Dieu et la Sainte Trinité
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de 1911 à 1933
L'existence de Dieu
Puisque la foi en Dieu constitue le
fondement de la croyance et de la pratique religieuse et vu qu'il est
essentiel de connaître les attributs et la nature de la
Divinité pour manifester sa foi en elle d'une manière
intelligente, ce sujet réclame la première place dans
notre étude des doctrines de l'Église.
L'existence de Dieu n'est guère matière à
dispute rationnelle ; elle ne demande pas non plus de preuve par
les faibles démonstrations de la logique de l'homme, car le
fait est admis par la famille humaine, sans être pratiquement
mis en doute, et la conscience d'une sujétion à un
pouvoir suprême est un attribut inné de l'humanité.
Les Écritures anciennes ne se consacrent pas à
démontrer avant tout l'existence de Dieu ni à attaquer
les sophismes de l'athéisme et de ce fait, nous pouvons
déduire que les erreurs du doute se développèrent
à une période plus tardive. L'assentiment universel de
l'humanité au sujet de l'existence de Dieu le confirme du
moins fortement. Il y a, dans la nature humaine, une passion filiale
qui lance ses feux vers le ciel. Chaque nation, chaque tribu, chaque
individu soupire après quelque objet d'adoration. Il est de la
nature de l'homme d'adorer ; son âme n'est satisfaite que
lorsqu'elle trouve une divinité. Lorsque les hommes, par la
transgression, tombèrent dans les ténèbres au
sujet du Dieu vrai et vivant, ils se donnèrent d'autres
divinités et c'est ainsi que naquirent les abominations de
l'idolâtrie. Et cependant, même les plus révoltantes
de ces pratiques témoignent de l'existence d'un Dieu, en
montrant la passion héréditaire de l'homme pour le
culte.
Les preuves sur
lesquelles l'humanité base sa conviction de l'existence d'un
Être suprême, peuvent être rangées, pour en
faciliter l'étude, dans les trois catégories
suivantes
1. Le témoignage de l'histoire de la
tradition.
2. Le témoignage de l'exercice de la raison
humaine.
3. Le témoignage concluant de la révélation
directe de Dieu.
1.
L'histoire et la tradition
L'histoire écrite par l'homme
et la tradition authentique transmise de génération en
génération avant la date de tout écrit dont nous
disposions actuellement, donnent des preuves que la Divinité
existe réellement et qu'il y eut des rapports étroits
et personnels entre Dieu et l'homme, aux premiers âges de
l'existence humaine. Un des plus anciens écrits connus, la
Sainte Bible, nomme Dieu comme Créateur de toutes choses (voir
Genèse, chapitre 1 ; voir aussi Moïse, chapitre 2 et
Abraham, chapitre 4, dans la Perle de Grand Prix) et, de plus,
déclare qu'il s'est révélé
personnellement à nos premiers parents terrestres et à
beaucoup d'autres personnages saints dans les premiers temps du
monde. Adam et Ève entendirent sa voix (voir Genèse
3:8 ; voir aussi Moïse 4:14) dans le Jardin et, même
après leur transgression, ils continuèrent à
prier Dieu et à lui offrir des sacrifices. Il est donc clair,
qu'ils emportèrent, du Jardin, une connaissance personnelle de
Dieu. Après leur expulsion, ils entendirent « la
voix du Seigneur venant de la direction du Jardin d'Éden »,
mais ils ne le virent point ; et il leur donna des commandements
auxquels ils obéirent. Alors, un ange se présenta
devant Adam et le Saint-Esprit inspira l'homme et rendit témoignage
du Père et du Fils (voir Moïse 5:6-9 dans la Perle de
grand prix).
Caïn et Abel
apprirent à connaître Dieu, grâce aux
enseignements de leurs parents aussi bien que par les manifestations
qu'ils reçurent personnellement. Quand l'offrande d'Abel eut
été acceptée et celle de Caïn rejetée,
ce qui fut suivi du crime fratricide de Caïn, le Seigneur parla
avec Caïn, et Caïn répondit au Seigneur (voir Genèse
4:9-16 ; voir aussi Moïse 5:22-26, 34-40). Caïn dut
donc emporter, d'Éden, au pays où il alla vivre, une
connaissance personnelle de Dieu (voir Genèse 4:16 ; voir
aussi Moïse 5:41). Adam vécut neuf cent trente ans et
beaucoup d'enfants lui naquirent. Il les instruisit dans la crainte
de Dieu et beaucoup d'entre eux reçurent des manifestations
directes. Des descendants d'Adam, Seth, Énoch, Kénan,
Mahalaléel, Jéred, Hénoc, Métuschélah,
et Lémec, le père de Noé, chacun représentant
une génération distincte, vécurent tous du
vivant d'Adam. Noé naquit cent vingt-six ans seulement après
la mort d'Adam et, de plus, il vécut presque six cents ans
avec son père Lémec, par lequel il fut, sans aucun
doute, instruit dans les traditions relatives aux manifestations
personnelles de Dieu, que Lémec avait apprises de la bouche
d'Adam. Par Noé et sa famille, une connaissance de Dieu, par
tradition directe, fut transmise après le déluge et de
plus, Noé reçut des communications directes de Dieu
(voir Genèse 6:13 ; 7:1-4 ; 8:15-17 ; 9:1-17)
et vécut assez longtemps pour instruire dix générations
de ses descendants. Ensuite vint Abraham qui jouit aussi d'une
communion personnelle avec Dieu (voir Genèse chapitre 12 ;
voir aussi Abraham 1:16-19 ; 2:6-11, 19, 22-24 ; 3: 3-10,
12-21, 23) et, après lui, Isaac et Jacob ou Israël, parmi
les descendants duquel le Seigneur accomplit de grands prodiges par
l'intermédiaire de Moïse. Ainsi, n'y eût-il eu
aucun récit écrit, la tradition aurait conservé
et transmis la connaissance de Dieu.
