Le
pouvoir des missionnaires que nous sommes tous
Pourquoi
et comment faire part de l’Évangile
Clayton
M. Christensen
Introduction :
L'objectif de ce livre
PREMIÈRE PARTIE : TROUVER DES PERSONNES QUE LES MISSIONNAIRES PEUVENT ENSEIGNER
Chapitre
1 : Principes fondamentaux
Chapitre
2 : Susciter
des conversations sur l’Évangile
Chapitre
3 : L'oeuvre
missionnaire auprès des personnes prospères
Chapitre
4 : Faire
part de la vérité au travail avec fierté et
assurance
Chapitre
5 : Se
fixer des objectifs et des délais
Chapitre
6 : Questions
et réponses sur l'Internet
DEUXIÈME PARTIE : ENSEIGNER EN VUE DE LA CONVERSION
Chapitre
7 : Enseigner
à prier
Chapitre
8 : Enseigner
à étudier le Livre de Mormon
Chapitre
9 : Enseigner
à sanctifier le jour du sabbat
Chapitre
10 : Enseigner
à reconnaître et à déjouer la tentation
TROISIÈME PARTIE : ÉDIFIER LE ROYAUME DE DIEU
Chapitre
11 : Tous
à l’œuvre à Augusta
Chapitre
12 : Rendre
visite à ceux qui ne sont pas entrés dans la bergerie
Chapitre
13 : Guider
les faibles et les simples
Chapitre
14 : Développer
des paroisses sur lesquelles le Seigneur peut compter
Chapitre
15 : Jaime
Valarezo et la branche hispanophone de Cambridge
Chapitre
16 : Les
pensées et les voies du Seigneur
Épilogue :
Témoignage
Introduction :
L'objectif de ce livre
Les
bénédictions qui viennent quand on fait part de
l’Évangile
Être
un membre missionnaire de l'Église peut être une source
de grand bonheur. L'objectif de ce livre est d'en témoigner.
Nous nous faisons
de très bons amis quand nous invitons les gens à en apprendre davantage sur leur Père
céleste et qu'ils ressentent notre amour pour eux. Chaque fois que nous prenons quelqu’un par la
main, au sens figuré, pour lui faire connaître
Jésus-Christ, nous ressentons la profondeur de l’amour
que le Seigneur a pour nous et pour cette personne.
J’ai
passé une grande partie de ma vie à participer à
l'édification du royaume de Dieu par l’œuvre
missionnaire. Ce faisant, j’ai compris les paroles de Dieu à Ésaïe : « Car mes pensées ne sont pas vos
pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel »
(Ésaïe 55:8). J’ai appris, par exemple, que la
tentative de l'adversaire de ralentir notre œuvre missionnaire
ne se manifeste pas seulement par la tentation d’enfreindre les
commandements de Dieu, mais aussi par la tentative de nous inculquer des
pensées et des usages purement humains lorsque nous faisons
part de l’Évangile.
Beaucoup
parmi nous connaissent des personnes qui semblent avoir des facilités
à être des membres missionnaires, comme si elles
possédaient le don de faire part de l’Évangile
avec aisance. Chez ma femme, Christine, et moi, ce n’est pas du
tout naturel. Au début, nous avons trouvé cette œuvre
pénible et intimidante, ce que, avec un peu de recul, je
reconnais comme venant de l'adoption de pensées et d'usages
purement humains. C’est en apprenant et en suivant les
principes résumés dans ce livre que nous avons pu faire
part de l’Évangile de façon plus naturelle et
même passionnante, c'est-à-dire à la façon du
Seigneur.
À
propos de notre époque, Daniel a vu que « dans le
temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera
jamais détruit, et qui ne passera point sous la domination
d’un autre peuple ; il brisera et anéantira tous
ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. »
(Daniel 2:44)
L’Église
rétablie de Jésus-Christ comprend actuellement [2013,
ndlr] plus de 14 millions de membres, ce qui montre que l’on
ne s’y prend pas trop mal. Il y a cependant de quoi
s’inquiéter. En effet, l’Église grandit
rapidement dans certaines régions d’Afrique, d’Amérique
latine et d’Asie du Sud-Est, pays désignés par
les économistes comme des pays émergents. Cependant,
beaucoup d’entre nous qui vivent dans des pays prospères
pensent que la croissance du royaume est terminée chez nous.
Dans un pieu près de Boston, presque soixante-quinze membres
de deux paroisses adjacentes ont déménagé au
moment d’une récession économique. Les deux
paroisses ont alors fusionné en une seule. Une autre solution
aurait été de trouver soixante-quinze nouveaux membres
de l'Église parmi les 100 000 personnes qui vivaient dans
les limites de ces paroisses.
Effectivement,
la déclaration du Seigneur que le monde « blanchit
déjà pour la moisson » (D&A 4:4) n’a
pas de date d’expiration. Le monde est encore prêt pour
la moisson.
J’ai
remarqué que quand on ne magnifie pas son appel, c’est
souvent parce qu’on ne sait pas comment le faire. La majorité
d’entre nous sommes impatients d’être des membres
missionnaires efficaces, mais le problème est que nous ne
savons pas comment le faire à la manière du Seigneur.
J’espère que ce livre aidera ceux d’entre nous qui
ont le désir de lancer leur faucille de toutes leurs forces à
devenir des membres missionnaires qui ont du succès.
Ressentir
l’Esprit de Dieu
À
vingt-sept ans, après avoir terminé mes études
de gestion et après avoir débuté ma carrière,
j’ai commencé à ressentir petit à petit
une diminution de l'influence de l’Esprit du Seigneur dans ma
vie. Je servais comme conseiller de l’évêque Kent
Bowen dans la paroisse de Boston et je dépensais beaucoup de
temps et d’énergie à remplir cet appel. Je priais
et étudiais les Écritures régulièrement
et, malgré cela, je sentais que l’Esprit ne
m'accompagnait pas avec la même intensité que
précédemment pendant ma mission en Corée.
Ensuite,
nous avons déménagé à Washington D.C. où
je devais travailler comme stagiaire assistant à la Maison
Blanche. Nous nous sommes retrouvés à vivre, à
travailler et à prendre les transports en commun avec de
nouvelles personnes, et j’ai commencé à avoir
beaucoup plus d’occasions de parler de l’Évangile
avec mes nouveaux amis. Peu de temps après notre déménagement,
deux de mes collègues ont accepté mon invitation de
venir chez nous recevoir les leçons missionnaires.
Avant
l’une de ces leçons, nous étions en train de nous
dépêcher de ranger la maison. J’ai mis une
cassette de l’Orchestre symphonique des jeunes mormons dans
notre chaîne hi-fi et le chœur a commencé à
chanter son interprétation de L’Esprit du Dieu saint
(Cantiques, n°2). J’étais dans la salle à
manger quand ils sont passés au troisième couplet :
Que,
tous assemblés, nous invoquions le Maître ;
Au
monde prêchons le royaume des cieux.
Que
par notre foi, nous puissions reconnaître
Les
dons, les visions et la gloire de Dieu.
En
entendant ces paroles, un esprit doux et puissant est entré
dans mon cœur et je me suis rendu compte de ce qui s’était
passé dans ma vie spirituelle. Au moment de notre déménagement
à Washington, j’avais recommencé à faire
ma part pour répandre le message de l'Évangile. J’en
ai alors récolté les dons, la vision et la gloire de
Dieu. J’ai commencé à de nouveau ressentir
quotidiennement l’Esprit. J’avais des perspectives de
nature spirituelle et je chantais les cantiques du Rétablissement
en marchant vers l’arrêt de bus.
La
leçon que j’ai apprise peut se résumer à
la métaphore suivante. Pendant une guerre, les généraux
accordent des armes dernier cri aux soldats des premières
lignes qui sont engagés dans un combat rapproché avec
l’ennemi. Aux soldats qui travaillent dans des cadres
administratifs derrière la ligne militaire, on donne des armes
moins puissantes. À Boston, je passais de plus en plus de
temps à servir dans les affaires administratives. En fait, je
pouvais faire efficacement la plupart de mes tâches sans devoir
beaucoup dépendre de l’Esprit. Cependant, en redevenant
missionnaire actif, je me suis repositionné au front dans la
guerre contre l'adversaire et pour les âmes. J’avais donc
besoin que l’Esprit m'accompagne quotidiennement.
En
vertu de l’appel fait à chacun de nous dans la section 4
des Doctrine et Alliances, je me suis donc ré-appelé en
mission. J’aime ma vie en tant que missionnaire au front.
L’image que j’ai à l’esprit est que Dieu,
mon Général, se tient à la porte quand je sors
le matin, et, connaissant la nature de la guerre, il me donne chaque
jour son arme la plus puissante : son Esprit. J’en suis
extrêmement reconnaissant.
L’impact
sur notre famille
Les
bénédictions que notre famille a reçues grâce
à notre participation à l’oeuvre missionnaire
sont incommensurables. Il y a plusieurs années, par exemple,
nous avions invité l’un de mes anciens étudiants,
Sunil, à suivre les leçons missionnaires chez nous. Les
missionnaires ont fait un excellent travail et à la fin de la
première leçon, ils ont tous deux témoigné
des vérités qu’ils avaient enseignées.
Christine et moi avons également rendu notre témoignage
et j’ai demandé à l’un des missionnaires de
terminer la leçon par une prière. À ce
moment-là, notre fils, Spencer, qui avait passé la
leçon en restant assis en silence sur le tabouret du piano,
leva la main et demanda : « Papa, puis-je ajouter
quelque chose ? Il se mit debout, regarda Sunil droit dans les
yeux et dit : « Sunil, je n’ai que onze ans.
Cependant, je voudrais te dire que je sais que les choses que les
missionnaires ont dites sont vraies. Je sais que Dieu vit. Je sais
que toi et moi, nous sommes ses fils et que Joseph Smith était
véritablement un prophète de Dieu ». Un
esprit doux et puissant entra dans la salle.
Le
lendemain, Sunil m’a envoyé un e-mail disant que bien
qu’il ait apprécié l’explication claire de
nos croyances faite par les missionnaires au cours de la leçon,
« lorsque votre fils s’est levé et a dit ces
paroles, j’ai ressenti quelque chose au plus profond de
moi-même que je n’avais jamais ressenti auparavant. Ce
doit être ce que vous voulez dire quand vous parlez de l’Esprit
de Dieu. »
De
nombreuses bénédictions et de nouvelles amitiés
nous sont apparues grâce à notre action pour faire part
de l’Évangile. Mais l’une des meilleures
bénédictions a été celle-ci : la
présence de l’Esprit de Dieu et l’impact profond
sur la foi de nos cinq enfants lorsque les missionnaires ont assisté
notre famille pour faire part de l’Évangile à de
nouveaux amis ou d’anciennes connaissances.
Les
bénédictions promises à chaque membre de
l’Église
Y
aurait-il un déséquilibre dans l’Église si
tous ses membres s’appelaient eux-mêmes en tant que
missionnaires ? Une grande partie de l’Église est
organisée en programmes, que ce soit le service pastoral, les
organisations auxiliaires, l’histoire familiale, l’entraide
ou la communication. Quand nous sommes appelés à servir
dans l’Église, nous définissons nos
responsabilités en termes de programmes et de personnes que
servons par cet appel. Par exemple, une présidente de la
Primaire pourrait décrire son poste en disant qu’elle
s’occupe des enfants de dix-huit mois à douze ans de sa
paroisse, et que tous les dimanches, elle organise la période
d’échange et supervise les responsables de la garderie
et les instructeurs des différents groupes d’âges.
Les chefs scouts assument la responsabilité du scoutisme pour
les garçons de douze et treize ans, et ainsi de suite.
Ces
programmes nous aident à mettre en œuvre les missions de
l’Église qui comprennent la prédication de
l’Évangile, le perfectionnement des saints, la
rédemption des morts, et l’administration de secours aux
nécessiteux. La délimitation des responsabilités
grâce aux programmes fait que l’Église est en
ordre. Elle définit ce dont nous sommes responsables et ce
dont nous ne sommes pas responsables. Cette délimitation
programmée implique cependant un compromis. En donnant une
importance excessive à un programme on réduit
nécessairement le temps, la supervision, l’énergie
et le talent qu’un autre programme mérite. Quand on est
pressé, le compromis semble inévitable.
En
nous appuyant sur le verset où le Seigneur dit « mes
pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont
pas mes voies » (Ésaïe 55:8), plusieurs de mes amis —
Elder Bob Gay, Elder Matt Eyring et frère David Wingate —
et moi avons décidé de chercher les conseils que nos
dirigeants de paroisses et de pieux pourraient tirer des Doctrine et
Alliances pour retrouver l’équilibre perdu par ce
compromis et recentrer notre action. Nous avons découvert que
les Doctrine et Alliances, qui sont l’instruction que Dieu
nous a donnée pour l’édification de son royaume à
notre époque, regorgent de promesses remarquables que Dieu a
faites à tous ceux qui acceptent son appel à faire part
de l’Évangile. Si nous faisions davantage part de
l’Évangile, poussés en cela par nos dirigeants de
paroisse et de pieu, cela ne créerait pas un déséquilibre
mais résoudrait la plupart des problèmes qui nous
handicapent, nous, nos foyers, nos paroisses et nos pieux ; ces
problèmes se résoudraient d’eux-mêmes grâce
aux bénédictions liées à l’appel
que Dieu donne à chacun de nous d’être
missionnaire.
Certaines
promesses du Seigneur portent sur la puissance et la force que les
saints reçoivent en faisant part de l’Évangile.
Voici ces promesses, avec l’indication entre parenthèses
de la section et du verset des Doctrine et Alliances qui les
contiennent :
►
Nul ne vous arrêtera
(1:5).
►
Vous
recevrez une force telle qu’on n’en connaît pas de
semblable parmi les hommes (24:12).
►
Il
ira lui-même avec vous et il sera au milieu de vous ; rien
ne prévaudra contre vous (32:3).
►
Du
pouvoir reposera sur vous ; il sera avec vous et il ira devant
votre face (39:12).
►
Vos
ennemis n’auront pas de pouvoir sur vous (44:5).
►
Le
Seigneur se tiendra à vos côtés (68:6).
►
Toute
arme forgée contre vous sera sans effet (71:9).
►
Il
vous soutiendra (93:51).
►
Les
portes de l’enfer ne prévaudront pas contre vous (17:8).
►
Vous
aurez le pouvoir d’annoncer sa parole (99:2).
►
Votre
langue sera déliée et vous aurez son Esprit pour
convaincre les hommes (11:21).
►
Votre
bouche sera remplie et vous deviendrez comme Néphi d’autrefois
(33:8).
►
Vous
ne serez pas confondu ; la part qui sera attribuée à
tout homme vous sera donnée à l’heure même
(84:85 ; 100:5).
►
Votre
parole sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera
l’avis du Seigneur et sera la voix du Seigneur et le pouvoir de
Dieu pour le salut (68:4).
►
Votre
bras sera le bras de Dieu ; il sera votre protection et votre
bouclier ; il vous ceindra les reins et mettra vos ennemis sous
vos pieds (35:14).
D’autres
bénédictions que le Seigneur a promises à ceux
qui font part de l’Évangile ont trait à la pureté
personnelle et une foi accrue :
►
Vous
serez innocents devant Dieu (4:2).
►
Vous
serez exaltés au dernier jour (17:8).
►
Vous
recevrez un témoignage des paroles des prophètes
(21:9).
►
Vous
aurez des révélations (28:8).
►
Vos
péchés vous seront pardonnés (31:5 ; 36:1 ;
60:7 ; 62:3 ; 84:61).
►
Vous
aurez une grande foi (39:12).
►
Vous
serez à même de garder les lois de Dieu (44:5).
Notez
les bénédictions qui se rapportent au bonheur, à
la santé et à la prospérité :
►
Vous
aurez des bénédictions plus grandes que si vous
obteniez les trésors de la terre (19:37-38).
►
Il
prendra soin de vos troupeaux (88:72) et votre dos sera chargé
de gerbes (31:5 ; 33:9).
►
Vous
ne serez las ni en esprit ni dans le corps ni dans les membres ni
dans les jointures et vous n’aurez ni faim ni soif ; pas
un cheveu de votre tête ne tombera inaperçu sur le sol
(84:80, 116).
►
Votre
joie sera grande (18:14-15).
Peut-être
encore plus extraordinaire, il a promis de déverser sur nous
et sur notre œuvre son Saint-Esprit afin de faire de nous de
meilleurs hommes et de meilleures femmes :
►
Il
enverra sur vous le Consolateur, qui vous enseignera la vérité
et le chemin que vous prendrez (79:2).
►
Le
Saint-Esprit sera déversé pour rendre témoignage
de toutes les choses que vous direz (100:8).
►
Il
ira devant votre face ; il sera à votre droite et à
votre gauche ; son Esprit sera dans votre cœur et ses
anges seront tout autour de vous pour vous soutenir (84:88).
►
Il
vous portera comme sur des ailes d’aigle ; et vous
susciterez de la gloire et de l’honneur pour vous-mêmes
et pour le nom du Seigneur (124:18).
►
Il
vous rendra saints (60:7).
Nous
faisons part de l’Évangile parce que nous savons que
cela aidera des gens à devenir plus heureux et meilleurs.
Cependant, les bénédictions qui nous sont promises sont
inestimables. Quel évêque ne voudrait pas la réalisation
de ces bénédictions pour lui-même et pour chaque
membre de sa paroisse ? Quel parent ne les voudrait pas pour ses
enfants ? Qui ne voudrait pas de telles bénédictions
pour lui-même ?
Faire
part de l’Évangile n’exige pas que nous ayons au
préalable la puissance de Dieu pour convaincre les hommes.
Faire part de l’Évangile nous donne cette puissance.
Faire part de l’Évangile magnifie notre parole pour lui
donner le statut d’Écriture, à savoir : la
volonté du Seigneur, l’avis du Seigneur, la voix du
Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut des hommes.
L’œuvre
missionnaire soutient ceux d’entre nous qui luttent contre une
addiction, une mauvaise habitude, qui ont du mal à se sentir
dignes ; elle les prépare à être innocents
devant Dieu, à être pardonnés de leurs péchés
et à être en mesure de garder les commandements de Dieu.
Dieu n’exige pas simplement notre pureté. Il nous aide à
être purs. À ceux d’entre nous qui se battent
contre la tristesse, faire part de l’Évangile produit
une grande joie. Faire part de l’Évangile nous permet de
devenir des femmes et des hommes saints qui reçoivent des
révélations et qui sont portés comme sur des
ailes, recevant de la gloire et de l’honneur pour eux-mêmes
et pour le nom du Seigneur. La participation de nos enfants à
l’oeuvre missionnaire leur permet d’acquérir un
témoignage des paroles des prophètes et les aide à
devenir des hommes et des femmes d’une grande foi.
Lorsque
nous avons été baptisés, nous avons accepté
l’appel de Dieu à servir en tant que
membres-missionnaires de l’Église en tant que ses
témoins (voir Mosiah 18:10). Comme promis, le Seigneur nous
accorde les bénédictions citées plus haut si
nous faisons part de l’Évangile, ravivant ainsi l’Esprit
que nous avons ressenti pendant notre mission à plein-temps ou
lors de notre conversion. Quelles que soient nos autres
responsabilités dans le royaume de Dieu, nous réussissons
davantage dans ces appels et dans nos actions pour devenir des
disciples purs du Christ lorsque faire part de l’Évangile
devient une partie intégrante de tout ce que nous faisons.
J’en témoigne.
Par
où commencer ?
Dans
les appels que nous recevons pour édifier une partie précise
du royaume de Dieu, nous devons savoir ce qu’il faut faire et
comment le faire. Généralement, l’objectif d’un
appel est spécifié. En revanche, il arrive qu’on
omette d’enseigner la méthode.
Pour
comprendre l’importance d’enseigner la méthode,
examinons l’appel d’une présidente de Primaire
d’une paroisse type. La majorité des présidentes
de Primaire ont du succès dans leur appel. Pourquoi ? À
mon avis, c’est parce qu’on a enseigné à
ces femmes à la fois l’objectif à atteindre et la
façon de l'atteindre. On trouve généralement les
objectifs dans les Écritures, les manuels et les discours des
conférences générales. Quant à la façon
de remplir son appel, elle est enseignée de deux manières :
à travers des modèles — d’autres frères
ou sœurs qui ont occupé ce poste précédemment
— et à travers une structure qui définit les
rôles et les programmes pour tous. À la Primaire, la
structure comprend la période d’échange, la
période musicale, les manuels pour chaque groupe d’âge,
et un programme qui indique à quel moment il faut faire quoi.
Les modèles sont des présidentes qui ont rempli leur
appel avec une maîtrise absolue. Cette structure et ces modèles
à imiter expliquent pourquoi la majorité des
présidentes de Primaire que j’ai connues ont eu du
succès dans leur appel. Elles savent quoi faire et comment le
faire.
Ce
n’est pas toujours le cas s’agissant d’autres
appels dans l’Église. Beaucoup ont une vague notion de
ce qu’ils sont censés faire mais ils ne savent pas
exactement comment le faire. Il y a peu de structures pour leur
travail, et peu de modèles de réussite visibles à
imiter. Par exemple, prenons les spécialistes de l’emploi
et de la prévoyance. Pour la plupart des membres, il est
difficile de s’accomplir dans leur appel. Et ce n’est pas
en appelant les ‘meilleurs’ ou les ‘plus convertis’
qu'on accélère l’édification du royaume de
Dieu, mais en enseignant à chacun la façon de le faire.
Le
Sauveur, en tant que dirigeant et enseignant, maîtrisait
parfaitement les objectifs et les méthodes. Par ses
commandements, il nous dit quoi faire. Et il enseigne la façon
de le faire par des histoires et des paraboles. Le frère de
Jared, le Bon samaritain et le Fils prodigue sont des exemples de sa
façon d’enseigner. Ces exemples ne donnent pas des
détails précis mais illustrent des principes dont nous
pouvons faire usage quand nous savons quoi atteindre mais pas comment
le faire.
L’une
des raisons pour lesquelles l’œuvre missionnaire ralentit
dans de nombreuses parties du monde est peut-être que nous,
membres de l’Église, qui avons la responsabilité
de faire part de l’Évangile, ne savons pas comment le
faire. C’est un problème courant et répandu. La
plupart d’entre nous ne savent pas comment trouver les
personnes que les missionnaires pourront enseigner. La majorité
de ceux que les missionnaires enseignent cessent d’étudier
l’Évangile avant le baptême ou s’éloignent
peu après. Pourquoi ? Parce souvent on omet d’enseigner
à nos amis qui étudient l’Évangile comment
prier sincèrement, comment lire les Écritures
sérieusement, comment méditer et comment écouter
la voix de l’Esprit. Beaucoup d’amis de l’Église
perdent leur intérêt prématurément non
parce qu’ils ne veulent pas recevoir un témoignage mais
parce qu’ils ne savent pas l’obtenir.
Beaucoup
de paroisses peinent à remplir leur responsabilité
missionnaire. On sait ce qui devrait être fait mais on ne sait
pas comment le faire. Les dirigeants de mission de paroisse sont
souvent en difficulté, servant plus comme administrateurs que
comme dirigeants parce qu’ils ne savent pas comment diriger les
membres.
C’est
pour ces raisons que j’ai écrit ce livre. J’espère
qu’après l’avoir lu, vous en conclurez que faire
part de l’Évangile n’est pas un ‘don’
attribué à quelques saints des derniers jours et refusé
aux autres. Trouver des personnes que les missionnaires peuvent
enseigner et les aider à progresser vers le baptême peut
être facile et naturel pour nous tous, si nous apprenons à
le faire selon le Seigneur. Les histoires racontées plus bas
sont à lire comme des paraboles pour en tirer les principes
qui s’appliquent à la situation de chacun.
Ce
livre comporte trois parties. La première cherche à
montrer comment trouver des personnes à présenter aux
missionnaires. La deuxième est axée sur la façon
d’aider les amis de l’Église à progresser
vers le baptême et vers une vie dévouée à
l’Évangile. La troisième partie relate quelques
miracles de notre époque qui illustrent certains principes
d’action qui peuvent aider l’œuvre missionnaire à
avancer sur tous les plans. Dans chaque chapitre, j’ai essayé
d’enseigner à la façon du Seigneur : par des
paraboles, chacune étant une histoire vraie. La plupart de ces
expériences me sont arrivées ou sont arrivées à
d’autres membres de l’Église de
Nouvelle-Angleterre qui me les ont racontées. J’ai
changé quelques noms et j’ai modifié certains
détails personnels pour protéger les personnes
concernées. Je ne raconte absolument pas ces histoires pour me
mettre en avant. Je les utilise simplement pour mentionner ce que
nous avons essayé de faire, ce qui a marché et ce qui
n’a pas marché, ainsi que les leçons que nous
avons apprises les uns des autres sur la façon de faire la
volonté du Seigneur.
PREMIÈRE
PARTIE : TROUVER DES PERSONNES QUE LES MISSIONNAIRES PEUVENT ENSEIGNER
Le
porte-à-porte est visiblement le moyen le moins efficace dont
les missionnaires à plein temps disposent pour trouver des
personnes à enseigner. Cela prend beaucoup de temps et
d’effort et il faut faire face à beaucoup de
découragement et de frustration avant de croiser le chemin
d’un contact « en or ».
De
plus, le monde change. Les gens sont de moins en moins prêts à
ouvrir leur porte aux inconnus et par conséquent l’efficacité
du porte-à-porte diminue rapidement. Avec le temps, de plus en
plus de personnes que nous voudrions que les missionnaires
instruisent vivent dans des immeubles ou dans des quartiers
résidentiels difficiles d’accès où les
missionnaires ne peuvent aller non accompagnés. De plus, la
famille où les deux parents travaillent est devenue la norme
et lorsque les missionnaires frappent à la porte il n’y
a souvent personne pour ouvrir.
Tout
cela signifie qu’avec le temps, les membres de l'Église
auront à faire davantage pour trouver des personnes que les
missionnaires peuvent enseigner. Mais comment faire ? Nous
allons examiner plusieurs principes qui permettent de constater qu’il
n'est pas si difficile d'inviter les gens à écouter le
message de l’Évangile.
Chapitre
1 : Principes fondamentaux
Nous
ne pouvons pas tout prévoir et ne devons pas juger
Christine
et moi avons appris assez tôt dans nos efforts pour être
de bons membres missionnaires que nous ne pouvions pas prévoir
qui sera intéressé par l’Évangile et qui
ne le sera pas. Nous avons appris, de plus, que le développement
d’une amitié n’est pas une condition prérequise
pour inviter des personnes à connaître l’Évangile.
Ces deux simples principes ont rendu l'oeuvre missionnaire beaucoup
plus facile.
Nous
avons découvert ces deux principes en tant que jeunes mariés
alors que les missionnaires de notre paroisse venaient nous demander
de faire une liste de personnes avec qui nous pourrions partager
l’Évangile. Nous devions commencer en « préparant »
ceux qui se trouvaient en haut de la liste en suivant un processus de
douze étapes. Tout d’abord, il fallait que nous les
invitions à dîner chez nous, puis par la suite que nous
allions avec eux un évènement culturel. Les sixième,
septième et huitième étapes nous demandaient de
les inviter à l’Église, de leur donner un
exemplaire du Livre de Mormon et de leur demander de suivre les
leçons missionnaires. Ce programme s’achevait avec la
douzième étape : le baptême.
Nous
avons scrupuleusement composé la liste, en incluant tout en
haut ceux que nous pensions être les plus susceptibles de
s’intéresser à l’Évangile, puis nous
l’avons fixée à l’intérieur d’un
placard de notre cuisine. Le premier couple, Ken et Suzy Gray, nous
semblaient être idéaux comme membres potentiels de
l'Église : le département central du casting pour
les films de BYU aurait pu les choisir pour jouer dans un film de
l’Église. Le mode de vie pur de Ken et de Suzy et leur
dévouement à leur famille reflétaient les
nôtres. Nous avons commencé à forger notre amitié
en les invitant à dîner chez nous. Ils nous ont ensuite
tendu la même invitation avec un agréable dîner
chez eux, et pendant les semaines suivantes, nous avons continué
à nous rendre la pareille, trouvant davantage de choses à
faire avec les Gray, ce qui a approfondi notre amitié, tout
comme les missionnaires l’avaient prédit. Mais faire
part de l’Évangile devenait maintenant le grand pas à
franchir qui ajoutait des obligations à notre vie déjà
bien chargée en tant que dirigeant des Jeunes Gens et
dirigeante des Jeunes Filles de la paroisse d’Oxford.
Lorsque
nous sommes arrivés à la sixième étape de
notre liste, nous avons invité les Gray à venir à
l’Église avec nous et ils ont accepté notre offre
— en partie parce que Christine et moi devions faire des
discours à la réunion de Sainte-Cène. C’était
vraiment formidable. Nous avions l’impression d’être
de bons membres missionnaires ! Après l’Église,
nous avons tous déjeuné chez nous et je leur ai offert
un exemplaire du Livre de Mormon et leur ai demandé s’ils
seraient intéressés d’en apprendre davantage sur
notre Église. Ken accepta le livre d’un air embarrassé
et répondit : « Merci, mais ça ne nous
intéresse pas. Nous avons tous les deux grandi dans l’Église
épiscopale et nous aimons aller à l’église
anglicane du coin. » La conversation a changé de
sujet mais elle est restée tendue et les Gray sont partis peu
après.
Après
avoir fait la vaisselle, j’ai regardé notre liste en me
demandant : « Je suis vraiment déçu.
Qu’est-ce qu’on devrait faire ? Je suis terriblement
occupé par mes études et nous sommes terriblement
occupés par nos responsabilités aux Jeunes Gens et
Jeunes Filles. » Si les Gray n’étaient pas
intéressés, nos instructions indiquaient qu’il
fallait maintenant nous lier d’amitié avec les Bailey
(les prochains sur notre liste) pour qu’ils deviennent nos
nouveaux amis (ils étaient seulement des connaissances) avant
de les inviter à en savoir davantage sur l’Évangile.
J’ai donc trouvé un crayon et j’ai barré
les Gray de notre liste. Je me sentais mal de le faire, mais nous
voulions être de bons missionnaires et nous ne pouvions pas
consacrer notre temps à devenir amis avec tout le monde.
Nous
avons invité les Bailey à dîner. Ils semblaient
ravis d’être invités et nous avons alors commencé
le même processus qu’avec les Gray. Cependant, ils ont
reculé à la sixième étape en refusant
notre invitation de venir à l’église. Nous les
avons donc barrés et sommes passés au troisième
couple de la liste.
À
la même époque, mon ami Randy, qui était membre
de l’Église et qui lui aussi connaissait Ken Gray, me
prit à part dans la salle de sports et me demanda :
« Clay, qu’as-tu fait pour rendre Ken aussi
furieux ? »
Je
lui répondis que je n’en avais aucune idée.
« Nous avons fait beaucoup de choses ensemble. Ils sont
venus à l’Église mais cela ne les intéressait
pas d’en apprendre davantage. »
Randy
m’expliqua : « Voici ce que m’a raconté
Ken : du jour au lendemain, tu as voulu devenir amis. Mais dès
qu’il t’a dit qu’il ne voulait pas se convertir, tu
l’as laissé tomber comme une vielle savate. Tu ne lui as
même pas adressé la parole depuis. Tu voulais seulement
le convertir sous un faux-semblant d’amitié. »
Le
compte rendu de Randy m’a profondément blessé,
bien que son récit soit tout à fait exact. « Mais
que veux-tu que je fasse, Randy ? » répondis-je
de manière défensive. « Le Seigneur veut que
nous soyons missionnaires. Le président de mission dit que le
meilleur moyen de faire cela est de préparer les personnes à
accepter notre invitation en devenant leur ami. On peut ensuite les
inviter. Le problème, c’est que si les gens ne
s’intéressent pas à l’Église,
comment puis-je continuer à cultiver toutes ces amitiés
alors que j'ai tant à faire ? »
Je
me souviens avoir pensé que nous commettions peut-être
des erreurs, mais qu’au moins, nous faisions des efforts.
Cependant, tous ceux que nous croyions pouvoir être intéressés
d’en savoir d’avantage sur l’Évangile ont
refusé nos invitations entre la sixième et la huitième
étape. Chacun de ces amis nous a dit, à sa manière,
qu’il se contentait de son approche actuelle de la religion.
Après beaucoup de travail et au bout de plusieurs mois, nous
n’avons trouvé personne qui soit intéressé
par l’Évangile. Nous avons enlevé la liste de
notre réfrigérateur en arrivant à la conclusion
que nous n’étions pas faits pour être des membres
missionnaires.
C’est
alors que de nouveaux missionnaires ont été mutés
dans notre paroisse. Ne connaissant rien de notre histoire, ils sont
venus chez nous, ont déplié un tableau sur notre table
et nous ont demandé de faire une liste de toutes les personnes
avec lesquelles nous pourrions nous lier d’amitié pour
les préparer à être enseignées par les
missionnaires. Nous avons protesté : « On a
déjà fait ça. Ça a pris beaucoup de
temps, et ça n’a pas marché. » Nous
avons expliqué que nous pensions avoir déjà fait
de notre mieux avec toutes les personnes susceptibles de vouloir
suivre les leçons missionnaires.
Désespérés
d’avoir un contact, les missionnaires supplièrent :
« Vous ne connaissez vraiment personne à qui nous
pourrions rendre visite ? » Nous leur avons alors
donné les noms de quatre couples que nous avions exclus de
notre première liste, y compris celui des Taylor. Nous les
avons avertis qu’ils pourraient frapper à leur porte,
mais ce ne serait que du temps gaspillé. Le mari voyait d’un
mauvais œil la religion structurée. C’était
un rugbyman endurci qui aimait boire sa bière quotidienne.
