La foi
James E. Talmage (1862-1933)
Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897
Membre du collège des Douze de 1911 à 1933
La nature de la foi
Le
sens prédominant dans lequel le terme foi est employé
dans toutes les Écritures est celui d'une confiance et d'une
fidélité totales envers l'être, les buts et les
paroles de Dieu. Une telle confiance, si elle est implicite, enlève
tout doute à l'égard de ce que Dieu accomplit ou
promet, même si ces choses ne sont pas apparentes aux sens
ordinaires des mortels ni explicables par eux. De là cette
définition de la foi donnée par Paul : « Or
la foi est une ferme assurance des choses qu'on ne voit pas »
(Hébreux 11:1). Il est clair qu'un tel sentiment de confiance
peut varier en degré selon les personnes. En effet, la foi
peut se manifester depuis la première phase qui n'est guère
plus qu'une faible croyance, à peine exempte d'hésitation
et de crainte, jusqu'à la force de la confiance inébranlable,
qui défie le doute et les sophismes.
Croyance,
foi et connaissance
Les
termes foi et croyance sont parfois considérés comme
synonymes ; néanmoins, chacun d'eux a un sens bien particulier
dans notre langue, quoique l'on n'ait fait, autrefois, que peu de
distinction entre eux ; c'est pourquoi les deux termes sont employés
interchangeablement dans beaucoup de passages scripturaux. La
croyance, dans un de ses sens reconnus, peut consister en un simple
assentiment intellectuel, tandis que la foi implique le genre de
confiance et de conviction qui poussent à l'action. La
croyance est un assentiment mental à la véracité
ou à la réalité d'une chose, cependant elle
exclut, dans ce type d'assentiment, l'élément moral de
responsabilité qui est inclus dans la foi. La croyance est,
dans un sens, passive, un accord ou une acceptation seulement. La foi
est active et positive, comprenant l'assurance et la confiance qui
mènent aux oeuvres. La foi au Christ est la croyance en lui
combinée à une confiance totale en lui. On ne peut pas
avoir la foi sans la croyance ; cependant on peut croire et malgré
tout manquer de foi. La foi est une croyance vivifiée, animée,
vivante.
Il existe certainement
une grande différence de degré entre les deux, même
si l'on n'admet pas une distinction essentielle en espèce.
Comme nous allons maintenant le démontrer, la foi en la
Divinité est essentielle au salut ; c'est, en vérité,
un pouvoir sauveur qui mène celui qui le possède dans
les sentiers de la sainteté, tandis que la simple croyance en
l'existence et aux attributs de la Divinité ne possède
pas ce même pouvoir. Notez les paroles de Jacques (voir Jaques
2:19), dans son épître générale aux saints
où il réprimande ses frères pour certaines
professions creuses. En substance, il dit : Vous vous complaisez
avec orgueil à proclamer votre croyance en Dieu, vous vous
vantez de ce que vous vous distinguez des idolâtres et des
païens parce que vous acceptez un seul Dieu ; vous faites bien
de le proclamer et de le croire ; mais, souvenez-vous-en, d'autres
font de même ; même les démons croient ; et si
fermement qu'ils tremblent à la pensée du sort que leur
croyance leur fait voir clairement. Satan et ses disciples croient au
Christ ; et leur croyance se monte à une connaissance de ce
qu'il est, de ce qui constitue son rôle passé, présent
et futur dans le plan divin de l'existence et du salut des hommes.
Rappelez-vous le cas de l'homme possédé par des mauvais
esprits, dans le pays des Gadaréniens, homme si cruellement
tourmenté qu'il était la terreur de tous ceux qui
l'approchaient. On ne pouvait ni le dompter ni le lier ; les gens
avaient peur de s'approcher de lui. Cependant, lorsqu'il vit le
Christ il courut l'adorer, et l'esprit pervers qui était en
lui implora la miséricorde de ce Juste, l'appelant « Jésus,
Fils du Dieu Très-Haut » (Marc 5:1-18 ; aussi Matt.
