
professionnelles. Il
explique de façon professionnelle et cependant humaine comment
les membres de l'Église peuvent éviter les pièges
émotionnels et psychologiques afin de mener une vie plus
heureuse et plus paisible.
Introduction
Chapitre
1 : Placer les choses dans la bonne perspective
Chapitre
2 : Ne pas essayer de serrer un boulon avec un mixeur de cuisine
Chapitre
3 : Masquer, démasquer : affiner ses sentiments
Chapitre
4 : Exploiter ses sacs de jute et ses jambes de bois
Chapitre
5 : Vous avez combattu pour le libre arbitre – Maintenant
profitez-en !
Chapitre
6 : Découvrir le papillon dans votre cocon
Chapitre
7 : Apprenez à reconnaître ce qui est et ce qui
n’est pas
Chapitre
8 : Remodeler la vie avec les principes de la joie
Chapitre
9 : Les gens sont fragiles : à manier avec précaution
Chapitre
10 : Atteindre un équilibre pondéré
Introduction
Lorsque
je médite sur la vie et considère les pertes, les
périodes de confusion et les peines que nous subissons, je
comprends pourquoi nous appelons ce monde « la vallée
des larmes ». Le commandement nous demandant « d'endurer
jusqu'à la fin » peut paraître écrasant.
Cependant, la vie n'est pas qu'un calvaire et ce livre ne traite pas
uniquement de la façon de gérer la douleur. La vie peut
et doit inclure ces moments beaux et enrichissants dont il est fait
implicitement état dans la déclaration que « les
hommes sont pour avoir la joie ». Un des messages
fondamentaux de ce livre est que les moments de joie sont possibles
dans la vie de tout un chacun. Mais la joie n'arrive pas par hasard ;
elle est le résultat d'efforts personnels ajoutés à
une bonne compréhension des choses.
Ce
livre est le fruit de longues années d'expérience et
d'enseignement dans le domaine de la thérapie de l'individu et
de la famille, ainsi que toute une vie engagée à servir
dans l'Église de Jésus Christ des saints des derniers
jours. J'ai pu constater que l'expérience acquise, tant dans
mon métier que dans l'Église, constitue une source
abondante de savoir pour appréhender les voies du bonheur et
de la satisfaction. C'est cette compréhension et cette
connaissance que je me propose de partager (cependant, parallèlement
à l'acquisition de la connaissance et de la compréhension
des choses, nous devons aussi nous appuyer sur la foi pour recevoir
de l'aide lorsque les épreuves de la vie menacent de nous
accabler).
Beaucoup
de grandes vérités de l'Évangile ont été
« redécouvertes » par la psychologie
moderne. Dans l'exercice de mon métier, j'ai pu constater que
les principes de l'Évangile et ceux d'une bonne santé
de l'esprit se renforcent mutuellement.
Ce
livre est une tentative de transposition de ces principes en langage
profane afin d'aider le lecteur à élargir sa
compréhension de la manière de conserver un équilibre
émotionnel, d'améliorer sa santé mentale,
d'aider ceux qui sont en difficulté et de faire augmenter la
proportion des joies par rapport à celle des peines dans la
vie que nous menons, en nous efforçant d'endurer jusqu'à
la fin.
Chapitre
1 : Placer les choses dans la bonne perspective
Les
principes présentés dans ce livre peuvent profiter à
tout le monde. Cependant, quelques particularités de la
culture « mormone » rendent ces principes
particulièrement importants pour nous, saints des derniers
jours. Compte tenu de notre tendance à rechercher l'idéal,
il est important de nous méfier des espérances
irréalistes et d’acquérir plutôt une
connaissance solide des principes de base d'une bonne santé
émotionnelle afin d'éviter les pièges du
perfectionnisme, du pharisaïsme et de la dépendance.
Si
« la gloire de Dieu est l'intelligence », il
est alors important d'atteindre la meilleure compréhension
possible des choses. Lorsque notre compréhension augmente,
nous nous rapprochons de la divinité, atteignant ainsi le but
fixé pour nous par notre Père céleste de devenir
plus semblables à lui. Cependant, la prise de conscience de ce
but peut engendrer de la tension et du stress si nous ne savons pas
la mettre en perspective.
Dans
la condition mortelle, personne ne vit dans un monde idéal.
C'est pourquoi il est impératif de nous débarrasser du
sentiment persistant qu’il devrait en être autrement.
Pour éviter de nous décourager nous devons apprendre,
et c'est le défi de toute l'existence, à composer avec
l'imperfection du monde et de nous-mêmes tout en nous
améliorant pour devenir davantage semblables à notre
Père céleste.
Parmi
les membres de l'Église, certains malentendus engendrent des
problèmes psychologiques courants. Par exemple, de nombreux
saints des derniers jours croient à tort que le fait de
s'acquitter régulièrement d'une suite d'actions
vertueuses constitue une vertu en soi. Les sœurs, en
particulier, semblent être vulnérables à la
pression qu'une telle liste exerce sur elles. Le syndrome de « la
liste de contrôle » conduit généralement
à accorder une importance indue à ce que nous faisons
au détriment de ce que nous sommes.
Une
autre tendance est de vouloir que les dirigeants d'Église nous
disent avec exactitude ce que cette liste devrait comporter. Une de
mes patientes, qui n'est pas membre de l'Église, une femme
réfléchie, intelligente et perspicace, m'a dit un
jour : « Vous les mormons, vous êtes tellement
scrupuleux de faire les choses à la perfection que vous ne
prenez même plus de décision par vous-mêmes. Il
faut que quelqu'un d'autre (un dirigeant) vous dise quoi faire ».
Après avoir réfléchi à ses propos et à
ma vie de service dans l'Église en tant que dirigeant dans
divers postes, j'ai constaté que sa remarque était
pertinente.
À
l'époque du Nouveau Testament, le Christ reprochait aux
Pharisiens, entre autres choses, d'être rigides et d'appliquer
la loi à la lettre, au détriment de l'esprit. Beaucoup
d'entre nous, au lieu de reconnaître la nécessité
de vivre selon l'esprit de la loi, voudraient un manuel qui dicte
tout ce que nous devons faire ; nous attendons de quelqu'un d'autre
qu'il nous dise exactement ce que nous devons penser, faire et
ressentir. Mais nous ne réalisons pas le tort qu'un tel
document infligerait à l'individualité, à
l'imagination et à la croissance personnelle.
En
effet, nous savons qu’ « il n'est pas convenable que »
le Seigneur nous « commande en tout ». Etre
commandé en toute chose annihilerait notre capacité de
progresser qui n'est possible que par l'exercice de notre libre
arbitre. Vivre de façon rigide, selon une « liste
de contrôle prise à la lettre de la loi »,
affecterait aussi notre capacité à vivre la loi
supérieure de l'amour.
Lorsque
nous vivons dans la mentalité de la « liste de contrôle
», les points inscrits dans les « choses à
faire », qui peuvent relever de traditions culturelles et
de préférences individuelles, risquent de prendre
autant d'importance que les commandements. Nous pourrions même
en arriver à croire que notre salut dépend de notre
capacité à nous acquitter de toutes ces conditions
désormais assimilées à la doctrine de l'Église,
alors qu'elles ne sont rien d'autre que différentes
conceptions de la façon de faire les choses.
Toute
organisation (en l'occurrence l'Église) affecte ses membres à
trois niveaux :
1.
la doctrine, le credo, les croyances
2.
la tradition, les usages
3.
les préférences individuelles, les opinions
personnelles
Dans
l'Église, il est utile de bien séparer ces trois
niveaux. C'est d'ailleurs en partie pour cela que les dirigeants de
l'Église nous recommandent d'étudier les Écritures.
Si nous avons une bonne connaissance des Écritures nous serons
capables de détecter les idées que certains membres de
l'Église présentent comme étant la doctrine
quand il ne s’agit que d'opinions personnelles ou de
traditions. Par exemple, il y a une différence énorme
entre la loi de la chasteté et la « loi »
avancée par certains membres qui interdit à un couple
de s'embrasser avant le mariage. Nous avons tous les droits d'être
très stricts en ce qui concerne l'obéissance aux
commandements de Dieu, mais il est nécessaire que nous
fassions la différence entre sa loi et les opinions
personnelles.
Beaucoup
fabriquent leurs propres « lois de l'Évangile »
en se référant à des usages qui ne relèvent
que de la tradition, comme l'utilisation d'une nappe blanche pour
recouvrir la table de la Sainte Cène. Les traditions locales
régissent le déroulement des réunions et des
enterrements, la préparation des corps des défunts, et
même le jour où est sanctifié le sabbat (ainsi en
Israël, les saints des derniers jours se réunissent le
samedi). Dieu n'a pas donné de loi absolue en ce qui concerne
ces points.
Les
traditions locales peuvent apporter continuité et logique à
nos réunions, mais il est important de savoir qu'elles ne sont
que des usages. Elles ne sont pas liées à la doctrine,
pas plus que de nombreuses autres opinions et préférences
individuelles souvent présentées comme étant la
doctrine. L'Église est constituée d'individus, chacun
d'entre eux ayant ses préférences, ses opinions et ses
faiblesses. L'Église est un refuge contre les valeurs du
monde, mais pas contre les faiblesses des individus. Il arrive qu'un
membre de l'Église édifie tout un système de
croyance pour justifier ses préférences, souvent en
faisant référence aux Écritures et aux discours
des Autorités générales en-dehors de leur
contexte. Ces croyances ainsi échafaudées peuvent
couvrir une multitude de sujets allant de la prière au perçage
des oreilles.
Compte
tenu de la grande diversité des opinions et des préférences
individuelles et des énormes contraintes, parfois de nature
contradictoire, qu'elles peuvent imposer, ceux qui essaient de vivre
selon ces lois ne peuvent parvenir à la tranquillité
d'esprit. Ce n'est tout simplement pas la volonté de Dieu que
nous nous conformions aux opinions et aux préférences
des autres. Si trop de ces idées figurent dans la catégorie
des « tâches à accomplir » de
notre liste de priorités, nous finirons par être
stressés, perturbés et complètement
épuisés.
Récemment
j'ai reçu dans mon cabinet une jeune fille que j'appellerai
Valérie. Comme beaucoup de saints des derniers jours, Valérie
s'engage intensément dans son désir de vivre l'Évangile
et de faire ce qui est juste. Malheureusement pour elle sa
connaissance de la doctrine de l'Église est très
fragmentaire, ce qui l'amène à s'appuyer fortement sur
ce que lui disent les membres de l'Église. Elle était
très angoissée par les propos d'une sœur de
l'Église qui lui avait dit qu'étant donné que
son père a été incinéré au lieu
d'être enterré selon la tradition mormone, son salut
était compromis ainsi que le salut de tous ceux, membres de sa
famille, qui avaient participé à cette « mauvaise
décision ». Cette sœur avait expliqué
que le corps est un temple et que l'incinération ne respecte
en aucun cas cette vérité.
Pour couronner le tout, une
autre sœur bien pensante lui fit remarquer que le perçage
des oreilles était également un manque de respect, que
si le Seigneur avait voulu que nous portions des boucles d'oreilles,
nous naîtrions avec les oreilles percées, et que la
décimation comme la mutilation du corps, de quelque manière
que ce soit, va à l'encontre de la volonté de Dieu.
Valérie, qui croyait ces sœurs, souffrait d'angoisse et
de culpabilité. Elle n'a été soulagée que
lorsque je lui ai assuré que, sur ces sujets, l'opinion de ces
deux sœurs n'était pas représentative de la
doctrine de l'Église.
Il
est absolument nécessaire d’avoir une bonne connaissance
de la doctrine de l'Église pour ne pas être facilement
influencé, voire déprimé par les opinions de
membres de l'Église bien-pensants. Une méthode efficace
en faveur d'un meilleur équilibre émotionnel consiste à
passer en revue les éléments de notre liste et à
déterminer les croyances et les suppositions qui les motivent.
Rappelons que les croyances prises pour la doctrine peuvent être
en grande partie la cause de notre stress. Lorsque nous avons
identifié les croyances qui reposent uniquement sur des
opinions ou préférences individuelles, il est alors
possible de se protéger du stress qu’elles
engendrent.
Ce
livre présente un certain nombre d’idées pour
aider le lecteur à résoudre les problèmes
inhérents à notre culture et à la condition
humaine. S'il se sent débordé par les multiples
sollicitations qui semblent remplir la vie d’un saint des
derniers jours, ce livre l'aidera. Nous commencerons par traiter de
l'importance de la santé biologique et des émotions
positives ; nous examinerons ensuite le rôle du
comportement et de la pensée, puis nous étudierons les
méthodes qui ont fait leurs preuves dans le traitement des
pensées négatives.
Nous
détaillerons enfin dix techniques efficaces en faveur de la
santé de l'esprit et de la joie de vivre. Ces techniques nous
permettront de mieux comprendre le rôle du libre arbitre et
l'importance de l'équilibre dans l'équation du bonheur.
Chapitre
2 : Ne pas essayer de serrer un boulon avec un mixeur de cuisine
Dans
son livre « Moins de stress pour les mormons »,
John C. Turpin raconte l'histoire d'une sœur éreintée
qui, dans un état d'exténuation totale, était
venue lui rendre visite à son bureau. Elle avait vécu
dans la croyance erronée qu'elle devait tout donner à
l'Église et à sa famille et qu'il était égoïste
qu'elle prenne du temps pour ses propres besoins. Elle était
tellement épuisée physiquement qu'elle frisait la
dépression. Elle s'était éloignée du
Seigneur et en voulait à l'Église. Or, aucune nouvelle
technique psychiatrique n'aurait pu la soulager : ses problèmes
physiologiques devaient être résolus en premier.
En
commençant par cela, elle retrouva son énergie physique
en quelques mois. Ensuite, et seulement ensuite, elle fut capable
d'apprendre à gérer sa vie. Finalement ses sentiments
envers elle-même et l'Église redevinrent positifs et
plus solides qu'auparavant.
Résoudre
d’abord les problèmes d'ordre physiologique
Les
problèmes physiologiques sont souvent la cause première
de beaucoup de troubles émotionnels courants, dont la
dépression. Toute tentative visant à changer la façon
de penser ou d'agir d'une personne doit tenir compte d'éventuels
facteurs physiologiques. Par exemple, l'entraîneur d'un coureur
sur piste ne pourra jamais, quels que soient les encouragements qu'il
lui prodigue et la compétence dont il fait preuve, le faire
courir à un niveau conforme à son potentiel si celui-ci
souffre d'anémie sévère. Pour y parvenir, il
faut commencer par traiter l'anémie. Travailler la technique
de la course à pied, sans résoudre au préalable
le problème physique, revient à vouloir serrer un
boulon avec un mixeur de cuisine.
De même, dans le domaine de
l'esprit, malgré les compétences du conseiller, le
patient n’ira pas mieux si un problème physiologique
affecte ses pensées, son humeur, sa disposition d'esprit, son
énergie et sa capacité de raisonner.
La
base physiologique de la santé mentale
Le
corps humain est un « système intégré »
particulièrement complexe. Pour s'assurer d'un bon
fonctionnement mental, il peut s'avérer nécessaire de
vérifier et éventuellement de réguler un certain
nombre de mécanismes hormonaux et chimiques compliqués.
Bien entendu, toutes les maladies mentales ne relèvent pas de
causes physiologiques, mais lorsqu'une personne souffre de troubles
émotionnels ou mentaux, il est nécessaire de faire
l'évaluation des facteurs biologiques susceptibles de
contribuer à ces troubles.
Beaucoup
de troubles mentaux ont pour origine principale des désordres
physiologiques dans lesquels les éléments chimiques
appelés neurotransmetteurs jouent souvent un rôle. Par
des analyses de laboratoire, il est possible de faire l'évaluation
des différents éléments chimiques et des
hormones stimulantes et régulatrices de l'organisme afin de
déterminer si celui-ci souffre de carence.
Lorsqu'un
patient se bat contre une affection physiologique et consulte en
psychiatrie alors que son affection, dont il pourrait être vite
rétabli, n'est pas traitée, les consultations
psychiatriques sont une rude bataille inutile.
Dans notre culture, il
n'est pas rare que des personnes repoussent l'aide dont elles ont
besoin et refusent de prendre des médicaments. Elles croient
peut-être que l'emploi abusif de médicaments dans notre
société signifie que tout traitement médicamenteux
est mauvais, ou bien qu'en faisant suffisamment confiance en Dieu,
elles n'auront jamais besoin de médication. L'utilisation sage
et mesurée de médicaments a pourtant transformé
avantageusement la vie de nombreuses personnes. Beaucoup d'entre
elles se sont même senties guidées par l'Esprit pour
aller consulter tel médecin qui s'est avéré
capable de diagnostiquer leur affection et de prescrire un traitement
approprié.
Il
y a quelque temps, une sœur d'une cinquantaine d'années
est venue me consulter, après y avoir été
encouragée par sa famille. Elle avait passé des années
à ne rien faire, assise. Elle n'avait que peu ou pas
d'énergie, aucun espoir, aucune ambition et aucun enthousiasme
pour la vie. Elle attendait simplement de mourir. Sur mon insistance,
elle consentit à une série d'analyses sanguines de
routine qui montrèrent qu'elle souffrait d'une hypothyroïdie
extrême (ce qui signifie que sa glande thyroïde
fonctionnait en sous activité). Un complément
d'hormones thyroïdiennes changea alors complètement sa
vie. Elle commença à nettoyer sa maison, à
adhérer à des associations et à participer aux
activités de l'Église. Là encore, aucune séance
de conseil psychiatrique n'aurait pu accomplir ce miracle, la cause
du problème étant ailleurs.
Il
est naturel qu'une personne hésite à suivre un
traitement médicamenteux par crainte de ses effets
secondaires. Cependant, la plupart des traitements utilisés
pour corriger les problèmes physiologiques ne créent
pas de dépendance physique ou psychologique. Ces médicaments
rectifient une carence chimique dans le corps, tout comme l'apport
d'insuline chez le diabétique. Souvent, ils aident une
personne à sortir rapidement d'une période de
dépression tout en résolvant le problème dans
son ensemble.
En revanche, un déséquilibre chimique
soigné par des séances de consultation psychiatrique
mettra beaucoup de temps à guérir, s'il guérit
un jour ! Par ailleurs, qu'il souffre d'un déséquilibre
chimique ou non, le patient n'adoptera pas du jour au lendemain un
nouveau mode de pensée ou d'action. Cependant, s’agissant
d’un problème physiologique, la guérison sera
nettement accélérée par un traitement
médical.
Face
à un problème d'ordre mental ou émotionnel, nous
devons nous demander quelles en sont les conséquences sur
notre santé spirituelle, notre carrière et nos
relations avec les autres et si nous pouvons nous permettre de
laisser perdurer cette situation. Nous devons aussi nous rappeler que
la relation la plus importante est celle que nous entretenons avec
nous-mêmes. En résolvant dès que possible un
problème émotionnel nous conservons une bonne image de
nous-mêmes et écartons du même coup les
complications sérieuses qu’engendre un phénomène
d'auto-dégradation.
Les
physiciens et les psychologues ont fait de grands progrès en
expliquant les mécanismes psychologiques au public. Ainsi, ils
ont amoindri les stigmates liés aux déséquilibres
physiologiques et aux problèmes psychologiques en général.
Nous atteignons bientôt le stade où le déséquilibre
chimique qui cause des troubles psychologiques ou émotionnels
est perçu de la même façon que lorsqu'il entraîne
des désordres thyroïdiens ou du diabète.
Non
seulement la population a été plus sensibilisée
et informée durant ces dernières années, mais
les professionnels de la santé mentale deviennent de plus en
plus compétents dans le traitement des déséquilibres
complexes, psychologiques et physiologiques, et dans les
interventions qu'ils requièrent. Au milieu des années
1970, l'informatisation des électroencéphalogrammes a
fait son apparition. De nos jours, les professionnels peuvent évaluer
avec précision les dysfonctionnements du cerveau, les troubles
d'humeur causés par des lésions du cerveau, ainsi que
d'autres problèmes subtils, génétiques ou
développés, qui engendrent des troubles de la
personnalité ou des affections mentales.
Ces
changements ont permis d'apporter une aide efficace à beaucoup
de personnes qui dans le passé, en raison des stigmates des
maladies mentales, auraient probablement préféré
voir leur vie brisée ou détruite plutôt que de
rechercher un traitement adéquat. Il est encourageant de
constater que de plus en plus de personnes acceptent l'idée
qu'une médication appropriée puisse être
bénéfique au patient qui souffre de troubles
biochimiques, et que beaucoup de problèmes psychologiques
découlent de déficiences physiques.
Chapitre
3 : Masquer, démasquer : affiner ses
sentiments
La
deuxième cause principale des problèmes émotionnels
et mentaux réside dans les sentiments ; par conséquent,
un élément essentiel de la bonne santé mentale
passe par l’apprentissage de la compréhension et de la
gestion efficace des sentiments.
Lors
de mes consultations, lorsque je souligne l’importance de
travailler au développement de bons sentiments, je fais
référence à ce que j’appelle les
« sentiments fondamentaux », ceux qui sont
privés et profonds. Ces sentiments suscitent des émotions
qui ordinairement n’émergent pas dans la communication
typique de tous les jours, lorsque l’on parle du temps ou salue
des personnes dans la rue.
En
présence de bons sentiments et d’un fonctionnement
physiologique correct, des aspects et symptômes positifs sont
généralement mis en évidence. Inversement, en
présence de sentiments négatifs ou si un quelconque
trouble physiologique affecte la santé émotionnelle,
des aspects et symptômes négatifs émergent. Par
exemple, si un couple partage des sentiments d’amour, de
confiance en soi et de charité, il est peu probable que les
conjoints se disputent pour des choses comme le contrôle des
comptes, faire la vaisselle ou préparer le repas à
temps (bien qu’il puisse y avoir des discussions). Ils n’ont
donc pas besoin d’un conseiller. Mais lorsque les problèmes
surviennent, l’étude de nos sentiment profonds est
essentielle à leur résolution.
En
présence de sentiments négatifs, des aspects et
comportements négatifs font surface et deviennent gênants.
Nos faiblesses et penchants physiologiques particuliers seront les
plus susceptibles à déterminer de quel symptôme
physique nous souffrirons un jour. Par exemple, chez certaines
personnes, la dépression et le stress ont tendance à
tourner en colite ; pour d’autres, ce sera des maux de
tête ou d’estomac. Ci-dessous une liste de sentiments
positifs et négatifs et leurs conséquences respectives.
Sentiments
positifs
|
Aspects
et symptômes positifs
|
Amour
|
Accord
sur la discipline
|
Acceptation
|
Budget
équilibré
|
Franchise
|
Vie
sexuelle harmonieuse
|
Honnêteté
|
Moments
d’échange et de relaxation
|
Zone
de bien-être
|
Conversation
créative
|
Solidarité,
unité
|
Bonne
santé
|
|
|
Sentiments
négatifs
|
Aspects
et symptômes négatifs
|
Colère
|
Divergences
sur les finances
|
Indifférence
|
Vie
sexuelle non épanouie
|
Se
sentir jugé
|
Toxicomanie
|
Être
sur ses gardes
|
Menaces
de suicide
|
Esquive
|
Violence
physique
|
Peur
|
Cris
et hurlements
|
Esprit
de la critique
|
Injures
|
Solitude
|
Problèmes
physiques et somatiques
|
S’occuper
des sentiments avant de
gérer les
faits
Nos
sentiments sont directement liés à nos pensées
et actions. Pour transformer des sentiments négatifs en
sentiments positifs, nous devons changer nos pensées et nos
actions. Cependant, nous devons fixer notre attention sur les
sentiments et émotions en premier lieu et laisser de côté
les pensées et les actions pour plus tard. Il y a de bonnes
raisons à cela : lorsque des personnes viennent me voir
en suscitant de l’aide pour surmonter des problèmes dans
leur vie, elles s’expriment souvent en termes de symptômes
ressentis. Généralement, elles pensent que pour
surmonter leurs difficultés, elles ont besoin de se
débarrasser de ces symptômes. Or, j’ai appris que
si nous ne traitons que les symptômes, il ne sera pas possible
de les résoudre tant que nous n’aurons pas compris les
sentiments qui sont à la racine de ces symptômes.
Par
exemple, une épouse dira à son mari qui est dans
l’épiscopat : « tu ne passes jamais de
temps avec moi ». Si la conversation qui s’ensuit
est axée sur le temps de son absence plutôt que sur les
sentiments et le ressenti de l’épouse au sujet de son
absence, il leur sera difficile d’avancer vers la résolution
de leur problème. Le fait qu’il se soit absenté
toutes les soirées de la semaine écoulée ou
seulement un soir, est moins crucial que les craintes, l’appréhension
et les sentiments d’insécurité de l’épouse.
Ce sont les sentiments et le ressenti de l’épouse à
ce sujet qu’il faut aborder. La thérapie la plus
efficace se produit généralement lorsque les personnes
sont capables de parler ouvertement de leurs sentiments, tout en
laissant les faits et les questions spécifiques en
arrière-plan.
Lorsque
des personnes viennent pour la première fois me consulter,
elles ont tendance à masquer leurs sentiments profonds et
mettent en avant un certain nombre de problèmes dont beaucoup
peuvent s’avérer non pertinents. Le plus souvent, elles
pensent de façon erronée qu’une discussion sur
des questions préoccupantes provoquera une réflexion
sur les « principes » censés les
endiguer. Elles jouent souvent au jeu des principes : « Ne
pensez-vous pas que les gens devraient… ? ».
Elles ne réalisent pas que les principes sont toujours
corrects aux yeux de la personne qui les détient et que tout
argument sur les principes n’est souvent que l’évitement
pur et simple de montrer ses vrais sentiments.
La
tentation de tomber dans ce piège est d’autant plus
importante pour nous, les membres de l’Église
consciencieux qui sommes fondamentalement engagés à des
principes. Non seulement nous embrassons les principes de tous les
citoyens honnêtes, mais nous y rajoutons des centaines d’autres
principes. Des déclarations ayant pour but de corriger son
conjoint, telles que « Nous devrions vraiment lire les
Écritures et prier régulièrement ensemble »
ou « Tu sais, nous devrions travailler à nos
réserves alimentaires mais ton attitude est la raison pour
laquelle nous ne le faisons pas » sont plus destructives
que constructives dans une relation. Il en est de même de
déclarations générales telles que : « tu
conviendras que nous devrions passer plus de temps de qualité
ensemble » ou bien « Il est évident que
nous devrions être plus économes dans nos finances ».
Un
couple est venu me consulter pour une aide matrimoniale. Il se
disputait souvent au sujet de différents principes et
questions. Une des plaintes principales du mari portait sur
l’incapacité de son épouse dans l’entretien
de la maison. Durant une session de thérapie, il me dit,
devant son épouse, comment il avait observé qu’un
emballage de pizza était resté cinq jours sur la table
de la cuisine. Il passait quotidiennement devant la boîte et
comptait les jours. Il utilisait ceci comme un bon exemple de
l’inaptitude de son épouse en matière de ménage.
Il appuyait ensuite ses arguments en évoquant des principes
tels que « La propreté va de pair avec la piété »
et « L’Esprit du Seigneur ne peut pas demeurer dans
une maison négligée ». Les difficultés
dans cet exemple sont des points de détail sans grande
importance mais elles ont créé un problème
majeur pour ce couple.
Regardons
de plus près l’exemple ci-dessus. Combien de temps cela
aurait-il pris au mari pour ramasser l’emballage de pizza et le
jeter dans la poubelle qui se trouvait près de sa voiture ?
Au lieu de cela, il essayait d’apporter une justification à
ses mauvais sentiments. Si ce mari aimait son épouse, il
essaierait de trouver des façons pour l’aider et la
soutenir pour surmonter ses difficultés dans la tenue de la
maison plutôt que de chercher des raisons pour justifier ses
mauvais sentiments.
Un
autre problème lorsque l’on parle de principes plutôt
que de sentiments est le fait que les principes sont souvent en
conflit l’un avec l’autre. Un homme qui vient de faire
l’objet d’une procédure de faillite pourrait
dire : « ne croyez-vous pas qu’on devrait faire
grâce des dettes et aider ceux dans le réel besoin ? »
L’autre partie pourrait répondre « ne
croyez-vous pas que les gens devraient remplir leurs obligations et
responsabilités dans la vie ? » Tous ces
arguments sur des « principes » peuvent être
vrais mais, en ignorant les sentiments profonds, ils compliquent le
problème au lieu de le résoudre. Le « principe »
peut aussi appartenir à la catégorie de l’opinion
personnelle, de la tradition ou des préférences
individuelles et à ce titre, devrait encore plus relever du
principe du libre arbitre.
Aucun progrès ne peut être
fait dans la discussion tant que les sentiments derrière les
déclarations sur les principes ne sont pas explorés et
compris.
Une
fois que les sentiments sont reconnus, l’étape suivante
consiste en les gérer. Pour gérer des sentiments, il
faut d’abord être capable de les interpréter. Il
est nécessaire de réaliser que beaucoup de choses que
nous ressentons ne sont pas nécessairement des faits. Le
trouble le plus courant que je constate est la dépression.
Elle est habituellement accompagnée de problèmes de
confiance en soi avec des sentiments d’inutilité et une
perception de soi négative. En parlant d’eux-mêmes,
ces patients utilisent des adjectifs tels que moche, stupide, gros,
inutile, indigne d’être aimé et impopulaire.
Quelquefois, il est immédiatement évident que les
sentiments du patient n’ont pas grand-chose à voir avec
la réalité. Une personne attrayante peut avoir le
sentiment qu’elle est laide ; pour elle, sa « laideur »
est bien réelle.
Le
conseiller peut entre-autres aider ses patients à faire le tri
entre les faits et la fiction de leurs sentiments en procédant
à des épreuves de réalité et de juste
valeur. Les épreuves de réalité et de juste
valeur sont abordées plus tard dans cet ouvrage.
Masquer
ou démasquer ?
Telle est la question
Nous
utilisons tous une méthode
pour gérer nos sentiments, cela s’appelle masquer. Nous
avons souvent entendu l’expression « se composer un
visage de convenance ». Certains l’écartent
comme étant une attitude superficielle et sonnant faux mais je
pense que masquer ses vrais sentiments est approprié lorsque
nous sommes dans des lieux publics. En effet, les avantages de
masquer vos sentiments sont évidents lorsque vous vous
imaginez assis au travail et sanglotant à cause d’un
problème sérieux à la maison.
Les
gens n’aiment pas être autour de ceux qui semblent
toujours être malheureux. Beaucoup parmi les personnes qui
viennent me consulter n’ont jamais réussi à
masquer leurs sentiments négatifs et en conséquence, se
sont retrouvées isolées des autres. En fait, les
personnes dépressives sont parmi les plus isolées et
ce
sont souvent
celles qui sont le moins capables de mettre un masque.
Pratiquement
tout le monde met occasionnellement un masque émotionnel,
fonctionnel et approprié pour minimiser les problèmes
émotionnels lorsque nous nous trouvons dans l’espace
public. Comprenez-moi bien : en disant qu’il y a un temps
pour masquer ou minimiser des impulsions ou des propensions, je ne
préconise pas de tromper systématiquement les autres.
Je recommande une sorte de compartimentation. Au travail et en
public, n’inondez pas tous les compartiments. Il y a des
moments pour laisser aller les émotions, comme il y a des
moments qui se prêtent à l’enseignement. Nous
devons apprendre à les reconnaitre.
Si
nous nous sentons profondément troublés, quand et en
présence de qui oserons-nous laisser tomber le masque ?
La réponse varie en fonction de la sévérité
du problème, de la solidité des amitiés et des
possibilités d’obtenir de bons conseils. Quelquefois,
face aux bonnes personnes et dans un lieu approprié, il est
bon de « retirer notre masque émotionnel »
même si cela parait embarrassant et inconfortable. L’intimité
émotionnelle est impossible si nous gardons constamment notre
masque, d’autre part, il est essentiel de se démasquer
pour permettre une évaluation et une thérapie
appropriées en consultation. Il faut cependant que cela soit
fait avec discernement.
Il
n’est pas toujours aisé de trouver un équilibre
entre le masquage ou le démasquage de ses émotions. Un
grand nombre de nos relations sont des relations superficielles. Se
démasquer ou essayer d’amener les autres à se
démasquer n’est pas approprié dans ce type de
relation. Cependant, pour établir des liens étroits, se
démasquer ou partager des sentiments profonds est approprié
et nécessaire. Pour être réceptifs et sensibles
dans des relations importantes ou nécessaires, nous devrions
regarder au-delà du superficiel et apprendre quand et comment
exprimer nos sentiments les plus profonds.
Le
partage d’émotions et de sentiments, lorsqu’il est
fait de façon adéquate, est important pour une bonne
santé mentale. Beaucoup de personnes se sont laissées
aller à la passivité, avec pour résultat
qu’elles ont tendance à ignorer leurs sentiments. Elles
portent leur masque public lorsqu’elles devraient le retirer.
Les sentiments enfermés dans un sac de jute et stockés
pendant de longues périodes de temps finissent par causer une
explosion et peuvent aussi entrainer des problèmes physiques,
tels que des ulcères, de la tension artérielle ou des
maux de tête.
Les
sensibilités : remonter leurs origines jusqu’aux
sentiments
Les
sensibilités sont également un dérivé des
sentiments et elles aussi varient grandement d’une personne à
une autre. De bien des façons, les sensibilités sont le
pont entre ce qu’une personne ressent vis-à-vis des
autres et ce qu’elle ressent vis-à-vis d’elle-même.
