ENCYCLOPÉDIE DU MORMONISME
 

Macmillan Publishing Company, 1992


– Extraits –

 

Traduction : Marcel Kahne
Source : www.idumea.org (avec autorisation)




A  B  C  D  E  F  G  H  I  J  K  L  M  N  O  P  R  S  T  V  Y





A

Abinadi
Auteur  : CRAMER, LEW W.
 
Abinadi (150 av. J.-C.) est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre de Mormon. Son ministère et son exécution racontés au cœur du livre de Mosiah renforcent le contraste entre le roi juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma l’Ancien, un témoin oculaire converti, écrira les paroles principales d'Abinadi peu de temps après qu’elles auront été prononcées (Mos. 17:4).
 
Abinadi appartient à un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était retourné de Zarahemla, une génération plus tôt, pour récupérer auprès des Lamanites la ville de Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son temple. Quand les excès du roi et des prêtres néphites apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du Seigneur le commandement de dénoncer publiquement leurs abominations ; il prophétise leur captivité et leurs afflictions à venir. Noé le condamne à mort pour ceci, mais il s’échappe.
 
On ne sait pas où il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et celles de Benjamin (cf. Mos. 16:1 ; 3:20 ; 16:5 ; 2:38 ; 16:10-11 ; 3:24-25) pourraient signifier qu'il a passé un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin et son peuple (Pa. 1:16-17) ou qu’il a reçu des révélations semblables pendant cette période.
 
Après deux ans, ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de prophétiser, Abinadi retourne, déguisé, dans la ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au nom du Seigneur, une malédiction contre le peuple impénitent, contre son pays et son grain, prédisant sans détour la destruction et une servitude humiliante, rappelant les souffrances d'Israël en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme celles utilisées au Proche-Orient antique pour condamner ceux qui violent leurs alliances, il témoigne que la vie de Noé « sera estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente » (Mos. 12:3).
 
Le peuple se saisit de lui, le ligote, le livre à Noé et l’accuse de mentir au sujet du roi et de prophétiser faussement. Les deux chefs d’accusation sont des violations en vertu de leur loi, la Loi de Moïse (Mos. 13:23 ; Ex. 20:16 ; De. 18:20-22). La nature double des accusations semble avoir compliqué le procès qui en résulte, le roi ayant comme d’habitude pouvoir en matière de politique et les prêtres en matière de questions religieuses.
 
Le procès se concentre d'abord sur l’accusation de fausse prophétie. Les prêtres invitent Abinadi à interpréter Ésaïe 52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre que Dieu a consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays « racheté ». Selon eux, alors qu'Ésaïe chantait les louanges de ceux qui apportaient de « bonnes nouvelles », Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette interprétation, les malédictions d'Abinadi sont en conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent comme fausses et illégales.
 
Abinadi réfute les prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal comprendre la loi et d’y désobéir. Il parvient à leur faire admettre que le salut exige l'obéissance à la loi, après quoi il leur rappelle les dix commandements, la loi fondamentale de l'alliance qu'ils n'ont pas gardée. Il résiste miraculeusement à la tentative du roi de le faire taire « et son visage brillait d'un resplendissement extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était sur la montagne du Sinaï » (Mos. 13:5). Il cite ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de ce passage avec le futur Messie.
 
Les paroles prophétiques d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon. Il explique l’ « aspect » et la venue de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2 (Mos. 13:34 ; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant « le Père et le Fils » (Mos. 15:1-5). Il enseigne aussi que Dieu souffrira comme une « brebis muette devant ceux qui la tondent » (És. 53:7 ; Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à la question des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10. Il proclame que ceux qui « déclareront sa postérité » (voir Mos. 15:10) et « publient la paix » (voir Mos. 15:14) sont les prophètes de Dieu et qu’eux et tous ceux qui écoutent leurs paroles sont sa « postérité » (Mos. 15:11, 13). Ils sont ceux qui apportent vraiment des « bonnes nouvelles » de salut, de rédemption, de réconfort par le Christ et du règne de Dieu au jour du jugement.
 
Utilisant le texte d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter le peuple de Noé qui s'est obstinément rebellé contre la Divinité et que la vraie rédemption n’est possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre aussi que ses prophéties ne contredisent pas le texte d'Ésaïe cité par les prêtres.
 
Noé veut qu'Abinadi soit mis à mort, l’accusant d’avoir porté un faux témoignage contre lui, le roi. Un jeune prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du témoignage d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le procès est suspendu pendant trois jours pendant lesquels Abinadi est gardé en prison.
 
Quand le procès reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème (Mos. 17:8), encore une infraction capitale en vertu de la loi de Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne l'occasion d’abjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu, même face à des menaces de mort.
 
Noé est intimidé et pense à le libérer, mais les prêtres accusent Abinadi d'un quatrième délit, celui d’insulter le roi (Mos. 17:12 ; Ex. 22:28). C’est pour ce motif que Noé va condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le brûler. Il était normal, en vertu de la loi mosaïque, que ce soient les accusateurs qui infligent le châtiment, mais la mort par le feu est une forme extraordinaire d'exécution. Elle reflète le crime dont Abinadi est accusé : il est brûlé tout comme il a dit que la vie de Noé serait estimée comme un vêtement dans une fournaise ardente. En mourant, il prophétise que ses accusateurs connaîtront le même destin. Cette prophétie ne tardera pas à s’accomplir (Mos. 17:15-18 ; 19:20 ; Al. 25:7-12).
 
Les Néphites vont se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles :
 
1. Pour Alma, son converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma enseignera les paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la résurrection du Christ, de la résurrection des morts, de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand changement de cœur par la conversion (Al. 5:12). Grâce aux descendants d'Alma, Abinadi va influencer les Néphites pendant des siècles.
 
2. Pour Ammon, qui sera témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al. 24:22), Abinadi reste le martyr par excellence « à cause de sa croyance en Dieu » (Al. 25:11 ; cf. Mos. 17:20 ; voir aussi Mos. 7:26-28). C’est ce qui est reconnu comme étant la vraie raison de la mort d'Abinadi, puisque l’accusation d’insulte au roi lancée par les prêtres se révèle être un faux prétexte.
 
3. Pour Mormon, témoin de la décadence et de la destruction des Néphites cinq cents ans plus tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé que, pour cause de méchanceté, le malheur s’abattrait sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits (Mrm. 1:19 ; cf. Mos. 12:7-8).
 
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
 
Abraham
 
[Cette rubrique comprend cinq articles :
Livre d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Abraham : Études sur le livre d’Abraham
 
Le livre d’Abraham rapporte de manière autobiographique la première partie de la vie d’Abraham et est l’un des textes du recueil d’Écritures des saints intitulé Perle de grand prix. L’article Origine du livre d’Abraham raconte la découverte et l’achat des papyrus de Joseph Smith et les événements aboutissant à la publication du livre d’Abraham lui-même. L’article Traduction et publication du livre d’Abraham donne quelques brefs détails sur le processus par lequel Joseph Smith a produit le texte du livre d’Abraham et l’histoire de sa parution comme ouvrage imprimé. L’article Contenu du livre d’Abraham examine d’une manière générale les événements relatés dans le livre, notamment la délivrance miraculeuse d’Abraham de la mort et l’alliance de Dieu avec lui avant qu’il quitte sa patrie. Fac-similés du livre d’Abraham donne une introduction aux illustrations égyptiennes antiques qui sont actuellement publiées avec l’œuvre et évalue leur lien avec le texte. Les études publiées jusqu’ici sur le livre d’Abraham sont traitées dans Études sur le livre d’Abraham.]
 
Livre d’Abraham  : Origine du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
 
En juillet 1835, tandis qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith acheta, au nom de l’Église, pour $2400, quatre momies égyptiennes et les papyrus qui les accompagnaient à Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie. Chandler avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu les sept autres dans l’Est des États-Unis avant de rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les antiquités, Joseph Smith annonça que les papyrus contenaient des écrits des patriarches Abraham et Joseph, qui avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
 
Ces antiquités avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la rive occidentale du Nil en face de la ville antique de Thèbes (aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et 1821. Lebolo, né à Castellamonte, au Piémont (nord de l’Italie), avait été gendarme pendant l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand celui-ci fut battu, Lebolo préféra l’exil à la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition de la monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où il fut employé par Bernardino Drovetti, ancien consul général de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en Haute-Égypte. Drovetti permit également à Lebolo de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze momies bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo dirigeait plusieurs centaines d’hommes qui faisaient des fouilles à différents emplacements, l’endroit exact n’a pas été identifié. Les momies furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa Albano Oblasser, un magnat de l’import export, à les vendre en son nom. Lebolo mourut le 19 février 1830 à Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux compagnies maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à Maitland et Kennedy, pour qu’ils les vendent à quiconque payerait une somme appropriée. Le montant devait être envoyé aux héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en hiver ou au début du printemps 1833. Il prétendait que Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a pas été confirmée.
 
On sait maintenant qu’une partie de la littérature abrahamique révèle des liens avec l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham – probablement d’abord écrit en grec – provient presque certainement d’Égypte. L’insertion d’une personnalité biblique telle qu’Abraham dans les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une technique juive connue depuis la période hellénistique (Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des textes égyptiens soient d’une certaine façon liés à la parution du livre d’Abraham.
 
Selon certains égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par Joseph Smith doivent dater du début de l’ère chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent. Le Testament d’Abraham, édité au départ par M. R. James en 1892, a été décrit par lui comme étant « un écrit judéo-chrétien du deuxième siècle composé en Égypte » (Nibley, p. 20-21).
 
L’identité des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune source primaire qui les identifie.
 
Bibliographie
Grobel, K. « … Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10 (1963-1964), p. 373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City, 1987.
H. DONL PETERSON
 
Livre d’Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Auteur : PETERSON, H. DONL
 
Le 10 octobre 1880, lors d’une conférence générale, les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours votèrent pour accepter le livre d’Abraham comme ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été avancées concernant le processus par lequel le prophète Joseph Smith a réalisé l’œuvre. Bien que ses associés et lui aient commencé un « alphabet et grammaire égyptiens » tandis qu’ils étudiaient les papyrus, le but de ce travail est obscur. Il n’a jamais été fini, expliqué ou publié par Joseph Smith ni aucun de ses successeurs. Cependant, il est certain qu’il a commencé à travailler à Kirtland sur les papyrus égyptiens concernés peu après les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
 
Il est probable que personne aux États-Unis en 1835 n’aurait pu interpréter des hiéroglyphes égyptiens par les techniques ordinaires de traduction. Le prophète dit que quand il avait traduit les plaques d’or du Livre de Mormon » à partir du texte en « égyptien réformé » (1827-1829), il l’avait fait « par le don et le pouvoir de Dieu ». De même, ce fut principalement l’inspiration divine plutôt que sa connaissance des langues qui fut à l’origine du texte anglais du livre d’Abraham. Sa méthodologie précise demeure inconnue.
 
Le 5 juillet 1835, le prophète écrivit : « J’ai commencé la traduction de certains des caractères ou hiéroglyphes et, à notre grande joie, j’ai constaté qu’un des rouleaux contenait les écrits d’Abraham… Vraiment nous pouvons dire que le Seigneur commence à révéler l’abondance de la paix et de la vérité » (HC 2:236). Après quelques retards, Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837, deux hommes pour lever des fonds pour aider à la traduction et à l’impression du livre d’Abraham. Mais à cause d’autres difficultés, il ne put rien publier pendant les quatre années qui suivirent. Le livre d’Abraham fut imprimé pour la première fois dans trois numéros du Times and Seasons, les 1er mars, 15 mars et 16 mai 1842. Ces numéros contenaient tout le livre actuel d’Abraham, dont les trois fac-similés. En février 1843, Joseph Smith promit que davantage du livre d’Abraham serait publié. Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha le prophète de publier davantage du document. Il reçut une notoriété considérable quand plusieurs grands journaux de l’Est des États-Unis réimprimèrent le fac-similé 1 et une partie du texte publié dans le Times and Seasons.

En 1851, les écrits d’Abraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de grand prix, une petite compilation faite par Franklin D. Richards, contenant certaines des traductions et des révélations de Joseph Smith. C’est cette compilation qui fut canonisée en 1880 à Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau des trois autres recueils ou ouvrages canoniques sacrés : la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
 
En 1856, les papyrus furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À l’exception de quelques fragments rendus à l’Église en 1967, la localisation actuelle des papyrus est inconnue. [Voir également Papyrus, Joseph Smith.]
 
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n° 4, été 1971, p. 350-399.
Peterson, H. Donl. The Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City, 1987.
H. DONL PETERSON
 
Livre d’Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Auteur : THOMPSON, STEPHEN E.
 
Le livre d’Abraham dans la Perle de grand prix se compose d’un récit des relations d’Abraham avec le Seigneur dans quatre pays : la Chaldée, Charan, Canaan et l’Égypte. Cette observation est en accord avec l’expression qui introduit l’œuvre, « au pays de ». Excepté pour les événements rapportés au premier chapitre, Saraï (Sara) participe pleinement aux vicissitudes et aux triomphes de son mari.

Au début du texte, Abraham vit parmi peuple idolâtre de Chaldée (Abr. 1:1, 5-7). Mais sous le coup de fortes persécutions (1:12, 15) pour avoir prêché contre sa méchanceté, il décide d’émigrer. L’opposition officielle qui en résulte vaut presque à Abraham d’être la victime d’un sacrifice humain (1:12-15). Quand il prie pour avoir l’aide divine, un ange le sauve et lui promet qu’il sera conduit dans un nouveau pays et qu’il recevra la prêtrise (1:15-19).
 
Quand la famine prophétisée par l’ange arrive en Chaldée (1:29-30), Abraham part avec Saraï, son neveu Lot, et sa famille, avec son père, Térach, dans son sillage (2:4). Une fois qu’ils sont installés à Charan, le Seigneur commande à Abraham de continuer vers Canaan et lui révèle les éléments de base de l’alliance abrahamique (2:6-11). À cause de la famine, Abraham va en Égypte, où le Seigneur lui commande – et c’est là un détail qui est absent dans Genèse 12:11-13 – de présenter Saraï comme sa sœur, afin que les Égyptiens ne le tuent pas (2:21-25).
 
Au troisième chapitre, Abraham décrit une vision qu’il a reçue par un urim et un thummim au sujet des mondes créés par Dieu, des esprits prémortels des hommes et du Conseil dans les cieux où les dieux (cf. Jn. 1:1-4, 14 ; Hé. 1:1-3) planifièrent la création de la terre et de l’humanité. Les quatrième et cinquième chapitres racontent la réalisation de ces plans et le placement d’Adam et Ève dans le jardin d’Éden.
 
Selon le récit du livre, la Chaldée était sous l’hégémonie égyptienne du vivant d’Abraham. La religion locale comprenait le culte solaire égyptien, le culte du pharaon et les sacrifices humains. La découverte du pays d’Égypte est attribuée à Égyptus, fille de Cham et d’Égyptus ; son fils aîné, dont le nom était Pharaon, créa son premier gouvernement.
 
Les contributions doctrinales du livre sont une explication plus complète de l’alliance d’Abraham et de son rapport avec l’Évangile (2:6-11) et une meilleure compréhension de la vie prémortelle (3:22-28). Pour ce qui concerne l’astronomie, il donne le nom de l’astre le plus proche de la demeure de Dieu, Kolob (3:2-4) et détaille la création de la terre par un conseil des Dieux au quatrième chapitre. Abraham 1:26-27 a été interprété par certains comme base scripturaire du refus dans le passé de donner la prêtrise aux noirs.
 
Pour ce qui est des liens avec la Bible, l’idolâtrie de Térach (cf. Jos. 24:2) et la délivrance d’Abraham par le Seigneur (cf. És. 29:22) sont détaillés dans le livre d’Abraham et dans d’autres textes antiques sur Abraham.
 
Beaucoup de thèmes du livre apparaissent dans d’autres documents littéraires antiques, notamment la lutte d’Abraham contre l’idolâtrie (Jubilés 12 ; Charlesworth, vol. 2, p. 79-80), la tentative de sacrifice d’Abraham (Pseudo-Philon 6 ; Charlesworth, vol. 2, p. 310-312) et la vision d’Abraham de l’endroit où Dieu habite, les événements dans le jardin d’Éden et les esprits prémortels (Apocalypse d’Abraham 22-23 ; Charlesworth, vol. 1, p. 700). Le commandement de Dieu à Abraham de présenter Saraï comme étant sa sœur trouve son écho dans l’Apocryphe de la Genèse (colonne 19) comme lui ayant été donné dans un songe. Abraham enseignant l’astronomie aux Égyptiens (fac-similé 3 du livre d’Abraham) se retrouve dans le Pseudo-Eupolème 9.17.8 et 9.18.2 (Charlesworth, vol. 2, p. 881-82) et dans Josèphe (Histoire ancienne des Juifs 1.8.2).
 
Bibliographie
Charlesworth, James H., dir. de publ. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City, N.Y., 1983, 1985.
Millet, Robert L., et Kent P. Jackson, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 2. Salt Lake City, 1985.
Peterson, H. Donl, et Charles D. Tate, dir. de publ. The Pearl of Great Price : Revelations from God. Provo, Utah, 1989.
STEPHEN E. THOMPSON
 
Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Auteur : RHODES, MICHAEL D.
 
Trois fac-similés sont publiés avec le texte du livre d’Abraham dans la Perle de grand prix. Tous sont semblables aux illustrations égyptiennes connues par d’autres sources.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 1. Les représentations semblables au fac-similé 1 abondent dans les textes religieux égyptiens. Un exemple typique apparaît au chapitre 151 du Livre des Morts, montrant le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de lion. Dans certains détails, tels que la position du personnage couché, le fac-similé 1 diffère des autres textes égyptiens.
 
On ne connaît l’existence du document original que pour le fac-similé 1. La comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte hiéroglyphique qui accompagne ce dessin démontre qu’il faisait partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations. Sur la base des indications paléographiques et historiques, la date de ce texte peut être estimée avec certitude comme étant le premier siècle apr. J.-C. Étant donné que le livre d’Abraham fait allusion à cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en ont conclu que le Livre des Respirations doit être le texte que le prophète Joseph Smith a utilisé dans sa traduction. Comme il est clair que le Livre des Respirations n’est pas le livre d’Abraham, les détracteurs affirment que c’est la preuve concluante que Joseph Smith était incapable de traduire les documents antiques.
 
Dans les documents historiques que l’Église possède actuellement, Joseph Smith n’a jamais décrit le processus qu’il utilisait pour traduire les documents antiques. Parlant du Livre de Mormon, il a dit qu’il « n’était pas utile » qu’il raconte tous les détails de sa parution (HC 1:220 ; voir Traduction du Livre de Mormon par Joseph Smith). À plusieurs reprises, il a qualifié le livre d’Abraham de traduction (HC 4:543, 548) ; et quand le livre d’Abraham fut publié par sections dans le Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par Joseph Smith » (juillet 1842, p. 34). Wilford Woodruff (dans son journal personnel) et Parley P. Pratt (dans le Millennial Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été faite au moyen de l’urim et du thummim, bien que Joseph Smith lui-même ne mentionne pas l’utilisation de cet instrument à un endroit quelconque de la traduction.
 
On doit cependant tenir compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La section 7 des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le prophète, utilisant l’urim et le thummim, a traduit des « écrits faits sur parchemin par Jean ». Bien qu’on ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa possession, il en a donné une traduction. Puisqu’on ne sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il est raisonnable de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens achetés à Michael Chandler, Joseph Smith a demandé au Seigneur de lui donner la révélation à leur sujet et a reçu dans ce processus le livre d’Abraham. Il se peut alors qu’il ait recherché dans les papyrus en sa possession des illustrations semblables à celles qu’il avait apprises par révélation. C’est une explication possible de la façon dont des dessins faits aux environs du premier siècle apr. J.-C. ont été utilisés pour illustrer le livre d’Abraham.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un hypocéphale (« sous la tête » en grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les musées de par le monde. Leur but officiel était de maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour la résurrection) et de transformer le défunt en un dieu dans l’au-delà. Joseph Smith a expliqué que le fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de la terre, du Saint-Esprit, etc. Ses explications sont généralement raisonnables à la lumière des connaissances modernes en égyptologie. Par exemple, les quatre personnages debout dans la partie inférieure du fac-similé représentent, selon Joseph Smith, « les quatre coins de la terre ». Les Égyptiens les appelaient les quatre fils d’Horus et, entre autres, ils étaient les dieux des quatre coins de la terre.
 
FAC-SIMILÉ NUMÉRO 3. Le fac-similé 3 est une scène que l’on retrouve sans cesse dans la littérature égyptienne, une scène particulièrement connue grâce au chapitre 125 du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts devant le trône d’Osiris. Il est probable qu’il se trouvait à la fin du texte du Livre des Respirations, dont le fac-similé 1 constituait le commencement, puisque d’autres exemplaires contiennent des vignettes semblables à celle-ci. De plus, le nom de Hor, propriétaire du papyrus, apparaît dans les hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
 
Joseph Smith explique que le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône du pharaon, enseignant les principes de l’astronomie à la cour égyptienne. Les critiques ont fait remarquer que le deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le roi, est la déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples dans d’autres papyrus, qui n’étaient pas dans la possession de Joseph Smith, où le pharaon est représenté sous les traits d’Hathor. En fait, la scène entière est typique des drames rituels égyptiens dans lesquels des acteurs costumés jouaient les rôles de divers dieux et déesses.
 
En résumé, le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3 la fin d’un document connu sous le nom de Livre des Respirations, un texte religieux égyptien que la paléographie date de l’époque de Jésus. Le fac-similé 2, l’hypocéphale, est également un texte religieux égyptien tardif. On pourrait expliquer l’association de ces fac-similés au livre d’Abraham comme étant une tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus qu’il possédait, les illustrations qui correspondaient le mieux à ce qu’il avait reçu par révélation en traduisant le livre d’Abraham. De plus, les explications que le prophète donne de chacun des fac-similés s’accordent avec ce qui est connu aujourd’hui des pratiques religieuses égyptiennes.
 
Bibliographie
Harris, James R. "The Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture, Vol. 2, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary of the Joseph Smith Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
MICHAEL D. RHODES
 
Livre d’Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Auteur : RHODES, MICHAEL D.
 
COMMENTAIRES DOCTRINAUX. Les études doctrinales du livre d’Abraham ont habituellement été des composants de commentaires généraux sur la Perle de grand prix qui ne se concentraient pas sur le livre d’Abraham en particulier. Le Commentary on the Pearl of Great Price de George Reynolds et Janne Sjodahl (Salt Lake City, 1965) en est un exemple typique. L’étude la plus complète de cette sorte est le Doctrinal Commentary on the Pearl of Great Price (Salt Lake City, 1969) par Hyrum Andrus.
 
ÉTUDES HISTORIQUES. En 1912, la brochure Joseph Smith, Jr., as a Translator par F. S. Spaulding, évêque épiscopalien d’Utah, tentait de réaliser la première étude non mormone officielle du livre d’Abraham. Elle contenait des lettres de huit grands égyptologues sur les trois fac-similés commentant sur « l’exactitude » de leur interprétation par le prophète Joseph Smith. Les savants s’accordaient unanimement pour dire que le prophète se trompait. À l’époque, aucun savant parmi les saints des derniers jours n’était capable de réfuter leurs affirmations. Ce ne fut qu’en 1936 que J. E. Homans, qui n’était pas saint des derniers jours et qui écrivait sous le pseudonyme R. C. Webb, publia Joseph Smith as a Translator, défendant les capacités du prophète comme traducteur, mais sans traiter directement les remarques faites par les égyptologues.
 
En 1967, onze fragments des papyrus égyptiens qui avaient jadis appartenu à Joseph Smith furent redécouverts par Aziz S. Atiya et furent ensuite présentés à l’Église par le Metropolitan Museum of Art de New York. On constata que plusieurs fragments faisaient partie d’un texte religieux égyptien connu sous le nom de Livre des Respirations. Trois égyptologues de renom procédèrent rapidement à une traduction et à des commentaires sur les fragments, ce qui eut comme conséquence de nouvelles attaques à propos de « l’incapacité » de Joseph Smith comme traducteur. Les détracteurs affirmèrent que le Livre des Respirations n’avait rien à voir avec le livre d’Abraham que Joseph Smith prétendait apparemment avoir traduit de ces mêmes papyrus. En effet, le Livre des Respirations est un texte tardif qui remonte aux environs du premier siècle apr. J.-C., quelque deux mille ans après le temps d’Abraham. Hugh Nibley a systématiquement défendu Joseph Smith avec une grande compétence contre les critiques de ce type, en affirmant que le livre d’Abraham devait être évalué sur la base de ce qu’il prétend être : le récit fait par Abraham de sa vie. Les recherches de Nibley ont montré qu’il existe un nombre important de liens entre le livre d’Abraham et les textes antiques qui traitent d’Abraham. Ces ressemblances sont trop nombreuses et trop subtiles pour qu’on puisse les attribuer à la seule coïncidence.
 
Dans son explication du fac-similé 2 du livre d’Abraham, Joseph Smith affirmait que certaines informations qui s’y trouvaient ne devaient pas être révélées au monde, « mais peu[ven]t s’obtenir dans le saint temple de Dieu ». Les études sur le rituel du temple égyptien faites depuis le temps de Joseph Smith ont révélé des parallèles avec les célébrations et la doctrine du temple chez les saints des derniers jours, notamment la représentation de la création et de la chute de l’humanité, les ablutions et les onctions et le retour final des personnes en la présence de Dieu. De plus, mari, femme et enfants sont scellés ensemble pour l’éternité, la généalogie est prise au sérieux ; les hommes seront jugés selon leurs actes dans cette vie et la récompense d’une vie juste est de vivre éternellement en la présence de Dieu avec sa famille. Il n’est guère raisonnable de vouloir faire croire que tous ces parallèles se sont produits par pur hasard.
 
Un certain nombre de textes pseudépigraphiques prétendant être des récits de la vie d’Abraham sont apparus depuis le temps de Joseph Smith, comme l’Apocalypse d’Abraham et le Testament d’Abraham, des documents qui montrent des ressemblances remarquables avec le livre d’Abraham. Par exemple, au chapitre 12 du Testament d’Abraham, il y a une description du jugement des morts qui correspond dans le plus grand détail à la scène montrée dans le fac-similé 3 du livre d’Abraham et, par ailleurs, au chapitre 125 du Livre des Morts égyptien. En fait, on peut trouver dans les écrits pseudépigraphiques sur Abraham des parallèles avec presque chaque verset du livre d’Abraham.

En résumé, les nombreuses ressemblances que le livre d’Abraham et les points de doctrine des saints des derniers jours qui lui correspondent ont en commun avec les textes religieux égyptiens et les écrits pseudépigraphiques récemment découverts peuvent être une confirmation supplémentaire de l’authenticité de la traduction de Joseph Smith connue sous le nom de livre d’Abraham. Une question importante au sujet de son authenticité continue à tourner autour du point de savoir si Joseph Smith a traduit l’ouvrage au départ des fragments de papyrus que l’Église a maintenant en sa possession ou s’il a utilisé l’urim et le thummim pour recevoir le texte du livre d’Abraham par révélation, comme c’est est le cas pour la traduction du rouleau de Jean le Révélateur, que l’on trouve à la section 7 des Doctrine et Alliances ou du livre de Moïse, qui est extrait de la traduction de la Bible par Joseph Smith et qui se trouve aussi dans la Perle de grand prix. Ces exemples montrent que Joseph Smith n’avait pas besoin de posséder un texte original pour que sa traduction lui soit révélée. Dans sa fonction comme prophète, voyant et révélateur, beaucoup de voies lui étaient ouvertes pour recevoir des informations par l’inspiration divine. [Voir aussi Livre d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham.]
 
Bibliographie
Ashment, Edward H. "The Facsimiles of the Book of Abraham : A Reappraisal." Sunstone 4, n° 5-6, déc. 1979, p. 33-48.
Baer, Klaus. "The Breathing Permit of Hor." Dialogue 3, n° 3, 1968, p. 109-134.
Homans, J. E. Joseph Smith as a Translator. Salt Lake City, 1936.
Nibley, Hugh. The Message of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Parker, Richard. "The Joseph Smith Papyri : A Preliminary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 86-92, 98-99.
Rhodes, Michael D. "A Translation and Commentary on the Joseph Smith Hypocephalus." BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
Spaulding, F. S. Joseph Smith, Jr., as a Translator. Brochure. Salt Lake City, 1912.
Wilson, John. "A Summary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 67-85.
MICHAEL D. RHODES
 
Abraham
Auteur : CLARK, E. DOUGLAS
 
Peu de personnages bibliques ont une place aussi importante dans la religion des saints qu’Abraham. D’autres croient aussi qu’il a réellement existé, mais l’approche des saints est unique : Les révélations reçues par Joseph Smith confirment l’historicité de base de la Genèse et ajoutent des informations auxquelles font écho des sources antiques dont beaucoup ont été retrouvées après l’époque du prophète.
 
Le livre d’Abraham tel que rétabli par Joseph Smith raconte de manière autobiographique la jeunesse d’Abraham, expliquant pourquoi il a été choisi comme destinataire clef des promesses divines destinées au bien de l’humanité. Non seulement il avait été préordonné dans la vie prémortelle (Abr. 3:23 ; cf. Apocalypse d’Abraham 22:1-5), mais dans sa jeunesse à Ur il s’opposa à l’idolâtrie et aux sacrifices humains, ce qui, ironie des choses, lui valut d’en devenir presque victime (Abr. 1:5-20 ; cf. Genèse Rabbah 38:13). Ce qui est encore plus ironique, c’est que la délivrance de dernière minute d’Abraham par Dieu préfigurait ce qui allait se passer quand Abraham offrirait Isaac.
 
Après avoir épousé Sara et appris son droit par lignage à l’ordre patriarcal de la prêtrise tel que révélé dans les « annales des pères » (Abr. 1:2-4, 26, 31 ; 2:2 ; Jubilés 12:27 ; cf. D&A 107:40-57), Abraham se rendit à Charan, où il reçut apparemment son ordination (Abr. 2:9-11 ; WJS, p. 245, 303). Il vit aussi le Seigneur, qui lui fit des promesses remarquables : Abraham serait béni au-delà de toute mesure ; sa postérité porterait l’Évangile à toutes les nations et tous ceux qui le recevraient porteraient son nom, seraient comptés dans sa postérité et le béniraient comme étant leur père (Abr. 2:6-11 ; cf. Ge. 12:1-3).
 
Accompagnés de leurs convertis, Abraham et Sara se rendirent à Canaan (Abr. 2:15 ; Genèse Rabbah 39:14). La famine ne tarda pas à les forcer à aller en Égypte, non sans que Dieu commande au préalable à Abraham de demander à Sara de se faire passer pour sa sœur (Abr. 2:22-25 ; Apocryphe de la Genèse 19:14-21) et lui donna ensuite une vision du cosmos et de la création pour lui permettre de les enseigner aux Égyptiens (Abr. 3-5 ; cf. Sefer Yetsirah).
 
Le récit du livre d’Abraham prend fin ici, mais le dernier fac-similé du livre (le n° 3) dépeint Pharaon – qui prétend traditionnellement être seul détenteur de la prêtrise et de la royauté (Abr. 1:25-27) – honorant la prêtrise d’Abraham en lui permettant d’occuper le trône et d’enseigner l’astronomie à la cour (cf. Pseudo-Eupolème ; Josèphe, Histoire ancienne 1.viii.2). Le fait que le pharaon ait reconnu la prêtrise d’Abraham était inconnu dans toutes les autres sources antiques jusqu’à la découverte, en 1947, de l’Apocryphe de la Genèse, censé, comme le livre d’Abraham, contenir un récit autobiographique d’Abraham mais continuant le récit en Égypte (Apocryphe de la Genèse 20:8-34) : Quand le pharaon emmène Sara au palais, Abraham, en larmes, fait appel à Dieu, lequel la protège immédiatement en affligeant le pharaon. L’affliction empire, mais le pharaon finit par faire un rêve où Abraham le guérit ; le patriarche est alors convoqué et rend la santé au pharaon en lui mettant les mains sur la tête. C’est le seul exemple connu dans l’Ancien Testament ou dans les pseudépigraphes apparentés d’une guérison par imposition des mains, et il plante le décor pour la scène du livre d’Abraham. Ensemble ces deux sources expliquent pourquoi les anciens considéraient la rencontre d’Abraham avec le pharaon comme « un événement crucial dans l’histoire de l’humanité » (Nibley, 1981 [citant Wacholder], p. 63).
 
Mais c’est Sara qui se trouve face au dilemme le plus difficile en Égypte : Si elle honore la demande d’Abraham (en feignant être vierge) et ses vœux matrimoniaux (en refusant les avances du pharaon), elle risque une mort certaine. L’autre choix est simplement d’accepter son nouveau rôle avec sa richesse et son influence éblouissantes. Sara prouve sa fidélité au péril de sa vie et, comme Abraham et Isaac, est finalement sauvée par Dieu. Son sacrifice prouve son égalité avec Abraham et leur dépendance mutuelle (CWHN 1:98 ; IE 73, avr. 1970, p. 79-95).
 
D’autres sources mormones éclairent des événements ultérieurs de la vie d’Abraham, comme quand Sara, encore sans enfant après être retournée à Canaan, donne sa servante Agar à Abraham (Ge. 16:1-3) et ainsi « servit Abraham selon la loi » (D&A 132:65 ; voir aussi le verset 34) en accord avec d’anciennes sources originaires du Proche-Orient que l’on a maintenant et qui décrivent l’obligation légale d’une épouse sans enfant. Le geste de Sara démontre, dit un apôtre moderne, « son amour et sa fidélité à son mari » (JD 23:228) et est, dit Philon, l’une « des preuves innombrables » de son « amour conjugal… Partout et en tout temps elle était à ses côtés… sa vraie partenaire dans la vie et dans les événements de la vie, résolue à partager au même titre le bon et le mauvais » (À propos d’Abraham, p. xlii-xliii).
 
Les sources de l’Église décrivent en outre comment Abraham fut instruit au sujet de Jésus-Christ par Melchisédek (EPJS, p. 260-261), qui, comme prototype du Christ (TJS Ge. 14:26-36 ; Al. 13:17-19), donna à Abraham la prêtrise selon l’Ordre du Fils de Dieu (voir D&A 84:14 ; 107:2-4 ; cf. Genèse Rabbah 43:6) avec accompagnement d’ordonnances du temple préfigurant le Christ (Abraham, fac-similé 2 ; Al. 13:2, 16 ; cf. Cave of Treasures [Budge], p. 148). Plus tard, Abraham « regarda et vit les jours du Fils de l’Homme, et se réjouit » (TJS Ge. 15:9-12 ; Hél. 8:17 ; Jn. 8:56).

L’épreuve suprême d’Abraham, le sacrifice d’Isaac, fut à la fois le rappel de l’expérience antérieure d’Abraham et la préfiguration de choses à venir. Des siècles avant Jésus, un prophète du Livre de Mormon dit du sacrifice d’Isaac par Abraham qu’il était une « similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb 4:4-5) tout comme beaucoup de pères chrétiens allaient le dire rétrospectivement. La vie d’Abraham symbolise donc et témoigne de son éminent descendant, Jésus, qui, parce qu’il était également le Fils de Dieu, pouvait expier pour Abraham et tous les autres.
 
La vie d’Abraham préfigure aussi celle d’un autre descendant, Joseph Smith (D&A 132:30-31), dont la prière à l’âge de quatorze ans fait écho à celle du jeune Abraham au même âge (Jubilés 11:16-17 ; JS–H 1:7-17). Les deux hommes avaient été préordonnés ; tous les deux avaient reçu la prêtrise, prêché l’Évangile et rencontré une opposition redoutable ; tous deux parlèrent face à face avec des messagers divins et avec Dieu lui-même, tous deux possédaient un urim et un thummim, traduisirent des documents antiques et rédigèrent des Écritures et tous deux fondèrent une communauté influente de saints.
 
Mais le lien est plus direct. John Taylor dit qu’Abraham a visité Joseph Smith (JD 20:174-75 ; 21:94), dont la mission était aussi de révéler des connaissances perdues sur Abraham (cf. 2 Né. 3:7, 12) et dont le ministère de rétablissement tout entier a aidé à accomplir l’alliance d’Abraham que dans sa postérité toutes les nations seraient bénies (2 Né. 29:14 ; 3 Né. 20:27, 29). Un but central de ce rétablissement est de rendre les promesses d’Abraham efficaces pour ses descendants, qui, par les ordonnances du temple, peuvent recevoir les bénédictions d’Abraham et être scellés dans une chaîne d’ancêtres remontant jusqu’à Abraham et à Adam (D&A2 ; EPJS, p. 289-290).
 
Pour atteindre la gloire d’Abraham, il est commandé aux saints des derniers jours d’aller au Christ en « [faisant] les œuvres d’Abraham » dont la vie constitue un modèle (D&A 132:32 ; cf. És. 51:1-2 ; Jn. 8:39 ; Coran 16:120-123). Ces œuvres commencent par le baptême et la réception du Saint-Esprit, sur quoi le bénéficiaire doit « avancer résolument » (2 Né. 31:19-20) dans la justice, comme Abraham, en obéissant à Dieu, en recevant la prêtrise et les ordonnances du temple, en honorant les alliances, en fondant une cellule familiale, en instruisant les enfants, en tenant des annales sacrées, en prêchant l’Évangile et en se montrant fidèle dans l’opposition (Abr. 1-2 ; Ge. 12-25). Quand on progresse le long de ce chemin, on se calque de plus en plus sur Abraham et Sara et les bénédictions qui leur ont été promises. Par exemple, quiconque n’est pas descendant d’Abraham mais reçoit le Saint-Esprit devient la postérité d’Abraham (EPJS, p. 116-117 ; Abr. 2:10 ; cf. Ga. 3:29), tandis que tout homme qui magnifie la Prêtrise de Melchisédek devient de même la postérité d’Abraham (D&A 84:33-34). Et tout couple marié éternellement dans le temple reçoit la promesse des bénédictions d’Abraham – une postérité comme les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer, signifiant un accroissement éternel de sa postérité dans le royaume céleste (D&A 132:30 ; JD 11:151-152 ; 15:320).
 
Cette bénédiction d’une postérité innombrable a été promise en plusieurs occasions à Abraham (Abr. 3:13-14 ; Ge. 13:16 ; 15:5 ; 17:2, 6), mais ce n’est que quand il a démontré qu’il était disposé à offrir Isaac comme sacrifice que le Seigneur a garanti les promesses (Ge. 22:16-18), montrant, explique Joseph Smith, que toute personne qui veut atteindre la vie éternelle « doit tout sacrifier » (EPJS, p. 260). En conséquence, le peuple du Seigneur doit être « mis à l’épreuve comme Abraham » pour devenir sanctifié par le descendant d’Abraham, le Christ (D&A 101:4-5 ; Mro. 10:33) en vue de « s’asseoir dans le royaume de Dieu avec Abraham » et Sara (Al. 5:24) sur un trône de gloire pour hériter les mêmes bénédictions de l’exaltation dont jouit déjà ce couple exemplaire (D&A 132:34-37 ; cf. Testament d’Isaac 2:5-7).
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The Example of Abraham." Ensign 6, juin 1975, p. 3-7.
Nibley, Hugh. "A New Look at the Pearl of Great Price" IE 71-73, janv. 1968-mai 1970, une série d’articles couvrant deux années.
Nibley, Hugh. Abraham in Egypt. Salt Lake City, 1981.
E. DOUGLAS CLARK
 
Abraham – Évangile d’
Auteur : FLAKE, JOËL A.
 
Le 3 avril 1836, les clefs de la « dispensation de l’Évangile d’Abraham » furent remises au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland dans le cadre du rétablissement de toutes choses dans la dispensation de la plénitude des temps (D&A 110:12). Il fut promis que par ceux qui recevraient l’Évangile dans les derniers jours et leur postérité, toutes les générations qui l’accepteraient seraient bénies (HC 2:434-436). Ceci a renouvelé la promesse faite jadis à Abraham (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:6, 9-11 ; cf. Ga. 3:7-9, 29).
 
Les saints des derniers jours enseignent qu’Adam, Hénoc, Noé, Abraham et beaucoup d’autres ont été à la tête de dispensations de l’Évangile. Les bénédictions et les commandements divins ont été conférés en fonction des circonstances du peuple fidèle de Dieu dans chaque dispensation.

La dispensation de l’Évangile d’Abraham comprend l’ordre patriarcal de la prêtrise et l’alliance du mariage éternel (D&A 131:1-4 ; 132:28-30 ; voir aussi Mariage : Mariage éternel), par lesquels l’alliance abrahamique est perpétuée de génération en génération parmi les fidèles. Abraham reçut la promesse qu’il aurait une postérité innombrable dans le monde et hors du monde. Cette promesse est renouvelée à tous ceux qui obéissent à l’Évangile de Jésus-Christ et reçoivent l’alliance sacerdotale du mariage céleste, « et c'est par cette loi que se perpétuent les œuvres [du] Père » parmi l’humanité tant dans le temps que dans l’éternité (D&A 132:31-33). Le rétablissement de toutes choses comprenait la restitution des clefs à Joseph Smith pour la rendre possible à l’époque moderne pour tous ceux qui font les œuvres d’Abraham pour hériter l’alliance et les bénédictions d’Abraham. [Voir aussi Postérité d’Abraham.]
JOEL A. FLAKE
 
Abrahamique – Alliance
Auteur : RASMUSSEN, ELLIS T.
 
L’alliance divine archétypale, dont l’alliance d’Abraham est un exemple, est l’alliance éternelle de l’Évangile de Jésus-Christ. En acceptant l’Évangile, l’humanité peut être rachetée de l’issue fatale de la mort et de la tache du péché pour jouir de la vie éternelle avec Dieu.

La mission d’Abraham n’était pas nouvelle ; elle était comme la mission d’Adam, de Hénoc et de Noé. Le même pouvoir divin ou prêtrise qui leur donnait l’autorité de promulguer l’alliance de la rédemption divine pour les enfants de Dieu à leur époque a été renouvelée avec Abraham et sa postérité ; elle devait être explicitement perpétuée par lui et ses héritiers littéraux et spirituels pour toujours (Ge. 12:1-3 ; Abr. 1:18-19 ; 2:6, 9-11).
 
ACCOMPLISSEMENT PAR ABRAHAM DE LA MISSION DE L’ALLIANCE Abraham apprit dans les annales de ses ancêtres ce qui concernait le Dieu vrai et vivant et les pouvoirs salvateurs de la prêtrise. Bien que ses ascendants directs eussent apostasié de l’Évangile, il désirait et reçut, de la part de Melchisédek, cette vraie prêtrise avec ses pouvoirs et ses responsabilités (Abr. 1:1-7, 18, 19, 31 ; D&A 84:14 ; Al. 13:14-19 ; Ge. 14:18-20).
 
Les Chaldéens idolâtres avaient rejeté Abraham et l’avaient mis sur un autel pour le sacrifier (Abr. 1:5-12) mais le Seigneur le sauva et lui commanda de partir de chez lui à Ur pour une nouvelle terre promise (Ge. 11:27-32 ; 12:1-3 ; Abr. 1:1, 17 ; 2:1-5). Abraham emmena d’autres membres de sa famille dans un endroit qu’ils appelèrent Charan, où il gagna d’autres convertis aux voies du Seigneur. Il partit avec eux pour entreprendre son ministère au pays qui lui était promis, à lui et à tous ses descendants qui écouteraient la voix du Seigneur (Abr. 2:6, 14-20 ; Ge. 12:4-8).
 
Abraham et son groupe s’installèrent d’abord dans la région de Béthel, bâtirent un autel et proclamèrent le nom du Seigneur, façon de faire qu’il perpétua dans les foyers qu’il fonda par la suite (Ge. 12:8 ; 13:4, 18). Près de Béthel, les promesses et les responsabilités de l’alliance furent renouvelées et la circoncision devint le signe de l’alliance, pour rappeler à tous les détenteurs de rester purs et exempts de péché (Ge. 17). Abraham devint un homme de bonne réputation (Ge. 14:13, 18-20 ; 23:1-16) et eut la confiance de Dieu, qui fit son éloge en disant : « Je l'ai choisi, afin qu'il ordonne à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la justice » (Ge. 18:19). Il connut l’épreuve suprême et une révélation de la signification de l’alliance rédemptrice lorsque Dieu exigea qu’à titre de préfiguration du sacrifice du Sauveur, il soit disposé à sacrifier son propre fils. Il réussit l’épreuve, son fils fut sauvé et il apprit comment tous peuvent être sauvés par le Rédempteur divin (Ge. 22:1-18 ; Jn. 8:56 ; Jcb. 4:5 ; Ga. 3:8).
 
PERPÉTUATION DE LA MISSION PAR LES HÉRITIERS D’ABRAHAM. Les successeurs littéraux et spirituels d’Abraham apprirent à garder l’alliance par les choses qu’ils subirent. Leurs efforts eurent parfois du succès et leurs voisins furent impressionnés (Ge. 17:1-7 ; 26:1-5, 24-28 ; 28:13-22 ; 30:25-27 ; 32:24-29 ; 35:1-15 ; 39:1-6, 21-23 ; 40:8 ; 41:9-16, 37-42).
 
Une bénédiction patriarcale donnée par Jacob (Israël), petit-fils d’Abraham, à ses douze fils définit les rôles futurs de l’alliance pour ses descendants, en particulier ceux issus de Juda et de Joseph (Ge. 49:10, 22-26).
 
En plus de la postérité de Jacob, Abraham eut des descendants par Ismaël, le fils d’Agar, servante de Sara. Dans la famille d’Ismaël, on cite « douze princes » qui fondèrent des « parcs » et des « enclos » (Ge. 25:12-16). Six fils par Ketura, autre épouse d’Abraham, sont également cités parmi ses familles : Zimran, Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach (Ge. 25:2). Il leur promit à tous des dons avant de mourir (Ge. 25:1-7), notamment des dons spirituels. Un descendant, Jéthro (ou Reuel), sacrificateur de Madian, fournit à Moïse une épouse, l’ordonna à la prêtrise et le conseilla sur la façon d’organiser, de gouverner et de juger Israël (Ex. 2:16-22 ; 18:12-27 ; D&A 84:6-16). De nombreux descendants d’Ésaü, avec leurs chefs tribaux et leurs rois, sont également mentionnés (Ge. 36).
Aujourd’hui, des millions de personnes considèrent Abraham comme leur père. Tous peuvent avoir les bénédictions de son alliance : il leur suffit de faire les œuvres d’Abraham. Le Seigneur n’a jamais dit à Abraham que lui seul serait béni par l’alliance ou qu’elle ne bénirait que sa postérité littérale ; la mission était qu’en lui et en sa postérité toutes les familles de toutes les nations seraient bénies. Tous ceux qui acceptent l’alliance du divin Rédempteur deviennent spirituellement la postérité d’Abraham et reçoivent les mêmes bénédictions que ses descendants biologiques (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:8-11 ; Ga. 3:7-9, 26-29 ; cf. Jean 8:33, 37, 39 ; Ro. 9:6-8).
 
L’HÉRITAGE ABRAHAMIQUE PAR MOÏSE ET LES PROPHÈTES La mission de Moïse était de délivrer les enfants d’Israël du joug de l’esclavage et de la mort en Égypte et de les ramener dans la Terre promise. Ils ne devaient entrer dans le pays que lorsque l’iniquité des habitants précédents serait devenue si excessive qu’ils se seraient plus dignes de le conserver (1 Né. 17:35 ; Ge. 15:13-16 ; 17:7-9 ; TJS Ge. 17:4-7 ; Ex. 4:22-23 ; 6:1-8). Par Moïse, le Seigneur donna aux Israélites des lois, des ordonnances, des statuts et des commandements pour les aider à se rappeler leurs devoirs envers Dieu et pour faire d’eux un royaume de sacrificateurs, un peuple saint, un peuple acquis en tant que serviteurs exemplaires de Dieu (Ex. 19:1-6, 20 et suiv. ; De. 4:1-6 ; Mos. 13:27-30).
Israël vécut effectivement selon l’alliance dans les derniers jours de Moïse et du temps de son successeur, Josué ; mais à l’époque des juges et au-delà, les Israélites tombèrent dans la manière de vivre des tribus voisines au lieu de suivre les lois morales et religieuses du vrai Dieu (Jg. 2:7-13 ; 17:6 ; 21:25). Parce que les cycles d’apostasie se répétèrent pendant toute l’histoire d’Israël, les Israélites furent périodiquement réprimandés par les prophètes pour leurs péchés et appelés au repentir (par exemple, És. 1:1-4 ; Os. 4:1-6 ; Am. 3 ; Mi. 3 ; Jé. 2 ; Éz. 2).
 
Deux thèmes dominent les messages des prophètes de l’Ancien Testament : (1) le Rédempteur promis viendrait et, quoique rejeté par beaucoup, il ouvrirait le chemin promis vers le salut pour tous ; (2) dans les derniers jours, l’alliance d’Abraham serait rétablie (Es. 2:2-5, 11 ; 7:14-16 ; 9:1-7 ; 52:13-15, 53 ; Jé. 23:5-8 ; Éz. 37:11-28 ; Da. 9:21-27 ; Mi. 5:2-5 ; Za. 9:9-11 ; 11:10-13 ; 13:6 ; 14:4-9).
 
ACCOMPLISSEMENT ET PERPÉTUATION Le Rédempteur est venu, et les lois et les prophéties ont préparé les fidèles à le recevoir (Ga. 3:16-24, 25-29 ; Ac. 2:47 ; 5:14 ; 1 Co. 15:6). Il a accompli sa mission d’enseignement et de sacrifice personnels sur la terre, puis il a chargé les nouveaux héritiers chrétiens de l’alliance de la faire connaître au monde entier (Mt. 24:14 ; 28:19-20 ; Mc. 16:15-16). Cependant, pendant des siècles, le pouvoir sacerdotal d’administrer les ordonnances appropriées de l’alliance et certaines facettes essentielles de doctrine ont été perdus. Tous ont maintenant été rétablis dans la dispensation moderne de l’Évangile (D&A 110:11-16) et sont de nouveau accessibles à toutes les familles et nations de la terre.
 
Bibliographie
Brandt, Edward J. "The Covenants and Blessings of Abraham" Ensign 3, févr. 1973, p. 42-43.
Kimball, Spencer W. Abraham : An Example to Fathers. Salt Lake City, 1977.
Nyman, Monte S. "Abraham, the Father of the Faithful" Sperry Lecture Series. Provo, Utah, 1975.
Guide par sujet, "Abrahamic Covenant" ; et Dictionary, "Abraham, Covenant of." Dans l’édition de l’Église de la King James Version de la Bible. Salt Lake City, 1979.
ELLIS T. RASMUSSEN
 
Adam

Cette rubrique se compose de deux sections :
Adam : Sources mormones
Adam : Sources antiques
Le premier article traite des enseignements mormons au sujet d’Adam. Le second propose plusieurs sources apocryphes et pseudépigraphiques comme points de comparaison. On trouvera de plus amples renseignements sur Adam dans Adamique, langue, Ève, Chute d’Adam, Condition mortelle, Péché originel, et Plan du salut, Plan de Rédemption ; concernant les débuts de la vie terrestre, voir Création ; Création, récits de la, Terre, Évolution, Jardin d’Éden, Origine de l’homme, But de la vie terrestre : Perspective mormone, et Mondes.
 
Adam, Chute d'
Auteur : MATTHEWS, ROBERT J.
 
Les saints des derniers jours voient dans la chute d'Adam et Ève un événement réel qui s'est produit dans le jardin d'Éden et a affecté la terre entière et chaque individu du genre humain. La Chute était une étape nécessaire à la progression éternelle de l'humanité et a introduit les conditions qui ont rendu la mission de Jésus-Christ absolument nécessaire pour le salut. Les quatre ouvrages canoniques et les enseignements de beaucoup de dirigeants éminents de l'Église sont les sources de la doctrine de la Chute chez les saints. Ces sources s’étendent longuement sur les effets bénéfiques de la Chute comme élément du « grand plan du bonheur » de Dieu (Al. 42:8) pour ses enfants et témoignent qu'Adam et Ève doivent être honorés pour ce qu’ils ont fait.
 
La création de la terre a été un processus en plusieurs étapes dans lequel la chute d'Adam et Ève et leur expulsion du jardin d'Éden ont été les étapes finales nécessaires pour réaliser la condition mortelle. Sans la Chute, Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants (2 Né. 2:23) ; par conséquent, le genre humain n'aurait pas existé sur cette terre dans les conditions et les circonstances existant dans le jardin. Le prophète Léhi explique : « Adam tomba que les hommes fussent » (2 Né. 2:25) et Hénoc déclare : « C’est parce qu’Adam tomba que nous sommes » (Moï. 6:48).
 
Après la Chute, l'Évangile de Jésus-Christ fut enseigné à Adam et à Ève et ils se réjouirent de leur situation. Adam bénit Dieu en disant : « À cause de ma transgression, mes yeux sont ouverts, et j'aurai de la joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu dans la chair » (Moï. 5:10). Et Ève fut heureuse, disant : « Sans notre transgression, nous n'aurions jamais eu de postérité et nous n'aurions jamais connu le bien et le mal, la joie de notre rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à tous ceux qui obéissent » (Moï. 5:11).
 
La Chute n’a pas été un accident, ni une obstruction au plan de Dieu, ni une fausse route dans le parcours de l'humanité. « Le Seigneur… a créé la terre afin qu'elle soit habitée » par ses enfants (1 Né. 17:36), et puisque Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants dans leur état édénique, la Chute a été tout bénéfice pour l'humanité. Cela faisait partie du plan du Père, connu de lui à l’avance et essentiel au genre humain. Tout « a été fait dans la sagesse de celui qui sait tout » (2 Né. 2:24).
 
La Chute a apporté deux genres de mort à Adam, à Ève et à leur postérité : la séparation de l'esprit et du corps physique, que les Écritures appellent « la mort temporelle » (Al. 11:42-43) et l’exclusion de la présence de Dieu, qui est appelée la mort spirituelle (2 Né. 9:6 ; D&A 29:41). Jésus-Christ rachète de manière inconditionnelle toute l'humanité des deux morts introduites par la chute d'Adam, relève toute l'humanité du tombeau et la ramène en la présence de Dieu pour le jugement (Hél. 14:16-17). L'Expiation rachète également les individus des conséquences de leurs propres péchés à condition qu’ils se repentent.
 
Le Livre de Mormon explique : « L'homme naturel est ennemi de Dieu, et l'est depuis la chute d'Adam, et le sera pour toujours et à jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions de l'Esprit-Saint, et ne se dépouille de l'homme naturel, et ne devienne un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur » (Mos. 3:19 ; cf. Al. 22:14 ; 42:9-15). Dieu « a créé Adam, et par Adam vint la chute de l'homme. Et à cause de la chute de l'homme vint Jésus-Christ… et à cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de l'homme » (Mrm. 9:12 ; cf. 2 Né. 9:6).
 
Les Doctrine et Alliances disent que la Chute est le résultat de la transgression : « Le diable tenta Adam, et celui-ci prit du fruit défendu et transgressa le commandement… C'est pourquoi, moi, le Seigneur Dieu, je le fis chasser du jardin d'Éden, de ma présence, à cause de sa transgression, en quoi il devint spirituellement mort » (D&A 29:40-41). Par la suite, Dieu envoya des anges enseigner à Adam et à sa postérité « le repentir et la rédemption par la foi au nom de [son] Fils unique » (D&A 29:42 ; cf. Moï. 5:6-8).
 
La Chute n'était pas un péché contre la chasteté. Adam et Ève étaient « mari et femme » et Dieu leur avait commandé de se multiplier (Ge. 1:27-28 ; Moï. 3:21-25 ; Abr. 5:14-19). Joseph Fielding Smith, un apôtre, explique : « La transgression d'Adam n'était pas un péché sexuel comme certains le croient et l’enseignent erronément. Adam et Ève furent mariés par le Seigneur pendant qu'ils étaient encore des êtres immortels dans le jardin d'Éden et avant que la mort n’entrât dans le monde » (DS1, p. 116 ; cf. JC, p. 30-33).
 
L'Écriture ancienne et moderne établit un rapport indissociable entre la chute d'Adam et l'expiation de Jésus-Christ. Paul résume cela comme suit : « Comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ » (1 Co. 15:22). La révélation moderne souligne en outre que le Christ rachètera tout de la mort et des effets de la Chute.
 
Le prophète Joseph Smith a enseigné que le rôle d'Adam était d’ « ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7) ; il a donc été le premier homme à entrer dans la condition mortelle, et la chute d'Adam a un effet mortel sur la terre entière. La terre mourra (D&A 88:25-26), mais par le pouvoir expiatoire de Jésus-Christ, « la terre sera renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e A de F). « Tout deviendra nouveau, le ciel et la terre et toute leur plénitude, les hommes et les bêtes, les oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Et ni un cheveu, ni un fétu de paille ne seront perdus, car c'est l'œuvre de ma main » (D&A 29:24-25 ; cf. 101:24-26 ; És. 51:6).
 
Comme Léhi l’a déclaré : « Si Adam n'avait pas transgressé, il ne serait pas tombé, mais il serait resté dans le jardin d'Éden. Et toutes les choses qui avaient été créées auraient dû rester exactement dans l'état dans lequel elles étaient après avoir été créées ; et elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de fin » (2 Né. 2:22 ; cf. Moï. 3:9). Diverses interprétations ont été suggérées au sujet de la nature de la vie sur la terre avant la Chute et sur la façon dont la Chute a physiquement affecté le monde, mais elles vont au-delà de la doctrine clairement exprimée par l'Église. L'Église et les Écritures sont cependant formelles pour dire que la Chute a apporté les deux genres de mort à Adam et à sa postérité.
 
Bibliographie
McConkie, Joseph Fielding, et Robert L. Millet, dir. de publ. The Man Adam. Salt Lake City, 1990.
Packer, Boyd K. "The Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through Words of Mormon, to Learn With Joy, p. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
ROBERT J. MATTHEWS
 
Adam : Sources mormones
Auteur : BAILEY, ARTHUR A.
 
Pour des saints des derniers jours, Adam est l’un des plus nobles et des plus grands de tous les hommes. Les informations que l’on trouve dans les Écritures et dans les déclarations des apôtres et des prophètes modernes révèlent des détails au sujet d’Adam et de son rôle important dans la vie préterrestre, en Éden, dans la condition mortelle et dans sa vie postmortelle. Elles donnent à Adam des noms et des titres tels que Michel (D&A 27:11 ; 29:26), archange (D&A 88:112) et Ancien des jours (D&A 138:38).
 
Le prophète Joseph Smith a enseigné que Michel, dont il est question dans la Bible (Da. 10:13 ; Jud. 1:9 ; Ap. 12:7), est Adam. Dans sa vie prémortelle, Adam reçut la prêtrise (EPJS, p. 124), se vit enseigner le plan de Dieu (EPJS, p. 133) et fut désigné pour être à la tête de la famille humaine (EPJS, p. 125). Il participa à la création de la terre et occupa un poste d’autorité à côté de Jésus-Christ (EPJS, p. 125), sous la direction duquel il fonctionne en tout temps (D&A 78:16). Il mena les forces de la justice contre le diable et « ses anges », qui furent vaincus et expulsés du ciel.
 
Les Écritures modernes certifient qu’Adam est un fils de Dieu, que son corps physique a été créé par les Dieux à leur propre image et placé dans le jardin d’Éden (Moï. 6:9, 22 ; Abr. 5:7-11 ; EPJS, p. 279-286 ; cf. 2 Né. 2:14-19). Dans cet état physique/spirituel en Éden, Adam fut appelé le « premier homme » (Moï. 1:34) et reçut la responsabilité de cultiver le jardin et d’ « ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7). Il reçut la domination et la responsabilité de la terre, et il donna des noms à ses créatures (Moï. 3:19). Il fut uni à Ève par le mariage (Abr. 5:4-19), mais dans leur état prémortel « ils n’auraient pas eu d’enfants » (2 Né. 2:23). Adam reçut les grandes clefs de la prêtrise (Abr., fac-similés 2, 3) et ses ordonnances furent confirmées sur Adam et Ève (cf. EPJS, p. 133).
 
Pour obéir au commandement de Dieu de multiplier et de peupler la terre, Adam et Ève transgressèrent la loi. Leur action délibérée eut comme conséquence leur chute, et ils furent expulsés du jardin. « Adam tomba pour que les hommes fusent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Leur action précipita donc, comme Dieu l’avait projeté, la phase terrestre du plan du salut.
 
Dans leur condition mortelle, des messagers célestes continuèrent à instruire Adam et Ève au sujet du plan du salut (Moï. 5:4-9 ; 6:50-54). Ils reçurent les ordonnances de la prêtrise (Moï. 5:59 ; 6:64-65) et tout ce qui était nécessaire pour instruire leurs enfants (Moï. 5:12). Les sources mormones disent qu’avec Ève, Adam eut des fils et des filles avant que Caïn et Abel ne naissent (Moï. 5:2-3, 16-17). Ils souffrirent des effets des tentations du diable et connurent le chagrin de dissensions familiales qui conduisirent au meurtre et à la méchanceté parmi certains de leurs enfants (Moï. 5:12-53).
 
Adam et Ève avaient une langue pleinement développée et tenaient des annales (Moï. 6:5-9). Ils tinrent leur généalogie et le récit de la Création. Trois ans avant sa mort, Adam convoqua sa postérité juste à Adam-ondi-Ahman et lui donna sa bénédiction finale (D&A 107:53).
 
Premier sur cette terre à recevoir les clefs de la prêtrise, Adam continue à dispenser de l’autorité à d’autres et à superviser l’administration de la prêtrise sur la terre ; ceux à qui des clefs ont été données doivent les rendre ou en rendre compte à Adam, et lui, de son côté, les remettra ou en rendra compte au Christ (EPJS, p. 124, 133). Ceci se produira quand l’ancien des jours (Adam) assistera à un conseil à Adam-ondi-Ahman précédant l’avènement du Christ (Da. 7:9-10 ; cf. EPJS, p. 95).
 
À la fin du millénium, Adam, en tant que Michel, mènera de nouveau les justes au combat contre le diable et ses armées. Michel et les armées du ciel l’emporteront de nouveau (D&A 88:111-115). Quand Adam sonnera de la trompette, les tombes s’ouvriront et le reste des morts se lèvera pour être jugé (D&A 29:26-27). Soumis au Père et au Christ, Adam présidera alors éternellement sur sa postérité (EPJS, p. 124).
 
Les divers titres d’Adam ont trait à des phases particulières de sa mission. Dans son rôle prémortel et postmortel, il est connu sous le nom de Michel et comme archange (D&A 29:26). En hébreu, Michel veut dire un « qui est comme Dieu », et dans son rôle puissant et principal comme archange, Adam est le capitaine des armées du Seigneur dans la bataille contre le diable et ses forces. Adam est le nom qui lui a été donné pour la condition mortelle (Moï. 1:34). En hébreu, adam veut dire « homme » ou « humanité ». Dans les sources mormones, les autres significations du mot sont « premier homme » (D&A 84:16), « beaucoup » (Moï. 1:34) et « premier père » (Abr. 1:3), dénotant son rôle historique de « grand ancêtre » de la famille humaine tout entière (EPJS, p. 133). « Ancien des jours » semble être son titre parce qu’il est « le premier et le plus vieux de tous » (EPJS, p. 133).
 
Adam a été tenu en haute estime par tous les prophètes anciens et modernes. Brigham Young a exprimé en 1852 et au cours des années suivantes l’idée qu’Adam « est notre Père et notre Dieu, et le seul Dieu auquel nous ayons affaire » (JD 1:50). Cette réflexion en a amené certains à penser que Brigham Young voulait dire qu’Adam, qui était sur terre notre ancêtre, était en réalité Dieu le Père. Mais cette interprétation a été officiellement rejetée comme incorrecte (Kimball, p. 77). Plus loin dans le même discours, Brigham Young dit clairement « que la terre a été organisée par trois personnes distinctes, à savoir Élohim, Yahovah et Michel » (JD 1:51). On peut aussi trouver d’autres renseignements sur les sentiments de Brigham Young à propos d’Adam dans un discours de conférence donné le 8 octobre 1854 (JD 1:50), clarifiant quelque peu sa précédente déclaration. Il y laisse entendre que par un processus connu sous le nom d’investiture divine, Dieu délègue son pouvoir à ses enfants. Adam fut le premier sur terre à recevoir cette autorité, qui comprend toutes les clefs, tous les titres et tous les pouvoirs essentiels possédés par le Père (D&A 84:38 ; cf. 88:107). Il lui avait ainsi conféré tout ce qui était nécessaire à l’accomplissement de ses nombreuses responsabilités et Adam est un nom-titre signifiant qu’il est le premier homme et père de tous.
 
Adam : Sources antiques
Auteur : PALMER, MARTIN J.
 
Les sources juives et chrétiennes antiques disent d’Adam qu’il est le premier humain et l’ancêtre du genre humain. Beaucoup de textes apocryphes retouchent le récit adamique de l’Ancien Testament et contiennent ou reflètent des traditions antiques précieuses. Certains saints des derniers jours ont comparé utilement quelques-unes de ces idées avec certains concepts au sujet d’Adam mentionnés dans les sources des saints des derniers jours.
 
Dans le judaïsme, Genèse 1-2 est utilisé comme base pour comprendre la relation de l’humanité avec Dieu. La postérité d’Adam a hérité de sa nature déchue, et pourtant Adam est considéré comme le modèle archétypal de l’humanité, comme cela ressort de textes qui remontent au moins aux temps hellénistiques (IIe siècle av. J.-C.) et est amplifié dans la philosophie juive médiévale. Philon, suivant un modèle platonicien, voit, dans les deux récits de la création de la Genèse, une distinction entre un homme céleste ou spirituel, créé d’abord spirituellement à l’image de Dieu (Ge. 1:27 ; cf. Moï. 3:5), et un deuxième, un homme terrestre, formé avec la poussière (Ge. 2:7). La plupart des exégètes juifs acceptaient l’historicité du récit biblique ; toutefois, Genèse 2:8-3:24 était souvent interprété allégoriquement. Le Talmud et la Haggada ont ajouté de riches détails à l’histoire adamique, notamment une description impressionnante dans laquelle toutes les générations futures – et leurs prophètes – passèrent devant Adam, qui les contempla (Sanh. 38b ; Av. Zar. 5a ; Ge. R. 24:2 ; cf. D&A 107:55-57). Adam reçut les lois noachides (Sanh. 56b) et la loi du sabbat (Mid. Ps. jusqu’à 92:6). Il fut le premier homme à offrir des sacrifices (Av. Zar. 8a ; cf. Moï. 5:5). Les kabbalistes médiévaux ajoutèrent aussi des interprétations mystiques, bien qu’Adam ne soit jamais identifié ici comme étant Michel, comme dans les Écritures des saints des derniers jours (voir D&A 27:11 ; 107:54 ; 128:21).
 
La théologie chrétienne orthodoxe, articulée pendant le deuxième siècle par Irénée et d’autres en réponse aux contestations avancées par le gnosticisme, voyait fidèlement l’Ancien Testament à travers le rôle du Christ. Le christianisme primitif considérait l’incarnation et l’expiation de Jésus-Christ comme l’accomplissement de l’œuvre commencée par Adam. Alors qu’Adam était le prototype du vieil homme mortel, le Christ devint le prototype du nouvel homme, jouissant de la promesse de l’immortalité. Jésus devint « le deuxième Adam », dont l’Expiation permettait à l’humanité de surmonter les effets de la Chute (1 Co. 15:22, 45).
 
L’histoire de la création et le récit adamique de la Genèse étaient particulièrement importants dans le gnosticisme, qui interprétait la Chute comme l’effondrement du principe divin dans le monde matériel. Ceci contribua à l’attitude négative du gnosticisme envers la création physique. Plusieurs écrits gnostiques traitent d’Adam. L’un d’eux, l’Apocalypse d’Adam, trouvé à Nag Hammadi, dépend fortement des traditions apocalyptiques juives et ne contient aucun point de doctrine chrétien explicite. Il prétend être une révélation donnée à Adam après la Chute par trois messagers célestes, expliquant la nature et l’ampleur de la Chute et apportant la promesse d’un Rédempteur futur. Cette connaissance est alors passée d’Adam à Seth et à ses descendants (cf. D&A 107:41-57).
 
La Vie d’Adam et Ève est une œuvre apocryphe importante traitant de la vie et de la mort d’Adam. Elle fut probablement écrite en Palestine entre 100 av. J.-C. et 200 apr. J.-C. Elle a été conservée dans les révisions grecque, latine et slave, chacune considérablement différente des autres. Cette œuvre décrit en détail le repentir d’Adam et d’Ève après leur départ du jardin d’Éden (cf. Moï. 6:50-68). Aucun point de doctrine clair et central ne s’en dégage, mais le texte souligne les idées de jugement final et de résurrection. Les autres éléments eschatologiques sont absents. On n’y trouve aucune indication de la doctrine traditionnelle du péché originel. Adam est parfait ; Ève, faible mais pas méchante, déplore ses propres imperfections tout en aimant Adam et en lui obéissant.
 
Un élément central de la Caverne des trésors, une œuvre syriaque, est son histoire d’une caverne où Adam a vécu et a été enterré. Son corps est récupéré par Noé, qui l’emporte dans l’arche et l’enterre de nouveau sur le Golgotha. Selon ce récit, le sang rédempteur de Jésus, également appelé « le dernier Adam », versé à la crucifixion, a d’abord coulé sur la tombe d’Adam, démontrant un lien inexorable entre la chute d’Adam et l’expiation du Christ. Ainsi, dans l’Évangile de Barthélemy 1:22, Jésus dit à Adam : « J’ai été mis en croix pour toi et pour tes enfants » et dans 2 Hénoc 42, Adam dans le paradis est amené dehors « avec les ancêtres… pour qu’ils puissent être remplis de joie » et de richesse éternelle.
 
Il existe de nombreux textes antiques au sujet d’Adam, notamment le livre éthiopien d’Adam et Ève et les livres arméniens de La mort d’Adam, l’Histoire de l’expulsion d’Adam du paradis, l’Histoire de Caïn et Abel, les Fils d’Adam, et Des bonnes nouvelles de Seth.
 
Bibliographie
Ginzberg, Louis. Legends of the Jews, Vol. 1, p. 3-142. Philadelphie, 1937.
Johnson, M. D. "The Life of Adam and Eve". Dans The Old Testament Pseudepigrapha, dir. de publ. J. Charlesworth, Vol. 2, p. 249-95. Garden City, N.Y., 1985.
Robinson, James M., dir. de publ. The Nag Hammadi Library, 2e éd. New York, 1989.
Robinson, Stephen E. "The Apocalypse of Adam". BYU Studies 17, hiver 1977, p. 131-153.
Robinson, Stephen E. "The Book of Adam in Judaism and Early Christianity". Dans The Man Adam, dir. de publ. J. McConkie et R. Millet, p. 131-150, donnant une liste de titres de nombreux ouvrages antiques. Salt Lake City, 1990.
MARTIN J. PALMER
 
Adamique, Langue
Auteur : ROBERTSON, JOHN S.
 
La notion de langue adamique s’est développée parmi des saints des derniers jours à partir de passages d’Écriture, de commentaires des premiers dirigeants de l’Église et de la tradition qui a suivi. Elle ne joue pas un rôle doctrinal essentiel et il n’y a pas de position officielle de l’Église qui définisse sa nature ou son statut.
 
Les Écritures disent que cette langue, écrite et parlée par Adam et ses enfants, était « pure et sans tache » (Moï. 6:5-6). Brigham Young a enseigné qu’elle a continué d’Adam à Babel, lorsque le Seigneur « a fait oublier au peuple sa propre langue maternelle… le dispersant au-dehors sur la face de la terre entière », excepté sans doute en ce qui concerne Jared et sa famille dans le Livre de Mormon (JD 3:100 ; cf. Ge. 11:1-9 ; Mos. 28:17). Cette déclaration reflète la croyance mormone très répandue que les membres fondateurs de la civilisation jarédite ont conservé la langue adamique lors de leur émigration vers le Nouveau Monde (Ét. 1:33-43 ; 3:24-28). Ainsi, la description que fait le frère de Jared de sa vision apocalyptique a été rendue linguistiquement inaccessible sans l’aide interprétative divine, puisque « la langue que tu écriras, [moi, Dieu] je l'ai confondue » (Ét. 3:21-28).

Dans les premières années de l’Église, quelques mots de la langue adamique ont pu avoir été révélés à Joseph Smith (JD 2:342) et à d’autres dirigeants de l’Église, dont Brigham Young (HC 1:297) et Elizabeth Ann Whitney (Woman’s Exponent 7, 1er nov. 1878, p. 83) dont on a dit qu’ils ont parlé en langues. Plus récemment, le président Benson a fait allusion à son rétablissement universel possible pour résoudre la diversité linguistique (Teachings of Ezra Taft Benson, Salt Lake City, 1988, p. 93 ; cf. Brigham Young, JD 3:100).
 
Puisqu’on considère généralement qu’une langue reflète sa culture, il est possible que l’érosion de la pureté de la culture adamique après Babel ait conduit à une perte concomitante de pureté d’expression dans la langue qui en est le reflet.
JOHN S. ROBERTSON
 
Adam-ondi-Ahman
Auteur : BERRETT, LAMAR C.
 
Adam-ondi-Ahman, une colonie dans le comté de Daviess (Missouri), reçut en 1838 son nom peu commun du prophète Joseph Smith au moment où les saints des derniers jours entraient dans la région. Les membres de l’Église avaient été expulsés du comté de Jackson (Missouri) en 1833 après trois ans d’asile provisoire et avaient été plus tard priés de quitter le comté de Clay. Quand ils avaient fait appel à la législature de l’État pour qu’elle crée un nouveau comté « pour des mormons », les comtés de Caldwell et de Daviess avaient été organisés. Les saints s’installèrent immédiatement dans le comté de Caldwell avec Far West comme siège du comté et se mirent sans tarder à coloniser le comté avoisinant de Daviess. En mai 1838, Joseph Smith conduisit des arpenteurs à une courbe en fer à cheval de la Grand River, à cent-dix kilomètres au nord de l’actuelle Kansas City et proclama une nouvelle communauté qu’il appela Adam-ondi-Ahman parce que, dit-il, « c’est l’endroit où Adam viendra visiter son peuple, l’endroit où l’Ancien des jours siégera, comme le dit Daniel, le prophète » (HC 3:35 ; D&A 116). Orson Pratt a interprété le nom comme voulant dire « vallée de Dieu où Adam a demeuré » (JD 18:343).
 
Les révélations du prophète indiquaient plusieurs choses au sujet de la région : (1) le jardin d’Éden était situé au comté de Jackson (Missouri) et après avoir été expulsé du jardin, Adam se rendit à Adam-ondi-Ahman ; (2) trois ans avant sa mort, Adam réunit les justes de sa postérité à Adam-ondi-Ahman et leur conféra sa dernière bénédiction ; (3) cet emplacement serait l’endroit d’une future réunion du Seigneur avec Adam et les saints, comme annoncé par le prophète Daniel (Da. 7:9-14, 21-27 ; 12:1-3).
 
Quand il arriva dans la vallée avec l’équipe d’arpenteurs, Joseph Smith trouva trois ou quatre familles de saints des derniers jours qui y vivaient déjà et fit de la cabane de rondins de Lyman Wight son quartier général. De juin à octobre 1838, la population des trois kilomètres carrés d’Adam-ondi-Ahman grimpa jusqu’à environ 400 âmes. 600 autres, dispersées dans tout le comté de Daviess considéraient Adam-ondi-Ahman comme leur capitale.
 
Quelque 90% des saints du comté de Daviess s’installèrent sur des terres en vertu des « droits de préemption », ce qui voulait dire que le gouvernement n’avait pas encore rendu les terres disponibles pour l’achat. Croyant qu’ils finiraient par posséder la terre, les saints des derniers jours travaillèrent dur pour développer leurs fermes. En juin 1838, quand le troisième pieu de l’Église fut organisé à Adam-ondi-Ahman, avec John Smith comme président de pieu, une atmosphère de paix semblait régner. Cependant, en juillet, les colons reçurent une mise en demeure publique de partir du comté de Daviess sous peine d’avoir à subir des conséquences graves. Les saints mirent leur milice en état d’alerte pour se défendre. Quand les hostilités éclatèrent en août, la milice du siège de l’Église à Far West alla à Adam-ondi-Ahman, mais aucune bataille ne s’ensuivit. Une action semblable se produisit en septembre.
 
Le 11 octobre, les émeutiers forcèrent les saints des derniers jours à quitter DeWitt, au comté de Carroll, puis se tournèrent vers le comté de Daviess, bien décidés à les chasser tous de l’état. Ils brûlèrent les cabanes, volèrent les animaux et harcelèrent les familles. Quand la milice de Far West arriva pour la troisième fois, en octobre 1838, les membres de l’Église de tout le comté de Daviess se réunirent à Adam-ondi-Ahman pour y chercher la sécurité et la population de la communauté passa à plus de mille. L’obligation de vivre sous la tente et dans des chariots et une tempête de neige soudaine aggravèrent leurs misères.
 
Tandis que Joseph Smith et la milice de Far West étaient à Adam-ondi-Ahman en octobre, les membres de l’Église se réunirent pour assister à la dédicace de la place publique par Brigham Young. C’est à ce moment-là que Joseph Smith indiqua un endroit où Adam avait jadis construit un autel. En mai, le prophète avait identifié ce même emplacement comme un endroit qui avait également été utilisé par les anciens Indiens d’Amérique.
 
Après les pillages et les incendies d’octobre par les émeutiers et les actes de représailles des saints des derniers jours, bien décidés à se défendre, la milice d’État les força à rendre leurs armes le 7 novembre 1838, et leur donna dix jours pour aller s’installer à Far West. Adam-ondi-Ahman fut abandonné et tomba aux mains de colons non mormons. Les familles du comté de Daviess passèrent l’hiver à Far West avant d’être expulsés de l’État au printemps de 1839.
 
Les Missouriens qui étaient responsables de l’expulsion des membres de l’Église hors du comté de Daviess savaient que dans quatre jours leurs terres seraient mises en vente par le gouvernement des États-Unis. Les mormons partis, ces résidants achetèrent les terres exploitées et profitèrent du travail des saints.

John Cravens acheta la majeure partie de la zone centrale de la ville d’Adam-ondi-Ahman et la renomma Cravensville. La localité exista pendant trente-deux ans et eut assez de résidants pour concourir avec Gallatin pour être le chef-lieu du comté de Daviess, mais après 1871, les terres retournèrent à l’agriculture et à l’élevage.
 
En 1944, Wilford C. Wood 1944 acheta pour l’Église quinze hectares à Adam-ondi-Ahman et, depuis lors, on a acheté 1200 hectares supplémentaires. Les recherches dans les archives et les fouilles archéologiques ont aidé à déterminer l’emplacement, la taille, la nature, et l’histoire de la localité.
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, p. 575-588. Salt Lake City, 1982.
LAMAR C. BERRETT

Alliances
Auteur : Van Beek, Wouter

Le mot « alliance » dans la Bible est la traduction de l’hébreu berith et du grec diathêkê. Le concept, tel qu’il se trouve dans le Livre de Mormon, semble proche de l’hébreu, qui désigne toute relation rendue officielle entre deux parties, comme un contrat, un pacte ou une convention. Comme tel, le terme est utilisé pour les pactes de non-agression entre peuples (Genèse 26:26-31), une promesse de propriété foncière (Genèse 15:18-21), une libération des esclaves (Jérémie 34:8-9) ou un serment de garder le secret (2 Rois 11:4). Le grec diathêkê est un terme plus légaliste, impliquant un legs officiel (Galates 3:17). Dans le Nouveau Testament, le terme est souvent traduit par « testament », mais est clairement utilisé pour le même type de convention que « alliance » (cf. Hébreux 7:22 ; 8:6 ; Anderson, p. 5). Cet aspect juridique ressort également dans les Doctrine et Alliances (p. ex., D&A 132:7), où certaines questions d’organisation sont rédigées en termes d’alliance (par exemple, D&A 82:11-12). Le terme « alliance », qui signifie « union », porte sur l’aspect relationnel. Dans d’autres langues, le terme utilisé peut avoir une connotation plus juridique.

Les membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se disent être un « peuple de l’alliance ». L’un des aspects les plus importants de leur vie est de conclure des alliances de justice et autorisées avec Dieu. Ils considèrent leurs alliances comme l’équivalent moderne des alliances des temps bibliques.

La plupart des alliances mentionnées dans les Écritures sont faites par Dieu avec l’humanité, soit avec des individus, soit avec un groupe. Dans une alliance de groupe, comme celle de l’Israël d’autrefois ou des Néphites, le chef ou le roi « coupe l’alliance » (comme on le dit en hébreu) pour et en faveur de son peuple, qui à son tour affirme son entrée dans l’alliance par un serment collectif ou par le repentir (par exemple, 2 Chroniques 34:29-32). Cette alliance peut être réaffirmée et rétablie, comme cela se produit dans le discours du roi Benjamin (Mosiah 1-6; voir Ricks, 1984). Lorsqu’une alliance de ce genre est contractée, le pacte collectif avec Dieu tient aussi longtemps que le peuple obéit aux commandements explicites ou implicites de l’alliance. On peut néanmoins constater, entre l’Ancien et le Nouveau Testament, un glissement progressif de l’alliance collective vers l’alliance individuelle. C’est également le cas dans le Livre de Mormon et dans les enseignements de l’Église. Il reste une certaine tension entre l’association avec les « élus » (Psaumes 89:3-4 ; D&A 88:130-133 ) et l’alliance plus générale pour toute l’humanité (Ésaïe 55:3). En tous cas, les alliances individuelles sont essentielles dans la doctrine et dans la religion des saints des derniers jours, tant dans l’histoire sacrée que dans la pratique actuelle.

Quand une alliance est contractée, Dieu prend l’initiative avec une promesse conditionnelle, spécifiant les bénédictions accessibles et fixant les conditions pour les recevoir. Parfois un signe est donné pour commémorer le pacte, comme les tables de l’alliance (Deutéronome 9:9-11). Des révélations (Jérémie 11:1-5) et des miracles (Deutéronome 5:1-6) accompagnent parfois les alliances. On contracte l’alliance habituellement par un rituel, un signe visible. Les sacrifices par effusion de sang (« le sang de l’alliance », Exode 24:8), « l’alliance du sel » (Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5 ), la circoncision des garçons (Actes 7:8), le baptême (D&A 22:1; Mosiah 18:7-11 ), la Sainte-Cène (Hébreux 8:6; 3 Néphi 18:1-14 ), le don de la prêtrise avec son "serment et [son] alliance » (D&A 84:33-42), le mariage (D&A 132) et d’autres rites du temple, tous ces rituels révélés sont appelés sacrements ou ordonnances, donnés comme alliances. Ils sont le signal que les gens concluent ou réaffirment des alliances personnelles avec le Seigneur. Comme Dieu est lié par ses promesses (D&A 82:10), la conclusion d’une alliance doit être guidée par la révélation et effectuée par l’intermédiaire de l’autorité de la prêtrise. Dans le cas contraire, Dieu n’est pas vraiment partie prenante dans le contrat. Étant donné que les rites d’alliance sont essentiels au salut et à l’exaltation de l’homme, le rôle de la prêtrise dans l’administration de ces sacrements d’alliance est crucial. Sans l’autorité de la prêtrise, il n’y a pas d’alliances éternelles. Pourtant, ces obligations d’alliance sont toujours directement en rapport avec le commandement général d’aimer Dieu et son prochain, appelé « l’alliance du cœur » (Hébreux 10:16; Jérémie 31:31-34 ; Ésaïe 55:3 ).

Les alliances du Seigneur couvrent essentiellement le plan du salut tout entier. La promesse que Dieu fait est d’envoyer un Sauveur pour tous les humains, en demandant de leur part leur obéissance à la volonté du Seigneur. Chaque alliance répond à des aspects de la « plénitude de son Évangile » (D&A 133:57). Bien que diverses dispensations puissent avoir leur spécificité, comme « l’alliance des œuvres » d’Israël et « l’alliance de la grâce » de Paul, les saints des derniers jours regroupent toutes les alliances divines sous l’unité d’un seul Évangile. En conséquence, toutes les alliances sont toujours nouvelles, éternelles et sans cesse renouvelées.

Les saints des derniers jours concluent, lors du baptême, une alliance éternelle avec Dieu, dans laquelle ils promettent de prendre sur eux le nom de Jésus-Christ, de garder ses commandements, de porter les fardeaux les uns des autres, de se tenir comme témoins de Dieu en tout temps, de se repentir et de servir et de toujours se rappeler le Christ (voir Mosiah 18:8-10 ; D&A 20:37). Ils renouvellent cette alliance en prenant la Sainte-Cène. Ils contractent d’autres alliances impliquant des obligations de fidélité, de zèle dans leur appel, de sacrifice, d’obéissance, de justice, de chasteté et de consécration quand ils sont ordonnés à la Prêtrise de Melchisédek (voir Serment et Alliance de la Prêtrise), quand ils reçoivent la dotation du temple, et quand un homme et une femme contractent le mariage éternel (voir Mariage : mariage éternel ).

De nombreux commentaires soulignent le caractère unilatéral des alliances scripturaires. Étant donné que les promesses du Seigneur dépassent largement les obligations de l’homme, les bénédictions de la Divinité éclipsent de loin les efforts exigés (voir Mosiah 2:21), bien que la notion de réciprocité soit toujours présente. Quelque chose est exigé en retour étant donné qu’une alliance est essentiellement à deux sens ; avant toute chose, c’est une relation, le moyen par lequel Dieu et l’homme sont réconciliés dans l’Expiation offerte à tous par Jésus-Christ.

Une alliance est un rapport particulier avec le Seigneur qu’une personne ou un groupe peut contracter. Les termes ont été fixés par le Seigneur tant pour les récompenses (bénédictions, salut, exaltation) que pour les efforts exigés (obéissance aux règles et aux commandements). Une alliance est accomplie lorsque les gens tiennent leurs promesses et persévèrent jusqu’à la fin dans la foi, tandis que le Seigneur donne des bénédictions au cours de la vie et le salut et l’exaltation à la fin.

Il y a rupture de l’alliance quand une promesse n’est pas tenue, c’est-à-dire, quand il y a transgression des commandements. En brisant cette relation, la personne perd ses bénédictions. Celles-ci ne peuvent lui être rendues dans leur intégralité que si elle se repent et contracte à nouveau l’alliance. Les alliances réconfortent les justes (Daniel 9:4) et soulagent le coeur des opprimés (D&A 74:20-21), mais causent la honte chez les impénitents (Ézéchiel 16:60-63 ).

Les saints des derniers jours croient que les premières alliances personnelles ont été faites dans la vie prémortelle, pour être contractées à nouveau plus tard sur la terre. Dans l’histoire sacrée de la terre, Dieu a fait alliance avec Adam et Ève et tous les anciens patriarches et prophètes et leurs épouses. Par exemple, Dieu a fait des alliances de toutes sortes avec Hénoc, Abraham et Sara, Moïse, les rois d’Israël et de Juda, David, Salomon et Josias (2 Chroniques 34:29-32) et avec beaucoup de prophètes. Jésus-Christ a institué la Sainte-Cène comme une alliance établissant des relations personnelles avec chacun de ses disciples (Hébreux 8:6), son sang remplaçant le vieux sang des sacrifices, le “sang d’une alliance éternelle » (Hébreux 13:20). Par l’intermédiaire de Joseph Smith, les alliances éternelle ont été rétablies (voir Nouvelle Alliance éternelle ; D&A 1:15 , 22 ; 22:1 ; 132 ).

Pour chaque groupe respectif de peuples de l’alliance, cette relation importante avec la Divinité est également un marqueur d’identité distinguant des personnes ou un groupe de leurs pairs. On utilise souvent des signes extérieurs tels que la circoncision (Genèse 17:2-14), le jour du sabbat (Exode 31:12-17), l’endogamie ou l’interdiction du mariage en dehors du groupe (Esdras 10:3), les salutations (D&A 88:131-133) et les interdits en matière de nourriture, tels que les tabous alimentaires du Lévitique ou le code de santé moderne de la Parole de Sagesse (D&A 89).

D’un point de vue historique, l’accent mis sur les alliances, parmi les églises chrétiennes, s’est renforcé à partir de la Réforme. Dans la Genève de Jean Calvin, la notion d’alliance était cruciale (Lillback, 1987), une tradition qui s’est transmise à de nombreuses confessions protestantes, notamment aux Puritains (van Pohr, 1986). Dans l’histoire ecclésiastique américaine, les alliances ont aussi été cruciales, et les Puritains de la Nouvelle-Angleterre se sont clairement vus comme étant le peuple de l’alliance du Seigneur (Miller, 1966). Ce concept est resté important dans la culture américaine et est un élément vital et essentiel de la religion mormone.

Bibliographie
Anderson, Richard L. "Religious Validity: The Sacramental Covenants in 3 Nephi." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, tome 2, p. 1-51. Salt Lake City, 1990.
Cooper, Rex E. Promises Made to the Fathers: Mormon Covenant Organization. Salt Lake City, 1990.
Lillback, P. A. The Binding of God: Calvin’s Role in the Development of Covenant Theology. Ann Arbor, Mich., 1987.
Miller, P. Life of the Mind in America from the Revolution to the Civil War. Londres, 1966.
Pohr, J. van. The Covenant of Grace in Puritan Thought. AAR Studies in Religion 45. Atlanta, Georgia, 1986.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin’s Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 24, printemps 1984, p. 151-162.
WOUTER VAN BEEK

Alliances aux temps bibliques
Auteur : Tate, George S.

L'idée de contracter et de respecter des alliances est essentielle pour les saints des derniers jours, qui seraient tout à fait d’accord « que le message central de la Bible est l'alliance de Dieu avec les hommes » (Bruce, p. 139). Le thème de l’alliance « imprègne les enseignements de l'Ancien Testament » et toutes les Écritures (Ludlow). L’utilisation d’alliances sacrées pour unir les hommes à Dieu et les uns aux autres est un procédé systématique et durable dans les relations de Dieu avec l'humanité depuis le début de l'histoire de la terre jusqu'à l'heure actuelle.

Se basant sur des révélations extrabibliques pour leur compréhension des alliances bibliques, les saints des derniers jours considèrent l'histoire des relations de Dieu avec l'humanité comme organisée selon des « dispensations » de l'Évangile, à l’occasion desquelles l'Évangile (et notamment la prêtrise et toutes les ordonnances nécessaires) est accordé par Dieu à l'homme et reçu par alliance. Chaque dispensation est présidée par des dirigeants de la prêtrise détenant des clés qui leur donnent le droit de faire contracter aux hommes des alliances qui font force de loi au ciel comme sur la terre. Ainsi, Moïse (De. 29:10-15), Josué (Jo 24:14-28) et Pierre (Mt 16:19) ont été parmi ceux qui avaient l’autorité d'agir au nom de Dieu quand ils faisaient et renouvelaient des alliances qui liaient entre eux Dieu et son peuple.

Les relations d’alliance de Dieu avec l'humanité ont commencé avec Adam et Ève. Les textes de la Perle de Grand Prix montrent qu’Adam et Ève ont été les premiers, après la Chute, à contracter des relations par alliance avec Dieu par le sacrifice, le baptême (Moïse 6:64-66) et la réception de la prêtrise et d’ordonnances liées au temple : « C’est ainsi que tout fut confirmé pour Adam par une sainte ordonnance » (Moïse 5:59 ; voir aussi 4:4-5, 8, 10-12). Adam et Ève reçurent la promesse d’un Sauveur et il leur fut commandé d'être obéissants, d'être repentants et de tout faire au nom du Fils de Dieu (Moïse 5:6-8).
Alors que la Bible utilise pour la première fois le terme « alliance » avec Noé (6:18 ; 9:9-17), c’est avec Hénoc (Moïse 7:51 ; 8:2) que les autres écritures des saints des derniers jours l’emploient en premier lieu. Les érudits bibliques non mormons (p. ex., Fensham) organisent généralement les principales alliances bibliques en une quintuple séquence (Noé, Abraham, Moïse, David et l'alliance du Nouveau Testament), mais les saints des derniers jours suivent une séquence de sept dispensations principales (Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ et ses apôtres et Joseph Smith) et reconnaissent aussi celles du frère de Jared, de Léhi et d’Alma dans l'histoire du Livre de Mormon. Alors que les savants non mormons s’efforcent de comprendre ce qu’il y a de commun et de différent entre les alliances mentionnées dans la Bible (par exemple, l’alliance patriarcale d'Abraham a continué même quand l'alliance au Sinaï a été violée), les saints des derniers jours, eux, trouvent que les grandes alliances ont toutes un point commun à savoir qu’on y retrouve les mêmes principes sous-jacents de l'Évangile de Jésus-Christ.
Étant donné le rôle essential qu’elles jouent dans les alliances mentionnées plus tard dans la Bible (p. ex., Ex. 2:24; Luc 1:72-73; Actes 3:25; Galates 3:13-14), les promesses faites de manière explicite dans l'alliance abrahamique revêtent une importance particulière dans les enseignements de l’Église (Ricks, 1985 ; Nyman). Le livre d'Abraham dans la Perle de grand prix augmente la compréhension que nous avons des promesses faites à Abraham et à Sara. Aux promesses d'une terre d'héritage (Genèse 15:18 ;17:8 ; cf. Abr 2:6) et d'une postérité innombrable (Genèse 15:5 ; 17:2-6 ; cf. Abr 2:9 ; 3:14), le livre d'Abraham ajoute les bénédictions de la prêtrise (Abr 1:3-4, 18) et la promesse que la postérité d'Abraham sera le moyen par lequel l'Évangile sera répandu sur toute la terre afin que le monde entier puisse recevoir l'Évangile et obtenir le salut (Abr 2:10-11). Les saints des derniers jours croient que le pouvoir de faire ces promesses antiques au moyen d’une alliance a été rétabli le 3 avril 1836, quand Élie, Élias, Moïse et autres prophètes anciens ont rendu à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clés de « la dispensation de l'Évangile d'Abraham, disant qu'en nous et en notre postérité toutes les générations après nous seraient bénies » (D&A 110:12 ; 124:58 ; 132:30-31).

Aux temps bibliques, on faisait des alliances politiques et juridiques de diverses manières. Les alliances religieuses s’inspiraient souvent de ces pratiques profanes. Par exemple, dans la langue de la Bible, on « coupe » une alliance, ce qui rappelle le procédé légal consistant à couper un petit animal lors d'une cérémonie scellant un contrat ou un traité (Genèse 15:10; Hillers, p. 40-45).

Le processus de renouvellement des alliances, individuellement et collectivement, était également un élément important de la vie religieuse à l'époque biblique. Tout comme les saints des derniers jours « renouvellent » leur alliance du baptême en prenant la Sainte-Cène, il y a des cas scripturaires de rites communautaires de renouvellement d'alliance (par exemple, De 31:10-13; Jo 1:16-18). On trouve aussi des renouvellements d'alliance dans le Livre de Mormon où l’on constate des analogies avec les pratiques du Proche-Orient (surtout hittites) (Ricks, 1984, 1990).

Malgré ces renouvellements, il est clair que l'ancienne alliance, ou loi de Moïse, devait être remplacée par une nouvelle, comme Jérémie le prophétise (Jérémie 31:31). Les saints des derniers jours croient que cette prophétie s’est réalisée dans le Nouveau Testament (ou, plus exactement, la Nouvelle Alliance). Le Christ « est le médiateur d'une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses » (Hébreux 8:6). Le symbole récurrent du renouvellement dans la nouvelle alliance est la Sainte-Cène, instituée lors de la dernière Cène et centrée sur l'engagement à se souvenir toujours du Christ, ce qui fait penser à la Pâque de l'ancienne alliance et à l’appel des prophètes de l’alliance à connaître Dieu (Osée 4:6).

Bibliographie
Bruce, F. F. "Bible." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Fensham, F. C., "Covenant, Alliance." Dans The New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Hillers, Delbert R. Covenant: The History of a Biblical Idea. Baltimore, 1969.
Ludlow, Victor L. "Unlocking the Covenant Teachings in the Scriptures." Religious Studies Center Newsletter, Brigham Young University 4, no. 2, 1990, p. 1, 4.
Nyman, Monte S. "The Covenant of Abraham." Dans The Pearl of Great Price: Revelations from God, p. 155-170, dir. de publ. H. Donl Peterson et C. Tate. Provo, Utah, 1989.
Ricks, Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin's Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 25, printemps 1984, p. 151-162.
Ricks, Stephen D. "The Early Ministry of Abraham." Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, vol. 2, p. 217-224. Salt Lake City, 1985.
Ricks, Stephen D. "Deuteronomy: A Covenant of Love." Ensign 20, avr. 1990, p. 55-59.
Whittaker, David J. "A Covenant People: Old Testament Light on Modern Covenants." Ensign 10, août 1980, p. 36-40.
GEORGE S. TATE

 
Alma l’Ancien
Auteur : LAMBERT, L. GARY
 
Alma l’Ancien (vers 174-92 av. J.-C.) est le premier des deux Alma du Livre de Mormon. Il est descendant de Néphi 1, fils de Léhi, et est le jeune prêtre de la cour du roi Noé qui va essayer de faire libérer pacifiquement le prophète Abinadi. Cela va lui valoir la vengeance royale, l'exil et des menaces de mort. Il est impressionné par les accusations portées par Abinadi concernant l'immoralité et les abus du gouvernement et de la société et par son témoignage de l'Évangile de Jésus-Christ (Mos. 17:2). Forcé plus tard de passer dans la clandestinité, Alma met par écrit les enseignements d'Abinadi, puis en fait part à d'autres, attirant suffisamment d’adhérents – 450 – pour organiser une société de croyants ou Église. Les croyants s’assemblent dans une région isolée et non exploitée appelée Mormon. Ceux qui participent à la vie de l'Église s’engagent à « porter les fardeaux les uns des autres », à « pleurer avec ceux qui pleurent » et à « consoler ceux qui ont besoin de consolation » et à « être les témoins de Dieu en tout temps, et en toutes choses » (Mosiah 18:8-9). Cet engagement est alors scellé par le baptême, considéré comme « témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir [le Dieu Tout-Puissant] jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel » (verset 13). Les croyants se donnent le nom de « l'Église de Dieu, ou l'Église du Christ » (verset 17).
 