8:28-34). Une autre fois, dans la synagogue de Jérusalem, un
esprit impur implora Jésus de ne pas employer son pouvoir, lui
disant, dans son angoisse : « Je sais qui tu es :
le Saint de Dieu » (Marc 1:24). Une autre fois, Jésus
était suivi d'une foule composée de gens d'Idumée,
de Jérusalem, de Tyr et de Sidon ; il y en avait beaucoup
parmi eux qui étaient possédés de mauvais
esprits, et ceux-ci, lorsqu'ils virent le Christ, se mirent à
genoux devant lui, s'écriant : « Tu es le Fils
de Dieu » (Marc 3:8-11). Y eut-il jamais croyant mortel
qui confessa plus franchement sa connaissance de Dieu et du Fils de
Dieu que le firent ces serviteurs de Satan ? Satan connaît Dieu
et le Christ ; il se souvient peut-être du rang qu'il occupait
jadis lui-même en tant que Fils du Matin (voir D&A
76:25-27) ; cependant, avec toute cette connaissance, il est toujours
Satan. Ni la croyance, ni la connaissance réelle, qui lui est
supérieure, ne suffisent pour sauver ; car aucune n'est la
foi. Si la croyance est le fruit de l'esprit, la foi est le fruit du
cœur ; la croyance est fondée sur la raison, et la foi,
en grande partie, sur l'intuition.
Nous entendons souvent dire que la foi est une connaissance
imparfaite ; que la première disparaît lorsque la
seconde prend sa place ; que maintenant nous marchons par la foi,
mais qu'un jour nous marcherons à la lumière sûre
de la connaissance.
Dans un
sens cela est vrai ; cependant il faut se rappeler que la
connaissance peut être aussi morte et improductive en bonnes
oeuvres que la croyance sans foi. Ces confessions des démons,
que le Christ était le Fils de Dieu, reposaient sur la
connaissance ; cependant cette grande vérité qu'il
connaissaient, ne changea pas leur mauvaise nature. Quelle différence
entre leur témoignage du Sauveur de celui de Pierre qui, à
la question du Maître : « Qui dites-vous que je
suis ? » répliqua en se servant pratiquement des
mots employés par les esprits impurs, que nous avons cités
plus haut : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu
vivant » (Matthieu 16:15,16 ; voir aussi Marc 8:29 ; Luc
9:20) ! La foi de Pierre avait déjà montré
son pouvoir vivifiant ; elle l'avait fait quitter beaucoup de ce
qui lui avait été cher, suivre son Seigneur au milieu
des persécutions et des souffrances, et délaisser les
attraits de la mondanité avec ses fascinations pour la piété
pleine de sacrifice que sa foi rendait tellement désirable. La
connaissance qu'il avait que Dieu était le Père et que
le Fils était le Rédempteur, n'était peut-être
pas plus grande que celle des esprits impurs ; mais, tandis que pour
eux cette connaissance ne faisait qu'ajouter à leur
condamnation, pour lui elle était un moyen de salut.
La simple possession de la connaissance ne donne aucune assurance
qu'il en résultera un bénéfice quelconque. On
raconte qu'au cours d'une épidémie de choléra
dans une grande ville, un savant prouva, à sa propre
satisfaction, par des tests chimiques et microscopiques, que l'eau de
distribution était infectée, et que c'était elle
qui répandait la contagion. Il proclama le fait dans toute la
ville et mit tout le monde en garde contre l'emploi d'eau non
bouillie. Beaucoup de gens, bien qu'incapables de comprendre ses
méthodes de recherche, et encore moins de répéter
ses expériences eux-mêmes, eurent foi en ses paroles
d'avertissement, suivirent ses instructions, et échappèrent
à la mort, à laquelle succombèrent leurs
concitoyens insouciants et incrédules. Leur foi était
une foi salvatrice. Pour le savant lui-même, cette vérité,
qui avait sauvé tant de vies était une affaire de
connaissance. Il avait réellement perçu, sous le
microscope, l'existence de germes mortels dans l'eau ; il avait
prouvé leur virulence ; il savait de quoi il parlait.
Néanmoins, dans un moment d'oubli, il but de l'eau qui n'avait
pas été stérilisée ; il mourut peu après,
victime de l'épidémie. Sa connaissance ne le sauva pas,
aussi convaincante qu'elle fût, cependant d'autres, qui ne
s'appuyaient que sur leur confiance ou leur foi en la vérité
qu'il avait déclarée, échappèrent à
la destruction qui les menaçait. Il avait la connaissance,
mais était-il sage ? La connaissance est à la sagesse
ce que la croyance est à la foi, l'une un principe abstrait,
l’autre une application vivante. Ce n'est pas la possession
seulement, mais bien le bon emploi de la connaissance qui constitue
la sagesse.
