Rétablissement de l'Évangile ancien
ou
Exposition
des premiers principes de la doctrine
de
l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
Lorenzo
Snow
Malte,
1851
Il y a
certains principes établis par Dieu, qui étant compris
et pratiqués, mettront les hommes en possession de
connaissances, de dons et de bénédictions spirituelles.
Dans les premiers âges du monde, ainsi qu’à
l’époque des apôtres, on entrait en possession de
pouvoirs spirituels et de diverses bénédictions par
l'intelligence qu'on acquérait et par I'observation fidèle
de certaines règles que le Seigneur avait établies.
Ainsi,
par exemple, Abel, ayant appris que l'offrande des sacrifices était
un ordre institué par Dieu par le moyen duquel les hommes
pouvaient recevoir des bénédictions, il agit en
conséquence de cet ordre, et offrit un sacrifice par lequel il
obtint de glorieuses manifestations du Très-Haut.
Quand les
hommes, avant le déluge, se furent corrompus, et que le temps
arriva où la destruction devait venir sur eux, le Seigneur
révéla le moyen par lequel les justes pouvaient
échapper. En conséquence, tous ceux qui comprirent et
appliquèrent ce moyen, furent assurés d'être mis
en possession de la bénédiction promise.
Josué,
avant d'avoir pu prendre Jéricho, dut faire certaines
démarches ordonnées de Dieu. Ces démarches ayant
été faites de façon parfaitement conforme au
commandement, I'objet de la promesse tomba immédiatement en sa
possession.
Autre
exemple : le cas de Naaman, général des armées
syriennes. Nous y voyons qu'étant affligé de la lèpre,
et ayant entendu parler d'Élisée le prophète, il
I'adressa à lui pour être délivré de cette
affliction. Le prophète, inspiré par le Saint-Esprit,
qui est I'intelligence de Dieu, lui fit savoir qu'en se lavant sept
fois dans les eaux du Jourdain, il serait guéri. Au premier
abord, Naaman trouva que cela était trop simple. Il était
mécontent et disposé à ne point s'y conformer, à
ne pas faire usage de moyens si simples. Cependant, après une
plus mûre considération, s'humiliant lui-même, il
vint se soumettre à l’ordre qui lui avait été
donné. Alors la bénédiction suivit
immédiatement.
Sous la
loi mosaïque, la rémission des péchés était
obtenue de la même manière que l’étaient
les bénédictions auxquelles je viens de faire allusion.
Un animal devait être amené devant la porte du
tabernacle de l'assemblée, par la personne qui désirait
obtenir la rémission de ses péchés, et l’animal
devait être offert d'une manière particulière.
Cela étant fait, la bénédiction promise suivait
immédiatement.
Lorsqu’arriva
l’époque évangélique, les dons et les
bénédictions étaient obtenus selon les mêmes
principes, c'est-à-dire par l'obéissance aux règles
établies. Le Seigneur a continué à prescrire
certaines règles, promettant à tous ceux qui les
observeraient des bénédictions particulières.
Lorsque les règles étaient suivies avec une parfaite
exactitude, les bénédictions se réalisaient.
Quelques-uns
imaginent vainement que, sous loi évangélique, les dons
et les bénédictions sont obtenus, non par des
observances extérieures, ou des oeuvres extérieures,
mais simplement par la foi et la repentance, des opérations
mentales indépendantes de tout acte extérieur. Mais,
laissant de côté les traditions, les superstitions et le
credo des hommes, nous irons à la parole de Dieu, ou nous
trouverons que les oeuvres ou ordonnances extérieures, sous la
loi évangélique, sont inséparables des oeuvres
intérieures, la foi et la repentance.
Pour le
prouver, je ferai les observations suivantes. Le Sauveur a dit :
« Pourquoi m'appelles-tu Seigneur, Seigneur, et ne fais-tu
pas ce que je dis ? » Il dit encore : « Celui
qui entend mes paroles et les observe sera comparé à un
homme qui a bâti sa maison sur le roc. » Et aussi :
« Celui qui croit et est baptisé sera sauvé. »
II dit encore : « Si un homme ne naît d'eau et
d'esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu »
(Jean 3:5). Ces propos de notre Sauveur exigent de l’homme
l’accomplissement d'oeuvres extérieures pour recevoir
son salut.