Alma ordonne des prêtres laïcs – un par cinquante membres – et il leur dit de subvenir à leurs propres besoins et de limiter leurs sermons à ses enseignements et à la doctrine « qui avai[t] été dit[e] par la bouche des saints prophètes… le repentir et la foi au Seigneur » (Mos. 18:19-20). Il exige aussi l’observance fidèle du sabbat, des remerciements quotidiens à Dieu et aucune controverse, « leurs cœurs étant enlacés dans l'unité et l'amour les uns envers les autres » (18:21-23). Les prêtres se réunissent au moins une fois par semaine avec le peuple pour l’instruire lors d'une réunion de culte (18:25). Par des dons généreux, tous prennent soin les uns des autres, chacun selon ce qu'il a (18:27-28).
 
Les croyants finissent par être découverts et le roi Noé accuse Alma de sédition, commandant à son armée de l’écraser, lui et ses disciples. Forcé de partir en exil, Alma conduit le peuple plus loin dans le désert où il prospère pendant vingt ans dans une région qu'il appelle Hélam (Mos. 18:32-35 ; 23:1-5, 20). Alma décline fermement les efforts bien intentionnés de le faire roi et réussit à dissuader son peuple d'adopter un gouvernement monarchique, l’invitant à jouir de cette nouvelle « liberté qui [l’] a rend[u] libr[e] et de ne se fier « à aucun homme pour qu'il soit [son] roi » (Mos. 23:13). Il ne s'oppose pas à la monarchie en tant que telle. Ce sont plutôt ses limites fondamentales qui le préoccupent : « S'il était possible que vous eussiez toujours des hommes justes comme rois, il serait bien que vous ayez un roi » (23:8).
 
Alma et son peuple seront plus tard opprimés par Amulon, un autre ex-prêtre qui a déserté la cour du roi Noé, et qui, avec le reste d'une armée de Lamanites, découvre le peuple d'Alma dans son refuge du désert. Pendant leurs souffrances, la voix du Seigneur promet soulagement et délivrance à cause de leur alliance avec lui : « Moi, le Seigneur Dieu, j'interviens effectivement en faveur de mon peuple dans ses afflictions » (Mos. 24:14). Une fois de plus, à la manière de Moïse, Alma guide son peuple hors de la servitude et, par un voyage de douze jours, le conduit dans une nouvelle terre, le pays de Zarahemla, où il s’unit au peuple de Zarahemla et aux Néphites exilés pour former une nation néphite nouvelle et plus forte (Mos. 24:24-25).
 
Mosiah II, roi de Zarahemla, lui aussi descendant de Néphites croyants transplantés, approuve et autorise même l'expansion de l'Église d'Alma dans son royaume ; toutefois, l'Église fonctionne séparément et indépendamment de l'État. Le roi confie aussi les rênes de la direction à Alma (Mos. 25:19 ; 26:8), qui dirige l’Église avec succès pendant vingt années caractérisées en grande partie par des épreuves, beaucoup d’affrontements entre non-croyants et membres de l'Église avec, pour résultat, des moments pénibles aussi bien pour lui que pour l'Église (Mos. 26:1-39). Plus tard, l'antagonisme généralisé va obliger le roi à publier un décret pour diminuer la tension (27:1-6). Même un des fils d'Alma se retrouve dans les rangs des ennemis de l'Église, son agitation et ses critiques aggravant encore les persécutions contre les membres de l'Église (27:8-10).
 
De son vivant, Alma voit le roi Mosiah démanteler la monarchie et la transformer en un système de juges élus par le peuple (Mos. 29:2) ; il voit aussi son propre fils, Alma le Jeune, celui qui lui a précédemment causé du chagrin ainsi qu’à l’Église, devenir le premier grand juge (Mos. 29:1-44). Cette transformation politique va s’avérer cruciale dans l'histoire du pays de Zarahemla. Alma y est pour quelque chose, aussi bien directement qu’indirectement ; l’histoire de ses souffrances et de celles de son peuple sous des gouverneurs oppresseurs est bien connue dans tout le royaume (25:5-6) et est restée distincte dans l'esprit du roi Mosiah (29:18). On voit donc que l'influence d'Alma dépasse les limites spirituelles immédiates de son intendance sur l'Église. C’est, en effet, à cause de cette influence que la nation néphite tout entière connaît des changements sans précédent dans presque toutes les dimensions de la vie quotidienne : politiques, sociaux et économiques aussi bien que religieux. Ces changements et toutes leurs ramifications pour l'ordre social et la population préparent le contexte dans lequel va se dérouler la visite du Christ ressuscité en Amérique. Aimé de ses disciples pour son dévouement et sa foi, estimé par ses pairs pour sa direction efficace, Alma sera probablement toujours connu surtout comme fondateur de l'Église à Zarahemla. Sa postérité va devenir la première famille néphite pendant plus de 400 ans, jusqu’à Ammaron en 321 apr. J.-C. (4 Né. 1:48). Alma meurt à quatre-vingt-deux ans, moins de cent ans avant la naissance de Jésus-Christ.
 
L. GARY LAMBERT
 
Alma le Jeune
Auteur : Millet, Robert L.
 
Peu de personnes ont eu une plus grande influence sur une civilisation qu'Alma le Jeune, fils d'Alma l’Ancien. Il est une personnalité-clef dans la naissance de l'Église et de la république néphites, et le premier grand juge à Zarahemla, commandant en chef de l'armée néphite et grand prêtre (vers 90-73 av. J.-C.). Ses efforts pour protéger son peuple contre la guerre, les dissensions et la méchanceté ne le cèdent qu’à son dévouement total au Sauveur, qu'il apprend à connaître par la révélation.
 
Ce champion de la justice apparaît d'abord dans le Livre de Mormon comme un jeune homme rebelle. Lui et quatre des fils du roi Mosiah II, décrits comme « les plus vils des pécheurs » (Mos. 28:4), se rebellent contre les enseignements de leurs parents et cherchent à renverser l'Église. Tandis qu’ils se livrent à ce travail (vers. 100-92 av. J.-C.), l'ange du Seigneur leur apparaît, leur parle avec une voix de tonnerre et les appelle au repentir et il leur dit qu’il le fait à cause des prières du peuple et du père d'Alma. Pendant trois jours et trois nuits, Alma reste couché dans un état physiquement comateux et, pendant ce temps, il se retrouve spirituellement face à tous ses péchés, à cause desquels, dira-t-il plus tard, il était « tourmenté par les souffrances de l'enfer » (Al. 36:12-14).
 
Au plus profond de l’angoisse de son âme, Alma se rappelle les paroles de son père au sujet de la venue de Jésus-Christ pour expier les péchés du monde. Il en appelle, dans son cœur, au Christ, demandant grâce et suppliant d’être délivré du « fiel de l’amertume » et des « chaînes éternelles de la mort » Et, dit-il, « je ne pus plus me souvenir de mes souffrances ; oui, je n'étais plus déchiré par le souvenir de mes péchés » (Al. 36:17-19). Après leur conversion, Alma et les fils de Mosiah vont consacrer leur vie à la prédication du repentir et au joyeux Évangile (Al. 36:24).
 
Pendant quelque neuf années, Alma va être à la fois grand prêtre de l'Église et grand juge ou gouverneur d'un nouveau système politique de juges parmi les Néphites. Il est instruit, gardien des registres sacrés et civils, orateur inspirant et écrivain habile. Jeune dirigeant civil et religieux, il doit affronter un certain nombre de problèmes. Plusieurs factions politico-religieuses sont en train d’apparaître dans la société néphite, notamment les Zoramites, les Mulékites, des membres de l'Église et un groupe hostile à l’Église, les disciples de Néhor (voir Livre de Mormon – Peuples). Conserver la direction néphite de tous ces groupes va se révéler impossible. Lors d’un procès-phare dans sa première année comme grand juge, Alma juge le populaire Néhor coupable d’imposer par l’épée des supercheries de prêtres, ce qui aura comme conséquence son exécution (Al. 1:2-15). Ceci débouche bientôt sur une guerre civile au cours de laquelle Alma tue lui-même au combat le nouveau chef rebelle, l’un des protégés de Néhor (Al. 2-3). Il s’ensuit une grave épidémie d'orgueil et d'inégalité parmi beaucoup dans l'Église (Al. 4) et la sécession des arrogants Zoramites. « Ne voyant aucun autre moyen de le ramener qu'en lui opposant un témoignage pur » (Al. 4:19), Alma démissionne de son poste de grand juge et se consacre entièrement à l’œuvre du ministère (Al. 4:19 ; 31 :5). Son travail religieux, particulièrement dans les villes néphites de Zarahemla (Al. 5, 30) et de Gidéon (Al. 7), le bastion néhorite d'Ammonihah (Al. 8-16) et le centre zoramite d’Antionum (Al. 31-35) revitalise l'Église et fournit le modèle de l'administration pour le siècle à venir jusqu’à l'avènement du Christ.
 
C’est dans ses sermons et les bénédictions qu’il donne à ses enfants que l’on trouve les apports les plus durables d’Alma. Certainement en raison de sa propre conversion (Mos. 27), ses paroles portent fréquemment sur le sacrifice expiatoire du Rédempteur et sur la nécessité pour les hommes et les femmes de naître de Dieu, d’être changés et renouvelés par le Christ. Parlant au peuple de Gidéon, il prononce un oracle prophétique profond concernant la naissance de Jésus et l'Expiation qu'il va accomplir, « subissant des souffrances, et des afflictions, et des tentations de toute espèce… afin de détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et il prendra sur lui ses infirmités, afin que ses entrailles soient remplies de miséricorde… afin qu'il sache, selon la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités » (Al. 7:11-12). À Zarahemla, Alma met l’accent sur la nécessité de la nouvelle naissance et d'acquérir l'image et les attributs du Maître ; ce faisant, il propose une série de plus de quarante questions qui évaluent la profondeur de la conversion et de la préparation à rencontrer le Créateur (voir Al. 5).
 
À Ammonihah, Alma et son converti Amulek sont accusés de crime, provoqués et emprisonnés pendant plusieurs semaines sans vêtements ni nourriture suffisante. Après avoir été forcés d’être témoins de la mort par le feu de plusieurs femmes et enfants fidèles, Alma et Amulek sont miraculeusement délivrés et leurs persécuteurs annihilés. Les discours d'Alma et d'Amulek sur la Création, la Chute et l'Expiation sont parmi les déclarations théologiques les plus claires et les plus fondamentales de l’Écriture sur ces sujets (voir Al. 11-12, 34, 42). En expliquant l'humilité, la foi et la prière aux pauvres d’Antionum (Al. 32-34), Alma et Amulek exposent le procédé par lequel ceux qui n’ont pas la foi au Christ (ou ceux dans la bergerie qui désirent fortifier leur croyance) plantent la semence de la parole du Christ dans leur cœur et finissent par recevoir le témoignage qui est donné par le pouvoir du Saint-Esprit.
 
Certains des renseignements doctrinaux les plus pénétrants du Livre de Mormon nous viennent des paroles d'Alma à ses fils. Parlant à Hélaman I, son fils aîné et successeur, Alma raconte avec éloquence l'histoire de sa propre conversion, lui fait des recommandations paternelles affectueuses et lui confie la garde des plaques d’airain, des plaques de Néphi, des plaques d'Éther et du liahona (Al. 36-37). À Shiblon, il donne des conseils pratiques sages (Al. 38). À Corianton, son fils cadet dévoyé, qui finira par œuvrer vaillamment dans l'Église, Alma explique la gravité du péché sexuel, que la méchanceté n’a jamais été le bonheur (Al. 39, 41:10), que tous les esprits seront jugés après la mort et se tiendront un jour devant Dieu après une résurrection parfaite (Al. 40) et que le mot « restauration » ne signifie pas que Dieu remettra le pécheur dans un certain ancien état de bonheur (Al. 41), parce que la miséricorde divine ne peut pas dérober la justice quand la loi de Dieu a été violée (Al. 42).
 
Relativement jeune au moment de sa conversion, Alma vivra moins de vingt ans après cela. Pourtant, en ces deux décennies, il va presque à lui tout seul revigorer et faire triompher la cause de la vérité et de la liberté dans l'Église et la société néphites. N'oubliant jamais la voix de tonnerre de l'ange au moment de sa conversion, Alma est sans cesse animé de ce désir invariable : « Oh, que je voudrais être un ange et satisfaire le souhait de mon cœur, d'aller et de parler avec la trompette de Dieu, d'une voix qui fait trembler la terre, et d'appeler tous les peuples au repentir !… afin qu'il n'y ait plus de tristesse sur toute la surface de la terre » (Al. 29:1-2). Quand il s’en va un jour et qu’on ne le revoit plus jamais, ses fils et l'Église supposent que « [le Seigneur] a aussi reçu Alma en esprit à lui » tout comme Moïse (Al. 45:19), faisant une comparaison justifiée entre ces deux grands législateurs, juges, gouverneurs, chefs spirituels et prophètes.
 
Pour les saints des derniers jours, la vie et les leçons d'Alma sont riches et éternelles. Il donne de l’espoir aux parents qui ont des enfants rebelles et est comme une balise pour ceux qui s’égarent. C’est un homme public modèle, un exemple remarquable de la nouvelle vie en Christ, un prédicateur courageux, un missionnaire et un théologien doué. Alma est un prophète qui a reçu la récompense d'un prophète.
 
Bibliographie
Holland, Jeffrey R. "Alma, Son of Alma". Ensign 7, mars 1977, p. 79-84.
Perry, L. Tom. "Alma the Younger." CR avril 1979, p. 16-17.
ROBERT L. MILLET

Ancien, Prêtrise de Melchisédek
Auteur : Vetterli, Richard R.

« Ancien » est un office de la Prêtrise de Melchisédek de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours auquel les membres masculins dignes peuvent être ordonnés à l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien » est également utilisé comme titre général pour tous les détenteurs de cette prêtrise, quel que soit l’office de prêtrise spécifique qu'ils détiennent (D & A 20:38 ; cf. 1 Pierre 5:1 ; 2 Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).

En mai 1829, Jean-Baptiste, qui leur avait conféré la Prêtrise d'Aaron, promit à Joseph Smith et à Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu » les premier et deuxième anciens de l'Église (JS — H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent pour plus d'informations :

« Il n’y avait pas longtemps que nous nous livrions à une prière fervente et solennelle, quand la parole du Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que j’ordonne Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et qu'il devrait aussi m'ordonner au même office et puis en ordonner d'autres selon que cela nous serait commandé de temps à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer notre ordination jusqu'à ce qu'il fût possible de rassembler nos frères qui avaient été et qui allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS — H 1:72].

Ces ordinations furent accomplies le 6 avril 1830, lors de l'organisation de l'Église (D&A 20:1-4).

Les anciens ont pour devoir d’être des « ministres permanents » (D&A 124:137) afin de veiller sur l'Église, aider à en gérer les affaires, enseigner et conseiller. Ils ont l’autorité de conférer le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et de donner des bénédictions, y compris la guérison des malades. Les anciens peuvent accomplir toutes les fonctions de la Prêtrise d’Aaron, notamment baptiser et bénir la Sainte-Cène. Ils ont l'autorité, sous la direction de l’évêque de la paroisse ou du président de pieu, de conférer la Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek aux bénéficiaires dignes et d'ordonner d’autres anciens, instructeurs, prêtres et diacres. Ils peuvent faire une mission (voir D&A 20:38-50, 70 ; 42:12, 44) et peuvent être appelés à divers autres postes de direction ou de service. À la conférence générale d’octobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les anciens devaient être des « ministres permanents au pays , être prêts à répondre à l'appel des officiers présidents de l'Église et de pieu, à travailler dans le ministère au pays et à officier dans tout appel qui peut leur être confié, que ce soit pour travailler dans les temples ou dans l’œuvre du ministère au pays, ou que ce soit pour aller dans le monde avec les soixante-dix prêcher l'Évangile » (CR, octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où l'Église n'est pas complètement organisée, les membres se réunissent dans des branches sous la direction d’un ancien appelé président de branche (voir Organisation : Organisation contemporaine).

Tous les anciens résidant dans une paroisse sont organisés en un collège comptant jusqu’à quatre-vingt-seize membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un président, deux conseillers et un secrétaire appelés parmi les membres du collège par le président de pieu. La présidence du collège des anciens fait rapport au président de pieu, mais pour tous, le service et les activités locales demeurent sous la juridiction de l'évêque de la paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins chaque dimanche. Ils ont la responsabilité de s’intégrer mutuellement et d’aider à administrer les programmes et les activités du collège, dans la paroisse et dans le pieu, avec l'intention d'améliorer la condition de l'humanité (voir Services d'entraide). Les anciens sont dirigés par révélation pour fonctionner dans un esprit d'amour, de gentillesse, de persuasion patiente et de justice (D&A 121:41-46).

L'utilisation du mot « ancien » diffère de l'usage de ce terme dans les sociétés où il désigne les personnes âgées qui exercent une influence et de l'autorité dans la communauté en raison de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur expérience et de leur réputation, ou sur désignation par le groupe. Le terme était commun aux sociétés anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab (Genèse 50:7 ; Nombres 22:7). Les anciens (c.-à-d., les zeqenim, les « vieux ») étaient des dirigeants éminents des tribus israélites pendant l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils assistaient Moïse dans l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ; Nombres 16:25), et certains étaient manifestement autorisés à participer à des cérémonies religieuses sacrées (Exode 24:9-11 ; Nombres 11:16-26). Après la conquête de Canaan, l'autorité municipale des anciens augmenta et ils aidèrent au gouvernement des communautés tribales. Ils jouèrent un rôle quand il s’agit d’accepter un roi (2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans d'autres fonctions communautaires et religieuses (1 Rois 8:1-3 ; 20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce genre sont mentionnées dans les livres historiques de l'Ancien Testament. Avec le prophète Ézéchiel, ces anciens furent les principaux dirigeants pendant la captivité à Babylone (605 av. J.-C., par exemple, Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années après le retour d'exil, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens composèrent le Sanhédrin, le conseil qui gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens gouvernait chaque communauté. À l'époque du Nouveau Testament, des anciens étaient nommés comme dirigeants ecclésiastiques pour chacune des assemblées chrétiennes locales (Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17-28 ; Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se retrouvaient avec les apôtres dans les conseils et le gouvernement de l'Église et fonctionnaient parmi leurs frères chrétiens d’une manière semblable au Sanhédrin juif (Actes 11:30 ; 15:2 ; 16:4 ; 21:18). Des « superviseurs » ou « évêques » peuvent avoir été choisis parmi les anciens de bonne réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1 Timothée 3:1-7).


Bibliographie
Davies, G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 72-73. Nashville, Tenn., 1962.
McConkie, Bruce R. Only an Elder. Salt Lake City, 1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in the New Testament." Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 73-75. Nashville, Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI

 
Ancien Testament
Auteur : RASMUSSEN, ELLIS T.
 
L’Ancien Testament est l’un des ouvrages canoniques admis par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui l’estime pour ses enseignements prophétiques, historiques, doctrinaux et moraux. Il raconte une série de dispensations antiques pendant lesquelles le peuple a reçu des conseils périodiques par des alliances et des commandements divins dont beaucoup restent fondamentaux et intemporels. À ce propos, il est significatif pour les saints des derniers jours qu’en septembre 1823 l’ange Moroni ait cité une série de prophéties de l’Ancien Testament quand il a révélé au prophète Joseph Smith l’endroit où se trouvait un document antique écrit sur des plaques d’or, dont la traduction a donné le Livre de Mormon (JS–H 1:36-41). De plus, les travaux considérables de Joseph Smith sur l’Ancien Testament et les révélations qui lui ont été données à ce propos (juin 1830 à juillet 1833), qui ont mené à la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) et à certaines sections instructives des Doctrine et Alliances, soulignent l’importance de ces textes scripturaires. En outre, il ressort du Livre de Mormon qu’avant 600 av. J.-C. le prophète Léhi et sa colonie ont apporté de Jérusalem sur le continent américain un document sur des plaques d’airain qui contenait beaucoup de textes de l’Ancien Testament (1 Né. 5:10-15), amenant Léhi et ses descendants à attendre la venue d’un Rédempteur (1 Né. 19:22-23) et leur donnant un guide pour leur épanouissement moral et spirituel (Mos. 1:3, 5).
 
L’Ancien Testament, même s’il porte aussi le nom d’Ancienne Alliance, n’est donc pas démodé aux yeux des saints. Il contient des récits, de la sagesse et des textes écrits part des prophètes anciens, et même si des « parties claires et précieuses » ont été perdues, beaucoup ont été rendues dans les Écritures des saints (1 Né. 13:40). Il contient une série d’alliances anciennes avec Jéhovah (Jésus-Christ) qu’il faut distinguer des alliances supérieures du Nouveau Testament (par exemple, Mt. 26:28 ; Lu. 22:20 ; 1 Co. 11:25 ; 2 Co. 3:6 ; Hé. 7:22). Les saints des derniers jours les considèrent toutes comme éléments du même plan de salut divin.
 
ALLIANCES ET COMMANDEMENTS ÉTERNELS. Les saints des derniers jours éprouvent le besoin d’apprendre et de pratiquer les principes prescrits dans toutes les alliances et tous les commandements divins, qui sont éternellement valides. Pour connaître et comprendre les buts éternels de Dieu, il faut étudier les époques passées dont il est question dans l’Ancien Testament, ainsi que celles accessibles dans d’autres Écritures anciennes et modernes. Par exemple, les révélations modernes aident les saints des derniers jours à lire l’Ancien Testament en appréciant plus complètement la pérennité des notions éternellement importantes enseignés par les prophètes dans les Écritures.
 
Depuis le commencement, les alliances divines liées au salut sont enseignées par les prophètes et certaines sont symbolisées par des ordonnances sacrificatoires. Une révélation donnée à Moïse et rétablie par Joseph Smith dit que les sacrifices d’animaux ont été exigés depuis le temps d’Adam et Ève (Moï. 5:5) et que ces sacrifices étaient « une similitude du sacrifice du Fils unique du Père » (Moï. 5:7).
 
Une autre alliance de l’Ancien Testament confirmée dans la révélation moderne est l’alliance abrahamique. Elle ne concerne pas seulement les descendants littéraux d’Abraham mais également ceux qui sont adoptés dans sa famille à cause de leur foi dans le vrai Dieu et de leur baptême dans l’Évangile du Christ (Ge. 12:1 ; Ga. 3:26-29). Ces « descendants » d’Abraham sont chargés d’apporter les bénédictions de cette alliance à toutes les nations, en enseignant le Dieu vrai et vivant et en faisant connaître son plan de salut (Abr. 2:9-11). La responsabilité de connaître l’alliance d’Abraham et d’agir en conséquence a été transmise aux héritiers modernes par la révélation (D&A 110:12). De plus, il y a, dans le Livre de Mormon, une promesse de Jésus ressuscité selon laquelle les descendants de son peuple d’Israël, le peuple de son ancienne alliance, qui ont été dispersés au-dehors, « seront rassemblés de l’est, et de l’ouest, et du sud, et du nord ; et ils seront amenés à connaître le Seigneur, leur Dieu, qui les a rachetés » (3 Né. 20:13). Ils doivent être installés dans les pays de leur héritage et s’acquitter de leur responsabilité antique et suprême d’édifier le royaume du Seigneur (3 Né. 20:21-46 ; cf. És. 52:1-15). Pour les saints des derniers jours, le rétablissement « de toutes choses » (Ac. 3:21) inclut beaucoup de principes, de points de doctrine et d’idéaux de l’Ancien Testament.
 
LOIS TEMPORAIRES ET ÉTERNELLES. Les saints des derniers jours ne croient pas que quand il a accompli la loi de Moïse Jésus a de ce fait abrogé la loi, les prophètes et les écrits de l’Ancien Testament (3 Né. 15:5-8). En fait, il a accompli la loi du sacrifice en permettant que son propre sang soit versé (Al. 34:13) et en remplaçant certaines pratiques religieuses d’autrefois (3 Né. 12:18-20 ; 15:2-10). Ainsi, la fête de la pâque est devenue la Sainte-Cène commémorant le dernier repas du Seigneur (Lu. 22:1-20) : L’agneau pascal a trouvé son point culminant dans l’Agneau de Dieu (Ex. 12:5, 21 ; 1 Co. 5:7 ; 1 Pi. 1:19 ; Ap. 5:6). Le sacrifice d’animaux a trouvé son point culminant dans le sacrifice final de Jésus, dont ils étaient de simples symboles, mais le sacrifice « d’un cœur brisé et d’un esprit contrit » continue (3 Né. 9:19-20 ; cf. Ro. 12:1).
 
Jésus a réitéré beaucoup de lois morales et spirituelles enseignées par Moïse et les prophètes. Celles-ci comprennent les lois concernant la révérence pour Dieu, le respect des parents, la chasteté dans la conduite morale, le renoncement à la violence et au meurtre et la pratique de l’honnêteté avec ses semblables (par exemple, Mt. 5:17-48 ; cf. 3 Né. 12:17-48 ; Lu. 16:19-31 ; 24:13-47). Abinadi, prophète du Livre de Mormon, a réitéré les dix commandements et était formel quant à la nécessité d’en enseigner et d’en vivre les principes (Mos. 12:33-37 ; 13:12-26). Et la révélation moderne confirme la même nécessité pour quiconque veut être agréable au Seigneur (par exemple, D&A 20:17-19 ; 42:18-29 ; 52:39).
 
Pour les saints des derniers jours, tous les principes de moralité et de justice enseignés par les prophètes de l’Ancien Testament demeurent valides. Michée, par exemple, dit : « Ce que l’Éternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu » (Mi. 6:8). Le Seigneur enseigne par Habacuc que les visions divinement inspirées s’accompliront sûrement, même si c’est à une époque lointaine ; c’est pourquoi, « le juste vivra par sa foi » (Ha. 2:3-4). Moïse invite les Israélites à vivre selon les lois de Dieu en tant que bons exemples pour les autres : « Vous les observerez [les lois et les prescriptions] et vous les mettrez en pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple absolument sage et intelligent ! » (De. 4:6). Jésus fait appel au Deutéronome et au Lévitique au sujet des premier et deuxième commandements, aimer Dieu et son prochain (De. 6:4-5 ; Lé. 19:18, 33-34 ; Mc. 12:28-34).

Cela ne veut cependant pas dire que toutes les pratiques en matière de culte recommandées dans « la loi et les prophètes » devaient être perpétuées éternellement. Vers 150 av. J.-C., le prophète Abinadi du Livre de Mormon a expliqué : « Et maintenant, vous avez dit que le salut vient par la loi de Moïse. Je vous dis qu’il est nécessaire que vous gardiez, pour le moment, la loi de Moïse ; mais je vous dis que le temps viendra où il ne sera plus nécessaire de garder la loi de Moïse » (Mos. 13:27). Jésus ressuscité a répété aux disciples sur le chemin d’Emmaüs et aux onze apôtres réunis à Jérusalem les enseignements de la loi et des prophètes, des psaumes et de « toutes les Écritures » qu’il avait accomplis, (Lu. 24:13, 27, 33, 44). Certaines choses seulement ont pris fin en lui (3 Né. 15:8 ; Ga. 3:24).
 
Les saints des derniers jours chérissent donc les lois et les points de doctrine de l’Ancien Testament qui sont éternels, croyant qu’ils sont inspirés par l Dieu » et sont « utile[s] pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16).
 
ATTENTE DU MESSIEPAR LES PROPHÈTES. Plus de cinq siècles avant le temps du Christ, Jacob, un prophète du Livre de Mormon, disait que son peuple était informé sur le Christ par les enseignements de Moïse et des prophètes, et avait ainsi l’espoir de sa venue (Jcb. 4:4-5). Et Néphi 1 ajoute : « Car c’est à cette fin que la loi de Moïse a été donnée, et tout ce qui a été donné par Dieu à l’homme depuis le commencement du monde est une figure de lui [le Christ] » (2 Né. 11:4). À une autre occasion, Jacob dit que « tous les saints prophètes … ont cru au Christ », et que son peuple a fidèlement gardé la loi de Moïse, celle-ci « tournant notre âme vers [le Christ]. » En effet, ils voyaient dans l’offrande d’Isaac par Abraham « une similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:4-5). Amulek, un prédicateur ultérieur du Livre de Mormon (v. 75 av. J.-C.), en parlant du « grand et dernier sacrifice » du Fils de Dieu, déclare que « c’est là toute la signification de la loi, tout jusqu’au moindre détail annonçant ce grand et dernier sacrifice… [du] Fils de Dieu » (Al. 34:13-14).
 
La capacité des enseignements et des ordonnances des prophètes d’amener les hommes au Christ est démontrée par le fait même que Jésus fait allusion à ces rites et à ces enseignements. En descendant de la montagne de la Transfiguration, il rappelle à Pierre, à Jacques et à Jean qu’il est « écrit du Fils de l’homme qu’il doit souffrir beaucoup et être méprisé » (Mc. 9:12 ; cf. És. 53:3-7). Dans sa ville natale de Nazareth, il annonce que la prophétie d’Ésaïe que le Messie guérira et délivrera le peuple est accomplie en lui (Lu. 4:21 ; És. 61:1-2). Après avoir guéri un homme le jour du sabbat, Jésus dit à ceux qui veulent le condamner que le temps est proche où même les morts entendront sa voix, faisant certainement allusion aux prophéties concernant cet événement (Jn. 5:25 ; cf. És. 24:22). Ses paroles d’adieu à ce même auditoire sont : « Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi » (Jn. 5:46 ; cf. De. 18:15-19 et Ac. 3:22-23 ; 1 Né. 22:21 ; 3 Né. 20:23). Même en sa dernière heure mortelle, en souffrant et en accomplissant les promesses de la rédemption, Jésus cite le premier vers du Psaume 22: « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » comme pour faire ressortir l’accomplissement imminent des vers restants du psaume (Mt. 27:46 ; cf. Ps. 22:7-8, 12-19).
 
Les premiers missionnaires chrétiens ont converti beaucoup de gens au Christ parmi ceux qui « examinaient chaque jour les Écritures » (Ac. 17:10-12). Ces Écritures étaient ce qui est maintenant appelé l’Ancien Testament. Les prédicateurs chrétiens ont réussi à montrer « par les Écritures que Jésus était le Christ » (Ac. 18:24-28). Paul a déclaré que les Écritures, « tout ce qui a été écrit d’avance l’a été pour notre instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que donnent les Écritures, nous possédions l’espérance » du salut (Ro. 15:4).
 
Pour ce qui est de l’avènement futur du Christ, plus d’une vingtaine de psaumes « royaux » et « messianiques » annoncent le règne du Seigneur à l’époque finale. Les psaumes 72 et 100 sont typiques (voir Psaumes, prophéties messianiques dans les). De plus, dans les livres prophétiques de l’Ancien Testament, il y a plus de chapitres qui annoncent son règne final triomphant que de chapitres à propos de sa première venue et de son sacrifice (par exemple, És. 40, 43, 45, 52, 60, 63, 65 ; Éz. 37-48 ; Da. 12 ; Za. 12-14).
 
PROPHÉTIES POUR LE PRÉSENT ET LE FUTUR. Pour les saints des derniers jours, l’ère actuelle de l’Évangile de Jésus-Christ a commencé non seulement par la première vision de Joseph Smith mais également par les visites d’autres messagers divins, qui ont cité des prophéties de l’Ancien Testament avec la promesse qu’elles étaient sur le point de s’accomplir. L’ange Moroni a cité à Joseph Smith certaines des prophéties eschatologiques de Malachie, Ésaïe, Joël et, selon Wilford Woodruff, Daniel, et a promis leur accomplissement (JS–H 1:29, 33, 36-41 ; JD 24:241).
 
Les saints des derniers jours utilisent les prophéties antiques et modernes pour apporter la lumière de l’Évangile aux gentils pour que tous soient mutuellement bénis (És. 49:5-22 ; D&A 86:11 ; 110:12 ; 124:9). Dans les derniers jours, le Dieu du ciel établira son royaume pour qu’il englobe tous les hommes, allant de l’avant jusqu’à ce qu’il remplisse la terre (Da. 2:31-45 ; D&A 65). Le Seigneur « ramènera Sion » et, de cette manière, publiera la paix et le salut, en proclamant : « Ton Dieu règne ! » Alors toutes les nations verront le salut de Dieu (És. 52:7-10). Tous peuvent faire partie de Sion, « ceux qui ont le cœur pur » (D&A 97:19-21). « Des libérateurs monteront sur la montagne de Sion », comme le dit Abdias, « et à l’Éternel appartiendra le règne » (Ab. 1:21 ; D&A 103:7-10).
 
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Matthews, Robert J. "A Plainer Translation" : Joseph Smith’s Translation of the Bible. Provo, Utah, 1975.
McConkie, Bruce R. The Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nyman, Monte S., dir. de publ. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 136-173. Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
 
ELLIS T. RASMUSSEN
 
Anges
 
[Cette rubrique se compose de trois articles : Anges : Anges ; Anges : Archanges ; Anges : Anges gardiens. Le premier article traite de la nature des anges en ce qui concerne leur ministère auprès des habitants de la terre, montrant que différentes catégories accomplissent différents types de service. Le deuxième article examine une hiérarchie parmi des anges, et désigne Michel comme archange. Le dernier article explore la notion d’ange gardien et examine ce que les Écritures et les Frères ont dit. Il propose le Saint-Esprit comme type d'ange gardien.]
 
Anges : Anges
Auteur : MCCONKIE, OSCAR W.
 
Les saints des derniers jours acceptent la réalité de l’existence des anges comme messagers du Seigneur. Des anges sont mentionnés dans les Ancien et Nouveau Testaments, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix et jouent un rôle important dans l'histoire des débuts de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les anges sont de divers types et accomplissent diverses fonctions pour assurer l’œuvre du Seigneur sur la terre.
 
Le scepticisme de l'époque moderne a eu tendance à diminuer la croyance dans les anges. Cependant, Jésus-Christ a fréquemment parlé des anges, littéralement et au figuré. Quand les disciples de Jésus lui ont demandé : « Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ », il a répondu : « Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ, c’est le monde… les moissonneurs, ce sont les anges » (Mt. 13:36-39). Les anges sont des êtres réels qui participent à beaucoup d’incidents racontés dans les Écritures (par exemple, Lu. 1:13, 19 ; 2:25 ; Jn. 20:12, etc.). Ils font partie de toute la famille des cieux » (voir Ép. 3:15). Tout le monde, y compris les anges, est la postérité de Dieu.
 
Les anges, en ce qui concerne la forme, sont semblables aux êtres humains. Ils n’ont bien entendu pas les ailes que beaucoup de peintres montrent symboliquement (EPJS, p. 129). À propos des deux anges qui rendent visite à Lot à Sodome, les habitants de l’endroit demandent : « Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? » (Ge. 19:1, 5, italiques ajoutés). Daniel décrit l'ange Gabriel comme ayant « l'apparence d'un homme » (Da. 8:15). Au sépulcre du Sauveur ressuscité, « un ange du Seigneur descendit du ciel » (Mt. 28:2) sous la forme d’un « jeune homme… vêtu d’une robe blanche » (Marc 16:5). Joseph Smith fait la description tout à fait détaillée d'un ange quand il rapporte la visite de l'ange Moroni (JS–H 1:30-33, 43).
 
Les anges qui visitent cette terre sont des personnes qui ont été affectées comme messagers auprès de cette terre : « Aucun ange ne s'occupe de cette terre en dehors de ceux qui y appartiennent ou qui y ont appartenu » (D&A 130:5).
 
Il y a plusieurs types et sortes d'êtres, à divers niveaux de progression, que le Seigneur a utilisés comme anges dans des circonstances variables. Une sorte est un enfant d'esprit du Père éternel qui n'est pas encore venu au monde mais qui est destiné à vivre dans la condition mortelle terrestre. C’est probablement le type d'ange qui est apparu à Adam (Moï. 5:6-8).
 
Dans les premiers temps du monde mortel, beaucoup de justes ont été enlevés de la terre (voir Êtres enlevés). Hénoc et son peuple (Moï. 7:18-21, 31, 63, 69 ; Hé. 11:5), Moïse (Al. 45:19) et Élie (2 R. 2:11-12) ont tous été enlevés. Le prophète Joseph Smith a enseigné que des êtres enlevés « sont prévus pour des missions futures » (EPJS, p. 153) et par conséquent peuvent être des anges chargés d’un ministère.
 
Un autre genre d'ange peut être quelqu’un qui a terminé son existence mortelle mais dont les travaux continuent dans le monde d'esprit tandis qu'il attend la résurrection du corps. Ceux-là sont qualifiés d’ « esprits des justes parvenus à la perfection » (Hé. 12:22-23 ; D&A 76:69 ; EPJS, p. 263). « Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut ? » (Hé. 1:13-14).
 
Depuis la résurrection de Jésus-Christ, certains anges ont été « des personnages ressuscités, ayant un corps de chair et d'os » (D&A 129:1). Le prophète Joseph Smith a dit que les anges ressuscités ont avancé plus loin dans la lumière et la gloire que les esprits (EPJS, p. 263). C’est le cas des êtres qui ont contribué au rétablissement de l'Évangile dans la dispensation de la plénitude des temps. C’est à propos de ce type d'ange que Jean écrit : « Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel, ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6). Élias, Moïse, Élie, Moroni, Jean-Baptiste, Pierre et Jacques sont des exemples d’anges ressuscités qui ont servi le prophète Joseph Smith.
 
Conformément à la prophétie de Jean dans Ap. 14:6, la plénitude de l'Évangile, dans la parole et la puissance, a été rétablie sur la terre par le ministère d’anges. L'ange Moroni, être ressuscité, a révélé les annales du Livre de Mormon qui contiennent la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-11 ; voir Moroni, Visitations de). Plus tard celui qui était appelé Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, étant maintenant aussi ressuscité, vint, le 15 mai 1829, comme ange rendre la Prêtrise d'Aaron à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 13 ; JS–H 1:68-72 ; voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). De même, Pierre, Jacques et Jean, messagers incarnés de Dieu, rétablirent la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12-13 ; voir Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Moïse, Élias et Élie apparurent chacun comme anges et rendirent les « clefs du rassemblement d'Israël », la « dispensation de l'Évangile d'Abraham » (dont le mariage céleste ou patriarcal) et les clefs du pouvoir de scellement pour « tourner le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers les pères » (D&A 110:11-16).
 
D'autres « divers anges » sont venus remettre des clefs, du pouvoir, de la prêtrise et de la gloire (D&A 128:18-21), pour enseigner (2 Né. 10:3 ; Mosiah 3:2-3 ; Ap. 1:1), guider et inspirer (Ap. 5:11) et rendre l'Évangile actif dans la vie des hommes et des femmes. Cependant, l’œuvre des anges du Rétablissement n'est pas complète et les Écritures disent qu'il y aura encore d'autres ministères d’anges avant que « l'heure [du jugement de Dieu soit] venue » (D&A 88:103-104 ; 133:36).
 
Les anges messagers apportent la connaissance, la prêtrise, le réconfort et les assurances de Dieu aux mortels. Cependant, quand c’est la prêtrise ou les clefs qui doivent être transmises, l'ange exerçant ce ministère possède un corps de chair et d'os, soit ressuscité, soit enlevé. Les esprits peuvent donner des informations, mais ils ne peuvent pas conférer la prêtrise à des mortels, parce que les esprits ne font pas l’imposition des mains aux mortels (cf. D&A 129).
 
Parfois le Seigneur lui-même peut aussi être qualifié d’ange, puisque le terme signifie « messager ». Il est le « messager du salut » (D&A 93:8) et le « messager de l'alliance » (Mal. 3:1), et est « l’ange qui m’a délivré » dont Jacob parle dans Genèse 48:15-16.
 
Certains des enfants d'esprit du Père « n’ont pas gardé leur dignité » (Jud. 1:6 ; D&A 29:36-38 ; Ap. 12:3-9) et, comme Peter l’explique : « Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché, mais s’il les a précipités dans les abîmes de ténèbres » (2 Pi. 2:4). Ce sont des anges au diable. Ainsi, Satan et ceux qui ont choisi de le suivre sont parfois qualifiés d’anges (2 Co. 11:14-15 ; 2 Né. 2:17 ; voir aussi Premier état ; Guerre dans le ciel).
 
Une utilisation différente du terme « ange » est appliquée à ceux qui, parce qu'ils n'ont pas obéi aux principes de la nouvelle alliance éternelle du mariage, ne se qualifient pas pour l'exaltation mais restent séparés et seuls en tant qu'anges chargés d’un ministère, privés d’exaltation dans leur état sauvé pour toute l'éternité (D&A 132:16-17).
 
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Mormon Doctrine. Salt Lake City, 1966.
McConkie, Oscar W. Angels. Salt Lake City, Utah, 1975.
Pratt, Parley P. "Angels and Spirits." Dans Key to the Science of Theology, 10e éd., p. 112-119. Salt Lake City, 1973.
OSCAR W. MCCONKIE
 
Anges : Archanges
Auteur : GILES, JERRY C.
 
Traditionnellement, les anges ont été considérés comme des gardiens de personnes ou de lieux et porteurs des nouvelles de Dieu. Le préfixe « arch- » intensifie cette signification pour dénoter quelqu’un qui règne ou est éminent, principal ou prépondérant. Plusieurs textes bibliques donnent la prééminence à quatre, six ou sept anges (Éz. 9:2 ; Ap. 8:2). Denis, un théologien chrétien du VIe siècle, prétend qu’il existe neuf ordres d’anges appelés chœurs, dont un est appelé « archanges ». Le Paradis Perdu de Milton fait apparaître les archanges Raphaël et Michel à Adam au sujet de la chute des anges, de la Création et de l'histoire du monde. Dante parle aussi d’archanges dans la Divine Comédie.
 
Dans la littérature de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, un archange est un ange en chef, détenant une position d'autorité dans la prêtrise dans la hiérarchie céleste. Michel (Adam) est le seul à être ainsi formellement désigné dans l'Écriture (D&A 29:26 ; 88:112 ; 107:54 ; 128:21 ; 1 Th. 4:16 ; Jud. 1:9), bien que d'autres (Gabriel, qui est également Noé ; Raphaël, Raguël, etc.) soient mentionnés dans les ouvrages scripturaires, apocryphes, et pseudépigraphiques. Les enseignements des prophètes modernes indiquent qu'il existe une organisation de prêtrise parmi les armées célestes (EPJS, p. 124, 167). Cependant, les commentaires sur des postes ou des fonctions spécifiques dans la hiérarchie céleste au-delà des Écritures citées ci-dessus sont de la conjecture.
JERRY C. GILES

Anthon, Transcription
Auteur : Bachman, Danel W.

La transcription Anthon était une feuille de papier, considérée comme perdue, sur laquelle Joseph Smith avait copié des échantillons de caractères d’« égyptien réformé » provenant des plaques du Livre de Mormon. Au cours de l'hiver de 1828, Martin Harris montra ces caractères au professeur Charles Anthon du Columbia College (aujourd'hui Université de Columbia), d’où le nom.

En février 1828, Martin Harris, un agriculteur de Palmyra, New York, rendit visite au prophète Joseph Smith, qui résidait alors à Harmony (Pennsylvanie), où il venait de commencer à traduire le Livre de Mormon (voir Livre de Mormon, Traduction par Joseph Smith). Smith s’était précédemment adressé à Harris pour avoir son soutien financier pour la traduction ; maintenant, Harris se rendait à Harmony pour prélever des échantillons des caractères égyptiens réformés des plaques d'or (cf. Mrm. 9:32), dans le but d’obtenir l’avis de scientifiques à propos de leur authenticité. Smith remit à Harris une copie de certains des caractères, ainsi que d'une traduction, que Harris présenta ensuite à au moins trois érudits de l'Est des États-Unis. Le plus important d'entre eux, étant donné la nature de la demande, était Charles Anthon, classiciste renommé au Columbia College.

Les comptes rendus de la rencontre faits par les deux hommes diffèrent. Harris dit que le professeur Anthon lui remit un certificat attestant l'authenticité des caractères, mais que quand il apprit que Joseph Smith disait avoir reçu les plaques d'un ange, il reprit le certificat et le déchira. Anthon, pour sa part, laissa, en 1834 et en 1841, des comptes rendus écrits dans lesquels il se contredit sur le point de savoir s’il avait donné à Harris une opinion écrite sur le document. Dans les deux comptes rendus, apparemment pour que l’on n’aille pas penser qu’il s’associait à la publication du livre, il prétendit avoir déclaré à Harris qu'il (Harris) était victime d'une escroquerie. Les recherches modernes permettent de dire que, compte tenu de l'état des connaissances de l'égyptien en 1828, les idées d’Anthon n’auraient guère été plus qu'une opinion. Quoi qu’il en soit, Harris retourna à Harmony prêt à aider Joseph Smith à faire sa traduction.

L'Église Réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (maintenant appelée Community of Christ) possède un texte manuscrit appelé Transcription Anthon, qui contient sept lignes horizontales de caractères apparemment copiés des plaques. David Whitmer, à qui le document appartint à un moment donné, dit que c'est ce texte que Martin Harris montra à Charles Anthon. Cette affirmation reste toutefois incertaine car la transcription ne correspond pas à l'affirmation d’Anthon, à savoir que le manuscrit qu'il avait vu était disposé en colonnes verticales. Même si le document n'est pas l'original, il représente presque certainement des caractères copiés à partir des plaques en la possession de Joseph Smith ou copiés à partir du document utilisé par Harris. À deux reprises, fin 1844, après le martyre du prophète, certaines parties de ces symboles furent publiées comme étant les caractères que Joseph Smith avait copiés à partir des plaques d'or – une fois sur une affiche et une fois dans le numéro du 21 décembre du journal mormon The Prophet (voir Magazines). En 1980 parut un document qui semblait correspondre à la description faite par Anthon et qui avait l’air d’être la Transcription Anthon originale. Mais en 1987, Mark W. Hofmann reconnut que c’était un faux dont il était l’auteur (voir Falsifications de Documents historiques).

La visite rendue par Harris à des savants est plus qu’une curiosité intéressante dans l'histoire du mormonisme. Selon ses propres dires, Harris retourna à Harmony, convaincu que les caractères étaient authentiques. Par la suite, il consacra de bon cœur de son temps et de ses ressources pour assurer la publication du Livre de Mormon. De plus, le prophète, Harris lui-même et les générations suivantes de saints des derniers jours ont vu dans sa visite la réalisation d’Ésaïe 29:11-12, qui parle « d’un livre cacheté » remis à « un homme qui sait lire » et qui ne peut pas le lire (PJS 1:9; cf. 2 Né 27:6-24; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties bibliques sur). Ses efforts encouragèrent apparemment Joseph Smith dans la phase initiale de la traduction. La Transcription Anthon est également importante pour les générations suivantes comme un échantillon authentique des caractères gravés sur les plaques d'or et donc l'une des rares preuves tangibles de leur existence. [Voir aussi Livre de Mormon, langue.]

Bibliographie
Kimball, Stanley B. "I Cannot Read a Sealed Book." IE 60, févr. 1957, 80-82, 104, 106.
Kimball, Stanley B. "The Anthon Transcript: People, Primary Sources, and Problems." BYU Studies 10, printemps 1970, 325-352.
"Martin Harris' Visit to Charles Anthon: Collected Documents on Short-hand Egyptian." F.A.R.M.S. Preliminary Report. Provo, Utah, 1985.
DANEL W. BACHMAN

 
Antimormons – Publications 
Auteur : NELSON, WILLIAM O.

L’antimormonisme comprend toute opposition hostile ou polémique au mormonisme ou aux saints des derniers jours, comme la diffamation du prophète fondateur, ses successeurs ou les points de doctrine ou les pratiques de l’Église. Bien que parfois bien intentionnées, les publications antimormones prennent souvent la forme d’injures, de mensonges, de caricatures dégradantes, de préjugés et de harcèlement juridique, donnant lieu à des assauts verbaux et physiques. Dès ses débuts, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et ses membres ont été les cibles de publications antimormones. Mis à part le fait qu’elle les a rassemblées à des fins historiques et ce, en réponse aux directives divines, l’Église a essentiellement ignoré cette littérature, parce que la plupart des membres y voient de fausses déclarations irresponsables.
 
Peu d’autres groupes religieux aux États-Unis ont été l’objet de critiques et d’une hostilité aussi constantes et aussi rabiques. Depuis l’organisation de l’Église en 1830 jusqu’en 1989, au moins 1.931 livres, romans, brochures, tracts et feuillets volants antimormons ont été publiés en anglais. De nombreux autres bulletins, articles et lettres ont été distribués. Depuis 1960, ces publications ont augmenté considérablement.
 
Une raison importante d’hostilité à l’égard de l’Église a été sa croyance en la révélation extrabiblique. Les fondements théologiques de l’Église reposent sur l’affirmation du prophète Joseph Smith que Dieu le Père, Jésus-Christ et des anges lui sont apparus et lui ont commandé de rétablir une dispensation de l’Évangile.
 
Le scepticisme auquel le témoignage de Joseph Smith s’est heurté au début était compréhensible parce que d’autres avaient émis des prétentions semblables à la réception de révélations de Dieu. De plus, Joseph Smith avait fait paraître le Livre de Mormon, ce qui constituait une preuve tangible de ses prétentions à la révélation, et ceci demandait à être vérifié. Son témoignage que le livre provenait d’un document antique gravé sur des plaques en métal qu’il avait traduit par le don et le pouvoir de Dieu était considéré comme absurde par les incroyants. Les écrits antimormons hostiles et les autres abus ont découlé en grande partie de la nécessité de trouver une autre explication à l’origine du Livre de Mormon. Les premiers détracteurs se sont tout d’abord ingéniés à discréditer la famille Smith, en particulier Joseph Smith, fils, et ont essayé de prouver que le Livre de Mormon était entièrement du XIXe siècle. Les détracteurs ultérieurs se sont davantage concentrés sur des points de doctrine, différents dirigeants et le fonctionnement de l’Église.
 
PREMIÈRES CRITIQUES (1829-1846). L’affirmation de Joseph Smith que des messagers célestes lui avaient rendu visite fut accueillie avec dérision, en particulier par certains ecclésiastiques locaux. Quand les efforts de le dissuader eurent échoué, il devint l’objet de railleries. À partir de l’époque de la Première Vision (1820) jusqu’à la première visite de l’ange Moroni (1823), Joseph « subit toutes sortes d’opposition et de persécutions de la part des différents ordres de religieux » (Lucy Mack Smith, History of Joseph Smith, p. 74).
 
La première tentative sérieuse de discréditer Joseph Smith et le Livre de Mormon fut celle d’Abner Cole, rédacteur du Reflector, un journal local de Palmyra. Écrivant sous le pseudonyme d’Obadiah Dogberry, Cole publia dans son journal des extraits de deux chapitres piratés de l’édition de 1830 du Livre de Mormon, mais fut obligé de renoncer parce qu’il violait la loi du copyright. Cole recourut à la satire. Il essaya de diffamer Joseph Smith en l’associant à la recherche de trésors et il prétendit que Joseph était influencé par un magicien appelé Walters.
 
Alexander Campbell, fondateur des Disciples du Christ, écrivit la première brochure antimormone publiée. Le texte parut d’abord sous forme d’articles dans son propre journal, le Millennial Harbinger (1831), et puis dans une brochure intitulée Delusions [tromperies] (1832). Campbell conclut : « Je ne doute pas un seul instant que [Joseph Smith] soit l’unique auteur et propriétaire [du Livre de Mormon]. » Deux ans plus tard, il revint sur cette conclusion et accepta une nouvelle théorie de l’origine du Livre de Mormon, à savoir que Joseph Smith avait d’une certaine façon collaboré avec Sidney Rigdon pour produire le Livre de Mormon à partir du manuscrit de Spaulding (voir ci-dessous).

L’ouvrage antimormon le plus notable de cette période, Mormonism Unvailed (sic), fut publié par Eber D. Howe en 1834. Howe collabora avec l’apostat Philastus Hurlbut, excommunié de l’Église à deux reprises pour immoralité. Hurlbut fut engagé par un comité d’antimormons pour trouver des gens qui certifieraient la malhonnêteté de Smith. Il « rassembla » des déclarations sous serment de soixante-douze contemporains qui professaient connaître Joseph Smith et étaient disposés à parler contre lui. Mormonism Unvailed essaya de discréditer Joseph Smith et sa famille en assemblant ces déclarations sous serment et neuf lettres écrites par Ezra Booth, également apostat qui avait quitté l’Église. Ces documents prétendent que les Smith étaient des chercheurs de trésors et des irresponsables. Howe avança la théorie que Sidney Rigdon s’était procuré un manuscrit écrit par Solomon Spaulding, le réécrivit dans le Livre de Mormon et convainquit ensuite Joseph Smith de dire au public qu’il avait traduit le livre à partir de plaques reçues d’un ange. Cette théorie servit d’alternative au récit de Joseph Smith jusqu’à ce que le manuscrit de Spaulding soit découvert en 1884 et se révèle n’avoir rien à voir avec le Livre de Mormon.
 
Le recueil Hurlbut-Howe et Delusions de Campbell furent les sources principales de presque tous les autres écrits antimormons du XIXe siècle et quelques-uns du XXe siècle, notamment les ouvrages d’Henry Caswall, John C. Bennett, Pomeroy Tucker, Thomas Gregg, William Linn et George Arbaugh. La plupart de ces auteurs puisèrent de manière routinière dans le même groupe de légendes antimormones (voir H. Nibley, « How to Write an Anti-Mormon Book » Brigham Young University Extension Publications, 17 fév. 1962, p. 30).
 
La manifestation la plus infâme de l’antimormonisme se produisit lors du conflit du Missouri, pendant lequel Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état, lança un ordre d’extermination. « Les mormons, écrivit-il, doivent être traités comme des ennemis et être exterminés ou chassés de l’état, si c’est nécessaire, pour le bien public » (HC 3:175). Cet ordre fut à l’origine de l’expulsion des mormons hors du Missouri et de leur réinstallation en Illinois.
 
Tandis qu’il était incarcéré à la prison de Liberty en 1839, Joseph Smith écrivit aux saints et leur dit de ne pas répondre par une polémique mais de « réunir les publications diffamatoires qui sont en circulation, et toutes celles qui se trouvent dans les magazines et dans les encyclopédies et toutes les histoires diffamatoires qui sont publiées, qui sont écrites, et par qui » de manière à mettre en lumière tous les rapports trompeurs et faux au sujet de l’Église (D&A 123:4-5, 12-13). Ce procédé a été appliqué par les saints des derniers jours au cours des années.
 
Après l’installation des saints à Nauvoo (Illinois), leur principal antagoniste fut Thomas C. Sharp, rédacteur du Warsaw Signal. Alarmé par le pouvoir civil de l’Église, il utilisa son journal pour s’y opposer. En 1841, il publia Mormonism Portrayed, de William Harris.
 
Six livres antimormons notables furent édités en 1842. Le premier fut History of the Saints ; or, An Exposé of Joe Smith and Mormonism, par John C. Bennett, qui avait été conseiller de Joseph Smith dans la Première Présidence et avait aussi été le premier maire de Nauvoo. Après son excommunication de l’Église pour immoralité, il se tourna contre les mormons et publia une série de lettres dans un journal de Springfield (Missouri). Il accusa Joseph Smith d’être « l’un des imposteurs les plus vils et les plus infâmes qui soient jamais apparus sur la face de la terre ». L’histoire de Bennett empruntait fortement à Mormonism Portrayed.
 
Cette même année, Joshua V. Himes publia Mormon Delusions and Monstrosities, qui reprenait une grande partie de Delusions d’Alexander Campbell. Le Révérend John A. Clark publia Gleanings by the Way et Jonathan B. Turner, Mormonism in All Ages. Ces deux livres se basaient fortement sur Howe et Mormonism Unvailed de Hurlbut. Mormonism and the mormons, de Daniel P. Kidder, amplifia la théorie Spaulding des origines du Livre de Mormon en y incluant Oliver Cowdery en plus de Joseph Smith et de Sidney Rigdon.
 
Appelé l’ « Antimormon Extraordinaire », le Révérend Henry Caswall publia The City of the mormons, or Three Days at Nauvoo. Il prétendit avoir donné à Joseph Smith une copie d’un manuscrit grec des psaumes et que Smith l’identifia comme étant un dictionnaire d’hiéroglyphes égyptiens. Caswall inventa un dialogue entre lui et Smith pour dépeindre Joseph Smith comme ignorant, grossier et fourbe. En 1843, Caswall publia « The Prophet of the Nineteenth Century » à Londres, empruntant la majeure partie de sa matière à Clark et à Turner.
 
En 1844 Joseph Smith dut affronter de graves dissensions au sein de l’Église. Plusieurs de ses plus proches collaborateurs étaient en désaccord avec lui concernant la révélation du mariage plural et d’autres points de doctrine. Parmi les principaux dissidents il y avait William et Wilson Law, Austin Cowles, Charles Foster, Francis et Chauncey Higbee, Charles Ivins et Robert Foster. Ils s’allièrent avec les éléments antimormons locaux et éditèrent un numéro d’un journal, le Nauvoo Expositor. Ils y accusaient Joseph Smith d’être un prophète déchu, coupable de fornication et malhonnête en matière financière.
 
Le conseil municipal de Nauvoo et le maire Joseph Smith déclarèrent le journal « nuisance » illégale et commandèrent au marshal de la ville de détruire la presse. Cette destruction mit en rage les antimormons hostiles autour de Nauvoo. Le 12 juin 1844, le Warsaw Signal, le journal de Thomas Sharp, exigea l’extermination des saints des derniers jours : « La guerre et l’extermination sont inévitables ! Citoyens, levez-vous tous ! ! ! Pouvez-vous rester là et laisser ces démons infernaux ! dépouiller des hommes de leurs biens et de leurs droits sans les venger… Que [votre commentaire] se fasse avec la poudre et les balles ! ! ! » Quinze jours plus tard, Joseph Smith et son frère Hyrum étaient assassinés à la prison de Carthage tandis qu’ils attendaient d’être jugés sur accusation de trahison.
 
Sharp justifia la tuerie sous prétexte que « les citoyens les plus respectables » l’avaient réclamée. Lui et quatre autres furent par la suite jugés pour les meurtres, mais furent acquittés faute de preuves.

Beaucoup pensaient que l’Église périrait avec ses fondateurs. Quand les membres s’unirent sous la direction des douze apôtres, les attaques antimormones reprirent de plus belle. Sharp réclama de nouveau l’expulsion des mormons de l’Illinois. En septembre 1845, plus de 200 maisons de membres de l’Église avaient été brûlées dans les régions environnant Nauvoo. En février 1846, les saints traversèrent le Mississippi et commencèrent l’exode vers l’Ouest.
 
Il est possible que le mobile de certains antimormons, particulièrement des apostats, ait été la vengeance. Philastus Hurlbut, Simonds Ryder, Ezra Booth et John C. Bennett voulaient se venger parce que l’Église les avait disciplinés. Alexander Campbell était furieux parce qu’il avait perdu beaucoup de ses disciples campbellites quand ils s’étaient joints aux saints des derniers jours. Mark Aldrich avait investi dans un développement immobilier qui fit faillite parce que les immigrés mormons ne l’avaient pas soutenu et Thomas Sharp avait perdu beaucoup de ses perspectives dans les affaires.
 
CARICATURE DES mormons ET CROISADE CONTRE LA POLYGAMIE (1847-1896). L’installation dans l’Ouest permit un isolement bienvenu pour l’Église, mais la révélation publique de la pratique de la polygamie en 1852 suscita un nouveau barrage de moqueries et un affrontement avec le gouvernement fédéral.
 
Les années de 1850 à 1890 furent turbulentes pour l’Église parce que les réformateurs, les ecclésiastiques et la presse attaquèrent ouvertement la pratique de la polygamie. Les opposants fondèrent des sociétés antipolygames et le Congrès publia une législation antipolygame. Les mormons furent caricaturés comme étant des gens qui défiaient la loi et étaient immoraux. Le but clair de la croisade juridique et politique contre les mormons était de détruire l’Église. Seul le manifeste de 1890, une déclaration de Wilford Woodruff, président de l’Église, qui abolissait officiellement la polygamie, apaisa le gouvernement, permettant la restitution à l’Église de ses biens confisqués. Les écrits, conférences et dessins satiriques antimormons volumineux de l’époque caricaturèrent l’Église comme une théocratie qui défiait les lois de la société conventionnelle ; beaucoup décrivaient ses membres comme bercés d’illusions et fanatiques ; et ils prétendaient que la polygamie, les rituels secrets et l’expiation par le sang constituaient les fondements théologiques de l’Église. Les motifs principaux étaient de discréditer les croyances des saints, de réformer moralement ce qui était perçu comme un mal ou d’exploiter la polémique à des fins financières et politiques. La tactique diffamatoire utilisée consistait en attaques verbales contre les dirigeants de l’Église, en caricatures dans les périodiques, les magazines et les conférences, en inventions dans les romans et en mensonges purs et simples.
 
L’ouvrage antimormon le plus influent au cours de cette période fut probablement Origin, Rise, and Progress of Mormonism, de Pomeroy Tucker (1867). Imprimeur employé par E.B. Grandin, éditeur du Wayne Sentinel et imprimeur de la première édition du Livre de Mormon, Tucker affirma avoir été en relations étroites avec Joseph Smith. Il soutint l’accusation de Hurlbut-Howe que les Smith étaient malhonnêtes et prétendit qu’ils volaient leurs voisins. Il reconnaissait cependant que ses insinuations n’étaient pas « confirmées par une enquête judiciaire ».
 
The Golden Bible or the Book of Mormon : Is It from God ? (1887) du Révérend M. T. Lamb se moquait du Livre de Mormon qu’il qualifiait de « verbeux, maladroit, stupide… improbable… impossible… [et] une conjecture idiote. » Pour lui le livre était inutile et de loin inférieur à la Bible et il disait de ceux qui croyaient au Livre de Mormon qu’ils étaient mal informés.
 
Sur les cinquante-six romans antimormons publiés au cours du XIXe siècle, quatre devinrent le modèle de tous les autres. Ces quatre romans étaient des romans à sensation érotiques se focalisant sur le soi-disant triste sort des femmes dans l’Église. Boadicea, the Mormon Wife, d’Alfreda Eva Bell (1855), faisait des membres de l’Église « des meurtriers, des faussaires, des escrocs, des joueurs, des voleurs et des adultères ! » Dans Mormonism Unveiled, d’Orvilla S. Belisle (1855), l’héroïne était prise au piège dans un harem mormon sans espoir d’en sortir. Mormon Wives, de Metta Victoria Fuller Victor (1856) fait des mormons des gens affreux et aveuglés. Maria Ward (un pseudonyme) dépeint les tortures infligées par les mormons aux femmes dans Female Life Among the mormons (1855). Les auteurs écrivaient des passages choquants dans le but de vendre les publications. Des membres excommuniés essayèrent de profiter de leur ancienne appartenance à l’Église pour vendre leurs histoires. Tell It All, de Fanny Stenhouse (1874), Wife No. 19 d’Ann Eliza Young (1876) étaient des histoires à sensation sur le thème de la polygamie. William Hickman vendit son histoire à John H. Beadle, qui exagéra le mythe danite dans Brigham’s Destroying Angel (1872) pour présenter les mormons comme des gens violents.
 
Les dirigeants de l’Église ne répondirent à ces attaques et à cette publicité défavorable que par des sermons et des exhortations. Ils défendirent la doctrine fondamentale de l’Église qu’étaient la révélation et l’autorité venant de Dieu. Pendant la période des poursuites fédérales, la Première Présidence condamna les actes contre l’Église de la part du Congrès des États-Unis et de la Cour Suprême comme violations de la Constitution des États-Unis.
 
LA RECHERCHE D’UNE EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE (1897-1945). Après que l’Église eut officiellement mis fin à la polygamie en 1890, l’image publique du mormonisme s’améliora et devint modérément favorable. Cependant, en 1898, l’Utah élut au Congrès des États-Unis B.H. Roberts, qui avait contracté des mariages pluraux avant le Manifeste. Son élection ranima les accusations de polygamie et de nouvelles dénonciations par les reporters à scandale des magazines et le Congrès refusa de le valider. Pendant le débat au Congrès, l’Order of Presbytery d’Utah publia une brochure, Ten Reasons Why Christians Cannot Fellowship the Mormon Church [Dix raisons pour lesquelles les chrétiens ne peuvent pas recevoir l’Église mormone dans leur communion], s’opposant principalement à la doctrine de la révélation moderne.
 
L’élection de Reed Smoot au Sénat des États-Unis (le 20 janvier 1903) causa une polémique de plus. Bien que n’ayant pas été polygame, Smoot était membre du Collège des douze apôtres. Dix mois après qu’il eut été assermenté en tant que sénateur, son cas fut passé en revue par le Senate Committee on Privileges and Elections. Les auditions pour l’affaire Smoot durèrent de janvier 1904 à février 1907. Finalement, en 1907, le sénat vota de lui permettre de prendre son siège. La Première Présidence publia alors An Address to the World (une déclaration au monde), expliquant la doctrine de l’Église et répondant aux accusations. La Salt Lake Ministerial Association (l’association des pasteurs de Salt Lake City) réfuta, le 4 juin 1907, cette déclaration dans le Salt Lake Tribune.
Pendant 1910 et 1911, les magazines Pearson's, Collier's, Cosmopolitan, McClure's et Everybody's publièrent des articles antimormons rabiques. McClure accusa les mormons de toujours pratiquer la polygamie. Cosmopolitan compara le mormonisme à une vipère essayant de saisir, avec des tentacules, la richesse et le pouvoir. Les rédacteurs qualifièrent l’Église d’ « institution méprisable » dont « l’emprise gluante » avait servi le pouvoir politique et économique dans une douzaine d’États de l’Ouest. Les historiens de l’Église appellent ces articles « la croisade des magazines ».
 
L’arrivée du cinéma donna lieu à une répétition du stéréotype antimormon. De 1905 à 1936, on sortit au moins vingt et un films antimormons. Les plus sordides furent A Mormon Maid (1917) et Trapped by the mormons (1922). Les films montraient des dirigeants polygames cherchant des converties pour satisfaire leurs convoitises et les mormons assassinant des voyageurs innocents dans des rites secrets. Certains des écrits antimormons les plus virulents de l’époque venaient de Grande-Bretagne. Winifred Graham (Mme Theodore Cory), romancière antimormone professionnelle, accusa les missionnaires mormons de profiter de la Première Guerre mondiale pour faire du prosélytisme auprès des femmes dont les maris étaient partis faire la guerre. Le film Trapped by the mormons était basé sur l’un de ses romans.
 
Quand la théorie Spaulding sur l’origine du Livre de Mormon fut discréditée, les partisans antimormons se tournèrent vers la psychologie pour expliquer les visions et les révélations de Joseph Smith. Walter F. Prince et Theodore Schroeder proposèrent des explications aux noms du Livre de Mormon en ayant recours à des associations psychologiques ingénieuses mais ténues. I. Woodbridge Riley prétendit dans The Founder of Mormonism (New York, 1903) que « Joseph Smith, fils, était épileptique ». Il fut le premier à suggérer que View of the Hebrews, d’Ethan Smith (1823) et The Wonders of Nature and Providence, Displayed, de Josiah Priest (1825) étaient les sources du Livre de Mormon.
 
Lorsque l’Église commémora son centenaire en 1930, l’historien américain Bernard De Voto affirma dans l’American Mercury : « Il est incontestable que Joseph Smith était paranoïaque. » Il reconnut plus tard que l’article du Mercury était « une attaque malhonnête » (IE 49, mars 1946, p. 154).

Harry M. Beardsley, dans Joseph Smith and His Mormon Empire (1931), avança la théorie que les visions de Joseph Smith, ses révélations et le Livre de Mormon étaient des sous-produits de son subconscient. Vardis Fisher, un romancier populaire ayant des racines mormones en Idaho, publia Children of God : An American Epic (1939). L’ouvrage a une certaine sympathie pour l’héritage mormon, tout en proposant une origine naturaliste à la pratique mormone de la polygamie et décrit Joseph Smith en termes d’ « impulsions névrotiques ».
 
En 1945, Fawn Brodie publia No Man Knows My History, une histoire psychobiographique de Joseph Smith. Elle le décrivit comme un « faiseur de mythes prodigieux » qui avait puisé ses idées théologiques dans son environnement de New York. Le livre rejetait la théorie de Rigdon-Spaulding, en revenait à la thèse d’Alexander Campbell que seul Joseph Smith était l’auteur du livre et postulait que View of the Hebrews (suivant Riley, 1903) avait fourni la matière de base comme source du Livre de Mormon. Les interprétations de Brodie ont été suivies par plusieurs autres auteurs.

Les savants de l’Église ont critiqué pour plusieurs raisons les méthodes de Brodie. Tout d’abord, elle ignore des documents manuscrits précieux qui lui étaient accessibles dans les archives de l’Église. En second lieu, ses sources étaient principalement des documents antimormons tendancieux rassemblés surtout à la bibliothèque publique de New York, à la bibliothèque de Yale et à la bibliothèque historique de Chicago. Troisièmement, elle commençait par une conclusion prédéterminée qui façonna son ouvrage : « J’étais convaincue, écrit-elle, avant même de commencer à écrire que Joseph Smith n’était pas un vrai prophète » et se sentit obligée de fournir une autre explication à ses œuvres (cité dans Newell G. Bringhurst, « Applause, Attack, and Ambivalence-Varied Responses to Fawn M. Brodie's No Man Knows My History » Utah Historical Quarterly 57, hiver 1989, p. 47-48). Quatrièmement, en utilisant une approche psychobiographique, elle imputait des pensées et des motifs à Joseph Smith. Même Vardis Fisher critiqua son livre en écrivant que c’était « presque plus un roman qu’une biographie parce qu’elle hésite rarement à dire ce qui se passe dans l’esprit d’une personne ou à expliquer des motifs que l’on ne peut tout au plus que conjecturer » (p. 57).

REGAIN DES VIEILLES THÉORIES ET ALLÉGATIONS (1946-1990). Les auteurs antimormons ont surtout été prolifiques pendant l’après-Brodie. En dépit d’une presse généralement favorable envers l’Église pendant beaucoup de ces années, de tous les livres, romans, brochures, tracts et feuillets publiés en anglais avant 1990, plus de la moitié l’ont été entre 1960 et 1990 et le tiers d’entre eux entre 1970 et 1990.
 
Des réseaux d’organisations antimormones fonctionnent aux États-Unis. L’annuaire 1987 des organismes de recherche sur les cultes contient plus de cent listes antimormones. Ces réseaux distribuent de la littérature antimormone, font des conférences qui attaquent publiquement l’Église et font du prosélytisme auprès des mormons. La Pacific Publishing House en Californie donne une liste de plus de cent publications antimormones.
 
Un large éventail d’auteurs antimormons a produit la littérature d’invectives de cette période. Les évangeliques et certains mormons apostats affirment que les saints des derniers jours ne sont pas chrétiens. La base principale de ce jugement est le fait que la croyance mormone en la Divinité chrétienne est différente de la doctrine chrétienne traditionnelle de la Trinité. Ils prétendent que les saints des derniers jours adorent « un autre Jésus » et que leurs Écritures sont contraires à la Bible. Une autre tactique courante est d’essayer de montrer qu’il y a des contradictions entre les déclarations des dirigeants de l’Église du passé et celles des dirigeants actuels sur des points tels qu’Adam-Dieu, l’expiation par le sang et le mariage plural.
 
Un exemple actuel de moquerie et de déformation des croyances des saints des derniers jours vient d’Edward Decker, mormon excommunié et cofondateur d’Ex-mormons for Jesus, maintenant connus sous le nom de Saints Alive in Jesus (saints vivants en Jésus). Prétendant aimer les saints, Decker s’est attaqué à leurs croyances. Les saints des derniers jours considèrent son film et son livre, tous deux intitulés The Godmakers, comme une distorsion grossière de leurs croyances, particulièrement des ordonnances du temple. Un directeur régional de la ligue anti-diffamation de B’nai B’rith et le conseil régional de l’Arizona de la conférence nationale des chrétiens et des juifs sont parmi ceux qui ont condamné le film.
 
Bien que les critiques, les distorsions et les mensonges antimormons soient blessants pour les membres de l’Église, la Première Présidence leur a conseillé de ne pas réagir et de ne pas engager de débats avec ceux qui les commanditent et les a invités à donner leurs réponses « sous forme d’explications positives des points de doctrine et des pratiques de l’Église » (Church News, 18 déc. 1983, p. 2).
 
Jerald et Sandra Tanner sont deux chercheurs antimormons prolifiques. Ils ont commencé à écrire début 1959 et proposent maintenant plus de 200 publications. Leur approche principale est de démontrer des contradictions, dont beaucoup sont considérées par les saints des derniers jours comme artificielles ou insignifiantes, entre les enseignements actuels et passés de l’Église. Ils agissent et éditent sous le nom de Utah Lighthouse Ministry, Inc. Leur ouvrage le plus notable, Mormonism – Shadow or Reality ? (1964, révisé 1972, 1987), contient l’essentiel de leurs affirmations contre l’Église.
 
Pendant les années 1950, 1960 et le début des années 1970, l’Église a eu une image publique généralement favorable et cela s’est reflété dans les médias d’information. Cette image est devenue plus négative dans les années 1970 qui ont suivi et le début des années 1980. L’opposition de l’Église à l’amendement sur l’égalité des droits et l’excommunication de Sonia Johnson pour apostasie, la position de l’Église en ce qui concerne la prêtrise et les noirs (changée en 1978), une déclaration de la Première Présidence s’opposant au missile MX, l’épisode de John Singer avec l’attentat à la bombe contre un bâtiment de l’Église, les tensions entre certains historiens et les dirigeants de l’Église, la lettre à la « Salamandre » (un faux) et les autres faux et meurtres de Mark Hofmann ont apporté de l’eau au moulin de la presse et de la télévision pour leurs commentaires négatifs. L’influence politique de l’Église et ses avoirs financiers ont également fait l’objet d’articles ayant une forte orientation négative.
 
Un livre antimormon largement diffusé, The Mormon Murders, par Steven Naifeh et Gregory White Smith (1988), utilise plusieurs stratégies rappelant l’antisémitisme d’autrefois. Les auteurs utilisent les contrefaçons et les meurtres de Hofmann comme tremplin et suivent les thèmes et les méthodes antimormons traditionnels que l’on trouve dans les ouvrages plus anciens. Ils expliquent le mormonisme en termes de richesse, de pouvoir, de tromperie et de crainte du passé.

Les dirigeants de l’Église ont constamment fait appel à l’impartialité des lecteurs et les ont invités à examiner eux-mêmes le Livre de Mormon et les autres Écritures et documents modernes plutôt que de porter un jugement tout fait sur l’Église sur la base de publications antimormones. En 1972, l’Église a créé le Département de la Communication, avec siège à Salt Lake City, pour diffuser des informations publiques sur l’Église.
 
Bibliographie
 
Il n’existe pas d’histoire définitive des activités antimormones. Voici un échantillon de sources de l’Église sur l’antimormonisme :
 
Allen, James B., et Leonard J. Arrington. "Mormon Origins in New York : An Introductory Analysis." BYU Studies 9 (1969) :241-74. Analyse les approches promormones et antimormones.
Anderson, Richard Lloyd. "Joseph Smith's New York Reputation Reappraised." BYU Studies 10 (1970) :283-314. Analyse les attestations Hurlbut-Howe publiées dans Mormonism Unvailed.
Bunker, Gary L., et Davis Bitton. The Mormon Graphic Image 1834-1914. Salt Lake City, 1983. Fait l’historique de la caricature antimormone.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984. Traite des écrits antimormons de Campbell, Howe et Hurlbut.
Kirkham, Francis W. A New Witness for Christ in America, 2 vols. Independence, Mo., 1942, et Salt Lake City, 1952. Examine les premiers articles de journaux et les explications antimormones de l’origine du Livre de Mormon.
Nibley, Hugh W. The Mythmakers. Salt Lake City, 1961. Passe en revue les auteurs antimormons du temps de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. "Censoring the Joseph Smith Story" IE 64 (juill., août, oct., nov. 1961). Série d’articles examinant comment cinquante ouvrages antimormons traitent l’histoire de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W. Sounding Brass. Salt Lake City, 1963. Passe en revue les auteurs antimormons de l’époque de Brigham Young.
Nibley, Hugh W. The Prophetic Book of Mormon, CWHN 8 chaps. 4-8, 10-12, examine les arguments antimormons.
Scharff, Gilbert W. The Truth About the Godmakers. Salt Lake City, 1986. Traite du film The Godmakers.
WILLIAM O. NELSON
 
Anges : Anges gardiens
Auteur : MCCONKIE, OSCAR W.
 
Une des fonctions des anges est d'avertir et de protéger les mortels. Le Seigneur chuchote à David : « Aucun malheur ne t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente. Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies ; ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre » (Ps. 91:10-12). L'ange de la présence du Seigneur sauve Israël (És. 63:9). Daniel répond au roi : « Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal … » (Da. 6:22).
 
Cette fonction bien connue de gardien attribuée aux anges a provoqué la théorie chez certains que toutes les personnes, ou du moins les justes, se voient affecter un ange comme gardien durant toute leur vie. Il n'y a aucune justification scripturaire à cette tradition qui a parfois été entretenue parmi les saints des derniers jours et d'autres (EPJS, p. 298).
 
Les saints des derniers jours croient que quiconque vient au monde se voit accorder un soin et une direction protecteurs par Dieu, assurés en partie par la lumière du Christ (D&A 84:44-48 ; Mro. 7:12-19). Ceux qui ont le don du Saint-Esprit peuvent être avertis, gardés ou protégés par l'esprit de révélation (D&A 8:2-4). La meilleure façon de considérer le terme « ange gardien » est d’y voir une façon de parler désignant la sollicitude protectrice et la direction de Dieu ou, dans des cas spéciaux, un ange expédié sur la terre en accomplissement des desseins de Dieu.
OSCAR W. MCCONKIE
 
Apostasie
Auteur : COMPTON, TODD
 
Les saints des derniers jours croient que l’apostasie se produit toutes les fois qu’une personne ou une communauté rejette les révélations et les ordonnances de Dieu, change l’Évangile de Jésus-Christ ou se rebelle contre les commandements de Dieu, perdant de ce fait les bénédictions du Saint-Esprit et de l’autorité divine. L’apparition de communautés basées sur la révélation, d’apostasies et de rétablissements s’est produite de manière cyclique pendant toute l’histoire de l’humanité dans une série de dispensations depuis Adam et Hénoc (Moïse 7) jusqu’au temps présent. Les saints des derniers jours considèrent qu’une « grande apostasie » historique accompagnée de la perte de l’autorité a commencé à l’époque du Nouveau Testament et s’est répandue au cours des siècles qui ont suivi cette époque. Bien que les saints des derniers jours n’aient pas insisté autant sur la grande apostasie que sur la notion que l’Église est un rétablissement basé sur la révélation, la nécessité d’un rétablissement implique que quelque chose d’important a été perdu après le départ de l’Église chrétienne primitive.
 
Le mot « apostasie » dérive du grec apostasía ou apóstasis (« défection, révolte » ; utilisé dans un sens politique par Hérodote et Thucydide) ; il est mentionné dans un contexte religieux dans la Septante et le Nouveau Testament (par exemple, Jos. 22:22 et 2 Ch. 29:19 ; 2 Th. 2:3 dit qu’une apostasía doit venir avant la seconde venue du Christ). Il peut signifier l’intransitif « se tenir loin de » ou l’actif « faire se tenir loin de ». Une apostasie peut donc être une rébellion active et collective.
 
Le Christ a dit à Joseph Smith dans sa première vision (1820) que toutes les Églises existantes s’étaient égarées dans leurs enseignements et dans leurs pratiques, bien qu’ayant « une forme de piété » (JS–H 1:18-19). Il était donc nécessaire qu’un « rétablissement » de l’Évangile ait lieu.

En outre, dans le Livre de Mormon (1 Né. 11-14 ; 2 Né. 28 ; cf. Mrm. 8), le prophète Néphi 1 a une vision de l’Église chrétienne primitive et de ses douze apôtres que les « multitudes de la terre » et la maison d’Israël combattent (1 Né. 11:34-35). Il prédit une « grande et abominable Église » qui va persécuter les vrais chrétiens et les pauvres et dont les membres seront motivés par des choses telles que l’orgueil, le port de vêtements précieux et la pratique de l’immoralité sexuelle (voir Grande et abominable Église). Elle va changer insidieusement la simplicité de l’Évangile, éliminer les alliances, exciser des Écritures importantes et nier l’existence des miracles. Cette apostasie peut être rattachée, dans l’allégorie de Zénos, à la dispersion d’Israël quand tous arbres de la vigne du Seigneur deviennent corrompus (Jcb. 5:39-48) et elle va de pair avec l’apostasie désastreuse des Néphites dans le Nouveau Monde (1 Né. 12:15-19 ; 4 Né. 1:24-46).
 
Cependant, d’après Néphi, cette « grande Église » n’est pas une Église spécifique ; dans sa vision apocalyptique, il n’y a que deux Églises, et « quiconque n'appartient pas à l'Église de l'Agneau de Dieu appartient à cette grande Église » (1 Né. 14:10). L’expression est typologique, symbolique de beaucoup de mouvements historiques et sociaux (2 Né. 27:1) ; même ceux qui sont membres de nom de l’Église du Christ, s’ils sont poussés par l’orgueil, la richesse, le prestige et consorts, peuvent se retrouver membres de cette « grande Église » (cf. 1 Né. 8:27-28).
 
Pendant toute leur histoire, les saints des derniers jours ont écrit et émis des théories sur les événements historiques liés à la « grande apostasie, » un thème traité dans plusieurs écrits restaurationnistes de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir Restaurationnisme protestant). En 1833, à propos de Marc 16:17-18 et 1 Corinthiens 12, Joseph Smith a dit : « Les témoignages précités nous permettent de regarder le monde chrétien et de voir l’apostasie qui s’est produite par rapport à l’enseignement apostolique » (EPJS, p. 9). Oliver Cowdery a écrit sur l’apostasie dans le premier numéro du Messenger and Advocate (1834). En 1840, Orson Pratt a parlé d’une « apostasie générale et terrible par rapport à la religion du Nouveau Testament » (Listen to the Voice of Truth, 1.1). Il souligne en particulier le manque d’ordonnances à cause de l’absence d’autorité dans la prêtrise ; le baptême en est un exemple flagrant. Selon le point de vue de Pratt, toutes les Églises antérieures au Rétablissement étaient erronées par certains côtés, doctrinalement et rituellement, même si elles étaient justes dans d’autres. Benjamin Winchester, auteur mormon de brochures, a écrit un long traité à l’aide des sources du Nouveau Testament pour démontrer qu’une apostasie avait été prophétisée (A History of Priesthood, Philadelphie, 1843, p. 72-96). Dans les années 1850 et 1860, les saints ont beaucoup parlé de « la grande apostasie » (O. Pratt, JD 12:247 ; W. Woodruff, JD 8:262) dans leurs sermons.
 
Cette idée – la rupture avec la religion établie parce qu’elle semble en désaccord avec le christianisme du Nouveau Testament – a des accents protestants évidents, mais la conception mormone diffère de l’attitude protestante typique dans son insistance sur la perte et le rétablissement d’une autorité exclusive et bien claire de la prêtrise, d’ordonnances correctes et de la révélation continue. Par contre, les protestants s’appuient typiquement avant tout sur la réinterprétation biblique.
 
En 1909, James E. Talmage a écrit La grande Apostasie, dans laquelle il rassemble les passages du Nouveau Testament que les saints des derniers jours ont cités pour montrer qu’une grande apostasie a été annoncée par Jésus-Christ, Paul et d’autres apôtres et prophètes (en particulier Mt. 24:4-13, 23-26 ; Ac. 20:29-30 ; Ga. 1 ; 2 Th. 2:7-8 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-6 ; 4:1-4 ; Jud. 1:3-4 ; Ap. 13:4-9 ; 14:6-7 et, dans l’Ancien Testament, Am. 8:11-12). Talmage raconte aussi la persécution des premiers chrétiens qui a accéléré l’apostasie et montre que l’Église primitive a changé intérieurement à plusieurs égards. Il affirme que les principes simples de l’Évangile ont été mêlés aux systèmes philosophiques païens de l’époque (Trinitarianisme, ayant pour résultat le credo de Nicée ; fausse opposition du corps et de l’esprit, donnant lieu à un ascétisme excessif), que les rituels ont été changés et amplifiés de manière non autorisée (remplacement des rites chrétiens primitifs simples par des cérémonies complexes influencées par le paganisme, perte du baptême par immersion, introduction du baptême des petits enfants [cf. Mro. 8], changement de la communion) et que l’organisation de l’Église a été changée (les apôtres et les prophètes, fondements nécessaires de l’Église du Christ, ayant été martyrisés, laissaient un vide qui ne pouvait pas être comblé par des évêques ; l’Église médiévale montrait donc peu de ressemblances avec l’organisation ou les pratiques de l’Église du Nouveau Testament).
 
Les enseignements des saints sur l’apostasie du début de l’ère chrétienne ont reçu un appui supplémentaire au XXe siècle lorsque certains savants ont affirmé que l’Église primitive a commencé comme une organisation judaïque centralisée, a affronté le défi posé par un christianisme hellénisé oriental gnostique ascétique et est devenu comme son ennemi afin de le concurrencer. L’idée même d’un christianisme centralisé a cédé la place à une image d’un christianisme primitif diversifié et fragmenté où il est difficile de déterminer ce qui est orthodoxe et ce qui est hérétique, ce qui est gnostique et ce qui est « courant principal ». Par exemple, Peter Brown et William Phipps affirment que la doctrine influente d’Augustin concernant le péché originel, avec le rituel qui l’accompagne, le baptême des bébés, était un résultat de son passé gnostique et était, en réalité, hérétique, alors que l’opposition de Pélage à ces idées était orthodoxe. Mais ce furent les doctrines d’Augustin qui l’emportèrent et qui continuent à influencer la théologie et la culture occidentales. Un autre point de doctrine chrétien primitif qui n’a pas survécu dans le christianisme occidental est la déification, bien qu’il soit demeuré au centre du christianisme orthodoxe.
 
Un milieu religieux et culturel complexe a alimenté et a transformé le christianisme primitif. Il faut tenir compte de beaucoup de facteurs lors de l’analyse de cette transformation du christianisme. Par exemple, certains ont imputé la responsabilité de l’apparition de la grande apostasie exclusivement à la philosophie grecque et à l’influence de la philosophie sur le gnosticisme. Mais l’ascétisme (c.-à-d., la haine du corps, de la sexualité, du monde physique) a joué un rôle important dans l’apostasie de l’Église primitive et l’ascétisme extrême est typiquement oriental. On a d’ailleurs constaté que beaucoup de choses dans la philosophie grecque sont conformes à l’Évangile ; Orson F. Whitney qualifiait Platon et Socrate de « serviteurs du Seigneur », bien que dans un « sens moindre » que les prophètes (CR d’avril 1921, p. 33).
 
L’idée d’une apostasie historique par rapport au christianisme primitif peut dresser une barrière entre les saints des derniers jours et les autres personnes intéressées par les rapports interconfessionnels. Mais les saints des derniers jours ne considèrent pas ces événements comme une condamnation ; beaucoup de choses ayant une valeur spirituelle se sont produites pendant le Moyen-Âge dans les autres Églises chrétiennes. Brigham Young a souligné que des hommes de bien avant le Rétablissement avaient « l’esprit de révélation » et a dit que John Wesley était l’un des meilleurs hommes « qui aient jamais vécu sur cette terre » (JD 7:5 ; 6:170 ; 11:126). Le président Young a affirmé que toutes les Églises et religions avaient « plus ou moins de vérité » (JD 7:283) et il a exhorté les saints à rechercher et à accepter les vérités partout où ils pourraient les trouver. Dans les discours de conférence, les Autorités générales, notamment Spencer W. Kimball et Thomas S. Monson, ont cité ou fait l’éloge de sommités telles que Billy Graham et mère Teresa.
 
Bibliographie
Bauer, Walter. Orthodoxy and Heresy in Earliest Christianity. Philadelphie, 1971.
Benson, Ezra T. "Apostasy from the Truth." IE 52, nov. 1949, p. 713, 756-760.
Brown, Peter. Augustine of Hippo, p. 395-400. Berkeley, Calif., 1967.
Brown, S. Kent. "Whither the Early Church ?" Ensign 18, oct. 1988, p. 7-10.
Bushman, Richard L. Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism, p. 207. Urbana, Ill., 1984.
Dodds, Eric R. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. Cambridge, 1965.
Nibley, Hugh. The World and the Prophets. Dans CWHN 3.
Nibley, Hugh. Mormonism and Early Christianity, dans CWHN 4, traite de la disparition des baptêmes chrétiens pour les morts (1948, p. 100-167), la révision des textes chrétiens primitifs à la lumière de la disparition de l’Église naissante (1955, p. 168-322), les enseignements oubliés de Jésus pendant les quarante jours de ministère qui ont suivi sa résurrection (1966, p. 10-44) et la perte du cercle de prière du christianisme primitif (1978, p. 45-99) ; bibliographie (p. xii, n. 8).
Peterson, Daniel C., et Stephen D. Ricks. "Comparing LDS Beliefs with First Century Christianity." Ensign 18, mars 1988, p. 7-11.
Phipps, William. "The Heresiarch : Pelagius or Augustine ?" Anglican Theological Review 62, 1980, p. 130-131.
Roberts, B. H. The "Falling Away." Salt Lake City, 1931.
Roberts, B. H. Outlines of Ecclesiastical History. Salt Lake City, 1893.
Robinson, Stephen E. "Early Christianity and 1 Nephi 13-14." Dans First Nephi, The Doctrinal Foundation, dir. de publ. M. Nyman et C. Tate, p. 177-191. Provo, Utah, 1988.
Rudolph, Kurt. Gnosis : The Nature and History of Gnosticism. San Francisco, 1983.
Sperry, Sidney B. "New Light on the Great Apostasy." IE 53, sept. 1950, p. 710-711, 744-751.
Talmage, James. The Great Apostasy. Salt Lake City, 1909.
Vogel, Dan. Religious Seekers and the Advent of Mormonism, p. 49-66. Salt Lake City, 1988, contient une excellente bibliographie ; critique par Grant Underwood, BYU Studies 30 Hiver 1990, p. 120-126.
TODD COMPTON
 
Apostat
Auteur : SCHARFFS, GILBERT W.
 
Les membres de l’Église diffèrent dans leur niveau de participation ou de croyance (voir Activité dans l’Église). Les saints des derniers jours qui ont gravement enfreint ou ignoré les enseignements cardinaux de l’Église (publiquement ou en privé) sont considérés comme apostats, qu’ils aient quitté officiellement l’Église ou non ou soient entrés dans une autre religion. Quelqu’un qui n’assiste pas aux réunions de l’Église n’est pas considéré comme apostat. Cependant, quand une personne demande à ce que son nom soit rayé des registres, la règle veut que cette demande soit honorée. Une commission disciplinaire de l’Église peut être convoquée pour tout membre qui viole des commandements importants et « ne se repent pas » (Mosiah 26:32 ; D&A 42:28). Le reniement ouvert de l’Église, de ses dirigeants et de ses enseignements est une raison d’excommunication.
 
Les étapes menant à l’apostasie sont habituellement progressives. Il est recommandé à tous les membres de se garder de toutes les manifestations d’apostasie personnelle (DS 3:293-312 ; Asay, p. 67-68). Les causes les plus fréquentes d’apostasie sont le non respect de principes stricts de moralité, le fait de se sentir offensé (à tort ou à raison), le mariage avec une personne d’une autre religion ou irréligieuse, le fait de négliger la prière et d’entretenir sa spiritualité ou une mauvaise compréhension des enseignements de l’Église.
 
L’apostasie peut être accélérée par l’idée fausse que l’Écriture ou les dirigeants de l’Église sont infaillibles. Joseph Smith a enseigné qu’ « un prophète était un prophète uniquement quand il agissait comme tel » (HC 5:265). Il a également déclaré qu’il « n’étai[t] qu’un homme, et que [les gens] ne devaient pas attendre de [lui qu’il soit] parfait » (HC 5:181). Ni l’Église ni ses dirigeants ni ses membres ne prétendent à l’infaillibilité.
 
Par-dessus tout, l’Église affirme que ses membres doivent rechercher la révélation personnelle pour connaître la vérité et vivre en accord avec l’Esprit de Dieu. Ceux qui ne l’ont pas fait risquent de se perdre en chemin quand leur foi est mise à l’épreuve ou quand des difficultés surgissent.
Les apostats deviennent parfois ennemis de l’Église. Le fait de quitter l’Église, qui affirme être l’Église officielle de Dieu, contenant la plénitude de l’Évangile, a souvent comme conséquence des sentiments de culpabilité. Si beaucoup reviennent, d’autres sont pris du besoin de défendre leurs actions, « réfutent » l’Église ou deviennent des ennemis. Les fruits de l’apostasie sont généralement amers. Le Livre de Mormon met en garde contre les conditions défavorables qui résultent de transgressions « à l’encontre de la lumière et à de la connaissance » que l’on a (Al. 9:23).
 
Les Écritures modernes ont, envers les apostats, une attitude aimante et animée par l’espoir. Il est vivement conseillé aux saints des derniers jours d’aimer ceux qui ont abandonné la foi et d’encourager ceux qui se sont écartés, de plaider et de travailler avec eux, invitant « les brebis perdues » à revenir à la bergerie (Lu. 15:3-7). Le Sauveur ressuscité a enseigné à propos des égarés : « Vous ne le[s] chasserez pas de vos… lieux de culte, car vous continuerez à servir de telles personnes ; car vous ne savez pas si elles ne reviendront pas et ne se repentiront pas, et ne viendront pas à moi d'un cœur pleinement résolu, et je les guérirai ; et vous serez le moyen qui leur apportera le salut » (3 Né. 18:32). Le désir de revenir est motivé par la réalité du repentir rendu possible par l’expiation de Jésus-Christ. « Celui qui s'est repenti de ses péchés est pardonné, et moi, le Seigneur, je ne m'en souviens plus. C'est à ceci que vous saurez si un homme se repent de ses péchés : voici, il les confessera et les délaissera » (D&A 58:42-43). [Voir aussi Antimormons – publications ; Groupes schismatiques.]
 
Bibliographie
Asay, Carlos E. "Opposition to the Work of God." Ensign 11, nov. 1981, p. 67-68.
Foster, Lawrence. "Career Apostates : Reflections on the Works of Jerald and Sandra Tanner." Dialogue 17, été 1984, p. 35-60.
Howard, F. Burton. "Come Back to the Lord." Ensign 16, nov. 1986, p. 76-78.
GILBERT W. SCHARFFS
 
Apôtre
Auteur : BROWN, S. KENT
 
Un « apôtre » est un dirigeant ordonné à la Prêtrise de Melchisédek dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les apôtres sont choisis par inspiration par le président de l’Église, soutenus par l’ensemble des membres de l’Église et ordonnés par l’imposition des mains par la Première Présidence et le Collège des douze apôtres. Ce sont des Autorités générales – contrairement aux autorités locales et régionales – détenant leur office d’apôtre pour la durée de leur vie. Le doyen des apôtres est le président de l’Église.
 
En plus d’être témoins de Jésus-Christ auprès du monde entier (D&A 107:23), comme les apôtres de Jésus, les membres du Collège actuel des douze apôtres détiennent les clefs de la prêtrise – c’est à dire le droit de présidence (D&A 107:35 ; cf. 124:128). Le président Brigham Young a déclaré à propos de leur autorité dans la prêtrise : « Les clefs de la prêtrise éternelle, qui est selon l’ordre du Fils de Dieu, sont détenues quand on est apôtre. Toute la prêtrise, toutes les clefs, tous les dons, toutes les dotations et tout ce qui est préparatoire à l’entrée dans la présence du Père et du Fils est dans, composé de, circonscrit par, ou je pourrais dire incorporé dans la circonférence de l’apostolat » (JD 1:134-35). Comme collège de la prêtrise, le Collège des douze apôtres suit en autorité le Collège de la Première Présidence (D&A 107:24). De plus, il dirige le ministère domestique et international des collèges des soixante-dix (D&A 107:34 ; cf. 124:139-40), et excepté en présence d’un membre de la Première Présidence ou d’un membre plus ancien des Douze, un apôtre préside partout où il peut être dans l’Église.
 
Dans le Nouveau Testament, un apôtre (du grec apostellein, envoyer [comme représentant ou agent]) était un envoyé choisi par Dieu (Mc. 3:14 ; Jn. 15:16 ; Ac. 1:21-26) qui était témoin de la résurrection du Christ et avait l’obligation missionnaire d’en témoigner.
 
Jésus lui-même était un apôtre par qui Dieu parlait (Hé. 1:2 ; 3:1). Le Père a envoyé Jésus, et celui qui le reçoit reçoit celui qui l’a envoyé (Mc. 9:37 ; Jn. 8:16-19). De même que le Père l’a envoyé, Jésus a envoyé ses apôtres (Jn. 20:21). Au commencement, ils ont été appelés d’entre ceux « qui nous [les apôtres] ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous » (Ac. 1:21). Le nombre douze, lié aux apôtres, fait écho au nombre de tribus d’Israël que les apôtres doivent juger (Mt. 19:28 ; Lu. 22:30). À cet égard, ils étaient la base de l’Église chrétienne primitive (Ép. 2:19-21 ; 4:11-14).
 
Parfois, le terme englobe plus que les Douze, comme l’impliquent l’expression « tous les apôtres » (1 Co. 15:7) – qui suit la mention expresse des « douze » par Paul (1 Co. 15:5) – et les mentions de personnes appelées comme apôtres que l’on savait ne pas faire partie des Douze (Ac. 14:14 ; Ro. 16:7). Il est probable qu’en 54 apr. J.-C., Jacques, le frère du Seigneur, était devenu l’un des Douze (1 Co. 15:7 ; Ga. 1:19). Néanmoins, la plupart des mentions des apôtres dans le Nouveau Testament désignent les membres des Douze apôtres originels de Jésus ou Paul. Ils étaient les garants ou les témoins principaux de la résurrection de Jésus, laquelle constituait elle-même l’assurance qu’il était le Messie et le Seigneur de gloire attendu (Ac. 1:8-11). Au premier siècle, les apôtres étaient les témoins itinérants de la résurrection de Jésus, envoyés par lui dans le monde à cette fin (Ac. 1:8 ; cf. Mt. 28:19-20). Au centre du groupe – et à la base de l’Église – se trouvaient Pierre, Jacques et Jean, qui avaient été avec ou près de Jésus lors d’expériences critiques, notamment sa Transfiguration (Mc. 9:2-9) et son agonie à Gethsémané (Mc. 14:32-34).
 