Certaines personnes sont extrêmement sensibles à des
choses telles que la taille, le poids, la religion, la race et
certain vocabulaire. La plupart d’entre nous ont suffisamment
de délicatesse pour respecter la sensibilité des
autres, même si cela signifie se donner de la peine pour être
agréable. Il est vrai que certaines personnes sont trop
sensibles et s’offensent très facilement (peut-être
trop facilement) mais si nous voulons ressembler au Christ, nous
avons l’obligation de ne pas offenser ces personnes une fois
que nous connaissons leurs points sensibles.
Lorsque
les chrétiens de Corinthe ont demandé à l’apôtre
Paul s’ils devaient adopter la pratique de manger la viande qui
avait été offerte aux idoles, Paul leur répondit
que cette pratique ne pouvait ni leur faire du mal ni les aider.
Ensuite, il dit : « Prenez garde, toutefois, que
votre liberté ne devienne une pierre d’achoppement pour
les faibles… C’est pourquoi, si un aliment scandalise
mon frère, je ne mangerai jamais de viande, afin de ne pas
scandaliser mon frère » (1 Cointhiens 8:9, 13). Ceci nous
met en garde non seulement de ne pas nous en prendre aux sensibilités
des autres, mais également nous rappelle que si nous sommes
libres de choisir nos actes, nous sommes aussi responsables de leurs
conséquences.
Si nous agissons de façon responsable,
nous serons attentifs aux mots, maniérismes ou comportements
qui offensent ou déconcentrent certaines personnes. Ainsi,
nous pouvons respecter la sensibilité des autres, et à
leur tour ils apprendront à respecter la nôtre. Avoir
de l’égard envers les autres demande relativement peu
d’énergie et pourtant cela contribue notablement à
éviter une rupture de communication.
Quelquefois,
nos propres sensibilités ne sont pas flagrantes pour
nous-mêmes. Une de mes patientes qui menait un combat difficile
contre son obésité a été amenée à
réaliser sa grande sensibilité lors d’un incident
amusant avec un de ses enfants qui a provoqué sa prise de
conscience. Pour des raisons évidentes, le mot « gras »
était devenu un vilain mot dans cette maison. Alors que la
famille dînait chez un ami, le fils de ma patiente lui a
apporté son assiette et lui a demandé « Maman,
peux-tu enlever un peu du « potelé » de
mon steak ?
Certaines
personnes sont très récalcitrantes à l’idée
d’une thérapie. Elles considèrent la suggestion
du besoin d’une thérapie comme une insulte. Ceux qui
consultent un thérapeute sans comprendre que la thérapie
est une occasion de croître et d’obtenir une meilleure
compréhension sont mis devant une double impasse. Si le
thérapeute leur dit qu’ils doivent venir consulter une
fois par semaine pendant six mois, ils traduisent qu’il leur
dit qu’ils sont très malades et le resteront longtemps.
D’autre part, si le thérapeute leur dit de revenir tous
les deux mois parce qu’ils s’en sortent bien, ils pensent
que le thérapeute ne les aime pas et ne veut pas les voir trop
souvent. En raison de leur sensibilité extrême,
certaines personnes ne gagnent jamais au jeu de la thérapie.
Les
sentiments sont en effet la charnière sur laquelle oscillent
la joie et la souffrance. Bien que les problèmes qui
engendrent notre souffrance se manifestent par des symptômes
déplaisants, ces symptômes sont en fait une
manifestation de mauvais sentiments. Nous devons prioritairement
aborder et comprendre ces mauvais sentiments, et pas uniquement les
symptômes, si nous voulons être soulagés des
symptômes et trouver joie et paix.
Chapitre
4: Exploiter ses sacs de jute et ses jambes de bois
Le
principe du « agir comme si » : nous le
vivons, nous le comprenons
William
James, un philosophe du XIXème siècle, a parlé
de ce principe en ces termes. Si vous voulez ressentir et penser
d’une certaine façon, agissez « comme si »
vous ressentiez et pensiez ainsi. Si vous voulez être
courageux, agissez comme une personne courageuse le ferait. Et
finalement, vous commencerez à vous sentir courageux. Pour
mettre cela dans une perspective chrétienne, si vous voulez
être une personne aimante, agissez avec amour. Vous ne penserez
ni ne ressentirez de l’amour au début mais si vous
persistez dans une attitude aimante, vous commencerez rapidement à
éprouver de l’amour et à vous sentir aimé.
Il
est vrai que les sentiments sont très difficiles à
changer, même lorsqu’ils sont reconnus et ont fait
l’objet de discussions, mais ils réagissent souvent aux
comportements. Il convient de transformer les mauvais sentiments en
sentiments positifs. Les bons comportements conduisent habituellement
à des bons sentiments alors que les mauvais comportements
favorisent les mauvais sentiments.
J’ai
connu une femme, membre de l’Église, qui pour des
raisons personnelles ressentait beaucoup de colère à
l’encontre de son évêque. Elle m’a expliqué
que ce sentiment de colère lui causait bien des désagréments,
entre autres celui qui entravait son désir d’obtenir une
recommandation à l’usage du temple.
Elle savait que
durant l’entretien on lui demanderait si elle soutenait les
autorités générales et locales de l’Église.
Je lui ai demandé si elle soutenait son évêque.
Elle a répondu qu’elle faisait tout ce qu’on lui
demandait de faire et ne le critiquait pas derrière son dos
mais que tout simplement elle ne l’aimait pas. Je lui ai
expliqué que soutenir une personne ne voulait pas
nécessairement dire qu’on l’aimait, que si elle
appréciait son évêque, sa relation avec lui
serait certainement plus agréable mais que ce n‘était
pas une condition sine qua non pour le soutenir.
Elle
a eu son entretien et lorsque la question du soutien des autorités
générales et locales a été posée,
elle a répondu « oui, je soutiens les autorités ».
L’évêque
qui connaissait les sentiments négatifs de cette femme à
son égard a demandé : « est-ce que vous
me soutenez ? »
Elle
a répondu « oui, je vous soutiens ; je ne vous
aime pas, c’est tout » Sa réponse honnête
et sincère a ouvert la porte à la communication. Un peu
plus tard, ils ont pu régler beaucoup de leurs différends.
Elle a pu se réconcilier avec son évêque car elle
n’avait pas agi en fonction de ses sentiments négatifs,
le critiquant derrière son dos ou ignorant ses demandes.
Interaction
entre les pensées, les sentiments et les comportements
Pensées – Sentiments
Actions
– Comportements
En
soins de santé mentale, une des choses qu’un thérapeute
recommande à un patient souffrant de dépression est
d’agir comme s’il n’était pas dépressif.
(Cela suppose qu’un contrôle de déséquilibre
chimique a été effectué et corrigé le cas
échéant, pour que la thérapie puisse être
efficace).
Nombreux
sont ceux qui réagissent aux sentiments dépressifs en
ne parlant de rien d’autre mais de leur moral en berne. Il ne
faut pas beaucoup de temps pour qu’ils réalisent que les
personnes qui aimaient leur compagnie commencent à les fuir.
Comprendre cela n’est pas difficile : l’être
humain essaie naturellement d’éviter les situations
démoralisantes, en particulier lorsqu’il ne voit aucun
signe que la situation va en s’améliorant. Un élément
clé pour pallier ce problème est que la personne
dépressive agisse comme si elle ne l’était pas.
Les
personnes souffrant de dépression restent souvent allongées
au lit, longtemps après s’être réveillées.
Si et quand elles se lèvent, elles tournent dans la maison
avec la pensée unique de combien elles se sentent mal. Bien
sûr, ceci les isole socialement, ce qui aggrave encore plus
leur mal-être. En revanche, les personnes émotionnellement
saines se lèvent rapidement après s’être
réveillées. Elles se douchent, s’habillent,
quittent la maison et se mêlent aux autres, au travail, au club
de sport ou lors d’une activité sociale et civique.
Elles s’impliquent dans des projets d’entraide, de
service pastoral ou en étant des voisins attentionnés
et respectueux. Elles n’ont pas toujours envie de faire ces
choses au départ mais elles les font tout de même car
elles savent qu’en agissant elles se sentiront mieux.
Il
est bien entendu que les personnes souffrant de dépression
n’auront pas envie de faire aucune de ces choses. Cependant, si
elles se forcent à s’impliquer, même pour une
seule activité qui les fait sortir de la maison, il y a des
chances - si elles persistent suffisamment longtemps – qu’elles
arriveront à vaincre la dépression et à se
sentir mieux.
Évidemment,
ceci ne s’applique pas aux dépressions causées
par un déséquilibre chimique. Ceux qui souffrent de ce
type de dépression peuvent s’user du matin au soir en
faisant tout ce qu’il faut mais se sentiront toujours aussi
déprimés. Par contre, pour ceux qui jouissent d’un
équilibre chimique normal, un comportement positif peut
réellement changer leurs sentiments vers le mieux.
Président
Kimball a rendu célèbre la maxime « Faites-le ».
Peu importe si nous n’avons pas envie de nous comporter comme
une personne émotionnellement saine, au début nous
devons tout simplement « le faire » !
L’effort
est essentiel au changement et à la croissance
L’effort
est l’élément essentiel pour pouvoir vaincre la
dépression par un changement de comportement. Pour réussir
à devenir une personne active et heureuse, vous devrez
déployer vos efforts pour modifier votre comportement.
C’est-à-dire : être disposé à
pratiquer une discipline, accepter une gratification plus tardive,
souffrir et rejeter l’homme naturel en vous.
Bien
que nous soyons capables d’effectuer des changements
importants, souvent nous avons tendance par paresse ou peur de
l’inconnu à ne pas le faire. Nous voulons habituellement
que notre monde change mais pas nous-mêmes ! Si je ne
croyais pas que les gens puissent changer leurs actions, leurs
pensées et leur perception de la réalité, je ne
pourrais tolérer mon domaine professionnel. En qualité
de thérapeute, j’admire les gens qui ont le courage de
se confronter à eux-mêmes avec assurance et transparence
et sont disposés à travailler pour effectuer les
changements en leur propre personne, nécessaires à leur
bonheur.
Les
changements arrivent rarement d’un seul coup mais lorsqu’ils
arrivent, ils sont souvent accompagnés de douleur et
d’inconfort. Les changements positifs ne pourront jamais avoir
lieu chez les personnes qui n’ont aucune tolérance pour
l’inconfort et qui sont trop fragiles émotionnellement
pour se confronter honnêtement à leurs propres
faiblesses et problèmes.
Prenons
l’exemple d’un skieur. Un bon skieur est tombé un
nombre innombrable de fois. Ce sont les mauvais skieurs qui ne sont
tombés que quelques fois. Le bon skieur apprend de ses chutes.
Le mauvais skieur n’a pas osé tomber suffisamment de
fois pour apprendre quoi que ce soit. Ce skieur abandonnera
certainement ce sport, en expliquant que skier est trop compliqué
et trop dangereux. Le bon skieur apprend de ses chutes et finit par
être si bon qu’il ne tombe presque plus – mais pas
avant d’être tombé un nombre innombrable de fois.
Le mauvais skieur qui n’avait pas moins d’aptitude à
skier que le bon skieur est devenu la victime de ses chutes et a
abandonné.
La
plupart des « victimes de la vie » ont omis de
reconnaitre que le libre arbitre leur a été accordé.
Ils ne comprennent pas qu’ils ont le droit de choisir. C’est
en choisissant que nous sortons du rôle de victime et que nous
nous rendons responsables de notre propre existence. Habituellement,
les personnes qui endossent le rôle de victime n’assument
pas leur responsabilité dans une situation donnée ;
elles ont l’impression de ne pas avoir la maîtrise de
leur environnement. Si ces personnes sont honnêtes envers
elles-mêmes, elles se rendront compte qu’elles peuvent
avoir tout autant le contrôle de leur environnement que toute
autre personne. Leur problème pourrait bien être
l’impatience et le refus de travailler et de souffrir
suffisamment pour prendre ce contrôle.
Dans
son ouvrage Faith
Precedes the Miracle (la
foi précède le miracle), Président Kimball
présente la foi comme une action. La foi consiste en un effort
vers quelque chose de vrai, que nous espérons mais ne pouvons
pas encore voir. Au début, lorsque nous rassemblons
suffisamment de foi pour nous lancer dans quelque chose de nouveau ou
pour effectuer un changement, il se peut que nous ne soyons pas
capables d’accomplir correctement ce que nous essayons de
faire. Quoi qu’il en soit, il est d’une importance
primordiale de continuer à essayer.
Alors
que nous faisons les efforts nécessaires pour vivre selon les
principes favorables à une bonne santé mentale, ces
principes finiront par devenir une habitude avec le temps. Beaucoup
ont témoigné avoir obtenu leur propre témoignage
de la loi de la dîme seulement après l’avoir
appliquée. Confucius a dit « Ce que j’entends,
je l’oublie, ce que je vois, je le retiens, ce que je fais, je
le comprends ». Que nous en ayons envie ou pas, nous
devons vivre selon les principes d’une bonne santé
mentale, sinon nous ne parviendrons pas à l’obtenir. La
bonne nouvelle est que plus nous vivrons selon ces principes, plus
nous aurons envie de le faire car les gratifications sont
considérables.
La
stratégie de la « jambe de bois » pour
ne pas changer de comportement
Je
constate un problème commun parmi les patients qui souffrent
de dépression : la tendance à évoquer des
prétextes plutôt qu’à affronter l’inconfort
nécessaire au changement de comportement. Une attitude
similaire est constatée lors des soins de santé
physique. Supposez qu’après une opération à
vos deux genoux, vous utilisiez un fauteuil roulant jusqu’à
ce qu’un docteur vous dise ; « il est temps de
marcher avec un déambulateur et de commencer à faire
quelques exercices ». Et vous répondez :
« Mais ça va me faire mal ! Je ne veux pas
essayer de marcher tant que c’est douloureux ».
Pensez-vous que vous remarcheriez un jour ? Jamais.
Je
donne le nom de « jambe de bois » à la
condition médicale dont le patient se sert comme prétexte
et qui entrave inutilement la santé mentale. Tout simplement,
certaines personnes qui souffrent de problèmes comportementaux
mais n’ayant aucun problème médical, prétendent
avoir des ennuis de santé dans le but d’éviter la
douleur et l’effort qu’engendre un changement de
comportement. Un bon exemple de cela est la personne boulimique obèse
qui prétend avoir un déséquilibre métabolique.
Lorsqu’un
homme a une vraie jambe de bois, il a une excuse. Si on lui demande
de danser, il va dire « Oh, j’aimerais bien mais
vous voyez, j’ai cette jambe de bois. Vous ne vous attendez pas
à ce que je puisse participer avec ce sévère
handicap, n’est-ce pas ? ». L’épouse
de cet homme profite également de sa jambe de bois si elle le
veut bien. Son histoire à elle « j’aimerais
bien danser aussi mais c’est impossible à cause de la
jambe de bois de mon mari ».
Une
de mes connaissances a une épouse qui est bipolaire. Cet homme
dit qu’il aimerait trouver un meilleur travail mais il se
lamente que s’il change d’employeur et donc d’assurance
avec de nouvelles prestations, la condition de son épouse sera
considérée comme préexistante. Il affirme que
pour cette raison, il reste dans son poste actuel.
Lorsque
je dis que les jambes de bois sont utilisées comme excuse, je
ne sous-entends certainement pas que les personnes qui avancent ces
prétextes ne souffrent pas réellement. Cependant, tout
comme pour beaucoup de maladies physiques, la douleur ne révèle
pas immédiatement son origine. Nous pouvons examiner ce
modèle : si un enfant attrape la varicelle, les boutons
rouges ne sont pas la maladie elle-même mais un symptôme
de la maladie. Le vrai problème est la contamination par un
virus et l’incapacité du système immunitaire d’y
résister.
L’enjeu
face aux excuses de « jambe de bois » est de
découvrir la réelle source de douleur qui fait obstacle
au changement de comportement du patient.
Une dame que je nommerais
Sue est venu me consulter, ayant pour but principal de perdre du
poids. Sue était une mère seule dans la mi-trentaine et
avait plusieurs enfants. Son problème de poids datait d’avant son divorce mais depuis le divorce son poids avait
atteint 159 kg. Bien qu’elle ait stipulé qu’une
des raisons principales de sa consultation était de perdre du
poids, nous avons rapidement constaté que son poids était
devenu sa jambe de bois.
Elle finit par admettre qu’à
cause de sa culture religieuse, la chose la plus terrifiante qu’elle
puisse imaginer était d’avoir des relations sexuelles en
dehors des liens du mariage. Cette perspective l’effrayait
encore plus que la mort. Avec le temps, elle s’est rendu compte
que son poids était une protection contre les hommes et les
relations sexuelles. Elle raisonnait ainsi : « Qui
pourrait être attiré par une femme qui pèse 159
kg ? ».
Nous
avons travaillé sur sa confiance en elle. Elle a fini par
réaliser qu’une femme pouvait être mince et
vertueuse. Forte de cette connaissance, elle a été en
mesure d’abandonner sa « jambe de bois ».
En conséquence, elle a commencé à perdre du
poids, à avoir une vie sociable et à devenir une
personne beaucoup plus extravertie et heureuse.
Il
est clair que certaines personnes s’accrochent farouchement à
leurs handicaps comme un moyen pour éviter d’autres
problèmes.
Un de mes patients est venu me voir dans un tel
état léthargique qu’il ne pouvait pratiquement
pas fonctionner dans sa vie quotidienne. Une analyse ordinaire de
laboratoire a permis de mettre en évidence une hypothyroïdie.
Un médecin lui a prescrit des hormones thyroïdiennes et
au bout de quelques semaines, l’homme était redevenu
actif et avait retrouvé plus d’énergie.
Lorsqu’il
a été capable de reprendre le travail, il a
soudainement choisi d’arrêter son traitement. Quelques
semaines plus tard, il était de nouveau immobilisé sur
sa chaise, complètement insensible au monde. Il prétendait
que si Dieu l’avait rendu hypothyroïdien, c’était
tout simplement une croix qu’il devait porter. Si Dieu voulait
le guérir, il changerait son métabolisme. Mon sentiment
est que cet homme ne faisait pas là une démonstration
de foi. Par un simulacre de foi, il justifiait son désir de
rester inactif et de ne pas travailler.
Les
jambes de bois se développent par peur et par manque
d’engagement à l’égard de la vie, mais
aussi par ignorance. Par exemple, alors que la plupart des gens ont
une certaine connaissance du diabète, peu ont des difficultés
à accepter l’insuline en tant que moyen légitime
pour maitriser la maladie. Par contre, lorsque les gens découvrent
qu’ils ont un déséquilibre de sérotonine,
dopamine, noradrénaline, de la glande thyroïdienne ou de
toutes autres hormones régulatrices ou stimulatrices, ils
résistent souvent à suivre un traitement car ils ne
comprennent pas ce que sont ces choses et quels sont leurs rôles.
Étant donné que beaucoup évitent ce qui leur
fait peur, ils rejettent souvent ce qui pourrait les aider à
mener une vie plus heureuse.
Les
programmes qui dirigent nos sentiments et nos comportements
Les
pensées sont des programmes qui dirigent nos sentiments et nos
comportements, tout comme les logiciels et les programmes font
fonctionner le matériel informatique. Cependant, étant
donné que les pensées sont insaisissables et difficiles
à déterminer, les thérapeutes trouvent plus
facile de se focaliser sur des changements de comportement. Comme vu
auparavant, changer les comportements peut changer les pensées.
Ceci ne signifie pas que les thérapeutes passent outre le
processus de réflexion sous-jacent aux comportements. En fait,
les épreuves de réalité, la clarification des
valeurs, les modèles de respect et l’analyse
transactionnelle sont toutes des méthodes qu’un
thérapeute peut utiliser pour aider les personnes à
analyser et à évaluer leurs façons de penser.
Dans les pages qui suivent, nous parlerons d’abord des
changements de comportement puis nous passerons aux modèles de
pensée.
Se
concentrer sur les comportements
Je
rencontre beaucoup de personnes dont une quelconque obsession dirige
la vie. Par définition, une obsession est souvent une idée
ou une pensée répugnante ou déraisonnable qui
devient répétitive et peut conduire à des
comportements compulsifs. J’ai déjà dit que les
pensées et les sentiments ne sont pas simples à changer
mais il est nécessaire de vaincre les obsessions pour
atteindre un état de bonne santé mentale.
J’utilise
quelquefois un exercice qui est plutôt absurde mais qui
démontre bien que le changement de comportement est souvent
plus efficace que d’essayer de changer ses pensées. Je
demande aux gens de fermer les yeux et de s’imaginer qu’ils
voient un éléphant dans leur imaginaire. Je leur
demande ensuite de décrire l’éléphant avec
tous les détails possibles. Une fois que cette pensée
est imprimée dans leur cerveau, je leur dis de ne plus avoir
aucunes pensées ou idées au sujet des éléphants.
Habituellement, ils essaient de penser à autre chose et font
du mieux qu’ils peuvent mais au bout de quelques instants, ils
échouent. Une fois qu’une idée est fortement
ancrée dans l’esprit, il est difficile de la faire
sortir.
Comment est-ce que j’aide les gens à se
débarrasser d’une obsession ? Est-ce que je leur
dis simplement de ne plus penser aux éléphants ?
Ceci est évidemment bien futile. En fait je ne mentionnerais
probablement même pas leurs pensées ; au lieu de
cela, je me focaliserais sur leurs comportements. Si leur obsession
étaient les éléphants, je demanderais :
« est-ce qu’ils ont l’obligation de se rendre
au cirque ou au zoo ? » Bien sûr que non, ils
peuvent aller ailleurs. « Est-ce qu’ils doivent lire
des livres sur les éléphants ? » Non,
ils peuvent lire des livres sur tout autre thème. « Est-ce
qu’ils doivent regarder tous les anciens films de Tarzan ?
Non, ils peuvent aller au cinéma et voir des millions d’autres
choses que les éléphants. « Et quelles sont
les paroles qu’ils prononcent ? Peuvent-ils éviter
de parler des éléphants ? » Bien sûr
qu’ils le peuvent.
L’idée est que nous traitons
les obsessions en nous concentrant sur les comportements. Si une
personne élimine tous les comportements en relation avec son
obsession, l’obsession devient de moins en moins omniprésente
dans ses pensées et elle peut commencer à fonctionner
plus normalement.
Un
plan pour affronter les obsessions et les faux systèmes de
croyance
Comme
mentionné auparavant, il est bénéfique pour
chacun de nous d’examiner nos croyances et nos anciens
« programmes » et d’analyser ceux qui
nous causent des conflits. Ces croyances se sont formées dans
notre enfance, sans avoir suffisamment d’expérience de
la vie et de recul pour pouvoir analyser, juger et évaluer les
enseignements reçus de nos parents, des enseignants et autres
adultes. Beaucoup de ces enseignements sont basés sur la
culture, la tradition, les opinions et les préférences
individuelles comme évoqué dans le chapitre 1, mais ils
peuvent également nous avoir été enseignés
comme étant parole d’Évangile.
Il est utile de se
souvenir lorsque nous analysons nos croyances que le mot « choisir »
a du pouvoir. En tant qu’adulte, nous avons le pouvoir du choix
– nous pouvons choisir de changer ces croyances ou pensées
que nous découvrons être erronées, qui ne nous
sont plus utiles ou sont autodestructrices. Les parents ne se sont
pas fixés pour but de donner à leurs enfants des idées
névrotiques ou autodestructrices mais malgré cela, ils
peuvent transmettre des croyances dont ils ont hérité
de leurs propres parents et qui sont en fait des mythes. Certaines de
nos croyances ne proviennent pas des enseignements que nous avons
reçus mais peuvent être le résultat de
conclusions erronées ou de suppositions faites dans notre
enfance.
Par exemple, lorsque Reed, un homme au début de la
quarantaine, est venu me voir, il était plutôt évasif
sur ses sentiments. C’était un homme jovial, à la
stature imposante, qui semblait bien correspondre au stéréotype
de l’homme corpulent enjoué.
Il
a fini par avouer qu’il ne laissait jamais paraitre à
personne son côté triste, blessé, craintif ou
rejeté. À cause des croyances qu’il avait développées
au cours des années, telles que « ne jamais montrer
à personne son côté vulnérable car ils
s’en serviront pour vous blesser », « éviter
les sentiments étroits et intimes car ils vous rendent
vulnérables » et « si vous faites rire
les gens, ils vous aimeront », il trouvait pratiquement
impossible de développer des relations approfondies avec
quiconque.
Ces sentiments empêchaient Reed de mener une vie
pleine et heureuse et ils nuisaient à sa relation conjugale.
Même dans sa relation avec ses enfants, Reed n’était
jamais sérieux et ne montrait jamais son côté
doux et tendre. Au travail, ses collègues ont commencé
à s’agacer de son style plutôt désinvolte
et cavalier.
Fondamentalement,
la personnalité de Reed était déséquilibrée
à cause de son faux système de croyance. Alors que son
humour et ses blagues pouvaient au premier abord paraître
attrayants, ils finissaient par fatiguer les gens. Après un
échange approfondi, Reed a été capable de
réaliser qu’il avait besoin de trouver un meilleur
équilibre entre trop d’humour et pas d’humour du
tout. Il a également été en mesure de
reconnaitre que certaines de ses croyances et suppositions étaient
erronées et problématiques.
Comment
changeons-nous les croyances ? Nous pouvons nous poser deux
questions chaque fois que nous constatons des conflits en
nous-mêmes : quelle supposition suis-je en train de faire
concernant cette situation ou cette personne ? Et, suis-je
certain que cette supposition est basée sur des faits ?
Quand nous identifions la supposition ou la croyance sur laquelle
nous basons nos actions, nous serons en mesure de détecter
l’élément erroné de notre supposition ou
de notre croyance et d’y apporter des corrections. Nous croyons
en quelque chose parce que nous pensons que c’est vrai. Pour se
séparer de cette croyance, nous devons constater clairement
qu’elle est fausse et ressentir émotionnellement les
dégâts que cette fausse croyance engendre en nous. Le
changement est plus facile si la logique et les sentiments sont tous
deux engagés.
Il
est cependant possible de s’élever au-delà des
comportements négatifs et pourtant rester bloqué dans
des schémas de pensée négatifs ou névrotiques.
En conséquence, nous nous sentirons toujours malheureux. Nous
pouvons être dans l’action et engagés dans de
nombreuses activités bénéfiques. Et pourtant,
tout comme ceux qui croupissent dans une culpabilité
imméritée, nous pouvons continuer à concentrer
nos pensées sur nos lacunes et la liste interminable de nos
péchés par omission.
Si
nous tombons dans ce piège, nous risquons de nourrir de
profonds sentiments d’amertume vis-à-vis de notre
incapacité à agir correctement. Nous pouvons être
en colère, critiques et subjectifs vis-à-vis des autres
que nous trouvons désinvoltes, irresponsables, peu spirituels
ou affublés de tout autre défaut. Nous pouvons projeter
notre état du moi « parent normatif » et
autodestructeur sur les autres et les considérer comme la
cause de nos problèmes. Ceci nous amène à
considérer les autres de façon critique et doublement
contraignante.
Pour
affronter les faux systèmes de croyances qui engendrent des
pensées négatives et névrotiques, écrivez
la liste des croyances, des conclusions, des suppositions et des
valeurs qui sont les vôtres actuellement. Classez ces croyances
par catégories, telles que la philosophie de vie en général,
le mariage, Dieu, l’église, le travail, l’argent,
le sexe, les hommes, les femmes, les enfants et l’image de soi.
Par
exemple, lorsque j’étais jeune, j’ai tiré
de mauvaises conclusions sur la corrélation entre la taille et
l’intelligence des personnes. Je pensais que les personnes de
grande taille étaient stupides. J’avais remarqué
dans les films et autres médias où les personnes de
grande taille étaient souvent décrites comme étant
lentes d’esprit. Il faut dire que je mesure autour de 1m95. Il
m’a fallu attendre le début de l’âge adulte
pour réaliser que ma croyance était un stéréotype
et qu’il n’y avait absolument aucun lien entre la taille
et l’intelligence d’une personne. En faisant cet
exercice, nous pourrons peut-être découvrir que nous
avons tiré de nombreuses fausses conclusions de ce genre dans
notre vie.
Les
croyances peuvent être évaluées de façon
efficace et logique sur le plan psychologique, ce que j’aime
appeler « l’adulte équilibré »
(voir chapitre 7). Cette évaluation peut requérir
l’aide de quelqu’un qui nous aide à rester
objectifs, nos croyances pouvant être tellement enracinées
et faire partie de nos principes de base qu’elles paraissent
presque sacrées. Nous risquons de les accepter
inconditionnellement et de ne pas reconnaitre les problèmes
qu’elles nous causent.
Le vieil adage qui dit « Ce
qui mérite d’être fait mérite d’être
bien fait » est un excellent exemple. Il parait anodin.
Mais si cette croyance est réellement mise en pratique dans la
vie, elle peut être restrictive et débilitante et
exclurait toute activité entreprise rien que pour le plaisir.
Qu’en serait-il si vous nettoyiez la maison, donniez un
discours, skiiez ou prépariez un repas uniquement lorsque vous
seriez capable de le faire bien ? Nous devons accepter le fait
que nous sommes quelquefois limités par le temps, le manque
d’expérience et des incapacités physiques, et que
certaines choses ne sont tout simplement pas suffisamment importantes
pour que nous y consacrions le temps et l’attention nécessaires
pour les faire bien.
Comme
vous pouvez le voir, certaines de nos croyances qui paraissent
logiques peuvent causer des turbulences dans notre vie. Certains de
nos faux systèmes de croyances peuvent nous concerner
directement, comme ce que je croyais au sujet des personnes de grande
taille, ou peuvent être dirigés vers les autres. Par
exemple, une femme victime d’abus sexuels peut croire que tous
les hommes sont mauvais. Cette croyance erronée entravera
toute possibilité d’une relation positive et
épanouissante avec un homme.
La
prise de conscience et la compréhension des effets sur notre
vie qu’engendrent ces croyances peuvent être un exercice
compliqué sans l’aide d’une personne extérieure
qui aura un regard objectif. Puisque Dieu nous a donné le
libre arbitre et le pouvoir de choisir, je crois fermement que nous
n’avons pas le droit d’avancer l’excuse « je
suis une victime ». Nous n’avons aucune raison
d’être liés émotionnellement ou
fanatiquement à nos anciennes croyances et idées
préconçues. En confrontant et en étudiant
minutieusement nos croyances, nous pouvons choisir d’adopter de
nouveaux modes de croire et de penser, plus efficaces et plus
réalistes.
Les
exemples suivants donnent un aperçu sur le genre de réponses
que je vois lorsque les personnes examinent leurs croyances :
Anciennes
croyances
|
Nouvelles
croyances
|
Le
travail :
Ce qui
mérite d’être fait mérite d’être
bien fait.
|
Le
travail :
Certaines
choses méritent d’être faites correctement.
Pour d’autres, nous les faisons uniquement parce qu’il
faut qu’elles soient faites… et ensuite il y a les
choses que nous ne faisons que pour le plaisir.
|
L’image
de soi :
Je suis
tout à fait comme mon père.
|
L’image
de soi :
J’ai
les mêmes yeux que mon père et son sens de l’humour
mais je suis différent dans d’autres aspects, comme…
|
Dieu :
Dieu ne
m’aime que si je suis bon.
|
Dieu :
Dieu
m’aime toujours et veut que je sois heureux. Je suis plus
heureux lorsque je suis bon.
|
La
vie :
Les
bonnes choses ne durent jamais.
|
La
vie :
Les
choses changent mais même ainsi je peux apprécier ce
moment.
|
La
sexualité :
La
sexualité est dans un but de procréation.
|
La
sexualité :
La
sexualité est beaucoup de choses : la communication,
forger des liens, une expression d’amour et la procréation.
|
Prenez
le temps aujourd’hui de faire cet exercice. Écrivez
toutes les croyances que vous pouvez identifier et passez le temps
qu’il faut pour les analyser et décider de votre point
de vue actuel lesquelles devraient être reformulées et
changées. Vous serez étonné du sentiment de
liberté que vous ressentirez.
Chapitre
5 : Vous avez combattu pour le libre arbitre – Maintenant
profitez-en !
Le
libre arbitre est un principe intégrant et critique que nous
avons le devoir d’honorer. Bien que souvent il ne soit pas
facile d’accepter ce principe, nous devenons démoniaques
si nous ne l’honorons pas. Essayer de prendre le contrôle
de toute autre personne que soi-même ne reflète pas la
volonté de Dieu mais celle de Satan.
Nous
avons combattu une grande guerre dans les cieux pour la liberté
des choix. Nous devons nous souvenir de cela lorsque nous ressentons
le besoin de contraindre quelqu’un à agir ou à
penser d’une certaine manière. Nous avons la
responsabilité d’encourager, d’avertir et
d’enseigner des principes corrects mais au final, c’est
le droit personnel et l’obligation de chaque individu de faire
ses propres choix.
Lors
de la grande guerre dans les cieux, un tiers des esprits s’est
rangé du côté de Lucifer et voulait retirer le
libre arbitre à l’homme. Prendre position contre Dieu et
vouloir retirer le libre arbitre à l’homme peut paraitre
illogique mais d’après mon expérience en qualité
de thérapeute, j’ai commencé à comprendre
la raison pour laquelle un si grand nombre d’esprits avait agi
ainsi. Je crois qu’ils ont choisi le plan de Satan par peur des
responsabilités que le libre arbitre engendrerait. Ils
craignaient d’avoir la liberté de faire des mauvais
choix et les conséquences qui en découleraient.
Aider
– en opposition à commander
Lorsque
j’observe le comportement des parents avec leurs enfants, les
conjoints entre eux et les amis entre amis, je perçois le
désir inné de commander la vie des autres (peut-être
un aspect de l’homme naturel).