Mais même si les récits de la plus ancienne communion
personnelle de l'homme avec Dieu s'étaient estompés
avec le temps et s'étaient affaiblis dans leurs effets, ils
n’auraient pu que faire place à d'autres traditions
fondées sur des manifestations ultérieures de la
personne divine. Le Seigneur se fit connaître à Moïse,
non seulement derrière le rideau de feu et l'écran de
nuages (voir Exode 3:4 ; 19:18 ; Nombres 12:5), mais par
une communion face à face, grâce à laquelle
l'homme vit même « la représentation »
de son Dieu (Nombres 12:8 - La « Revised Version »
anglaise dit : « la forme de l'Éternel »,
ndt ; voir aussi Moïse 1:1, 2, 11, 31). Ce récit de
communion directe entre Moïse et Dieu, à une partie de
laquelle le peuple était autorisé à prendre part
(voir Exode 19:9, 11, 17-20) dans la mesure où sa foi et sa
pureté le permettaient, a été conservé
par Israël à travers toutes les
générations. Et d'Israël, les traditions de
l'existence de Dieu se sont répandues dans le monde entier, de
sorte que nous retrouvons des traces de cette ancienne connaissance
même dans les mythologies perverties des nations païennes.
2.
La raison humaine
La raison humaine, se basant sur
l'observation de la nature, déclare fortement l'existence de
Dieu. L'esprit déjà imbu des vérités
historiques de l'existence divine et de ses relations étroites
avec l'homme, trouvera de tous côtés des preuves
confirmatives dans la nature et même celui qui rejette le
témoignage du passé et estime son propre jugement
supérieur à la croyance commune des âges, ressent
l'appel des preuves multiples de l'existence d'un but dans la nature.
L'observateur est impressionné par l'ordre et le système
manifeste de la création ; il note la succession
régulière du jour et de la nuit, pourvoyant des
périodes alternées de travail et de repos à
l'homme, aux animaux et aux plantes ; la suite des saisons
ayant, chacune, ses périodes plus longues d'activité et
de récupération ; la dépendance mutuelle
des animaux et des plantes ; le cycle de l'eau, de la mer aux
nuages et, de nouveau, des nuages à la terre, avec ses effets
bienfaisants. Quand l'homme se met en devoir d'examiner les choses de
plus près, il découvre que, par l'étude et la
recherche scientifique, ces preuves sont multipliées de
nombreuses fois. Il peut apprendre les lois qui gouvernent la terre
et les mondes qui lui sont associés dans leurs orbites, qui
gardent les satellites subordonnés aux planètes et les
planètes aux soleils ; il peut contempler les merveilles
de l'anatomie des végétaux et des animaux ainsi que le
mécanisme supérieur de son propre corps ; et comme
ces appels à sa raison augmentent à chaque pas, sa
perplexité concernant l'ordonnateur de tout cela fait place à
l'adoration pour le Créateur dont la présence et le
pouvoir sont ainsi proclamés avec tant de force ; et
l'observateur devient un adorateur.
Partout dans la nature, il y a évidence de la cause et de
l'effet ; de tous côtés, il y a démonstration
de moyens adaptés à une fin. Mais de telles
adaptations, écrit un penseur, « indiquent une
invention dans un but donné et l'invention est une preuve
d'intelligence et l'intelligence est l'attribut de l'esprit, et
l'esprit intelligent qui construisit cet univers prodigieux c'est
Dieu ». Admettre l'existence d'un dessinateur par la
preuve que constitue le dessin, dire qu'il doit y avoir un inventeur
dans un monde d'inventions intelligentes, croire en un être qui
adapte, quand la vie de l'homme dépend directement des
adaptations les plus parfaites qu'on puisse concevoir, n'est
qu'admettre des vérités qui vont de soi. Le soin de
prouver la non-existence de Dieu doit être laissé à
celui qui met en doute la vérité solennelle que Dieu
vit. « Chaque maison est construite par quelqu'un ;
mais celui qui a construit toutes choses, c'est Dieu »
(Hébreux 3:4). Si claire que soit la vérité
ainsi exprimée, il y en a, parmi les hommes, quelques-uns qui
professent mettre en doute les preuves de la raison et nier l'auteur
de leur propre existence. Étrange, n'est-ce pas, que ça
et là, quelqu'un qui trouve dans l'ingéniosité
dont fait preuve la fourmi qui bâtit sa maison, dans
l'architecture de la ruche et dans les myriades d'exemples de
l'existence d'un instinct de l'ordre parmi les moindres créatures
vivantes, une preuve d'intelligence dont l'homme peut s'inspirer et
tirer profit, mettra cependant en doute l'opération de
l'intelligence dans la création des mondes et la constitution
de l'univers ?