L’importance des douze apôtres de Jésus est soulignée dans le Livre de Mormon. D’abord, vers 600 av. J.-C., Léhi et son fils Néphi 1 ont eu la vision des Douze comme disciples de Jésus en Palestine et comme victimes de la persécution (1 Né. 1:10-11 ; 11:29, 34-36). En second lieu, ces Douze doivent juger les douze tribus d’Israël et les douze autres disciples que Jésus ressuscité a choisis pendant son ministère en Amérique vers 34 apr. J.-C. (1 Né. 12:9-10 ; Mrm. 3:18-19 ; cf. D&A 29:12). Troisièmement, ces douze disciples – qu’il faut distinguer des douze apôtres de Jésus en Palestine – doivent juger leur propre peuple qui descend de la maison d’Israël (3 Né. 27:27). Quatrièmement, pendant sa visite en Amérique, Jésus ressuscité a créé l’office des Douze dans son Église quand il les a choisis et les a instruits soigneusement de son Évangile (3 Né. 11:18-12:1 ; cf. 13:25-34 ; 15:11-16:20 ; 18:36-37 ; 27:13-21). Il leur a conféré l’autorité d’enseigner l’Évangile et d’administrer ses ordonnances – c’est à dire de baptiser d’eau et d’Esprit – faisant ainsi d’eux les transmetteurs de la doctrine et des pratiques de l’Église (3 Né. 11:22 ; 18:36-37 ; 19:6-14 ; 26:17). Cinquièmement, conformément au modèle du Nouveau Testament, le Livre de Mormon rapporte que Jésus a été envoyé par le Père (3 Né. 18:27 ; cf. 16:3) et qu’il a à son tour commandé à ces douze disciples : « Allez vers ce peuple et annoncez les paroles que j'ai dites » (3 Né. 11:41).
 
La révélation moderne ajoute d’autres d’informations. La fonction et l’autorité apostoliques ont été rendues au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery par Pierre, Jacques et Jean, ce qui souligne l’importance continue de cet office dans l’Église (D&A 27:12 ; voir aussi Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Dès juin 1829, presque une année avant que l’Église soit organisée, Oliver Cowdery et David Whitmer, rejoints plus tard par Martin Harris, recevaient des instructions concernant le genre d’hommes qu’ils devaient choisir comme apôtres et ont été chargés de choisir les premiers Douze de l’ère moderne (D&A 18:26-38). Cette mission a été exécutée les 14-15 février 1835, quand Cowdery, Whitmer et Harris ont choisi douze hommes comme apôtres et ont ordonné les neuf qui étaient présents (HC 2:186-198).
 
L’Écriture moderne stipule que « toute décision… doit être à l’unanimité des voix » du Collège des douze apôtres (D&A 107:27). De plus, ses membres ont le pouvoir de baptiser, de déclarer l’Évangile, et d’en ordonner d’autres à la prêtrise (D&A 18:26-36). Le Seigneur a dit que le nombre d’apôtres dans le Collège des Douze doit être maintenu (D&A 118:1) et que leurs clefs « sont descendues des pères… envoyées du ciel » (D&A 112:32). Ceux qui remplissent cet office doivent « [se purifier] le cœur et les vêtements, de peur que le sang de cette génération ne soit requis de [leurs] mains » (D&A 112:33).
 
Bibliographie
Kittel, Gerhard, dir. de publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 1, p. 407-447. Grand Rapids, Mich., 1964-1976.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah, Vol. 2, p. 99-114, 303-326. Salt Lake City, 1980.
S. KENT BROWN
 
Articles de foi
Auteur : WHITTAKER, DAVID J.
 
En 1842, en réponse à la demande expresse de John Wentworth (rédacteur du Chicago Democrat), Joseph Smith envoya un aperçu succinct de ses expériences religieuses personnelles et l’histoire de l’Église qu’il présidait (voir Wentworth, Lettre à). À la fin de l’esquisse historique, il annexa une liste résumant « la foi des saints des derniers jours ». Intitulés plus tard « articles de foi », ces treize articles furent publiés pour la première fois en mars 1842 dans le Times and Seasons de Nauvoo et furent plus tard inclus dans la brochure de la mission Britannique de 1851, La Perle de grand prix, compilée par Franklin D. Richards. Cette brochure fut révisée en 1878 et de nouveau en 1880. En 1880, une conférence générale de l’Église vota d’ajouter la Perle de grand prix aux ouvrages canoniques de l’Église, incluant ainsi les treize articles. Les articles de foi ne constituent pas une synthèse de toutes les croyances des saints et ils ne sont pas un credo au sens chrétien traditionnel du terme, mais ils fournissent un sommaire autorisé des Écritures et des croyances fondamentales des saints.
Les articles commencent par l’affirmation que la Divinité se compose de trois personnalités : le Père, son Fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit (cf. Ac. 7:55-56 ; 2 Co. 13:14 ; 2 Né. 31:21 ; JS–H 1:17).
 
Le deuxième article concentre l’attention sur le commencement de l’histoire mortelle et affirme que les êtres humains ont le libre arbitre moral et donc la responsabilité de leurs actes : « Les hommes seront punis pour leurs propres péchés, et non pour la transgression d’Adam » (cf. De. 24:16 ; 2 Né. 2:27).
Le troisième article concentre l’attention sur l’importance cruciale de l’expiation du Christ et sur l’avantage qu’en retire l’humanité : « Par l’expiation du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile » (Mos. 3:7-12 ; D&A 138:4).
 
Le quatrième article définit les principes et les ordonnances de base : la foi en Jésus-Christ, le repentir, le baptême par immersion pour la rémission des péchés et l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac. 8:14-19 ; Hé. 6:1-2 ; 3 Né. 11:32-37).
 
Les deux articles suivants abordent les questions d’autorité et d’organisation : Un homme doit être appelé de Dieu, confirmé par l’inspiration divine et par l’imposition des mains par ceux qui ont l’autorité, pour prêcher l’Évangile et en administrer les ordonnances (cf. 1 Ti. 4:14 ; D&A 42:11) ; de plus, l’Église est essentiellement « la même organisation qui existait dans l’Église primitive, savoir : apôtres, prophètes, pasteurs, docteurs, évangélistes, etc. » (cf. Ép. 4:11).
 
Le septième article affirme la croyance des saints aux dons de l’Esprit et en cite expressément plusieurs : le don des langues, de prophétie, de révélation, de vision, de guérison et d’interprétation des langues (cf. 1 Co. 12:10 ; D&A 46:10-26).
 
La place des Écritures sacrées est traitée dans le huitième article : Les saints des derniers jours croient « que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement » ; ils croient aussi « que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (cf. Éz. 37:16 ; Jn 10:16 ; 2 Ti. 3:16).
Le neuvième article dit que l’Évangile rétabli n’est pas limité à un ensemble fermé de livres, mais déclare plutôt le principe de la révélation continue et donc d’un canon ouvert. Les saints des derniers jours affirment croire à toute la révélation passée et présente, et ils s’attendent à recevoir beaucoup de futures révélations (cf. Am. 3:7 ; D&A 76:7).
 
L’article dix récapitule quatre grands événements des derniers jours : le rassemblement littéral d’Israël et le rétablissement des dix tribus ; l’édification de Sion, la nouvelle Jérusalem en Amérique, le règne du Christ en personne sur terre et le renouvellement final de la terre elle-même, quand elle recevra sa gloire paradisiaque, l’état de pureté qu’elle avait avant la chute d’Adam (voir 3 Né. 21-22).
 
Le onzième article déclare la croyance des saints en la liberté de culte et de conscience tant pour les autres que pour eux-mêmes. Il dit : « Nous affirmons avoir le droit d’adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit à tous les hommes, qu’ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu’ils veulent. » Et le douzième article énonce la position politique des saints des derniers jours en tant que citoyens respectueux des lois (D&A 134 ; voir Politique : Enseignements politiques ; Tolérance).
 
La déclaration finale propose une perspective ouverte à la vie et une invitation à approcher la vie comme le font les saints : « Nous croyons que nous devons être honnêtes, fidèles, chastes, bienveillants et vertueux, et que nous devons faire du bien à tous les hommes ; en fait, nous pouvons dire que nous suivons l’exhortation de Paul : nous croyons tout, nous espérons tout, nous avons supporté beaucoup et nous espérons pouvoir supporter tout. Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l’approbation ou est digne de louange » (cf. 1 Co. 13:7 ; Ph. 4:8).
 
La lettre à Wentworth n’était pas la première tentative de résumer les croyances de base des saints. Des listes plus anciennes, dont certaines ont pu influencer la liste de la lettre à Wentworth, avaient paru avant 1842. Dès juin 1829, Joseph Smith et Oliver Cowdery mettaient sur papier les « Articles et Alliances » de l’Église qui allait bientôt être organisée. Appelé plus tard la section 20 des Doctrine et Alliances, ce texte énumère un certain nombre de croyances de base, notamment l’existence de Dieu, la création et la chute de l’homme, la place centrale de Jésus-Christ, les ordonnances fondamentales de l’Évangile, dont le baptême et les devoirs de base des membres (20:17-36). Ce document, le premier à être accepté par le vote d’une conférence de l’Église, n’était pas une liste exhaustive de toutes les croyances mais plutôt une charte de base pour l’organisation naissante, enracinée dans la Bible et le Livre de Mormon.
 
Dans le premier numéro du Messenger and Advocate (oct. 1834), édité à Kirtland (Ohio), Oliver Cowdery mentionnait huit « principes » qui avaient tous leur parallèle à la section 20.
 
Il y eut, dans les premiers temps, d’autres listes, antérieures à la lettre à Wentworth, qui résumaient les grands principes des croyances des saints : une liste préparée par Joseph Young pour publication par John Hayward dans The Religious Creeds and Statistics of Every Christian Denomination in the United States (Boston, 1836, p. 139-140). En cinq paragraphes, il esquissait les points de doctrine (1) de la divinité et de l’expiation de Jésus-Christ ; (2) les premiers principes et ordonnances de l’Évangile accomplis par l’autorité apostolique comme dans l’Église primitive du Christ, (3) le rassemblement d’Israël perdu et la restitution des dons spirituels, (4) l’avènement du Christ et (5) la résurrection et le jugement de toute l’humanité.
 
Une autre liste de dix-huit « principes et points de doctrine » fut incluse par Parley P. Pratt dans son introduction à son document « Late Persecution of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints » (New York, 1840, p. iii-xiii). Par exemple, « le premier principe de théologie entretenu par cette Église est la foi en Dieu, le Père éternel, et en son Fils Jésus-Christ, qui a en vérité été crucifié pour les péchés du monde… et au Saint-Esprit, qui rend témoignage d’eux » (p. iii-iv). Beaucoup de formules de la liste de Pratt sont semblables à celles de la lettre à Wentworth.

Orson Pratt propose une « esquisse [détaillée et éloquente] de la foi et de la doctrine » de l’Église dans son « Interesting Account of Several Remarkable Visions » (Édimbourg, 1840, p. 24-31). L’ordre dans lequel il présente ses thèmes en dix-neuf paragraphes (dont beaucoup commencent par « nous croyons que… ») est presque identique à celui des treize points de la lettre à Wentworth. Les explications d’Orson Pratt contiennent des références bibliques et son témoignage personnel de la véracité et des origines divines de ces enseignements.
 
Orson Hyde publia en allemand une histoire de l’Église qui comprenait un chapitre de seize articles (réellement des essais) sur des sujets tels que la Divinité, l’utilisation des Écritures, la foi, le repentir, le baptême, la confirmation, la Sainte-Cène, la confession des péchés et la discipline dans l’Église, les enfants, les révélations, la prêtrise laïque, le baptême pour les morts, la prière, les fêtes, le lavement des pieds et les bénédictions patriarcales (Ein Ruf aus der Wüste, Francfort, 1842).
 
Même après que la lettre à Wentworth eut été publiée en mars 1842, beaucoup d’autres listes de croyances des saints continuèrent à paraître pour la génération suivante. En avril 1849, James H. Flanigan inclut une liste de quatorze déclarations dans une brochure éditée en Angleterre, et cette liste fut citée et parfois modifiée dans diverses publications tout au long du XIXe siècle. Par exemple, elle est citée dans le livre populaire de Charles MacKay The mormons ; or the Latter-day Saints (Londres, 1851, p. 46-47). Cette liste suit la lettre à Wentworth presque mot à mot, ajoutant des points tels que « la Cène du Seigneur » à l’article 4, ajoutant « la sagesse, la charité, [et] l’amour fraternel » parmi les dons de l’Esprit dans le septième article et insérant un quatorzième article concernant la résurrection littérale du corps. D’autres listes (habituellement composées par des missionnaires) furent publiées tout au long de cette période dans diverses régions du monde.
 
La canonisation, en 1880, de la lettre à Wentworth en tant qu’élément de la Perle de grand prix en refléta et en assura la priorité incontestée. Et quand la Première Présidence demanda, en 1891, à James E. Talmage de rédiger un ouvrage sur la théologie qui servirait de manuel dans les écoles de l’Église, c’est de ces articles de foi qu’il se servit pour le schéma de son volume. Publié en 1899 et toujours en usage aujourd’hui, le livre Les Articles de foi, de Talmage, détaille considérablement les thèmes de la liste de Joseph Smith pour Wentworth. En vingt-quatre chapitres, Talmage donne un commentaire en profondeur et les références scripturaires concernant chacun des concepts mentionnés dans les treize articles, plus des sections sur la dernière Cène et sur la résurrection du Seigneur (comme dans la liste de Flanigan) et finalement une section sur la religion pratique (la bienveillance, la dîme et les offrandes, la consécration, l’ordre social dans l’Église, le mariage éternel, la sainteté du corps et la sanctification du jour du sabbat).
 
Dès les années 1850, les missionnaires mormons imprimaient des affiches qui contenaient les articles de foi. Avec le temps, ces affiches missionnaires furent réduites au format de poche et sont toujours utilisées par les missionnaires dans le monde entier. Dans les classes de la Primaire de l’Église, les enfants apprennent par cœur les articles de foi en vue de leur sortie de la Primaire à l’âge de douze ans et les adultes ont aussi été encouragés à les apprendre et à les utiliser pour l’étude personnelle et dans l’œuvre missionnaire.
 
Bien que n’étant pas un credo officiel, les articles de foi sont une synthèse merveilleuse (moins de 400 mots) des croyances de base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. De nombreuses variantes ont été publiées depuis le temps de Joseph Smith, mais le noyau de croyances énoncées dans ces articles vient des toutes premières années du Rétablissement, un fait qui témoigne à la fois de sa cohérence interne et de sa constance.
 
Bibliographie
Lyon, T. Edgar. "Origin and Purpose of the Articles of Faith." Instructor 87, août-octobre 1952, p. 230-231, 264-265, 275, 298-299, 319.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Sondrup, Steven P. "On Confessing Faith : Thoughts on the Language of the Articles of Faith". Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p. 197-215. Provo, Utah, 1981.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1899.
Welch, John W. "[Joseph Smith and Paul] Co-Authors of the Articles of Faith ?" Instructor 114, nov. 1969, p. 422-426.
Whittaker, David J. "The ‘Articles of Faith' in Early Mormon Literature and Thought". Dans New Views of Mormon History, A Collection of Essays in Honor of Leonard J. Arrington, dir. de publ. D. Bitton et M. Beecher, p. 63-92. Salt Lake City, 1987.
DAVID J. WHITTAKER
 
Autel
Auteur : PORTER, BRUCE H.
 
Un point focal du culte religieux tout au long des siècles, et dans la plupart des cultures, a été l’autel, une construction naturelle ou faite par l’homme utilisée pour la prière, le sacrifice et des buts de ce genre. Le sacrifice sur l’autel était un rite de base. La pratique caractéristique en matière de culte du temps de l’Ancien Testament était sacrificatoire de nature, et par conséquent l’autel est devenu l’un des objets rituels les plus importants décrits dans ce livre d’Écriture.
 
Une signification sacrée et symbolique est attribuée à l’autel. Les stipulations de la « loi de l’autel » (Ex. 20:24-26) suggèrent que sa construction est associée à la création du monde et aux alliances de Dieu avec l’humanité. Quand les eaux de la création se sont retirées, la terre sèche est apparue et on l’appelle le monticule primordial (première colline). Ici, selon la légende, les dieux se sont tenus afin de terminer la création. À cause de la présence divine, cet endroit est devenu un sol sacré ou saint, un point de contact entre ce monde et le monde céleste. L’autel a été construit pour que le peuple puisse s’y mettre à genoux pour communiquer et faire des alliances avec son Dieu. L’autel dans Ézéchiel 43:15 est appelé « la montagne de Dieu » (terme hébreu hahar’el) et devient l’incarnation symbolique de la Création, du monticule primordial et de la présence de Dieu.
 
C’est devant un autel qu’Adam a appris la signification du sacrifice (Moïse 5:5-8). Après le Déluge, le patriarche Noé a immédiatement construit un autel et a offert ses sacrifices au Très-Haut. Quand il a reçu la promesse et l’alliance d’un héritage pour sa postérité, Abraham a marqué cet événement sacré par la construction d’un autel (Ge. 12:6-7). C’est sur le mont Morija que le jeune Isaac a été lié sur la table ou autel du sacrifice en vue de l’offrande suprême et de la démonstration d’obéissance de son père (Ge. 22:9-14). La tradition veut que l’endroit de cet autel consacré soit devenu le site du temple de Jérusalem.
 
Le complexe du temple de Jérusalem avait quatre autels. Par ordre croissant de supériorité sacrale, c’étaient les suivants : D’abord, l’autel du sacrifice, souvent appelé autel des holocaustes ou table du Seigneur (Mal. 1:7, 12 ; 1 Co. 10:21), était placé en dehors du temple lui-même dans la cour d’Israël et était plus public que les autres. Des sacrifices pour les péchés d’Israël y étaient offerts, annonçant l’accomplissement par le sacrifice de Jésus-Christ (Hé. 9:25-26 ; Al. 34:9-10, 14-16). En second lieu, l’autel des encens se trouvait dans « le saint » devant le voile à l’intérieur du temple proprement dit. Jean décrit la fumée de cet autel comme étant « les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône » (Ap. 8:3-4). Troisièmement, dans la même enceinte du temple se trouvait l’autel des pains de proposition, sur lequel on mettait douze pains, de l’encens et une offrande de boisson. Et quatrièmement, l’arche de l’alliance se trouvait dans le saint des saints, la chambre la plus intérieure et la plus sacrée du temple. L’arche était pour Israël le trône ou propitiatoire et symbolisait la présence du Seigneur. C’était ici que le grand prêtre, une fois par an le jour des expiations (Hé. 9:7 ; Lé. 16:1-17), faisait des alliances avec le Seigneur pour tout Israël, comme s’il représentait tout le monde à l’autel.
 
Dans les temples des saints, des autels d’une sorte différente jouent un rôle majeur. Les saints s’y agenouillent pour se livrer à des cérémonies dans lesquelles se contractent des alliances. Ils font ces alliances, comme cela se faisait anciennement, dans la présence symbolique de Dieu à l’autel (Ps. 43:4 ; cf. Ps. 118:27). Ainsi, en se mettant à genoux à un autel dans un temple, un homme et une femme font des alliances avec Dieu dans une cérémonie de mariage qui va être en vigueur dans la condition mortelle et dans le monde éternel. C’est là que, si des parents n’étaient pas mariés précédemment dans un temple, eux et leurs enfants peuvent être scellés ensemble pour le temps et l’éternité par le pouvoir et l’autorité de la prêtrise. De même, ces ordonnances peuvent être accomplies par des représentants à un autel dans le temple au nom de personnes identifiées dans des documents généalogiques comme étant décédées sans ces bénédictions.
 
Les gens d’autrefois allaient à l’autel pour communiquer et communier avec Dieu ; de même les membres de l’Église, dans le temple, font un cercle de prière autour de l’autel. Unis de cœur et d’esprit, les saints demandent à Dieu ses bénédictions sur l’humanité, son Église et ceux qui ont des besoins spéciaux.
 
Dans une réunion de Sainte-Cène plus publique, l’autel du sacrifice est symbolisé par la « table de Sainte-Cène ». Sur cette table se trouvent les emblèmes du sacrifice de Jésus-Christ, le pain et l’eau représentant respectivement le corps et le sang du Sauveur (Luc 22:19-20). Chaque semaine on peut participer à la Sainte-Cène et renouveler ses alliances.
 
Aujourd’hui les membres de l’Église font des alliances sacrées avec Dieu et consacrent leur vie et tout ce qu’ils ont eu en bénédiction en « allant au Christ » et déposent symboliquement tout sur l’autel comme sacrifice. Pour eux un autel sacré est un symbole réel de la présence de Dieu devant lequel ils se mettent à genoux « le cœur brisé et l’esprit contrit » (2 Né. 2:7 ; 3 Né. 11:20).
 
Bibliographie
Eliade, Mircea. Patterns in Comparative Religion. New York, 1974.
Talmage, James E. The House of the Lord. Salt Lake City, 1971.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
BRUCE H. PORTER
 
Autorité
Auteur : CAMERON, KIM S.
 
La prétention de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours à être la seule Église vraie et vivante sur la terre est basée sur la notion d’autorité. La croyance des saints a été bien énoncée par le président Joseph F. Smith : « Quant à la question de l’autorité, presque tout en dépend. Aucune ordonnance ne peut être accomplie de manière à être acceptée de Dieu sans l’autorité divine. Quelle que soit la ferveur avec laquelle les hommes croient ou prient, s’ils ne sont pas dotés de l’autorité divine, ils ne peuvent qu’agir en leur propre nom, pas légalement ni de manière acceptable au nom de Jésus-Christ, au nom de qui tout doit se faire » (Smith, p. 102).
 
Étant donné que plusieurs définitions sont associées à l’autorité dans les Écritures, ce point de doctrine a souvent été mal compris :
 
1. L’autorité désigne le pouvoir officiel lié au poste, à la fonction ou à la désignation légale comme dans l’exemple de l’autorité donnée à Joseph en Égypte par le Pharaon (Ge. 41:40-41), par l’homme qui donne à ses serviteurs autorité sur sa maison pendant son absence (Mc. 13:34) et par les officiers de l’Église désignés pour détenir l’autorité sur les membres (Mt. 8:9 ; D&A 107:8). L’autorité dans ces cas présume un commandement en vertu du poste conféré.
 
2. L’autorité est force, pouvoir ou maîtrise de ressources. Un exemple en est le pouvoir sur Juda installé par les Philistins (Jg. 15) et par la domination de la Judée par Rome du temps du Christ (Mt. 27:2). Dans ce sens, l’autorité désigne la supériorité ou la suprématie par rapport aux autres découlant d’acquisitions, de possessions ou de la force.
 
3. L’autorité est affaire de compétence, comme dans le cas d’un expert dans un domaine. Les exemples sont l’autorité attribuée à Jésus, douze ans, suite à ses enseignements dans le temple (Lu. 2:42, 46-47) et l’autorité liée à la prédication de prophètes tels que Néphi 1, Léhi, Abinadi et les fils de Mosiah 2 (Mos. 13:6 ; Al. 17:3 ; Hél. 5:18).
 
4. L’autorité est un mandat divin ou appel de Dieu. Par exemple, Jésus a donné à ses apôtres l’autorité spécifique de prêcher et d’administrer son Évangile (Mt. 10:1 ; Jn. 15:16 ; 3 Né. 12:1), et certaines personnes ont reçu le pouvoir de baptiser et d’accomplir des miracles par cette autorité (Ac. 5:12-16 ; 8:5-17 ; Al. 5:3 ; Mos. 18:13, 18 ; Mro. 2:1-3). Transmise par Jésus-Christ, cette autorité signifiait que les ordonnances accomplies sur terre seraient honorées au ciel et, réciproquement, que délier (dissoudre une ordonnance) sur terre signifierait délier dans le ciel (Mt. 16:19). Le nom donné à ce genre d’autorité dans les Écritures est la prêtrise (Hé. 7:11-12, 14, 24 ; 1 Pi. 2:5, 9 ; D&A 84:107).

Ces sens ont souvent été confondus comme le montre la question posée par les scribes à Jésus concernant la base de sa propre autorité : « Par quelle autorité fais-tu ces choses ? » (Mt. 21:23-27). Ton autorité est-elle politique (définition 1) ou un pouvoir d’en haut (définition 4) ? ont-ils demandé.

De même que l’autorité du Christ était basée sur le pouvoir d’en haut, de même l’Église appuie sa prétention à être la seule Église vraie et vivante sur la possession de l’autorité divine d’agir pour Dieu. Cette autorité différencie l’Église de toutes les autres. Les autres systèmes et organisations peuvent posséder d’autres types d’autorité, mais l’autorité divine liée à l’Église du Christ, la prêtrise, réside seulement dans celle-ci.
 
Une explication des caractéristiques de l’autorité divine permet d’éclaircir les prétentions de l’Église. D’abord, « Nul ne s’attribue cette dignité, s’il n’est appelé de Dieu, comme le fut Aaron » (Hé. 5:4). L’autorité divine ne s’obtient pas par l’étude, un diplôme décerné par une école ou le simple désir (Ac. 19:13-16). On doit l’obtenir de la manière désignée par Dieu, comme ce fut le cas d’Aaron (Ex. 28:41).
En second lieu, on obtient l’autorité d’agir au nom de Dieu par l’imposition des mains par quelqu’un qui détient déjà cette autorité ou prêtrise (1 Ti. 4:14 ; 2 Ti. 1:6 ; Mro. 2:1-3 ; De. 34:9). Simon, par exemple, désirait acheter l’autorité des apôtres, comme il avait pu le faire avec d’autres types d’autorité. Pierre le condamna pour avoir désiré obtenir le « don de Dieu » à prix d’argent (Ac. 8:14-20), et l’achat de l’autorité porte son nom, c’est la simonie.
 
Troisièmement, les ordonnances accomplies dans l’Église ne font spirituellement force de loi que quand elles le sont en vertu de cette autorité divinement conférée et reçue de la manière appropriée (Mos. 23:17 ; D&A 20:73 ; 132:13 ; 2 S. 6:6-7). Par exemple, Paul a rebaptisé des Éphésiens qui avaient été précédemment baptisés par une personne non autorisée (Ac. 19:1-6). Le roi Limhi et beaucoup de ses disciples ont été convertis au Christ et étaient désireux d’être baptisés, mais ils ont attendu pour recevoir cette ordonnance parce que celui qui avait l’autorité ne se sentait pas digne (Mos. 21:33-35).
 
Un quatrième fait concernant l’autorité divine est qu’elle a disparu de la terre peu après la résurrection et l’ascension du Christ au ciel (voir Apostasie), de sorte qu’un rétablissement de l’autorité divine était nécessaire (2 Th. 2:1-4 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-7). En 1829, des messagers célestes, précédemment dotés d’autorité divine par le Christ lui-même, conférèrent l’autorité à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le cadre du rétablissement de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (voir Prêtrise d’Aaron : Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek). Les membres de l’Église ordonnés à cette autorité notent maintenant leur « ligne d’autorité personnelle ». Ce document indique le cheminement des ordinations reliant leur autorité dans la prêtrise à Jésus-Christ lui-même.
 
Cinquièmement, l’autorité de présider n’est efficace pour une personne que quand elle est accompagnée du consentement commun des membres de l’Église que cette personne présidera (D&A 20:65 ; 26:2 ; 42:11).
 
Les abus d’autorité et l’autoritarisme sont inhérents à tout système organisé, et ces abus sont particulièrement associés à une autorité basée uniquement sur les postes, la force ou la connaissance. Les personnes de l’extérieur perçoivent parfois des organisations telles que l’Église comme autoritaires, principalement à cause de la confusion concernant le sens du mot autorité. Si l’autorité dans l’Église était basée sur la politique, des caractéristiques ou des compétences personnelles, l’accusation d’autoritarisme pourrait se justifier. Or, l’autorité divine (définition 4) est inséparablement liée aux principes de la justice et « lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes, voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A 121:37).
 
Les membres de l’Église comprennent que l’exercice de l’autorité divine comporte la responsabilité de faire du bien au peuple et de vaquer à son bien-être. L’utilisation convenable de cette autorité est contraire à l’autoritarisme et aux abus d’autorité, de sorte que les connotations négatives parfois associées à l’autorité ne sont généralement pas présentes dans l’Église.
 
Bibliographie
Ehat, Andrew F., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. The Words of Joseph Smith. Provo, Utah, 1980.
Richards, LeGrand. Une œuvre merveilleuse et un prodige. Salt Lake City, 1968.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1977.
KIM S. CAMERON

B
 
Baptême
Auteur : HAWKINS, CARL S.
 
Le quatrième article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours déclare que « le baptême par immersion pour la rémission des péchés » est l’un des « premiers principes et ordonnances de l’Évangile ». Les saints des derniers jours croient, comme beaucoup de chrétiens, que le baptême est une ordonnance initiatrice essentielle pour toutes les personnes qui deviennent membres de l’Église, car elle les admet dans l’Église du Christ sur terre (Jn. 3:3-5 ; D&A 20:37, 68-74). C’est une étape primaire dans le processus, qui comprend la foi, le repentir, le baptême de feu et du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à la fin, étape par laquelle les membres peuvent recevoir la rémission de leurs péchés et accéder au royaume céleste et à la vie éternelle (par exemple, Mc. 16:15-16 ; 2 Né. 31:13-21 ; D&A 22:1-4 ;84:64, 74 ; MD, p. 69-72).
 
Les baptêmes modernes sont accomplis pour les convertis qui ont été dûment instruits et ont au moins huit ans (l’âge de responsabilité). Le baptême doit être fait par quelqu’un qui a l’autorité appropriée dans la prêtrise. Celui qui baptise lève la main droite, récite la prière de baptême prescrite et immerge complètement le candidat (3 Né. 11:23-26 ; D&A 20:71-74 ; 68:27). Le baptême symbolise l’alliance par laquelle les gens promettent d’entrer dans la bergerie de Dieu, de prendre sur eux le nom du Christ, d’être témoins de Dieu, de garder ses commandements et de porter les fardeaux les uns des autres, se montrant décidés à le servir jusqu’à la fin et de se préparer à recevoir l’esprit du Christ pour la rémission des péchés. Le Seigneur, c’est sa contrepartie de l’alliance, doit déverser son Esprit sur eux, les racheter de leurs péchés, les faire participer à la première résurrection et leur donner la vie éternelle (Mos. 18:7-10 ; D&A 20:37).
 
Le symbolisme riche de l’ordonnance invite des candidats et des observateurs à réfléchir à ses significations. L’ensevelissement dans l’eau et la sortie de l’eau symbolisent la foi du candidat en la mort, l’ensevelissement et la résurrection de Jésus-Christ aussi bien qu’en la résurrection future de tous les hommes. Il représente également la nouvelle naissance du candidat à une vie en Christ, étant né de Dieu, donc né de nouveau d’eau et de l’Esprit (Ro. 6:3-6 ; Mos. 18:13-14 ; Moï. 6:59-60 ; D&A 128:12-13).

Les Écritures modernes disent que l’histoire de cette ordonnance antidate le ministère de Jean-Baptiste. En commençant par Adam (Moï. 6:64-66), le baptême par immersion dans l’eau a été introduit comme pratique officielle et a été observé dans toutes les dispensations suivantes de l’Évangile quand l’autorité de la prêtrise était sur la terre (D&A 20:25-27 ; 84:27-28). Comme variantes de tels précédents, les saints des derniers jours retrouvent des initiations par le baptême dans beaucoup de religions préchrétiennes (voir Meslin, 1987). Comme le rapporte le Livre de Mormon, Léhi et Néphi 1 ont eu la vision du baptême de Jésus-Christ et ont enseigné à leur peuple à suivre son exemple de justice (1 Né. 10:7-10 ; 11:27 ; 2 Né. 31:4-9). De plus, avant le temps de Jésus-Christ, Alma 1 introduisait les convertis dans l’Église de Dieu par le baptême comme signe de leur alliance (Mos. 18:8-17 ; Al. 4:4-5).
 
Selon le récit de son apparition aux Néphites, Jésus a enseigné la nécessité de la foi, du repentir, du baptême et du don du Saint-Esprit, et il a donné autorité à douze disciples de baptiser (3 Né. 11:18-41 ; 19:11-13 ; 26:17-21). Le Livre de Mormon donne les instructions utiles pour le baptême et les paroles de la prière de baptême (3 Né. 11:23-28 ; Mro. 6:1-4 ; cf. D&A 20:73).
 
En plus des informations du Livre de Mormon, les saints des derniers jours suivent les enseignements de Nouveau Testament sur le baptême. Jésus a enseigné que le baptême est nécessaire au salut. Il a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jean 3:1-5). Il exigeait le baptême de la part de ceux qui professaient devenir ses disciples (Jn. 4:1-2). La mission finale qu’il a donnée à ses apôtres était qu’ils devaient aller à toutes les nations, enseignant et baptisant (Mt. 28:19), et il a déclaré : « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc. 16:16). Paul, après sa vision miraculeuse sur le chemin de Damas, s’entendit enseigner l’Évangile par Ananias, qui lui dit : « Lève-toi, sois baptisé, et lavé de tes péchés » (Ac. 22:16). À la multitude pénitente le jour de la Pentecôte, Pierre a proclamé : « Repentez–vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ, pour le pardon de vos péchés » (Ac. 2:38).
 
Les saints des derniers jours n’acceptent pas les pratiques et les enseignements relatifs au baptême qui sont apparus chez certains groupes chrétiens au cours des siècles qui ont suivi la mort des apôtres, notamment le baptême des petits enfants, le baptême par d’autres moyens que l’immersion et l’idée que le baptême n’est pas nécessaire au salut. Le prophète néphite Mormon a dénoncé la pratique du baptême des petits enfants, qui s’était apparemment introduite parmi son peuple, et a déclaré que quiconque pensait que les petits enfants avaient besoin du baptême niait la miséricorde du Christ, ignorant la valeur de son expiation et le pouvoir de sa rédemption (Mro. 8:4-20).
 
Jean-Baptiste a rendu l’autorité de baptiser à Joseph Smith et à Oliver Cowdery le 15 mai 1829 (JS–H 1:68-72). Dès le début de l’Église rétablie, des missionnaires ont été envoyés pour « annoncer le repentir, la foi au Sauveur et la rémission des péchés par le baptême » (D&A 19:31 ; 55:2 ; 84:27, 74). « Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé, et celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé sera damné » (D&A 112:29). C’est l’enseignement central de l’Évangile de Jésus-Christ (3 Né. 11:31-40).
 
En conséquence, les personnes qui entrent dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours à l’âge de huit ans ou plus doivent de soumettre au baptême, même si elles ont été précédemment baptisées dans d’autres Églises (D&A 22). De même, les excommuniés passent de nouveau par le baptême une fois qu’ils se sont qualifiés pour la réadmission dans l’Église.
 
La forme de l’ordonnance est prescrite dans la révélation moderne, qui dit de manière explicite que le baptême doit être accompli par une personne qui a l’autorité de la prêtrise et qu’il faut pour cela immerger complètement le candidat pénitent et le sortir ensuite de l’eau (3 Né. 11:25-26 ; D&A 20:72-74). Le baptême est suivi de l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit.
 
La pratique courante dans l’Église veut que le candidat soit interrogé et approuvé par un officier autorisé de la prêtrise (habituellement l’évêque ou un autre dirigeant présidant l’assemblée ou un dirigeant de mission), qui détermine si le candidat remplit les conditions d’un repentir véritable, de la foi au Seigneur Jésus-Christ, d’une compréhension des lois et des ordonnances de l’Évangile et de la volonté d’y obéir. Il est également nécessaire qu’un document officiel de chaque baptême soit tenu par l’Église.
 
Le baptême peut se faire dans les fonts baptismaux existant dans beaucoup d’églises ou dans tout plan d’eau convenant à cette occasion sacrée et suffisamment profond pour permettre l’immersion complète. Le candidat et la personne accomplissant l’ordonnance doivent être vêtus de vêtements blancs simples et pudiques. La cérémonie est sans prétention et a habituellement lieu en la présence de la famille du candidat, les amis intimes et les membres de l’assemblée que cela intéresse. Un orateur ou deux peuvent donner quelques enseignements et souhaiter une joyeuse bienvenue au candidat.
 
La pratique antérieure du rebaptême pour manifester le repentir et le renouvellement de l’engagement ou pour le retour à la santé en temps de maladie n’a plus cours dans l’Église.
 
La croyance que le baptême est nécessaire au salut de toutes les personnes qui atteignent l’âge de responsabilité (D&A 84:64, 74) ne condamne pas les personnes qui sont mortes sans avoir eu l’occasion d’entendre le véritable Évangile de Jésus-Christ ou de recevoir le baptême par l’autorité appropriée de la prêtrise. Les saints des derniers jours croient qu’un baptême doit être accompli par procuration pour les morts (1 Co. 15:29 ; D&A 124:28-35, 127-128) et qu’il devient effectif si le bénéficiaire décédé accepte l’Évangile tandis qu’il est dans le monde d’esprit à attendre la résurrection (voir 1 Pi. 3:18-20 ; 4:6 ; cf. D&A 45:54). Cette œuvre par procuration au profit des générations précédentes, liant le cœur des enfants à leurs pères (Mal. 4:5-6), est une des ordonnances sacrées accomplies dans les temples modernes (D&A 128:12-13).
 
Bibliographie
Meslin, Michel. « Baptism. » Dans Encyclopedia of Religion, Mircea Eliade, dir. de publ. vol. 2, p. 59-63. New York, 1987.
Smith, Joseph Fielding, Doctrines du Salut, vol. 2, p. 323-337. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. AF p. 109-142. Salt Lake City, 1984.
CARL S. HAWKINS
 
Baptême - Prière
Auteur : WILSON, JERRY A.
 
Les paroles de la prière du baptême utilisées dans l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours sont prescrites dans la compilation la plus ancienne d’instructions pour le fonctionnement de l'Église (D&A 20). Quand quelqu’un est baptisé, la personne qui a l'autorité appropriée dans la prêtrise descend dans l'eau avec le candidat, lève le bras droit à angle droit, appelle l'intéressé par son nom légal complet et dit : « Ayant reçu l’autorité de Jésus-Christ, je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen » et immerge ensuite le candidat (D&A 20:73). La même version de la prière est donnée par Jésus-Christ aux Néphites et se trouve dans le Livre de Mormon (3 Né. 11:25).
 
Plus tôt dans le Livre de Mormon il y a une mention quelque peu différente de la prière de baptême. Quand Alma l’Ancien, au deuxième siècle av. J.-C., fonde l'Église parmi les Néphites, il prie : « Ô Seigneur, déverse ton Esprit sur ton serviteur, afin qu'il fasse cette œuvre avec sainteté de cœur » (Mosiah 18:12). La prière de baptême qui suit souligne l'alliance représentée par le baptême et la nécessité de procéder ensuite à un baptême de l'Esprit : « Je te baptise, ayant autorité du Dieu Tout-Puissant, en témoignage que tu as conclu l'alliance de le servir jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel ; et que l'Esprit du Seigneur soit déversé sur toi ; et qu'il t'accorde la vie éternelle, par l'intermédiaire de la rédemption du Christ, qu'il a préparé dès la fondation du monde » (Mosiah 18:13 ; voir Baptême de feu et du Saint-Esprit).
 
Bibliographie
Il est instructif de comparer la pratique et les récits scripturaires des saints des derniers jours à la tradition chrétienne rapportée dans E. C. Whitaker, Documents of the Baptismal Liturgy, Londres, 1970.
JERRY A. WILSON
 
Baptême de feu et du Saint-Esprit
Auteur : BRADSHAW, WILLIAM S.
 
Le baptême de feu et du Saint-Esprit désigne l'expérience de la personne qui reçoit l'ordonnance de l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit. C'est la seconde partie d’une séquence et il suit le baptême par immersion dans l'eau par lequel la personne repentante qui s'est engagée vis-à-vis du Christ et de son Évangile est née de Dieu ou née de nouveau. Comme Jésus l’a expliqué à Nicodème, « si un homme ne naît d'eau et d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5). À propos de ce passage, Joseph Smith a dit : « Le baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et n’est bon à rien sans… le baptême du Saint-Esprit » (EPJS, p. 254). Le baptême de feu, assuré par le Saint-Esprit, se manifeste à travers un ensemble de sensations, d'impressions et de découvertes personnelles qui constituent le témoignage spirituel de la Divinité que l'on a reçu la rémission de ses péchés (2 Né. 31:17). Le baptême de feu inaugure la transmission de dons spirituels aux fidèles pour les aider durant toute leur vie à rester fidèles à leur alliance du baptême (1 Co. 12 ; Mro. 10:8-23 ; D&A 46:10-33).
 
La doctrine des deux baptêmes a été enseignée par Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise d'eau… mais celui qui vient après moi… vous baptisera du Saint–Esprit et de feu » (Mt. 3:11). Au baptême du Christ, le Saint-Esprit s’est manifesté par le signe d'une colombe (Lu. 3:22) et il est apparu aux disciples le jour de la Pentecôte sous forme de langues de feu (Ac. 2:3 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ). L'ordonnance du don du Saint-Esprit a commencé avec les premiers convertis chrétiens (Ac. 8:12-17 ; 3 Né. 18 ; Mro. 2-3 ; 6) et est une pratique (souvent désignée sous le nom de confirmation) rendue à l'Église d’aujourd’hui et administrée par la Prêtrise de Melchisédek (D&A 20:38-41).
 
Symboles du baptême, l'eau (utilisée pour laver) et le feu (utilisé pour la fonte des métaux) représentent les agents qui nettoient et purifient, la première extérieurement, l’autre intérieurement, menant à la sanctification (Al. 13:12 ; Mro. 6:4). En outre, le feu suggère la chaleur et la lumière, réalisées sous forme de sensations tangibles telles qu'une brûlure dans la poitrine et le sentiment d’illumination accompagnant la réception de l'esprit divin (D&A 9:8 ; 88:49).
 
Pour les saints des derniers jours, le baptême par le feu et le Saint-Esprit est un phénomène réel en accomplissement littéral de l'alliance de Dieu avec ceux qui se repentent et sont baptisés (2 Né. 31:10-21). Par cette expérience, la personne peut réaliser les promesses faites par Jésus en ce qui concerne le rôle de Consolateur joué par le Saint-Esprit, témoin de l'Expiation, instructeur et guide vers la vérité (Jn. 14:16, 26 ; 15:26).
 
Bibliographie
Cannon, Elaine, et Ed J. Pinegar. The Mighty Change. Salt Lake City, 1978.
WILLIAM S. BRADSHAW
 
Baptême Alliance du
Auteur : WILSON, JERRY A.
 
Quand une personne contracte le baptême chez les saints des derniers jours, elle fait une alliance avec Dieu. Le baptême est un « signe… que nous faisons la volonté de Dieu, et il n’y a sous le ciel aucun autre moyen ordonné par Dieu pour permettre à l’homme de venir à lui » (EPJS, p. 160).
Les candidats promettent d’ « entrer dans la bergerie de Dieu et être appelés son peuple… [de] porter les fardeaux les uns des autres… [de] pleurer avec ceux qui pleurent… [et d’] être les témoins de Dieu… jusqu’à la mort » (Mos. 18:8-9). La personne qui contracte cette alliance doit le faire avec l’attitude appropriée d’humilité, de repentir et de détermination de garder les commandements du Seigneur et de servir Dieu jusqu’à la fin (2 Né. 31:6-17 ; Mro. 6:2-4 ; D&A 20:37). De son côté, Dieu promet la rémission des péchés, la rédemption et la purification par le Saint-Esprit (Ac. 22:16 ; 3 Né. 30:2). Cette alliance se fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
 
Le baptisé peut renouveler cette alliance à chaque réunion de Sainte-Cène en prenant la Sainte-Cène. Cette volonté permanente de se rappeler le Christ et de garder ses commandements apporte la réalisation de la promesse du Seigneur qu’il donnera son Esprit et produit les « fruits » (Ga. 5:22) et les « dons » (D&A 46) qui mènent à la vie éternelle.
 
Bibliographie
Tripp, Robert M. Oaths, Covenants and Promises, p. 11-19. Salt Lake City, 1973.
JERRY A. WILSON
 
Baptême pour les morts
 
Cette rubrique se compose de deux articles :
Baptême pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Baptême pour les morts : Sources antiques
Le premier article suit le développement de la doctrine mormone du baptême pour les morts. Dans le deuxième article, le doyen de la faculté de théologie de Harvard traite de la pratique dans les temps anciens.
 
Baptême pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Auteur : BURTON, H. DAVID
 
Le baptême pour les morts est l’accomplissement par procuration de l’ordonnance du baptême pour un défunt. Joseph Smith a enseigné : « Si nous pouvons baptiser un homme au nom du Père [et] du Fils et du Saint-Esprit pour la rémission des péchés, c’est tout autant notre devoir d’agir comme agents et d’être baptisés pour la rémission des péchés pour et en faveur de nos aïeux décédés qui n’ont pas entendu l’Évangile ou sa plénitude » (Kenney, p. 165).
 
La première déclaration publique concernant l’ordonnance du baptême pour les morts dans l’Église a été le sermon funèbre prononcé en août 1840 à Nauvoo par Joseph Smith à l’occasion du décès de Seymour Brunson. S’adressant à une veuve qui avait perdu un fils qui n’avait pas été baptisé, il a appelé le principe « de bonnes nouvelles d’une grande joie » contrairement à la tradition du temps qui voulait que toute personne non baptisée soit damnée. Les premiers baptêmes pour les morts des temps modernes ont eu lieu dans le Mississippi, près de Nauvoo.
 
Des révélations éclaircissant la doctrine et la pratique ont été données de temps en temps :
 
1. C’était une pratique du Nouveau Testament (1 Co. 15:29 ; cf. D&A 128 ; voir Baptême pour les morts : Sources antiques).
 
2. Le ministère du Christ dans le monde d’esprit était au profit de ceux qui étaient morts sans entendre l’Évangile ou sa plénitude (1 Pi. 4:6 ; voir Salut des morts).
 
3. De tels baptêmes doivent avoir lieu dans un temple, dans des fonts baptismaux consacrés à cette fin (EPJS, p. 248 ; cf. D&A 124:29-35). En novembre 1841, les fonts baptismaux du temple inachevé de Nauvoo étaient consacrés.
 
4. Le langage de la prière de baptême est le même que pour les vivants, avec l’ajout de « en lieu et faveur de » [les défunts].
 
5. Des témoins doivent être présents aux baptêmes par procuration et ceux-ci doivent être enregistrés dans les archives de l’Église (D&A 128:3, 8).
 
6. Des femmes doivent être baptisées pour les femmes et des hommes pour les hommes.
 
7. Ce n’est pas seulement le baptême, mais aussi la confirmation et les ordonnances supérieures du temple qui peuvent être accomplis par procuration (EPJS, p. 294).
 
8. La loi du libre arbitre est inviolée dans ce monde et dans le monde à venir. Ainsi, ceux qui sont servis par procuration ont le droit d’accepter ou rejeter les ordonnances.
 
Dans les premières années de l’Église, les baptêmes par procuration ne se faisaient que pour les ancêtres directs par le sang, en ne remontant habituellement pas plus de quatre générations. Aujourd’hui, les saints des derniers jours sont baptisés non seulement pour leurs propres ancêtres mais également pour d’autres personnes non apparentées, identifiées par le programme d’extraction des noms. Cette pratique est l’expression du désir des enfants de retrouver leurs parents et des parents de retrouver leurs enfants, ainsi que des sentiments charitables pour les autres, pour qu’ils reçoivent la plénitude des bénédictions de l’Évangile de Jésus-Christ. Dans la perspective mormone, quoi que l’on fasse d’autre pour faire son deuil, enterrer honorablement, chérir ou se souvenir des morts, cette ordonnance divinement autorisée du baptême est une démonstration d’amour et a des implications éternelles.
 
Baptême pour les morts : Sources antiques
Auteur : STENDAHL, KRISTER
 
Dans sa première épître aux Corinthiens Paul a écrit : « Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas, pourquoi se font–ils baptiser pour eux ? » (Conzelmann, 1 Corinthiens 15:29).
 
Ce verset fait partie de l’argumentation de Paul contre ceux qui niaient une résurrection future (cf. 2 Ti. 2:18, Justin, Dial. 80). Il fait allusion à une pratique de baptême par procuration, une pratique pour laquelle nous n’avons aucune autre preuve dans les écrits de Paul ou les autres écrits du Nouveau Testament ou écrits du début du christianisme. Les interprètes ont été intrigués par le fait que Paul semble accepter cette pratique. Il n’estime en tous cas pas utile de la condamner comme hérétique, mais Paul fait clairement allusion à un groupe distinct dans l’Église, un groupe qu’il accuse de contradiction entre rituel et doctrine.
 
Les anciens commentateurs considéraient comme hérétique la pratique du baptême par procuration pour les morts (par exemple parmi les Marcionites, 150 apr. J.-C.). Ils interprétaient donc les paroles de Paul dans 1 Corinthiens 15:29 de manière à ce qu’elles ne puissent être invoquées à l’appui de telles pratiques ou de toute théologie qui y était implicite. Au fil des siècles, leurs interprétations ont persisté et se sont multipliées (B.M. Foschini rapporte et évalue quarante explications distinctes de ce verset). La plupart des pères grecs interprétaient « les morts » comme désignant le propre corps d’une personne ; d’autres ont interprété le verset comme désignant les païens désirant le baptême « pour se joindre à » des parents chrétiens perdus. D’autres encore ont suggéré différentes structures de la phrase : « Autrement que réaliseront ceux que l’on baptise ? Quelque chose simplement pour leur corps mort ? »
 
Une fois que l’on se sent moins menacé par les pressions théologiques exercées par des développements ultérieurs éventuels de la pratique et de la doctrine, le texte semble parler clairement d’une pratique de baptême par procuration pour les morts dans l’Église. C’est le point de vue de la plupart des exégètes critiques contemporains. Pareille pratique peut se comprendre par une analogie partielle avec l’allusion de Paul au fait que les conjoints païens et les enfants communs dans les mariages mixtes sont sanctifiés et purifiés par les partenaires chrétiens (1 Co. 7:14). On a souvent fait le rapport avec 2 Maccabées 12:39-46, où Judas Maccabée, « tenant compte de la résurrection », fait l’expiation pour ses camarades morts. (C’était le passage même que le Dr. Eck a utilisé en faveur du purgatoire dans son débat de 1519 à Leipzig avec Martin Luther. C’est ainsi devenu une partie de la raison pour laquelle les bibles protestantes ont exclu les Apocryphes ou les ont relégués dans une annexe.)
 
On pourrait ajouter à ceci que le lien suivant dans l’argumentation de Paul en faveur d’une future résurrection est sa propre exposition au martyre (1 Co. 15:30-32), un martyre que Paul pense certainement avoir un effet par procuration (Ph. 2:17, Ro. 15:16, cf. Col. 1:24).
 
Pareil lien peut être conscient ou inconscient. Dans l’un ou l’autre cas, cela rend tout à fait raisonnable l’idée que la remarque de Paul a trait à la pratique d’un baptême par procuration pour les morts.
 
Bibliographie
Conzelmann, H. 1 Corinthians. Hermeneia Series. Philadelphia, 1975.
Foschini, B. "Those Who Are Baptized for the Dead ; 1 Cor. 15:29." Catholic Biblical Quarterly 12 (1950) :260-276, 378-388 ; 13 (1951) :46-78, 172-198, 276-285.
KRISTER STENDAHL
 
Bénédictions patriarcales
Auteur : MORTIMER, WILLIAM JAMES
 
La pratique pour un père de bénir ses fils et ses filles remonte aux temps les plus anciens. Adam, premier patriarche et père du genre humain, a béni son fils Seth, promettant « que sa postérité serait l’élue du Seigneur et qu’elle serait préservée jusqu’à la fin de la terre » (D&A 107:42). Abraham, Isaac, et Jacob ont béni leurs enfants, ouvrant une vision de leur héritage et de leur destinée (par exemple, Ge. 28:4 ; 49:3-27).
 
Chaque famille dans l’Église et la grande famille qu’est l’Église perpétuent cet héritage. Les membres ont le droit d’aller trouver le patriarche de pieu pour avoir une bénédiction de l’Église. Des patriarches de pieu sont ordonnés partout où l’Église est organisée afin que tous puissent avoir cette possibilité.

La bénédiction patriarcale est donnée par l’autorité de la Prêtrise de Melchisédek qui « est de détenir les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de l’Église » (D&A 107:18). Quand il a fait alliance avec Abraham qu’à travers sa postérité toutes les familles de la terre seraient bénies, Dieu a promis les « bénédictions de l’Évangile, lesquelles sont les bénédictions du salut, de la vie éternelle » (Abr. 2:11). La portée de ces promesses, tant ici que dans l’au-delà, est décrite dans les Écritures modernes :
 
« Abraham reçut des promesses concernant sa postérité, le fruit de ses reins… promesses qui devaient continuer tant qu’elle était dans le monde ; et en ce qui concerne Abraham et sa postérité, ils devaient continuer hors du monde… Cette promesse est également pour toi, parce que tu es d’Abraham, et que la promesse fut faite à Abraham » [D&A 132:30-31].
 
Une partie essentielle de la bénédiction patriarcale est la déclaration du lignage. Le patriarche demande l’inspiration pour indiquer le lignage dominant qui remonte à Abraham. La majorité des bénédictions modernes désignent Éphraïm ou Manassé comme chaînon principal, mais d’autres de toutes les tribus d’Israël ont également été mentionnés. Qu’il s’agisse d’une déclaration de descendance par le sang ou par adoption est sans importance (voir Abr. 2:10). C’est considéré comme le lignage et l’héritage par lesquels les bénédictions de la personne lui sont transmises. C’est ainsi que les bénédictions « d’Abraham, d’Isaac et de Jacob » sont conférées.
 
En outre, selon l’inspiration de l’Esprit, le patriarche peut être poussé à donner des exhortations, des promesses et des assurances. Il peut mentionner différents traits de personnalité et des points forts et des faiblesses. Dans le contexte des prophéties sur les événements mondiaux, il peut mentionner le rôle et l’appel de chacun. Il peut préciser les dons, les talents, les qualifications et le potentiel spirituel de la personne avec la gratitude et la consécration qui doivent les accompagner. Karl G. Maeser a décrit ces bénédictions comme étant des « paragraphes du livre de nos possibilités » (Alma P. Burton, Karl G. Maeser : Mormon Educator, p. 82 [Salt Lake City, 1953]).
 
On enseigne continuellement dans l’Église que l’accomplissement des bénédictions patriarcales, comme celui de toutes les promesses divines, est conditionné par la foi et les œuvres de la personne. Les bénédictions se terminent habituellement par une déclaration telle que : « Je prononce ces bénédictions sur votre tête selon votre foi et votre diligence à garder les commandements du Seigneur. »
 
La pratique de donner des bénédictions patriarcales est un rappel constant de l’honneur et de la gloire de la famille : que l’on n’est pas seul et que chaque personne se tient sur les épaules de ceux qui l’ont précédée. Elle incite ceux qui reçoivent les bénédictions à « porte[r] les regards sur Abraham, [leur] père » (2 Né. 8:2), à faire « les œuvres d’Abraham » (D&A 132:32 ; cf. Jn. 8:39), à être disposé à être « châti[é] et mis à l’épreuve comme Abraham » (D&A 101:4) et à reconnaître que la disposition d’Abraham à offrir son fils était « une similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:5). En bref, le commandement d’honorer son père et sa mère ne finit pas à la mort, ni avec la croissance du genre humain.
 
Toutes les bénédictions patriarcales sont enregistrées et transcrites ; les copies sont conservées dans les archives officielles de l’Église et par le bénéficiaire. Elles sont considérées comme sacrées par ceux qui les reçoivent.
 
Dans l’histoire d’Israël, comme des saints des derniers jours, l’effet moteur de ces bénédictions est incalculable. Elles ouvrent beaucoup de portes à la prise de conscience de soi. Elles ont inspiré des hommes et des femmes célèbres, aussi bien que ceux qui se trouvent dans les endroits les plus obscurs et les plus isolés, à se plonger dans l’accomplissement d’une mission, à œuvrer et à donner dans l’esprit de consécration. Elles ont été une force au milieu des épreuves et des tentations de la vie, un réconfort dans les ténèbres du deuil et une ancre dans les tourmentes, « une aide quotidienne dans toutes les affaires de la vie » (Widtsoe, p. 74).
 
Bibliographie
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, p. 72-77.
WILLIAM JAMES MORTIMER
 
Benjamin
Auteur : RICKS, STEPHEN D.
 
Benjamin, fils de Mosiah 1, est un roi important dans l'histoire néphite († v. 121 av. J.-C.). Son règne se produit à un moment crucial de l'histoire des Néphites et est culturellement et politiquement important. Son père, Mosiah 1, « averti par le Seigneur » a emmené les Néphites hors du pays de Néphi au pays de Zarahemla (Om. 1:12, 19). Par la suite, pendant son règne, Benjamin a combattu, comme le faisaient habituellement les rois dans le monde antique (cf. Mos. 10:10), « avec la force de son bras » contre les envahisseurs lamanites (Pa. 1:13), empêchant son peuple « de tomber entre les mains de [ses] ennemis » (Mos. 2:31). Il réussit à consolider le règne néphite sur le pays de Zarahemla (Om. 1:19) et y règne « en justice » sur son peuple (Pa. 1:17).
 
Benjamin, décrit comme étant « un saint homme » (Pa. 1:17) et « un homme juste devant le Seigneur », dirige également son peuple en tant que prophète (Om. 1:25) et est, avec l'aide d'autres prophètes et de saints hommes, capable surmonter les querelles parmi son peuple et fait « encore une fois régner la paix dans le pays » (Pa. 1:18). En conséquence, Amaléki, qui n’a « pas de postérité », lui confie les annales des « petites plaques » (Om. 1:25). Vivement intéressé par la conservation des annales sacrées, Benjamin instruit ses fils « dans toute la langue de ses pères » et « concernant les annales qui étaient gravées sur les plaques d’airain » (Mos. 1:2-3).
 
Mosiah 2-6 rapporte le discours d'adieu de Benjamin visant principalement à provoquer un « changement de cœur » chez son peuple et à l’amener à Jésus-Christ. Il traite des obligations de l'homme vis-à-vis de ses semblables et vis-à-vis de Dieu, du châtiment en cas de rébellion contre Dieu, de la reconnaissance, de la foi et du service. Ce discours conserve aujourd’hui toute sa pertinence. En outre, rapportant les paroles qu’un ange lui a dites, Benjamin prophétise que « le Seigneur Omnipotent… descendra du ciel avec puissance parmi les enfants des hommes » en tant que Messie, « accomplissant de grands miracles » (Mosiah 3:5). De plus, Benjamin déclare que le Messie « sera appelé Jésus-Christ, le Fils de Dieu… et sa mère sera appelée Marie » (3:8). La toute première mention du nom de celle-ci dans le Livre de Mormon. En outre, Jésus « souffrira les tentations, et la souffrance du corps, la faim, la soif et la fatigue, plus encore que l'homme ne peut en souffrir » (3:7). Après avoir été crucifié, Jésus « se lèvera d'entre les morts ; et voici, il se tient pour juger le monde » (3:10). Chose importante, Benjamin enseigne que le pouvoir de l'expiation de Jésus-Christ vaut pour lui et son peuple, « comme s'il était déjà venu » sur terre (3:13).
 
On peut mesurer l'impact du discours de Benjamin sur les générations néphites suivantes par le nombre de fois qu’on le mentionne plus loin dans le Livre de Mormon. Après la mort de Benjamin, son fils et successeur, Mosiah 2, envoie Ammon et quinze autres représentants de Zarahemla au pays de Néphi (Mos. 7:1-6) où ils trouvent le roi Limhi et son peuple néphite asservis aux Lamanites. Après que les représentants se sont identifiés, Limhi réunit son peuple au temple local où il s'adresse à lui. Ensuite, Ammon « leur répéta aussi les dernières paroles que le roi Benjamin leur avait enseignées, et les expliqua au peuple du roi Limhi, pour qu'il pût comprendre toutes les paroles qu'il disait » (Mos. 8:3). De même, Hélaman 2 (v. 30 av. J.-C.) avertit ses fils Léhi 4 et Néphi 2 en ces termes : « Souvenez-vous… des paroles que le roi Benjamin a dites à son peuple ; oui, souvenez-vous qu'il n'y a aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels l'homme puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de Jésus-Christ » (Hél. 5:9). Ces paroles rappellent l’un des thèmes centraux du discours de Benjamin : « Le salut a été, et est, et sera, dans et par le sang expiatoire du Christ » (Mos. 3:18-19 ; cf. Hél. 14:12).
 
Après un règne long et prospère, Benjamin décède vers 121 av. J.-C. Le plus grand de tous les hommages à sa grandeur, c’est son fils Mosiah 2 qui le lui rendra. Dans un discours prononcé à la fin de son propre règne, dans lequel il soupèse les avantages et les pièges de diverses formes de gouvernement, Mosiah dit : « S'il était possible que vous ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient les lois de Dieu et jugeraient ce peuple selon ses commandements, oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui feraient ce que mon père Benjamin a fait pour ce peuple… alors il serait opportun que vous ayez toujours des rois pour vous gouverner » (Mos. 29:13).
 
Bibliographie
Nibley, Hugh W. An Approach to the Book of Mormon. Dans CWHN 4:295-310.
 
Bible
 
La rubrique consacrée à la Bible donne une idée de l’estime que les saints ont pour ce recueil d’écrits et de l’usage considérable qu’ils en font. Les articles sont :
 
Bible
Croyance des saints en la Bible
La King James Version
Édition de la Bible créée par l’Église
 
Le premier article explique l’importance de la Bible au sein des ouvrages canoniques de l’Église. Le deuxième explore la profondeur de la croyance en la Bible. Le troisième examine l’utilisation de la King James Version de la Bible par l’Église. Le dernier donne des informations sur ce que contient la Bible éditée par l’Église en 1979 et des détails sur la publication. Les articles qui traitent de thèmes apparentés sont Ancien Testament et Nouveau Testament. On trouvera un traitement sur l’éventail des sujets liés aux conceptions qu’ont les saints des Écritures en général dans Ouvrages canoniques et en particulier l’ensemble des articles repris sous le titre général Écritures.
 
Bible : Bible
Auteur : LUDLOW, VICTOR L.
 
La Bible est à la base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, constitue l’un de ses ouvrages canoniques et est acceptée comme étant la parole de Dieu. C’est un passage du Nouveau Testament dans l’épître de Jacques qui incita, en 1820, le jeune Joseph Smith à interroger Dieu au sujet des religions de son temps, sur quoi il reçut sa Première Vision dans laquelle il vit Dieu le Père et Jésus-Christ (Ja. 1:5 ; JS–H 1:11-12, 17-18). Trois ans plus tard, ce furent des passages de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament qui furent la base scripturaire de la deuxième grande expérience spirituelle de Joseph quand l’ange Moroni lui apparut et l’instruisit en s’appuyant sur Malachie, Ésaïe, Joël, Daniel et d’autres Écritures (JS–H 1:36-41 ; JD 24:241 ; Messenger and Advocate 1, avr. 1835, p. 109). Après avoir terminé la traduction du Livre de Mormon et organisé l’Église rétablie de Jésus-Christ en 1830, le prophète Joseph Smith étudia à fond la Bible comme le Seigneur le lui avait commandé et fit la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS).
 
Dès l’enfance, les saints des derniers jours sont exposés aux enseignements de la Bible. Certains passages sont soulignés dans l’enseignement des enfants. La plupart des enfants de la Primaire – et en particulier ceux qui font partie de familles qui tiennent la soirée familiale et appliquent un programme de lecture des Écritures – se familiarisent avec les événements racontés dans la Genèse, notamment les histoires d’Adam et Ève, Noé, Abraham, Jacob et Joseph. Les épisodes ultérieurs des prophètes, des juges, et des rois (tels que Moïse, Samson, Samuel, David, Salomon, Jonas et Daniel), aussi bien que ceux des personnalités du Nouveau Testament (par exemple, Pierre, Paul et Étienne), sont également des favoris. Les histoires de Débora, de Ruth, d’Esther et de Marie comptent parmi les préférées des filles. Ce sont cependant la vie et les enseignements de Jésus-Christ qui sont les plus étudiés et les plus appréciés (voir Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ).
 
Lorsque les saints des derniers jours se livrent à une étude répétée de la Bible, il s’en dégage des enseignements évangéliques plus riches. Outre qu’ils reçoivent l’enseignement dispensé par l’École du Dimanche, les adolescents qui suivent les cours du séminaire passent deux ans de leurs quatre années à étudier la Bible. Il en va de même des cours de religion de niveau supérieur dans les universités du Département d’Éducation de l’Église et dans les cours des instituts de religion dans d’autres universités. Les missionnaires mormons se réfèrent souvent à des passages de la Bible dans l’enseignement qu’ils donnent aux amis de l’Église. Une des preuves les plus convaincantes de l’importance de l’étude de la Bible pour les saints des derniers jours ressort du programme de l’École du Dimanche pour les adultes. Dans les cours de Doctrine de l’Évangile, deux années sur chaque cycle de quatre ans sont consacrées à la lecture, à l’étude et aux discussions sur la Bible. Une autre grande preuve de l’importance que les saints accordent à la Bible réside dans les efforts et les dépenses quoi ont été consentis pour assurer la publication de l’édition anglaise de l’Église de la Bible en 1979. Les Autorités générales de l’Église citent fréquemment la Bible dans leurs écrits et leurs discours de conférence générale et lors des conférences de pieu. La Bible constitue donc un fondement d’Évangile important pour tous les membres de l’Église, depuis les nouveaux baptisés jusqu’aux officiers présidents.
 
ENSEIGNEMENTS ET PRATIQUES BIBLIQUES PRINCIPAUX. Parmi les enseignements de la Bible, il y en a sur lesquels on insiste particulièrement. Par exemple, les saints des derniers jours n’ont aucun mal à se reconnaître dans la pratique du Dieu de l’Ancien Testament de parler par l’intermédiaire des prophètes de l’époque (Am. 3:7), une façon de faire que l’on peut constater dans l’Église d’aujourd’hui. Ils se sentent aussi proches de la maison d’Israël grâce à leur bénédiction patriarcale individuelle, qui précise habituellement une ascendance généalogique remontant à l’une des tribus d’Israël. La notion de peuple de l’alliance, telle qu’enseignée dans la Genèse, l’Exode et le Deutéronome, cadre bien avec la croyance des saints qu’ils sont un peuple de l’alliance aujourd’hui. Beaucoup de lois et de commandements, en particulier un code de santé, caractérisent l’Israël antique et son équivalent spirituel moderne dans l’Église (Lé. 11 ; D&A 89 ; voir Parole de Sagesse). Les errances de l’Israël antique et les difficultés à coloniser la Terre Promise ont aussi leur pendant dans le début de l’histoire des saints à tel point que Brigham Young a été qualifié de Moïse moderne (par exemple, Arrington, 1985 ; voir aussi Persécution ; Pionniers).
 
Les enseignements du Nouveau Testament sur lesquels les saints des derniers jours mettent l’accent sont les enseignements du Sauveur et des apôtres sur les principes de base de l’Évangile, particulièrement la foi et le repentir, et les ordonnances de l’alliance, en particulier le baptême et le don du Saint-Esprit (voir Premiers principes de l’Évangile). L’organisation, les offices dans la prêtrise et l’œuvre missionnaire de l’Église du Nouveau Testament ont leurs contre-parties dans les croyances, les pratiques et l’organisation de l’Église actuelle (voir Organisation de l’Église à l’époque du Nouveau Testament).
 
IMPORTANCE DES TEXTES BIBLIQUES DANS LE LIVRE DE MORMON. Parmi des écrits de l’Ancien Testament, ceux de Moïse, d’Ésaïe et de Malachie retiennent particulièrement l’attention des saints des derniers jours à cause de leur place importante dans le Livre de Mormon. Les enseignements de Moïse tels qu’ils se trouvent dans le Pentateuque (avec l’expansion de Genèse 1-6 qui se trouve dans la Perle de grand prix) constituent la matière qui permet de comprendre la dispensation mosaïque de la maison d’Israël. Les annales du Livre de Mormon, qui commencent avec Léhi et avec le peuple de Zarahemla (voir Mulek), proviennent essentiellement de ce cadre israélite. Il y est question d’Adam et Ève et des événements du jardin d’Éden (par exemple, 2 Né. 2:15-25) et du déluge du temps de Noé (par exemple, Al. 10:22), de gens amenés par Dieu en Amérique à l’époque de la tour de Babel (Ét. 1:3-5, 33), d’événements de la vie des patriarches (par exemple, 2 Né. 3:4-16), et de l’appel, des œuvres et des paroles de Moïse (par exemple, 1 Né. 17:23-31 ; 2 Né. 3:16-17 ; voir aussi Loi de Moïse). Le cinquième chapitre de 1 Néphi mentionne les documents bibliques que la famille de Léhi a emportés de Jérusalem (voir Plaques et annales du Livre de Mormon) et, avec 1 Néphi 17, met l’accent sur les événements bibliques principaux, en particulier l’exode israélite d’Égypte, bien que sans les détails fournis par le Pentateuque. L’exemple et les enseignements des prophètes, des juges et des rois de l’Ancien Testament se trouvaient aussi dans les documents bibliques de la communauté de Léhi. Puisque ce groupe se conforme à la loi de Moïse (2 Né. 25:24), les pratiques religieuses de l’Ancien Testament se poursuivent dans le Livre de Mormon.
 
On trouve un bon tiers des écrits d’Ésaïe dans le Livre de Mormon, ce qui fait qu’Ésaïe est le livre biblique qui y est le plus souvent cité. Vingt-deux des soixante-six chapitres d’Ésaïe sont cités en tout ou en partie dans le Livre de Mormon (en tout 433 sur les 1.292 versets d’Ésaïe). Les prophètes et les auteurs du Livre de Mormon choisissaient les chapitres qui mettaient l’accent sur les relations de Dieu dans le cadre de l’alliance et de ses promesses à Israël, sur le rôle et l’appel du Messie et sur les prophéties au sujet des derniers jours. Ces thèmes sont également répandus dans la théologie contemporaine des saints (A de F 3, 4, 9, 10).
 
Les enseignements de Malachie dans le Livre de Mormon sont importants parce que Jésus ressuscité les cite et par conséquent les souligne (cf. 3 Né. 24-25 ; Mal. 3-4 ; D&A 2:1-3). Les paroles de Malachie concernant un messager envoyé pour préparer la voie à l’avènement du Christ, le paiement de la dîme et des offrandes et la mission d’Élie dans les derniers jours constituent ainsi un autre noyau important des enseignements de l’Ancien Testament au sein de la société des saints des derniers jours.
 
Comme la colonie principale du Livre de Mormon a quitté Jérusalem approximativement six cents ans avant le début de la période du Nouveau Testament, les auteurs du Livre de Mormon n’avaient pas accès aux écrits du Nouveau Testament. Ils avaient toutefois accès à deux sources importantes de doctrine qui étaient en parallèle avec une partie du Nouveau Testament : le Christ ressuscité et la révélation divine. Le Christ ressuscité a prononcé devant ses auditeurs en Amérique un sermon essentiellement le même que celui qu’il avait prononcé près du lac de Galilée. Il a également apporté des ajouts et des éclaircissements importants qui traitent de lui-même en tant que Rédempteur et Seigneur, de l’accomplissement de la loi de Moïse et des derniers jours (3 Né. 11-18 ; voir aussi Béatitudes ; Sermon sur la montagne). En outre, il a amplifié les enseignements donnés dans Jean 10, particulièrement le verset 16, au sujet de son rôle de Bon Berger des tribus dispersées d’Israël (3 Né. 15:12-24). Les enseignements importants de Mormon au sujet du baptême et au sujet de la foi, de l’espérance et de la charité constituent des parallèles avec les enseignements du Nouveau Testament, particulièrement avec ceux de Paul dans 1 Corinthiens 13.
 
LA BIBLE EST-ELLE COMPLÈTE ? Les saints des derniers jours vénèrent la Bible comme étant la parole de Dieu révélée à l’humanité. Cependant, Joseph Smith a reconnu que les traductions ne rendent pas complètement et exactement les mots de l’original ni les intentions des prophètes antiques et des autres auteurs bibliques. Ainsi, dans la lettre à Wentworth, il écrit : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement » (8e A de F). Joseph Smith a observé que « nous pouvons déterminer notre latitude et notre longitude dans l’hébreu originel avec une bien plus grande précision que dans la version anglaise. Il y a une importante distinction à faire entre ce que les prophètes voulaient réellement dire et la traduction actuelle » (EPJS, p. 334). Bien qu’acceptant explicitement ce que la Bible dit maintenant, les saints des derniers jours se rendent compte qu’il y a bien plus à dire que ce qui se trouve dans le document biblique existant.

En plus des difficultés qu’engendre la traduction de langues anciennes vers des langues modernes, d’autres Écritures déclarent également que certaines parties du texte biblique original ont été perdues ou corrompues (par exemple 1 Né. 13:28-29 ; D&A 6:26-27 ; 93:6-18). Joseph Smith a fait ce commentaire sur le caractère incomplet de la Bible : « Il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu’elle ne fût compilée » (EPJS, p. 6). Il dit plus tard : « L’homme a reçu depuis le commencement beaucoup d’instructions que nous ne possédons pas maintenant… Nous avons ce que nous avons, et la Bible contient ce qu’elle contient » (EPJS, p. 46). Il a dit en outre : « Je crois la Bible telle qu’elle est sortie de la plume des auteurs originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 264-265). Ainsi, des contre-sens, des lacunes et d’autres erreurs affaiblissent la Bible ; mais l’esprit de ses messages en révèle malgré tout assez de la parole de Dieu pour réaliser les desseins qu’il s’est fixés. Joseph Smith résume les choses comme suit : « Grâce à la bonté de notre Père, une partie de sa parole qu’il a communiquée à ses saints d’autrefois est tombée entre nos mains [et] nous est présentée avec la promesse d’une récompense si nous y obéissons et d’un châtiment si nous y désobéissons » (EPJS, p. 46). Les saints des derniers jours ont continué à faire confiance à l’exactitude générale des textes bibliques tout en sachant que le texte peut ne pas toujours être correct. Ainsi, ils étudient et vénèrent la Bible, particulièrement dans le contexte d’autres Écritures et de la révélation moderne, qui ont beaucoup à dire à son sujet et sur la façon dont elle doit être interprétée, et pendant qu’ils étudient, ils méditent et prient pour recevoir l’inspiration de Dieu et comprendre les messages de la Bible tels qu’ils doivent être appliqués à leur vie (cf. Mro. 10:3-5).
 
LA PREMIÈRE PRÉSIDENCE APPROUVE LA LECTURE DE LA BIBLE. Chacun des présidents de l’Église a encouragé les saints des derniers jours à lire les Écritures et à appliquer leurs enseignements à leur vie, comme les Écritures nous le recommandent aussi (cf. 2 Ti. 3:16 ; 1 Né. 19:23). Exemple de cette importance accordée à la Bible, en 1983, année déclarée « année de la Bible » aux États-Unis, les membres de la Première Présidence de l’Église ont publié une déclaration énergique à l’appui de la lecture et de l’application de la Bible : « Nous recommandons à tous les hommes de partout la lecture, la méditation et l’application quotidiennes des vérités divines de la sainte Bible. » Elle a aussi proclamé l’attitude de l’Église vis-à-vis de la Bible en disant que « l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours accepte la sainte Bible comme essentielle à la foi et à la doctrine » et que l’Église tient à ce qu’on lise la Bible et qu’on en devienne spécialiste comme le prouve la publication d’une édition augmentée de la King James Version. « De plus, ajoutait-elle, la sainte Bible est chaque année le manuel des classes des adultes, des jeunes et des enfants dans toute l’Église. »
 
Dans la même déclaration, la Première Présidence met en évidence le rôle et la valeur de la Bible dans la vie des gens. Elle fait la réflexion que quand « on la lit avec respect et dans l’esprit de la prière, la sainte Bible devient un volume inestimable, convertissant l’âme à la justice. Sa vertu principale est sa déclaration que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, par qui le salut éternel peut être donné à tous. » Elle ajoute la promesse que « quand nous lisons l’Écriture, nous profitons de ce qu’il y a de mieux dans la littérature de ce monde » et elle encourage tout le monde à « aller à la source de la vérité en sondant les Écritures, en les lisant chez nous et en enseignant à nos enfants ce que le Seigneur a dit par l’intermédiaire des passages inspirés et inspirants de la sainte Bible » (« Déclaration de la Première Présidence », p. 3).
 
L’usage que font les saints des derniers jours de la Bible diffère de la norme judéo-chrétienne parce qu’elle n’est pas la source unique d’autorité pour eux (voir Écritures : Autorité des Écritures). Les saints interprètent et comprennent la Bible par quatre moyens importants : (1) les autres Écritures de l’Église qui enrichissent la compréhension des enseignements bibliques et lui apportent un contexte ; (2) les déclarations des prophètes et des apôtres modernes sur la signification de certains passages bibliques ; (3) la traduction de la Bible par Joseph Smith et (4) la révélation personnelle par le don du Saint-Esprit, qui améliore la compréhension des Écritures. Les saints des derniers jours ne sont donc pas laissés sans information sur la signification de beaucoup de passages difficiles qui divisent le monde chrétien tout entier depuis deux millénaires.
 
La vision que les saints ont de la Bible est bien résumée dans la déclaration de Heber J. Grant, septième président de l’Église, qui a dit : « Ma vie durant, je n’ai cessé de trouver de nouvelles preuves de ce que la Bible est le Livre des livres et que le Livre de Mormon est le plus grand témoin de la véracité de la Bible qui ait jamais été publié » (IE 39, nov. 1936, p. 660).
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Arrington, Leonard. Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Barlow, Philip L. mormons and the Bible. New York, 1990.
Harrison, Roland Kenneth. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1969.
Ludlow, Daniel H. A Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible !. Salt Lake City, Utah, 1990.
McConkie, Bruce R. The Mortal Messiah. Salt Lake City, 1979.
Nyman, Monte S., ed. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 2, p. 136-173. Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
"Statement of the First Presidency." Church News, Mar. 20, 1983, p. 3.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
Welch, John W. The Sermon at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
VICTOR L. LUDLOW
 
Bible : Croyance des saints en la Bible
Auteur : HEDENGREN, PAUL
 
L’Église croit à la parole de Dieu contenue dans la Bible. Elle accepte la Bible « comme le premier de ses livres canoniques, le premier des livres qui ont été proclamés être ses guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré que les saints des derniers jours ont pour la Bible, ils ont la même position que les confessions chrétiennes en général » (AF, éd. française, p. 291).
 
Les saints des derniers jours chérissent la Bible pour plusieurs raisons. La Bible présente les révélations de Dieu dans plusieurs dispensations ou ères, chacune dirigée par des prophètes. Ils lisent et suivent aussi la Bible pour la valeur instructive et spirituelle des événements qu’elle décrit. Bien qu’une partie de l’Ancien Testament décrive la loi de Moïse dont les saints des derniers jours croient qu’elle a été accomplie avec l’expiation du Christ (3 Né. 9:17), néanmoins les histoires, les commandements, les ordonnances, les proverbes et les écrits prophétiques de l’Ancien Testament expriment malgré tout les notions de base de la volonté de Dieu à l’égard de ses enfants et de la façon dont ils doivent agir envers lui.
 
Les saints des derniers jours vénèrent le Nouveau Testament pour son récit de la naissance, du ministère, de l’expiation et de la résurrection du Sauveur, Jésus-Christ. Les enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament constituent le cœur de la doctrine des saints et leur prééminence apparaît clairement du fait qu’elles apparaissent fréquemment dans d’autres ouvrages canoniques de l’Église et dans les écrits et les discours des saints.
 
Les écrits des apôtres du Nouveau Testament sont acceptés et appréciés pour leur doctrine et leurs conseils sages et inspirés et pour leur mise en œuvre de la mission apostolique de proclamer l’Évangile, d’adhérer aux enseignements originaux du Christ, d’assurer l’unité de la foi et de favoriser la justice des croyants dans une Église en croissance rapide. Les saints des derniers jours trouvent aussi dans plusieurs épîtres des premiers apôtres des mentions de l’apostasie (voir Apostasie) qui a rendu nécessaire le Rétablissement, avertissant les fidèles qu’ils doivent rester ardents et actifs dans la foi et fidèles à l’amour de Jésus-Christ.
 
Malgré leur dévotion pour la Bible, les saints des derniers jours ne la considèrent pas comme la source unique d’instruction religieuse et de conseils personnels. Ils étudient également les récits des relations de Dieu avec d’autres peuples antiques comme ceux qui se trouvent dans le Livre de Mormon ainsi que les enseignements du prophète Joseph Smith et des prophètes et apôtres actuels (voir Doctrine et Alliances ; Autorités générales ; Traduction de la Bible par Joseph Smith [TJS] ; Perle de grand prix). Les saints des derniers jours considèrent la révélation personnelle comme la source suprême de l’homme pour comprendre l’Écriture et connaître la volonté de Dieu.
 
Quand on les voit comme harmonieuses entre elles, toutes ces sources se renforcent et s’éclairent mutuellement et aident le lecteur moderne à comprendre et à traduire correctement ces textes.

Les saints des derniers jours croient tout ce que Dieu a révélé. Ils cherchent à connaître et à appliquer la parole de Dieu partout où elle a été révélée en vérité et avec autorité. Ils croient que le salut est en Jésus-Christ et pas dans une combinaison quelconque de mots ou de livres. Ils croient en Dieu et en son Fils Jésus-Christ, dont on peut connaître les paroles et les voies par une vie d’étude des Écritures, de service et de prière, et par révélation personnelle par le pouvoir du Saint-Esprit.
 
Bibliographie
Matthews, Robert J. A Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
PAUL HEDENGREN
 
Bible : La King James Version
Auteur : OGDEN, D. KELLY
 
Dans les divers pays où elle est installée, l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours utilise une traduction de la Bible dans la langue locale. Dans les régions d’expression anglaise, elle utilise la King James Version (ou Authorized Version) (KJV), principalement parce que c’était le texte anglais de base utilisé par le prophète Joseph Smith et parce que les dirigeants suivants de l’Église ont approuvé son utilisation. L’Église ne prétend pas que la KJV est parfaite, mais elle est actuellement la version anglaise préférée et elle a été utilisée dans l’édition de 1979 et dans les impressions ultérieures de l’édition de l’Église de la Bible.
 
Les livres de la Bible ont été écrits à l’origine en hébreu, en araméen ou en grec. Il n’existe aujourd’hui aucun manuscrit biblique original, mais ils ont été copiés et traduits en beaucoup de langues dans l’Antiquité. Beaucoup de papyrus et de parchemins anciens sont parvenus jusqu’à nous. De nombreuses traductions modernes ont été faites à partir de ces documents.
 
De 1604 à 1611, cinquante-quatre savants ont travaillé pour créer la KJV. Ce n’était pas la première traduction en anglais. En 1382, John Wycliffe avait traduit la Bible à partir de la Vulgate latine ; une édition révisée avait été publiée en 1388. De 1523 à 1530, William Tyndale traduisit le Pentateuque de l’hébreu et le Nouveau Testament du grec. Plus tard encore dans les années 1500, d’autres traductions apparurent, notamment la Bible protestante de Genève en 1560 et la Bishop’s Bible en 1568. La première eut du succès auprès des laïcs et la dernière auprès des évêques protestants. La Bible catholique de Reims-Douai fut achevée en 1609 (l’Ancien Testament en 1582, le Nouveau Testament en 1609) sur la base de la Vulgate latine.
 
Dans le but d’aplanir les différends entre Anglicans et Puritains, le roi James chargea un groupe de savants de créer une version de la Bible dont l’utilisation serait autorisée dans les Églises anglaises. Ils utilisèrent les meilleurs textes dont ils disposaient, principalement « le texte reçu du Nouveau Testament dans les éditions multilingues (« polyglottes »), présentant les Ancien et Nouveau Testaments en hébreu et en grec respectivement, et d’autres langues. La lignée longue et respectée des Bibles anglaises fut aussi diligemment comparée et utilisée.
 
Le résultat, c’est-à-dire la King James Version, fut publié en 1611. Diverses éditions de la KJV parurent tout au long des années 1600, ce qui donna lieu à de nombreuses erreurs d’impression. Les éditions de Cambridge (1762) et d’Oxford (1769) présentaient un texte révisé, une orthographe mise à jour, une ponctuation corrigée, des italiques accrus et des notes marginales changées.
 
Beaucoup d’autres versions anglaises ont paru, particulièrement à la lumière de la découverte d’autres manuscrits anciens en commençant par la première découverte, en 1844, par Constantin von Tischendorf au monastère de sainte Catherine dans la péninsule du Sinaï. Ces traductions ont généralement essayé de rendre les textes antiques dans le langage contemporain tout en reflétant, autant que possible, la forme des manuscrits les plus anciens disponibles.
 
Les saints des derniers jours n’ont pas fait un usage intensif de ces autres traductions. Beaucoup estiment que la vulgarisation tend à diluer la nature sacrée de la Bible. Ils trouvent également que les variantes textuelles antiques sont relativement insignifiantes, ne changeant habituellement pas les messages importants de la Bible, dont la plupart sont, de toutes façons, corroborés ailleurs dans les Écritures modernes.
 
Bien que la KJV ait été sa Bible anglaise, Joseph Smith ne la considérait pas comme une traduction parfaite ou officielle ; c’est pourquoi il étudia l’hébreu et entreprit la tâche de faire une révision inspirée des Écritures. Il a fait la réflexion qu’il préférait certains aspects de la traduction de Martin Luther (HC 6:307, 364) et plusieurs autres dirigeants de l’Église au XIXe siècle ont souligné le besoin d’une plus grande exactitude et de plus de vérité dans les traductions de la Bible.
 
Les dirigeants de l’Église au XXe siècle ont donné diverses raisons au maintien de l’utilisation de la KJV : c’était la traduction courante utilisée dans le monde d’expression anglaise à l’époque du Rétablissement ; c’est sa terminologie que l’on retrouve dans tous les ouvrages canoniques ; un grand nombre de passages du Livre de Mormon, qui sont parallèles à ceux de la Bible, ont été traduits dans le style anglais de la KJV ; la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) était basée sur la KJV, 90 % des versets n’ayant subi aucun changement. Tous les prophètes modernes ont utilisé la KJV, et son emploi dans toutes les publications de l’Église a permis de standardiser les annotations et les index.
 
Beaucoup considèrent la KJV comme un chef d’œuvre de la littérature anglaise. Elle a été appelée « le monument le plus noble de la prose anglaise » et elle est certainement la plus influente ; ses traducteurs « ont montré une grande sensibilité » et le résultat était « destiné à une influence et à un accueil extraordinaires » (Speiser, p. lxxiii-iv). H. L. Mencken l’a louée comme étant « probablement le plus bel écrit de toute la littérature du monde » (Paine, p. viii).
 
La KJV est une traduction relativement conservatrice. C’est généralement un point fort, bien qu’elle rende parfois les choses de manière obscure. De plus, sa langue est maintenant en partie archaïque et grammaticalement incorrecte par rapport à l’usage actuel et elle n’est pas logique dans l’orthographe des noms dans l’Ancien et le Nouveau Testament (par exemple, Isaiah/Esaias et Elijah/Elias). Des mots identiques dans les Évangiles synoptiques sont parfois traduits différemment et certaines fautes d’impression n’ont jamais été corrigées (par exemple, dans Mt. 23:24, « strain at a gnat » aurait dû être rendu par « strain out a gnat »).
 
Néanmoins, après avoir étudié plusieurs traductions anglaises modernes, le Président J. Reuben Clark, fils, conseiller dans la Première Présidence, a dit en 1956 que La KJV était « la meilleure version à ce jour » (Clark, p. 33). Par exemple, il estimait que les traducteurs de la KJV avaient clairement dépeint Jésus comme étant le Messie promis et comme Fils de Dieu et acceptait le don de prophétie, la réalité des miracles et le caractère unique de l’amour du Christ, alors que les traductions modernes tendaient à favoriser les explications naturalistes à l’action divine, préféraient le mot « signe » à « miracle » et utilisaient « amour » au lieu de « charité » et « nommer » au lieu de « ordonner ». Ses idées ont influencé la plupart des saints des derniers jours. Bien entendu, toutes les traductions alternatives ne souffrent pas des problèmes relevés par le président Clark.
 
Bibliographie
Barlow, Philip L. mormons and the Bible, p. 132-62. New York, 1990.
Bruce, F. F. History of the Bible in English, 3e éd. New York, 1978.
Clark, J. Reuben, Jr. Why the King James Version. Salt Lake City, 1956.
Daiches, David. The King James Version of the English Bible. Chicago, 1941.
Metzger, Bruce M. The Text of the New Testament. New York, 1968.
Paine, G. The Learned Men, p. viii. New York, 1959.
Speiser, E. Genesis, p. lxiii-iv. Garden City, N.Y., 1964.
D. KELLY OGDEN
 
Bible : Édition de la Bible créée par l’Église
Auteur : MORTIMER, WILLIAM JAMES
 
Une édition de la King James Version de la Bible avec de nouvelles aides à l’étude a été publiée en 1979 par l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours après sept années de travail de la part des dirigeants et des érudits de l’Église. Le but était de rendre l’étude de la Bible plus intéressante pour les membres de l’Église en ajoutant des cartes, des diagrammes, des définitions, des chapeaux de chapitre, des notes de bas de page et des références croisées entre les quatre ouvrages canoniques et aussi de fournir une édition unique de la Bible pour utilisation dans le programme d’études de l’Église.
 
Ce projet commença en 1972, vers le moment où l’étude des Écritures devint le sujet principal du programme d’études des adultes de l’Église. Précédemment, les instructeurs de l’Église s’étaient principalement appuyés sur des manuels de leçons composés par des personnes ou des comités. Le travail fut commandité par la Première Présidence, qui créa un Comité des Aides à l’étude de la Bible pour superviser le projet. Ce comité (appelé plus tard Comité de publication des Écritures) se composait au départ de Thomas S. Monson, Boyd K. Packer et Marvin J. Ashton, du Collège des douze apôtres. Ashton reçut plus tard une autre tâche et Bruce R. McConkie fut nommé à sa place.
 
Le comité appela des savants, des rédacteurs et des spécialistes en publication de l’université Brigham Young, du Département d’Éducation de l’Église et de la Deseret Book Company pour élaborer des aides orientées sur les saints des derniers jours pour permettre aux lecteurs de mieux comprendre le texte de la King James. Dès les premiers temps du projet, la Première Présidence décida que le texte de la King James serait utilisé tel quel. Il fut saisi dans une base de données avec le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Chaque verset fut examiné et les sujets et les termes clefs furent relevés. Des listages d’ordinateur furent créés, qui comportaient de longues listes de correspondances possibles parmi lesquelles on choisit les citations utiles. L’accent fut mis sur les références du Livre de Mormon, des Doctrine et Alliances et de la Perle de grand prix qui permettaient d’éclaircir les passages de Bible ainsi que d’abondantes références croisées à l’intérieur de la Bible. Elles se retrouvent maintenant dans les notes de bas de page et dans le Guide par sujet (un index détaillé des sujets et une concordance modifiée). Un dictionnaire de la Bible, 24 pages de cartes en couleur et un répertoire complet ont été ajoutés. Le Dictionnaire de la Bible donne des explications concises sur des sujets bibliques et ajoute souvent des détails intéressants pour les saints des derniers jours. De brèves explications de certains mots ou expressions hébraïques et grecs furent également incluses comme notes de bas de page, avec environ 600 passages de la Traduction de la Bible par Joseph Smith (JST). Les sommaires au début de chaque chapitre de cette édition de la King James donnent une idée du contenu doctrinal et historique du chapitre d’un point de vue mormon.
 
Le système de notes de bas de page organise toutes les aides disponibles dans cette édition de la Bible. Certaines éditions plus anciennes de la Bible mettent les renvois dans une colonne centrale de la page, mais ce format limite la quantité de données qu’on peut y afficher. Un système souple de trois colonnes de notes de bas de page a été conçu pour chaque page, avec des appels de note (a, b, c, etc.) prévus verset par verset selon les besoins. Les notes de bas de page contiennent des références croisées à d’autres Écritures, au Guide par sujet et au Dictionnaire de la Bible, ainsi que des explications sur les idiomes grecs et hébreux et d’autres éclaircissements.
 
Une fois que le travail d’érudition et d’édition fut terminé au début de 1978, la composition commença. La Cambridge University Press à Cambridge (Angleterre) fut choisie pour la composition, parce que cette presse, l’un des premiers imprimeurs de la King James Version après sa publication en 1611, a été sans interruption occupée à des publications de la Bible depuis les années 1500. Son personnel expert joua un rôle d’une valeur inestimable auprès des membres de l’Église qui travaillaient avec eux à l’édition de l’exemplaire destiné à la composition et à la préparation des pages finales. La composition fut entièrement réalisée en Monotype hot metal. Chaque page fut préparée de telle manière que chaque note de bas de page se trouve sur la même page que le verset auquel elle se rapporte. Pour répondre aux besoins des programmes du Département d’Éducation de l’Église, l’équipe s’imposa septembre 1979 comme date limite pour la livraison des premiers exemplaires de la Bible. La tâche redoutable de composer et de paginer 2.423 pages de texte complexe fut menée à bien en mai 1979 après quinze mois d’efforts intenses.
 
L’impression et la reliure furent confiées à la University Press et à la Publishers Book Bindery de Winchester (Massachusetts), qui sous-traitèrent une partie du travail à la National Bible Press à Philadelphie (Pennsylvanie). Ce qui au début semblait être un délai de production irréalisable fut accompli et les premiers exemplaires sortirent le 8 août 1979. Beaucoup de saints des derniers jours reconnurent la main de Dieu dans la réalisation de cette publication monumentale.
 
Cette édition de la King James Version de la Bible a renforcé l’intérêt pour l’étude de la Bible dans toute l’Église. Elle a permis aux membres d’avoir une compréhension et une appréciation accrues et approfondies de la Bible en tant que parole de Dieu. Elle a également démontré que tous les ouvrages sacrés des saints des derniers jours se recoupent de nombreuses manières de telle sorte qu’ils se soutiennent et s’enrichissent mutuellement.
 
Bibliographie
Anderson, Lavina Fielding. "Church Publishes First LDS Édition of the Bible." Ensign 9 (Oct. 1979) :8-18.
Matthews, Robert J. "The New Publications of the Standard Works-1979, 1981." BYU Studies 22 (Fall 1982) :387-424.
Mortimer, William James. "The Coming Forth of the LDS Éditions of Scripture." Ensign 13 (Aug. 1983) :35-41.
Packer, Boyd K. "Scriptures." Ensign 12 (Nov. 1982) :51-53.
WILLIAM JAMES MORTIMER
 
Bible – Érudition biblique
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Les saints des derniers jours acceptent l’érudition biblique et l’étude intellectuelle de la Bible. Joseph Smith et ses associés ont étudié le grec et l’hébreu et ont enseigné que la connaissance religieuse s’obtient par l’étude et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant, les saints des derniers jours préfèrent utiliser l’érudition biblique plutôt que d’être menés ou dominés par elle.
 
Le prophète Joseph Smith a proposé quelques paramètres généraux pour l’étude critique de la Bible par les saints : « Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons aussi que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (8e A de F). Parce que les saints des derniers jours préfèrent les prophètes aux savants comme guides spirituels, et l’inspiration de l’Écriture et le Saint-Esprit au raisonnement de textes secondaires, l’érudition biblique joue un rôle plus restreint dans leur spiritualité que dans certaines confessions.
 
Un principe de fonctionnement fondamental des religions « révélées » est que toute la vérité ne peut pas être complètement découverte par la seule raison humaine. Sans l’aide de Dieu, personne ne peut obtenir les données essentielles, les perspectives convenables et les clefs d’interprétation pour le connaître (voir Raison et révélation). Parce qu’ils croient que leur religion est révélée par les prophètes vivants de Dieu, les saints des derniers jours subordonnent la raison humaine à la vérité révélée.
 
Dans cet ordre d’idées, les saints des derniers jours ont certaines affinités avec l’érudition biblique conservatrice catholique et évangélique contemporaine. Ils acceptent et utilisent la plupart des résultats objectifs de l’érudition biblique tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie, tout en rejetant les thèses naturalistes de la discipline et ses méthodes et ses théories plus subjectives. Dans les cas où l’érudition biblique et la religion révélée sont en conflit, les saints des derniers jours s’en tiennent aux interprétations de la Bible qui apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les enseignements des prophètes actuels.
 
De ces observations découlent trois principes de base pour le fonctionnement de l’érudition biblique chez les saints des derniers jours :
 
1. Les manières d’aborder la Bible doivent accepter l’inspiration et la révélation divines dans le texte biblique original : il présente la parole de Dieu et n’est pas simplement une production humaine. Par conséquent, toute méthodologie critique qui ignore ou nie implicitement ou explicitement la participation importante de Dieu au texte biblique est rejetée. À de rares exceptions près, comme le Cantique des Cantiques, que Joseph Smith considérait comme non inspiré (cf. IE 18 mars 1915, p. 389), le texte ne doit pas être traité d’une manière fondamentalement naturaliste. La participation de Dieu est considérée comme importante tant dans les événements eux-mêmes que dans le processus de leur mise par écrit. Son activité est donc l’un des effets avec lesquels il faut compter lors de l’interprétation des événements et dans la compréhension des textes qui les rapportent.
 
2. En dépit de l’inspiration divine, le texte biblique n’est pas exempt de l’influence du langage humain et n’est pas à l’abri des influences négatives de son environnement humain, et il n’y a aucune garantie que les révélations données aux prophètes antiques aient été parfaitement préservées (cf. 1 Né. 13:20-27). Ainsi, l’étude critique de la Bible est justifiée pour expliquer les erreurs humaines dans la formulation, la transmission, la traduction et l’interprétation des documents antiques et proposer les corrections qui s’indiquent.
 