Le jour
de la Pentecôte, Pierre dit a la multitude :
« Repentez-vous et soyez baptisés pour la rémission
de vos péchés, et vous recevrez le don du
Saint-Esprit. » Par ces propos nous apprenons qu'on doit
accomplir une oeuvre extérieure, le baptême dans I'eau,
pour recevoir la rémission des péchés et ensuite
le don du Saint-Esprit. Mais avant de faire l'oeuvre extérieure
qui doit être accomplie, il doit y avoir la foi et la
repentance. La foi et la repentance doivent précéder le
baptême, et le baptême doit précéder la
rémission des péchés et le don du Saint-Esprit.
De là
nous voyons que le baptême des petits enfants est inutile et
antiscripturaire. Ils ne sont pas capables de foi et de repentance,
conditions nécessaires qui doivent précéder le
baptême. Alors, pourquoi exiger d'eux l'oeuvre extérieure ?
II y en a
qui pensent que l’on ne doit pas compter le baptême parmi
les choses essentielles, ordonnées de Dieu pour obtenir la
rémission des péchés. En réponse, nous
disons que le Sauveur et les apôtres ont fait ainsi avant nous.
C'est pourquoi nous reconnaissons l'obligation de suivre leur
exemple. La destruction du monde antédiluvien par I'eau était
une figure du baptême pour la rémission des péchés.
La terre était couverte de péchés comme d'un
vêtement. Les justes furent préservés et sauvés
du monde pécheur, par le moyen de I'eau. « À
quoi aussi maintenant répond la figure qui nous sauve,
c'est-à-dire le baptême. Non point celui par lequel les
ordures de la chair sont nettoyées, mais la promesse faite à
Dieu d'une conscience pure. » (1 Pierre 3:21)
Noé
et sa famille ont été emmenés et séparés
du péché et des souillures par le moyen de I'eau. Ainsi
le baptême, la même figure, éloigne maintenant nos
âmes du péché et des souillures par la foi
en la grande expiation faite sur le Calvaire.
Plusieurs
expriment la surprise qu'on ait pu recevoir de si grandes
bénédictions par le baptême. Quand on disait à
Naaman de se laver sept fois dans le Jourdain, il était
également surpris. Mais en faisant I'expérience, il
reconnut la vérité de la parole de Dieu. Sa
lèpre, sa souillure corporelle fut ôtée, ce qui
est une figure de la purification évangélique par le
baptême d'eau, par le moyen de la foi et de la repentance.
Nous
avons vu que par le moyen de I'eau Naaman a reçu une
bénédiction miraculeuse. De même I'aveugle, à
qui le Seigneur ordonna de se laver dans le réservoir de
Siloé, reçut la vue qui lui fut rendue par le moyen de
l'eau.
Le
Sauveur, après être sorti de la rivière du
Jourdain, reçut le Saint-Esprit. Ces exemples montrent
clairement que l'eau a été ordonnée comme moyen
par lequel des bénédictions célestes sont
obtenues. « Soyez baptisés pour la rémission
des péchés », dit Pierre (Actes 2:38).
Ananias dit a Saul (Actes 22:16) : « Lève-toi
et sois baptisé, et lavé de tes péchés. »
II est dit que, dans la cité de Samarie, le peuple baptisé
par Philippe, se réjouissait. Ils se réjouissaient à
cause de la rémission de leurs péchés par le
baptême. Il en est de même pour le cas de I'eunuque (voir
Actes 8:39). Après qu'il fut sorti de l'eau, ayant obtenu la
rémission de ses péchés, sa conscience étant
sans reproche devant Dieu, il put continuer son chemin avec joie.