La
perception de l'homme lui parle de sa propre existence ; son
observation lui prouve l'existence d'autres êtres de son espèce
et d'ordres innombrables d'êtres organisés. Nous en
concluons qu'il a toujours dû exister quelque chose, car s'il y
avait eu un temps de non-existence, une période de néant,
l'existence n'aurait jamais pu commencer, car rien ne peut provenir
de rien. L'existence éternelle de quelque chose est donc un
fait incontestable et
la question qui demande réponse est : Quelle est cette
chose éternelle - cette existence qui n'a ni commencement
ni fin ? La manière et l'énergie sont des réalités
éternelles ; mais la matière, d'elle-même,
n'est ni vitale, ni active, ni la force, intelligente par elle-même ;
cependant la vitalité et l'activité caractérisent
les choses vivantes et les effets de l'intelligence sont
universellement présents. La nature n'est pas Dieu ; et
prendre l'un pour l'autre, c'est appeler l'édifice architecte,
l'ouvrage inventeur, le marbre sculpteur et la chose le pouvoir qui
la fit. Le système de la nature est la manifestation d'un
ordre qui dénote une intelligence directrice ; et cette
intelligence est de nature éternelle, du même âge
que l'existence elle-même. La nature elle-même est la
déclaration d'un être supérieur dont elle exhibe
la volonté et le but, dans ses aspects variés. Au-delà
et au-dessus de la nature il y a le Dieu de la nature.
Bien que l'existence soit éternelle et que, par conséquent,
il n'y ait jamais eu de commencement et qu'il n'y aura jamais de fin
à l'être dans un sens relatif, chaque stade
d'organisation doit avoir eu un commencement et, pour chaque phase de
l'existence manifestée dans chacun des ordres innombrables de
choses créées, il y a eu un premier comme il y aura un
dernier ; quoique chaque fin ou consommation ne soit, dans la
nature, qu'un autre commencement. Ainsi l'ingéniosité
de l'homme a inventé des théories pour illustrer, sinon
pour expliquer, une suite possible d'événements par
lesquels la terre a été transformée d'un état
de chaos à sa condition habitable actuelle ; mais, selon
ces hypothèses, ce globe fut autrefois une sphère
stérile, sur laquelle aucune des formes innombrables de la vie
qui l'occupent maintenant n'aurait pu exister. Le théoricien
doit donc admettre un commencement à la vie sur terre et un
tel commencement n'est explicable que si l'on suppose un acte
créateur, une génération spontanée ou un
apport provenant du dehors de la terre. S'il admet que la vie a été
introduite sur terre d'une autre sphère plus âgée,
il ne fait que reculer les bornes de son enquête sur le
commencement de la vie ; car expliquer l'origine d'un rosier qui
se trouve dans notre jardin en disant qu'il fut transplanté
sous forme de pousse provenant d'un rosier qui croissait ailleurs ne
répond pas à la question de l'origine des roses. La
science se trouve dans la nécessité d'attribuer un
commencement aux phénomènes de la vie sur cette planète
et admet que la terre a une durée limitée dans le cours
de changement progressif actuel ; et il en va des corps célestes
en général comme de la terre. L'éternité
de l'existence n'indique donc pas plus positivement l'existence d'un
souverain éternel que la suite sans fin de changements dont
chaque phase a un commencement et une fin. La génération
des choses créées, le commencement d'un univers
organisé, sont absolument inexplicables, si on suppose que des
changements spontanés se sont produits dans la matière
ou qu'il y a eu des opérations fortuites ou accidentelles de
ses propriétés.
La raison humaine, si sujette à se tromper quand elle traite
de questions de moindre importance, ne pourrait pas, d'elle-même,
mener son possesseur à une connaissance convaincante de Dieu ;
cependant l'exercice de la raison aidera l'homme dans sa recherche,
fortifiant et confirmant l'instinct héréditaire qui le
porte vers son Créateur. « L'insensé dit en
son cœur : Il n'y a point de Dieu » (Psaumes
14:1). Dans ce passage, comme dans l'usage scriptural ailleurs,
l'insensé (voir Psaumes 107:17 Proverbes 1:7 ; 10:21 ;
14:9) est un méchant qui a perdu sa sagesse en faisant le mal,
jetant les ténèbres sur son esprit au lieu de la
lumière et l'ignorance au lieu de la connaissance. Engagé
dans une telle voie, l'esprit devient dépravé et
incapable d'apprécier les arguments plus raffinés de la
nature. Le pécheur volontaire devient sourd à la voix
de l'intuition et de la raison dans les choses saintes, et perd le
privilège de communier avec son Créateur, perdant ainsi
les moyens les plus puissants de parvenir à une connaissance
personnelle de Dieu.
3. La révélation
La révélation donne à
l'homme sa connaissance la plus sûre de Dieu. Les Écritures
abondent en exemples où le Seigneur, plus particulièrement
Jéhovah, s'est manifesté à ses prophètes
dans les temps anciens comme dans les temps plus récents. Nous
avons déjà noté que le fondement de nombreuses
traditions qui se rapportent à l'existence et à la
personnalité de Dieu est constituée par ses révélations
de lui-même à Adam et à d'autres patriarches
antédiluviens ; ensuite, à Noé, à
Abraham, à Isaac, à Jacob et à Moïse. Un
exemple brièvement mentionné dans la Genèse est
celui d'Hénoc, le père de Métuschélah ;
nous lisons de lui qu'il marcha avec Dieu (voir Genèse
5:18-24 ; voir aussi Hébreux 11:5 et Jude 14) et, de
plus, que le Seigneur se manifesta, de façon particulièrement
distincte, à ce juste prophète (voir Moïse
chapitres 6 et 7), lui révélant le cours des événements
jusqu'à l'époque du ministère prévu de
Jésus dans la chair, le plan de salut par le sacrifice du Fils
unique, et ce qui suivrait, jusqu'au jugement final.