3. Ce genre d’érudition critique, en plus de reconnaître les origines divines de la Bible, doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du Livre de Mormon et des autres révélations données aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix, puisque pour les saints des derniers jours ces sources ont non seulement la priorité sur les révélations rapportées dans l’Antiquité (cf. D&A 5:10) mais aident aussi à interpréter le texte biblique.
 
Les saints des derniers jours insistent sur une herméneutique objective, c’est-à-dire qu’ils affirment que le texte biblique a une signification précise et objective et que l’intention de l’auteur originel est à la fois importante et en grande partie récupérable. Pour cette raison, les savants de l’Église, comme d’autres conservateurs, se sont orientés vers les outils plus objectifs de l’érudition biblique, tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie – tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent être évalués de manière critique – et ont généralement évité les méthodes plus subjectives de la critique littéraire.
 
Les commentateurs mormons de la Bible les plus influents sont James E. Talmage, Bruce R. McConkie, Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que l’œuvre de Talmage ait été accomplie avant beaucoup de découvertes importantes et que celle de McConkie se soucie moins de faire de l’exégèse critique que de comprendre le Nouveau Testament au sein de l’ensemble de la doctrine de l’Église.
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R. Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City, 1965-1973.
Nibley, Hugh W. Collected Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry, Sidney B. Paul’s Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage, James E. Jésus le Christ. Salt Lake City, 1915.
STEPHEN E. ROBINSON
 
But de la vie sur terre
 
Cette rubrique se compose de deux articles : But de la vie sur terre : Perspective des Saints – traite de la compréhension que les saints ont du but de la vie. But de la vie sur terre : Perspective comparative – contraste la compréhension des saints avec celle des grandes religions du monde.
 
But de la vie sur terre : Perspective des saints
Auteur : BELL, JAMES P.
 
Les prophètes modernes ont affirmé le but de la vie dans le cadre de trois questions : (1) D’où venons-nous ? (2) Pourquoi sommes-nous ici ? (3) Qu’est-ce qui nous attend dans l’au-delà ? Le contexte scripturaire de ces questions est l’assurance que l’âme est éternelle et que la terre a été créée pour que la famille de Dieu y habite.
 
Tous les hommes et femmes ont vécu comme êtres d’esprit dans un état prémortel et tous sont la postérité spirituelle de Dieu (Abr. 3:21-22). Dans le monde en question, Dieu a enseigné à toute sa famille ses plans et ses buts. « Lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné » (EPJS, p. 145). Tous les enfants d’esprit de Dieu ont acquis divers degrés d’intelligence et de maturité. Ceux qui ont volontairement souscrit aux conditions de la vie ici-bas ont été incarnés et soumis à la lumière du Christ « qui éclaire tout homme qui vient au monde » (D&A 93:2). Pour que la vie terrestre puisse être une épreuve, un voile d’oubli a été tiré sur notre ancienne vie.
Dans la condition mortelle, six buts au moins sont ouverts à l’humanité :
 
1. Recevoir un corps, dont les expériences et la maturation, et la résurrection permanente finale, sont essentielles au perfectionnement de l’âme. « Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume céleste » (EPJS, p. 145 ; voir Corps physique ; Résurrection).
 
2. Progresser dans la connaissance et développer des talents et des dons (voir Intelligence). « Si vous voulez aller là où est Dieu, vous devez être comme Dieu ou posséder les principes que Dieu possède, car si nous ne nous approchons pas de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui et nous dirigeons vers le diable » (EPJS, p. 174).
 
3. Être mis à l’épreuve. « Nous les mettrons ainsi à l’épreuve, dit le livre d’Abraham, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr. 3:25). Dans la condition mortelle, on connaît des contrastes et des opposés – la santé et la maladie, la joie et le chagrin, les bénédictions et les problèmes – et on apprend ainsi à apprécier le bien. « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25). Cette joie, comme B. H. Roberts, des soixante-dix, l’a écrit, n’est possible que « si on a sondé les profondeurs de l’âme, éprouvé toutes les émotions dont l’esprit est capable, testé toutes les qualités et toute la force de l’intellect » (Roberts, p. 439 ; voir Joie ; Condition mortelle ; Souffrance dans le monde).
 
4. Remplir et accomplir les missions et les appels qui ont été donnés ou préordonnés (voir Préordination ; Vie prémortelle). Les saints des derniers jours disent souvent de la vie terrestre qu’elle est un second état et font allusion à la promesse donnée à et par l’intermédiaire d’Abraham que « ceux qui gardent leur second état [c.-à-d., réalisent les buts de la condition mortelle] recevront plus de gloire sur leur tête pour toujours et à jamais » (Abr. 3:26).
 
5. Exercer le libre arbitre sans souvenir de l’existence prémortelle et donc « marcher par la foi » et voir « renouvelées et confirmées les réalités prévues dans le monde d’esprit » (voir Libre arbitre ; Foi en Jésus-Christ).
 
6. Poser les fondements de relations familiales éternelles, d’abord comme fils et filles, puis comme pères et mères. La famille unie est l’épitomé de la vie accomplie et sainte (voir Mariage : Mariage éternel).
 
La vie à venir est le prolongement et l’accomplissement du séjour sur terre : entrer et vivre pour toujours en la présence de Dieu. Mais la mise à l’épreuve ne finit pas avec la mort. Pas plus que les occasions d’entendre, accepter et appliquer les vérités et les pouvoirs du Christ. En effet, Joseph Smith a enseigné que même pour les fidèles, « il n’est pas question de saisir tout cela dans ce monde ; ce sera une grande œuvre que d’apprendre notre salut et notre exaltation même au-delà de la tombe » (EPJS, p. 282). Il a ajouté que quand l’esprit est séparé du corps, le processus est quelque peu freiné, d’où l’importance d’utiliser, pour la rédemption, le temps tandis que l’on est dans la condition mortelle et la folie de remettre à plus tard son repentir et son renouvellement.
 
Dans tout cela, la continuité de la vie précédente avec celle-ci et ensuite de cette vie avec la prochaine est clairement enseignée. La tendance de beaucoup de religions, orientales et occidentales, à diviser la vie en deux mondes et à affirmer qu’ils sont absolument distincts et différents est inversée. La vie est changement, transformation et exaltation. La condition mortelle est une répétition générale en vue du prochain monde. Là, la lumière, la gloire et la domination seront conférées dans leur plénitude à ceux qui ont accompli les paroles de la vie éternelle dans ce monde et sont donc préparés pour la vie éternelle dans le monde à venir.
 
Bibliographie
Roberts, B. H. "Modern Revelation Challenges Wisdom of Ages to Produce More Comprehensive Conception of the Philosophy of Life." Liahona the Elders’ Journal 20, 8 mai 1923, p. 433-439.
JAMES P. BELL
 
But de la vie sur terre : Perspective comparative
Auteurs : SMITH, HUSTON et PETERSON, DANIEL C.
 
Les religions ont tendance à présenter la vie comme ayant un sens quand elle se conforme à un plan cosmique, un plan qui est soit intentionnellement institué par Dieu soit est le fait d’un cosmos qui est divin d’origine. Pour les saints des derniers jours, l’Écriture tout entière parle d’un cosmos dont l’ordre est voulu par Dieu. Dans ce contexte, les Écritures modernes soulignent les thèmes entremêlés de l’importance cruciale du corps physique, des épreuves, de l’expérience de l’opposition, du caractère éternel de la famille et de la vision de la joie et de la gloire à l’image de Dieu (voir But de la vie sur terre : Perspective des Saints).
 
Les autres conceptions vont dans deux directions. Pour certains, s’il n’y a pas de Dieu et si le sort ultime de toute vie humaine est l’annihilation personnelle, la vie n’a pas de sens. C’est la position, par exemple, d’Arthur Schopenhauer. Les existentialistes, qui affirment, de manière générale, que les humains créent leur propre sens dans un univers athée et objectivement absurde, prennent une position semblable. D’autres, notamment certains naturalistes et humanistes, soutiennent que la vie est valable même si les prétentions des religions au surnaturel sont fausses. Les marxistes, par exemple, affirment qu’une société calculée, sinon un cosmos ayant un sens, émerge comme une entité objective sous l’action des processus inexorables de l’histoire.
 
Certains penseurs affirment que la vie a un sens même si ce sens est enveloppé de mystère. L’hédonisme affirme que l’on ne peut pas répondre aux questions sur le sens ultime des choses et que par conséquent il faut les ignorer et plutôt calculer un maximum de plaisir et un minimum de souffrance. Le confucianisme a tendance à ne pas aborder cette question. Il affirme l’existence d’un ordre spirituel qui est antérieur et supérieur à l’ordre social, mais se concentre sur les questions relatives aux choses de ce bas monde. Beaucoup de versions du judaïsme adoptent la même approche, croyant que la vie à venir est secondaire par rapport à la tâche de créer et de maintenir une communauté sanctifiée dans ce monde et d’envisager un jour où, pour employer les termes d’une prière hébraïque vénérable, « le monde sera rendu parfait sous le règne du Tout-Puissant ».
 
Les saints des derniers jours voient la vie comme un processus en trois étapes : une existence prémortelle, mortelle et postmortelle. Toutes les étapes sont essentielles à l’épanouissement et au perfectionnement de soi, ce qui est l’œuvre et la gloire de Dieu. On peut caractériser le processus comme étant à la fois de ce monde et hors du monde (voir Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu ; Condition mortelle ; Préexistence (Existence préterrestre) ; Résurrection).
 
Le « mythe de la caverne » de Platon dépeint la condition humaine comme un asservissement à de fausses croyances et à des illusions que le vrai philosophe vise à dépasser. Dans le Phédon, Socrate dit que le philosophe « est sans cesse occupé à poursuivre la mort et à mourir ». Le sage aspire à la séparation de son âme et de son corps, à l’absence de maladie, de fatigue et des tromperies des sens et à sa libération dans un monde de contemplation intuitive. Le gnosticisme, un mouvement apparenté au platonisme, avait la notion de la chute et de l’ascension espérée d’une âme divine, mais niait fréquemment le caractère bon de l’univers physique et de la Divinité qui l’avait fait. Au XIIIe siècle, Thomas d’Aquin a proposé l’énoncé classique de la position catholique que le but le plus élevé de l’homme, même dans ce monde matériel, est « la vie contemplative », qui sera rendue parfaite après la mort. Le bonheur des saints consistera en une « vision » intellectuelle de l’essence divine, pas une vision des yeux, mais une vision de l’esprit. Les Écritures modernes affirment à la fois la vie de l’intelligence, définie comme la lumière et la vérité, et la rédemption de l’âme, définie comme étant l’esprit et le corps. Le but de la vie n’est pas l’évasion mais la transformation – de l’homme, de la communauté et du cosmos.
 
Dans les grandes traditions religieuses de l’Asie orientale et méridionale, Dieu (ou les dieux) a parfois un rôle marginal. L’hindouisme enseigne que le désir humain le plus profond est l’infinité, l’existence, la connaissance et la joie sans fin. On doit donc rechercher le « mukti », la libération d’avec la finitude et les limitations qui semblent être l’état normal de l’humanité. Le mot « semblent » est crucial parce que l’hindouisme insiste sur le fait que derrière les personnalités individuelles et finies se trouve l’Atman-Brahman, la Divinité elle-même. Les hommes et les femmes sont déjà infinis ; la libération consiste simplement – bien que ce ne soit pas aussi simple ! –¬ à reconnaître ce fait. Le bouddhisme, sorti du terreau hindou et souvent considéré comme une sorte de réforme de la religion plus ancienne, confirme essentiellement ce diagnostic de la condition humaine, bien que ses formes non théistes diffèrent dans la manière dont il explique la nature humaine. Le Bouddha (le titre vient d’un mot signifiant en gros « être illuminé ») disait que le problème humain fondamental est le désir d’être séparé et que le but de la vie est l’extinction de ce désir, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de surmonter, dans cette vie ou une série de vies, les désirs égoïstes qui sont la source principale de leurs souffrances et de leur misère. La pensée mormone rejette et la réincarnation et la théorie de la souffrance humaine comme illusoires (voir Réincarnation ; Souffrance dans le monde).
 
La notion que le but de la vie est la libération de l’âme n’est pas étrangère aux religions de la tradition abrahamique, notamment celle des saints des derniers jours, bien qu’elle ne soit pour ainsi dire jamais devenue le paradigme dominant. L’affirmation des Écritures hébraïques que Dieu a déclaré le cosmos matériel « bon » est restée la norme. Pour cette raison, entre autres, les pensées chrétienne, musulmane et juive traditionnelles s’accordent pour considérer que le Dieu infiniment bon est directement responsable de la situation générale dans laquelle les êtres humains se trouvent. Mais aucune tradition ne souligne plus que celle des saints que chaque être humain s’est « soumis volontairement » aux conditions de la vie ici-bas (EPJS, p. 262 ; cf. D&A 93:30-31 ; voir aussi Théodicée). Les saints des derniers jours s’accordent de même pour dire que l’union finale avec Dieu n’implique aucune perte de l’identité individuelle finie, mais plutôt une relation avec lui.
 
L’opinion chrétienne généralement acceptée est exprimée par le Westminster Shorter Catechism de 1647, qui déclare que « le but principal de l’homme est de glorifier Dieu et de jouir de lui pour toujours ». Dieu nous a créés pour acquérir de la gloire, ce qui n’était pas de la vanité de sa part puisqu’il mérite entièrement cette gloire au contraire des êtres humains – et récompensera ceux qu’il sauve en les faisant jouir de sa présence. On peut comparer ceci à la position de la tradition islamique qui attribue à Dieu les mots : « J’étais un trésor caché mais je souhaitais être connu, c’est pourquoi j’ai créé le monde. » Le but des êtres humains dans l’islam est donc de se soumettre (aslama) à la volonté de Dieu et de le glorifier par leurs actes. Le judaïsme et l’islam sont étroitement apparentés dans l’accent qu’ils mettent sur la loi et la bonne conduite et dans leur déclaration que l’obéissance aux commandements de Dieu est le but de la vie. Toutefois le judaïsme diffère de l’islam dans sa croyance que la gamme complète des commandements divins (mitzvoth) n’incombe qu’aux juifs, les non-juifs n’étant soumis qu’aux quelques « préceptes noachiques » de base. Par contre, l’islam insiste sur le fait que les exigences de Dieu sont identiques pour tous les êtres humains. « Je n’ai créé les djinns et les hommes, dit Allah dans le Coran, que pour m’adorer. »
 
Certains penseurs protestants ont affirmé que les êtres humains existent pour manifester les attributs divins, pour incarner dans leur propre vie imparfaite quelque chose de la gloire de Dieu. On trouve une idée semblable dans la déclaration du catéchisme catholique de Baltimore que « Dieu nous a faits pour montrer sa bonté et pour partager avec nous son bonheur éternel au ciel ». Les Écritures modernes affirment que Dieu partagera non seulement ses dons et son état béni mais aussi sa nature divine (voir Déification, Premiers chrétiens). Mais les formes catholiques et protestantes de christianisme s’éloignent l’une de l’autre ; pour la première, les objectifs de Dieu pour l’humanité se réalisent idéalement dans une vie de culte sacramentel et liturgique, tandis que la dernière met l’accent sur l’acceptation de la grâce gratuite du Christ. Les saints des derniers jours affirment qu’une vie de sainteté est impossible sans accès à la grâce du Christ, l’obéissance librement consentie aux alliances, lois et ordonnances divinement données dans lesquelles l’expiation et la grâce du Christ se manifestent et ensuite le don de soi par une consécration totale comme disciple.
 
Bibliographie
Palmer, Spencer J. et Roger R. Keller. Religions of the World : A Latter-day Saint View. Provo, Utah, 1989.
Romney, Thomas C. World Religions in the Light of Mormonism. Independence, Mo., 1946.
DANIEL C. PETERSON
HUSTON SMITH

C
 
Catholicisme et Mormonisme
Auteurs : BENNEY, ALFRED et KELLER, ROGER R.
 
Les catholicismes romain et orthodoxe sont basés sur la même tradition théologique. Ils se ressemblent du point de vue doctrinal et ont des enseignements qui diffèrent du mormonisme.

DIEU. Les Églises catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de l'univers et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père, du Fils et du Saint-Esprit existent simultanément en une seule nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints des derniers jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le Fils est subordonné au Père et le Saint-Esprit « est envoyé par la volonté du Père par l’intermédiaire de Jésus-Christ, son Fils ». Les deux traditions catholiques enseignent que Dieu est un mystère qui se révèle lui-même et dont la manifestation parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le monde dans l'Église. Les saints des derniers jours affirment que Jésus-Christ a une nature distincte et est une entité séparée du Père, et que de même que Jésus-Christ était et est visible, incarné et glorifié, de même en est-il du Père (voir Doctrine : Enseignements distinctifs).
 
LE CHRIST. Selon la croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est « le Fils incarné de Dieu ». À la fois Dieu et homme, il est le « Sauveur du monde ». Pour des saints des derniers jours, le Christ n'était pas, n'est pas maintenant et ne sera jamais uni ni en nature ni en substance au Père. Son unité avec le Père est spirituelle en objectif et en volonté. Jésus, dans la croyance des saints, est le Fils unique du Père dans la chair. Il est entré dans la condition mortelle, sujet à progression, et a accompli la volonté du Père comme modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout pouvoir sur terre et dans les cieux que quand il a reçu la plénitude de la gloire du Père (voir Divinité).
 
L’EXPIATION. Dans les deux traditions catholiques, l’expiation du Christ permet d'accéder à la grâce salvatrice. La mort-résurrection du Christ est l'événement sauveur et la croix, le symbole du salut. Pour les saints des derniers jours, l'expiation de Jésus-Christ a été une descente au-dessous de toutes choses afin de l’élever au-dessus de tout. Il a souffert « selon la chair » parce qu’il n’aurait pu d’aucune autre façon connaître l'angoisse du péché et de l’état du pécheur, donner l’exemple de l'amour rédempteur et réconcilier la justice et la miséricorde. L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification et la résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du Père, l’homme peut le recevoir du Père par le Christ. Cette transformation est apparentée à la conception que l’Église orthodoxe a de la théose. Le but de l’appartenance à l’Église est de devenir, par le Christ, l'image et la ressemblance de Dieu (voir Expiation de Jésus-Christ ; Déification chez les premiers chrétiens).
 
AUTORITÉ. Les catholiques croient que Jésus a accordé son autorité pastorale à Pierre, qui est ainsi devenu le premier « Vicaire du Christ » et chef de l'Église et que cette autorité d’enseigner et de sanctifier a été transmise dans une succession ininterrompue dans l'institution de la Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre était le premier d’entre des égaux, par conséquent les patriarches ont une autorité égale. Ils attribuent également une autorité spéciale aux sept premiers conseils œcuméniques. Les saints des derniers jours croient que Pierre détenait les clefs de l'autorité apostolique, qui avaient également été conférées aux douze apôtres. Les pouvoirs de la prêtrise ne sont pas indélébiles mais inséparablement liés à la justice. La perte des clefs complètes de la prêtrise fut due à l’absence de transmission. Leur réapparition aujourd’hui s’est faite sous les mains de Pierre, Jacques et Jean (voir Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). Tout homme digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la prêtrise avec l'autorité d’accomplir des ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme patriarche de sa famille.
 
ÉCRITURE. Pour les catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament sont « la source inépuisable de la foi chrétienne ». Le canon est fermé. Pour les saints des derniers jours, le canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des paroles des prophètes prononcées sous l'inspiration. Il n'y a pas de révélation finale. La révélation est permanente. Ni les Écritures ni la théologie naturelle ne remplacent « les oracles vivants » (voir Expérience religieuse ; Révélation ; Écriture).
 
ÉGLISE. Le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église une « communion des saints ». Le Saint-Esprit anime l'Église par la grâce, en lui donnant le pouvoir de continuer l’œuvre du Christ dans l'histoire. C'est une communauté de salut où l’on prêche l'Évangile et où l’on reçoit les sacrements. Les saints des derniers jours croient que le rétablissement de la prêtrise supérieure s’est accompagné de trois éléments perdus par l'Église du Nouveau Testament : (1) la structure organisationnelle et les offices qui s’y rapportent, dont un collège de douze apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les dons spirituels et (3) le temple avec ses ordonnances et ses pratiques essentielles (voir Dons de l'Esprit ; Organisation ; Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée sur le don gratuit de Dieu offert par l’intermédiaire du Christ dans les sacrements et est infusée à l'âme. Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les moyens nécessaires pour obtenir la grâce requise pour le salut. Les rites ou les ordonnances mormons sont des processus de nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs du divin se manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les ordonnances sont essentielles au salut, depuis le baptême jusqu’aux ordonnances supérieures du temple. Leur efficacité exige les formes appropriées, l'autorité de personnes ordonnées dans la prêtrise et la foi et le repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la plénitude du salut ou exaltation exige la totalité des ordonnances (voir Baptême ; Confirmation ; Dotation ; Ordonnances du temple).
 
EUCHARISTIE. Pour les deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement dans lequel le corps et le sang réels de Jésus sont physiquement présents, c'est-à-dire, la réalité salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est un vrai sacrifice dans lequel, par transsubstantiation, les éléments du pain et du vin deviennent le corps et le sang du Christ. Les orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à la vénération pour les icônes, qui représentent leur prototype, qui est le Christ. Les saints des derniers jours voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du Christ. La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les bénéficiaires qui se présentent le cœur brisé et l’esprit contrit (voir Sainte-Cène).
 
MARIAGE ET FAMILLE. Bien que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe considèrent le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un sacrement accompagné de grâce qui symbolise le lien entre le Christ et l'Église. Pour les catholiques c'est un contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les saints des derniers jours enseignent que la glorification éternelle de la famille et de la communauté des familles dans l'Église est la possibilité spirituelle la plus élevée qui soit. De même que le grand prêtre qui officiait dans le temple autrefois était marié et que les apôtres étaient mariés, de même aujourd'hui le mariage est une ordonnance supérieure que les autres préparent. Le renforcement et l'amour de la famille de l'homme, qui est en fin de compte la famille de Dieu, est l’œuvre et la gloire propres à une vie de sainteté. Une fois scellées et sanctifiées par l'autorité de la prêtrise, les alliances, les relations et les devoirs de la condition de parents continuent dans l’autre monde (voir Célibat ; Mariage : Mariage éternel).
 
Tout en honorant Marie, les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la doctrine de l’immaculée conception, de la virginité perpétuelle ni de l'assomption de Marie, ni de la vénération orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des saints qui diffèrent profondément de l'enseignement catholique traditionnel : une modification de la compréhension classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de Dieu, l'existence prémortelle des esprits de toute l'humanité, l'affirmation que l'esprit est une matière raffinée, la Chute comme quelque chose de planifié, de volontaire et d’essentiel à la progression de l'âme au milieu des contrastes et de l'opposition, la dénégation du péché originel et le refus du baptême des petits enfants, la nature universelle de l'alliance abrahamique et le remplacement de la distinction ciel-enfer par l'enseignement des degrés de gloire dans la résurrection.
 
Bibliographie
Florovsky, Georges. Bible, Church, Tradition : An Eastern Orthodox View. Belmont, Mass., 1972.
McBrien, Richard P. Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.
McManners, John, dir. de publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York, 1990.
Patrinacos, Rev. Nicon D. A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.
Rahner, Karl, et Herbert Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.
ALFRED BENNEY
ROGER R. KELLER
 
Chasteté, loi de
Auteur : CHRISTENSEN, BRYCE J.
 
Dans la loi de chasteté, le Seigneur commande la retenue dans l’exercice des pouvoirs sexuels et procréateurs du corps. Comme révélé dans l’Écriture, cette loi interdit tous rapports sexuels en dehors du mariage. Les autorités de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours condamnent également les actes sexuels pervers ou coercitifs dans le mariage.
 
« Tu ne commettras point d’adultère » déclare le Seigneur dans le Décalogue (Ex. 20:14). Ailleurs dans l’Écriture, il interdit la fornication, l’homosexualité, l’inceste et la bestialité (Ex. 22:16 ; Lé. 18:6-23). Enseignant dans l’Ancien et le Nouveau Monde, Jésus a dénoncé l’impudicité en pensée comme dans les actes (Mt. 5:27-28 ; 3 Né. 12:27-28). Le Seigneur affirme dans le Livre de Mormon qu’il se « réjoui[t] de la chasteté des femmes », condamnant l’infidélité des maris comme étant une offense à l’égard des femmes et des enfants (Jcb. 2:28 ; 31-35). Le prophète Abinadi condamne les prêtres du roi Noé pour relations avec des prostituées et pour refus de vivre et d’enseigner la loi de Moïse qui interdit l’adultère (Mos. 12:29 ; 13:22). Alma l’Ancien enseigne à son fils, Corianton, que le péché sexuel est « extrêmement abominabl[e] par-dessus tous les péchés, si ce n’est l’effusion du sang innocent ou le reniement du Saint-Esprit » (Alma 39:5). Mormon déplore la dégénérescence totale des soldats qui violent les prisonnières, leur ravissant « ce qu’elles avaient de plus cher et de plus précieux, la chasteté et la vertu » (Mro. 9:9).
 
Dans la révélation moderne, les dirigeants de l’Église sont tenus d’excommunier les adultères s’ils refusent de se repentir. Les Doctrine et Alliances condamnent les désirs adultères comme étant un reniement de la foi, disqualifiant les coupables de la compagnie de l’Esprit (D&A 42:23-26 ; 63:16). Le prophète Joseph Smith a vu en vision que les adultères et les fornicateurs non repentants seront avec les menteurs et les sorciers dans le royaume téleste (D&A 76:103).
 
Les dirigeants de l’Église ont à maintes reprises insisté sur l’obéissance à la loi de chasteté. Dans une déclaration officielle en 1942, la Première Présidence a promis « les exaltations des éternités » à ceux qui restent chastes, déplorant l’immoralité sexuelle, destructrice des personnes et des nations. « La doctrine de l’Église, a-t-elle dit, est que le péché sexuel – les relations sexuelles illicites entre hommes et femmes – ne le cède, dans son énormité, qu’au meurtre. Le Seigneur n’a fait aucune distinction essentielle entre la fornication, l’adultère et la fréquentation des prostituées ou la prostitution. Chacun est tombé sous sa condamnation solennelle et terrible » (CR 112, oct. 1942, p. 10-12). Les violations sexuelles profanent ce qui est saint, notamment les pouvoirs de procréation qui nous sont donnés par Dieu, la sainteté de la vie, du mariage et de la famille. David O. McKay a dit que la chasteté est « la partie la plus essentielle des fondements d’un mariage heureux et… la source de la force et de la perpétuation du genre humain » (CR 137, avr. 1967, p. 8). Les dirigeants de l’Église ne reconnaissent qu’une seule règle de chasteté pour les hommes et les femmes. Parlant en 1980, Spencer W. Kimball a affirmé : « La chasteté totale avant le mariage et la fidélité totale après sont toujours la norme dont on ne peut s’écarter sans qu’il y ait péché, malheur et chagrin » (CR 150, oct. 1980, p. 4).
 
La loi de chasteté s’applique non seulement au comportement mais également à l’habillement, à la parole et à la pensée. Il est recommandé aux saints des derniers jours de s’habiller de manière pudique, d’utiliser un langage digne en parlant des fonctions corporelles et de cultiver des pensées vertueuses. En conséquence, ils doivent éviter tout ce qui est pornographique dans la littérature, le cinéma, la télévision et la conversation. Bien que beaucoup en dehors de l’Église considèrent la masturbation comme normale, les dirigeants de l’Église enseignent que la pratique est mauvaise, qu’elle alimente des appétits vils et peut mener à d’autres comportements pécheurs. De même, les couples non mariés qui se livrent à des caresses intimes violent la loi de chasteté et stimulent des pulsions qui peuvent mener à d’autres péchés.
 
La chasteté favorise la paix et la confiance personnelles (voir D&A 121:45). Parlant expressément de l’impudicité, Alma écrit que « la méchanceté n’a jamais été le bonheur » (Alma 41:10). L’Église enseigne que ceux qui se rendent coupables d’infidélité perdent l’Esprit du Seigneur et attirent sur eux-mêmes et leur famille la jalousie, le chagrin, la colère et la méfiance.
 
Les personnes coupables d’impudicité peuvent recevoir le pardon par un repentir complet. Parce que l’impudicité viole les vœux du baptême et les vœux explicites du temple, les coupables pénitents doivent confesser ce genre de péché à leur évêque, leur président de branche ou tout autre dirigeant compétent de l’Église. Après avoir examiné la transgression dans l’esprit de la prière, le dirigeant de l’Église peut – particulièrement dans les cas d’adultère, de fornication ou d’homosexualité – réunir une commission disciplinaire pour aider le transgresseur par le repentir et pour protéger l’intégrité de l’Église. Selon l’offense et la maturité spirituelle du contrevenant, la commission disciplinaire peut excommunier, disqualifier, mettre à l’épreuve ou acquitter la personne.
 
Les commissions disciplinaires exigent habituellement des transgresseurs qu’ils demandent pardon aux personnes qu’ils ont entraînées dans le péché sexuel et aux conjoints trahis par l’infidélité. Les transgresseurs doivent aussi demander pardon à Dieu en réformant leur vie, en abandonnant les actes et les pensées impudiques. Dieu promet qu’il ne se rappellera pas les péchés de ceux qui se repentent entièrement (És. 1:18 ; D&A 58:42-43). Cependant, la récidive peut faire revenir le poids de l’ancien péché (D&A 82:7) et avoir des conséquences plus graves (D&A 42:26).
 
Vivre la loi de chasteté n’est pas synonyme d’ascétisme. Il s’agit plutôt de « tenir toutes [s]es passions en bride, afin d'être rempli d'amour » (Alma 38:12). Dans le mariage, l’intimité physique renforce le lien voulu par Dieu entre le mari et la femme. En protégeant l’âme contre l’esprit charnel, la chasteté sauvegarde les joies du mariage dans cette vie et l’exaltation dans la vie à venir. Seuls ceux qui sont moralement purs peuvent entrer dans le temple, où les saints des derniers jours font solennellement alliance de rester chastes de manière à pouvoir recevoir la plus grande bénédiction de Dieu, la vie éternelle (D&A 14:7). En recevant les ordonnances du temple et en restant dignes, le mari et la femme peuvent accéder à une union parfaite scellée par le Saint-Esprit de promesse, réalisant ainsi un mariage qui dure au-delà de la tombe, ayant en bénédiction une progéniture d’esprit dans les éternités (D&A 132:19 ; cf. 131:1-4).
 
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The Teachings of Ezra Taft Benson, p. 277-86. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. The Miracle of Forgiveness, p. 61-89. Salt Lake City, 1969.
McKay, David O. Gospel Ideals, p. 458-76. Salt Lake City, 1953.
BRYCE J. CHRISTENSEN
 
Chrétiens et christianisme
Auteur : KELLER, ROGER R.
 
L’origine du mot « chrétien » dans le Vieux Monde est obscure. Il a probablement été utilisé pour la première fois par les païens d’Antioche pour désigner ceux qui suivaient le Christ. Cependant, vers la fin du premier siècle apr. J.-C., c’était un mot que les membres de l’Église acceptaient pour parler d’eux-mêmes comme le montrent les écrits d’Ignace (v. 35-v. 107 apr. J.-C.). Le mot est utilisé trois fois dans le Nouveau Testament (Ac. 11:26 ; 26:28 ; 1 Pi. 4:16).
 
Dans le Nouveau Monde (le monde du Livre de Mormon), il y avait un terme semblable pour désigner les membres de l’Église (Mos. 18:12-17 ; Al. 46:13-16 ; 48:10). « Chrétien » désignait ceux qui étaient « de vrais croyants au Christ » et qui étaient « heureux de prendre sur eux le nom du Christ, ou de chrétiens comme on les appelait, à cause de leur croyance au Christ qui allait venir » (Al. 46:15). Ici le terme « chrétien » désignait ceux qui croyaient que le Christ viendrait, et pas seulement, comme dans le Nouveau Testament, ceux qui croyaient qu’il était venu.
 
Le terme d’abord utilisé par les chrétiens du Vieux Monde pour se désigner fut sans doute le mot grec haguioï, signifiant les « saints ». Les saints des derniers jours ont adopté cette désignation du Nouveau Testament (Ac. 9:13 ; 32, 41 ; Ro. 1:7 ; 1 Co. 1:2 ; Ph. 1:1). On retrouve cette terminologie dans le Livre de Mormon (1 Né. 13:5, 9 ; 14:12, 14 ; 2 Né. 9:18-19 ; Mrm. 8:23 ; Mro. 8:26), les Doctrine et Alliances (1:36 ; 84:2 ; 88:114 ; 104:15) et la Perle de grand prix (Moï. 7:56).
 
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours ne se considère pas comme une confession chrétienne de plus, mais plutôt comme le rétablissement par Dieu, dans les derniers jours, de la plénitude de la foi et de la pratique chrétiennes. C’est ainsi que, dès les tout premiers temps, les chrétiens saints des derniers jours ont cherché à se distinguer des chrétiens d’autres traditions. Ils considèrent que les autres formes de christianisme, quoique contenant beaucoup de vérité et faisant beaucoup de bien sous la direction du Saint-Esprit, sont incomplètes, dépourvues de l’autorité de la prêtrise de Dieu, des ordonnances du temple, de la compréhension complète du plan du salut et de la compréhension non paradoxale de la Divinité. Par conséquent, la désignation « saint » reflète l’attachement à l’Église du Nouveau Testament et indique également une différence par rapport au christianisme catholique, orthodoxe et protestant dans la dispensation actuelle.
 
En réponse à cela, et pour diverses autres raisons, certains chrétiens catholiques, orthodoxes et protestants ont été réticents à appliquer le terme « chrétien » aux saints des derniers jours. L’une de ces raisons est que ceux-ci affirment que c’est dans l’Église que se trouve la seule ligne d’autorité établie par Dieu. Si cette autorité divine n’a pas été transmise après la mort des premiers apôtres, la Sainte-Cène, les ordinations, les formulations de croyance et les structures ecclésiastiques des autres groupes chrétiens sont dépourvues de la sanction divine. Pour beaucoup de chrétiens traditionnels, cette prise de position place les saints des derniers jours en dehors de la famille chrétienne telle que définie par certaines confessions de foi et ordonnances admises.
 
De plus, les saints des derniers jours affirment que Dieu a parlé et s’est manifesté non seulement aux personnes des temps bibliques, mais également au peuple du Livre de Mormon, et qu’il continue à parler aujourd’hui à son peuple par la révélation. C’est ainsi qu’ils ne sont pas toujours considérés comme des « chrétiens bibliques » quand ce terme exige la croyance que le canon de l’Écriture est complet dans la Bible. Pour les mormons, Dieu est toujours le Dieu de la révélation continue, ce qui signifie que les credo ne sont pas définitifs. Il n’est pas de confession, ni même l’ensemble des confessions, qui puisse englober complètement le dynamisme de Dieu. Il faut l’écouter et ses paroles doivent être mises par écrit pendant qu’il continue à nous guider divinement par la révélation. Par conséquent, le canon des saints des derniers jours est ouvert ; les Doctrine et Alliances deviennent un réceptacle officiel et ouvert pour les révélations qui affectent toute l’Église ; et des révélations continuent à être données aux prophètes, aux voyants et aux révélateurs vivants de l’Église, pour être communiquées aux membres.
 
Les saints des derniers jours considèrent que les chrétiens, au sens le plus large du terme, sont ceux qui basent leurs croyances sur les enseignements de Jésus et qui ont une relation personnelle avec lui. Selon cette définition, ils reconnaissent les catholiques romains, les catholiques orthodoxes, les protestants et les saints des derniers jours comme chrétiens, étant bien entendu que le christianisme des saints des derniers jours est la plénitude rétablie de l’Évangile du Christ. La vie des saints des derniers jours est leur affirmation de leur foi chrétienne. Comme l’a dit Brigham Young : « Si nous ne sommes pas à l’image du Christ nous ne sommes pas chrétiens » (Watson).
 
Le christianisme traditionnel subordonne souvent la qualité de chrétien à l’acceptation de certaines croyances et de certains dogmes. Comme les saints des derniers jours n’acceptent pas certains dogmes extra-scripturaires, en particulier ceux qui portent la marque philosophique d’un enseignement chrétien ultérieur au Nouveau Testament, certains, dans d’autres Églises, estiment que les saints des derniers jours ne peuvent pas être chrétiens. Ils ne sont pas « orthodoxes » dans ce sens. Mais pour les mormons, les croyances correctes (orthodoxie) et les comportements corrects (orthopraxie) sont ceux qui sont conformes à la volonté révélée du Seigneur. Certains des malentendus entre les communautés traditionnelles et les saints des derniers jours relèvent du point de savoir si, pour être chrétien, l’on doit d’abord croire aux dogmes traditionnels pour mener « une vie chrétienne correcte ».
 
Il y a, dans le Livre de Mormon, une définition qui décrit bien le christianisme des saints des derniers jours : « Et nous parlons du Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons le Christ, nous prophétisons concernant le Christ, et nous écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la rémission de leurs péchés » (2 Né. 25:26). Le Christ et son sacrifice expiatoire sont, depuis le commencement, le message de base de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le Christ a été le message central de tous les prophètes et apôtres modernes. Ils savent que les prophètes de l’Ancien Testament ont prévu sa venue, que les apôtres du Nouveau Testament l’ont prêché et ont témoigné de lui, que les prophètes du Livre de Mormon l’ont annoncé, et les Doctrine et Alliances présentent sa parole à notre génération. Jésus-Christ est le Seigneur vivant de l’Église. Hors de lui il n’y a pas de salut.
 
Le président Kimball a déclaré : « Il ne peut y avoir de christianisme réel et vrai, même avec de bonnes œuvres, que si nous sommes profondément, intimement convaincus que Jésus-Christ est véritablement le Fils unique du Père qui nous a achetés dans le grand acte de l’Expiation » (Kimball, p. 68). Il a également exprimé l’espoir que tout le monde finira par se rendre compte que chaque prière, chaque cantique, chaque sermon chez les saints a le Seigneur Jésus-Christ pour élément central. « Nous sommes de vrais disciples de Jésus-Christ et nous espérons que le monde arrivera finalement à la conclusion que, s’il y a des chrétiens dans le monde, c’est bien nous » (Kimball, p. 434).
 
Bibliographie
Gealy, F. D. "Christian." In The Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 1, p. 571-572. Nashville, Tenn., 1962.
Grundmann, Walter. "Chiro." Theological Dictionary of the New Testament, Vol. 9, p. 27-580. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Kimball, Edward L., dir. de publ. The Teachings of Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Watson, Eldon J., comp. Brigham Young Addresses, Vol. 4, p. 5 pour le 14 juillet 1861. Non publié, mars 1980.
ROGER R. KELLER
 
Collège des douze apôtres
Auteur : NELSON, WILLIAM O.
 
Douze hommes ordonnés à l’office d’apôtre dans la Prêtrise de Melchisédek constituent le Collège des douze apôtres, le deuxième collège président dans le gouvernement de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le premier collège président est la Première Présidence, trois grands prêtres qui ont généralement été apôtres, qui détiennent toutes les clefs (autorité) concernant les affaires spirituelles et temporelles de l'Église. Les Douze exercent leurs fonctions sous la direction de la Première Présidence. Les saints des derniers jours soutiennent ces quinze hommes comme prophètes, voyants et révélateurs pour l'Église, qui reçoivent « une dotation spirituelle spéciale en rapport avec l’enseignement qu’ils donnent au peuple…. Les autres Autorités générales ne reçoivent pas cette Dotation et cette autorité spirituelles spéciales couvrant leur enseignement » (J. Reuben Clark, Jr., Church News, 31 juillet 1954, p. 9).
 
Plusieurs titres désignent le groupe des douze apôtres : Collège des Douze, Conseil des Douze ou simplement les Douze. La désignation Collège des Douze est le titre scripturaire et le nom officiel utilisé par la Première Présidence quand elle présente les Douze aux membres de l'Église pour leur vote de soutien. La désignation Conseil des Douze est couramment utilisée dans les publications de l’Église et lorsque l’on communique avec des personnes d'autres cultes religieux.
 
HISTOIRE. Les premiers membres du Collège des Douze dans les temps modernes ont été ordonnés le 14 février 1835. Ce type de collège a ses racines dans le précédent du Nouveau Testament (Mt. 10:1) et dans la révélation moderne (D&A 18:26-39). Après l'expédition du Camp de Sion de 1834, le prophète Joseph Smith convoqua en 1835 ceux qui avaient participé et révéla que « c'était la volonté de Dieu que ceux qui étaient allés en Sion, bien décidés à donner leur vie… fussent ordonnés au ministère » (HC 2:182). Il dit alors aux Trois Témoins du Livre de Mormon (Oliver Cowdery, David Whitmer et Martin Harris) de choisir dans l'esprit de la prière les Douze conformément à une révélation précédente (D&A 18:37). La Présidence imposa ensuite les mains aux Trois Témoins, leur donnant le pouvoir de faire le choix (HC 2:186-87). Furent choisis : Thomas B. Marsh, David W. Patten, Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Hyde, William E. McLellin, Parley P. Pratt, Luke S. Johnson, William B. Smith, Orson Pratt, John F. Boynton et Lyman E. Johnson. Ces douze hommes furent ensuite ordonnés apôtres par les Trois Témoins et reçurent les clefs relatives à leur saint appel. La Première Présidence leur fit aussi l’imposition des mains et confirma ces bénédictions et ces ordinations (T&S 2, 15 avr. 1845, p. 868). Oliver Cowdery donna ensuite aux Douze la mission de « prêcher l'Évangile à toutes les nations » (HC 2:195).
 
Un mois plus tard, les Douze, qui se préparaient à prêcher, demandèrent encore d'autres instructions divines. La réponse fut une révélation qui définissait leurs fonctions et celles du collège récemment formé des soixante-dix (voir D&A 107:21-39). Les fonctions premières du Collège des Douze sont d'être « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » « officie[r] au nom du Seigneur, sous la direction de la présidence de l'Église » « pour édifier l'Église et en régler toutes les affaires » et « ouvrir la porte [de toutes les nations] par la proclamation de l'Évangile de Jésus-Christ » (D&A 107:23, 33, 35 ; cf. 112:16-21 ; 124:128).
 
Joseph Smith chargea les membres du Collège des Douze de gérer les branches dispersées de l'Église. Plus tard, il les envoya en mission de prosélytisme dans des pays étrangers. En 1840-1841, neuf des Douze firent une mission spéciale dans les îles Britanniques. Quand ils quittèrent la Grande-Bretagne après douze mois, plus de quatre mille personnes étaient devenues membres de l’Église. Ces neuf frères jetèrent aussi les bases d’un programme continu d’émigration des saints britanniques convertis vers l’Amérique (voir Îles Britanniques, l'Église dans les ; Mission des Douze dans les îles Britanniques.)
 
Le succès missionnaire en Grande-Bretagne unit les membres des Douze en un collège soudé sous la direction du président du collège, Brigham Young, nommé le 19 janvier 1841. Quand ils retournèrent au siège de l’Église à Nauvoo (Illinois), Joseph Smith étendit leurs devoirs à la gestion des affaires du pieu là-bas.
 
Vers la fin mars 1844, Joseph Smith conféra au Collège des Douze toutes les ordonnances, clefs et autorité qu'il possédait. Décrivant cet événement, Wilford Woodruff dit que Joseph Smith « a vécu jusqu'à ce que chaque clef, pouvoir et principe de la sainte prêtrise aient été scellés sur les Douze et sur le président Young en tant que leur président. » Il cite ensuite l'explication et l'injonction du prophète aux Douze : « J'ai vécu jusqu'à ce que j'aie vu ce fardeau, qui reposait sur mes épaules, passer sur celles d'autres hommes… les clefs du royaume sont plantées sur la terre pour ne plus jamais être enlevées… À vous d’arrondir les épaules pour emporter le royaume. Peu importe ce qu’il advient de moi » (JD 13:164).
 
Après que des émeutiers eurent assassiné Joseph Smith, le 27 juin 1844, et que la Première Présidence eut été dissoute, l'Église affronta pour la première fois la question de la succession à la présidence. La confusion qui en résulta fut résolue quand le Collège des Douze, second collège président, s’avança et fut soutenu pour succéder à la Première Présidence. De juin 1844 à décembre 1847, les Douze gouvernèrent l'Église sous la direction de leur président, Brigham Young. En leur qualité de collège président, ils publièrent, en 1845, une proclamation aux rois du monde et au président des États-Unis d'Amérique (voir Proclamations de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres). Le président Young fut soutenu, le 5 décembre 1847, comme président de l'Église par les Douze et par les saints réunis en conférence le 27 décembre 1847.
 
Cette transition dans la direction de l’Église a créé le précédent et l’ordre qui ont été suivis lors de toutes les réorganisations ultérieures de la Première Présidence. À la mort d'un président de l’Église, la Première Présidence est dissoute et le Collège des Douze devient le conseil président de l'Église. Le président des Douze, qui est le doyen des apôtres sur la terre, devient l’officier président de l'Église et le reste jusqu'à ce qu'une nouvelle Première Présidence soit organisée.
 
Un événement d’une grande importance pour les Douze se produisit à la fin du mandat du président Lorenzo Snow en 1901. Pendant plus de cinq décennies jusque là, les Douze avaient passé moins de temps à porter l'Évangile aux autres nations à cause de la nécessité de présider les saints au pays. En outre, les poursuites engagées par le gouvernement des États-Unis contre les polygames avaient contraint certains d'entre eux à l'exil. Peu avant la conférence générale d'octobre 1901, le président Snow rappela aux Douze que les Écritures leur imposaient le devoir de prêcher l'Évangile au monde entier ; il ne suffisait pas de présider les pieux (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 689-690.)
 
À la session finale de cette conférence, le président Snow définit les devoirs des apôtres, des soixante-dix, des grands prêtres et des anciens. Les Douze devaient « s'occuper des intérêts du monde » (CR oct. 1901, p. 61). Le président Snow décéda quatre jours après la conférence, mais les Douze avaient reconnu l'importance de ses instructions. Joseph F. Smith, président du Collège, écrivit : « Nous acceptons ce que [le président Snow a dit] sur les devoirs des Douze… comme étant la parole que le Seigneur nous adresse à tous » (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 690). En conséquence, les Douze renouvelèrent leur effort missionnaire international. Depuis cette époque, sur directive de la Première Présidence, les Douze ont consacré beaucoup de pays à la prédication de l'Évangile et continuent à superviser l'œuvre missionnaire dans toute l'Église.
 
NOMINATION. Un membre de Collège des Douze est choisi par la Première Présidence, qui peut envisager plusieurs candidats. La présidence choisit alors une personne par révélation et l'appelle au poste. Ceci implique essentiellement les mêmes principes que le choix de Matthias pour remplir la vacance laissée par la mort de Judas Iscariot (Ac. 1:15-26).
 
Quand une nouvelle nomination au Collège doit être annoncée (habituellement à une conférence générale), un membre de la Première Présidence présente les noms des Autorités générales, dont le nouvel apôtre, et des autres dirigeants généraux de l'Église qui doivent être soutenus par les membres de l’Église. Le soutien respecte le principe du consentement commun (D&A 26:2).

Après que les membres de l'Église ont soutenu la personne nouvellement appelée, la Première Présidence et le Collège des Douze l'ordonnent à l’office d'apôtre et lui donnent toutes les clefs du saint apostolat. Ce sont les mêmes clefs que Jésus-Christ a conférées aux Douze qu’il a appelés à l’époque du Nouveau Testament et également les mêmes clefs remises par Pierre, Jacques et Jean à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans notre dispensation. Les clefs données au nouvel apôtre comprennent l'autorité de prêcher l'Évangile dans le monde entier et de sceller sur terre des ordonnances qui seront scellées éternellement (Mt. 16:19 ; 28:19-20 ; Jn. 20:22-23).
 
Les appels au Collège des Douze sont à vie. La date à laquelle une personne devient membre du collège (habituellement celle de son soutien en tant qu'apôtre) situe son ancienneté dans le Collège. Celle-ci détermine qui sera le prochain président de l'Église, car cet office passe au doyen des apôtres. Cet ordre divinement révélé désigne l'apôtre le plus expérimenté comme futur président et empêche toute lutte pour le pouvoir ou le poste (voir Succession à la présidence).
 
DEVOIRS. Conformément aux révélations antérieures, les Douze d’aujourd'hui sont chargés d’ouvrir les nations du monde à la prédication de l'Évangile (D&A 107:35). Par désignation de la Première Présidence, les membres des Douze rencontrent les chefs d'État pour obtenir la permission officielle pour que l'Église enseigne l'Évangile conformément aux lois de ces pays.
 
Quand ils agissent sous la direction de la Première Présidence, les Douze ont l'autorité pour recevoir la révélation pour leurs tâches, qui comprennent la supervision des soixante-dix, celle des pieux et la formation des dirigeants (D&A 107:33). Toutefois, seul le président de l'Église a le droit et l'autorité de recevoir la révélation pour toute l'Église (D&A 28:2-3).
 
Les membres des Douze font partie de comités créés par la Première Présidence et d’autres au sein du Collège. Les tâches au sein des comités font l’objet d’une rotation périodique.

Le Collège des Douze dirige le travail des soixante-dix. Les Douze doivent « faire appel, avant tous autres, aux Soixante-dix, lorsqu'il[s ont] besoin d'aide » (D&A 107:38). Les présidents des collèges des soixante-dix font rapport aux Douze.
 
Les Douze se réunissent dans le temple de Salt Lake City, habituellement chaque semaine, pour traiter toutes les affaires qui réclament une décision du Collège. Une fois ces décisions prises, celui-ci les défère normalement à ses réunions avec la Première Présidence. Ces deux corps constituent ensemble le Conseil de la Première Présidence et des douze apôtres. Ce conseil prend les décisions finales sur tous les sujets qui affectent l'Église, notamment les nouveaux appels de dirigeants de l’Église, la fixation des règles, des marches à suivre et des programmes, la création, la division et la réorganisation des missions et des pieux. Les collèges de la prêtrise de l’Église s’efforcent de parvenir à l'unanimité dans leurs décisions, comme le demande la révélation (D&A 107:27). Le Collège des Douze ne prend aucune mesure tant qu’un consensus n’est pas atteint. Le président des Douze reporte habituellement le sujet pour un nouvel examen. L'unanimité dans les collèges présidents de l'Église donne aux membres l’assurance que « la voix unie de la Première Présidence et des Douze » « n’égarera jamais les saints ni n’enverra au monde des instructions contraires à la volonté du Seigneur » (Joseph Fielding Smith, Ensign 2, juillet 1972, p. 88).
 
La Première Présidence charge les membres des Douze et les autres Autorités générales de parler aux conférences générales semestrielles de l'Église, mais ne leur impose normalement pas de sujet. Les membres de la Première Présidence et les Douze parlent à chaque conférence générale ; les autres Autorités générales parlent périodiquement quand elles sont désignées. Les membres de l'Église considèrent les messages de la Première Présidence et des Douze comme inspirés (D&A 68:4).
 
Chaque pieu a des conférences semestrielles de pieu. Une Autorité générale préside habituellement l’une de ces conférences par an sur désignation par le président du Collège des Douze. À cause du nombre considérable et croissant des pieux, les membres des Douze ne sont généralement désignés pour assister aux conférences de pieu que pour organiser de nouveaux pieux, pour diviser les pieux existants ou pour réorganiser des présidences de pieu.
 
Le président du Collège charge aussi les membres du Collège d’assister aux conférences là où plusieurs pieux se réunissent ensemble. Ces conférences multirégionales donnent aux membres de l’Église l’occasion de voir et entendre plus souvent les membres de la Première Présidence et des Douze.
 
Les membres des Douze sont les « témoins spéciaux » du nom de Jésus-Christ dans le monde entier ; ils possèdent la connaissance, par révélation, de la résurrection littérale du Christ et celle qu'il dirige les affaires de son Église aujourd'hui. Cette conviction commune unit les Douze dans un lien d'unité et d'amour.
 
Bibliographie
Allen, James B., et Malcolm R. Thorp. « The Mission of the Twelve to England, 1840-41: Mormon Apostles and the Working Classes. » BYU Studies 15, été 1975, p. 499-526.
Esplin, Ronald K., « The Emergence of Brigham Young and the Twelve to Mormon Leadership, 1830-1841 », p. 427-512. Thèse de Doctorat, université Brigham Young, 1981.
Larsen, Dean L. « Apostle and Prophet : Divine Priesthood Callings. » Priesthood, p. 38-47. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R. “Succession in Presidency.” Church News, 23 mars 1974, p. 7-9.
Smith, Joseph Fielding. “The Holy Apostleship.” DS, vol. 3, p. 144-159.
Id. “The Twelve Apostles.” IE 59, nov. 1956, p. 786-788.
Id. “The First Presidency and the Council of the Twelve.” IE 69, nov. 1966, p. 977-979.
Talbot, Wilburn D. “The Duties and Responsibilities of the Apostles of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1835-1945.” Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1978.
WILLIAM O. NELSON
 
Commandements
Auteur : COONS, DIX S.
 
Les saints des derniers jours croient que les commandements sont des directives divines pour une vie juste, qu’ils apportent le bonheur et des bénédictions spirituelles et temporelles et qu’ils font partie de la manière de Dieu de racheter ses enfants et de les doter de la vie éternelle. Par conséquent, les commandements constituent non seulement une épreuve de la foi, de l’obéissance et de l’amour pour Dieu et pour Jésus-Christ mais également une occasion d’éprouver l’amour de Dieu et de la joie dans cette vie et dans la vie à venir. Les commandements sont donnés par révélation directement de la part de la Divinité ou par ses prophètes. Les comptes rendus de ces révélations se trouvent dans les Écritures, qui comprennent la Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances, et la Perle de grand prix.
 
Le 6 avril 1830, lors de l’organisation de l’Église, Joseph Smith fut désigné comme voyant, traducteur, prophète, apôtre et ancien. À cette occasion, le Seigneur dit à l’Église : « Vous prêterez l’oreille à toutes ses paroles [de Joseph Smith] et à tous les commandements qu’il vous donnera à mesure qu’il les reçoit, marchant en toute sainteté devant moi. Car vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue, comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A 21:4-5 ; cf. D&A 1:37-38 ; 5:10 ; 68:34). Sur la base de ces instructions, les membres de l’Église acceptent les instructions justes de ceux qui sont autorisés par Dieu comme des commandements faisant force de loi sur l’Église et sur les personnes.
 
En 1831, le Seigneur redit à l’Église le « premier et grand » commandement (cf. Mt. 22:37-38) : « C’est pourquoi, je leur donne un commandement qui dit ceci : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton pouvoir, de tout ton esprit et de toute ta force ; et tu le serviras au nom de Jésus-Christ » (D&A 59:5). Cette répétition fut suivie des injonctions divines précédemment données de ne pas voler, ne pas commettre d’adultère ni de tuer (D&A 59:6).
 
Dans les Doctrine et Alliances, la section 42, que le Seigneur appelle la « loi de l’Église » (D&A 42:2, 59), les versets 19-27 réaffirment beaucoup d’instructions qui se trouvent dans les dix commandements. Ces commandements de base ont été réitérés lors de dispensations ou ères successives, essentiellement sous la même forme (Ex. 20:3-17 ; De. 5:6-21 ; Mos. 12:34-36 ; D&A 42:19-27 ; cf. Mt. 5:17-48).
 
À l’époque de l’Ancien Testament, comme l’accent était mis sur l’interdiction de certains actes extérieurs, on insistait apparemment davantage sur les conséquences de la désobéissance que sur la rédemption spirituelle et physique par l’obéissance (voir Loi de Moïse). Le Nouveau Testament et le Livre de Mormon mettent au contraire l’accent sur le processus purificateur de l’obéissance. Le Christ a bien dit que les commandements devaient concerner non seulement les actes des hommes et des femmes mais également leurs pensées et leurs mobiles. Dans le sermon sur la montagne, il oppose l’ancienne loi et la nouvelle. Par exemple, il définit le fait de regarder une femme avec convoitise dans le cœur comme un type d’adultère (Mt. 5:28). Se mettre en colère contre son prochain, c’est se mettre en danger du jugement (Mt. 5:21-22). Plutôt que de chercher vengeance et l’ « oeil pour oeil », les disciples de Jésus doivent tendre l’autre joue et faire le deuxième mille (Mt. 5:38-42). Pour résumer la nouvelle loi, le Christ dit : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent… Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Mt. 5:43-44, 48 ; cf. 3 Né. 12:43-48).
 
Aux auditeurs du continent américain qui avaient survécu à la destruction de 34 apr. J.-C., le Christ ressuscité a expliqué le rapport entre la loi et l’Évangile : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le dis en vérité, pas un seul iota, pas un seul trait de lettre n’est passé de la loi, mais en moi elle a été toute accomplie. Et voici, je vous ai donné la loi et les commandements de mon Père, afin que vous croyiez en moi, et que vous vous repentiez de vos péchés et veniez à moi, le cœur brisé et l’esprit contrit. Voici, vous avez les commandements devant vous, et la loi est accomplie » (3 Né. 12:17-19). La nouvelle loi du Christ exige clairement que ce ne soient pas seulement les actes extérieurs mais également les pensées et les sentiments intérieurs qui se conforment à l’esprit de la loi (cf. Al. 12:12-14 ; D&A 88:109).
 
Dans l’Église d’aujourd’hui, le Seigneur a souligné que parmi ses commandements il y a la responsabilité de l’individu de se gérer personnellement : « Car voici, il n’est pas convenable que je commande en tout, car celui qu’il faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans sagesse ; c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense. En vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir d’agir par eux-mêmes » (D&A 58:26-28). Quand la « loi de l’Église » fut donnée en 1831 (D&A 42), cette responsabilité individuelle fut également soulignée : « Tu aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t’attacheras à elle et à personne d’autre » (42:22), et « Tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » (42:27). Plus tard, le Seigneur dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tu ne déroberas pas et tu ne commettras pas d’adultère, ni ne tueras, ni ne feras rien de semblable » (D&A 59:6). Il est évident que Dieu exige que l’on soit conscient de son libre arbitre et accorde effectivement à chacun le pouvoir de se diriger. Quand on vit en accord avec les commandements et que l’on devient de ce fait plus sensible aux chuchotements du Saint-Esprit, les observances extérieures deviennent moins importantes et l’on accorde plutôt son attention à la perfection des pensées et des mobiles.
 
C’est ainsi que les saints des derniers jours trouvent l’épanouissement et le bonheur dans l’obéissance non seulement à des commandements spécifiques tels que la Parole de Sagesse (D&A 89) et la loi de la dîme (D&A 119) mais également aux recommandations que les dirigeants inspirés font lors des conférences de l’Église et dans les sources écrites approuvées telles que les publications officielles de l’Église.
 
Bibliographie
Richards, Stephen L. "Keep the Commandments." IE 52, mai 1949, p. 273, 345-348.
Sill, Sterling W. "Keep the Commandments." Ensign 3, janv. 1973, p. 82-83.
DIX S. COONS

Confirmation
Auteur : Craven, Rulon G.

La confirmation dans l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est une ordonnance sacrée essentielle au salut. Cette ordonnance suit le baptême par immersion pour la rémission des péchés et n'est efficace que par la foi au Seigneur Jésus-Christ et le repentir. Elle est conférée par l’imposition des mains par des hommes ayant l'autorité, dont l'un accomplit l'ordonnance et bénit le candidat. C’est de cette façon qu’on devient membre de l'Église et que l’on reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2:37-38;19:1-7). Le baptême et la confirmation sont pour les personnes qui ont au moins huit ans, l'âge de responsabilité (D&A 68:25-27).

La pratique de l'ordonnance de la confirmation est attestée dans les Écritures à l'époque du Nouveau Testament. Lorsqu’ils allèrent à Samarie et y trouvèrent des disciples qui avaient reçu le baptême d’eau de Jean, Pierre et Jean « leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit » (Actes 8:17; voir aussi les versets 14-22).

La confirmation ne peut être faite que par ceux qui détiennent la Prêtrise de Melchisédek. Le Livre de Mormon rapporte que Jésus « toucha, un par un, de la main les disciples qu'il avait choisis, jusqu'à ce qu'il les eût touchés tous, et leur parla tandis qu’il les touchait. [Ainsi] il leur donna le pouvoir de donner le Saint-Esprit » (3 Né 18:36-37 ; Mro. 2:1-3). Les Doctrine et Alliances spécifient : « Quiconque aura la foi, vous le confirmerez dans mon Église par l'imposition des mains, et je lui conférerai le don du Saint-Esprit » (D&A 33:15).

L'ordonnance de la confirmation est habituellement accomplie lors du service de baptême ou lors d’un service de Sainte-Cène. Un ou plusieurs détenteurs de la Prêtrise de Melchisédek posent les mains sur la tête du nouveau baptisé et le porte-parole, appelant la personne par son nom, dit quelque chose comme : « Au nom de Jésus-Christ et par l'autorité de la sainte Prêtrise de Melchisédek, je vous confirme membre de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et je vous dis : ‘Recevez le Saint-Esprit.’ » Il donne ensuite les bénédictions que lui inspire l’Esprit du Seigneur, invoquant les conseils divins, prononçant des paroles de réconfort, des exhortations, des instructions ou des promesses. Il est souvent rappelé aux initiés que, grâce à ce don, ils discerneront le bien du mal et que l'Esprit les éclairera en chemin.

La réception du don du Saint-Esprit peut ou peut ne pas être manifeste immédiatement, bien que le droit de recevoir ce don soit conféré à la confirmation. L'exhortation à recevoir le Saint-Esprit implique qu’il faut vivre de manière à être réceptif aux lumières de l'Esprit. Joseph Smith a enseigné : « Nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des révélations. Le Saint-Esprit est un révélateur » (EPJS, p. 265). On est de même exhorté à rechercher avec ferveur les dons spirituels (1 Co. 12:1-11, 31; D&A 46:9-26) et « les fruits de l'Esprit », notamment l'amour, la joie, la paix et la patience (Ga. 5 ; Mro. 7:45-48).

Les Écritures appellent parfois l'influence sanctifiante du Saint-Esprit le « baptême de feu » (Mt 3:11; 3 Né 19:13; Mrm. 7:10). La confirmation commence ce processus. Il est considéré comme une recherche qui dure toute une vie, recherche officiellement renouvelée chaque sabbat quand on prend la Sainte-Cène, dont les prières se terminent en demandant que ceux qui ont pris sur eux le nom de Jésus-Christ « aient toujours son Esprit avec eux » (Mro. 4:3).

Une fois qu’une personne a été confirmée membre de l'Église et a reçu le don du Saint-Esprit, elle peut conserver ce don en restant digne, en apportant les correctifs nécessaires, dans un processus constant de repentir et de fidélité.

RULON G. CRAVEN

 
Consécration
 
[Les deux articles suivants traitent de la notion mormone de consécration. Consécration : Loi de Consécration, donne un aperçu de l’origine et de la pratique des principes de la consécration chez les saints des derniers jours. L’article Consécration : Consécration en Ohio et au Missouri, traite spécialement des efforts des saints pour vivre ces principes et de l’impact économique qui en est résulté pour les communautés de saints qui ont été florissantes dans ces États entre 1832 et 1846.]
 
Consécration : Loi de consécration
Auteur : HIRSCHI, FRANK W.
 
La loi de consécration a été introduite par des révélations données au prophète Joseph Smith. Dès 1829, il recevait du Seigneur le commandement : « Cherchez à promouvoir et à établir la cause de Sion » (D&A 6:6 ; 11:6 ; 12:6 ; 14:6). Dans l’Antiquité, la Sion d’Hénoc était constituée d’un peuple qui « était d’un seul cœur et d’un seul esprit, et [qui] demeurait dans la justice ; et il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moï. 7:18). Ces qualités ont caractérisé le peuple du Seigneur qui a accepté et appliqué la plénitude de l’Évangile dans sa vie, comme le peuple de la ville d’Hénoc (Moï. 7:17-18) et l’âge d’or des Néphites (4 Né. 1:2-3, 15-17) et certains des premiers chrétiens (Ac. 4:32-37). Les saints des derniers jours ont également reçu la loi de consécration comme idéal et promesse d’avenir (D&A 42:32-39).
 
Le niveau de la consécration requis pour vivre la loi de consécration a de nombreux échos dans le monde antique. La Bible rapporte des actes de consécration expressément liés à l’institution d’alliances avec Dieu (par exemple, Ge. 9:8-17 ; No. 6). Le fait qu’Abraham était disposé à sacrifier Isaac signifie qu’il était totalement dévoué aux ordres de Dieu (Ge. 22:1-18). L’Exode et le Lévitique mentionnent également divers actes sacrificatoires impliquant la consécration à Dieu, principalement de la part d’Aaron et de ses fils (cf. Ex. 40:12-16 ; Lé. 1-7). Le Nouveau Testament rapporte que les premiers chrétiens étaient invités à donner la priorité au royaume de Dieu et à avoir « tout en commun » (Ac. 2, 4, 5).
 
Après que Jésus ressuscité eut fondé son Église en Amérique vers 34 apr. J.-C., le peuple du Livre de Mormon observa la pratique de la consécration pendant presque 200 ans. « Le peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la surface du pays, tant les Néphites que les Lamanites, et il n’y avait pas de querelles ni de controverses parmi eux, et tous les hommes pratiquaient la justice les uns envers les autres. Et ils avaient tout en commun ; c’est pourquoi il n’y avait ni riches ni pauvres, ni esclaves ni hommes libres, mais ils étaient tous affranchis et participants du don céleste » (4 Né. 1:2-3).
 
Le 2 janvier 1831, le Seigneur révéla au prophète Joseph Smith à Fayette, New York, qu’autrefois il avait pris à lui la Sion d’Hénoc et lui commanda ensuite d’aller en Ohio recevoir la loi (D&A 38:4, 32 ; cf. Moï. 7:21). Quand Joseph Smith arriva à Kirtland en février, il trouva les saints organisés en une société communale appelée « la Famille ». Il les persuada d’abandonner cette pratique pour « la loi plus parfaite du Seigneur ». Le 9 février, tandis qu’il se trouvait en la présence de douze anciens, il reçut la révélation qui contenait « la loi de l’Église » (HC 1:146-148 ; D&A 42). Cette révélation introduisait les lois du gouvernement de l’Église et de la conduite morale pour les membres et énonçait les principes de base de la consécration (D&A 42:32-39).
 
Les principes clefs donnés dans les révélations sont conformes à ceux qui sont requis pour la vie céleste : tout appartient à Dieu et son peuple en est l’intendant (D&A 38:17 ; 104:11-14) ; les hommes doivent estimer les autres comme eux-mêmes (D&A 38:24-27 ; 51:3, 9 ; 70:14 ; 78:6 ; 82:17) ; l’humanité doit conserver le libre arbitre (D&A 104:17) ; les hommes et les femmes sont rendus égaux selon leurs besoins et la situation de leur famille (D&A 51:3) et il doit y avoir responsabilité (D&A 72:3 ; 104:13-18). Bien que la mise en application de la loi de consécration des biens révélée au début des années 1830 ait été temporairement suspendue (cf. HC 4:93), les principes eux-mêmes n’ont pas été abandonnés.

LES ALLIANCES DE LA CONSÉCRATION AUJOURD’HUI. Le Seigneur a révélé plusieurs buts de la loi de consécration : amener l’Église à être indépendante de toutes les autres institutions (D&A 78:14) ; fortifier Sion, l’ornant de beaux vêtements, comme une jeune mariée préparée et digne de l’époux (D&A 33:17 ; 58:11 ; 65:3 ; 82:14, 18 ; etc.) ; et préparer les saints pour qu’ils aient une place dans le royaume céleste (D&A 78:7).
 
À ce sujet, John Taylor a dit que la consécration est une loi céleste et que lorsqu’ils la respectent, ceux qui y adhèrent deviennent le peuple céleste (JD 17:177-181). Ainsi, les hommes et les femmes d’aujourd’hui peuvent devenir comme ceux du temps d’Hénoc, « d’un seul cœur et d’un seul esprit » sans pauvres parmi eux » (Moï. 7:18). Orson Pratt, l’un des premiers apôtres, a observé que si le peuple du Seigneur aspire au royaume céleste, il doit commencer à apprendre l’ordre de vie qui y existe (JD 2:102-103).
 
APPLICATION DE LA LOI DE CONSÉCRATION. La loi de consécration exige que l’on consacre tout son temps, tous ses talents et tous ses biens à l’Église et à ses objectifs (D&A 82:19 ; 64:34 ; 88:67-68 ; 98:12-14). John A. Widtsoe, un apôtre, a fait remarquer que son fonctionnement était tout simple. Ceux qui entraient dans un tel ordre devaient mettre tous leurs biens dans un trésor commun, les riches leur richesse, les pauvres leurs maigres revenus. Ensuite, chaque membre devait recevoir une part suffisante, appelée « héritage », du trésor commun pour permettre à cette personne de continuer dans l’artisanat, les affaires ou la profession libérale comme elle le désirait. Le fermier recevait la terre et l’équipement ; l’artisan, les outils et les matériaux ; le négociant, le capital nécessaire ; la personne exerçant une profession libérale, les instruments, les livres et autres. Les membres travaillant pour d’autres devaient recevoir des intérêts proportionnels dans les entreprises qu’ils servaient. Personne ne serait sans propriété. Tous auraient un héritage (Widtsoe, p. 302-303).
 
L’héritage d’une personne devait se composer de biens personnels qu’elle devait gérer de manière permanente et à son gré à son profit et à celui de la famille. Si la personne se retirait de l’ordre, elle pourrait emporter son héritage, mais elle n’aurait aucun droit sur les donations ou les biens excédentaires déposés au commencement dans le trésor commun (D&A 51:3-6). Au bout d’un an ou d’une période déterminée, le membre qui avait gagné plus que nécessaire pour sa famille devait confier volontairement l’excédent au trésor commun. Les bénéfices substantiels devaient être administrés par le groupe plutôt que par une seule personne. Les hommes et les femmes qui, en dépit de leur diligence, avaient des pertes de fonctionnement se verraient compenser leurs pertes par le trésor général pour pouvoir recommencer ou pourraient – avec leur accord – être placés dans une activité convenant mieux à leurs dons. En bref, le trésor général devait installer chaque personne dans son domaine préféré et s’occuper de ceux qui n’arrivaient pas à tirer profit de leur héritage. Le trésor général, détenant les excédents des membres, devait également financer les travaux publics et permettre toutes les entreprises de la communauté décidées par le groupe (D&A 104:60-77).
 
J. Reuben Clark, Jr., conseiller dans la Première Présidence, a expliqué que la loi de consécration, telle qu’elle fut pratiquée, n’était pas une vie entièrement communale. Il n’y avait pas de table commune. Chaque famille vivait de son côté. Les biens qui n’étaient pas rendus au donateur par le consentement mutuel du donateur et de l’évêque devenaient propriété de l’Église et étaient mis dans le magasin de l’évêque. Chaque membre de l’Église avait un accès égal au contenu du magasin selon les besoins et la situation personnels et les besoins de la famille (Clark, p. 3).
 
EFFORTS POUR VIVRE LA LOI DE CONSÉCRATION. Un premier effort pour vivre la loi de consécration fut tenté en mai 1831 à Thompson (Ohio) par les membres de la branche de Colesville venue de New York et installée là. Il y eut des complications quand un des participants reprit son terrain et que certains des membres partirent pour le Missouri pour aider à la création du lieu central de Sion avant que la pratique ne puisse s’enraciner (Stewart, p. 125). Les efforts persistants pour apporter les améliorations nécessaires à l’application de la loi en Ohio finirent par échouer. On fit en même temps une tentative semblable pour instaurer la loi de consécration et d’intendance au Missouri, mais l’intolérance et les querelles entre certains des saints ainsi que l’absence de surplus à consacrer la firent échouer (voir Consécration en Ohio et au Missouri ci-dessous).
 
Après ces échecs du début, le Seigneur adapta les exigences de la loi de consécration aux capacités des saints et révéla la loi de la dîme comme pratique à suivre (HC 3:44 ; D&A 119). Bien qu’elle n’exige pas de tout donner au Seigneur, la dîme enseigne les éléments fondamentaux sur lesquels repose le caractère d’un peuple de Sion : maîtrise de soi, générosité, amour de ses semblables, amour pour Dieu et désir d’établir le royaume de Dieu. En donnant la dîme pendant plus d’un siècle, les saints prouvèrent leur capacité de vivre ce commandement et cela les prépara à accepter aussi le programme d’entraide présenté en 1936 par Heber J. Grant, président de l’Église (CR, oct. 1936, p. 3). Cinq ans après, J. Reuben Clark, Jr., observa que les pratiques de la dîme, des dons de jeûne et de l’entraide de l’Église avaient rapproché davantage les membres des principes originaux de l’ordre uni et de la loi de consécration (CR, oct. 1942, p. 57).
 
Pour ce qui concerne le futur, Sion ne peut être rachetée que par l’obéissance à la loi de consécration. Le moment venu, les dirigeants du Seigneur mettront en application le programme. On ignore quel procédé sera révélé, mais les saints des derniers jours prévoient que tous les participants finiront par adopter les principes de l’intendance, de l’égalité, du libre arbitre et de la responsabilité et que les buts recherchés dès le départ seront atteints (D&A 78:7, 14 ; 82:14).
 
Bibliographie
Clark, J. Reuben, Jr. "Testimony of Divine Origin of Welfare Plan." Deseret News, Church Section, 8 août 1951, p. 3.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Provo, Utah, 1985.
Nelson, William O. "To Prepare a People." Ensign 9, janv. 1979, p. 18-23.
Stewart, George, et al. Priesthood and Church Welfare. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1943.
FRANK W. HIRSCHI
 
Consécration : Consécration en Ohio et au Missouri
Auteur : ANDERSON, KARL RICKS
 
Les principes de la consécration furent mis en application sous diverses formes dans les années 1830 en Ohio et au Missouri pour pourvoir aux besoins des pauvres et d’une Église financièrement en difficulté (voir Kirtland, Ohio ; Kirtland, économie). Beaucoup parmi les saints des derniers jours émigrant en Ohio et au Missouri n’avaient pas les moyens de s’entretenir et l’Église avait peu de ressources pour construire des bâtiments tels que le temple ou pour financer des publications. Les diverses mises en application de la loi de consécration permirent de répondre à ces besoins pratiques ainsi que d’enseigner aux participants à vivre une loi céleste.
 
La loi de consécration ne fut jamais pratiquée complètement en Ohio, mais fut mise en application sous plusieurs formes entre 1831 et 1839 au Missouri. Sous sa forme de 1831, la loi de consécration exigeait de tous les participants ou « intendants » qu’ils consacrent ou transfèrent leurs possessions au magasin de l’Église. L’évêque rendait alors à chaque personne ou famille une « intendance » en terres, en argent et en autres biens selon ses justes besoins. Les bénéfices excédentaires produits par ces intendances étaient versés au magasin pour aider les pauvres et pour servir à d’autres fins générales. Pour administrer le système, des évêques et des magasins distincts furent installés dans les deux centres de l’Église : Kirtland et Missouri.
 
En 1833, la pratique de la consécration fut modifiée pour intégrer la possession privée des intendances et en 1838, le principe de la dîme introduisit un autre changement. La loi de la dîme exigeait des saints qu’ils donnent « tout le surplus de leurs biens » à l’évêque et, par la suite, « annuellement un dixième de tous leurs revenus » (D&A 119:1, 4).
 
La mise en application de la consécration fut difficile pour les premiers saints des derniers jours et ne se produisit que par intermittence. Les saints appauvris du Missouri furent chassés et persécutés par les émeutiers et perdirent à plusieurs reprises leurs biens, leurs terres et leur récoltes. Les biens de l’Église furent souvent pris ou détruits (voir Conflit au Missouri). Dans de telles circonstances, la plupart des membres avaient besoin de plus pour leur intendance que ce qu’ils pouvaient contribuer au fonds commun des ressources. D’autres étaient réticents à donner leur excédent et certains qui avaient quitté l’Église eurent recours à des moyens juridiques pour récupérer les biens consacrés. Face à de tels obstacles, les efforts sincères de certains saints fidèles pour mettre la loi en application sont d’autant plus remarquables.
 
La Firme Unie, plus généralement connue sous le nom d’Ordre Uni, une entreprise basée sur les principes de la consécration, fut une deuxième application, plus limitée, de la consécration, qui fonctionna à Kirtland, avec une branche au Missouri, de mars 1832 à avril 1834. Une douzaine d’hommes consacrèrent leurs possessions et reçurent des intendances dans cette entreprise. Les excédents devaient aller au magasin pour imprimer les révélations et pour répondre aux autres besoins de l’Église. La firme fut dissoute quand les remboursements de prêts ne purent être effectués.

La Firme Littéraire, une troisième application des principes de la consécration, dura plus longtemps que les deux autres. Créée en novembre 1831 pour imprimer les révélations et d’autres publications pour l’Église, elle fonctionna sous plusieurs formes jusqu’en août 1837. Après les émeutes de 1833 au Missouri, les travaux d’impression furent transférés d’Independence à Kirtland. Il y eut jusqu’à huit hommes qui furent désignés comme intendants des révélations et qui consacrèrent leurs efforts à réaliser la publication. Bien que constamment assaillie par des problèmes, la société publia les Doctrine et Alliances (1ère éd.), le Livre de Mormon (2ème éd.) et d’autres livres et périodiques de l’Église.
 
Bibliographie
Arrington, Leonard J., Feramorz Y. Fox, et Dean L. May. Building the City of God : Community and Cooperation Among the mormons. Salt Lake City, 1976.
Cook, Lyndon W. Joseph Smith and the Law of Consecration. Salt Lake City, 1985.
KARL RICKS ANDERSON
 
Conseil dans les cieux
Auteur : LUND, JOHN L.
 
L’expression Conseil dans les cieux ou Grand Conseil dans les cieux désigne une réunion de Dieu le Père avec ses fils et ses filles d’esprit pour discuter des modalités et des conditions selon lesquelles ces esprits pourraient venir sur la terre en tant qu’êtres physiques. Elle n’apparaît pas dans les Écritures, mais est utilisée par le prophète Joseph Smith à propos de ces activités prémortelles auxquelles il est fait allusion dans plusieurs Écritures (Job 38:4-7 ; Jé. 1:5 ; Ap. 12:3-7 ; Al. 13:3-9 ; D&A 29:36-38 ; 76:25-29 ; Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:23-28 ; cf. EPJS, p. 281, 289, 296 ; T&S 4, 1er févr. 1843, p. 82).
 
L’un des buts du conseil dans les cieux était de donner aux esprits l’occasion d’accepter ou de rejeter le plan de salut du Père, qui proposait la création d’une terre où ses enfants d’esprit pourraient demeurer, chacun dans un corps physique. Cette vie servirait de mise à l’épreuve « pour voir s’ils [feraient] tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commander[ait] » (Abr. 3:25). Les esprits de toute l’humanité étaient libres d’accepter ou de rejeter le plan du Père mais ils étaient également responsables de leur choix. La Création, la Chute, la condition mortelle, l’Expiation, la Résurrection et le jugement final furent envisagés et expliqués au Conseil (EPJS, p. 177, 281-282 ; MD, p. 163-164 ; voir aussi Premier état). Le plan prévoyait les erreurs dues au manque d’expérience et au péché et prévoyait des remèdes. Beaucoup d’esprits furent préordonnés à des rôles et à des missions spécifiques pendant leur expérience terrestre, en fonction de leur bonne volonté et de leur fidélité dans la sphère prémortelle et leur promesse de rester fidèles sur la terre. Le prophète Joseph Smith explique : « Quiconque est appelé à exercer un ministère auprès des habitants du monde a été ordonné à ce but même dans le grand conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que c’est dans ce Grand Conseil que j’ai été ordonné à cet office même » (EPJS, p. 296 ; cf. 1 Pi. 1:20 ; Jé. 1:5 ; Abr. 3:22-23).
 
Bien qu’on le présente comme un conseil unique, il a pu y avoir des réunions multiples où l’on a enseigné l’Évangile et où des désignations ont été faites. Jésus et les prophètes ont été préordonnés lors de ce conseil. Un rédempteur devait accomplir la double mission de racheter l’humanité de la mort physique et de la mort spirituelle causées par la chute d’Adam et d’assurer la rédemption, après repentir, pour les péchés commis par les personnes. À un certain moment du conseil, le Père demanda : « Qui enverrai-je [comme Rédempteur] ? » Jésus-Christ, alors connu comme étant le grand JE SUIS et comme Jéhovah, répondit : « Me voici, envoie-moi » et accepta de suivre le plan du Père (Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27). S’inscrivant en faux contre ce plan, Lucifer se proposa moyennant un amendement au plan de salut conçu par le Père, amendement qui ne respecterait pas le libre arbitre de l’humanité. La proposition visait également à élever Lucifer au-dessus du trône de Dieu. La réponse du Père fut : « J’enverrai le premier » (voulant dire Jéhovah). Lucifer se rebella et devint Satan ou « le diable ». Une division se produisit parmi les esprits et aucun d’eux ne resta neutre (DS 1:69). Il y eut guerre dans les cieux (Ap. 12:7-8) et le tiers des armées qui suivirent Lucifer fut chassé (Ap. 12:4 ; D&A 29:36). Ces esprits rebelles furent précipités avec Lucifer sur la terre sans corps physique (Ap. 12:9 ; cf. És. 14:12-17). Le prophète Joseph Smith explique : « Le conflit dans les cieux provient de ce que Jésus dit qu’il y aurait certaines âmes qui ne seraient pas sauvées et le diable dit qu’il pouvait les sauver toutes et exposa ses plans au grand conseil, lequel donna son vote en faveur de Jésus-Christ. Le diable se souleva donc contre Dieu, se révoltant contre lui, et il fut précipité avec tous ceux qui prirent son parti » (EPJS, p. 290). Notre Père céleste et les esprits fidèles dans les cieux pleurèrent sur eux (D&A 76:25-29). Satan et ses disciples sont toujours en guerre contre ces esprits qui sont venus au monde dans la condition mortelle (Ap. 12:9 ; cf. « Guerre dans les cieux » p. 788).
 
Bibliographie
Bible Dictionary. "War in Heaven." Dans LDS Edition of the King James Version of the Bible, p. 788. Salt Lake City, 1977.
McConkie, Joseph F. "Premortal Existence, Foreordinations and Heavenly Councils". Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W. Griggs, p. 173-198. Provo, Utah, 1986.
JOHN L. LUND
 
Consentement commun
Auteur : QUINN, ROBERT E.
 
Le consentement commun est un principe fondamental de la prise de décision à tous les niveaux de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Quand ils choisissent de nouveaux dirigeants et prennent des décisions administratives, les dirigeants de l’Église sont tenus de chercher la volonté de Dieu. Une fois que le Seigneur a fait connaître sa volonté et qu’une décision est prise, l’affaire est portée devant le collège ou le groupe concerné de membres de l’Église, lequel est invité à soutenir la mesure ou à s’y opposer. Grâce à ce processus, l’Église peut être dirigée par révélation, tout en protégeant le libre arbitre des membres de s’assurer personnellement si les décisions ont été correctes et prises selon la volonté de Dieu.
 
Le principe du consentement commun fonctionne dans l’Église depuis son commencement, bien que les pratiques proprement dites dans lesquelles ce principe fonctionne aient évolué sensiblement. La révélation sur le gouvernement de l’Église, reçue quand elle a été organisée en avril 1830, dit : « Nul ne doit être ordonné à un office dans l’Église, lorsqu’il y a une branche dûment organisée de celle-ci, sans le vote de cette Église » (D&A 20:65). Cette règle fut soulignée à nouveau trois mois plus tard : « tout se fera par le consentement commun dans l’Église » (D&A 26:2). Les pratiques des saints peuvent avoir été influencées au cours de ces toutes premières années par le modèle de gouvernement théocratique du Livre de Mormon qui gérait ses « affaires par la voix du peuple » (Mosiah 29:25-26), et par l’exemple biblique (par exemple, Ex. 24:3 ; No. 27:19).
 
Il ressort des comptes rendus de certaines réunions et conférences des débuts de l’Église que beaucoup de dirigeants de l’Église provenant de la Nouvelle-Angleterre considéraient que les membres devaient être directement impliqués lors des réunions de prise de décision, notamment en faisant des propositions sur les questions de politique à suivre, conformément au procédé parlementaire courant dans les réunions publiques, et en votant quand il s’agissait de prendre les décisions finales. Il arrivait que des membres exercent à titre personnel la prérogative de convoquer une réunion et, une fois qu’elle était en cours, n’importe qui avait le droit de s’adresser au groupe. La direction de leurs réunions suivait le modèle congrégationaliste qu’ils connaissaient bien. Cependant, les premiers saints des derniers jours ne tardèrent pas à se rendre compte que le fait d’avoir un prophète à leur tête était une réalité dont il fallait tenir compte dans la prise de décision, et qu’ils ne pourraient pas suivre le modèle congrégationaliste traditionnel sans nier l’autorité et les révélations que Dieu avait accordées à Joseph Smith, celles-ci étant les éléments essentiels du rétablissement qui les avaient réunis dans l’Église.
 
Un incident qui se produisit en septembre 1830, lors duquel Hiram Page prétendit avoir reçu des révélations pour la direction de l’Église, mit la question à l’ordre du jour. La prétention de Page à être un deuxième révélateur, qui sema le trouble chez Oliver Cowdery et d’autres membres de l’Église, fut l’occasion d’une révélation donnée à Joseph Smith clarifiant le rôle distinctif de Joseph en tant que prophète. Cette révélation disait aussi que « tout doit se faire avec ordre et par consentement commun dans l'Église » (D&A 28:13). L’autorité de Joseph Smith et de ses successeurs dans la fonction de président de l’Église continua à être éclaircie les années suivantes par d’autres révélations (D&A 107:65-67, 91-92) et le principe qu’il fallait obtenir le vote de soutien des membres de l’Église fut également réaffirmé à plusieurs reprises (D&A 38:34 ; 42:11 ; 102:9 ; 124:144). Lorsque les conseils de prêtrise et les collèges de prêtrise furent introduits dans l’organisation de l’Église, ce furent surtout eux qui se virent confier la responsabilité de l’examen général des questions de politique intérieure et de la prise de décision lors des sessions de conseil et ce fut moins un point de l’ordre du jour des conférences, qui, de leur côté, se concentrèrent plus sur la prédication de l’Évangile.
 
Aujourd’hui l’Église continue à fonctionner par révélation divine et consentement commun. Les appels à des postes dans l’Église à tous les niveaux de l’organisation et l’ordination à la prêtrise se font par l’inspiration des dirigeants autorisés et sont ensuite portés devant l’assemblée concernée pour avoir son soutien ou son opposition. Les membres ne proposent pas des personnes à un office, mais sont invités à émettre leur vote de soutien aux décisions des conseils de présidence en levant la main droite et n’importe qui peut émettre un vote d’opposition de la même manière. Ce procédé est également suivi quand il s’agit d’accepter des révélations importantes et des ajouts aux Écritures.

Selon une pratique beaucoup moins visible mais tout aussi importante, les décideurs à tous les niveaux présentent les décisions de politique et les appels aux conseils de la prêtrise pour que ceux-ci donnent leurs commentaires et leur approbation. Au niveau local, l’évêque discute d’habitude des décisions avec ses conseillers dans l’épiscopat avant de présenter un sujet au vote de soutien des membres de la paroisse. Sur beaucoup de décisions de politique et de programmes, l’épiscopat consulte le conseil de paroisse et s’efforce d’obtenir le consensus dans ce groupe avant d’agir. De la même manière, le président de pieu consulte ses conseillers dans la présidence de pieu et puis le grand conseil. La Première Présidence procède de la même façon lors des réunions régulières avec le Collège des douze apôtres pour ce qui est de la politique générale de l’Église et des mesures à prendre.
 
L’unanimité est l’idéal pour tous ces processus de décision à cause de l’importance de l’unité dans l’Église : « Si vous n'êtes pas un, vous n'êtes pas de moi » (D&A 38:27). Les trois collèges qui président l’ensemble de l’Église ont une autorité égale dans leur sphère propre (D&A 107:22-26), mais leurs décisions n’ont « le même pouvoir ou la même validité » qu’une fois prises « à l’unanimité des voix » du collège (D&A 107:27). Il faut ce qui semble être de longues périodes pour que des décisions importantes prennent forme parce que les collèges tiennent beaucoup à réaliser l’unanimité.
À cause de l’accent mis sur la direction divine et prophétique et à cause de normes et de valeurs bien établies dans les processus de prise de décision, les contestations publiques concernant une proposition d’appel ou de politique sont rares. Il y a, cependant, des mécanismes qui permettent de tenir compte des divergences d’opinion. Normalement, si un ou plusieurs membres trouvent à redire à la mesure proposée, ils sont invités à rencontrer l’officier président en privé pour lui faire part de la raison de la question ou de l’objection. Après avoir examiné les objections, les officiers présidents sont libres de prendre la décision qu’ils pensent être juste.
 
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Lyndon W. Cook, dir. de publ. Far West Record : Minutes of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1844. Salt Lake City, 1983.
Quinn, D. Michael. « The Evolution of the Presiding Quorums of the LDS Church ». Journal of Mormon History 1, 1974, p. 21-38.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, p. 269-275. Salt Lake City, 1960.
Zuckerman, Michael. Peaceable Kingdoms. New York, 1970.
 
ROBERT E. QUINN
 
Contributions financières
Auteur : NADAULD, STEPHEN D.
 
Les membres de l’Église peuvent apporter leurs contributions financières de plusieurs manières, notamment par le paiement de la dîme, l’offrande de dons de jeûne et des contributions à l’œuvre missionnaire. Chaque type de contribution vise un but spécifique et est basé sur les exhortations des Écritures anciennes et modernes (Mal. 3:8 ; D&A 119:4 ; cf. 2 Ch. 3:5-12 ; Ro. 15:26).
 
Le paiement de la dîme est attendu de chaque membre quels que soient son âge, le niveau de ses revenus ou sa situation. Les saints des derniers jours fidèles donnent annuellement un dixième de leurs revenus à l’Église. Les membres considèrent ces fonds de dîme comme de l’argent sacré et les dirigeants gèrent soigneusement leur utilisation à chaque niveau d’organisation de l’Église. La dîme est utilisée pour payer la plupart des dépenses de fonctionnement de l’Église et finance maintenant aussi la construction de bâtiments, notamment d’églises et de temples.
 
Le don de jeûne est un deuxième type de contribution financière attendu de tous les membres de l’Église. Une fois par mois, ceux-ci doivent se priver de nourriture pour au moins deux repas et contribuer l’équivalent de l’argent ainsi épargné comme « don de jeûne » pour aider les pauvres et les nécessiteux. Ces contributions sont réparties aux niveaux local et général de l’Église ; elles sont partagées selon les nécessités dans toute l’Église et sont à la disposition des évêques locaux pour aider les personnes nécessiteuses de leurs paroisses. Dans des circonstances extraordinaires, comme dans le cas de la famine de 1985 en Éthiopie, l’Église a demandé un jeûne spécial pour lever des fonds de secours pour un désastre précis (voir Aide économique ; Service humanitaire). Pendant de nombreuses années, la valeur des deux repas non consommés pendant le jeûne a déterminé le montant de la contribution mensuelle du don de jeûne. Aujourd’hui, les dirigeants de l’Église demandent que le montant de l’offrande volontaire soit associé moins à la valeur des deux repas et plus à la capacité de répondre généreusement aux besoins.
 
Un troisième type de contribution fait par les membres de l’Église soutient l’œuvre missionnaire, une activité importante de l’Église qui est financée en grande partie par les familles. Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent être « appelés » en mission, habituellement à dix-neuf et vingt et un ans respectivement et sont responsables de la majeure partie de leur propre soutien financier, notamment la nourriture, le loyer, les vêtements et le transport local. Les frais importants de déplacement et de soins médicaux sont payés par les fonds de l’Église. Les parents et les dirigeants de l’Église invitent les jeunes à commencer à gagner et à épargner dès leur enfance de l’argent pour leur mission. Les apports des parents, des membres de la famille et des amis complètent les fonds des missionnaires pour constituer le soutien financier total nécessaire. Depuis 1991, le soutien des missionnaires est donné directement à l’Église à un taux uniforme, mais est redistribué par l’Église aux missionnaires selon les coûts variables de la vie dans les différentes régions du service missionnaire. Les couples mariés peuvent aussi être appelés en mission, et eux aussi sont responsables de leur soutien financier.
 
Les membres remettent confidentiellement la dîme et les autres dons à leur évêque local. Chaque évêque de paroisse reçoit la dîme et la remet aux bureaux centraux de l’Église. Avec l’aide du greffier financier, l’évêque remet une fiche de dons aux donateurs et enregistre tout. Une fois par an, il passe confidentiellement en revue le relevé des dons avec chaque membre. Les enregistrements des dons sont expédiés au siège de l’Église selon des pratiques uniformes. Les dirigeants de pieu font des audits réguliers de ces enregistrements et de ces pratiques.
 
L’évêque, aidé par d’autres dirigeants de paroisse, établit et envoie un budget annuel de paroisse qui doit être approuvé par le président de pieu (voir Budget de paroisse). L’importance du financement est déterminée par le nombre des membres et l’activité de la paroisse. L’un des résultats de ce procédé est que les dépenses locales sont déterminées par les besoins locaux et pas par les ressources des membres d’une paroisse donnée.
 
Jusqu’en 1990, les budgets de fonctionnement de paroisse dépendaient essentiellement des dons des membres locaux faits en plus de la dîme, du don du jeûne et des contributions au fonds missionnaire. Les activités des jeunes et des adultes, les manuels et le matériel pédagogique, ainsi que l’entretien du bâtiment étaient financés localement. Depuis 1990, la dîme payée par les membres de l’Église sert à financer tous les programmes et activités locaux ainsi que l’entretien des bâtiments. Les membres prennent en charge une partie de l’entretien à titre de service bénévole.
 
La manière de financer la construction des bâtiments de l’Église a également varié considérablement avec le temps. Pendant de nombreuses années, la construction des églises a été financée en grande partie par les contributions des membres locaux qui allaient utiliser le bâtiment. Ces dons au fonds de construction venaient en plus de la dîme, du don de jeûne et du fonds missionnaire payés par les membres de l’Église. L’argent pour le fonds de construction pouvait être obtenu en demandant une quote-part aux membres, par toutes sortes de projets de levée de fonds (banquets, fêtes, etc.) et parfois par des dons de main-d’œuvre et de matériaux (voir Programme de construction). Les temples, qui sont des bâtiments réservés à des cérémonies religieuses spéciales, ont été financés pendant de nombreuses années plus ou moins de la même façon que les églises locales. Aujourd’hui les églises et les temples sont construits en grande partie avec les fonds de dîme.
 
L’Église n’ayant pas de clergé professionnel, elle est administrée à tous les niveaux par la participation et la direction de laïcs et les dirigeants autres que les Autorités générales donnent de leur temps et de leurs talents sans rémunération. Ainsi, des événements tels que les mariages, les enterrements et les baptêmes sont organisés par des laïcs dans les bâtiments appartenant à l’Église sans que les membres n’aient à payer pour les services ou les locaux. Étant donné qu’elles sont obligées de quitter leur métier pour œuvrer à temps plein pour l’Église, les Autorités générales reçoivent une allocation modeste provenant des revenus procurés par les investissements de l’Église.
STEPHEN D. NADAULD
 
Conversion
Auteur : SMITH, KAY H.
 
Depuis le commencement jusqu’à nos jours, l’Église a eu une forte orientation missionnaire. Elle enseigne que la conversion est essentiellement un processus de repentir et une expérience spirituelle personnelle (voir Témoignage ; Expérience religieuse ; Devenir membre de l’Église).
 
NATURE DE LA CONVERSION. Les sociologues ont avancé un certain nombre de théories pour expliquer pourquoi les gens sont susceptibles de se convertir à une autre confession religieuse. Pour Glenn M. Vernon, la conversion implique plusieurs sous-processus qui doivent être expliqués, notamment (1) la façon dont le converti prend conscience du groupe possédant l’idéologie, (2) l’acceptation de nouvelles définitions religieuses et (3) l’intégration du nouveau converti dans le groupe. John Lofland et Rodney Stark voient dans la conversion un processus de résolution de problèmes dans lequel l’individu utilise les équipements, les programmes et l’idéologie de l’organisation pour résoudre divers problèmes de la vie. Plus récemment, David A. Snow, Louis A. Zurcher et Sheldon Ekland-Olson ont mis l’accent sur le fait que la proximité structurelle, la disponibilité et l’interaction affective avec les membres de la nouvelle confession sont les influences qui ont le plus de chances de déterminer ceux qui vont s’y rallier. Pour Roger A. Straus, la conversion religieuse est une initiative de la personne qui se convertit. Il pense que les théories précédentes se concentrent trop fortement sur l’idée que la conversion est quelque chose qui arrive à une personne en raison de circonstances externes à elle-même. De même, C. David Gartrell et Zane K. Shannon avancent que la conversion doit être caractérisée comme un choix rationnel basé sur l’évaluation que la recrue fait des résultats sociaux et cognitifs de la conversion ou du refus de conversion.

Il est certain qu’une sortie de crise, la proximité sociale avec des membres de l’Église et la résolution de problèmes personnels interviennent dans une certaine mesure au moins dans certaines conversions. Cependant, les recherches sur les personnes qui se sont converties à diverses Églises, (Snow et Phillips ; Heirich) dont l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Seggar et Kunz), n’ont pas apporté un grand appui à la théorie de la résolution de problèmes de Lofland et Stark. Les recherches faites par David A. Snow et Cynthia L. Phillips et par Max Heirich vont plutôt dans le sens de l’influence des réseaux sociaux dans la conversion.
 
Les théories scientifiques ne parlent cependant pas de l’influence, dans la conversion, du Saint-Esprit qui est l’élément dominant dans ce que les saints des derniers jours entendent par conversion. L’apparition de Jésus-Christ à Paul sur le chemin de Damas (Ac. 9:1-9) n’entre dans aucune catégorie théorique profane. Paul ne cherchait pas une nouvelle foi pour résoudre des problèmes dans sa vie. Il n’a pas commencé à servir le Christ pour être accepté par ses amis. Il a persécuté les chrétiens parce qu’il pensait qu’ils avaient apostasié de la vraie foi. Homme religieux, il a reconnu la voix de Dieu quand elle lui a parlé.
 