Quelques-uns
supposent qu'il faut obtenir la religion ou le salut avant d'être
baptisé. Mais le Sauveur et les apôtres nous ordonnent
d'être baptisés pour obtenir la religion. « Soyez
baptisés, dit saint Pierre, pour la rémission des
péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit. »
Obtenir le don du Saint-Esprit, c'est obtenir la religion. La foi et
la repentance devaient précéder le baptême. Mais
la rémission des péchés et le don du
Saint-Esprit doivent suivre le sacrement du baptême.
Tout
homme sans préjugé peut voir que ceci est parfaitement
en accord avec la parole de notre Sauveur : « Si un
homme ne naît d’eau et d'Esprit il ne peut entrer dans le
royaume de Dieu. » Si la religion était promise
avant le baptême dans l'eau, notre Sauveur aurait dit « naît
d'esprit et d’eau », mais il adit : « Si
un homme ne naît d'eau et d’Esprit » (Jean
3:5).
« Ce
que Dieu a joint, dit l'Écriture, personne ne doit le
séparer », mais nous séparons cet ordre de
choses, quand nous disons qu'un homme doit être né de
l'esprit, et ensuite de l'eau, ou qu'il faut obtenir la religion ou
le Saint-Esprit, et ensuite être baptisé.
Saint
Pierre, dans les Actes (2:38), prêche le même ordre de
choses dont nous venons de parler, lorsqu'il dit :
« Repentez-vous et soyez baptisés pour la rémission
des péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit »,
c'est-à-dire, renaissez d'eau et alors vous renaîtrez de
I'esprit.
Paul
lui-même, quoique ayant eu une vision du Seigneur Jésus,
n'avait cependant pas reçu le Saint-Esprit. Il ne reçut
pas la religion jusqu'il eût été lavé de
ses péchés par le baptême administré par
Ananias.
II y a un
cas, et il n'y en a qu'un seul, où le Saint-Esprit a été
donné avant le baptême. Je veux dire à l’époque
apostolique. Corneille et ses amis qui s’étaient
rassemblés pour écouter le message de saint Pierre,
reçurent le Saint-Esprit avant le baptême (voir Actes
10:44). Mais cela eut lieu pour convaincre Pierre que les Gentils
avaient aussi le droit de recevoir les bénédictions de
l’Évangile. Corneille et ses amis étaient des
Gentils, et saint Pierre ne les aurait pas baptisés, à
moins qu'il n'eût premièrement vu le pouvoir de Dieu se
manifester en eux. II regardait les Gentils comme des païens, et
trop méchants et pécheurs pour recevoir les
bénédictions de l’Évangile comme le peuple
de Dieu, c'est-à-dire la nation juive. II ne s'imaginait pas
qu'ils dussent recevoir le Saint-Esprit, et de cette manière
être préparés pour s'asseoir dans le royaume de
Dieu avec Abraham, Isaac, Jacob et les prophètes juifs. Mais
lorsqu'il vit que le Saint-Esprit se reposait sur eux, il eu fut
étonné et s'écria aussitôt : Peut on
refuser l'eau du baptême à ceux qui ont reçu le
Saint-Esprit comme nous ? Et alors il commanda qu'on les
baptisât.
Cette
réception du Saint-Esprit avant le baptême était
une exception d'une règle générale et le
résultat de circonstances particulières, ainsi que je
I'ai montré. Dieu, s'il le juge convenable, peut s'écarter
d'une règle générale et donner des bénédictions.
Mais I'homme n'a pas ce droit. Il faut qu'il observe l'ordre qui est
établi, sinon il ne peut avoir aucun droit sur la promesse.
Après
qu'Élisée eut établi l'ordre par lequel Naaman
pouvait obtenir la guérison de sa lèpre, Dieu, s'il
l'avait voulu, aurait pu le guérir de quelque autre manière.
Mais en même temps Naaman ne pouvait avoir droit à la
bénédiction sans faire ce qui lui avait été
indiqué (voir 2 Roi 5). Si nous obéissons à
l'ordre de l'Évangile, une promesse nous est faite que nous
recevrons les bénédictions. Autrement nous n'avons
point de droit à faire valoir. Et c'est pire que folie aux
hommes de dire : « Seigneur, Seigneur » et
de ne pas garder ses commandements.