La
fondation de la foi
Fondamentalement, et dans le sens
théologique, nous considérons la foi comme une
confiance vivante et inspirante en Dieu et le fait d'accepter sa
volonté comme notre loi et sa parole comme guide de notre vie.
La foi en Dieu est possible seulement lorsque nous apprenons qu'il
existe et en outre qu'il est un Être dont la personnalité
et les attributs sont dignes.
C'est sur une telle connaissance de l'existence de Dieu, de la
dignité de sa nature et de la perfection de ses attributs, que
se fonde la foi de l'homme en l'Être suprême. La foi en
Dieu ne peut exister en l'absence de toute connaissance à son
sujet. Cependant, même les païens enténébrés
jouissent de certains fruits de la foi, car ils ont au moins la
conviction innée qui provient de l'intuition naturelle de
l'homme qu'il existe un pouvoir suprême. Dans chaque âme
humaine, même dans celle du sauvage, se trouve une base pour la
foi, quelque réduite et imparfaite que les ténèbres
de l'hérédité ou du péché
volontaire l'aient rendue. La foi du païen peut être
faible et imparfaite, car ses capacités de reconnaître
les preuves sur lesquelles repose la croyance en Dieu peuvent être
bien limitées. Bien que les premiers élans de foi vers
Dieu puissent être l'effet d'une intuition naturelle, le
développement ultérieur de cette foi sera, en grande
partie, le résultat d'un examen et d'une recherche de la
vérité, effectués avec impartialité et
dans l'esprit de prière.
La vraie foi jaillira de preuves dignes de confiance correctement
interprétées ; les faux raisonnements ne peuvent
engendrer qu'une foi déformée et mal placée. Nos
conclusions au sujet de toute question examinée seront
influencées, dans une grande mesure, par le nombre et la
crédibilité des témoins, ou par le poids des
preuves lorsque nous nous livrons nous-mêmes à
l'enquête. Aussi improbable qu'une déclaration puisse
nous paraître, si des témoins, en qui nous avons
confiance, en affirment la véracité, nous sommes
enclins à l'admettre comme vraie, du moins provisoirement. Si
de nombreux témoins dignes de foi apportent leur témoignage,
et si, de plus, des preuves collatérales apparaissent, nous
pouvons considérer le fait déclaré comme prouvé.
Néanmoins, nous serons toujours incapables d'affirmer la
véracité du fait en question par expérience
personnelle jusqu'à ce que nous ayons vu de nos propres yeux
et entendu de nos propres oreilles, jusqu'à ce que, en fait,
chacun de nous soit devenu un témoin digne de foi par son
observation personnelle. Illustrons : Relativement peu de
citoyens des États-Unis ont visité le siège du
gouvernement. Les masses ne connaissent rien du Capitole, ni de la
Maison Blanche, ni des immeubles d'importance et d'intérêt
national, de par leur observation personnelle. Très peu de
gens ont rencontré personnellement le président des
États-Unis, qui y réside. Comment tous ceux qui n'ont
rien vu de tout cela connaissent-ils la ville de Washington, le
Capitole et le président ? Par le témoignage des
autres. Ils peuvent avoir, parmi leurs connaissances, des gens qui se
sont rendus à Washington et dont ils acceptent les
déclarations comme vraies. Ils ont certainement écouté
ou lu les descriptions de ceux qui y sont allés eux-mêmes.
Alors ils apprennent que des lois y sont créées et que
des décrets sont émis du siège de la nation.
Leurs études à l'école, les cartes géographiques
et les livres qu'ils ont employés et beaucoup d'autres
incidents ajoutent aux preuves, qui deviennent bientôt
décisives. Leurs déductions se multiplient, et se
développent en une conviction positive. Ils acquièrent
la foi en l'existence d'un centre de gouvernement national et le
respect envers les lois qui en émanent.