Les
elders sont revenus une heure plus tard, rayonnants. Les Taylor les
avaient invités chez eux, avaient écouté la
première leçon et avaient invité les
missionnaires à revenir pour une deuxième leçon.
Nous sommes par la suite devenus de bons amis en suivant avec eux les
leçons missionnaires. Nous n’aurions jamais imaginé
qu’ils puissent s’intéresser à l’Évangile.
Nous
avons appris par cette expérience que nous ne pouvons tout
simplement pas savoir à l’avance qui voudra en apprendre
davantage sur l’Église. Nous croyions pouvoir juger et
avons exclu de notre liste beaucoup de personnes dont le mode de vie,
les habitudes ou l’apparence faisaient d’eux des
candidats improbables. Cependant, en repensant à ceux qui sont
devenus membres de l’Église, peu d’entre eux
auraient été sur notre liste de membres potentiels
probables après un premier contact avec l’Église.
« L’Éternel ne considère pas ce que l’homme
considère ; l’homme regarde à ce qui frappe
les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1
Samuel 16:7). Vivre l’Évangile transforme les gens. Le
seul moyen pour que chaque personne ait l’occasion d’accepter
ou de rejeter l’Évangile de Jésus-Christ est de
l’inviter, sans le juger, à suivre le Sauveur.
Cette
expérience nous a également enseigné qu’il
n’est pas forcément nécessaire de transformer nos
relations en amitiés avant d’inviter les autres à
connaître l’Évangile. Qu’importe que ce soit
un voisin, un camarade de classe, un collègue de travail, une
vendeuse ou le passager d'un autobus, il n’est pas nécessaire
de changer notre relation avant de les inviter. Je dirais même
qu’il n’est ni obligatoire ni désirable de
modifier notre relation avec les autres avant de les inviter à
apprendre l’Évangile.
Les
missionnaires à plein-temps, par exemple, n’attendent
pas de devenir amis avec leurs contacts. Ils parlent avec tout le
monde. Une relation de confiance s’établit lorsqu’ils
ont l’occasion d’enseigner les gens. Depuis vingt ans,
nous n’avons observé aucune corrélation entre la
force d’une relation et la probabilité qu’une
personne s’intéresse à l’Évangile.
L’inverse, en revanche, est presque toujours vrai : toutes
les personnes qui acceptent l’invitation à connaître
l’Évangile deviennent des amis plus proches, qu’ils
acceptent en fin de compte le baptême ou non. Nous avons aussi
appris que même quand les personnes refusent notre invitation,
elles ne sont pas offensées tant qu’elles peuvent
ressentir notre sincérité, notre amour et l’amour
de Dieu lorsque nous les invitons à connaître l’Évangile
du Christ. En général, ils ont plutôt été
reconnaissants qu’on se soucie d’eux au point de partager
quelque chose d’aussi personnel et important.
Plus
souvent qu’on ne le voudrait, certains disent à des
collègues de travail : « Fais gaffe, c’est
un mormon. » Quand vous entendez cela, c’est presque
toujours parce qu’un membre de l’Église a feint
une amitié en partant de la fausse idée qu’il
faut « préparer » les gens avant de les
inviter. Cette perception suscite une méfiance envers les
membres de l’Église, comme si les « mormons »
avaient toujours une arrière-pensée. Nous devons être
honnêtes, aimants et directs. Telles sont les voies de Dieu.
Qu’est-ce
qu’une réussite ?
Bien
que les Taylor aient reconnu beaucoup de vérité et de
bonté dans notre Église, ils ont décidé
après cinq ou six leçons qu’ils ne voulaient pas
être baptisés. Même si nous savions que beaucoup
de personnes qui arrêtent les leçons missionnaires
réécoutent et acceptent l’Évangile plus
tard, nous étions déçus. Mais tout cela nous a
appris une troisième leçon de grande valeur : nous
nous sommes rendu compte que nous avions réussi en tant que
missionnaires. Les Taylor sont devenus de bons amis et nous leur
avons donné l’occasion de comprendre plus profondément
l’Évangile de Jésus-Christ. Qu’ils entrent
dans les eaux du baptême ou non, ils ont fait un pas dans leur
propre progression éternelle et ils ont fait certains choix
importants et corrects.
Mon
ami Ben m’a raconté ce qui suit à propos de ses
tentatives missionnaires : « Tout d’abord,
Clay, tu dis que tu ne peux pas prévoir à l’avance
qui, parmi tous ceux que tu vas rencontrer, voudra en apprendre plus
sur l’Évangile, c’est bien cela ? Ensuite, tu
dis qu’en général, une personne sur quatre qui
sera invitée dira oui. Cela veut dire que pour chaque oui, on
entendra non trois fois. On est d’accord ? C’est
justement ce que je trouve difficile, parce que je suis sensible à
de telles choses. Si j’échoue la première fois,
j’ai vraiment du mal à réessayer ».
Il
a continué : « Mais j’ai trouvé
un moyen de gérer ce paradoxe. J’ai promis au Seigneur
que je trouverai quelqu’un qui dirait non à mon
invitation. Parfaitement : quelqu’un qui dira non. Ça,
c’est facile ! Et comme prévu, la première
personne à qui j’ai demandé a dit non… et
j’avais réussi ! Trouver quelqu’un qui dit
non était bien plus facile que je ne l’aurais cru ! »
Ben
s’est fixé un but de trouver trois personnes de plus qui
diraient « non ». La personne suivante a
surpris Ben en acceptant son offre ! C’était tout
ce qu’il fallait pour Ben. Il a appris qu’inviter des
personnes est vraiment facile parce qu’inviter est une réussite
en soi, quel que soit le résultat.
Un
succès en entraîne un autre. Ma foi s’approfondit
à chaque fois que j’invite quelqu’un. Voici
pourquoi s’engager à se contenter d'inviter, comme l’a
fait Ben, peut être si important : parce que cela nous
aide à sentir pousser la semence (voir Alma 32). Et lorsque la
semence pousse, nous commençons à croire que Dieu peut
en réalité nous aider à trouver quelqu’un
qui suivra les leçons missionnaires, à condition que
nous fassions notre part en l’invitant. Cette découverte
m’a grandement facilité l’œuvre
missionnaire.
J’ai
pu approfondir ma compréhension de ce principe il y a quelques
années en discutant avec un collègue de travail, Wes
Lambert. Wes parlait de l’influence des membres de l'Église
dans sa vie, alors qu’il étudiait à l’École
de commerce de Harvard. « Grâce à vous tous,
j’ai décidé qu’habiter avec ma petite amie
n’était pas correct et nous nous sommes donc mariés.
Quand j’ai vu à quel point vos enfants vous apportaient
de la joie, nous avons décidé d’avoir des enfants
— nous en avons deux maintenant. Quand j’ai vu comment
vous ne travailliez pas le week-end pour mettre en premier votre
famille, j’ai moi aussi arrêté de travailler le
week-end. J’ai même commencé à aller à
la synagogue le samedi. Cependant, il reste encore une différence
entre vous et moi. Il est clair que vous faites ce que vous faites
parce que vous aimez Dieu. Moi, je pratique ma religion parce que je
crains Dieu. »
Je
lui ai répondu qu’il avait raison : nous faisons ce
que nous faisons parce que nous aimons Dieu. Plus tard ce jour-là,
par e-mail je l’ai invité avec sa femme chez nous afin
de leur expliquer comment nous sommes arrivés à
connaître et à aimer Dieu. J'ai promis à Wes
qu’il pouvait aussi le connaître et l’aimer.
Quelques
jours plus tard, j’ai vu Wes et je lui ai demandé s’il
était intéressé. Il m'a remercié de me
soucier autant de lui et de lui offrir une telle chose, mais a refusé
en disant : « Nous sommes dévoués aux
traditions de notre religion, et j’ai espoir de pouvoir y
trouver ce que tu offres. »
J’étais
anéanti. Mais au milieu de ce sentiment, une impression forte
m’est parvenue, presque comme si une personne invisible se
tenait à mes côtés. J’ai ressenti que Jésus
aimait Wes Lambert. Son amour pour Wes n’a pas du tout été
affecté par le fait que Wes venait de rejeter l’occasion
qui se présentait à lui d’apprendre à
connaître le Sauveur. Jésus aimait Wes au point qu’il
avait déjà souffert pour tous les péchés
qu’il aurait pu commettre, si par miracle Wes acceptait le
Sauveur quand la chance se présenterait. C’est pourquoi
je sais qu’on réussit quand on invite.
Moroni
a vu cela aussi :
« Et
il arriva que je priai le Seigneur, afin qu’il donnât aux
Gentils la grâce, afin qu’ils eussent la charité.
Et il arriva que le Seigneur me dit : S’ils n’ont
pas la charité, cela n’a pas d’importance pour
toi, tu as été fidèle : c’est
pourquoi tes vêtements seront purifiés »
(Ether 12:36-37).
La
plupart d’entre nous craignons l’échec, mais dès
que nous apprenons que nous réussissons en tant que membres
missionnaires lorsque nous invitons des personnes à apprendre
et à accepter la vérité, une grande partie de la
peur qui nous empêche de faire part de l’Évangile
disparaît. Nous leur donnons l’occasion d’exercer
leur libre arbitre. Certains emploient ce libre arbitre pour accepter
l’Évangile, d'autres pas, et ce n’est pas grave.
Les inviter est une réussite en soi.
Chapitre
2 : Susciter des conversations sur l’Évangile
Comment
peut-on susciter une conversation sur notre Église avec
quelqu’un, même si nous ne savons pas s'il s’intéressera
ou pas à ce que nous avons à offrir ? Voici
quelques habitudes très utiles.
Employer
un vocabulaire religieux dans toutes les conversations
La
première idée m'a été suggérée
par un ami : employer un vocabulaire religieux dans mes
conversations de tous les jours comme dans les exemples suivants :
« Je
suis exténué. Je suis chef scout du groupe de ma
paroisse et nous avons fait du camping hier soir. »
« Je
vais régulièrement à l’église à
Belmont, et un ami qui a fait un discours dimanche dernier a dit
quelque chose qui m’a aidé à savoir exactement
comment commencer cette présentation. »
« Quand
j’étais missionnaire en Corée… »
Et
ainsi de suite.
Lorsque
j’emploie ce vocabulaire dans mes conversations, c’est
comme si j’ouvrais une porte aux autres pour discuter de
l’Église. La grande majorité n’y entre pas,
bien sûr, et ce n’est pas grave. Cependant, parfois
quelqu’un entre par cette porte en demandant : « Tiens,
tu es donc mormon ? »
Je
réponds : « Oui, je le suis et c’est une
Église magnifique. Pourquoi me demandes-tu cela ? »
J’ai trouvé qu’il est utile de demander « Pourquoi
me demandes-tu cela ? » plutôt que de donner
des informations qui n’intéressent pas la personne.
Ainsi, nous pouvons parler de ce qui l’intéresse, elle.
La plupart du temps, l’intérêt n'est que passager.
Mais parfois la personne montre davantage d’intérêt,
ce qui me permet de l’inviter à avoir une discussion
plus approfondie.
Il
est important de supposer que la plupart des gens n'iront pas au-delà
d'une conversation ordinaire. En supposant que seulement 5 % des gens
auront un intérêt quelconque pour l'Église, cela
signifie que si je suscite une conversation sur l’Église
avec vingt personnes, l'une d’elles manifestera de l’intérêt.
Or, je ne peux pas prédire de quelle personne il s'agit. Et si
je suscite une conversation avec cent personnes, cinq d’entre
elles manifesteront de l'intérêt. Et ainsi de suite.
C’est la raison pour laquelle il est si important d’inclure
l’Évangile dans nos conversations, de façon
ouverte et pragmatique.
Ce
qui nous intéresse ne les intéresse pas nécessairement
Quand
quelqu’un dit : « Parlez-moi de votre Église »,
nous donnons souvent une réponse doctrinale comme la famille
éternelle, les prophètes modernes, les Écritures,
etc. Tout cela a du sens pour nous, car la doctrine est la raison
pour laquelle nous sommes membres de l'Église plutôt que
d’une autre. Mais chez les convertis, si la doctrine prend peu
à peu de l'importance, ce n’est généralement
pas la raison première de leur intérêt pour
l’Église.
En
1975, l’Église a fait un sondage parmi les nouveaux
convertis pour identifier la caractéristique de l’Église
qui les a prioritairement attirés (voir Ensign, octobre 1977).
Voici ces caractéristiques dans l'ordre décroissant :
1.
Le sentiment d’intimité avec Dieu qu'ils souhaitaient
vivre à leur tour après l'avoir observé chez des
membres de l'Église.
2.
Le bonheur et le sentiment de paix qu’ils voulaient obtenir
après les avoir observés chez des membres de l'Église.
3.
Inspirés par des membres de l'Église, ils recherchaient
un sens meilleur à leur vie et une direction à suivre.
Seuls
9 % des nouveaux convertis ont dit que la doctrine était ce
qui avait suscité leur intérêt pour l'Église.
C'est généralement plus tard, après leur baptême
s'ils restent pratiquants, que la doctrine renforce les liens des
convertis avec l'Église. Au départ, ce n’est pas
ce qu’ils recherchent.
Tout
cela signifie que lorsque quelqu’un nous pose une question sur
notre appartenance à l'Église, nous devrions, la
plupart du temps, ne pas mentionner tous les points de doctrine que
affectionnons. Personnellement, je préfère répondre
par une question comme : « C’est une Église
magnifique. Pourquoi me demandes-tu cela ? » Si mon
interlocuteur n'a rien de particulier à l'esprit, je parle de
l’un des trois sujets mentionnés plus haut. S’il a
quelque chose de particulier à l’esprit, je réponds
de façon plus spécifique.
Séparation
J'utilise
la troisième habitude avec les personnes que je connais bien.
Je crée une cloison entre mon invitation à en apprendre
plus sur l’Église et ma relation avec la personne que
j'invite. Je le fais en employant un langage comme celui-ci :
« Scott, je vais te poser une question. Mais avant que je
ne la pose, il faut que nous soyons d’accord qu’elle
n’influencera pas notre amitié si le sujet ne
t’intéresse pas. D’accord ? »
Quasiment à chaque fois, mes amis me rassurent en disant qu’il
n’y a pas de problème. Je dis ensuite : « Comme
tu le sais, je suis membre de l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours. Ça fait un moment que j’ai
l’impression que certains aspects de l’Église
pourraient t’intéresser. Si à un jour cela
t’intéresse, je serais ravi de t'en parler. »
En
formulant mon invitation de cette manière, mon interlocuteur
se sent libre de la rejeter sans que notre relation soit remise en
question. D’ailleurs, qu’ils s’y intéressent
ou pas, la plupart du temps les gens me remercient de leur avoir
manifesté de l'intérêt.
Découvrir
leurs questions
Beaucoup
d'églises catholiques et protestantes sont vides par manque de
fréquentation. Lors d'une rencontre avec un homme que j’ai
connu il y a plusieurs années, Stephen Spencer, j’ai pu
vérifier le désintérêt pour la religion
qui caractérise les pays développés. C'est
d'ailleurs une manière d’engager une conversation sur
l’Évangile que de poser des questions sur le désintérêt
de notre interlocuteur pour la religion.
Lors
de notre première conversation, j’ai employé un
vocabulaire religieux et, pour vérifier, il m'a demandé :
« Vous êtes donc mormon ? »
—
C’est
exact, ai-je répondu. Pourquoi me demandez-vous cela ?
C’est une Église magnifique.
—
Par
curiosité. Ça doit faire à peu près
trente ans que je ne suis pas allé l'église. »
Plutôt
que d’essayer d'encourager Stephen d'assister à un
office religieux, chez nous ou ailleurs, je lui ai demandé :
« Quel est votre point de vue sur la raison de la
désaffection généralisée des églises ?
N'auraient-elles pas la réponse aux questions fondamentales de
l'existence ? »
Stephen
m'a répondu qu’il aurait besoin de temps pour faire une
liste réfléchie de ces raisons.
Je
lui ai dis : « Je serais ravi d'en discuter parce que
moi aussi j’y réfléchis beaucoup. Et si mon
appartenance peut apporter un éclairage à notre
discussion, je le proposerai. » Stephen a accepté
et nous avons fixé un rendez-vous tôt la semaine
suivante.
Lorsque
nous nous sommes retrouvés, j’ai été
surpris : Stephen me posait de très bonnes questions sur
le sens de la vie, sur la nature de Dieu, etc. Il a dit :
« Pendant mes études universitaires et mes études
supérieures, les Églises que je fréquentais
n’arrivaient pas à répondre à mes
questions. J'ai donc cessé d’y aller et je cherche
maintenant mes réponses plutôt dans la philosophie et
les sciences. Mais, pour être franc, ces disciplines n’y
répondent pas mieux que les Églises. »
Nous
avons commencé au début de la liste de Stephen. J’ai
posé des questions sur sa première question pour
comprendre quelle importance elle avait pour lui et pourquoi il ne se
satisfaisait pas des réponses proposées par les autres.
Ensuite, j’ai puisé la réponse à sa
première question dans le Livre de Mormon et la lui ai
expliquée.
Je
vis qu’il barrait la première question de sa liste.
« Pourquoi l’avez-vous barrée ? lui
ai-je demandé.
—
Vous
y avez répondu », a-t-il dit.
Pour
continuer l'examen de son questionnaire, nous avons planifié
les discussions suivantes en prévoyant la présence des
missionnaires. Lorsque le moment est venu de son entretien de baptême
avec les dirigeants de zone, nous avons fait la liste des points
habituellement enseignés au cours des quatre premières
leçons missionnaires et avons été ravis de
découvrir que nous avions déjà parlé de
chacun des principes, mais dans l'ordre des questions de Stephen
(voir le manuel « Prêchez mon Évangile »,
p. 21, 196, 202, 204, 206).
Aujourd’hui,
si quelqu’un me pose une question sur l'Église, je ne
lui dis pas ce que je veux qu’il sache, moi. Je demande
plutôt : « Est-ce que vous vous posez des
questions sur la religion, ou y-a-t-il des questions auxquelles vous
ne trouvez pas de réponse satisfaisante ? » En
fin de compte, beaucoup de gens se posent des questions, mais la
plupart ont abandonné l’idée que les Églises
puissent y répondre. Du coup, nous supposons que la religion
ne les intéresse pas, alors qu'en réalité des
questions importantes les préoccupent.
Expliquer
le rôle des questions
Un
ami m’a dit une fois : « Je ne comprends pas.
Les mormons que je connais sont des gens biens et sensés. Ce
qui me dépasse, c’est comment des gens si bien peuvent
croire à une Église aussi étrange ! »
J’en ai conclu que le meilleur moyen de résoudre ce
paradoxe était d’examiner les questions que les gens se
posent plutôt que nos réponses. Bien qu’il
n’existe pas une réponse idéale à la
question de mon ami, ce qui suit montre l'importance des questions
pour expliquer l'Église.
« Évidemment,
je ne suis jamais allé au paradis, lui ai-je dis. Mais quand
j’essaie de me l’imaginer, l'idée d'une
bibliothèque m’aide : Imaginons que Dieu ait
construit au paradis une bibliothèque énorme. Les
rayons de cette bibliothèque sont remplis de livres pleins de
vérités, de sagesse et de réponses. La plupart
de ces livres n’ont jamais été empruntés.
On se demande pourquoi ces ouvrages sont entreposés dans une
bibliothèque céleste plutôt que d’être
distribués parmi la population humaine ?
La
raison est que les gens n’apprennent que lorsqu’ils sont
prêts à apprendre, et non pas quand nous sommes prêts
à les enseigner. Si Dieu ordonnait à un bibliothécaire
céleste de chercher sur l’étagère la
réponse à la question n°23 et de l’envoyer à
quelqu'un ici-bas, la réponse passerait inaperçue.
Quand on se pose une question, par contre, c’est comme si on
avait un Velcro sur le cerveau là où il faut la
réponse. Quand la réponse est diffusée, elle
vient se coller au Velcro, exactement là où il la
fallait. La règle est donc la suivante : n’importe
qui sur terre peut emprunter un livre, mais il doit auparavant se
poser la question correspondante. »
Je
racontai ensuite à mon ami que trois siècles après
la mort du Christ, les dirigeants de l’Église chrétienne
primitive ont déterminé et annoncé que Dieu
avait déjà donné toutes les réponses.
Croyant avoir tout reçu, on n’était plus obligé
de poser de questions à Dieu. Quand on a arrêté
de poser des questions, la révélation des cieux s’est
arrêtée. On n’avait plus besoin de prophètes.
Les dirigeants d'alors ont éteint la lumière et plongé
l’humanité dans l’âge des ténèbres.
Les
réformateurs tels que Luther, Wesley et Calvin ont commencé
à poser des questions sur les réponses décidées
plusieurs siècles auparavant. Ils ont créé des
Églises qui différaient les unes des autres par leur
façon d’interpréter ces réponses. Ces
hommes ont fait énormément de bien en mettant la Bible
à la disposition de tous dans la langue de chacun et en la
commentant. Mais ils n’ont pas remis en question l'idée
avancée par les premiers dirigeants selon laquelle à
leur époque toutes les réponses avaient déjà
été données à l’humanité.
Ensuite,
je racontai à mon ami qu’en 1820, dans le nord de l’État
de New York, un jeune homme de quatorze ans, Joseph Smith, a prié
pour poser à Dieu une question simple : à laquelle
de toutes les confessions religieuses il devait se joindre. Dieu et
son Fils Jésus-Christ sont descendus des cieux pour lui donner
personnellement la réponse de ne se joindre à aucune de
ces confessions, car elles étaient toutes dans l'erreur. Un
garçon simple avait posé une question simple et avait
reçu une réponse simple.
Pendant
les trois années suivantes, Joseph n’a plus reçu
aucune réponse de Dieu parce qu’en gros il ne posait
plus de questions. Puis, en 1823, à l’âge de
dix-sept ans, Joseph a prié de nouveau avec une question qui,
dans le langage d’aujourd’hui, revenait essentiellement à
ceci : « Désolé de t’avoir perdu
de vue, mais je ne sais pas trop qui doit faire le premier pas. Y
a-t-il quelque chose que tu veux que je fasse ? »
Immédiatement, un ange, Moroni, est apparu et a répondu
à la question de Joseph sur ce que Dieu voulait qu’il
fasse et pourquoi.
Je
trouve intéressant que les bibliothécaires célestes
n’aient pas pris un haut-parleur pour annoncer : « Ca
y est, on a trouvé notre gars ! Vidons la bibliothèque
et envoyons-lui tout ce qu’on a ! » Plutôt
que cela, à maintes reprises au cours des vingt années
qui ont suivi, Joseph Smith a dû poser à Dieu des
questions auxquelles il ne connaissait pas la réponse et
auxquelles Dieu a répondu en complétant certaines des
réponses déjà données et en révélant
des vérités supplémentaires. Mais Dieu n'a pas
tout révélé d'un bloc à Joseph mais lui a
fait comprendre qu’il y avait encore des choses grandes et
importantes à lui révéler concernant le royaume
de Dieu (cependant qu'il continuait à poser des questions).
J’ai
expliqué à mon nouvel ami que de même que l’œuvre
de Luther, de Wesley, de Calvin et d’autres est appelée
la Réforme, celle de Joseph Smith et de ses successeurs est
appelée le Rétablissement — le rétablissement
de l’Église originelle de Jésus-Christ. Joseph
Smith posa des questions dont les réponses n'étaient
pas encore à la disposition de l'humanité. Depuis, nous
en avons appris bien davantage sur le plan de Dieu pour l'humanité
que pendant les dix-huit siècles suivant le décret
qu’il ne restait plus ni réponse ni question. La
différence essentielle entre les autres Églises et la
nôtre n’est pas celle de l’orthodoxie contre la
non-orthodoxie. Il s’agit plutôt d’une différence
dans la profondeur et l’ampleur de notre compréhension
du plan de Dieu pour l'humanité. Cela vient de la qualité
des questions posées. Curieusement, la raison pour laquelle
certains qualifient le l'Église d'« étrange »
est qu'en réalité nous sommes uniques ! Nous ne
croyons pas que Dieu a déjà donné toutes les
réponses à l’humanité, et nous continuons
par conséquent à lui poser des questions.
« Je
vois, a rétorqué mon ami. Mais ça ne vous
dérange pas que tout cela dépende de l’histoire
d’un adolescent de quatorze ans dialoguant avec Dieu et des
anges ? Je trouve que c’est quand même une histoire
difficile à croire.
J'ai
répondu : « Imaginez que vous soyez au ciel et
que vous vouliez donner des vérités et des réponses
à l’humanité. Choisiriez-vous comme porte-parole
sur terre quelqu'un qui est convaincu que le ciel a déjà
répondu à toutes les questions, ou préféreriez-vous
quelqu’un à l’esprit neuf et curieux, avide de
réponses ? Préféreriez-vous un diplômé
en théologie ou un simple garçon ? »
J’ai
résumé ensuite le C.V. des personnes appelées
par Dieu à être prophètes. Nous n’avons de
détails que pour certains, dont Énoch, Moïse,
Samuel, Saul, David, Jérémie et Amos. J’ai
raconté leur histoire en remplissant un tableau aux en-têtes
de colonne suivants : Quel âge avait-il ? Quelle a
été sa réaction en recevant l’appel de
Dieu à devenir prophète ? Le prophète en
savait-il beaucoup sur Dieu ou sur son plan au moment de son appel ?
Si on les connaît, quels étaient son acquis scolaire et
sa profession ?
Cet
exercice a révélé un modèle intéressant :
Tous sauf un étaient des garçons ou des jeunes hommes
au moment de leur appel. Tous ont été surpris de leur
appel et certains ont même essayé de convaincre Dieu
qu’il n'avait pas choisi la bonne personne. La plupart étaient
bergers ; ils ne savaient pas grand-chose sur Dieu ou sur ses
enseignements aux prophètes précédents. Dieu les
a par la suite transformés en orateurs et dirigeants
puissants.
Je
lui dis ensuite : « Vu ce modèle,
l’affirmation qu'au cours des années 1820 Dieu et des
anges sont apparus à un jeune-homme simple et peu instruit que
Dieu a appelé à être son prophète pour le
monde est l’évènement le plus crédible de
l’histoire de la religion depuis plus de dix-huit siècles.
Dieu avait accès aux meilleures personnes du monde. Pourquoi
choisirait-il un simple garçon ? »
Mon
ami a répondu : « Parce qu’il poserait
beaucoup de questions, je suppose. »
Qu’est-ce
qui rend l’Église si différente ? C'est
parce que de nouveau des questions ont été adressées
au ciel. En tant qu’Église et en tant que membres de
l'Église, nous en savons beaucoup plus sur le plan de Dieu
pour l'humanité que ceux qui prétendent que les
bibliothèques célestes n'ont plus rien à révéler
et sont fermées depuis des siècles. Non seulement notre
histoire est crédible, mais elle est vraie.
Puisque
Dieu donne des réponses lorsque nous posons des questions,
cela nous révèle quelque chose sur l'oeuvre
missionnaire : Les gens apprennent quand ils sont prêts à
apprendre, pas simplement quand nous sommes prêts à les
enseigner. Connaître les questions qu’ils se posent sur
la religion me permet de constater que je suis entouré de
beaucoup plus de personnes religieuses que je ne le croyais, car ils
ont tous des questions.
L’une
des choses que j’aime le plus à propos de l'Église
est l’importance des questions. On nous encourage à tous
les niveaux de l’Église à nous demander s’il
existe un meilleur moyen d’établir le royaume de Dieu
(voir D&A 58:26-29). À propos du Seigneur, l'affirmation
« Nous croyons qu’il révélera encore
beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de
Dieu » (9e Article de foi) ne comporte pas de date
d’expiration.
Chapitre
3 : L'oeuvre missionnaire auprès des personnes prospères
Depuis
longtemps on sait que quand les gens vivent dans des circonstances
difficiles qui les amènent à être humbles, ils
sont plus enclins à écouter l’Évangile de
Jésus-Christ (voir Alma 32). Puisqu'ils ont tendance à
accepter l’Évangile, le Seigneur a décidé
que rétablissement de l’Évangile reposerait sur
les faibles et simples (voir D&A 1:19-22).
Une
raison pour lesquelles l'oeuvre missionnaire a tant de succès
chez les gens humbles est que, en tant que membres de l’Église,
nous sommes un peuple serviable et généreux. Nous
invitons ces personnes à entrer dans l’Église en
leur montrant comment l’Évangile nous aide et comment il
les aidera aussi.
En
revanche, l’œuvre missionnaire auprès des
personnes prospères demande souvent une approche différente.
Le constat est le suivant : les gens qui vivent confortablement
ressentent parfois le besoin de s’affilier à une Église.
Mais la plupart du temps, nous aurions plus de succès avec eux
en leur montrant que nous, membres de l’Église, avons
besoin de leur aide.
Bien
que cette idée semble paradoxale à première vue,
elle reflète un mécanisme fondamental de conversion qui
a été exprimé par le Sauveur : « Car
celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa
vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. »
(Marc 8:35)
Autrement
dit, nous devons donner l’occasion de perdre leur vie au
service de l’Évangile non seulement aux gens humbles,
mais aussi aux gens prospères. Bien que beaucoup de personnes
prospères et aisées ne croient pas avoir besoin de
religion, elles ressentent presque toutes le besoin d’aider
autrui.
Voici
un exemple qui illustre ce principe. J’ai grandi à Rose
Park, un quartier sympathique près du centre-ville de Salt
Lake City. Quand j’étais petit, mon père était
instructeur au foyer d’un homme qui s’appelait Phillip
Strong. Phil avait été baptisé quand il était
petit, mais il détestait l’Église. Chaque mois,
mon père emmenait l’un de mes frères ou moi pour
ses visites. Nous frappions à la porte de Phillip. Phillip
venait sur le perron et chassait mon père en menaçant
d’appeler la police. Et chaque mois, mon père revenait
frapper à sa porte et se faisait renvoyer.
Un
novembre, une pluie torrentielle s’est déversée
sur Salt Lake City. Le vent soufflait si fort qu’il enleva une
bonne partie du toit du bâtiment principal de Welfare Square.
Quelqu’un appela mon père, qui faisait partie de
l’épiscopat de notre paroisse, pour voir s’il
pouvait rassembler un groupe d’hommes pour aller à
Welfare Square résoudre le problème. Mon père
quitta donc le travail en avance et alla de porte en porte pour
trouver des bénévoles. La plupart des personnes
acceptèrent d’y aller. Puis il arriva devant chez
Phillip Strong. Il se trouvait que Phillip Strong était
ouvrier qualifié. Mon père allait passer directement à
la maison suivante, mais il s’arrêta et dit : « Non,
il faut que j’invite Phillip Strong. »
Il
frappa à la porte et, comme chaque mois, se fit inviter à
quitter précipitamment les lieux. Mais papa lui dit :
« Phillip, je ne demande pas que vous veniez à
l’Église. J’ai besoin de votre aide. »
Il expliqua le problème et ajouta : « J’ai
un groupe de personnes, mais vous êtes le seul qui sache gérer
ce genre de problème. Pourriez-vous venir juste pour
superviser le travail ? »
Phillip
accepta.
Les
hommes y sont allés vers 17h. Il fallait illuminer le site. La
pluie continuait de tomber et le vent soufflait très fort. Ils
ont travaillé jusqu’à 23h sur la toiture gelée.
Mon père dit qu’à chaque fois qu’il
enfonçait un clou dans le papier goudron, il avait
l’impression d’enfoncer figurativement un clou dans le
cercueil spirituel de Phillip, tellement la tâche était
misérable.
Cependant,
lorsqu’ils descendirent tous du toit, Phillip mit son bras
autour des épaules de mon père et dit : « Ça
fait vingt ans que je ne me suis pas senti aussi bien ! »
Deux semaines plus tard, Phillip Strong est venu à l’Église.
C’était le début de son retour. Par la suite,
Phillip Strong et sa famille ont amené de nombreuses personnes
à l'église de Rose Park et ont fortifié leur
foi.
Notez
la différence : Quand mon père disait en substance
à Phillip : « Phil, tu as besoin de
l’Église », Phil le renvoyait sans
ménagement. Mais dès que le message a été :
« Phillip, l’Église a besoin de toi »,
il a immédiatement répondu favorablement.
En
lien avec ce principe je vais, dans les pages qui suivent, raconter
des expériences vécues par des amis, des membres de ma
famille ou moi-même. Je les raconte pour montrer que nous avons
besoin de nos amis qui ne sont pas encore membres de l’Église
et que ces derniers sont prêts à nous aider. Je vais
raconter ces expériences à la première personne,
même quand elles ont été vécues par
d'autres. Je vais ainsi leur prêter ma voix et leur éviter
de l'embarras.
Presque
chaque appel que nous acceptons dans l’Église peut être
vu comme une occasion missionnaire. Dans le cadre de notre appel,
nous pouvons inviter des gens qui ne sont pas encore membres de
l’Église à se joindre à nous dans le
service du Seigneur. Nous pouvons le faire avec l’assurance
que, tout comme nous ressentons l’Esprit en servant, nos amis
peuvent ressentir ce même Esprit et se rendre compte que malgré
leur prospérité, il manquait quelque chose à
leur vie.
J’espère
que ces expériences donneront une vision du champ de
possibilités dont nous disposons.