Cependant,
si nous prenons les commandes de la vie d’autres personnes,
nous en devenons également responsables. Peut-être que
cette prise de conscience nous aidera à maîtriser notre
désir de domination. Notre but sur terre n’est pas de
déresponsabiliser les autres qui ont besoin de se charger de
leurs propres responsabilités pour croître et se
développer. Nous sommes sur terre pour encourager, enseigner
des principes corrects, tendre une main serviable et suivre des
principes corrects nous-mêmes. Nous devons éviter avec
prudence les tendances de codépendance qui créent un
sentiment malsain de responsabilité pour les autres, au
détriment de nos propres responsabilités.
Il
existe un équilibre délicat entre aider à
l’excès et ne pas suffisamment aider, entre laisser le
principe de « cause à effet » se
réaliser lorsque des personnes s’autodétruisent
et intervenir dans un effort pour stopper cette destruction. Quand il
s’agit de familles, de gouvernements, de systèmes légaux
ou sociaux, trouver un équilibre est un défi constant.
Nous devons nous rappeler que Dieu lui-même n’intervient
pas lorsque nous faisons des choix qui mettent en danger notre santé
mentale ou notre propre vie, ou qui nous empêcheront de revenir
en sa présence. Cette déclaration de Fritz Pearls
exprime bien le libre arbitre : « Vous faites vos
affaires et je ferai les miennes. Mon rôle n’est pas de
répondre à vos attentes ni le vôtre de répondre
aux miennes ».
Ce
n’est pas une autorisation mais une responsabilité
Dieu
nous a donné un plan pour le voyage de la vie mais sur ce plan
il n’y a pas uniquement un chemin mais plusieurs qui ramènent
à lui – tous étant bien sûr pavés
des mêmes commandements, principes et ordonnances. Aucun de
nous ne retournera à Dieu en empruntant le même chemin
mais par l’accès à l’inspiration et la
conscience que Dieu nous a donnés, nous pouvons trouver le
chemin qui nous réussira.
Il n’est pas rare d’entendre
les gens dirent des choses comme « Je suis fatigué
de devoir prendre autant de décisions, de devoir réfléchir
tout le temps, de devoir maîtriser ma parole et mes actions ».
Réfléchir tout le temps, être courtois et
consciencieux, tout cela fait partie intégrante de la maîtrise
et des qualités que Dieu souhaite que nous acquérions.
C’est bien de cela qu’il s’agit, utiliser notre
libre arbitre pour apprendre à vivre les commandements.
Cependant, ce n’est pas simple, la maîtrise de soi ne
s’acquérant qu’après beaucoup de patience
et de souffrance. Néanmoins, elle reste un de nos plus
importants objectifs.
La
maîtrise de soi
Et
quand je conquérais mes ennemis,
Et
entasserais marchandise et lucre,
Je
serais un bien pauvre conquérant,
Si
je ne me soumets pas.
Et
quand je lirais et apprendrais par cœur
Des
livres entiers pendant ma jeunesse,
Je
serais un linguiste en disgrâce,
Si
je ne sais garder ma langue.
Et
quand j’excellerais sur le terrain,
Victorieux
dans les rencontres et les combats,
Si
entraîné et efficace, je ne suis toujours pas capable
De
contrôler un appétit.
Et
quand mon nom serait inscrit, vénéré,
En
haut du tableau d’honneur,
Élu,
j’aurais raté le fondamental,
Si
je n’ai pas appris le contrôle de soi.
Et
quand je serais diplômé et gravirais les échelons,
Et
que la vie serait généreuse envers moi,
Mon
cœur me dirait que je suis un raté,
Tant
que je n’aurais pas acquis la maîtrise de soi.
-Auteur
inconnu-
La
maîtrise de soi repose sur des choix et ne s’acquiert que
par nos propres efforts et la prise de responsabilité de nos
propres choix. Beaucoup de membres de l’Église veulent
davantage que des orientations générales ; ils
veulent des absolus. Ces membres ont besoin de comprendre qu’il
ne peut pas y avoir d’absolus dans une quête aussi
personnelle.
Les
choix sont la clé et les enjeux sont élevés
Alexandre Soljenitsyne a dit :
Durant les 300 années
de la civilisation occidentale, on a assisté à
l’anéantissement des devoirs et des responsabilités
et à l’expansion des droits. Mais nous avons deux
poumons. Nous ne pouvons pas respirer avec un seul poumon sans
utiliser l’autre. Nous devons faire usage des droits et des
devoirs dans la même mesure…
La seule chose que nous ayons
développée sont les droits, les droits, et encore plus
de droits, au détriment des devoirs.
Le
mot « choisir » révèle une
puissance énorme. Il est presque synonyme de responsabilité
et de libre arbitre. En revanche, le mot « ne pas
pouvoir » est affaiblissant et souvent le signal que
quelqu’un n’est pas disposé à assumer la
responsabilité de ses décisions. Lorsqu’une
personne dit « C’est ce que j’ai choisi de
faire », elle reconnait son contrôle de la
situation. Lorsqu’elle dit « Je n’en peux plus
et il n’y a rien que je puisse y faire », elle ne
fait preuve d’aucune puissance et peut même s’instaurer
en victime.
J’ai
reçu un jour un homme admis en psychiatrie en raison d’une
dépression sévère. Son épouse avait
décidé de le quitter pour un autre homme. Il se
plaignait que depuis plusieurs années elle était
malheureuse avec lui et l’avait harcelé excessivement au
sujet de son manque d’accomplissement. Il était un
professionnel qui travaillait de longues heures et assurait largement
le bien-être financier de sa famille. Lorsque son épouse
fut partie dans son univers fantaisiste avec un autre homme, il a
essentiellement dit : « je ne peux pas le supporter.
Je préfèrerais être mort ». Cet homme
s’est senti une victime sans défense. Son divorce était
inévitable ; son épouse a refusé toute
intervention et il n’avait aucun contrôle sur les choix
qu’elle avait faits.
Durant les séances de thérapie,
je l’ai poussé à se poser la question du pourquoi
il avait choisi de rester dans une relation aussi négative.
Pourquoi avait-il supporté le dénigrement constant de
son épouse ? J’ai demandé « Êtes-vous
masochiste ? » Il a fini par réaliser que
l’expérience qu’il avait tolérée
n’était pas nécessaire. En réalisant cela,
il a pu redevenir lui-même et se détacher
émotionnellement de son épouse. Il a décidé
que tout comme elle avait choisi de lui faire subir des abus et de le
quitter, il pouvait choisir de la laisser partir et de commencer une
nouvelle vie.
Avoir
fait ce choix a eu deux conséquences. Tout d’abord, il
commença à avoir une meilleure estime de soi. Il ne
considérait plus le divorce comme l’équivalent de
la mort mais comme une décision à laquelle il avait
contribué et qu’il partageait. Plus tard, son épouse
s’est demandée quelle était la source de cette
nouvelle force. Elle lui a posé des questions sur sa thérapie
et a fini par venir elle-même consulter. Puis, ils ont
recommencé à communiquer entre eux. Reconnaissant sa
meilleure estime de soi, elle aussi s’est mise à mieux
le respecter.
Les
gens me disent constamment : « je serais plus heureux
si seulement mon conjoint faisait ceci… ou si mon chef faisait
cela… si mes enfants étaient comme ceci… ».
Mais nous sommes chacun responsable de relever le défi de
notre propre vie – et non pas de changer la vie des autres.
Avec cette prise de conscience, nous pouvons choisir de changer nos
comportements et prendre une autre direction lorsque la situation le
demande. Le schéma de développement de la
sensibilisation envers nos responsabilités est illustré
graphiquement dans la pièce suivante :
Autobiographie
en cinq courts chapitres
Chapitre
1
Je
marche dans la rue.
Il
y a un trou profond dans le trottoir.
Je
tombe… Je suis perdu… Je suis sans défense…
Ce
n’est pas de ma faute.
Il
me faut une éternité pour trouver une voie de sortie.
Chapitre
2
Je
marche dans la même rue.
Il
y a un trou profond dans le trottoir.
Je
fais semblant de ne pas le voir.
Je
retombe dedans. Je n’arrive pas à croire que je suis
encore dans ce même endroit.
Mais
ce n’est pas de ma faute. Il me faut encore longtemps pour en
sortir.
Chapitre
3
Je
marche dans la même rue.
Il
y a un trou profond dans le trottoir. Je vois qu’il est bien
là.
Je
tombe encore dedans… c’est une habitude… mais mes
yeux sont ouverts.
Je
sais où je suis. C’est ma faute, ma responsabilité.
J’en
sors immédiatement.
Chapitre
4
Je
marche dans la même rue.
Il
y a un trou profond dans le trottoir.
Je
le contourne.
Chapitre
5
Je
prends une autre rue.
-Portia
Nelson-
Chapitre
6 : Découvrir le papillon dans votre cocon
A
la recherche de la santé mentale, bien se connaître est
la tâche la plus importante à accomplir. Une fois que
vous saurez qui vous êtes et ce que vous voulez, vous vous
rendrez peut-être compte que les autres relations se mettent en
place d’elles-mêmes. Il est important de connaitre les
croyances et les présomptions que vous nourrissez à
votre égard et d’être activement engagés à
les cultiver selon les directions que vous souhaitez donner à
votre vie. Quand vous découvrez votre « soi
essentiel », que vous l’acceptez et l’enrichissez,
un soi plus calme, plus stable et plus assuré émergera.
Grâce à la confiance et à l’acceptation de
soi que cela apporte, la vie a un sens et du bonheur, la dépression
et la détresse sont tenus à distance.
L’individualité
étant un élément essentiel de la confiance en
soi, je fais souvent des enregistrements pour mes patients afin de
leur donner un sentiment de leur spécificité unique.
Ci-dessous un exemple :
Je
m’appelle John Doe et je suis unique et différent. Il
n’existe personne comme moi parmi les milliards de combinaisons
de variables dans le monde. Il se peut qu’une poignée de
personnes ait certains de mes attributs mais au final, personne n’est
exactement comme moi. Par conséquent, je constate que tout ce
qui provient de moi est unique et authentique et a un caractère
exceptionnel et rare.
Le
plus important est le fait que je m’appartiens. Mes yeux sont à
moi, avec tout ce qu’ils voient. Mes oreilles sont à
moi, avec tous les sons et les paroles qu’elles entendent. Mes
sentiments m’appartiennent, avec toutes mes émotions –
que ce soit la joie, l’amour, la colère ou
l’enthousiasme. Mes comportements m’appartiennent, qu’ils
soient axés sur moi-même ou vers les autres. Mes
victoires m’appartiennent, mes échecs aussi.
Je
sais qu’au cours de ma vie, il y aura des choses que j’ignore
sur moi-même. Mais dans la mesure où je choisis d’être
complaisant et dans l’acceptation de moi-même, je peux
trouver le courage d’examiner ces choses et d’apporter
tous les changements nécessaires. Quelles que soient mes
attitudes et mes paroles, quoi que je dise ou fasse, quoi que je
pense ou ressente à un moment donné, c’est bien
de moi qu’il s’agit. Lorsque j’examine plus tard
mes attitudes et mes paroles, mes pensées et mes actions, je
peux décider qu’elles ne me conviennent pas. Mais comme
elles m’appartiennent, j’ai le pouvoir de modifier ou de
me débarrasser de celles qui ne sont pas correctes ou pas
bonnes pour moi. De plus, je peux les remplacer par d’autres
façons d’être, nouvelles et créatives. Je
garde ce qui s’est avéré bon et juste.
En tant
que propriétaire de ma vie, je suis son ingénieur et
son architecte. Je prends de plus en plus conscience de l’importance
du libre arbitre et du pouvoir de choisir. Lorsque Dieu m’a
donné le pouvoir de choisir, il m’a également
promis que si j’en faisais usage avec justice et créativité,
je serais une personne productive.
Je
ne peux pas me contenter de survivre, je peux faire une différence.
Je constate que la perfection est un processus, tout comme la vie. Et
lorsque je commence à considérer la vie comme un
processus et non pas comme une simple destination, j’apprends à
apprécier de plus en plus mon chemin de vie et à me
sentir de mieux en mieux.
Nous
ne pouvons pleinement apprécier les avantages d’une
auto-évaluation honnête, sans avoir découvert
notre individualité. L’image de nous-mêmes que
nous renvoient les différentes personnes ou institutions n’est
qu’un reflet déformé, tout comme les images que
nous renvoient les miroirs dans les fêtes foraines de notre
société moderne, nous affichant plus grands, plus gros
et plus bêtes ou moins gentils que ce que nous sommes
réellement. Nous devons être préparés à
chercher et à être mis à l’épreuve.
En tant que membres de l’Église, nous avons une aide
spéciale dans cette recherche : la bénédiction
patriarcale et d’autres bénédictions nous
apportent souvent un aperçu de la façon dont le
Seigneur nous voit, la seule perception qui soit totalement juste.
Analyse
transactionnelle
L’analyse
transactionnelle (AT) impose un cadre à l’auto-évaluation.
C’est un outil précieux de catalogage et d’évaluation
de nos comportements et sentiments et pour la compréhension de
la dynamique de nos interactions avec les autres et nous-mêmes.
L’AT porte sur l’interaction de la dynamique interne
(différents états du moi) en chacun de nous. L’approche
transactionnelle de l’analyse dit qu’il y a différents
états du moi en chaque personne et que nous devrions essayer
d’établir un équilibre entre eux.
Les états
du moi ne sont pas des personnalités mais plutôt un
ensemble de sentiments, d’émotions, de suppositions et
de conclusions. Chaque état du moi comporte des sentiments et
des pensées différents, souvent conscients les uns des
autres. Le conflit entre les différents états du moi
sont bien réels et quelquefois intenses. Lorsque des personnes
disent des choses comme « il me semble qu’un combat
a lieu en mon for intérieur », il est possible
qu’elles soient en train de vivre un conflit entre leurs
différents états du moi.
Il
est utile de savoir que nous avons des états du moi différents
et que chacun de ces états a des orientations, des
préférences, des peurs, des valeurs, des croyances et
même des comportements divers. Beaucoup de gens ignorent que
les sentiments des autres peuvent varier selon leurs états du
moi. Il arrive souvent qu’un patient me demande des choses
comme « Est-ce que c’est réellement ce que ma
femme (mon fils, mon supérieur) pense de moi ? »
Je réponds habituellement qu’à ce moment précis
et dans cet état du moi, ces personnes pensaient probablement
ainsi. Ceci n’implique pas nécessairement qu’elles
pensent ainsi tout le temps, mais uniquement dans cet état du
moi et à ce moment précis.
Pour
nous aider à comprendre la dynamique du moi, je pense qu’il
serait intéressant de regarder l’illustration suivante
qui identifie quatre états principaux du moi : le parent
normatif, le parent nourricier, l’enfant (rebelle et avec ses
capacités d’adaptation) et l’adulte équilibré.
Le but ultime de cette approche est d’arriver à l’état
de l’adulte équilibré.
Modèle transactionnel
Le
parent normatif
: Craintif,
prudent, s’exprime en absolus, met des doubles contraintes,
toujours juste sur le fond, critique, rigide, négatif
Le
parent
nourricier : Totalement
dévoué, aimant, éduquant
L’adulte
équilibré : Objectif,
rationnel, similaire à un ordinateur, impassiblement
pratique
L’enfant libre : Curieux,
amusant, spontané, agréable,
franc, perfectionniste
L’enfant soumis : craintif, réprimé, en colère, offensant, rebelle, souvent déprimé
Regardons
maintenant certaines des caractéristiques de ces états
du moi. Par souci de clarté, je nommerai les états du
moi « Parent », « Enfant »
et « Adulte ».
Commençons par le Parent.
L’état
du moi Parent, présent dans chacun de nous, aime axer son
argument sur les principes. Étant donné que
l’argumentation sur les principes est considérée
comme une activité pour les sages, le Parent donne l’apparence
d’avoir toujours raison. Mais avoir « raison »
peut quelquefois être injuste et dégradant pour
l’enfant. Le Parent en nous pourrait dire « Si tu
allais à la réunion de Sainte Cène dans un
meilleur état d’esprit, tu retirerais davantage des
réunions de l’Église ». « Si
tu lisais les Écritures plus régulièrement, tu
comprendrais mieux l’Évangile ». « Si
tu travaillais à l’histoire familiale, tu comprendrais
mieux l’œuvre du temple ».
Toutes ces choses
sont justes mais si notre Parent interne utilise ces vérités
pour nous combattre et nous démolir nous-mêmes, ces
commentaires deviennent si écrasants que nous voulons
littéralement abandonner. Plutôt que des mots
d’encouragement, ils deviennent des exigences qui nous
accablent et engendrent rébellion et découragement.
L’état
du moi Parent normatif peut également être doublement
contraignant, de sorte que quoi que nous fassions, c’est mal.
Prenons comme exemple la consultation chez un thérapeute. Le
Parent normatif en nous pourrait dire à l’Enfant en nous
« Eh bien, tu as toujours été un faible. Tu
es le genre de personne qui a toujours été dépendante
des autres et je pense que les gens faibles comme toi devraient
consulter ». Si vous n’allez pas consulter le
thérapeute mais que vous avez réellement besoin d’aide,
le Parent normatif pourrait alors dire « Eh bien, tu as
toujours été têtu ; tu n’acceptes
jamais les conseils des autres et tu rejettes toute aide ».
Quel que soit le choix que nous fassions, le Parent en nous peut
avoir tendance à être sévèrement critique
et doublement contraignant.
L’état
du moi Parent normatif peut rendre impossible que nous acceptions des
éloges de quelque nature que ce soit. Lorsque nous sommes
complimentés d’une quelconque façon, le Parent en
nous peut écarter l’éloge. Évidemment,
ceci a une grande incidence sur nos relations interpersonnelles car
les autres peuvent se lasser de voir leurs compliments discrédités.
Inversement,
dans certains cas l’état du moi Parent normatif peut
harceler le moi Enfant, et le pousser non pas vers l’isolation
mais vers la dépendance. Ceci arrive lorsqu’il y a une
critique constante de l’état du moi Parent qui conduit
une personne à rechercher en compensation le soutien des
autres de manière extrême, compulsive ou malsaine.
Cependant,
si l’état du moi Parent nourricier en nous peut prendre
en charge une forme de soutien, la dépendance des autres peut
être évitée. Le Parent nourricier est aimant,
gentil et dans l’acceptation ; il donne un amour
inconditionnel. Ceci peut paraître merveilleux mais un bon
équilibre est néanmoins essentiel car si le Parent
nourricier en nous est hyperactif, il a tendance à soigner les
autres au détriment de soi. Si votre Parent nourricier devient
dominant, vous serez facilement exploité et vous risquerez de
vous éreinter, tout en ressentant que vous n’en faites
jamais assez pour les autres. (C’est sans aucun doute un des
facteurs qui contribue à la codépendance). Agir ainsi
du point de vue du Parent nourricier, sans l’équilibre
de la logique et de la raison qu’apporte l’Adulte
constitue une faiblesse personnelle.
Par
exemple, je connais une veuve qui a dépensé les
économies de toute une vie en combats juridiques pour sauver
son fils de la prison alors qu’il était un criminel
endurci. Le Parent nourricier chez cette femme exerçait un tel
contrôle qu’elle était incapable de regarder la
réalité en face et de surmonter son désir
d’aller au secours de son fils. Typiquement, le Parent
nourricier est poussé par un sentiment de culpabilité
et une complaisance excessive dans une zone d’excès
malsain, ce qui peut par la suite amener les enfants à être
trop complaisants envers eux-mêmes.
J’ai récemment
vu un exemple de cela lorsqu’une mère a jugé
nécessaire de faire admettre son fils adolescent à
l’hôpital, dans le service de psychiatrie. Son fils était
totalement incontrôlable. Il arpentait les corridors en
courant, en insultant sa mère et en donnant des coups de pieds
dans les portes. Au lieu de quitter les lieux comme suggéré
afin que les docteurs puissent plus facilement calmer le garçon,
la mère restait là et s’excusait encore et encore
auprès de son fils de l’avoir fait entrer à
l’hôpital.
Lorsqu’elle finit par partir, le garçon
se calma. Cette mère était tellement rongée par
la culpabilité, alimentée par son état du moi
Parent nourricier déséquilibré, qu’elle
n’était pas capable de réagir rationnellement. On
voit clairement que l’état du moi Parent nourricier,
potentiellement bon, peut devenir dangereux si la logique de l’état
du moi Adulte n’est pas intégrée.
Par
contre, si l’état du moi Parent normatif devient
dominant, il est courant d’entendre des messages du genre « Les
sentiments négatifs doivent être supprimés et
oubliés », « Le corps et ses fonctions
sont sales » et « Tu ne devrais te soucier que
des autres et pas de toi-même ».
L’état
du moi Parent normatif a tellement tendance à donner à
l’Enfant un sentiment d’oppression et d’infériorité
que beaucoup veulent l’attaquer et tentent de le chasser de
leur esprit. Au lieu de cela, nous devrions laisser intervenir autant
que possible l’état du moi Adulte équilibré,
sans menacer l’état du moi Parent normatif.
L’état
du moi Parent normatif est comparable à une mère ourse
dans les bois. Si nous nous interposons entre elle et ses oursons,
elle nous mettra en morceaux. De la même façon, l’état
du moi Parent normatif attaquera férocement s’il est
menacé d’éradication.
Je
constate souvent que des thérapeutes essaient d’utiliser
les états du moi Enfant ou Adulte pour attaquer l’état
du moi Parent normatif en lui disant « Sors de ma vie, je
ne veux rien avoir affaire avec toi ». Bien qu’en
surface, cela puisse paraître une bonne chose, l’état
du moi Parent reviendra en force et de manière plus subtile.
Tout parent constate qu’il n’y a pas de mission plus
écrasante ou qui apporte un tel sentiment d’impuissance
et d’inadéquation que le rôle de parent. Si nous
ajoutons des menaces, des accusations ou une aliénation, à
la peur d’inadéquation d’un parent, ce dernier va
habituellement riposter. C’est ce que fera l’état
du moi Parent.
Lorsqu’il
est menacé, l’état du moi Parent chez un patient
sabotera tout effort thérapeutique, que ce soit explicite de
la part du thérapeute ou caché de la part du patient.
En établissant et en clarifiant de bonnes valeurs fondées
sur une logique solide et en travaillant sur un modèle de
respect, nous devons rassurer calmement l’état du moi
Parent en lui signifiant que nous acceptons pleinement les principes
en lesquels il croit. Cette partie de notre mental est en fait très
importante. Lorsqu’elle est nourrie de données exactes
et adéquates, elle peut jouer un rôle majeur dans notre
conscience.
L’état du moi Parent essaie de faire de son
mieux pour nous garder sur le droit chemin. Des problèmes
surgissent parce que, comme on l’a vu au chapitre 1, un grand
nombre des directives que nous avons introduites dans nos
« ordinateurs » du moi Parent sont basées
sur des traditions, des opinions et des préférences
individuelles qui ne cadrent pas avec nos besoins personnels et
peuvent entraver notre parcours. Notre état du moi Adulte
équilibré a la capacité de raisonnement
permettant d’écarter des croyances inutiles, il peut
aider l’état du moi Parent dans ses responsabilités
mais ne peut pas assumer ces responsabilités en se
« débarrassant » du moi Parent.
Comme
indiqué, l’Enfant a deux états du moi. Le premier
est l’Enfant soumis qui n’en fait jamais assez pour se
conformer et essayer de s’adapter continuellement à tous
les souhaits du Parent normatif. Cet Enfant est en nous constamment
mais passivement, il intègre tous les problèmes, la
culpabilité et les frustrations de l’état du moi
Parent. Donc l’Enfant apaise en reconnaissant et exprimant la
culpabilité ; mais après avoir fait preuve
suffisamment longtemps de docilité dans la culpabilité
et que le Parent ne relâche toujours pas sa pression, l’état
du moi Enfant peut encourager le retrait, le désespoir, la
dépression et même des pensées suicidaires.
La
compréhension de ce concept peut nous donner une motivation
supplémentaire pour examiner nos croyances, éliminer
nos espoirs irréalistes, notre perfectionnisme et toutes
autres fausses croyances qui contribuent à ce cycle déprimant.
Le
second état du moi Enfant (l’Enfant rebelle) surgit une
fois que l’état du moi Enfant soumis a tenté de
faire plaisir à l’état du moi Parent et de
l’apaiser mais n’y a pas réussi. Cette période
d’insoumission conduit habituellement l’état du
moi Parent à se réaffirmer avec force ; le
résultat prévisible est une culpabilité
renouvelée. Le cycle continue bien sûr, avec encore plus
de rébellion qui se manifeste par des accès de colère,
des comportements passifs agressifs, des troubles du comportement, de
la toxicomanie ou le suicide. Le pouvoir destructeur flagrant de la
dernière possibilité, le suicide, est symbolique des
puissances destructrices des autres phases de ce type de rébellion.
Les victoires de ces batailles sont des victoires à la Pyrrhus
(victoire à tout prix) où en fait tous sont perdants.
Chacun
de ces états du moi peut devenir problématique si
poussé à l’extrême – l’équilibre
n’étant possible qu’avec l’intervention de
l’état du moi Adulte équilibré.
Afin
de mieux comprendre le fonctionnement interne de ces différents
états, j’ai conçu une illustration qui examine
quatre enjeux, du point de vue de chacun des états du moi.
Enjeu
n° 1 : Consultation d’un thérapeute
|
Parent
normatif
|
Enfant
soumis ou rebelle
|
Adulte
équilibré
|
Tu es
malade et dois consulter un thérapeute. Tu as toujours été
faible et dépendant.
|
Il vaut
mieux que j’aille voir un thérapeute pare que je
suis si faible.
|
Voir un
psychologue pourrait m’aider. Je vais étudier le
coût et la disponibilité de bons services
professionnels.
|
ou
|
ou
|
Donc
maintenant tu as décidé de ne pas y aller ! Tu
es vraiment têtu.
|
Laisse-moi
tranquille ! Je hais la façon dont tu essaies
toujours de me faire passer pour malade.
|
|
Enjeu
n° 2 : Aller à l’Église
|
Parent
normatif
|
Enfant
soumis ou rebelle
|
Adulte
équilibré
|
Si tu
ne vas pas à l’église, tu vas décevoir
Dieu et déshonorer ta famille. Dieu ne t’aimera plus
si tu n’y vas pas.
|
Si je
n’y vais pas, je n’obtiendrai aucun privilège :
pas de voiture, pas d’amis, etc.
|
Quelques
heures par semaine est un petit prix à payer pour avoir la
paix dans ma vie.
|
ou
|
ou
|
Il vaut
mieux que tu y ailles afin qu’il ne t’arrive pas
malheur.
|
Tu
me fais détester l’Église. Je ne ferai que la
haïr et tu ne peux pas me la faire aimer.
|
|
Enjeu
n° 3 : Prendre des médicaments
|
Parent
normatif
|
Enfant
soumis ou rebelle
|
Adulte
équilibré
|
Étant
donné que tu es faible et défaillant, tu dois
prendre des médicaments.
|
Il vaut
mieux que je prenne mes médicaments parce que je suis
malade et faible.
|
Il est
utile en ce moment que je prenne des médicaments - mon
docteur estime que c’est mieux et je recherche son avis et
opinion.
|
ou
|
ou
|
Je ne
sais pas pourquoi tu dois t’appuyer sur des médicaments.
Je présume que tu as toujours été un faible.
|
Je
ne me laisserai empoisonner par personne. Tu veux simplement
prendre le dessus sur moi.
|
Enjeu
n° 3 : Acheter une voiture
|
Parent
normatif
|
Enfant
soumis ou rebelle
|
Adulte
équilibré
|
Tu veux
acheter une voiture neuve ? Es-tu fou ? La
dépréciation, les remboursements et l’assurance
vont te mettre dans la précarité.
|
Je ne
peux vraiment pas me permettre de faire une erreur.
Qu’arrivera-t-il si je perds mon emploi ou choisis la
mauvaise voiture ?
|
Je vais
évaluer les prix, l’assurance, le financement et les
garanties en fonction de mes revenus et de mes besoins et ensuite
je prendrai la meilleure décision possible.
|
ou
|
ou
|
Tu vas
acheter une voiture d’occasion ? Tu es vraiment bête
d’acheter les soucis d’un autre.
|
J’achèterai
ce que je veux. Tu n’as pas le droit de me dire ce que je
dois faire.
|
Selon
moi, le but est de fonctionner la plupart du temps dans l’état
du moi Adulte équilibré, c’est-à-dire dans
la rationalité et l’objectivité, en conjugaison
avec les bons sentiments d’amour et le don de soi du Parent
nourricier ainsi que l’amusement et la curiosité de
l’Enfant libre. Il est important de reconnaitre que les
attributs de l’Enfant libre et du Parent nourricier sont vitaux
dans l’équilibre de la personnalité. Sans eux,
l’état du moi Adulte équilibré est
ennuyeux, car vide de sentiments et d’émotions.
L’Adulte
pur et simple ne regarde la vie que de façon objective,
logique et rationnelle. Il est certain que si nous n’avions
qu’un côté Parent nourricier ou bien un côté
amusant et un esprit libre, mais sans logique ou objectivité à
mettre dans la balance, nous serions rapidement en difficulté.
Le but est de minimiser la dynamique négative entre le Parent
normatif et l’Enfant rebelle ou l’Enfant soumis par une
activité et une participation accrues de l’état
du moi Adulte équilibré.
Sally,
une femme mariée à la fin de sa trentaine, m’a
consulté pour de nombreuses doléances. Outre ses
problèmes de dépression et sa confusion sur ce qu’elle
devrait faire et être dans la vie, elle avait des plaintes
d’ordre physique. Dans l’espoir de corriger ses problèmes
physiques, elle s’était faite opérée
plusieurs fois, en particulier au niveau de la zone abdominale.
Cependant, après les interventions chirurgicales, ses douleurs
perduraient et semblaient même devenir plus mystiques et
difficiles à définir. Les docteurs ne trouvant aucune
raison d’ordre physique à ses douleurs, ils en
déduisirent qu’elle souffrait d’un trouble
somatique. De telles personnes vivent avec des confits non résolus
qu’elles ont tendance à internaliser ; Par
conséquent, leurs anxiétés, inquiétudes
et peurs se manifestent physiologiquement.
De
par ses expériences passées, Sally recevait certains
messages erronés de son état du moi Parent normatif :
« je dois bien travailler à l’école »,
« je ne supporte pas quand ma maison est en désordre »,
« qu’est-ce que les gens vont penser si… ? »
et « chacun reçoit ce qu’il mérite ».
De
plus, les messages provenant de son moi Parent reflétaient
certains dictons et opinions excessifs qui sont quelquefois mis en
avant comme doctrine dans les réunions de l’Église.
Au lieu de se sentir édifiée et encouragée, elle
les ressassait, les entretenait et avait un sentiment d’inadéquation.
Ensuite, elle a commencé à s’imposer des
exigences perfectionnistes qui l’ont conduite à se
considérer en contraste total avec « L’intelligence
est la gloire de Dieu », « La propreté
va de pair avec la piété » et « Soyez
donc parfait comme votre Père céleste est parfait ».
Même des écritures édifiantes étaient
utilisées non pas comme inspiration ou encouragement mais
comme matraque et dénigrement.
L’état
du moi Enfant de Sally réagissait avec des ripostes telles que
« Je n’y arriverai jamais », « Si
seulement je pouvais être aussi bien que les autres »,
« Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à en
faire plus ? », « Je ne mérite pas
mes bénédictions ».
Il
a fallu du temps à Sally pour affronter son moi Parent et
soulager son moi Enfant des lourds fardeaux dont il était
chargé. Certains des commandements, des règles et des
croyances situés dans son moi Parent et Enfant étaient
tellement ancrés dans sa personnalité qu’ils
avaient atteint le statut de « vaches sacrées ».
Une
fois que Sally a été capable de redéfinir les
circonstances de sa vie un peu plus en termes d’Adulte
équilibré, ses symptômes ont commencé à
s’alléger. Alors qu’elle a été en
mesure de remanier une grosse partie de ses commandements, en les
regardant d’un point de vue plus réaliste et en les
acceptant de façon plus adulte et rationnelle, elle a commencé
à réussir beaucoup mieux dans son mariage, sa vie
sociale et sa vie de famille.
Elle
a commencé à transformer des idées comme « Ce
qui mérite d’être fait mérite d’être
bien fait » en « Certaines choses méritent
d’être bien faites, d’autres méritent
seulement d’être faites, et d’autres ne méritent
absolument pas d’être faites », et a pu
trouver ainsi un équilibre bien plus heureux dans sa vie.
Sally
avait essayé de retourner à l’université
mais elle était tellement perfectionniste qu’elle
renonçait périodiquement à ses cours par peur de
ne pas être capable d’obtenir la plus haute note. Elle
abandonnait ses cours habituellement au milieu du semestre, en se
servant comme excuse de petits problèmes de santé et de
situations familiales qu’elle pouvait interpréter comme
des crises.
Une
fois qu’elle a compris qu’il valait mieux réussir
un examen avec une note un peu moins bonne plutôt que de
renoncer à ses études et n’avoir aucun diplôme
attestant de son travail, sa pression interne a semblé tomber.
Lorsque
Sally s’est habituée à l’idée qu’il
valait mieux un peu nettoyer sa maison plutôt que de ne pas la
nettoyer du tout, elle a commencé à se sentir plus
efficace. Une autre découverte a été la
réalisation qu’elle n’avait pas à se
comparer aux autres mais seulement à elle-même. Ceci lui
a permis de soulager l’esprit de compétition qu’elle
entretenait.
En
bref, non seulement les symptômes physiques de Sally se sont
calmés mais elle est devenue une personne plus agréable
en société. Son sens de l’humour s’est
développé, elle a commencé à sourire plus
souvent et son attitude et apparence en général
semblaient beaucoup moins austères et sévères.