Quant à Moïse, nous lisons qu'il entendit la voix de
Dieu, qui lui parla du milieu du buisson ardent sur le mont Horeb,
disant : « Je suis le Dieu de ton Père, le
Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de Jacob. Moïse se
cacha le visage, car il craignait de regarder Dieu »
(Exode 3:6). Dieu apparut, dans une nuée, à Moïse
et à Israël assemblés, accompagné du bruit
terrifiant des tonnerres et des éclairs, sur le Sinaï :
« Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël : Vous
avez vu que je vous ai parlé depuis les cieux »
(Exode 20:18-22). Nous apprenons, au sujet d'une manifestation
ultérieure : « Moïse monta avec Aaron,
Nadab et Abihu, et soixante-dix anciens d'Israël. Ils virent le
Dieu d'Israël ; sous ses pieds c'était comme un
ouvrage de saphir transparent, comme le ciel lui-même dans sa
pureté » (Exode 24:9, 10).
Au temps de Josué et des Juges et au cours du règne des
Rois, le Seigneur manifesta sa présence et son pouvoir à
Israël. Ésaïe vit le Seigneur sur son trône,
au milieu d'une compagnie glorieuse, et il s'écria :
« Malheur à moi ! Je suis perdu, car je suis
un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un
peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le
roi, l'Éternel des Armées » (Ésaïe
6:1-5). À une période ultérieure, lorsque le
Christ émergea des eaux du baptême, la voix du Père
se fit entendre, déclarant : Celui-ci est mon Fils
bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection »
(Matthieu 3:16, 17 ; Marc 1:11). Et à l'occasion de la
transfiguration de notre Seigneur, la même voix répéta
ces mêmes paroles glorieuses et solennelles (voir Matthieu
17:1-5 ; voir aussi Luc 9:35). Tandis qu'Étienne
subissait le martyre que ses compatriotes, cruels et fanatiques, lui
infligeaient, les cieux furent ouverts et il vit « la
gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu »
(Actes 7:54-60).
Le Livre de
Mormon est rempli d'exemples de communications entre Dieu et son
peuple, la plupart par des visions et par le ministère d'anges
mais aussi par la manifestation directe de la présence divine.
Ainsi, nous lisons qu'une colonie quitta la tour de Babel et se
rendit sur le continent américain sous la conduite d'un homme,
connu dans le récit sous le nom de frère de Jared. Au
cours des préparatifs pour le voyage à travers l'océan,
cet homme pria pour que le Seigneur touchât du doigt et rendît
ainsi lumineuses certaines pierres pour que les voyageurs eussent de
la lumière dans leurs vaisseaux. En réponse à
cette requête, le Seigneur étendit la main et toucha les
pierres, révélant son doigt qui, à la grande
surprise de l'homme, ressemblait à un doigt humain. Alors le
Seigneur, heureux de voir la foi de l'homme, se rendit visible et
montra au frère de Jared que l'homme avait été
littéralement formé à l'image de son Créateur
(voir Éther, chapitre 3). Aux Néphites, qui habitaient
le continent occidental, le Christ se révéla après
sa résurrection et son ascension. À ces brebis du
troupeau de l'ouest, il rendit témoignage du
mandat
qu'il avait reçu du Père, montra les blessures de ses
mains, de ses pieds et de son côté, et servit de
nombreuses façons les multitudes croyantes (voir 3 Néphi,
chapitres 11 à 28).
Dieu
s'est révélé à son peuple au cours de la
dispensation actuelle (ndlr : une dispensation de l'Évangile
est une époque au cours de laquelle le Seigneur a au moins un
serviteur autorisé sur la terre qui détient les clefs
de la Sainte Prêtrise). Grâce à sa foi et à
la sincérité de ses intentions, Joseph Smith, bien
qu'encore tout jeune, obtint personnellement une manifestation de la
présence de Dieu, et même le privilège de voir,
ensemble, le Père éternel et Jésus-Christ, le
Fils. Son témoignage de l'existence de Dieu ne dépend
pas de la tradition ni de déductions étudiées ;
il déclara au monde que Dieu le Père et Jésus-Christ,
le Fils, sont tous deux vivants, car il avait vu leurs personnes et
entendu leur voix. En plus de la manifestation citée, Joseph
Smith et son compagnon de service, Sidney Rigdon, affirment que, le
16 février 1832, ils virent le Fils de Dieu et conversèrent
avec lui dans une vision céleste. Décrivant cette
manifestation, ils disent ceci : « Et tandis que nous
méditions ces choses, le Seigneur toucha les yeux de notre
intelligence et ils furent ouverts, et la gloire du Seigneur
resplendit tout à l'entour. Et nous vîmes la gloire du
Fils, à la droite du Père, et reçûmes de
sa plénitude. Nous vîmes les saints anges et ceux qui
sont sanctifiés devant son trône, adorant Dieu et
l'Agneau, qu'ils adorent pour toujours et à jamais. Et
maintenant, après les nombreux témoignages qui ont été
rendus de lui, voici le témoignage, le dernier de tous, que
nous rendons de lui : Qu'il vit ! Car nous le vîmes,
et ce à la droite de Dieu ; et nous entendîmes la
voix rendre témoignage qu'il est le Fils unique du Père
- que par lui, à travers lui et en lui, les mondes sont
et furent créés, et que les habitants en sont des fils
et des filles engendrés pour Dieu » (D&A
76:19-24).