Prenons une autre illustration : Les astronomes nous disent que
la terre appartient, avec certaines étoiles, à un
certain ordre ; qu'elle est l'une d'une famille de planètes
qui tournent autour du soleil en orbites concentriques ; et que
quelques-unes de ces planètes ont de nombreuses fois la
dimension de notre globe. Nous pouvons ne pas être versés
dans les méthodes de calcul et d'observation de l'astronomie
et nous pouvons, par conséquent, être incapables de
vérifier, par nos propres moyens, la véracité de
ces déclarations. Mais nous trouvons une telle masse de
preuves, résultats des témoignages concordants de ceux
dont les connaissances et les talents scientifiques nous inspirent
confiance, que nous acceptons leurs conclusions comme
prouvées.
De même,
au sujet de l'existence, de l'autorité et des attributs de
Dieu, les témoignages d'un grand nombre d'hommes saints dans
les temps anciens et modernes - de prophètes dont la
crédibilité est établie par l'accomplissement de
leurs prédictions - nous sont parvenus, déclarant
à l'unisson ces vérités solennelles, et la
nature fournit, de toutes parts, un témoignage concordant.
Rejeter une telle évidence sans la réfuter, c'est,
ignorer les méthodes les plus approuvées d'examen et de
recherche connues de l'homme. Le développement de la foi à
partir de l'évidence est illustrée par ce qui se passa
lors d'une certaine fête de Pentecôte, au cours de
laquelle des milliers de Juifs, imbus de l'opinion préconçue
que Jésus était un imposteur, entendirent le témoignage
des apôtres et furent témoins des signes qui
accompagnèrent ce témoignage. Trois mille d'entre eux
furent convaincus de la vérité et devinrent disciples
du Fils de Dieu, leur préjugé faisant place à la
croyance, et la croyance se transformant en foi, avec les oeuvres qui
l'accompagnent (voir Actes, chapitre 2). La fondation de la foi en
Dieu est donc une croyance sincère en lui ou une connaissance
de sa personne, croyance ou connaissance reposant sur les preuves et
le témoignage.
La
foi est un principe de pouvoir
Au
sens large, la foi - l'assurance de choses que nous espérons
et la démonstration de choses que nos sens ne peuvent
discerner - est le principe moteur qui pousse les hommes aux
résolutions et aux actes. Sans l'exercice de la foi, nous ne
ferions aucun effort dont les résultats seraient futurs ; sans
la foi qu'il récoltera en automne, l'homme ne planterait pas
au printemps ; il n'essayerait pas non plus de bâtir s'il
n'avait pas confiance qu'il terminerait le bâtiment et jouirait
de son usage ; si l'étudiant n'avait pas la foi qu'il lui
serait possible de poursuivre ses études avec succès,
il ne suivrait pas ses cours. La foi devient ainsi pour nous la
fondation de l'espérance, d'où jaillissent nos
aspirations, nos ambitions, et notre confiance en l'avenir. Enlevez
la foi de l'homme en la possibilité de tout succès
désiré et vous le privez de ce qui le pousse à
l'effort. Il n'étendrait pas la main pour saisir s'il ne
croyait pas en la possibilité de se procurer la chose vers
laquelle il tend la main. Ce principe devient donc la force motrice
qui détermine les hommes à lutter pour exceller, et à
supporter souvent des vicissitudes et des souffrances pour parvenir à
leur but. La foi est le secret de l'ambition, l'âme de
l'héroïsme, le pouvoir moteur de l'effort.
L'exercice de la foi est agréable à Dieu, et c'est par
cela que l'on peut obtenir son interposition. C'est par la foi que
les Israélites, au cours de leur exode d'Égypte,
suivirent leur chef sur le lit de la mer Rouge ; et par l'action
protectrice de Dieu que cette foi attirait, ils furent sauvés,
tandis que les Égyptiens rencontraient la destruction en
essayant de les suivre (voir Exode 14:22-29 ; Hébreux 11:29).