Jim,
qu’on le veuille ou non, c’est ça l’Église
J’étais
instructeur au foyer d’une sœur âgée de
notre paroisse. Un samedi en juillet, nous avons vécu toute la
lourdeur d’un été à Boston : il
faisait presque 40 degrés et l’humidité dépassait
les 90 %. Je me sentais mal. Je me suis dit qu’il fallait que
je rende visite à Julia pour vérifier que tout allait
bien. En entrant dans sa maison, j'ai été surpris et
j’ai dit à Julia, qui avait perdu le sens de l’odorat :
« Ça sent la mort dans cette maison ! Quelle
est cette odeur pestidentielle ? » Nous avons suivi
l’odeur jusqu’au sous-sol où nous en avons
découvert la cause. Le Noël précédent, le
fils de Julia, qui vivait en Floride, lui avait expédié
une caisse de pamplemousses. Julia avait mis la caisse dans le vieux
réfrigérateur au sous-sol et l'avait aussitôt
oubliée. Quelque temps après, elle avait entendu une
annonce suggérant que tout appareil inutilisé devait
être éteint. Julia était donc descendue et avait
débranché le réfrigérateur. Au cours des
mois, les fruits avaient pourri et la moisissure s’était
répandue partout. « Julia, il faut qu’on
sorte ce frigo de votre maison et qu’on l’apporte à
la décharge », ai-je dis.
Rentré
chez moi, j’ai appelé tout le monde sur le répertoire
de paroisse mais personne n’était disponible. Désespéré,
j'ai demandé de l'aide à mon voisin Jim. Plusieurs fois
déjà j’avais demandé à Jim s’il
souhaitait en apprendre plus sur l'Église, mais il avait
toujours aimablement refusé. En revanche, à cet appel
au secours, il a répondu sans hésiter.
Non
seulement il faisait chaud et humide ce jour-là, mais en plus
il nous fallut deux heures de dur travail pour venir à bout de
notre tâche. Le vieux réfrigérateur était
très lourd et plus large que l’escalier branlant qui
comprenait deux virages serrés. Nous avons dû enlever la
balustrade, puis enlever la porte du réfrigérateur. Nos
vêtements ont très vite été trempés,
tellement nous transpirions. Après être arrivés
au premier virage de l’escalier et avoir posé le
réfrigérateur sur le palier, Jim m'a dit : « Bon,
parle-moi de ton Église. »
En
m’essuyant le front, j'ai répondu : « Franchement,
Jim, qu’on le veuille ou non, c’est ça l’Église. »
J’ai expliqué ensuite comment fonctionne le service
pastoral, j’ai mentionné combien cette sœur avait
besoin de nous, et j’ai raconté comment nos propres
frères du service pastoral avaient aidé ma famille. Je
lui ai raconté aussi que comme les étudiants
emménageaient et déménageaient tout le temps
dans notre quartier, notre famille était souvent en train de
charger ou décharger un camion de déménagement.
Jim
était incrédule. Il a dit : « Dans
notre Église, on écoute le sermon et on rentre chez
nous. Je ne sais pas le moins du monde qui pourrait avoir besoin de
moi, et personne n’a le moyen de savoir si j’ai besoin
d’aide. J’aime ce genre de chose. La prochaine fois que
vous les mormons avez besoin d’aide, pourriez-vous me la
demander ? »
Bien
que j’aie essayé par le passé de parler de
religion avec Jim, il n'avait jamais été intéressé.
Ce qui l'intéressait, c'était d’aider les autres.
À occasion Jim a ressenti ce qu’il avait rarement
ressenti dans son Église, et par la suite il a accepté
notre invitation à suivre les leçons missionnaires.
Tom,
qui ne savait pas qu’il était intéressé
Il
y a quelques années, j’ai fait la connaissance de Tom
Singleton et l’ai invité à participer à
nos matches de basket du samedi matin – nous nous réunissions
à 7h à l'église. Tom a commencé à
venir et il semblait apprécier la camaraderie. J’ai
pensé que Tom serait un bon candidat pour les leçons
missionnaires et lui ai demandé s’il voulait les suivre.
Il a répondu : « Si je dis que ça ne
m’intéresse pas, vous me laisserez continuer à
faire du basket avec vous ? »
« Bien
sûr », ai-je répondu.
Tom
a ajouté avec sa franchise typique : « Tant
mieux. Ça ne m’intéresse pas. »
Tom
a continué à jouer avec nous. Il semblait tellement
aimer les matches avec les frères de la paroisse que quelques
mois plus tard je l'ai invité à nouveau à venir
chez nous pour apprendre ce qui nous motive.
« Est-ce
que les règles ont changé ? A demandé Tom.
—
Quelles
règles ? Ai-je répondu.
—
Tu
m’avais dit que je n’avais pas besoin de devenir membre
de ton Église pour faire du basket.
—
Bien
sûr que non, tu n’es pas obligé, Tom. On est
heureux de t’avoir. Je pensais seulement que tu voudrais
peut-être savoir ce que tous ces hommes ont en commun, ai-je
dit.
—
Merci,
mais vraiment, ça ne m’intéresse pas. »
A
ce moment-là, un nouveau missionnaire venait d'arriver dans
notre paroisse. Il avait toujours été difficile de
trouver de nouvelles personnes à enseigner dans notre région,
et par conséquent ce jeune missionnaire n’avait rien
enseigné au-delà de la première leçon
pendant les trois premiers mois de sa mission. Quelques semaines plus
tard, après un match de basket, j'ai pris Tom Singleton à
part. Je lui ai dit : « Tom, je sais que te convertir
ne t’intéresse pas. Mais je me demande si tu pourrais
m’aider. Tout comme lorsque j’étais missionnaire
en Corée, de jeunes missionnaires sont affectés ici
pour enseigner. Ils sont censés se former pour être en
mesure d'enseigner une série de leçons à ceux
qui s’intéressent à notre Église. Le
problème est que tout le monde dans cette région semble
être solidement catholique comme toi. Personne n’est
intéressé. Sans personne à enseigner, ils n’ont
pas réussi à apprendre ces leçons mais il faudra
qu’ils soient prêts pour le jour où ils
rencontreront quelqu’un qui est curieux d'apprendre. Serait-il
possible que ces hommes viennent chez toi pour travailler leurs
leçons avec toi ? Je veux que tu sois dur avec eux —
on veut que l’entrainement soit aussi réaliste que
possible. » Tom a accepté l’invitation.
J’ai
expliqué la situation aux missionnaires — que Tom
n’était pas intéressé par l'Église
mais qu’il avait offert de les aider à répéter
les leçons. Je leur ai dit d’être aussi sincères
que possible. Je les ai accompagnés à la première
leçon pour vérifier qu’ils suivaient cette
recommandation. À la fin de la première leçon,
le deuxième collègue a sorti un exemplaire du Livre de
Mormon et l’a offert à Tom et à sa femme, Ann, en
disant : « Voudriez-vous lire ce livre ? »
À notre grande surprise, ils l’ont accepté et ont
dit qu’ils le liraient. Ils l’ont fait, et ils ont fini
par être baptisés.
Quand
mon invitation était centrée sur son intérêt
pour l’Église, elle n'avait pas d'effet. Mais dès
que je lui ai demandé de l’aide, il a répondu
positivement. Lui et sa femme ont beaucoup apporté à
notre paroisse.
Un
œil de mouche, une tige en acier soudé et de l’alcool
Quand
j’étais dans la présidence des Jeunes Gens de ma
paroisse, chargé de superviser les prêtres, nous avions
consacré le troisième mardi de chaque mois à une
soirée d’orientation. Nous retrouvions un membre de la
paroisse sur son lieu de travail où il nous montrait et nous
expliquait en quoi consistait son métier.
À
cette époque, l’un des meilleurs scientifiques de mon
entreprise, Mark, semblait en vouloir aux membres de l'Église,
et il profitait de chaque occasion pour tourner en dérision
l’Église, quelle que soit la conversation.
Un
dimanche avant une soirée d’orientation prévue,
le frère qui devait nous présenter sa profession a dû
annuler à cause d’un voyage d’affaires de dernière
minute. Le lendemain, j’ai parlé à Mark de
l'activité d’orientation et lui ai dit que notre
prochain présentateur ne pouvait plus le faire. « Mark,
je suis désolé de vous le demander à la dernière
minute, dis-je, mais serait-il possible que vous expliquiez la
science des matériaux à nos garçons demain soir
si on les amène ici à votre laboratoire ?
—
Avec
plaisir, a-t-il répondu. À quelle heure arrivent-ils et
à quelle heure doivent-ils avoir terminé ? »
Le
lendemain soir nous avons eu l’activité probablement la
plus passionnante de toute l’histoire de notre programme pour
les jeunes. Mark était expert dans l’utilisation du
microscope électronique et nous a expliqué que quand on
recouvre d'or l’échantillon à observer, la clarté
de l’image était décuplée. Mark avait tué
une mouche et avait pulvérisé dessus une fine pellicule
d’or. Nous avons passé deux heures à étudier
l’œil d’une mouche avec un microscope électronique.
Chaque prêtre est reparti, décidé à
devenir scientifique.
J’ai
rencontré un autre homme qui était chef d’un
atelier de soudage. Je lui ai demandé d’apprendre à
mes prêtres à souder. Quand nous sommes arrivés,
il avait découpé des tiges en morceaux et en a
distribué un échantillon à chaque garçon.
Il avait prévu d’en faire un de moins que nécessaire
pour pouvoir montrer aux garçons comment couper une tige en
acier à l’aide d’un chalumeau. Il a passé
la soirée à aider chaque garçon à souder
ses tiges pour fabriquer un tabouret à emporter chez eux. Ces
tabourets étaient vraiment bien, et ces adolescents de
dix-sept ans rayonnaient de fierté lorsque nous sommes partis.
Quand j’ai voulu payer mon ami pour tout l’acier que nous
avions utilisé, il a refusé et m'a remercié de
nous être intéressés à son travail.
Une
autre fois, j’ai demandé à un policier
d'expliquer son travail aux garçons. Entre autres choses, il
leur a présenté le protocole pour appréhender
les conducteurs soupçonnés d’être en état
d’ivresse. Il avait apporté une bouteille de bourbon et
en a pris une gorgée (un acte plutôt inhabituel chez un
membre de l'Église !) pour que les garçons
puissent sentir son haleine pour apprendre à jauger le taux
d’alcool.
Dans
tous les cas, ces activités avec mes amis non-membres ont été
de qualité. On ne leur avait jamais demandé une telle
chose auparavant, et ils semblaient être flattés que les
garçons s’intéressent à leur métier.
Aucun de ces amis n’est encore membre de l'Église, mais
ils ont une idée de l’essence de notre religion et ils
l'ont reçue de façon bien plus marquante que s’ils
avaient simplement lu quelque chose sur nous.
Le
meilleur samaritain
Il
y a quelque temps, j’ai appelé mon amie Susan, qui
n’était pas membre de l'Église, et lui ai
demandé : « J’enseigne un cours pour les
enfants de neuf ans à notre Église. Dans deux semaines,
je devrai leur enseigner l’une des leçons les plus
importantes de l’année : celle du Bon Samaritain.
Susan, tu es l’un des meilleurs exemples de bon samaritain que
je connaisse. Voudrais-tu m’aider à préparer et à
enseigner cette leçon ? » Susan ne croyait pas
mériter un tel compliment mais elle a accepté avec
plaisir.
À
la fin de notre rendez-vous où Susan et moi avons préparé
la leçon, je lui ai dit : « Une des pratiques
de notre Église est de terminer un discours ou une leçon
par un témoignage, c’est-à-dire une déclaration
de notre conviction personnelle sur le sujet. Je rendrai probablement
un témoignage simple sur mes sentiments personnels à
propos du principe du Bon Samaritain. Ne te sens pas obligée
de faire pareil, mais si tu veux le faire, je suis sûr que cela
touchera certains des enfants.
Susan
a répondu : « Si tu crois que les enfants en
profiteront, je ferai de mon mieux. »
La
leçon s’est très bien passée. Après
mon témoignage, Susan a dit, les larmes aux yeux, comment elle
se sentait à chaque fois qu’elle aidait quelqu’un
d’autre. Pendant que nous rangions la salle, après le
départ des enfants, Susan m'a remercié et m'a dit :
« Je ne montre jamais mes émotions comme ça.
En fait, je n’ai jamais ressenti ce que je ressens en ce
moment. Ça t'arrive à toi aussi ?
—
Oui,
ai-je répondu. Ce que tu ressens est l’Esprit de Dieu.
C’est comme cela que Dieu te dit que ce que tu viens de dire
est vrai.
Susan
a ajouté : « Si jamais tu as besoin de
quelqu’un pour t’aider à donner une autre leçon,
je serais ravie de le faire. Je n’ai jamais ressenti une chose
pareille ! »
Coordinateur
du pain de la Sainte-Cène
Plusieurs
mois après notre emménagement dans une grande paroisse,
on m’a appelé comme coordinateur du pain pour la
Sainte-Cène. L’appel consistait tout bêtement à
apporter du pain le dimanche. Je ne m’étais pas rendu
compte à quel point j’avais besoin de me sentir utile,
et cet appel m’indiquait qu’on n’avait pas besoin
de moi !
Peu
de temps après, j’ai entendu quelqu’un à
l’église dire que chaque appel, d’une manière
ou d’une autre, peut se transformer en appel missionnaire. Je
me suis alors dit : « Est-il possible que je
transforme l’appel de coordonnateur du pain pour la Sainte-Cène
en appel missionnaire ? »
Après
quelques instants de réflexion, je me suis dit : « Je
déteste faire du pain maison. Mais peut-être que je
pourrais faire une liste de soeurs semi pratiquantes ou de femmes en
dehors de l'Église qui aiment faire la cuisine. Je pourrais
leur expliquer mon appel à l’Église et leur dire
que je voudrais m’y engager à fond. Je leur dirais :
Je ne veux pas seulement apporter du pain ; je voudrais apporter
du pain fait-maison pour montrer au Seigneur que la Sainte-Cène
est quelque chose de sacré et d’important pour moi.
Pourriez-vous m’enseigner à faire le meilleur pain du
monde, quelque chose que je serais fier d’apporter à la
réunion de sainte-cène le dimanche ? »
J’ai
décidé de tenter cette idée. Comme il faut
laisser lever la pâte, cette tâche prenait environ trois
heures chaque samedi. Aucune des femmes n’a refusé mon
invitation, et elles avaient toutes préparé leur
meilleure recette. Je suis vite devenu un fin connaisseur en
panification. Mais plus important, cela m’a permis de disposer
de trois heures pour parler de beaucoup de choses, y compris de
l’Évangile.
Remplir
un camion de déménagement
Tôt
un samedi matin, j’étais en train de travailler avec
cinq autres membres de notre paroisse. Nous chargions un camion de
déménagement avec les meubles et autres biens de la
famille Simpson. Ils déménageaient dans un autre État,
et ils allaient nous manquer. Petit à petit, nous nous sommes
rendu compte que les Simpson avaient beaucoup plus de choses à
charger que ce qu’on avait prévu.
Plusieurs
parmi nous avaient d’autres engagements ce jour-là et je
me demandais comment nous allions finir le chargement avant de
pouvoir partir. J’ai remarqué que Dave, le voisin des
Simpson, était assis sur son perron et nous regardait en
fumant sa cigarette. Je l’ai abordé, me suis présenté
et lui ai dit : « Est-ce que vous pourriez nous
aider ? Nous avons un peu de retard. »
—
Bien
sûr, a-t-il répondu en éteignant sa cigarette.
Dave nous a été d’une très grande aide et,
grâce à lui nous avons pu finir à l’heure.
Une fois que tout le travail a été fait, nous avons
tous serré la main de Dave pour le remercier de son aide. Dave
a lors demandé : « Vous êtes qui au
fait ? »
Je
lui ai parlé de l’Église et du principe de
l’entraide et lui ai dit : « Si vous avez un
peu de temps et que cela vous intéresse, pourrais-je revenir
vous parler davantage de notre religion ? C’est vraiment
un groupe de personnes formidables.
—
Bien
sûr. Je n’ai pas grand-chose à faire donc c’est
quand vous voulez, je suis assez libre.
Dave
a été baptisé par la suite, ainsi que ses
enfants. Depuis, il est devenu travailleur au temple.
Le
présentoir de dépliants
J’avais
décidé qu’il nous fallait un présentoir à
l'entrée de l'église pour y mettre des dépliants
sur l’Église, pour que les membres de la paroisse
puissent en donner à leurs amis. Mon voisin, qui était
scientifique, avait comme passe-temps dans son garage le travail du
bois et la construction de meubles. Je lui ai demandé de
m’aider à trouver quelques idées pour concevoir
un présentoir de dépliants. Il m'a demandé
quelques dépliants pour avoir une idée de ce qu’il
faudrait comme présentoir. Je lui en ai donné
quelques-uns. Le lendemain soir, il a frappé à ma porte
pour me montrer ses croquis. Son projet de présentoir était
magnifique.
« Mel,
lui ai-je dit, je n’avais pas l’intention de te demander
ce niveau de travail. Je pensais que tu pourrais juste me donner
quelques idées générales. Je suis vraiment
reconnaissant de ce que tu as fait. »
Il
m'a posé quelques questions puis m'a dit : « Laisse-moi
garder ces desseins un jour de plus. Je voudrais changer quelques
petits détails. »
Le
lendemain soir, Mel a frappé à notre porte. Il avait en
main tous les éléments du présentoir, coupés
dans du bois de chêne.
« Mel,
c’est beaucoup plus que ce que j’imaginais, ai-je
protesté. Il ne fallait pas faire ça. Mais qu’est-ce
que c’est beau ce que tu as fait ! Je vais pouvoir les
assembler. »
Mel
m'a montré comment tout devait s’emboîter, a posé
quelques questions et a ajouté : « Je voudrais
faire quelques petites modifications, je te les rapporterai demain. »
Le
lendemain, Mel s'est présenté chez nous avec le
présentoir entièrement assemblé, collé,
poncé et ciré à la main. La conception et la
réalisation du présentoir étaient absolument
magnifiques.
Quand
je lui ai exprimé mon émerveillement devant son
ouvrage, Mel m'a demandé : « Est-ce qu’on
peut l’installer dans ton église ce soir ? »
J'ai répondu que j’avais déjà beaucoup
abusé de sa gentillesse, mais Mel a rétorqué :
« Écoute, je sais comment fixer cet équipement
sur les murs de plâtre. Si ce n’est pas fait
correctement, un gamin l’arrachera facilement. Viens avec moi
et je te montrerai comment faire. »
À
21h ce soir-là, il y avait un beau présentoir plein de
dépliants missionnaires à l’entrée de
l'église. J’étais émerveillé de
voir ce que Mel avait fait. Je lui ai fait une petite visite guidée
du bâtiment. À la fin, nous nous sommes assis dans la
salle de culte. Je lui ai un peu parlé de l’histoire du
bâtiment puis nous avons parlé de ses questions sur
l’Église.
De
l’aide pour mon discours
Il
y a quelques mois, on m’a demandé de donner un discours
à la Sainte-Cène. Je suis la pire oratrice de la
paroisse : je me fige quand je monte au pupitre. Mais cette
fois-ci, j’ai demandé à mon amie Megan de
m’aider. Elle n’est pas membre de l’Église,
mais elle a toujours l’air sûre d’elle uand elle
parle aux réunions de l'association de parents d’élèves.
Je l’ai appelée et lui ai demandé si elle pouvait
m’aider à faire un discours à la réunion
de Sainte-Cène. Megan m'a répondu qu'elle m’aiderait
avec plaisir. Une fois que j’ai eu fait un brouillon de mon
discours, Megan est venue chez moi pour que je le répète.
Megan m’a donné beaucoup de commentaires sur le contenu
du discours, en particulier sur les points qui n’étaient
pas clairs pour elle en tant qu'étrangère à
l'Église. Elle m’a donné de très bons
conseils sur mon élocution. Elle m’a beaucoup
complimentée, je suis sûre qu’elle le faisait pour
me donner confiance en moi.
Quand
j’ai remercié Megan de son soutien et de son aide, elle
m'a demandé : « Puis-je venir à la
réunion pour voir quand tu le feras pour de vrai ? »
J’ai été surprise mais lui ai répondu que
j’en serais honorée.
À
la fin de la réunion, Megan m'a dit : « Super !
Vraiment, bon boulot ! J'ignorais que l’Église
mormone était comme ça. Si tu as besoin d’aide la
prochaine fois, appelle-moi ! »
Dans
quelle mesure ces principes s’appliquent-ils ?
L'expérience
de ces personnes très diverses m'a appris que lorsque nos
invitations à en découvrir davantage sur l’Église
se concentrent sur la doctrine ou sur l'aide que l’Église
pourrait apporter à ces gens, il n’y a pas de déclic
car ce n’est pas ce que cherchent les gens prospères.
Par contre, chez beaucoup de ceux qui sont satisfaits de leur vie, la
lumière du Christ crée un besoin profond d’aider
autrui. Tous les enfants de Dieu ont besoin de trouver le moyen de se
perdre au service du Sauveur, et nous sommes bien placés pour
les aider à le trouver. Or, ceci est en harmonie avec les
pensées et les voies de Dieu.
Inviter
les autres à nous aider leur permet de se sentir utiles, de se
rendre compte que nous avons beaucoup en commun, et de ressentir
l’Esprit. Quand ces sentiments surviennent, beaucoup de
personnes finissent par se rendre compte qu'il manque quelque chose à
leur vie. Quand nous aidons les autres à faire la volonté
de Dieu, ils comprennent la nature de l’Église et de
l’Esprit.
Grâce
à la structure de l'Église, nous avons des occasions
d’aider autrui 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous
considérons ces occasions comme quelque chose de normal.
Cependant, la plupart des autres personnes ne savent pas où
trouver de telles occasions. Elles se contentent de leur vie, vivent
parmi des personnes qui s’en contentent aussi, et elles
fréquentent des Églises qui ne fournissent pas de
telles occasions. En réalité, nous n’apprécions
pas notre situation à sa juste valeur.
Quand
mes amis vivent une bonne expérience en m’aidant, je
mets en pratique les principes du chapitre précédent :
je sépare notre amitié de mon invitation à en
apprendre davantage sur l’Évangile en leur demandant de
me promettre de dire « non » s’ils ne
sont pas intéressés. Si je ne fais pas cela, ils
peuvent croire que j’ai une arrière-pensée en
leur demandant de l’aide. Je dois m’assurer aussi qu’ils
savent que j’ai vraiment besoin de leur aide et que j’en
suis reconnaissant.
Il
y a plusieurs années, j’ai parlé des principes
présentés dans ce chapitre avec Gary Crittenden, qui à
l’époque était le président du pieu de
Yorktown (dans l’état de New York), ainsi qu’avec
les dirigeants de pieu et de paroisse. Ils ont décidé
que le plans de mission de chaque paroisse devait se concentrer sur
deux choses. Premièrement, ils ont demandé aux membres
de participer à la vie d'organisations de leur collectivité
afin de connaître beaucoup plus de personnes. Deuxièmement,
ils ont demandé à chaque membre de leur unité de
s’engager à inviter quelqu’un d'extérieur à
l'Église à l’accompagner pour rendre un service
pour l'Église. Le pieu couvre certains des quartiers les plus
riches du monde, et ses statistiques de baptêmes avaient
toujours été les plus faibles des pieux de la Mission
du Nord de New York. Quand les membres du pieu ont commencé à
demander aux gens de servir à leurs côtés, le
nombre de baptêmes a triplé l’année
suivante, faisant de ce pieu celui de la mission où il y avait
le plus grand nombre de baptêmes, dépassant même
les pieux dont la population vivait plus modestement.
Dieu
n’a pas réservé aux membres pratiquants de
l’Église la possibilité de ressentir l’Esprit.
Ceux qui ne sont pas membres de l'Église et ceux qui sont non
pratiquants ou semi pratiquants peuvent ressentir le même
Esprit quand on leur donne l’occasion de s'oublier dans le
service du Sauveur et de son Évangile.
Chapitre
4 : Faire part de la vérité au travail avec fierté
et assurance
L'activité
professionnelle, les études à l’école ou à
l’université et toute activité dans une
organisation civile sont des situations de notre vie où nous
interagissons avec un grand nombre de personnes qui ne partagent pas
notre foi. La plupart d’entre nous passons beaucoup de temps au
travail et on croit souvent qu'il est délicat ou même
déplacé de parler de l’Église avec les
autres au travail. Parmi toutes les batailles de la guerre que nous
livre l'adversaire, celle-ci en est une de taille et bien souvent
nous plions et cédons devant l’adversaire. Prêcher
debout sur une estrade, à la manière de Heber C.
Kimball, n'est pas la seule méthode qui existe. Au travail,
d’autres méthodes, tout aussi hardies et directes de
faire part de l’Évangile, fonctionnent beaucoup mieux.
Certains
penseront que je peux faire part de l’Évangile au
travail parce que ma vie est très différente de la
leur, que je suis relativement installé dans ma profession,
que personne ne va me renvoyer si je le fais. Ils se disent que leur
situation est bien différente et que s'ils font part de
l'Évangile au travail ils vont se faire virer ou, au moins,
marginaliser.
Il
est difficile de savoir si mon cas est si particulier. Tout ce que je
peux dire, c’est que j’ai eu quatre carrières
différentes : sept ans d’études supérieures,
cinq ans comme consultant, cinq ans comme entrepreneur et maintenant
vingt ans dans le monde universitaire. À chaque fois, je
n’étais ni connu ni installé au départ, et
j’ai quitté certains de ces métiers modestement.
Cependant, dans chaque situation, j’ai essayé de faire
part de l’Évangile avec autant de personnes que
possible, peu importe mon poste. Dans chaque situation, j’ai
essayé, pour devenir un meilleur missionnaire, d’apprendre
ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en faisant part de
l’Évangile.
J'affirme
avec conviction que quand le Christ a dit : « Cherchez
premièrement le royaume et la justice de Dieu ; et toute
ces choses vous seront données par-dessus »
(Matthieu 6:33), ce n’étaient pas des paroles en l’air.
J’ai réellement ressenti l’augmentation de mes
capacités personnelles au-delà de ce qu’elles
auraient pu être autrement, parce que justement j’ai
cherché à contribuer à l’édification
du royaume de Dieu même lorsque j’étais au
travail.
Un
paradoxe formulé par l'adversaire
Comme
le travail est le lieu où nous pouvons le plus facilement
rencontrer des gens et entamer des conversations sur l’Évangile,
l'adversaire a tout intérêt à empêcher ces
échanges. Pour expliquer comment l'adversaire nous ferine,
voici le dialogue imaginaire que j’ai eu avec lui ou avec l’un
de ses émissaires. Ne vous inquiétez pas : à
chaque fois que l'adversaire nous tente, nous tenons une conversation
en quelque sorte, puisqu’il parle à notre esprit pour
nous convaincre de pécher par omission ou commission et que
notre esprit répond en approuvant ou pas. J’ai essayé
de reproduire — et je m’excuse d’avance auprès
de l’auteur renommé C. S. Lewis — le style de son
chef-d’œuvre Tactique du diable. C’est une
conversation mentale qui se tient plusieurs fois par jour entre les
membres de l’Église et l'adversaire qui tente de les
dissuader de faire ce qui est juste. Je vais nommer cet adversaire
Empêcheur.
« Attends,
Empêcheur, tu me dis que quand je suis au travail, je ne
devrais parler à personne de mes convictions, que ce n’est
pas politiquement correct, que les gens seront offensés si je
le fais et que la religion est une affaire personnelle, n'est-ce
pas ?
—
C'est
tout à fait ça, répondit Empêcheur.
—
Mais
Jésus-Christ veut que je fasse part de son Évangile
avec tout le monde, même avec mes collègues de travail !
—
Bien
sûr qu’il le voudrait, rétorqua Empêcheur.
Qui ne voudrait pas cela ?
—
Voici
donc le problème : Imagine que je suive ton conseil et
que je ne parle de l’Évangile à personne au
travail. Pendant soixante heures par semaine (y compris le trajet),
tu interdis l'oeuvre missionnaire, c’est ça ? Le
problème est que le samedi je dois passer du temps en famille,
et ils sont déjà tous membres de l'Église. Le
dimanche, je passe du temps en famille à l’Église
où tout le monde est membre de l'Église. Tu me dis
alors qu’en dehors de ces sept jours de la semaine, je peux
faire part de l’Évangile avec les autres. Est-ce que
j’ai bien compris ?
—
Exactement,
répondit Empêcheur. N’est-ce pas magnifique ? »
Bien
que la majorité d’entre nous n’ayons pas
contextualisé la conversation de cette façon, nous
avons presque tous eu cette conversation et ceci nous semble être
un paradoxe : le fait de savoir que le partage de l’Évangile
plairait au Seigneur, mais que cela semble impossible.
Si
l’interdiction de parler de religion au travail découlait
d’une préférence des dirigeants des entreprises,
il y aurait une différence d'opinion sur le sujet d’un
organisme à un autre. Si la règle empêchant les
conversations religieuses était basée sur la crainte de
la diminution de la productivité des employés, les
conversations sur d’autres sujets tels que la politique, la
culture et le sport seraient également vues comme des
distractions à l'encontre de la productivité au
travail. Le fait que l’interdiction ne s’applique qu’à
la religion et dans presque chaque lieu de travail me dit qu'il
s'agit d'une conviction culturelle particulière insufflée
par l'adversaire. Je ne vois aucune autre explication.
Pourquoi
l'adversaire se soucie-t-il tant du sujet de nos conversations au
travail ou à l’école ? C’est une
attaque qui s'inscrit dans la guerre qu'il a lancée dans les
cieux contre le libre arbitre. Ayant perdu la bataille dans
l’existence prémortelle, il use à présent
d'une stratégie différente pour contrecarrer le libre
arbitre sur terre. Pour que le plan de Dieu se réalise,
l’occasion de choisir entre le bien et le mal doit être
présentée à chacun de nous ; sinon, nous ne
pourrions agir par nous-mêmes. Comme a dit Léhi :
« C’est pourquoi, le Seigneur Dieu donna à
l’homme d’agir par lui-même. C’est pourquoi,
l’homme ne pourrait agir par lui-même s’il n’était
attiré par l’attrait de l’un ou de l’autre. »
(2 Néphi 2:16)
Sachant
que le plan de Dieu requiert qu'il lui soit permis de nous tenter,
comment l'adversaire peut-il employer cette connaissance à son
avantage dans sa guerre contre le libre arbitre ? Il n’a
qu’à convaincre les membres de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours qu’il est
bizarre et politiquement incorrect de parler du plan de Dieu avec les
autres au travail. Du coup, les gens sont privés de
« l’attrait de l’un ou de l’autre »
et de la possibilité de choisir l'Évangile.
L'adversaire
semble souvent gagner cette bataille dans sa guerre contre le libre
arbitre. Gary Lawrence et moi avons observé que beaucoup moins
de dix pour cent des saints des derniers jours invitent leurs
voisins, leurs camarades de classe et leurs collègues à
en apprendre davantage sur l’Évangile de Jésus-Christ.
Si les saints des derniers jours se taisent, les gens ne peuvent agir
par eux-mêmes, et c’est exactement ce que veut
l'adversaire. C’est un problème sérieux.
Quelques
façons de faire part de l’Évangile au travail
Savoir
que la peur de discuter de nos croyances est le résultat d'une
construction théorique de l'adversaire me donne du courage.
Nous ferions bien de reconnaître la menace que représente
l'adversaire sur les discussions sur les convictions religieuses au
travail. Mais ne nous laissons pas décourager. J’ai
appris qu’il y a deux façons très différentes
d’être missionnaire : par le précepte et par
l'exemple. La première est d’expliquer l’Évangile
et son rétablissement sur terre. La deuxième est
d'expliquer les principes de l'Évangile de manière
visible lorsqu'il s'agit de résoudre des problèmes au
travail. L'une comme l'autre, ces deux façons de faire nous
permettent de rendre témoignage.
Par
le précepte
Quand
on emploie l’expression « faire part de
l’Évangile », notre première réaction
est souvent de faire part de choses matérielles : des
dépliants, des exemplaires du Livre de Mormon et ainsi de
suite. Je trouve difficile cette façon de faire part de
l'Évangile au travail car elle interrompt le travail plutôt
que de s’adapter à son rythme. Cette façon de
faire peut même détourner l’attention du contenu
de l’Évangile.
Un
meilleur moyen que j’ai trouvé est de mettre mon
témoignage et l’histoire de ma vie sur l'Internet. Cela
s’adapte plus facilement au rythme du travail parce que je peux
le communiquer pendant mon temps libre et les autres peuvent le lire
pendant leur temps libre. Si ensuite j’intègre du
vocabulaire religieux ou lié à l'Église dans mes
conversations, comme je l'ai préconisé plus haut, je
peux envoyer mes collègues sur ce que j’ai écrit
sur l'Internet.
Plusieurs
fois par semaine, des collègues réagissent à mon
usage de termes religieux ou liés à l'Église en
disant : « Je crois en Dieu aussi », ou
« Moi aussi, je suis croyant. »
Je
peux donc répondre : « Nous sommes bien béni
de croire en Dieu, non ? J’ai de la peine pour ceux qui ne
croient pas. D’ailleurs, il y a quelque temps j’ai résumé
mes idées sur la foi sur mon site web. Voici le lien si cela
vous intéresse. J’aimerais bien savoir ce que vous en
pensez. Avez-vous aussi un site avec vos opinions ? »
et ainsi de suite.
En
règle générale, la plupart des gens au travail
croient en Dieu. La minorité qui est convaincue que Dieu
n’existe pas ou que les conversations sur la religion sont
interdites impose parfois son opinion à la majorité.