De nouveau, le 3
avril 1836, dans le Temple de Kirtland, en Ohio, le Seigneur se
manifesta à Joseph Smith et à Oliver Cowdery, qui
décrivent l'événement comme suit : « Nous
vîmes le Seigneur debout sur la balustrade de la chaire, devant
nous ; sous ses pieds, il y avait un pavement d'or pur, d'une
couleur semblable à l'ambre. Ses yeux étaient de
flamme, ses cheveux étaient blancs comme la neige immaculée,
son visage était plus brillant que l'éclat du soleil et
sa voix était comme le bruit du déferlement des grandes
eaux, savoir la voix de Jéhovah, disant : Je suis le
premier et le dernier ; je suis celui qui vit, je suis celui qui
a été immolé ; je suis votre avocat auprès
du Père » (D&A 110:2-4).
La
Divinité : La Trinité
Trois personnages, composant le grand conseil président de l'univers, se sont révélés à l'homme : (1) Dieu, le Père éternel ; (2) son Fils Jésus-Christ et (3) le Saint-Esprit. Les récits acceptés des rapports divins avec l'homme démontrent que ces trois Êtres sont des individus séparés, physiquement distincts l'un de l'autre. À l'occasion du baptême du Sauveur, Jean reconnut le signe du Saint-Esprit ; il vit devant lui, dans un corps de chair, le Christ auquel il venait d'administrer la sainte ordonnance et il entendit la voix du Père (voir Matthieu 3:16, 17 ; voir aussi Marc 1:9-11 ; Luc 3:21, 22). Les trois personnages de la Divinité étaient présents, se manifestant chacun d'une façon différente et chacun distinct des autres. Plus tard, le Sauveur promit à ses disciples que le Consolateur (voir Jean 14:26 ; 15:26), qui est le Saint-Esprit, leur serait envoyé par son Père ; ici encore les trois membres de la Divinité sont définis séparément. Étienne, au moment de son martyre, fut béni du pouvoir de vision céleste et vit Jésus à la droite de Dieu (voir Actes 7:55, 56). Joseph Smith, alors qu'il invoquait le Seigneur en une ardente prière, vit le Père et le Fils debout au milieu d'une lumière qui dépassait en clarté celle du soleil et l'un d'eux déclara en montrant l'autre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le ! » Chacun des membres de la Trinité est appelé Dieu (voir 1 Corinthiens 8:6 ; Jean 1:1-14 ; Matthieu 4:10 ; 1 Timothée 3:16 ; 1 Jean 5:7 Mosiah 15:1, 2) ; ensemble, ils constituent la Divinité.
Unité
de la Divinité
La Divinité est un type
d'unité dans les attributs, les pouvoirs et les buts de ses
membres. Jésus, alors qu'il se trouvait sur terre (voir Jean
10:30, 38 ; 17:11, 22), se manifestant à ses serviteurs
néphites (voir 3 Néphi 11:27, 36 ; 28:10 ;
voir aussi Alma 11:44 ; Mormon 7:7), a témoigné
souvent de l'union qui existait entre le Père et lui et entre
eux et le Saint-Esprit. Rationnellement, on ne peut pas interpréter
cela comme signifiant que le Père, le Fils et le Saint-Esprit
sont un en substance et en personne ni que les noms représentent
le même personnage sous différents aspects. Une seule
référence suffira à prouver l'erreur de tout
point de vue de ce genre. Immédiatement avant d'être
trahi, le Christ pria pour ses disciples, les Douze et les autres
convertis, pour qu'ils fussent préservés dans leur
union (voir Jean 17:11-21) « afin qu'ils soient
parfaitement un » comme le Père et le Fils sont un.
Nous ne pouvons pas supposer que le Christ pria pour que ses
disciples perdissent leur individualité et ne devinssent
qu'une personne, même si un changement aussi directement opposé
à la nature eût été possible. Le Christ
désirait que tous fussent unis de cœur, ayant la même
volonté et le même but, car telle est l'unité qui
existe entre son Père et lui, et entre eux et le
Saint-Esprit.
Cette unité
est un modèle de perfection ; la volonté de
n'importe quel membre de la Trinité est la volonté des
autres ; voyant, comme chacun d'eux le fait, avec l’œil
de la perfection, ils voient et comprennent de la même façon.
Dans n'importe quelle circonstance donnée, chacun agirait de
la même manière, guidé par les mêmes
principes de justice et d'équité infaillibles. L'unité
de la Divinité dont les Écritures témoignent si
abondamment, n'implique aucune union mystique de substance, ni aucune
fusion contre nature et, par là, impossible de personnalités.
Père, Fils et Saint-Esprit sont aussi distincts l'un de
l'autre dans leur personne et leur individualité que trois
personnages quelconques dans la mortalité. Cependant leur
unité de but et d'action est telle que leurs décisions
sont unanimes et leur volonté la volonté de Dieu. Le
Père et le Fils sont semblables même en apparence
physique, c'est pourquoi, alors que Philippe l'importunait pour qu'il
lui montrât le Père, le Christ lui parla en ces termes :
« Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as
pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ;
comment dis-tu : Montre-nous le Père ? Ne crois-tu
pas que je suis dans le Père et que le Père est en
moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de
moi-même, et le Père, qui demeure en moi, c'est lui qui
fait les oeuvres. Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père
est en moi » (Jean 14:9-11 ; voir aussi Hébreux
1:3).