Le
modèle transactionnel (AT) fournit un argumentaire convaincant
sur l’importance d’un solide respect de soi. La plupart
des personnes qui luttent dans des difficultés connaissent la
dynamique négative et souvent subtile entre le Parent normatif
et l’Enfant. Ces personnes n’ont jamais réellement
fait l’évaluation de l’ensemble de leurs propres
valeurs et croyances. Elles réagissent comme des enfants
soumis ou rebelles face aux valeurs, principes, règles et lois
imposés par des parents critiques, sans les avoir jamais
analysés eux-mêmes. Sans le respect de soi, pour nos
propres valeurs et croyances dûment réfléchies,
nous sommes voués à une vie de vulnérabilité,
de désespoir, de colère et de ressentiment.
Peu
de temps après son mariage avec un homme qu’elle
adorait, Jill s’est trouvée en situation de grand
conflit. Ayant eu recours à des séances de
consultation, elle a été enseignée au sujet des
différents états du moi et a été capable
de déceler que son Parent normatif s’acharnait en
critiques contre l’homme qu’elle avait choisi, alors que
l’Enfant en elle était grandement enthousiaste et ravi
de lui. Bien que son époux incarnât un bon nombre des
caractéristiques qu’elle appréciait, telles que
l’honnêteté, la franchise et l’aptitude à
aimer, il ne répondait pas littéralement à la
« liste des lois » que l’enseignement
qu’elle avait reçu l’incitait à rechercher
et à apprécier.
Elle a décidé de trier
les divergences entre ses propres valeurs et préférences
et celles qui lui étaient imposées. En respectant son
propre droit de choisir et de prioriser les valeurs, elle a pu calmer
le conflit dans lequel elle était engagée et elle a
rassuré son état du moi Parent normatif par le fait
qu’elle ne tournait pas le dos aux valeurs primordiales.
Modèle
d’estime de soi
Un
modèle AT peut nous aider à inventorier et par
conséquent à évaluer la manière dont nous
agissons, pensons et ce que nous ressentons afin que nous puissions
fonctionner de plus en plus souvent dans l’état du moi
Adulte équilibré. Mais toutefois, au final, nous avons
besoin de développer un modèle d’estime de soi
qui nous permette de le faire.
Il
est généralement enseigné : « Vous
connaîtrez la vérité et la vérité
vous affranchira ». L’estime et le respect de soi
devraient être solidement ancrés dans notre recherche de
la vérité qui ne doit pas être fondée sur
des malentendus, des idées fausses, des déformations,
des assertions mensongères ou sur toute autre égarement
déformé ou imaginaire auquel nous nous accrochons
souvent de façon obstinée. L’estime et le respect
de soi ne sont pas directement mesurables et ne devraient pas être
considérés en termes analytiques directs. Au contraire,
ils viennent de l’acceptation, de la compréhension et de
l’indépendance fermes et tranquilles de ce que nous
représentons en réalité.
Selon
mon expérience, les personnes qui ont une véritable
estime de soi se conforment à un ensemble de buts individuels
et pertinents, enracinés dans la vérité. Tout
aussi important, l’individu est disposé à
travailler, à faire des sacrifices (souffrir, endurer,
retarder la satisfaction de ses désirs, faire des efforts) et
à respecter les exigences requises pour atteindre ces buts et
valeurs.
Ces
personnes sont tellement engagées et zélées
qu’elles ne se concentrent pas sur les sacrifices requis et ne
s’en plaignent pas. Alors qu’il existe de nombreuses
mises en scène cinématographiques de personnages
historiques qui ont donné toute leur vie à une cause,
il y a autour de nous ceux qui sans bruit font l’œuvre du
Seigneur, avec un dévouement extrême et sans se
préoccuper du regard des autres.
Un tel dévouement
transparaît chez ce vieil homme de quatre-vingt-six ans qui
argumente au centre missionnaire de l’Église qu’il
est capable de servir une mission et qui est prêt à
lutter contre quiconque lui refuse ce privilège. D’autres
personnes âgées se lèvent à 2h30 du matin
pour aller au temple et tout préparer pour les usagers qui
arrivent tôt. Lorsque les personnes ont réellement
l’estime et le respect de soi, ils jouissent d’une vie
qui a un but, une signification, un équilibre, de l’espoir
et de l’acceptation de soi.
Chapitre
7 : Apprenez à reconnaître ce qui est et ce qui
n’est pas
Quelquefois,
la perception que nous avons de nous-mêmes n’est pas
fondée sur la réalité – ce qui fait que
l’auto-évaluation est un défi énorme. Le
défi devient encore plus compliqué si nous utilisons le
Nouveau Testament comme outil de mesure – la perfection –
qui peut nous paraitre si accablant. Pourtant, si nous nous jugeons
nous-mêmes selon un modèle d’estime de soi que
nous acquérons par la maturité, la compréhension,
la prière et l’engagement vis-à-vis d’un
ensemble de valeurs basé sur la réalité, nous
commencerons à mieux nous aimer nous-mêmes.
Lorsque
nous lisons les paroles de Jésus « Soyez donc
parfaits, comme votre Père céleste est parfait »
(Mt 5:48), nous devons nous souvenir que notre Père céleste
est devenu
parfait. La note de bas de page dans les nouvelles Écritures
nous dit que parfait signifie « fini, complet, pleinement
développé ». La perfection n’est pas
arrivée d’un seul coup pour lui et cela n’arrivera
pas pour nous non plus. La perfection est un processus étape
par étape qui ne se termine jamais pendant la vie mortelle.
La
santé et le bonheur mentaux sont subordonnés en grande
partie à l’estime de soi, cette dernière
résultant d’une auto-évaluation précise
grâce à laquelle nous pouvons jouir d’une solide
estime de soi.
Je
rencontre beaucoup de patients qui se sont aliénés
d’eux-mêmes. La différence entre ce qu’une
personne aimerait être et ce qu’elle perçoit être
est un indicateur fiable de son niveau d’insatisfaction envers
elle-même. Bien que peu de personnes ne correspondent à
leur soi idéal, il n’est pas possible de gérer la
situation si nous en sommes trop éloignés. Il est
évident que les idéaux que se fixent certaines
personnes sont bien trop élevés. Ces personnes doivent
évaluer honnêtement leurs efforts et leurs aptitudes, et
comprendre que si elles continuent à aspirer à
l’inaccessible, elles en subiront les conséquences
désastreuses.
Nous
devons prêter attention à ne pas nous définir
négativement. Trop parmi nous se discréditent et se
dévalorisent. Nous devons nous rendre compte que nous avons
des attributs d’exception qui répondent à nos
missions et responsabilités uniques sur cette terre.
Un
aspect important de l’estime de soi est l’image que nous
pensons que les autres ont de nous. Presque tous voudraient que les
autres les apprécient et les acceptent. Dans la mesure où
il s’agit d’un désir d’ordre général,
ceci peut être acceptable. Mais lorsque nous décidons
qu’obtenir tout le temps les suffrages de tous est une ultime
nécessité ou un besoin absolu, nous nous préparons
à beaucoup de douleurs et de souffrances car ce but est
impossible – il y aura toujours des personnes qui auront
tendance à se montrer critiques envers nous.
Réfléchissez
à ceci : quelle proportion de votre respect de soi repose
sur la façon dont les autres vous voient ? Si votre
« modèle » du respect de soi vous impose
une double contrainte ou a un effet réducteur sur vous, il se
peut bien qu’il soit basé sur une contrevérité
– vous avez tout simplement grandi avec et l’avez
assimilé, peut-être comme une opinion ou une affirmation
que les professeurs ou vos parents vous ont imposées. Par
exemple, ils ont pu vous dire que vous aviez les deux pieds dans le
même sabot et vous l’avez accepté comme une
réalité à cause de votre manque d’expérience
à évaluer vos propres capacités. De tels
jugements pouvaient même avoir été vrais à
l’époque mais parce que vous les avez crus, il est
possible qu’ils deviennent partie intégrante de votre
respect de soi, à moins que vous les contestiez.
Il
n’est pas rare que des personnes subissent des changements
importants dans le niveau de leur respect de soi selon les
situations. Un neurochirurgien peut se sentir bien et important
lorsqu’il fait une opération de chirurgie cérébrale.
D’autres peuvent avoir « la pêche »
tandis qu’ils sont impliqués dans la campagne de
bienfaisance annuelle et se sentir nuls les 51 semaines restantes de
l’année. Un modèle sain de respect de soi est
constant et ne doit pas dépendre de notre performance ou de
l’opinion des autres. Il nous aide à nous sentir bien
même si nous avons fait des erreurs ou si nos performances ne
sont pas des mieux. Une perception approfondie de nous-mêmes
peut contribuer à une bonne santé mentale.
En
fin de compte, une bonne santé mentale exige que nous vivions
selon notre propre modèle de respect. Beaucoup de gens sont
trop occupés à tenter de plaire à tous, en
essayant d’être ce que les autres veulent qu’ils
soient. C’est une bonne chose d’avoir des modèles
et d’accepter les encouragements mais si nous ne sommes que des
caméléons, nous finirons malheureux et déprimés.
À terme, nous ne pouvons pas rendre tout le monde heureux.
Notre première responsabilité est envers nous-mêmes. Nous
devons comprendre qu’un « modèle de respect
de soi » est bien plus que la simple somme de ses parties.
C’est vraiment une question de bons sentiments vis-à-vis
d’un ensemble de critères, de valeurs et de croyances.
L’élément clé est le sentiment de pouvoir
dire « je vais dans la bonne direction. Je me sens bien et
ce sentiment vient du plus profond de mon être et pas des
autres ».
Épreuves
de réalité
Aider
des personnes à faire ce que nous appelons des épreuves
de réalité est probablement le principal objectif de la
santé mentale. Comme son nom l’indique, ces épreuves
consistent à s’assurer que nos jugements, estimations et
hypothèses cadrent avec la réalité.
Nos
estimations et interprétations, qu’elles soient
positives ou négatives, sont liées à de nombreux
facteurs : l’estime de soi, les préjugés,
les attitudes et les orientations. Un volet important de mon travail
de thérapeute est d’aider les gens à définir
leurs réalités différemment ou du moins plus
précisément. Stephan J. Hall a dit : « Votre
jugement et votre interprétation sont proportionnels aux
informations que vous détenez ». Beaucoup de
troubles psychiatriques et de la personnalité sont le reflet
d’informations insuffisantes et de la difficulté dans la
perception de la réalité.
Par
exemple, une personne que vous connaissez plutôt bien vous
croise dans l’allée d’un magasin, regarde droit
vers vous mais continue son chemin sans accorder aucune attention à
votre présence. Il est probable que vous jugerez ce
comportement insultant et déconcertant. Il est facile
d’observer un comportement mais quelquefois difficile de
l’interpréter. La plupart d’entre nous sauteraient
immédiatement à une conclusion ou une autre mais nous
savons tous que sauter à des conclusions ou faire des
suppositions hâtives met souvent les gens en grande difficulté.
Prenons cet exemple concret, analysons ce que nous avons observé
et tirons certaines interprétations possibles. Supposons que
la personne qui vous a croisé est votre évêque.
Voici quelques interprétations possibles :
- L’évêque
est une personne dénuée de toute sensibilité et
je lui importe peu.
- Je
suis une personne qui ne vaut pas la peine d’être prise
en considération.
- L’évêque
est dans un mauvais jour et il n’est pas conscient de son
environnement.
- L’évêque
est gêné d’être près de moi.
- L’évêque
est conscient de mon état de pécheur et par conséquent
il ne veut pas me reconnaître.
- L’évêque
m’ignore car il sait que quelque chose ne va pas dans ma
famille.
- L’évêque
est préoccupé par quelque chose.
Laquelle
de ces interprétations est juste ? C’est trop tôt
pour le dire et il n’est pas approprié de parvenir à
une conclusion sans avoir des informations complémentaires.
Les conclusions hâtives peuvent être dévastatrices
pour ceux qui sont jugés de façon inappropriée
et pour la personne qui émet ce jugement. Beaucoup de ces
suppositions incorrectes sont faites par des gens qui ont tendance au
négativisme, à la culpabilité ou doutant
d’eux-mêmes. Ces personnes projettent leurs sentiments
sur d’autres, en tirant rapidement des conclusions souvent
totalement fausses sur une situation donnée.
Par
exemple, un homme qui m’a consulté par le passé
dirigeait la succursale d’une grande banque. Au 1er
janvier, lorsque les hausses salariales ont été
attribuées, cet homme a découvert qu’il n’avait
que 5% d’augmentation. Il s’était attendu à
beaucoup plus. Depuis qu’il avait pris la direction de cette
succursale trois ans auparavant, sa succursale avait statistiquement
largement dépassé les performances des autres
succursales. Il y avait eu moins de pertes, de meilleurs prêts
et plus de bénéfice. Il estimait que foncièrement
la qualité de son travail n’avait pas été
reconnue et il était déçu et en colère.
Son interprétation de la situation était que « personne
ne lisait les rapports statistiques », « faire
un bon travail ne compte pas » et « les
salaires sont sujets à des considérations politiques ».
Je
lui ai dit que je n’étais pas en mesure de dire si ses
interprétations étaient correctes. Je n’avais pas
les informations nécessaires mais je l’ai encouragé
à mettre ses pensées sur le papier et à aller
voir un des vice-présidents de la banque pour lui faire part
avec tact de ses observations et interprétations. Je lui ai
rappelé de suivre les directives favorables à la
résolution de problèmes, avec l’emploi du
« message-je », sans lever la voix, etc. Cet
homme a finalement pris son courage à deux mains et s’est
adressé à un des vice-présidents.
Pendant
cet entretien, il a appris que la banque n’avait pas obtenu de
bons résultats cette année-là et qu’une
augmentation de 5% était bien plus que ce que tous les autres
directeurs de succursales avaient obtenu. Certains des directeurs
avaient même perdu le bénéfice d’une
voiture de fonction. Lorsque cet homme est ressorti de son entretien,
sa situation n’avait pas changé, il n’avait
toujours que 5% d’augmentation, mais sa définition de la
réalité et donc ses sentiments étaient
radicalement modifiés. Bien que rien n’ait changé
mis à part sa compréhension des faits, il ne se sentait
plus en colère ni mal reconnu.
Pour
optimiser les épreuves de réalité, j’incite
les personnes à analyser elles-mêmes leurs impressions
en les examinant sous quatre perspectives différentes. Pour
ceci, je leur demande d’établir quatre listes
différentes d’adjectifs qui représentent leur
quatre différents Moi (voir la liste des adjectifs/expressions
à la fin du livre). Tout d’abord, je leur demande de
remplir la liste qui correspond à leur vrai Moi, c’est-à-dire
à la personne qu’ils pensent être. Ensuite, ils
choisissent les adjectifs qui représentent leur Moi idéal,
la personne qu’ils aimeraient devenir. Puis je leur fais
choisir les adjectifs qui décrivent le Moi redouté, la
personne qu’ils ont peur de devenir. Enfin, ils choisissent les
adjectifs correspondant à leur perception de la présentation
de leur Moi, le Moi qu’ils présentent au monde.
Beaucoup
de patients ont des difficultés avec ce dernier « Moi ».
Nous pouvons appeler ceci le masque ou l’image que nous
permettons au monde de voir. Quelquefois, pour les aider avec ce
« Moi », je leur demande de faire remplir cette
liste par plusieurs personnes qui les connaissent.
Curieusement,
la plupart des évaluations faites par leurs connaissances sont
assez cohérentes et homogènes. Une fois que toutes les
listes sur les différents Moi sont complétées,
nous nous réunissons pour les examiner. Si la personne est
dépressive, il est intéressant de noter que son vrai
Moi - c’est-à-dire la personne qu’elle perçoit
être - et la personne que les autres ont décrite
diffèrent habituellement fortement. La plupart des adjectifs
dans la liste du vrai Moi sont beaucoup plus négatifs que ceux
du Moi que l’on présente aux autres.
Beaucoup
de personnes, en particulier celles qui sont en dépression,
ont des difficultés à ignorer les commentaires négatifs
des autres, même si ces évaluations sont extrêmement
isolées. Je leur demande de s’imaginer qu’ils font
un sondage auprès de trente-et-une personnes au sujet d’un
nouveau restaurant. Ces personnes doivent évaluer le service,
la nourriture et l’ambiance du restaurant sur une échelle
de zéro à cinq.
Supposons
que trente des personnes donnent des notes de quatre ou cinq,
laissant entendre que tous les aspects évalués sont
très bons ou excellents. Cependant, une personne n’a
donné que des zéros, jugeant tous les aspects mauvais
ou très mauvais. Comment rédigerions-nous les
conclusions ? Généralement, nous dirions aux
restaurateurs qu’ils font du bon travail. Nous n’inclurions
peut-être même pas la mauvaise évaluation ou nous
la dévaloriserions fortement car un seul échantillon
n’est pas très représentatif. Nous devrions faire
la même chose avec les commentaires négatifs des autres.
Les
épreuves de la réalité déficientes
peuvent avoir des conséquences désastreuses. Je me
souviens d’une situation où les parents d’un jeune
missionnaire ont appris que leur fils rentrait à la maison
dans des circonstances déshonorables. Il avait été
excommunié. Les parents se sont rendus au comptoir de
l’aéroport et ont déposé de l’argent
dans une enveloppe et une note disant qu’ils ne supporteraient
pas de le voir. Ils ont ajouté qu’ils auraient préféré
le voir revenir mort plutôt que dans ces circonstances. Ils ont
évalué la situation bien pire que ce qu’elle
n’était en réalité. Leur inhabilité
à comprendre que leur fils avait juste fait une erreur et
avait besoin de leur aide et non pas de leur condamnation a entraîné
des conséquences bien plus tragiques. Ce jeune homme a fini
par se suicider.
Les
personnes mentalement saines sont en mesure de tester la validité
de leurs jugements et suppositions en collectant continuellement des
renseignements. Les professionnels de la santé mentale sont
formés pour aider les personnes qui, pour une raison ou une
autre, sont devenues incapables de discerner que leurs propres
perceptions ne correspondent pas à la réalité.
Leurs suppositions et hypothèses, toutes erronées
qu’elles soient, peuvent être devenues leur réalité,
causer des difficultés dans leur vie et devenir source de
grand mécontentement et malheur si rien n’est fait.
Une
des erreurs que font les gens est de comparer leur réalité
à l’imaginaire. Les fantasmes sont parfaits, la réalité
ne peut les concurrencer. Par conséquent, c’est une
erreur de comparer sa vie avec celle d’une héroïne
de feuilleton ou de comparer son conjoint ou ses enfants avec les
gens formidables sur les photos des magazines et dans les romans
sentimentaux. Faire cela nous amène à mal évaluer
ce qui se passe dans ce monde. Rappelez-vous, il est facile
d’observer des comportements mais c’est bien plus
compliqué de les interpréter et d’agir en
conséquence.
Clarification
des valeurs et établissement de buts
Ce
qu’on appelle la clarification des valeurs est une autre
méthode utilisée pour analyser et donner une base au
respect et à l’estime de soi. Par contraste avec un
objectif, une valeur est ample et pas directement mesurable.
Certaines choses conservent une valeur mais celle-ci peut augmenter
ou diminuer dans la priorité accordée selon l’âge
ou la situation de la personne. La santé par exemple est
toujours une valeur mais nous lui donnerons vraisemblablement
beaucoup plus d’importance si nous venons de faire l’objet
d’un diagnostic de cancer ou d’un problème
cardiaque majeur. La sécurité financière
pourrait toujours être une valeur mais elle parait plus
critique à soixante ans qu’à vingt-deux ans.
Viktor
Frankl, un psychiatre reconnu, emprisonné dans les camps nazis
durant la seconde guerre mondiale, voulait comprendre pourquoi
certaines personnes abandonnaient et mourraient alors que d’autres
survivaient face aux mêmes circonstances terribles. Il en a
conclu que les survivants conservaient leur vie car ils avaient
maintenu leurs valeurs et avaient des buts.
Frankl
a écrit un ouvrage sur ses conclusions « Man’s
Search for Meaning » (L’ouvrage a été
traduit « Découvrir un sens à sa vie »).
Il a décrit quatre valeurs primordiales qu’il a
découvertes chez ceux qui ont survécu : (1) le
sentiment d’une œuvre ou d’un but à
accomplir dans leur vie, (2) un amour puissant pour leur famille
qu’ils croyaient revoir à l’avenir, (3) le sens du
patriotisme et l’importance de la liberté et (4) une foi
profonde en Dieu. En contact avec le spirituel, la croyance en leur
survie était accrue.
Il
est intéressant de noter que ces quatre valeurs sont
étroitement liées à des objectifs. C’est
pourquoi je suggère que vous essayiez de faire un exercice de
clarification des valeurs qui conduit directement à
l’établissement effectif de buts. Ce n’est pas un
projet qui se fait en cinq minutes. L’élément clé
dans cet exercice est la précision et la spécificité.
Si
vous vous mettiez en contact avec un entrepreneur en bâtiment
pour construire votre maison, vous auriez probablement des idées
sur vos priorités : vous pourriez vraisemblablement
évaluer le degré de vos préoccupations en ce qui
concerne la maintenance, l’économie, l’utilité,
la flexibilité, la surface et l’esthétique de la
maison. De même, si nous clarifions nos valeurs personnelles,
nous pouvons résoudre les sentiments qui proviennent de
valeurs confuses. Tout comme pour les plans d’une maison, le
plus spécifique nous sommes, le plus facile ce sera de
planifier comment obtenir ce que nous voulons.
Il
est sage de reporter l’établissement de buts et leur
planification jusqu’au moment où nos valeurs sont
définies, comprises et classées. Posez-vous la
question : « quel genre de vie veux-je construire ? »
En d’autres termes, quelle est la base ou l’orientation
fondamentale sur laquelle je construis ? L’objectif de la
clarification des valeurs est de définir et clarifier ce que
nous essayons de construire. Une fois que le format des valeurs est
posé et priorisé (c’est-à-dire les
activités dans lesquelles nous voulons nous engager, les
personnes que nous voulons y associer), des buts à long terme
peuvent être établis.
Tout
d’abord, écrivez les choses auxquelles vous tenez le
plus et classez-les par ordre de priorité. Bien que l’ordre
dans lequel elles sont rangées puisse varier énormément,
certaines se retrouvent dans beaucoup de listes :
Santé
mentale Sécurité financière
Santé
spirituelle Activités de loisirs
Santé
physique Famille proche
Mariage Famille
élargie
Parentalité Voisins
Vous
voudrez peut-être rajouter à votre liste des attributs
spécifiques de la personnalité, tels que la patience ou
la tolérance.
Ensuite,
sous forme de colonne, faites la liste des personnes, des lieux, des
choses et des activités qui « rehaussent »
ces valeurs et les rendent réalisables. Tout comme les
différents éléments d’une maison bien
construite se consolident mutuellement, les valeurs principales
favorisent d’autres valeurs. Par exemple, beaucoup jugent
important d’avoir un esprit ouvert et amical pour leur propre
bien mais cette attitude apporte naturellement ses fruits
professionnellement car les gens l’apprécient. A son
tour, ceci multiplie les chances de réussite et contribue à
la sécurité financière. Des valeurs principales
équilibrées engendrent une structure solidaire et
intégrée des valeurs chez l’individu.
Enfin,
une fois que vous avez fait la liste de vos valeurs fondamentales et
des choses qui y contribuent, des objectifs mesurables à court
et à long termes peuvent être établis. Si ces
objectifs sont enracinés dans un système de valeurs
solide, vous les trouverez plus significatifs et serez plus engagés
à les atteindre.
Quel
que soit leur nombre, des activités peuvent rehausser une
valeur en particulier. Mais tout comme nous mettons un accent
spécifique sur des valeurs fondamentales, nous pouvons aussi
avoir des préférences radicales pour certaines
combinaisons de perfectionnement des valeurs. Cet exercice peut aider
à donner une direction à votre vie, précisément
parce qu’il montre comment nos buts peuvent être
enracinés dans nos systèmes de valeurs primordiaux. Le
tableau suivant est mon propre projet d’améliorations et
de buts concernant une de mes valeurs : la santé
physique.
Amélioration
|
Objectif
à court terme
|
Objectif
à long terme
|
- Parole
de sagesse.
|
- Perdre
5 kg ce mois-ci.
|
- Peser
97 kg d’ici janvier.
|
- Un
poids normal et du repos.
|
- Réduire
la viande rouge à 1 fois par semaine.
|
- Faire
de l’exercice 3 heures par semaine.
|
- Loisirs
(tennis, la chasse).
|
- Aller
au club sportif 3 fois par semaine.
|
- Jouer
en finale dans l’année.
|
- Santé
mentale.
|
- Jouer
au tennis 3 fois par semaine avec Stan.
|
|
- Spiritualité
|
|
|
Quelques
exemples de valeurs qui peuvent être importantes pour vous :
Amour
de la famille
Amour
de Dieu
Amour
de votre pays
Amitié
Créativité
Être
un bon parent
Générosité
Honnêteté
Intégrité
Mariage
Responsabilité
Santé
Sécurité
financière
Service
Spiritualité
Un travail agréable
Choisissez
ceux qui vous conviennent et ajoutez à ceux-ci tous les autres
auxquels vous pouvez penser qui sont pertinents. Ensuite, classez-les
par ordre d’importance pour vous.
Il
est essentiel de mentionner à ce stade qu’un but qui
représente une amélioration des valeurs pour une
personne n’améliorera pas cette même valeur chez
une autre. Par exemple, la sécurité financière
peut être évaluée de même importance par
deux personnes différentes, mais une d’entre elles
considèrera l’éducation comme but et élément
clé d’amélioration, alors que l’autre
choisira d’accumuler de l’or. La lecture des Écritures
peut faire grandir la spiritualité d’une personne, alors
qu’une autre jugera qu’écouter les discours des
autorités générales lui est plus profitable.
Remarquez
également qu’un but peut renforcer plusieurs valeurs, ce
qui rend ce but d’autant plus important. Par exemple, le but de
perdre du poids améliorera la valeur de la santé
physique mais il aura aussi une incidence positive sur l’estime
de soi, la vie sociale et peut-être même la vie
spirituelle de la personne.
L’importance
de clarifier nos valeurs fondamentales est évidente. Un fois
que nous avons fait cela, nous sommes prêts pour le processus
d’établissement des buts.
Établissement
des buts
Plusieurs
points clés à garder à l’esprit lors de
l’établissement des buts :
- Un
but devrait être mis par écrit, d’abord au
crayon, ensuite à l’encre. Cela permet de cristalliser
vos pensées et intentions.
- Le
but doit être réaliste et mesurable. À moins de
pouvoir dire quand vous avez atteint votre but, ce n’est pas
réellement un but mais uniquement un désir.
- Déterminez
si vous allez avoir besoin du soutien d’autres personnes.
Identifiez les personnes, les groupes et les organisations dont la
coopération et l’aide vous seront nécessaires
pour atteindre votre but. Ensuite, déterminez ce que vous
pouvez donner ou comment vous pouvez servir, contribuer ou
indemniser ces personnes afin d’obtenir l’aide dont vous
avez besoin.
- Déterminez
les valeurs qui seront améliorées par ce but. Si votre
but a une incidence positive sur plusieurs valeurs fondamentales, il
est certainement la volonté du Seigneur pour vous, ce qui est
l’élément le plus essentiel de tout but.
- Faites-vous
une image mentale claire de votre but, comme s’il avait déjà
été atteint. Projetez cette image sur votre écran
mental chaque fois que vous en avez la possibilité.
- Déterminez
quelle connaissance sera nécessaire pour atteindre votre but
et comment procéder pour l’obtenir.
- Identifiez
les obstacles que vous devrez surmonter. Écrivez-les. Ils
semblent toujours gigantesques tant qu’ils ne sont pas sur le
papier.
- Croyez
que vous avez la capacité d’atteindre votre but.
- Évaluez
votre engagement vis-à-vis du but. Sur une échelle de
1 à 10, quel est votre taux d’engagement ? Si vous
n’êtes pas en mesure de vous donner un 8 ou plus,
modifiez votre but. Fixez-vous un but pour lequel vous pensez en
toute honnêteté avoir la capacité et la
détermination nécessaires pour l’atteindre.
- Décomposez
votre but en petits morceaux et tâches.
- Planifiez
vos journées de façon à y inclure les tâches
que vous devez accomplir pour atteindre votre but.
L’enjeu
est d’établir des buts qui sont cohérents avec
votre structure de valeurs parce que vous acquerrez du pouvoir pour
atteindre vos buts lorsque vos actions sont en accord avec vos
valeurs. Cette assurance vous permet de demander l’aide du
Seigneur en toute confiance. En conséquent, assurez-vous que
chacun de vos buts est basé sur une valeur qui vous tient à
cœur.
Les
buts sont cruciaux pour la plupart de ceux qui réussissent le
mieux mais beaucoup d’entre nous ne s’assurent pas de
leur plein engagement envers leurs buts ni si ces derniers sont
profondément ancrés dans une structure solide de
valeurs. Pour qu’une structure de valeurs soit solide, il faut
que nous soyons disposés à nous y consacrer, à
souffrir et à faire des sacrifices pour elle et à y
croire totalement. Personne ne peut ébranler un véritable
engagement envers un bon système de valeurs. Ni la dérision,
le désaccord ou le questionnement des autres n’aura un
effet négatif sur nous et nous serons en mesure d’établir
des buts constructifs, tous basés sur ces valeurs.
La
procédure d’établissement des buts prend du temps
et demande du travail mais elle est un outil puissant pour donner
plus d’orientation à votre vie. Vous voudrez peut-être
essayer ce qui suit : prenez trois feuilles de papier (ou un
carnet spécifique pour noter vos buts). Mettez en titre de la
première feuille : « Les valeurs et buts de
toute ma vie ». Inscrivez toutes les choses que vous
aimeriez faire, apprendre, être, acquérir ou
expérimenter dans votre vie. À ce stade, ne vous
préoccupez pas de ce qui semble possible ; réfléchissez
en termes de tout ce que vous aimeriez vraiment si absolument tout
était possible. Qu’est ce qui ferait que votre vie
mérite d’être vécue ? Écrivez
tout ce qui vous traverse l’esprit.
Sur
une autre feuille intitulée « Mes buts à
cinq ans », choisissez dans la première liste les
choses qui vous importent le plus à accomplir, expérimenter,
apprendre ou acquérir dans les cinq années à
venir. Encore une fois, n’hésitez pas sur le nombre.
Sur
la troisième feuille intitulée « Mes buts à
six mois », faites la liste des choses que vous aimeriez
faire si vous n’aviez que six mois à vivre. Comment
occuperiez-vous votre temps s’il ne vous restait que six mois à
passer sur cette terre ? Maintenant, examinez les trois listes.
Est-ce que les buts à cinq ans sont une préparation à
vos buts de toute une vie ? Et qu’en est-il des buts à
six mois ? Est-ce que vos deux autres listes se coordonnent avec
celle-là ? Est-ce que vous investissez votre énergie
dans les buts les plus importants à ce stade de votre vie ?
Si ce n’est pas le cas, que devriez-vous changer ?
Établir
des buts qui sont cohérents avec nos valeurs, y penser
continuellement et y travailler va renforcer l’image que nous
avons de nous-mêmes et nous faire avancer vers l’état
du moi «Adulte équilibré », vers la
performance optimale et la pleine réalisation de notre
potentiel. Alors, pourquoi sommes-nous si nombreux à éviter
de se fixer des buts ?
Il
y a sept raisons majeures :
- Nous
ne comprenons peut-être pas l’importance des valeurs et
des buts.
- Nous
ne savons peut-être pas comment nous consacrer à des
valeurs et nous fixer des buts.
- Nous
avons peut-être peur de l’engagement.
- Nous
craignons peut-être les changements.
- Nous
avons peut-être peur d’échouer.
- Nous
avons peut-être même peur de réussir.
- Au
final, « l’homme naturel » est
simplement totalement paresseux. Nous aurons probablement à
contrer notre tendance à suivre la voie de la moindre
résistance. Gardez à l’esprit que l’entropie
– désordre et absence d’organisation - et la
paresse sont les fléaux principaux auxquels nous devons faire
face.
Est-ce
que certains de ces obstacles à la réussite vous
retiennent ? Écrire vos buts et suivre les étapes
que j’ai présentées peut vous aider à être
acteur de votre vie et convertir vos rêves en réalité.
Chapitre
8 : Remodeler la vie avec les principes de la joie
Lorsque
les dix commandements ont été remis à Moïse,
je crois qu’ils avaient été volontairement écrits
dans une forme très concise. Néanmoins, ces
commandements simples déclenchent des émotions et des
idées complexes. Il ne faut que quelques instants pour les
lire mais le nombre de pensées qu’ils génèrent
est à la fois vaste et interpelant. Apprendre à vivre
complètement leurs enseignements peut prendre une vie entière
mais cela mérite tous nos efforts. La même chose
s’applique aux dix principes que nous étudions dans ce
chapitre.
Principe
n°1
:
La
perfection est un processus et non un statut
Une
autre façon d’épeler le perfectionnisme dans la
vie courante est P-A-R-A-L-Y-S-I-E. Si nous sentons que nous devons
tout faire de manière parfaite, nous finirons immobilisés.
« Je ne vais pas le faire tant que je ne peux pas le faire
parfaitement bien » est une recette vers la paralysie. La
perfection est une attente irréaliste dans la mortalité.
Une attente réaliste est de faire selon nos « meilleures
possibilités actuelles » et nous en satisfaire.
Beaucoup
d’entre nous doivent comprendre qu’il y a beaucoup
d’aspects dans la vie où l’excellence n’est
tout simplement pas requise. Assouplir les hauts niveaux d’exigences
irréalistes nous aidera toujours à nous sentir mieux
vis-à-vis de nos performances.
Malheureusement,
beaucoup pensent que l’âge adulte requiert la perfection.