On trouve des récits de conversion semblables dans le Livre de Mormon. Par exemple, tandis qu’ils s’en allaient enseigner que la religion de leurs pères n’était pas vraie, Alma le Jeune et les fils du roi Mosiah 2 furent arrêtés par l’ange du Seigneur qui leur demanda pourquoi ils persécutaient les croyants. Alma le Jeune fut frappé de mutisme et tomba par terre, incapable de bouger. Tandis que son père et d’autres jeûnaient et priaient pour lui pendant deux jours et deux nuits, il connut une souffrance atroce et finit par implorer la miséricorde de Jésus-Christ pour qu’il lui ôte ses péchés. Immédiatement, la souffrance disparut et son âme fut remplie d’une joie exquise (Al. 36:6-22). Il se leva et proclama qu’il était né de nouveau par l’Esprit du Seigneur. Alma et les fils de Mosiah consacrèrent le reste de leur vie à prêcher le Christ et à faire beaucoup de bonnes œuvres (Mos. 27:8-31 ; cf. la nouvelle naissance spirituelle du peuple de Zarahemla du temps du roi Benjamin dans Mosiah 4-5).
 
La plupart des conversions ne sont pas aussi spectaculaires que celles de Paul et d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah. La conversion d’Alma l’Ancien est plus proche de ce que ressentent la plupart des gens qui deviennent membres de l’Église (Mos. 17:2-4 ; 18:1). Quand Abinadi les appela, lui et les autres prêtres du méchant roi Noé, au repentir, Alma sut dans son cœur qu’Abinadi avait dit la vérité. Il se repentit de ses péchés et commença à garder les commandements, qu’il connaissait déjà. Cela produisit un changement crucial dans sa vie.
 
De ces exemples et d’autres récits du processus de conversion, il ressort que la conversion « n’implique pas une simple acceptation mentale de Jésus et de son enseignement mais également une foi motivante en lui et en son Évangile, une foi qui accomplit une transformation, un changement réel dans la compréhension que l’on a du sens de la vie et dans sa fidélité à Dieu – en intérêt, en pensée et en conduite » (Romney, p. 1065). La conversion implique une nouveauté de vie, qui est réalisée quand on reçoit le pardon divin qui remet les péchés (voir Né de Dieu). Elle se caractérise par la volonté de faire continuellement le bien, l’abandon de tous les péchés et la guérison de l’âme par le pouvoir du Saint-Esprit, étant rempli de paix et de joie (cf. Romney, p. 1066).
 
PROCESSUS DE LA CONVERSION A L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES saints des derniers jours. Les trois sous-processus proposés par Vernon correspondent tout à fait aux trois aspects les plus évidents de la conversion à l’Église. Le premier est « la façon dont le converti prend conscience du groupe possédant l’idéologie ». Ceci correspond à ce qu’on appelle dans les milieux missionnaires mormons « trouver ». Les gens entrent de différentes façons en contact avec les missionnaires. La source la plus efficace est la référence donnée par les membres de l’Église qui invitent des amis ou des membres de la famille à rencontrer les missionnaires pour qu’ils leur parlent de l’Évangile. Une deuxième manière, c’est le porte à porte par les missionnaires pour inviter les gens à se renseigner sur l’Église. Ils peuvent également parler avec les gens qu’ils rencontrent dans la rue ou dans n’importe quelle autre forme de contact social normal. Les missionnaires installent de temps en temps des stands aux foires ou aux expositions. L’Église met aussi des annonces dans les médias pour proposer de la documentation sur l’Église. Elle gère également plusieurs centres de visiteurs, habituellement dans le voisinage d’un temple de l’Église ou d’un site historique. Les deux les plus connus sont ceux de Temple Square à Salt Lake City et de la cité historique de Nauvoo, en Illinois. Tous ces centres pour visiteurs donnent aux personnes intéressées l’occasion d’accepter des visites des missionnaires pour les instruire.
 
Le deuxième des sous-processus de Vernon, l’acceptation de nouvelles définitions religieuses, correspond à la deuxième grande activité missionnaire, l’enseignement. Les missionnaires enseignent les principes de base du plan du salut de Dieu. Ils invitent ceux qu’ils instruisent à en apprendre plus en étudiant la Bible et le Livre de Mormon par eux-mêmes. Ils encouragent, informent, enseignent et témoignent. L’étude est une partie importante du processus de conversion, parce que l’intellect joue un rôle quand l’ami de l’Église apprend à comprendre et à méditer la sagesse, la logique et l’éthique des principes de l’Évangile. Comme B.H. Roberts l’a dit un jour : « Il arrive fréquemment que la présentation d’un sujet, faite convenablement, rende sa véracité évidente… Pour être connue, la vérité doit être énoncée et plus l’énoncé est clair et complet, meilleure sera l’occasion pour le Saint-Esprit de témoigner à l’âme de l’homme que l’œuvre est vraie » (Vol. 2, p. vi-vii).
 
Les convertis éventuels sont invités à demander par la prière le témoignage spirituel du Saint-Esprit pour leur faire connaître la vérité. Comme Roberts l’a dit concernant le Livre de Mormon : « [Le Saint-Esprit] doit toujours être la source principale de preuve de la véracité du Livre de Mormon. Toute autre preuve est secondaire à celle-ci, la principale et l’infaillible. Aucune logique, aussi habilement qu’elle soit construite, aucun argument, aussi adroitement qu’il soit conçu, ne pourront jamais prendre sa place » (p. vi-vii). Une citation du Livre de Mormon est généralement utilisée pour inviter le converti éventuel à rechercher cette manifestation spirituelle de l’exactitude du Livre de Mormon et du message de l’Évangile : « Et lorsque vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. » (Mro. 10:4).
 
La plupart des convertis à l’Église ne semblent pas avoir des caractéristiques personnelles qui les prédisposent à la conversion. Bien que ceux qui commencent à examiner l’Église aient tendance à être plus jeunes que la moyenne de la population et à être un peu plus souvent des femmes, ces facteurs ne prédisent pas qui acceptera finalement le baptême. Ceux qui recherchent le baptême n’ont pas tendance à avoir plus de problèmes personnels que ceux qui n’en veulent pas, et ils ne diffèrent pas non plus de manière importante des autres personnes dans les traits de caractère ou les dispositions personnelles.
 
La conversion à l’Église n’est habituellement pas précipitée. Le processus commence par les premiers signes d’intérêt et peut continuer pendant de nombreuses années, même après le baptême. Ce n’est pas simplement une question d’acceptation et de foi aux enseignements de l’Église. Beaucoup qui acceptent le baptême disent qu’ils ne comprennent pas entièrement les enseignements, mais qu’ils en sont venus à sentir qu’accepter le baptême est la bonne chose à faire. La plupart d’entre eux parviennent à une compréhension et à une acceptation plus complètes de la doctrine de l’Église quand ils s’intègrent en devenant membres. Ce genre d’intégration est le troisième processus mentionné par Vernon (voir Intégration des membres).
 
Devenir membre de l’Église a de plus grandes implications que le simple fait d’adopter un nouvel ensemble de croyances religieuses. Pour beaucoup de nouveaux membres, cela signifie adopter un nouveau mode de vie tout à fait différent de celui auquel ils étaient accoutumés. Pour presque tous les nouveaux membres, cela signifie également qu’ils s’intègrent à un nouveau réseau social d’amis et de connaissances. Dans certains cas, le nouveau membre de l’Église est rejeté et banni par la famille et les anciens amis. Cette transition sociale est facilitée si le nouveau converti s’est précédemment fait des amis et des connaissances parmi des membres de l’Église.
 
ŒUVRE MISSIONNAIRE DANS L’ÉGLISE. Ceux qui ont été convertis veulent habituellement parler de leur nouvelle foi à d’autres (cf. Perry, p. 16-18). Paul, Alma l’Ancien et Alma le Jeune ont enseigné passionnément la véracité de la mission salvatrice du Christ tout le reste de leur vie après leur conversion. Pour le converti qui aime les gens, il y a un équilibre à trouver entre avoir une tolérance véritable pour les croyances des autres et remplir le désir et l’obligation de leur faire part de la joie de la conversion. Les grandes religions juives et chrétiennes sont passées par des phases où l’esprit de prosélytisme était dominant et d’autres périodes où le désir de convertir était restreint (Marty et Greenspahn).
 
L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a fait un prosélytisme actif dès ses débuts. Ses dirigeants et ses membres ont accepté la tâche de proclamer l’Évangile rétabli « à toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6 ; D&A 133:37), à tous ceux qui écoutent. Peu après l’organisation officielle de l’Église, Samuel Smith, un frère de Joseph Smith, est allé d’un endroit à l’autre, offrant le Livre de Mormon à ceux qui voulaient bien le recevoir. Les missionnaires n’ont pas tardé à amener des convertis des États-Unis, du Canada, d’Angleterre, de Scandinavie et d’Europe de l’Ouest.
 
Quand le gros des membres se fut installé dans l’Intermountain West, l’œuvre missionnaire continua. La responsabilité missionnaire fut de plus en plus donnée aux jeunes hommes qui ne s’étaient pas encore mariés. Leurs convertis continuèrent à émigrer vers l’Ouest américain jusque bien après le début du vingtième siècle, malgré le fait qu’à partir du changement de siècle, les dirigeants de l’Église eussent commencé à encourager les convertis à rester là où ils étaient et à édifier l’Église dans leur patrie.
Le taux de croissance de l’Église depuis 1860 n’a jamais été inférieur à trente pour cent par décennie. Depuis 1950, la croissance de l’Église a accéléré (voir Statistiques démographiques), progressant à plus de cinquante pour cent par décennie de 1950 à 1980 (Cowan).
 
Ces dernières années, l’Église est devenue de moins en moins une Église confinée à l’Ouest des États-Unis. En 1960 encore, plus de la moitié des membres de l’Église se trouvaient dans l’Intermountain West, avec seulement dix pour cent en dehors des États-Unis. En 1980, presque un tiers des membres de l’Église vivaient en dehors des États-Unis, avec seulement quelque quarante pour cent dans l’Intermountain West. En 1989, moins d’un converti sur quatre était un citoyen américain.
 
La croissance de loin la plus forte du nombre de convertis en dehors des États-Unis s’est produite en Amérique latine, en particulier au Mexique, au Brésil, au Chili, au Pérou et en Argentine (voir Amérique du Sud, l’Église en). Il y a également eu une augmentation considérable du nombre de baptêmes en Asie et dans les Philippines. En 1979, il y avait trois missions aux Philippines ; elles sont passées à douze en 1990 et le nombre annuel des baptêmes de convertis a triplé au cours de cette même période (voir Asie, l’Église en : Est de l’Asie). De nouvelles missions ont été ouvertes en Europe de l’Est en 1989 et en 1990. En 1990, l’Église avait plus de 40.000 missionnaires à plein temps dans 257 missions dans le monde.
 
Les saints des derniers jours croient, comme l’a dit le président Marion G. Romney : il se peut que « relativement peu parmi les milliards d’habitants de la terre soient convertis. Néanmoins… il n’y a aucun autre moyen par lequel les âmes des hommes malades du péché puissent être guéries ou pour qu’un monde perturbé trouve la paix » (p. 1067).
 
Bibliographie
Burton, Theodore M. "Convince or Convert ?" Dans BYU Speeches of the Year. Provo, Utah, 1964.
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century. Salt Lake City, 1985.
Gartrell, C. David, et Zane K. Shannon. "Contacts, Cognitions, and Conversion : A Rational Choice Approach." Review of Religious Research 27, sept. 1985, p. 32-48.
Heirich, Max. "Change of Heart : A Test of Some Widely Held Theories About Religious Conversion". American Journal of Sociology 83, nov. 1977, p. 653-680.
Lofland, John, et Rodney Stark. "Becoming a World-Saver : A Theory of Conversion to a Deviant Perspective". American Sociological Review 30, 1965, p. 862-875.
Marty, Martin E., et Frederick E. Greenspahn, dir. de publ. Pushing the Faith : Proselytism and Civility in a Pluralistic World. New York, 1988.
Perry, L. Tom. "When Thou Art Converted, Strengthen Thy Brethren", Ensign 4, nov. 1974, p. 16-18.
Roberts, B. H. New Witnesses for God, Vol. 2, p. vi-vii. Salt Lake City, 1926.
Romney, Marion G. "Conversion." IE 66, 1963, p.1065-1067.
Seggar, John, et Phillip Kunz. "Conversion : Evaluation of a Step-like Process for Problem-solving". Review of Religious Research 13, printemps Spring, 1972, p. 178-184.
Snow, David A., et Cynthia L. Phillips. "The Lofland-Stark Conversion Model : A Critical Reassessment". Social Problems 27, avr. 1980, p. 430-447.
Snow, David A., Louis A. Zurcher, Jr. et Sheldon Ekland-Olson. "Social Networks and Social Movements : A Microstructural Approach to Differential Recruitment". American Sociological Review 45, oct. 1980, p. 787-801.
Straus, Roger A. "Religious Conversion as a Personal and Collective Accomplishment". Sociological Analysis 40, été 1979, p. 158-165.
Vernon, Glenn M. Sociology of Religion, p. 101-112. New York, 1962.
KAY H. SMITH
 
Cowdery, Oliver
Auteur : ANDERSON, RICHARD LLOYD
 
Oliver Cowdery (1806-1850) était, en 1830, le second en autorité par rapport à Joseph Smith (D&A 21:10-12) et fut le deuxième témoin de beaucoup d’événements clefs du rétablissement de l’Évangile. En tant que l’un des trois témoins du Livre de Mormon, il témoigna qu’un ange avait montré les plaques d’or et que la voix de Dieu avait proclamé qu’elles étaient traduites correctement. Il était avec Joseph Smith quand Jean-Baptiste leur rendit la Prêtrise d’Aaron et quand Pierre, Jacques et Jean les ordonnèrent à la Prêtrise de Melchisédek et à l’apostolat et de nouveau lors des visions importantes dans le temple de Kirtland (D&A 110).
 
Il provenait d’une famille de la Nouvelle-Angleterre avec de fortes traditions de patriotisme, d’individualité, d’instruction et de religion. Il naquit le 3 octobre 1806 à Wells, dans le Vermont. C’est sa sœur cadette qui nous donne les seuls renseignements fiables sur sa jeunesse : « Oliver a grandi à Poultney, comté de Rutland, Vermont, et quand il est arrivé à l’âge de vingt ans, il est parti pour l’État de New York où ses frères aînés étaient mariés et installés… Il a été employé de magasin jusqu’en 1829, quand il a enseigné à l’école de district de la localité de Manchester » (Lucy Cowdery Young à Andrew Jenson, 7 mars 1887, Archives de l’Église).
 
Pendant qu’il était en pension chez les parents de Joseph Smith, il apprit leurs convictions au sujet des annales antiques que leur fils traduisait de nouveau après que Martin Harris eut perdu le manuscrit en 1828. Le jeune instituteur pria et reçut les réponses que Joseph Smith mentionne dans une révélation (D&A 6:14-24). La première histoire du prophète dit que « le Seigneur apparut… à Oliver Cowdery et lui montra les plaques en vision et… ce que le Seigneur était sur le point de faire par moi, son indigne serviteur. Par conséquent il était désireux de venir écrire pour que je traduise » (PJS 1:10).
 
À partir du 7 avril jusqu’à la fin de juin 1829, quand ils finirent la traduction, Joseph dicta tandis qu’Oliver écrivait, avec « la plus grande gratitude » pour ce privilège (Messenger and Advocate 1:14). Oliver écrivit alors une lettre, exprimant un amour profond pour le Christ, un thème qui le suivit toute sa vie. Il raconta plus tard comment Joseph et lui interrompirent leur travail tandis qu’ils traduisaient le compte rendu du ministère du Sauveur en Amérique après sa résurrection, et comment, pendant qu’ils priaient à propos du baptême, ils entendirent « la voix du Rédempteur » et furent visités par Jean-Baptiste, qui leur donna l’autorité de baptiser (JS–H 1:71, note).
 
En 1835, Oliver aida Joseph Smith à corriger et à éditer les révélations pour les Doctrine et Alliances. La section 27 énumère les principaux messagers de prêtrise du Rétablissement : Jean-Baptiste, que « je vous ai envoyé, mes serviteurs Joseph Smith, fils, et Oliver Cowdery, pour vous ordonner à la première prêtrise que vous avez reçue » (D&A 27:8) et « Pierre, Jacques et Jean, que je vous ai envoyés, par lesquels je vous ai ordonnés et confirmés pour que vous soyez apôtres et témoins spéciaux de mon nom, et pour que vous portiez les clefs de votre ministère » (D&A 27:12).
 
La moindre prêtrise fut rétablie le 15 mai 1829, deux semaines avant que le prophète et Cowdery n’aillent s’installer chez les Whitmer à New York pour terminer la traduction du Livre de Mormon (HC 1:39-41, 48-49). La prêtrise supérieure fut également donnée avant ce déménagement ; David Whitmer se rappelait avoir été ordonné ancien quelques semaines seulement après leur arrivée dans sa ferme dans le nord de l’État (Whitmer, p. 32). Les apôtres antiques apparurent avec des clefs de la prêtrise pendant que Joseph et Oliver étaient en route entre leur maison de Pennsylvanie et Colesville, New York (D&A 128:20), où Joseph Knight, père, vivait. Knight se rappelait qu’ils avaient besoin qu’on les aide à vivre pendant qu’ils traduisaient en avril ou en mai (Jessee, p. 36).
Après l’installation à la ferme de Whitmer, l’ange montra les plaques à Joseph Smith et aux trois témoins en juin 1829. Oliver supervisa l’impression du Livre de Mormon cet automne et cet hiver-là. Après la publication du livre, le 26 mars, l’Église fut organisée le 6 avril 1830. Oliver parla à la réunion le dimanche suivant, et ce fut « le premier discours public prononcé par l’un de nous » (HC 1:81).
 
Peu ont fait mieux que Cowdery dans la logique de l’argumentation et le style soutenu. De plus, ses discours et ses écrits portent la marque de la connaissance personnelle. Remplissant d’une manière générale les fonctions de rédacteur ou de rédacteur adjoint lors des premières publications de l’Église, Oliver écrivit avec une régularité peu commune pendant deux décennies au cours desquelles ses écrits et ses lettres personnelles furent édités. Il insistait sur le fait qu’une relation avec Dieu exigeait le contact constant : « Toutes les fois que [Dieu] a eu un peuple sur terre, il s’est toujours révélé à lui par le Saint-Esprit, le ministère d’anges ou sa propre voix » (Messenger and Advocate 1:2). Oliver Cowdery dirigea la mission auprès des Lamanites, première grande mission de l’Église (D&A 28:8 ; 30:5), qui doubla le nombre des membres de l’Église et porta le Livre de Mormon aux natifs américains. Après que l’emplacement de temple eut été indiqué en 1831 dans le comté de Jackson, il s’y rendit avec des copies des révélations pour leur première impression. Comme la publication était essentielle pour répandre l’Évangile et donner des instructions aux membres, Oliver fut appelé à travailler avec William W. Phelps, un rédacteur expérimenté (D&A 55:4 ; 57:11-13). Après que les voyous du Missouri eurent détruit la presse, Cowdery retourna en Ohio pour y tenir conseil avec les dirigeants de l’Église, qui le chargèrent de relocaliser les publications de l’Église là-bas. À cause de l’importance de disposer d’informations précises, Sidney Rigdon et lui restèrent en 1834 en Ohio où beaucoup d’hommes fidèles marchèrent vers le Missouri avec le camp de Sion pour aider les saints à retourner dans leurs maisons et leurs terres dans le comté de Jackson.
 
En 1830-1831, Oliver Cowdery fut le premier greffier de l’Église, appel qu’il remplit de nouveau entre 1835 et 1837 (voir Historiens de l’Église). Même au cours des autres années, il tint souvent les procès verbaux officiels des réunions et fut souvent rédacteur et correspondant pour les premiers journaux de l’Église. Il écrivit, pour le Messenger and Advocate, des articles qui nous donnent des renseignements sur les débuts de l’histoire de l’Église. De juin à octobre 1830, il remplit les fonctions de secrétaire tandis que le prophète achevait des parties importantes de sa Traduction de la Bible.
 
Une révélation de 1830 situe Oliver Cowdery à la deuxième place après Joseph Smith dans la direction de la prêtrise (D&A 20:2-3), une situation rendue officielle en décembre 1834, quand il fut classé au-dessus de Sidney Rigdon, qui avait longtemps rempli les fonctions de premier conseiller de Joseph. Chacun devait « officier en l’absence du président, selon son rang et sa désignation, à savoir : le président Cowdery premier, le président Rigdon ensuite et le président Williams troisième » (PJS 1:21). Cowdery écrivit que cet appel avait été prédit lors de la première ordination céleste, bien que les devoirs d’impression au Missouri fussent intervenus : « Cette promesse fut faite par l’ange tandis qu’il était en compagnie du président Smith, au moment où ils reçurent l’office de la moindre prêtrise » (PJS 1:21 ; cf. HC 1:40-41). Son poste de second du Prophète – parfois appelé « président associé » – fut donné en 1841 à Hyrum Smith (D&A 124:94-96), après l’excommunication de Cowdery (voir Première Présidence).
 
La carrière d’Oliver dans l’Église atteignit son apogée de 1834 à 1836. Les procès verbaux et les lettres le décrivent comme un prédicateur, auteur et administrateur extrêmement efficace. Son journal de 1836 existe encore, montrant son dévouement à la religion et à la famille, ses activités politiques, son étude de l’hébreu et le pouvoir spirituel qu’il partagea lors de l’achèvement du temple de Kirtland. La dernière inscription de Cowdery dans ce journal, portée le jour de la consécration du temple, dit à propos de la réunion du soir : « J’ai vu la gloire de Dieu, comme une grande nuée, descendre et reposer sur la maison… J’ai également vu des langues séparées les unes des autres comme de feu reposer sur beaucoup … tandis qu’ils parlaient en d’autres langues et prophétisaient » (Arrington, p. 426).
 
Oliver fit également allusion à d’autres choses. Un an plus tard, il écrivit un « éditorial d’adieu ». Après avoir mentionné sa « mission de la part du saint messager » avant l’organisation de l’Église, il écrivit qu’il fallait s’attendre à de telles manifestations puisque l’Ancien Testament promettait que Dieu « révélerait son bras glorieux » dans les derniers jours « et parlerait face à face avec son peuple » (Messenger and Advocate 3:548). Les mots « face à face » qu’il souligna correspondaient à sa vision récente du Christ le 3 avril 1836 dans le temple, vision qu’il eut en compagnie du prophète (D&A 110:1-10). Ce fut aussi le moment où ces premiers dirigeants de la prêtrise reçurent des clefs spéciales de la prêtrise de Moïse, d’Élias et d’Élie, terminant le rétablissement des « clefs du royaume » (D&A 27:6-13) et menant à bien la mission de Cowdery comme « second témoin » de ce rétablissement. Oliver avait une confiance profonde dans les apparitions divines. En 1835, il dit aux Douze nouvellement nommés : « Ne cessez jamais de faire des efforts jusqu’à ce que vous ayez vu Dieu face à face » (HC 2:195).
 
En dépit de ces expériences spirituelles profondes, les lettres d’Oliver révèlent un éloignement personnel et familial par rapport à Joseph Smith à partir du début de 1838. Les trois témoins avaient vu un ange avec Joseph Smith, mais plus tard ils eurent tendance à concurrencer plutôt qu’à coopérer avec sa gestion. Cowdery n’était pas d’accord avec le programme économique et politique du prophète et recherchait une indépendance financière personnelle qui allait à l’encontre de l’économie coopérative essentielle à la société de Sion que Joseph Smith envisageait. Néanmoins, quand il passa en jugement pour son excommunication, il envoya une lettre de démission dans laquelle il insistait sur le fait que la véracité de la révélation moderne n’était pas en question : « Ne tirez aucune conclusion des considérations ci-dessus autre que ma croyance en ce qui concerne le gouvernement extérieur de cette Église » (Far West Record, p. 165-166).
 
Ce procès était en rapport avec l’excommunication de John Whitmer et de David Whitmer, beaux-frères d’Oliver, également à ce moment-là ; ceci était en parallèle avec le soutien apporté précédemment par Oliver à la famille Whitmer dans la question des révélations concurrentes de Hiram Page (D&A 28:11-13). Le tribunal ecclésiastique examina cinq accusations contre Cowdery : inactivité, accusation d’adultère à l’encontre du prophète et trois accusations pour avoir commencé à exercer le droit et avoir cherché à faire payer des dettes après la faillite de la banque de Kirtland (voir Économie de Kirtland).
 
L’accusation d’adultère portée par Oliver contre le prophète était simpliste, parce qu’il était déjà au courant du principe du mariage plural. Plutôt que de nier l’accusation, le prophète témoigna que parce qu’Oliver avait été son « ami intime », il lui avait « confié beaucoup de choses » (Far West Record, p. 168). Brigham Young dit plus tard que ce point de doctrine avait été révélé à Joseph et à Oliver pendant la traduction du Livre de Mormon (cf. Jcb. 2:30) ; il est clair qu’une compréhension plus complète du principe du mariage plural fut donnée en 1832, lorsque Joseph Smith traduisit la Genèse (cf. D&A 130:1-2). Brigham Young ajouta qu’Oliver alla impétueusement de l’avant sans la permission de Joseph, ne connaissant pas « l’ordre, la façon de faire ni les résultats » (Charles Walker Journal, 26 juillet 1872, Archives de l’Église). Oliver épousa Elizabeth Ann Whitmer en 1832, et les problèmes avec la polygamie le poussèrent apparemment, ainsi que la famille Whitmer, à s’opposer plus tard au principe.
 
En 1838, après son excommunication, Oliver retourna en Ohio, mais, contrairement à ce que dit un acte fictif, il ne paya pas alors à l’évêque Edward Partridge $1.000 pour la parcelle du temple à Independence au nom de ses enfants, John, Jane et Joseph Cowdery. Ces enfants n’ont jamais existé ; Oliver n’avait pas cet argent et ne montra aucun intérêt pour le comté de Jackson que ce soit alors ou plus tard. En fait, il continua l’étude du droit et exerça à Kirtland, mais en 1840 il déménagea pour Tiffin (Ohio), où il devint une personnalité en vue en tant que fervent démocrate. Ses annonces juridiques et son service public parurent régulièrement dans les journaux locaux et il fut personnellement mentionné dans les mémoires cordiaux de William Lang, avocat éminent d’Ohio, qui fit son apprentissage sous Cowdery et le décrivit comme étant un homme menu, mesurant environ un mètre soixante-cinq, propre et courtois. Du point de vue professionnel, Cowdery était décrit comme un « avocat capable », bien informé, avec une capacité de parole « brillante » ; pourtant « il était modeste et réservé, ne disait jamais du mal de personne, ne se plaignait jamais » (Anderson, 1981, p. 41).
 
En 1847, il s’installa au Wisconsin où il poursuivit son métier d’homme de loi et faillit être élu à la première législature d’État malgré les articles de journaux ridiculisant sa déclaration publiée d’avoir vu l’ange et les plaques. Au cours des dix années qu’il passa en dehors de l’Église, Cowdery ne succomba jamais aux pressions considérables l’incitant à renier son témoignage du Livre de Mormon. En effet, les lettres qu’il écrivit à ses parents membres de l’Église montrent qu’il était blessé de voir l’Église rejetée mais qu’il continuait à croire profondément. Estimant que sa réputation avait été diffamée, il demanda une disculpation publique, expliquant que n’importe qui serait sensible au sujet de sa réputation « si vous vous étiez tenus en la présence de Jean avec notre frère décédé Joseph, pour recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de Pierre pour recevoir la plus grande » (Gunn, p. 250-251).
 
Ces déclarations contredisent une brochure qu’Oliver aurait prétendument publiée en 1839 comme « Défense » pour avoir quitté l’Église (voir Contrefaçons de documents historiques). Apparaissant en 1906, elle dépeint Oliver comme incertain d’avoir vu Jean-Baptiste. Mais aucun original n’existe, ni aucune allusion à cette brochure pendant le siècle de Cowdery. Son style emprunte des expressions de Cowdery qui ont été publiées mais réarrange ses conclusions. Il y a une contrefaçon plus maladroite, appelée « Confession d’Oliver Overstreet », qui prétend que l’auteur a été suborné pour personnifier Cowdery et retourner dans l’Église. Des documents abondants prouvent qu’Oliver est revenu à Council Bluffs (Iowa) en 1848 avec sa femme et sa jeune fille.
 
Des journaux intimes et des procès verbaux officiels rapportent les paroles prononcées par Oliver Cowdery à son retour dans l’Église. Il voulait uniquement être rebaptisé et retourner dans la communion des saints, pas avoir un poste. Il déclara publiquement qu’il avait vu et manipulé les plaques du Livre de Mormon et qu’il était présent avec Joseph Smith lorsque « de saints anges » avaient rendu les deux prêtrises (Anderson, BYU Studies, 1968, p. 278). Le grand conseil l’interrogea soigneusement sur sa lettre (à David Whitmer) publiée dans laquelle Oliver prétendait qu’il conservait les clefs de la direction de la prêtrise après la mort de Joseph Smith. C’était son avis, dit Oliver, avant de voir la révélation de Nauvoo donner tous les pouvoirs à Hyrum Smith « qui furent autrefois placés sur celui qui était mon serviteur Oliver Cowdery » (D&A 124:95). « C’est cette révélation qui a changé mon point de vue à ce sujet » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 19).
 
Comme elle s’était mise en route pour Council Bluffs tard dans la saison, la famille Cowdery fut forcée de passer l’hiver à Richmond (Missouri), où vivait la majeure partie de la famille Whitmer. Les lettres écrites pendant toute l’année 1849 répètent l’espoir d’Oliver de partir pour l’Ouest et révèlent également son manque de moyens. Elles disent qu’il crachait du sang, un problème respiratoire de longue durée qui allait finir par lui coûter la vie le 3 mars 1850. Le tribunal de circuit enregistra une résolution de ses collègues avocats selon laquelle dans la mort d’ « Oliver Cowdery, sa profession [avait] perdu un membre doué et la collectivité, un citoyen précieux et digne » (Anderson, 1981, p. 46).
 
David Whitmer et d’autres parents vivant près d’Oliver Cowdery dans sa dernière année affirmèrent plus tard qu’il était en désaccord avec beaucoup de points de doctrine de Kirtland et de Nauvoo, mais les critiques d’Oliver connues avec certitude à l’époque ne concernent que l’intolérance et une inquiétude permanente concernant la polygamie. David Whitmer considérait Joseph comme un prophète déchu, mais en 1848, Cowdery dit publiquement et en privé « que Joseph Smith avait accompli fidèlement sa mission devant Dieu jusqu’à la mort » (Geo. A. Smith à Orson Pratt, MS 11, 20 oct. 1848, p. 14) et « que la prêtrise était avec ce peuple et que « les Douze étaient les seuls hommes qui pouvaient diriger l’Église après la mort de Joseph » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 18). Dans sa dernière lettre connue, Oliver accepta, de la part des Douze, la mission de faire du lobbying à Washington et reconnut la direction des « bons frères de la vallée de [Salt Lake City] » (Gunn, p. 261).
 
Elizabeth Ann Whitmer Cowdery (1815-1892), la femme d’Oliver, l’avait connu quand il écrivait sous la dictée pendant la traduction du Livre de Mormon. Elle dit à propos de son engagement indéfectible : « Il a toujours affirmé sans l’ombre d’un doute… la divinité et la véracité du Livre de Mormon » (Anderson, 1981, p. 63). Cette assurance a résisté à l’épreuve de la persécution, de la pauvreté, de la perte de standing, d’une santé défaillante et de la mort tragique de cinq de ses six enfants. Mourant à quarante-trois ans, Oliver était entouré par les membres de sa famille qui ont dit qu’il avait réaffirmé la divinité du Livre de Mormon et de la prêtrise rétablie – et avait exprimé une confiance totale au Christ. Juste avant rejoindre l’Église, il exprima ses espoirs intérieurs dans une lettre à David Whitmer, qui avait été témoin avec lui : « Que le Seigneur défende notre réputation et fasse briller notre témoignage, et alors les hommes seront sauvés dans son royaume » (Oliver Cowdery à David Whitmer, 28 juillet 1847, Ensign of Liberty, 1:92).
 
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Reuben Miller, Recorder of Oliver Cowdery's Reaffirmations." BYU Studies 8, printemps 1968, p. 277-293.
Id. "The Second Witness of Priesthood Restoration". JE 71, sept. 1968, p. 15-24 et 71, nov. 1968, p. 14-20.
Id. Investigating the Book ofMonnon Witnesses. Salt Lake City, 1981.
Arrington, Leonard J. "Oliver Cowdery's Kirtland, Ohio, 'Sketch Book."' BYU Studies 12, été 1972, p. 410-426.
Cannon, Donald Q. , et Lyndon W. Cook. Far West Record. Salt Lake City, 1983.
Gunn, Stanley R. Oliver Cowdery, Second Eider and Scribe. Salt Lake City, 1962.
Jessee, Dean C. "Joseph Knight's Recollection of Early Mormon History". BYU Studies 17, 1976, p.36.
Porter, Larry C. "Dating the Restoration of the Melchizedek Priesthood". Ensign 9, juin 1979, p. 5-10.
Whitmer, David. Address to All Believers in Christ. Richmond, Mo., 1887.
RICHARD LLOYD ANDERSON
 
Création, récits de la Création
Auteurs : Nielsen, F. Kent et Ricks, Stephen D.
 
Les saints des derniers jours ont, en plus de la Genèse biblique, deux restaurations modernes de récits scripturaires antiques de la Création dans le livre de Moïse et le livre d’Abraham. Des informations faisant autorité sur le sujet apparaissent également dans le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la cérémonie du temple. Puisant dans cette abondance de textes sur la création, les saints des derniers jours comprennent que Jésus-Christ, agissant sous la direction de Dieu le Père, a créé ce monde-ci et d’autres pour rendre possible l’immortalité et la vie éternelle d’êtres humains qui existaient déjà comme enfants d’esprit du Père. Cette compréhension diffère des récits scientifiques et des récits traditionnels chrétiens parce qu’elle affirme le but et le rôle de Dieu, tout en reconnaissant la création comme l’organisation de matériaux préexistants et pas comme un événement ex nihilo (création à partir du néant). En outre, ces récits décrivent un rôle actif pour les enfants d’esprit de Dieu dans la création et contiennent une version plus détaillée des origines du mal.
 
L’occurrence fréquente de récits de la création dans les Écritures et les cérémonies sacrées mormones correspond à ce que l’on trouve d’une manière générale dans le monde antique, et dans l’Israël antique en particulier, où la Création était régulièrement récitée ou rejouée. Les Israélites et les autres peuples du Proche-Orient antique considéraient la Création – et notamment sa récitation et sa reconstitution rituelles – comme possédant une nature dynamique, pas statique. Selon Raffaele Pettazzoni, un historien bien connu des religions, « ce qui s’est produit au commencement a une valeur exemplaire et déterminante pour ce que se passe aujourd’hui et ce qui arrivera à l’avenir » (p. 26).
 
La Création joue un rôle théologique central dans le Livre de Mormon. Les événements entourant la Création sont liés à la chute de l’ange qui est devenu le diable (2 Né. 2:17 ; 9:8). Sa chute a, à son tour, mené à celle d’Adam, à l’opposition comme partie intégrante de la condition mortelle et, finalement, au besoin de rédemption divine de l’humanité (2 Né. 2:18-27). Les prophètes du Livre de Mormon voyaient la Création comme un symbole de la bonté de Dieu et comme une pierre de touche de l’intendance humaine : « Voici, le Seigneur a créé la terre afin qu’elle soit habitée ; et il a créé ses enfants afin qu’ils la possèdent » (1 Né. 17:36). Ceux qui rejettent la bonté de Dieu symbolisée par la Création (et l’Expiation) seront inévitablement jugés et punis (cf. 2 Né. 1:10).
 
Le récit de la Création dans le livre de Moïse (révélé en 1830 comme commencement de la traduction de la Bible par Joseph Smith) apporte plusieurs informations en plus de celles qui sont dans la Genèse.
 
D’abord, le livre de Moïse montre que Moïse est bien l’auteur de son récit de la Création et précise que celui-ci est le résultat d’une révélation qui lui a été donnée à un certain moment entre l’épisode du buisson ardent et l’exode (Moï. 1:17, 25).
 
Deuxièmement, il éclaircit le rôle de Jésus-Christ dans la Création : « Et je les ai créées [ces terres et leurs habitants], par la parole de mon pouvoir, qui est mon Fils unique, lequel est plein de grâce et de vérité » (Moï. 1:32-33) ; « Puis moi, Dieu, je dis à mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement : Faisons l’homme à notre image » (Moï. 2:26-27) ; « Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à mon Fils unique : Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour la connaissance du bien et du mal » (Moï. 4:28). Ceci est conforme aux enseignements de Jean et de Paul dans le Nouveau Testament (Jn. 1:3, 10 ; Ép. 3:9 ; Col. 1:13-16 ; Hé. 1:2, 10).
 
Troisièmement, la Création est placée dans un contexte beaucoup plus vaste de créations continuelles de terres habitées innombrables avec leurs cieux respectifs (dans lesquels le Christ a joué un rôle central) : « Et j’ai créé des mondes sans nombre ; et je les ai également créés dans un dessein qui m’est propre, et je les ai créés par le Fils, qui est mon Fils unique… pour le mien possèdent le but ; et par le fils je les ai créés, qui est le mien seulement engendré…. Et lorsqu’une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n’y a pas de fin à mes œuvres ni à mes paroles. » (Moï. 1:33, 38 ; voir aussi Mondes). Moïse reçoit des détails de la création de « ce ciel, et cette terre » seulement (Moï. 2:1 ; cf. 1:35).
 
Quatrièmement, l’origine du mal est retracée jusqu’à la rébellion de Satan, qui cherchait (1) à remplacer le Fils bien-aimé de Dieu, qui « était [l’]élu depuis le commencement » et (2) à recevoir et à utiliser le pouvoir de Dieu de racheter tous les humains en détruisant leur libre arbitre (Moï. 4:1-4). L’importance du libre arbitre humain est réaffirmée dans le commandement donné à Adam et à Ève au sujet de l’arbre de la connaissance du bien et du mal : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal ; néanmoins, tu peux choisir par toi-même, car cela t’est donné ; mais souviens-toi que je le défends, car le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Moï. 3:17).
 
Cinquièmement, le récit dans Moïse précise que tous les êtres vivants ont été créés spirituellement dans les cieux avant leur création physique sur la terre : « Moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les choses dont j’ai parlé, avant qu’elles fussent naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le Seigneur Dieu, j’avais créé tous les enfants des hommes, mais pas encore d’homme pour cultiver le sol ; car c’est dans le ciel que je les avais créés ; et il n’y avait pas encore de chair sur la terre, ni dans l’eau, ni dans l’air » (Moï. 3:5).
 
Certains commentateurs mormons ont exploré la possibilité que le récit de Moïse puisse résoudre le conflit existant dans l’ordre des actes créateurs de Dieu entre Genèse 1 et Genèse 2 en traitant la première comme une création d’esprit (O. Pratt, p. 21-22 ; Roberts, p. 264-268 ; cf. DS1:74-76 qui expose un point de vue différent). Les révélations ultérieures expliquent que la création d’esprit de l’humanité avait eu lieu longtemps avant que les événements décrits dans aucun des récits de la création de la terre. Dieu, notre Père céleste, est littéralement le « Père des esprits » (Hé. 12:9). « L’homme comme esprit a été engendré et est né de parents célestes et a été élevé jusqu’à sa maturité dans les demeures éternelles du Père avant de venir sur la terre dans un corps temporel » (voir Première Présidence, « L’origine de l’homme », nov. 1909 [Annexe] ; voir aussi Corps d’esprit).

Le récit abrahamique est distinctif parmi les récits de la Création. Il décrit un cosmos structuré, avec beaucoup d’étoiles, les unes au-dessus des autres, avec leurs différentes périodes et ordres de gouvernement (Abr. 3:1-10). Dans ce contexte, Abraham se renseigne également sur les esprits éternellement existants, l’un au-dessus de l’autre en intelligence, jusqu’au « Seigneur, ton Dieu », qui est « plus intelligent qu’eux tous » (Abr. 3:19 ; voir les discours cités dans la bibliographie). On lui montre un groupe d’intelligences organisées (ou esprits ou âmes, les mots sont ici utilisés l’un pour l’autre), au-dessus desquelles règne Dieu et parmi lesquelles il demeure, et il apprend que Dieu « au commencement » est descendu parmi elles et a dit de certaines qui étaient « nobles et grandes » : « De ceux-ci je ferai mes gouverneurs… et il me dit : Abraham, tu es l’un d’eux ; tu fus choisi avant ta naissance » (Abr. 3:18-23). L’un des buts de cette assemblée prémortelle dans les cieux est formulé par quelqu’un « parmi eux qui était semblable à Dieu » qui dit à ceux qui sont avec lui : « Nous descendrons là-bas… et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve, pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera » (Abr. 3:24-25). Ceci est suivi d’une mention de la gloire qui sera accordée à ceux qui se montrent dignes, du choix de quelqu’un « qui était semblable au Fils de l’Homme » (qui doit être envoyé pour réaliser ceci) et du rejet de Satan, le tout fait par « le Seigneur », qui est identifié ailleurs comme étant Jéhovah (Abr. 3:25-28 ; cf. Abr. 1:15-16 ; 2:7-8). Ensuite, « le Seigneur dit : Descendons », sur quoi les Dieux « organisèrent et formèrent les cieux et la terre » (Abr. 4:1). Un élément important de ce récit révélé est que l’espace et les matériaux pour créer la terre existaient explicitement avant sa création.
 
C’est dans ce contexte de l’assemblée divine, ou Conseil dans les cieux, que le récit d’Abraham concernant la Création va de l’avant en suivant, de manière générale, la structure de la Genèse. Au moment où il publia cette « traduction » en 1842, Joseph Smith avait acquis une compréhension beaucoup plus profonde grâce à des révélations supplémentaires et certaines par l’étude de l’hébreu. À la lumière de la doctrine du Conseil dans les cieux, Joseph Smith avait fait remarquer que le terme hébreu Élohim, qui est un pluriel, devrait être rendu par « Dieux » dans le récit de la Création et non par le « Dieu » traditionnel (WJS, p. 379). C’est ainsi qu’il est rendu dans tout le récit d’Abraham. À la lumière de la doctrine de la nature éternelle de la matière, le mot traditionnellement traduit par « créa » devient « organisa ». L’expression « informe et vide » (hébreu tohu va-bohu) est rendue, tout à fait correctement, par « vide et désolée » et décrit l’état de la terre après qu’elle a été organisée, pas avant (Abr. 4:2).
 
Le terme « jour » (yom en hébreu) pour les sept « jours » de la création est rendu par « temps », une option permise en hébreu et il est explicitement précisé que le « temps » dans lequel Adam devrait mourir s’il prenait du fruit défendu « était selon le temps du Seigneur, qui était selon le temps de Kolob [une grande étoile dont Abraham avait vu qu’elle était le plus près du trône de Dieu, dont la révolution, d’une durée de mille ans selon notre manière de calculer, est un jour pour le Seigneur] ; car les Dieux n’avaient pas encore désigné à Adam le calcul de son temps » (Abr. 5:13 ; 3:2-4).
 
Sur la base du passage ci-dessus, qui exclut clairement la possibilité que des jours terrestres de vingt-quatre heures soient les « jours » ou « périodes » de la création, certains saints des derniers jours ont avancé que les « temps » de la création aussi bien que le « temps » de la vie terrestre d’Adam après la Chute étaient des périodes de mille ans ; d’autres sont partisans de périodes indéterminées, le temps nécessaire pour accomplir l’œuvre concernée. Le récit d’Abraham contient effectivement le passage intéressant, en rapport avec « l’organisation » des luminaires dans « l’étendue » du ciel : « Et les Dieux observèrent les choses auxquelles ils avaient donné des ordres jusqu’à ce qu’elles eussent obéi » (Abr. 4:14-18). Le récit d’Abraham comprend en fait douze « travaux » des Dieux, répartis parmi les « jours » à la manière de la Genèse. Le récit ultérieur de la création au temple donne une version abrégée de ces travaux, divisés différemment parmi les sept jours tout en maintenant le même ordre, ce qui veut peut-être dire que le jour où un travail donné est accompli importe peu.
 
Abraham relie les récits apparemment différents de Genèse 1 et 2 dans le contexte du Conseil dans les cieux. Le récit en sept jours d’Abraham suit l’œuvre des cinq premiers temps créateurs et d’une partie du sixième comme création physique de la terre et sa préparation pour recevoir la vie avant que celle-ci n’y soit effectivement placée. Ainsi, pendant le troisième temps, « les Dieux organisèrent la terre afin qu’elle produisît de la verdure… et la terre afin qu’elle produisît les arbres à partir de leur semence » (Abr. 4:12 ; italiques ajoutés). Et pendant le cinquième temps, « les Dieux préparèrent les eaux afin qu’elles produisissent de grands poissons et tous les animaux vivants… tous les oiseaux ailés selon leur espèce. » (Abr. 4:21). De même, au sixième temps, « les Dieux préparèrent la terre afin qu’elle produisît des animaux vivants selon leur espèce… et les Dieux virent qu’ils obéiraient » (Abr. 4:24-25). Ensuite lors du sixième temps, les Dieux se consultèrent à nouveau et décidèrent de former l’homme et de lui donner la domination sur les plantes et les animaux qui devaient venir sur la terre (Abr. 4:26-29). « Et les Dieux se dirent entre eux : Au septième temps, nous achèverons l’œuvre que nous sommes convenus de faire, et nous nous reposerons… Et telles furent leurs décisions à l’époque où ils convinrent entre eux » (Abr. 5:2-3). Le récit parallèle à Genèse 2 vient ensuite tout naturellement comme récit du placement proprement dit de la vie sur la terre : « Et les Dieux descendirent et formèrent les origines des cieux et de la terre, quand ils furent formés le jour où les Dieux formèrent la terre et les cieux. Selon tout ce qu’ils avaient dit concernant chaque plante des champs avant qu’elle fût sur la terre » (Abr. 5:4-5).
 
Plusieurs thèmes que l’on trouve dans d’autres récits antiques de la création – le conflit prémortel dans les cieux, la victoire divine sur les pouvoirs d’opposition du chaos et la promulgation de la loi au moment de la création – sont également connus dans les récits de la création des Écritures et de la théologie des saints des derniers jours (2 Né. 2:17 ; 9:8 ; Moï. 4:3-4 ; Abr. 3:27-28 ; voir aussi Guerre dans le ciel ; Préexistence (Existence Préterrestre)). Il y a des allusions à ces idées dans plusieurs passages de la Bible (cf. Ex. 15 ; Job 38-41 ; És. 40-42 ; Ps. 18 ; 19 ; 24 ; 33 ; 68 ; 93 ; 104 ; Prov. 8:22-33 ; Ha. 3:8 ; Ap. 12:7-12). Du début de l’ère chrétienne jusqu’à la fin du XIXe siècle, l’interprétation chrétienne traditionnelle a généralement traité ces textes bibliques de manière allégorique ou n’en a pas du tout tenu compte dans l’étude de la Création. Une transformation profonde de l’interprétation chrétienne de ces passages a eu lieu pendant la dernière partie du XIXe siècle avec la découverte et la traduction de récits de la Création venant de la Mésopotamie et de l’Égypte anciennes. Bien qu’ils varient considérablement dans les détails, ces récits mentionnent habituellement des combats prémortels, l’établissement de l’ordre divin avant la création et la création à partir du chaos. Les passages bibliques mentionnés ci-dessus sont maintenant souvent compris à la lumière de ces descriptions des récits extrabibliques.
 
La doctrine de la création ex nihilo a été l’explication chrétienne traditionnelle. Dans les commentaires récents sur le sujet, beaucoup d’érudits juifs se sont accordés pour dire qu’on ne trouve pas de croyance en une création ex nihilo avant la période hellénistique, tandis que les savants chrétiens ne trouvent aucun signe de pareille doctrine dans l’Église chrétienne avant la fin du IIe siècle apr. J.-C. Le rejet de la création ex nihilo dans l’enseignement des saints des derniers jours s’accorde ainsi avec ce que l’on sait de la conception la plus ancienne de la Création dans l’Israël antique et dans le christianisme primitif. De même, les saints des derniers jours ont vu dans des passages bibliques tels que Jean 9:2 et Jérémie 1:4-5 une allusion à une existence individuelle prémortelle, avec des implications pour l’existence terrestre ultérieure. À l’appui de ceci, on peut préciser que divers chrétiens et groupes chrétiens des premiers siècles du christianisme ont enseigné la même doctrine (cf. Origène, De Principiis 1:7 ; 2:8 ; 4:1) et qu’on la trouve également dans les croyances juives de la même période, notamment Philon (De mutatione nominum 39 ; De opificio mundi 51 ; De cherubim 32), dans certains écrits apocryphes (Sagesse de Salomon 8:19-20 ; 15:3) et chez les Esséniens (Josèphe, Guerre des Juifs 2.8.11, aussi bien que dans le Talmud et le Midrash juifs).
 
Bibliographie
Anderson, Bernhard W. "Creation". Dans Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 1, p. 725-32. New York, 1962.
Eliade, Mircea. "The Prestige of the Cosmogonic Myth." Diogenes 23, automne 1958, p. 1-13.
Goldstein, Jonathan A. "The Origins of the Doctrine of Creation Ex Nihilo." Journal of Jewish Studies 35, automne 1984, p. 127-135.
McConkie, Bruce R. "Christ and the Creation". Ensign 12, juin 1982, p. 9-15.
Pettazzoni, Raffaele. "Myths of Beginnings and Creation-Myths". Dans Pettazzoni, Essays on the History of Religions, H. J. Rose, trans., Vol. 1, p. 24-36. Leiden, 1954.
Pratt, Orson. "The Pre-existence of Man." Série d’articles dans The Seer (1853-1854). Photo repr., Salt Lake City, 1990.
Pratt, Parley P. "Origin of the Universe". Dans Pratt, The Key to the Science of Theology, p. 26-32. Salt Lake City, 1978.
Roberts, B. H. The Gospel and Man’s Relationship to Deity, p. 256-273. Salt Lake City, 1966.
Salisbury, Frank B. The Creation. Salt Lake City, 1976.
Smith, Joseph. Voir discours rapportés dans WJS, p. 9, 33, 60, 341, 346, 351-352 et 359 et leurs contextes.
Smith, Joseph Fielding. Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
Winston, David. "Creation Ex Nihilo Revisited : A Reply to Jonathan Goldstein". Journal of Jewish Studies 37, printemps 1986, p. 88-91.
Young, Brigham. Discourses of Brigham Young, chaps. 2, 4, 9. Salt Lake City, 1954.
F. KENT NIELSEN
STEPHEN D. RICKS

D
 
Damnation
Auteur : HOLZAPFEL, RICHARD NEITZEL
 
« Damnation » est un terme qui dérive du latin damnum, signifiant « dommages » et « perte » et suggère souvent l’idée de privation de ce que l’on aurait dû posséder. Tout comme il y a des degrés et des types divers de salut, liés à une progression éternelle dans certains domaines (D&A 76:96-98 ; 131:1-4), de même il y a des degrés et des types divers de damnation. Dans la doctrine des saints, être damné signifie être arrêté, bloqué ou limité dans sa progression. Les individus sont damnés toutes les fois qu’ils sont empêchés d’atteindre leur plein potentiel d’enfants de Dieu. La damnation, c’est ne pas atteindre ce dont on aurait pu jouir si l’on avait accepté la loi tout entière de l’Évangile et si on y avait été fidèle. Dans ce sens, tous ceux qui ne parviennent pas au degré le plus élevé du royaume céleste sont damnés même s’ils sont sauvés dans un degré de gloire. Ils sont damnés dans le sens qu’ils ne jouiront pas d’un accroissement éternel ou de la continuation de la cellule familiale dans l’éternité (D&A 132:4, 19). Dans ce contexte, la damnation ne désigne pas nécessairement la souffrance éternelle en enfer avec le diable, parce que la perte de bénédictions est en soi un type d’enfer et de damnation. Les conceptions des saints sur ce sujet sont liées à des écrits bibliques enrichis et clarifiés par des révélations supplémentaires ; par conséquent, le terme damnation a une application plus large que ne pourrait le laisser croire l’usage moderne (voir Degrés de gloire ; Exaltation ; Héritiers).

Dans les Écritures, damnation désigne habituellement le jugement ou la condamnation qui seront prononcés par Jésus-Christ sur les méchants à la fin du monde (Mt. 25:41-46). « Damnation » est l’équivalent de l’hébreu « rasha », qui signifie être méchant, impie ou coupable, et du grec krino, qui implique une mise sous condamnation. Si le mot « damnation » apparaît régulièrement dans la King James Version de la Bible, (c.-à-d., dans le Nouveau Testament) on ne le trouve pas dans la version Segond, qui utilise plutôt « condamnation ».
 
Beaucoup de juifs et de chrétiens rejettent l’idée de la damnation comme étant une notion théologique désuète, mais certains juifs orthodoxes et chrétiens conservateurs entretiennent une croyance en une damnation finale et éternelle. Les chrétiens conservateurs croient généralement que Dieu lui-même condamnera les pécheurs impénitents sur la base de la justice méritée par les intéressés (Mt. 12:41-42 ; Jn. 12:48 ; Ro. 3:8). Ils croient, en outre, que le Christ, le Rédempteur, est venu pour sauver plutôt que pour condamner (Jn. 3:17) et que lui seul libère l’individu de la damnation finale (Ro. 8:1-2).
 
La damnation résulte du refus de croire en l’Évangile (Mc. 16:16), d’accepter une lumière et une connaissance supplémentaires (Al. 12:9-11), du fait de croire à de fausses doctrines (2 Pi. 2:1), d’être paresseux et de devoir être commandé en tout (D&A 58:26-29) et de refuser de s’humilier, de se repentir et de vivre selon les principes de l’Évangile. Le prophète Joseph Smith a expliqué : « Dieu a décrété que tous ceux qui ne veulent pas obéir à sa voix n’échapperont pas au châtiment de la géhenne. Qu’est-ce que le châtiment de la géhenne ? Se retrouver dans la société de ceux qui n’ont pas obéi à ses commandes » (EPJS, p. 160 ; cf. p. 262-263).
 
Il y a aussi damnation quand on prend la Sainte-Cène indignement (1 Co. 11:29), quand on se complaît dans l’injustice (2 Th. 2:12), que l’on se livre à des relations adultères (1 Ti. 5:11-12), que l’on rejette la loi de l’Église (D&A 42:60), que l’on néglige l’alliance du mariage éternel (D&A 132:4), que l’on change la sainte parole de Dieu (Mrm. 8:33) et que l’on rejette Jésus-Christ (D&A 49:5). Si des personnes font ces choses et ne se repentent pas, elles ne jouissent pas de la protection de la loi de Dieu et n’ont pas la nourriture spirituelle qu’elles auraient pu avoir et, en conséquence, elles connaissent la damnation.
 
Il ne faut pas confondre la damnation avec le tourment ou le châtiment sans fin. Une révélation à Joseph Smith explique : « Il n'est pas écrit qu'il n'y aura pas de fin à ce tourment, mais il est écrit tourment infini. Il est aussi écrit damnation éternelle ; ceci est plus explicite que d'autres Écritures afin d'agir sur le cœur des enfants des hommes » (D&A 19:6-7 ; voir aussi Infini et éternel). Le président Brigham Young explique : « Nous croyons que seront damnés tous ceux qui n’acceptent pas l’Évangile de Jésus-Christ ; mais nous ne croyons pas qu’ils iront dans un étang de feu et de soufre et qu’ils subiront des tourments sans nom, infligés à toute éternité par des démons cruels et malveillants. La doctrine sectaire des récompenses et des châtiments finaux me paraît aussi étrange que leur Dieu sans corps, sans parties et sans passions. Chaque homme recevra selon les actes accomplis dans le corps, qu’ils soient bons ou mauvais. Tous les hommes, sauf ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit, qui versent le sang innocent ou qui y consentent, seront sauvés dans un royaume ; car dans la maison de mon Père, dit Jésus, il y a plusieurs demeures » (JD 11:125-126).
 
La damnation finale et totale ne revient qu’au diable et à ses anges, qui se sont rebellés dans le premier état, et aux fils de perdition, qui sont damnés éternellement et se voient refuser l’entrée dans un quelconque royaume de gloire dans l’au-delà (D&A 76:32-34). Les fils de perdition sont ceux qui sont coupables du péché impardonnable contre le Saint-Esprit (D&A 132:27 ; cf. Mc. 3:29), qui inclut le reniement obstiné du « Fils unique du Père, [l’ayant] crucifié, pour leur part, et [l’ayant] exposé à l'ignominie » (D&A 76:35).
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "Marriage and Divorce". Dans 1976 Speeches of the Year, p. 154. Provo, Utah, 1977.
Lee, Harold B. "Spiritual Rebirth and Death". IE 50, nov. 1947, p. 716, 752, 754.
Stuy, Brian, dir. de publ. Discours de George Q. Cannon. Dans Collected Discourses, 3 vols. ; Vol. 2, p. 64-76. Sandy, Utah, 1987-1989.
RICHARD NEITZEL HOLZAPFEL

Daniel, prophéties de
Auteur : Chadwick, Jeffrey R.

L'Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours considère le livre de Daniel comme les écrits du Daniel qui fut déporté de Jérusalem à Babylone (v. 606 av. J.-C.) et accepte l’œuvre comme Écriture. Elle y voit des prophéties importantes sur les derniers jours, notamment l'apostasie et le rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
Selon Wilford Woodruff, l'ange Moroni a cité au prophète Joseph Smith le chapitre 2 de Daniel, qui contient une prophétie du rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours dans le songe de Nebucadnetsar concernant « ce qui arrivera dans la suite des temps » (Daniel 2:28 ; Whittaker, p. 159). Daniel voit dans la « tête d'or » du songe un symbole de l'empire de Nebucadnetsar et les prophètes modernes ont précisé que la pierre « détach[ée] sans le secours d’aucune main » (Daniel 2:34) représente le Royaume de Dieu dans les derniers jours (D&A 65 ; HC 1:xxxiv-xi). Les autres symboles ont été interprétés comme suit : « La poitrine et les bras d'argent » représentent le royaume perse qui remplaça Babylone. « Le ventre et les cuisses d'airain » préfigurent les états hellénistiques qui allaient suivre. Les deux « jambes de fer » sont l'empire romain, annonçant la division entre Rome et Constantinople. Les pieds de l'image, « en partie de fer et en partie d’argile » symbolisent les royaumes européens issus de la dissolution de l'empire romain à partir du cinquième siècle. Ces royaumes fusionnèrent la culture de Rome avec celle des tribus européennes du nord et de l’est ; d’où le mélange symbolique du fer et de l'argile.

Dans le temps de ces royaumes, prédit Daniel, « le Dieu des cieux suscitera un royaume... [qui] subsistera éternellement » (2:44). Ce royaume final, représenté par la pierre « détach[ée] sans le secours d’aucune main », est l'Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours rétablie en 1830, lorsque les monarques européens gouvernaient encore. On voit que l'Église se propagerait partout dans le monde par le fait que « la pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre. » (2:34-35 ; Kimball, p. 8).

La vision de Daniel au chapitre sept s’interprète aussi dans le contexte des derniers jours. Les « quatre grands animaux » (Daniel 7:3) semblent représenter les empires successifs de Babylone, Perse, Macédoine et Rome et les « dix cornes » (7:7) du quatrième animal semblent symboliser encore une fois les royaumes qui succédèrent à l'empire romain. Les prophètes modernes identifient « l’ancien des jours » (7:22) comme étant Adam, qui présidera une réunion qui se tiendra à Adam-ondi-Ahman, dans le Missouri, avant la seconde venue de Jésus (D&A 116). Lors de cette assemblée, Jésus, « le Fils de l'homme », apparaîtra. Agissant pour les dirigeants de la prêtrise de toutes les dispensations, Adam rendra à Jésus ressuscité les clefs de la prêtrise qui représentent la domination éternelle.

La prophétie des « soixante-dix semaines » au chapitre 9 intéresse les saints des derniers jours parce qu'elle suggère que l'Église du Nouveau Testament tomberait dans l'apostasie. Les soixante-neuf semaines (Daniel 9:24-26) pourraient symboliser la période comprise entre le retour des juifs à Jérusalem (537 av. J.-C.) et la venue de Jésus, le Messie, qui expierait pour son peuple. Le verset 27 rapporte que le Seigneur « fera une solide alliance avec plusieurs pour une semaine ». Cette soixante-dixième semaine pourrait symboliser les décennies que la vraie Église du Christ a duré, alors dirigée par des apôtres et des prophètes vivants, pour prendre fin peu après 100 de notre ère, après le ministère de Jean l'apôtre. La prophétie fait également remarquer que Jérusalem et son temple seraient détruits « durant la moitié de la semaine » (an 70), mentionnant l'abomination de la désolation et la cessation des sacrifices au temple (cf. Marc 13:14).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "A Stone Cut Without Hands." Ensign 6, mai 1976, p. 4-9.
McConkie, Bruce R. The Millennial Messiah, chap. 11, 47. Salt Lake City, 1982.
Sperry, Sidney B. The Voice of Israel's Prophets. Salt Lake City, 1952.
Whittaker, David J. "The Book of Daniel in Early Mormon Thought." Dans By Study and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 1, p. 155-201. Salt Lake City, 1990.
JEFFREY R. CHADWICK

 
Degrés de gloire
Auteur : DAHL, LARRY E.
 
L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours a une vision optimiste des récompenses éternelles qui attendent l'humanité dans l'au-delà. Les membres de l'Église croient qu'il y a « plusieurs demeures » (Jn. 14:2) et que l'expiation et la résurrection du Christ sauveront toute l'humanité de la mort et finalement récupéreront tout le monde de l'enfer excepté les fils de perdition (D&A 76:43-44). Ceux qui sont sauvés ne sont cependant pas placés dans un état monolithique appelé le ciel. Dans la résurrection du corps, ils sont affectés à différents degrés de gloire en fonction de la loi à laquelle ils ont obéi. Il y a trois royaumes de gloire : le céleste, le terrestre et le téleste. L’apôtre Paul parle de trois gloires qui diffèrent entre elles comme le soleil, la lune et les étoiles diffèrent en éclat. Il appelle céleste et terrestre les deux premières gloires, mais la troisième ne reçoit pas de nom dans la Bible (1 Co. 15:40-41 ; cf. D&A 76:70-81, 96-98.) Le mot « téleste » est un terme mormon, utilisé pour la première fois par le prophète Joseph Smith et Sidney Rigdon quand ils rapportent une vision qu'ils reçoivent le 16 février 1832 (D&A 76 ; voir aussi Royaume céleste ; Royaume terrestre ; Royaume téleste).
 
Lors du jugement final, tous, excepté le diable, ses anges et ceux qui deviennent fils de perdition pendant la condition mortelle seront affectés à l’un des trois royaumes de gloire. Le diable et ses disciples seront affectés à un royaume sans gloire (D&A 76:25-39 ; 88:24, 32-35).
 
SOURCES SCRIPTURAIRES mormoneS. Bien que la Bible contienne des mentions de divers niveaux de résurrection et de ciel (1 Co. 15:39-58 ; 2 Co. 12:2), la connaissance que les saints ont de la question vient principalement des révélations données au prophète Joseph Smith. La première révélation traitant directement ce sujet fut donnée le 16 février 1832 et est appelée « la Vision » (D&A 76). Pour ce qui est des circonstances dans lesquelles cette révélation fut donnée, Joseph Smith explique : À mon retour de la conférence d'Amherst, je repris la traduction des Écritures. D'après diverses révélations qui avaient été reçues, il était clair que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant qu'elle ne fût compilée. D'après les vérités qui restaient, il semblait qu'il allât de soi que si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‹ciel›, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d'un royaume. En conséquence, tandis que nous traduisions l'Évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante » [HC 1:245 et chapeau de la section ; voir aussi la traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]).
 
Des révélations ultérieures, particulièrement D&A 88, 131, 132, 137 et 138, ajoutent des informations à ce sujet.
 
LA GLOIRE CÉLESTE. Le Royaume céleste est réservé à ceux qui reçoivent le témoignage de Jésus et embrassent pleinement l'Évangile, c'est-à-dire, ont la foi en Jésus-Christ, se repentent de leurs péchés, sont baptisés par immersion par quelqu’un ayant l'autorité, reçoivent le Saint-Esprit par l'imposition des mains et persévèrent dans la justice. Tous ceux qui atteignent ce royaume « demeureront pour toujours et à jamais dans la présence de Dieu et de son Christ » (D&A 76:62). Il y a, cependant, différentes bénédictions et différents pouvoirs dans ce royaume. « Il y a, dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la prêtrise [à savoir : la nouvelle alliance éternelle du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut avoir d'accroissement » (D&A 131:1-4). L’ « accroissement », dans ce cas, signifie le fait d’avoir des enfants d'esprit après la condition mortelle (voir Vies éternelles, Accroissement éternel). Joseph Smith explique : « Si un homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et ne sont pas mariés pour l'éternité par le pouvoir et l'autorité de la Sainte Prêtrise, ils cesseront de s’accroître quand ils mourront ; c'est-à-dire qu’ils n'auront pas d’enfants après la résurrection » (EPJS, p. 242). Les saints des derniers jours croient que ceux qui atteignent le plus haut niveau du Royaume céleste deviennent des dieux, reçoivent l'exaltation et sont cohéritiers avec le Christ de tout ce que le Père a (cf. Ro. 8:14-17 ; D&A 76:50-70 ; 84:33-39 ; 132:19-25).
 
Il n'y a aucune explication scripturaire concernant ceux qui vont dans les deux catégories inférieures du Royaume céleste si ce n’est qu'ils « ne sont pas dieux, mais anges de Dieu, pour toujours et à jamais » des serviteurs chargés d’un ministère, qui « restent à toute éternité séparés et seuls, sans exaltation, dans leur état sauvé » (D&A 132:16-17).
 
LA GLOIRE TERRESTRE. Les habitants du Royaume terrestre sont décrits comme étant les gens honorables de la terre qui ont reçu le témoignage de Jésus mais n'ont pas été suffisamment vaillants dans ce témoignage pour obéir à tous les principes et ordonnances de l'Évangile (D&A 76:71-80). En outre, ceux « des nations païennes » qui « sont morts sans loi », qui sont honorables mais qui n'acceptent pas la plénitude de l'Évangile dans le monde d'esprit post-terrestre, sont candidats à la gloire terrestre (D&A 45:54 ; 76:72). Dans l'au-delà, ils reçoivent la présence du Fils, mais pas la plénitude du Père. La gloire du Royaume terrestre diffère de celle du céleste comme la lumière que nous voyons de la lune diffère en gloire de celle du soleil. Il n'y a aucune mention de différents degrés ou niveaux dans le Royaume terrestre, mais il est raisonnable de croire que là, comme dans les royaumes céleste et téleste, les personnes différeront en gloire les unes des autres (voir D&A 76:97-98).
 
LA GLOIRE TÉLESTE. Ceux qui, sur terre, sont des menteurs, des sorciers, des fornicateurs et des adultères, qui ne reçoivent pas l'Évangile, ni le témoignage de Jésus, ni celui des prophètes, vont dans le Royaume téleste. Ils sont jugés indignes de ressusciter à l'avènement du Christ et reçoivent un temps supplémentaire en « enfer » pour se repentir et se préparer pour une résurrection et un placement ultérieurs dans un royaume de gloire moindre. Pendant cette période, ils apprennent à respecter des lois qu'ils ont rejetées par le passé. Ils fléchissent le genou et admettent leur dépendance vis-à-vis de Jésus-Christ, mais ils n’acceptent toujours pas la plénitude de l'Évangile. À la fin du millénium, ils sont extraits de l'enfer et sont ressuscités dans une gloire téleste. Là, « ils seront les serviteurs du Très-Haut ; mais là où Dieu et le Christ demeurent, ils ne peuvent aller, aux siècles des siècles » (D&A 76:112). Cependant, ils reçoivent « de l'Esprit-Saint par le ministère des terrestres » (verset 86). Bien que différant de la gloire des royaumes terrestre et céleste comme la lumière que nous percevons des étoiles diffère de celle de la lune et de celle du soleil, la gloire du Royaume téleste « défie [malgré tout] toute compréhension » (verset 89 ; voir D&A 76:81-90, 98-112 ; 88:100-101).
 
OCCASION DONNÉE À TOUS. L'Église enseigne que tous les hommes, à l’exception des fils de perdition, trouveront, dans l’au-delà, une place dans l’un des royaumes de gloire et qu'ils choisissent eux-mêmes l'endroit par la vie qu’ils mènent ici sur terre et dans le monde d'esprit post-terrestre. Même la gloire la plus basse défie toute compréhension pour les mortels. Tout le monde reçoit son libre arbitre (D&A 93:30-32). Tous ont accès au pouvoir révélateur de la Lumière du Christ, qui, à condition qu’ils la suivent, les conduira à la vérité de l'Évangile (Jn. 1:1-13 ; Al. 12:9-11 ; Mro. 7:14-19 ; D&A 84:45-48). Tout le monde entendra l'Évangile de Jésus-Christ sur terre ou dans le monde d'esprit post-terrestre et aura suffisamment l'occasion de démontrer à quel point il l’accepte (D&A 138 ; cf. 1 Pi. 4:6). Ceux qui n'ont pas l’occasion de recevoir l'Évangile sur cette terre, mais qui l’auraient entièrement accepté s’ils avaient pu l'entendre, et qui le reçoivent donc dans le monde d'esprit, sont héritiers du royaume céleste de Dieu (D&A 137:7-8). Ils accepteront les ordonnances salvatrices accomplies pour eux par procuration dans un temple sur la terre (voir Salut des morts). Le Christ, victorieux et plein de grâce, accorde à tous le désir de leur cœur, leur permettant de choisir leur récompense éternelle selon la loi qu’ils sont disposés à respecter.
 
Bibliographie
Dahl, Larry E. “The Vision of the Glories”. Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. L. Millet et K. P. Jackson, vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
Smith, Joseph Fielding, DS, vol. 2, p. 20-24. Salt Lake City ? 1955.
Talmage, James E. AF, p. 375-394. Salt Lake City, 1968.
LARRY E. DAHL
 
Déification chez les premiers chrétiens
Auteur : NORMAN, KEITH E.
 
Du deuxième au huitième siècle, le terme chrétien standard pour désigner le salut était théopoièse ou théose, littéralement, « faire Dieu » ou déification. Ce langage a survécu sporadiquement dans la tradition mystique de l'Occident et est toujours utilisé dans l'Église catholique orthodoxe. La doctrine des saints relative à la progression éternelle et à l'exaltation à l'état divin exprime une conception similaire du salut.
 
Sous sa forme classique, en particulier dans les ouvrages d'Athanase (évêque d'Alexandrie au IVe siècle), la déification était basée sur la notion de l'incarnation du Christ. Le Conseil de Nicée (325 apr. J.-C.) a défini le Fils comme homoousios (de la même substance) avec le Père et donc pleinement Dieu. En prenant sur lui notre chair par la naissance, Jésus, en tant que Dieu, a uni l'essence de l'humanité à la nature divine. Finalement, la divinité du Christ a surmonté les limites de la chair par la résurrection et la glorification, transformant et élevant son corps au niveau complet de l'état divin. Comme Athanase l’a résumé : « Dieu a été fait homme pour que nous puissions être faits Dieu » (De l'incarnation du Logos, 54).
 
Bien que ce point de doctrine ait été écarté par les savants ultérieurs comme une simple « théorie physique de la rédemption » concentrée sur la Résurrection, la déification est plus qu'un synonyme de l'immortalité. Les Pères de l'Église affirmaient que la déification non seulement rétablit l'image de Dieu qui a été perdue au moment de la Chute, mais permet également à l'humanité de dépasser la nature humaine de manière à posséder les attributs de Dieu. « Je peux devenir Dieu dans la mesure où il est devenu homme », disait Grégoire de Nazianze vers la fin du IVe siècle (Homélies 29.19). Les descriptions de la déification mentionnaient l'incorruptibilité physique, l'immunité par rapport à la souffrance, la vertu parfaite, la pureté, la plénitude de la connaissance et de la joie, la progression éternelle, la communion avec Dieu, l’héritage de la gloire divine et la possibilité de régner conjointement à jamais avec le Christ dans le royaume de Dieu dans les cieux.
 
Les racines de la doctrine chrétienne de la déification sont essentiellement bibliques. En commençant par la création de l'humanité à l'image de Dieu (Ge. 1:26-27), les Pères de l’Église ont élaboré des aspects de la déification à partir de notions telles que le commandement de parvenir à la perfection et à la sainteté morales (par exemple, Lé. 19:1-2 ; Mt. 5:48 ; 1 Jn. 3:2 ; 1 Co. 11:1 ; 2 Pi. 1:3-7), l’adoption comme héritiers de Dieu (Ro. 8:15-17 ; Ga. 4:4-7), l’unification avec Dieu en Christ (Jn. 17:11-23) et la participation aux souffrances du Christ afin de d'être élevés avec lui dans la gloire (par exemple, Ro. 8:16-18 ; 2 Co. 3:18 ; 4:16-18 ; Ph. 3:20-21 ; 2 Ti. 2:10-12). Ils ont également mentionné des exemples d’humains décrits comme étant des « dieux » dans l'Écriture (Ex. 4:16 ; 7:1 ; Ps. 82:6 ; Jn. 10:34-36).
 
La pensée juive, en particulier en réponse à l’expansion de la christologie et ce qu’elle considérait comme une menace pour le monothéisme, avait plus de réticence à parler d’humains atteignant l’état divin. Néanmoins, les juifs avaient aussi certains des textes bibliques cruciaux sous-tendant la déification. Le judaïsme talmudique avait tendance à souligner l'obligation de l'humanité d'imiter la sainteté de Dieu puisqu’elle avait été créée à l'image divine. On disait de Moïse et d'autres prophètes qu’ils partageaient la gloire de Dieu et devenaient des « dieux secondaires » par rapport aux autres mortels (Meeks, p. 234-235). Philon dit de la glorification de Moïse qu’elle était le « prototype… de l’accession au ciel que chaque disciple espérait se voir accorder » (Meeks, p. 244).
 
Du fait de son incompatibilité avec la doctrine de Dieu dans le christianisme occidental, la déification a cessé d’être la manière préférée de décrire le salut. La théologie catholique a de plus en plus mis l’accent sur la transcendance de Dieu, seul être nécessaire et éternel. Tous les autres êtres étaient créés ex nihilo, « à partir du néant », et n’avaient qu’une existence contingente. Cette évolution théologique trouve son aboutissement chez Augustin. Pour lui, l'unité absolue et l'altérité de Dieu étaient si différentes du statut d’être créé et dépendant vis-à-vis de la grâce divine qu’était celui de l'humanité que le salut ne pouvait pas franchir le fossé entre le Créateur éternel et les créatures dépendantes de lui. Depuis lors, toute mention de déification a été suspecte ou hérétique dans le christianisme occidental et a constitué un point de friction majeur entre les chrétiens traditionnels et les enseignements des saints des derniers jours sur le sujet.
 
Bibliographie
Barlow, Philip L. "Unorthodox Orthodoxy : The Idea of Deification in Christian History". Sunstone 8, sept.-oct. 1983, p. 13-18.
Benz, Ernst W. "Imago Dei : Man in the Image of God." Dans Reflections on Mormonism, ed. T. Madsen, p. 201-219. Provo, Utah, 1978.
Gross, Jules. La divinisation du chrétien d'après les pères grecs. Paris, 1938.
Meeks, Wayne A. The Prophet-King : Moses Tradition and the Johannine Christology. Leiden, 1967.
Norman, Keith E. "Deification : The Content of Athanasian Soteriology". Thèse de doctorat, Duke University, 1980.
Norman, Keith E. "Divinization : The Forgotten Teaching of Early Christianity". Sunstone 1, 1975, p. 15-19.
Pelikan, Jaroslav. The Christian Tradition, Vols. 1 and 2. Chicago, 1971-1974.
KEITH E. NORMAN
 
Diable, Démons
Auteur : RIDDLE, CHAUNCEY C.
 
Dans la terminologie des saints, les mots « diable, démon » désignent quiconque favorise la cause du mal, mais ils s’appliquent particulièrement aux esprits non incarnés qui se sont rebellés contre Dieu dans la vie prémortelle et ont été précipités du ciel sur cette terre. Le diable, qui les dirige, est également connu sous les noms de Lucifer dans l’existence prémortelle et de Satan depuis qu’il a été précipité.
 
Le nom Lucifer signifie « porteur de lumière » en latin et est la traduction de l’hébreu heylel ben shakhar, qui signifie « annonciateur fils de l’aube » ou « étoile du matin ». Dans la vie prémortelle, Lucifer était un ange ayant autorité en présence de Dieu. Il joua un rôle important lors du Conseil dans les cieux. Après que le Père céleste eut offert le plan de justice pour aider ses enfants à devenir comme lui, Lucifer proposa un plan différent.
 
Le plan du Père était de sauver et d’exalter tous ses enfants obéissants. Pour être obéissants, ils devaient garder ses commandements et faire le bien. Dans le plan du Père, on savait d’avance que beaucoup rejetteraient l’exaltation et recevraient donc une gloire inférieure.
 
Le plan de Lucifer proposait de « sauver » tous les enfants du Père en forçant chacun à obéir en toutes choses à la loi du Père. Lucifer désirait être récompensé de ce grand exploit du salut universel en s’octroyant l’honneur et la gloire du Père. Comme les mortels ne peuvent être sauvés que par leur propre repentir librement consenti, la proposition de Lucifer fut rejetée. Dans la guerre qui s’ensuivit dans les cieux, il s’acquit l’allégeance du tiers des enfants d’esprit du Père. Lucifer et ses partisans furent alors précipités du ciel sur la terre où il est devenu Satan et ils sont tous devenus des démons (Moï. 4:1-3 ; D&A 29:36-37 ; 76:25-38).
 
Le nom Satan vient d’une racine hébraïque signifiant « adversaire, ennemi », de là « agresseur, accusateur » (voir Ap. 12:10). Sur cette terre, le rôle de Satan et de ses démons est d’empêcher l’accomplissement d’œuvres de justice et de les détruire dans la mesure du possible (Moï. 4:4 ; D&A 10:20-23 ; 93:39).
 
La justice c’est apporter le plus grand bonheur possible à toutes les personnes concernées. On ne peut atteindre une pleine justice qu’avec l’aide d’un être omniscient et omnipotent. Cette pleine justice est l’ordre spécial du royaume céleste où le Père demeure. Quand la volonté du Père est faite et que son ordre est en place, chaque personne et chaque chose atteint, ou est en voie d’atteindre, le potentiel qu’elle a de s’épanouir et de connaître le bonheur. Cette justice est le côté « bien » du bien et du mal. Elle doit faire contraste avec les désirs humains qui sont contraires à l’ordre et à la volonté du Père.
 
Une bonne personne (juste) est un être libre qui ne choisit et ne fait que ce qui est juste. Aucun mortel n’est intrinsèquement et parfaitement bon et, à lui seul, aucun mortel ne peut atteindre ce stade (Mt. 19:17). Mais les mortels peuvent poser des actes justes et devenir justes par l’intermédiaire du salut offert par Jésus-Christ. Le Christ est la source de toute justice (Et. 12:28). Les enfants de Dieu peuvent atteindre l’ordre de justice du Père par le Christ s’ils choisissent cet ordre en rejetant expressément le mal.
 
Le mal est toute façon d’exister qui n’est pas juste. Un état de choses, un acte ou une personne qui n’est pas dans l’ordre de la justice est donc mauvais. Laisser son prochain languir dans la pauvreté quand on a soi-même l’abondance, voler autrui ou lui souhaiter du mal, tout cela est mal. Satan fait progresser le mal partout il peut pour contrecarrer la justice de Dieu (voir D&A 10:27). Ainsi, Satan tente les gens pour qu’ils fassent le mal au lieu de la volonté du Père. Satan lui-même n’est pas nécessaire au mal, mais il accélère et encourage le mal partout où il peut.
 
Les premières cibles de Satan sur terre ont été Adam et Ève dans le jardin d’Éden. Sachant que le Père leur avait commandé de ne pas manger du fruit défendu sous peine de mort, Satan chercha à détruire l’œuvre du Père en les incitant à en manger malgré tout. Le succès de Satan a marqué le commencement du monde (pas de la création de la terre), du royaume de Satan sur cette terre (voir TJS, Mt. 1:55).
 
En obéissant à Satan, Adam et Ève lui ont ouvert la porte pour qu’il ait une domination partielle sur eux, sur la terre et sur tous leurs enfants (voir Chute d’Adam). Les exemples de sa domination partielle sur la terre accordée par le Père sont sa capacité de posséder les corps des animaux (Mt. 8:28-32) et d’utiliser l’eau pour détruire les gens (D&A 61:14-19). Satan a acquis le pouvoir de tenter ceux qui sont responsables de faire le mal (D&A 29:39), de communiquer avec des individus pour leur enseigner des choses (habituellement mais pas toujours des mensonges), de posséder leur corps, de provoquer la maladie et de causer la mort physique. Il stimule le péché, les mauvaises actions, ce qui apporte la mort spirituelle au pécheur et le malheur à toutes les personnes touchées. Dans chacune de ces occasions, le pouvoir de Satan est limité : Il ne peut faire que ce que Dieu lui permet expressément de faire (D&A 121:4 ; Lu. 8:30-33). On peut lui ôter son pouvoir en écoutant Dieu et en utilisant correctement la sainte prêtrise pour limiter ses activités (D&A 50:13-35).
 
Ce que Satan n’a pas réalisé en Éden est que ce qu’il faisait en essayant de détruire l’œuvre du Père était en réalité la chose même qui était requise pour accomplir son plan (Moï. 4:6). Les hommes ne pouvaient pas démontrer suffisamment leur amour pour Dieu et leur disposition à accomplir l’œuvre de la justice pour les qualifier pour l’exaltation sans être exposés à des adversaires mauvais tels que Satan et ses armées et les vaincre (2 Né. 2:11-22).
 
Sur terre, Satan est donc le père de la tromperie, du mensonge et du péché – de tout ce qui est mal – car il les encourage vigoureusement. Il peut apparaître comme une contrefaçon d’un ange de lumière ou en tant que prince des ténèbres, mais ses manifestations habituelles aux mortels revêtent habituellement la forme d’une révélation mauvaise dans le cœur et l’esprit d’une personne ou indirectement par d’autres personnes. Sa mission est de tenter chacun de choisir le mal de sorte que les choix de chaque être humain responsable puissent servir de base suffisante à un jugement final.

Cette vie terrestre est une épreuve mortelle pour tous ceux qui ont l’occasion d’accepter et de mettre en pratique la nouvelle alliance éternelle tandis qu’ils vivent ici-bas. Ceux qui n’ont pas une occasion complète dans cette vie terrestre verront leur épreuve se prolonger à travers l’existence dans le monde d’esprit qui la suit. Quand viendra la résurrection, chacun des enfants du Père aura fait un choix final entre le bien et le mal et chacun sera récompensé selon le bien ou le mal choisi pendant l’épreuve (Al. 41:10-15).
 
Quand Satan tente une personne de faire le mal, il y a des limites à ce qu’il peut accomplir. Il peut mettre devant une personne n’importe quel genre d’occasion de mal faire, mais ce mal attire seulement si la personne tentée désire déjà cette chose. Quand les gens sont tentés, c’est en réalité par leur propre convoitise (Ja. 1:12-15).
 
Satan n’a de pouvoir sur terre que dans la mesure où les gens le lui donnent en succombant à ses tentations (EPJS, p. 149). Le libre arbitre des êtres humains consiste à choisir la justice par le Saint-Esprit de Dieu ou l’égoïsme par la chair en succombant aux tentations de Satan (2 Né. 2:26-29). (La chair n’est pas mauvaise en soi, mais Satan peut tenter les humains par leur chair.) Ceux qui se repentent dans cette vie sont néanmoins tentés par Satan jusqu’à leur mort ; alors Satan n’a plus jamais aucun pouvoir sur eux. Ceux qui meurent sans s’être repentis sont toujours au pouvoir de Satan dans la prison d’esprit (Al. 34:34-35). Tous sauf les fils de perdition finiront par accepter le Christ et lui obéir et échapperont ainsi à la domination de Satan (D&A 76:110). C’est ainsi que le plan
de libre arbitre du Père s’accomplit.
 
Les trois tentations que Satan impose au Sauveur peuvent être considérées comme représentatives de toutes les tentations humaines (voir David O. McKay, Gospel Ideals, p. 154, Salt Lake City, 1953). La tentation de créer du pain et de le manger alors qu’il ne devrait pas le faire représente la tentation humaine de la chair, d’assouvir les sens de manière inique. La tentation de se jeter en bas du temple et d’être sauvé par des anges alors que cela ne devrait pas être représente la tentation humaine de la notoriété. La tentation de recevoir les royaumes de ce monde alors que cela ne devrait pas être représente la tentation d’exercer une domination ou un pouvoir impie sur les autres. Le Sauveur n’a cédé à aucune de ces tentations parce que son cœur était pur et qu’il savait que la voie de la justice résidait seulement dans l’accomplissement de la volonté du Père en toutes choses.
 
Tous les mortels responsables sont tentés, tout comme notre Sauveur l’a été. Quand les mortels succombent, Satan acquiert du pouvoir et la vie sur terre devient un enfer. Tout le monde peut résister à la tentation en choisissant le bien plutôt que le mal. Mais les fausses informations, les traditions culturelles mauvaises (D&A 93:39), le désespoir et les besoins humains impératifs, tout cela rend difficile le choix du bien, même si la personne ne désire pas particulièrement un mal déterminé (2 Néphi 28 fait une description détaillée des stratagèmes de Satan).
 
Grâce à Jésus-Christ et à la participation à sa nouvelle alliance éternelle, les mortels ont la possibilité d’acquérir le pouvoir de toujours choisir infailliblement le bien plutôt que le mal. Ce faisant, ils sont à même d’établir la justice de Dieu et par conséquent le ciel sur terre (Moï. 7:18 ; D&A 50:34-35 ; voir aussi Sion).
 
Les êtres humains résistent à Satan et au mal en dominant leurs désirs, c’est-à-dire (1) en ne désirant pas le mal que Satan propose, (2) en acquérant plus de connaissance de manière à être capables de voir que les tentations de Satan ne sont pas ce qu’ils veulent vraiment et (3) en ayant le cœur purifié par Jésus-Christ de sorte qu’ils ne désireront plus rien de mal mais désireront au lieu de cela faire la volonté du Père en toutes choses (Mro. 7:48 ; cf. les réponses du Sauveur dans Mt. 4:1-10).
 
La grande aide à la résistance à la tentation est le Saint-Esprit. Le but de Satan est de demeurer dans et avec toutes les personnes qui n’ont pas le Saint-Esprit avec elles, allant parfois jusqu’à prendre totalement possession du corps d’une personne au point de lui faire perdre son libre arbitre pendant un certain temps. Il peut également y avoir possession partielle parce que toutes les fois qu’un être humain se met en colère, il est au moins partiellement possédé par Satan (Ja. 1:20).
 
Dans son rôle de destructeur, Satan peut causer la maladie et la mort, mais seulement avec la permission de Dieu. Il ne peut pas prendre les gens avant leur temps à moins qu’ils ne désobéissent à Dieu et ne renoncent ainsi à leur mission (Job 1:6-12).
 
Père du mensonge, Satan est lancé dans une campagne de désinformation. Il répand des idées fausses à son propre sujet, au sujet de Dieu, au sujet des gens, au sujet du salut – tout cela dans le but d’empêcher les actes de foi en Jésus-Christ. Les mortels croient ses mensonges parce que ceux-ci sont agréables à l’esprit charnel et parce qu’ils favorisent ou soutiennent les désirs égoïstes de celui qui les croit. À propos de lui-même, Satan dit aux hommes qu’il n’y a pas de diable, que pareille idée est de l’imagination pure (2 Né. 28:22). À propos de Dieu, Satan désire que les êtres humains croient soit qu’il n’existe pas soit qu’il est un être lointain, inconnaissable ou redoutable. Il dit aux hommes qu’ils doivent conquérir dans ce monde selon leur force et que ce que l’on fait, peu importe ce que c’est, n’est pas un crime (Al. 30:17). Ses mensonges préférés au sujet du salut sont soit qu’il est accordé à tous quoi qu’ils fassent (Al. 21:6) ou qu’il est réservé à un petit nombre d’heureux élus (Al. 31:17). Ces croyances incorrectes des pères, inculquées à leurs enfants sous forme de faux credo, les Écritures les appellent « les chaînes de l’enfer » (Al. 12:11 ; D&A 123:7-8).
 
Les combinaisons secrètes sont un autre moyen diabolique de répandre le malheur et de bloquer la cause de la justice (Ét. 8:16-26 ; Hél. 6:16-32). Satan incite les individus égoïstes à profiter des autres en les opprimant. Le secret est essentiel pour empêcher toute revanche de la part des victimes et l’application juste des lois contre de telles combinaisons. Les combinaisons secrètes emploient un pouvoir personnel, économique, éducatif, politique ou militaire qui domine ou asservit certaines personnes pour le plaisir et le profit d’autres.
 
Satan a également une influence sur l’esprit de personnes mauvaises qui ont quitté la condition mortelle par la mort et qui habitent la prison d’esprit (parfois appelée hadès). Les habitants de cette prison ne souffrent pas encore de la douleur purificatrice qui viendra plus tard, mais continuent à être sujets aux mensonges et aux tentations de Satan (Al. 40-41). Ils ont également l’occasion d’entendre les serviteurs du Christ (D&A 138:28-37) et s’ils n’ont pas eu l’occasion sur terre, ils peuvent maintenant se repentir en vue de l’exaltation. S’ils ont eu l’occasion sur terre mais ne l’ont pas utilisée, le passage par la prison d’esprit leur permet de nouveau de rejeter Satan, ses mensonges et ses tentations, mais avec la récompense d’une gloire moindre (D&A 76:71-79).
 
Pendant le millénium, Satan sera lié (Ap. 20:2). Il sera toujours sur terre, essayant de tenter tout le monde comme il le fait depuis la chute d’Adam, mais il sera lié parce que personne n’écoutera ses tentations (1 Né. 22:26).
 
Vers la fin du millénium, Satan sera libéré (D&A 88:110-115) parce que les hommes l’écouteront de nouveau. Mais il sera vaincu et envoyé de cette terre dans les ténèbres du dehors, où lui et ses disciples, tant esprits que fils de perdition ressuscités (Satan est la Perdition), demeureront à jamais dans le malheur et les ténèbres de l’égoïsme et de l’isolement.
 
Bibliographie
On trouvera un traitement plus complet du concept du diable du point de vue des saints des derniers jours dans LaMar E. Garrard, « A Study of the Problem of a Personal Devil and Its Relationship to Latter-day Saint Beliefs » (Mémoire de maîtrise, université Brigham Young, 1955). Un ouvrage particulièrement précieux est son recueil de citations des premières Autorités générales de l’Église à ce sujet. Les quatre ouvrages de Jeffrey Burton Russel, The Devil : Perceptions of Evil from Antiquity to Primitive Christianity (Ithaca, N.Y., 1977), Satan : The Early Christian Tradition (Ithaca, N.Y., 1981), Lucifer : The Devil in the Middle Ages (Ithaca, N.Y., 1984) et Mephistopheles : The Devil in the Modern World (Ithaca, N.Y., 1986) constituent une histoire complète du concept du diable à travers la littérature, les arts et la philosophie depuis les temps anciens jusqu’à nos jours. La présentation est un traitement approfondi mais ne découle pas de la façon de penser des saints.
CHAUNCEY C. RIDDLE
 
Dieu
Auteur : YARN, DAVID H.
 
Les saints des derniers jours déclarent : « Nous croyons en Dieu, le Père éternel, et en son Fils, Jésus-Christ, et au Saint-Esprit » (A de F 1). Joseph Smith propose l’éclaircissement suivant : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22 ; voir Dieu le Père ; Saint-Esprit ; Jéhovah, Jésus-Christ).
 
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois êtres séparés et distincts qui constituent une Divinité unique. D’une manière générale, le Père est le Créateur, le Fils est le Rédempteur et le Saint-Esprit est le Consolateur et le Témoin (cf. MFP 5:26-34 ; EPJS, p. 152). Beaucoup de passages scripturaires illustrent le caractère distinct des membres de la Divinité. Par exemple, au baptême de Jésus, alors qu’il était dans l’eau, la voix du Père s’est fait entendre du ciel et le Saint-Esprit est descendu « comme une colombe » et s’est posé sur le Fils (Mt. 3:13-17 ; voir Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ). Chacune des trois personnes s’est manifestée séparément et simultanément. En outre, Jésus dit : « Mon Père est plus grand que moi » (Jean 14:28) et ailleurs : « Le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils » (Jn. 5:22). De plus, Jésus indique que le Père et lui-même sont deux témoins séparés de la divinité de son œuvre (Jn. 5:32-37 ; 8:12-18). Sur la montagne de la Transfiguration, notre Père céleste, parlant à Pierre, Jacques et Jean, appelle l’homme mortel qu’est Jésus, « mon Fils bien-aimé » (Mt. 17:5). Par ailleurs, le Fils prie souvent son Père. À Gethsémané, il prie le Père tandis qu’il est dans une angoisse profonde (Mc. 14:32-39 ; cf. Lu. 22:40-46 ; D&A 19:16-19), et sur la croix, il crie au Père : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt. 27:46 ; Mc. 15:34 ; cf. Ps. 22:1). Tous ces passages prouvent bien que le Père est un être distinct du Fils. Bien qu’ils soient un pour ce qui est de la volonté et des buts, ils sont deux individus séparés et rendent témoignage l’un de l’autre (cf. 3 Né. 11:7-11).
 
La nature de l’unité de la Divinité est illustrée dans la prière où Jésus souhaite que ses disciples soient un de même que le Père et lui sont un (Jn. 17:21-22 ; cf. 3 Né. 11:27, 32-36 ; 28:10-11). Il prie ici pour que ses disciples soient unis en esprit, en but, et en témoignage, pas pour qu’il y ait fusion de leur identité en un être unique. Il prie pour qu’ils soient un en désir, en but et en objectif, exactement comme son Père et lui (EPJS, p. 301-302 ; voir Unité).
 
Le Père, en tant que Dieu, est omnipotent, omniscient et, par son Esprit, omniprésent (voir Lumière du Christ). Il est miséricordieux et généreux, lent à la colère, abondant en bonté. Sa voie est une ronde éternelle. Il est un Dieu de vérité et ne fait pas acception de personnes. Il personnifie l’amour.
 
Bien que les saints des derniers jours utilisent abondamment les Écritures pour s’informer sur Dieu, leur connaissance fondamentale à son sujet est basée sur la première vision de Joseph Smith, les révélations suivantes du prophète et la révélation personnelle de chacun. L’humanité peut raisonner ou échafauder des théories sur l’existence de Dieu et sa nature, mais si elle veut connaître Dieu, cela dépendra essentiellement de Sa disposition à se révéler à elle (voir Témoignage de Jésus-Christ).
 
Avant 325 apr. J.-C., date du premier concile œcuménique chrétien à Nicée, la nature de Dieu faisait l’objet de débats chez les philosophes et les croyants. Depuis lors, le concept de Dieu a été le sujet de conciles œcuméniques, de discussions philosophiques et d’articles de foi. Aucun d’eux n’est la source de la compréhension que les saints ont de Dieu. Il va de soi que beaucoup d’arguments classiques en faveur de l’existence de Dieu ont été avancés, notamment les arguments ontologiques d’Anselme, les cinq « preuves » de saint Thomas d’Aquin, l’argument téléologique de Descartes, l’argument éthique de Leibniz et les postulats de la raison pratique de Kant. Aussi impressionnants qu’ils puissent être comme réalisations de l’intellect humain, aucun d’eux n’est la source de la foi en Dieu des saints des derniers jours, dont la foi est basée sur le témoignage personnel enraciné dans une expérience personnelle (voir Épistémologie ; Foi en Jésus-Christ ; Raison et révélation).
 
Le dernier chapitre du Livre de Mormon fait cette promesse : « Et lorsque vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur sincère, avec une intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez connaître la vérité de toutes choses. » (Mro. 10:4-5). La manifestation personnelle qu’on reçoit en réponse à la prière s’appelle un témoignage. Les saints des derniers jours enseignent que, grâce à cette source, on peut recevoir le témoignage certain que Dieu vit, la confirmation des divers principes que les Écritures enseignent et les éclaircissements là où ils sont nécessaires.
 
Il est essentiel d’avoir une croyance en Dieu ou du moins une certaine foi en lui pour découvrir qu’il existe réellement. Puisque Dieu existe et que les êtres humains sont ses enfants, il est important que les hommes et les femmes connaissent ces faits parce qu’une telle connaissance est un composant de la vie éternelle (Jn. 17:3). Les hommes doivent savoir qu’ils sont eux-mêmes des êtres éternels, que leur existence terrestre dépend de Dieu (cf. Mosiah 2:21) et que leur état futur dépend des relations qu’ils établissent avec Dieu et du respect de ses commandements (voir Commandements ; Obéissance).
 
Dieu aime ses enfants et leur a donné le moyen de réaliser leur potentiel divin (voir État divin). Dieu a donné à l’humanité le programme pour l’ensemble de ses enfants (voir Plan de salut, Plan de rédemption) et, par le don du Saint-Esprit, il guide spirituellement les personnes qui le désirent (voir Inspiration). Dieu a révélé sa volonté aux prophètes dans les temps anciens et aux apôtres au midi des temps, et il continue à se révéler aux prophètes et aux apôtres vivants des derniers jours.
 
L’étude de l’existence de Dieu crée le désir de le connaître et de savoir ce qu’il veut de nous. À mesure que notre foi et notre connaissance de Dieu augmentent, nous désirons de plus en plus garder les commandements et nous sentir proches de lui (voir Foi en Jésus-Christ). Le prophète Joseph Smith a enseigné que le fait de connaître la véritable personnalité de Dieu constitue la base de la foi qui mène au salut (Lectures on Faith 4:1 ; voir Discours sur la Foi). Jésus a promis que le Consolateur ou Saint-Esprit sera envoyé à celui qui garde les commandements de Dieu (Jn. 14:26). L’idéal est de jouir continuellement de cette influence.
 