II est
évident que l’on doit accomplir les oeuvres extérieures
aussi bien que la foi et la repentance pour recevoir les bénédictions
de l’Évangile.
Le
baptême dans I'eau faisant partie intégrante de
I'Évangile du Christ, nous remarquons l’importance que
les Écritures donnent à son administration. Aussi
est-il évident que, si des bénédictions
particulières n'avaient pas été reçues
par le moyen du baptême, les Écritures n’auraient
pas insisté sur son observation. Si, comme quelques-uns le
supposent, la foi, la repentance et la prière suffisaient pour
recevoir la plénitude des bénédictions de
l’Évangile, alors le baptême serait une oeuvre
vaine et inutile et il n'aurait pas été nécessaire
de l’administrer. Naaman aurait accompli une oeuvre vaine et
insensée en se lavant sept fois dans les eaux du Jourdain s'il
avait été dans son pouvoir d'être guéri de
sa maladie seulement par la foi, la repentance et la prière.
De même, Noé et sa famille auraient agi d'une manière
insensée en accomplissant une oeuvre extérieure en
bâtissant l'arche, s'ils avaient pu obtenir la même
bénédiction par le moyen de la foi, de la repentance et
de la prière.
De même
aussi, les Israélites, s'ils avaient pu obtenir la rémission
de leurs péchés par la foi, la repentance et la prière,
auraient fait une chose inutile et insensée en offrant des
animaux dans ce but. De même encore, à l’époque
évangélique, les trois mille qui furent baptisés
au jour de la Pentecôte auraient agi sans sagesse et sans
raison en se soumettant aux inconvénients du baptême, si
les mêmes bénédictions avaient pu se réaliser
en eux par le seul exercice de la foi, de la repentance et de la
prière.
L'Eunuque
ne serait pas descendu de la voiture et n'aurait pas accompagné
Philippe dans I'eau, s'il n'avait fallu que des oeuvres intérieures
pour recevoir les bénédictions de I'Évangile.
Ananias non plus n'aurait pas commandé à Saul de se
lever et de se faire baptiser et laver de ses péchés,
s'il n'avait pas su avec certitude que le baptême, qui est une
oeuvre extérieure, devait nécessairement accompagner
les oeuvres intérieures de la foi et de la repentance, pour
que Saul pût entrer en possession des bénédictions
de l’Évangile.
Paul
n'aurait pas baptisé les douze hommes dont il est fait mention
dans les Actes, au
chapitre 19, si les opérations mentales avaient pu leur donner
le don du Saint-Esprit (voir 1 Corinthiens 1:14). Il n'aurait
pas non plus baptisé la maison de Stephanias ou Crispus et
Gaius. Il n'aurait pas non plus permis à Apollos « d’arroser
là ou il avait planté », c'est-à-dire,
de baptiser ceux qu'il avait éclairés, si le baptême
n'avait pas été absolument nécessaire pour
recevoir les bénédictions de l’Évangile.
Et Pierre, lorsqu'il parle de Noé et de sa famille sauvés
par I'eau, n'aurait pas dit : « À quoi aussi
maintenant répond la figure qui nous sauve, c'est-à-dire
le baptême » (1 Pierre 3:21).
Et
Jésus-Christ n’aurait pas dit : « Si un
homme ne naît d'eau et d'Esprit il ne peut entrer dans le
royaume de Dieu. » Je pourrais multiplier les citations
sur ce sujet mais je pense en avoir assez dit pour montrer que le
baptême est absolument nécessaire, après la foi
et la repentance.
Nous nous
occuperons maintenant un moment de chercher à obtenir une
notion exacte de la manière dont le baptême fut
administré. Il est bien évident qu'il n'y avait qu'une
seule manière d'après laquelle ce sacrement devait être
administré, qu’il avait été expliqué
aux apôtres qui dans la pratique l'avaient observé avec
exactitude. Pour pouvoir obtenir une idée juste sur ce sujet,
il est nécessaire de rapporter les circonstances dans
lesquelles le baptême était administré.