Ils se sentent dépassés par les responsabilités
perçues. Ceux qui souffrent de symptômes de sevrage,
d’anorexie ou de boulimie peuvent retomber au statut d’enfant.
Les femmes peuvent se décharner au point de ne plus avoir
leurs menstruations et voir disparaitre leur poitrine et autres
caractéristiques sexuelles secondaires. Il n’est pas
surprenant que ces femmes espèrent souvent échapper aux
pressions et responsabilités de l’âge adulte, en
particulier celles d’ordre sexuel. En d’autres mots,
elles veulent juste redevenir des petites filles, sans les
contraintes des problèmes et responsabilités liés
à l’âge adulte.
Il
est normal que des adultes matures puissent aussi connaître le
désir de fuir l’âge adulte et ses responsabilités.
Mais bien que la gravité des engagements puisse effectivement
paraître écrasante, c’est encore plus compliqué
pour ceux qui pensent que chaque étape doit être
parfaite. Cette paralysie est regrettable car comme pour tout système
correctement intégré, la compétence d’un
adulte est assimilée étape par étape, précepte
par précepte.
Le
perfectionnisme peut être utilisé comme une excuse pour
ne pas essayer. Il y a de nombreuses années, un de mes amis a
dit que s’il ne pouvait pas obtenir son doctorat d’une
université réputée, il n’essaierait pas de
l’avoir du tout. Bien qu’il donnât l’impression
d’avoir de grands idéaux, sa décision semblait
réellement être une tentative d’éviter la
décision difficile de prolonger son cursus de quatre ans.
Je
tiens à souligner la nature graduelle de la croissance
personnelle. Garder à l’esprit la loi de la progression
éternelle est très utile. Nous aspirons à être
parfaits mais nous ne le sommes pas. La perfection est un processus
éternel qui continuera même dans la vie après la
mort.
Le « mythe de Sisyphe » est un exemple
classique de la crainte que la croissance personnelle devienne une
forme de paralysie. Dans la mythologie grecque, Sisyphe a été
condamné par Zeus à rouler un énorme rocher le
long d’une montagne jusqu’à son sommet. Mais
chaque fois qu’il s’approchait du sommet avec sa charge,
des nuées de démons le mordaient et attaquaient ses
jambes jusqu’à ce qu’il se tourne pour les chasser
à coups de pied. À ce moment-là, le rocher
redescendait la pente. Après s’être un peu reposé,
Sisyphe recommençait de nouveau. C’était sa
damnation éternelle.
Je
suis incapable de vous dire le nombre de fois où j’ai
rencontré des gens qui disent que l’objectif de leur
thérapie est « être mince » ou
« être actif dans l’Église »
ou « se marier au temple » ou « obtenir
un emploi administratif dans leur société ».
Cependant, ces personnes - une fois qu’elles sont en marche -
sabotent leurs propres efforts consciemment ou inconsciemment. J’en
conclus que malgré leurs buts, elles ont peur d’amener
leurs fardeaux jusqu’en haut de la montagne et craignent la
réussite.
Un
de ces démons qui bloque le progrès de beaucoup de ceux
qui ont peur de la réussite est la façon dont ces
personnes pensent et parlent de ce qu’elles font. C’est
facile de se persuader d’arrêter le progrès et la
réussite dans un langage tout à fait ordinaire. Le mot
parlé et la pensée peuvent être des motivations
ou des entraves puissantes à nos efforts.
Il
nous arrive de dire des choses telles que « ça va
être trop compliqué », « je ne
peux pas faire cela », « vous ne comprenez pas
combien ce problème est complexe pour moi », « cela
pourrait être effrayant », « c’est
plus facile à dire qu’à faire ». De
manière prévisible, les gens n’aiment pas être
confrontés à la possibilité qu’ils
sabotent leurs propres buts. Ils ne sont pas disposés à
croire qu’ils puissent avoir la volonté d’échouer.
Occasionnellement, j’essaie de les provoquer avec des
conversations comme suit :
- Voulez-vous
réellement perdre du poids ?
- Bien
sûr que je le veux.
- Alors,
écrivez les avantages et les inconvénients de perdre
du poids.
Ils
peuvent alors demander :
- Les
inconvénients de perdre du poids ?
Je
réponds :
- Il
pourrait y en avoir beaucoup. Des personnes pourraient faire des
commentaires sur votre perte de poids. Vous devrez peut-être
avoir à gérer des sifflements d’admiration et
des avances sexuelles. On vous demandera peut-être de vous
impliquer plus souvent dans des évènements sociaux ou
sportifs. Allez-vous supporter l’intérêt que vous
pourriez susciter ?
Pour
certains, la réponse est un « non »
catégorique ou « pas encore ». Ma tâche
est de leur faire comprendre cela et de les aider à gérer
cette situation.
Une
des choses que nous pouvons faire est de modifier nos attitudes et
pensées à propos d’une situation et de changer la
façon dont nous nous adressons à nous-mêmes. Nous
pouvons changer notre dialogue intérieur négatif en
positif, même si nous ne croyons pas en nos déclarations
au début. Je cite deux bonnes déclarations de dialogue
intérieur : « C’est peut-être
difficile mais je peux y arriver. Les tâches complexes ne me
font pas peur » et « Peut-être que ce
sera effrayant mais j’ai déjà fait des choses
effrayantes par le passé et une fois que j’aurai essayé,
ma crainte s’envolera ».
Dans
toutes ces situations, la vraie question est « Est-ce que
je vais laisser ma peur d’échouer ou ma crainte de
progresser personnellement me paralyser et me contraindre à
l’inaction ? Ou bien vais-je me rappeler que la perfection
est un processus et non un statut ? »
Le
processus du perfectionnement personnel est laborieux mais les
gratifications sont inconcevables. Les saints des derniers jours
comprennent que le but de l’existence mortelle est de retourner
auprès de notre créateur pour recevoir l’exaltation
– un état dans lequel l’homme prend littéralement
les responsabilités et les pouvoirs de la Divinité.
Comme l’a dit Joseph Fielding Smith, « Le Père
a promis par l’intermédiaire du Fils que tout ce qu’il
a sera donné à ceux qui obéissent à ses
commandements. Ils progresseront en connaissance, en sagesse et en
pouvoir de grâce en grâce jusqu’à ce que la
plénitude du jour parfait jaillisse sur eux. »
(Doctrines du salut, volume 2, page 44).
Je tiens à
souligner ceci pour une bonne raison : Certains croient fermement que
la joie dans l’alpinisme se trouve dans l’escalade même
et que le sommet de la montagne n’est qu’un lieu froid et
venteux. Je considère qu’il s’agit d’une
attitude saine dans beaucoup de situations de la vie sur terre mais
en ce qui concerne l’éternité, cette façon
de penser ne concorde pas avec mes convictions spirituelles. Non
seulement j’aime le voyage de la vie mais je regarde aussi vers
le sommet qui est la divinité pour les saints des derniers
jours.
L’ouvrage de Scott Peck « The Road less
Traveled » (Le chemin le moins fréquenté)
donne une émouvante explication sur les conséquences
naturelles d’avoir un créateur aimant :
« Si nous supposons que notre
capacité d’aimer et ce besoin de croître et de se
développer sont d’une certaine manière ' insufflés ' en nous par Dieu, alors
nous devons nous poser la question dans quel but et avec quelles
finalités. Pourquoi est-ce que Dieu veut que nous croissions ?
Croître vers quoi ? Qu’est-ce que Dieu attend de
nous… Peu importe le temps que nous passerons à
tergiverser à ce sujet, tous ceux d’entre nous qui
postulent un Dieu rempli d’amour et y réfléchissent
sérieusement arriveront à l‘unique conclusion
terrifiante que Dieu veut que nous soyons comme lui… Nous
croissons vers la divinité…
« Si nous croyions possible que
l’homme puisse devenir Dieu, cette croyance, par sa nature,
placerait sur nous l’obligation d’atteindre ce possible.
Mais nous ne voulons pas de cette obligation. Nous ne voulons pas
avoir à travailler aussi dur. Nous ne voulons pas les
responsabilités de Dieu. Nous ne voulons pas la responsabilité
de devoir penser tout le temps. Aussi longtemps que nous croirons que
la divinité est une réalisation impossible pour nous,
nous n’avons pas à nous soucier de notre croissance
spirituelle, nous n’avons pas à aller au bout de
nous-mêmes pour atteindre des niveaux de conscience et d’amour
de plus en plus élevés ; nous pouvons nous
relâcher et être juste des êtres humains.
« Si Dieu est dans les cieux et
nous ici-bas et que les deux parties ne se rencontreront jamais, nous
pouvons lui laisser toute la responsabilité de l’évolution
et de la direction de l’univers. Nous pouvons faire notre part
en nous assurant un vieil âge confortable, en espérant
avoir des enfants et petits enfants en bonne santé, heureux et
reconnaissants ; mais au-delà de cela, nous n’avons
pas à nous inquiéter.
« Ces buts sont suffisamment
compliqués à atteindre et on peut difficilement les
dénigrer. Néanmoins, dès que nous croyons
possible que l’homme puisse devenir un Dieu, nous ne pouvons
plus vraiment nous reposer longtemps ou dire ' C’est
bon, ma tâche est accomplie, mon travail est terminé '.
Nous devons constamment nous pousser pour atteindre une sagesse et
une efficacité de plus en plus grandes. Cette croyance nous
rend captifs, au moins jusqu’à la mort, d’un
parcours d’auto-perfectionnement et de croissance spirituelle.
La responsabilité de Dieu doit être la nôtre. Il
n’est pas étonnant que la croyance en la possibilité
de la divinité soit repoussante. L’idée que Dieu
travaille activement à notre perfectionnement afin que nous
puissions devenir comme lui nous met face à notre propre
paresse. »
Le
défi du plan de salut est énorme, mais lorsque Dieu a
dit « Soyez donc parfaits comme votre Père céleste
est parfait », nous devons nous rappeler que Dieu est
devenu
parfait. Il espère que nous ferons la même chose mais
nous devons être patients avec nous-mêmes, tout comme il
est patient avec nous. Un travail acharné et une
auto-évaluation honnête nous aideront à nous
préparer et à accepter le processus du repentir et le
sacrifice expiatoire car ils sont le chemin du progrès et, en
définitive, de la perfection.
Principe
n°2
: Ne
pas se dévaloriser ou se discréditer par des
comparaisons
La
parabole des talents suggère sans ambiguïté que
Jésus Christ jugera les personnes selon leur performance, en
tenant compte de leurs capacités et circonstances et sans les
comparer aux autres. Au lieu de nous comparer à d’autres,
nous ferions mieux de nous poser la question d’où nous
en sommes avec ce qui nous a été donné et quelle
a été notre progression récemment.
Par
ailleurs, si nous devons faire des comparaisons, faisons-les sur la
base de plusieurs critères et non pas seulement sur un ou deux
critères.
Laissez-moi vous donner un exemple comment se passe
une comparaison basée sur un seul critère à
l’Église. Supposons qu’une présidente de la
société de secours ait besoin d’une sœur
pour présenter une leçon sur l’embellissement de
la maison. Elle va certainement demander à une femme qui a une
maison joliment décorée et tenue impeccablement. La
semaine suivante, la leçon portant sur la manière dont
les Écritures peuvent aider dans la vie d’une personne,
la présidente demandera à une sœur qui a une très
bonne connaissance des Écritures. La semaine qui suit,
désirant évoquer le sujet des réserves
familiales, elle fera intervenir une sœur qui a des réserves
suffisantes pour tenir toute la durée du millénium.
Si
les autres sœurs choisissent de se comparer négativement
à celles qui ont présenté les leçons,
elles finiront par subir une baisse de leur estime de soi. Plutôt
que de vivre les leçons de la société de secours
comme une parole d’encouragement et un moyen d’obtenir de
nouvelles connaissances ou des sources d’idées,
certaines de ces femmes vont interpréter les leçons
comme un reproche qu’elles devraient déjà
posséder les qualités bien développées de
toutes ces femmes. Elles ne tiennent pas compte de la possibilité
qu’une généalogiste puisse être mauvaise
dans la décoration de sa maison ou qu’une experte des
Écritures puisse n’avoir aucune réserve de
nourriture.
Je connais des sœurs qui sont rentrées chez
elles, littéralement tombées en léthargie, après
certaines leçons de la société de secours et d’y
retourner la semaine suivante pour se sentir encore plus
inadéquates !
Je
ne critique pas la société de secours ; j’essaie
de montrer que nous écoutons tous différemment les
messages. Nous avons en nous le « Parent normatif »
qui fait constamment des comparaisons négatives et nous
amoindrit subtilement de façon destructive si nous n’apprenons
pas à écouter correctement.
Ma
recommandation est que vous vous compariez à vous-même
uniquement. Si vous ressentez le besoin de vous comparer à
quelqu’un d’autre, faites-le sur la base d’au moins
trente-cinq critères. Vous n’êtes peut-être
pas aussi bonne pâtissière que Jeanne mais en utilisant
les trente-cinq critères, vous vous rendrez compte qu’au
final vous vous en sortez bien.
Nous
devons également être prudents et faire la distinction
entre se juger de manière absolue ou relative. Une de mes
patientes m’a consulté alors qu’elle était
déprimée, anxieuse et anhédonique (déficit
de la capacité de ressentir du plaisir). Elle avait une
tendance profonde à se comparer aux autres. Elle était
devenue membre de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours quand elle avait une vingtaine d’années
et son mari s’était également joint à
l’Église. Elle venait d’une famille
économiquement, spirituellement et culturellement démunie.
Après
s’être jointe à l’Église, elle
s’était efforcée d’atteindre la perfection
dans de nombreux domaines. Elle avait pris des cours de chant et de
piano, elle s’était donné beaucoup de mal à
développer les compétences ménagères sur
lesquelles la société de secours avait mis l’accent.
J’ai connu très peu de personnes qui s’étaient
autant développées en si peu de temps. Alors, pourquoi
souffrait-elle de dépression et d’une image de soi
négative ? Au cours de plusieurs de nos conversations, il
est apparu clairement qu’elle avait ciblé une autre sœur
de sa paroisse comme modèle. Ceci aurait pu être une
bonne chose si elle avait pris une autre femme en modèle pour
s’encourager à s’améliorer, mais au lieu de
cela, elle l’avait pris comme modèle de la perfection
avec lequel elle se comparait. C’est une erreur dangereuse.
Un
jour, désespérée, elle m’a dit combien
cette femme était bien plus accomplie qu’elle, elle
jouait du piano et chantait beaucoup mieux qu’elle et elle
réalisait toutes sortes d’accomplissements ménagers.
Après plusieurs séances, elle a compris qu’elle
se comparait à quelqu’un qui s’était vu
offrir beaucoup plus d’opportunités. Cependant, si on
pouvait comparer la croissance personnelle sur les vingt dernières
années, ma patiente s’était développée
beaucoup plus que l’autre femme.
La
femme avec qui elle se comparait avait grandi dans une famille membre
de l’Église forte et nantie qui lui avait donné
tout ce qu’il y a de mieux dans la vie. Je crois qu’il
est important de comprendre que Dieu ne nous jugera qu’en
fonction de ce que nous sommes devenus, en prenant en considération
ces choses qui nous ont été offertes dans la vie. Il ne
va pas nous demander « Comment se fait-il que vous ne
soyez pas comme untel ou unetelle ? » Mais plutôt
« « Comment avez-vous utilisé les outils
et les capacités que vous avez reçus ? »
Quelle sera votre réponse ?
Principe
n°3
: La
différence entre le remords et la culpabilité
De
nombreuses références scripturaires décrivent la
repentance comme une façon de mettre certaines choses derrière
nous et de ne plus nous focaliser sur nos imperfections.
En
qualité de conseiller professionnel et d’ancien évêque,
je comprends que beaucoup refusent de souscrire personnellement à
l’écriture que « les hommes sont pour avoir
la joie ». Une des raisons pour cela est ancrée
dans la croyance qu’ils ne sont peut-être pas dignes
d’avoir du bonheur et que le bonheur finit de toute façon
à causer de la tristesse. (« Tout va bien pour moi
– touchons du bois ! »)
Ce
raisonnement tire ses racines de la pensée nord européenne
qui a influencé la pensée américaine. Il a été
forgé par les dogmes de l’église chrétienne
primitive qui considérait Dieu simplement tolérant
envers l’homme. En raison de leur croyance que l’homme
était irrémédiablement tombé en disgrâce
à cause du péché originel, les gens
considéraient leurs conditions de vie, que ce soit la
pauvreté, la tristesse, la maladie physique ou mentale, comme
une prédestination et la volonté de Dieu en réponse
à leur état de pécheur. Dieu était
considéré comme l’ultime Parent normatif nous
condamnant. Si l’on retourne encore plus loin dans le passé,
cette philosophie judéo-chrétienne avait ses racines
dans l’ancien concept « qu’il ne faut jamais
faire savoir au mauvais œil que tout va bien car il va alors
intervenir pour que tout aille mal ».
Ces traditions ont
toujours une grande influence sur les nombreux descendants de ceux
qui avaient ces croyances. Ces personnes peuvent tenter de contrer
l’amour, la bonté et l’acceptation de Dieu parce
qu’elles ne se sentent pas dignes d’être heureuses.
Elles s’inquiètent que si elles parviennent au bonheur,
les choses vont rapidement mal tourner.
L’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours enseigne qu’il
doit y avoir une opposition en toutes choses. Ceci ne signifie pas
que le mal est causé par le bon. Le malheur frappe
effectivement des bonnes personnes mais il n’y a pas de
relation de cause à effet ; le malheur n’arrive pas
en raison de leur bonté.
Pour
comprendre pourquoi cette croyance est toujours actuelle et comment
nous pouvons la gérer, nous devons connaitre le concept de la
préemption. Permettez-moi d’abord d’expliquer ce
que signifie la préemption dans un contexte civil.
Prenons en
exemple une ville qui organise un référendum pour la
ségrégation basée sur la race des personnes dans
les salles de bal, c’est-à-dire que les blancs et les
noirs ne pourraient pas utiliser les mêmes salles de bal.
Supposons que dans cette communauté, soixante-dix pour cent
des habitants votent « oui » pour ce décret
mais qu’en appel la Cour Suprême décide que cette
nouvelle loi est inconstitutionnelle. Les habitants diront alors « Un
instant ! Nous avons choisi de faire à notre façon,
ici dans notre communauté et nous refusons d’accepter la
décision de la Cour Suprême ». La plupart des
personnes conviendront que la ville prend le pas sur la constitution
et fait préemption ; elle se met au-dessus de la loi
suprême du pays.
Il
n’est pas rare de voir des gens qui s’accrochent
obstinément à leur culpabilité de la même
manière que les habitants de cette ville s’accrochaient
à ce qu’ils considéraient leurs droits.
J’ai
reçu une femme qui avait eu une relation adultère de
longues années auparavant. Bien qu’elle se soit
confessée à d’autres évêques, elle
m’a dit qu’elle était une personne horrible et
qu’elle était certaine que Dieu ne pouvait pas l’aimer.
Elle a continué en disant comment elle ressentait toujours la
noirceur de son âme. Lorsque j’ai compris qu’elle
avait changé de comportement et rectifié la situation
au mieux de ses capacités, je lui ai conseillé de
continuer à vivre en mettant sa culpabilité de côté
qui ne lui était d’aucune utilité dans la vie.
Elle a répondu que c’était faux et que la laideur
(la culpabilité intériorisée et la honte)
devrait rester en elle pour toujours.
Supposons
que je l’ai dirigée vers le président de pieu et
même, pour finir, vers le président de l’Église
et qu’ils lui disent la même chose « Pardonnez-vous
à vous-même et oubliez ce problème ».
Si elle choisit de ne pas suivre ce conseil, elle fait préemption
de façon très réelle en se mettant au-dessus du
gouvernement de l’Église. Ce qu’elle dit est
essentiellement, « je n’accepte pas le gouvernement
de Dieu dans ma vie. Je n’accepte pas non plus son amour, son
pardon et sa préoccupation pour moi ».
La
culpabilité remplit son office uniquement lorsqu’elle
nous encourage à nous repentir et à changer un
comportement qui est incorrect, illégal ou immoral. Mais une
fois que le processus du repentir a eu lieu, quel est le but d’une
culpabilité persistante ?
Certains
ont tendance à baigner dans la culpabilité. C’est
comme s’ils étaient pourvus d’un mécanisme
interne ne leur permettant pas de se sentir bien, de laisser partir
la culpabilité et de poursuivre une vie pleine et heureuse. Et
pourtant, une fois qu’une personne s’est repentie et a
abandonné un comportement impropre, la culpabilité
constante devient contre-productive et corrode l’image de soi.
Beaucoup
continuent à mal agir car leur pauvre estime de soi leur donne
l’impression de ne pas être dignes de l’amour de
Dieu. Peut-être ont-ils pu éviter le comportement en
cause, s’être repentis et confiés à
l’autorité compétente de la prêtrise, mais
s’ils s’accrochent à la culpabilité, ils
peuvent choisir de revenir à leur ancienne conduite. Le
message dans leur tête est « Je me suis repenti et
ai renoncé à mes vieilles habitudes et pourtant je me
sens toujours coupable et malheureux. À quoi donc a servi mon
repentir ? » La réaction naturelle est de
considérer ceci comme une excuse pour reprendre les vieilles
habitudes.
Par
cette tendance vouée à l’échec, ces
personnes se sapent elles-mêmes et continuent à
alimenter leur processus de chagrin. Il est certain que notre état
du moi Parent normatif est plus que ravi de nous rappeler nos
transgressions passées. Il nous rappelle le passé
continuellement, nous punit à cause de lui et refuse de nous
permettre de passer à autre chose. Les sentiments de
culpabilité incessants finissent par nuire et causer toutes
formes de dépressions.
Ces
sentiments peuvent s’intérioriser et se développer
au-delà de la culpabilité et du remords. La personne
adopte un négativisme profond et une pauvre image de soi. Au
lieu d’entendre que ce qu’elle a fait était
stupide, idiot, erroné, un péché, ou toute autre
mauvaise action, la personne entend « Je suis stupide,
idiote, erronée, pécheur et une mauvaise personne ».
Le négativisme, la dépréciation de soi et la
détresse ne sont plus un simple sentiment mais deviennent
partie intégrante de la personnalité et de l’identité
de l’individu. Il devient alors complexe de changer et
d’abandonner les tendances négatives et la culpabilité.
Il
y a bien des choses dont nous ne sommes pas fiers, et pour cause.
Mais nous sommes aussi innocents de beaucoup de choses que d’autres
(et en particulier Satan et sa cohorte de démons) veulent que
nous endossions. Si nous nous sommes repentis de nos erreurs, nous
devrions alors ignorer la culpabilité qui ne nous appartient
pas.
Peut-être
que le plus grand exemple du pardon que nous pouvons lire, un pardon
accepté et une culpabilité retirée, se trouve
dans le Nouveau Testament lorsqu’une femme adultère a
été amenée au Christ. Ses accusateurs ont
demandé au Christ ce qu’ils devaient faire de cette
femme. Le Sauveur s’est baissé, pensif, et a griffonné
dans le sable. Puis il s’est relevé et a dit :
« Que celui de vous qui est sans péché jette
le premier la pierre contre elle ». Penauds, ils
laissèrent tomber leur pierre et se retirèrent un à
un. Après leur départ, le Maître regarda la femme
et lui demanda : « Femme, où sont ceux qui
t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? »
Elle
répondit « Non, Seigneur ».
Et
Jésus lui dit « Je ne te condamne pas non plus ;
va et ne pèche plus » (Jn 8:7-11).
Pouvez-vous
vous imaginer que le Seigneur dise « va et ne pèche
plus mais d’abord marque ton front au fer rouge d’un
grand ‘ P ‘ (pour péché),
revêts-toi de sacs et verse des cendres sur ta tête, et
ce jusqu’à la fin de ta vie afin que tous sachent
combien tu as été mauvais ? » Non,
l’enseignement que nous recevons est de nous pardonner à
nous-mêmes et d’oublier nos péchés, de ne
plus ruminer, couver ou nous appesantir sur le mal que nous avons
fait.
La
culpabilité peut aussi être utilisée comme un
moyen de manipulation de soi-même et des autres. Le tribunal
m’a un jour ordonné de me rendre à la prison du
comté pour faire l’évaluation d’un
pédophile multirécidiviste. Lorsque je me suis présenté
en qualité d’évaluateur désigné par
le tribunal, il a immédiatement éclaté en
sanglots. Il m’a dit qu’il était quelqu’un
d’épouvantable pour avoir fait tout ce mal à des
enfants. Il a continué en disant qu’il ne valait pas la
peine d’être sauvé.
Sa démonstration de
culpabilité était impressionnante mais le message qu’il
essayait réellement de me faire passer était vraiment
perfide. Tout en me disant de voir combien il était affreux,
il laissait entendre qu’en réalité il était
une bonne personne, sinon il ne se sentirait pas aussi coupable. Je
peux l’imaginer faire la même chose devant le juge qui
occupe un rôle parental. Et si le juge n’écoute
que la culpabilité et les larmes, il se pourrait qu’il
entende « s’il vous plait, ayez pitié de moi
parce que je suis une bonne personne, regardez combien je me sens
terriblement mal » au lieu de « je suis
responsable de tout cela ».
Si
vous avez des enfants, vous pourrez peut-être comprendre ce que
je dis ici. Si un enfant sur le point d’être grondé
manifeste suffisamment de remords, nous nous abstenons quelquefois
d’intervenir. Par contre, si l’enfant persiste, ne montre
aucun remords ou même rejette la faute sur nous, nous aurons
tendance à lui tomber dessus de façon encore plus dure.
Beaucoup
de personnes ont appris à projeter leur propre culpabilité
afin de gagner la sympathie, l’empathie et la clémence
des autres. Ceci n’arrive pas uniquement dans les familles et
dans la société, mais aussi dans notre propre tête.
Le Parent normatif en nous libère tout un torrent d’abus
à moins que nous confessions combien nous sommes horribles et
que nous versions suffisamment de larmes pour que le Parent relâche
son emprise. Cependant, le prix à payer en estime de soi est
lourd et peut mener à la dépression pour ne pas avoir
fait face à ses responsabilités dans la résolution
du problème.
Le
problème de la culpabilité persistante alors que le
péché n’est plus, est ancien et répandu.
Néphi a fait l’une des meilleures descriptions de
l’angoisse qui nous étreint et de la connaissance qui
est notre salut :
« Mon âme fait ses délices
des choses du Seigneur, et mon cœur médite
continuellement les choses que j’ai vues et entendues. Néanmoins,
en dépit de la grande bonté du Seigneur, qui m’a
montré ses œuvres grandes et merveilleuses, mon cœur
s’exclame : Ô
misérable que je suis !
Oui, mon cœur est dans l’affliction à cause de ma
chair ; mon âme est dans la désolation à
cause de mes iniquités. Je
suis encerclé par les tentations et les péchés
qui m’enveloppent si facilement.
Et
lorsque je désire me réjouir, mon cœur gémit
à cause de mes péchés ;
« néanmoins,
je sais en qui j’ai mis ma confiance.
Mon
Dieu a été mon soutien ; il m’a conduit à
travers mes afflictions dans le désert…
Il
m’a rempli de son amour…
Voici,
il a entendu mon cri le jour, et il m’a donné de la
connaissance par des visions pendant la nuit…
« Oh !
alors, puisque j’ai vu de si grandes choses, puisque le
Seigneur, dans sa condescendance pour les enfants des hommes, a
visité les hommes avec tant de miséricorde, pourquoi
mon cœur pleurerait-il et mon âme languirait-elle dans la
vallée des larmes, et ma chair dépérirait-elle,
et mes forces faibliraient-elles à cause de mes afflictions ?
Et
pourquoi céderais-je au péché à cause de
ma chair ? Oui, pourquoi succomberais-je aux tentations pour que
le Malin ait place dans mon cœur pour détruire ma paix
et affliger mon âme ? Pourquoi suis-je en colère à
cause de mon ennemi ?
« Éveille-toi
mon âme ! Ne languis plus dans le péché.
Réjouis-toi,
ô mon cœur, et n’accorde plus de place à
l’ennemi de mon âme. (2 Néphi 4:16-21, 23, 26-28,
italiques ajoutés).
Nous
devons reprendre les paroles de Néphi à notre compte.
Laissons à la culpabilité le rôle et le but qui
lui reviennent : nous faire changer de comportement. Une fois
que le changement est fait et que nous avons fait tout ce qui est en
notre pouvoir, il n’est plus nécessaire de « languir
dans le péché » ou de croupir dans la
culpabilité. Dieu ne nous aime pas uniquement lorsque nous
sommes justes, il nous aime tout le temps.
Principe
n°4
: Évitez
les absolus et les déclarations extrêmes
J’entends
souvent des patients dire « Je ne peux plus supporter
ceci », « Je vais en mourir si je n’obtiens
pas cela… », « Je n’y parviendrai
pas sans ceci… ». De telles déclarations
sont extrêmes, elles laissent sous-entendre des circonstances
équivalentes à la mort. Ces mots créent de la
tension, de la pression, du désespoir et un genre d’hystérie,
non seulement pour la personne qui les prononce mais aussi pour leurs
proches. Peu importe la situation à laquelle vous êtes
confronté, essayez de la décrire avec précision.
Veillez à utiliser des adjectifs et des descriptions
proportionnés aux évènements présents.
Il
est quelquefois important d’aider des personnes à
redéfinir leurs problèmes dans des termes moins
radicaux. Non sans surprise, une personne extérieure qui
intervient dans une crise la décrira avec des mots moins
traumatisants ou moins dramatiques que ceux utilisés par la
personne qui se trouve dans la « prétendue »
crise.
Une
femme me racontait que son mari était greffier dans leur
paroisse et qu’ils devaient faire plusieurs kilomètres
pour se rendre à leur église. Après les
réunions, son mari devait rester à l’église
trente à quarante-cinq minutes chaque dimanche. Elle m’a
dit « C’est affreux d’attendre ; Je
déteste cela. En fait, c’est un supplice. »
Un
supplice ? J’associe cela avec de la torture. La torture,
c’est quand on vous verse de l’acide dans le nez, qu’on
écrase vos articulations ou qu’on vous met des éclats
de bambou sous les ongles. Attendre n’est pas un supplice. Je
peux accepter que ce soit ennuyeux ou même inconfortable pour
elle, mais pas un supplice. Elle pourrait bien sûr repenser
complètement la situation et la percevoir d’un point de
vue positif, comme par exemple une opportunité de rendre
visite à quelqu’un. Mais même si elle choisit de
considérer l’attente de façon négative,
elle ne devrait pas dramatiser la situation en utilisant des paroles
aussi exagérées.
Si
nous sommes dans une situation qui met notre vie en danger, la
sécrétion d’adrénaline active le mécanisme
du corps en mode « se battre ou s’enfuir ».
C’est très utile si nous devons nous défendre ou
nous enfuir pour sauver notre vie. Cependant, un vocabulaire
construit sur des déclarations extrêmes, liées au
contexte de la mort, font paraître des problèmes d’une
moindre importance, beaucoup plus sérieux qu’ils ne le
sont.
Chaque fois que j’entends des gens dire que quelque chose
est « terrible », « horrible »
« catastrophique » ou « un
supplice », ou lorsqu’ils disent « je ne
supporte pas cela », ou « je ne vais pas y
arriver », je crains pour eux. Très peu
d’évènements dans la vie justifient ces termes
extrêmes. Que font ces personnes si une catastrophe réelle
a lieu ? Comment gèrent-ils la perte d’un membre de
la famille immédiate ou toute autre tragédie bien
réelle ?
Une
des différences principales entre les hommes et les animaux
est la capacité de l’homme à utiliser les
symboles et le langage. Notre langage est comparable à un
programme qui dit à l’ordinateur de notre cerveau
comment interpréter une situation. Si nous disons à
notre ordinateur que quelque chose est horrible, il nous croit et
envoie des instructions pour agir de manière appropriée.
Par conséquent, nous allons réagir de façon
excessive et nous causer de la douleur et des traumatismes inutiles.
Si sur une échelle de « un à dix »
(un étant le pire et dix le mieux), nous ne réfléchissons
qu’en termes de « un et dix », notre
esprit commencera à nous faire défaut car il ne peut
pas gérer les « un et les dix » dans la
durée. Si nous sommes dans ce cas de figure, il est utile de
se rappeler que ces situations ont habituellement deux atouts :
elles sont temporaires et ce sont des cas isolés. Pour ceux
qui sont enlisés dans la catégorie des « un
ou dix », voici une liste de mots suggérés
pour chaque graduation de l’échelle de notation qui
pourront aider à trouver un juste milieu plus stable.
- Terrible,
affreux, dévastateur, catastrophique, de la torture, le pire
qui puisse arriver, l’enfer.
- Humiliant,
douloureux, inconfortable, énervant, problématique,
troublant, embêtant, embarrassant, aggravant, stressant,
régressif, dégradant, intense.
- Ennuyeux,
fatigant, gênant, intempestif.
- Ordinaire,
coutumier, médiocre, routinier, banal, pragmatique.
- Moyen,
quotidien, journalier, commun.
- Au-dessus
de la moyenne, bon, correct, encourageant, adéquat.
- Amusant,
intéressant, agréable, surprenant.
- Passionnant,
exaltant, stimulant, rafraichissant, joyeux.
- Excellent,
délicieux, génial, super, sensationnel, formidable,
extraordinaire, stupéfiant.
- Merveilleux,
magnifique, fantastique, divin, spectaculaire, superbe.
Sans
surprise, lorsque nous disons des choses qui décrivent notre
situation plus « glorieuse » ou « fantastique »
que ce qu’elle ne l’est réellement, l’ordinateur
de notre cerveau en est dupe. Nous risquons de perdre notre aplomb et
devenir moins efficace. Les jeunes gens ont souvent tendance à
exagérer leur raisonnement. Suzy rencontre Johnny. Il est
merveilleux, magnifique, divin – un vrai cadeau du ciel. Par
conséquent, elle ne travaille plus ses maths et son anglais
parce que ses pensées sont tournées vers cet évènement
fantastique et paradisiaque qui lui arrive.