Le prophète Joseph Smith a dit : « Le premier principe de l’Évangile est de connaître avec certitude la nature de Dieu et de savoir que nous pouvons converser avec lui comme un homme converse avec un autre, et qu’il a jadis été un homme comme nous : oui, que Dieu lui-même, notre Père à tous, a demeuré sur une terre tout comme Jésus-Christ lui-même » (EPJS, p. 280). En outre : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux là-haut ! Voilà le grand secret. Si le voile était déchiré aujourd’hui et si le grand Dieu qui maintient notre monde dans son orbite et qui soutient tous les mondes et toutes choses par son pouvoir devait se rendre visible – je dis, si vous deviez le voir aujourd’hui, vous le verriez sous la forme d’un homme – comme vous-mêmes dans toute la personne, l’image et la forme d’un homme ; car Adam fut créé à la manière, à l’image et à la ressemblance mêmes de Dieu, reçut des instructions de lui et marcha, parla et conversa avec lui, comme un homme parle et communie avec un autre » (EPJS, p. 279).
 
Ainsi, tous les humains doivent apprendre de Dieu qui ils sont, d’où ils viennent, pourquoi ils sont sur terre, où ils vont et ce qui est leur potentiel éternel en étudiant les Écritures et en recevant la révélation personnelle. Tout est centré sur Dieu.
 
Bibliographie
« Le Père et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première Présidence et les Douze », MFP 5:26-34.
Kimball, Spencer W. The Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 1:11-61. Édition française, Francfort, n.d.
Talmage, James E. AF, p. 61-68. Édition française révisée, 1962.
DAVID H. YARN, Jr.
 
Dieu le Père
 
Cette rubrique se compose de quatre articles :
Dieu le Père : Aperçu
Dieu le Père : Noms et titres
Dieu le Père : Gloire de Dieu
Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu
 
Le premier article est une introduction à la doctrine relative à Dieu le Père et aux sources où l’on peut la trouver. Le deuxième article mentionne les noms et les titres principaux donnés à Dieu dans les Écritures de l’Église. Le troisième article traite brièvement de la gloire de Dieu. L’article final va dans le détail de la notion des buts de Dieu par rapport à l’humanité.
 
Dieu le Père : Aperçu
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Les saints des derniers jours appellent généralement Dieu, le Père éternel, Élohim, un pluriel hébreu (‘elohim) signifiant Dieu ou dieux, et son Fils Jésus-Christ, Jéhovah (voir Élohim ; Jéhovah, Jésus-Christ). Il n’est pas possible de distinguer les personnes du Père et du Fils par des termes plus ambigus comme « Dieu ». Le fait d’appeler le Père « Élohim » est donc une convention utile tant que l’on se rappelle que, dans certains passages de la Bible hébraïque, le titre élohim ne désigne pas exclusivement la personne de Dieu le Père. Un terme moins ambigu pour désigner Dieu le Père dans le langage des saints pourrait être « Ahman »(cf. D&A 78:15, 20), qui, selon Orson Pratt, est un nom du Père (JD 2:342).
 
Dans la théologie de l’Église, la doctrine de la nature de Dieu est davantage précisée par la première vision du prophète Joseph Smith que par toute autre chose. Ici, Joseph Smith a vu par lui-même que le Père et le Fils étaient deux êtres séparés et distincts, possédant chacun un corps à l’image et à la ressemblance duquel les mortels sont créés. Pour les saints des derniers jours, aucune conception théologique ou philosophique de Dieu ne peut l’emporter sur l’expérience directe du prophète (voir Première Vision).
 
Dans un certain sens, c’est créer une légère distorsion que se concentrer sur un seul membre de la Divinité et traiter de ses caractéristiques en l’isolant de celles des deux autres, car Père, Fils et Saint-Esprit sont un en volonté, en but et en personnalité (Jn. 10:30 ; 17:11, 21-23). La majeure partie de ce qui peut être dit du Père est également vrai du Fils et vice-versa. Le prophète Joseph Smith a dit que le Fils ne fait rien dont le Père ne soit pas l’exemple (EPJS, p. 252 ; cf. Jn. 5:19-20).
 
Pourtant Dieu le Père n’est pas un en substance avec le Fils ou le Saint-Esprit, mais est un être séparé. Le Père a existé avant le Fils et le Saint-Esprit et est la source de leur divinité. En termes classiques, la théologie des saints est subordinationniste, c’est-à-dire qu’elle considère le Fils et le Saint-Esprit comme subordonnés et dépendants de Dieu, le Père éternel. Ils descendent de lui. C’est pour cela que Joseph Smith appelle le Père « Dieu le premier » pour souligner sa primauté dans la Divinité (EPJS, p. 152). Le Fils et le Saint-Esprit étaient « au commencement avec Dieu », mais seul le Père a existé avant le commencement de l’univers tel qu’on le connaît. Il est la source ultime de tout et le Père de tout, parce qu’au commencement il a engendré le Fils et, par l’entremise de son agent, le Fils, le Père a réalisé la création de tout.
 
Les saints des derniers jours perçoivent le Père comme un Homme exalté dans le sens le plus littéral et le plus anthropomorphique du terme. Ils ne considèrent pas la terminologie de la Genèse comme allégorique ; les êtres humains sont créés dans la forme et à l’image d’un Dieu qui a une forme et une image physiques (Ge. 1:26). Le prophète Joseph Smith explique : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22). Ainsi, « Dieu est esprit » (Jn. 4:24) en ce sens que le Saint-Esprit, le membre de la Divinité qui traite le plus souvent et le plus directement avec les humains, est un Dieu et un esprit, mais Dieu le Père et Dieu le Fils sont des esprits ayant un corps physique et ressuscité. Les saints des derniers jours nient la nature abstraite de Dieu le Père et affirment qu’il est un être concret, qu’il possède un corps physique et qu’il est dans l’espace et le temps. Ils rejettent en outre toute idée que Dieu le Père est le « totalement autre », inconnaissable ou incompréhensible. Selon la doctrine de l’Église, connaître le Père et le Fils est une condition préalable à la vie éternelle (Jn. 17:3 ; D&A 88:49). De l’avis de beaucoup de saints des derniers jours, le concept d’une Divinité abstraite et incompréhensible constitue une intrusion des catégories philosophiques grecques dans le message biblique.
 
Le Père, Élohim, est appelé le Père parce qu’il est le Père littéral de l’esprit des mortels (Hé. 12:9). Cette paternité n’est pas allégorique. Tous les esprits humains ont été engendrés (et pas créés de rien ou faits) par le Père dans un état prémortel, où ils ont vécu et ont été éduqués par des Parents célestes. Ces enfants d’esprit du Père viennent sur terre recevoir un corps mortel ; il y a des liens familiaux littéraux entre les hommes. Joseph Smith a enseigné : « Si les hommes ne comprennent pas la personnalité de Dieu, ils ne se comprennent pas eux-mêmes » (EPJS, p. 278). Les Dieux et les humains représentent une lignée divine unique, la même espèce d’être, bien qu’eux et lui soient à différentes étapes de progression. Ce point de doctrine est énoncé avec concision dans un couplet bien connu du président Lorenzo Snow : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le fut autrefois ; ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le devenir » (voir État divin). Ce principe est clairement démontré dans la personne de Jésus-Christ, un Dieu qui est devenu mortel, et cependant un Dieu comme qui les mortels peuvent devenir (Ro. 8:29 ; 2 Co. 3:18). Mais la maxime vaut aussi bien pour le Père. Comme le prophète Joseph Smith l’a dit : « Dieu lui-même a jadis été tel que nous sommes maintenant et est un homme exalté et siège sur son trône dans les cieux là-haut ! Voilà le grand secret » (EPJS, p. 279). Ainsi, le Père est devenu le Père à un moment donné avant « le commencement » tel que les humains le connaissent, en passant par une condition mortelle semblable à celle que nous vivons sur terre. Il y a eu des théories parmi certains saints des derniers jours sur les implications de ce point de doctrine, mais rien n’a été révélé à l’Église au sujet de ce qui existait avant « le commencement » tel que les mortels le connaissent. Les points importants de cette doctrine pour les saints des derniers jours sont que les Dieux et les humains sont la même espèce d’êtres, mais à différentes étapes du développement dans un continuum divin et que le Père et la Mère célestes sont le modèle et l’exemple célestes de ce que les mortels peuvent devenir par l’obéissance à l’Évangile (voir Mère céleste). Le fait de savoir qu’ils sont la descendance littérale de parents célestes et qu’ils peuvent devenir comme eux par l’Évangile de Jésus-Christ est une source intarissable de motivation religieuse. Avec Dieu comme Père littéral et les humains comme dotés de la capacité de devenir comme lui, la réponse aux questions religieuses de base « D’où viens-je ? », « Pourquoi suis-je ici ? » et « Quel est mon destin ? » trouvent fondamentalement leur réponse.
 
Les saints des derniers jours attribuent également l’omnipotence et l’omniscience au Père. Il sait tout ce qui concerne l’univers dans lequel les mortels vivent et est lui-même la source et le possesseur de tout le vrai pouvoir qui s’y manifeste. Cela fait partie de ce que signifie être exalté et c’est pour cela que les êtres humains peuvent sans risque mettre leur foi et leur confiance en Dieu le Père, un être exalté. Néanmoins, dans la plupart des choses relatives à ce monde, le Père agit par l’intermédiaire d’un médiateur, son Fils, Jésus-Christ. À de rares exceptions près, les mentions de Dieu ou même du Père dans les Écritures se rapportent en réalité à Jésus-Christ parce que le Père est représenté par son Fils. Dans les quelques occasions où le Père s’est clairement manifesté, il a apparemment limité sa participation personnelle à rendre témoignage du Fils, comme au baptême de Jésus (Mt. 3:17), à la Transfiguration (Mt. 17:5), lors de son témoignage aux Néphites et aux Lamanites (3 Né. 11:7) et lors de la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:17). Le Christ est l’agent du Père, et puisque lui seul, par son expiation, a rendu possible l’accès au Père, les saints des derniers jours adorent et prient le Père et lui offrent toutes les autres observances au nom du Fils, Jésus-Christ (Moï. 5:8).
 
Un autre attribut personnel important du Père est son amour parfait (1 Jn. 4:8). À cause de cet amour, il est de la nature du Père d’améliorer tout et tout le monde dans la mesure où on le lui permet. A partir du chaos préexistant, de la matière non organisée, le Père a créé un univers ordonné. À partir d’intelligences préexistantes, il a engendré des enfants d’esprit. Même ceux de ses enfants qui ne veulent pas coopérer ni obéir et qui ne peuvent donc pas devenir comme lui, il les sauve malgré tout, s’ils le permettent, et les place dans des royaumes de gloire moindre (D&A 76:42-43 ; voir Salut) : « Car voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). L’amour du Père ne se limite pas à ceux qui l’adorent et lui obéissent, bien que ce soient eux qui auront la plus grande récompense, mais il s’étend à tous ses enfants. L’œuvre et la gloire du Père sont d’aimer et d’édifier tous ses enfants dans la mesure où ils le permettent. Les saints des derniers jours croient que l’intention du Père est de rendre tous les êtres humains aussi heureux qu’il leur est possible de l’être. C’est dans ce but que le Père a créé le plan du salut. Il désire que tous les êtres humains soient exaltés comme lui, reçoivent les pouvoirs et les joies qu’il possède et éprouvent une plénitude de joie dans l’éternité. La limite est la mesure dans laquelle les humains, en manifestant leur foi et leur obéissance et en faisant des choix sages, permettent au Père de les bénir en réalisant ce but. Parfois avoir foi en Dieu signifie avoir la foi que le plan du Père accomplira ce qu’il est censé devoir accomplir : apporter le bonheur maximum aux êtres humains. Néanmoins, les saints des derniers jours croient, contrairement à certaines autres conceptions, que le Père ne viole jamais le libre arbitre individuel en forçant ses enfants à l’exaltation et au bonheur. La coercition, à quelque niveau que ce soit, même sous forme de prédestination au royaume céleste, est contraire à la nature du Père. Tout rapport avec lui, toute association avec lui est volontaire.
 
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et Larry E. Dahl. The Prophet Joseph Smith's King Follett Discourse : A Six Column Comparison of Original Notes and Amalgamations. Provo, Utah, 1983.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 58-65. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS, Vol. 1, p. 11-27.
STEPHEN E. ROBINSON
 
Dieu le Père : Noms et titres
Auteur : BURGON, GLADE L.
 
Les noms et les titres connus de Dieu le Père éternel sont peu nombreux, particulièrement une fois qu’on les compare aux noms appliqués à Jésus-Christ (voir Jésus-Christ, noms et titres de). Pour les saints des derniers jours, la Divinité se compose de trois personnes distinctes : le Père, Jésus-Christ, son Fils, et le Saint-Esprit (D&A 130:22). Par conséquent, quand il est nécessaire de distinguer Dieu le Père des deux autres membres de la Divinité, les membres de l’Église choisissent parmi les noms qui se trouvent dans les Écritures.
 
DIEU. Chez les saints des derniers jours, le titre « Dieu » désigne généralement Dieu le Père. De temps en temps, le mot Dieu peut désigner la Divinité unifiée du Père, du Fils et du Saint-Esprit (cf. 2 Né. 31:21 ; D&A 20:28) et parfois chaque membre séparément (AF, p. 60-68). Cette caractéristique rend parfois très difficiles les tentatives de distinguer le Père de Jésus-Christ dans les Écritures. Chose importante, les déclarations de Jésus selon lesquelles le Père et lui sont « un » et que connaître l’un c’est connaître l’autre, indiquent que l’unité de la Divinité – en but et en esprit et témoignant l’un de l’autre – est l’essentiel et semble diminuer l’importance des distinctions entre ses membres. Les Écritures enseignent que pour connaître le Père il faut d’abord connaître le Christ (Jn. 14:6-23 ; D&A 84:35-38 ; 93:1-22 ; 132:12). Les instructions de Jésus selon lesquelles ses fidèles doivent être « un » avec lui comme il est « un » avec le Père sont fondamentales dans sa doctrine (cf. Jn. 17:1-26 ; 3 Né. 11:32-36).
 
PÈRE, PÈRE CÉLESTE. Le nom-titre « Père céleste » se rapporte à celui qui a dirigé la création et est le Père des esprits de toute l’humanité (MFP 5:26-27). Jésus a utilisé les termes « mon Père », « notre Père » et « le Père » dans son enseignement sur le Père et en le priant. Le mot araméen abba (père) est resté dans la traduction du Nouveau Testament (Mc. 14:36 ; Ro. 8:15 ; Ga. 4:6). Dans le Livre de Mormon, Jésus ressuscité utilise continuellement le titre « Père » en parlant du Père céleste (par exemple, 3 Né. 11:11 ; 19:20-23). Parfois, cependant, Père peut désigner le Fils (voir Jésus-Christ, Paternité et Filiation de). Selon le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, les âmes fidèles qui sont converties à Jésus-Christ et qui font des alliances personnelles avec lui naissent spirituellement de nouveau, devenant « ses fils et ses filles » (par exemple, Mosiah 5:7 ; cf. 1 Co. 4:15 ; 2 Co. 6:18 ; MFP 5:27-31).
 
DIEU LE PÈRE. La combinaison du titre « Dieu » et de l’appellatif « le Père » indique qu’il s’agit du Père de Jésus-Christ et de tous les esprits. Les saints des derniers jours adorent Dieu le Père et Jésus-Christ et prient le Père au nom du Christ comme le Seigneur l’a commandé (D&A 88:64).
 
ÉLOHIM. Le terme généralement utilisé pour « Dieu » ou « dieux » dans la Bible hébraïque est élohim, une forme plurielle dont le singulier est eloah ou el et a le sens d’ « élevé » ou « exalté ». Les premiers dirigeants de l’Église ont pris pour habitude de désigner Dieu le Père par le nom-titre exalté « Élohim » (cf. MFP 5:26 ; voir Élohim ; Nom de Dieu). Cette terminologie est toujours utilisée.
 
JÉHOVAH, SEIGNEUR, SEIGNEUR DIEU. Le terme « Seigneur », imprimé en majuscules dans beaucoup de versions anglaises de l’Ancien Testament, remplace le nom Jéhovah (yhwh dans la Bible hébraïque). Bien qu’identifiant Jésus-Christ à Jéhovah (3 Né. 15:3-5 ; cf. D&A 110:1-4 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ), les saints des derniers jours utilisent le titre « Seigneur » pour le Père et le Fils, comme c’est courant dans toute l’Écriture. Le titre « Seigneur Dieu » dans la Bible hébraïque est un composé d’élohim précédé soit de yhwh (Jéhovah) ou d’adonaï (seigneur ou maître). Ce nom-titre combiné désigne surtout Jéhovah dans l’Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Mormon et dans d’autres Écritures modernes « Seigneur Dieu » peut désigner soit le Père (par exemple, Moïse 4:1-4) soit le Fils (Mosiah 3:21). [NdT : Pour ce qui est de la Version Segond, l’auteur utilise uniquement les termes Éternel, Éternel Dieu. Il est à remarquer que le Tétragramme IHVH doit probablement se prononcer Yahvé. La prononciation Jéhovah provient du fait que les voyelles du mot « adonaï », Seigneur, couramment utilisé parce qu’il était interdit de prononcer le nom divin, ont été intégrées aux consonnes du Tétragramme.]
 
AHMAN. Dans deux révélations à Joseph Smith (D&A 78:20 ; 95:17), Jésus-Christ se désigne lui-même par le nom « Fils Ahman », ce qui veut dire qu’il est possible que « Ahman » signifie Dieu et soit l’un des noms du Père (voir Ahman). Le nom apparaît également dans un nom de lieu composé, Adam-ondi-Ahman (D&A 116:1 ; 117:8, 11).
 
HOMME DE SAINTETÉ. Adam a appris par révélation qu’un des noms de Dieu le Père est « Homme de Sainteté » (Moïse 6:57). Hénoc a également noté les paroles de Dieu : « Voici, je suis Dieu ; Homme de Sainteté est mon nom ; Homme de Conseil est mon nom ; et Infini et Éternel est mon nom aussi. » (Moïse 7:35 ; voir Infini et Éternel).
 
Dans la Bible et les Écritures modernes, d’autres titres de Dieu portent une signification précieuse : « Père des esprits », « Dieu de tous les autres Dieux », « Infini », « le Dieu vivant » et « Seigneur des armées, ce qui est, par interprétation, le créateur du premier jour, le commencement et la fin. » (D&A 95:7).
 
Bibliographie
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1915.
 
Dieu le Père : Gloire de Dieu
Auteur : TURNER, RODNEY
 
La gloire est un attribut et une émanation intrinsèques de Dieu, que les Écritures modernes associent à la loi divine et au pouvoir et à l’Esprit qui « sort de la présence de Dieu pour remplir l’immensité de l’espace » (D&A 88:7-13). Les termes les plus importants qui désignent « l’Esprit de gloire » (1 Pi. 4:14) sont l’Esprit de Dieu, le Saint-Esprit, l’Esprit du Seigneur, la lumière de la vérité, la Lumière du Christ et l’Esprit du Christ. Cet Esprit qui imprègne tout est si pur et si raffiné qu’il n’est pas perceptible aux mortels dans les circonstances ordinaires (D&A 131:7-8 ; EPJS, p. 167). Il est pourtant arrivé, comme en témoignent les prophètes, que la gloire innée ait été manifestée de manière visible sous la forme d’un feu spirituel flamboyant (Ex. 24:17 ; Ac. 2:3 ; Hél. 5:43-45 ; 3 Né. 17:24 ; 19:13-14 ; HC 1:30-32). Moïse et Jésus ont été transfigurés par le même pouvoir glorificateur (Ex. 34:29-35 ; Mt. 17:2).

Parce que la gloire rayonne de Dieu, il est décrit comme étant un « feu dévorant » (De. 4:24 ; cf. És. 33:14). Dieu peut retenir ou cacher sa gloire (EPJS, p. 129, 144, 262). Mais il peut également rayonner de lui une lumière et une chaleur si transcendantes qu’aucune chair mortelle ne peut supporter sa présence (Mal. 4:1 ; D&A 133:41, 49 ; HC 1:17, 37). Ce n’est que quand on est revêtu de l’Esprit que l’on peut supporter la présence glorieuse de Dieu (Moï. 1:2, 11 ; D&A 67:11).
 
L’esprit de gloire imprègne les créations de Dieu (D&A 63:59 ; 88:41). Par conséquent, elles sont des royaumes de gloire et voir la moindre de ses créations c’est voir une partie de sa gloire (Moï. 1:5 ; Ps. 19:1 ; D&A 88:45-47 ; EPJS, p. 284). Étant donné que les œuvres de Dieu sont sans fin, sa gloire est sans cesse croissante (Abr. 3:12 ; Moï. 1:38 ; 7:30). Son œuvre et sa gloire c’est réaliser l’immortalité et la vie éternelle de ses enfants (Moï. 1:39). De même que le fait pour Jésus de se soumettre à la volonté de son Père les a glorifiés tous les deux, de même l’obéissance de ses enfants les glorifie, Dieu et eux (Jn. 13:31 ; 17:1). On parvient à être un avec Dieu par cette relation de gloire (Jn. 17:21-23 ; D&A 88:60).
 
La mesure dans laquelle les hommes et les femmes mortels acquièrent et vivent les principes moraux et spirituels de la lumière et de la vérité inhérents à l’intelligence divine détermine la mesure dans laquelle ils seront remplis de la gloire de Dieu quand ils ressusciteront et, en conséquence, la sphère de gloire qu’ils hériteront dans l’éternité (D&A 88:22-32 ; 93:20, 28 ; 130:18-19 ; EPJS, p. 296). RODNEY TURNER
 
Dieu le Père : Œuvre et gloire de Dieu
Auteur : LARGEY, DENNIS L.
 
Une révélation reçue par Moïse entre son expérience du buisson ardent (Ex. 3:1-4:17) et son retour en Égypte (Ex. 4:20 ; cf. Moï. 1:26) dit que l’œuvre et la gloire de Dieu consistent à « réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). Ce passage, qui est l’un de ceux qui sont le plus souvent cités de l’Écriture dans les sermons décrit le but principal des actions de Dieu en faveur de ses enfants.
 
Précédemment dans cette vision, Moïse avait vu « beaucoup de pays. Chaque pays était appelé terre, et il y avait des habitants à sa surface » (Moï. 1:29). Alors le Seigneur lui dit que « lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à mes œuvres ni à mes paroles » (1:38). Après avoir reçu cet aperçu global des créations de Dieu, Moïse demande au Seigneur : « Dis-moi, je te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as faites ? » (1:30).
 
Le Seigneur répond à la première question en expliquant : « Voici mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme » (Moï. 1:39). Créer des mondes et les peupler de ses enfants, c’est ce qui constitue la majeure partie de « l’œuvre » de Dieu. Il crée des terres où ses enfants d’esprit peuvent demeurer, où ils reçoivent un corps physique et apprennent à marcher par la foi. Tandis que l’immortalité est la vie sans fin, la vie éternelle signifie devenir comme Dieu (voir État divin). Ainsi, la « gloire » de Dieu consiste à permettre à l’humanité de parvenir à la gloire éternelle, l’ultime étant la vie éternelle.
 
En réponse à la deuxième question de Moïse (c.-à-d., « par quoi tu les as faites ? » ), le Seigneur dit que les mondes ont été créés par le pouvoir du « Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité » (Moï. 1:32). Ce passage souligne la conception que les actes créateurs de Dieu, qui comprennent tous les mondes habitables (Moï. 1:33 ; cf. Jn. 1:1-2), sont faits par l’intermédiaire du Fils unique, agent de Dieu, et sont faits en grâce et en vérité au profit de ses enfants.
 
DENNIS L. LARGEY
 
Dispensation de la plénitude des temps
Auteur : PACKER, RAND H.
 
La dispensation de la plénitude des temps est la dispensation finale pour cette terre. Les dispensations sont des périodes où l'Évangile de Jésus-Christ est administré par de saints prophètes appelés et ordonnés par Dieu pour remettre son message aux habitants du monde. L’œuvre centrale de la « dispensation de la plénitude des temps » consiste à rassembler toutes les ordonnances et vérités d'Évangile des dispensations passées et certains points propres aux derniers jours. Paul a parlé d'un temps futur où toutes les choses qui sont dans le ciel et sur terre seraient enfin rassemblées, et il l’a appelé la « dispensation de la plénitude des temps » (Ép. 1:10 selon la KJV).
Cette dispensation a commencé par la Première Vision de Joseph Smith, le prophète, et toutes les révélations et tous les dons divins des anciennes dispensations s’y déversent continuellement. À ce sujet, Joseph Smith a écrit le 6 septembre 1842: « Il est nécessaire pour l'inauguration de la dispensation de la plénitude des temps, laquelle dispensation commence à être inaugurée, qu'une union et un rattachement complets et parfaits de dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires se produisent et soient révélés depuis le temps d'Adam jusqu'à nos jours » (D&A 128:18).
 
David W. Patten, membre de Collège des douze apôtres, a dit en 1838: « La dispensation de la plénitude des temps se compose de toutes dispensations qui ont jamais eu lieu depuis que le monde a commencé jusqu'aujourd’hui… Tous [les prophètes] ont reçu de leur temps une dispensation par révélation de Dieu pour accomplir le grand plan du rétablissement… dont la fin est la dispensation de la plénitude des temps, dans laquelle s’accomplira tout ce dont il a été parlé depuis que la terre a été faite » (HC 3:51).
 
La révélation et le rétablissement caractérisent la plénitude des temps. La prêtrise, les clefs (autorisation d'agir), les ordonnances, les alliances et les enseignements des dispensations passées ont été, ou seront encore rétablis, et ceci n’est possible que par révélation. Des messagers célestes ont exercé leur ministère auprès de Joseph Smith et Oliver Cowdery, leur donnant l'autorité, les clefs, les points de doctrine et les ordonnances des dispensations passées qui avaient été perdus pour le monde pour des raisons de fragmentation, d'abus et d'apostasie. Les Doctrine et Alliances rapportent plusieurs situations où ces deux hommes ont vu des prophètes anciens ressuscités, ont parlé avec eux et ont reçu de l’autorité de leur part. Le 15 mai 1829, Jean-Baptiste les a ordonnés à la Prêtrise d'Aaron (D&A 13). Peu de temps après, Pierre, Jacques et Jean, trois des apôtres originels du Christ, leur ont conféré la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12). Le 3 avril 1836, dans le temple de Kirtland, Moïse leur a donné « les clefs pour rassembler Israël des quatre coins de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord » (D&A 110:11) ; Élias leur a confié les clefs de la dispensation de l'Évangile d'Abraham (D&A 110:12) et Élie a accompli la promesse de Malachie 4:5-6 en leur conférant le pouvoir de scellement, « de tourner le cœur des… enfants vers leurs pères » et de rendre accessibles les ordonnances salvatrices de l'Évangile à tous ceux qui ont vécu sur terre (D&A 110:13-15). Dans le cadre du rétablissement, le Livre de Mormon, témoin scripturaire de Jésus-Christ et de ses relations avec le peuple ancien d’Amérique, a été traduit par Joseph Smith par la puissance divine. Ces événements faisaient partie du programme visant à « réunir toutes choses en Christ » (Ép. 1:10 ; D&A 27:7-13 ; voir aussi Rétablissement de toutes choses). La prêtrise a été révélée « pour la dernière fois » et ceux qui détiennent maintenant les clefs, les ont « conjointement avec tous ceux qui ont reçu une dispensation, à quelque époque que ce soit, depuis le début de la création » (D&A 112:30-31).
 
Le prophète Joseph Smith a écrit à propos des choses qui sont propres à la dispensation de la plénitude des temps : « Ces choses qui n'ont jamais été révélées depuis la fondation du monde, mais ont été cachées aux sages et aux intelligents, seront révélées à de petits enfants et à des nourrissons en cette dispensation, qui est la dispensation de la plénitude des temps » (D&A 128:18). Bien que le plan du salut soit le même dans chaque dispensation, la plénitude des temps verra l'accomplissement d’événements spécifiques et uniques, notamment la reconstruction de la vieille Jérusalem, la construction de la nouvelle Jérusalem, la prédication de l'Évangile à toutes les nations, familles, langues et peuples, le rassemblement d'Israël et la seconde venue de Jésus-Christ. Tout ce qui est nécessaire pour introduire le millénium rentre dans le domaine de la dispensation de la plénitude des temps, qui continuera jusqu'à ce que le Christ ait soumis tous ses ennemis et ait rendu parfaite son œuvre (D&A 76:106 ; EPJS, p. 186).
 
Bibliographie
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times." Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
McConkie, Bruce R. A New Witness for the Articles of Faith, p. 137, 320. Salt Lake City, 1985.
RAND H. PACKER
 
Dispensations de l'Évangile
Auteur : LASSETTER, COURTNEY J.
 
Le terme « dispensation » est une traduction du grec oïkonomia, dénotant une idée d'intendance et de mise en ordre des affaires d'un ménage. Les « dispensations » sont également des périodes de temps au cours desquelles le Seigneur met sur la terre la connaissance, la prêtrise et les clefs d'autorité nécessaires pour mettre en application son plan de salut pour ses enfants. Ce plan, avec la prêtrise, a d’abord été donné à Adam (Moï. 5:4-12 ; 6:62-68 ; D&A 84:16-18 ; EPJS, p. 124, 133), mais par suite de l'apostasie et de la fragmentation qui se sont produites plus tard parmi ses descendants, il n'est pas resté constamment sur la terre. Par conséquent, le Seigneur a de temps en temps appelé de nouveaux prophètes et a de nouveau révélé le plan et conféré l'autorité sacerdotale nécessaire, créant une nouvelle dispensation.
 
Chaque nouvelle dispensation ou période de vérité rétablie propose aux hommes et aux femmes une intendance divine qui est d’accomplir l’œuvre du Seigneur sur la terre. Les bénéficiaires deviennent gardiens et collaborateurs de Dieu dans la réalisation de ses buts. Ils œuvrent selon son dessein ordonné et révélé. Son plan tient compte des faiblesses humaines et prévoit des périodes de renouvellement après apostasie, tout comme il prévoit une rédemption par rapport aux manquements des gens par le repentir et l'obéissance (D&A 121:31-32). Les notions d'intendance et d'ordre sont des thèmes importants dans la théologie des saints.
 
Les prophètes sont des intendants qui prêchent et organisent l’œuvre de rédemption dans chaque dispensation. Il est devenu traditionnel, dans certains commentaires mormons non officiels, de compter sept grandes dispensations appelées du nom du prophète principal de chacune d’elles : Adam, Hénoc, Noé, Abraham, Moïse, Jésus-Christ (qui a dirigé la dispensation du midi des temps) et Joseph Smith (qui a introduit la dispensation de la plénitude des temps ; voir Actes 3:21). Cependant, cette liste ne tient pas compte d'autres dispensations, comme celle chez les Jarédites, les Néphites et les dix tribus perdues d'Israël.
 
Il est rare que des dispensations de l'Évangile aient été universelles, touchant toutes les nations, bien que ce soit l'idéal (par exemple, Abr. 2:11). Le plus souvent, c’est un seul peuple qui a été sensible, alors que les autres nations languissaient dans l'ignorance et l'incrédulité. Cependant, la dispensation adamique a dû être communiquée de son temps à toute la famille d'Adam (voir Moï. 5:12) et de nouveau, dans la dispensation finale, la plénitude des temps, l'Évangile « sera prêché à toute nation, famille, langue et peuple » (voir D&A 133:37 ; cf. 90:9-11). Le midi des temps a reçu le même mandat (Mt. 28:19-20), mais nous n'avons aucun document permettant de dire que l'Évangile a touché toutes les nations de l’époque.
 
Plusieurs éléments fondamentaux sont communs à toutes les dispensations : l’autorité de la prêtrise, le baptême par immersion et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, le pouvoir de scellement (D&A 128:9-11) et le culte du temple. Les points de doctrine de base de l'Évangile, notamment la chute d'Adam, la foi en Jésus-Christ, le repentir et la nécessité d'une expiation infinie ont été enseignés à chaque époque à partir du temps d'Adam toutes les fois qu'il y a eu des prophètes vivants choisis par le Seigneur (Moï. 5:4-12 ; D&A 112:29-32).
 
Certains prophètes ont reçu des clefs et la responsabilité d’aspects spécifiques du plan de Dieu pour cette terre. Dans le sens de dispensation ou d'intendance, chacune de ces tâches pourrait être appelée, à bon droit, une dispensation spéciale. Joseph Smith a enseigné qu'Adam, en tant que « père de tous les vivants », se trouve à la tête de l'ordre patriarcal de la prêtrise pour cette terre sous le Christ (EPJS, p. 125 ; D&A 78:16) et détient les clefs de génération en génération. Toutes les fois que l'Évangile est révélé à nouveau, c’est sous la direction d'Adam. Noé, le « père de tous les vivants » après Adam, est également connu comme Gabriel et suit Adam en autorité dans la prêtrise (EPJS, p. 124, 133). Moïse détient les clefs du rassemblement d'Israël (D&A 110:11) et Élie, celles du scellement des générations (D&A 2 ; 110:13-16 ; JS-H 1:38-39). Jean-Baptiste a eu pour rôle spécial de préparer la venue du Messie (TJS Mt. 11:13-15 ; 17:10-14). Pierre, Jacques et Jean ont reçu les clefs de la Prêtrise de Melchisédek (EPJS, p. 125) de Jésus, de Moïse, et d'Élie). Moroni a la responsabilité du Livre de Mormon (D&A 27:5). Chacun de ces prophètes a reçu une dispensation de clefs dont il assume l’intendance et dont il rendra compte au Seigneur (D&A 27:5-13). Dans une future réunion, tous ceux qui détiennent des clefs feront un rapport d'intendance à Adam, et lui, au Christ (EPJS, p. 124 ; cf. TJS Lu. 3:8-9).
 
Pour l’installation de la dispensation finale, le Seigneur a préparé Joseph Smith en envoyant des prophètes de dispensations précédentes lui conférer leurs clefs (voir D&A 110 ; 112:32 ; 128:20-21). Ainsi, dans la dispensation de la plénitude des temps, toutes choses seront réunies (voir Ép. 1:10 ; D&A 27:13). Puisque la dispensation finale est le point culminant de tout ce qui a précédé, Joseph Smith est vénéré comme une personnalité éminente sous Jésus-Christ (D&A 128:18 ; 135:3).
 
Chaque dispensation, en commençant par celle d’Adam, a été une dispensation de l'Évangile du salut par Jésus-Christ. C'est-à-dire que, dans chaque dispensation, le même plan de rédemption par l’intermédiaire du Sauveur et la sainte prêtrise nécessaire a été révélé par Dieu d'une façon semblable et cohérente.
 
La logique générale du plan n'exclut pas des différences dans les recommandations révélées et les directives appropriées à la diversité des temps et des cultures des différentes dispensations. La circoncision, par exemple, importante dans les dispensations précédentes comme signe d'alliance, n'était plus essentielle dans les dispensations ultérieures. Les sacrifices sanglants exigés du temps de l'Ancien Testament pour préfigurer l'Expiation ont été accomplis en Christ, lequel a prescrit les nouveaux emblèmes rédempteurs du pain et du vin. Les saints des derniers jours sont fortement conscients des changements et de la progression dans l'histoire sacrée. La progression personnelle et ce que cela implique dans l’optique de la création d'une société de Sion rendue parfaite est essentielle dans l'eschatologie des saints (voir Progression éternelle). Cette notion de la progression est démontrée dans le concept que la dispensation finale bâtit sur les précédentes et réalise leurs buts à toutes avec la célestialisation de la terre. La terre deviendra alors une résidence glorieuse pour ceux de toutes les dispensations qui auront été ressuscités et rendus parfaits en Christ (D&A 88:17-26).
Une lignée précise d'autorité de la prêtrise est un composant essentiel de la compréhension que les saints ont des dispensations. Ainsi, Moïse et Élie ont visité Pierre, Jacques et Jean sur la montagne de la Transfiguration pour rétablir certaines clefs d'autorité et, comme déjà souligné, ceux-ci et beaucoup d'autres prophètes anciens ont visité Joseph Smith pour lui donner la même autorité (voir Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ).
 
Bien que l'Église du Seigneur, dans des dispensations successives, ait cessé de fonctionner sur terre pour cause d'apostasie, l’œuvre du Seigneur dans chaque dispensation n’est jamais clôturée, menant à la dispensation finale. L’œuvre du Seigneur qui n'a pas été achevée dans une dispensation précédente continuera dans la dispensation finale, qui s'appelle, à juste titre, « la plénitude des temps ». Dans cette dernière dispensation, certains idéaux, qui n’avaient encore jamais été atteints sur la terre, seront réalisés (p. ex., le rassemblement d'Israël, la seconde venue de Jésus-Christ et le millénium).
 
Bibliographie  :
Arrington, F. L. "Dispensationalism". Dans Dictionary of Pentecostal and Charismatic Movements, dir. de publ. Stanley M. Burgess et Gary B. McGee. Grand Rapids, Mich., 1988.
Hunter, Milton R. The Gospel Through the Ages. Salt Lake City, 1945.
Matthews, Robert J. "The Fulness of Times". Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
Roberts, B. H., dir. de publ. A Comprehensive History of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, Introduction. Salt Lake City, 1930.
COURTNEY J. LASSETTER

Divinité
Auteur : Dahl, Paul E.

[On trouvera un traitement sur les trois membres de la Divinité et leurs attributs divins, ainsi que leurs manifestations dans le monde, dans Dieu ; Dieu le Père ; Élohim ; Homme de sainteté ; Jéhovah ; Jésus-Christ ; Saint-Esprit ; Don du Saint-Esprit ; Colombe, signe de la.Voir aussi État divin ; Infini et éternel ; Nom de Dieu ; Intelligence ; Prescience de Dieu ; Dieu omnipotent ; Omniprésence de Dieu ; Omniscience de Dieu.]

Les saints des derniers jours croient en Dieu le Père, en son Fils, Jésus Christ, et au Saint-Esprit (1er art. de foi). Ces trois Dieux forment la Divinité, qui détient les clefs du pouvoir sur l'univers. Chaque membre de la Divinité est un personnage indépendant, séparé et distinct des deux autres, les trois étant dans une unité et dans une entente parfaites entre eux (AF, chap. 2).

Cette connaissance concernant la Divinité découle principalement de la Bible et des révélations de Joseph Smith, le Prophète (voir Smith, Joseph : Enseignements de Joseph Smith). Par exemple, les trois membres de la Divinité se manifestent séparément au baptême de Jésus (Matthieu 3:16-17) et à la lapidation d'Étienne (Actes 7:55-56). Joseph Smith fait ce commentaire : « Pierre et Étienne témoignent qu'ils ont vu le Fils de l'Homme debout à la droite de Dieu. Quiconque a vu les cieux ouverts sait qu'il y a trois Personnages dans le ciel qui détiennent les clés du pouvoir, et que l’un préside sur tous » (EPJS, p. 252).
Le 16 juin 1844, dans son dernier sermon dominical avant son martyre, Joseph Smith déclara que « dans toutes les assemblées », il avait enseigné « la pluralité des Dieux » depuis quinze ans : « Je tiens à vous déclarer que Dieu est un Personnage distinct, que Jésus-Christ est un Personnage distinct et séparé de Dieu le Père, et que le Saint-Esprit est un Personnage distinct et un Esprit : et ces trois-là constituent trois Personnages distincts et trois Dieux » (EPJS, p. 300). Les deux récits les plus anciens qui existent encore de la première vision de Joseph ne donnent pas de détails sur la Divinité, mais il est clairement démontré, documents à l’appui, qu'il a toujours enseigné, dans la plupart des périodes de sa vie, que le Père et le Fils étaient des personnages séparés (p. ex., D&A 76:23 [1832], 137:3 [1836], sa Première Vision, JS–H 1:17[écrite en 1838], D&A 130:22 [1843]). Bien que n'identifiant pas le Saint-Esprit comme étant un « personnage », le cinquième discours sur la foi (1834) affirme que « le Père, le Fils et le Saint-Esprit constituent la Divinité » (cf. Millet, p. 223-234).

Bien que les trois membres de la Divinité soient des personnages distincts, leur Divinité est « une » en ce que tous les trois sont unis dans leurs pensées, leurs actes et leur but, chacun ayant une plénitude de connaissance, de vérité et de puissance. Chacun est un Dieu. Cela n'implique pas une union mystique de la substance ou de la personnalité. Joseph Smith a enseigné : « Beaucoup d'hommes disent il y a un seul Dieu ; le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Je dis que c'est là un Dieu étrange de toutes façons : trois en un et un en trois ! C'est une curieuse organisation. ‘Père, je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés... afin qu'ils soient un comme nous’… Je veux vous lire moi-même le texte : ‘Je suis d'accord avec le Père et le Père est d'accord avec moi, et nous sommes d'accord comme une seule personne.’ Le grec montre que ce devrait être ‘être d’accord’. ‘Père, je prie pour ceux que tu m'as donnés hors du monde... afin qu’eux aussi soient d’accord avec nous’ et que tous viennent tous demeurer dans l'unité » [EPJS, p. 302 ; cf. Jean 17:9-11, 20-21 ; cf. aussi WJS, p. 380].

L'unité demandée dans Jean 17 constitue le modèle de ce que les mormons entendent par l'unité de la Divinité : celle que l’on atteint par l’unité d'intention, par la foi et par la volonté et l'action divines. Joseph Smith a enseigné que la Divinité était unie par « une alliance éternelle [qui] fut faite entre [ces] trois personnages avant que notre terre ne fût organisée » à propos de ce qu’ils devaient dispenser à ses habitants (EPJS, p. 152). L'objectif principal de la Divinité et de tous ceux qui sont unis avec elle est de « réaliser l'immortalité et la vie éternelle de l'homme » (Moïse 1:39 ; Hinckley, p. 49-51).

Chaque membre de la Divinité s'acquitte de fonctions particulières à l'égard de chacun des autres et de l'humanité. Dieu le Père préside la Divinité. Il est le Père de tous les esprits humains et du corps physique de Jésus-Christ. Le corps humain a été créé à son image.
Jésus-Christ, Fils Premier-né de Dieu le Père dans l'esprit et Fils unique dans la chair, est l'agent créateur de la Divinité et le médiateur rédempteur entre le Père et l'humanité. C’est par lui que Dieu a tout créé et c’est par son intermédiaire que Dieu a révélé les lois du salut. C’est en lui que tous seront rendus vivants et c’est par son expiation que toute l'humanité peut être réconciliée avec le Père.

Le Saint-Esprit est un personnage d'esprit qui témoigne de la vérité. Le Père et le Saint-Esprit témoignent du Fils et le Fils et le Saint-Esprit témoignent du Père (3 Néphi 11:32; cf. Jean 8:18). C’est par l'intermédiaire du Saint-Esprit que les révélations du Père et du Fils sont données.

La doctrine mormone de la Divinité se distingue des divers concepts de la Trinité. Plusieurs doctrines trinitaires postbibliques sont apparues dans le christianisme. Cette « évolution du dogme se produisit progressivement dans le contexte de la philosophie émanationniste du stoïcisme et du néoplatonisme (notamment de la théologie mystique de ce dernier) et dans le cadre du monothéisme juif strict » (ER 15:54). Les doctrines trinitaires cherchaient à élever l'unicité de Dieu, allant dans certains cas jusqu’à qualifier Jésus de consubstantiel avec le Père afin d'exclure toute possibilité de prétendre que Jésus n'était pas pleinement divin. La conception mormone, formulée par la révélation moderne par l'intermédiaire de Joseph Smith, rejette l'idée que Jésus ou qui que ce soit d’autre perd son individualité en atteignant l’état divin ou en se retrouvant dans des relations divines et éternelles avec les autres êtres exaltés. [Voir aussi Christologie ; Déification chez les premiers chrétiens.]

Bibliographie
Hinckley, Gordon B. "The Father, Son, and Holy Ghost." Ensign 16, nov. 1986, p. 49-51.
Millet, Robert L. "The Supreme Power over All Things: The Doctrine of the Godhead in the Lectures on Faith." Dans The Lectures on Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L. Dahl et C. Tate, p. 221-240. Provo, Utah, 1990.
Roberts, B. H. "The Doctrine of the Church in Respect of the Godhead." IE 1, août 1898, p. 754-769.
PAUL E. DAHL

 
Doctrine
 
[Cette rubrique se compose de cinq articles :
Doctrine : Signification, source et histoire du mot
Doctrine : Enseignements distinctifs
Doctrine : Doctrine mormone comparée aux autres doctrines chrétiennes
Doctrine : Harmonisation des paradoxes
Doctrine : Traités sur la doctrine
 
On trouvera des articles apparentés dans Articles de foi ; Évangile de Jésus-Christ ; Jéhovah, Jésus-Christ ; et Plan de salut, Plan de rédemption. Voir aussi Histoire intellectuelle et Smith, Joseph : Enseignements de. Joseph Smith. Pour des articles à caractère philosophique, voir, entre autres, Épistémologie ; Éthique ; Connaissance ; Métaphysique ; Philosophie ; Raison et révélation ; Théologie ; et Vérité.]
 
Doctrine : Signification, source et histoire du mot
Auteurs : BRADFORD, GERALD M. et DAHL, LARRY E.
 
SIGNIFICATION DU MOT DOCTRINE. Le mot « doctrine » dans les Écritures signifie « enseignement, ce qu’on enseigne ». Le plus souvent, dans l’Église, il désigne les enseignements ou la doctrine de Jésus-Christ, compris dans un sens assez spécifique. Donc du point de vue scripturaire, le terme « doctrine » signifie le message central de Jésus le Christ, à savoir que Jésus est le Messie, le Rédempteur. Tous les autres enseignements sont subordonnés à ceux par lesquels tout le monde « sait comment aller au Christ et être sauvé » c’est-à-dire, aux « points de doctrine » comme la foi, le repentir, le baptême et la réception du don du Saint-Esprit. Un jour, en soulignant la prééminence et la nature fondamentale de ce message, Jésus a enseigné : « Et quiconque annonce plus ou moins que cela et l'établit comme étant ma doctrine, celui-là vient du mal et n'est pas bâti sur mon roc » (3 Né. 11:40).
 
Dans la King James Version (KJV) de l’Ancien Testament, le mot « doctrine » apparaît six fois (De. 32:2 ; Job 11:4 ; Pr. 4:2 ; És. 28:9, 29:24 ; Jé. 10:8), habituellement comme traduction du mot hébreu leqakh, signifiant « instruction » ou, plus littéralement, « ce qui doit être reçu ». Dans le Nouveau Testament de la KJV, il est utilisé une cinquantaine de fois, le plus souvent en rapport avec l’enseignement ou les instructions de Jésus-Christ, moins fréquemment avec les enseignements d’autres personnes.
 
La « doctrine de Jésus-Christ », que les auditeurs du Sauveur trouvaient frappante (Mt. 7:28) et « nouvelle » (Mc. 1:27) et qu’il attribuait au Père (Jn. 7:16-19), est synonyme de son message central, l’Évangile de Jésus-Christ. Selon les termes de Paul, c’était la bonne nouvelle que le royaume de Dieu est proche et que Dieu « nous a réconciliés à lui par Christ » (2 Co. 5:18).
 
Les apôtres, après la mort et la résurrection du Sauveur, continuèrent à enseigner ce message essentiel (Ac. 13:12 ; 1 Ti. 6:1). Ils utilisaient le mot « doctrine » le plus souvent pour désigner ce qu’une personne devait croire et faire pour être sauvée (Ac. 2:41-47 ; 1 Ti. 4:16 ; Hé. 6:1-3).
La plupart des occurrences du terme « doctrine » dans le Nouveau Testament sont au singulier et se rapportent à la « doctrine de Jésus-Christ ». Le pluriel « doctrines » désigne habituellement les enseignements des hommes et des démons, des enseignements faux et vains contraires à la « doctrine » du Sauveur ou la niant. Le message de Jésus vient du Père et a son contenu en Jésus-Christ, le Messie et le Rédempteur, le chemin du salut. La « doctrine » de Jésus-Christ est la base sur laquelle tous les autres enseignements, principes et pratiques reposent.
 
Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances utilisent le mot « doctrine » de la même manière. Au singulier, il désigne toujours la « doctrine de Jésus-Christ » ou les « points de sa doctrine » et signifie « ce qui assurera le salut de ceux qui l’acceptent et agissent en conséquence ». Au pluriel, il désigne les faux enseignements des démons ou d’autres (2 Né. 3:12 ; 28:9 ; D&A 46:7). Le Livre de Mormon utilise « doctrine » dans ce sens spécial comme étant la « doctrine de Jésus-Christ » ou l’Évangile (vingt-huit fois). Jésus attribuait son enseignement au Père : « Et ceci est ma doctrine… que le Père commande à tous les hommes de partout de se repentir et de croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé, celui-là sera sauvé ; et ce sont ceux-là qui hériteront le royaume de Dieu » (3 Né. 11:32-33). Plus tard il déclara : « Ceci est l'Évangile que je vous ai donné : que je suis venu au monde pour faire la volonté de mon Père… Et mon Père m'a envoyé pour que je sois élevé sur la croix… et… quiconque se repent et est baptisé en mon nom sera rassasié ; et s'il persévère jusqu'à la fin, voici, je le tiendrai pour innocent devant mon Père en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde » (3 Né. 27:13-16 ; cf. D&A 76:40-42).
 
Ainsi, la « doctrine de Jésus-Christ » est le seul enseignement qui puisse être qualifié correctement de « doctrine ». Elle est fixe et invariable. Elle ne peut pas être modifiée ou contredite, mais simplement amplifiée par la révélation de vérités supplémentaires qui approfondissent la compréhension et l’appréciation de sa signification. C’est la base sur laquelle se fait l’épreuve de la foi et le roc ou le fondement de tous les autres enseignements, principes et pratiques révélés.
 
Certains de ces autres enseignements comportent ce qui est parfois désigné sous le nom de plan de salut, qui est le cadre historique général dans lequel la « doctrine de Jésus-Christ » est située et par conséquent mieux comprise. C’est le plan élaboré dès le commencement par le Père, qui a pour centre l’expiation de Jésus-Christ, moyen nécessaire par lequel tous les hommes sont sauvés et exaltés. Tous les autres enseignements révélés sont soit des aspects de la doctrine de Jésus-Christ, soit des prolongements, des amplifications ou des annexes de cette doctrine. Le prophète Joseph Smith a enseigné : « Les principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ, qu’il est mort, a été enterré et est ressuscité le troisième jour et est monté au ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95).
 
Les « annexes » qui sont explicitement mentionnées dans les Écritures comme éléments de la doctrine de Jésus-Christ sont (1) la foi au Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu ; (2) le repentir de tous les péchés ; (3) le baptême par immersion pour la rémission des péchés ; (4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux qui ont l’autorité ; (5) la persévérance jusqu’à la fin dans la justice et (6) la résurrection de tous les êtres humains pour être jugés par le Christ (3 Né. 9:1-16 ; 11:23-39 ; 19:7-28 ; 27:13-21 ; D&A 10:62-69 ; 33:10-15 ; 39:5-6 ; 76:40-43). Les enseignements supplémentaires, qui sont étroitement liés à ce fondement, sont la connaissance de la nature de Dieu, de la création et de la chute d’Adam, du libre arbitre, de la révélation continue, d’un canon ouvert et de la recherche continuelle de la vérité de toutes choses, de la vie prémortelle, du rassemblement d’Israël, du rôle d’un peuple de l’alliance, la diffusion de l’Évangile, l’espérance et la charité, l’établissement de Sion, l’avènement du Christ, le règne du Christ sur terre pendant mille ans, les ordonnances du temple pour les vivants et les morts, la prédication de l’Évangile dans le monde d’esprit post-terrestre, la nécessité de la prêtrise, les degrés de gloire dans l’au-delà, le mariage éternel et le concept de l’exaltation finale en présence de Dieu pour partager sa gloire et sa vie.
 
En plus de son utilisation scripturaire, le mot « doctrine » a un sens très général dans le langage mormon de tous les jours, où il est utilisé pour désigner pratiquement tout ce qui est ou a été enseigné ou est cru par les saints des derniers jours. Dans ce sens, les enseignements doctrinaux répondent à une foule de questions. Certains sont étroitement liés au message essentiel de l’Évangile de Jésus-Christ ; d’autres sont plus éloignés et débordent de manière non systématique sur des disciplines telles que l’histoire, la psychologie, la philosophie, les sciences, la politique, les affaires, l’économie. Certaines de ces croyances peuvent être considérées comme doctrine officielle et sont données aux saints à titre de conseil, d’exhortation, de réprimande et d’instructions (2 Ti. 3:16). Des efforts continuels sont faits pour harmoniser et mettre en application ces principes et cette doctrine dans une vie juste. D’autres enseignements, qui ne jouissent pas d’un statut officiel ni ne font autorité, peuvent également être répandus à n’importe quel moment parmi des membres de l’Église.

SOURCE DE LA DOCTRINE. Dieu est la source de la doctrine. Elle n’est pas créée ni élaborée par l’homme. Elle est basée sur la vérité éternelle et est révélée par Dieu à l’homme. Elle ne peut être correctement comprise que par révélation par l’intermédiaire de l’Esprit de Dieu (1 Co. 2:11-14 ; Jcb. 4:8).
 
Dieu dispense les vérités éternelles « ligne sur ligne, précepte sur précepte » (2 Né. 28:30). Parfois, il a révélé la plénitude de l’Évangile et ceux qui l’ont acceptée et l’ont vécue ont été reçus dans sa présence. Quand les hommes ont ignoré ou rejeté son Évangile, Dieu a occasionnellement retenu son Esprit et les hommes ont dû vivre dans un état de ténèbres spirituelles (voir Apostasie).
Dieu révèle autant de lumière que ce que l’humanité est disposée à respecter. Par conséquent, des quantités variables de la vraie doctrine ont existé sur la terre à différentes époques et ceux qui habitaient la terre pendant la même époque ont connu des quantités différentes de vérité. Dans ce sens, on peut dire qu’il y a une histoire de la doctrine, c’est-à-dire un récit de la façon dont l’humanité, au cours des temps, a soit grandi soit diminué dans la connaissance des choses de Dieu, de l’homme et du monde. Joseph Smith a enseigné : « Tel est le principe sur lequel le gouvernement du ciel est géré, par la révélation adaptée aux circonstances dans lesquelles sont placés les enfants du royaume » (EPJS, p. 206).
 
Beaucoup de facteurs influencent la quantité que Dieu révèle, à qui et dans quelles circonstances. Parmi ces facteurs il y a : (1) qui saisit l’occasion de demander au Père au nom du Christ ; (2) quelle foi ont ceux qui cherchent la connaissance ; (3) ce qu’ils demandent ; (4) ce qu’il est bon qu’ils reçoivent (D&A 18:18) ; (5) à quel point ils sont disposés à obéir à ce qui est donné (Al. 12:9-11) ; (6) ce qu’exigent la volonté et la sagesse de Dieu, car il donne « tout ce qu'il juge bon qu'[ils] aient » (Al. 29:8) ; (7) si la foi des gens a besoin d’être mise à l’épreuve (Mormon était sur le point d’en écrire plus, mais « le Seigneur me l'interdit, disant : Je veux éprouver la foi de mon peuple » [3 Né. 26:8-11]) ; et (8) comment les gens spirituellement préparés doivent recevoir la révélation (par exemple, Jésus a enseigné par paraboles afin de protéger ceux qui n’étaient pas prêts à comprendre [Lu. 8:10 ; D&A 19:22]). Les vérités éternelles constituant l’Évangile ne changent pas et finalement tous ceux qui sont exaltés dans le royaume de Dieu les comprendront et les appliqueront entièrement. Cependant, la connaissance et la compréhension que l’humanité a de ces vérités changent au même titre que les règles et les pratiques relevant des niveaux correspondants de compréhension et d’obéissance.

Puisque la maison de Dieu « est une maison d’ordre… et pas une maison de confusion » (D&A 132:8), il doit y avoir quelqu’un qui peut parler pour Dieu pour toute l’Église et également pour aplanir les différends. Dans l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, le prophète en vie est le seul autorisé à recevoir des révélations et des commandements faisant force de loi pour l’Église entière (D&A 28:1-7 ; 43:1-7 ; 128:11). Depuis le moment où l’Église a été organisée, il y a eu et il y aura toujours « un prophète, reconnu de Dieu et de son peuple, qui continuera à interpréter la volonté du Seigneur » (Spencer W. Kimball, Ensign 7, mai 1977, p. 78). D’habitude, le prophète agit de concert avec ses conseillers dans la Première Présidence et le Collège des douze apôtres, ceux qui détiennent, avec le prophète, les « clefs du royaume » (D&A 81:2 ; 112:30), avec le principe que l’unanimité du collège et le consentement commun des membres de l’Église donnent pouvoir et validité à leurs décisions (D&A 26:2 ; 107:27-31). Agissant collectivement et sous l’inspiration de Dieu, ces dirigeants ont autorité pour définir à n’importe quel moment la position de l’Église en matière de doctrine, de règles et de pratique. C’est le canal par lequel les changements se produisent. Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F). Ces révélations sont censées permettre une compréhension accrue de la doctrine.
 
Beaucoup de gens écrivent ou prêchent leurs idées. Certains, par l’étude et l’obéissance, peuvent apprendre des vérités qui vont au-delà de la position déclarée de l’Église, mais cela ne les autorise pas à parler officiellement pour elle ni à présenter leurs idées comme faisant force de loi sur l’Église. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels les Écritures ne sont pas claires et à propos desquels l’Église n’a fait aucune déclaration officielle. Dans de tels cas, on peut trouver des divergences d’opinion entre les membres et les dirigeants de l’Église. Tant que la vérité dans ces domaines n’est pas manifestée par la révélation, il y a place pour différents niveaux de compréhension et d’interprétation des questions non réglées.
 
HISTOIRE DE LA DOCTRINE. La doctrine de l’Église a été révélée principalement par le prophète Joseph Smith, bien que des ajouts et des éclaircissements aient été apportés plus tard. Ces vérités font partie de la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ, connues autrefois sur terre mais maintenant perdues, rendant un rétablissement par révélation nécessaire.
 
Le prophète Joseph Smith a reçu et a communiqué ligne sur ligne sa compréhension doctrinale, depuis le moment de sa première vision en 1820 jusqu’à sa mort en 1844. Dans beaucoup de cas, sa propre compréhension a été progressivement augmentée. Dans d’autres domaines, il a appris rapidement certains principes mais ne les a enseignés qu’à mesure que ses disciples étaient aptes et disposés à les accepter. Pour ce qui concerne l’au-delà, par exemple, il a dit : « Je pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait sur les gloires des royaumes qui m’ont été manifestées dans la vision, si cela m’était permis et si le peuple était prêt à le recevoir » (EPJS, p. 246).
 
Il n’y a pas de structure simple ni d’ordre prévisible dans la croissance de la connaissance de Joseph Smith. Sa compréhension doctrinale s’est graduellement développée par les révélations qu’il recevait en réponse aux diverses situations et circonstances contemporaines que dut affronter l’Église naissante mais en croissance rapide. D’autres enseignements ont paru tout à fait spontanément. Ses perceptions devenaient plus complètes et plus détaillées, mais elles ne perdaient pas leur ancrage historique dans les dispensations passées ni leur but immuable d’amener les hommes au Christ.

Un catalyseur important dans ce processus fut l’examen systématique de la Bible auquel Joseph Smith se livra (voir Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS)]), qui produisit des interprétations bibliques et des restaurations de textes inspirées. En outre, beaucoup de sections des Doctrine et Alliances sont des révélations répondant aux questions qui se présentèrent lors de ce processus (par exemple, D&A 76, 91, 132).
 
Les enseignements de Joseph au sujet de la Divinité illustrent les points précédents. Au début, il enseignait simplement que Dieu le Père et le Fils étaient des personnages distincts, sans mentionner explicitement la nature de leurs corps, même si 3 Néphi 11:15 (traduit en 1829) disait clairement que le corps ressuscité de Jésus était tangible. Plus tard, à Nauvoo, il déclara que « il n’y a pas d’autre Dieu dans le ciel que ce Dieu qui a chair et os » (EPJS, p. 145, commentaire fait en 1841 sur le texte biblique de Jean 5:26) et que le Père et le Fils ont tous deux un corps « de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme » (D&A 130:22). Deux mois avant sa mort, Joseph, pour la première fois dans un sermon public enregistré, en fait dans son ultime sermon sur la nature de Dieu, le discours sur King Follett, enseigna que Dieu est un homme exalté. Et deux semaines avant sa mort, il parla d’une « pluralité de Dieux », accroissant notre compréhension, dans Genèse 1, du pluriel hébreu élohim, ou « dieux » (Joseph avait étudié l’hébreu en 1835), expliquant que « il y a plusieurs Dieux et plusieurs Seigneurs, mais pour nous il n’y en a qu’un seul et c’est à celui-là que nous devons être assujettis », déclarant que pendant quinze ans il avait toujours prêché « la pluralité de Dieux » (EPJS, p. 301 ; cf. 1 Co. 8:5-6).
 
De même, les enseignements de Joseph concernant des choses telles que la nature de l’homme, son existence prémortelle, son libre arbitre et son potentiel éternel d’accéder à l’état divin lui ont également été graduellement dévoilés, à lui et à son entourage. Il apprit en décembre 1830 que « tous les enfants des hommes » ont été créés « spirituellement, avant [de l’être] naturellement sur la surface de la terre » (Moï. 3:5). Une révélation de 1833 lui apprit qu’une composante de tout individu existait avant sa création spirituelle, une composante appelée intelligence, qui « n'a été ni créée ni faite et ne peut assurément pas l'être » (D&A 93:29). Pendant la période de 1835 à 1842, tout en traduisant le livre d’Abraham, Joseph Smith apprenait qu’Abraham avait regardé à l’intérieur du monde prémortel et contemplé les myriades d’ « intelligences qui furent organisées avant que le monde fût » en la présence de Dieu (Abr. 3:22). Beaucoup d’entre elles étaient « nobles et grandes » et choisirent de suivre le Christ. À ceci il fut ajouté en 1841 que « lors de la première organisation dans le ciel, nous étions tous présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné » (EPJS, p. 145).
 
On peut montrer que les enseignements du Prophète sur l’expiation de Jésus-Christ, la création, la préordination, le salut pour les morts, la prêtrise, les ordonnances du temple, le mariage éternel, l’exaltation et beaucoup d’autres sujets ont tous fait l’objet d’un développement similaire pendant son ministère (Cannon, Dahl et Welch).
 
En 1844, la structure doctrinale de base de l’Église était en place. Toutefois, depuis cette époque, il y a eu des déclarations officielles clarifiant la compréhension doctrinale ou adaptant les applications doctrinales à des circonstances particulières. Certaines font maintenant partie des Doctrine et Alliances ; d’autres sont publiées sous forme de messages officiels de la Première Présidence (cf. MFP). Au cours des années, on a mis plus ou moins d’accent sur diverses manières de procéder et pratiques à mesure que des changements se produisaient dans la situation économique (voir Consécration : Loi de consécration ; Dîme ; Ordres unis ; Entraide), les circonstances politiques (voir Église et État ; Politique ; Guerre et paix), l’atmosphère intellectuelle (voir Histoire intellectuelle), la croissance de l’Église (voir Organisation), et beaucoup d’autres domaines. Mais la doctrine essentielle de l’Église est demeurée constante parmi ces changements.
 
Certains dirigeants de l’Église ont beaucoup écrit sur ce qu’ils comprenaient de la doctrine de l’Église et, par conséquent, ont eu une influence importante sur ce que beaucoup de membres croient (voir traités de doctrine ci-dessous). Parmi ceux-ci, Parley P. Pratt, Orson Pratt, James E. Talmage, John A. Widtsoe, B. H. Roberts, Joseph Fielding Smith et Bruce R. McConkie. Leurs écrits révèlent quelques divergences de vues sur des questions non réglées, tout comme il existe différentes écoles de pensée parmi les membres de l’Église en général sur certaines questions. Il y a, par exemple, les efforts pour réconcilier les enseignements scientifiques actuels et les vérités révélées, pour réfléchir à la nature de l’intelligence incréée et pour définir la progression éternelle. Les saints des derniers jours ont la foi que les réponses seront un jour révélées et sont invités, en attendant, à chercher la connaissance par tous les moyens disponibles et à montrer de la tolérance à l’égard de ceux qui entretiennent des avis différents sur de tels sujets.
 
Bibliographie
Cannon, Donald Q., Larry E. Dahl et John W. Welch. "The Restoration of Major Doctrines Through Joseph Smith : The Godhead, Mankind, and the Creation." Ensign 19 (janv. 1989) :27-33 ; et "The Restoration of Major Doctrines Through Joseph Smith : Priesthood, the Word of God, and the Temple", Ensign 19 (févr. 1989) :7-13.
Lyon, T. Edgar. "Doctrinal Development of the Church During the Nauvoo Sojourn, 1839-1846." BYU Studies 15, été 1975, p. 435-46.
M. GERALD BRADFORD
LARRY E. DAHL
 
Doctrine : Enseignements distinctifs
Auteur : BURTON, ALMA P.
 
Peu d’enseignements doctrinaux religieux sont uniques au sens strict du terme, mais beaucoup sont suffisamment rares pour être considérés comme des éléments distinctifs de telle ou telle religion ou confession. Plusieurs points de doctrine des saints des derniers jours sont distinctifs dans ce sens, bien que dans la plupart des cas d’autres chrétiens aient à un moment donné entretenu des croyances identiques ou similaires. Les saints des derniers jours insistent sur le fait que leurs points de doctrine distinctifs ont été révélés par Dieu dans de précédentes dispensations dirigées par Adam, Hénoc, Noé et ainsi de suite jusqu’au temps du Christ. Ainsi, alors qu’ils peuvent être distincts parmi les confessions modernes, ces points de doctrine nouvellement révélés étaient partagés par la seule vraie Église de Jésus-Christ dans les temps anciens.
 
Quelque chose qui est unique dans la théologie de l’Église moderne est la conception que la Divinité se compose de trois êtres distincts, dont deux possèdent un corps de chair et d’os et un, un corps d’esprit. Une déclaration officielle au sujet de la Divinité dit : « Le Père a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage d’esprit » (D&A 130:22). Les saints des derniers jours prennent la Bible, Ancien et Nouveau Testaments, dans un sens littéral et anthropomorphe, attribuant à Dieu à la fois une forme humaine et des émotions. Ils acceptent aussi bien l’unicité que la « tricité » de la Divinité comme enseignée dans la Bible. Cependant, ils rejettent la doctrine traditionnelle de la Trinité et croient, au contraire, que la Divinité est une en pensée, en dessein et en témoignage, mais trois en nombre. Ainsi, ils croient que Dieu est esprit dans le sens qu’il est empreint d’esprit, et dans le sens que le Saint-Esprit est un esprit, mais ils ne limitent pas le Père ou le Fils à l’immatérialité.
 
Les saints des derniers jours identifient expressément Jéhovah, Dieu de l’Ancien Testament, à Jésus-Christ. Ils croient que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu qui a marché avec Hénoc et qui a parlé avec Moïse sur le mont Sinaï, était Jésus-Christ prémortel, ou Dieu le Fils, agissant en tant qu’agent de son Père.
 
Les saints des derniers jours ont également des points de doctrine distincts en ce qui concerne la nature de l’univers et la façon dont il a commencé. Parce qu’ils croient que l’esprit et la matière sont en fait la même chose à des degrés différents de raffinement (voir D&A 131:2), ils conçoivent l’univers comme deux domaines, le physique et le spirituel, mais ceux-ci ne sont pas antithétiques. Ils nient la dichotomie esprit/matière et soulignent que l’esprit et la matière constituent un univers éternel unique.
 
De plus, pour eux, « au commencement » veut dire « au commencement de notre partie de l’histoire » ou, dans l’état prémortel, « quand Dieu a commencé à créer notre monde ». Ils ne croient pas en un commencement absolu, car dans leur théologie, l’esprit, la matière et l’élément sont tous éternels. Les créations peuvent passer d’un ordre inférieur à un ordre supérieur, et l’œuvre et la gloire de Dieu est de réaliser cette évolution (Moï. 1:39), mais il n’y a jamais eu de temps où la matière n’existait pas. Les saints des derniers jours rejettent l’idée courante d’une création ex nihilo – que Dieu ait tiré tout ce qui existe du néant. Ils enseignent au contraire que Dieu a tout créé à partir de matériaux préexistants mais non organisés. Il a organisé les éléments préexistants pour créer des mondes et il a organisé l’intelligence préexistante pour engendrer des esprits. Les esprits de tous les êtres humains ont existé en tant qu’enfants d’esprit de Dieu avant leur naissance ici-bas.
 
L’eschatologie mormone présente également plusieurs points de doctrine distinctifs. Par exemple, les saints des derniers jours croient en un état temporaire entre la mort et la résurrection que les Écritures appellent le monde d’esprit. Ce monde temporaire d’esprit comprend le paradis, où les esprits des justes attendent leur résurrection glorieuse, et l’enfer, où les esprits des méchants souffrent pour leurs péchés tandis qu’ils attendent la résurrection vers un degré de gloire inférieur (Al. 40:11-14 ; cf. Lu. 16:22-23). La doctrine des saints enseigne que tout être humain ressuscitera. Beaucoup ont été ressuscités peu après la résurrection de Jésus ; les justes restants seront ressuscités lors de la seconde venue du Christ et les méchants à la fin du règne millénaire du Christ sur terre. L’enfer est un état temporaire, qui rendra ses esprits captifs à la résurrection, tout comme la mort rendra ses corps (2 Né. 9:10-14 ; cf. Ap. 20:13-14). Dans la Résurrection, toute souffrance prendra fin (D&A 76:84, 88-89) et tous les êtres humains, excepté les fils de perdition, seront sauvés dans l’un des trois royaumes ou degrés de gloire : le céleste, le terrestre ou le téleste (D&A 76:1-19 ; 88:29-32 ; cf. 1 Co. 15:4-42).
 
Parmi les points de doctrine distinctifs des saints sur la nature de l’Église, il y a la croyance que l’Église de Jésus-Christ a été plusieurs fois sur la terre, en commençant par Adam, plus ou moins sous la même forme que maintenant et avec la même doctrine. L’Église et l’Évangile de Jésus-Christ sont éternels. Ils ont été révélés au peuple d’Adam, de Hénoc, de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Jared, de Léhi, et d’autres. Adam a connu l’Évangile, a été baptisé par immersion au nom de Jésus-Christ et a reçu le don du Saint-Esprit, tout comme les saints dans toutes les autres dispensations. Parfois l’humanité a rejeté ou a déformé l’Évangile et est tombée dans l’apostasie. Mais, par la suite, l’Évangile a été rétabli dans sa pureté originelle par des prophètes appelés à lancer une nouvelle dispensation. Tout récemment, ce même Évangile éternel a été rétabli par le prophète moderne Joseph Smith. Ainsi, la fondation de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours n’a pas été le résultat d’une longue évolution religieuse, ni simplement le rétablissement du christianisme primitif, mais a été le rétablissement final sur la terre d’un Évangile éternel de Jésus-Christ révélé bien des fois à l’humanité depuis le commencement.
 
Ce qui distingue « l’Église vraie et vivante » de toutes les autres Églises est la possession des clefs de la prêtrise du royaume des cieux (voir Mt. 16:19). La croyance que la possession des clefs apostoliques est nécessaire dans la véritable Église n’est pas propre aux saints des derniers jours ; ce qui l’est, c’est l’insistance qu’une de ces clefs accorde nécessairement les dons de prophétie et de révélation. Détenir les clefs du royaume comme Pierre l’a fait, c’est être prophète, voyant et révélateur comme lui. Et pour être « vraie et vivante », une Église doit recevoir ces clefs apostoliques exercées et transmises par l’intermédiaire de ses prophètes vivants. Comme un arbre n’est vivant que quand ses branches sont attachées à son tronc et à ses racines, une Église n’est vivante que quand elle est rattachée par un chenal ouvert de révélation à sa source divine. Quand les dirigeants ecclésiastiques n’ont aucun lien prophétique de ce genre avec les cieux, une Église peut même enseigner des points de doctrine vrais, mais elle ne peut pas être « vraie et vivante » (voir D&A 1:30 ; 27:12-13), parce qu’il lui manque la communication nécessaire avec ses racines divines.
 
Étant donné l’accent mis sur le besoin de prophètes vivants, il s’ensuit que la parole de Dieu est principalement la parole adressée aux prophètes et communiquée par eux. La parole mise sur papier, les Écritures, est toujours importante comme précédent historique et comme compte rendu de ce que le Seigneur a dit à son peuple dans le passé, mais elle n’est qu’un complément et est secondaire par rapport à ce qu’il peut dire maintenant par son prophète vivant. Comme les saints des derniers jours croient au don véritable de prophétie, il s’ensuit que les révélations reçues par les prophètes modernes doivent être estimées au même niveau que celles reçues par ceux d’autrefois. Par conséquent, le canon des Écritures des saints des derniers jours ne peut jamais être fermé : « Nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F).

Les saints des derniers jours sont également uniques dans plusieurs aspects de leur conception du salut. Si la plupart des points de doctrine des saints sont connus des autres chrétiens – par exemple, l’Expiation, la justification, la sanctification et la grâce – il y a, chez eux, plusieurs points distinctifs. Ils font une distinction entre le « salut » général, qui signifie pour eux que par l’expiation du Christ on est délivré de la tombe et du pouvoir de Satan et de l’enfer pour entrer dans un degré de gloire, et « l’exaltation », qui signifie que par l’expiation du Christ et l’obéissance personnelle aux principes et aux ordonnances de l’Évangile de Jésus-Christ on est élevé au degré le plus haut de gloire pour prendre part aux pouvoirs et aux privilèges de Dieu, s’asseoir sur son trône et régner dans l’éternité (voir D&A 76:1-119 ; 88:22-23 ; cf. Ap. 1:6 ; 3:21). Être exalté, c’est devenir comme Dieu (voir Déification chez les premiers chrétiens).
 
Les saints des derniers jours fidèles reçoivent dans les temples de l’Église les ordonnances et la connaissance nécessaires à l’exaltation céleste. Une partie de ces rites sacrés est appelée la dotation du temple parce qu’elle constitue un élément majeur du don suprême accordé à l’humanité par l’expiation du Christ. Une autre ordonnance du temple est le scellement du mari et de la femme, des parents et des enfants dans des familles qui dureront pendant le temps et toute l’éternité. Le royaume céleste se composera de la famille céleste de Dieu unie dans l’amour comme maris et femmes, parents et enfants, et frères et sœurs pour toujours. En tant que personnes isolées, les êtres humains peuvent être sauvés dans des degrés de gloire moindres, mais seules les familles peuvent être exaltées.
 
Tout le monde n’a pas l’occasion d’entendre l’Évangile du Christ et de recevoir toutes ordonnances de l’exaltation ici-bas. Les saints des derniers jours enseignent que Dieu a pris des dispositions pour que tous entendent l’Évangile de manière à pouvoir accepter ou rejeter ses bénédictions. Ceux qui n’en ont pas l’occasion dans la condition mortelle la recevront dans le monde d’esprit. Le Nouveau Testament enseigne que Jésus lui-même a visité le monde d’esprit après sa mort sur la croix et a prêché aux esprits qui s’y trouvaient : « Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été mis à mort quant à la chair, mais ayant été rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est allé prêcher aux esprits en prison » (1 Pi. 3:18-19). Le but de sa prédication aux esprits est révélé au chapitre suivant : « Car l’Évangile a été aussi annoncé aux morts, afin que, après avoir été jugés comme les hommes quant à la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit » (1 Pi. 4:6). Cet enseignement a été amplifié et expliqué dans la révélation moderne (D&A 137, 138 ; voir Salut des morts).
 
D’autres domaines dans lesquels les idées des saints des derniers jours diffèrent sensiblement de celles du monde religieux contemporain sont les concepts de temps et d’éternité, la Lumière du Christ, le don du Saint-Esprit, l’évaluation positive de la création et de la terre physique, la nécessité éternelle des ordonnances, la place centrale de l’alliance abrahamique pour les chrétiens modernes et le concept que le ciel est un Royaume céleste situé sur cette terre renouvelée et glorifiée.
 
Bibliographie
Keller, Roger R. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich., 1986.
Madsen, Truman G. "Are Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p. 73-94.
McConkie, Bruce R. MD. Salt Lake City, 1966.
Robinson, Stephen E. Are mormons Christians ?, chaps. 6-8. Salt Lake City, 1991.
Talmage, James E. AF. Salt Lake City, 1924.
ALMA P. BURTON
 
Doctrine : Comparaison entre la doctrine des saints et d’autres doctrines chrétiennes
Auteur : ROBINSON, STEPHEN E.
 
Comme le savant biblique W. D. Davies l’a un jour fait remarquer, la doctrine des saints peut être décrite comme étant le christianisme biblique séparé du christianisme hellénisé, une conjonction du judaïsme et du christianisme du premier siècle. Les saints des derniers jours acceptent la Bible et ses enseignements apostoliques comme étant la parole de Dieu, mais rejettent beaucoup d’interprétations ultérieures de la Bible qui sont l’expression de préoccupations philosophiques grecques – ils acceptent Jean et Paul mais rejettent Augustin. Par exemple, les saints des derniers jours acceptent le caractère triple de Dieu et son unité comme étant des enseignements bibliques. Le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont trois personnalités divines qui constituent ensemble une seule Divinité. Mais les mormons rejettent les tentatives du christianisme post-biblique et non apostolique de définir la relation entre l’unicité et le caractère triple de Dieu. Ils acceptent la doctrine biblique de la Trinité, mais rejettent la doctrine philosophique de la Trinité telle que définie au Concile de Nicée et plus tard. En bref, les saints des derniers jours rejettent l’autorité et les conclusions des théologiens et des philosophes lorsqu’il s’agit de définir ou d’interpréter ce que la Bible, les apôtres ou les prophètes n’ont pas précisé. Ils acceptent le christianisme biblique, mais pas son extension dans les credo et les traditions extra-bibliques.
 
Pour les chrétiens qui ont soudé la Bible à son interprétation ultérieure et ne peuvent pas séparer Platon et Augustin de Pierre et de Paul et qui ne peuvent pas concevoir le « vrai » christianisme d’après les catégories du premier siècle, la doctrine des saints peut sembler iconoclaste en ce qu’elle sépare les textes bibliques de leur interprétation « traditionnelle » ultérieure. Néanmoins, les saints des derniers jours estiment que les saints du Nouveau Testament auraient été tout aussi mal à l’aise qu’eux devant les credo philosophiques du christianisme ultérieur.
 
Le rejet par les saints d’une grande partie du christianisme post-biblique est basé sur la croyance en une apostasie antique annoncée et rapportée dans le Nouveau Testament (par exemple, 2 Th. 2:1-5 ; 3 Jn. 9-10). L’autorité apostolique a cessé juste après la période du Nouveau Testament et, sans la direction ni l’autorité apostoliques, l’Église a vite été submergée par des pressions intellectuelles et culturelles étrangères. Les affirmations simples de la foi biblique ont été remplacées par les propositions complexes de la théologie. Bien que les Églises qui s’en sont suivies aient toujours été « chrétiennes », aux yeux des saints des derniers jours elles ne possédaient plus la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ ni de l’autorité apostolique. Les saints seraient d’accord avec les catholiques et les protestants de la « Haute Église » que l’autorité apostolique est essentielle dans la vraie Église mais seraient d’accord également avec d’autres protestants pour dire que l’autorité apostolique était absente dans l’orthodoxie médiévale. On trouve un parallèle étroit dans le rejet protestant des prétentions catholiques à détenir une autorité apostolique faisant force de loi. Tandis que les saints des derniers jours font remonter l’apostasie en gros au deuxième siècle et rejettent l’orthodoxie qui lui succède, la plupart des protestants la placeraient quelque part plus près du quinzième siècle et rejetteraient ensuite le catholicisme qui l’a suivie.
 
Les protestants qui niaient la nécessité de la succession apostolique ou qui ne croyaient pas que son enchaînement était interrompu par la Réforme affirmaient généralement que la plénitude de l’Évangile pouvait être réalisée en réformant l’Église romaine. Les saints des derniers jours, qui insistent sur la nécessité de la succession apostolique mais croient que son enchaînement a été très vite rompu, considèrent qu’une réforme ne suffit pas pour retrouver la plénitude de l’Évangile et rétablir le christianisme originel. Seul le rétablissement total de la doctrine et de l’autorité apostoliques pouvait rétablir le christianisme pur du premier siècle. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se considère comme constituant ce rétablissement.
 
Le rejet par les saints de la philosophie hellénistique en matière de doctrine explique les nombreuses différences caractéristiques entre les saints des derniers jours et les autres chrétiens. Par exemple, les saints des derniers jours rejettent la dichotomie platonique esprit-matière, qui soutient que l’esprit et la matière sont opposés et hostiles entre eux. Ils croient, au contraire, que l’esprit est une matière raffinée et que l’esprit et la matière sont éternels, n’étant ni créés ni détruits. Le prophète Joseph Smith a enseigné que « la matière immatérielle, cela n’existe pas. Tout esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus pur et ne peut être discerné que par des yeux plus purs » (D&A 131:7).
 
Il n’y a donc, pour les saints des derniers jours, aucune incompatibilité finale entre l’esprit et la matière ou entre les domaines spirituel et physique. Dans la théologie des saints, les éléments physiques sont coéternels avec Dieu. Les saints rejettent l’idée que la matière physique est transitoire, corrompue ou incompatible avec la vie spirituelle ou éternelle. Ils définissent habituellement le « spirituel » comme « imprégné d’esprit » plutôt que comme « non physique ». Cette conception unitaire de l’esprit et de la matière leur permet d’accepter le Père et le Fils comme les êtres concrets et anthropomorphiques qu’ils sont dans les Écritures et de rejeter la définition de Dieu comme le non-être abstrait, le « totalement autre » de la théologie philosophique. Pour les saints, Dieu existe dans le sens normal en association avec le temps et l’espace plutôt que dans le sens platonicien abstrait au-delà du temps et de l’espace. La conception traditionnelle qui avilit la matière et l’état d’existence physique n’est pas bien fondée du point de vue biblique et les saints des derniers jours croient qu’elle est un produit de la pensée hellénistique. Ils pensent également que le concept de Dieu « sans corps, ni parties ni passions » tient trop peu compte des données bibliques ou les allégorise excessivement.
 
Du fait que les mormons croient que les éléments sont éternels, il s’ensuit qu’ils nient la création ex nihilo. L’univers, au contraire, a été créé (organisé) à partir d’éléments préexistants que Dieu a organisés en imposant des lois physiques. Le prophète Joseph Smith a aussi enseigné que l’intelligence est également éternelle et incréée : « L’intelligence des esprits n’a pas de commencement et n’aura pas de fin… l’intelligence est éternelle et existe en vertu d’un principe existant par lui-même » (EPJS, p. 286-287).
 
De même qu’il a organisé la matière préexistante pour créer l’univers, de même Dieu a organisé l’intelligence préexistante pour créer les esprits qui sont par la suite devenus des êtres humains. En conséquence, les saints des derniers jours ne considèrent pas Dieu comme la cause totale de ce que sont les êtres humains. L’intelligence humaine n’est pas créée par Dieu et est donc indépendante de son contrôle. Les saints insistent donc sur le fait que les êtres humains sont libres dans le sens le plus complet du terme et nient la doctrine de la grâce prévenante et celle de la grâce irrésistible, selon lesquelles c’est le choix de Dieu qui détermine le salut ou la damnation. Dieu ne contraint pas des volontés indépendantes et existant par elles-mêmes. Bien qu’il désire l’exaltation de tous et l’offre de manière égale à tous, son accomplissement exige la coopération individuelle, une relation par alliance. De cette façon, la théologie des saints échappe au dilemme classique de la prédestination et de la théodicée qu’impose la croyance que Dieu a tout créé de rien et est donc seul responsable du produit final. Leur doctrine radicale du libre arbitre individuel permet également aux saints de contester la théorie de la dépravation humaine. La chute d’Adam n’a pas rendu les humains totalement incapables de faire quoi que ce soit de bien – ils restent capables de choisir et d’accomplir le bien ou le mal. De plus, les saints des derniers jours acceptent le concept de « l’heureuse faute » (mea culpa). La Chute était une étape nécessaire dans la progression de l’humanité : « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25).
 
La vision positive de l’univers physique et de l’homme permet également aux saints des derniers jours de prévoir une vie physique après la mort, le Royaume céleste, une communauté d’êtres physiquement ressuscités transformés et rendus parfaits. À la différence de beaucoup de pères de l’Église d’autrefois, ils n’aspirent pas à échapper au royaume de la chair, mais à le sanctifier. Par conséquent, aux yeux des saints, même les rapports physiques de la famille et du mariage peuvent continuer dans un état sanctifié dans les éternités. Ainsi il n’y a guère d’ascétisme et pas de célibat dans la théologie des saints, qui voit dans ces deux tendances un refus de la bonté de la création physique accomplie par Dieu (Ge. 1:31) et leur théologie évite le dénigrement traditionnel du corps humain et le mépris pour la sexualité humaine qui sont dus en grande partie au néoplatonisme de la fin de l’Antiquité.
 
Bien que l’acceptation de la Bible et de ses enseignements, problèmes d’interprétation mis à part, soit le point commun des saints des derniers jours et des autres chrétiens, le mormonisme s’accorde avec l’orthodoxie de la « Haute Église » contre le protestantisme conservateur sur la doctrine de la suffisance des Écritures. Bien qu’ils acceptent la Bible, les saints des derniers jours, comme les catholiques romains et orthodoxes orientaux, par exemple, ne croient pas que le texte biblique soit à lui seul suffisant pour le salut. L’enseignement biblique, quoique vrai et accepté, a été imparfaitement préservé et ne peut être entièrement reconstitué que grâce à des révélations supplémentaires. Ce n’est pas parce que le christianisme du Nouveau Testament était défectueux, mais parce qu’il n’est préservé que partiellement dans la Bible moderne. Les points de doctrine qui n’ont pas été préservés doivent être rétablis ; par conséquent, les mormons nient l’infaillibilité biblique et l’idée qu’elle est suffisante. Puisque les apôtres et les prophètes du christianisme le plus ancien recevaient la révélation directe de la part de Dieu (voir, par exemple, Actes 10:9-16, 28), les saints des derniers jours croient qu’une Église qui affirme avoir la plénitude de l’Évangile doit également jouir de ce don.

Ce principe crucial de la révélation continue est illustré dans l’expérience du prophète Joseph Smith, dont des visions et les révélations forment la base de la doctrine des saints. Tout comme le magistère de l’Église est fondamental pour les catholiques romains et comme les Écritures sont la base pour les protestants, pour les saints des derniers jours, la plus haute autorité en matière de religion, c’est la révélation continue venant de Dieu, donnée par les apôtres et les prophètes vivants de son Église, commençant avec Joseph Smith et continuant jusqu’aux dirigeants actuels.
 
Les saints des derniers jours insistent sur le fait que le canon des Écritures et la structure de la théologie sont toujours ouverts et que Dieu peut toujours y ajouter par la révélation à ses prophètes (9e A de F). Grâce à cela, ils ont reçu des éclaircissements sur des points de doctrine biblique qui sont contestés dans d’autres confessions, par exemple, le ministère du Christ auprès des morts dans 1 Pi. 3:18 et 4:6 (voir D&A 128 ; 137 ; 138). En outre, par la révélation moderne, les saints des derniers jours ont reçu certains points de doctrine distinctifs que l’on ne trouve pas explicitement dans la Bible. Dans ces cas la révélation moderne n’a pas reconstitué un point de doctrine qui n’est pas clair, mais en a rétabli un qui avait été entièrement perdu.
 
Les saints des derniers jours partagent avec la plupart des chrétiens la conviction que le salut n’est rendu possible que par l’expiation de Jésus-Christ, dont la nature est représentative, exemplaire et vicariale. Le Christ est le médiateur de l’humanité auprès du Père au lieu d’Adam qui est déchu ; il donne un exemple que les humains peuvent imiter et il prend la place de l’humanité en souffrant pour les péchés.
 
Les saints des derniers jours sont monophysites dans leur christologie, c’est-à-dire qu’ils croient que le Christ n’a qu’une seule nature, qui est simultanément humaine et divine. C’est possible parce que l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui s’excluent mutuellement dans la pensée des saints, contrairement à la christologie duophysite de beaucoup de confessions traditionnelles. Comme Lorenzo Snow l’a dit : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le fut autrefois. Ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le devenir » (Snow, p. 46). La plupart des chrétiens seraient d’accord avec la première moitié de ce couplet tel qu’appliqué à la personne du Christ, mais les saints des derniers jours l’appliquent aussi au Père. La deuxième moitié du couplet est plus orthodoxe au sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les catholiques, parce que les saints des derniers jours partagent la doctrine biblique antique de la déification (apothéose) avec l’orthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens du christianisme ont dit essentiellement la même chose que Lorenzo Snow. Irénée a dit : « Si la parole est devenue homme, c’est pour que les hommes puissent devenir des dieux » (Contre les hérésies, 4. Pref.) et Athanase a maintenu que « [le Christ] est devenu homme pour que nous puissions être rendus divins " (De l’Incarnation, 54). Pourtant les saints des derniers jours combinent les deux moitiés du couplet pour parvenir à ce qu’ils estiment être la seule conclusion : l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui s’excluent mutuellement. Pour eux, les deux catégories ne font qu’un : Les humains sont de la lignée des dieux. Les saints des derniers jours seraient entièrement d’accord avec C.S. Lewis dans Mere Christianity : Il a dit (dans la Bible) que nous étions des « dieux » et il va donner suite à ses paroles. Si nous le lui permettons – car nous pouvons l’en empêcher si nous le voulons – il transformera le plus faible et le plus souillé d’entre nous en un Dieu ou une Déesse, un être éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa personne, d’une énergie, d’une joie, d’une sagesse et d’un amour que nous ne pouvons pas imaginer maintenant [p. 175].
 
Bibliographie
Dodds, Erwin. Pagan and Christian in an Age of Anxiety. New York, 1970.
Keller, Roger. Reformed Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich., 1986.
Lash, Symeon. "Deification." Dans The Westminster Dictionary of Christian Theology, dir. de publ. A. Richardson et J. Bowden. Philadelphie, 1983.
Madsen, Truman, dir. de publ. Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels. Salt Lake City, 1978.
Robinson, Stephen. Are the Latter-day Saints Christians ? Salt Lake City, 1991.
Snow, Eliza R. Biography and Family Record of Lorenzo Snow. Salt Lake City, 1884.
STEPHEN E. ROBINSON
 
Doctrine : Harmonisation du paradoxe
Auteur : PAULSEN, DAVID L.
 
Parce qu’ils rejettent l’influence du néoplatonisme sur la théologie chrétienne originale, les saints des derniers jours ne sont pas concernés par les dilemmes que posent certains des paradoxes de la théologie chrétienne traditionnelle. Cela ne veut cependant pas dire que la vie éthique des saints et leur pensée religieuse soient exemptes de paradoxes. La perspective des saints a tendance à harmoniser beaucoup de paradoxes par sa conception que l’opposition est nécessaire en toutes choses et que Dieu et l’humanité sont dans le même ordre de réalité mais à des étapes différentes de connaissance et de progression.
 
Tel qu’utilisé dans le vocabulaire courant, le mot « paradoxe » désigne habituellement une déclaration qui, à première vue, est incroyable parce qu’elle est apparemment contradictoire avec elle-même ou est contraire à des faits bien établis, au bon sens ou aux croyances généralement reçues. Si beaucoup de paradoxes sont indubitablement faux, tous ne le sont pas nécessairement. En effet, dans l’histoire de la pensée humaine, beaucoup de paradoxes effrontés ont renversé une croyance généralement reçue mais fausse, pour devenir eux-mêmes, par la suite, généralement acceptés « paradoxe à un moment donné, mais maintenant le temps lui apporte sa preuve » (Hamlet 3.1.115).

La théologie chrétienne classique est paradoxale à beaucoup d’égards. C’est souvent le résultat des fusions théologiques instables qui se sont produites au cours des premiers siècles du christianisme quand (a) les idées qui provenaient de la révélation personnelle judéo-chrétienne ont été (b) refondues par interprétation au sein d’une conception néoplatonicienne impersonnelle de la réalité. En voici quelques-unes :
 
1. (a) Le Dieu aimant qui est profondément touché par le sentiment de nos infirmités est (b) sans passions et ne subit aucune influence extérieure.
 
2. (a) Le Dieu qui agit dans l’histoire humaine et répond aux prières personnelles est (b) intemporel et immuable.
 
3. (b) Le Dieu sans corps ni parties est devenu (a) incarné en la personne de Jésus de Nazareth.
 
4. Le Dieu qui est (b) absolument illimité et bon et qui a tout créé de rien (a) a créé un monde où les maux abondent.
 
5. (a) La Divinité se compose de trois personnes parfaites et séparées qui (b) constituent collectivement une substance métaphysique unique.
 
Tout en affirmant (a) les dimensions judéo-chrétiennes des propositions précitées concernant Dieu, la doctrine mormone rejette (b) le cadre néoplatonicien et la métaphysique néoplatonicienne à l’intérieur desquels la révélation judéo-chrétienne a été historiquement interprétée. C’est à cause de cela que la compréhension que les saints ont de la doctrine chrétienne ne manifeste pas les paradoxes qui sont le résultat de l’union de ces deux croyances incompatibles.
 
La pensée des saints des derniers jours construit des ponts entre des entités et des quantités qui sont normalement considérées comme incongrues (voir Métaphysique). Ils ne considèrent pas la réalité comme une dichotomie mais comme une continuité graduelle : ainsi, l’on considère que l’esprit est une forme de matière, mais une forme hautement raffinée ; et le temps fait partie de l’éternité. Un Dieu corporel est omniprésent par la lumière qui émane de lui et qui est dans et à travers toutes choses (D&A 88:12-13).
 
Dans le discours moral, le principe axiomatique et éternel du libre arbitre exige qu’il y ait « une opposition en toutes choses » (2 Né. 2:11) pour garantir que l’on pourra faire des choix valables, non seulement entre le bien et le mal mais également parmi un choix de possibilités justes (voir Éthique ; Mal ; Souffrance dans le monde ; Théodicée). La faiblesse existe pour apporter la force (Ét. 12:27). Ainsi, la vie morale des saints des derniers jours se situe entre des options qui sont souvent paradoxales : les impératifs de s’améliorer ou de servir les autres, de passer du temps chez soi ou de servir l’Église, de favoriser l’individualité ou l’institutionnel, d’obtenir la richesse ou de donner aux pauvres, de trouver sa vie en la perdant au service d’autrui (Mt. 10:39).
 
Ces opposés n’empêchent cependant pas les saints d’agir et on ne les transcende pas par le mysticisme, l’ironie ou la résignation (que ce soit dans le sens optimiste ou pessimiste du terme). Ils sont englobés dans une série de principes évangéliques agissant les uns sur les autres qui guident la vie des saints, notamment
 
la révélation personnelle (par le Saint-Esprit chacun peut savoir ce qui mène au Christ [Mro. 7:12-13 ; 10:5-6])
 
l’obligation d’agir (la connaissance de ce qui est juste s’obtient en le faisant [Jn. 7:17])
 
l’engagement volontaire dans des alliances (on s’engage par ce qu’on accepte de faire)
 
une notion étendue du moi (aider les autres revient à s’aider soi-même)
 
l’expiation de Jésus-Christ (son jugement englobera la grâce divine et les oeuvres humaines, la justice punitive et la miséricorde compatissante)
 
la relativité éternelle des royaumes et de la progression (malgré toutes leurs différences, tous sont sur le même chemin de la perfection).
 
Pour les saints des derniers jours, les paradoxes de la connaissance sont généralement résolus en vertu du concept de « la révélation continue » (voir Épistémologie ; Révélation). S’ils sont enclins à croire que toute vérité est logique avec elle-même et avec toute autre vérité, les saints des derniers jours reconnaissent également l’imperfection de la compréhension humaine. Les tentatives de la part des mortels de comprendre ou d’exprimer les vérités divines sont par nature exposées à l’erreur pour au moins deux raisons : (1) le cadre linguistique et conceptuel dans lequel ces faits sont exprimés et interprétés est conditionné par la culture et manifestement insatisfaisant ; et (2) la conscience que l’humanité a de ces faits est fragmentaire et incomplète, « Car… autant les cieux sont élevés au–dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au–dessus de vos voies, et mes pensées au–dessus de vos pensées » (És. 55:8-9) et, dans la condition mortelle, « l'homme ne comprend pas tout ce que le Seigneur peut comprendre » (Mosiah 4:9). Mais par la révélation, la connaissance humaine peut augmenter : « Nul n'a connaissance [des voies de Dieu], si cela ne lui est révélé » (Jacob 4:8). « L’homme animal ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Co. 2:14).
 
Ainsi, là où une révélation définitivement claire semble contredire l’opinion généralement reçue, le bon sens ou des faits bien établis, les saints des derniers jours accordent la priorité à la révélation et espèrent que le temps fournira la preuve de ce qui semble maintenant paradoxal ou que, dans la compréhension plus complète des choses que Dieu possède, il puisse y avoir des principes intermédiaires permettant de réconcilier deux vérités partielles apparemment contradictoires. Cette confiance, cet espoir de révélations futures permettent d’apaiser des paradoxes aussi insondables que le point de savoir comment la connaissance totale de Dieu peut être conciliée avec le libre arbitre de l’humanité, comment les récits scripturaires et scientifiques de la création peuvent être harmonisés ou comment, d’une manière générale, l’étude et la foi, la raison et la révélation, la vision symbolique et l’esprit pratique et littéral peuvent être satisfaits simultanément. La doctrine des saints résiste aux extrêmes : ce qui fait son autorité n’a pas été transformé en abstractions ou en absolus et ses révélations ne se sont pas égarées dans le mysticisme ou le flou. C’est ainsi que la doctrine de l’Évangile éternel conserve son propre ensemble de tensions dans un monde mortel.
 