II est
dit de Jean qu'il baptisait à Énon, parce qu'il y avait
là beaucoup d'eau. Par conséquent, si I' aspersion
avait été le mode de baptiser, nous aurions de la peine
à supposer qu'il fut allé à Énon parce
qu'il y avait beaucoup d'eau en cet endroit. Car en vérité
une très petite quantité d'eau aurait suffi pour
asperger tous les juifs, ce qu'il aurait pu avoir sans faire un
voyage à Énon.
Il nous
est dit aussi qu'il baptisait dans le Jourdain, et qu'après
que le baptême eût été administré à
notre Sauveur, « il remonta hors de I'eau », ce
qui démontre qu'il était descendu dans I'eau afin que
le baptême put être administré dans les règles.
II est aussi dit de I'eunuque qu'il est descendu dans I'eau avec
Philippe, et qu'ensuite il est remonté hors de I'eau.
Maintenant
tout homme qui a la prétention d’avoir un peu
d’intelligence et d'objectivité, doit nécessairement
reconnaître que, si I'aspersion d'une petite quantité
d’eau sur le front eût suffi, ces personnes ne seraient
jamais entrées dans I'eau pour recevoir ce sacrement.
Paul
écrit aux saints et son témoignage plaide en faveur de
l'immersion (voir Colossiens 2:12 et Romains 6:4). Cet apôtre
dit que les saints avaient été ensevelis avec Christ
par le baptême. Cette image de l’ensevelissement montre
que le baptême signifie être entièrement submergé
ou recouvert par I'eau. On ne peut pas dire qu'un objet est enseveli
si une partie de cet objet reste émergée. De même,
un homme n'est enseveli dans I'eau par le baptême que si toute
sa personne est immergée.
Cette
explication de I'apôtre sur le mode du baptême correspond
parfaitement avec celle donnée par notre Sauveur. « Si
un homme ne naît d'eau » Naître d'une chose
signifie être placé dans cette chose et en sortir.
Naître d'eau veut dire être placé dans le sein des
eaux et en ressortir.
Je pense
en avoir assez dit pour convaincre tout homme raisonnable et sans
préjugé que l’immersion était le mode
d'après lequel le sacrement du baptême était
administré dans I'Église chrétienne primitive,
quand l'Évangile fut proclamé dans sa pureté et
dans sa plénitude. Je terminerai en conséquence mes
observations sur ce point.
Le
chapitre 6 de I'épître aux Hébreux nous apprend
que l'imposition des mains était une des ordonnances de
l'Évangile. Il est connu partout que cette ordonnance, comme le
baptême par
immersion pour la rémission des péchés, est entièrement négligé dans les
Églises chrétiennes de notre époque.
Toutefois,
j'espère que quelques mots sur ce sujet pourront être
utiles. Nous voyons que dans plusieurs circonstances Jésus-Christ
imposait les mains sur les malades et les guérissait. Et dans
les instructions qu'il donna à ses apôtres à la
fin du dernier chapitre de saint Marc, il dit : « Voici
les signes qui suivront ceux qui auront cru ».
Ananias
imposa les mains sur Saul qui aussitôt recouvra la vue. Lorsque
Paul fit naufrage sur I'île de Malte, il imposa les mains sur
le père de Publius, le gouverneur de l'île, et le guérit
de la fièvre. Ces quelques exemples montrent clairement que
I'imposition des mains a été ordonnée de Dieu
pour être un moyen par lequel les bénédictions
célestes peuvent être obtenues.
Quoique
la guérison des malades fut en relation avec I'administration
de ce sacrement, lorsque nous étudions ce sujet, nous
découvrons qu'une bénédiction plus grande encore
y était liée. II nous est dit que dans la ville de
Samarie, des hommes et des femmes ayant été baptisés
par Philippe, ils en recevaient une grande joie. Probablement se
réjouissaient-ils de ce qu'ils avaient reçu la
rémission de leurs péchés par la foi, la
repentance et le baptême, et de ce qu'ils avaient aussi reçu
quelque portion de I'Esprit de Dieu qui les suivait naturellement
après avoir obtenu « le témoignage d'une
bonne conscience » par la rémission de leur péchés.