J’ai trouvé qu'au travail si j’ai le courage
d’intégrer à mon langage des termes religieux ou
liés à l'Église et que je le fais de manière
normale et pragmatique, je libère en réalité
beaucoup de mes collègues des entraves qui m’avaient moi
aussi limité à l’origine.
L’année
dernière, les présidents de deux universités
importantes de la région de Boston m’ont remercié
d’avoir parlé ouvertement de Dieu. Les deux ont décrit
l’isolement qu’ils avaient ressenti à cause des
athées de leur établissement qui prétendaient
haut et fort que la foi et la religion sont des sujets de
conversation inappropriés.
Même
dans des établissements laïques comme le mien, j’ai
trouvé tant de personnes disposées à parler de
leur foi en Dieu que je pourrais, avec seulement une petite partie
d'entre eux, passer des heures tous les jours. Dans la majorité
des cas, cette façon de faire part de l’Évangile
a fonctionné parce nos discussions ont commencé quand
nous étions disponibles. Et le travail n’a pas été
perturbé par nos échanges.
Par
l'exemple
Une
autre façon de faire part de l’Évangile au
travail est d’appliquer l’Évangile ouvertement
pour résoudre les problèmes rencontrés. Il
s'agit de circonstances permettant d'instruire les autres. L'acte
d'enseigner ne se fait pas toujours devant une classe. Le plus
souvent, il s'agit d'expliquer en privé la façon de
faire ceci, de mieux réussir cela, de résoudre tel
problème, de mieux communiquer, etc. La plupart des
enseignants donnent aux apprenants une liste de choses à faire,
de façon didactique. Les bons enseignants, eux, illustrent
leurs cours d'anecdotes. C’est en grande partie pour cela que
le Sauveur était un si bon instructeur : il employait des
métaphores, des histoires et des paraboles pour illustrer les
points principaux. Le grain de sénevé, le passereau, le
bon Samaritain et le fils prodigue nous aident à visualiser ce
que le Sauveur veut que nous fassions. À chaque fois qu'au
travail je suis en situation d’enseigner, j’essaie de
trouver une histoire pour illustrer ce qu’il faut faire.
Les
trois expériences personnelles qui suivent démontrent
comment nous pouvons puiser dans l’Évangile pour
résoudre des problèmes communs.
Utilisation
du modèle de l’enseignement au foyer dans les programmes
d’employés
Il
y a plusieurs années, j’étais consultant d’une
énorme entreprise européenne qui produit des produits
d’hygiène de marque. Elle emploie des centaines de
milliers d’employés et ses produits se trouvent dans la
plupart des foyers du monde. Le défi particulier que nous
avions était celui-ci : l’entreprise n’arrivait
pas à investir dans des produits innovants qui pouvaient
apporter des résultats à long terme. La priorité
était donnée aux projets susceptibles de se concrétiser
dans les deux ans maximum.
L’une
des causes était le système qui identifiait les
employés à fort potentiel dans l’entreprise, les
managers juniors intelligents, débrouillards et ambitieux dans
une hiérarchie compétitive. Ils étaient
prédestinés à devenir les futurs dirigeants dans
les dix ou vingt ans. Pour les préparer, on établissait
pour chacun de ces managers à fort potentiel un plan de
carrière ; ce plan les envoyait pendant des périodes
de deux ans comme managers dans des filiales autour du monde. Ces
mutations étaient sous-tendues par des objectifs de marketing,
de gestion de nouveaux projets, de production, de finance etc. L’idée
était qu’à travers cette série de
mutations, les employés à fort potentiel pourraient
avoir une excellente connaissance du fonctionnement de l’entreprise
et de la façon dont toutes ses parties se complètent.
Quand
j’ai demandé à mon hôte comment cette série
de mutations était déterminée, il m'a dit que
ces managers juniors, après avoir passé dix-huit mois
sur un projet, étaient classés par leurs supérieurs
selon ce qu’ils avaient réalisé. Il y avait des
affectations très convoitées et des affectations moins
intéressantes. Les managers à fort potentiel qui
avaient le mieux réussi dans leur projet recevaient de
meilleurs projets à la mutation suivante. Cela voulait dire
qu'en huit à dix ans, à peu près cinq managers
se distinguaient comme leaders et avaient tellement monté en
puissance qu’ils étaient largement devant le reste du
peloton dans la compétition pour devenir le prochain PDG.
Je
dis à mon hôte : « Voici le problème :
Si on découvre une innovation importante qui ne portera des
fruits qu’après dix-huit mois, aucun manager à
fort potentiel ne la proposera. S'il le faisait, ses rapports
reflèteraient surtout les coûts subis et peu de
résultats pendant les dix-huit mois. Le système
d’identification des forts potentiels disqualifie d'entrée
de jeu les investissements à long terme et encourage la
mentalité du court terme parmi vos managers les plus
prometteurs. » Cette révélation fit
sérieusement réfléchir mon hôte.
Il
expliqua toutefois qu’on ne pouvait pas créer et suivre
un plan de développement personnel pour chacun des milliers
d’employés : « Donc, pour les autres, ça
passe ou ça casse. De temps en temps, l’un d’eux
brille tellement qu’on l’accepte avec du retard dans le
groupe à fort potentiel. »
Je
dis : « J’ai une idée qui peut servir
comme mécanisme de développement et de suivi d’un
plan de carrière pour beaucoup plus de vos employés.
Comme vous le savez peut-être, je suis membre de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, et nous avons
exactement le même problème mais à plus grande
échelle. Nous n’avons pas de clergé professionnel
pour administrer l’Église. Nous nous enseignons et nous
nous occupons les uns des autres. Tout cela veut dire que nous devons
tous apprendre à diriger ainsi qu’à identifier
qui a besoin de quel genre d’aide ou de développement.
Nous le faisons notamment par le programme de l'enseignement au
foyer. »
Nous
avons passé les quatre heures suivantes à discuter de
la façon dont ce programme fonctionne en théorie et en
pratique dans l’Église, et de la façon dont un
programme similaire pourrait être intégré dans
l'entreprise. L’idée : à chaque employé
seraient affectées deux personnes pour veiller sur lui et
s’assurer que tout va bien. Nous avons décidé de
les nommer « compagnons » et « instructeurs
au foyer » en abrégé dans l’entreprise.
Surtout, chaque équipe devrait formuler un plan de carrière
pour deux ou trois autres collègues dont ils s’occupaient.
La plupart des employés n’avait aucune ambition de
devenir le prochain PDG. Presque tout le monde, par contre, voulait
apprendre, se développer, accomplir, acquérir davantage
de responsabilités et voir reconnaître ses efforts.
Chaque équipe développerait un plan pour ceux à
qui elle faisait l’instruction au foyer pour les aider à
réaliser leurs aspirations. Ce plan serait ensuite rendu au
bureau des ressources humaines et toutes les équipes devraient
rendre compte mensuellement au DRH du succès du plan de chaque
employé.
C’était
l’une des conversations les plus engageantes de ma vie sur
l’Église. Mon hôte était extrêmement
perspicace. À un moment donné, je lui ai demandé :
« Qui désigneriez-vous comme instructeurs au foyer
du PDG ? Du vice-président ?
—
L’un
serait représentant de commerce. L’autre serait
scientifique dans le département de développement de
nouveaux produits. »
À
un autre moment dans la conversation, nous étions en train
d’examiner un diagramme de la hiérarchie de l’Église
avec son siège, ses pieux et ses paroisses. Mon hôte m'a
montré du doigt la case intitulée « président
du collège d’anciens » et a demandé :
« Que fait-il ?
—
Ce
qu’il fait surtout, c’est organiser les équipes
pour aider les gens à charger leur camion de déménagement
au printemps et à l’automne à Boston. Sinon,
c’est assez varié. »
Mon
hôte a écrit à côté du cadre du
président du collège d’anciens : « Directeur
général des relations humaines. » Il a dit :
« Je pense que je vais peut-être implémenter
l’instruction au foyer dans ma division de l’entreprise.
C’est une formidable idée. Je ne suis pas sûr, en
revanche, de vouloir qu’on m’appelle ‘évêque’.
J'ai répondu : « Si c'était le cas, il
faudrait que vous soyez baptisé dans l’Église
pour nous aider à améliorer notre programme. »
—
Ça
se peut, a-t-il répondu. Ça se peut bien. »
Mon
but à l’origine n’était pas d’expliquer
l’Église à mon hôte. J’ai seulement
appliqué les principes de l’Évangile de
Jésus-Christ pour l’aider à résoudre un
problème. Il en a appris plus sur l’Église que je
n’aurais imaginé, et plusieurs fois pendant notre
conversation, j’ai ressenti la direction de l’Esprit qui
nous aidait à voir et à comprendre des choses que nous
n’aurions pas vu autrement. Ce PDG a ressenti et vu que
l’Évangile fonctionne.
Des
conseils pour Jack
La
deuxième histoire raconte l'une des occasions où j’ai
eu à donner des conseils. Jack, un de mes anciens étudiants,
m’avait rendu visite en espérant que je puisse l’aider
à trouver un emploi. Sept ans auparavant, le PDG de sa société
avait pris sa retraite et Jack, en tant que vice-président,
pensait qu’il aurait le poste. Mais c’était Wendy,
une inconnue, qui avait été recrutée en externe
et invitée à prendre le poste.
Wendy
était déterminée à maximiser les gains et
pour ce faire elle a réduit les dépenses au maximum.
Elle l'a si bien fait qu’elle a éliminé
complètement le budget consacré au développement
de produits de nouvelle génération. Son dévouement
complet aux coûts a multiplié par six les bénéfices
de l’entreprise. Le succès de Wendy à rétablir
la rentabilité des entreprises était tel qu’elle
était considérée extrêmement brillante, et
trois ans après avoir accepté ce poste de PDG, elle a
accepté la direction d'une entreprise plus importante. Son
timing était impeccable puisqu’au trimestre suivant,
l’entreprise de Jack a annoncé que les revenus avaient
baissé de dix pour cent, résultat du manque
d’investissement dans les nouveaux produits. Le conseil
d’administration a demandé à Jack de prendre la
direction, avec comme objectif de relancer la croissance de
l’entreprise. Pour ce faire il aurait fallu relancer les
capacités de recherche et de développement mais il
était déjà trop tard. La côte en bourse de
l’entreprise a chuté, l'entreprise a été
acquise et le PDG de la société qui l'a rachetée
a informé Jack qu’on n’avait plus besoin de lui.
C'est à ce moment-là que Jack est venu me voir.
Ces
injustices rongeaient Jack. Il était en colère contre
le conseil d’administration qui avait embauché Wendy
plutôt que lui. Il était vraiment en colère
contre Wendy, car il avait été renvoyé à
cause de son mauvais management alors qu’elle avait été
récompensée.
« Clay,
il me faut un boulot, a dit Jack. Dans chaque entretien, on
présuppose que l’entreprise a fait faillite sous ma
direction. J’essaie d’expliquer que c’est à
cause de la PDG précédente mais jusqu’ici, je
n’arrive pas à échapper à cette
réputation. »
J'ai
répondu : « Je vois, Jack. Tu es furieux. Ce
qui m’inquiète c’est que ceux qui te font passer
des entretiens le ressentent peut-être aussi, et ils vont avoir
du mal à t’évaluer. Ils se disent peut-être :
“On dirait surtout un homme en colère… comment
va-t-il s’intégrer au sein de notre entreprise ?” »
J'ai
poursuivi : « J’essaye de lire les Écritures
tous les matins en arrivant au travail pour bien me remettre la tête
sur les épaules pour la journée. Il y a quelques jours,
j’ai lu quelque chose qui pourrait t’être utile.
Veux-tu bien le lire à haute voix ? Le verset vient
d'Écritures modernes. »
J’ai
sorti mes Écritures que j’ai ouvert à D&A
64:8-10 : « Dans les temps anciens, mes disciples
cherchaient à s’accuser les uns les autres et ne se
pardonnaient pas les uns aux autres dans leur cœur ; et
pour ce mal, ils furent affligés et sévèrement
châtiés. C’est pourquoi je vous dis que vous devez
vous pardonner les uns aux autres ; car celui qui ne pardonne
pas à son frère ses offenses est condamné devant
le Seigneur, car c’est en lui que reste le plus grand péché.
Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de
vous il est requis de pardonner à tous les hommes. »
« J’ai
l’impression que tu blâmes beaucoup de gens pour ce qui
s’est passé, ai-je dit. Il est vrai que d’autres
ont causé les problèmes. Mais que pourras-tu résoudre
si tu es en colère contre tout le monde ?
—
Clay,
il faut bien que quelqu’un rende un peu de justice. J’ai
hérité de tous les problèmes créés
par Wendy et cela a fait capoter ma carrière, et elle s’en
sort sans une égratignure !
J'ai
dit : « Permets-moi de te raconter quelque chose qui
est arrivé dans mon Église il y a quelques années.
Dans une troupe de scouts sponsorisée par notre Église,
le chef scout a agressé sexuellement des jumeaux de douze ans.
Lorsque leur mère l’a dénoncé à
l’évêque de la paroisse, celui-ci a contacté
le chef scout, a vérifié les faits et a invité
l’épouse de l’homme à entrer pour que le
chef scout puisse lui confesser ce qu’il avait fait. Dans les
semaines qui ont suivi, l’homme a été excommunié
de l’Église et son cas a été confié
à la justice qui l'a entendu sur tout ce qui s’était
passé.
C’était
bouleversant pour tous les protagonistes. Plusieurs personnes ont
essayé de convaincre la femme de cet homme de divorcer, mais
elle a décidé de lui pardonner. Ils ont déménagé
dans un autre État pour se donner un nouveau départ.
La
mère des jumeaux, par contre, était furieuse. “Si
l’évêque de la paroisse suivait l’Esprit, il
n’aurait jamais appelé cet homme à être
chef scout, se plaignait-elle. Tant qu’il sera évêque
de la paroisse, je n’irai pas à l’église.”
Elle n'a plus permis non plus à ses enfants d’aller à
l’église.
Après
quelques années, j’ai appris que dans la ville où
le chef scout et sa femme avaient emménagé, les
dirigeants de l’Église avaient déterminé
qu’il s’était réellement repenti de ses
péchés, et il avait été rebaptisé.
Lorsque
la mère des jumeaux l'a appris, elle a annoncé :
“Ça suffit. Si on accepte de telles personnes dans
l’Église, il est impossible qu’elle soit dirigée
par Dieu.” Elle a demandé que son nom et ceux de ses
jumeaux soient rayés des registres de l’Église.
Elle a divorcé par la suite, en en voulant au monde entier. »
J'ai
demandé à Jack : « Qui sont les
gagnants et les perdants dans cette histoire ? »
Jack
s'est rendu compte que le gagnant était la femme du chef
scout. Sa famille a été fortifiée parce qu’elle
a su pardonner et se mettre à résoudre les problèmes.
« Et la perdante au final ? » ai-je
demandé. C’était évidemment la mère
des jumeaux. Ses sentiments d’injustice continuent de
l'empoisonner. Son mariage est terminé. Elle et ses fils se
sont coupés de Dieu.
Ensuite
je lui ai relu D&A 64:10 et j'ai ajouté : « Ici,
le langage de Dieu me paraît assez clair. Il se réserve
pour lui seul le droit de pardonner ou de ne pas pardonner à
qui bon lui semble. Pour nous, par contre, pardonner est une
obligation absolue. Il n’y a ni exception, ni circonstance
atténuante, ni imprévu. Il faut que nous pardonnions
toujours à tous. Pourquoi Dieu est-il si dogmatique s'agissant
du pardon ? » ai-je demandé.
Jack
s'est mis à pleurer. « Il a vu trop de personnes
mettre leur vie en ruine en ne pardonnant pas. Dieu ne veut pas que
cela m’arrive. » Ensuite, Jack m'a demandé :
« Je suis venu trouver un emploi et tu m’as parlé
de Dieu. Pourquoi ? »
—
Je
ne fais cela que lorsque Dieu peut nous aider à résoudre
un problème, ai-je répondu. Je crois vraiment que Dieu
est mon Père, et le tien aussi. Il veut t’aider. Ce
serait ridicule si je n’appliquais pas les meilleures idées
ou méthodes pour résoudre un problème. »
Jack
est reparti le pas vif et léger. Il a trouvé un bon
travail peu de temps après et m’a écrit pour me
demander de lui envoyer l’Écriture que nous avions lue.
« Pour que je puisse l'afficher sur mon bureau »,
a-t-il ajouté. Je l’ai fait, et je lui ai aussi envoyé
un triptyque, en écrivant au-dessus de ma signature :
« Si jamais tu as besoin de te remettre la tête sur
les épaules un matin, lis ceci. »
Parler
avec amour
Troisième
exemple : il y a quelques années, un certain nombre
d’élèves de ma classe à l’École
de commerce de Harvard n’aimaient pas mon cours pour une raison
que je n’arrivais pas à déterminer. C’était
nouveau pour moi car jusque-là mes cours avaient été
populaires auprès des étudiants. J’ai invité
les étudiants mécontents, individuellement et en
groupe, à me rencontrer pour m'aider à comprendre ce
qu’il faudrait changer pour qu’ils aient le sentiment
d’être bien instruits. Chacun d'eux a pointé un
aspect de mon instruction ou du programme qu’il n’avait
pas apprécié. Au final, il aurait fallu que je refasse
tout différemment. Ce qui compliquait la situation était
que la majorité des autres étudiants semblaient être
tout à fait satisfaits par mon cours.
J’ai
demandé à plusieurs collègues plus expérimentés
d’observer mes cours pour trouver quelque chose à
changer, mais ils n’ont rien trouvé qui méritait
une transformation notoire. J’étais extrêmement
mal à l'aise. Nos étudiants paient une somme importante
pour étudier à Harvard, et j’ai toujours fait de
mon mieux pour donner de la valeur à chaque cours, pour chaque
élève.
C'est
à cette époque que j'ai fait un voyage par avion à
Minneapolis assis à côté d’un monsieur âgé
qui appartenait à la tribu amérindienne Lakota. Un
sage. Quand il a appris ce que je faisais comme métier, il a
demandé : « Est-ce que cela vous plaît
d’enseigner à Harvard ? »
J'ai
répondu que d’habitude j’aimais énormément
mon travail, mais que ce semestre était particulièrement
éprouvant. Je lui ai expliqué ce qui se passait dans
cette classe particulière. Après m’avoir
patiemment écouté, il a dit : « La
raison pour laquelle cela vous arrive est que vous n’instruisez
pas avec amour. Il faut toujours instruire avec amour. »
Ce
commentaire profond m’a pris complètement au dépourvu.
Je n’avais jamais fait le lien entre l’idée
d’instruire avec amour et le style d’étude de cas
de l’École de commerce de Harvard. Je me suis rendu
compte qu’en fait, je ne traitais pas ces étudiants avec
clémence et amour, comme Jésus l’avait conseillé.
Quand
j’ai repris l’instruction le lendemain, je me suis
rappelé des sages paroles de cet homme. Je me suis agenouillé
dans mon bureau et j’ai prié Dieu qu’il m’aide
à instruire avec amour et que les étudiants puissent
ressentir émaner de moi l’amour de Dieu pour eux par mon
instruction. Au bout de quelques jours, l’atmosphère
d’animosité qui avait régné s'est dissipée
et a fait place à une atmosphère de cordialité,
de confiance et de bonheur, et beaucoup d’étudiants de
ce groupe restent encore proches de moi aujourd’hui. Beaucoup
parmi eux m’ont demandé ce qui s’était
passé dans ce cours et je leur ai raconté le sage
conseil que j’avais reçu. Je leur ai dit que tous les
jours avant les cours, j’ai prié pour que l’Esprit
de Dieu soit dans notre cours. L’un d’eux, Rob, s’est
joint à l’Église l’été
suivant. Il m’a raconté par la suite que sa motivation à
rechercher l’Église était venue en grande partie
de l’atmosphère qu’il avait ressentie à
notre cours.
Ce
jour-là et avant chaque classe que j’ai enseignée
depuis, j’ai appliqué cette pratique de m’agenouiller
pour demander à Dieu de m’aider pendant mon instruction.
J’ai élargi par la suite l’ampleur de mes prières
matinales : que chaque personne avec qui j’aurais des
interactions au cours de la journée puisse ressentir mon amour
pour elle ainsi que l’amour de Dieu pour elle. Je continue de
le faire et je suis heureux de dire que je réussis de temps en
temps. Personne ne m’a jamais demandé de m’arrêter
d’être gentil ou de m’arrêter d’aider
les autres à se sentir appréciés. Et comme
j’essaie d’intégrer du vocabulaire de l'Évangile
et de l'Église dans mes conversations, tout le monde sait
faire le lien entre ces sentiments et l'Église.
La
science, le monde universitaire et la religion
Les
scientifiques et les académiques en général sont
ceux qui manifestent le plus d’intolérance envers les
conversations sur la religion. Bien qu’ils se croient les plus
impartiaux et avoir la plus grande ouverture d’esprit, mon
expérience m'a appris que beaucoup de gens dans le monde
universitaire peuvent être subjectifs et fermés à
la vérité. Beaucoup de personnes se laissent intimider
et sont convaincues que parce que certains des plus érudits
parmi nous décrient la religion, le monde universitaire et la
religion ne sont pas compatibles et ne devraient même pas se
retrouver dans la même conversation. Beaucoup traitent la
religion comme un parent pauvre quand elle est incluse dans une
enquête scientifique ou académique, et beaucoup parmi
nous en concluent que la mention de la religion dans une conversation
politiquement correcte est nuisible à notre réputation.
J’ai
décidé que, plutôt que de voir de tels collègues
comme des adversaires intellectuels, je les verrais comme ayant été
victimes de la tromperie de l'adversaire, comme nous le sommes
souvent tous. Grâce à cet état d’esprit,
dans mes interactions avec des collègues je peux toujours les
traiter comme si nous étions dans la même équipe.
Voici
mon raisonnement : Dieu ne nous a pas dit pendant la vie
prémortelle : « Mes enfants, dans peu de
temps, vous allez descendre sur terre et je voudrais que vous soyez
prudents. Quand vous arriverez, vous découvrirez différentes
croyances, dont la science et le monde universitaire. Vous les
trouverez remplis d’incohérences par rapport à la
vérité sur moi, et plus vous les étudierez, plus
votre foi en moi faiblira. Méfiez-vous donc de la science et
du monde universitaire ; n’en apprenez pas trop dans ces
domaines. »
Ce
n’est pas ce que Dieu a dit.
Le
grand scientifique Henry Eyring a enseigné ce principe à
maintes reprises : peu importe la source qui la dévoile,
la vérité nous aide à devenir davantage comme
Dieu.
Le
soir avant que le jeune Henry Eyring quitte son foyer pour aller
étudier l’ingénierie à l’Université
d’Arizona, son père, Ed Eyring, a demandé à
Henry de marcher avec lui autour du ranch familial. Au cours de cette
promenade, il ne lui a pas conseillé d’apprendre de
manière sélective. Il lui a dit : « Dans
cette Église, personne ne t’oblige à croire en
des choses qui sont fausses. Vas à l’Université
d’Arizona apprendre tout ce que tu peux, et tout ce qui est
vrai fait partie de l’Évangile. » (Henry J.
Eyring, Mormon Scientist, 2007, p. 4)
Le
Rétablissement de l’Évangile nous permet de
classifier les choses comme « vérité ou
erreur » plutôt que comme « science ou
religion ». Cela me permet d’éliminer toute
peur. Je peux me servir instinctivement de concepts religieux pour
résoudre des problèmes en affaires ou en éducation,
comme je me sers des idées du monde universitaire pour
résoudre les mêmes problèmes. Ed Eyring m’a
aidé à voir qu’il n’existe pas de
hiérarchie dans la vérité. Les vérités
scientifiques et académiques ne sont absolument pas
supérieures à la vérité religieuse, et
vice versa. Il n’existe aucune contradiction fondamentale entre
les deux. Si l’on observe une incohérence entre d'un
côté le monde académique et scientifique, et de
l'autre la religion, c'est qu'un côté ou l’autre
est incomplet ou faux, soit les deux. Cependant, la vérité
ne peut contredire la vérité. Tant qu’on
recherche humblement la vérité, on repose sur quelque
chose de stable.
Les
expériences que j’ai vécues avec des collègues,
comme celles que j’ai racontées ici, sont parmi les
expériences missionnaires les plus passionnantes et
satisfaisantes de ma vie. Voici certains des principes que j’ai
tirés de ces expériences :
Premièrement,
beaucoup de personnes dans le monde du travail croient en Dieu et
sont disposées à en parler.
Deuxièmement,
expliquer ce que nous croyons n’est pas le seul moyen de faire
part de l’Évangile. Nous pouvons appliquer nos
convictions pour aider les autres à comprendre et à
résoudre des problèmes. Au travail, le mode de
témoignage peut être différent de celui employé
à l’Église : il suffit d’appliquer
l’Évangile. D’ailleurs, c’est l'une des
manières de rendre témoignage à laquelle le
Sauveur nous a invités : « Si quelqu'un veut
faire sa volonté, il connaîtra si ma doctrine est de
Dieu, ou si je parle de mon chef. » (Jean 7:17)
Troisièmement,
puisque la vérité fonctionne, nous n’avons aucune
raison de nous sentir timides en l’appliquant. L’Évangile
est extraordinairement souple parce que la vérité est
largement applicable. Nous pouvons nous appuyer sur les vérités
de l’Évangile pour aider à résoudre toutes
sortes de problèmes. Tout comme on nous a enseigné à
citer nos sources dans un devoir quand on emprunte une idée à
quelqu'un, nous devrions nous assurer que nos collègues
comprennent d’où viennent les principes dont nous nous
servons quand nous appliquons l’Évangile pour résoudre
des problèmes.
Quatrièmement,
nous devrions mentionner les principes de l’Évangile
simplement, du même ton de voix que si nous étions en
train de citer un article du Wall Street Journal ou d’une revue
scientifique. La connaissance est toujours connaissance, et la vérité
est toujours vérité. Il n’y a pas besoin de
séparer le langage religieux du langage d’affaires,
scientifique ou académique. Quand nous avons un langage
commun, nos amis et collègues peuvent nous parler de religion,
et vice versa.
Enfin,
cinquièmement : Tout comme nous ressentons l’Esprit
de Dieu pendant les réunions de jeûne et de témoignage,
nos collègues de travail peuvent aussi le ressentir lorsque
nous appliquons l’Évangile. Le président Hugh B.
Brown a résumé cela comme suit : « Il
ne faut pas “défendre” l’Évangile
dans le sens militaire. Nous devons plutôt faire avec la
religion comme nous faisons avec la musique : non pas la
défendre mais l’interpréter tout simplement.
L’Évangile n’a pas besoin d’une défense. »
(The Memories of Hugh B. Brown: An Abundant Life, Edwin B. Firmage,
ed., 1988, p. 136)
Chapitre
5 : Se fixer des objectifs et des délais
Certains
sont si bien organisés qu’ils finissent leur instruction
au foyer avant le dix du mois. Malheureusement, je remets au
lendemain et fais toujours mes visites à la fin du mois.
Heureusement que quelqu’un a décidé qu’il
fallait les faire avant la fin du mois parce que sans ce délai,
je les remettrais constamment à la semaine suivante. Il me
faut une date limite.
J’imagine
cependant que même ceux qui font tous les mois leurs visites
avant le dix du mois doivent se fixer des dates limites pour y
parvenir. Ils se fixent tout simplement un délai plus tôt
dans le mois.
Mes
fournisseurs de gaz, de téléphone, d’eau et
d’électricité, ainsi que mes sociétés
de cartes de crédit et le fisc fixent des délais
mensuels, trimestriels ou annuels pour que je paie mes factures.
Sinon, j’oublierais de les payer. Autrement dit, les buts et
les délais aident chacun de nous à faire ce qu’il
a à faire.
Contrairement
à l’enseignement au foyer où on a le dernier jour
du mois comme délai concret, on n’a jamais donné
de date limite à l’œuvre missionnaire des membres
de l'Église. Par conséquent, la plupart d’entre
nous ne nous efforçons pas de trouver des gens que les
missionnaires peuvent instruire. La plupart d’entre nous
voulons être de bons missionnaires et comptons commencer la
semaine à venir.
En
1984, lors de la conférence générale, M. Russel
Ballard, des Douze, nous a invités à prendre l'habitude
de choisir une date limite pour trouver quelqu’un à
inviter chez nous à recevoir les leçons missionnaires.
Il a promis que si nous choisissions une date plutôt qu’une
personne, et que si nous faisions de notre mieux pour parler de
l’Évangile avec autant de personnes que possible, le
Seigneur nous accorderait la capacité de trouver, avant la
date choisie, quelqu’un qui accepterait l’invitation à
étudier l’Évangile avec les missionnaires (voir
L’Étoile, janvier 1985, p. 12-14). Pour une
raison que j’ignore, ce discours a eu un impact puissant sur
moi, probablement parce que j’étais dirigeant de mission
de paroisse. J’ai ressenti fortement que cette invitation était
quelque chose que je devais faire, moi en particulier.
Dans
mes prières ce soir-là, j’ai choisi une date qui
me donnait confortablement environ un an. Je me suis ensuite engagé
à faire tout ce que je pouvais pour susciter des conversations
sur l’Évangile avec autant de personnes que possible.
Les premières personnes que j’ai trouvées à
présenter aux missionnaires étaient la famille
Singleton (Tom était l'ami qui faisait du basket avec nous).
L’année suivante, j’ai choisi une nouvelle date et
j’ai pu présenter un collègue de travail et sa
femme aux missionnaires.
Chaque
année par la suite, j’ai choisi une date et à
chaque fois Dieu m’a béni pour que je trouve quelqu’un
à présenter aux missionnaires. La majorité des
personnes ne se sont pas jointes à l’Église. Je
n’ai presque jamais pu prévoir qui allait accepter
l’invitation. J’ai plutôt appris que je peux avoir
la certitude absolue que je trouverais quelqu’un.
Est-ce
que tout le monde peut le faire ? Oui. Mais tout est dans la
méthode, comme le montrent les histoires suivantes.
Dans
un avion pour Hawaii
Je
m’étais fixé comme date le 31 janvier 1993.
Évidemment, 1994 est arrivé sans que j'aie trouvé
quelqu’un d'intéressé. Je devais aller à
Honolulu le 20 janvier pour assister à une conférence.
En regardant mon emploi du temps du reste du mois, il était
évident que les seuls moments pour rencontrer la personne que
je pourrais présenter aux missionnaires étaient mes
vols à destination ou en provenance de Honolulu. Je n’aurais
tout simplement aucun autre moment pour le faire. J’ai donc
prié que Dieu fasse qu’une personne qui accepterait mon
invitation à suivre les leçons missionnaires s’assoie
à côté de moi dans l’avion à
destination de Hawaii.
J’étais
sidéré de voir qui s’assit à côté
de moi dans l’avion, après tous ces efforts et toutes
ces prières. Mon voisin était un homme de trente-trois
ans en short et chemise hawaïenne déboutonnée
quasiment jusqu’au nombril, le poitrail poilu orné de
trois chaînes en or. J’ai essayé de lui faire la
conversation. Il m’a expliqué qu’il était
maçon à Hartford et qu’il travaillait onze mois
par an pour économiser suffisamment pour s’échapper
un mois en hiver à Hawaï pour courir les jupons. Il m'a
raconté combien il appréciait de revoir quatre belles
femmes chaque année lorsqu’il revenait à
Honolulu. J’étais terriblement déçu.
J’avais tout essayé et avais prié avec ferveur
pour trouver quelqu’un, et je me retrouvais coincé avec
un play-boy irréligieux comme ce n'est pas possible.
Découragé, je lui ai souhaité poliment un bon
séjour et je me suis mis à lire. Il a loué des
écouteurs et s’est mis à tapoter des doigts au
rythme du rock'n'roll qu’il écoutait à un volume
déconseillé.
Lorsque
l’hôtesse a distribué les déjeuners, j’ai
dû ranger mon livre et j’ai retenté de faire un
peu la conversation avec mon voisin. Il a demandé si j’étais
déjà allé à Hawaï et j’ai
répondu que j’y étais allé vingt ans plus
tôt pour une formation linguistique de deux mois avant une
mission pour l’Église en Corée. L’homme a
reposé sa fourchette, m'a regardé droit dans les yeux
et dit : « Vous êtes mormon ? »
J'ai confirmé et il a dit : « Vous savez, il
m’arrive une drôle de chose depuis un an. Je suis de plus
en plus curieux d’en apprendre davantage sur les mormons. Je ne
sais pas pourquoi. Voulez-vous bien m’en dire un peu plus sur
votre Église ? »
J’ai
ressenti une sorte de bulle descendre sur nous et nous envelopper, et
pendant les trois heures qui ont suivi, nous avons parlé de
l’Évangile de Jésus-Christ. Il régnait un
bon esprit. Puis nous avons commencé à parler d’autre
chose et j’ai dû m’excuser car je devais finir
d’écrire un projet. À plusieurs reprises au cours
du vol, il m’a interrompu pour me remercier de lui avoir parlé
de mon Église. La dernière fois qu'il m’a
interrompu, je lui ai dit qu’il y avait des missionnaires à
Hartford et que j’étais sûr qu’ils
voudraient lui rendre visite lorsqu’il rentrerait pour lui
expliquer nos croyances de manière plus détaillée.
Il a demandé s’il n’y avait pas plutôt des
missionnaires à Honolulu. J’ai donc pris son adresse et
lui ai promis de les lui envoyer.