Avec une confiance pleine et entière dans les instructions et
les promesses de Dieu, Josué et ses intrépides soldats
mirent le siège devant Jéricho ; et les murs de cette
ville pécheresse tombèrent devant la foi des
assiégeants, sans l'usage de béliers ou d'autres engins
de guerre (voir Josué 6:20 ; Hébreux 11:30). Par le
même pouvoir, Josué reçut l'aide des luminaires
du ciel tandis qu'il travaillait à sa victoire contre les
Amorites (voir Josué 10:12). Paul nous cite également
(voir Hébreux 11:32-34) les exemples de Gidéon (voir
Juges 6:11), de Barak (voir Juges 4:6), de Samson (voir Juges 13:24),
de Jephthé (voir Juges 11:1 ; 12:7), de David (voir 1 Samuel
16:1,13 ; 17:45), de Samuel (voir 1 Samuel 1:20 ; 12:20),
et des prophètes « qui, par la foi, vainquirent des
royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses,
fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance
du feu, échappèrent au tranchant de l'épée,
guérirent de leurs maladies ». C'est par la foi
qu'Alma et Amulek furent délivrés de leur captivité
lorsque les murs de leur prison s'écroulèrent (voir
Alma 14:26-29 ; voir aussi Éther 12:13). C'est par la foi
que Néphi et Léhi (voir Hélaman 5:20-52 ;
voir aussi Éther 12:14), fils d'Hélaman, furent
protégés de leurs ennemis lamanites par le feu, au
milieu duquel ils furent préservés sans la moindre
brûlure ; et un plus grand miracle encore s'accomplit dans le
cœur de leurs persécuteurs, car ceux-ci reçurent
la lumière et se repentirent. Sous l'action de la foi, les
vagues mêmes de la mer peuvent être domptées (voir
Matthieu 8:23-27 ; voir aussi Marc 4:36-41 ; Luc 8:22-25 ;
Matthieu 14:24-32 ; Marc 6:47-51 ; Jean 6:16-21) ; les
arbres sont soumis à la voix de celui qui commande par la foi
(voir Matthieu 21:17-22 ; voir aussi Marc 11:12-14, 20-24 ; Luc 17:6
; Jacob 4:6) ; les montagnes peuvent être déplacées
pour l'accomplissement de buts justes (voir Matthieu 17:20 ; 21:21 ;
voir aussi Marc 11:23,24 ; Éther 12:30 ; Jacob 4:6) ;
les malades peuvent être guéris (voir Luc 13:11-13 ;
14:2-4 ; 17:11-19 ; 22:50,51 ; voir aussi Matthieu
8:2,3,5-13,14,15,16, etc.), les mauvais esprits chassés (voir
Matthieu 8:28-32 ; 17:18 ; voir aussi Marc 1:23-26, etc.) et les
morts ramenés à la vie (voir Luc 7:11-16 ; voir
aussi Jean 11:43-45 ; 1 Rois 17:17-24 ; 3 Néphi 7:19 ; 19:4 ;
26:15). Tout s'accomplit par la foi (voir Matthieu 17:20 ; voir aussi
Marc 9:23 ; Éphésiens 6:16 ; 1 Jean 5:4 ;
D&A 35:8-11, etc.)
On peut
objecter que la foi, en elle-même, n'est pas une source de
pouvoir ; que son effet est dû à l'intervention
extérieure de l'aide divine, à laquelle la foi fait
simplement appel. Et le sceptique peut ajouter qu'un Dieu omniscient,
bon et aimant, agirait indépendamment et donnerait sans
attendre l'appel de la foi et de la prière. On trouve une
réponse suffisante dans les preuves abondantes fournies par
les Écritures, que le Tout-Puissant agit en conformité
avec la loi, et qu'il est contraire à sa nature d'agir
arbitrairement et avec caprice. De quelque manière que les
lois des cieux aient été formulées,
l'application de leurs mesures bienfaisantes à l'humanité
dépend de la foi et de l'obéissance des mortels.
Considérez la défaite d'Israël par les hommes d'Aï
; une loi de justice avait été violée, et des
choses qui étaient maudites avaient été
introduites dans le camp du peuple de l'alliance. Cette transgression
interposa de la résistance au courant de l'aide divine et le
pouvoir ne fut rendu au peuple que quand il se fut sanctifié
(voir Josué, chapitres 7 et 8). De plus, le Christ était
influencé et, dans une certaine mesure, contrôlé
dans ses miracles parmi les hommes par la foi ou le manque de foi du
peuple. Cette bénédiction bien connue : « Ta
foi t'a guéri », par laquelle il annonçait
l'intervention salutaire, est une preuve de ce fait. Nous apprenons
aussi qu'à une certaine occasion, dans son propre pays, il ne
put pas accomplir d’œuvre puissante, en étant
empêché par l'incrédulité du peuple (voir
Matthieu 13:58 ; Marc 6:5,6).