Par cette
portion de I'Esprit-Saint qu'ils avaient reçue, ils
commençaient à voir le royaume de Dieu, car on se
souvient que le Seigneur a déclaré qu'aucun homme ne
peut voir le royaume de Dieu s'il ne naît de nouveau. Et dans
le verset suivant, il est dit qu’il ne peut y entrer à
moins qu'il ne naisse deux fois : premièrement d'eau et
ensuite de I'Esprit. Ces personnes de Samarie étaient nées
d'eau, elles avaient la première naissance, c'est pourquoi
elles étaient en état de voir le royaume de Dieu, de
contempler par I'oeil de la foi ses bénédictions et ses
gloires. Mais comme elles n'avaient pas encore reçu la seconde
naissance, celle de l’Esprit, elles n'étaient pas encore
entrées dans le royaume de Dieu. Elles n'étaient pas
entrées en possession de la plénitude des bénédictions
de l’Évangile.
Quand les
apôtres à Jérusalem entendirent parler du succès
de Philippe, ils envoyèrent Pierre et Jean à Samarie
pour administrer l'imposition des mains. En conséquence, quand
ils furent arrivés à Samarie, ils mirent leurs mains
sur ceux qui avaient été baptisés, et ceux-ci
reçurent le Saint-Esprit.
Simon le
magicien, voyant que le Saint-Esprit était donné par
I'imposition des mains, offrit de l’argent aux apôtres
pour qu'ils lui conférassent le pouvoir d'administrer ce
sacrement. Ainsi, il est évident que par le moyen de
l'imposition des mains ce groupe de Samarie était né de
I'Esprit, introduit dans le royaume et mis en possession des
bénédictions de l'Évangile.
Nous
citerons un autre cas du même genre. Dans les Actes, au
chapitre 19, il est rapporté que Paul trouva à Éphèse
douze frères sur lesquels il imposa les mains, et qu'aussitôt
ils reçurent le Saint-Esprit. C'est-à-dire que par le
moyen de ce sacrement ils étaient nés spirituellement
dans le royaume de Dieu. Car avant cela ils avaient vu le royaume de
Dieu, étant né d'eau seulement.
Tel fut
donc l'ordre évangélique à l’époque
des apôtres : la foi en Jésus-Christ, la
repentance, le baptême par immersion pour la rémission
des péchés et l’imposition des mains pour la
réception du Saint-Esprit. Quand cet ordre était
compris et suivi avec exactitude, pouvoir, dons, bénédictions
suivaient immédiatement. Et dans tous les âges, lorsque
cet ordre a été suivi et observé avec
exactitude, chaque chose à sa place, les mêmes
bénédictions en ont résulté. Mais
lorsqu'on néglige cet ordre, totalement ou en partie, il y a
une absence complète ou une grande diminution de ces
bénédictions.
Jésus-Christ,
dans les instructions qu'il donna aux apôtres, parle de dons
surnaturels que devaient recevoir ceux qui obéiraient à
cet ordre de choses (voir Marc 26:16, 19). Paul, dans 1 Corinthiens
12, donne un exposé plus complet des divers dons qui
accompagnent la plénitude de l'Évangile. Il en
mentionne neuf et nous apprend qu'ils sont des effets ou fruits du
Saint-Esprit.
Le
Saint-Esprit est promis à tous, « même à
autant que le Seigneur en appellera » (Actes 2:38, 39). Ce
don étant invariable dans sa nature et ses opérations,
et étant inséparablement lié par promesse à
ce plan ou à cet ordre de choses, il devient raisonnable,
conséquent et scripturaire d'en attendre les mêmes dons
et bénédictions.