Ted
Blackstone
Pendant
des vacances d’été en Utah, nous avons eu
l’occasion d’assister aux portes ouvertes du temple de
Mount Timpanogos. C’était une visite guidée
silencieuse et l’expérience m’a troublé. On
venait d’annoncer la construction du temple à Boston et
je nous voyais déjà en train de nous y promener lors
des portes ouvertes avec nos amis sans pouvoir rien expliquer en
passant devant le vestiaire, le baptistère, la salle céleste
et la salle de scellement. Je me suis rendu compte que si mon
intention était de présenter l’Église à
mes amis en les amenant aux portes ouvertes, leur visite serait
plutôt un aperçu intéressant de l’architecture
du temple. Je me suis décidé à ce moment-là
de fixer une date assez tôt en 2000 à laquelle j’aurais
déjà suivi toutes les leçons missionnaires avec
quelqu’un, avant les portes ouvertes. Comme ça, les
portes ouvertes seraient l’aboutissement d’un
apprentissage, plutôt qu’une introduction. J’ai
donc choisi le 20 juin 2000 comme date, soit deux mois avant le début
des portes ouvertes.
Mais,
comme d’habitude, j’ai reporté pendant plusieurs
mois et, ensuite, j’ai commencé à inviter
désespérément toutes sortes de personnes
improbables à suivre les leçons missionnaires. Mi-juin,
un ancien étudiant qui s’appelait Ted Blackstone m’a
rendu visite et, lorsqu’il s’est assis sur le canapé
dans mon bureau, j’ai eu le sentiment que je devais l'inviter à
suivre les leçons missionnaires. Il connaissait un peu ma foi
mais je ne savais presque rien de lui et je n’avais jamais
pensé à lui comme personne à inviter. À
ma grande surprise, il a accepté et nous avons commencé
les leçons, animées par un missionnaire extraordinaire,
Jared Sine, et ses collègues.
Au
fur et à mesure que nous progressions dans les leçons,
Ted est devenu plus sérieux. À la fin d’une
cinquième leçon particulièrement poignante en
mi-août, j’ai ressenti beaucoup d’émotion.
En l’invitant à être baptisé, je lui ai
dit : « Tu sais, Ted, si tu continues, avant d’être
baptisé, à attendre de savoir de manière sûre
que c’est bien l’Évangile de Jésus-Christ,
il est possible que tu attendes très longtemps. »
Je lui ai lu ce verset de l’évangile de Jean : « Si
quelqu'un veut faire sa volonté, il connaîtra si ma
doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon propre chef »
(Jean 7:17). J’ai dit à Ted qu’un des moyens les
plus sûrs de connaître la vérité est de
s’engager à être baptisé, parce que la
démarche consistant à faire la volonté de Dieu
était la manière de connaître la vérité.
Je lui ai dit que dans tous les cas il pourrait assister aux
portes-ouvertes du temple en septembre, mais que s’il se
faisait baptiser, il pourrait aussi assister à la consécration
du temple en tant que membre de l’Église. J’ai
proposé le 9 septembre comme date de baptême.
Nous
avons décidé de jeûner ensemble le dimanche
suivant pour aider Ted à prendre sa décision. Le
lendemain soir, Ted m’a appelé. Il a dit que sa tante
qui vivait à Phœnix et s’était convertie à
l’Église il y avait plusieurs années l’avait
appelé pour lui dire qu’elle ressentait que quelque
chose d’important se passait dans la vie de Ted et qu’elle
voulait pouvoir l’aider. Cela a aidé Ted à
ressentir combien Dieu s’intéressait personnellement à
cette décision, et il m’a appelé pour me dire
qu’il allait être baptisé. Le service de baptême
et la confirmation ont été des expériences
merveilleuses. Le dimanche de sa confirmation, Ted a demandé à
l’évêque Ott s’il pouvait rendre son
témoignage. Il a dit qu’il avait enfin compris que le
baptême était un acte de foi, et non une décision
prise après une connaissance parfaite.
Des
amis se sont arrangés par la suite pour que Ted puisse être
dans la salle céleste du temple pendant la consécration.
Lorsque le président Gordon B. Hinckley a fait la prière
de consécration, Ted a ressenti quelque chose entrer dans la
salle et dans son corps, ce qui a changé son cœur à
jamais.
Notre
famille a vécu une expérience merveilleuse aussi,
puisque nos places étaient dans l’antichambre du
vestiaire pour hommes. Par bonheur pour nous, la famille Singleton,
que j'avais invitée à recevoir les leçons
missionnaires peu après le discours de M. Russell Ballard de
1984, y était aussi, ce qui m’a permis de réfléchir
aux témoignages que j’ai pu leur rendre, souvent au bord
des larmes, pendant ces leçons. Je n’aurais pas pu me
sentir plus béni qu’à ce moment-là.
Natasha
Paton
En
2001, je m’étais fixé trois dates et pour les
deux premières, les personnes que j'avais trouvées ont
décidé, après la première leçon,
de cesser de recevoir les missionnaires. En travaillant avec les
dirigeants de mission de paroisse en tant que conseiller dans la
présidence de la Mission de Boston, j’avais affirmé
à maintes reprises : « Vous ne pouvez pas
réussir en tant que dirigeants de mission de paroisse si vous
ne pouvez pas parler de l'oeuvre missionnaire au présent et à
la première personne. » Je m’étais
créé pas mal de pression.
Par
conséquent, en début d’été j’ai
fixé une nouvelle date : le 15 octobre. Comme à
mon habitude, j'ai commencé par ne rien faire et, vers fin
août, j’ai révélé la date aux
missionnaires qui servaient dans ma paroisse, leur ai dit que j'avais
besoin de leurs prières et commencé à rechercher
activement des occasions d’inviter des gens. Ma méthode
était d’intégrer fréquemment dans mes
conversations du vocabulaire de l'Église, mais je n’ai
pas réussi à trouver quelqu'un qui soit intéressé.
J’ai alors accéléré le rythme en invitant
toutes sortes de personnes improbables à suivre les leçons
missionnaires, mais les possibilités se sont évaporées
les unes après les autres.
Arrivé
fin septembre, je me suis résigné à l’échec.
C’était le semestre le plus chargé de ma vie et
je n’arrivais pas à voir comment il serait possible que
je trouve quelqu’un avant le 15 octobre. J'ai alors abandonné
l'objectif de cette date, en me disant que le Seigneur savait que je
faisais tout ce que je pouvais pour édifier son royaume. Je
pensais que ça passerait pour cette fois-ci, puisque j’étais
très occupé, et que je pourrais pour une fois laisser
les autres être des membres missionnaires. Mais après
quelques jours dans cet état d’esprit, je me suis dit
que si je commençais comme ça, j'en prendrais
l'habitude. Je me suis donc engagé auprès de Dieu à
faire de mon mieux pour trouver quelqu’un. J’ai commencé
à demander à Dieu de m’envoyer quelqu’un
qui voudrait apprendre l’Évangile. Je lui ai promis que
j’inviterais cette personne dès que je la verrais.
Le
12 octobre, Christine et moi avons pris la parole à
l'Association des étudiants saints des derniers jours de
l’École de commerce de Harvard, à l'église
de Cambridge, pour présenter ce que nous avons appris de nos
travaux de recherche et de rédaction de l’histoire de
l’Église dans la région de Boston. Quelques
étudiants avaient amené leurs amis d’autres
confessions et il y avait un bon esprit pendant cette réunion.
Après notre présentation, quelques étudiants
sont restés à discuter avec nous, et une étudiante
de l’un de mes cours, Natasha Paton, est venue me demander :
« Professeur Christensen, j’ai entendu dire qu’il
existe une série de leçons sur votre Église pour
ceux qui voudraient en savoir plus. Serait-il possible que je les
suive chez vous ? » J’étais sans voix ;
je pouvais à peine retenir mes larmes. Les propos de Natasha
étaient une réponse directe à mes efforts et à
mes prières. Nous avons tenu les leçons chez nous avec
Natasha et son mari Andrew (qui, sans que je le sache, était
membre de l'Église non pratiquant) et, comme à chaque
fois, nous avons vécu de belles expériences
spirituelles. Natasha a été baptisée le 8 juin
2002. Un an plus tard, Andrew et elle ont été scellés
dans le temple de Boston.
Howard
Littlefield
Quelques
années après notre expérience avec Natasha, j’ai
choisi comme date le 31 août. À peu près deux
mois avant la date, j’ai intensifié mes efforts et j’ai
demandé à de nombreuses personnes si elles voulaient
bien venir chez nous rencontrer les missionnaires. Pas une seule
n’était intéressée. Pour la première
fois en vingt-deux ans, je n’arriverais pas à trouver
quelqu’un avant la date. Cependant, le 29 août, je
conduisais à Stamford (Connecticut) accompagné d'un
nouveau doctorant, un Anglais, Howard Littlefield, qui m'avait
proposé de m’aider à rédiger une étude
de cas. Pendant le voyage, j’ai mentionné que j’étais
membre de l'Église et son visage s’est illuminé.
Il m'a confié qu’il avait été très
pratiquant dans son Église en Angleterre mais qu’il
était très déçu que l’Église
épiscopale près de Harvard Square soit fermée en
été. Je lui ai parlé des paroisses de Jeunes
Adultes qui se réunissaient à l'église de
Longfellow Park et je lui ai demandé s’il voulait
assister à leurs réunions jusqu’à ce que
les offices de culte épiscopaliens reprennent à la
rentrée. Il a accepté avec plaisir. J’ai ensuite
suggéré qu’il lui serait peut-être utile de
prendre un rendez-vous chez nous avec les missionnaires pour qu’il
sache à quoi s’attendre et il a accepté
l'invitation.
Ce
soir-là au cours du dîner je racontai à ma
famille que j’avais trouvé Howard et que les
missionnaires allaient l’instruire, et j'ajoutai :
« Pourquoi est-ce que je ne peux jamais trouver la
personne des semaines ou des mois avant la date ? Pourquoi
est-ce que le Seigneur me fait toujours attendre jusqu’à
la dernière minute ? »
Mon
fils, Spencer, répondit : « Papa, je t’ai
vu faire ça tellement de fois que je crois savoir ce qui
t’arrive. Plusieurs mois avant ta date, tu es si décontracté
que le Seigneur ne peut pas te faire confiance. S’il met une
personne sur ton chemin, il ne sait pas s’il peut compter sur
toi pour l'inviter. Tu commences alors à t'inquiéter de
ton engagement à trouver quelqu’un et, à
l'approche de la date, tu désespères de plus en plus.
C'est alors que le Seigneur peut compter sur toi. Il sait que tu
inviteras toute personne qu’il mettra sur ton chemin. »
J’ai
nommé ce phénomène : « le
principe de Spencer ».
À
chaque fois que j'ai choisi une date — d’abord comme
délai pour inviter quelqu’un et ensuite pour trouver
quelqu’un qui accepte, Dieu m’a béni pour que je
croise quelqu’un qui allait accepter mon invitation de venir
chez nous étudier avec les missionnaires. Je ne mentionne que
les expériences dont j’ai tiré des leçons
importantes. Bien sûr, la plupart des gens n’ont pas
accepté le baptême, et ce n’est pas grave. Lorsque
j'invite quelqu'un, c'est déjà une réussite en
soi. De plus, dans presque tous les cas, ces expériences nous
ont permis d'accroître notre amitié avec les gens que
nous avions invités chez nous. Et dans presque tous les cas,
je n’aurais pas pu prévoir à l’avance qui
allait accepter ou rejeter mon invitation.
De
ces expériences de choix de date, j’ai tiré
quelques leçons importantes. Premièrement, le principe
de Spencer : Lorsque nous faisons alliance avec Dieu d'appliquer
ce que nos dirigeants ont exhorté à faire et que nous
sommes désespérés parce que nous n’arrivons
pas à honorer notre engagement, Dieu peut alors nous faire
confiance. Il a pu faire confiance à Abraham (voir Genèse
18:17-19) et il pourra nous faire confiance. Je pense que la raison
pour laquelle autant de personnes choisissent une date mais finissent
par ne pas trouver quelqu’un à présenter aux
missionnaires est qu’elles n'atteignent jamais l'état de
désespoir, ce qui dénote le manque de sérieux de
leur engagement.
La
deuxième leçon à tirer est que le choix d'une
date n’est pas un programme. S’engager envers Dieu est un
principe d’obéissance et de progression qui peut et
devrait enrichir chaque aspect de notre vie. Il se peut qu'une des
raisons pour lesquelles l’œuvre missionnaire stagne
parfois est que trop peu d'entre nous prennent au sérieux
l’engagement que nous faisons lors de notre baptême
d’être « témoins de Dieu en tout temps,
et en toutes choses, et dans tous les lieux » (Mosiah
18:9).
Enfin,
je pense que nous sommes tellement occupés par notre famille,
par l’Église et par le quotidien que nous avons tendance
à nous justifier quand des commandements ou des directives des
dirigeants de l’Église nous gênent : nous
nous disons que puisque nous avons déjà trop de
pression, nous en faisons assez et qu’il y a des circonstances
atténuantes qui nous permettent de ne pas obéir à
ces conseils spécifiques ou à ce commandement
particulier. Ces expériences m’ont enseigné qu’en
fait, plus on est occupé, plus il est important de mettre en
pratique notre foi d’enfant, comme Néphi l'a montré :
« J’irai et je ferai la chose que le Seigneur a
commandée, car je sais que le Seigneur ne donne pas de
commandement aux enfants des hommes sans leur préparer la voie
pour qu’ils puissent accomplir ce qu’il leur commande. »
(1 Néphi 3:7)
Dans
l’équation qui détermine si nous parviendrons à
trouver des personnes que les missionnaires peuvent enseigner, le
rôle de Dieu est constant, il n'est pas variable. Il tient
toujours ses promesses. La seule variable est notre foi aux miracles
qui se produisent si nous nous engageons envers Dieu et faisons ce
que nous promettons.
Chapitre
6 : Questions et réponses sur l'Internet
Nous
avons vu deux Internets dans les quinze dernières années.
Le premier était unidirectionnel, parfois appelé le Web
1.0, dans lequel les gens qui cherchaient des informations pouvaient
les trouver, les lire et les télécharger. Nous en
sommes maintenant au Web 2.0, qui est multilatéral et
interactif. On peut communiquer, poser des questions et recevoir des
réponses à l'aide des moteurs de recherche, des sites
web, de Facebook et d’autres sites et médias sociaux,
ainsi que par les conversations orales ou écrites, les blogs,
les discours, les débats, les messages instantanés et
les tweets.
Les
opposants à l'Église ont lancé des sites qui
bombardent ceux cherchent à se renseigner sur l'Église
d’informations trompeuses sinon fausses. En 2005, une étude
de la More Good Foundation a trouvé que si on entrait des
termes ou expressions spécifiques à l'Église,
comme « missionnaires mormons », « temples
mormons », « histoire du mormonisme »,
etc., entre 80 % et 90 % des sites web identifiés par les
moteurs de recherche étaient opposés à l'Église.
Pour
contrer ce phénomène, à partir de 2005 la More
Good Foundation et d'autres initiatives de membres de l'Église
ont lancé de nombreux sites web dont les URL contiennent les
mêmes termes ou expressions mais avec un contenu positif. Ils
continuent à alimenter ces sites de contenus positifs. Dans le
même temps, l'Église a fait évoluer ses sites
LDS.org et Mormon.org en sites de type Web 2.0 qui s'avèrent
être parmi les meilleurs sites religieux de l'Internet, où
les gens peuvent facilement trouver des réponses à
leurs questions. Nos dirigeants nous ont exhortés à
poster notre témoignage personnel sur ces sites, même si
cette démarche est individuelle et isolée. Cette
expérience permet de comprendre comment la participation à
l'oeuvre missionnaire sur l'Internet peut devenir un mode de vie pour
nous. Ci-dessous, voici quelques leçons tirées de cette
expérience. Il nous reste encore beaucoup à apprendre,
mais ce qui suit peut nous aider.
Utiliser
l’Internet comme outil missionnaire
Lors
d'une conférence de jeunes adultes à Boston en octobre
2009, Elder M. Russell Ballard, du Collège des douze apôtres,
a parlé de la nécessité de commencer à
faire part de l'Évangile en ligne. En réponse, les
dirigeants locaux de Boston ont décidé de fonder une
« mission numérique » pour apprendre à
mieux suivre cette exhortation.
Environ
vingt-cinq personnes ont été appelées comme
internautes de mission de pieu, avec comme dirigeants Teppo
Jouttenus, Natalie Williams et Reed Davis. Trois autres — Emily
Tanner, Melanie Ensign et Brigham Frandsen — ont été
appelés comme dirigeants de zone. Au départ, on pensait
que la parade à l’emprise de l'adversaire sur le Web 1.0
consistait à écrire et à poster des choses
positives que les internautes cherchant des réponses
pourraient télécharger. C'était un concept
unidirectionnel, de nous à eux, sans possibilité de
discussion. Les blogs, par contre, sont des outils permettant de
résoudre le problème par le dialogue. Chaque zone a
décidé de créer un blog plutôt que de
diffuser des réponses, ce qui permettait d'augmenter les
occasions d'entrer en contact avec les internautes ayant des
questions, chose courante dans l'œuvre missionnaire. Il s'agit
des blogs suivants : MormonPerspectives.com, NextDoorMormon.com
et RealLifeAnswers.org. Chacun de ces blog était dédié
à une dimension différente de l'expérience de
membre de l'Église. La première année, chaque
site a attiré près de 40 000 visiteurs uniques.
On
avait demandé aux missionnaires internautes de servir entre
cinq et huit heures par semaine. La moitié de ce temps était
consacrée aux blogs, l'autre moitié à identifier
les internautes qui avaient des questions sur l'Église ou des
questions plus générales sur la religion. Nos
missionnaires internautes aidaient les gens à trouver les
réponses à leurs questions.
La
première année nous avons limité et ciblé
notre mission numérique de pieu, ensuite nous avons demandé
à tous les dirigeants de mission de paroisse de suggérer
aux évêques l'appel d'un ou deux missionnaires
internautes de paroisse, chacun affecté à un site parmi
les trois en ligne. Ces missionnaires de paroisse invitaient à
leur tour des membres de leurs paroisses, qui avaient d'autres
appels, à être « bloggeurs invités ».
Ainsi, l'activité en ligne consistant à faire part de
l'Évangile n'était pas réservée à
certains. On souhaite qu'elle devienne un mode de vie pour tous.
En
organisant leurs blogs, deux ou trois des missionnaires de chaque
zone sont devenus « auteurs principaux » :
ils ont défini et développé les principaux axes
du blog. On appelle les autres missionnaires de la zone des
« répondeurs » : ils lisent les
commentaires et y répondent ou rédigent des articles
sur certains thèmes. Les « diffuseurs »
forment le troisième groupe. Ils passent leur temps à
mettre le blog en lien avec les personnes de leur connaissance qui
pourraient s'y intéresser. Puisque le nombre et le type de
liens entre le blog et d'autres sites et blogs détermine son
classement dans les moteurs de recherche, les trois rôles se
sont avérés essentiels. Ils se complètent pour
aider les internautes qui ont des questions sur l'Église à
trouver des gens avec lesquels discuter.
Il
existe une grande demande pour discuter de sujets religieux en ligne
et cette demande est loin d'être satisfaite. Le tableau
ci-dessous montre un échantillon de questions sur la religion
que les gens se sont posées sur l'Internet en 2013 et 2014.
Les chiffres donnent en milliers la fréquence mensuelle
moyenne des mots recherchés.
Expression
recherchée
Recherches mondiales
Recherches en France
L’Esprit
3.350
450
La
conversion
450
60,5
L’amour
246
74
La
religion
246
8,1
mormon
165
12,1
Sion
165
12,1
Le
ciel
74
33,1
Les
saints
74
12,1
Le
pardon
60,5
6,6
L’apostasie
40,5
33,1
Le
bonheur
40,5
18,1
L’amitié
33,1
14,8
Examinons
la première ligne. On voit que dans un mois typique, 3,35
millions de personnes dans le monde, dont 450.000 en France, ont
entré le mot « l’Esprit » dans
Google à la recherche d’articles, d'actualités et
de blogs sur ce thème. Google classe chacun de ces sujets
comme étant « faibles », ce qui veut
dire que ces thèmes ne sont pas encore saturés et qu'y
consacrer un blog peut attirer un nombre important d'abonnés.
En
2011, lorsque Mara et Danny Kofoed ont décidé de faire
part de l'Évangile en ligne, ils ont créé un
blog appelé ablogaboutlove.com pour attirer quelques-unes des
millions de personnes qui s’intéressent au sujet de
l'amour. « Qu'est-ce que l’amour ? »
est l’une des expressions les plus recherchées sur le
net en anglais. J'invite le lecteur à visiter leur site web.
Danny était membre de notre pieu mais après avoir
épousé Mara il est allé vivre avec elle à
Brooklyn, à notre grand regret. Leur blog parle de l'amour et
des hauts et des bas de la vie quotidienne. Leur blog a eu plus d'un
million de visites mensuelles pendant les neufs premiers mois. La
franchise et l'honnêteté des auteurs à propos de
leurs difficultés sont leur meilleure approche missionnaire.
Leur but est d'aider ceux qui vivent des épreuves similaires
ou qui veulent parler avec quelqu'un. Ils n'imposent leur religion à
personne mais ils sont très ouverts quant à leurs
convictions et, si on le leur demande, ils font part de leurs
croyances et de leur témoignage. De plus, ils ont prévu
la possibilité de donner suite aux conversations en ligne en
rencontrant les gens en personne. Une telle approche ne convient pas
à tout le monde, bien sûr, mais elle peut s'ajouter à
nos autres actions sur l'Internet.
Un
autre concept consiste à dédier son blog à un
sujet local ou peu commun pour ne pas se trouver en compétition
avec d’autres blogs. C'est ce qu'ont fait les auteurs de
MormonPerspectives.com. En 2011, un missionnaire internaute a rédigé
une critique de la comédie musicale The Book of Mormon. Son
article est devenu viral et s'est vite retrouvé parmi les cinq
premiers résultats lorsqu'on tapait l'expression « comédie
musicale The Book of Mormon » sur Google. C'est encore le
cas aujourd'hui. Des milliers de personnes continuent de lire cet
article chaque mois.
Dans
le cadre de ma participation à l'oeuvre missionnaire en ligne,
j'écris parfois des articles pour l'un de nos blogs. Parfois,
j'écris un article et je le poste sur mon site web personnel.
L'un de ces essais est mon témoignage. Je l'ai intitulé
« Pourquoi je suis membre pratiquant de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours ». Je
l'avais écrit pour mes enfants, à l'occasion de mon
cinquantième anniversaire. Plus tard, je l'ai publié
sur mon site web (claytonchristensen.com) où les visiteurs
peuvent le retrouver facilement. Une femme que je n'avais jamais
rencontrée et qui est tombée sur mon témoignage,
m'a écrit :
« Je
viens de lire (deux fois) votre déclaration d'amour à
vos enfants. Quel beau témoignage. Je suis émue, et
plus curieuse que je ne l’aurais imaginé. J'entends des
choses très perturbantes sur la foi mormone et son histoire à
l'égard des noirs. Cependant… l'une des bonnes amies de
ma mère était mormone. C'était une personne
merveilleuse. Un jour, elle a amené mon frère et moi à
des réunions de l’Église ; je n'oublierai
jamais le sentiment d'amour et d'accueil chaleureux que nous avons
ressenti. Chaque mormon que j'ai rencontré a été
charitable et sympathique, attentionné et engagé. J’ai
toujours pensé que c’était un grand paradoxe. Je
vais me renseigner un peu plus sur la foi mormone. Je voudrais en
savoir plus. »
Je
suis reconnaissant d'avoir pu entrer en contact avec quelqu'un
d’aussi extraordinaire que cette femme et je me réjouis
à l'idée de nourrir notre amitié par le
témoignage et l'Esprit. Plusieurs fois par mois nos
missionnaires internautes et moi avons vécu ce genre
d'expérience. C'est une façon formidable de participer
à l'oeuvre missionnaire.
J'ai
écrit plus haut que lorsque je me suis « re-appelé »
en mission, l'Esprit de Dieu est revenu dans ma vie. J'invite
quiconque à faire de même, non parce que c'est facile,
mais parce que ça en vaut la peine.
Leçons
apprises en faisant part de l’Évangile en ligne
Notre
expérience de l'œuvre missionnaire en ligne nous a
appris un certain nombre de leçons importantes. La première
concerne la conversion personnelle. Quand les missionnaires
internautes et les bloggeurs de paroisse (qui peuvent être
aussi nombreux que notre capacité à les superviser nous
le permet) reçoivent la tâche d'écrire un
article, c'est un peu comme quand on leur demande de faire un
discours à la réunion de Sainte-Cène ou de
préparer une leçon. On leur conseille d'étudier
les Écritures. On leur donne une date limite et la notion de
l'urgence. Lorsque les missionnaires internautes et les bloggeurs
sollicités prennent le temps d'étudier, de sonder les
Écritures et de formuler leurs pensées et leurs
sentiments, leur témoignage grandit. Leur conversion
personnelle et leur capacité de faire part de l'Évangile
et d'exprimer leur témoignage augmentent. En apprenant à
se relire et à peaufiner leurs textes avant de les diffuser,
ils progressent.
C'est
particulièrement vrai chez les jeunes entre quatorze et
vingt-cinq ans. La majorité d’entre eux sont déjà
en ligne et si on ne les appelle pas comme missionnaires internautes,
ils trouveront d'autres choses à faire sur la toile.
Nous
avons constaté que peu d'adolescents ont des occasions
régulières de faire part de leur témoignage à
l'extérieur de l'Église. Leur demander de servir en
tant que missionnaires internautes est une façon idéale
de les aider à avoir des occasions missionnaires régulières
et à apprendre à mieux exprimer leurs convictions. Nous
avons appelé Jackson Haight, lycéen de seize ans, à
servir comme missionnaire internaute. Les dirigeants de la mission
numérique l'ont guidé de façon rapprochée
et il a commencé à écrire des articles pour l'un
des blogs. Il a dit qu'au début c’était difficile
pour lui parce que précédemment il n'avait jamais eu à
témoigner publiquement par écrit. Il savait aussi qu’il
fallait faire attention de ne pas faire d'erreur de doctrine. Il a
passé des heures à étudier les Écritures
et les paroles des prophètes vivants pour vérifier que
ses écrits étaient corrects. Il a travaillé pour
exprimer de façon concise ses croyances pour qu'elles soient
comprises sans difficulté par le public. L'un de ses articles,
par exemple, a été repartagé plus de 700 fois
sur les médias sociaux et a été vu par des
milliers de gens.
Au
cours de ce processus, Jackson a trouvé que les messages de
ses articles entraient plus facilement dans ses conversations avec
ses amis. Son assurance à faire part de l'Évangile a
grandi. En septembre 2012, il a baptisé son ami Keith et plus
tard lui a conféré la prêtrise d'Aaron et l'a
ordonné à l'office de prêtre. En octobre 2012,
nous avons ouvert un quatrième blog, YoungAndMormon.com. Ce
blog est administré sous la direction des présidences
de Jeunes Gens et de Jeunes Filles du pieu et de leur équipe
de la mission numérique. Quand Jackson s'est adressé au
comité des jeunes de pieu pour faire part de son expérience
et qu’il a expliqué comment cela l'avait amené à
approfondir son étude de l’Évangile, l'Esprit
était puissant. Par la suite, nous avons appelé
d'autres membres du comité comme missionnaires internautes, et
ils sont occupés à contribuer régulièrement
au blog. Jackson Haight est l'illustration type de l'Écriture
qui dit : « Car celui qui voudra sauver sa vie la
perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la
bonne nouvelle la sauvera » (Marc 8:35). Lorsque Jackson
sera appelé en tant que missionnaire à plein temps, il
maniera parfaitement le langage de la technologie et celui de
l'expression personnelle.
Deuxièmement,
nos missionnaires internautes ont trouvé qu'il est facile
d'inviter leurs amis qui ne sont pas membres de l'Église ou ne
sont pas pratiquants à les rejoindre sur le blog pour y
contribuer. Ils le font par exemple en leur envoyant le brouillon
d'un article pour leur demander leurs commentaires avant de le
publier sur le blog. Sans exception, ces amis acceptent d’apporter
leur aide. Les missionnaires internautes peuvent ainsi faire part de
l'Évangile à leurs amis plus facilement qu'autrement.
Cette technique s'est avérée être si efficace à
la fois pour la qualité de l'écriture et l'impact
missionnaire que nous en avons quasiment fait une obligation avant la
publication d’un article. On pourrait consacrer un livre entier
aux anecdotes liées au succès de cette procédure.
Troisièmement,
puisqu'on ne peut pas prévoir qui s'intéressera à
l'Évangile, plus on rencontre de gens, plus on peut en inviter
et plus on trouve des personnes prêtes à suivre les
leçons missionnaires. J'ai la chance de pouvoir rencontrer
beaucoup de nouvelles personnes au travail, mais d'autres, selon leur
situation personnelle ou professionnelle, ont peu d'occasions de
rencontrer de nouvelles personnes. Par exemple, beaucoup de mères
au foyer qui ont des enfants en bas âge trouvent qu'il est
difficile de se faire des amis du fait de leur activité.
Qu'elles vivent à Orem, à Odessa ou à Orlando,
la plupart de leurs amis sont membres de l'Église et cela ne
facilite pas l'oeuvre missionnaire. Servir comme missionnaires
internautes ou comme bloggeuses leur procure beaucoup plus
d’occasions de rencontrer de nouvelles personnes. Les
missionnaires à plein temps doivent frapper sur une porte à
la fois dans l'espoir de trouver des gens à qui parler de
l'Église, mais ceux qui font part de l'Évangile en
ligne peuvent savoir rapidement qui est intéressé et
qui ne l'est pas. Il suffit de lire les questions posées.
Quatrièmement,
oeuvrer seul peut parfois être décourageant, mais les
missionnaires internautes font partie d'une équipe. À
ce propos, notre mission numérique organisée en zones
fonctionnait bien. Nos dirigeants de zone ont tenu des conférences
de zone mensuelles où ils recevaient une formation, faisaient
part d'expériences inspirantes, trouvaient la solution à
des difficultés partagées et géraient la
planification des articles rédigés par les
missionnaires et les bloggeurs dont le nombre était en
constante augmentation.
Enfin,
voici la dernière leçon : lorsqu'un signal se
propage par un fil, plus la distance est grande, plus sa puissance et
sa clarté diminuent. La clarté et la puissance de
l'Esprit de Dieu, en revanche, ne diminuent pas en fonction des
distances, même si nos correspondants habitent à l'autre
bout du monde. Quand nous écrivons sur l’Internet par le
pouvoir de l'Esprit et avec l'amour du Seigneur, nos correspondants
peuvent ressentir cet Esprit et cet amour comme si on leur parlait
face à face. Je rends témoignage de ce principe.
DEUXIÈME
PARTIE : ENSEIGNER EN VUE DE LA CONVERSION
Nous
avons souvent une fausse idée de la raison pour laquelle
autant d’amis de l’Église ne tiennent pas leur
engagement à lire le Livre de Mormon, à prier pour
savoir s’il est vrai ou à aller à l’église.
Quand les amis de l’Église manquent plusieurs fois à
leur engagement, les missionnaires et nous avons tendance à
penser que c'est parce qu'ils ne sont pas vraiment intéressés.
Pourtant, souvent, la raison pour laquelle les amis de l’Église
ne font pas ces choses est parce qu’ils ne savent pas comment
le faire.
Beaucoup
savent s’exprimer mais, dans leur Église on apprend les
prières par cœur, on ne les fait pas en expression
libre. Ils savent lire, bien sûr, mais ils ont appris à
lire en commençant par le début et en terminant par la
fin, alors que s'agissant des Écritures, on les lit souvent
pour répondre à des questions (voir Prêchez mon
Évangile, p. 115-120). Chose étonnante, peu d’amis
de l’Église savent comment sanctifier le jour du sabbat.
Ils ne l’ont jamais fait. Ils ne savent pas non plus mettre
pleinement à profit leur présence aux réunions
de l’Église.
Puisque
de nombreux amis de l’Église ne savent ni lire les
Écritures, ni prier, ni sanctifier le sabbat, la plupart des
amis de l’Église ne progressent pas jusqu’au
baptême. Quand on prend le temps de leur enseigner à
faire ces choses, ils sont beaucoup plus nombreux à être
baptisés. Aider les autres à apprendre à faire
ces choses est le thème de la deuxième partie de ce
livre.
Chapitre
7 : Enseigner à prier
Il
y a plusieurs années, nous avons invité Joshua Moore et
sa femme Angela (qui était membre non pratiquante de l'Église)
à venir chez nous pour un rendez-vous avec les missionnaires.
Joshua avait grandi dans une famille chrétienne membre d'une
autre Église où il n'avait jamais été
pratiquant. Il avait reçu une excellente éducation et
était investisseur en capital-risque à Boston. Ils
attendaient leur premier bébé.
Les
missionnaires, Elder Murphy et Elder Adams qui servaient dans notre
paroisse à l’époque étaient d’excellents
instructeurs. Notre président de mission insistait sur
l’importance de limiter les leçons à
quarante-cinq minutes, durée optimale selon Prêchez mon
Évangile. Pendant la première leçon, Joshua a
posé beaucoup de questions, et il a fallu les quarante-cinq
minutes pour enseigner ce que les frères missionnaires
ressentaient qu’ils devaient présenter. À la fin
de la leçon, ils ont donc donné un exemplaire du Livre
de Mormon à Joshua et l’ont invité à lire
et à prier à son sujet. Joshua a dit qu’il le
ferait.