Condition
d'une foi efficace
Une
condition essentielle à l'exercice d'une foi vivante,
croissante et fortifiante en la Divinité est la conscience que
possède l'homme qu'au moins il s'efforce de vivre conformément
aux lois de Dieu, telles qu'il les a apprises. Le fait de savoir
qu'il pèche volontairement et gratuitement contre la vérité
le privera de la sincérité dans la prière et la
foi et l'éloignera de son Père. Il doit sentir que la
direction générale de sa vie est acceptable, et que,
compte tenu des faiblesses humaines et de la fragilité des
mortels, il jouit, dans une certaine mesure, de l'approbation du
Seigneur ; sinon il lui est impossible de supplier le trône de
grâce avec confiance. La conscience de l'effort sincère
vers la sainteté est une puissance en elle-même qui
fortifie celui qui la possède au milieu des sacrifices et des
persécutions, et qui le soutient dans toutes ses bonnes
oeuvres. C'est cette assurance que la communion était assurée
entre Dieu et eux qui permit aux saints d'autrefois de persévérer
comme ils le firent, bien que leurs souffrances fussent extrêmes.
Nous lisons, à leur sujet, que certains « furent
livrés aux tourments, et n'acceptèrent point de
délivrance, afin d'obtenir une meilleure résurrection ;
d'autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la
prison ; ils furent lapidés, sciés, torturés,
ils moururent tués par l'épée, ils allèrent
ça et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de
chèvres, dénués de tout, persécutés,
maltraités - eux dont le monde n'était pas digne -
errant dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et
dans les antres de la terre » (Hébreux 11:35-38).
Aujourd'hui comme autrefois, les saints ont été
soutenus dans toutes leurs souffrances par la connaissance sûre
qu'ils étaient approuvés de Dieu ; et la foi des justes
a toujours grandi à cause du fait qu'ils étaient
conscients de la sincérité et de la dévotion de
leurs efforts.
La
foi, essentielle au salut
Étant
donné que le salut ne peut s'obtenir que par la médiation
et l'expiation du Christ, et que cela ne s'applique au péché
individuel que dans la mesure où il y a obéissance aux
lois de la justice, il s'ensuit que la foi en Jésus-Christ est
essentielle au salut. Mais personne ne peut vraiment croire en
Jésus-Christ et, en même temps, douter de l'existence,
ou du Père, ou du Saint-Esprit ; c'est pourquoi, la foi en la
Divinité tout entière est essentielle au salut. Paul
déclare que sans la foi il est impossible d'être
agréable à Dieu « car il faut que celui qui
s'approche de Dieu croie que Dieu existe et qu'il est le rémunérateur
de ceux qui le cherchent » (Hébreux 11:6). Les
Écritures abondent en assurances que ceux qui font preuve de
foi envers Dieu et qui se conforment aux exigences que cette foi rend
claires, seront sauvés. Les paroles du Christ à ce
sujet sont définitives : « Celui qui croira et
sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas
sera condamné » (Marc 16:16). Et encore :
« Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ;
celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère
de Dieu demeure sur lui » (Jean 3:36 ; voir aussi
Jean 3:15 ; 4:42 ; 5:24 ; 11:25 ; Galates 2:20 ;
1 Néphi 10:6,17 ; 2 Néphi 25:25 ; 26:8 ; Énos
1:8 ; Mosiah 3:17 ; Hélaman 5:9 ; 3 Néphi 27:19 ; D&A
45:8). Après sa mort, ses apôtres enseignèrent
des doctrines similaires tous les jours de leur ministère
(voir Actes 2:38 ; 10:42 ; 16:31 ; Romains 10:9 ; Hébreux
3:19 ; 11:6 ; 1 Pierre 1:9 ; 1 Jean 3:23 ; 5:14).
Un résultat naturel de la foi implicite en la Divinité
sera la confiance croissante dans les Écritures qui
contiennent la parole de Dieu et dans les paroles et les oeuvres de
ses serviteurs autorisés qui sont ses oracles vivants.