Puis un jour elle
rencontre Johnny, main dans la main avec Jane. C’est une
catastrophe. Elle ne le supporte pas. Et bien sûr, ça la
bloque encore : elle ne peut pas faire ses maths ni son anglais,
elle se replie sur elle-même et s’isole. Si cette
situation perdure, elle peut devenir réellement dangereuse.
Elle fait des montagnes d’un rien – une pratique qui
affecte gravement sa vie. Si elle continue ainsi trop longtemps, elle
pourrait rater ses études. Les conséquences pour les
adultes qui font des montagnes avec des riens sont similaires.
« Ne
pas pouvoir » est également lié au
vocabulaire de la mort car la seule raison de ne pas pouvoir faire
quelque chose est lorsque nous sommes morts ! Quand les gens
disent ne pas pouvoir faire face à ceci ou cela, leur cerveau
le croit et ces personnes arrêtent tout simplement d’essayer.
Lorsque quelqu’un dit « Je trouve inconfortable de
m’occuper de moi-même » ou « Suivre
ce cours me contrarierait », je peux accepter cela. Mais
dire « Je ne peux pas » est habituellement
paralysant. Pour éviter de faire le point sur eux-mêmes
et d’apporter les changements nécessaires dans leur vie,
une des excuses que certains utilisent, est de dire « Je
ne peux pas venir et parler de moi » ou bien « Je
ne peux pas supporter d’écouter ces choses ».
L’attitude
du « devoir
avoir »
est une autre équivalence à la mort qui cause
énormément de problèmes dans la vie des gens.
« Devoir avoir » quelque chose plutôt que
« désirer avoir » engendre une crise
émergente et c’est cette façon de penser qui peut
nous catapulter dans des circonstances négatives. Il y a une
différence importante entre vouloir quelque chose et
considérer cette chose comme une nécessité
absolue, essentielle à notre survie.
Quelques
concepts communs qui entrent dans cette catégorie :
- Je
dois avoir l’approbation, l’amour et le respect de tous.
- Je
dois avoir des garanties. Si je vais tenter quelque chose, je dois
savoir que ça réussira.
- Je
dois le faire à ma façon.
- Les
autres doivent penser, ressentir et agir tel que je pense qu’ils
devraient le faire.
Vouloir
ces choses n’est pas dangereux. En fait, vouloir tout cela est
normal. Le danger est lorsque nous pensons qu’avoir ces choses
est une nécessité
absolue. Les
quatre principes qui suivent traitent de la façon de vaincre
ces attitudes dangereuses.
Principe
n°5
: Ne
vous attentez pas à recevoir une approbation
Peu
importe ce que nous faisons, nous n’aurons jamais l’approbation
de tous et pourtant, essayer de plaire à tous est un problème
courant. Ceux qui le font deviennent des caméléons
émotionnels et se prostituent intellectuellement. Dans un
certain groupe, ils semblent adhérer à un système
de valeurs et représenter un certain ensemble de sentiments et
pensées. Mais dans un autre groupe, ils représentent
des valeurs, sentiments et pensées totalement différents.
Ils veulent s’attirer les bonnes grâces des autres au
détriment de leurs propres valeurs et idées, dans une
tentative désespérée d’être aimés
de tous.
Mais
si nous passons toute notre vie à devenir ce que les autres
veulent que nous devenions, à essayer de faire ce que les
autres veulent que nous fassions et à ne jamais défendre
nos idées, nous finirons par prendre conscience que nous
n’avons pas de valeurs stables, ce qui nous projette dans un
état dépressif.
Principe
n°6
: La
vie ne donne pas de garantie
Demander
des garanties est tout aussi paralysant que tenter d’être
parfait d’un seul coup. Notre société est devenue
tellement tournée vers la réussite que beaucoup ont
peur de tenter quoi que ce soit sans la garantie que cela réussira.
Bien que nous voudrions avoir des garanties, si nous pensons que nous
devons
les avoir, nous bloquerons la plupart des activités dans notre
vie, paralysés par la peur.
Dans
cette vie nous devons prendre des risques en pensées et en
actions, en dépit d’un échec possible. Nous
devons nous souvenir que l’échec peut effectivement être
une réussite s’il nous enseigne une meilleure manière
de penser et de faire. Aucun athlète n’est devenu
excellent sans avoir d’abord échoué maintes fois.
La vie serait beaucoup plus simple si nous avions des garanties mais
on en trouve rarement au cours de notre vie. Si vous achetez une
voiture neuve, prenez la garantie. Mais dans les autres domaines de
votre vie, prenez conscience que la prudence et un jugement sain sont
probablement vos seuls atouts.
Principe
n°7
: Ne
vous attendez pas à ce que le monde gravite autour de vous
Certaines
personnes sont tellement égocentristes qu’elles ne
supportent pas d’entendre le mot « non ».
Si elles sont frustrées dans leurs activités, elles
font une crise de colère ou boudent. Les personnes matures
reconnaissent la nécessité de faire des concessions
dans leur quotidien et comprennent que leurs valeurs doivent laisser
la place à une certaine souplesse. Dans le cadre de leurs
interactions avec les autres, les personnes matures savent que le
compromis est la solution dans notre société.
Cependant,
les névrosés ne sont pas disposés à faire
des compromis. Non seulement ils veulent imposer leur volonté
aux autres, mais ils veulent souvent leur imposer aussi leurs
mythologies de la vie. Souvenez-vous de l’écriture :
« Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un
enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ;
lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce
qui était de l’enfant » (1 Co 13:11). Eh
bien, de nombreuses personnes n’ont toujours pas mis de côté
leurs enfantillages. Il est important de comprendre que nous avons
été programmés dans l’enfance. Lors de
cette programmation, nous étions naïfs. Nous n’avions
pas l’expérience requise pour nous permettre de rejeter
ou d’accepter ce qui nous était proposé.
Mais
maintenant que nous sommes des adultes, nous devons « mettre
de côté les enfantillages » et choisir les
croyances et pensées que nous sommes en mesure d’accepter
et maintenir en toute logique en tant qu’adulte.
Principe
n°8
: Accordez
aux autres la liberté de pensée et d’action
Comme
déjà évoqué dans le chapitre sur le libre
arbitre, nous nous sommes battus et avons gagné une grande
guerre dans les cieux pour le droit au choix. Nous n’aimerons
peut-être pas certains des choix que font les autres mais nous
devons les laisser choisir de toute façon.
Nous
avons la responsabilité d’encourager, d’exhorter
et d’enseigner des principes corrects mais les autres ont la
liberté et l’obligation de choisir par eux-mêmes.
Aucun pouvoir, aucune
influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en
vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la
longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l’amour
sincère, par la bonté et la connaissance pure qui
épanouiront considérablement l’âme sans
hypocrisie et sans fausseté (D&A 121:41-42).
Principe
n°9
: Apprenez
à maîtriser votre colère
La
colère est une des forces les plus destructrices que
connaissent les hommes. La quantité d’énergie
requise au maintien de la colère est inouïe. Dans le
Sermon sur la Montagne, le Christ a indiqué clairement que
« quiconque se met en colère contre son frère
est passible de jugement » (Mt 5:22). Cet avertissement se
trouve encore renforcé lorsqu’il dit : « Aimez
vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien
à ceux qui vous haïssent et priez pour ceux qui vous
maltraitent et qui vous persécutent (Mt 5:44). Ces
exhortations devraient nous apporter des raisons supplémentaires
d’apprendre comment gérer l’émotion de la
colère.
En
tant « qu’homme naturel », je serais
malhonnête si je n’admettais pas que lorsque quelqu’un
me blesse, ma tendance naturelle serait de lui faire du mal en
retour. Je pense ne pas être le seul dans ce cas.
Un
jour, j’ai entendu une histoire qui m’a profondément
impressionné. Les boutiques de deux merciers se faisaient face
dans une rue et au cours des années, ils étaient
devenus des concurrents acharnés. Ils passaient beaucoup de
temps debout devant leur porte pour surveiller les affaires de
l’autre. Lorsqu’un client se présentait chez l’un
deux, celui-ci souriait en triomphe à l’autre et faisait
entrer son client dans sa boutique. Leur rivalité et leur
colère n’ont cessé de s’accroître de
façon incontrôlée au cours des années.
Un
jour, un ange apparût en rêve à l’un de ces
hommes. L’ange lui dit : « Dieu m’a
envoyé pour t’enseigner une très grande leçon.
Dieu t’accordera ce que tu désires mais tu dois
comprendre que ce qu’il t’accordera sera donné en
double à ton concurrent de l’autre côté de
la rue. Tu demandes la richesse ? Tu pourras être plus
riche qu’un roi mais il sera encore plus riche que toi. Tu
voudrais des enfants dont tu peux être fier et qui seront
célèbres ? Tu peux les avoir mais il en aura plus
que toi et ils seront encore plus célèbres que les
tiens. Est-ce que tu aimerais avoir une vie longue et en bonne
santé ? Tu le peux mais il vivra plus longtemps que toi
et en meilleure santé ». L’homme fronça
les sourcils et médita longuement. Finalement, il dit à
l’ange « je souhaite devenir aveugle d’un
œil ».
La
colère doit être maîtrisée, sinon elle nous
détruira. Bien qu’il n’y ait qu’une seule
gestion saine, il semblerait que les gens appliquent cinq méthodes
de base pour maîtriser la colère, en utilisant souvent
une combinaison des cinq.
- La
passivité.
Beaucoup ont le don de tout simplement refouler leur colère ;
en jargon classique, ils la « répriment ».
Ces personnes ont fréquemment des troubles somatiques ou
physiques. La colère se manifeste souvent par des troubles de
l’appareil gastro-intestinal, des maux de tête, de
l’hypertension ou des palpitations cardiaques. Des études
montrent que ces symptômes aggravent de nombreux autres
troubles et peuvent même diminuer notre résistance à
des maladies comme le rhume, la grippe ou le cancer.
- Explosivité
et agressivité.
Les gens manifestent souvent leur colère à travers un
bombardement d’activités physiques ou verbales. Dans
les cas extrêmes, ils finissent par détruire des
relations ou mariages, perdant fréquemment leur emploi ou
ayant des altercations avec la loi.
- Le
mode cocotte-minute.
Dans ce modèle, les personnes demeurent passives et serrent
les dents jusqu’au point où elles n’en peuvent
plus. Au final, leur colère se manifeste par de l’agressivité
physique ou verbale. Je nomme ce système de gestion de la
colère « à la mode des mouettes ».
C’est comme le père de famille qui s’isole de sa
famille en regardant la télévision ou en travaillant à
ses propres petits projets jusqu’à ce que quelque chose
dans la famille l’irrite suffisamment. Alors, il descend en
piqué sur sa famille, piaillant fortement et attaquant tout
le monde, pour ensuite s’isoler de nouveau. Le problème
dans cet exemple est le manque de constance. Bien que le père
puisse essayer d’enseigner une très bonne leçon,
ceux qui sont sous les feux de l’attaque ne se rappelleront
que du comportement imprédictible du père. La violence
est un mauvais professeur.
- Le
style passif-agressif.
Tout comme les vieux merciers, certains se font littéralement
du mal à eux-mêmes
pour prendre leur revanche sur d’autres. Les personnes
passives-agressives se sentent souvent impuissants. Leur
comportement passif est une façon de se venger sans utiliser
des moyens ouverts et hostiles. Par exemple, des enfants peuvent
utiliser comme armes la procrastination, l’entêtement,
la flânerie ou l’oubli.
Un
employé en colère contre son supérieur peut
utiliser ces mêmes méthodes pour se venger. Il fait des
choses contre lesquelles son supérieur n’a pas d’emprise
et reste ainsi en sécurité. De tels comportements
créent de la colère et de la frustration pour tous ceux
qui sont impliqués et peuvent lentement détériorer
de bons environnements familiaux et professionnels.
- L’affirmation
de soi. Ce
schéma de réponse s’est avéré un
tel succès que les étagères sont pleines
d’ouvrages écrits sur le thème de « comment
réagir avec assurance ». Certains de ces ouvrages
sont plutôt efficaces pour enseigner aux gens de réagir
en temps voulu avec des réponses mesurées face aux
remous de leur vie.
En
termes simples, l’affirmation de soi requiert une honnêteté
constante. Lorsque des personnes sûres d’elles-mêmes
sont en colère, elles manifestent leur colère de
manière cohérente. Les directives pour la communication
et la résolution des problèmes qui sont expliquées
ailleurs dans cet ouvrage s’appliquent ici et pourraient nous
aider à apprendre à gérer la colère de
manière constructive. Soyez assurés cependant que les
coups, les insultes et les attaques ne font pas partie de
l’affirmation de soi ni des bons enseignements (voir chapitre
9).
Un
de mes patients se plaignait amèrement de ses collègues
de travail qui racontaient constamment des plaisanteries à
caractère racial, ethnique ou religieux. Il était très
sensible à ces sujets et angoissé de la situation.
Cependant, au lieu de répondre de façon constante à
leurs calomnies, en expliquant qu’il trouvait leurs
plaisanteries inappropriées, il réagissait en mode
cocotte-minute, demeurant passif jusqu’à ce qu’il
n’en puisse plus et explosant ensuite en faisant une scène.
Je lui ai montré que cette inconstance montrait en fait une
certaine acceptation de leurs comportements et que pour changer la
donne, il fallait qu’il soit cohérent dans ses
réactions, en quittant systématiquement la salle ou en
faisant part chaque fois de ses sentiments. J’ai appris plus
tard qu’après avoir réagi constamment avec des
commentaires du style « Excusez-moi mais je n’écoute
pas les plaisanteries à caractère ethnique »
et « J’ai du mal avec les blagues à caractère
raciste ou religieux. S’il vous plait, ne les racontez pas
devant moi », les choses ont évolué de façon
positive. Ses préoccupations ont été soulagées.
Une
option des plus raisonnables en situation de colère est de
s’éloigner tout simplement de la situation causant la
colère. Lorsque les discussions et les accords ont échoué,
une évasion temporaire pourrait être la meilleure
solution.
Je me souviens d’avoir fait hospitaliser une femme
qui était manifestement dans un accès de colère
et de confusion. Elle sanglotait souvent et violemment. Entre ses
larmes, les accusations fusaient : « Si seulement mon
mari ne faisait pas ceci… », « Si
seulement mes enfants faisaient cela… ». Elle m’a
dit que j’avais placé la mauvaise personne à
l’hôpital et qu’elle n’était que la
victime. J’étais d’accord avec elle à de
nombreux égards mais lui ai expliqué qu’il
n’était pas rare d’hospitaliser les victimes, car
comme dans son cas, il n’était pas pratique d’admettre
dix personnes à l’hôpital à sa place. A
l’hôpital elle était dans un environnement
sécurisé où elle pouvait « débrancher »
pendant un certain temps et faire le tri de ses sentiments. Plus
tard, avec l’aide de consultations, sa situation familiale a pu
s’améliorer.
Principe
n°10
:
Accepter
les épreuves comme expériences d’apprentissage
J’ai
récemment lu quelque chose qui résume bien mes
sentiments à propos de ce principe :
Les
branches dénudées de décembre
« Si un sourire peut persister
sur les lèvres qui ont ri, de même une larme gonflera
toujours dans l’œil qui a pleuré. Car l’esprit
ne passe pas facilement à autre chose et les souvenirs ne
s’estompent pas rapidement chez ceux qui acceptent l’amer
comme le doux, le dernier comme le premier. Car qui se souvient de la
floraison des arbres ou du lavis des fruits à maturité
sans penser aussi aux branches dénudées de décembre ?
De même, l’aurore n’est rien sans la nuit qui la
précède et l’étoile ne peut pas exposer sa
brillance sans les ténèbres environnantes.
« Et ainsi, il semble, est
l’ordre des choses. En toutes choses il y a opposition, mais
décembre passera, l’obscurité s’enfuira et
rien ne durera éternellement. Car qui d’entre nous voit
le soleil se lever et cependant ne jamais se coucher, la flamme
brûler et pourtant ne pas consumer, le bourgeon fleurir et ne
jamais se faner ? Et laquelle des saisons commence et n’a
pas de fin ?
« Sommes-nous impliqués
dans l’ordre de toutes choses ? Ne nous débattons-nous
pas dans la recherche du bonheur ? Connaissons-nous l’amour
sans aussi connaître la solitude, le succès sans l’échec
ou la joie sans d’abord connaître le chagrin ? Ne
souffrons-nous pas de maladies ? Ne nous lassons-nous jamais ?
« Et pourtant, devons-nous
condamner nos difficultés ? La motte d’argile est
travaillée, modelée et cuite à haute température
– mais n’en ressort-t-il pas un objet puissant et beau ?
La fleur d’automne meurt d’une mort amère aux
prises des griffes gelées de l’hiver mais sème
ses semences en mourant, assurant ainsi sa propre continuité.
Est-ce que la fleur n’est pas victorieuse ?
« Et maintenant
je pose la question, est-ce que l’argile condamne le feu du
fondeur ou la semence le gel de l’hiver ? Car à
nous, il est donné de savoir que les épreuves ne durent
pas pour toujours, car la terre se déplace dans le ciel et le
temps ne s’arrête pas. Ni la terre reste statique, ni
tout ce qui y gravite. Est-ce qu’une semence dans la terre
demeure une semence à jamais ? Est-ce qu’un petit
ruisseau reste un ruisseau pour toujours ?
« Non, il suit son
chemin vers un fleuve ; et le fleuve n’émerge pas
non plus d’humbles commencements. Tout comme le ruisseau, nous
grandissons et nous nous développons jusqu’à ce
que finalement, semblablement au ruisseau qui rencontre le fleuve et
la mer, nos chagrins passés ne soient plus qu’un simple
grain de sable dans notre vie.
« Nous voyons donc qu’en
tout commencement il y a une fin et que pour tout moment de
tristesse, l’heure de la joie est programmée –
aussi sûrement que la tempête est suivie du soleil et que
la chaleur de la journée est apaisée par la fraicheur
de la nuit. Sacrifierions-nous le soleil pour nous débarrasser
de la tempête, ne savourerions-nous jamais la fraicheur pour
nous épargner la chaleur ?
« Non, car un monde avec l’un
mais sans l’autre est un monde non éprouvé et
irréalisé. Ce serait les cieux avec le soleil mais sans
la lune ni les étoiles, une chanson écrite jadis mais
jamais chantée. Et que dire du doux sans l’amer, ou du
premier sans le dernier ? Car qui se souvient de la floraison
des arbres ou du lavis des fruits à maturité sans
penser aussi aux branches dénudées de décembre ?
»
— Janice A. Richardson
En
grandissant et nous développant, nous prenons conscience que
nous sommes dans un processus de polissage. Je suis convaincu que
Dieu permet que nos « côtés rugueux »
soient polis par friction et abrasion. Un autre mot pour « friction »
est le mot « épreuves ».
Quelquefois,
ces épreuves peuvent prendre l’envergure de vraies
crises mais notre attitude face à ces épreuves peut en
faire des opportunités de croissance ou des expériences
qui bloquent notre progression. Dans beaucoup de langues, le mot
crise sous-entend à la fois danger et opportunité. De
par sa nature, une crise n’est pas un évènement
neutre. Elle nous affectera toujours d’une façon ou
d’une autre. Nous pouvons décider de quelle manière
elle nous affectera et ce que nous en ferons. La façon dont
nous utiliserons l’énergie de la crise en déterminera
le résultat ultime. L’issue de la crise dépend de
nous.
Une
crise peut être un moment très créatif si nous
adoptons la bonne attitude. Je crois que beaucoup de choses
merveilleuses peuvent émerger des pires crises. Par exemple,
supposez qu’une petite commune soit le site d’un meurtre
odieux. Cette tragédie pourrait se révéler
catastrophique si les habitants forment des groupes agressifs ou
s’isolent dans des maisons barricadées. Par contre, si
la commune réagit en installant un nouveau système
d’éclairage des rues, recherche des solutions pour
renforcer le maintien de l’ordre public et améliorer les
systèmes de soutien communautaire, la crise pourrait de muter
en une expérience créative et fonctionnelle.
Il
a fallu une grande crise dans ma vie pour m’enseigner qu’une
expérience dévastatrice peut aussi être une
occasion d’apprentissage. Mes parents sont décédés
alors que j’étais jeune. Mon frère et ma sœur
ont été placés dans la famille tandis que je
suis resté dans une famille d’accueil. A la fin de mon
adolescence, je me suis intéressé à l’Évangile
de Jésus-Christ et ensuite je suis parti en mission, un
tournant majeur dans ma vie. De retour de mission, je me suis marié
et avec mon épouse nous avons pris la garde de mon frère
de quinze ans qui rencontrait quelques difficultés
d’adolescent. Mon frère et moi sommes devenus très
proches.
Lorsqu’il
avait dix-sept ans, nous avons déménagé au
Wyoming où je devais poursuivre mes études supérieures.
Cinq semaines après notre arrivée, mon frère
s’est rendu à une soirée dansante. Sur la piste
de danse, quatre jeunes hommes l’ont battu à mort. Ils
n’avaient pas l’intention de le tuer mais ceci n’a
fait aucune différence – il n’en était pas
moins mort. Un officier de police à l’intonation abrupte
et coléreuse m’a appelé à 1h30 du matin et
m’a demandé si j’étais Zane Nelson et si
j’avais un frère du nom de Scott Nelson. J’ai
répondu par l’affirmative. Il m’a dit « Je
suis à l’hôpital Laramie Memorial avec votre
frère. Il est tombé raide mort sur une piste de
danse ».
Après
avoir identifié le corps, je suis rentré de l’hôpital
comme anesthésié, submergé par la confusion et
le chagrin. Durant plusieurs jours je ressentais une paralysie
psychique et suis parvenu, je ne sais comment, à traverser
l’épreuve des funérailles et de l’enterrement.
Mais de nombreuses nuits ont suivi où, écrasé
par la douleur et la confusion, je criais ma colère à
Dieu et à mes parents. J’avais l’impression qu’ils
m’avaient tous abandonné avec un fardeau insoutenable.
J’étais
hanté par la douleur. Je me suis mis en retrait de la vie
sociale et m’apitoyais sur moi-même. Grâce à
l’aide d’un de mes professeurs, j’ai fini par
comprendre que j’étais en train de capituler
psychologiquement et que je devais modifier mon comportement.
Après
de nombreuses prières, nous avons décidé, mon
épouse et moi, que le seul moyen de se débarrasser de
cette dépression était de s’impliquer dans autre
chose. Nous nous sommes engagés à ce moment-là à
faire du travail missionnaire et à ce que je termine le
programme d’études supérieures que j’avais
commencé. Cette réorientation vers des buts positifs
m’a permis de prendre de la distance par rapport à ma
concentration unique fixée sur ma peine. J’ai arrêté
de ressasser et d’être en colère à propos
du décès de mon frère (un état futile qui
n’a fait que m’entraîner dans un désespoir
de plus en plus profond). Suite à ce réel engagement
dans des buts créatifs, nous avons pu passer des moments
joyeux et constructifs dans le travail missionnaire et j’ai
vécu de bonnes expériences dans mes études
supérieures.
Une
crise majeure peut occulter tous les autres problèmes dans la
vie des personnes affectées. Mais je n’insisterai jamais
assez sur le fait que les crises nous paralyseront seulement si nous
les laissons éclipser tous les autres aspects de notre vie.
Lors de toute situation négative, les gens peuvent créer
un tel monstre dans leur esprit qu’ils se convainquent
eux-mêmes de l’impossibilité de pouvoir le gérer.
Cette crainte se traduit par de la colère ou du désespoir,
se terminant souvent en des conséquences tragiques.
Une
telle situation m’est restée à l’esprit. Ma
spécialité étant la suicidologie, je suis
souvent convoqué par les médecins légistes lors
de cas inhabituels. Il y a quelque temps, j’ai été
appelé à une maison où un garçon de onze
ans avait apparemment commis un suicide avec un fusil puissant. Il
n’avait laissé aucun écrit et ce garçon
semblait être un membre heureux au sein d’une famille
intégrée.
Quelle avait pu être la cause pour que
ce jeune garçon apparemment intelligent et bien adapté
retourne le fusil contre lui ? Il s’est avéré
qu’il avait dû rester chez lui au lieu d’aller à
l’école et qu’il a fini pas s’ennuyer. À la
recherche de quelque chose à faire, il a commencé à
jouer avec le pistolet et le fusil de son père.
Malencontreusement, le pistolet a fait feu et a percé un trou
dans un meuble antique. En raison du contrecoup exagérément
intense qui suit toujours ce genre d’accident et effrayé
par ce qu’il avait fait, le jeune garçon s’est
suicidé.
D’un
autre côté, une crise peut fournir l’opportunité
d’apporter des changements positifs si de bons choix sont
faits. Je me souviens d’un de mes amis qui est devenu aveugle à
cause du diabète. Il est venu me voir avec son épouse
pendant son entraînement de réadaptation. Lorsqu’ils
se sont levés pour partir, j’ai instinctivement tendu la
main pour l’aider à trouver sa canne. Son épouse
a secoué la tête et j’ai regardé alors
qu’il marchait droit vers un bureau et s’est cogné.
Son épouse a dit négligemment : « Il
faut que tu fasses un peu plus attention où tu vas mon
chéri ».
Elle résistait à la tendance
naturelle de trop l’aider, l’aidant ainsi à
devenir indépendant. Il est ensuite devenu une force
significative dans l’éducation des aveugles en Idaho.
Son épouse aurait pu choisir de le rendre dépendant
d’elle-même et cet homme aurait pu rester à la
maison et passer sa vie à se plaindre. Les choix qu’ils
ont tous deux faits face à une crise majeure l’ont aidé
à devenir une personne heureuse et productive.
Une
situation de crise n’est certainement pas le seul moment où
l’on peut grandir et changer. Nous aurons de nombreuses
épreuves en dehors des périodes de crise, dans cette
vie et dans celle qui suit. Ma préoccupation n’est pas
seulement que nous soyons capables de surmonter les crises et les
épreuves mais que nous le fassions dans l’estime de soi,
l’humilité, la foi, la détermination, la ténacité
et la compassion dont nous avons besoin pour découvrir la joie
qui devrait être inhérente à notre parcours.
Chapitre
9 : Les gens sont fragiles : à manier avec précaution
Dans
les romans sur son personnage de fiction Lazarus
Long, Robert
A. Heinlein a dit :
« Il est nécessaire de
lubrifier les pièces mobiles en friction d’une machine
pour éviter leur usure excessive. Les règles de
politesse et de civilité assurent une lubrification parmi les
gens qui sont en contact. Il arrive souvent que les très
jeunes enfants, les personnes ayant peu voyagé, les naïfs
et ceux qui ont une vision relativement simpliste des choses
condamnent ces formalités, les jugent ' creuses,
dénuées de sens ou hypocrites ' et
dédaignent leur utilisation. Aussi purs que soient leurs
motifs, ils jettent ainsi du sable dans la machine qui, dans le
meilleur des cas, ne fonctionnera plus très bien.
»
Les
relations ont besoin d’huile dans les rouages mais elles
reçoivent trop souvent du sable. Les gens viennent trop
fréquemment me consulter en exprimant le désir d’aider
à changer une certaine personne clé dans leur vie. Ils
pensent que « si seulement » cette personne
pouvait changer, ils en seraient tous deux plus heureux et leurs
problèmes seraient résolus. Mais le seul moyen
d’influencer les autres à changer de manière
positive est d’initier un changement positif en nous-mêmes.
Par exemple, c’est par l’apprentissage de nouvelles
compétences de communication et le développement de
notre habilité à régler les problèmes,
que nous serons en mesure de traiter les personnes clés de
notre vie de manière plus « lubrifiée »
et moins « jets de sable », pouvant ainsi
devenir un catalyseur puissant de changement dans leur vie.
Communiquer
ses sentiments
Beaucoup
de problèmes pourraient être résolus si nous
savions communiquer efficacement à leur sujet et les gérer
de façon appropriée. La communication efficace est
compliquée et cependant elle est un outil essentiel pour
découvrir, encourager ou changer des sentiments. Les personnes
perçoivent le monde de différentes manières.
L’huile dans les rouages utilisée par une personne peut
être ressentie comme de l’hypocrisie par une autre. Pour
communiquer, nous n’avons pas à accepter les avis des
autres mais nous devons les respecter.
Il
est courant que la communication, qu’elle soit bonne ou
mauvaise, consiste en quelqu’un qui tente de faire part de ses
sentiments. La personne veut exprimer ses émotions et il se
peut qu’elle veuille trouver une catharsis. Elle ne veut pas
une réponse mais seulement quelqu’un qui l’écoute.
Dans d’autres situations, une personne peut réellement
rechercher de l’aide pour résoudre un problème.
Il est intéressant de noter que les hommes ont souvent des
difficultés à juste écouter
des sentiments. Ils ont plutôt tendance à venir me voir
avec la croyance qu’ils sont supposés faire
quelque chose lorsque des émotions leur ont été
confiées. Étant donné qu’il est souvent
impossible qu’ils fassent quoi que ce soit à propos des
émotions de leur épouse, ils se sentent frustrés
et aggravent ainsi la difficulté de la situation. Une épouse
rendra service à son conjoint en l’aidant à
comprendre que quelquefois elle ne demande qu’à être
écoutée.
Directives
de communication
Alors
que je présente ici quelques directives de communication et de
résolution de problèmes, gardez à l’esprit
que je ne suis pas en train de dire qu’il faut toutes les
appliquer lors de conversations normales ou de routine, bien qu’elles
puissent être bénéfiques. Je peux dire sans
équivoque que lorsque je suis suffisamment sage pour les
suivre, ma capacité à comprendre les autres et à
les aider à résoudre leurs différends et leurs
problèmes s’accroît considérablement. Si
nous choisissons de ne pas suivre ces directives, nous pourrions nous
retrouver à saboter certains des merveilleux talents et
bénédictions que Dieu nous a donnés.
- Parler
au « Je » et éviter le « Vous »
dans les allocutions.
Lorsque
les gens entendent le mot « vous », ils se
sentent souvent attaqués. En évitant de dire « vous »,
vous les aidez à faire tomber leurs défenses. Par
exemple, j’ai eu une femme en consultation qui était une
vraie pleurnicharde. Alors qu’elle me racontait son histoire,
elle geignait comme une sirène de pompiers [tonalité montante et descendante que font les sirènes
des véhicules de pompiers aux États-Unis, ndt].
Vous pouvez bien vous imaginer que si moi, son thérapeute, en
était dérangé, son mari devait avoir une vie
totalement impossible avec elle. L’homme « naturel »
en moi mourait d’envie de dire « Ciel !
Madame ! Où avez-VOUS appris à parler ?
Lorsque VOUS montez et rabaissez ainsi le ton de VOTRE voix, VOUS
êtes carrément rebutante ! »
Si
je l’avais approchée avec ce type de message, je
n’aurais pas été en mesure d’aider ce
couple. Au lieu de cela, je lui ai dit : « En qualité
de thérapeute, j’ai besoin de pouvoir réfléchir
clairement ; cependant, j’ai remarqué que
quelquefois mon esprit s’égare et je ne reste pas
concentré sur ce que les gens sont en train de me dire.
Lorsque quelqu’un monte et baisse le ton de sa voix avec moi,
d’anciens épisodes de ma vie envahissent mes pensées ».
La
femme comprit le message et elle parla correctement durant les vingt
minutes qui suivirent. Puis elle recommença à geindre.
Immédiatement, je lui dis : « Excusez-moi mais
je me rends compte que je suis de nouveau distrait ». Ceci
a résolu notre problème.
- Éviter
de blâmer les autres.
Tout
comme avec l’emploi du « vous », lorsque
nous commençons à blâmer quelqu’un d’autre
pour tout ce qui ne va pas et refusons d’assumer notre part de
responsabilité, nous ne faisons qu’aggraver la
situation. Le vrai danger en essayant de repousser la faute sur
quelqu’un d’autre est que nous restions inconscients de
nos propres comportements et attitudes qui pourraient bien être
une partie du problème.
- Retour
d’information, répétition et paraphrase.
Dans
certaines situations, il est important de répéter ou
paraphraser ce qui vient d’être dit. « Êtes-vous
en train de dire que… », ou « En
d’autres termes, ce que vous voulez dire est… ».
Ceci est une manière directe de rassurer les personnes
qu’elles sont écoutées et comprises.
- Éviter
les formulations trop catégoriques : jamais, toujours,
chaque fois…
Ces
affirmations sont habituellement fausses et donc perturbantes. Par
exemple, si une femme dit « Tu ne m’invites jamais à
l’extérieur », généralement son
mari ne va pas comprendre le message qu’elle tente de lui faire
passer qui est : « J’aimerais que nous sortions
ensemble plus souvent ». Au lieu de cela, il ne va retenir
que le mot « jamais » et va répondre à
peu près ainsi : « Il y a six semaines, je
t’ai emmenée chez McDonald et maintenant tu dis que je
ne t’emmène jamais nulle
part ! » Il est clair que les deux interlocuteurs
sont piégés par ces mots trop catégoriques.
- Utiliser
la communication sur le mode « Parent normatif »
modérément. Ce type de communication inclut
habituellement des mots-clefs tels que « vous devez, vous
ne devez pas ».
Si
nous pouvions seulement écouter aussi bien que nous pouvons
entendre, nous serions tellement plus avancés ! La
plupart des gens n’aiment pas recevoir des ordres et les mots
« devoir et ne pas devoir » sont parmi les plus
efficaces pour tuer une conversation.
- Ne
jamais dire à une tierce personne ce qu’elle pense ou
ressent.