Au
début de la deuxième leçon, Elder Adams a
demandé à Joshua s’il avait commencé à
lire dans le Livre de Mormon et s’il priait. Quand il a répondu
par l'affirmative, les missionnaires ont exprimé leur
satisfaction et commencé à enseigner la deuxième
leçon à Joshua et Angela. La leçon a pris plus
de temps que prévu. Jetant un coup d’œil à
sa montre, Elder Murphy a vu que la limite de quarante-cinq minutes
approchait et il a conclu son dernier point aussi vite que possible.
Après la prière de clôture de ma femme, Elder
Adams a demandé à Joshua s’il continuerait à
lire le Livre de Mormon et à prier tous les jours. Joshua a
répondu qu’il le ferait.
La
troisième leçon était une copie de la deuxième.
Elder Adams a commencé en demandant à Joshua s’il
continuait à lire le Livre de Mormon et à prier. Quand
Joshua a confirmé qu’il l’avait fait, les
missionnaires l’ont complimenté et lui ont demandé
s’il avait des questions. Joshua a dit qu’il n’en
avait pas et les missionnaires ont commencé à enseigner
leur leçon. Contenant encore beaucoup de points, la leçon
s'est poursuivie jusqu’à la fin du temps autorisé.
À la fin de la leçon, Elder Adams a de nouveau
demandé : « Est-ce que vous continuerez à
lire et à prier, Joshua ? » Il a promis de
nouveau qu’il le ferait et les missionnaires, après
avoir fixé le rendez-vous suivant, sont repartis.
Au
début de la quatrième leçon, il était
clair que la lumière de l’Évangile qui émane
normalement de ceux qui découvrent la vérité
n’était pas présente chez Joshua. Lorsqu’il
a répété aux missionnaires qu’il avait
étudié et prié, j'ai décidé
d’aller plus en détail en demandant : « Joshua,
comment fais-tu pour prier et qu’est-ce que tu dis dans tes
prières ? »
D’un
air penaud mais soulagé, Joshua a répondu : « En
fait, je ne sais pas prier. J’ai grandi dans une famille
chrétienne mais je n’ai jamais vraiment appris à
prier. J’ai mémorisé quelques prières
quand j’étais petit mais je ne m’en souviens plus.
Je vous ai dit que je priais parce que j’avais trop honte
d’avouer que je ne savais pas le faire. En fait, je n’ai
jamais vraiment réfléchi à la prière de
quelque manière que ce soit. »
Je
me suis excusé de ne pas avoir aidé Joshua dans cette
tâche et les missionnaires ont mis de côté le plan
de leçon qu’ils avaient préparé. J'ai
alors suggéré : « Tu nous as entendus
prier au début et à la fin de nos conversations,
Joshua, mais ce sont des prières publiques où on dit
des choses qui s’appliquent à nous tous. Tes prières
personnelles devraient être différentes ; elles
sont plutôt comme un rapport personnel ou une conversation avec
Dieu. Agenouillons-nous et je vais te montrer comment je prierais si
j’étais à ta place. Je vais ensuite demander à
Christine de prier, puis à Elder Murphy. Écoute ce que
nous disons et la manière dont nous le disons. Chaque prière
sera différente mais prête attention aux paroles.
Ensuite, nous nous assiérons et tu pourras nous poser toutes
les questions que tu voudras sur la prière. »
Après
avoir terminé cet exercice, je lui ai demandé :
« Quels points communs as-tu remarqués dans notre
façon de prier ?
—
La
chose la plus évidente est que vous avez tous prié à
voix haute plutôt que de prier dans votre tête. Est-ce
que vous priez toujours à voix haute quand vous priez en
privé ?
—
Les
prières silencieuses suffisent, a répondu Elder Murphy,
mais quand c’est possible, on prie à haute voix. Ça
aide à avoir le sentiment de parler vraiment avec Dieu parce
que c’est exactement ce qu’on fait : c’est une
conversation personnelle avec notre Père céleste.
Joshua
a dit ensuite : « Vous avez tous commencé
votre prière en remerciant Dieu pour les choses qu’il
nous a données. J’imagine que cela nous aide à
reconnaître à quel point Dieu nous aime, n’est-ce
pas ? »
Elder
Adams a confirmé et Joshua demandé : « J’ai
remarqué que vous n’avez pas seulement demandé
des bénédictions, mais que vous lui avez aussi expliqué
la situation : vous lui avez dit ce que vous aviez fait et ce
que vous alliez faire et ensuite vous avez demandé son
conseil. Pourquoi avez-vous fait comme cela ? »
Elder
Adams a répondu : « Quand vos enfants vous
parlent au téléphone, vous voulez qu’ils vous
mettent au courant de leur vie. Vous savez plus ou moins ce qu’ils
font mais vous les aimez tellement que vous voulez les entendre
parler d’eux-mêmes, n'est-ce pas ? Dieu aussi
voudrait avoir de nos nouvelles parce qu’il nous aime vraiment.
Il veut que nous étudiions tous les aspects des choses par
nous-mêmes et que nous prenions ensuite nos propres décisions
sur ce qu’il faut faire. Nous lui demandons alors son opinion
sur nos décisions. Il préfère qu’on fasse
de cette façon parce que s’il prenait toutes nos
décisions à notre place, nous ne progresserions pas.
C’est ainsi que j’imagine la prière personnelle :
un coup de fil à mes parents. Les Écritures montrent
que notre Père céleste veut que nous 'l’appelions'
parce qu’il nous aime et veut entendre notre voix et nous
conseiller. »
La
conversation semblait éveiller la curiosité de Joshua
sur la prière. Il a demandé : « Quand
je parle de choses avec Dieu et que je lui demande son aide, quelles
sortes de sujets puis-je aborder ? Par exemple, ne peut-on
demander à Dieu que de l’aide spirituelle, ou bien
est-ce qu’on peut prier pour des problèmes au
travail ? »
Elder
Murphy a demandé à Joshua de lire Alma 34:17-27. Quand
il a eu fini, Joshua a résumé ce qu’il en avait
tiré : « Je suppose que cela dit que tout ce
qui m’est important est important à Dieu aussi. C’est
ça ? »
—
C’est
exactement ça, Joshua, a répondu Elder Murphy. Je suis
émerveillé par l’idée que Dieu, qui a un
pouvoir et une sagesse immenses, nous aime tellement que tout ce qui
nous est important lui est important aussi. » Il a demandé
à Joshua s’il voulait bien s’agenouiller avec eux
et prier à haute voix de la manière qu’on venait
de présenter. Joshua a fait une prière belle et
sincère.
Ensuite,
Joshua a demandé : « Jusque-là, vous
m’avez enseigné à parler à Dieu. Mais lui,
comment me parle-t-il ? »
Je
me suis permis de donner cette explication :
« Voici
comment je vois la chose. Nous nous parlons de manière
physique et mécanique. Nos cordes vocales vibrent. Cela crée
des ondes acoustiques dans l’air qui sont elles aussi
matérielles. Ces ondes percutent les tympans des autres, ce
qui les fait vibrer et crée ensuite des signaux électriques
qui transportent ces vibrations jusqu’au cerveau des auditeurs.
Ensuite, les signaux incitent les neurones à interagir presque
instantanément avec différentes parties du cerveau,
communiquant l’idée que l’orateur veut
transmettre. Le concept clé est que ce sont tous des
phénomènes physiques et mécaniques. Nous
n’entendons pas vraiment avec les oreilles ; nous
entendons avec le cerveau. Nos merveilleuses oreilles sont
interprètes ; elles transforment des signaux mécaniques
en signaux électroniques.
« Pour
autant qu’on le sache, ces ondes physiques et mécaniques
qui transmettent la parole ne voyagent pas dans l’espace, où
il n’y a pas d’atmosphère. Donc si deux
astronautes enlevaient leur casque sur la lune et essayaient de se
parler, ils n’entendraient rien puisqu’il n’y a pas
d’air dans lequel les vibrations peuvent se transformer en
ondes. Il faut qu’ils parlent électroniquement, pas
mécaniquement.
« Tout
ça pour dire qu’il ne faut pas t’attendre à
ce que Dieu te parle par des ondes physiques que tes oreilles peuvent
détecter. Il envoie plutôt le Saint-Esprit, qui est
l’Esprit de Dieu et qui peut communiquer avec ton esprit au
plus profond de toi, directement dans ton cerveau ou à travers
tes sentiments, sans passer par la conversion électromécanique
de tes oreilles. Beaucoup de personnes ont du mal à comprendre
parce qu’elles essaient d’entendre la voix de Dieu avec
les oreilles et elles n’entendent rien. Il faut plutôt
écouter au fond de soi. Parfois sa voix se perçoit
comme des idées, des mots ou des phrases qui apparaissent dans
la tête comme des pensées. Plus souvent, son message se
perçoit comme des sentiments paisibles et doux dans notre
cœur. C’est comme si l’Esprit de Dieu entrait en
toi et entourait chaleureusement ton esprit pour te dire 'C’est
juste' ».
Après
notre explication, Elder Adams a demandé : « Joshua
et Angela, nous voudrions que vous fassiez deux choses chaque jour.
En premier, trouverez-vous un moment tranquille où vous êtes
seuls pour prier notre Père céleste tous les jours à
voix haute comme vous venez de faire ? Et avant de vous coucher,
est-ce que vous vous agenouillerez ensemble pour prier en tant que
mari et femme pour les choses qui concernent votre mariage et votre
famille ? Ferez-vous ces deux choses ? » Joshua
et Angela ont accepté l’invitation.
Elder
Murphy a demandé à Joshua la permission de téléphoner
quelques jours plus tard pour s'assurer que tout se passait comme
prévu. Joshua a dit qu’il serait content de recevoir
l’appel. Les missionnaires l’ont appelé et Joshua
a répondu avec fierté qu’ils priaient comme ils
l’avaient promis. Quand ils sont venus pour leur prochain
rendez-vous, la lumière que je n’avais pas vue
auparavant en Joshua y était enfin. Il a été
baptisé peu de temps après.
Joshua
et Angela ont été scellés dans le temple et ils
ont maintenant quatre beaux enfants. Je frémis à l’idée
que si on n’avait pas découvert son incapacité à
prier, les missionnaires l’auraient probablement mis sur la
liste des ex amis de l’Église qui ne progressent pas.
Quand
on voit des amis de l’Église qui ne tiennent pas leur
engagement à prier, à lire et à aller à
l’église, il se peut bien que ce soit parce qu’ils
ne savent pas le faire. Même s’ils proviennent de l’une
des meilleures universités du monde (comme Joshua), on ne doit
pas présupposer qu’ils savent communiquer avec Dieu ou,
comme nous le verrons maintenant, qu'ils savent étudier la
parole de Dieu. Notre hypothèse par défaut devrait être
qu’ils ne savent pas le faire.
Chapitre
8 : Enseigner à étudier le Livre de Mormon
Notre
expérience avec Joshua et Angela Moore et les expériences
que je vais partager dans ce chapitre ont profondément changé
la manière dont nous amenons nos amis à la conversion.
En plus de leur enseigner à prier, nous devons enseigner aux
gens comment lire et sonder les Écritures, plus précisément,
comment se livrer à l’étude personnelle du Livre
de Mormon en s’aidant de la prière. Ce besoin m’est
devenu évident au cours de mes échanges avec un
collègue de travail que je connaissais depuis plusieurs
années, Brian Carpenter. Brian m’avait envoyé un
e-mail dans lequel il avait demandé quelle était la
position de l’Église sur plusieurs sujets, et je l’ai
invité chez nous pour en parler avec les missionnaires autour
de la table. En lançant l’invitation, je lui ai dit :
« Plutôt que nous te disions ce que nous voudrions
que tu saches sur notre Église, veux-tu bien venir avec une
liste de questions sur la religion auxquelles tu n’as pas pu
trouver de réponses satisfaisantes ? Comme ça,
nous pourrons te présenter notre point de vue sur ces
questions. Nous voulons répondre à ce qui te
préoccupe. »
Brian
est venu un jeudi soir avec une liste de questions très
réfléchies sur la notion du péché
originel, du baptême des enfants et d'autres sujets. Nous en
avons parlé au cours du dîner pour comprendre pourquoi
ces questions étaient importantes pour lui et comment il avait
essayé d’en trouver les réponses. Nous sommes
passés ensuite au salon et avons demandé aux
missionnaires de répondre à certaines des questions en
haut de la liste. Pour ce faire, ils ont puisé habilement dans
les quatre leçons du chapitre 3 de Prêchez mon Évangile.
Ils ont ensuite décrit le Livre de Mormon, ont expliqué
qu’il contenait les réponses à toutes les
questions de Brian, en ont témoigné, lui en ont donné
un exemplaire et lui ont demandé s’il le lirait. Brian
avait fait des études supérieures et avait grandi dans
une famille chrétienne, mais il a repoussé le livre en
disant : « Quelqu’un m’en a déjà
donné un il y a quelques années. J’ai essayé
de lire jusqu’à 2 'Nifi' mais c’était
bizarre et je n’ai pas vraiment accroché. »
Quand
Brian a dit cela, j’ai eu la forte impression qu’une
raison de sa difficulté avec le Livre de Mormon, bien qu'il
sache lire et qu’il ait fréquenté d’autres
Églises, était qu’il n’avait jamais appris
à lire les Écritures.
J'ai
dit alors : « Brian, quand on lit des romans ou des
manuels scolaires à l’école, on apprend à
commencer par le début et à terminer par la fin. Mais
ce n’est pas toujours le moyen le plus efficace avec les
Écritures. Pour t’aider à apprendre à lire
d’une façon différente, je vais te donner un
devoir. Tu devras me le rendre la semaine prochaine. Je vais
l’écrire. Il te faudra à peu près deux
heures pour le faire, donc tu ferais bien de réserver du temps
pour le faire un soir ou ce dimanche. Cela devrait être un
moment tranquille où tu peux être seul sans être
interrompu. »
J'ai
donné alors à Brian le devoir de lire deux chapitres du
Livre de Mormon : Mosiah 18 et Moroni 8. Il devait ensuite
écrire une réponse en deux paragraphes à chacune
des trois questions suivantes :
►
Pourquoi
Dieu est-il si fâché lorsqu’on baptise les petits
enfants ?
►
Pourquoi
Dieu veut-il qu’on soit baptisé ? Quel est
l’objectif du baptême ?
►
Par
quel processus est-on pardonné de ses péchés ?
J’ai
choisi ces questions parce que les questions sur le baptême des
enfants et le péché originel étaient sur la
liste que Brian avait apportée et que les réponses se
trouvent dans les chapitres qu'il devait lire. Ensuite, j’ai
écrit sept étapes que Brian devait suivre pour faire
son devoir :
1.
Prie à genoux et à voix haute, en expliquant à
Dieu que ton ami t’a donné ce devoir. Demande-lui de
t’aider à comprendre les chapitres que tu liras.
2.
Lis les chapitres.
3.
Écris un brouillon des réponses à ces trois
questions.
4.
Agenouille-toi de nouveau pour prier à voix haute et explique
à Dieu les réponses que tu as reçues, comme si
tu lui parlais en personne. Ensuite, dis-lui que tu reliras les
chapitres. Demande-lui de bien vouloir t’aider à
comprendre encore mieux les réponses qu’il veut que tu
donnes à ces questions.
5.
Relis les chapitres.
6.
Peaufine les réponses à la lumière de ton
nouveau niveau de compréhension. Ces réponses écrites
constituent le devoir que tu devras me rendre à notre prochain
rendez-vous.
7.
Agenouille-toi encore pour prier une troisième fois.
Cependant, le but de cette prière sera différent. Cette
fois, il faut que tu pries Dieu pour lui demander si les choses que
tu auras écrites et les choses que tu auras lues sont vraies.
Après
avoir relu l'énoncé du devoir pour nous assurer que
Brian le comprenait, nous avons lu Moroni 3:3-5 et avons dit :
« Maintenant, nous voudrions t’apprendre à
faire la prière de la septième étape. »
Nous avons montré du doigt la première phrase du verset
3 et avons demandé : « Brian, pourquoi Dieu
veut-il que tu prennes quelques minutes avant de faire cette prière
pour réfléchir à la façon dont Dieu t’a
abondamment béni ? »
Après
une pause, Brian a répondu : « Je suppose que
cela m’aidera à ressentir à quel point Dieu
m’aime et combien je l’aime.
—
Exact.
Il est important de ne pas omettre cette étape.
Nous
avons ensuite continué à lire et nous nous sommes
arrêtés vers la fin du verset 4 pour demander :
« Que signifie prier avec une intention réelle ?
—
Je
suppose que cela veut dire que je dois être sincère, a
répondu Brian.
—
Pas
exactement, ai-je dit. On a déjà parlé de la
sincérité dans le verset précédent. Prier
avec une intention réelle veut dire que tu dois dire à
Dieu ce que tu as l’intention de faire s’il répond
à ta prière.
Nous
avons parlé de l'influence que la vérité
pourrait avoir dans la vie de Brian. Nous avons ensuite lu le verset
5 et avons expliqué que Dieu répond aux prières
par des pensées qui viennent à l'esprit et des
sentiments qui se manifestent. J'ai terminé en demandant :
« Feras-tu ce devoir, Brian ? »
Brian
a accepté de le faire.
Quand
Brian s'est levé pour partir, nous avions consacré
environ 70 % de notre temps aux questions de Brian et 30 % sur la
façon de recevoir ses propres réponses pendant l’étude
personnelle du Livre de Mormon. Les missionnaires ont téléphoné
à Brian le samedi suivant pour lui demander s’il avait
des questions sur le devoir. Brian a répondu qu’il avait
réservé deux heures de la soirée de dimanche
pour le faire.
Le
mardi suivant, après la prière d’ouverture,
Brian, tout fier et souriant, a rendu des copies de son devoir aux
missionnaires et à nous. « Permettez-moi de vous
dire ce que j’ai appris », a-t-il dit. Il a lu sa
réponse à la première question à voix
haute. Il a commencé ainsi : « Dieu se fâche
lorsqu’on baptise les enfants parce que cela dévalorise
l’Expiation de Jésus-Christ. » Il a expliqué
comment il était arrivé à cette conclusion. Il a
passé dix minutes à expliquer comment il avait tiré
sa réponse de Moroni 8.
« Clay,
a-t-il dit ensuite, merci de m’avoir obligé à
écrire tout ça. Je déteste écrire mais ça
m’a forcé à vraiment y réfléchir.
C’était vraiment très utile. » Brian a
lu ensuite à voix haute ses réponses aux deux questions
suivantes et a expliqué comment, à partir des deux
chapitres, il était arrivé à ces conclusions.
Les réponses étaient tout aussi profondes.
Lorsque
Brian a eu terminé le compte-rendu de son devoir, il a dit :
« Vous savez quoi ? Je crois vraiment que ces choses
sont vraies. Je les comprends enfin dans ma tête et j’en
ai ressenti la véracité dans mon cœur lorsque je
priais. » J'ai remarqué la tendresse avec laquelle
Brian tenait le Livre de Mormon dans ses mains pendant qu’il
disait cela. Il était visible qu'il tenait quelque chose
d’important.
Je
lui ai alors demandé : « Brian, maintenant que
tu sais que c’est vrai, accepteras-tu d’être
baptisé ?
—
J’y
ai réfléchi, et absolument je veux être baptisé,
a-t-il répondu. Vous m’avez dit que je devais dire à
Dieu ce que j’avais l’intention de faire. C'est ce j’ai
fait. Au début, je pensais que je devais attendre d'avoir la
réponse à toutes mes questions. Puis je me suis rendu
compte que ce n’est pas l’objectif du baptême. Si
j’attendais d'avoir la réponse à toutes mes
questions, cela pourrait durer une éternité. Tenez,
a-t-il dit en indiquant la réponse à la deuxième
question, l’objectif du baptême est de s’engager à
suivre Dieu. Le baptême est le début et non pas la fin.
Nous
avons fixé une date de baptême pour le 17 décembre.
Brian
avait passé les trente-cinq premières minutes de notre
leçon de quarante-cinq minutes à nous enseigner
l’Évangile et à rendre son témoignage. Les
missionnaires n'ont pu que donner un bref résumé de la
leçon qu’ils avaient préparée mais ce
n’était pas grave. Nous apprenons plus profondément
les choses quand nous les enseignons aux autres et Brian venait de
passer trente-cinq minutes à nous enseigner les premiers
principes et ordonnances de l’Évangile.
Les
rendez-vous suivants avec Brian se sont passés comme le
premier. Avant la fin, j’ai écrit un devoir qui
l’aiderait à trouver dans le Livre de Mormon la réponse
à deux autres de ses questions. Quand j'ai commencé à
énumérer les sept étapes, Brian a dit :
« Tu n’as pas besoin de me les écrire. Je les
connais par cœur : Prier, lire, écrire ;
Prier, lire, écrire ; Puis prier encore une fois. C’est
un excellent système. » Elder Adams ne manquait
jamais d’appeler entre les rendez-vous pour vérifier que
Brian comprenait et faisait son devoir. Brian prenait toujours les
vingt premières minutes des rendez-vous pour présenter
son devoir, puis les missionnaires enseignaient pendant à peu
près quinze minutes. Nous passions les dix dernières
minutes à lui expliquer son prochain devoir et à
vérifier que Brian comprenait les autres engagements qu’on
l'avait invité à prendre. J’ai baptisé mon
ami Brian le 17 décembre 2005 à l'église de
Belmont.
Nous
avons appris plusieurs leçons au cours de notre expérience
avec Brian, et nous les avons appliquées à chaque
occasion suivante où nous avons reçu les missionnaires
chez nous pour enseigner l’Évangile à nos amis.
Premièrement,
comme nous l’avons appris de notre expérience avec
Stephen Spencer (au chapitre 2), nous avons commencé à
demander à chaque personne de venir à ces conversations
avec une liste de questions sur la religion auxquelles elles
n’avaient pas trouvé de réponse satisfaisante.
Dans Prêcher mon Évangile (p. 115-123), les
missionnaires apprennent à étudier le Livre de Mormon
en commençant par des questions pour pouvoir appliquer toutes
les Écritures à eux-mêmes (voir 1 Néphi
19:23-24). On leur apprend à chercher des réponses dans
les Écritures en s’aidant de la prière, à
écrire les pensées et les impressions qui leur viennent
à l’esprit lorsqu’ils étudient, et à
prier pour savoir si leurs conclusions sont vraies. S’il est
correct que les missionnaires étudient de cette manière,
les amis de l’Église peuvent certainement en bénéficier
aussi.
Deuxièmement,
dans toutes nos expériences précédentes pour
faire part de l’Évangile aux autres, nous avions supposé
que ceux qu’on enseignait savaient comment lire les Écritures,
tout comme nous avions supposé que Joshua Moore savait comment
prier. Nous passions beaucoup de temps à enseigner avec les
missionnaires et agissions comme si la conversion se faisait
principalement pendant les leçons missionnaires. Du coup,
pendant ces leçons, on passait 90 % du temps à écouter
les missionnaires enseigner et témoigner. Les leçons
missionnaires sont très importantes, mais il existe un autre
contexte où le pouvoir de conversion de l’Esprit peut
agir dans le cœur de ceux cherchent : l’étude
personnelle du Livre de Mormon où ils trouvent les réponses
aux questions qu’ils se posent.
Nous
passons maintenant une grande partie des leçons missionnaires
à enseigner cela aux amis de l’Église. De plus,
nous leur demandons de témoigner de ce qu’ils ont appris
et ressenti au cours de leur étude et de leurs prières.
Christine et moi sommes enseignants de profession et avons enseigné
de nombreuses classes dans l’Église. Nous savons qu’on
apprend beaucoup plus en enseignant un cours qu'en l'écoutant.
Maintenant, nous savons que ce principe s’applique aussi à
ceux qui apprennent l’Évangile rétabli. Ils
apprennent bien mieux quand on leur donne l’occasion de nous
enseigner.
La
troisième idée est liée à ce que Brian a
déclaré à propos de son devoir : « Je
déteste écrire, mais ça m’a forcé à
vraiment y réfléchir. » Ce principe se
trouve à la fin de Moroni 10:3 : « Quand vous
recevrez ces choses… méditez cela dans votre cœur. »
Je n’avais jamais beaucoup réfléchi à cet
élément de la promesse, et nous n’avions jamais
enseigné à nos amis de l’Église la façon
de méditer sur la vérité. Apparemment, c’est
un élément essentiel du processus de la conversion.
J’ai
parlé des « devoirs » avec beaucoup de
membres de l'Église et de missionnaires. Souvent, ils
répliquent : « Brian a fait son MBA à
Harvard. Les devoirs, c’est facile pour lui. Et si un ami de
l’Église n’a jamais fait d’études ?
Vous pensez qu’il ou elle peut répondre à ces
questions ? » Ma réponse est double. D’abord,
c’est vrai que Brian n’est pas commun. Mais n’est-ce
pas merveilleux que si on suit les voies de Dieu plutôt que
celles de l’homme, on peut inviter des personnes aussi douées
que Brian à apprendre de nous ? Et ce, au point qu'elles
souhaitent avec enthousiasme se joindre à l'Église ?
Deuxièmement, si tout le monde ne peut pas exprimer ses
réponses avec autant d'éloquence que Brian, les bonnes
questions à nous poser sont les suivantes :
►
Est-ce
que nous souhaitons apporter l’Évangile aux gens qui ont
des questions ?
►
Est-ce
que nous voulons qu’elles réfléchissent et
méditent pour connaître les réponses à
leurs questions ?
Si
c’est le cas, les devoirs, que l’on peut modifier selon
les personnes, sont de très bons outils.
Enfin,
quatrièmement, nous avons appris qu’une des raisons pour
lesquelles certaines personnes que nous avons invitées à
étudier l’Évangile ont refusé notre
invitation, ou que d’autres ont choisi d’arrêter
d’étudier avec les missionnaires avant le baptême,
est que nous essayions de leur dire ce que nous pensions qu’ils
devaient savoir. Il s'ensuivait que si nos propos ne correspondaient
pas à leurs questions, ils estimaient que l’Évangile
n’avait pas d’utilité dans leur vie. En organisant
chaque leçon missionnaire, ainsi que les devoirs, autour de
questions auxquelles ils cherchent les réponses, beaucoup plus
de personnes acceptent notre invitation. Dans Prêchez mon
Évangile, nous lisons : « Adaptez votre
enseignement aux besoins » (p. 196). Aux pages 202 à
205, ce manuel nous apprend à poser des questions et à
écouter.
Chapitre
9 : Enseigner à sanctifier le jour du sabbat
Nous
avons presque tous un ou plusieurs « lieux sacrés »
— des lieux où, à des moments précédents
dans notre vie, nous avons vécu des expériences
chaleureuses, joyeuses et mémorables. Nous aimons revisiter
ces lieux. J’en ai plusieurs. L’un d’eux est la
rivière Jordan dans le quartier de Rose Park à Salt
Lake City. Quand j’avais treize ans, mon frère Elliott,
nos amis et moi avons construit des kayaks et avons passé nos
étés d’adolescence à monter et à
descendre la rivière. J’aime surtout la partie où
elle croise Rose Park.
Un
autre lieu sacré est Queens College, à l’université
d’Oxford en Angleterre. C'est là que, après avoir
reçu une bourse Rhodes et alors qu'en tant qu’étudiant
de troisième cycle j’étudiais une nuit au
troisième étage de Drawda Hall, rue High Street, j’ai
appris avec certitude que Jésus-Christ vit, que le Livre de
Mormon est vrai et que son Évangile a été
véritablement rétabli sur la terre.
À
chaque fois que j’ai le temps pendant mes voyages à Salt
Lake City, je me promène sur le bord de la rivière
Jordan et je suis inondé de souvenirs qui emportent mes
soucis. Bien que j’aille en Angleterre moins souvent, j’essaie
toujours de retourner à Oxford où je m’assois sur
un banc en face de ce bâtiment de High Street pour me rappeler
l’Esprit qui est venu dans cette salle et qui a changé
ma vie pour toujours. Je repars toujours d’Oxford l’esprit
purifié.
Cette
description des lieux sacrés, je l’espère, mettra
mes commentaires qui suivent dans leur contexte. Dans les deux
chapitres précédents, j’ai affirmé que la
raison pour laquelle beaucoup d’amis de l’Église
ne tiennent pas leurs engagements à lire, méditer et
prier est que nous ne leur avons pas enseigné comment le
faire. Je présente un problème similaire dans ce
chapitre : quand les gens ne tiennent pas leur engagement
d’aller à l’église, c’est souvent
parce qu’ils ne savent pas comment faire. Et s’ils
viennent, ils « subissent » passivement les
réunions. Pour remédier à ces inconvénients,
je suggère trois choses. On peut d'ailleurs en discuter et
planifier ces actions (voir Prêchez mon Évangile, p.
162) en s’aidant du Rapport de progression au cours du conseil
de paroisse (voir Prêchez mon Évangile, p. 241-242).
D’abord,
nous pouvons fixer un rendez-vous à l'église avec les
amis de l’Église avant qu’ils ne viennent aux
réunions du dimanche. Faisons-leur visiter le bâtiment
et expliquons-leur ce qu'on fait dans chaque salle :
Parlons-leur des réunions de Sainte-Cène, de la Société
de secours, de la Prêtrise, de la Primaire et ainsi de suite.
Ils doivent ne pas être intimidés par le bâtiment
et ressentir que l'église est un lieu sacré. Ils
voudront alors revenir dans un endroit où ils savent qu’ils
se sentiront bien. Pour cela, faisons qu'à l'occasion de cette
visite de l'église, les missionnaires leur donnent un
enseignement édifiant. Ils doivent vivre une belle expérience
spirituelle dans ce bâtiment.
Une
telle expérience fait partie des choses que l'on peut prévoir.
Pour illustrer ce principe, voici le contenu d'un e-mail que j’ai
adressé il y a quelques mois à une dizaine de membres
dans ma paroisse :
Chers
amis,
Comme
vous le savez peut-être, nos missionnaires, Christine et moi
étudions l’Évangile avec Bill Skelley. Il fait de
grands progrès. Bill était président du conseil
municipal de Belmont lorsque nous travaillions pour recevoir les
permis requis pour construire le temple et il nous a été
d’une grande aide. Bill a accepté de venir à
notre réunion de jeûne et de témoignage ce
dimanche. Je n’ai pas la prétention de vous imposer quoi
que ce soit. Toutefois, si vous vous sentez inspirés à
le faire, s’il vous plaît, pensez à Bill lors de
votre jeûne ce dimanche. Aussi, si vous vous y sentez poussés,
je vous serais reconnaissant de bien vouloir partager votre
témoignage afin que Bill puisse ressentir la véracité
de ce que vous direz. J’espère que cette réunion
de la paroisse de Belmont 2 ce dimanche sera la meilleure réunion
de jeûne et de témoignage depuis l’organisation de
l’Église en 1830.
En
vous remerciant par avance du fond du coeur,
Clay
Christensen
Mes
amis ont vraiment jeûné, prié et témoigné
pour Bill Skelley. Je regrette que tous les membres de l’Église
n’aient pas eu la chance d’assister à cette
réunion de jeûne et de témoignage particulière
en avril 2012 à la paroisse de Belmont 2. J’ai du mal à
imaginer qu’il y en ait eu un jour de meilleure.
Les
membres de chaque paroisse de l’Église peuvent inviter
l’Esprit dans leurs réunions, mais il est utile de
savoir quels amis de l’Église vont venir et de connaître
les besoins de chacun.
Deuxièmement,
repensez à la première fois qu'un ami de l’Église
vient à l’église : en retard, en jean et en
t-shirt. Il s’assoit au dernier rang où sont les
familles avec les enfants bruyants. En voyant tous ces gens
endimanchés en compagnie de leurs amis et de leur famille et
il se dit : « Il n’y a pas de place pour moi
ici ». Notre erreur est peut-être d'inviter les gens
à aller l'église sans leur expliquer comment s'y
rendre, comment s’habiller, où s’asseoir et comment
profiter de ce qui s'y passe.
Troisièmement,
le sabbat ne se limite pas aux réunions de l'Église. Il
dure toute la journée. Quand l'un de nos amis vient à
l’église, nous avons tendance à triompher pour
finalement nous rendre compte que nous n'avons pas vraiment atteint
le but qui est de les aider à sanctifier le jour du sabbat.
Même quand les amis de l’Église ressentent
l’Esprit à l’église, ce sentiment peut vite
se dissiper lorsqu’ils remplissent le reste de la journée
d’activités profanes.
Il
faut que nous leur apprenions à sanctifier le jour du sabbat.
Nous pouvons le faire en disant par exemple : « Quand
vous vous levez dimanche matin, agenouillez-vous seul et avec votre
famille pour prier. Expliquez à notre Père céleste
que vous irez à l’église. Demandez-lui de vous
permettre de ressentir son Esprit lorsque vous entendrez les orateurs
et les instructeurs. »
Quand
nous enseignons aux gens le principe du sabbat, il ne faut pas que
par défaut nous nous contentions de la notion d'assistance aux
réunions de l'Église. Parfois, je leur enseigne cette
idée en lisant avec eux Mosiah 3:16-19 puis en posant des
questions telles que : « Quelles sont quelques
activités profanes que les gens ont le jour du sabbat ? »
Il est facile d’en faire une longue liste. Je demande ensuite :
« Quelles sont les activités sacrées que
vous pourriez avoir le dimanche ? » Il faut aussi
qu’ils les écrivent, bien que ce soit plus difficile. Je
finis avec cette invitation : « Me promettrez-vous
que vous n'aurez aucune de ces activités profanes ce dimanche
et que vous remplirez plutôt votre journée d’activités
sacrées ? »
Chapitre
10 : Enseigner à reconnaître et à déjouer
la tentation
Satan
est un adversaire redoutable. Lorsque le royaume de Dieu est sur le
point de faire une avancée significative, il ne bat jamais en
retraite pour s'occuper d'autre chose. Au contraire. Il tente
toujours d'empêcher les progrès.