La
foi, un don de Dieu
Bien
qu'étant à la portée de tous ceux qui
s'efforcent diligemment de l'acquérir, la foi est néanmoins
un don divin (voir Matthieu 16:17 ; Jean 6:44,65 ; Éphésiens
2:8 ; 1 Corinthiens 12:9 ; Romains 12:3 ; Moroni 10:11). Comme il
convient à une perle si précieuse, elle n'est donnée
qu'à ceux qui montrent, par leur sincérité,
qu'ils en sont dignes et qui promettent de se conformer à ses
inspirations. Bien que la foi soit appelée principe de
l'Évangile du Christ, bien qu'elle soit, en réalité,
le fondement de la vie religieuse, cependant même la foi est
précédée par la sincérité des
intentions et par l'humilité de l'âme, grâce
auxquelles la parole de Dieu peut faire impression sur le cœur
(voir Romains 10:17). Aucune coercition n'est employée pour
amener les hommes à la connaissance de Dieu ; cependant,
aussitôt que nous ouvrons notre cœur à l'influence
de la droiture, la foi qui mène à la vie éternelle
nous est donnée par notre Père.
La
foi et les oeuvres
La
foi dans un sens passif, ou la simple croyance, dans le sens plus
superficiel du terme, est inefficace comme moyen de salut. Cette
vérité fut exposée clairement par le Christ et
ses apôtres et il se peut que la vigueur avec laquelle elle fut
déclarée indique qu'une doctrine extrêmement
pernicieuse naquit très tôt celle de la justification
par la croyance seule. Le Sauveur enseigna que les oeuvres étaient
essentielles à la validité de la profession de la foi
et à son efficacité. Notez bien ses paroles :
« Ceux qui me disent: Seigneur ! Seigneur !
n'entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là
seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les
cieux » (Matthieu 7:21).
« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est
celui qui m'aime ; et celui qui m'aime, sera aimé de mon
Père ; je l'aimerai, et je me ferai connaître à
lui » (Jean 14:21). L'exposé suivant, de Jacques,
est particulièrement explicite : « Mes frères,
que sert-il à quelqu'un de dire qu'il a la foi, s'il n'a pas
les oeuvres ? La foi peut-elle le sauver ? Si un frère ou une
sœur sont nus et manquent de la nourriture de chaque jour, et
que l'un d'entre vous leur dise : Allez en paix ! Chauffez-vous
et vous rassasiez, et que vous ne leur donniez pas ce qui est
nécessaire au corps, à quoi cela sert-il ? Il en est
ainsi de la foi : si elle n'a pas les oeuvres, elle est morte en
elle-même. Mais quelqu'un dira : Toi, tu as la foi et moi
j'ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres et moi je te
montrerai ma foi par mes oeuvres » (Jaques 2:14-18). Et on
peut ajouter à cela les paroles de Jean : « Si
nous gardons ses commandements, par là nous savons que nous
l'avons connu. Celui qui dit : Je l'ai connu, et qui ne garde
pas ses commandements est un menteur, et la vérité
n'est point en lui. Mais celui qui garde sa parole, l'amour de Dieu
est véritablement parfait en lui : par là nous
savons que nous sommes en lui » (1 Jean 2:3-5).
On peut ajouter à ces enseignements beaucoup de paroles
inspirées extraites des Écritures néphites (voir
1 Néphi 15:33 ; 2 Néphi 29:11 ; Mosiah 5:15 ; Alma 7:27
; 9:28 ; 37:32-34 ; 41:3-5) et des révélations modernes
(voir D&A en entier), affirmant toutes la nécessité
des oeuvres, et niant l'efficacité salvatrice de la croyance
passive. Cependant en dépit de la clarté de la parole
de Dieu, les hommes ont érigé en dogme l'idée
que le salut peut s'obtenir par la foi seule, et qu'une profession de
foi verbale ouvre les portes du ciel au pécheur (voir Vitality
of Mormonism, du
même auteur, l'article « Knowing and Doing »,
p. 282). Les Écritures citées et le sens de la justice
inhérent à l'homme suffisent à réfuter
ces fausses assertions (voir Vitality
of Mormonism,
l'article « Obedience is Heaven's First Law »,
p. 75).
Source : James E. Talmage, Articles of Faith, Salt Lake City, 1890