Bibliographie
Hafen, Bruce C. "Love Is Not Blind : Some Thoughts for College Students on Faith and Ambiguity." Dans BYU Speeches of the Year, p. 8-17. Provo, Utah, 1979.
DAVID L. PAULSEN
 
Doctrine : Traités sur la doctrine
Auteur : KNOWLES, ELEANOR
 
Les ouvrages de doctrine – c’est-à-dire les périodiques, les brochures et les livres – ont été nombreux dans la tradition des saints, reflet du caractère laïque du ministère, du grand nombre d’Écritures et du souci permanent d’une croyance correcte aussi bien que d’une conduite juste.
 
Des lettres officielles, notamment les exposés de doctrine, de la Première Présidence sont éditées dans Messages of the First Presidency, dir. de publ. James R. Clark, 6 vols, Salt Lake City, 1965-1975. Des brochures influentes ont été compilées dans le Handbook of the Restoration et dans le ScrapBook of Mormon Literature, comp. Ben E. Rich, 2 vols, Chicago, n.d..
 
En plus des volumes sur les enseignements de Joseph Smith (EPJS, WJS), il y a des déclarations doctrinales dans le Journal of Discourses, 1980. Les compilations des discours des présidents de l’Église, toutes publiées à Salt Lake City, contiennent Brigham Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, 1954 ; John Taylor, The Gospel Kingdom, dir. de publ. G. Homer Durham , 1987 ; Discourses of Wilford Woodruff, dir. de publ. G. Homer Durham , 1946 ; Teachings of Lorenzo Snow, comp. Clyde J. Williams , 1984 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine , 1939 ; Heber J. Grant, Gospel Standards , 1941 ; George Albert Smith, Sharing the Gospel with Others , 1948 ; David O. McKay, Gospel Ideals , 1953 ; Joseph Fielding Smith, Doctrines of Salvation, comp. Bruce R. McConkie, 3 vols. , 1954-1956 ; Harold B. Lee, Stand Ye in Holy Places and Ye Are the Light of the World , 1974 ; Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball , 1982 ; et Teachings of Ezra Taft Benson, 1988.
 
On trouvera ci-après une liste de livres qui ont fait des apports importants à la compréhension de la doctrine, sauf indication contraire, ces ouvrages ont été publiés à Salt Lake City : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, New York, 1837, et Key to Theology, 1856 ; Orson Pratt, An Interesting Account of Several Remarkable Visions and of the Late Discovery of Ancient American Records, Edimbourg, 1840 ; Orson Spencer, Spencer's Letters, Liverpool ey Londres, 1852 ; John Taylor, Mediation and Atonement, 1882, et The Government of God, 1884 ; Franklin D. Richards et James Little, A Compendium of the Doctrines of the Gospel, 1882 ; B. H. Roberts, The Gospel, Liverpool, 1888, Mormon Doctrine of Deity and Jesus Christ : The Revelation of God, 1903 et The Seventy's Course in Theology, 5 vols., 1907-1912 ; James E. Talmage, Articles of Faith, 1899 et Jesus the Christ, 1915 ; Orson F. Whitney, Gospel Themes, 1914, et Saturday Night Thoughts, 1921 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 1919 ; Brigham Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe, 1926 ; John A. Widtsoe, Priesthood and Church Government, 1939, A Rational Theology, 1945, et Evidences and Reconciliations, 3 vols. en 1, 1960 ; Joseph Smith, Teachings of the Prophet Joseph Smith, comp. by Joseph Fielding Smith, 1938 ; Orson Pratt, Orson Pratt's Works, dir. de publ. Parker P. Robison, 1945, et Masterful Discourses of Orson Pratt, dir. de publ. N. B. Lundwall, 1946 ; Milton R. Hunter, The Gospel Through the Ages, 1945 ; Daniel H. Ludlow, dir. de publ., Latter-day Prophets Speak, 1948 ; J. Reuben Clark, Jr., On the Way to Immortality and Eternal Life, 1949 ; Writings of Parley P. Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison, 1952 ; Bruce R. McConkie, Mormon Doctrine, 1958, rév. 1966 ; Spencer W. Kimball, The Miracle of Forgiveness, 1969 ; et George Q. Cannon, Gospel Truth, dir. de publ. Jerreld Newquist, 2 vols., 1972, 1974.
 
Traités plus courts : Oliver Cowdery, "General Charge to the Twelve", 1835 ; Collège des Douze, "A Proclamation to the World", 1845 ; Lorenzo Snow, "Law of Tithing", 1899 ; James E. Talmage, "The Honor and Dignity of the Priesthood", 1914 ; J. Reuben Clark, Jr., "The Charted Course of the Church in Education", 1938, et "When Are the Writings or Sermons of Church Leaders Entitled to the Claim of Scripture ?", 1954 ; Harold B. Lee, "Priesthood… Core of All Activity", 1961, et "Priesthood Correlation", 1961 ; Spencer W. Kimball, "When the World Will Be Converted", 1974, "Lengthening Our Stride", 1974, et "Becoming Pure in Heart", 1978 ; N. Eldon Tanner, "Church Administration", 1979.
ELEANOR KNOWLES
 
Doctrine et Alliances : Aperçu
Auteur : DOXEY, ROY W.
 
Les Doctrine et Alliances sont une compilation de révélations dont la plupart ont été reçues par le prophète Joseph Smith pour l'établissement et le gouvernement du royaume de Dieu dans les derniers jours. C'est un ouvrage canonique de l’Église qui représente sa Constitution ecclésiastique ouverte et sans cesse croissante. Son objectif principal est d'édifier l’Église de Jésus-Christ et d'amener les hommes à se mettre en accord avec le royaume du Christ. Il est considéré comme la pierre de faîte de l’Église ; le Livre de Mormon, qui est l’ouvrage qui va de pair avec lui, est considéré comme la clef de voûte (Benson, p. 83-85). Le Livre de Mormon a été écrit pour convaincre tous les hommes que Jésus est le Christ (voir Livre de Mormon : Aperçu) ; les Doctrine et Alliances ont été données pour les organiser et les orienter selon la volonté et le royaume de Dieu.
 
Des 138 sections et des 2 déclarations actuellement dans ce recueil, 133 ont été reçues principalement par Joseph Smith, le premier prophète et président de l’Église. Les sept sections restantes ont été reçues ou écrites par ou sous la direction d'Oliver Cowdery (sections 102 et 134), de John Taylor (section 135), de Brigham Young (section 136), de Joseph F. Smith (section 138), de Wilford Woodruff (Déclaration officielle – 1) et de Spencer W. Kimball (Déclaration officielle – 2).

La plupart des passages des Doctrine et Alliances ont un cadre historique précis et pratiquement chaque verset contient de la sagesse, des enseignements généraux, des principes religieux ou de la doctrine. La plupart des révélations ont été reçues en réponse à des demandes précises faites dans la prière. Bien que beaucoup aient été données au profit de personnes déterminées, leurs conseils sont, de manière générale, d'application universelle, ce qui rend ces révélations aussi actuelles aujourd'hui que lorsqu’elles ont été reçues. Elles ont été données aux serviteurs du Seigneur « dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu'ils les comprennent » (1:24). Les saints des derniers jours y voient « la volonté du Seigneur… l'avis du Seigneur… la parole du Seigneur… la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (68:4).
 
Les révélations des Doctrine et Alliances ont été reçues de diverses façons. Certaines l’ont été par l'inspiration, l'esprit étant éclairé par le Saint-Esprit (par exemple, les sections 20-22), d'autres sont venues d'un ange (les sections 2, 13, 27, 110), dans des visions, habituellement par les yeux spirituels du prophète (les sections 76, 137-138), par le murmure doux et léger, une voix qui se fait entendre dans l'esprit (la section 85) ou par une voix audible (section 130:12-13). À certaines occasions, d'autres personnes étaient présentes et partageaient les manifestations spirituelles (voir Visions de Joseph Smith).
 
Les sections sont de types variés, contenant divers genres de textes et de documents historiques. Par exemple, la section 102 contient le compte rendu d'une session du Grand Conseil ; la section 113 répond à des questions sur les écrits d'Ésaïe ; les sections 121-123 font partie d'une lettre écrite par Joseph Smith au sujet des persécutions ; les sections 127-128 sont des épîtres sur les baptêmes pour les morts ; la section 134 est un article sur le gouvernement et les lois et la section 135 rapporte le martyre de Joseph et de Hyrum Smith. La section 7 est la traduction d'un document écrit et caché par l'apôtre Jean ; les sections 65 et 109 sont des prières ; d'autres sections sont des enseignements (les sections 130-131) et des prophéties (les sections 87 et 121). La section 1 est la préface du Seigneur aux autres révélations. La section 133 est appelée l’appendice ; elle a été donnée deux jours après la préface et contient des données eschatologiques. Les deux sections 1 et 133 ont été fournies en vue de la publication des révélations.
 
La première compilation des révélations données à Joseph Smith fut imprimée en 1833 sous le nom de Livre des Commandements, pour le gouvernement de l’Église du Christ (voir Livre des Commandements). Elle contenait soixante-cinq chapitres. Ce recueil fut proposé le 1er novembre 1831 à une conférence de la prêtrise de l’Église pour approbation avant publication. Comme le langage des révélations n’était pas d’un haut niveau, un membre mit en doute leur authenticité. Une révélation, la section 67 dans les éditions modernes, défia toute personne d'écrire une révélation ; quand le sceptique admit qu'il ne pouvait pas le faire, le recueil fut approuvé par les personnes assemblées. L’imprimerie de l’Église à Independence (Missouri) ayant été détruite en juillet 1833 par des émeutiers alors que le livre était en cours d’impression, quelques exemplaires seulement de ce premier recueil compilation sont parvenus jusqu’à nous.
 
Au cours des années qui suivirent la première impression, d'autres révélations furent reçues et certains textes plus anciens furent supprimés. Une édition de 1835, publiée à Kirtland (Ohio), fut intitulée Doctrine et Alliances de l’Église des saints des derniers jours et contenait 103 sections. Lors des éditions suivantes, d’autres sections furent ajoutées (voir Doctrine et Alliances – Éditions). Les ajouts les plus récents sont les sections 137 (1836) et 138 (1918) sur le salut des morts, et la Déclaration Officielle – 2 annonçant que la prêtrise pouvait être donnée à tous les membres masculins de l’Église qui étaient dignes (1978). Un article sur le mariage écrit par Oliver Cowdery en 1835 fut supprimé de l'édition de 1876. À partir de l'édition de 1921, un ensemble de leçons appelé Lectures on Faith ne fut plus inclus.
 
Cent des révélations ont été reçues avant 1834, pendant les premières années formatrices de l’Église. Beaucoup d’entre elles s’adressaient à des personnes précises qui voulaient que le prophète leur dise ce que Dieu avait pour elles. Les points de doctrine de l'Évangile ne furent généralement pas révélés dans leur plénitude au début, mais furent reçus progressivement, de temps en temps. Tandis que l’Église se développait et déménageait, les questions concernant l'administration de l’Église, les devoirs des officiers, les conseils pour les membres de l’Église et les événements du futur devinrent le sujet d'autres révélations.
 
Toutes les révélations reçues par Joseph Smith ne se trouvent pas dans les Doctrine et Alliances (voir Révélations non publiées). Il y en a qui se trouvent dans la History of the Church, donnant des recommandations et des instructions à des particuliers (HC 1:229), sur le déplacement des saints vers les montagnes Rocheuses (HC 5:85) et une prophétie sur Stephen A. Douglas (HC 5:393-394).

La décision quant aux révélations à inclure dans les Doctrine et Alliances est une prérogative de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres. Le choix est alors confirmé par le consentement commun des membres de l’Église.
 
Les Doctrine et Alliances s’adressent aux hommes de notre génération. Pour les saints des derniers jours, c'est la voix du Seigneur Jésus-Christ qui confirme et révèle le chemin du salut et donne des instructions pour le gouvernement de son Église. Elles menacent les hommes et les nations d’une destruction imminente s'ils ne se repentent pas. Elles témoignent de la réalité de la vie après la mort.

Parmi leurs enseignements, il y a tout particulièrement les principes, les alliances et les ordonnances spécifiques qui mènent à la vie éternelle. Elles prescrivent les ordonnances de la prêtrise depuis le baptême jusqu’au mariage scellé pour l'éternité. Le salut des morts est également révélé par des révélations au sujet du baptême pour les morts et des visions de la prédication aux esprits qui attendent la résurrection.
 
L’accent qu’elles mettent sur la nature spirituelle de questions temporelles renforce l'appréciation et le respect pour cette vie. Par exemple, son code de santé, connu sous le nom de Parole de Sagesse, promet la santé spirituelle et physique à ceux qui y obéissent (section 89).
 
Les Doctrine et Alliances contiennent de nombreux enseignements et des déclarations vigoureuses qui influencent fortement la vie et les sentiments quotidiens des saints des derniers jours, qui donnent le ton du service dans l’Église et insufflent de la vitalité dans le travail. Parmi ses passages fréquemment cités il y a les maximes, les recommandations et les assurances divines suivantes : « Si vous êtes préparés vous ne craindrez pas » (D&A 38:30) ; « ne cherche pas la richesse mais la sagesse » (11:7) ; « celui qui accomplit les œuvres de la justice recevra sa récompense, c’est-à-dire la paix dans ce monde et la vie éternelle dans le monde à venir » (59:23) ; « cherchez des paroles de sagesse dans les meilleurs livres ; cherchez la connaissance par étude et aussi par la foi » (88:118) ; « sans la foi, tu ne peux rien faire » (8:10) ; « de vous il est requis de pardonner à tous les hommes » (64:10) ; « les hommes doivent œuvrer avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré et produire beaucoup de justice » (58:27) ; « toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (122:7) ; « je me susciterai un peuple pur qui me servira avec justice » (100:16) ; « ne vous lassez pas de bien faire » (64:33) ; « cherchez diligemment, priez toujours et croyez, et tout concourra à votre bien » (90:24) ; et « or, qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu ? Une voix d'allégresse ! Une voix de miséricorde venant du ciel et une voix de vérité sortant de la terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande joie » (128:19).
 
Doctrine et Alliances : Contenu
Auteur : CALDWELL, C. MAX
 
Les révélations compilées dans les Doctrine et Alliances contiennent les directives et les points de doctrine nécessaires pour inspirer, organiser et administrer les affaires de l’Église. Elles n'ont pas été reçues ou écrites comme manuel, comme traité ou comme un ensemble de plans de leçons, mais ont été reçues par intermittence quand le prophète Joseph Smith et d'autres désiraient la volonté de Dieu dans diverses circonstances.
 
Malgré le fait que beaucoup de ces révélations s’adressent personnellement à certaines personnes ou groupes dans des circonstances propres au dix-neuvième siècle, elles contiennent des principes qui ont une application éternelle et donc une valeur actuelle. Les révélations contiennent des avertissements de jugements divins sur les méchants, des enseignements sur la progression des âmes humaines vers l'exaltation et la vie éternelle grâce à l'Évangile de Jésus-Christ, des informations sur les Écritures, notamment la parution du Livre de Mormon et la traduction de la Bible par Joseph Smith, des instructions sur la prêtrise, son rétablissement, ses fonctions, ses offices et ses ordonnances, des commandements et des instructions au peuple de l’Église concernant la conduite personnelle, l'éducation, les terres et la propriété, les bâtiments et le soin des pauvres et des appels et des conseils sur la prédication et la pratique de l'Évangile.
 
La section 1 est la Préface, donnée le 1er novembre 1831, lors d’une conférence de l’Église. Elle constitue la réponse à la demande de Joseph Smith d’avoir l’autorisation du Seigneur de publier certaines des révélations qu'il avait précédemment reçues. Le Seigneur y accepte la demande et publie le défi et la déclaration suivants à tous ceux qui la liront : « Sondez ces commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les prophéties et les promesses qu’ils contiennent s’accompliront toutes » (D&A 1:37).
 
Les sections 2-19 sont des révélations reçues avant l'organisation de l’Église en 1830. Le Seigneur y instruit Joseph Smith et ses compagnons sur beaucoup de sujets, particulièrement sur la traduction, la publication et la valeur du Livre de Mormon, et sur la nécessité de se fier complètement au Seigneur et de sauvegarder les choses sacrées (sections 3, 5, 10, 17, 20). Elles enseignent à Joseph Smith, père, Hyrum Smith, Joseph Knight, père, John, Peter et David Whitmer, Oliver Cowdery et Martin Harris comment participer à l’œuvre qui était sur le point de paraître et reçoivent un enseignement sur son caractère sacré (sections 4, 6, 8-9, 11-12, 14-19). Elles leur conseillent aussi de devenir dignes de recevoir l'Esprit du Seigneur afin de pouvoir reconnaître les révélations de Dieu et de faire sa volonté (sections 6, 8-9, 11).
 
C’est aussi à cette époque que l'autorité d'agir au nom du Seigneur fut rétablie (voir Prêtrise) et que le but et la portée de cette autorité furent expliqués (sections 13, 18, 20 ; cf. 27). Le Seigneur donne des recommandations concernant la valeur des âmes et encourage ses serviteurs à travailler chacun pour le salut des autres en enseignant l'Évangile rétabli et en amenant les hommes au repentir (section 18). La valeur et la nécessité de l’expiation de Jésus-Christ sont révélées et il est commandé aux hommes d’aller à lui pour obtenir le pardon et la     force spirituelle (section 19).
 
Les sections 20-40 donnent en 1830 des instructions à l’Église nouvellement organisée à New York. Les points de doctrine de base de l’Église tels que contenus dans la Bible et le Livre de Mormon et les critères pour contracter des alliances avec le Seigneur sont résumés et les responsabilités des membres et des détenteurs de la prêtrise dans l’Église sont définies (section 20).
 
Le Seigneur donna une révélation au sujet des relations entre le prophète et le Seigneur et entre les membres de l’Église et la parole du Seigneur par l’intermédiaire de son prophète (section 21). C'est un sujet majeur des Doctrine et Alliances et il constitue la base de la compréhension du processus de la révélation continue via le président de l’Église (section 28 ; cf. 43, 68, 81, 90, 124).
 
D'autres révélations furent reçues au profit de diverses personnes et pour l’Église en général, révélations qui contiennent beaucoup de points de doctrine sur des sujets tels que le baptême (section 22), la mise en pratique des conseils donnés, (sections 23-24, 31), la musique et des recommandations à Emma Smith, épouse du prophète (section 25), le consentement commun (section 26), la Sainte-Cène (section 27), le Saint-Esprit (sections 29-30, 34, cf. 46, 50, 75, 79), la prédication aux Indiens d'Amérique ou Lamanites (sections 30, 32), la proclamation de l'Évangile au monde entier dans les derniers jours (sections 29, 33, 35, 38 ; cf. 43, 45, 86-87, 90, 101, 116, 133) et le travail de Joseph Smith sur la traduction de la Bible et d’autres documents (sections 35, 37 ; cf. 41-42, 45, 73-74, 76-77, 86, 91, 93-94, 124:89). C’est par ce travail de traduction que beaucoup de points de doctrine de l’Église furent révélés à Joseph Smith (voir Joseph Smith – Matthieu).
 
Le Seigneur commanda aux membres de l’Église de se rassembler en Ohio, où il promit de leur donner sa loi, d’établir Sion et de les doter du pouvoir d'en haut (sections 37-38, 42). C’est sur la base des alliances qu’ils contractent et respectent que les hommes deviennent le peuple de Dieu ou ses disciples (sections 39-41).
 
Les sections 41-123 furent données pendant que l’Église était en Ohio et au Missouri (1831-1839) et contiennent diverses instructions au sujet des affaires de l’Église. Au cours de ces années seront révélés beaucoup de points de doctrine et de principes de l'Évangile qui permettront la création d’un cadre doctrinal essentiel pour l’Église. La première révélation enregistrée par Joseph Smith en Ohio appelait Edward Partridge à remplir les fonctions de premier évêque de l’Église (section 41). Comme promis, les saints reçurent les lois du Seigneur par lesquelles les membres de l’Église sont régis, notamment la loi de l'enseignement (sections 42, 68, 88, 93, 100), les lois morales (sections 42, 58-59), la loi de consécration (sections 42, 51, 54, 70, 78, 82-83, 104), la loi du travail (sections 42, 60, 68, 75 ; voir Travail, rôle du), des instructions concernant l’imposition des mains aux malades (sections 42, 46, 63), des lois concernant la rémunération pour les marchandises et les services (sections 42, 43, 70, 106) et les lois relatives aux transgresseurs (sections 42, 58, 102, 107). Joseph Smith reçut aussi des instructions au sujet de l'importance du mariage et de la famille (section 49 ; cf. 131-32) et le Seigneur révéla des informations sur la façon de détecter et d’éviter les contrefaçons et les pratiques mauvaises (sections 43, 46, 50, 52 ; cf. 129).
 
Un thème majeur des Doctrine et Alliances est l'établissement et l’édification de Sion, tant comme lieu (voir Nouvelle Jérusalem) que comme état d’esprit du peuple (ceux qui ont le cœur pur ; D&A 97:21). Joseph Smith fut chargé d’aller au Missouri où l'emplacement de la ville de Sion serait révélé (section 52). Une fois là-bas, il recevrait des directives du Seigneur au sujet de l'établissement de Sion et de son peuple (sections 57-59). Les saints commencèrent à se rassembler au Missouri pour répondre aux exigences du Seigneur et des révélations supplémentaires furent reçues concernant leurs responsabilités respectives (sections 63-64). Il leur fut enseigné qu’il fallait construire et avoir un temple ou maison du Seigneur pour devenir un peuple de Sion (sections 57, 84, 88, 97, 101, 109-110 ; cf. 124). Certains membres n'ayant pas atteint le niveau de consécration et d'obéissance attendu d'une société de Sion, ils ne réussirent pas à créer Sion à ce moment-là. Ils furent expulsés du Missouri et l’édification de Sion à cet endroit fut temporairement suspendue (sections 101, 103, 105).
 
Pendant ce même temps et plus tard, d'autres révélations instructives furent données à propos des règles de santé (sections 49, 89), la vie, la lumière, l'esprit et le pouvoir du Christ (sections 50, 84, 88, 93), l’œuvre missionnaire (sections 75, 79-80, 84, 99), le sabbat (section 59), l’obéissance et le sacrifice (sections 58-59, 82, 97, 117-18), le pardon – l’obtenir et l’accorder (sections 58, 64, 82, 98), le plan du salut pour toute l'humanité (sections 76, 93 ; cf. 131, 137-38), les fonctions et les collèges de la prêtrise (sections 81, 84, 90, 107, 112, 121 ; cf. 124 ; et Déclaration Officielle – 2 de 1978), les guerres imminentes (section 87), les textes bibliques (sections 74, 77, 113) et la dîme (sections 119-120).
 
Les sections 124-135 furent écrites à Nauvoo pendant les dernières années de la vie de Joseph Smith (1839-1844). Elles contiennent des directives à l’Église concernant le temple de Nauvoo, le premier temple dont les ordonnances étaient complètes (section 124), les ordonnances et le salut pour les morts (sections 124, 127-128) ; la nature de la Divinité et des êtres exaltés (sections 130, 132), le mariage éternel et plural (sections 131-32 ; voir aussi Manifeste de 1890), les lois et les gouvernements politiques (section 134) et un énoncé des apports de Joseph Smith et de son témoignage au moment de son martyre (sections 135-136).
 
Doctrine et Alliances : Section 1
Auteur : PACE, GEORGE W.
 
La section 1 des Doctrine et Alliances est appelée la « Préface ». C'est une révélation reçue le 1er novembre 1831 par Joseph Smith entre les sessions d'une conférence à Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée pour examiner la publication de soixante-trois des révélations que Joseph Smith avait reçues (voir Livre des Commandements). La conférence vota unanimement de les publier comme étant la parole du Seigneur. Conformément à la déclaration du Seigneur, cette section fut publiée à titre de « ma préface au livre de mes commandements » (D&A 1:6). Elle donne le ton de la totalité des Doctrine et Alliances, qui est pressant.
 
Comme les révélations qu’elle introduit, la section 1 est écrite principalement à la première personne comme étant la parole du Seigneur : « Ce que moi, le Seigneur, ai dit, je l’ai dit » (verset 38). Elle proclame au monde que par le rétablissement de son Église, Dieu s’est mis en devoir pour la dernière fois de racheter ses enfants et de préparer la terre pour le retour du Sauveur.
 
La section 1 est la déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous les hommes, que ses paroles iront à toutes les nations par l’intermédiaire des disciples qu’il s’est choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile dans sa propre langue de sorte que chacune puisse comprendre et que les choses faibles du monde vaincront les puissantes et les fortes et que l’Église sera amenée hors de l'obscurité par le pouvoir de Dieu (voir aussi la révélation donnée deux jours plus tard, D&A 133).
 
La section 1 présente de manière équilibrée le jugement et le soulagement. C'est une voix d'avertissement de jugements imminents : « Préparez-vous, préparez-vous » (verset 12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas connaîtront de grandes douleurs, parce que l’état de péché du monde a allumé « la colère du Seigneur » et que les hommes « se sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son] alliance éternelle » (versets 13-15). Il est par contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements, des châtiments, des corrections, de la connaissance et des bénédictions de Dieu.
 
La section finit sur la garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses, quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et seront accomplies.GEORGE W. PACE
 
Doctrine et Alliances : Sections 20-22
Auteur : UNDERWOOD, GRANT
 
Sections 20-22
Les sections 20-22 des Doctrine et Alliances sont les documents formateurs fondamentaux des débuts de l'histoire de l’Église. Elles continuent à remplir la fonction de déclaration définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À l’origine, les sections 20 et 22 ont été publiées ensemble sous le titre « articles et alliances de l’Église du Christ ». Elles ont été publiées pour la première fois dans le Painesville Telegraph (Ohio) en avril 1831 et plus tard sur la première page du premier numéro de l’Evening and Morning Star en juin 1832. La version la plus ancienne connue de la section 20 est datée de juin 1829. Beaucoup de copies anciennes ont été faites à partir d’un brouillon de la main d'Oliver Cowdery.
 
Les sections 20-22 furent officiellement adoptées en tant que révélations doctrinales par l’Église lors de sa première conférence, le 9 juin 1830, et furent les premières sections des Doctrine et Alliances à être approuvées comme telles. Plus tard, les missionnaires lurent souvent des copies manuscrites de ces « articles » aux réunions et aux conférences publiques parce qu'on leur avait dit d'inclure les « Articles de l’Église » dans leurs enseignements (D&A 42:13). La section 20 était le chapitre II de l'édition 1835 des Doctrine et Alliances, directement après la Préface révélée. L'ordre actuel date de l'édition de 1876.
 
La section 20 est un texte composite qui se divise en un prologue historique (versets 1-16), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un recueil de règles et de procédures (versets 37-84). Non seulement ses principes continuent à guider les saints des derniers jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un aperçu de la vie de l’Église dans ses premières années. Le prologue contient les mentions publiées les plus anciennes de l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery comme apôtres (versets 2-3) et de la première vision de Joseph Smith : « il [fut] vraiment… manifesté à ce premier ancien qu'il avait reçu la rémission de ses péchés » (verset 5). La dimension personnelle de ce récit est cohérente avec les récits faits par Joseph en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
 
La section 20 contient également la déclaration de foi la plus ancienne connue de l’Église. Elle affirme des points de doctrine chrétiens de base, suivant la façon commune de faire de la plupart des confessions protestantes, commençant par la nature de Dieu (verset 17), la création (versets 18-19), la chute (verset 20), Jésus-Christ, l'Expiation et le plan de salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la possibilité de « déchoir de la grâce » et de la nature de la sanctification, qui étaient des questions à l’ordre du jour dans les années 1820. Le verset 35 exprime une conscience du monde chrétien environnant, assurant que ces articles n’ajoutent ni ne retranchent rien « à la prophétie [du livre de Jean], aux saintes Écritures ou aux révélations de Dieu qui viendront plus tard ».
 
La majeure partie de la section 20 donne des directives pour le gouvernement de l’Église. S’appuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle explique les ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène et les devoirs des membres baptisés. À l'origine, les prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les dirigeants adultes locaux de la prêtrise, ce qui explique la charge pastorale importante qui leur est donnée (versets 46-59) et leur fonction de signer les certificats de dignité pour les membres qui se déplaçaient d'une branche de l’Église à l'autre (verset 84). La Prêtrise d'Aaron avait pour ministère public de « prêcher, enseigner, expliquer, exhorter » (verset 46) et devait avoir une « licence » (verset 64).
 
Reçue le jour où l’Église a été juridiquement reconnue, la section 21 définit le rôle directeur de Joseph Smith dans la nouvelle Église comme « voyant, traducteur, prophète, apôtre de Jésus-Christ » (verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien « sous sa main » (verset 11). Il est conseillé aux membres de l’Église de tenir des registres et de recevoir la parole de Joseph « comme si elle sortait de ma propre bouche » (versets 1, 5).
 
La section 22, reçue le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été précédemment baptisés, qu’ils soient baptisés dans « une nouvelle alliance éternelle » (verset 1).
Ensemble, ces trois sections constituent une base d'organisation ferme pour l’Église rétablie du Christ.
 
Doctrine et Alliances : Section 25
Auteur : VOLKENING, KLIS HALE
 
Cette révélation fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830, trois mois après l'organisation de l’Église. Elle fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre des Commandements. Elle s’adresse à Emma Smith, épouse du prophète Joseph Smith. Dans la version la plus ancienne, Emma Smith est appelée « ma fille en Sion ». Joseph Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant : « tous ceux qui reçoivent mon Évangile sont des fils et des filles dans mon royaume. »
La section a cinq composants principaux :
 
1. Emma est désignée comme « dame élue » (verset 3). Plus tard, le 17 mars 1842, quand elle devint la première présidente de la Société de secours et que les femmes furent organisées selon l'ordre de la prêtrise, Joseph expliqua que c'était le devoir de son appel d’ « élue ». L'organisation de bienfaisance qu'elle dirigea devait passer à plus de 3 millions de femmes en 1990.
 
2. Emma est exhortée à l'unité avec son mari : « Tu lui serviras de secrétaire » et « tu partiras avec lui lorsqu'il partira » (verset 6). Elle accepta ces appels, bien qu'elle dût plus tard abandonner sa maison et sa sécurité.
 
3. Emma est appelée à être « ordonnée sous sa main [de Joseph] pour expliquer les Écritures et pour exhorter l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit » (verset 7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de consacrer son temps « à écrire et à apprendre beaucoup » (verset 8). Au cours de sa vie, elle enseigna, expliqua, exhorta, présida et oeuvra dans beaucoup d’organisations de l’Église. Les femmes de l’Église ont toujours pour tâche de maîtriser les Écritures, de manière à diriger avec d’autant plus de puissance, à enseigner, à exercer leur ministère et à servir.
 
4. Emma est chargée de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné du pouvoir spirituel de la musique : « Le chant des justes est une prière pour moi » (verset 12). Son livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835 qui apparaisse à la page de titre). Ce recueil utilise beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes classiques mais contient aussi des chants liés à la plupart des événements et des enseignements propres au Rétablissement (voir Cantiques ; Musique).
 
5. Emma reçoit l’avertissement qu’elle ne doit pas murmurer, mettre son ministère public avant son rôle comme compagne de son mari, rechercher « les choses de ce monde » (verset 10) et faire preuve d'orgueil. « Que ton âme se réjouisse de ton mari » (verset 14). Elle doit faire honneur à son mari tandis qu'elle s’occupe de son ministère public. Emma s’acquitta de chacun de ces appels, subit la perte de cinq enfants et soutint Joseph jusqu'à son martyre. Cette inclusion des femmes dans des rôles de direction dans l’Église, la présidence dans certaines organisations et sur certaines fonctions sacrées, s’écartait de manière marquante de ce qui se pratiquait au dix-neuvième siècle. Les dirigeants de l’Église, hommes et femmes, continuent à mentionner des passages de cet appel inspiré d'Emma pour citer en exemple certains des potentiels des femmes et pour faciliter leur participation pleine et entière à tous les appels et bénédictions spirituels de l'Évangile.
 
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. « If Thou Art Faithful » Ensign 14 (nov. 84), p. 89-92.
KLIS VOLKENING HALE
 
Doctrine et Alliances : Section 42
Auteur : BROWN, VICTOR L., SR.
 
Cette section est appelée la « Loi du Christ » et la « Loi de l’Église » et sa réception accomplit une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances 38:32, que la loi serait donnée à l’Église en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A 41:2-3), les anciens devaient s’unir dans la prière de la foi. Les soixante-dix premiers versets de la section 42 furent donnés le 9 février 1831, tandis que douze anciens étaient, comme le dit le document, « unis en prière fervente ». Les versets 71-93 furent reçus deux semaines plus tard dans des circonstances semblables. La révélation fut publiée dans The Evening and The Morning Star en juillet et octobre 1832, et fut incluse en 1833 en tant que chapitres 44 et 47 du Livre des Commandements.
 
Des conditions strictes étaient imposées ici à une Église naissante à la population réduite et dispersée qui avait peu de formation et d’expérience. On peut les répartir en six domaines principaux :
 
1. La responsabilité missionnaire de se rendre dans l’Ouest (versets 1-17). Ses membres devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité appropriées, enseigner les principes de l'Évangile à l’aide de la Bible et du Livre de Mormon et n’enseigner que « par l'Esprit ».
 
2. La réaffirmation des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de Moïse mettait l’accent sur les lois du comportement. Le Nouveau Testament, particulièrement le sermon sur la montagne, et un sermon semblable dans 3 Néphi soulignent l'acte et l’état mental, la lettre et l'esprit. La section 42 affirme également les attentes et les aspirations plus larges de la nouvelle alliance éternelle. On trouve en plus : « Tu ne mentiras pas … tu ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » et « Tu aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t'attacheras à elle et à personne d'autre. » Il est dit du contrevenant qu’il « n'aura pas l'Esprit » et qu’il sera dans la crainte.
 
3. Une déclaration sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets 30-39). Les biens devaient être consacrés par une alliance « qui ne [peut] être rompu[e] » pour le soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant de ses propres biens et un grand conseil et un évêque comme intendants du magasin de l’Église. Ce dernier, rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des indigents. « Dans la mesure où vous le faites aux plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites. » Par ces principes, l’Église devait obtenir des terres, construire des maisons de culte et finalement fonder la nouvelle Jérusalem.
 
4. Mises en garde contre l'orgueil du cœur, l'ostentation, l'oisiveté et l'impureté (versets 40-42).
 
5. Exhortation aux soins compatissants pour les malades qui n’ont pas le don de la foi pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la guérison, suivront des dons spécifiques de foi, mais la forme la plus élevée de foi est « le pouvoir de devenir mes fils ». Ceux qui meurent dans le Seigneur se voient assurés que leur mort « leur sera douce » (verset 46).
 
6. Instructions sur les procédures de l’Église concernant les transgresseurs, les procès, les témoins, la discipline de l’Église par rapport aux lois du pays et le mode de confession et de réconciliation (versets 53-93). [Voir également Mesures disciplinaires.]
 
Bibliographie
Otten, L.G., et C.M. Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, p. 195-206. Springville, Utah, 1982.
VICTOR L. BROWN, SR.
 
Doctrine et Alliances : Section 45
Auteur : CALDWELL, C. MAX
 
Cette révélation des Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars 1831, une époque où « beaucoup de faux bruits, de mensonges et d’histoires insensées étaient publiés dans les journaux et circulaient en tous sens pour empêcher les gens d'étudier l’œuvre ou d'embrasser la foi » (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les saints à écouter sa voix et fait remarquer qu’il plaide pour eux auprès du Père (D&A 45:1-7). Il leur dit ensuite qu'il « prophétiserai[t] comme aux hommes d’autrefois » et leur donne ce qu'il a donné à ses disciples à Jérusalem au sujet des événements qui auraient lieu en ce jour-là, dans les derniers jours et à sa seconde venue.
 
Trois événements auraient lieu au cours de la génération même du Sauveur : (1) le temple de Jérusalem serait détruit (versets 18-20) ; (2) la nation juive serait dévastée et détruite (verset 21) ; et (3) les juifs seraient dispersés parmi toutes les nations (verset 24). L'histoire prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la fin du premier siècle, les conquêtes romaines causèrent l’accomplissement littéral et exact de tout ce que Jésus avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent prophétiser vécurent assez pour être témoins de ces événements.
 
Beaucoup d’événements se produiraient dans les derniers jours précédant la seconde venue du Seigneur : 1. Les juifs seront rassemblés à Jérusalem (verset 25). 2. Il y aura des guerres et des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cœur des hommes leur manquera (verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde sa venue (verset 26). 5. L'amour des hommes se refroidira (verset 27). 6. L'iniquité abondera (verset 27). 7. La plénitude de l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps des Gentils seront accomplis (verset 30). 9. Il y aura un fléau débordant et une maladie dévastatrice (verset 31). 10. Les méchants maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des tremblements de terre et beaucoup de désolations (verset 33). 12. Il y aura des manifestations de phénomènes célestes : soleil, lune, étoiles (versets 40-44).
 
Les temps des Gentils mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres ont porté l'Évangile aux Gentils après la mort du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième occasion lorsque Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour qu’il soit prêché d'abord aux Gentils et puis aux Juifs.
 
Quand il reviendra, le Sauveur fera au moins trois apparitions générales :
 
1. Il apparaîtra aux saints ou membres de l’alliance de son Église (versets 45-46, 56-57). Le Sauveur a comparé ces membres fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris le Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
 
2. Il apparaîtra aux juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront engagés dans une bataille pour leur survie, le Sauveur apparaîtra et interviendra en leur faveur et ils le reconnaîtront comme leur Messie.
 
3. Il apparaîtra au monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à un groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les méchants seront détruits, ne laissant que les justes pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La seconde venue du Sauveur coïncidera avec la résurrection des membres fidèles de l'alliance de son Église qui seront enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire (verset 45). Et les païens qui ont vécu sans loi seront ressuscités, ainsi que « ceux qui n’ont pas connu de loi » (verset 54).
 
La révélation connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur l’œuvre de Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et mentionne également des guerres à l'étranger et au pays (verset 63). Les derniers versets appellent les saints à se rassembler « d'un seul cœur et d'un seul esprit… [pour édifier] la nouvelle Jérusalem, pays de paix, ville de refuge, lieu de sécurité pour les saints du Dieu Très-Haut » (versets 65-66).
 
Bibliographie
Département d’Éducation de l’Église. Doctrine et Alliances, manuel de l'étudiant. Salt Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1. Springville, Utah, 1982.
C. MAX CALDWELL
 
Doctrine et Alliances : Section 76
Auteur : CANNON, DONALD Q.
 
La section 76 présente une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois royaumes ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter après la résurrection selon la fidélité de chacun (voir Degrés de gloire).
 
Le 16 février 1832, tandis qu’ils travaillaient à la traduction de la Bible (TJS), Joseph Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à Jean 5:29 au sujet de la résurrection des justes et des injustes. Joseph explique à ce propos : « Il était clair que… si Dieu récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’, signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre plus d’un royaume… Tandis que nous traduisions l'évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et moi-même, la vision suivante » (HC 1:245). Il y avait au moins dix personnes dans la pièce quand cette révélation fut donnée. L'une d'elles, Philo Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney, presque immobiles pendant une heure environ, rapportaient alternativement et se confirmaient mutuellement ce qu'ils voyaient simultanément dans la vision (Cannon, p. 303-304).
 
La révélation contient une série de six visions : Ils voient le Fils de Dieu à la droite de Dieu (versets 1-24) ; ils voient comment le diable et ses partisans se sont rebellés et ont été précipités (25-49) ; ils voient le royaume céleste (50-70), le royaume terrestre (71-80) et le royaume téleste (81-90), et ceux qui hériteront chacun de ces degrés de gloire ; et ils voient les trois royaumes de gloire comparés (91-119). Le texte fut publié en juillet 1832 dans l’Evening and Morning Star et fut inclus en tant que section 91 dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
 
Du fait que cette section, appelée « la Vision », s'éloigne considérablement de la conception chrétienne traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains eurent du mal à l’accepter au début. Brigham Young dit : « Mes traditions étaient telles que quand j’ai lu la Vision pour la première fois, elle était si totalement contraire et opposée à mon ancienne éducation que j'ai dit : un instant ; je ne l'ai pas rejetée, mais je ne pouvais pas la comprendre » (Deseret News, Extra, 14 septembre 1852, p. 24). Des branches entières de l’Église eurent le même problème. John Murdock et Orson Pratt, qui faisaient à l’époque une mission en Ohio, eurent du mal à aider les membres de l’Église de là-bas à accepter ce nouveau regard sur l'éternité. Néanmoins, la plupart des membres ne tardèrent pas à croire et à comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette vision comme l’une des plus belles et des plus impressionnantes jamais données.
 
Joseph Smith lui-même se réjouit de « la lumière qui a jailli sur le monde grâce à la vision précitée » (EPJS p. 6), qu'il dit être « une transcription des registres du monde éternel. La sublimité des idées, la pureté de la langue, le domaine laissé à l'action, le temps prolongé accordé pour mener l’action à bien, afin que les héritiers du salut puissent confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses pour la fidélité et les châtiments pour les péchés se situent tellement au-delà de la mesquinerie des hommes que chacun est contraint de s’exclamer : « Elle vient de Dieu » (EPJS, p. 6-7).
 
Bibliographie
Cannon, George Q., dir. de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith." Juvenile Instructor, 27 (15 mai 1892), p. 302-304.
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 157-166, 311-312. Provo, Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah, 1984.
DONALD Q. CANNON
 
Doctrine et Alliances : Section 84
Auteur : OTTEN, LEAUN G.
 
Donnée les 22-23 septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut d’abord publiée en tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. On l’appelle la révélation sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence de six anciens qui venaient de rentrer de mission des États de l’Est. La révélation comporte quatre thèmes principaux.
 
SION. Précédemment, l'établissement de Sion et la nécessité d’un temple comme centre avaient été révélés (D&A 57:1-3). La section 84 rend l’Église responsable du rassemblement des saints et de l’édification de la nouvelle Jérusalem (Sion), en commençant par le temple. Les deux entreprises doivent être achevées en une « génération ». Sion doit être établie par le pouvoir et l'autorité de la Prêtrise de Melchisédek (versets 1-5).
 
PRÊTRISE. La prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués à l’homme d’agir pour Dieu pour sauver les âmes et on ne peut pas se l’attribuer, mais elle doit être transmise de quelqu’un qui l’a déjà. La section 84 distingue clairement deux prêtrises, à savoir, celle de Melchisédek et celle d’Aaron. Moïse, par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de Jéthro, qui l'avait reçue d’héritiers légitimes remontant jusqu’à « Adam, qui était le premier homme » (versets 6-17). La Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et détient les clefs des mystères du royaume et de la connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances administrées par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux pouvoirs de la piété. Ce n’est qu’ainsi qu’ils peuvent voir son visage et supporter sa présence (versets 19-22).
 
La Prêtrise d'Aaron détient les clefs du ministère d’anges et de l'Évangile préparatoire. Elle a continué dans une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la prêtrise de la Loi de Moïse. C'était également la prêtrise détenue par Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire comporte la foi, le repentir et le baptême, et mène à la Prêtrise de Melchisédek et à ses ordonnances (versets 26-27).
 
SERMENT ET ALLIANCE DE LA PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la Prêtrise de Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le Seigneur. Ils font alliance de magnifier leurs appels dans la fidélité et l'obéissance – c’est-à-dire qu’ils honoreront et rempliront avec fidélité et obéissance leurs intendances. En gardant cette alliance, le détenteur de la prêtrise reçoit le serment du Père, qui mène à recevoir le royaume du Père et « tout ce que [le] Père a » (verset 38). Ceux qui violent ou rompent cette alliance et s’en détournent complètement « n'aur[ont] pas la rémission des péchés dans ce monde ni dans le monde à venir » (verset 41 ; voir aussi Serment et alliance de la prêtrise).
 
Les anciens de l’Église s’entendent dire qu’à cause de la « vanité » et de « l'incrédulité », eux et tous les enfants de Sion ont été spirituellement enténébrés et sont sous la condamnation devant le Seigneur. Ils doivent se repentir et se rappeler la « nouvelle alliance », à savoir le Livre de Mormon. S’ils obéissent à cette recommandation, leurs péchés leur seront pardonnés et ils produiront du fruit digne du royaume (versets 54-61).
 
CONSEILS MISSIONNAIRES. La section 84 donne des instructions et fait des promesses à ceux qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur direction, l'Évangile doit être porté au monde entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ doivent être baptisés et recevoir le don du Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les missionnaires se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités de la vie (versets 62-119, cf. Mt. 10).
 
En résumé, il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise d’apprendre leurs devoirs et de remplir fidèlement leurs offices et leurs appels. Chaque appel est essentiel dans le royaume du Christ (versets 109-110).
 
Bibliographie
Otten, Leaun G., et C. Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2 vols. Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév. Salt Lake City, 1978.
LEAUN G. OTTEN
 
Doctrine et Alliances : Section 88
Auteur : CARTER, BARBARA R.
 
La section 88 fut donnée par Joseph Smith dans la « salle de traduction » du magasin de Whitney à Kirtland. Les versets 1-126 furent donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les versets 127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut enregistrée dans le Minutier du Conseil de Kirtland et des parties en furent publiées en février et mars 1833 dans The Evening and The Morning Star. Elle fut imprimée en tant que section 7 dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
 
Le jour de Noël de 1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie sur la guerre (D&A 87), qui prédisait « la mort et la misère de beaucoup d’âmes ». Cela perturba ses frères. Ils s’unirent dans le jeûne et la prière devant le Seigneur, voulant connaître sa volonté au sujet de l’édification de Sion. Le prophète appela la révélation suivante (D&A 88) « la feuille d’olivier » et « le message de paix que le Seigneur nous adresse » (HC 1:316).
 
La section s’ouvre sur une promesse intime « sur vous, mes amis » qui est donnée de Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A 88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean 14 sur le Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
 
Suivent des passages sur l'immanence universelle de la lumière divine : La Lumière du Christ illumine les yeux et vivifie l’intelligence (voir Lumière et ténèbres). Elle est en et à travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et des étoiles. Elle « sort de la présence de Dieu pour remplir l’immensité de l'espace » (verset 12). Elle est mise sur le même pied que la vie, la loi et le pouvoir de Dieu.
Dans ce contexte les points de doctrine suivants sont clarifiés :
 
L'esprit et le corps sont l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois ordres de corps glorifiés. On reçoit un corps ressuscité selon la loi à laquelle on se conforme ici-bas : « Votre gloire sera cette gloire par laquelle votre corps sera vivifié » (verset 28). Dans la résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce monde on n’a eu qu’en partie. Un quatrième ordre de corps ressuscités concerne les fils de Perdition, qui, bien que ressuscités, ne reçoivent aucune gloire (versets 32-33).
 
La terre elle-même est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui sont vivifiés par un esprit céleste hériteront ; « c’est dans ce but qu’elle a été faite et créée, et c’est dans ce but qu’ils sont sanctifiés » (verset 20).
 
Il y a des mondes multiples, des créations multiples, tous régis par la loi. « À tout royaume est donnée une loi ; et à toute loi il y a certaines limites et certaines conditions » (verset 38). La loi comporte des temps, des saisons et des ordres cosmiques aussi bien que les attributs et les pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et du jugement. « Tous les êtres qui ne se conforment pas à ces conditions ne sont pas justifiés » (verset 39 ; voir Justification). Ceux qui cherchent à se faire la loi à eux-mêmes ne seront pas et ne peuvent pas être sanctifiés.
 
Une parabole sur des ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du Seigneur (versets 46-61), que la glorification ne se produit qu’à un moment et dans un ordre désignés, « chacun en son ordre » (verset 60).
 
L'appel est donné de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle. Le temple doit devenir une maison de Dieu : de prière, de jeûne, de foi, de science, de gloire et d'ordre. Toutes les entrées et les sorties et les salutations seront au nom du Seigneur. Il est commandé aux saints qu’ils « s'organisent, et se préparent, et se sanctifient » (verset 74) par la solennité et l'étude sobre, pour être prêts pour l'expérience de temple. (Voir Temple de Kirtland ; Temples : Consécrations de temples de l’Église.)
 
Un programme d'études complet pour l'école des prophètes est présenté. Il comprend des langues, l’histoire et une étude « des guerres et [d]es perplexités des nations… et aussi une connaissance des pays et des royaumes » (verset 79).
 
Des prophéties sont réitérées au sujet des changements, des tremblements de terre, des tempêtes et des bouleversements de la terre et des cieux qui précéderont la seconde venue du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune sont désignées. Elles doivent trouver leur point culminant à la septième ou ère millénaire. Un ange et une trompette sonnée par un ange symbolisent chaque période.
 
La révélation conclut sur des instructions précises sur la conduite des réunions, les devoirs de la présidence, l'admission à l'école des prophètes et le lavement des pieds, sur le modèle de Jean 13, comme ordonnance d’initiation et de purification pour les membres de l'école.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.
BARBARA R. CARTER
 
Doctrine et Alliances : Section 89
Auteur : PETERSON, PAUL H.
 
Cette section, connue sous le nom de Parole de Sagesse d’après ses premiers mots, fut reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion de l'école des prophètes à l’étage du magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin, l’un des vingt-deux dirigeants de l’Église présents, Joseph Smith reçut la révélation dans une pièce voisine en présence de deux ou trois frères, entra avec le document en mains et en lut le contenu aux membres de l’école réunis. La révélation fut imprimée en décembre 1833 ou en janvier 1834 sur une feuille grand format et fut incluse dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances.
 
La Parole de Sagesse fut donnée « en conséquence des mauvaises intentions et des desseins qui existent et existeront dans les derniers jours dans le cœur des conspirateurs » (verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que l’on mange et boit, la Parole de Sagesse donne des directives de base sur ce qui est bon et pas bon et pose en principe une forte relation entre ce que les gens ingèrent et leur bien-être physique et spirituel. La révélation interdit trois choses : le tabac, les boissons fortes et les boissons brûlantes (versets 5-9). On a interprété les « boissons fortes » comme étant les boissons alcoolisées ; les premiers dirigeants de l’Église ont défini les « boissons brûlantes » comme étant le thé et le café. Les dirigeants de l’Église ont traditionnellement limité les conditions requises pour la dignité aux interdits. La révélation recommande également l'utilisation prudente des herbes et des fruits, la consommation fugale de la viande et l'utilisation de « tout grain » mais particulièrement du « blé pour l'homme » (versets 10-17). La santé et la force, la sagesse et la connaissance et la protection contre l'ange exterminateur sont promises aux saints qui obéissent aux recommandations (versets 18-21).
 
La Parole de Sagesse était une réponse inspirée à des problèmes ou à des paradoxes précis dans l’Église et à des problèmes sociaux d’actualité dans la société américaine de l’époque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph Smith était perturbé par le caractère manifestement incongru de discussions concernant des sujets spirituels dans un nuage de fumée de tabac et par le fait que cela dérangeait Emma Smith, femme de Joseph, de devoir nettoyer le plancher taché de chiques. Il est également probable que le prophète était sensible et favorable au mouvement généralisé en faveur de la tempérance des années 1830. Comme il le faisait d’habitude, le prophète demanda des instructions au Seigneur et la section 89 se distingue par le fait que c'est un code de santé divinement approuvé.
 
Les interprétations et les applications de la Parole de Sagesse ont graduellement changé au cours des années. Ce changement correspond en partie à la croyance de l’Église en la révélation continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette section particulière, les interprétations diverses reflètent également une certaine ambiguïté du verset 2, qui dit que la révélation a été donnée « non par commandement ou par contrainte ». Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction de cette section dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances, il y a eu, au cours des années, des divergences de vues quant à savoir si la Parole de Sagesse est un commandement dans le sens que son observance est obligatoire pour jouir de la pleine communion de l’Église comme de savoir si l'observance implique l'abstinence ou simplement la modération.
 
Au milieu des années 1830, beaucoup de membres de l’Église estimaient que l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café était un critère pour jouir de la communion des saints. L’unique exception possible à cette interprétation sinon stricte était le vin, que certains des premiers dirigeants de l’Église ont pu ne pas considérer comme « boisson forte ». Cette insistance du début sur l'abstinence ou une quasi-abstinence ne fut pas généralement ni officiellement acceptée dans l’Église, en dépit de la déclaration de Joseph Smith qu’aucun membre n’était « digne de détenir un office » une fois que la Parole de Sagesse lui avait été enseignée et « s’il néglige de s’y conformer et d’y obéir » (EPJS, p.91.). Néanmoins, la déclaration d’origine fit graduellement place à un accent sur la modération. Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas insisté sur la conformité stricte dans ces premières années afin d'accorder à une génération intoxiquée par des substances nocives quelques années pour se débarrasser de mauvaises habitudes. Cette pratique de la modération, que l’on a pu observer dès les années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième siècle. Le président Taylor entreprit, au début des années 1880, une réforme dans laquelle il soulignait que tous les dirigeants de l’Église devaient s'abstenir des produits interdits, mais ses efforts furent réduits à néant par la désintégration sociale provoquée par les raids fédéraux contre la polygamie. Au XIXe siècle, les dirigeants de l’Église n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur la modération, mirent fortement en garde contre l'ivrognerie et s’opposèrent à la création de distilleries et de débits de boissons ou les limitèrent soigneusement. Les nombreuses observations faites par les visiteurs du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la sobriété générale des communautés mormones et démontrent l'efficacité de ces prédications.
 
Le cheminement qui allait mener à la position actuelle sur la Parole de Sagesse commença avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit avec l'administration de Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que n'importe quel autre dirigeant de l’Église, prêcha fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au début des années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café étaient devenue un test officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y eut pas de révélation expresse pour produire ce résultat. Il découla des préoccupations que les dirigeants de l’Église avaient à l’égard des effets physiques et spirituels nocifs de l'alcool, du tabac, du thé et du café sur les personnes et sur les collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique concernant la Prohibition et l’accumulation des preuves scientifiques attestant des effets nocifs de certaines substances intensifièrent ce souci.
 
La Parole de Sagesse a eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé physique dans la population de l’Église (voir Statistiques démographiques) et la confirmation concrète des vérités reçues par la révélation. Elle constitue aussi un signe distinctif qui rappelle aux saints des derniers jours leurs engagements et leurs responsabilités dans le domaine religieux.
 
Bibliographie
Alexander, Thomas G. Mormonism in Transition, p. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr. « The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century Perspective » Dialogue 14 (automne 1981) p. 47-65.
PAUL H. PETERSON
 
Doctrine et Alliances : Section 93
Auteur : WORKMAN, DAN J.
 
La section 93 est une révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète Joseph Smith pendant une conférence des grands prêtres à Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée en tant que chapitre 82 de l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. Les idées contenues dans cette révélation sont à la base de la compréhension que les saints des derniers jours ont de la nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
 
Elle commence par la promesse divine que toute âme qui abandonne le péché, va au Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde ses commandements verra sa face « et saura que je suis, que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui vient au monde » (versets 1-2).
Les versets suivants mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore être révélé dans son intégralité. Ils font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais ils témoignent également du baptême de Jésus par Jean-Baptiste.
 
Le Christ est appelé le Père et est un avec lui parce qu’il lui « a donné de sa plénitude » (verset 4). Il est appelé la Parole parce qu'il est le « messager du salut » (verset 8). En lui est « la vie des hommes et la lumière des hommes » (verset 9). « Les mondes ont été faits par lui, les hommes ont été faits par lui, tout a été fait par lui, par son intermédiaire et de lui » (verset 10).
 
Contrairement aux théologies de l’existence statique, plusieurs versets affirment le devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent que le Christ n'a pas reçu de plénitude au début mais a reçu « grâce sur grâce » jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du Père (versets 12, 13, 14 ; cf. Lu. 2:40 ; Hé. 5:8-9). Le Christ n’est devenu comme le Père, dans le sens exalté du terme, qu’après sa résurrection et sa glorification (cf. Ap. 5:12-13). La compréhension de ce processus est la base d’un culte authentique.
 
La révélation nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de l'homme, « la lumière de la vérité » (verset 29), n'est pas créée mais existe d’elle-même. L’homme, comme le Christ lui-même, « était… au commencement avec Dieu » (verset 29). En outre, « les éléments sont éternels » (verset 33).
 
La vérité est la « connaissance des choses telles qu’elles sont, telles qu’elles étaient et telles qu’elles sont à venir » (verset 24). La vérité et l'intelligence sont indépendantes dans la sphère dans laquelle Dieu les a placées (verset 30). L'esprit de l'homme fait partie intégrante de l'esprit de vérité, qui « est clairement manifesté » dès le commencement (verset 31). C'est la base du libre arbitre et de la responsabilité. « Tout homme dont l’esprit ne reçoit pas la lumière est sous la condamnation » (verset 32).
 
Le Christ est le modèle en toutes choses. Tous peuvent « ven[ir] au Père en mon nom » (verset 19) et, en temps voulu, être « glorifié[s] en moi, comme je suis dans le Père » (verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera détruit. « L’esprit et l'élément » inséparablement liés (ressuscités) peuvent recevoir une plénitude de joie. « La gloire de Dieu est l’intelligence » définie comme étant « la lumière et la vérité ». Quelqu’un qui reçoit la lumière et la vérité délaisse le Malin (verset 37).
 
« L’esprit de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent, dans leur prime enfance, innocents devant Dieu » (verset 38). Par la désobéissance les hommes deviennent pécheurs, « la lumière et la vérité » leur étant enlevées quand ils adoptent « la tradition de leurs pères » (verset 39).
 
La révélation clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés à mettre leur maison en ordre en enseignant plus complètement l'Évangile à leur famille (versets 42-50). Sidney Rigdon doit proclamer « l'Évangile de salut » (verset 51) et les Frères doivent se hâter « de traduire mes Écritures » (Bible) et « obtenir la connaissance de l'histoire, des pays, des royaumes, des lois de Dieu et de l'homme » tout cela « pour le salut de Sion » (verset 53). DAN J. WORKMAN
 
Doctrine et Alliances : Section 107
Auteur : BOWEN, WALTER D.
 
La section 107 est l'une des déclarations les plus importantes des Écritures modernes sur les divisions, les offices, les collèges et les conseils de la prêtrise. La section 107 définit un arrangement ordonné des responsabilités d’une prêtrise laïque à plusieurs niveaux. Elle fut publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances et fut intitulée « De la Prêtrise ». Au fil des années elle a été acceptée comme un document d’importance majeure et a été considérée comme une charte sage et efficace sur les clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base de l'administration de l’Église par la prêtrise (voir Organisation).
 
Le 28 mars 1835, à Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment organisé se réunit en vue de sa mission dans l'Est des États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne pas être à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial du Christ, le collège rédigea une lettre au prophète Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur : « Le moment où nous sommes sur le point de nous séparer est proche et Dieu seul sait quand nous nous réunirons de nouveau ; nous souhaitons donc demander à celui que nous avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il s'enquière auprès de Dieu pour nous et obtienne une révélation (si c’est faisable) afin que nous puissions la regarder quand nous serons séparés, que notre cœur puisse être consolé » (HC 2:209-210).
 
Joseph « consulta le Seigneur » et reçut la section 107:1-57. Le document distingue la Prêtrise de Melchisédek de la Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent de chacune : La Première Présidence, et sous elle les douze apôtres, les grands prêtres et les anciens, officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent dans toutes les « choses spirituelles » (versets 1-12, 18-19, 21-26) ; l'évêque, avec ses conseillers, agit dans la Prêtrise d'Aaron, qui administre « les ordonnances extérieures » de l’Église, notamment le baptême (versets 13-17, 20). La Première Présidence préside l’Église ; les Douze sont « les témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (verset 23) ; et les soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile à l'étranger (verset 25).
 
Les principes de l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation combinent des éléments démocratiques et hiérarchiques. « Il y a nécessairement des présidents » sur les divers offices (verset 21), mais toute décision d'un des trois collèges qui gouvernent l’Église « doit être à l’unanimité des voix qui le composent » (verset 27), prise « en toute justice, en sainteté, avec humilité de cœur » (verset 30). La Première Présidence, le Collège des Douze et les collèges des soixante-dix sont « éga[ux] en autorité » mais fonctionnent sous les clefs de prêtrise de la Première Présidence ou du Collège des Douze quand la présidence est dissoute à la mort du président (versets 22-26). La révélation remonte aussi le lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps anciens d'Adam à Noé (versets 39-57).
 
À peu d'exceptions près, les versets 58-100 ont été extraits d'une révélation et d'une vision que Joseph Smith avait reçues précédemment. Elle déclare que le Président de la Haute Prêtrise doit « présider l’Église entière… et… être semblable à Moïse » (verset 91), et définit les devoirs, les présidences et le nombre maximum de membres des collèges d’anciens, de prêtres, d’instructeurs et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de l'évêque en tant que juge en Sion et donne la marche à suivre pour juger de la conduite d'un officier général de l’Église.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 215-216, 326-329. Provo, Utah, 1981.
WALTER D. BOWEN
 
Doctrine et Alliances : Sections 109-110
Auteur : WILCOX, S. MICHAEL
 
La section 109 est la prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph Smith écrit qu'il a reçu cette prière par l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière contient un certain langage propre au temple, tiré de Doctrine et Alliances 88 (voir, par exemple, 88:119-121) et quelques passages qui s’y trouvent et qui ont trait à la rédemption de Jérusalem se retrouvent dans la prière d'Orson Hyde prononcée cinq ans plus tard sur le mont des Oliviers.
 
La section 109 est hébraïque dans le ton et rappelle la consécration par Salomon du premier temple et les bénédictions que la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
 
Elle commence par des actions de grâces : « Grâces soient rendues à ton nom, ô Seigneur Dieu d'Israël, toi qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde », demande l’approbation divine et la manifestation visible de la gloire divine sur le temple et les fidèles, demande que Dieu accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice, désigne le bâtiment comme maison de Dieu, de prière, de jeûne, de foi, d'étude, de gloire et d'ordre (verset 8 ; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis sur ses serviteurs, demande le pardon et l’effacement des péchés, plaide pour que les émissaires de la vérité aillent avec puissance et scellent leur témoignage avec pouvoir, demande protection contre les ennemis et que l’on soit délivré des calamités du Missouri, et prie pour la miséricorde sur les nations de la terre, pour l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et de Juda dispersés, pour la rédemption de Jérusalem « dès cette heure » (verset 62), et finalement pour des bénédictions sur les maisons et les familles des dirigeants de l’Église. Elle finit par « Ô entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur ! … afin que nous mêlions nos voix à celles de ces séraphins resplendissants qui entourent ton trône » et « Amen et amen » (versets 78, 80).
 
La section 110 rend compte d’événements qui ont suivi la consécration du temple le 3 avril 1836. Le récit (non canonique dans l’Église Réorganisée) fut écrit par Warren Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une semaine après les événements qu’il décrit dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans l'édition de 1876 des Doctrine et Alliances (voir l’introduction). Après avoir pris la Sainte-Cène et s’être prosternés « en prière solennelle et silencieuse », Joseph Smith et Oliver Cowdery reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et accepta le temple en disant : « Mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (verset 7). Moïse apparut ensuite pour rétablir « les clefs pour rassembler Israël des quatre coins de la terre » (verset 11) en vue du renouvellement des temples et du culte du temple (voir Israël : Rassemblement d'Israël ; Ordonnances du temple). Élias « remit la dispensation de l'Évangile d'Abraham » (verset 12) pour rétablir la promesse de l'alliance faite à Abraham que par lui et par sa postérité toutes les générations seraient bénies (voir Alliance abrahamique ; Évangile d'Abraham). Enfin Élie apparut et conféra les clefs du scellement pour toutes les ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des familles, et annonça l'imminence de la seconde venue du Messie (versets 13-16). Ceci était en accord avec la prophétie finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cœur des enfants vers les pères avant le jour grand et redoutable du Seigneur (Ma. 4:5-6 ; voir Élie, Esprit d’).
 
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
S. MICHAEL WILCOX
 
Doctrine et Alliances : Sections 121-123
Auteur : HOWE, SUSAN
 
Sections 121-123  : Ces sections sont des extraits d’une longue lettre écrite par Joseph Smith le 20 mars 1839, dans la prison de Liberty (Missouri), adressée « à l’Église des saints des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée à l'étranger et à l’évêque Partridge en particulier » (HC 3:289). La puissance et la richesse de la lettre, son contenu doctrinal et ses images littéraires sont sans doute le résultat de la souffrance personnelle du prophète.
 
La section 121 commence par une prière, un cri de « Ô Dieu, où es-tu ? » une supplication pour que Dieu reconnaisse les souffrances des saints, punisse leurs ennemis et venge le mal qu’on leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète entend la voix consolatrice de l'inspiration dire : « Mon fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps » (verset 7). Il lui est rappelé : « tes amis se tiennent à tes côtés » et il s’entend promettre que « ils t'accueilleront de nouveau, le cœur chaleureux et la main amicale » (verset 9). « Tu n’es pas encore comme Job » (verset 10). La justice des actions des saints est confirmée ; au moment voulu par le Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront punis (des versets 11-25).
 
Les versets 26-33 promettent des bénédictions de connaissance qui seront bientôt déversées par le Saint-Esprit sur les saints des derniers jours, notamment la connaissance de toutes les dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles fonctionnent. La dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont parmi les plus sensibles et les plus puissants des Écritures modernes. Ici le prophète s’oppose à toutes les formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il, est toujours liée à l’amour. « Aucun pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour sincère » (verset 41).
 
La section 122 est une révélation adressée expressément à Joseph Smith pour l'aider à comprendre les épreuves par lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en bien parmi les nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se tournera jamais contre lui à cause « du témoignage de traîtres » (verset 3). Les versets décrivent d’une manière percutante les dangers et les trahisons qu'il a soufferts ou qu’il va encore souffrir puis ajoute : « Sache, mon fils, que toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (verset 7). La section finit en rappelant au jeune prophète que « Le Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout cela » (verset 8).
 
La section 123 instruit les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander réparation pour leur persécution et leurs pertes au Missouri. Il leur est recommandé de faire la liste des torts infligés aux propriétés, aux personnes et à leur réputation, de faire des déclarations sous serment et de rassembler les publications diffamatoires afin de pouvoir présenter leur cas devant les autorités. Il leur est expliqué que cette façon de faire est le dernier devoir qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la génération montante. La section finit en assurant aux saints que ces efforts, même s’ils n’en comprennent pas la valeur, seront importants à l’avenir pour l’Église (verset 15).
 
Doctrine et Alliances : Section 124
Auteur : RICHARDS, PAUL C.
 
La section 124, donnée le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus longue révélation des Doctrine et Alliances. C'est la première section reçue à Nauvoo et elle a été imprimée dans l'édition de 1844 des Doctrine et Alliances sous le numéro 103.
 
En 1839, les membres de l’Église s'étaient enfuis du Missouri en Illinois pour échapper à l'ordre d'extermination du Gouverneur Lilburn W. Boggs. La rive orientale du fleuve Mississippi devint un lieu de refuge et le siège de l’Église. Dès 1841, Nauvoo y avait été créée et le village avait grandi jusqu’à compter quelque 3.000 habitants. Dans ce cadre, la section 124 constituait une inauguration importante, un genre de constitution pour le développement ultérieur de Nauvoo et de l’Église. Elle donne des instructions sur des sujets temporels, doctrinaux et d'organisation et donne des tâches et des recommandations à cinquante-cinq personnes.
 
La section 124 comprend ce qui suit :
 
Une mission confiée à Joseph Smith de « faire une proclamation solennelle » de l'Évangile aux souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
 
Des directives pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où « le voyageur fatigué trouve la santé et la sécurité tandis qu'il contemple la parole du Seigneur » (versets 22-24, 56-82).
 
Un commandement aux membres d’aider à construire le temple de Nauvoo, commencé trois mois plus tôt. Il devait être un endroit où le Seigneur pourrait rétablir la plénitude de la prêtrise et révéler « des choses qui ont été cachées dès avant la fondation du monde » concernant la dispensation de la plénitude des temps » (versets 25-28, 40-44 ; voir aussi Ordonnances du temple).
 
Une promesse que si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs, « ils ne seront pas enlevés de leur place » (versets 45-46).
 
Des éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini comme une ordonnance du temple. La révélation dit que Moïse avait reçu la même mission de construire un tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
 
La déclaration que les efforts des saints pour créer une ville et un temple au Missouri ont été acceptés par le Seigneur, même si les persécutions ont empêché leur création à ce moment-là (versets 49-54).
 
Des appels et des confirmations de divers postes dans l’Église, notamment une liste de nouveaux officiers et la répétition de certains appels précédents. Par exemple, Hyrum Smith est appelé comme patriarche en remplacement de son père, décédé le 14 septembre 1840. Joseph Smith, Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la Première Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de président du Collège des douze apôtres (il avait été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des tâches sont confiées à ce collège. Douze membres sont appelés pour former un grand conseil de pieu et d'autres sont appelés dans des présidences de grands prêtres, d’anciens, de soixante-dix, de deux épiscopats, et de prêtres. Il est fait mention d’organisations d’instructeurs, de diacres et de pieux, mais aucun appel de direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21, 123-142). PAUL C. RICHARDS
 
Doctrine et Alliances : Sections 127-128
Auteur : DURRANT, GEORGE D.
 
Sections 127-128
Les sections 127 et 128 sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète Joseph Smith tandis qu’il est « en exil » près de Nauvoo pendant la première semaine de septembre 1842. Son secrétaire était William Clayton. Les sections furent publiées dans The Times and Seasons les 14 septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en 1844 dans les Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
 
Ces documents éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du baptême pour les morts, pratique attestée au premier siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus tôt, le 15 août 1840, lors d’un discours prononcé à l’occasion d’obsèques, Joseph Smith annonça pour la première fois en public la responsabilité des membres de l’Église d'accomplir des baptêmes pour les morts (EPJS, p. 143). « Il présente l'Évangile du Christ sur une échelle probablement plus vaste que certains l'ont imaginé » (EPJS, p. 143). Immédiatement après, les membres de l’Église commencèrent à accomplir des baptêmes par procuration dans le Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait : « Il n’y aura plus de baptêmes pour les morts avant que l’ordonnance ne puisse être accomplie dans les fonts de la Maison du Seigneur » (HC 4:426). Le 21 novembre 1841, quand les fonts baptismaux du temple de Nauvoo furent achevés, des baptêmes pour les morts y furent accomplis (HC 4:454).
 
Les sections 127 et 128 soulignent la nécessité de la présence de témoins oculaires et d’un greffier à tous les services de baptême de ce genre. Sans documents authentifiés sur terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré comme valide (D&A 127:6-9 ;128:3-10).
 
À la section 128, le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême pour les morts est « un chaînon » entre les parents et les enfants (D&A 128:18). Il explique, en outre, qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les ordonnances du temple à leurs ancêtres décédés, lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans la famille de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être entièrement sauvés et exaltés (versets 14, 15, 18). « sans nous ils ne peuvent parvenir à la perfection — et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus parvenir à la perfection » (verset 15 ; cf. Hébreux 11:40).
 
Les baptêmes et les autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie essentielle de la doctrine et de la pratique de l’Église. GEORGE D. DURRANT
 
Doctrine et Alliances : Sections 131-132
Auteur : GRANT, PAUL
 
Sections 131-132
Ces sections expliquent que le principe du mariage éternel est une condition pour parvenir au degré le plus élevé de gloire dans le royaume céleste (D&A 131:1-4 ; cf. 76:50-70). Dans cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent des dieux (voir Divinité), continuent à avoir des enfants (voir Vies éternelles, Accroissement éternel) et parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A 132:23-24).
La section 131 contient un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17 mai 1843, pendant une visite aux membres de l’Église à Ramus (Illinois), à 35 kilomètres à l'est de Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par William Clayton dans son journal intime. En plus de ses enseignements sur le mariage éternel, la section 131 définit également l’expression « parole prophétique plus certaine », déclare que personne ne peut être sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que l'esprit est de la matière purifiée.
 
La section 132 contient la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut une cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent que le mariage plural était « le point de doctrine le plus saint et le plus important jamais révélé » (W. Clayton, dans A. Jensen, Historical Record, 6:226). Cette révélation fut mise par écrit le 12 juillet 1843, dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur l’insistance de Hyrum Smith, afin qu'Emma Smith puisse être convaincue de sa véracité, le prophète Joseph Smith la dicta phrase par phrase. Clayton écrivit que « lorsque le tout fut écrit, Joseph me demanda de la lire lentement et soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte » (CHC 2:106-7). Ce soir-là, l’évêque Newel K. Whitney reçut la permission de copier la révélation. Le jour suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le document, et Whitney et Kingsbury comparèrent la copie à l’original. Cette copie fut donnée à Brigham Young en mars 1847 ; elle fut officiellement adoptée comme révélation en août 1852, lors d’une conférence générale à Salt Lake City et fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
 
Les points de doctrine de cette révélation furent probablement reçus en 1831 tandis que le prophète traduisait la Bible. En réponse à des questions sur la légitimité des mariages pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla à Joseph Smith les conditions requises dans lesquelles le mariage plural devait être observé. Lyman Johnson dit à Orson Pratt que « Joseph lui avait fait connaître [à lui, Johnson] dès 1831 que le mariage plural était un principe correct » mais avait dit que ce n'était pas encore le moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40 [1878], p. 788). Cette date fut plus tard confirmée dans diverses déclarations et déclarations sous serment rassemblées par Joseph F. Smith et d'autres auprès de ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à Nauvoo.
 
La section 132 dit que toutes les alliances doivent être faites de la manière appropriée, par l’autorité compétente, et être scellées par le Saint-Esprit de promesse pour être valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité, des bénédictions éternelles sont garanties à ceux qui se marient selon cette nouvelle alliance éternelle : « Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin ; c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à toute éternité, parce qu'ils continuent » (verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le monde fût, et par elle Abraham reçut la promesse de vies éternelles par sa postérité (versets 28-37). Des interdictions strictes en ce qui concerne l'adultère accompagnent la loi du mariage éternel (versets 38-44, 61-63). Dans les derniers versets, Dieu confirme à Joseph Smith sa situation éternelle auprès de lui et accepte ses œuvres (versets 45-50) ; il exhorte Emma et d'autres à observer cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que Dieu puisse être glorifié (versets 51-66).
 
Bibliographie
Danel W. Bachman. « New Light on an Old Hypothesis : The Ohio Origins of the Revelation on Eternal Marriage ». Journal of Mormon History 5 (1978), p. 19-32.
PAUL GRANT
 
Doctrine et Alliances : Sections 137-138
Auteur : HARTSHORN, LEON R.
 
La section 137 rapporte une vision du royaume céleste notée dans le journal intime de Joseph Smith. Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres dirigeants de l’Église se réunirent dans le temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de l'onction. Joseph bénit et oignit son vieux père, Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres de la présidence de l’Église et scella des bénédictions sur le prophète. Joseph écrit que quand la présidence posa les mains sur sa tête et prophétisa, « les cieux s'ouvrirent à nous, et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce royaume » (verset 1). Il en vit les rues comme pavées d’or. Le Père et le Fils étaient assis sur un trône flamboyant. Adam et Abraham étaient là, de même que les parents de Joseph, qui étaient encore vivants au moment de la vision, et son frère Alvin, qui était mort avant que la prêtrise n’ait été rétablie et par conséquent n'avait pas été baptisé pour la rémission des péchés. La vision continua au-delà de ce qui se trouve à la section 137 (HC 2:380-81 ; Pwjs, p. 145-146). Beaucoup parmi les personnes présentes reçurent des visions et témoignèrent que la gloire de Dieu remplissait la salle.
 
La vision de Joseph fut la première révélation doctrinale donnée à l’Église révélant que le Seigneur donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile l’occasion de l'entendre et de l’accepter dans le monde d'esprit de manière à pouvoir entrer dans le royaume céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité (huit ans) sont héritiers du royaume céleste (D&A 137:10).
 
La section 138 est le compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le président Joseph F. Smith, tandis qu’il réfléchissait à la nature universelle de l'expiation de Jésus-Christ et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en prison dans le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection (D&A 138:1-11 ; cf. 1 Pi. 3:19 ; 4:6). Il y voit la visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il remarque aussi que Jésus ne va pas en personne parmi les méchants et les désobéissants mais qu’il organise parmi les esprits des justes des représentants pour porter l'Évangile « à tous les esprits des hommes » (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile n’a pas été enseigné sur terre recevront l'occasion de l'entendre et d'accepter sa plénitude exaltante quand il est enseigné par les représentants autorisés du Christ dans le monde d'esprit ; les esprits qui sont « dans les ténèbres et dans la servitude du péché… qui se repentent seront rachetés » (versets 138:57-58 ; cf. 76:74).

Les récits de ces deux visions ont été canonisés lors de la conférence générale d'avril 1976 comme ajouts à la Perle de grand prix. En 1981, Ils sont devenus des sections des Doctrine et Alliances.
 
Bibliographie
Millet, Robert L. "Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p. 549-563, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Sandy, Utah, 1984.
LEON R. HARTSHORN
 
Doctrine et Alliances : Déclaration officielle – 2
Auteur : JACOBSON, CARDELL
 
La déclaration – 2 révèle que « le jour promis depuis si longtemps est venu où tous les hommes fidèles et dignes de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise. » Cette « révélation sur la prêtrise » permettait que tous les membres masculins dignes soient ordonnés à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise était précédemment refusée aux membres noirs de l’Église, ce qui les empêchait de détenir des appels dans la prêtrise et de participer à la plupart des ordonnances du temple.
 
Ce fut le président Spencer W. Kimball qui reçut la révélation « après avoir supplié longuement et avec ferveur » dans le temple de Salt Lake City. Cette même révélation fut donnée à ses conseillers et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut ensuite présentée à toutes les autres Autorités générales, qui l'approuvèrent à l'unanimité. Elle fut annoncée par courrier à tous les dirigeants de la prêtrise de l’Église et à la presse le 8 juin 1978. La déclaration – 2 contient le texte de cette lettre et constitue le compte rendu de sa présentation et de son acceptation le 30 septembre 1978 en conférence générale par le consentement commun des membres de l’Église. La révélation résolut des problèmes pour beaucoup de membres qui avaient été tourmentés par la pratique antérieure (Bush et Mauss), dont les origines et les ramifications historiques étaient devenues le sujet de beaucoup de débats et de réflexions.
 
Depuis l'annonce, les missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de pays ayant de fortes populations noires où des milliers de personnes sont devenues membres de l’Église. Dallin H. Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du colloque afro-américain tenu à l'université Brigham Young à l'occasion du dixième anniversaire de la révélation (Oaks). Il a particulièrement relevé la croissance rapide des convertis noirs dans les Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
 
Bibliographie
Bush, Lester E., et Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black : Mormon Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale, Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil Temple." Dialogue 23 (Spring 1990), p. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium, p. 3-5. Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For the Blessing of All His Children." Discours, LDS Afro-American Symposium. Provo, 8 juin 1988.
CARDELL JACOBSON
 
Doctrine et Alliances – Éditions
Auteur : Woodford, Robert J.
 
Les Doctrine et Alliances contiennent les révélations de Dieu données à Joseph Smith et à d’autres présidents de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et d'autres écrits inspirés et déclarations doctrinales admises comme Écritures par les saints des derniers jours. La première édition parut en 1835. Les éditions ultérieures intègrent des révélations supplémentaires et des aides de référence. Les Doctrine et Alliances ont été traduites en beaucoup de langues, mais c’est l'édition anglaise qui est la version officielle.
 
Dès l’automne 1831, Joseph Smith avait écrit soixante-dix révélations ou plus, dont la plupart contenaient des instructions à des membres de l’Église. Lors d’une conférence spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio), l’Église décida d'éditer un choix de ces révélations ou « commandements ». Une nouvelle révélation fut reçue à cette occasion en tant que « ma préface au livre de mes commandements » ce qui est peut-être à l’origine du titre de la compilation de 1833, le Livre des Commandements (D&A 1:6). Cette édition ne fut jamais terminée ; des émeutiers détruisirent, en juillet 1833, la presse d’imprimerie d'Independence (Missouri) et tout sauf une centaine d’exemplaires inachevés. Ces quelques exemplaires du Livre des Commandements furent distribués au sein de l’Église et furent souvent appelés le « Livre des Alliances » en référence à la section principale, qui avait connu une grande diffusion dans des versions manuscrites sous le titre de « Articles et Alliances de l’Église ». Reçue le jour où l’Église fut organisée, cette révélation est maintenant la section 20 des Doctrine et Alliances.
 
L'ÉDITION DE 1835. Peu de temps après l’échec de l'effort d'impression du Livre des Commandements en 1833, on envisagea la publication des révélations à Kirtland. Sous le nouveau titre Doctrine et Alliances de l’Église des saints des derniers jours, le livre fut présenté aux membres de l’Église et accepté par eux comme parole de Dieu lors d’une conférence en août 1835. Le changement de nom en Doctrine et Alliances correspond à un changement de contenu. À la différence du Livre des Commandements, qui ne contenait que des révélations, les Doctrine et Alliances étaient divisées en deux parties. La nouvelle première partie se composait de sept présentations théologiques maintenant connues sous le nom de Lectures on Faith mais intitulées à l’époque « De la doctrine de l’Église des saints des derniers jours ». La partie contenant les révélations éditées précédemment, la préface originelle et un certain nombre de nouvelles révélations qui ne se trouvaient pas dans la compilation de 1833, étaient intitulées « Deuxième Partie, Alliances et Commandements ». Le titre : Doctrine et Alliances, fait écho aux sous-titres de ces deux parties.
 
En préparant l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné pour la tâche le 24 septembre 1834 (HC 2:165, 243-244) publièrent les révélations qui apparaissaient précédemment dans le Livre des Commandements. Ils corrigèrent les fautes de rédaction et d’impression et éclaircirent le texte çà et là. Ils ajoutèrent des explications sur les devoirs des dirigeants qui étaient nouveaux dans l'organisation de l’Église depuis que les révélations précédentes avaient été reçues. Ils combinèrent aussi certaines des révélations pour simplifier la publication et corrigèrent les problèmes grammaticaux.
 
L'édition de 1835 des Doctrine et Alliances contenait 103 sections, mais comme deux d’entre elles avaient reçu erronément le numéro 66, le numéro de la dernière était 102. Les sections 1-100 étaient des révélations à Joseph Smith. La section 101 prescrivait les pratiques en matière de mariage. La section 102 déclarait les relations que l’Église devait avoir avec le gouvernement (voir Politique : Enseignements politiques). Ces deux sections n'étaient pas des révélations mais furent incluses comme expressions de la croyance de l’Église à l’époque. Ce fut Oliver Cowdery (et probablement W.W. Phelps) qui les écrivit, probablement en réponse à ceux qui critiquaient la doctrine et les activités de l’Église. Joseph Smith approuva plus tard la déclaration sur le gouvernement, mais il y a des indications qu’il était opposé dès le départ à ce que l’on inclue la déclaration sur le mariage et on finit par la supprimer (voir Cook, p. 348-349, n. 11).
 
L'ÉDITION DE NAUVOO DE 1844. Dès 1840, l’Église eut besoin d’une nouvelle édition des Doctrine et Alliances. L'édition de 1835 était épuisée et Joseph Smith avait reçu des révélations supplémentaires. La nouvelle édition parut à Nauvoo peu de temps après la mort de Joseph Smith en 1844. Les huit nouvelles révélations ajoutées sont les sections 103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition de 1981. Les plaques d’imprimerie de métal de l'édition de 1844 furent utilisées pour les réimpressions de 1845 et de 1846.
 
L'ÉDITION DE LIVERPOOL DE 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres de l’Église dans la vallée du lac Salé, où ils n'avaient pas l’équipement pour imprimer des livres. En 1845, Wilford Woodruff imprima 3.000 exemplaires des Doctrine et Alliances en Angleterre pour la population croissante de l’Église dans les îles Britanniques. Cette édition contenait les nouvelles révélations publiées dans l'édition de Nauvoo de 1844. D'autres représentants de l’Église procédèrent à des réimpressions en Angleterre en 1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et envoyèrent la majeure partie de l’impression de 1854 à Salt Lake City à cause du manque d’équipement pour imprimer là-bas.
L'ÉDITION DE 1876. En 1876, Orson Pratt, membre du Collège des douze apôtres et historien de l’Église, agissant sous la direction de Brigham Young, créa une nouvelle édition des Doctrine et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque révélation en versets et ajouta vingt-six révélations qui ne s’y trouvaient pas précédemment. Ce sont maintenant les sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111, 113-118, 120-123, 125, 126, 129-132 et 136. Du fait que la section 132 contenait sur le mariage plural des informations qui étaient en contradiction avec l'article de 1835 sur le mariage, ce dernier fut éliminé.

L'ÉDITION DE 1879. Trois ans plus tard, Pratt publia en Angleterre une autre édition où il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda aussi au président John Taylor la permission de laisser tomber les « Lectures on Faith » mais il lui fut répondu que le moment n’était pas encore venu. Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et en 1880 à Salt Lake City à partir de copies de plaques. George Q. Cannon, conseiller dans la Première Présidence, présenta cette édition aux membres de l’Église lors de la cinquantième conférence, dite conférence de jubilé, tenue en octobre 1880 ; le livre fut accepté comme Écriture.
 
De 1880 à 1920, l’Église publia au moins vingt-huit réimpressions de cette édition. À partir de 1908, chaque impression comporta une concordance et des extraits du « Manifeste » de Wilford Woodruff, président de l’Église, déclaration officielle mettant fin au mariage plural.
 
L'ÉDITION DE 1921. En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité de six membres du Conseil des douze de préparer une nouvelle édition des Doctrine et Alliances. Le changement principal apporté dans l'édition 1921 fut la suppression des « Lectures on Faith » qui n'étaient pas considérées comme des révélations. Le comité mit aussi à jour les notes de bas de page et divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le fait que le nom du recueil eût été changé dans l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des « Lectures on Faith », il ne fut pas rechangé quand les « Lectures » furent supprimées. L'édition de 1921 resta inchangée jusqu'en 1981.
 
L'ÉDITION DE 1981. Un comité désigné par la Première Présidence de l’Église dirigea la publication d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les nouveautés étaient des notes de bas de page complètement révisées et de nouvelles introductions pour chaque section. Deux sections supplémentaires et une deuxième déclaration officielle furent également incorporées. La section 137 est une partie d'une vision du royaume céleste donnée le 21 janvier 1836 à Joseph Smith dans le temple de Kirtland. La section 138 est une vision sur la rédemption des morts donnée en 1918 à Joseph F. Smith, sixième président de l’Église. La Déclaration Officielle – 2 est l'annonce faite en 1978 par la Première Présidence que tous les membres masculins de l’Église qui étaient dignes pouvaient être ordonnés à la prêtrise.
 
ÉDITIONS EN LANGUES ÉTRANGÈRES. L’Église a également édité les Doctrine et Alliances dans beaucoup de langues autres que l'anglais. La première traduction fut faite en gallois en 1851, et depuis lors les Doctrine et Alliances ont été traduites et publiées dans leur intégralité dans une vingtaine de langues et des extraits dans beaucoup d'autres.
 
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The Revelations of the Prophet Joseph Smith : A Historical and Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake City, 1985.
Gentry, Leland H. "What of the Lectures on Faith ?" BYU Studies 19 (Automne 1978), p. 5-19.
Lambert, A. C. The Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833 -1950. Provo, Utah, 1950.
Woodford, Robert J. "The Historical Development of the Doctrine and Covenants" 3 vols. Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The Doctrine and Covenants : A Historical Overview". Dans Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1, p. 3-22. Sandy, Utah, 1984.
ROBERT J. WOODFORD
 
Les Doctrine et Alliances en tant que littérature
Auteur : Walker, Steven C.
 
La qualité littéraire des Doctrine et Alliances se voit particulièrement bien dans ses ressemblances avec une proche parente littéraire, « le monument le plus noble de la prose anglaise », la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte religieux véritablement unique, les Doctrine et Alliances contiennent plus de 2.000 parallèles étroits avec des passages bibliques et la manière littéraire du livre est semblable à la Bible pour ce qui est des thèmes. Comme les Écritures précédentes, les Doctrine et Alliances offrent un éventail de genres littéraires. Le recueil de révélations va de formes aussi transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110), des annonces par des anges (sections 2, 13, 27) et des prophéties (sections 87, 121), en passant par des proclamations ecclésiastiques telles que prières (sections 109, 121), épîtres (sections 127, 128), explications scripturaires (sections 74, 77, 86), commandements (section 19) et déclarations officielles, jusqu’à des instructions terre à terre (sections 130, 131) et des comptes rendus de réunions (section 102).
 
La parenté littéraire des Doctrine et Alliances avec la Bible est plus évidente dans le ton que dans le style. Les Doctrine et Alliances, par exemple, impressionnent par un ton direct simple et condensé qui se prête à des déclarations remarquablement riches dans leurs implications. Les deux exemples suivants proviennent d’une même section : « La vérité, c'est la connaissance des choses telles qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont à venir » (D&A 93:24). « La gloire de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité » (93:36). Ces lignes sont moins des lignes placées dans un contexte qui les illumine que des conclusions de sorites sans utilisation de thèse et d'antithèse.
 
La richesse du ton s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même section des Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence délicate d’images d’eau en mouvement comme les « eaux qui coulent » qui ne peuvent pas « rester impures » (D&A 121:33), les projets pervers qui « fondront comme la gelée blanche fond sous les rayons ardents du soleil levant » (121:11) et une doctrine qui « se distillera sur ton âme comme la rosée des cieux » (121:45).
 
Compilation la plus récente des prophéties divines de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les Doctrine et Alliances ont l'avantage littéraire inestimable qu’est leur caractère immédiat ; grâce à ce livre, le lecteur moderne peut aborder naturellement et directement le divin. Il localise le lecteur non pas dans le passé lointain d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de paysages familiers tels que New York et Boston, où Dieu se révèle de près. Cette proximité est visible dans sa façon de s’exprimer ; les bénéficiaires de ses révélations, il les appelle une demi-douzaine de fois ses « amis » dans le livre (D&A 84:63 ; 84:77 ; 94:1 ; 98:1 ; 100:1 ; 104:1).
 
C'est comme cela que la voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul appelle « amis » les lecteurs des Doctrine et Alliances. La caractéristique littéraire la plus saisissante du livre est le caractère direct de son accès à Dieu. Quand Joseph Smith s’écrie dans une longue et douloureuse prière de reproche : « Ô Dieu, où es-tu ? » la réponse du Père apporte une consolation aussi immédiate au lecteur d’aujourd’hui qu'au prophète : « Mon fils, que la paix soit en ton âme » (D&A 121:1, 7). Les Doctrine et Alliances répondent avec une force biblique aux conditions immédiates de la vie moderne. Dans les moments les plus difficiles des circonstances actuelles, les Doctrine et Alliances élèvent le regard du lecteur au-dessus des déceptions mortelles vers des espoirs éternels : « Toutes ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton bien » (122:7).
 
Bibliographie
Sperry, Sidney B. Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker, Steven C. "The Voice of the Prophet." BYU Studies 10 (Automne 1969), p. 95-106.
STEVEN C. WALKER
 
Don du Saint-Esprit
Auteur : PORTER, BRUCE D.
 
Le don du Saint-Esprit est le droit de recevoir des manifestations divines, des dons spirituels et des directives du Saint-Esprit. Ce don est conféré aux membres de l’Église par l’imposition des mains après le baptême. On le considère comme l’une des ordonnances essentielles de l’Évangile de Jésus-Christ et comme absolument nécessaire au salut.
 
Le Saint-Esprit est le troisième membre de la Divinité, tandis que le don du Saint-Esprit consiste à avoir le droit de recevoir l’inspiration, les manifestations et d’autres dons et bénédictions spirituels de ce membre de la Divinité (EPJS, p. 160). Parmi les bénédictions spirituelles les plus importantes liées au don du Saint-Esprit il y a le pouvoir sanctificateur ou purificateur du Saint-Esprit par lequel les hommes et les femmes naissent de Dieu. Par ce baptême de feu et du Saint-Esprit, les cœurs et les désirs sont purifiés et l’esprit est rendu pur, ce qui est le point culminant du processus du repentir et du baptême (2 Né. 31:13, 17 ; 3 Né. 27:20). Les autres manifestations importantes du Saint-Esprit sont le témoignage de Jésus-Christ et des vérités divines, l’inspiration et les avertissements, si cela s’indique, et le discernement du bien et du mal.
 
Le don du Saint-Esprit est la clef de tous les « dons spirituels » que l’on trouve dans l’Église, notamment les dons de prophétie et de révélation, de guérison, de parler en langues et de traduction et d’interprétation des langues. Ces dons distinctifs de l’Esprit ne se manifestent normalement que parmi ceux qui ont reçu le don du Saint-Esprit et qui se qualifient par leurs besoins et leur dignité pour recevoir cette aide divine, de même que les apôtres originaux du Christ ne reçurent ces dons qu’une fois que le Saint-Esprit fut venu sur eux le jour de la Pentecôte (Ac. 2:1-17).
 
Dans la pratique, le don du Saint-Esprit est donné, chez les saints, par l’imposition des mains comme indiqué dans le Nouveau Testament (voir Ac. 8:17-18 ; 19:2-6 ; 2 Ti. 1:6 ; Hé. 6:2), normalement juste après ou quelques jours après le baptême d’eau. Un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek (auquel se joignent habituellement quelques autres hommes détenant la même prêtrise) pose les mains sur la tête du membre nouvellement baptisé, appelle la personne par son nom, la confirme membre de l’Église et dit : « Recevez le Saint-Esprit. » La formulation exacte de cette ordonnance n’est pas prescrite, mais elle mentionne toujours la confirmation comme membre, l’octroi du don du Saint-Esprit et l’autorité dans la prêtrise par laquelle l’ordonnance est accomplie. Ces composants de base de l’ordonnance sont souvent suivis d’une bénédiction verbale qui donne des recommandations au nouveau membre. Dans les ordonnances par procuration du temple pour les personnes décédées, la même confirmation de base suit l’ordonnance du baptême pour les morts.
 
Le récit, qui apparaît dans le Nouveau Testament, de la façon dont les saints de Samarie reçurent le don du Saint-Esprit précise que l’octroi de ce don nécessite une plus haute autorité que celle qui est nécessaire pour accomplir le baptême (voir Ac. 8:14-17).
 
Quand il visite les Néphites, Jésus-Christ donne d’abord l’autorité de baptiser (3 Né. 11:22) et lors d’une autre visite, il confère l’autorité de donner le Saint-Esprit en touchant et en parlant à chacun des douze disciples individuellement (3 Né. 18:36-37). Alors que le baptême peut être fait par des prêtres dans la Prêtrise d’Aaron, le Saint-Esprit ne peut être conféré que par des détenteurs de la prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek (Mro. 2:2 ; JS–H 1:70). Jean-Baptiste fait allusion à cette distinction fondamentale entre les deux prêtrises : « Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi… Lui, il vous baptisera du Saint–Esprit et de feu » (Mt. 3:11).
 
Le don du Saint-Esprit n’est conféré officiellement qu’une seule une fois à une personne donnée, mais les bienfaits spirituels liés à ce don peuvent et doivent être constants pendant toute une vie. On enseigne aux saints des derniers jours qu’ils doivent vivre de manière à avoir le Saint-Esprit comme « compagnon constant » pour les fortifier et pour les aider à choisir le bien (D&A 121:46). Toutefois, le seul fait que le don est conféré ne garantit pas ces inspirations. La réception proprement dite du Saint-Esprit est fonction de l’humilité, de la foi et de la dignité de la personne qui se voit accorder le don. Joseph F. Smith a enseigné que le don du Saint-Esprit confère aux membres dignes et désireux « le droit de recevoir… le pouvoir et la lumière de la vérité du Saint-Esprit, bien qu’[ils] puissent souvent être laissés à [leur] esprit et à leur jugement » (GD, p. 60-61).
 
Le prophète Joseph Smith considère le don du Saint-Esprit comme l’un des principes et des ordonnances de base de l’Évangile, étant intégralement lié à la foi en Jésus-Christ, au repentir et au baptême par immersion pour la rémission des péchés (voir Premiers principes de l’Évangile ; 4e A de F). Ensemble ces quatre constituent les « premiers principes » de l’Évangile de Jésus-Christ (voir Évangile de Jésus-Christ ; 3 Né. 27:19-21) et le seul moyen par lequel les hommes et les femmes puissent être purifiés de tout péché pour devenir purs et immaculés et dignes d’entrer en la présence de Dieu.
 
Le Saint-Esprit continue à aider au processus de purification spirituelle par « le baptême de feu », qui a été décrit en ces termes : « Par le pouvoir du Saint-Esprit – qui est le Sanctificateur (3 Né. 27:19-21) –l’impureté, l’iniquité, le charnel, la sensualité et tout ce qui est mauvais est consumé dans l’âme repentie comme par le feu ; la personne purifiée devient littéralement une nouvelle créature du Saint-Esprit… Elle naît de nouveau » (MD, P. 73). C’est de cette nouvelle naissance spirituelle que le Sauveur voulait parler quand il a dit à Nicodème : « Si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5).
 
Le seul fait de passer par la nouvelle naissance n’assure pas le salut. Il est également nécessaire de « persévérer jusqu’à la fin », un élément essentiel de l’Évangile du Christ (2 Né. 31:20 ; 3 Né. 27:16-17). Le prophète Néphi 1 a enseigné que pour persévérer jusqu’à la fin, il faut se faire « un festin des paroles du Christ » en suivant l’inspiration du Saint-Esprit dans « tout ce que vous devez faire » (2 Né. 32:3-5). Le don du Saint-Esprit garantit ainsi que la direction divine et le renouvellement spirituel se produisent durant toute la vie, à condition que le repentir et l’humilité requis soient manifestés.
 
Bibliographie
Lampe, G. W. H. "Holy Spirit". Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 626-639. Nashville, Tenn., 1962.
Shepherd, M. H., Jr. "Hands, Laying on of." Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 521-522. Nashville, Tenn., 1962.
Talmage, James E. AF, p. 157-170.
BRUCE D. PORTER
 
Dons de l’Esprit
Auteur : BICKERSTAFF, H. GEORGE
 
Le septième article de foi de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dit : « Nous croyons au don des langues, de prophétie, de révélation, de visions, de guérison, d’interprétation des langues, etc. » Toutes ces dotations célestes viennent sous forme de dons de l’Esprit, c’est-à-dire par la grâce de Dieu et l’action et le pouvoir du Saint-Esprit. Pour pouvoir obtenir de tels dons, il faut avoir préalablement reçu les ordonnances du baptême et du don du Saint-Esprit de la part d’un détenteur de la prêtrise autorisé, chercher avec ferveur à obtenir le ou les dons et faire des efforts sincères pour garder les commandements du Seigneur.
 