Par
exemple, après que Dieu ait appelé Moïse à
conduire Israël hors d’Égypte, Satan est apparu à
Moïse, criant d’une voix forte et commandant à
Moïse de l’adorer (voir Moïse 1:12-22). Quand Moïse
a refusé, il a vu l’amertume de l’enfer. Quand
Jésus se préparait à son ministère, il
est allé dans le désert pour jeûner et pour
prier. Satan en connaissait les enjeux et a offert le monde entier au
Christ à condition qu’il le loue (voir Matthieu 4:1-11).
Quand le jeune Joseph s’est agenouillé pour prier dans
le Bosquet sacré, Satan savait que c’était le
début du rétablissement de l’Évangile, et
il est intervenu pour s'efforcer de l’arrêter (voir
Joseph Smith — Histoire 1:15-17).
De
même, quand nos amis se préparent au baptême, nous
devons nous attendre à l’intensification de la tentation
et de la tromperie. Notre tâche en tant que missionnaires est
alors d’enseigner à nos amis à identifier la
tentation et à y résister. L’attaque peut prendre
deux formes différentes : la première est la
tentation personnelle de désobéir à la loi
divine. La deuxième est l’apostasie.
Souvent,
l'adversaire tend aux nouveaux convertis le piège du paradoxe
de l’obéissance. Nous enseignons à nos amis que
s’ils cèdent à la tentation, il ne faut pas
désespérer de surmonter le péché parce
que le Seigneur offre le repentir et le pardon. Satan en profite en
enseignant aux convertis : « Le repentir est comme la
carte Vous êtes libéré de prison dans le
Monopoly. Il est parfaitement acceptable de céder de temps en
temps et de s’adonner à quelques-uns de ses anciens
péchés. Tu te repentiras par la suite, tu promettras de
ne plus recommencer et tu seras pardonné. »
D’après
mon expérience, un bon moyen d’armer les nouveaux
convertis contre les ruses de l'adversaire est de leur enseigner
qu’il est plus facile de garder les commandements 100 % du
temps que 98 % du temps (voir, par exemple, Thomas S. Monson, « Les
trois principes du choix », Le Liahona, novembre 2010, p.
67-70).
L’autre
méthode qu’utilise l'adversaire pour arrêter la
progression des nouveaux convertis est l’apostasie. Cela peut
arriver avant ou après le baptême, quand quelqu’un
devient tout à fait convaincu qu'en fin de compte l’Église
n’est pas vraie. Comprendre la tromperie de l'adversaire qui
mène à l’apostasie est un élément
important de l’œuvre missionnaire.
La
tromperie vient souvent des amis ou des membres de la famille qui
croient vraiment sauver nos convertis de l’erreur. Ils
cherchent à remettre en cause l’histoire de Joseph Smith
ou de l’Église et ses dirigeants actuels. Ils prétendent
que certains principes doctrinaux et pratiques de l’Église
sont faux ou obsolètes. Comme il le fait depuis l’aube
des temps, Satan intervient pour essayer d’empêcher le
baptême des nouveaux convertis. Et s’ils sont déjà
baptisés, il essaie d’annuler ce qui a été
fait.
Mon
propos est de montrer comment Satan se glisse dans notre esprit pour
réorganiser nos circuits logiques et nous mener à de
fausses conclusions à partir de données vraies.
Les
chapitres 2 et 3 d’Éther, dans le Livre de Mormon,
décrivent le frère de Jared, que j’appellerai ici
le prophète. Il parle souvent avec Dieu, qui lui a parlé
dans une nuée. Le prophète connaît Dieu. Il a été
châtié par Dieu, et il sait combien le prier est
important.
Le
prophète fond d’un rocher seize pierres blanches et
demande à Dieu de toucher chacune du doigt. Le prophète
est tellement étonné quand il voit le doigt de Dieu
toucher les pierres qu’il tombe devant le Seigneur, frappé
de crainte (voir Éther 3:6). Le prophète explique
ensuite sa réaction en disant : « Je ne savais
pas que le Seigneur avait de la chair et du sang » (verset
8).
Le
Seigneur demande ensuite au prophète s’il a vu plus que
son doigt. Le prophète lui répond par la négative
et le Seigneur lui permet de le voir en entier. Dieu se présente
alors au prophète en disant, en substance : « Je
ne suis pas Dieu en fait. Je suis Jésus-Christ, le Fils de
Dieu — mais ça va si tu m’appelles Dieu. Dieu et
moi sommes d’un seul cœur et d’un seul esprit. J’ai
été préparé depuis le commencement du
monde pour racheter l’humanité. » Dieu
continue en expliquant au prophète qu’à ce
moment-là il a un corps qui ressemble au nôtre mais que
ce n’est qu’un corps d’esprit. Il explique que dans
le futur, il viendra sur terre vivre dans un corps physique comme le
nôtre. En outre, Dieu dit au prophète que c’est la
première fois depuis la création du monde que quelqu’un
a été autorisé à le voir.
En
posant des questions, le prophète apprend certaines dimensions
fondamentales de la nature de Dieu qu’il n’avait pas
comprises auparavant, mais l'ancienne conception du prophète
n'est complètement incorrecte. Elle est plutôt
incomplètes. Le prophète doit modifier et reformuler
son ancienne conception de Dieu. La révélation au sujet
de Dieu n’est pas un évènement unique où
tout ce qu’on peut savoir sur Dieu est livré d’un
bloc au prophète. C’est un processus qui prend du temps.
Je suppose qu’après cette expérience, il reste au
prophète encore beaucoup à comprendre sur Dieu.
Imaginons
à présent qu’après cette expérience
vécue par le prophète, quelqu’un nous montre deux
autres séquences du ministère du frère de Jared,
l’une vécue plus tôt, l’autre plus tard. Un
ami nous dit : « Regarde le manque de cohérence
entre la première description de Dieu et celle qui a été
écrite plusieurs années après. Tu vois comment
il embellit l’histoire ? Ce type n’est qu’un
charlatan. En plus il n’est même pas un bon charlatan
puisqu’il ne se souvient pas de l’histoire qu’il a
racontée au départ ! »
Qu’en
est-il en réalité ? Le problème est une
mauvaise compréhension de la révélation. Voici
une métaphore : ces trente dernières années,
la façon dont on enseigne la biochimie et la biologie
moléculaire a radicalement changé. Non pas que les lois
scientifiques de ces disciplines aient changé, mais c'est la
compréhension de ces disciplines, et donc ce que nous pouvons
enseigner, qui a changé. De même, Dieu n’a pas
changé. Il est le même hier, aujourd’hui et à
jamais. C’est ce que le prophète savait sur Dieu et ce
qu’il pouvait enseigner sur Dieu qui a changé.
Certains
critiquent Joseph Smith, disant qu’il a embelli ou révisé
ce qu’il avait dit ou écrit précédemment
sur la Première Vision. On en conclut souvent que ces
contradictions signifient qu’il ne pouvait pas être un
prophète. Ce faisant, on prend la chose à l’envers.
Le fait que Joseph Smith ait changé quelque chose qu’il
avait dit ou écrit précédemment ne devrait pas
nous déranger. Il a fait ce que les prophètes doivent
faire : poser les questions qui n'ont pas encore été
posées afin de recevoir davantage de ce que Dieu veut qu’on
apprenne.
La
révélation est un peu comme un polar. Le protagoniste
(le prophète) ne commence qu’avec la vague compréhension
d’un problème compliqué. Au fur et à
mesure qu’il pose des questions, la vérité
apparaît. En attendant, sa recherche n'est pas exempte
d'impasses ou d'hypothèses erronées issues
d’informations partielles. À la fin de l'épisode
d'une série télévisée, on lit
généralement à l'écran le message « À
suivre », un peu comme dans notre neuvième Article
de foi nous lisons « nous croyons qu’il révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le
royaume de Dieu ». Dans le processus de la révélation,
il existe beaucoup de ces « épisodes ».
Les « stars » de ces épisodes sont
Moïse, Pierre, Thomas, Joseph Smith et d’autres —
des prophètes dont la compréhension de Dieu découle
de leur faculté à poser des questions, à
recevoir des réponses et à les enseigner (question,
réponse, transmission).
Il
est important de voir les choses dans leur contexte. Du point de vue
de Dieu, la doctrine du Christ est complète et immuable.
Certains membres actuels ou anciens de l’Église prient
que nos prophètes changent un principe doctrinal ou une
pratique de l'Église pour coller aux normes changeantes de
notre société. Mais Dieu ne change pas les règles
et la doctrine pour suivre le rythme de la société.
Dans la perspective de Dieu, la doctrine est immuable. Dans la nôtre,
nous devons nous attendre à ce que notre compréhension
de la doctrine évolue et s’améliore. On peut
s’attendre à ce que le prophète change des choses
de temps en temps, mais il faut admettre que nous, en tant que
membres de l'Église, pouvons nous tromper et avoir besoin
d’approfondir notre connaissance de l’Évangile de
Jésus-Christ. Il s'agit de nous poser les bonnes questions,
celles qui déboucheront sur une plus grande compréhension.
Il
est essentiel que nous comprenions l'importance des questions dans le
processus de la révélation. Il est rare que les
convertis se rapprochent de l’Église sans que Satan ne
s’en aperçoive. Si nous ne sommes pas vigilants, les
élus — dont des personnes très intelligentes —
peuvent se perdre très vite avant ou après le baptême
(voir Matthieu 24:24).
Comme
tout converti sensé, j’ai un certain nombre de questions
auxquelles je n’ai pas de réponse. Mais je n’ai
aucun doute à propos du rétablissement de l’Évangile
de Jésus-Christ. Nous ne pouvons pas nous vacciner contre
l’apostasie. Satan a déployé une palette d’outils
sophistiqués pour attaquer la foi des amis de l’Église
qui n'ont pas appris comment fonctionne la révélation.
De nos jours, un élément important de l’œuvre
missionnaire est d'enseigner aux nouveaux convertis comment
fonctionne la révélation et comment démasquer la
tromperie de l'adversaire.
Dans
cette deuxième partie du livre, nous avons vu comment aider
ceux qui étudient l’Évangile à progresser
résolument vers le baptême. Nous devons enseigner aux
amis de l’Église qu’en tant que membres de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours, nous prenons connaissance étape par étape, et
non d'un seul coup, de ce que Dieu sait. Nous devons leur expliquer
pourquoi le processus de la conversion commence par des questions
auxquelles ils n’ont pas encore trouvé de réponse,
comment prier comme s’ils parlaient personnellement avec Dieu,
comment trouver dans les Écritures les réponses à
leurs questions, comment régénérer leur
spiritualité chaque semaine en sanctifiant le jour du sabbat,
comment vaincre les tentatives de l’adversaire de détruire
leur foi, et comment rester fidèle.
TROISIÈ
PARTIE : ÉDIFIER LE ROYAUME DE DIEU
Pour
les chapitres précédents j'ai puisé dans mon
journal personnel des expériences susceptibles de convaincre
chacun qu'il peut lui aussi être témoin de conversions
en apprenant aux gens à se convertir. J’espère
qu'à la lecture de ces expériences chacun s'est dit :
« Moi aussi je peux le faire. Je vois maintenant comment
ça marche. »
D’autres
expériences missionnaires concernent de grandes groupes de
personnes qui se joignent à l’Église, comme dans
l’expérience d’Alma qui a accompli ce miracle dans
les eaux de Mormon. Autre exemple, celui de Wilford Woodruff qui a
organisé la migration vers l’Ouest de toute la
population des îles Fox au large du Maine. En Angleterre, il a
amené dans l’Église des centaines d’amis de
John Benbow, parmi les Frères unis. Plus près de nous,
les pionniers du Ghana ont amené des milliers de gens dans
l’Église, avant même que celle-ci ne soit
officiellement établie dans le pays. Ces récits
racontent ce qui s’est passé mais donnent moins de
détails sur la façon dont cela s'est fait.
L’objectif
des chapitres de la troisième partie de cet ouvrage est de
rapporter quelques miracles extraordinaires qui se sont produits de
nos jours, ce qui nous aidera à voir comment des membres
ordinaires de l’Église ont assisté et participé
à des miracles dans l’édification du royaume de
Dieu. J'ai été personnellement témoin de
certains de ces miracles, les autres m'ont été racontés
par les personnes qui les ont vécus. Ces miracles se sont
produits parce que les protagonistes ont suivi les pensées et
les voies de Dieu.
À
la fin de cette partie, j'essaierai d'énumérer les
leçons que l'on peut tirer de ces expériences afin
qu'elles soient une aide pour les évêques, les
dirigeants de mission de paroisse, les familles et les personnes,
pour qu'ils sachent que de tels miracles peuvent se produire aussi
dans leur paroisse et dans leur branche.
Chapitre
11 : Tous à l’œuvre à Augusta
En
septembre 2002, on m’a chargé d’aider frère
Glenn L. Pace de la présidence de l’interrégion
du Nord-Ouest de l’Amérique du Nord à réorganiser
la présidence de pieu d’Augusta, dans le Maine. En
cherchant à savoir qui le Seigneur voulait que nous appelions
comme nouveau président de pieu, nous avons demandé aux
frères que nous avions convoqués comment ils étaient
devenus membres de l’Église. Ils ont été
nombreux à donner la même réponse : « Mes
parents ont été baptisés dans la branche de
Farmingdale en 1963, quand j’étais petit. »
Après avoir entendu cette réponse plusieurs fois, nous
avons pris des renseignements et avons appris qu'en 1963 à
Farmingdale plus de 450 personnes s’étaient jointes à
l’Église.
Le
lendemain, avant la session générale de la conférence
de pieu, on m’a présenté un frère âgé
et sa femme, George et Karline McLaughlin. George avait été
président de la branche de Farmingdale à l'époque
de cette vague de conversions. Je suis revenu plus tard pour
interroger les McLaughlin chez eux, pour parler de leur expérience
en tant que dirigeants de la branche. L’état de santé
de George se détériorait et je l’ai trouvé
alité chez eux, à Gardiner, dans le Maine, où
ils avaient élevé huit enfants. En écoutant
leurs souvenirs, je me suis rendu compte que j’étais en
présence de deux des missionnaires les plus humbles mais aussi
les plus puissants de l’histoire de l’Église, et
qu’il fallait raconter leur histoire.
Frère
et sœur McLaughlin se sont joints à l’Église
en 1951, suite à une vision remarquable de la mère de
Karline. Ils ont été scellés en 1955 dans le
temple de Logan. À l’époque, il n’y avait
que cinq branches dans l’état du Maine. Les McLaughlin
étaient membres d'une branche de dix membres pratiquants à
Litchfield, près d’Augusta. La branche a grandi jusqu’à
compter vingt membres pratiquants au début des années
1960. C'est alors que George a été appelé comme
président de branche. En 1962, la branche s’est
installée dans un petit bâtiment qu’ils avaient
construit à Farmingdale, en banlieue d’Augusta. Peu de
temps après le déménagement, George, dont le
métier était de conduire un camion de laitier, a décidé
de jeûner et de prier pendant deux jours afin d’apprendre
du Seigneur comment il devait établir l’Église
dans la vaste région centrale du Maine, qui comprenait la
branche de Farmingdale. Le deuxième jour, George a garé
son camion de laitier au bord d’une route rurale et a trouvé
un endroit isolé où il a exprimé au Seigneur son
désir d’établir son royaume. Revenu dans son
camion, il savait par l’Esprit ce que les membres de la branche
et lui devaient faire.
Le
dimanche suivant, dans un discours à la réunion de
sainte-cène, George a présenté son plan aux
membres de la branche. C’était un discours qui, selon le
récit de sœur McLaughlin, était parmi les plus
inspirants et remplis de l’Esprit qu’elle avait jamais
entendus. Après la réunion, le président
McLaughlin a appelé trois familles de la branche comme
« familles missionnaires ». Chaque famille
avait comme tâche d’amener une autre famille à
l’église le mercredi soir de la semaine suivante, soit
dix jours plus tard, pour une soirée de branche. Lors de cette
soirée, il passait un film qui présentait l’Église
et donnait un bref discours en terminant par son témoignage.
Plus tard dans la semaine, les missionnaires devaient enseigner une
leçon chez la famille, puis la semaine suivante une autre
leçon à l'église pendant la soirée de
branche. Deux fois par semaine ils devaient prendre rendez-vous avec
ces familles : une fois à l'église, une fois chez
elles, jusqu’à ce que les familles soient baptisées
ou qu’elles décident de ne plus continuer d’étudier
l’Évangile. À ce moment-là, les familles
missionnaires devaient trouver une nouvelle famille à amener à
la soirée de branche suivante.
À
la première soirée de branche, chaque famille
missionnaire est arrivée avec une famille. Pendant
l’entretien, j'ai admiré comment ces familles avaient
accepté et entrepris avec autant de fidélité
cette tâche délicate donnée par leur président
de branche. Karline a expliqué : « C’est
grâce au discours qu’avait fait George à la
réunion de Sainte-Cène. » Chose remarquable,
chaque nouvelle famille amenée à la soirée de
branche était baptisée, et le dimanche suivant George
appelait ces familles à servir comme familles missionnaires.
Avant
cela, cette année-là, quand le nouveau président
de la Mission de la Nouvelle-Angleterre, Truman G. Madsen, a
rencontré frère et sœur McLaughlin, il a dit à
George que s’il y avait un jour un baptême à la
branche de Farmingdale, il aimerait assister au service. Quelques
semaines après la première soirée de branche,
George a invité le président Madsen à un service
de baptême, mais le président lui a répondu que
son emploi du temps ne lui permettrait pas d'y assister. Quand George
a rappelé au président Madsen sa promesse, le président
lui a demandé : « Combien de personnes seront
baptisées ? », comme pour vérifier que
le voyage de trois heures de Boston en valait la peine. « Je
ne vais pas vous le dire, a répondu George, venez
simplement. »
Quand
le président Madsen est entré par le fond de l'église
de Farmingdale, il a compté dix-huit personnes en vêtements
blancs qui attendaient le baptême. Les larmes lui sont montées
aux yeux. « George, je ne verrai jamais plus une telle
chose de toute ma vie », a-t-il dit d’une voix émue.
–
Si,
vous le reverrez, a répondu George.
Au
fur et à mesure que le nombre de familles baptisées et
appelées à servir comme familles missionnaires
grandissait, la réunion de branche devait être
réadaptée. Au bout d'un certain temps, pendant que le
film d’ouverture était passé dans la salle de
culte, on enseignait chacune des leçons missionnaires dans
différentes salles du bâtiment. Si une famille avait
déjà reçu la deuxième leçon chez
elle la semaine précédente, ce mercredi soir elle
allait dans la salle de classe où l'on enseignait la troisième
leçon. Cette année-là, 451 personnes ont été
baptisées dans la branche de Farmingdale ; l’année
suivante, 191. Bien sûr, on a dû diviser la branche
plusieurs fois. Et dans chacune des nouvelles unités, les
membres ont continué à suivre le modèle des
soirées de branche.
J'ai
alors demandé : « Avec autant de personnes qui
entraient dans cette branche minuscule, comment les avez-vous gardées
dans l’Église ? »
Karline
a répondu : « Il a fallu leur enseigner
comment être membres de l'Église. Il faut comprendre qui
était la plupart de ces gens. Ils étaient pauvres et
peu éduqués. » George et Karline se
rappelaient d'une famille qui vivait dans une cabane en rondins avec
des torchons enfoncés dans les interstices pour éviter
les courants d’air. « Ils sont restés fidèles
et leurs quatre enfants ont fini par faire des études
universitaires. »
George :
« Ma responsabilité en tant que président de
branche était de leur enseigner comment faire des discours et
comment enseigner des leçons à l’église.
Je devais leur enseigner comment enseigner l’Évangile à
leurs enfants. Mes conseillers géraient la branche. Moi, je
formais les nouveaux membres pour être des membres forts. »
Comme
dans le modèle de rétention qu’enseignerait plus
tard le président Gordon B. Hinckley, tous ces nouveaux
membres avaient des amis. Des amis les avaient amenés, et à
leur tour ils amenaient des amis. Ils avaient des responsabilités.
Le dimanche après leur baptême, ils étaient
appelés comme familles missionnaires : un appel simple et
clair à amener une autre famille, puis une autre à la
soirée de branche. On les nourrissait aussi de la bonne parole
de Dieu puisqu’ils continuaient d’apprendre en aidant
leurs amis, de façon répétée, à
étudier l’Évangile avec les missionnaires.
Cinq
ans plus tard, en 1968, frère Harold B. Lee, du Collège
des Douze a organisé le pieu d’Augusta. Parmi les douze
membres du premier grand conseil de pieu, dix avaient été
baptisés dans la branche de Farmingdale en 1963 ou 1964.
George
McLaughlin, dont la vision et la foi ont donné l'élan
de la progression de l’Église dans le Maine, n’a
pas été appelé comme président de pieu ou
comme l’un de ses conseillers. Karline raconte :
« Quelqu’un est venu vers nous dans l'assemblée
pour nous demander si nous n’étions pas déçus
de ne pas avoir été appelés pour diriger le
pieu ». George a poursuivi : « Je lui ai
dit que j’étais bien content de m’asseoir parmi les
gens que nous aimions et de laisser d’autres prendre les rênes.
C’est pour ça que nous avons fait tout cela : pour
amener les gens au Christ, non pour mériter une position. »
Alors
qu'on a largement publié les contributions de beaucoup de
grands missionnaires du rétablissement de l’Église,
j'étais étonné que deux des plus grands
missionnaires de cette dispensation finissent leur vie aussi
méconnus, dans cette petite maison à Gardiner.
Cependant, lorsque nous avons terminé notre conversation, j’ai
ressenti que l’esprit profondément paisible dans cette
pièce venait des anges qui attendaient de pouvoir guider
George et Karline McLaughlin, respectivement laitier et mère,
vers un accueil céleste digne de héros.
Chapitre
12 : Rendre visite à ceux qui ne sont pas entrés
dans la bergerie
Les
expériences de ce chapitre et du suivant montrent comment les
dirigeants d’une paroisse et d’un pieu peuvent inspirer
leurs membres à aider les convertis à s’intégrer
pleinement dans l’Église.
Une
des aptitudes les plus importantes qu’un dirigeant doit
maîtriser est la capacité de poser la bonne question,
parce qu’elle est essentielle pour connaître les pensées
et les voies de Dieu. Un exemple où nous posons peut-être
la mauvaise question et passons à côté des
pensées et des voies de Dieu est quand nous demandons :
« Combien de personnes ont assisté à la
réunion de sainte-cène aujourd’hui ? »
Nos greffiers font le tour de la salle de culte pour faire le compte,
et ils gardent ensuite ces chiffres bien au chaud dans leurs bureaux
afin de pouvoir faire un compte-rendu précis.
L’assistance
aux réunions est importante, mais je ne peux pas m’empêcher
de me demander si nous posons la bonne question s'agissant de
l’édification du royaume de Dieu. La bonne question a
été formulée par le Sauveur dans sa parabole du
bon berger : « Que vous en semble ? Si un homme
a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare,
ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les
montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? »
(Matthieu 18:12) Ce faisant, le Sauveur suggère que la bonne
question est : « Qui n’est pas venu
aujourd’hui ? »
Au
début des années 1990, la paroisse de Cambridge, qui se
réunissait à l'église de Harvard Square,
comptait plus de 450 membres, dont bien plus de la moitié
étaient semi ou non pratiquants. La majorité des
membres semi pratiquants vivaient dans les municipalités de
Malden, d’Everett, de Revere et de Chelsea : des
communautés ouvrières où il était assez
facile de baptiser les gens parce qu’ils vivaient dans des
circonstances qui les rendaient humbles. Cependant, quand ces braves
personnes faisaient courageusement le trajet jusqu’à
l'église de Harvard Square, elles trouvaient une paroisse dont
l’ensemble des dirigeants — en fait, l’ensemble de
la paroisse — se composait de nombreux membres talentueux,
expérimentés et hautement qualifiés, nés
dans l’Église, tous venus à Boston pour étudier
à l’une des grandes universités de la région.
La plupart des nouveaux membres de ces communautés avaient
rapidement l’impression qu’ils ne pourraient jamais
s’intégrer dans cette paroisse et devenaient non
pratiquants.
Face
à cela, en 1990 les dirigeants ont décidé
d’établir un groupe ou mini-branche de l’Église
à Malden. Ils ont tenu la première réunion chez
sœur Letha May, qui ne venait que rarement aux réunions
mais qui avait de bons sentiments à l’égard de
l’Église. Douze personnes sont venues le premier
dimanche. Enthousiastes d’avoir attiré un si grand
groupe, ils en ont fait rapport au président de pieu. Il a
répondu aux membres de cette mini-branche que s’ils
arrivaient à avoir vingt personnes, il louerait une salle de
réunions qu’ils pourraient utiliser le dimanche. Après
la deuxième réunion de Sainte-Cène, ces douze
membres et deux missionnaires se sont concertés et se sont
posés la question que les bons bergers se posent comme le
Sauveur : « Qui est perdu ? Qui d’autre
aurait pu venir aujourd’hui ? » Ensuite, chacun
a accepté la tâche de contacter une de ces personnes le
jour même avec le message : « Nous créons
une branche dans notre ville. Vous nous avez manqué !
Comment allez-vous ? Est-ce qu’il y a quelque chose que
nous pouvons faire pour vous aider ? Voulez-vous venir la
semaine prochaine ? Nous avons besoin de vous ! »
Le dimanche suivant, ils ont réparti vingt chaises dans le
salon de sœur May et après la réunion, ils se
sont regroupés pour se poser de nouveau la question : Qui
d'autre aurait pu être avec nous aujourd'hui ? Et ils ont
accepté la tâche de contacter les absents.
En
quelques mois, les vingt chaises étaient occupées. Le
président de pieu les a aidés à louer une salle
pour les réunions du dimanche et le groupe est officiellement
devenu la branche de Malden. Mais ils se sont vite rendus compte de
quelques inconvénients : il fallait tous les dimanches
apporter le pupitre, les cantiques, le matériel pour la
Sainte-Cène et le clavier, puis tout rapporter chez eux. Ils
ont alors demandé au président de pieu s’ils
pouvaient louer la salle à la semaine. Il a répondu
qu’ils pourraient le faire dès qu'il y aurait quarante
membres à la réunion de Sainte-Cène. Le dimanche
suivant, ils ont installé quarante chaises pour matérialiser
les absents : « Qui d’autre aurait pu venir
aujourd’hui ? » « Qui va les
contacter aujourd’hui pour leur dire à quel point nous
avons besoin d’eux ? » En moins d’un an,
quarante personnes assistaient à la réunion de
Sainte-Cène de cette branche et on a loué l'espace à
la semaine.
Les
membres de la branche de Malden, qui avaient commencé à
prendre de la vitesse, ont demandé au président de pieu
s’il pensait qu’ils pourraient un jour avoir leur propre
église. Il a répondu qu’ils le pourraient, mais
ils devraient être quatre-vingts aux réunions pour
mériter un bâtiment de phase 1. Le dimanche suivant, ils
ont installé soixante chaises et ont continué à
se concerter après les réunions pour encore se poser la
bonne question. En moins de deux ans, les chaises étaient
occupées. Le dimanche suivant, ils ont installé vingt
chaises de plus, pour atteindre quatre-vingt, et ont continué
à poser la question du bon berger : « Qui
aurait dû être ici qui n’est pas venu
aujourd’hui ? » Lorsqu’ils ont atteint
leur but de quatre-vingts personnes, ils ont voulu un bâtiment
de phase 2, ce qu’ils ont mérité le jour où
ils ont atteint une assistance de 120 membres de l'Église.
Quand
les membres de la mini-branche et ensuite de la branche de Malden ont
cherché à répondre à la question « Qui
n’est pas venu ? », les noms qui sont le plus
facilement venus à l’esprit étaient ceux des semi
pratiquants ou des non pratiquants. Certains des semi pratiquants ont
commencé à assister régulièrement aux
réunions quand c’est devenu plus pratique, mais bien
davantage ont accepté de revenir quand le message a été :
« L’Église a besoin de vous. » Peu
à peu, les discussions dans les réunions sont passées
de « Qui n’est pas venu » à « Qui
parmi les personnes enseignées par les missionnaires n’est
pas venu ? ». Dès lors, la nécessité
a cessé d'être la remotivation, mais l'accompagnement
des amis de l'Église. Et plus tard, la question est devenue :
« Lequel de mes amis n'est pas venu parce que je ne l'ai
pas invité ? »
Si
un voyage d’affaires ou de vacances vous amène un jour à
Boston, permettez-moi de suggérer que vous visitiez l’un
des plus beaux bâtiments de la région. Conduisez vers le
nord depuis le centre-ville sur la Route 1, traversez le pont Tobin
et continuez pendant sept minutes en direction de Revere.
Immédiatement après avoir passé la sortie de
Sargent Street, regardez à gauche où vous verrez une
belle église de phase 2 qui abrite les paroisses de Revere 1
et Revere 2, un véritable hommage au petit groupe de membres
qui se sont posés la question que les bons bergers se posent.
Je
m’étais toujours demandé pourquoi le Sauveur
avait précédé sa parabole du bon berger de la
question : « Que vous en semble ? »
Maintenant, je crois le savoir. Peut-être que, dans notre
langage, cette question ressemblerait à ceci : « Mais
qu’est-ce qui vous prend donc de ne compter que le nombre de
mes brebis qui sont venues dans la bergerie tous les dimanches et
puis de rentrer chez vous ? Ceux qui me préoccupent, moi,
sont ceux qui ne sont pas venus ! »
Chapitre
13 : Guider les faibles et les simples
En
1991, dans l’arrondissement new-yorkais de Queens et dans les
régions voisines à l’ouest du comté de
Nassau, sur Long Island, il y avait deux paroisses et deux branches.
Ces unités représentaient une population d'environ 250
membres pratiquants de l’Église et de plus de 1000
membres semi pratiquants. L’Église grandissait
lentement. Il était relativement facile de baptiser à
Queens, mais il était difficile de garder les nouveaux
convertis en tant que membres pratiquants de l'Église car les
lieux de culte étaient relativement inaccessibles depuis
plusieurs quartiers de Queens.
En
1991, après avoir étudié le problème et
prié pendant de nombreux mois, plusieurs dirigeants de
l’Église à New York City et à Long Island
ont décidé de détacher Queens et ses alentours à
l’ouest du comté de Nassau des pieux de New York City et
de Plainville (Long Island) et de les confier au président de
mission (Cree L. Kofford, à l’époque) en tant que
district de la mission, ce qui permettait plus de souplesse. Ces
dirigeants ont divisé les deux paroisses et les deux branches
en huit branches, et chacune d’elles avait une trentaine de
membres pratiquants et entre 150 et 200 membres semi pratiquants. On
a loué des locaux avec façade sur rue pour que les
branches puissent se réunir. Ce changement a plongé ces
branches dans une telle crise de manque de dirigeants qu’on a
dû appeler comme dirigeants des frères qui n’étaient
pas pleinement pratiquants ou fidèles à tous les
commandements.
En
deux ans, l’assistance aux réunions de Sainte-Cène
dans ces branches avait tellement augmenté qu’elles ont
été à nouveau divisées en deux, créant
le même problème de recrutement de dirigeants que
précédemment. Alors qu'à ce moment-là les
dirigeants de branche avaient gagné en confiance pour diriger
de façon ordonnée, les nouvelles divisions obligeaient
encore à trouver de nouveaux dirigeants inexpérimentés.
Alors que l’assistance aux réunions de Sainte-Cène retrouvait un niveau confortable, les dirigeants divisaient les
branches. Et ce modèle a continué à être
reproduit. En 1999, dans les vingt-six branches des trois districts
de mission à Queens et dans l’ouest de Nassau, 2100
membres de l'Église assistaient à la réunion de
Sainte-Cène.
La
plupart des membres et dirigeants de l'Église accomplissaient
la prophétie de Joseph Smith, à savoir que le royaume
de Dieu serait édifié par les faibles et les simples
(voir D&A 1:18-23). À mon avis, six dirigeants et leurs
épouses et enfants ont joué un rôle clé.
Ils n'ont pas permis que les simples et les faibles, parmi lesquels
de futurs dirigeants, se perdent. Ils ont plutôt appliqué
l'Écriture qui dit : « Et si quelqu’un
d’entre vous est fort dans l’Esprit, qu’il emmène
celui qui est faible, afin qu’il soit édifié en
toute humilité, afin qu’il devienne fort aussi. »
(D&A 84:106)
Blair
Garff a été deux fois président de district et
conseiller de plusieurs présidents de mission. Il était
chargé de former les dirigeants de toutes ces branches et de
tous ces districts. Il travaillait dans une banque d’investissement,
mais tous les week-ends, pendant des années, il quittait sa
maison de Westchester pour sillonner Queens de long en large et
former les dirigeants de ces unités émergeantes de
l’Église. Quand il avait fini leur formation, il
regardait derrière eux et voyait une nouvelle génération
de dirigeants récemment appelés qui avaient besoin
d’être formés. Pendant ce temps, Susanne Garff
s’occupait presque exclusivement de leur foyer. Blair et
Susanne Garff ont été appelés par la suite à
présider une des missions du Nigeria, puis à servir
comme président et intendante du temple de New York City.