Cette
attitude est absolument bloquante. Le plus souvent, les personnes
seront en désaccord avec l’interprétation que
vous faites de leurs sentiments et seront encore plus irritées
et en colère. Le résultat prévisible est
qu’elles cesseront tout simplement d’écouter.
- Ne
pas polémiquer sur les faits mais essayer de comprendre les
sentiments.
Comme
je l’ai fait remarquer plus tôt, les faits ne sont pas
aussi importants que les sentiments qui en découlent. Il est
absurde de polémiquer sur le fait que quelqu’un soit en
retard d’une heure ou de quarante-cinq minutes ou que quelqu’un
sorte chaque soir de la semaine ou seulement quatre soirs. Les
sentiments que ces faits engendrent sont ce qui compte réellement.
Exprimez vos sentiments et voyez comment la conversation deviendra
bien plus productive.
- Ne
pas faire de menaces verbales ou physiques ni utiliser de mauvais
traitements.
Les
cris et les menaces sont des messages puissants à part
entière, ils sont en fait si puissants qu’ils détournent
l’attention du message recherché. L’utilisation du
poing pour renforcer le message brise le cadre de la confiance et de
la compréhension. Les cris brouillent les paroles.
- Éviter
de jouer l’apaisement.
Ne
vous contentez pas de dire aux gens ce qu’ils veulent entendre
et ne contraignez pas les gens à être d’accord
avec vous. Le fait d’encourager un alignement intellectuel et
émotionnel chez les autres n’est pas une bonne méthode
d’enseignement. Elle ne favorise pas la transparence et
l’honnêteté dans une relation.
- Éviter
les sarcasmes.
De
façon idéale, l’humour devrait démontrer
de nouvelles manières de résoudre les problèmes.
L’humour peut également nous aider à mettre nos
problèmes en perspective, sans détourner notre énergie
pour les résoudre. Mais le sarcasme est de l’humour
facile et bon marché qui n’accomplit aucun rôle.
L’humour
met de l’huile dans les rouages de la vie. Lorsque nous perdons
notre capacité de voir le côté comique de la vie,
elle devient fastidieuse et morne. Le bon humour et le rire allègent
les fardeaux de tous. Par contre, le sarcasme est de l’humour
au détriment de quelqu’un d’autre et est rarement
amusant. Il cause souvent de la mauvaise volonté chez les
autres.
- Traiter
un problème à la fois.
Ici
le danger est double. Si nous faisons état de trop de
problèmes à la fois, la conversation peut devenir si
écrasante qu’une ou les deux parties se mettront sur la
défensive et saboteront la discussion. D’autre part, la
présence de plusieurs problèmes diluera la
conversation, dans la mesure où aucun des problèmes ne
sera réellement affronté et les sentiments sur la
futilité de la discussion en sortiront renforcés.
- Être
conscient des réactions non verbales.
La
mâchoire contractée, le poing serré ou menaçant,
les grimaces faciales, tout ceci nous transmet des messages. Le coup
est l’équivalence non verbale du cri. Si vous atteignez
ce stade, vous pouvez habituellement être certain que vous avez
raté de nombreux messages subtils qui ont conduit à
cette situation.
- Éviter
d’interrompre.
Interrompre
quelqu’un est la même chose que lui dire que nous
n’écoutons pas. Lorsque vous avez l’envie
d’interrompre, essayez de canaliser l’irrépressible
impulsion en paraphrasant ce que la personne a dit. C’est plus
poli et plus productif.
- Éviter
de faire un cours.
Les
gens ont tendance à devenir « sourds »
lorsqu’un discours leur est adressé pendant trop
longtemps. Laissez les beaux discours aux professeurs et aux
politiciens.
- Éviter
les arrière-pensées.
Toute
communication devrait être honnête et ouverte. Les
arrière-pensées devraient être évitées.
Lorsqu’une personne tente délibérément
d’amener la conversation là où elle le souhaite
ou dans le but d’obtenir ce qu’elle veut dans une
situation donnée, la communication devient malhonnête et
créée de la suspicion et de la réserve chez les
autres.
- Prendre
le temps.
Durant
une discussion, il arrive souvent que des personnes atteignent un
stade où elles sont sur le point de dire quelque chose
qu’elles regretteront. Si votre niveau d’adrénaline
est élevé et votre cerveau s’échauffe,
vous devriez vous retirer de la conversation et y revenir plus tard.
Quelquefois,
les autres interlocuteurs ne permettent pas à une personne de
se retirer de la discussion. Ils insistent sur le fait qu’il
faut en parler « tout de suite ». Il est
cependant important de comprendre qu’il est nécessaire
d’attendre nos propres opportunités de communication.
L’élément capital en se retirant dignement est
que vous êtes disposé à réexaminer la
question une fois que les esprits se seront apaisés.
- Ne
pas dire « Je vous l’avais dit ! »
Personne
n’aime recevoir la preuve qu’il a eu tort ou a été
stupide.
- Prendre
un rendez-vous pour parler des problèmes.
Il
est judicieux de consacrer un moment particulier pour aborder les
problèmes afin d’éviter d’en parler tout le
temps.
Quelquefois,
les couples sont tellement axés sur leurs problèmes que
les deux conjoints ne prennent plus le temps de se divertir ou
d’apprécier leurs qualités réciproques qui
les ont incités à se marier : les problèmes
commencent à dominer les conversations. Les seuls sujets de
conversation deviennent la machine à laver, les pneus à
changer sur la voiture, les trous dans la toiture, le budget et leur
petit garçon Johnny qui mouille encore son lit. Ces
discussions peuvent devenir très pénibles et
écrasantes. Et bien qu’elles ne puissent pas être
occultées, les relations ne peuvent pas s’épanouir
si les problèmes sont en permanence en première ligne
de mire.
Je
recommande d’allouer un moment chaque semaine où les
problèmes pourront être identifiés et abordés
l’un après l’autre, et où la meilleure
marche à suivre sera adoptée. Les problèmes
devraient ensuite être mis de côté jusqu’au
prochain rendez-vous programmé.
Enfin,
souvenez-vous que si une personne a un problème de
communication, vous avez tous les deux le problème – et
il est contraire aux règles de dire à l’autre
personne qu’elle enfreint ces règles.
Une
approche contractuelle
La
passation d’un accord est un autre élément
efficace dans le cadre d’une stratégie de résolution
interpersonnelle de problèmes. De façon négative,
un accord peut être considéré comme un document
antagoniste entre deux personnes qui ne se font pas confiance. Mais
utilisé de façon positive, lorsque les parties ont une
bonne attitude ou disposition et n’ont pas le désir de
manipuler ou pinailler, un accord est un document très utile
pour aider à clarifier les rôles et les attentes de
chacun dans des situations non conflictuelles. Lorsqu’ils sont
utilisés correctement, les accords assurent de la cohérence
et de la prédictibilité dans les relations humaines.
La
passation d’un accord dans le cadre des situations familiales
peut considérablement réduire les discordes inhérentes
aux relations interpersonnelles étroites. Mais je le répète,
la qualité de l’accord est indissociable de la bonne
attitude et disposition des parties concernées. Si une des
parties décide de se montrer opaque, sournoise, rigide ou se
plaint continuellement, l’accord ne fonctionnera pas.
Effectivement, dans ces conditions, il peut devenir un instrument
d’abus. Mais lorsque l’approche est faite avec un bon
esprit et une attitude saine, lorsque toutes les parties concernées
désirent succès et bonheur, les accords peuvent
clarifier et contribuer à aplanir certaines des agitations
courantes qui surgissent couramment dans les relations personnelles.
Les
accords efficaces font généralement la distinction
entre trois éléments majeurs : les droits, les
privilèges et les règles.
Les
droits sont quelque chose que nous avons en vertu du fait que nous
sommes des êtres humains dans une société libre.
Ils n’ont pas à être acquis ou justifiés.
Dans la plupart des nations, les droits sont garantis par une
constitution et ils ne peuvent pas être violés par la
famille.
Les
privilèges sont conférés à certaines
personnes en vertu de leur statut, de leur bonne conduite ou de leurs
accomplissements. Si une personne se montre indiscrète, ses
privilèges peuvent lui être retirés. Dans le
cadre d’un État, le permis de conduire est un privilège
et non pas un droit. Au sein d’une famille, les privilèges
comprennent des choses comme l’accès à une
voiture et des possibilités de divertissement.
Une
règle constitue une limite. Par exemple, dans votre pays, la
vitesse de 40 km/h pourrait être la vitesse maximale à
laquelle vous pouvez rouler en ville. Dans le cadre de la famille,
les règles incluent généralement le respect de
l’heure limite de la rentrée le soir, la durée et
la fréquence des appels téléphoniques, les
exigences en matière de travail et de tâches ménagères.
Quelques
suggestions lors de la passation d’un accord :
- L’accord
ne devra pas préciser les exigences pour une personne
seulement. Pour que le document fonctionne, il devra s’adapter
à toutes les parties. Alors que certains privilèges
sont accordés selon l’âge et le statut, les
parents devraient éviter d’établir des
conditions qu’ils ne sont pas disposés à suivre
eux-mêmes. Les parents invitent les problèmes
lorsqu’ils attendent plus d’un enfant que d’eux-mêmes.
- Lors
de la mise en œuvre d’accords, souvenez-vous :
vivez dans l’esprit de la loi et ne vous faites pas prendre
par la lettre de la loi. Par exemple, si un accord limite les appels
téléphoniques personnels à trente minutes, ceci
devrait être une ligne directrice générale et
non pas quelque chose qui nécessite d’être mesuré
avec un chronomètre.
- L’accord
devrait être écrit de manière à ce qu’il
s’applique à toutes les personnes du foyer, sans
qu’aucune personne ne se sente particulièrement visée.
La formulation devrait être choisie pour laisser entendre que
« nous » ou « la famille »
sont concernés, plutôt qu’une personne en
particulier.
- Les
récompenses et les conséquences devraient être
explicitées. Les gens ont besoin de structures et veulent
savoir à quoi s’attendre. Les sentiments doivent être
clarifiés et gérés jusqu’au point où
tous veulent
faire fonctionner l’accord. Puis, la mise en œuvre de
l’accord devra se faire avec amour afin que l’esprit de
l’accord ne soit pas brisé.
Bien
qu’il soit important de ne pas surcharger « l’esprit »
de l’accord, les accords devraient être aussi spécifiques
que possible. Plus ils sont spécifiques, plus ils seront
faciles à respecter. Moins de différends surviendront
si les parties ont rarement l’occasion de dire « ce
point n’était pas clair ». Les accords
clarifient les rôles et les fonctions, permettant ainsi
d’anticiper les affrontements importants et, dans une certaine
mesure, d’éviter des guerres qui aboutissent uniquement
en des petites victoires.
La passation d’accords n’est
pas exclusivement un instrument interpersonnel. Passer un accord avec
soi-même peut également être productif. Chaque
jour de l’an, les gens s’engagent à s’arrêter
de fumer, de jurer ou d’agir de toute autre manière
particulière. La plupart de ceux qui tiennent ces résolutions
sont ceux qui utilisent un programme basé sur un exercice de
clarification des valeurs.
La
passation d’un accord est uniquement un outil à
disposition de ceux qui recherchent des solutions aux discordes
interpersonnelles et des façons d’aider ceux qu’ils
aiment. Mais c’est un outil qui a deux avantages : il
offre d’excellentes opportunités pour clarifier les
préoccupations de chacun et il vise à un certain
équilibre entre les récompenses et les responsabilités
des parties concernées.
Enseigner
efficacement des principes corrects
On
nous a recommandé d’enseigner de bons principes et
de laisser les personnes se gouverner elles-mêmes. Nous avons
combattu dans les cieux pour le droit de nous gouverner nous-mêmes
et nous exerçons maintenant ce droit ici-bas. Mais lorsque
nous observons ceux qui sont en train de gâcher leur existence
et celle des autres par l’exercice de leur libre arbitre, il
est aisé de remettre en cause la sagesse de ce principe.
Je ne
pense pas qu’il y ait quelque chose de plus frustrant que de
devoir se retenir d’intervenir directement lorsque l’on
voit quelqu’un qui choisit volontairement la voie de la
destruction. Il y a des moments où une intervention peut être
appropriée (comme dans certains cas d’addiction à
des drogues ou à l’alcool), étant donné
que ces personnes peuvent être en perte de contrôle et ne
peuvent s’aider elles-mêmes. Néanmoins, ceci est
l’exception et notre devoir principal reste d’enseigner
des principes corrects, puis de laisser les gens se gouverner
eux-mêmes.
Mais
comment parvient-on à enseigner des principes corrects ?
Quelquefois, nous enseignons très mal des principes corrects,
en utilisant des tactiques immatures, voire brutales. Lorsque des
parents explosent soudainement en un déluge de violences
verbales ou physiques dirigé contre un enfant, ils
apparaissent erratiques et incohérents. Au lieu d’enseigner
des principes corrects, ces comportements enseignent seulement la
peur, la colère et l’incohérence.
Après
une tel déchaînement, la plupart des parents
reconnaissent que le problème a surgi alors qu’ils
étaient dans un état du moi Enfant ou Parent normatif.
Mais cette seule prise de conscience n’aide habituellement pas
à résoudre le problème. Ce n’est que
lorsque les personnes sont ouvertes à la compréhension
de la dynamique de l’enseignement et de l’apprentissage
qu’elles seront en mesure d’interpréter leurs
sentiments et de corriger leur comportement. Dans les moments où
la colère et la frustration menacent de transformer une
tentative d’enseignement ou la consolidation de bons principes
en une guerre familiale, comment pouvez-vous négocier la
paix ? Tout d’abord, vous devrez maîtriser votre
état du moi Parent.
Alors
qu’idéalement un parent devrait être un
enseignant, le Parent normatif est par définition quelqu’un
qui discipline. L’état du moi Parent est largement fondé
sur des bons principes mais il souffre quelquefois d’une
obsession écrasante du bien et du mal. Habituellement, l’état
du moi Parent a raison sur le principe mais a tort en actions.
Il
est possible d’atténuer le côté
disciplinaire de l’état du moi Parent en l’aidant
comme nous l’avons fait pour l’état du moi Parent
normatif ordinaire. Tout d’abord, nous devons résister à
la forte envie de chasser l’état du moi Parent
disciplinaire. Permettez-moi d’utiliser un exemple : J’ai
rencontré de nombreux mères et pères qui sont
très reconnaissants et heureux d’avoir un conseiller
détenteur de la prêtrise ou un évêque ou un
instructeur qui leur dise « Laissez-moi vous aider à
combler les problèmes de communication entre vous et votre
fille ». D’autre part, j’ai également
vu des dirigeants qui dans la même situation disent aux parents
de laisser l’enfant tranquille et d’arrêter de
faire ceci ou cela et qui essaient de prendre le contrôle. En
réponse, les parents se mettent souvent sur la défensive
et deviennent hostiles.
Nous
devons traiter notre état du moi Parent disciplinaire comme un
bon dirigeant traiterait les parents. Au lieu d’attaquer les
parents, il s’assurerait qu’ils sachent qu’il est
là pour les aider mais qu’il ne veut pas prendre la
responsabilité de leurs enfants ni les supplanter. Il
rassurerait les parents sur le bien-fondé de leurs principes
et que son rôle consisterait uniquement à les aider à
enseigner ces principes. Il ferait savoir aux parents combien il les
comprend ainsi que les peurs et frustrations qu’ils ressentent.
Si ceci est fait sincèrement, la menace est éloignée
de l’état du moi Parent. Si nous sommes en mesure
d’utiliser la même procédure avec notre état
du moi Parent disciplinaire, nous serons plus susceptibles de
développer des modèles de communication qui
encourageront nos enfants au lieu de les décourager.
Étant
donné que nous voulons enseigner et que l’enfant veut
naturellement apprendre, s’il s’éloigne de nous,
nous pouvons être certains que nos tactiques sont en cause. La
chose la plus importante qu’un parent puisse faire est de
protéger et d’encourager la curiosité, la
croissance et le désir d’apprendre de l’enfant.
Un
jour, mon fils de dix ans, Brock, était invité à
la maison d’un de mes amis. Alors que mon ami essayait
d’effectuer quelques tâches ménagères,
Brock l’a harcelé de questions, telles que :
« Qu’est-ce que ceci ? Comment ça
marche ? Pourquoi en as-tu besoin ? »
Finalement, mon ami étant fatigué de toutes ces
questions, il répondit : « juste parce que.
Voilà pourquoi ». Brock l’a regardé
fixement et lui dit alors « Mon père dit que je ne
peux pas apprendre avec des réponses en ‘parce que’.
C’est juste que tu ne veux pas répondre à la
question ». Mon ami, sachant qu’il s’était
fait avoir, a souri.
Un
parent a la responsabilité et le défi de prendre du
temps et de faire des efforts pour enseigner, même lorsque
c’est peu pratique. Quand nous saisissons les occasions
d’enseigner, nous augmentons le désir de l’enfant
d’apprendre. En tant qu’instructeurs de nous-mêmes
et des autres, nous devons être attentifs à ces
occasions d’enseignement productif – des moments où
l’instructeur est prêt et l’élève est
disposé. Il faut souvent un bon sens de l’observation,
de la vigilance et une fondation de confiance mutuelle pour détecter
ces occasions d’enseignement. Lorsque ces moments clés
sont là, un bon instructeur est capable de partager, de
manière positive et productive, ses pensées et
commentaires les plus stimulants.
Le
désir d’apprendre est l’un des facteurs de
l’apprentissage ; la compréhension des choses en
est un autre. Tout comme nos échecs inattendus peuvent rester
une énigme pour nous-mêmes et les autres, nous pouvons
également être perplexes ainsi que les autres au sujet
de nos réussites imprévues. Pour la plupart d’entre
nous, la compréhension des choses vient en posant les bonnes
questions, bien qu’il soit vrai qu’elle n’est
probablement pas une condition impérative pour réussir.
Alors que la compréhension des choses n’est certainement
pas requise pour dupliquer nos défaillances, il se pourrait
bien qu’elle soit une condition primordiale pour dupliquer nos
succès.
Un
bon instructeur peut aider un étudiant volontaire à
obtenir une meilleure compréhension. Malheureusement, comme
tout professeur expérimenté peut en témoigner,
les gens évitent souvent la compréhension et la
connaissance (ayant laissé derrière eux l’empressement
et l’honnêteté des jeunes enfants). La
connaissance peut être un fardeau, comme Alma l’a
remarqué lorsqu’il a demandé : « Et
maintenant, n’est-il pas bien plus maudit, celui qui connait la
volonté de Dieu et ne la fait pas, que celui qui croit
seulement, ou qui a seulement lieu de croire, et tombe en
transgression ? » (Alma 32:19). Nous pouvons croire
sincèrement que Dieu veut nous voir tous progresser
individuellement, tout en étant effrayés de découvrir
la difficulté de la prochaine étape de notre
progression.
Lorsque
nous essayons d’enseigner de bons principes, nous devons
nous souvenir que la connaissance apporte liberté
et responsabilité
– la libération de l’ignorance mais la
responsabilité de réfléchir et d’agir à
la lumière de cette connaissance. C’est la raison pour
laquelle les professionnels de la santé mentale ne demande pas
uniquement « Est-ce que cette personne a de la
connaissance ? », mais aussi « Est-elle
capable d’apprendre par expérience ? Est-ce qu’elle
applique systématiquement ses connaissances ? »
La connaissance de la vérité ne peut nous libérer
que si nous l’appliquons dans notre vie. Jésus a
enseigné en paraboles de protéger du fardeau de trop de
connaissances ceux qui n’ont pas un niveau spirituel leur
permettant d’appliquer ses enseignements. Si nous insistons
pour donner trop d’enseignements trop tôt à des
enfants qui ne sont pas prêts ou capables d’appliquer ce
qui leur est enseigné, il se pourrait que nous leur fassions
du tort.
L’enseignement
de principes corrects est un processus pas à pas qui requiert
une bonne communication, de la patience et de la souffrance.
Il
y aura souvent beaucoup de pleurs, de lamentations et de grincements
de dents, aussi bien chez l’élève que chez le
parent qui essaie de rester patient durant l’enseignement.
Toute personne qui a côtoyé un ami ou un proche qui
vient de subir une opération sait qu’à cause de
la douleur, le malade peut être exigeant et égoïste.
La douleur psychique entraîne les mêmes réactions.
Nous devons être préparés à être
patients et compréhensifs.
Lors
de l’enseignement de bons principes, il est important
d’éviter les jeux de guerre. Il n’y a pas de
gagnant dans une guerre au sein d’une famille. J’ai vu
trop de belles familles complètement déchirées
parce que des individus se sont fait la guerre. La famille immédiate
et élargie est frustrée et rendue amère par des
questions accusatrices et égocentristes, telles que :
« Ne penses-tu pas que les membres de la famille devraient
se dire exactement où ils se trouvent ? »,
« Ne penses-tu pas que les gens devraient faire acte de
fiabilité afin qu’on puisse leur faire confiance ? »,
« Les enfants ne devraient-ils pas respecter leurs
parents ? », « Est-ce que les gens ne
devraient pas rembourser ce qu’ils doivent ? »
De telles questions sont habituellement chargées de
signification. Elles sont posées dans un esprit négatif
et aucune réponse ne peut être la bonne réponse
qui amènera la paix dans une relation ou entre les individus
concernés.
Je
ne prends pas à la légère les valeurs et
principes ci-dessus ; je veux simplement montrer que des
principes formulés par des questions transforment un problème
résoluble en une situation de crise, simplement parce que le
problème est posé de manière subjective et
rigide. Les différends familiaux deviennent des guerres. Au
lieu de compréhension et d’effort de résolution,
l’accent est mis sur la victoire. Ce sont la prudence,
l’opacité, la fourberie, la suspicion, la colère
et la surenchère qui l’emportent. Les guerres
familiales, comme les guerres nucléaires n’ont pas de
vainqueur.
La
difficulté pour éliminer l’égocentrisme
qui conduit à des guerres familiales est qu’il est la
version extrême d’une auto-gouvernance
saine et nécessaire. Il est crucial de se rappeler que le vrai
objectif est que les personnes se gouvernent elles-mêmes, dans
les familles et dans toutes les relations humaines.
Le
Seigneur, connaissant les difficultés qui surgissent lors de
l’enseignement de principes corrects, mais tout en nous
laissant nous autogouverner, nous rappelle que ceci devrait être
fait « … par la persuasion, par la longanimité,
par la gentillesse et la douceur, et par l’amour sincère ;
par la bonté et la connaissance pure » (D&A
121:41-42). Et ensuite vient un concept des plus importants pour
faire face à toute forme d’opposition : « Réprimant
avec vigueur en temps opportun, sous
l’inspiration du
Saint-Esprit ;
et faisant preuve ensuite d’un redoublement d’amour
envers celui que tu as réprimandé, de peur qu’il
ne te considère comme son ennemi » (D&A 121:43,
italiques ajoutés).
Je
suis convaincu que beaucoup parmi nous « répriment
avec vigueur » et je suis tout aussi convaincu que je ne
suis pas le seul à avoir fait cela, sans l’inspiration
du Saint-Esprit. La sorte de vigueur dont il est ici question n’a
rien à voir avec de la dureté mais signifie une
approche « ciblée ». Nous obtenons une
image claire et nette lorsque le diaphragme de la caméra a la
bonne ouverture. Nous obtenons un résultat positif si nous
nous concentrons immédiatement sur le problème posé,
refusons de l’ignorer ou de le laisser s’envenimer comme
une ancienne blessure. Si nous suivons l’inspiration du
Saint-Esprit, nous saurons quel genre de réprimande réglera
la situation au lieu de l’entraver.
L’homme naturel ne
montre pas un redoublement d’amour après avoir
réprimandé une personne, il a tendance à la
blesser et à porter atteinte à leur relation. Le verset
trente-sept indique clairement que lorsque nous réprimandons
sans l’inspiration
du Saint-Esprit – en d’autres termes, sous l’effet
de la colère – « les cieux se retirent ;
l’Esprit du Seigneur est attristé ». Alors,
ceux que nous essayions d’enseigner nous perçoivent
comme des ennemis. Il est important que les parents prient pour
recevoir de l’aide et observent patiemment pour identifier ces
moments d’enseignement propices au lieu d’imposer une
« domination injuste » et des punitions à
long terme qui causent du ressentiment et conduisent à
davantage d’opposition et d’imbroglio.
Lorsque
des jeunes ont recours à une guerre ouverte contre leurs
parents et que les parents succombent à la tentation d’avoir
recours à la force, tous finissent dans une situation de
perdants. J’ai vu bien trop de cas de parents qui jouaient au
chien de garde vigilant et au détective, renforçant de
plus en plus les règles alors que les enfants devenaient de
plus en plus retors, sournois et intrigants.
Vous
pouvez donc vous demander s’il existe une manière
efficace de contrôler les comportements dans les limites fixées
par des principes corrects. Le contrôle des comportements passe
par deux sortes de restrictions : externes et internes.
Les
restrictions externes nous poussent à éviter de faire
quelque chose par peur d’être attrapés. Par
exemple, nous ne faisons pas de vol à l’étalage à
cause des services de sécurité, des caméras et
des miroirs d’observation. Cependant, si les restrictions
externes sont les seules restrictions que nous ayons, nous finirons
un jour par nous trouver dans une situation où nous aurons
l’impression que personne ne nous observe et que nous pouvons
donc agir sans nous faire attraper.
Ce sont les restrictions internes
qui sont les vrais gardiens contre les écarts de conduite. Ces
restrictions internes sont enracinées dans l’amour,
l’estime de soi, l’autodiscipline, le respect, la
conscience, l’honneur et le Saint-Esprit. Les parents avisés
sont habiles à inculquer graduellement à leurs enfants
des valeurs qui leur serviront de restrictions et les conduiront à
vivre dans la joie.
Traiter
avec des personnes qui ont des troubles oppositionnels
Il
est difficile de s’entendre avec des personnes qui ont des
troubles oppositionnels. Ils font souvent des choses qui les blessent
eux-mêmes, uniquement par rancune ou méchanceté
envers quelqu’un d’autre. Ces personnes génèrent
en général de la suspicion, du ressentiment et de la
colère chez ceux qui sont confrontés à leurs
comportements.
Les
personnes au comportement oppositionnel agissent souvent en mode
passif-agressif, elles n’affrontent et n’attaquent pas
ouvertement mais en secret. Des conjoints passifs-agressifs trouvent
des manières détournées de blesser celui ou
celle contre qui ils ressentent de la colère. Une épouse
pourrait tout à fait, lors de ses emplettes, oublier
volontairement d’acheter les choses qui feraient plaisir à
son mari ou qui sont importantes pour lui. Le mari, à son
tour, pourrait ne pas sortir la poubelle ou réparer la voiture
si c’est ce que son épouse désirait. Il essaie
ainsi de prendre sa revanche.
Avant
l’âge de dix-huit ans, le diagnostic porte habituellement
sur des troubles oppositionnels, plutôt qu’un
comportement passif-agressif. Un jeune souffrant de troubles
oppositionnels a des façons d’attaquer par derrière
pour se venger de quelqu’un, mais en faisant cela il se fait
souvent plus de mal à lui-même. Par exemple, un jeune
peut fumer sur le parking de son école en se disant « si
mes parents pouvaient me voir maintenant, ça leur
apprendrait ! ». Ses parents ne peuvent pas le voir
mais dans son esprit, ils le voient et sont blessés par son
comportement. En fait, il se fait du mal à lui-même. Le
plus grand danger de ce comportement est qu’il peut devenir un
trait de personnalité passif-agressif.
Les
personnes souffrant de troubles oppositionnels incitent souvent les
autres à la confrontation. S’il y a une règle,
ils essaient généralement de l’enfreindre. Si
quelqu’un fait une suggestion, ils se prononcent contre. Si on
leur demande de faire quelque chose, ils refusent. Si on leur demande
de ne pas faire quelque chose, ils se sentent obligés de le
faire. Paradoxalement, ces personnes ne se considèrent pas du
tout dans l’opposition ; pour eux, le problème
provient des demandes déraisonnables des autres. Cette
situation cause habituellement plus de souffrance pour l’entourage
que pour ces personnes elles-mêmes.
Il
existe certaines façons de se protéger des personnes
souffrant de troubles oppositionnels, et par la même occasion
de les aider aussi. Dans les relations avec ces personnes, il y a
seulement deux alternatives fondamentales. La première est de
« patiner » (j’expliquerai ce terme dans
un instant). Cette méthode est particulièrement utile
lorsque des enfants ou des adolescents commencent à faire des
remarques provocatrices, visant en particulier à dénigrer
les valeurs de leurs parents. Ils ne sont pas intéressés
en une opportunité d’apprentissage ; ils veulent
juste provoquer et s’opposer à tout – au sujet de
l’Église, à un de leurs parents, au sujet de leur
maison, de leurs vêtements, du travail de leur père,
etc.
Voici
quelques exemples de provocations oppositionnelles :
- Nous
aurions un meilleur style de vie si papa n’était pas
aussi stupide.
- Un
de mes amis à l’école m’a dit que Joseph
Smith était un épileptique et qu’il n’était
probablement qu’un malade mental.
- Quoi ?
Que mes amis rencontrent mon père ? Vous me prenez pour
qui ? Un imbécile ?
- Jean
a le droit de sortir le soir aussi tard qu’il veut. Ses
parents lui font confiance.
- Vous
pouvez me forcer à aller à l’église mais
je vais détester cela. Êtes-vous heureux à
l’idée de me forcer
à aller à l’église ?
- Le
père de Jean n’a même pas fini ses études
secondaires et pourtant regardez tout l’argent qu’il
gagne !
Lorsque
les jeunes font de tels commentaires, les parents doivent comprendre
que leurs enfants essaient de se défaire de leur dépendance.
Il est essentiel de ne pas pénétrer dans le ring de
boxe avec eux lorsqu’ils se comportent ainsi. Il faut essayer
de maintenir une relation aussi positive que possible avec eux pour
éviter des disputes négatives et contreproductives.
Lorsque
vous êtes incités à une dispute ou à une
discussion intense alors que par expérience vous savez que
cela ne mènera nulle part, « patinez ».
Les politiciens modernes ne prennent réellement position sur
quoi que ce soit. Même lorsqu’ils sont harcelés ou
provoqués par des gens sur un sujet, ils font du « patinage ».
Si vous demandez à un politicien quelle est sa position sur
les missiles MX, vous obtiendrez quelque chose du genre :
« Certainement, nous ne pouvons faire abstraction de la
défense nationale comme une de nos priorités mais nous
devons prendre ceci en considération parmi de nombreux autres
choix et essayer de prendre une décision rationnelle. Nous
devons nous assurer que toutes nos priorités seront évaluées
et dûment prises en considération ».
Fondamentalement, le politicien a parlé pour ne rien dire.
Lorsque nous sommes face à quelqu’un que
nous savons dans l’opposition, nous devrions nous aussi, à
ce moment-là,
parler pour ne rien dire.
Il
est difficile de ne pas mordre à l’appât et de ne
pas succomber à la dispute que la personne dans l’opposition
désire ardemment mais les dix commentaires et courtes phrases
suivantes semblent adaptées pour « patiner »
en éloignant la confrontation :
- Peu
importe.
- Il
semble qu’il y ait quelque sens en cela.
- C’est
intéressant.
- Oui,
effectivement c’est un problème/
- Ah
oui !
- La
réalité est souvent douloureuse.
- Oh,
vraiment ?
- Merci
d’avoir partagé cela avec nous.
- C’est
une idée.
- C’est
quelquefois compliqué.
Les
personnes souffrant de troubles oppositionnels ont un esprit
querelleur et rancunier. Peu importe la voie que vous choisirez de
suivre, vous les trouverez du côté opposé. Vient
un moment où la plupart des parents en arrivent à
penser que l’écriture devrait être « Il
y aura
de l’opposition en toutes choses ». Tous les jeunes
se battant pour leur indépendance auront à l’occasion
quelques troubles oppositionnels. En fait, comme nous l’avons
déjà souligné, ils ont besoin
de s’affirmer personnellement et d’affirmer leur
indépendance ; cependant, l’opposition ne devrait
pas devenir leur seul mode de comportement. Nous pouvons les aider à
éviter le tourbillon oppositionnel si nous ne cédons
pas à la tentation de réagir à leurs incitations
et pièges.
La
deuxième alternative pour gérer des personnes ayant des
troubles oppositionnels est plus complexe et requiert de la
planification. L’expression psychologique pour cette méthode
est « l’intention paradoxale », plus
connue sous le nom de « psychologie inversée ».
J’ai
utilisé cette technique avec un de mes fils lorsqu’il
avait quinze ans et était dans un état constant d'opposition. Mon épouse et moi-même avions parlé
depuis quelque temps de l’envoyer faire de la cueillette
d’ananas à Hawaï. Nous pensions que ce serait une
bonne expérience éducative pour lui et une bonne pause
pour la famille. Un jour, mon épouse m’a appelé
pour me dire que notre fils était en possession de brochures
sur le travail dans les champs d’ananas et qu’il avait
l’intention de m’en parler ce soir-là. Étant
conscient de l’état d'opposion de mon fils, j’ai
tiré avantage de l’avertissement de mon épouse et
ai réfléchi à la situation.
Ce soir-là en
entrant, il a déposé les brochures devant moi, et dit
« Que penses-tu de cela ? » Je les ai
examinées un moment et lui ai annoncé calmement que
j’avais entendu parler de ce programme et avais de sérieuses
réserves à son sujet. « Et quoi, qu’est-ce
qui cloche ? » a-t-il demandé. Je lui ai dit
que ça pourrait perturber la continuité de la vie
familiale. Il a argumenté que ça rapprocherait la
famille. Je lui ai fait remarquer que l’argent qu’il
gagnerait serait certainement dilapidé. Il m’a assuré
que la ferme appliquait une discipline qui forçait
littéralement les jeunes à économiser leur
argent. J’ai mentionné que la plupart des jeunes
quittaient la ferme au bout d’une semaine ou deux. Il m’a
répondu que cela ne lui arriverait jamais. Nous avons continué
dans ce sens pendant quelque temps jusqu’à ce qu’il
se soit convaincu lui-même de ce programme.