Personnalité
de chaque membre de la Divinité
Les preuves déjà
présentées montrent clairement que le Père est
un être personnel, possédant une forme définie,
des parties corporelles et des passions spirituelles. Jésus-Christ,
qui était avec le Père (voir Jean 17:5), en esprit,
avant de venir habiter dans la chair et par qui les mondes furent
créés (voir Jean 1:3 ; Hébreux 1:2 ;
Éphésiens 3:9 ; Colossiens 1:16), vécut,
homme parmi les hommes, avec toutes les caractéristiques
physiques d'un être humain ; après sa résurrection,
il apparut sous la même forme (voir Jean 20:14, 15, 19, 20, 26,
27 ; 21:1-14 ; Matthieu 28:9 ; Luc 24:15-31, 36-44) ;
c'est sous cette forme qu'il monta aux cieux (voir Actes 1:9-11) et
c'est sous cette forme qu'il se manifesta
aux Néphites et aux prophètes modernes. Nous sommes
assurés que le Christ était à l'image expresse
de son Père (voir Hébreux 1:3 ; Colossiens 1:15 ;
2 Corinthiens 4:4), à l'image duquel l'homme aussi a été
créé (voir Genèse 1:26, 27 ; Jaques 3:8,
9). C'est pourquoi, nous savons que le Père et le Fils sont
des hommes parfaits en forme et en stature : Chacun d'eux
possède un corps tangible infiniment pur et parfait, revêtu
d'une gloire transcendante, mais qui est néanmoins un corps de
chair et d'os (voir D&A 130:22).
Le Saint-Esprit, appelé aussi Esprit et Esprit du Seigneur
(voir 1 Néphi 4:6 ; 11:1-12 ; Mosiah 13:5 ;
Marc 1:10 ; Jean 1:32 ; Actes 2:4 ; 8:29 ;
10:19 ; Romains 8:10, 26 ; 1 Thessaloniciens 5:19),
Esprit de Dieu (voir Matthieu 3:16 ; 12:28 ; 1 Néphi
13:12, 13), Consolateur (voir Jean 14:16, 26 ; 16:7) et Esprit
de Vérité (voir Jean 15:26 ; 16:13), n'est pas
revêtu d'un corps de chair et d'os, mais est un personnage
d'esprit (voir D&A 130:22). Nous savons cependant que l'Esprit
s'est manifesté sous la forme d'un homme (voir 1 Néphi
11:11). C'est par le ministère de l'Esprit que le Père
et le Fils opèrent dans leurs communications avec les hommes
(voir Néhémie 9:30 ; Ésaïe 42:1 ;
Actes 10:19 ; Alma 12:3 ; D&A 105:36 ; 97:1) ;
c'est par lui que la connaissance est communiquée (voir Jean
16:13 ; 1 Néphi 10:19 ; D&A 35:13 ;
50:10), et c'est par lui que s'accomplissent les buts de la Divinité
(voir Genèse1:2 ; Job 26:13 ; Psaumes 104:30 ;
D&A 29:31). Le Saint-Esprit est le témoin du Père
et du Fils (voir Jean 15:26 ; Actes 5:32 ; 20:23 ;
1 Corinthiens 2:11 ; 12:3 ; 3 Néphi
11:32), déclarant leurs attributs à l'homme et rendant
témoignage des autres membres de la Divinité (voir Jean
16:26 ; Actes 5:32 ; 1 Corinthiens 2:11 ; 3 Néphi
11:32).
Quelques-uns
des attributs divins
Dieu est omniprésent
- Il n'y a pas d'endroit de la création, si éloigné
soit-il, dans lequel Dieu ne puisse pénétrer ; au
moyen de l'Esprit, la Divinité est en communication directe
avec toutes choses en tout temps. Il a été dit, pour
cette raison, que Dieu est présent partout ; mais cela ne
signifie pas que la personne même d'un membre quelconque de la
Divinité puisse être physiquement présente en
plus d'un lieu à la fois. Les sens de chaque membre de la
Trinité sont doués d'une puissance infinie, leur esprit
d'une capacité illimitée ; leur pouvoir de se
transporter d'un lieu à l'autre sont infinis. Il est clair,
cependant, que leur personne ne peut pas être en plus d'un
endroit à la fois. Si nous admettons la personnalité de
Dieu, nous sommes forcés d'accepter le fait qu'il est
matériel ; en effet, un « être
immatériel » - terme sans signification par
lequel certains ont voulu désigner la condition de Dieu -
ne peut pas exister, car l'expression elle-même est
contradictoire en ses termes. Si Dieu possède une forme, cette
forme est, nécessairement, de proportions déterminées
et, par conséquent, de dimensions limitées dans
l'espace. Il lui est donc impossible d'occuper, à la fois,
plus d'un espace de mêmes dimensions et, pour cette raison, il
n'est pas étonnant d'apprendre, par les Écritures,
qu'il se meut d'un lieu à l'autre. C'est ainsi que nous
lisons, en relation avec le récit de la Tour de Babel :
« L'Éternel [c'est-à-dire Jéhovah, le
Fils] descendit pour voir la ville et la tour » (Genèse
11:5). De plus, Dieu apparut à Abraham et ayant déclaré
qu'il était « le Dieu Tout-Puissant »,
il parla avec le patriarche et établit une alliance avec lui.
Nous lisons ensuite : « Lorsqu'il eut achevé
de lui parler, Dieu s'éleva au-dessus d'Abraham »
(Genèse 17:1, 22).
Dieu
est omniscient
- C'est par lui que la matière a été
organisée et l'énergie dirigée. Il est donc le
Créateur de tout ce qui a été créé,
« le Seigneur, qui fait ces choses, et à qui elles
sont connues de toute éternité » (Actes
15:18 ; voir Moïse 1:6, 35, 37 ; 1 Néphi
9:6). Son pouvoir et sa sagesse sont également
incompréhensibles à l'homme, car ils sont
infinis.