Ralph
Weidler et Robert DeRosa ont été les conseillers de
plusieurs présidents de mission. Alors que les présidents
guidaient les missionnaires à plein temps de la Mission de New
York Sud, plusieurs fois par semaine Ralph et Bob parcouraient chacun
entre quatre-vingts et quatre-vingt-quinze kilomètres depuis
l’ouest de Long Island pour instruire, guider et s'entretenir
avec les membres des branches pour les préparer à se
rendre au temple de Washington, D.C.
Le
docteur David L. Duffy s’est joint à l’Église
en 1973 après avoir terminé ses études de
médecine à Harvard. Comme les Garff, David et sa femme,
Audrey, ont formé des centaines de dirigeants à Queens
pendant la décennie où il a servi en tant que président
des districts de Queens Est et de Queens Ouest. Quand le pieu de
Queens a été créé en 2005, le président
Duffy en est devenu le premier président, et Audrey et lui
continuent à former les membres pour être de grands
dirigeants.
Une
histoire révèle la personnalité du président
Duffy. Peu de temps après l’organisation du pieu de
Queens, on m’a confié la tâche de présider
la conférence du district de Queens Ouest en tant que
soixante-dix d’interrégion. Quelques minutes avant le
début de la session générale, un homme d’une
vingtaine d’années, très inquiet, s'est approché
du président Duffy pour lui dire : « Président,
vous m’avez demandé d’organiser un chœur de
jeunes adultes qui devait chanter aujourd’hui. J’ai
complètement oublié. »
Le
président Duffy s’est excusé auprès de moi
de l'absence d'un chœur et a expliqué que le jeune homme
qui devait diriger le chœur n’avait jamais fait une telle
omission de toute sa vie. J'ai répondu : « Président,
ne vous en faites pas. Tout va bien. » Je me suis dit plus
tard que si on qualifiait d'« Église forte »
une Église dont les paroisses sont complètement
pourvues en personnel et où chaque membre magnifie son appel,
Queens serait faible. Cependant, si la définition de « fort »
était qu'année après année de plus en
plus de personnes sont baptisées, de plus en plus redeviennent
pratiquants, que davantage de membres assistent à la réunion
de Sainte-Cène, s’améliorent en tant que
dirigeants et instructeurs et s'efforcent d’aller au temple,
Queens serait un des endroits les plus forts de l’Église.
Jeffery
Olson et sa femme, Julie, vivaient dans une maison confortable à
Long Island. Jeffery servait comme président du pieu de
Plainview, qui comprenait au début de cette histoire l’Est
de Queens et l’intégralité de Long Island. Alors
que l’Église continuait de grandir à Queens et
dans l’ouest de Long Island, les Olson se sont rendu compte que
l’Église avait davantage besoin de leurs capacités
de dirigeants là-bas que dans le pieu de Plainview. Suite à
une série de circonstances miraculeuses, ils ont vendu leur
maison et ont déménagé à la frontière
de Queens et de Long Island. C’est là qu’ils ont
continué à élever leurs neuf enfants. Le
président Olson a été relevé comme
président de pieu et a été appelé comme
président du district de Lynbrook, poste dans lequel il a
continué de servir pendant près de douze ans. Les
enfants Olson étaient souvent parmi les seuls membres de la
branche de leur âge, et ils ont rempli beaucoup d’appels
pendant leur adolescence. J’ai eu un entretien avec leur fils
Peter lorsqu’il est venu étudier à Harvard :
—
Est-ce
que tu as enseigné à la Primaire ?
—
Oui.
—
Est-ce
que tu as été missionnaire de branche ?
—
Aussi.
—
Joues-tu
du piano ?
—
Non,
du violon.
Tout
ça avant l’âge de dix-neuf ans, et avant qu’il
n’ait fait une mission.
Peter
n’est pas unique : Les neuf enfants Olson sont des membres
de l’Église confiants, capables et engagés. Après
avoir formé des centaines de dirigeants dans leurs branches et
dans leur district, Jeffery Olson a été appelé
comme soixante-dix d’interrégion en 2010.
Hyrum
Smith est un descendant direct de Joseph F. Smith et de son père,
Hyrum Smith, frère du prophète Joseph. Hyrum Smith vit
à Queens. Il a servi comme président de branche avant,
pendant et après les évènements en question.
Hyrum se voyait comme un formateur. Quand il appelait un nouveau
greffier de branche, il passait deux semaines à le former pour
que le nouveau greffier sache parfaitement quoi faire, comment le
faire, quand le faire et pourquoi. Hyrum passait ensuite les deux
semaines suivantes à former son nouveau président du
collège d’anciens sur le quoi, le comment, le quand et
le pourquoi. Puis il consacrait les deux semaines suivantes à
former la nouvelle présidente de Société de
secours, et ainsi de suite. Par la suite, il s'est trouvé que
sa branche a été divisée et que tous ces
dirigeants capables et formés appartenaient désormais à
l’autre branche ou qu’ils avaient déménagé
et que le temps était déjà venu de former un
nouvel ensemble de dirigeants. Cela s’est répété
plusieurs fois. Selon frère Olson, Doctrine et Alliances
84:106 décrit parfaitement la manière dont Hyrum
travaille pour contribuer à édification du royaume de
Dieu.
Je
vois ces branches non comme des destinations mais comme des étapes.
Lorsque les nouveaux membres et ceux récemment remotivés
suivent les commandements du Seigneur de magnifier leur appel dans
l’Église, ils progressent non seulement en tant que
membres de l'Église, mais aussi dans leur métier. Leurs
progrès leur permettent d'en faire profiter d'autres ailleurs.
Quant aux dirigeants, ils forment sans relâche pour que les
autres, quand ils seront ailleurs, sachent faire ce qu'on leur
demande. Leur oeuvre est celle de Dieu : « réaliser
l’immortalité et la vie éternelle de l’homme »
(Moïse 1:39).
Si
vous passez en voyage d’affaires ou en vacances à New
York City, passez deux ou trois heures à Queens pour admirer
quelques-uns des plus beaux modèles d’architecture de
l’Église. Commencez en vous garant n’importe-où
dans Queens, au hasard. Verrouillez votre voiture et commencez à
marcher. Vous arriverez forcément devant une belle église
en moins de vingt minutes. Après l’avoir admirée,
marchez encore vingt minutes jusqu’à la prochaine, et
ainsi de suite. Vous verrez une église à Rego Park.
Celle de Woodside est une usine de montres Bulova réaménagée ;
à Flushing, l'église a été construite il
y a près d'un siècle par l’Église de la
science chrétienne. À Richmond Hill, c’est un bel
entrepôt réaffecté ; à Lynbrook, le
bâtiment est une ancienne école de commerce. Pour moi,
ce sont de magnifiques lieux sacrés, non pas à cause de
l’histoire des bâtiments mais à cause de ce qu’ils
représentent : un hommage à la foi des dirigeants
et membres de l'Église dont les pensées et les voies
ont été celles de Dieu.
Chapitre
14 : Développer des paroisses sur lesquelles le Seigneur
peut compter
En
étudiant la manière de mieux établir le royaume
de Dieu, j’ai découvert trois paroisses où l’on
baptise régulièrement par groupes de vingt ou trente
convertis dont la plupart restent fidèles. Pourtant, rien ne
distingue les secteurs géographiques de ces trois paroisses
des autres à proximité. L’une de ces paroisses se
situe dans une banlieue de classe moyenne de Dublin (en Irlande), une
autre dans une ville rurale du nord de la Nouvelle-Angleterre où
peu de gens sont prospères, et la troisième dans une
banlieue riche de Boston.
Bienvenue
à la paroisse de Terenure
Il
y a quelques années, ma famille s’est trouvée à
Dublin (en Irlande) pendant un week-end. Nous avons loué une
voiture et sommes partis vers le sud jusqu’à une
banlieue, Terenure, pour assister aux réunions du dimanche de
cette paroisse. En descendant de notre voiture, à peu près
quinze minutes avant le début des réunions, j'ai vu un
homme à l’autre bout du parking. Les mains tendues, il a
crié : « Permettez-moi d’être le
premier à vous souhaiter la bienvenue à la paroisse de
Terenure ! » Il est venu, s’est présenté,
nous a aidés à descendre de la voiture et nous a
accompagnés à la salle de culte où il nous
suggéré où nous asseoir pour profiter au mieux de
la réunion. En chemin, il m’a présenté à
plus de vingt personnes.
Pendant
la réunion de Sainte-Cène, trois personnes qui avaient
été baptisées la veille ont été
confirmées membres de l’Église. Par bonheur, le
thème de la réunion de prêtrise ce jour-là
était l’œuvre missionnaire. Quelqu’un a
demandé au dirigeant de mission de paroisse, qui dirigeait la
conversation : « Combien de nouveaux membres ont été
baptisés dans la paroisse de Terenure depuis le début
de l’année ? » On était fin mai.
—
Si
l'on compte les quatre personnes qui seront baptisées cette
semaine, cela fait vingt-trois cette année, a répondu
le dirigeant de mission de paroisse.
—
Comment
cela se fait-il ? a poursuivi le questionneur. Au cas où
on l’aurait oublié, on est en Irlande ! C’est
un pays catholique. On est habitués à un ou deux
baptêmes par an. Si on continue comme ça, on aura
baptisé une cinquantaine de personnes cette année !
Pourquoi dans notre paroisse et pas ailleurs ?
—
Il
est exact que les autres paroisses du pieu baptisent une ou deux
personnes par an. Je crois que ce qui se passe ici, frères,
est que Dieu peut compter sur la paroisse de Terenure. Il peut
compter sur vous parce que vous invitez les gens à étudier
l’Évangile. Il peut compter sur vous parce qu'à
l'église vous cherchez qui est nouveau et lui manifestez de
l’intérêt et de l’amour fraternel, que ce
soit avant et après son baptême.
La
branche de Lamoille
Quand
j’étais soixante-dix d’interrégion, j’avais
parfois l’occasion de visiter une mission pour rencontrer les
missionnaires et je leur demandais toujours, en entretien privé :
« Y a-t-il une branche ou une paroisse de la mission où
tout le monde rêve d’être muté ?
Qu’est-ce qu’il y a dans cette unité qui la rend
si attirante pour les missionnaires ? »
Quand
je me réunissais avec les missionnaires de la Mission de
Manchester (au New Hampshire), chaque missionnaire avec lequel je
parlais voulait être muté à la branche de
Lamoille, qui se trouve au bout de la région la plus au nord
du Vermont, sur la frontière du Québec. Dans cette
branche, plus de trente personnes par an avaient été
baptisées les trois dernières années.
« Qu’est-ce
qui rend la branche de Lamoille si attirante ? »
ai-je demandé.
L'un
des missionnaires a répondu : « Je ne sais
pas, mais là-bas, si on arrive à faire venir nos amis à
l'église, les membres les embrassent et les accueillent très
chaleureusement. C’est dingue. Même le porte-à-porte
marche mieux à Lamoille que dans n’importe quel autre
endroit de la mission. »
Le
porte-à-porte ? Pourquoi est-ce que le porte-à-porte
marche mieux là-bas que dans n’importe quel autre
endroit de la mission ?
Christine
et moi avons décidé, un dimanche que nous avions de
libre, d’aller à Lamoille, à cinq heures en
voiture au nord-ouest de Boston, pour mieux comprendre ce qui se
passait dans cette branche. J’avais appris du président
de pieu, Mike Sessions, qu’on avait transformé la
branche en paroisse quelques semaines auparavant. Nous avons
questionné de nombreux membres de la paroisse et on nous a dit
à plusieurs reprises combien la paroisse était
chaleureuse et accueillante envers les nouveaux visiteurs. Une femme
m’a raconté que la première fois qu’elle
est venue à l’église, une fillette de deux ans
est venue vers elle, les bras tendus, en imitant ce qu’elle
avait si souvent vu faire chez les adultes quand quelqu’un de
nouveau entrait par cette porte.
Dieu
semblait compter sur la paroisse de Lamoille pour aimer et s’occuper
de ses enfants.
La
paroisse de Weston
Au
moment de cette histoire, la paroisse de Weston comprenait plusieurs
des banlieues les plus aisées de l’ouest de Boston.
Entre 1967 et 1977, près de trois cents personnes ont été
baptisées dans la paroisse de Weston, c’est-à-dire
à peu près trente convertis par an, dont dix-neuf
familles complètes. La plupart de ces convertis sont restés
pratiquants dans l’Église. Au cours des entretiens et en
écrivant l’histoire de l’Église de la
région de Boston, nous avons parlé avec beaucoup de
personnes qui étaient ou sont devenus membres de cette
paroisse au cours de la décennie en question.
Il
n’y a absolument aucun point commun quant à la manière
dont ces gens ont trouvé l’Église. Certains ont
été indiqués par des membres. D’autres ont
été trouvés par les missionnaires qui avaient
frappé à leur porte. Un grand nombre d’entre eux
ont découvert l’Église par eux-mêmes. Quoi
qu'il en soit, tous ont dit que dès l’instant où
ils sont entrés dans l'église de la paroisse de Weston,
ils se sont sentis appréciés. L’un d’eux a
dit : « C’était comme si tout le monde
se plaçait près de la porte pour attendre mon entrée. »
Par
exemple, un dimanche, sœur Virginia Perry, femme de L. Tom
Perry, qui à l’époque était président
du pieu de Boston, a remarqué une femme assise silencieusement
au dernier rang de l'église de Weston ; elle était
arrivée avec quelques minutes de retard à la réunion
de Sainte-Cène. Elle était en jean et en t-shirt et
était venue en moto. Sœur Perry a vite ressenti que la
femme ne se sentait pas à l’aise alors que tous les
autres étaient en habits du dimanche et installés par
familles. Sœur Perry a quitté sa place, s'est rendue au
dernier rang et a demandé à la visiteuse si elle
pouvait s’asseoir à côté d’elle.
Lorsque la femme a acquiescé d’un sourire, sœur
Perry a mis son bras autour de ses épaules. Le dimanche
suivant, sœur Perry est venue à l’église en
jean et en t-shirt.
La
seule chose que je puisse trouver pour expliquer les trente baptêmes
annuels de la paroisse de Weston, et ce pendant des années
alors que d’autres paroisses de la région ne baptisaient
que quelques personnes par an, est celle-ci : Dieu pouvait
compter sur la paroisse de Weston. Il savait que quand ses enfants le
priaient pour recevoir de l’aide ou pour être guidés,
s’il pouvait les guider vers la paroisse de Weston ou vers l'un
de ses membres, il pourrait compter sur les membres de cette
paroisse.
Dans
les trois cas décrits ci-dessus, l'oeuvre missionnaire des
paroisses voisines manquait d’enthousiasme, mais dans ces trois
paroisses, elle avançait à grands pas. Je suppose que
dans les limites géographiques des paroisses de Terenure, de
Lamoille et de Weston, des personnes priaient Dieu à leur
façon pour demander de l’aide d’une manière
ou d’une autre. Si Dieu ne peut pas compter sur les membres de
l’Église pour inviter ces personnes à recevoir
son Évangile, pourquoi les mettrait-il sur notre chemin ?
Et si Dieu ne peut pas compter sur nous pour faire en sorte que ses
enfants se sentent aimés et bienvenus après s’être
joints à l’Église, pourquoi nous les
amènerait-il ?
Je
ne crois pas qu’il y ait eu dans le territoire de ces trois
paroisses davantage de personnes priant Dieu de les guider que dans
le territoire des paroisses voisines. La différence est que
Dieu pouvait compter sur les membres de ces trois paroisses et a
répondu aux prières de beaucoup en les mettant sur le
chemin des membres de ces paroisses ou en les guidant vers l’Église.
Mériter
la confiance de Dieu est un principe qui n’est pas nouveau. Il
a dit d’Abraham : « Cacherai-je à
Abraham ce que je vais faire ? Abraham deviendra certainement
une nation grande et puissante, et en lui seront bénies toutes
les nations de la terre. Car je l’ai choisi afin qu’il
ordonne à ses fils et à sa maison après lui de
garder la voie de l’Éternel, en pratiquant la droiture
et la justice, et qu’ainsi l’Éternel accomplisse
en faveur d’Abraham les promesses qu’il lui a faites. »
(Genèse 18:17-19)
Je
crois que le même principe s’applique à chaque
membre de l'Église. Dans presque chaque paroisse, entre quatre
et six personnes trouvent 80 % des gens présentés aux
missionnaires. Est-ce que ces quelques membres missionnaires sont les
seuls à vivre ou à travailler parmi de futurs amis en
or de l’Église ? Et est-ce que les membres de
l'Église qui ne sont pas engagés dans l’œuvre
missionnaire sont entourés de gens absolument pas intéressés
par l’Évangile ?
J’imagine
que Dieu pourrait dire de beaucoup de membres pratiquants de
l’Église : « Je les ai choisis, mais en
fait je ne suis pas sûr qu’ils feront part de l’Évangile
à mes autres enfants comme je le leur ai commandé. »
Dieu a promis qu’il répondrait aux prières de ses
enfants, mais s’il ne peut pas compter sur nous, nous
l'obligeons à user d'autres moyens pour répondre aux
prières des autres.
Chapitre
15 : Jaime Valarezo et la branche hispanophone de Cambridge
En
1976, à la paroisse de Cambridge 1 (Boston), un petit groupe
de saints hispanophones a commencé à tenir un cours de
l’École du dimanche. En 1980, il y avait assez de saints
hispanophones pour former une branche dépendante. Peu de temps
après, une sœur missionnaire hispanophone, Carmen
Francisco, a été affectée à la branche.
Pendant qu'elle était là, ses collègues et elle
ont converti une cinquantaine de personnes. La majorité
d'entre elles étaient des femmes dont les maris ne se sont pas
convertis. À la fin de sa mission, sœur Francisco est
rentrée en Californie puis est vite revenue à Boston où
elle a trouvé un emploi. Elle a été rapidement
appelée comme présidente de la Société de
secours de la branche hispanophone de Cambridge. À ce
moment-là, la branche comprenait environ quarante femmes et
six hommes adultes pratiquants.
Sœur
Francisco a mis les sœurs de la Société de
secours au défi de résoudre ce problème, en leur
expliquant que pour que la branche devienne un jour paroisse, il
fallait plus de détenteurs de la prêtrise. Les sœurs
ont décidé de jeûner et de prier pendant tout un week-end, et ont demandé à Dieu d’envoyer à
Cambridge un homme qui pourrait devenir un grand dirigeant dans la
branche. Elles ont jeûné et prié et le dimanche
suivant un inconnu est entré dans l'église. Loin d’être
le dirigeant mûr et capable que les soeurs avaient demandé,
l'homme était un immigrant salvadorien de quinze ans, Jaime
Valarezo, qui s’était joint à l’Église
avec sa mère au Salvador. Jaime bégayait tellement
qu’il avait du mal à tenir une conversation et préférait
parler aux jeunes enfants.
En
quittant les réunions ce jour-là, sœur Francisco
a dit à sa conseillère : « Je n’en
reviens pas que ce soit tout ce que Dieu nous ait envoyé,
alors que nous avons jeûné et prié avec tant de
foi ! »
Cependant,
Jaime avait un cœur en or. Il venait tôt à
l’église pour répartir les cantiques et préparer
la Sainte-Cène. De plus, il s’entendait très bien
avec les enfants. Quand les enfants s’agitaient pendant les
réunions, il les prenait dans ses bras et jouait avec eux. Les
enfants en sont arrivés à aimer Jaime. Un jour, les
missionnaires enseignaient un couple à l'église, et ils
ont demandé à Jaime de surveiller les enfants pour que
les parents ne soient pas distraits. Les enfants ont tant aimé
Jaime qu’ils ont supplié leurs parents de retourner à
l’église où était Jaime, et la famille a
été baptisée par la suite. Les missionnaires ont
commencé à amener régulièrement Jaime
avec eux à chaque fois qu’il pouvait permettre aux
parents de jeunes enfants à se concentrer mieux sur ce que les
missionnaires enseignaient. Cette collaboration marchait bien, et la
branche a commencé à se fortifier.
Un
jour, à la fin de la réunion de Sainte-Cène, le
président de branche a demandé à Jaime de faire
la prière de clôture. L'assemblée a laissé
échapper un murmure d'étonnement ; les gens ont
été surpris du manque d'égard pour son défaut
d’élocution. Mais Jaime s’est quand même
levé et a fait une très belle prière. Les
membres ont alors découvert que Jaime était maintenant
capable de parler non seulement aux enfants mais aussi à Dieu.
Pas encore aux adultes. Mais cela est arrivé par la suite.
Jaime a décidé de faire une mission et le président
de pieu, Gordon Williams, l’a béni pour que sa langue se
délie.
Jaime
a fait une très bonne mission, et à son retour a donné
un discours puissant et rempli de l’Esprit devant la branche
hispanophone de Cambridge qui avait beaucoup grandi. C’était
éblouissant : en l’espace de quelques années,
un jeune homme timide qui ne pouvait pas tenir une discussion avec
des adultes était maintenant un homme confiant qui se tenait
devant tout le monde et donnait un discours éloquent et
inspirant. Après le cantique et la prière de clôture,
personne ne s’est levé pour partir ; tous voulaient
rester assis pour profiter de l’Esprit qui était dans la
salle. Spontanément, un adolescent s'est levé pour
dire : « Je voulais juste remercier Jaime pour tout
ce qu’il a fait pour nous. Et je voudrais que Jaime sache que
quand j’aurai dix-neuf ans, je partirai en mission, comme
lui. » Puis un autre garçon s'est levé, a
remercié Jaime et a promis qu’il partirait lui aussi en
mission à l’âge de dix-neuf ans. Un par un, treize
adolescents de l'assemblée se sont levés et ont fait
cette promesse à Jaime.
Douze
des treize garçons ont tenu leur promesse.
Aujourd’hui,
il y a quatre unités hispanophones (deux paroisses et deux
branches) dans la région de Boston. Dieu a répondu au
jeûne et aux prières des sœurs de la Société
de secours d’une façon plus puissante qu’elles
n’auraient pu l’imaginer, mais à sa manière.
Chapitre
16 : Les pensées et les voies du Seigneur
Le
vent de laïcité qui souffle sur les pays prospères
ne facilite pas l'oeuvre missionnaire. Jérémie a eu la
vision d'une caractéristique de l’œuvre
missionnaire de nos jours : « Je vous prendrai, un
d’une ville, deux d’une famille, et je vous ramènerai
en Sion » (Jérémie 3:14).
Jérémie
a vu aussi que malgré la diligence des saints des derniers
jours, la plupart des gens s’intéresseraient peu à
l’Évangile : « Lorsque vous aurez
multiplié et fructifié dans le pays, en ces jours-là,
dit l’Éternel, on ne parlera plus de l’arche de
l’alliance de l’Éternel ; elle ne viendra
plus à la pensée ; on ne se la rappellera plus, on
ne s’apercevra plus de son absence, et l’on n’en
fera point une autre » (Jérémie 3:16).
En
dépit de cette attitude généralisée, les
expériences racontées ci-dessus ne se sont pas
produites à l’époque d’Énoch,
d’Ammon ou de Wilford Woodruff, mais de nos jours. Ma première
idée était de les traiter comme des miracles modernes.
Mais qu'en est-il ? C'est une question de point de vue :
« Car mes pensées ne sont pas vos pensées,
et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel.
Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,
autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies,
et mes pensées au-dessus de vos pensées »
(Ésaïe 55:8-9).
Je
crois que la raison pour laquelle ces membres missionnaires ont
réussi malgré le climat actuel d’indifférence
apparente pour la religion est qu'ils ont fait de leur mieux pour
connaître et suivre les pensées et les voies de Dieu. Je
crois dur comme fer que de tels miracles sont prévisibles dans
notre vie quand nous suivons les pensées et les voies divines.
C'est sous cet angle que doivent être examinés ces
récits.
Les
simples et les faibles
Les
dirigeants qui ont prévu la croissance à Queens avaient
des capacités personnelles extraordinaires. Mais ils n'ont pas
appelé des dirigeants locaux aux mêmes capacités
qu'eux pour diriger la paroisse de Queens. Ils ont plutôt fait
confiance au Seigneur qui a dit qu’il établirait son
royaume par les simples et les faibles :
« Les
choses faibles du monde s’avanceront pour abattre les
puissantes et les fortes, afin que l’homme ne conseille pas son
semblable et ne place pas sa confiance dans le bras de la chair, mais
afin que chacun parle au nom de Dieu, le Seigneur, le Sauveur du
monde, afin que la foi grandisse sur la terre, afin que mon alliance
éternelle soit établie, afin que la plénitude de
mon Évangile soit proclamée par les faibles et les
simples jusqu’aux extrémités du monde et devant
les gouverneurs. Voici, je suis Dieu, et je l’ai dit. »
(D&A 1:19-24)
Plutôt
que de s'en remettre à des dirigeants dont les capacités
étaient fortes, ils ont choisi de faire diriger les membres
locaux par des gens simples. Ils voulaient que chaque personne de
Queens soit capable de parler au nom de Dieu, le Seigneur, et ils
prévoyaient que la foi grandirait à Queens en
permettant aux faibles et aux simples de proclamer l’Évangile
de Dieu.
Miraculeusement,
mais aussi comme cela était prévisible, l'assistance à
la réunion de Sainte-Cène à Queens est passée
de 250 à 2100 en huit ans.
Lorsque
les sœurs de la Société de secours de la branche
hispanophone de Cambridge ont jeûné et prié pour
avoir un dirigeant fort, le Seigneur a envoyé Jaime et l’a
ensuite magnifié, exhaussant ainsi les prières des
sœurs bien au-delà de ce qu’elles auraient pu
imaginer.
Avoir
un ami, une responsabilité, et être nourri de la bonne
parole de Dieu
George
et Karline McLaughlin ont suivi le conseil du président Gordon
B. Hinckley qui a déclaré que chaque nouveau membre de
l’Église a besoin d’un ami, d’une
responsabilité et d’être nourri de « la
bonne parole de Dieu » (Moroni 6:4-5). Les McLaughlin ont
reproduit ce modèle avec persévérance. Tous les
membres de la branche avaient été amenés par un
ami et amenaient à leur tour leurs propres amis. On les
appelait à participer à l'oeuvre missionnaire le jour
après leur baptême. En aidant régulièrement
les missionnaires à enseigner l’Évangile à
leurs amis, ils étaient continuellement nourris de la bonne
parole de Dieu. Comme prévu, et non par miracle, des centaines
de personnes ont accepté le baptême et la plupart des
convertis sont restés fidèles.
Le
bon berger
Les
douze membres du groupe de Malden du pieu de Boston, désireux
d’avoir leur propre branche et église, ont suivi le
modèle de bon berger qu'est le Sauveur.
« Que
vous en semble ? Si un homme a cent brebis et que l’une
d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les
quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher
celle qui s’est égarée ? »
(Mattieu 18:12)
Ils
se sont réunis chaque semaine après les réunions
pour se poser la question du bon berger : « Qui n’est
pas venu aujourd'hui ? » Il n’y a pas de
montagne à Revere, Everett, Malden ou Chelsea dans le
Massachusetts, mais les chemins escarpés et sinueux de ces
endroits étaient tout aussi intimidants pour ces gens que la
montagne pour le berger de la brebis égarée. Huit ans
plus tard, quand les membres de la paroisse de Revere 2 ont assisté
à la consécration de leur belle église, c’était
bien un miracle, mais ils l’avaient prévu tout comme
nous pouvons le faire.
Aimez-vous
les uns les autres
Les
paroisses de Terenure, Lamoille et Weston ont mérité la
confiance de Dieu au point de baptiser des dizaines de personnes
chaque année pendant que les paroisses voisines avaient du mal
à avoir quelques nouveaux membres. Les gens qui venaient dans
l'une de ces trois paroisses se sentaient toujours aimés. « À
ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si
vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
(Jean 13:35)
Est-il
surprenant que le porte-à-porte soit plus productif dans la
vallée de Lamoille qu’ailleurs dans la Mission ? Ou
qu’à Terenure, en Irlande, on baptise vingt-trois
personnes en cinq mois ? Je crois vraiment qu'à certaines
périodes, Dieu a pu compter sur les membres de ces trois
paroisses. Le nombre remarquable de personnes qui se sont jointes à
l’Église est miraculeux, mais il est à la portée
de toutes les paroisses qui font le nécessaire pour mériter
la confiance du Seigneur.
D’après
ce que j’ai compris, le nombre de conversions dans ces
paroisses a ensuite baissé pour rejoindre la moyenne, ce qui
suggère que cette confiance peut grandir mais aussi diminuer.
Ces
membres et dirigeants locaux de l'Église ont été
entreprenants. Ils ont produit beaucoup de justice de leur propre
initiative. Voici comment les Écritures les justifie :
« Car
voici, il n’est pas convenable que je commande en tout, car
celui qu’il faut contraindre en tout est un serviteur paresseux
et sans sagesse; c’est pourquoi il ne reçoit pas de
récompense. En vérité, je le dis, les hommes
doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire
beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de
justice. Car ils ont en eux le pouvoir d’agir par eux-mêmes.
Et si les hommes font le bien, ils ne perdront en aucune façon
leur récompense. Mais celui qui ne fait rien tant qu’on
ne le lui a pas commandé et qui reçoit un commandement
le cœur indécis et le garde avec paresse, celui-là
est damné. » (D&A 58:26-29)
Certains
dans l’Église ont l’impression que les saints
obéissants sont ceux qui appliquent les programmes et que
l’innovation est signe de rébellion si elle n’est
pas « approuvée ». Les protagonistes des
succès rapportés plus haut ont suivi l’Esprit, ce
qui les a amenés à innover. Les programmes de l’Église
sont conçus pour faire place à l’initiative
personnelle et à l'inspiration. Que je sache, aucune date
limite n'a été précisée pour cette partie
du neuvième Article de foi : « Nous croyons
tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il
révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le
royaume de Dieu. »
Je
crois sincèrement que si nous abordons cette œuvre en
suivant les pensées et les voies de Dieu, nous pouvons tout à
fait nous attendre à être des instruments dans les mains
du Seigneur pour lui amener beaucoup plus d'âmes que par le
passé. C’est en fait ce qu'il a promis à ses
saints : « Et là où quiconque vous
reçoit je serai aussi, car j’irai devant votre face ;
je serai à votre droite et à votre gauche, et mon
Esprit sera dans votre cœur, et mes anges seront tout autour de
vous pour vous soutenir » (D&A 84:88). « Et
je le porterai comme sur des ailes d’aigle ; et il
suscitera de la gloire et de l’honneur pour lui-même et
pour mon nom » (D&A 124:18). Ces promesses
s’appliquent à chacun de nous.
Épilogue :
Témoignage
Le
choix de rapporter cette série d'expériences n'a pas
été facile à faire, car toute ma vie j’ai
essayé de ne pas me mettre en avant. Cependant, j’ai
fait ce choix à cause des leçons que j’ai
apprises sur l'oeuvre missionnaire, notamment la nécessité
d'adopter les pensées et les voies de Dieu.
Les
principes enumérés dans cet ouvrage ne résultent
pas d’une analyse ciblée de l’œuvre
missionnaire, mais de l'habitude quotidienne d'y réfléchir,
comme je réfléchis tous les jours à la façon
d'être un meilleur professeur à Harvard, un meilleur
mari, un meilleur père, un meilleur créateur
d'entreprises et un meilleur instrument entre les mains de Dieu pour
contribuer à l'édification de son royaume. Je suis
quotidiennement amené à réfléchir sur ces
questions et d'autres. Ce faisant, j'approfondis peu à peu ma
compréhension des lois qui gouvernent ces domaines.
C'est
ainsi qu'avec le temps j’ai découvert que nous créons
nous-mêmes certains obstacles à l’œuvre
missionnaire. Notre tendance à faire l'oeuvre missionnaire en
adoptant les pensées et les méthodes humaines est un
frein aux progrès du royaume de Dieu.
Il
nous reste beaucoup à apprendre, mais je témoigne que
les principes résumés dans ce livre sont vrais. Je les
ai appris avec l’aide de l’Esprit au cours de mes travaux
pour faire part de l’Évangile.
Faire
part de l’Évangile ne compromettra ni votre succès,
ni votre profil professionnel ou familial ou dans la collectivité.
Le Sauveur a promis : « Cherchez premièrement
le royaume et la justice de Dieu ; et toutes ces choses vous
seront données par-dessus » (Mathieu 6:33).
Autrement dit, la clé pour réussir dans tous ces
domaines est de donner la priorité au royaume de Dieu. Ces
bienfaits ne sont pas accordés en restant passif. L’Esprit
de Dieu nous magnifie pour que nous puissions faire ce qui nous
serait autrement impossible. Je sais cela par expérience
personnelle.
J'invite
quiconque à vérifier les promesses de Dieu contenues
dans les Doctrine et Alliances et résumées dans
l’introduction de ce livre, en commençant dès
aujourd'hui personnellement et en famille. Je sais que Dieu vit et
que Jésus-Christ est véritablement le Sauveur de
l’humanité. Je sais qu’ils sont apparus à
un jeune garçon, Joseph Smith qui, par le pouvoir de Dieu, a
traduit le Livre de Mormon. Ce livre est vrai. À notre époque,
Dieu et son Fils ont rétabli ici-bas le véritable
Évangile. Je sais ces choses car elles m'ont été
communiquées directement des cieux.
Il
n’y a pas de mots pour dire à quel point je suis
reconnaissant d’avoir la vérité et l’occasion
de m'unir aux saints pour faire part à tous, avec fierté
et amour, de ce magnifique Évangile.