Rappelez-vous :
l’intention paradoxale ne fonctionne que dans des cas isolés,
lorsque le jeune n’est pas au courant de vos opinions sur un
sujet et que vous avez eu du temps pour bien réfléchir
à la situation.
En
règle générale, il vaut mieux gérer les
personnes au comportement d'opposition en « patinant ».
Le but est de rester en dehors du terrain de combat où des
progrès sont rarement atteints. Essayez d’éviter
que vos sentiments prennent le dessus sur votre bon jugement. Éviter
une dispute avec une personne à comportement oppositionnel
signifie éviter de lui laisser prendre le contrôle ;
passez à
côté de l’appât
et attendez une meilleure opportunité pour enseigner car en
état d’opposition, personne n’apprend grand-chose.
Pour
pouvoir apprendre, les personnes doivent être disposées
à accepter des critiques. Mais lorsqu’elles sont en état
d’opposition, leur unique tendance est la défensive. Si
nous adoptons une approche douce avec nos enfants, il y aura des
moments opportuns où nous pourrons leur glisser nos principes
et faire connaître nos opinions.
Les
bons instructeurs comprennent que le monde en dehors de leur classe
n’est pas fait de vide mais les parents oublient quelquefois
qu’ils ne sont pas la seule variable dans la vie de leurs
enfants. Nos enfants ont de nombreux contacts que peu de parents
peuvent contrôler. Nous n’avons pas le contrôle sur
les enseignants de nos enfants, sur les dirigeants des jeunes, sur
les amis du quartier ou les copains de classe. Il est important de
comprendre qu’à cause de ces diverses influences,
beaucoup d’enfants s’éloignent de l’Évangile
un certain temps. Très souvent, s’ils ont reçu
l’enseignement de principes corrects, ils reviendront.
Néanmoins,
certains enfants semblent avoir depuis la plus tendre enfance une
intention
délibérée
de désobéir aux règles et de ne pas suivre ce
qui leur a été enseigné. J’ai rencontré
de nombreux parents affligés qui venaient me voir avec des
sentiments d’incompétence et une culpabilité
totale. Compte tenu de la réalité du libre arbitre, il
n’est pas sensé de se blâmer soi-même
totalement pour les agissements d’un enfant. Cette attitude
pourrait entraîner la dépression ou des sentiments
d’échec.
Beaucoup
de personnes ont mené une vie bonne et juste et ont fait du
bon travail en tant que parents. Et malgré cela, leurs enfants
se sont égarés. Mais Père céleste et Mère
céleste ont perdu un tiers de leurs enfants. Même leur
amour parfait n’a pas suffi à les garder sur la bonne
voie. Ils en ont perdu un tiers à cause d’une différence
philosophique sur la question du libre arbitre, Satan, cet esprit
beau parleur, ayant convaincu beaucoup que le risque était
trop important.
Influencer
les autres
Lorsque
nous voyons des personnes qui durant leur enfance ont souffert d’un
appauvrissement émotionnel ou ont eu de très mauvais
modèles adultes et qui pourtant semblent très bien s’en
sortir dans la vie, nous devons nous poser la question pourquoi. Une
explication pourrait être qu’ils ont apporté ces
tendances de leur vie prémortelle. Mais invariablement dans de
tels cas, nous pouvons trouver une ou deux autres personnes externes
d’importance qui les ont influencées positivement. Un
jeune se dit en lui-même : « Je veux être
comme cet instructeur, cet évêque ou ce conseiller ».
Lorsque
nous examinons nos relations avec les personnes qui ont eu une
influence dans notre vie et nous ont aidés à forger nos
convictions sur nous-mêmes et sur la vie en général,
nous distinguons quatre variables principales qui ont eu un impact
sur leur influence : la fréquence, la durée,
l’intensité et le désir de changer. La fréquence
d’association est importante et probablement la plus
significative. Si une personne a des contacts fréquents avec
une autre, la probabilité d’un impact ou d’une
influence majeure augmente considérablement.
L’intensité
est le second élément le plus déterminant. Je
pense que le niveau d’énergie, les liens et
l’identification avec l’autre sont en fait les facteurs
les plus importants dans la relation avec l’autre. La plupart
d’entre nous peuvent citer des personnes que nous connaissons
depuis de nombreuses années et que nous voyons peut-être
très fréquemment mais avec qui l’identification
et le flux d’énergie ne sont tout simplement pas là.
Parmi toutes les variables, l’intensité est celle qui va
le plus loin dans la description de la qualité de la relation.
Pour
utiliser un exemple dans l’Église, les dirigeants des
jeunes sont habituellement choisis parmi ceux qu’on estime
pouvoir être de bons modèles de rôle auxquels les
jeunes pourront s’identifier. Ceci a quelquefois causé
des problèmes à certains parents dont les enfants
chantent constamment les louanges d’un conseiller. Assurément,
nous en tant que parents serions sages de reconnaître nos
sentiments de jalousie, de constater les grands avantages de modèles
de rôle positifs dans la vie de nos enfants et pour finir
d’admettre que durant certaines phases de la vie, il n’est
pas « à la mode » de s’identifier
à un parent.
Mes
parents sont décédés lorsque j’étais
très jeune et j’ai donc grandi dans une famille
d’accueil. Un jour quand j’avais quinze ans, en rentrant
à la maison j’ai trouvé toutes mes affaires
emballées. On m’a dit que j’allais aménager
ailleurs. Je n’étais pas très actif dans l’Église
mais dans mon désarroi, j’ai ressenti que je pouvais
avoir confiance dans les dirigeants de l’Église.
Je suis
allé voir mon évêque, Lyle Peterson, qui après
avoir entendu mon histoire est devenu mon tuteur légal. Je ne
pouvais pas loger chez lui car il avait déjà une grande
famille mais à partir de cet instant, je fus considéré
comme un de ses fils et il supervisa et dirigea ma garde. Il devint
si important pour moi que je modelais une grande partie de ma vie sur
lui. C’était un homme très occupé et très
souvent absent. Mais bien que la fréquence de nos rencontres
ait été moindre, l’énergie,
l’identification et le modèle de rôle étaient
puissants et ont eu un impact significatif sur ma vie. Je lui serai
toujours reconnaissant ainsi qu’à sa famille pour ce
qu’ils ont fait à mon égard et de toute
l’attention qu’ils m’ont apportée.
La
troisième variable est la durée. Sans surprise, si nous
côtoyons quelqu’un depuis longtemps, la probabilité
de l’influencer est plus importante. Combien de fois avons-nous
constaté qu’un homme et une femme mariés depuis
de nombreuses années semblent avoir de nombreuses
similitudes ?
Et
finalement, le désir de changer est la variable la plus
déterminante. J’aime beaucoup l’illustration
suivante de ce point :
Question :
Il faut combien de psychologues pour remplacer une ampoule
électrique ?
Réponse :
Seulement un mais l’ampoule électrique doit vraiment
vouloir changer.
J’ai
déjà parlé de ma conviction que nous choisissons
certains de nos propres modèles auxquels s’identifier.
Cependant, il existe de nombreuses possibilités d’aider
quelqu’un dans le processus de changement, même si cette
aide n’est qu’une clarification d’options. Pour
certains, seule une crise peut déclencher un changement. Une
de mes plus belles expériences dans le champ de la mission en
Suède en est l’exemple.
Mon
compagnon et moi-même avons commencé à enseigner
un homme qui était sévèrement alcoolique. Il
était célibataire et se terrait souvent dans son
appartement sale. En lui enseignant l’Évangile, nous lui
avons montré d’autres nouvelles options de vie. Il s’est
fait baptiser juste avant mon transfert vers une autre ville. Six
mois plus tard, je suis retourné dans la ville où
vivait cet homme. Quand je l’ai rencontré, je ne l’ai
pas reconnu jusqu’à ce qu’il me prenne dans ses
bras et m’étreigne. Les symptômes familiers de
l’alcoolisme avaient disparu. Il était enjoué et
entouré d’amis. Il avait choisi un tout autre nouveau
style de vie. Le changement était de son propre fait. La seule
chose que nous ayons faite a été de lui présenter
un nouveau mode de vie qu’il ne connaissait pas. Il avait fait
le reste car son désir de changer était suffisamment
important.
Quand
est-ce qu’aider est utile ?
Le
Seigneur nous commande de nous tourner vers les autres. Cependant, la
vraie question que nous devons nous poser lorsque nous aidons
quelqu’un, que ce soit nos enfants ou d’autres personnes,
est de savoir quelle doit être l’envergure de notre aide.
Il
arrive souvent que nous favorisions la continuation de comportements
inappropriés en apportant à des personnes trop de
soutien, d’aide et d’attention. Il est possible de se
fourrer dans une situation qui n’est pas la nôtre et de
résoudre les problèmes des autres de telle manière
qu’ils demeurent dans leur faiblesse. J’ai vu des
personnes qui ont été secourues à un tel point
qu’elles en sont littéralement handicapées. Même
le programme de l’entraide de l’Église qui est
merveilleux lorsqu’il est mis en place correctement, n’est
pas à l’abri de ce problème.
Nous
devons nous rappeler que la dépendance
engendre
l’hostilité. Chaque fois que des gens deviennent trop
dépendants, que ce soit physiquement, émotionnellement
ou financièrement, ils finissent par devenir hostiles. Cette
hostilité s’adresse à ceux dont ils dépendent
le plus.
Si
nous examinons le cas des pays que l’Amérique a laissé
devenir trop dépendants et assistés, nous remarquons
que ce sont ceux qui nous en veulent le plus et qui manifestent
souvent dans les rues contre nous. Nous, Américains, sommes
très fâchés et en colère contre ces pays
mais il faut que nous réalisions que nous avons créé
une dépendance qui s’est transformée en hostilité
et qui revient maintenant nous hanter. En tant que parents ou
conseillers thérapeutiques, nous devons comprendre que si nous
créons une trop grande dépendance chez nos enfants ou
nos patients, cela finira par nous blesser ainsi que ceux-là
même que nous essayons d’aider.
Pour
éviter la création de dépendances, regardons
trois phases d’approche avec les personnes : intervention,
évaluation et thérapie. Ces trois phases ne sont pas
complètement distinctes mais chacune a des caractéristiques
uniques.
La
phase de l’intervention, étape initiale du démarrage
de la procédure d’aide, peut engendrer des sentiments
mitigés ou paradoxaux. Par exemple, une femme peut apprécier
l’aide consentie par l’évêque ou les repas
que la présidente de la Société de Secours lui
apporte mais elle peut en même temps se sentir embarrassée
ou en colère de son incapacité de faire de même.
Ce niveau de service est habituellement mis en place sur une courte
durée de temps et dans le cadre de la gestion d’une
crise immédiate. Durant cette période, la dynamique qui
se dégage de l’intervention pourrait bien donner le ton
aux interactions à suivre.
Dans
des cas extrêmes, il est nécessaire à ce niveau
de l’intervention que la personne qui intervienne trouve le
courage d’être très directe. Les services de
protection ou certaines circonstances juridiques pourraient avoir la
préséance sur la bonne communication et la sauvegarde
de la dignité de la personne. Bien qu’il soit important
d’essayer de préserver les relations et le respect de
l’autre, la vie et la protection des personnes sont
prioritaires.
L’évaluation
est la phase où nous explorons toutes les options essentielles
des différents recours et ressources thérapeutiques
vers qui la personne ayant besoin d’aide peut se tourner.
Malheureusement, certains ne veulent que des mesures d’intervention
temporaire et tentent de résister à toute voie qui
pourrait faciliter un changement permanent. Ces situations sont des
cauchemars pour les évêques et autres dirigeants de
paroisses, ainsi que pour leurs conseillers. L’évaluation
nous aide à déterminer si une personne ne veut qu’un
pansement ou si elle recherche vraiment un changement permanent.
La
phase thérapeutique a lieu si et lorsque la personne s’oriente
vers un changement. Cette phase passe par l’établissement
d’objectifs qui seront suivis activement. Ce n’est qu’à
ce moment-là que les personnes sont véritablement en
mesure de mettre en place une orientation tangible pour modifier leur
façon de penser et d’agir.
La
phase thérapeutique est également la source des
dilemmes les plus complexes de la procédure d’aide aux
autres. Primordialement, il faut aborder la question de comment aider
quelqu’un sans augmenter sa dépendance. La dépendance
commence à partir du jour de la conception mais il faut la
limiter.
Avez-vous déjà observé l’éclosion
d’un œuf de poule ? C’est un processus
horrible. Le poussin doit donner des coups de bec, gratter et pousser
avec ses ailes pour émerger de la coquille. Lorsqu’il
parvient enfin à sortir, son état est tel qu’il
semblerait préférable qu’il soit mort. Notre
tendance naturelle nous pousserait à casser l’œuf
pour aider le poussin dans sa bataille. Mais si nous le faisons, le
poussin mourra probablement. La bataille pour se libérer de la
coquille est une des choses qui rend le poussin suffisamment fort
pour vivre. Sans cette force ainsi acquise, le poussin pourrait être
trop faible et se faire tuer à coups de becs par les autres
poulets. De la même façon, les gens doivent se battre
contre les dépendances et doivent être autorisés
à mener certains de leurs propres combats afin de gagner en
force.
La
nature des relations que les patients entretiennent avec leurs
thérapeutes favorise souvent la dépendance. Les amis et
les enseignants peuvent assurément avoir le même effet.
Cependant, la création d’une relation de dépendance
se produit lorsque des personnes tentent de contrôler les
autres, l’hostilité étant le résultat
inévitable qui en découle. Même dans les cas où
la personne s’épanouit dans la dépendance et
semble y trouver du plaisir, il existe un degré d’hostilité
sous-jacente. Cette hostilité peut se manifester par des
problèmes somatiques, comme des troubles gastro-intestinaux,
un ulcère, des maux de tête ou de la tension. Mais elle
peut aussi se manifester par un comportement passif-agressif. Peu
importe la forme qu’elle prend, l’hostilité est
bien là et elle sera manifeste.
L’hostilité
provenant d’une relation de dépendance se manifeste
souvent par une sorte de mécontentement silencieux de la
personne, dirigé vers elle-même ou envers ceux dont elle
dépend. Malheureusement, ce mécontentement ne faiblira
pas nécessairement alors que nous essayons de réduire
le niveau de la dépendance. Dans le cadre de l’entraide,
les dirigeants de l’Église voient beaucoup de personnes
qui se mettent en colère et s’énervent parce que
leur dépendance à l’égard de l’Église
dure depuis trop longtemps. Et pourtant, leur colère peut
encore augmenter lorsque l’évêque les encourage à
s’investir pour obtenir un emploi.
Certains
d’entre vous pourraient trouver étrange que dans un
chapitre sur le thème « Aider les autres »
j’ai beaucoup écrit sur les dangers d’apporter une
aide inappropriée. Je suis persuadé que la capacité
de tendre la main aux autres est vitale pour notre salut. J’ai
insisté sur la question de la dépendance car notre
capacité à apporter de l’aide sans créer
de situation de dépendance est tout aussi vitale pour notre
salut. Nous devons tous apprendre comment aider les autres de manière
à ce qu’ils acquièrent l’indépendance
nécessaire pour avoir de la joie dans la vie.
Pour
éviter la création d’une relation de dépendance
chez les personnes que nous aidons, nous devons apprendre à
lâcher prise de tout contrôle malsain. Il faut faire
preuve de sensibilité et de compréhension pour savoir
quand et comment aider. Peut-être que les recommandations
ci-dessous nous aideront à comprendre quand et comment lâcher
prise avec nos enfants et ceux que nous essayons d’aider :
Lâcher
Prise
LÂCHER
PRISE ne veut pas dire cesser d’être concerné,
Cela
veut dire que je dois arrêter d’assumer les
responsabilités de quelqu’un d’autre.
LÂCHER
PRISE ne veut pas dire me couper des autres,
C’est
comprendre que je ne peux pas contrôler les autres.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas tout permettre aux autres,
Mais
leur permettre de tirer des enseignements par des conséquences
logiques.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas essayer de changer l’autre ni le
blâmer,
Car
je ne peux que changer moi-même.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas s’occuper de l’autre,
Mais
d’y porter attention.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas arranger les choses,
Mais
offrir son soutien.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas se mettre au centre pour tout organiser,
Mais
c’est rester en marge et encourager.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas protéger l’autre,
Mais
lui permettre de faire face à la réalité.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas être dans le déni,
Mais
être dans l’acceptation.
LÂCHER
PRISE, ce n’est ni harceler, ni critiquer ou argumenter,
Mais
rechercher mes propres faiblesses et les corriger.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas adapter tout ce qui m’entoure à
mes souhaits,
Mais
accueillir chaque jour comme il vient et chérir l’instant
présent.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas critiquer ou réglementer les autres,
Mais
c’est être ce que je peux devenir.
LÂCHER
PRISE, ce n’est pas regretter le passé,
Mais
grandir et vivre pour le futur.
LÂCHER
PRISE, c’est parfois admettre mon impuissance,
Ce
qui signifie que le dénouement ne dépend pas uniquement
de moi.
LÂCHER
PRISE, c’est avoir moins peur,
Et
aimer davantage.
En
ce qui me concerne, le chemin de vie devient plus facile en me
souvenant simplement de l’importance du LÂCHER PRISE.
Auteur
inconnu
Ce
poème est également porteur d’un message
important :
La
pointe de l’aube
[il s’agit ici d’un extrait retravaillé en langue
anglaise, inspiré du poème de
Jorge
Luis Borgès « Apprendiendo », traduit en
français sous le titre « Tu apprendras la vie », ndt]
Après
quelque temps tu apprendras la différence subtile
Entre
tendre la main et enchaîner une âme,
Et
tu apprendras qu’aimer ne signifie pas s’appuyer
Et
que compagnie ne signifie pas toujours sécurité.
Tu
commenceras à apprendre que les baisers ne sont pas des
contrats,
Ni
les cadeaux des promesses.
Tu
commenceras à accepter tes échecs,
La
tête et le regard hauts, avec la dignité d’un
adulte,
Et
non avec la tristesse d’un enfant.
Et
tu apprendras à construire aujourd’hui tes chemins
Parce
que le terrain de demain est incertain
Et
ne garantit pas la réalisation des projets,
Et
que le futur a l’habitude de ne pas tenir ses promesses.
Après
un certain temps, tu apprendras que le soleil brûle
Si
tu t’y exposes trop.
Tu
dois cultiver ton propre jardin,
Et
décorer ton âme,
Au
lieu d’attendre que les autres
Te
portent des fleurs.
Alors,
et alors seulement, tu sauras ce que tu peux réellement
endurer,
Que
tu es vraiment fort,
Et
que tu as réellement de la valeur.
Et
tu apprends, et tu apprends…
Avec
chaque adieu,
Tu
apprends.
Auteur
inconnu
Chapitre
10 : Atteindre un équilibre pondéré
Reinhold
Niebuhr a écrit :
« Mon
Dieu donne-moi la sérénité d’accepter les
choses que je ne peux changer, le courage de changer les choses que
je peux et la sagesse d’en connaître la différence.
Vivre
un jour à la fois ; profiter de chaque moment,
Accepter
les difficultés qui font partie de la route vers la paix.
Accepter,
comme Jésus, le monde avec ses péchés tel qu’il
est et non comme je le voudrais,
Avoir
confiance qu’Il s’occupera de tout si je lui confie ma
volonté́,
Que
je serai raisonnablement heureux dans cette vie et absolument heureux
avec Lui dans l’autre.
Amen. »
Je
suis convaincu que le principe fondamental de la bonne santé
mentale est de trouver un équilibre pondéré
parmi les exigences de la vie. La bonne santé mentale est
obtenue par le maintien d’un équilibre dans notre vie et
dans nos relations. Il s’agit d’un processus, et non d’un
statut. La plupart des gens estiment que préserver leur santé
mentale est un défi permanent tout au long de leur vie.
Les
adultes en bonne santé s’efforcent d’équilibrer
le travail avec les divertissements et d’assumer en même
temps d’autres responsabilités. Un adulte en bonne santé
est semblable à une maison bien construite où de
nombreux piliers assurent les systèmes de soutien. Si un des
piliers devait faillir, les autres seraient en mesure d’absorber
l’excès de contrainte. Cependant, il arrive souvent que
lorsqu’un pilier lâche, la personne se décourage
et abdique totalement.
Par exemple, si un jeune homme qui aimait le
tennis se blesse au bras et ne peut plus jouer, il peut être
tenté d’arrêter de voir ses amis, d’éviter
d’aller à des matchs de tennis et même de stopper
sa participation à toute autre activité. Un thérapeute
l’encouragerait à s’appuyer un temps sur d’autres
piliers, que ce soit sa religion ou des activités familiales
et de se mettre à marcher ou faire tout autre chose qu’il
puisse accomplir avec un bras accidenté.
En
ce qui me concerne, le travail, la famille, la religion et les
divertissements sont tous des piliers vitaux dans ma vie. Mais si
l’un d’entre eux devait faillir, j’espère
que je m’appuierais un peu plus sur les autres. Par exemple, si
je devais perdre mon épouse, plutôt qu’abandonner
mon implication dans l’église ou les activités
familiales, je devrais être encouragé à m’appuyer
plus fortement sur mon église et ma famille.
Une
des conditions préalables pour parvenir à un équilibre
dans la vie est d’avoir le sens des priorités. Nous
devons comprendre la différence entre les piliers et couvrir
nos systèmes de soutien de panneaux. Il y a très peu de
choses dont nous avons réellement besoin
dans la vie et très peu de choses que nous devons
réellement faire. Notre liste de désirs
est énorme mais la liste de nécessités
est courte. C’est une simple question de perceptions et
d’attitudes.
Un
problème courant à mes yeux est de voir des gens qui se
sentent totalement débordés en essayant de bien faire
pour tout le monde et qui oublient de prendre du temps pour
eux-mêmes. Je rencontre un grand nombre de personnes en colère
et pleines de rancune qui disent « Je n’ai pas de
temps libre pour moi. Tout mon temps est pris par les autres ».
La rancune engendre de l’hostilité silencieuse. Si ces
personnes arrivent à faire quelque chose pour elles-mêmes,
elles se sentiront coupables
et se puniront pour cela.
La
privation et la culpabilité ne sont tout simplement pas en
harmonie avec le but fondamental que Dieu a fixé pour nous :
« Les hommes sont pour avoir la joie ». Par
conséquent, nous devrions considérer le maintien d’un
équilibre dans la vie qui nous permette de ressentir de la
joie comme une tâche prioritaire – mais c’est une
tâche impressionnante, aussi complexe à reconnaître
qu’à accomplir.
Par
exemple, je connais un homme qui est un mari et père
incroyablement dévoué. Lorsque ses connaissances
apprennent qu’il refuse de travailler au-delà de
dix-sept heures en fin de journée parce qu’il veut
prendre ses repas en famille, elles sont généralement
impressionnées. Cependant, ce qu’elles ne réalisent
pas, est que cet homme est souvent aidé par l’entraide
de l’Église. Dans un monde économique exigeant,
la flexibilité est essentielle pour assurer et maintenir un
bon équilibre.
Comme
beaucoup d’autres, j’ai trouvé une grande
inspiration dans les pensées suivantes :
Si
je devais recommencer ma vie
« Si
je devais recommencer ma vie, j’oserais commettre davantage
d'erreurs. Je garderais mon calme. Je me détendrais. Je ferais
plus de folies que je n'en ai faites cette fois-ci. Il y a peu de
choses que je prendrais au sérieux. Je prendrais plus de
risques. Je vivrais moins sainement. Je gravirais davantage de
montagnes et je nagerais dans un plus grand nombre de rivières
et j’admirerais plus de couchers de soleil. Je mangerais plus
de glaces et moins de haricots. J'aurais peut-être davantage de
maladies réelles mais certainement moins de maladies
imaginaires…
« Si je devais recommencer ma vie, j’irais en
différents endroits et ferais des tas de choses. Je voyagerais
plus léger que ce que je l’ai fait cette fois-ci. Si je
devais revivre ma vie, je me promènerais pieds nus plus tôt
au printemps et jusque tard en automne. Je ferais l’école
buissonnière plus souvent. Je n’aurais pas d’aussi
bonnes notes, sauf par accident. Je monterais plus souvent sur des
manèges. J'irais plus souvent cueillir des marguerites. »
Nadine Stair (âgée de quatre-vingt-cinq ans au moment d'écrire ce texte)
L’aptitude
à distinguer entre les besoins
et les désirs
est un élément essentiel au maintien d’un bon
équilibre. Une fois que vous aurez identifié vos
besoins réels, c’est une attitude très saine que
de dévouer du temps, de l’énergie et des
ressources pour les satisfaire. Il est tout aussi important de
soigner les relations les plus précieuses à votre
bien-être, en particulier la relation avec vous-même.
Dans
mon bureau j’ai un mobile – une de ces structures
suspendues avec un poids central qui maintient l’ensemble en
équilibre. Le poids en bas du mobile équilibre les
objets (oiseaux, avions, etc.) qui tournent au-dessus de lui.
J’utilise l’image du mobile pour suggérer aux gens
qu’ils ont, dans leur propre identité, tout un
environnement de relations : leur conjoint, leurs enfants, leurs
beaux-parents… et ils ont une relation avec Dieu. La relation
la plus importante est celle qu’ils ont avec eux-mêmes.
Le mobile démontre ceci visuellement lorsque l’objet du
bas est comparé à la relation avec soi-même.
Si
le poids à la base du mobile est perturbé, tous les
autres objets perdent rapidement leur équilibre et sont alors
ballotés. De la même façon, si la relation avec
soi-même n’est pas équilibrée, toutes les
autres relations de la personne risquent également d’être
déséquilibrées. La bonne santé mentale
est un exercice d’équilibre – un exercice qui
mérite d’être appris si nous voulons avoir de la
joie dans cette vie.
Conclusion :
Être réel
Dans
votre quête du bonheur, ou quel que soit ce que vous
recherchez, ne laissez pas de côté la recherche de la
connaissance de vous-même. Vous
êtes la réalisation la plus précieuse et la plus
belle de Dieu et vous avez été créé pour
avoir de la joie.
Les
progrès et le changement prennent beaucoup de temps et
d’effort mais vous pouvez
apprendre et choisir de penser, sentir et agir différemment.
Vous pouvez progresser régulièrement et parvenir à
une cohérence de plus en plus grande avec votre moi spirituel,
ce que l’on peut qualifier de « devenir réel ».
L’extrait
suivant, tiré d’un livre pour enfants, est un bon résumé
de ce que j’ai essayé de présenter dans ces
pages. Il m’est précieux et j’espère qu’il
vous parlera aussi.
– «
C’est quoi être réel ? » demanda un jour le
lapin de velours.
Ils étaient allongés par terre,
près du coffre à jouets. Nana allait bientôt
entrer pour ranger la chambre.
– «
Est-ce que ça veut dire se mettre à vibrer quand
quelqu’un appuie sur notre bouton ?
– « Non,
répondit le cheval de cuir. D’abord, on n’est pas réel, on le devient. Quand un enfant t’aime, très,
très longtemps, pas seulement pour jouer, non, mais quand il
t’aime réellement, alors tu deviens réel.
– « Est-ce
que ça fait mal ? demanda le lapin.
– « Parfois,
répondit le cheval qui disait toujours la vérité.
Mais quand tu es réel, ça ne te dérange pas
qu’on te fasse mal.
– « Est-ce
que ça arrive en une fois, comme d’être remonté,
ou est-ce ça vient petit à petit ?
– « Non,
ça n’arrive pas tout d’un coup dit le cheval de
cuir. Tu le deviens. Ça prend beaucoup de temps. C’est
d’ailleurs pour ça que ça n’arrive pas à
ceux qui se cassent facilement ou qui ont des angles pointus, ou
alors à ceux qu’on doit traiter avec précaution.
En général, le temps que tu deviennes réel,
presque tous tes poils ont été usés d’amour,
tes yeux tombent, il y a du jeu dans tes articulations et tu es très
défraîchi. Mais peu importe, car quand tu es réel,
tu ne peux pas être moche, enfin à part pour les gens
qui ne comprennent rien.
-
« Je suppose que tu es réel ? dit le lapin.
Aussitôt il regretta ce qu’il venait de dire, le cheval
de cuir était peut-être susceptible, pensa-t-il. Mais le
cheval de cuir se contenta de sourire.
-
« L’oncle du petit garçon m’a rendu
réel, dit-il. C’était il y a bien longtemps ;
mais une fois que tu es réel, tu ne peux plus devenir irréel.
C’est pour toujours. »
Margery
Williams
(Tiré
du conte classique « Le lapin de velours » ou
comment les jouets peuvent devenir réels)
Index
des adjectifs et expressions descriptifs
actif
|
affectueux
|
agité
|
agressif
|
aimable
|
aimant
|
aléatoire
|
alerte
|
altruiste
|
ambitieux
|
amer
|
amical
|
amusant
|
anxieux
|
apathique
|
apitoyé
|
arrogant
|
artistique
|
assertif
|
astucieux
|
attentionné
|
attractif
|
atypique
|
audacieux
|
austère
|
auto-punissant
|
autoritaire
|
avare
|
avide
|
avisé
|
bavard
|
beau
|
belliqueux
|
bien
élevé
|
bienveillant
|
bon
|
borné
|
boudeur
|
bouffon
|
bruyant
|
calme
|
capable
|
capricieux
|
capricieux
|
cervelle
d'oiseau
|
chaleureux
|
charmant
|
circonspect
|
civilisé
|
clair
|
comique
|
compliqué
|
compliqué
|
compréhensif
|
confiant
|
confus
|
consciencieux
|
conservateur
|
constant
|
contradictoire
|
conventionnel
|
coopératif
|
coriace
|
courageux
|
craintif
|
crâneur
|
creux
|
crispé
|
critique
|
cruel
|
curieux
|
cynique
|
débrouillard
|
décent
|
déconcerté
|
décontracté
|
découragé
|
défensif
|
dépendant
|
désagréable
|
désinhibé
|
désintéressé
|
désobligeant
|
désordonné
|
détendu
|
déterminé
|
difficile
|
diplomate
|
discret
|
distant
|
distrait
|
docile
|
dominant
|
doué
|
douteux
|
doux
|
drôle
|
dur
|
économe
|
efféminé
|
efficace
|
égocentrique
|
égoïste
|
émotionnel
|
énergique
|
enfantin
|
enjoué
|
entêté
|
enthousiaste
|
entreprenant
|
équilibré
|
espiègle
|
évasif
|
excitable
|
exigeant
|
extraverti
|
faible
|
farfelu
|
farouche
|
fiable
|
fin
|
flegmatique
|
flexible
|
formel
|
fort
|
franc
|
frivole
|
froid
|
gai
|
gênant
|
généreux
|
gentil
|
glacial
|
grossier
|
hâtif
|
honnête
|
hostile
|
idéaliste
|
imaginatif
|
immature
|
impassible
|
impatient
|
impoli
|
imprévisible
|
imprudent
|
impulsif
|
indélicat
|
indépendant
|
indifférent
|
individualiste
|
indulgent
|
industrieux
|
influençable
|
informel
|
ingénieux
|
ingrat
|
inhabituel
|
inhibé
|
Inquiet
|
insatisfait
insensé
|
insensible
|
insouciant
|
instable
|
intact
|
intelligent
|
intéressé
|
interrogateur
|
intolérant
|
intrigant
|
introverti
|
inventif
|
irréaliste
|
irresponsable
|
irritable
|
joli
|
jouisseur
|
joyeux
|
judicieux
|
juste
|
lâche
|
lent
|
libre
|
logique
|
loquace
|
louangeant
|
loyal
|
lucide
|
lunatique
|
maîtrisé
|
maladroit
|
malin
|
masculin
|
mature
|
méchant
|
méfiant
|
mesquin
|
méthodique
|
minutieux
|
|
modeste
|
morne
|
morose
|
mou
|
narcissique
|
naturel
|
naturel
|
négligent
|
nerveux
|
odieux
|
opportuniste
|
optimiste
|
organisé
|
original
|
original
|
osé
|
ouvert
|
pacifique
|
paisible
|
paresseux
|
partial
|
patient
|
pensif
|
persévérant
|
persistant
|
pertinent
|
pessimiste
|
peu
ambitieux
|
peu
scrupuleux
|
peureux
|
plaisant
|
pleurnichard
|
pointilleux
|
pratique
|
précis
|
préoccupé
|
pressé
|
prétentieux
|
prévenant
|
prévoyant
|
progressiste
|
prudent
|
querelleur
|
raffiné
|
raisonnable
|
râleur
|
rapide
|
rationnel
|
réaliste
|
rebelle
|
reconnaissant
|
réfléchi
|
renfermé
|
renonçant
|
réservé
|
responsable
|
rigide
|
rigoureux
|
robuste
|
rusé
|
sage
|
sain
|
sarcastique
|
satisfait
|
sauvage
|
se
plaignant
|
sensible
|
sentimental
|
sérieux
|
serviable
|
sévère
|
sexy
|
silencieux
|
simple
|
sincère
|
snob
|
sociable
|
songeur
|
sophistiqué
|
soumis
|
soupçonneux
|
sournois
|
spirituel
|
spontané
|
stable
|
subjectif
|
subtil
|
suffisant
|
superstitieux
|
sûr
|
susceptible
|
sympathique
|
tenace
|
tendre
|
tendu
|
timide
|
timoré
|
tolérant
|
tranquille
|
trompeur
|
versatile
|
vif
|
vindicatif
|