Étant lui-même éternel et parfait, sa
connaissance ne peut être autrement qu'infinie. Pour se
comprendre lui-même, Être infini, il doit posséder
une intelligence infinie. Par l'entremise des anges et de ses
serviteurs, il est en communication permanente avec toutes les
parties de la création et peut les visiter personnellement,
selon sa volonté.
Dieu
est omnipotent - Il
est, à juste titre, appelé le Tout-Puissant. L'homme
peut discerner de toutes parts les preuves de l'omnipotence divine,
dans les forces qui contrôlent les éléments de la
terre et guident les sphères célestes dans leur course
prescrite. Ce que sa sagesse indique qu'il est nécessaire de
faire, Dieu peut le faire et le fera. Les moyens par lesquels il
opère peuvent ne pas être d'une capacité infinie
en eux-mêmes, mais ils sont dirigés par un pouvoir
infini. Une conception rationnelle de son omnipotence serait :
le pouvoir de faire tout ce qu'il peut vouloir faire.
Dieu est bon,
bienveillant et aimant
- tendre, prévenant et indulgent, supportant patiemment
les faiblesses de ses enfants. Il est juste et miséricordieux
dans ses jugements (voir Deutéronome 4:31 ; 2 Chroniques
30:9 ; Exode 20:6 ; 34:6 ; Néhémie 9:17,
31 ; Psaumes 116:5 ; 103:8 ; 86:15 ; Jérémie
32:18) ; cependant ces qualités plus douces sont
combinées avec une grande fermeté à venger les
torts (voir Exode 20:5 ; Deutéronome 7:21 ; 10:17 ;
Psaumes 7:11). Il est jaloux (Exode 20:5 ; 34:14 ;
Deutéronome 4:24 ; 6:14, 15 ; Josué 24:19,
20) de son propre pouvoir et du respect qu'on lui rend ;
c'est-à-dire qu'il a le zèle des principes de vérité
et de pureté, qui ne sont manifestés nulle part à
un plus haut degré que dans ses attributs personnels. Cet Être
est l'auteur de notre existence, c'est à lui qu'il nous est
permis de nous adresser comme Père. Notre foi en lui
augmentera avec la connaissance que nous acquérons de lui.
Idolâtrie
et athéisme
D'après les preuves abondantes
de l'existence de la Divinité dont l'idée est si
généralement acceptée par la famille humaine, il
semble qu'il y ait peu de raisons sur lesquelles l'homme puisse,
rationnellement, appuyer et maintenir une incroyance en Dieu et,
étant donné les preuves nombreuses de la nature
bienveillante des attributs divins, il ne devrait y avoir que peu de
tendance à se tourner vers de faux et indignes objets de
culte. Cependant, l'histoire du genre humain montre que le théisme,
qui est la doctrine de la croyance en Dieu et de l'acceptation de
Dieu, se voit opposer de nombreuses variétés
d'athéisme ; que l'homme est enclin à démentir
ses prétentions à la raison et à offrir son
culte dans des sanctuaires idolâtres. L'athéisme s'est
probablement développé au cours d'époques plus
récentes, tandis que l'idolâtrie se révèle
être un des premiers pêchés du genre humain. Même
au temps de l'exode d'Israël hors d'Égypte, Dieu jugea
nécessaire de commander, par statut : « Tu
n'auras pas d'autres dieux devant ma face » (Exode 20:3) ;
cependant, alors même qu'il gravait ces paroles sur les tables
de pierre, son peuple se souillait devant le veau d'or, façonné
sur le modèle d'une idole égyptienne.
L'homme possède l'instinct du culte ; il aspire à
un objet d'adoration et en trouvera un. Lorsqu'il tomba dans les
ténèbres d'une transgression persistante et oublia son
Créateur et le Dieu de ses pères, il chercha d'autres
divinités. Les uns en arrivèrent à considérer
le soleil comme type du suprême et ils se prosternèrent
devant ce luminaire, pour l'invoquer. Les autres choisirent des
phénomènes terrestres pour objet de leur culte ;
ils s'émerveillèrent devant le mystère du feu et
adorèrent la flamme. D'autres virent ou crurent voir en l'eau
l'emblème de la pureté et du bien et firent leurs
dévotions près des cours d'eau. D'autres encore,
frappés de crainte et de respect par la grandeur des
montagnes
gigantesques, se rendirent dans ces temples naturels et adorèrent
l'autel au lieu de Celui par le pouvoir duquel il avait été
élevé. Une autre classe, plus imbue de respect pour
tout ce qui est emblème, chercha à se créer des
objets artificiels d'adoration. Ils se firent des images en taillant
des figurines grossières dans des troncs d'arbres et en
ciselant des formes étranges dans la pierre et ils se
prosternèrent devant cela.
Les pratiques idolâtres, dans certains de leurs aspects,
finirent par s'associer à des rites d'une cruauté
horrible comme dans la coutume de sacrifier des enfants à
Moloch et, parmi les Hindous, au Gange ; comme aussi dans le
massacre d'êtres humains sous la tyrannie des druides. Les
dieux que les hommes se sont donné sont sans cœur, sans
pitié et cruels.
L'athéisme est la négation de l'existence de Dieu ;
sous une forme moins prononcée, il peut consister à
ignorer la Divinité. Mais celui qui professe l'athéisme
est sujet, comme ses frères mortels croyants, à la
passion universelle de l'homme pour le culte. Quoiqu'il refuse de
reconnaître le Dieu vrai et vivant, il déifie
consciemment ou inconsciemment quelque loi, quelque principe, quelque
attribut de l'âme humaine ou, à l'occasion, quelque
création matérielle. Et il se tourne vers cela pour
chercher un semblant du réconfort que le croyant trouve en
abondance dans la prière qu'il adresse à son Père
et son Dieu. Je doute qu'il existe un véritable athée,
un athée qui, avec la sincérité d'une conviction
bien établie, nie en son cœur, l'existence d'un pouvoir
intelligent et suprême.