Et si
Noé, après avoir construit I'arche, pouvait obtenir son
salut temporel selon la promesse ; ou si Josué, ayant
fait le tour des murs de Jéricho le nombre de fois ordonné,
pouvait monter sur les murailles renverser et rendre captifs les
habitants de la ville ; ou si les Israélites, ayant
offert les sacrifices ordonnés, pouvaient aussi, comme cela
leur était promis, recevoir la rémission de leurs
péchés ; ou si Naaman, après qu'il eut
accompli I'injonction d'Élisée, en se lavant sept fois
dans les eaux du Jourdain, pouvait demander et obtenir sa guérison ;
ou si, enfin, I'aveugle, après s'être lavé dans
le réservoir de Siloé, pouvait réclamer et
obtenir la récompense promise ; alors je dis avec raison
et avec assurance que lorsqu'un homme mettra de côté ses
préjugés, ses notions partisanes et ses traditions
fausses, et se conformera à l'ordre complet de I'Évangile
de Jésus-Christ, il n'y a rien sous la voûte céleste
qui pourra l'empêcher de demander et de recevoir le don du
Saint-Esprit et toutes les bénédictions liées à
l'Évangile dans I'âge apostolique.
Pour
obtenir la religion qui peut nous introduire dans la présence
de Dieu, il faut obtenir le Saint-Esprit. Et pour obtenir le
Saint-Esprit, il faut croire au Seigneur Jésus-Christ puis se
repentir de ses péchés, c'est-à-dire les
abandonner, puis aller de l’avant, être baptisé
dans l'eau pour la rémission des péchés, puis
recevoir I'imposition des mains.
Il y a
une chose que je n’ai pas encore mentionnée, qui est
d'une très grande importance. Je veux parler de ce qui
concerne l'autorité d'administrer les sacrements du baptême
et de l'imposition des mains. À moins qu'ils ne soient
administrés par quelqu'un qui est envoyé de Dieu, les
bénédictions promises ne suivront pas. Les apôtres
et les soixante-dix furent ordonnés par Jésus-Christ
pour administrer les ordnnances de l'Évangile, par lesquelles on
devait être mis en possession des dons et bénédictions
du monde éternel.
C'est
pour cela que le Christ dit aux apôtres : « À
quiconque vous remettrez les péchés, ils seront remis ;
et à quiconque vous retiendrez les péchés, ils
seront retenus. » C'est-à-dire, tout homme qui, en
toute humilité, se repentira sincèrement de ses péchés
et recevra le baptême de la main des apôtres, recevra la
rémission de ses péchés par le sang expiatoire
de Jésus-Christ et recevra le Saint-Esprit par I'imposition
des mains.
Mais
celui qui refusera de recevoir cet ordre de choses des apôtres,
ses péchés resteront sur lui. À ce propos, Paul
dit : « Notre Évangile sera une odeur de vie à
la vie, ou de mort à la mort. » Paul était
un ministre de vie pour ceux qui recevaient l'Évangile qu'il
avait autorité d'administrer, mais un ministre de mort pour
ceux qui refusaient de s'y soumettre.
Cette
autorité et ce pouvoir d'administrer I'Évangile était
conféré par les apôtres à d'autres, de
sorte que les apôtres n’étaient pas les seuls à
détenir cet important office. Et en tout temps, chaque homme
qui a le pouvoir d'administrer I'Évangile dans sa plénitude,
devient à cet égard comme les apôtres,
c'est-à-dire un messager de vie pour la vie ou de mort pour la
mort, suivant que son message sera reçu ou rejeté.
Maintenant, jusqu'à ce qu'on puisse trouver quelqu'un qui
détienne un tel office, c'est-à-dire quelqu'un ayant
autorité pour baptiser et imposer les mains, personne n'est
sous I'obligation de recevoir ces sacrements, ni ne peut attendre les
bénédictions qui y sont attachées, à
moins qu'ils ne soient légalement administrés.
L'autorité
pour administrer les ordonnances de l’Évangile a été
perdue depuis plusieurs siècles, car personne ne peut avoir
cette autorité à moins qu'il ne I'ait reçue par
révélation directe, soit par la voix de Dieu comme
Moïse, soit par l’administration des anges comme
Jean-Baptiste, soit par le don de prophétie comme l’ont
reçu Paul et Barnabas (voir Actes 13:2).