L'idée de Dieu est une caractéristique inhérente
de l'âme humaine. Le philosophe reconnaît la nécessité
d'une telle idée dans ses théories de l'être. Il
peut se refuser à reconnaître ouvertement l'existence
d'un Dieu personnel, cependant il suppose l'existence d'un pou voir
directeur, d'un grand inconnu, de l'inconnaissable, de l'illimitable,
de l'inconscient. Ô homme savant quoique peu sage, pourquoi
rejeter les privilèges qui te sont accordés par l'Être
omnipotent et omniscient à qui tu dois la vie, et dont tu ne
veux cependant pas reconnaître le nom ? Aucun mortel ne
peut s'approcher de lui et contempler ses perfections et sa puissance
sans éprouver de la crainte et du respect. Rien déjà
qu'en le considérant comme Créateur et Dieu, nous
sommes confondus lorsque nous pensons à lui. Mais il nous a
donné le droit d'aller vers lui parce que nous sommes ses
enfants, et de l'invoquer sous le nom de Père. Même
l'athée éprouve, aux heures les plus solennelles de sa
vie, un élan de l'âme vers un Père spirituel,
aussi naturellement que ses affections humaines le tournent vers le
père qui lui a donné la vie mortelle. L'athéisme
d'aujourd'hui n'est, après tout, qu'une forme de paganisme.
Vues
confessionnelles de la Divinité
La doctrine cohérente, simple
et authentique de la nature et des attributs de Dieu, telle qu'elle a
été enseignée par le Christ et ses apôtres,
dégénéra lorsque la révélation
cessa et lorsque les ténèbres, résultant de
l'absence d'autorité divine, se répandirent sur le
monde, après que les apôtres et la prêtrise eurent
été chassés de la terre. À la place de
cette doctrine, apparurent de nombreux dogmes et théories, de
facture humaine, dont beaucoup sont absolument incompréhensibles
à cause de leur inconséquence et de leur
mysticisme.
En 325, le Concile
de Nicée fut convoqué sur l'ordre de l'empereur
Constantin, qui chercha à obtenir de cette assemblée
une déclaration de foi chrétienne qui serait acceptée
comme faisant autorité, et qui serait le moyen d'arrêter
les dissensions sans cesse croissantes occasionnées par le
désaccord qui régnait au sujet de la nature de la
Divinité et
d'autres sujets théologiques. Le Concile condamna certaines
théories alors courantes, y compris celle d'Arius qui
affirmait que le Fils avait été créé par
le Père et, par conséquent, ne pouvait pas être
co-éternel avec le Père. Le Concile promulgua ce qui
est connu sous le nom de credo de Nicée ; et ce credo fut
suivi, plus tard, par le credo d'Athanase, au sujet duquel des
controverses se sont cependant élevées quant à
son véritable auteur (voir La
Grande Apostasie,
du même auteur, chap. 7). Voici ce credo : « Nous
adorons un seul Dieu dans la Trinité, et la Trinité en
Unité, sans confondre les personnes ni diviser la substance,
car il y a une personne pour le Père, une autre pour le Fils,
et une autre pour le Saint-Esprit. Mais la Divinité du Père,
du Fils et du Saint-Esprit est tout une ; la gloire égale,
la majesté coéternelle. Tel que le Père est, tel
est le Fils et tel est le Saint-Esprit. Le Père incréé,
le Fils incréé et le Saint-Esprit incréé.
Le Père incompréhensible, le Fils incompréhensible
et le Saint-Esprit incompréhensible. Le Père éternel,
le Fils éternel et le Saint-Esprit éternel, mais un
seul éternel. Et il n'y a pas non plus, trois
incompréhensibles ni trois incréés ; mais
un seul incréé et un seul incompréhensible. De
même, le Père est Tout-Puissant, le Fils Tout-Puissant
et le Saint-Esprit Tout-Puissant ; et cependant il n'y a pas
trois Tout-Puissants, mais un seul Tout-Puissant. De même, le
Père est Dieu, le Fils est Dieu, et le Saint-Esprit est Dieu
et cependant il n'y a pas trois Dieux, mais un seul Dieu. »
Il serait difficile de concevoir un plus grand nombre d'incohérences
et de contradictions exprimées en si peu de mots.
L'Église anglicane enseigne actuellement comme orthodoxe la
conception suivante de Dieu : « Il n'y a qu'un seul
Dieu vrai et vivant, éternel, sans corps, sans parties ni
passions ; d'une puissance, d'une sagesse et d'une bonté
infinies ». L'immatérialité de Dieu,
affirmée par ces déclarations confessionnelles, diffère
totalement des Écritures et est absolument contredite par les
révélations de la personne et des attributs de Dieu,
comme le démontrent les citations déjà
faites.
Nous affirmons que nier
la matérialité de la personne de Dieu est nier Dieu ;
car une chose sans parties n'a pas de tout et un corps immatériel
ne peut pas exister. L'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours s'élève contre la notion d'un
Dieu incompréhensible, sans « corps, sans parties
ni passions », affirmant qu'une telle chose ne peut pas
exister, et proclame sa croyance et sa fidélité au Dieu
vrai et vivant des Écritures et de la révélation.
Source :
James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890