Depuis
nombres de siècles, les hommes ont nié la révélation
directe. En conséquence, ils ne I'ont pas reçue et
ainsi ne pouvaient pas être envoyés de Dieu pour
officier dans la plénitude de l'Évangile. Dieu n'envoie
jamais un homme avec un message sans lui révéler ce
message d'une manière directe. L'Église établie
par les apôtres est tombée peu à peu en
déchéance. Elle s'est « égarée dans le
désert ». Elle a perdu son autorité, sa prêtrise,
et ayant abandonné I'ordre divin, elle a aussi perdu les dons
et les grâces. Elle a transgressé les lois et changé
les pratiques de l'Évangile. Elle a changé I'immersion
en aspersion et généralement négligé
I'imposition des mains, méprisé la prophétie et
cessé de croire que les signes suivront (voir Apocalypse 12:6
et Ésaïe 24:5).
En
conséquence de ceci les Gentils ont été
retranchés de la plénitude des bénédictions
de l’Évangile, comme Paul le leur a dit : « Pourvu
que tu persévères dans cette bonté ;
autrement, tu seras retranché » (Romains 11:22).
Jean, dans I'Apocalypse, ayant vu et annoncé l'égarement
de I'Église dans les ténèbres et ayant vu la
bête et les Gentils faire la guerre contre les saints et les
dominer (voir Apocalypse 13 :7), parle du Rétablissement
de l’Évangile : « Je vis un autre ange
qui volait par le milieu du ciel ayant un évangile éternel
pour prêcher à ceux qui habitent sur la terre »
(Apocalypse 24:6). Cette prophétie doit être
accomplie quelque temps avant le second avènement de notre
Sauveur.
Pour que
ceux entre les mains de qui ce traité peut tomber soient sans
excuse dans ce grand jour du Seigneur qui s'approche, je rends
maintenant témoignage, ayant la plus haute assurance, par
révélation de Dieu, que cette prophétie a été
déjà accomplie : qu'un ange de Dieu a visité
un homme à notre époque et a rétabli ce qui a
été longtemps perdu, à savoir la prêtrise,
les clefs du royaume, la plénitude de l'Évangile
éternel, et a commandé à des hommes de crier :
« Voici l'époux qui vient. Sortez au-devant de
lui » ; pour crier aux vierges sages de sortir de
leur assoupissement, d'être baptisées pour la rémission
de leurs péchés, de recevoir le don du Saint-Esprit, et
de cette manière de préparer leurs lampes, et ainsi de
se trouver en état de subsister quand l’époux
paraîtra (voir Matthieu 25:6).
Car
Malachie dit : « Qui pourra soutenir le jour de son
avènement, et qui pourra subsister quand il paraîtra ?
Car il sera comme un feu qui raffine et comme le savon des foulons »
(Malachie 3:2). Réponse : Ceux qui se repentent de leurs
péchés et reçoivent le message que Dieu envoie.
Je
déclare et témoigne, au nom de Jésus-Christ, que
le Seigneur, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, m'a envoyé
pour vous dire : Sortez de Babylone, ô vous, peuple de
Dieu, ô vous, vierges sages. Ou bien vous participerez à
ses iniquités et aurez part à ses fléaux (voir
Apocalypse 18:4).
Je
déclare, au nom de Jésus-Christ, que Dieu a fait
entendre sa voix des cieux contre ceux qui enseignent pour un salaire
et prophétisent pour de l'argent. Et à moins qu'ils ne
se repentent incessamment et qu'ils ne soient baptisés pour la
rémission de leurs péchés et ne reçoivent
le message que le Seigneur envoie maintenant à tout peuple,
ils seront détruits par l'éclat de l'avènement
du Fils de l'homme, qui est proche, et même à la porte. Ô vous, habitants de la lerre !
Source : Lorenzo
Snow, Restauration
de l'Évangile ancien ou Exposition
des premiers principes de la doctrine de
l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Malte, 1851, fac-similé)