Il est clair que l’Esprit peut accorder n’importe quel don susceptible de répondre à un besoin donné ; par conséquent, aucune liste exhaustive n’est possible, mais beaucoup de dons ont été promis à l’Église. Grâce au Nouveau Testament, les lecteurs connaissent les six mentionnés ci-dessus : les deux liés aux dons des langues et de leur interprétation ou du pouvoir de parler dans une langue non apprise précédemment et la capacité d’interpréter un tel discours ; le don de prophétie, parfois manifesté dans son sens prédictif mais plus souvent dans le sens que « le témoignage de Jésus est l’esprit de la prophétie » (Ap. 19:10) ; la révélation ou la réception inspirée par le ciel de connaissance, de sagesse ou d’orientation ; les visions ou manifestations spirituelles visuelles telles que les prophètes en ont reçu à toutes les époques et comme Joël les a prédites pour beaucoup d’autres dans les derniers jours (Jo. 2:28-29) ; la guérison ou le pouvoir « d’imposer les mains aux malades » pour qu’ils puissent se remettre (Mc. 16:18).
 
Selon les Écritures, les dons de l’Esprit comptent parmi les signes qui « accompagneront ceux qui auront cru » (Mc. 16:17). Impatients de recevoir ces dons promis mais manquant de compréhension, certains des premiers convertis à l’Église (1831-1832) se livrèrent aux excès « spirituels » qui étaient courants lors des réunions en plein air des réveils religieux et qu’ils connaissaient bien. Dans les premiers temps à Kirtland, dit le prophète Joseph Smith, « beaucoup de faux esprits furent introduits… on se livra à beaucoup de choses ridicules de nature à… amener l’Esprit de Dieu à se retirer » (EPJS, p. 172). Dans les assemblées autour de Kirtland, Parley P. Pratt releva des activités spirituelles « dégoûtantes », « des gestes inconvenants », des gens qui entraient en « extase et… déformés par des contorsions… des crises » (Pratt, p. 61). Joseph Smith condamna ces pratiques comme n’étant pas naturelles et sans utilité, puisqu’elles ne communiquaient aucune information (EPJS, p. 164, 172). Dissociant ainsi l’Église des extravagances spirituelles du christianisme de la frontière américaine, les autorités agirent promptement contre de telles pratiques, récupérant les membres qu’elles pouvaient et excommuniant ceux qui persistaient dans leur erreur.
 
Au cours du développement doctrinal de la jeune Église, Joseph Smith reçut des révélations concernant les dons spirituels, notamment celle du 8 mars 1831 (maintenant D&A 46). Après avoir d’abord mis en garde contre les tromperies par de faux esprits, la révélation énonçait les dons tout comme Paul et Moroni 2 l’avaient fait respectivement pour l’Église du premier siècle et l’Église néphite, (voir 1 Co. 12 ; Moroni 10). En plus des six évoqués ci-dessus étaient mentionnés la connaissance, la sagesse, la foi pour guérir, l’accomplissement de miracles, la connaissance de la façon dont les dons peuvent être administrés et le discernement des esprits, s’ils sont de Dieu ou du diable. Étaient aussi repris le don du témoignage de l’Esprit concernant Jésus-Christ et son expiation pour les péchés du monde et, pour certains, le don de croire aux paroles de celui qui proclame ce témoignage (D&A 46:14).
 
La révélation promet au moins un don à tous les saints des derniers jours fidèles. Les évêques et les autres officiers présidents, en vertu de leur appel à veiller sur l’Église, peuvent recevoir des dons multiples, notamment le don spécial du discernement pour détecter les faux esprits des vrais. À propos de ce dernier point, Joseph Smith a mis en garde contre « l’erreur courante de considérer toutes les manifestations surnaturelles comme étant de Dieu », avertissant que les esprits mauvais peuvent, tout comme les célestes, par exemple, parler en langues et les interpréter ; et que dans leur volonté de tromper, ils peuvent même en attribuer le mérite au Sauveur et à ses serviteurs autorisés (EPJS, p. 166-172, 186 ; aussi Lu. 4:33-35 ; Ac. 16:16-18).
 
Beaucoup de journaux intimes des premiers saints racontent des expériences en matière de dons spirituels : En 1830, Newel Knight eut une vision du ciel apparemment semblable à celle décrite par le martyr Étienne (« Newel Knight’s Journal » p. 52-53). À Kirtland, en 1831, Chloe Smith, qui avait langui aux portes de la mort, recouvra immédiatement la santé après une bénédiction de Joseph Smith (Pratt, p. 66-67). Lors d’une réunion en Ontario (Canada) en 1833, Lydia Bailey (plus tard Knight) parla en langues (Journal History, 19 oct. 1833). Suivant la promesse prophétique de Heber C. Kimball en 1836 qu’un fils naîtrait de Parley et Thankful Pratt, qui étaient sans enfants après dix ans de mariage, un fils leur naquit un an plus tard (Pratt, p. 130-131, 165). Alors comme maintenant, les dirigeants et les membres en général jouissaient de ces dons.
 
On doit rechercher les dons de l’Esprit pour leur effet bénéfique plutôt que pour leur caractère remarquable (voir 1 Co. 14). En fait, comme Joseph Smith l’a observé, il n’y a qu’un ou deux des dons qui sont visibles quand ils sont en action. Dans le sens où il est généralement compris, le don des langues est l’un de ceux-là, mais le président Joseph F. Smith a souligné son aspect plus pratique : « J’ai eu besoin une fois du don des langues et le Seigneur me l’a donné. J’étais dans un pays étranger, envoyé prêcher l’Évangile à un peuple dont je ne pouvais pas comprendre la langue. Alors j’ai prié avec ferveur pour avoir le don des langues, et grâce à ce don et à l’étude, cent jours après avoir débarqué sur ces îles, je pouvais parler aux gens dans leur langue comme je vous parle maintenant dans ma langue maternelle. C’était un don qui était digne de l’Évangile. Il avait un but » (Smith, p. 201). C’est ainsi que les missionnaires de l’Église jouissent fréquemment aujourd’hui de ce don.
 
Dans le monde entier, les saints des derniers jours rapportent toutes sortes de dons spirituels dans le cours normal de leur vie. Les membres fidèles reçoivent couramment par l’Esprit le don du témoignage de Jésus-Christ et de son Évangile rétabli et ces témoignages individuels constituent la force de l’Église ; un très grand nombre ont le don de la connaissance des choses spirituelles ; quotidiennement, les détenteurs de la prêtrise font l’imposition des mains aux membres de leur famille ou de leurs amis malades, à leur demande (voir Ja. 5:14-15) et leur apportent les pouvoirs de guérison du ciel, fréquemment avec un effet instantané ; des hommes, des femmes et des jeunes reçoivent, selon les besoins, la révélation pour eux-mêmes, leur famille ou ceux qu’ils servent dans les appels dans l’Église. Pratiquement toutes ces activités et d’autres d’une importance spirituelle équivalente ont lieu dans l’intimité du foyer et du cœur à l’insu du public.
 
Tous les dons spirituels sont nécessaires dans l’Église (1 Co. 12), mais les écrits de Paul montrent que certains sont plus désirables que d’autres : On doit chercher les meilleurs dons. Ce qui est spécialement important pour tous ceux qui désirent « une voie par excellence » (1 Co. 12:31), c’est de recevoir et de cultiver le don de la charité. Cet « amour pur du Christ » est une marque fondamentale du vrai disciple, une chose nécessaire à la vie éternelle et une qualité pour laquelle on doit donc prier et travailler de toute l’énergie de son cœur (Mro. 7:47-48 ; 10:21 ; Ét. 12:34). L’exposé magistral de Paul sur la charité (1 Co. 13) définit davantage cette qualité et confirme que l’amour est le grand commandement et le besoin crucial du chrétien. Les disciples doivent manifester ce don et en désirer également d’autres (1 Co. 14:1), en agissant par le pouvoir de Dieu et par les dons de l’Esprit (Mro. 10:25).
 
Bibliographie
"Newel Knight's Journal". Dans Scraps of Biography. Salt Lake City, 1883.
Pratt, Parley P. Autobiography of Parley Parker Pratt. Salt Lake City, 1967.
Smith, Joseph F. Gospel Doctrine. Salt Lake City, 1977.
H. GEORGE BICKERSTAFF
 
Dotation
Auteur : BURTON, ALMA P.
 
Une dotation est généralement un cadeau, mais dans un sens spécialisé, c'est un ensemble d’instructions, d’ordonnances et d’alliances donné seulement dans les temples consacrés de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. [Les mots « doter, dotation » n’apparaissent pas dans la version Segond où ils sont remplacés par des verbes exprimant l’idée équivalente d’être habillé, revêtu, doté d’attributs]. Le Christ commande à ses apôtres de rester à Jérusalem « jusqu’à ce [qu’ils soient] revêtus de la puissance d’en haut » (Luc 24:49), une promesse accomplie, au moins en partie, le jour de la Pentecôte (Ac. 2). À l’époque moderne, une révélation semblable a été donnée : « Je vous ai donné le commandement de bâtir une maison, maison dans laquelle j'ai dessein de doter du pouvoir d'en haut ceux que j'ai élus. Car telle est la promesse que le Père vous fait ; c'est pourquoi, je vous commande de demeurer, comme mes apôtres à Jérusalem » (D&A 95:8-9).
 
Bien qu'il y ait eu des déversements spirituels préliminaires et préparatoires sur les saints des derniers jours en Ohio et au Missouri, la Dotation dans son plein sens ne sera reçue qu’à l’époque du temple de Nauvoo. Quand, en 1842, il introduisit les ordonnances du temple à Nauvoo, le prophète Joseph Smith enseigna qu’elles « concernaient les choses spirituelles et ne devaient être reçues que par ceux qui étaient tournés vers les choses spirituelles » (EPJS, p. 191). La dotation était nécessaire, dit-il, pour organiser complètement l'Église, afin que les saints soient organisés selon les lois de Dieu, et, comme demandé dans la prière de consécration du temple de Kirtland, qu’ils « se préparent à recevoir tout ce qui est nécessaire » (D&A 109:15). La Dotation avait pour but de donner « une vue globale de notre situation et de nos rapports véritables avec Dieu » (EPJS, p. 262), de « préparer les disciples pour leurs missions auprès du monde » (p. 221), d’empêcher d’être « vaincus par ces maux » (p. 209), de leur permettre de « s’assurer la plénitude des bénédictions qui ont été préparées pour l’Église du Premier-né » (p. 191).
 
La Dotation de « pouvoir d’en haut » dans les temples modernes a quatre aspects principaux. Tout d'abord il y a l'ordonnance préparatoire, des ablutions et une onction cérémonielles, après quoi l’usager du temple met le vêtement sacré du temple.
 
Vient ensuite une série d’instructions sous forme d’exposés et de représentations. Ceux-ci comportent le récit des événements les plus importants de la Création, une description figurée de l'arrivée d'Adam et Ève et de tous les hommes et femmes, de l'entrée d'Adam et Ève dans le jardin d'Éden, de l'expulsion hors du jardin, de leur situation dans le monde et de leur réception du plan du salut conduisant au retour en la présence de Dieu (Talmage, p. 83-84). Les instructions de la Dotation utilisent toutes les facultés humaines pour que la signification de l'Évangile soit éclaircie par l'art, le théâtre et les symboles. Tous les participants portent la robe blanche du temple symbolisant la pureté et l'égalité de toutes les personnes devant Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Le temple devient une maison de révélation par laquelle on est instruit plus parfaitement « en théorie, en principe et en doctrine » (D&A 97:14). « Le caractère complet de ce tour d’horizon et de cette explication du plan de l’Évangile fait du culte du temple l’une des méthodes les plus efficaces de rafraîchir la mémoire concernant la totalité de la structure de l'Évangile » (Widtsoe, 1986, p. 5).
 
Troisièmement, il y a la conclusion d’alliances. On voit dans la Dotation du temple l’épanouissement ou l’apogée des alliances contractées au baptême. Les alliances du temple donnent des « tests permettant de voir la disposition et la capacité de pratiquer la justice » (Widtsoe, p. 335). EIles comportent « l’engagement et la promesse d'observer la loi de la vertu la plus stricte et de la chasteté, d’être charitable, bienveillant, tolérant et pur ; de consacrer ses talents et ses moyens matériels à la propagation de la vérité et au progrès [du genre humain], de rester dévoué à la cause de la vérité, et de chercher à contribuer de toutes les manières possibles aux grands préparatifs faits en vue que la terre puisse recevoir… Jésus-Christ » (Talmage, p. 101). On promet également de garder sacrées ces alliances et de ne pas « prend[re] les choses sacrées à la légère » (D&A 6:12).
 
Quatrièmement, il y a le sentiment de la présence divine. Dans la prière de consécration du temple de Kirtland, le prophète Joseph Smith demande « que tous ceux qui passeront le seuil de la maison du Seigneur sentent ta puissance et se sentent contraints de reconnaître que tu l'as sanctifiée et qu'elle est ta maison, lieu de ta sainteté » (D&A 109:13). Il est promis à propos des temples construits par le sacrifice au nom du Seigneur Jésus-Christ, consacrés par son autorité et révérés dans son Esprit : « mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison » (D&A 110:7). Dans les temples il y a une « aura de divinité » qui se manifeste à ceux qui sont dignes (Kimball, p. 534-535). Par la Dotation du temple, on peut chercher « une plénitude du Saint-Esprit » (D&A 109:15). Les ordonnances du temple sont considérées comme le moyen de recevoir l'inspiration et des instructions par l'Esprit-Saint et de se préparer à retourner en la présence de Dieu.
 
À Nauvoo, le prophète Joseph a enseigné pour la première fois que les saints des derniers jours ont la bénédiction d'agir en tant qu'agents en faveur de leurs ancêtres décédés. Après réception de leur propre Dotation au temple, ils y retournent souvent pour participer à la cérémonie de dotation par procuration pour et en faveur de personnes décédées. Ils croient que, conformément à la loi du libre arbitre, ceux qui sont ainsi servis sont tout à fait libres dans le monde d'esprit d’accepter ou de rejeter la bénédiction spirituelle qui leur est ainsi offerte (HC 5:350). [Voir aussi Baptême pour les morts ; Salut des morts ; Ordonnances du temple.]
 
Bibliographie
Kimball, Spencer W. Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Packer, Boyd K. The Holy Temple. Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La Maison du Seigneur, éd. française n. d..
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Temple Worship. Salt Lake City, 1986.
ALMA P. BURTON

E
 
Écritures
Auteurs : DAVIES, W.D. et MADSEN, TRUMAN G.

Bien que le mot « Écritures » désigne habituellement des documents écrits, dans les sources mormones il se définit aussi comme « tout ce qu’ils [les représentants de Dieu] diront sous l’inspiration du Saint-Esprit » (D&A 68:2-4 ; cf. 1:38 ; 2 Pi. 2:21 ; 2 Ti. 3:16). Cette compréhension plus large du terme est à la fois un principe global et une définition fonctionnelle, tenant compte des modes écrits et verbaux de l’inspiration.

Le corpus des Écritures mormones est sensiblement plus volumineux que celui du canon protestant traditionnel. Il comprend la Bible, le Livre de Mormon (531 pages, édition anglaise de 1981), les Doctrine et Alliances (294 pages, édition de 1981) et la Perle de grand prix (61 pages, édition de 1981). Dès le départ, l’engagement des saints des derniers jours vis-à-vis de la Bible et du Livre de Mormon et leur tentative de formuler et de standardiser immédiatement leur enseignement par rapport aux cultures environnantes ont fait d’eux un peuple « livresque ». Par contre, dans le judaïsme, le christianisme et l’islam, le processus de compilation et de fixation des écrits sacrés comme « canoniques » a eu lieu relativement longtemps après leur origine et dans chaque cas le processus a eu comme conséquence un canon fermé.

Les saints des derniers jours acceptent la Bible comme étant la parole de Dieu « dans la mesure où elle est traduite correctement » (8e A de F). Ils reconnaissent que bien que les messages de l’Écriture soient d’origine et d’impulsion divines, les paroles dans lesquels elles sont formulées sont d’origine humaine (cf. Mrm. 8:16-17 ; Ét. 12:23-27). La page de titre du Livre de Mormon dit : « S’il y a des fautes, ce sont les erreurs des hommes. » Pour certains, de telles affirmations renforcent plutôt que d’affaiblir leur respect pour la révélation véritable (Stendahl, p. 100). Cette prise de position évite à la fois la doctrine de l’inerrance verbale et le point de vue naturaliste que la Bible est un document entièrement humain et vieillissant en plus.

Les Écritures des saints des derniers jours sont qualifiées d’ouvrages canoniques. Le mot « canon » est rarement utilisé, en partie parce qu’il suggère la finitude, l’achèvement, la clôture. En principe et en fait, des ajouts aussi bien que des clarifications et des traductions officielles occasionnelles, sont apportés aux ouvrages canoniques dans le double processus de la présentation par les dirigeants vivants et, en accord avec la loi du consentement commun, l’acceptation par les membres de l’Église. De cette façon, les saints des derniers jours s’engagent par alliance à les considérer comme Écriture. L’ajout aux Doctrine et Alliances d’une révélation au sujet du royaume céleste reçue par Joseph Smith et d’une vision de la rédemption des morts reçue par Joseph F. Smith en sont des exemples modernes (D&A 137, 138).

Le caractère perpétuel de l’Écriture, un corpus sans cesse augmenté par des témoins vivants dans un cadre de prophétie et de témoignage, est un signe et un symbole de l’universalité de la foi des saints (Davies, p. 61). Pareille position fait contraste avec la conception minimaliste (« un seul canon suffit »). Les Samaritains, par exemple, n’accordaient le statut d’Écriture qu’au seul Pentateuque. Pour les saints des derniers jours, l’Écriture n’est pas une « révélation définitive ». Il n’y a pas de « cercle de la foi » non extensible. Il n’y a aucun texte sacré qui, à cause de sa sainteté reconnue, interdise l’addition d’autres textes sacrés. Aucun document ou recueil ne suffit en lui-même pour la rédemption, pour le salut, pour l’éclaircissement complet ou pour le perfectionnement de l’âme.

Deux principes se dégagent quand il s’agit de définir ce qui doit être considéré comme Écriture. D’abord, on ne sait si un autre parle avec l’autorité du Saint-Esprit que grâce à l’influence du Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en dernière analyse, c’est au lecteur et à l’auditeur qu’incombe la responsabilité de prouver le statut scripturaire d’un document (cf. Brigham Young, JD 7:2). Les saints des derniers jours enseignent que tous ont droit à cette assurance et à ce témoignage. En second lieu, le président de l’Église et ceux qui lui sont associés comme prophètes, voyants et révélateurs ont reçu une dotation et une juridiction spirituelles spéciales. Seul le président parle ou écrit pour l’Église et à l’Église dans son ensemble. Les autres peuvent fonctionner de la même manière mais seulement dans leur office et appel propre. De plus, « un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (HC 5:265 ; 2:302 ; EPJS, p. 224). Ceux qui sont officiellement appelés et ordonnés pour diriger sont, selon la terminologie des saints, « les oracles vivants » et « là où les oracles de Dieu ne sont pas, le royaume de Dieu n’est pas » (WJS, p. 156). Seul le président de l’Église a la responsabilité et la charge d’exercer toutes les clefs de la présentation et de la proclamation des Écritures. Ces principes et ces pratiques sont établis pour sauvegarder la sainteté et veiller à l’application des paroles et des écrits inspirés, tant passés que présents.

Au-dessus de l’autorité du document écrit se trouve l’autorité du prophète vivant et, au-delà de lui, l’autorité suprême du Seigneur lui-même. « Vous pouvez étreindre la Bible tout contre vous, a dit Joseph Smith, mais si vous ne pouvez pas, par la foi en elle, obtenir la révélation pour vous-même, la Bible ne vous profitera guère » (Osborne). De plus, « La meilleure manière d’obtenir la vérité et la sagesse n’est pas de la demander à des livres, mais d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir l’enseignement divin » (EPJS, p. 154). Brigham Young a affirmé : « Je préfère avoir les oracles vivants que tout ce qui est écrit dans les livres » (cité dans CR, oct. 1897, p. 22-23). Mais les oracles vivants et les laïcs responsables ne sont pas, dans la théorie ou dans la tradition, complètement indépendants de l’écrit. B. H. Roberts, historien de seconde génération faisant autorité et Autorité générale, a écrit à propos du corpus de l’Écriture : Il fixe de manière permanente les vérités générales que Dieu a révélées. Il préserve, pour tous les temps et pour toutes les générations des hommes, le grand cadre du plan de salut : l’Évangile. Il y a des vérités qui ne sont pas affectées par les circonstances sans cesse changeantes, des vérités qui sont toujours les mêmes, aussi souvent qu’elles soient révélées, des vérités qui sont élémentaires, permanentes, fixées, dont on ne doit ni ne peut s’écarter sans risquer la condamnation. La parole de Dieu mise par écrit protège le peuple de Dieu des traditions vaines et insensées, qui, tandis qu’elles dérivent le long du fleuve du temps, sont sujettes à des changements par déformation, par ajouts ou soustractions ou par le jeu capricieux de la fantaisie d’esprits fantasques auxquels on ne peut pas se fier. Elle constitue un critère grâce auquel même les oracles vivants de Dieu peuvent s’instruire, s’évaluer et se corriger. Elle met à la portée du peuple le pouvoir de confirmer les paroles et le ministère des oracles vivants, et d’ajouter ainsi la foi à la foi et la connaissance à la connaissance [IE 3, mai 1900, p. 576-577].

Par contre, dans le judaïsme, le remplacement des prophètes par des rabbins ou des savants comme gardiens et interprètes de l’Écriture a été poussé à l’extrême : « Même s’ils [les sages] te disent que la gauche est la droite et que la droite est la gauche, écoute ce qu’ils disent » (Midrash Siphre sur De. 17:10-11 ; cf. Talmud de Jérusalem, traité Horayoth 1:1, 45d). Ce qui rassurait face à l’erreur, même les erreurs de la communauté, c’était que même les erreurs commises dans les décisions de la loi faisaient force de loi. Dans un cas spectaculaire, Rabbi Eliezer prétendit qu’une voix céleste avait sanctionné son opinion minoritaire. Mais Rabbi Joshua insista sur le fait que la Torah, ou texte d’Écriture, est non dans le ciel mais sur la terre et que c’était l’opinion de la majorité qui devait l’emporter (voir aussi Davies, Paul and Rabbinical Judaism, 1980, p. 374, 212n). Dans le christianisme traditionnel, les conseils ecclésiastiques se sont parfois arrogé des prérogatives semblables.

Dans leur doctrine concernant les Écritures, les saints des derniers jours ont réduit ces tensions et d’autres encore de ce type qui existent entre le judaïsme biblique et le judaïsme talmudique (c.-à-d., entre la loi écrite et la loi orale) ou, comme dans les traditions chrétiennes romaine et orientale, entre l’héritage biblique et les affirmations de la tradition et des credo ou, comme dans le protestantisme, entre l’intention originale associée à l’esprit de l’Écriture et l’affirmation que l’interprétation personnelle est valide.

L’idée d’un canon ouvert a signifié historiquement une certaine ouverture à d’autres sources historiques, apocryphes et pseudépigraphiques. L’Écriture moderne assure aux saints des derniers jours que des documents importants vont encore venir au jour (cf. 2 Né. 29:10-14 ; 9e A de F). Les Apocryphes de l’Ancien Testament contiennent beaucoup de choses « qui sont vraies » mais également beaucoup d’interpolations (D&A 91). « À ceux qui le désirent, il devrait être donné par l’Esprit de discerner le vrai du faux » (HC 1:363). Par analogie, d’autres documents récemment récupérés (par exemple, les manuscrits de la mer Morte, la bibliothèque de Nag Hammadi et les inscriptions et les fragments qui y ont trait) sont considérés comme instructifs, bien que non canoniques. Dans certains cas, leurs enseignements précèdent et font écho à des documents scripturaires authentiques.

L’importance des approches linguistique, contextuelle, historique et littéraire de l’Écriture a été soulignée de plusieurs manières dans l’Église : une école des prophètes a été organisée dans les tout débuts de l’Église, où l’on étudiait l’hébreu, le grec et l’allemand en tant qu’aides bibliques ; on se servait des traductions alternatives de la Bible, notamment les révisions de la Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) ; on préférait officiellement la King James Version en raison de son style littéraire et de son accessibilité à d’autres groupes chrétiens, et d’autres ; on se servait de diverses éditions des Écritures bibliques et modernes, y compris des textes critiques, des dictionnaires bibliques et on faisait une utilisation sélective des efforts naissants des sciences bibliques mondiales (voir Erudition bibique).

Il y a toute une constellation de significations qui accompagne la notion de parole vivante venant de la voix d’un prophète vivant. De plus, la voix vivante est généralement plus riche que n’importe quel écrit, qui est tout au plus une synthèse à décrypter. C’est pour cela que Joseph Smith disait qu’on ne devrait jamais croire qu’une lettre puisse dire ce qui pourrait être dit de vive voix. « Aussi pures que soient vos intentions, aussi élevée que soit votre position, vous ne pouvez pas toucher le cœur de l’homme quand vous êtes absent autant que quand vous êtes présent » (Woman’s Exponent 3, 1er avril 1875, p. 162). Les risques de malentendus sont sensiblement accrus quand on n’a que le texte.

Dans l’histoire du canon, diverses étapes ou périodes ont été témoins d’exégèses, d’expansions ainsi que de gloses et d’altérations stylistiques qui changent également le contenu. On peut avancer l’argument qu’au cours des siècles ce processus a contribué à l’amélioration et à la force des textes, mais on peut également affirmer qu’il y a eu des écarts, de la dilution et de la corruption des textes. Les saints des derniers jours estiment que les deux processus ont joué. « Des traducteurs ignorants, les copistes négligents ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs » (EPJS, p. 264-265). D’autre part, la Bible et d’autres textes sont conservés d’une manière impressionnante, avec suffisamment de lumière pour bénir et condamner. Pour leur part, les saints des derniers jours font finalement confiance à l’inspiration de l’Esprit.

Les saints des derniers jours ne sont pas les seuls à penser ainsi. Par exemple, H. J. Schoeps montre que la critique juive des idées du temple et du sacrifice a été modifiée quand la Bible a été assemblée (Davies, p. 61). Et au fil des siècles, les changements ont souvent éloigné plutôt que rapproché d’un affinement des normes et des pratiques chrétiennes originales.

Le pouvoir de révélation des Écritures dépend en partie de sa faculté d’adaptation. Le Seigneur dit à propos des Écritures modernes et, implicitement, de toutes les Écritures antérieures : « Ces commandements sont de moi et ont été donnés à mes serviteurs dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu’ils les comprennent » (D&A 1:24).

Le sens évident a également été un principe directeur dans l’exégèse des saints. « Mon âme met ses délices dans la clarté », dit le prophète du Livre de Mormon Néphi 1 (2 Né. 31:3). Rien ne peut l’emporter sur la signification évidente du texte (cf. traité talmudique Shabbath 63a). Cette position n’est ni un refus de voir les significations subtiles et sous-jacentes du texte ni un a priori théologique permettant des excès allégoriques, comme dans les enseignements de certains rabbins et de certains érudits chrétiens d’autrefois. On ne peut pas superposer les significations plus profondes à un texte d’Écriture ; on doit les trouver avec l’aide divine dans l’intention et l’esprit de l’auteur original (cf. 2 Pi. 1:20-21). Malgré toute leur complexité et toute leur diversité, les Écritures sont rédigées en une langue ordinaire ; par exemple, le vocabulaire fonctionnel du Livre de Mormon comporte moins de 2.300 mots de base.

Dans la pratique, les saints des derniers jours considèrent certains autres textes avec un respect spécial, basé sur leur utilisation, chacun avec sa propre mesure d’autorité. Par exemple, des prières fixes sont indiquées pour le baptême et pour la Sainte-Cène (voir Prière de baptême ; Prière). Les autres textes et paroles faisant autorité – avec des niveaux différents d’autorité – sont les messages de la Première Présidence, les ordonnances et les alliances du temple, les bénédictions patriarcales, le livre de cantiques, les manuels pour la prêtrise et les organisations auxiliaires et les manuels pour enseigner dans les diverses organisations de paroisse.

C’est une unité de la foi, souvent considérée comme remarquable, qui découle de cette ouverture sans pareille à davantage de révélations et du système de freins et de contrepoids de l’Église. La participation des laïcs de l’Église, qui nécessite le partage des responsabilités, et la loi du consentement commun fonctionnent ensemble lors du processus de présentation, de confirmation et d’acceptation des paroles inspirées.

Pour les saints des derniers jours, on ne peut pas réduire les Écritures à l’histoire scientifique, à la sociologie ou au folklore, à un simple ensemble de principes fondamentaux, de commandements et d’appareil juridique, à des paraboles pleines de charme, à des noms ésotériques et cachés avec des liens mystiques qui auraient un pouvoir et une vie propres. Les Écritures sont le résultat d’un déversement d’en haut dont la signification et l’application actuelles à une personne donnée nécessitent une étude soigneuse et l’inspiration directe.

Martin Buber, faisant objection à ceux qui considèrent la Torah comme un monde fermé, écrit : « Pour vous, Dieu est quelqu’un qui a créé dans le passé et ne crée plus ; mais pour nous, Dieu est celui qui ‘renouvelle chaque jour l’œuvre de la création’. ‘Pour vous, Dieu est quelqu’un qui s’est révélé dans le passé et ne se révèle plus ; mais pour nous il parle depuis le buisson ardent du présent… dans les révélations du fond de notre cœur – plus grandes que les paroles » (p. 204). Cette déclaration exprime une grande partie de l’esprit de la façon dont les saints des derniers jours abordent les Écritures. La signification et la force se dressent contre le « durcissement » des traditions et favorisent la confiance dans le témoignage vivant de l’Esprit pour illuminer, clarifier et sanctifier les Écritures en tant que « vérité actuelle ».

Bibliographie
Buber, Martin. Great Jewish Thinkers of the Twentieth Century, dir. de publ. S. Noveck. Clinton, Mass., 1963.
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders’ Words Entitled to Claim of Scripture ?" Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Davies, W. D. "Reflections on the Mormon Canon." Harvard Theological Review 79, 1986, p. 44-66. Réimprimé dans Christians Among Jews and Gentiles, dir. de publ. G. W. E. Nicklesburg et George W. MacRae, S.V., p. 44-66. Philadelphia, 1986.
Osborne, D. Juvenile Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
Stendahl, Krister. "The Sermon on the Mount and Third Nephi in the Book of Mormon." Dans Meanings, p. 100. Philadelphie, 1984.
Welch, John W., et David J. Whittaker. "Mormonism’s Open Canon : Some Historical Perspectives on Its Religious Limits and Potentials." F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1986.
W. D. DAVIES
TRUMAN G. MADSEN 

Écritures : Autorité des Écritures
Auteur : JACKSON, KENT P.
 
Pour les saints des derniers jours, la notion d’Écriture entraîne deux définitions complémentaires, une définition générale, qui englobe toute révélation de Dieu comme étant « Écriture », et une vision plus restreinte, qui n’inclut que les ouvrages canoniques comme « Écriture ». Les deux catégories font autorité puisque les deux sont considérées comme venant de Dieu.

La première définition utilise le mot « Écriture » comme synonyme de termes tels que « inspirée » ou « divinement révélée ». Pour ce qui concerne ceux qui ont été appelés et ordonnés pour proclamer la parole de Dieu, c’est une révélation des Doctrine et Alliances qui fournit la base : « Tout ce qu’ils diront sous l’inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l’avis du Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Dans cette lumière, les saints des derniers jours tiennent en haute estime les paroles des dirigeants de l’Église à tous les niveaux. Font particulièrement autorité les déclarations officielles de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres qui sont soutenus par les membres de l’Église comme « prophètes, voyants et révélateurs ». Leurs écrits et leurs discours – en particulier ceux de conférence générale – sont cités fréquemment comme guides pour la vie et comme interprétation autorisée en matière de doctrine. Les déclarations publiées par la Première Présidence représentent la position et la politique officielles de l’Église.

Joseph Smith a enseigné que « un prophète n’est pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme tel » (HC 5:224). Ainsi donc, les paroles des prophètes n’ont force d’Écriture que quand elles sont prononcées sous l’influence du Saint-Esprit. Les saints des derniers jours reconnaissent volontiers cette influence divine dans les enseignements et les conseils des dirigeants et considèrent que c’est une bénédiction d’être instruits par eux. Ils considèrent cette direction inspirée comme étant « Écriture » au sens général du terme et s’efforcent d’y faire coïncider leur vie.

La conception plus restrictive de ce qui constitue l’Écriture ne comprend que ce qui est appelé « les Écritures » c’est-à-dire les quatre ouvrages canoniques : la Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Ils constituent le corpus canonisé, faisant autorité des Écritures révélées par rapport auquel tout le reste est évalué. Le président Joseph Fielding Smith a enseigné : « Mes paroles et les enseignements de n’importe quel autre membre de l’Église, grand ou petit, s’ils ne cadrent pas avec les révélations, nous ne devons pas les accepter… Nous avons accepté les quatre ouvrages canoniques comme critères ou balances que nous utilisons pour mesurer les doctrines de tous les hommes » (DS3, p. 183).

Bien que l’Église considère ses Écritures comme un canon dans un sens strict, elle ne considère pas celui-ci comme fermé. La doctrine de la révélation continue est l’une des croyances fondamentales de l’Église. Comme l’a dit Joseph Smith, « nous croyons tout ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de Dieu » (9e A de F). Tout en acceptant « tout ce que Dieu a révélé », que ce soit canonisé dans les Écritures ou pas, les saints des derniers jours croient également que la révélation continue à éclairer leurs dirigeants. De plus, elle s’attend à des directives divines supplémentaires parce que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes ». Ces futures révélations seront Écriture, selon la définition générale, et il est probable que certaines d’entre elles seront ajoutées en temps voulu aux Écritures.

Bibliographie
Jackson, Kent P. "Latter-day Saints : A Dynamic Scriptural Process." Dans The Holy Book in Comparative Perspective, dir. de publ. F. Denny and R. Taylor, p. 63-83. Columbia, S.C., 1985. 
Jackson, Kent P. "The Sacred Literature of the Latter-day Saints." Dans The Bible and Bibles in America, dir. de publ. E. Frerichs, p. 163-91. Atlanta, Ga., 1988. 
Talmage, James E. AF, p. 291-387.
KENT P. JACKSON 

Écriture : Paroles des prophètes vivants
Auteur : ANDERSON, A. GARY
 
Tout message qui vient de Dieu à l’homme par le pouvoir du Saint-Esprit est Écriture pour celui qui le reçoit, que ce soit sous forme écrite ou verbale (MD, p. 682 ; cf. 2 Né. 32:3). Paul a écrit à Timothée que « Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16). De plus, toute personne peut recevoir des révélations personnelles pour son profit personnel. Néanmoins, Dieu a toujours désigné des prophètes pour parler pour lui, ce qui est à l’origine des Écritures saintes. Quand Aaron fut appelé comme porte-parole de Moïse, le Seigneur dit : « Il parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu tiendras pour lui la place de Dieu » (Ex. 4:15-16).

Les membres de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours croient en la révélation continue, particulièrement aux prophètes qui dirigent l’Église. Ce point de doctrine a été annoncé dans une révélation reçue par le prophète Joseph Smith en novembre 1831: « Et tout ce qu'ils [les serviteurs de Dieu] diront sous l'inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l'avis du Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Les paroles inspirées du prophète et président de l’Église ont été et peuvent à l’avenir être ajoutées aux ouvrages canoniques par le consentement commun de l’Église.

Les saints des derniers jours soutiennent la Première Présidence et le Collège des douze apôtres comme prophètes, voyants et révélateurs. Puisque le prophète et président de l’Église est soutenu comme prophète, voyant, et révélateur, il est le porte-parole officiel qui parle au nom du Seigneur à l’Église (D&A 21:4-5 ; 28:2). Ces autres prophètes, voyants et révélateurs ont le droit, le pouvoir et l’autorité de déclarer la volonté de Dieu à son peuple, mais dépendent de l’autorité du président (D&A 132:7).

Les paroles inspirées du président de l’Église ont force de loi sur les membres de l’Église, qu’elles soient acceptées officiellement comme élément du canon écrit ou pas. Les paroles inspirées du prophète vivant remplacent et deviennent plus importantes pour des saints des derniers jours que le canon écrit ou les déclarations prophétiques antérieures (D&A 5:10). Le salut et l’exaltation des membres de l’Église dépendent de leur acceptation de cette inspiration divine par le prophète vivant, qui vient comme une voix d’avertissement au monde (D&A 1:4-5).

Ce point de doctrine apparaît dans l’Ancien Testament. Par exemple, les gens n’auraient pu être sauvés du déluge qu’en écoutant la voix de Dieu par son prophète Noé. De même, il était attendu des Israélites qu’ils acceptent et obéissent de manière responsable aux paroles de Moïse comme si le Seigneur lui-même les avait prononcées (De. 18:18-22). Le Seigneur a également enseigné que « Lorsqu’il y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me révélerai à lui, c’est dans un songe que je lui parlerai » (No. 12:6).

On peut trouver l’insistance des premiers chrétiens sur « la voix vivante » dans les écritures de Papias (v. 130 apr. J.-C.) : « S’il arrivait à quelqu’un de venir qui avait été réellement disciple des anciens, je m’informais sur les discours des anciens, de ce qu’André ou Pierre disaient ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean ou Matthieu ou tout autre des disciples du Seigneur…. Car je pensais que ce qui était dans les livres ne me profitait pas autant que les paroles d‘une voix vivante et durable » (Eusèbe, Histoire ecclésiastique 3.39.4).

Les saints des derniers jours acceptent la doctrine que ce que Dieu déclare, « que ce soit par [sa] propre voix ou par la voix de [ses] serviteurs, c’est la même chose » (D&A 1:38). D’autre part, les prophètes ont droit à leur opinion personnelle, par conséquent tout ce qu’ils disent n’est pas considéré comme une déclaration ou une interprétation officielle d’Écriture. Ce n’est que quand ils sont inspirés à parler à l’Église par le Saint-Esprit qu’ils parlent Écriture. Pour que l’auditeur détermine si un prophète parle en tant que tel, le pouvoir du Saint-Esprit doit lui témoigner que le message est divinement inspiré. Le Saint-Esprit est donné à tous pour connaître la vérité de toutes choses (Mro. 10:5).

Bibliographie
Benson, Ezra Taft. "Fourteen Fundamentals in Following the Prophet." BYU Speeches of the Year, 1977 -80, p. 26-30. 26 févr. 1980.
Département d’Education de l’Église. Teachings of the Living Prophets, p. 6-22. Salt Lake City, 1982. 
Clark, J. Reuben, Jr. "When Are Church Leaders' Words Entitled to Claim of Scripture ?" Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Horton, George A., Jr. Keys to Successful Scripture Study, p. 2-11. Salt Lake City, 1989. 

A. GARY ANDERSON 

Écritures : Écritures à venir
Auteur : CLOWARD, ROBERT A.
 
Les saints des derniers jours croient que Dieu « révélera encore beaucoup de choses grandes et importantes » (9e A de F), que les cieux ne sont pas fermés et que Dieu continue à « déverser la connaissance du haut des cieux sur [leur] tête » (D&A 121:33). On s’attend à ce que les révélations à venir incluent à la fois des vérités antiques rétablies et de nouvelles vérités dévoilées.

Les Écritures prédisent spécifiquement le rétablissement de beaucoup de livres qui feront connaître les choses claires et précieuses ôtées du monde (1 Né. 13:39-40). Celles-ci comprennent le livre d’Hénoc (D&A 107:57), un récit complémentaire des événements qui se sont produits sur la montagne de la Transfiguration (D&A 63:20-21), la totalité du livre de Jean et des visions au sujet de la fin du monde (1 Né. 14:18-27 ; Ét. 4:16 ; D&A 93:6, 18), la partie scellée du Livre de Mormon, y compris la vision du frère de Jared (2 Né. 27:7-11 ; Ét. 3:25-27 ; 4:7), les plaques d’airain (Alma 37:4-5 ; voir aussi Plaques et Annales du Livre de Mormon), un compte rendu plus complet des enseignements de Jésus-Christ aux Néphites (3 Né. 26:6-11) et les annales des tribus perdues d’Israël (2 Né. 29:12-13).

Nous ignorons comment ou quand ces Écritures paraîtront au-delà de la croyance générale que d’autres révélations viendront au temps voulu par le Seigneur lorsque les hommes se repentiront, feront preuve de foi et seront prêts à les recevoir (2 Né. 28:30 ; Ét. 4:1-12). Les saints des derniers jours croient que le monde n’a vu que le commencement du grand rétablissement doctrinal et scripturaire par lequel la volonté de Dieu réunira « toutes choses en Christ » (Ép. 1:10). Les annales célestes et terrestres de toutes les dispensations doivent être rassemblées (1 Né. 13:41), et « rien ne sera retenu » (D&A 121:28).

Bibliographie
Maxwell, Neal A. "God Will Yet Reveal." Ensign 16, nov. 1986, p. 52-59.
McConkie, Bruce R. "The Doctrinal Restoration." Dans The Joseph Smith Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet, p. 1-22. Provo, Utah, 1985.
ROBERT A. CLOWARD
 
Écriture, interprétation dans l’Écriture
Auteur : THOMAS, CATHERINE
 
La clef de l’interprétation des passages scripturaires se situe souvent dans le corps même de l’Écriture. Par exemple, certains passages de l’Ancien Testament reçoivent un commentaire et une interprétation dans le Nouveau Testament. Jésus-Christ enseignait fréquemment à l’aide de l’Ancien Testament, donnant non seulement une interprétation, comme dans l’incident où David doit manger les pains de proposition du temple (1 S. 21:1-6) pour justifier le fait que ses disciples arrachaient des épis de blé le jour du sabbat (Mc. 2:23-26), mais soulignant souvent aussi que les Écritures témoignent qu’il était le Messie (Lu. 4:18-21 ; Jn. 5:39). Les Écritures supplémentaires que les saints des derniers jours acceptent – le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix – citent et interprètent aussi la Bible. En fait, beaucoup d’entre les interprétations les plus claires de la doctrine proviennent des révélations modernes ou des Écritures rétablies.

Dans la Perle de grand prix, le livre de Moïse et le livre d’Abraham détaillent le récit de la Création donné par la Genèse de l’Ancien Testament (Moï. 2-3 ; Abr. 4-5), affirment le libre arbitre de l’homme (Moï. 3:17 ; 7:32), éclaircissent la chute d’Adam (Moï. 4 ; Abr. 5) et expliquent par conséquent la nécessité d’un Rédempteur (Moï. 6:59 ; cf. 4:1-2 ; 5:7-8). En outre, ces deux livres ajoutent des informations sur les prétentions de Satan et le fait que c’est le Christ qui a été choisi dans le monde prémortel (Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27-28) où tous les esprits de l’humanité ont vécu avant leur arrivée sur la terre (voir Vie prémortelle).

Dans Joseph Smith–Matthieu, le prophète Joseph Smith reçoit des éclaircissements sur les commentaires du Sauveur dans Matthieu 24 concernant les événements qui doivent précéder la chute de Jérusalem et ceux qui doivent précéder la venue de Jésus dans les derniers jours. Selon Joseph Smith–Histoire, Moroni 2 lui cite Malachie 4:6 différemment de la version de l’Ancien Testament, suggérant que l’expression « les pères » se rapporte aux Patriarches, particulièrement à Abraham, avec qui Dieu fit des alliances concernant la postérité d’Abraham, qui porterait les ordonnances de la prêtrise au monde pour l’exaltation de la famille humaine (JS–H 1:39 ; D&A 27:9-10).

Le Livre de Mormon éclaircit beaucoup d’écrits des prophètes de l’Ancien Testament. Le prophète Néphi 1 cite Ésaïe 48-49 (1 Né. 20-21) et fait ensuite un commentaire clair sur les points principaux de ces chapitres dans 1 Néphi 22, soulignant que les Néphites sont un reste de l’Israël dispersé, qui serait par la suite rassemblé avec l’aide des Gentils. Dans un autre exemple, vers 148 av. J.-C., le prophète néphite Abinadi identifie « l’homme de douleur » d’Ésaïe 53 comme étant Jésus-Christ (Mos. 15:2-5) et amplifie les commentaires d’Ésaïe sur l’expiation du Messie (Mos. 14-15).

Le Livre de Mormon illumine également le sermon sur la montagne (Mt. 5-7). Dans un sermon semblable donné sur le continent américain (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité dit : « Bénis sont les pauvres en esprit qui viennent à moi » (3 Né. 12:3 ; italiques ajoutés). Ces mots supplémentaires, plus le contexte dans lequel le discours de Jésus est donné, indiquent qu’on doit aller au Sauveur par le baptême et par la justice pour recevoir les bénédictions promises dans les béatitudes.

Les Doctrine et Alliances proposent une interprétation sur plusieurs points obscurs du livre de l’Apocalypse qui concernent des événements des derniers jours, tels que le rassemblement d’Israël et le fait qu’il va recevoir les ordonnances de la prêtrise (D&A 77:8-9, 11). On trouve spécialement dans Doctrine et Alliances 45 et 86 des éclaircissements sur des passages bibliques traitant des signes des derniers jours qui précéderont l’avènement de Jésus. Tandis qu’il méditait sur 1 Pierre 3:18-20, le président Joseph F. Smith reçut une vision de la rédemption des morts (maintenant D&A 138) qui éclaircissait et étendait l’œuvre rédemptrice du Sauveur au monde d’esprit après sa crucifixion.

Le prophète Joseph Smith a reçu beaucoup de révélations modernes en réponse aux questions découlant de son travail sur la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS). Par exemple, en méditant sur la résurrection pour la vie ou la damnation mentionnée dans Jean 5:29, Joseph Smith et Sidney Rigdon reçurent la révélation sur les degrés de gloire dans la résurrection (D&A 76). Joseph Smith a noté plusieurs cas où, tout en réfléchissant à un passage d’Écriture (par exemple, Ja. 1:5, une invitation à demander au Seigneur la sagesse), il a prié et a reçu du Seigneur des Écritures supplémentaires qui rendaient le premier plus de clair ou en confirmait la réalité (JS–H 1:11-20). Pendant qu’il traduisait les plaques du Livre de Mormon, Joseph Smith et Oliver Cowdery prièrent après avoir lu un passage qui avait trait au baptême. En réponse à cela, Jean-Baptiste vint avec de l’autorité et des instructions sur le baptême (JS–H 1:68-72). Après leur baptême, le prophète écrivit qu’ils étaient remplis du Saint-Esprit : « Notre esprit étant maintenant éclairé, nous commençâmes à voir les Écritures se dévoiler à notre entendement, et la véritable signification et le sens des passages les plus mystérieux se révéler à nous d'une manière à laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment, à laquelle nous n'avions même jamais pensé auparavant » (JS–H 1:74).

Néphi dit qu’il est essentiel d’avoir l’esprit de prophétie pour saisir le sens correct des Écritures. Il mentionne en particulier Ésaïe, « car, si les paroles d'Ésaïe ne sont pas claires pour vous, néanmoins elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de prophétie » (2 Né. 25:4). Aux chapitres 25-30, Néphi donne une explication prophétique des enseignements d’Ésaïe.

La révélation moderne et les Écritures rétablies offrent des interprétations indispensables de la Bible, aidant les saints des derniers jours à la comprendre plus complètement. Jésus réprimanda ceux qui avaient emporté la « clef de la connaissance » ou le moyen de comprendre les écrits bibliques (TJS Lu. 11:53), causant de ce fait la confusion dans l’interprétation des Écritures. Le Seigneur a dit : « Parce que vous avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes mes paroles ; et vous ne devez pas non plus penser que je n'en ai pas fait écrire davantage… Je parlerai aux Juifs, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux Néphites, et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux autres tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles l'écriront ; et je parlerai aussi à toutes les nations de la terre, et elles l'écriront… et ma parole sera aussi rassemblée en une seule » (2 Né 29:10, 12, 14 ; cf. Éz. 37:16-20). Les saints des derniers jours interprètent la Bible à la lumière de l’Écriture rétablie et de la révélation moderne parce que celles-ci ont rétabli la clef perdue de la connaissance.

Bibliographie
Gileadi, Avraham. "Isaiah : Four Latter-day Keys to an Ancient Book." Dans Isaiah and the Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
McConkie, Bruce R. "The Bible, a Sealed Book." Dans Supplement to a Symposium on the New Testament, Département d’Education de l’Eglise, p. 1-7. Salt Lake City, 1984.
Rust, Richard Dilworth. “’All Things Which Have Been Given of God…Are the Typifying of Him’ : Typology in the Book of Mormon." Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert. Provo, Utah, 1981.
CATHERINE THOMAS

Éducation : Positionnement vis-à-vis de l'éducation
Auteur : GARDNER, DAVID P.

Les Articles de foi soulignent le rôle profond et fondamental que joue la connaissance dans les enseignements de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours : « Nous recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l'approbation ou est digne de louange. » (13e A de F). À propos de l’intérêt des saints pour les études et l'éducation, M. Lynn Bennion a écrit : « Je doute qu’il existe une organisation qui oriente plus complètement son peuple vers une éducation de plus en plus poussée que l'Église mormone. Le programme éducatif de l'Église est aujourd'hui le prolongement cohérent des théories promulguées par ses fondateurs »(Bennion, p. 2).

Les idées et les pratiques de l'Église sont directement issues de certaines révélations reçues par Joseph Smith, qui soulignent la nature éternelle de la connaissance et le rôle vital que joue dans le développement spirituel, moral et intellectuel de l'humanité. Par exemple: « Il est impossible à un homme d'être sauvé dans l'ignorance » (D&A 131:6 ) de sa nature et de son rôle éternels. « La gloire de Dieu c’est intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité » (D&A 93:36 ). « Quel que soit le principe d'intelligence nous atteignions dans cette vie, il se lèvera avec nous dans la résurrection. Et si, par sa diligence et son obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de connaissance et d'intelligence qu'un autre, elle en sera avantagée d’autant dans le monde à venir » (D&A 130:18-19). « La connaissances sauve l’homme. Et dans le monde des esprits, nul ne peut être exalté autrement que par la connaissance » (EPJS, p. 289). Un passage fréquemment cité du Livre de Mormon dit : «Être instruit est une bonne chose si on écoute les recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29). En juin 1831, Joseph Smith reçut une révélation concernant « le choix et la rédaction de livres pour les écoles de l’Église » (D&A 55:4) et une autre le 27 décembre 1832, fixant les grandes missions d'éducation dans l'Église :

« Et je vous donne le commandement de vous enseigner les uns aux autres la doctrine du royaume. Enseignez diligemment, et ma grâce vous accompagnera, afin que vous soyez instruits plus parfaitement de la théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de l'Évangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il est opportun que vous compreniez ; des choses qui se trouvent dans le ciel, sur la terre et sous la terre; des choses qui ont été, des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu; des choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à l'étranger; des guerres et des perplexités des nations, et des jugements qui sont sur le pays; et aussi d'une connaissance des pays et des royaumes, afin que vous soyez préparés en tout »[D&A 88:77-80].

L'Église a été édifiée sur la conviction que la progression éternelle dépend d’une vie vertueuse et de la progression dans la connaissance religieuse et laïque. « En effet, la nécessité d’apprendre est probablement le thème le plus fréquemment répété des révélations modernes » (L. Arrington, «The Founding of the L.D.S. Institutes of Religion », Dialogue 2, été 1967, p. 137).

Joseph Smith et bon nombre des premiers pionniers mormons étaient issus du milieu puritain de la Nouvelle-Angleterre, avec sa vénération pour la connaissance et l'instruction (Salisbury, p. 258). La perspective mormone suppose la perfectibilité de l'homme et sa capacité d'évoluer vers des niveaux moraux, spirituels et intellectuels toujours plus élevés. En outre, dans cette philosophie, toutes les espèces de connaissance sont utiles dans la tentative de l'homme de se réaliser dans ce monde et dans l'au-delà. « C'est l'application de la connaissance pour le bien-être spirituel de l'homme qui constitue l'idéal mormon de l'éducation » (Bennion, p. 125). C’est pourquoi, les premiers dirigeants de l'Église ne voyaient guère de points de discorde entre l'instruction laïque et religieuse correcte. Vaste dans sa portée et spirituelle dans son l'intention, la philosophie de l’éducation chez les saints a tendance à fusionner le profane et le religieux, parce que, dans le contexte mormon, les deux font partie d'une trame unique sans raccord (Bennion, p. 120-123).

En 1833, Joseph Smith fonda la première entreprise éducative de l'Église, l'école des prophètes, à Kirtland (Ohio). Cette école se consacrait à l'étude de l'histoire, des sciences politiques, des langues (dont l'hébreu), de la littérature et de la théologie. Son but principal était de préparer les dirigeants de l’Église à magnifier leur appel missionnaire d’avertir tout le monde et de témoigner de l'Évangile (D&A 88:80 -81). Elle donna aussi l'exemple d'études pour adultes qui fut suivi « au Missouri, en Illinois et en Utah, où les parents rejoignirent leurs enfants dans la recherche de la connaissance » (Bennion, p. 10).

En 1840, Joseph Smith demanda l'incorporation de la ville de Nauvoo (Illinois) et avec elle l'autorité pour fonder une université. La Charte de Nauvoo contenait l'autorité pour « fonder et organiser un établissement d'enseignement dans les limites de la ville pour l'enseignement des arts, des sciences et des professions érudites, qui sera appelé ‘Université de la ville de Nauvoo’ » (cité dans Salisbury, p. 269).

La première année académique à Nauvoo fut celle de 1841-42. L'université fut probablement l’une des premières universités municipales des États-Unis (Rich, p. 10). C'était, en tous cas, une entreprise optimiste et ambitieuse. Le programme comprenait des langues (allemand, français, latin, grec et hébreu), des mathématiques, de la chimie et de la géologie, de la littérature et de l’histoire, mais « les éléments d’appréciation sont trop maigres pour qu’on puisse en dégager le niveau de l’enseignement dispensé. Il était probablement supérieur au niveau secondaire moyen de l’époque. Le personnel enseignant était d’un haut niveau et était en effet un groupe plutôt remarquable pour une ville de la frontière » (Bennion, p. 25).

Le meurtre de Joseph Smith en 1844 mit brutalement fin au rêve de l'université de la ville de Nauvoo et déclencha le difficile voyage vers le Grand Bassin. Malgré les difficultés, l'éducation ne fut pas oubliée. Brigham Young demanda aux saints d’emporter, dans leur émigration, « au moins un exemplaire de chaque traité précieux sur l'éducation – chaque livre, carte, schéma ou diagramme qui peut contenir une matière intéressante, utile et attrayante, pour attirer l'attention des enfants et les amener à aimer apprendre à lire ; et aussi toutes les variétés historiques, mathématiques, philosophiques, géographiques, géologiques, astronomiques, scientifiques, pratiques et tous les autres écrits, cartes, etc., utiles et intéressants, à présenter au greffier général de l’Église, lorsqu'ils arriveront à leur destination, où l’on peut glaner des sujets importants et intéressants pour compiler les ouvrages les plus précieux sur toutes les sciences et tous les sujets au profit de la génération montante » [MS 10, 1848, p. 85].

La charte de l'université de la ville de Nauvoo a servi de base pour l'université de Deseret (maintenant l'université d'Utah), créée en 1850 par Brigham Young à Salt Lake City. « L’éducation » a-t-il dit un jour au conseil d’administration de cette école, « est le pouvoir de penser clairement, le pouvoir d'agir correctement dans l’œuvre du monde et le pouvoir d'apprécier la vie » (Bennion, p. 115). Il disait : « Un bon enseignant est un des membres les plus essentiels de la société » (JD 10:225).

En 1851, la législature territoriale accorda une charte prévoyant « la création et la réglementation des écoles » (Bennion, p. 40), mais pendant quelques années, la lutte pour la survie éclipsa les efforts pour mettre en place un système officiel d'éducation. Les premières écoles d'Utah furent privées, payées par les parents ou par des étudiants adultes et les cours se faisaient pendant la journée ou le soir selon les besoins locaux, les intérêts et les ressources (Rich, p. 13, 17 et 18). La fréquentation augmentait et diminuait avec les saisons et les exigences d'une société agricole dans laquelle la main d’œuvre était rare et précieuse. Les programmes variaient également et dépendaient souvent des compétences ou des centres d’intérêt de l'enseignant ; certaines écoles proposaient les branches traditionnelles, d'autres des activités plus pratiques telles que la menuiserie ou la maçonnerie. L'existence de ces écoles de frontière était toujours précaire et leur fonctionnement intermittent (Rich, p. 18), mais elles témoignent de manière éloquente et souvent émouvante du désir d’éducation des pionniers mormons, parce qu’elles exigeaient le sacrifice considérable d’un temps et de ressources limités.

La philosophie de l'éducation de Brigham Young était pratique et pragmatique, mais il n'était pas opposé, comme on l'a parfois cru, à une éducation libérale ; il estimait tout simplement qu’on y tenait trop dans l'environnement éducatif de son époque (Bennion, p. 107). « L’éducation va-t-elle vous nourrir et vous vêtir, vous garder au chaud par une froide journée ou vous permettre de construire une maison ? Pas du tout. Faut-il pour autant discréditer l’éduction ? Non. À quoi sert-elle ? À nous cultiver, à nous instruire de tous les arts et sciences, de l'histoire du monde, des lois des nations, à nous permettre de comprendre les lois et les principes de la vie et la façon dont nous pouvons être utiles de notre vivant » (JD 14:83). Il croyait que « tous les arts et toutes les sciences connus et étudiés par les enfants des hommes sont inclus dans l'Évangile » (JD 12:257).

La philosophie du président Young en matière d’éducation fut renforcée par Karl G. Maeser, un pédagogue allemand qui devint membre de l'Église et émigra en 1860 à Salt Lake City. En 1876, Brigham Young nomma Maeser directeur de l'Académie Brigham Young à Provo (voir Académies). « C’est cet éducateur allemand qui fut en grande partie à l’origine du mouvement des académies et de la direction que prit la politique de l'Église en matière d'éducation » (Bennion, p. 117). Sa conception de l'éducation était marquée par la conviction que « la connaissance doit être soutenue par des qualités morales correspondantes. La formation de la personnalité dépend de la nature de la formation morale qui accompagne la progression intellectuelle » (Maeser, p. 43). Pour lui, la religion était « le principe fondamental de l'éducation » et en était « le moteur le plus efficace » (Maeser, p. 56). School and Fireside, (1898), son traité influent et largement diffusé, mettait clairement en évidence le fait que les fonctions essentielles de l'éducation étaient de préparer les gens pour la vie pratique dans la famille et dans le pays et de leur inculquer les principes fondamentaux du développement spirituel.

Dans les premiers temps des pionniers, la plupart des écoles du Territoire de l'Utah étaient des écoles de l'Église et la religion faisait partie intégrante du programme des cours. Avec la diversification croissante de la population de l'Utah et l'adoption de la Loi Edmunds-Tucker en 1887, qui eut pour effet d'interdire l'enseignement de la religion dans les écoles publiques, l'Église chercha d’autres moyens d'assurer un enseignement spirituel pour ses jeunes. Entre 1890 et 1929, l'Église parraina des cours spéciaux de religion organisés dans les églises de quartier pour les enfants du premier au neuvième degré dans un mouvement qui fut « le premier effort des mormons pour compléter (mais pas pour remplacer) l’éducation laïque » ; ce fut « la première expérience de l'Amérique pour assurer une formation religieuse distincte en semaine pour les enfants de l'école publique » (Quinn, p. 379).

Cette entreprise déboucha sur le département d’éducation de l'Église, qui se compose de plusieurs niveaux. Il y a tout d'abord le séminaire, un programme d'éducation religieuse quotidienne donné dans un bâtiment construit près de l'école pour le neuvième au douzième degré, qui prévoit l'étude du Livre de Mormon, de l’Ancien Testament, du Nouveau Testament et de Doctrine et Alliances/Histoire de l’Église. Deuxièmement, des instituts de religion avoisinant les campus desservent les étudiants inscrits dans les programmes postsecondaires en proposant des cours de religion, habituellement organisés deux fois par semaine pour convenir aux horaires de l’université. En troisième lieu, l'Église parraine quatre établissements d'enseignement supérieur : l’université Brigham Young à Provo, Utah, l’université Brigham Young-Hawaii à Laie, Hawaii, le Ricks College à Rexburg, Idaho, et le LDS business College à Salt Lake City. En outre, au Mexique et dans le Pacifique, l'Église gère sept écoles primaires, treize facultés universitaires et neuf écoles secondaires qui assurent une formation tant laïque que religieuse.

En 1988-1989, le département d’éducation de l'Église couvrait 90 pays ou territoires et desservait environ 250 000 étudiants de séminaire, 124 500 étudiants d’institut, 37 600 étudiants dans les universités et les collèges de l'Église et 9 300 étudiants dans d'autres écoles de l'Église. Le département emploie plus de 4 100 employés à temps plein et à temps partiel en plus des 15 000 membres qui sont appelés à enseigner dans les programmes de séminaire et d'institut.

En somme, l'attitude de l'Église vis-à-vis de l’éducation est spéciale à plusieurs égards. Tout d'abord, l'Église se distingue par le degré auquel ses membres, les adultes aussi bien que les enfants, participent aux nombreuses activités éducatives de l'Église : « Notre peuple croit en l'éducation : l’acquisition de connaissances et la culture de l'esprit. L'Église elle-même est en fait une institution éducative. Par tradition, nous sommes un peuple épris d'éducation » (Widtsoe, 1944, p. 666). Deuxièmement, elle considère l'éducation comme une composante essentielle de la vie religieuse : « Toute vie est centrée sur certaines idées fondamentales... Le fait que [Dieu] a promis d’autres révélations est pour moi une invitation à garder l’esprit ouvert et à être prêt à suivre partout où ma recherche de la vérité peut me conduire » (Brown, 1969, p. 11). En troisième lieu, elle entretient la conviction profonde que la connaissance a une dimension éternelle parce qu’elle fait avancer le libre arbitre et la progression de l'homme ici-bas et dans le monde à venir : « La science créatrice et la religion révélée trouvent leur expression la plus complète et la plus vraie dans un climat de liberté... N’ayez pas peur des idées nouvelles, car elles sont comme un tremplin vers le progrès. Vous devez, bien sûr, respecter les opinions des autres mais n’ayez pas peur de marquer votre désaccord – si vous êtes informé » (Brown, 1958, p. 2-3). Quatrièmement, elle insiste sur le fait que l’instruction laïque et l’instruction spirituelle ne s’opposent pas mais s’accordent entre elles : les saints des derniers jours ne mettent pas l'accent sur « l'éducation spirituelle de l'homme au détriment de son éducation intellectuelle et physique... Il ne s’agit pas d’estimer moins l'éducation intellectuelle et physique, mais d’estimer davantage l'éducation spirituelle » (Roberts, p. 122-123). « La connaissance profane doit être désirée » comme un outil entre les mains des justes, mais « la connaissance spirituelle est une nécessité » (S. Kimball, Faith Precedes the Miracle, p. 280).

Bibliographie
Bennion ; Milton Lynn. Mormonism and Education. Salt Lake City, 1939.
Brown, Hugh B. “An Eternal Quest – Freedom of the Mind”. BYU Speeches of the Year, 13 mai 1969.
Brown, Hugh B. “What Is Man and What He May Become”, BYU Speeches of the Year, 25 mars 1958.
Clark, J. Reuben, Jr. “The Charted Course of the Church in Education”. Provo, Utah, 1936.
Clark, Marden J. « On the Mormon Commitment to Education. Dialogue 7, hiver 1972, p. 11-19.
Gardner, David P. et Jeffrey R. Holland. « Education in Zion : Intellectual Inquiry and Revealed Truth ». Sunstone 6, janv. févr. 1981, p. 59-61.
Kimball, Spencer W. “Second Century Address”. BYU Studies, été 1976, p. 445-457.
Maeser, Karl G. School and Fireside. Utah, 1898.
Nibley, Hugh W. « Educating the Saints » et « Zeal Without Knowledge”. Dans Nibley on the Timely and the Timeless, dir. de publ. T. Madsen, p. 229-277. Provo, Utah, 1978.
Quinn, D. Michael. « Utah’s Educational Innovation : LDS Religious Classes, 1890-1929 ». Utah Historical Quarterly 43, 1975, p. 379-389.
Rich, Wendell O. Distinctive Teachings of the Restoration, p. 7-34, 161-188. Salt Lake City, 1962.
Roberts, B. H. « The Mormon Point of View in Education ». IE 2, déc. 1898, p. 119-126.
Salisbury, H. S. “History of Education in the Church of Jesus Christ of Latter Day Saints”. 15 juillet 1922, p. 257-281.
Widtsoe, John A. “The Returning Soldier”. IE 47, nov. 1944, p. 666, 701-702.
Young Brigham, Discourses of Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, p. 245-263. Salt Lake City, 1968.
DAVID P. GARDNER

 
Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours
Auteur : PORTER, BRUCE DOUGLAS

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est le nom officiel de l’Église fondée, le 6 avril 1830, à Fayette (New York), sous la direction du prophète Joseph Smith. On l’appelle communément Église mormone à cause de sa croyance au Livre de Mormon et les membres sont souvent appelés mormons ou saints des derniers jours. Créée officiellement, à l’origine, avec six membres, l’Église a grandi pour devenir une organisation internationale qui compte des millions de membres dans beaucoup de pays du monde.

De 1830 à 1838, les membres de l’Église l’appelaient « Église des saints des derniers jours » ou « Église du Christ ». Le 26 avril 1838, le titre officiel de l’Église a été donné par révélation : « Car c’est là le nom que portera mon Église dans les derniers jours, c’est-à-dire l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours » (D&A 115:4).

Chaque partie de ce nom est importante. « Église de Jésus-Christ » indique que Jésus-Christ se tient à la tête de l’Église et que son Évangile, ses enseignements et son autorité divine constituent les fondements de l’Église. Le terme « saints » a le même sens que le mot utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner un membre du groupe de l’alliance (Ac. 9:13, 32, 41 ; Ro. 1:7 ; Phil. 1:1 ; voir saints des derniers jours). Il n’a rien à voir avec le sens que lui donnent les traditions catholique ou orthodoxe. Le terme « des derniers jours » indique que l’Église a été rétablie dans la dernière ère de l’histoire humaine précédant l’avènement du Christ et distingue également l’Église actuelle de l’organisation « des premiers jours » fondée par le Christ pendant son ministère terrestre en Palestine. L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours est un rétablissement divin de l’Église originelle de Jésus-Christ et la gardienne désignée de sa doctrine, de son autorité et de sa mission divine (voir Organisation : Organisation contemporaine).

L’Église est le royaume de Dieu sur la terre, une institution divinement créée par laquelle Dieu accomplit ses buts concernant le salut de ses enfants. Pour le président Spencer W. Kimball, l’Église a trois objectifs principaux pour aider les gens à aller au Christ, des objectifs parfois appelés sa triple mission. La première est de proclamer l’Évangile à toute l’humanité. L’Église le fait grâce à une grande armée de missionnaires, ainsi que par les efforts de ses membres. La deuxième est de perfectionner les saints, ce qui veut dire leur enseigner l’Évangile du Christ, administrer les ordonnances essentielles du salut et les aider dans un processus de repentir, de service et de préparation pour la vie éternelle, qui durera toute une vie. La troisième mission de l’Église est de racheter les morts, permettant à des générations de défunts, qui n’ont eu aucune occasion d’accepter l’Évangile dans la condition mortelle, de recevoir les vérités et les ordonnances du salut. Cette œuvre se fait grâce à des ordonnances accomplies par procuration dans les temples de l’Église. Pour ce faire, l’Église invite ses membres à faire leur histoire familiale. Plus tard, les présidents de l’Église pourront modifier ces missions ou y ajouter selon les directives ou l’inspiration du Seigneur.

L’Église est également une société de croyants qui crée un cadre permettant un effort coopératif, un soutien mutuel et une aide temporelle quand c’est nécessaire. Les liens de l’amour entre les saints sont une condition essentielle à l’accomplissement des buts de l’Église et sont identifiés dans les Écritures comme étant un signe de la véritable Église de Dieu (Jn. 13:35 ; voir Signes de la véritable Église). Les saints des derniers jours se considèrent comme le « peuple de l’alliance » du Seigneur, héritiers de l’alliance antique entre Dieu et Abraham et, par naissance ou adoption, membres de la maison d’Israël. L’Église est l’instrument par lequel Dieu rassemble les tribus dispersées d’Israël dans les derniers jours selon ses promesses à Abraham et à d’autres prophètes bibliques.

L’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours se distingue de plusieurs manières fondamentales des autres Églises chrétiennes. La plupart de ces différences proviennent de la croyance essentielle de l’Église en la révélation continue. Ainsi, les saints des derniers jours acceptent la sainte Bible comme étant la parole de Dieu et ils acceptent aussi le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix comme Écritures et comme ouvrages canoniques. Ils acceptent l’appel des prophètes et des apôtres modernes, en de Joseph Smith à nos jours. La doctrine des saints concernant la nature de la Divinité, le plan du salut, la réalité de l’autorité dans la prêtrise et l’interprétation des prophéties scripturaires diffère également à divers égards de celle des branches catholique, orthodoxe ou protestante du christianisme. Les saints des derniers jours mettent l’accent sur la liberté et la tolérance religieuses. L’Église ne participe pas aux activités œcuméniques officielles ; elle tient cependant à coopérer avec d’autres organismes religieux, civils et éducatifs à l’avancement d’objectifs éthiques et sociaux communs (voir Relations interconfessionnelles).

L’Église est gouvernée par l’autorité de la prêtrise. Le terme « prêtrise », chez les saints des derniers jours, désigne non seulement l’ensemble des hommes qui détiennent des postes ecclésiastiques dans l’Église, mais également l’autorité ou le pouvoir proprement dit qui leur a été donné par ordination à la prêtrise. Il y a deux divisions dans la prêtrise, une Prêtrise d’Aaron, et une prêtrise supérieure ou Prêtrise de Melchisédek. Tous les membres masculins dignes de l’Église à partir de douze ans sont ordonnés à la prêtrise, détenant normalement, de douze à dix-huit ans, des offices dans la Prêtrise d’Aaron et ensuite des offices dans la Prêtrise de Melchisédek. Les offices de la Prêtrise d’Aaron sont : diacre, instructeur, prêtre et évêque. Les offices de la Prêtrise de Melchisédek sont ancien, grand prêtre, patriarche, soixante-dix et apôtre.

L’Église se considère comme organisée selon le modèle de base de l’Église du Christ du premier siècle et conformément à une série de révélations données à Joseph Smith (D&A 20 et 107 ; 6e A de F). Les présidents successifs de l’Église ont affiné l’organisation pour répondre aux besoins et aux exigences d’une organisation internationale en expansion mais n’ont pas changé la structure fondamentale de l’Église telle qu’organisée à l’origine. L’Église est sous la direction d’un président, qui a généralement deux conseillers ; à eux trois, ils constituent la Première Présidence de l’Église.

Le deuxième groupe dirigeant, le Collège des douze apôtres, se compose de douze hommes appelés à être les « témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde entier » (D&A 107:23). Le Collège des Douze détient collectivement, de manière latente, la même autorité de prêtrise que le président de l’Église et, en cas de décès de celui-ci, est le corps constitué qui gouverne l’Église et installe un nouveau président. Les membres de la Première Présidence et du Collège des douze apôtres sont considérés et soutenus par la voix des saints des derniers jours comme prophètes, voyants et révélateurs, recevant la révélation directe de Jésus-Christ. Ces frères sont aidés par les membres des collèges des soixante-dix et par l’Épiscopat Président.

Les collèges des soixante-dix, chacun composé d’un nombre d’hommes pouvant aller jusqu’à soixante-dix, ont la responsabilité spéciale de l’œuvre missionnaire et dirigent également les activités de l’Église dans des régions géographiques sous la direction des Douze. L’Épiscopat Président est responsable des affaires temporelles de l’Église, notamment les finances, les registres et les bâtiments et de la gestion du programme du service d’entraide de l’Église. Tous ces hommes sont considérés par les saints des derniers jours comme Autorités générales parce que leur autorité s’étend sur l’Église entière. Le siège social et les bureaux administratifs centraux de l’Église sont situés à Salt Lake City (Utah).

Le président de l’Église reçoit la révélation de Dieu qui a trait à toute l’Église, mais tous les dirigeants et membres ont droit à l’inspiration dans le domaine dont ils sont responsables et concernant leur vie personnelle. Ce principe de la révélation contribue à susciter l’unité et un but commun dans l’Église et en fait comme un organisme vivant, le « corps du Christ » (1 Co. 12:12-28 ; Col. 1:18).

Les Autorités générales président l’Église dans le monde entier, supervisant ceux qui administrent les unités géographiques appelées paroisses, pieux, régions et interrégions. Un pieu est un groupe de paroisses, une région est un groupe de pieux et une interrégion est un groupe de régions. Une paroisse est une assemblée de saints comptant habituellement de deux cents à six cents membres. Les paroisses sont habituellement organisées selon des frontières géographiques et tous les membres vivant dans ces limites appartiennent à la même paroisse. Une paroisse est dirigée par un évêque qui remplit habituellement cette fonction pendant cinq ans environ et est appelé d’entre les membres de l’assemblée ; sous la direction de l’évêque, les offices dans la paroisse sont normalement confiés aux membres de celle-ci. Un ensemble de paroisses, habituellement pas plus de dix, constitue un pieu, dirigé par un président de pieu, également appelé d’entre les membres du pieu. Le terme « pieu » a été donné par révélation (D&A 101:21) et est lié à la terminologie de l’Ancien Testament désignant Sion comme une grande tente maintenue par des cordes et des pieux ou des piquets (És. 33:20 ; 54:2). Dans les régions où la population de l’Église est trop petite pour que des paroisses et des pieux soient organisés, elle est administrée par des missions, des districts et des branches. Bien que la fonction principale des missions soit de proclamer l’Évangile, dans certaines régions du monde, elles administrent également de plus petites unités de l’Église appelées districts, qui se composent de branches habituellement constituées de moins de deux cents membres. Il peut également y avoir des branches dans les pieux si les unités sont trop petites pour constituer une paroisse.

Dans les paroisses et les branches de l’Église, il y a des organisations auxiliaires spécialisées dont le but est de répondre aux besoins spécifiques des groupes au sein de l’Église. Elles fournissent un appui important aux collèges de la prêtrise. La plus grande d’entre elles est la Société de secours, l’organisation des femmes créée en 1842 sous la direction du prophète Joseph Smith. Elle assure l’enrichissement culturel, social et spirituel des femmes de l’Église et rend également des services compatissants aux familles dans le besoin, d’où le nom Société de secours.

Les autres auxiliaires de l’Église sont la Primaire, responsable de l’enseignement des enfants de moins de douze ans, l’organisation des Jeunes Gens, pour les garçons de douze à dix-huit ans, l’organisation des Jeunes Filles pour les filles du même groupe d’âge et l’organisation de l’École du Dimanche, qui gère l’enseignement dominical de la doctrine de l’Évangile aux jeunes et aux adultes.

Les officiers et les instructeurs locaux de l’Église ne reçoivent aucune rémunération. Aucune formation officielle n’est exigée pour détenir des postes dans l’Église et il n’y a aucune espèce de carrière sacerdotale (voir Participation et direction laïques). Une personne reçoit un appel, une invitation officielle, à remplir un poste déterminé par les autorités de l’Église responsables de l’unité de l’Église concernée ; ces appels se font sous l’inspiration divine.

Des offices religieux réguliers ont lieu dans chaque paroisse. Les membres de la paroisse se réunissent chaque dimanche pour un service général de culte appelé réunion de Sainte-Cène. La Sainte-Cène est bénie et distribuée, les affaires de paroisse sont traitées, on chante des cantiques et des membres de l’assemblée font des discours inspirants sur des sujets d’Évangile. Les membres se réunissent aussi chaque dimanche en groupes plus restreints de prêtrise ou d’organisations auxiliaires. En tout, les réunions officielles du dimanche peuvent durer jusqu’à trois heures. Les communautés de saints des derniers jours participent à tout un mode de vie et une famille typique est susceptible de passer plusieurs heures chaque semaine à des activités, des réunions et du service en rapport avec l’Église (voir Réunions principales de l’Église). Les conférences régulières de paroisse, de pieu, de région, d’interrégion et générales assurent la continuité et l’intégration dans l’ensemble de la communauté de l’Église.

Les saints des derniers jours considèrent la famille comme l’unité de base de l’Église et de la société et mettent l’accent sur la sainteté du mariage et l’importance des liens familiaux. Les mormons croient que le mariage et les relations familiales peuvent continuer au-delà de cette vie dans les éternités, que les hommes et les femmes sont égaux aux yeux de Dieu et que les bénédictions de l’Évangile tournent autour de la famille.

Dans le passé, les observateurs ont pu considérer l’Église comme étant essentiellement un phénomène propre à l’Ouest des États-Unis ou du moins comme une église américaine. Cependant, en 1990, presque quarante pour cent des membres vivaient en dehors des États-Unis. La croissance internationale de l’Église a été rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, particulièrement en Amérique latine, dans le Pacifique sud, en Australie et dans des régions de l’Asie et de l’Afrique. Cette croissance a sans doute été le plus grand défi que l’Église a dû relever ces dernières décennies. À la fin de 1990, presque 50.000 membres faisaient une mission d’un à trois ans, la majorité d’entre eux en dehors des États-Unis. Ce corps de missionnaires, devenu expert dans beaucoup de langues, donne une dimension cosmopolite à l’Église contemporaine.

Parlant au prophète Joseph Smith, le Seigneur a décrit l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours comme « la seule Église vraie et vivante sur toute la surface de la terre et en laquelle moi, le Seigneur, je me complais » (D&A 1:30).
BRUCE DOUGLAS PORTER

Église et État
Auteur : Durham, W. Cole

Les saints des derniers jours croient que la séparation de l'Église et de l'État est essentielle dans les sociétés modernes avant l’arrivée du millénium. Les Écritures modernes enseignent que les lois civiles ne doivent pas s’ingérer dans les pratiques religieuses et que les institutions religieuses ne doivent pas manipuler les gouvernements à leur profit. De nombreux enseignements chez les saints mettent l'accent sur le rôle des gouvernements dans la protection de la liberté de conscience individuelle. L'Église est active dans des pays ayant différents types de gouvernement et encourage ses membres à participer à la vie publique et à respecter les lois du pays (voir Devoirs civiques). Les pratiques des saints avaient tendance à être plus intégrationnistes et plus théocratiques dans les premiers temps d’isolation en Utah et sont devenues plus séparatistes au vingtième siècle.

Le discours au sein de l'Église sur les questions relatives à l'Église et l'État se situe au moins à deux niveaux : (1) dans les discussions sur les relations Église-État historiques et contemporaines et (2) dans les discussions sur les paramètres idéaux, tels qu'ils existeront au millénium, quand « le Christ régnera personnellement sur la terre » (10e art. de foi) ou dans le Royaume céleste.

Les principes du libre arbitre et de la liberté de conscience, qui sont fondamentaux dans la relation Église-État, s’appliquent aux deux plans du discours. Cependant, les implications institutionnelles de ces principes sont différentes dans les deux contextes. Dans le monde actuel, où les croyants sont soumis aux imperfections du gouvernement humain, la séparation de l'Église et de l'État est indispensable à la protection de la liberté religieuse. En revanche, sur le plan idéal, les saints des derniers jours s’attendent à des institutions théocratiques plus intégrées ou à ce que Joseph Smith a appelé des institutions « théodémocratiques » (T & S 5, 15 avril 1844, p. 510), tant à cause de la légitimité inhérente du règne divin que parce que ceux qui participeront aux sociétés millénaires ou célestes accepteront volontiers ce genre de gouvernement. Néanmoins, les prophètes mormons ont toujours enseigné que même dans la société millénaire la liberté de conscience sera respectée. Par exemple, Brigham Young a déclaré : « Au cours du Millénium les hommes auront droit à leur propre croyance » (JD 12:274; cf. DS 3:63-64). L'Église ne préconise pas la théocratie pour le monde prémillénaire. Elle dit à ses membres d’être « soumis aux pouvoirs qui existent jusqu'à ce que règne celui dont c’est le droit de régner" (D&A 58:22), c'est-à-dire, jusqu'à ce que le Christ vienne.

Entre-temps, plusieurs principes sont d'application. Comme nous le disions plus haut, l'idée fondamentale est que les êtres humains ont le libre arbitre et un certain nombre de droits humains inhérents, notamment « la liberté de conscience » (D&A 134:2). L'Église déclare : « Nous croyons que la religion est instituée par Dieu, et que les hommes sont responsables… devant lui seul, de l'exercice de leur religion, à moins que leurs opinions religieuses ne les portent à empiéter sur les droits et les libertés d'autrui … que les magistrats civils doivent réprimer le crime, mais ne doivent jamais contraindre la conscience ; punir les délits, mais ne jamais supprimer la liberté de l'âme » (D&A 134:4). Cette reconnaissance de la liberté de conscience inclut une volonté de tolérance, comme le souligne le onzième article de foi de l'Église : « Nous affirmons avoir le droit d'adorer le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit à tous les hommes: qu'ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu'ils veulent. »

Un corollaire de la liberté de conscience, c'est que les lois humaines n'ont pas le droit « de s'immiscer en prescrivant des règles de culte pour enchaîner la conscience des hommes, ni de dicter des formes de dévotion publique ou privée » (D&A 134:4). Ce principe de non-ingérence de l'État dans les affaires religieuses implique qu’il proscrit non seulement toute atteinte à la pratique individuelle, mais aussi toute atteinte à l'autonomie de l'Église en tant qu’institution poursuivant sa mission religieuse. La position de l'Église à cet égard a reçu l’aval de la Cour suprême des États-Unis dans Corporation de l'évêque président de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et al. c. Amos et al. (483 US 327, 1987) et est conforme à la conception internationale de la liberté religieuse (par exemple, le Principe 16 du Document de clôture de la réunion de Vienne de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, 1989). Conformément à cette position, l'Église croit qu’elle doit conserver une indépendance stricte pour elle-même et pour les institutions qui lui sont affiliées, comme les écoles et les universités gérées par elle, et par conséquent n'accepte aucune aide ou subvention directe provenant de sources gouvernementales à cause de l'ingérence réelle ou potentielle dans la gestion que cela pourrait entraîner.

L'Église tient également à la séparation de l'Église et de l'État du point de vue religieux. «Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler l'influence religieuse au gouvernement civil, de sorte qu'une organisation religieuse est favorisée et qu'une autre se voit entravée dans ses droits spirituels et que ses membres se voient dénier personnellement leurs droits de citoyens. » (D&A 134:9). Cela ne signifie pas que l'Église ne peut pas prendre position sur des questions morales ou autres lorsqu’elle est motivée religieusement à le faire ou que des valeurs religieuses risquent d’être mises à l’écart de la vie publique ; cela ne signifie pas non plus que l'Église ne peut pas avoir une influence indirecte sur l'État suite aux efforts qu’elle fait pour enseigner des principes religieux et pour apporter une contribution positive dans la vie de ses membres. Ce que cela veut dire, c’est qu'il ne convient pas qu’une organisation religieuse manipule les rouages du pouvoir civil pour s’assurer des avantages pour elle-même ou des inconvénients pour les autres.

L'Église ne se considère pas comme une organisation de ce monde. Elle utilise les structures juridiques, telles que les sociétés ou autres organisations qui sont à sa disposition dans divers pays pour régler ses affaires temporelles et elle se conforme à toutes les exigences légales que cela implique, mais son autorité spirituelle ne dépend d’aucune institution profane. Les saints des derniers jours croient que leur Église est établie et guidée par Dieu par l’intermédiaire d’un prophète et d’apôtres qui détiennent les clés et l'autorité de la prêtrise requises pour enseigner les vérités de l'Évangile et pour officier dans les ordonnances nécessaires au salut et à l'exaltation.

L'Église enseigne l'importance du gouvernement et encourage ses membres à respecter la loi du pays où ils vivent. Les lois et les gouvernements humains sont certes imparfaits, mais ils jouent un rôle important en ce qu’ils préservent l’ordre et qu’ils assurent un contexte stable au sein duquel les individus peuvent chercher la vérité et s'efforcer de vivre selon ce que leur dicte leur conscience. Les autorités gouvernementales sont responsables devant Dieu «de leurs actes… tant pour la promulgation de lois que pour leur application pour le bien et la sécurité de la société » (D&A 134:1; cf. 124:49-50).

L’application dans l'histoire des principes qui précèdent a connu plusieurs phases. Dans la phase la plus ancienne, l'Église était essentiellement un petit groupe religieux persécuté cherchant la liberté religieuse et un endroit pour s'installer, tout d'abord dans l'ouest de l’état de New York, puis en Ohio, au Missouri et en Illinois. Pendant une grande partie de cette période, l'Église s'est fortement appuyée sur sa propre organisation pour gérer sa structure sociale. La Charte de Nauvoo a permis certains chevauchements entre l’Église et l’État. Vers la fin de la période de Nauvoo, Joseph Smith organisa le Conseil des cinquante, qui devait fournir un cadre potentiel au sein duquel le règne millénaire de Christ pourrait être organisé.

Pendant l'exode de Nauvoo jusqu’au Grand Bassin, qui eut lieu au milieu du XIXe siècle, l’organisation sociale, politique et économique fut gérée par l'Église, puisqu’il n’existait aucune autre organisation efficace. Les dirigeants de l'Église travaillèrent à la création d’institutions gouvernementales distinctes, d'abord sous la forme d'un État de Deseret, puis dans le Territoire d'Utah et à la poursuite des efforts pour que l'Utah obtienne le statut d’État. Cependant, durant une grande partie du XIXe siècle, le gouvernement fédéral en particulier se révéla être une force hostile plutôt qu'une force neutre dans la collectivité. Cela renforça la tendance dans l'Église à gérer la société par ses propres moyens. Le rêve d’édifier Sion contribua aussi à la tendance à passer par l'Église.

Lorsque le manifeste mit officiellement fin au mariage plural en 1890 et que l’Utah fut devenu un État en 1896, les tensions entre l'Église et les institutions de l'État se tassèrent progressivement et la confiance réciproque grandit. C’est pourquoi, au cours du XXe siècle, l'Église a poursuivi plus systématiquement une politique de séparation et a été libre de mettre l’accent sur sa mission essentiellement spirituelle. Elle existe maintenant dans plus de cent pays et cette internationalisation a encore renforcé l'idée que la mission essentielle de l'Église peut s’accomplir dans un large éventail de systèmes juridiques et politiques tant qu'il y a une séparation suffisante de l'Église et de l'État pour protéger efficacement la liberté religieuse. Les enseignements de l'Église renforcent chez ses membres une constellation de valeurs que la plupart des gouvernements considèrent comme bienvenues : la stabilité familiale, l’honnêteté, le travail, le refus de la drogue, la loyauté envers le pays et l'obéissance à la loi. Il en résulte que, si l'Église contribue au pluralisme religieux partout où elle se trouve, elle contribue simultanément à la stabilité sociale et à l'amélioration de diverses sociétés. [Voir aussi Devoirs civiques ; Lois constitutionnelles ; Histoire juridique et judiciaire de l'Eglise ; Politique : histoire politique ; Politique : enseignements politiques.]

Bibliographie
Firmage, Edwin Brown et Richard Collin Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830 -1900. Urbana, Ill., 1988.
Jensen, Therald N. "Mormon Theory of Church and State." thèse de doctorat, Université de Chicago, 1938.
Mangrum, Richard Collin. "Mormonism, Philosophical Liberalism, and the Constitution." BYU Studies 27, été 1987, p. 119-137.
Melville, J. Keith. "Theory and Practice of Church and State During the Brigham Young Era." BYU Studies 3, automne 1960, p. 33-55.
Taylor, John. The Government of God. Liverpool, 1852.
W. COLE DURHAM, JR.

 
Élie

[À cause du rôle qu’il doit jouer selon la prophétie (Mal. 4:5-6), Élie est devenu un sujet de traditions et de légendes comme l’explique l’article Élie : Sources antiques. De plus, comme l’exprimé l’article Élie : Sources de l’Église, les enseignements modernes éclairent le rôle actuel d’Élie aussi bien que l’accomplissement de l’attente prophétique qui lui est associée.]

Élie : Sources de l’Église
Auteur : DAY, FRANKLIN D.
 
Lors d’une manifestation divine accordée le soir du 21 septembre 1823 au jeune Joseph Smith, l’ange Moroni cita Malachie 4:5-6, une prophétie qui concerne les activités d’Élie dans les derniers jours. La version de Moroni, qui diffère du texte biblique actuel, décrit et éclaircit le rôle prophétisé d’Élie :

« Voici, je vous révélerai la Prêtrise par la main d'Élie, le prophète, avant que le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cœur des enfants les promesses faites aux pères, et le cœur des enfants se tournera vers leurs pères ; s'il n'en était pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée à sa venue » [JS–H 1:38-39 ; D&A 2].

La prophétie de Malachie prévoyait qu’Élie jouerait un rôle important « avant que le jour de l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable » (Mal. 4:5). Élie était doté du pouvoir de la prêtrise de Dieu. Avec ce pouvoir, il déclara au roi Achab qu’aucune pluie ne tomberait sur la terre (1 R. 17:1). En conséquence, les cieux furent scellés et l’Israël antique connut, pendant trois ans et demi, une période de sécheresse désastreuse. Quand Élie fut enlevé au ciel sur un char de feu, sa mission terrestre semblait terminée. Mais le pouvoir de scellement qu’il exerçait ne faisait que marquer le commencement de sa responsabilité concernant ce pouvoir éternel de la prêtrise.

À la fin de sa vie terrestre, Élie fut enlevé, c’est-à-dire qu’il connut une sorte de changement par rapport à la condition mortelle sans passer par la mort (voir Êtres enlevés). Les saints des derniers jours concluent qu’une raison importante de l’enlèvement d’Élie était de lui permettre de revenir sur terre pour conférer des clefs d’autorité aux trois principaux apôtres avant la crucifixion et la résurrection de Jésus (voir Montagne de la Transfiguration). Puisque les esprits ne peuvent pas imposer les mains aux mortels (D&A 129) et puisque Moïse et Élie ne pouvaient pas revenir comme êtres ressuscités parce que Jésus devait être le premier à ressusciter (Packer, p. 109 ; cf. EPJS, p. 153), la nécessité de l’enlèvement d’Élie et de Moïse est évidente. Sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9), Élie rétablit spécifiquement les clefs de prêtrise du scellement, le pouvoir qui lie et valide dans les cieux toutes les ordonnances accomplies sur la terre (cf. EPJS, p. 273).

Le 3 avril 1836, dans une vision donnée à Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple récemment terminé de Kirtland, Élie apparut et annonça que le moment était venu où la prophétie de Malachie devait s’accomplir. Il conféra les clefs de scellement de la prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A 110:13-16). Ce rétablissement était nécessaire pour que les ordonnances de scellement et les alliances de Dieu puissent être administrées en justice sur la terre (DS 2:116). Joseph Smith expliqua : 

« L’esprit, le pouvoir et l’appel d’Élie c’est que vous avez le pouvoir de détenir les clefs des révélations, des ordonnances, des oracles, des pouvoirs et des dotations de la plénitude de la Prêtrise de Melchisédek et du royaume de Dieu sur la terre et de recevoir, d’obtenir et d’accomplir toutes les ordonnances appartenant au royaume de Dieu… Ce que vous scellez sur la terre, par les clefs d’Élie, est scellé au ciel ; et c’est là le pouvoir d’Élie » [EPJS, p. 273].

Par le pouvoir de scellement de la prêtrise, hommes et femmes peuvent être scellés l’un à l’autre dans le mariage pour toute l’éternité dans un des temples de Dieu. En outre, les enfants peuvent être scellés pour toujours à leurs parents. Ainsi l’organisation familiale continue éternellement (Sperry, p. 139).

Parce que beaucoup sont morts sans la connaissance des principes de l’Évangile ni l’occasion de recevoir les ordonnances de la prêtrise, la mission moderne d’Élie permet de faire accomplir ces ordonnances de scellement par procuration sur la terre pour ceux qui sont morts, donnant ainsi à tous la possibilité d’être sauvés (cf. DS 2:117-118). Le prophète Joseph Smith a proposé l’explication suivante : 

« L’esprit d’Élie doit venir, l’Évangile doit être rétabli… et les saints monter comme sauveurs sur le mont de Sion. Mais comment vont-ils devenir sauveurs sur le mont de Sion ? En construisant leurs temples, en érigeant leurs fonts baptismaux et en s’avançant et en recevant toutes les ordonnances, les baptêmes, les confirmations, les ablutions, les onctions, les ordinations et les pouvoirs de scellement sur leur tête en faveur de tous leurs ancêtres qui sont morts, et en les rachetant… et c’est en cela que se trouve la chaîne qui lie le cœur des pères aux enfants et les enfants aux pères, ce qui accomplit la mission d’Élie » [EPJS, p. 267].

Quand ils parlent de l’esprit d’Élie (voir Élie, Esprit d’), les saints des derniers jours veulent dire au moins deux choses. D’abord, la promesse du salut faite aux pères a été renouvelée à l’Église moderne (JS–H 1:38-39 ; D&A 27:9-10). En second lieu, le cœur des hommes et des femmes s’est considérablement tourné vers leurs pères comme le prouve l’augmentation spectaculaire du nombre de sociétés et de bibliothèques généalogiques, ainsi que d’organisations de recherche généalogique ou d’histoire familiale diverses dans une grande partie du monde. L’esprit d’Élie a motivé des milliers de personnes à faire des investissements considérables en argent et en temps pour découvrir les documents des ancêtres de leur famille et pour réunir ces documents pour former une histoire familiale (DS 2:122-126 ; voir Généalogie, Histoire familiale). En plus des nombreux centres d’histoire familiale, l’Église a construit beaucoup de temples où les ordonnances salvatrices sacrées de la prêtrise peuvent être accomplies pour les vivants et les morts (voir Salut des morts).

Bibliographie
Packer, Boyd K. Le Temple sacré. Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph Fielding. DS 2:100-128. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Widtsoe, John A. "Elijah, The Tishbite." Utah Genealogical and Historical Magazine 27, avril 1936, p. 53-60.
FRANKLIN D. DAY 

Élie : Sources antiques
Auteur : WERBLOWSKY, R.J. ZVI
 
Élie, dans la tradition juive, était un prophète israélite qui était actif dans le royaume du nord pendant les règnes du roi Achab (et sa femme Jézabel) et du roi Achazia (IXe s. av. J.-C.). Son nom est peut-être un surnom : Eli-yahu (YHWH, ou Jéhovah, est Dieu), exprimant sa mission première comme prophète : le culte exclusif et pur de YHWH et l’opposition intransigeante au culte cananéen païen de Baal. Ses activités sont décrites dans 1 Rois 17-2 Rois 2, et expliquent qu’il soit devenu dans la tradition juive le symbole du zèle religieux intransigeant. Ce dernier connut son point culminant dramatique dans son affrontement sur le mont Carmel avec les prêtres de Baal après une longue période de sécheresse dont Élie avait prophétisé qu’elle viendrait comme châtiment pour le culte idolâtre de Baal. (L’ordre monastique catholique des Carmélites, prenant pour modèle la vie ascétique d’Élie dans le désert, le considère comme son père spirituel.) Contrairement aux prophètes « littéraires » ultérieurs, Élie est également décrit comme faiseur de miracles, mais il a en commun avec eux la forte insistance sur la justice sociale, comme le prouve son autre grand différend avec le roi et la reine à propos de la vigne de Naboth (1 R. 21) que le couple royal convoitait.

Selon le récit biblique, Élie ne connut pas une mort ordinaire mais fut enlevé au ciel dans un tourbillon par un char de feu tiré par des chevaux de feu. Par conséquent, à la différence des autres prophètes, un grand nombre de légendes et de croyances sont apparues à son sujet. On dit qu’il revient fréquemment sur terre, habituellement déguisé en paysan, en mendiant ou même en païen incognito pour aider ceux qui sont dans la détresse ou en danger, disparaissant aussi soudainement qu’il est apparu. On dispose une chaise et on verse une coupe de vin pour Élie à chaque célébration de la pâque. On croit aussi qu’il est présent à chaque cérémonie de circoncision et une chaise spéciale (« la chaise d’Élie ») pour sa présence invisible est placée à côté de celle du parrain qui tient le bébé masculin. Cette croyance particulière peut être due à deux facteurs : le statut angélique d’Élie (puisqu’il est monté au ciel) et le fait que le prophète Malachie l’appelle « le messager de l’alliance » (Mal. 3:1). Dans l’usage juif, le terme berith (« alliance ») signifie plus spécifiquement « l’alliance de la circoncision » (cf. Ge. 17:9-10). Élie joue également un rôle important dans le mysticisme juif où il apparaît comme messager céleste révélant des mystères divins.

Mais il y a quelque chose de plus important que tous les autres aspects, c’est le rôle eschatologique d’Élie dans la tradition juive. Comment et pourquoi ce rôle s’est développé, c’est quelque chose de difficile à reconstituer, mais dès le temps de Malachie, l’un des derniers prophètes de l’Ancien Testament, certaines de ces croyances semblent avoir déjà existé : « Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et redoutable » (Mal. 4:5). Élie a graduellement assumé le rôle de précurseur du Messie et de messager annonçant sa venue. Certains des contemporains de Jésus (cf. Mt. 16:13-14) semblent avoir pensé qu’il pouvait être Élie (Mt. 11:14 ; 17:10-13) d’une manière qui suggère que Jean-Baptiste, comme précurseur et héraut du Messie, était Élie, c’est-à-dire qu’il s’acquittait de sa fonction eschatologique. Les écrits apocryphes ultérieurs (par exemple, l’Apocalypse d’Élie) rattachent à Élie les « révélations » concernant les dernières choses qu’ils rapportent. Des éléments des traditions et des légendes juives sur Élie ont également été adoptés et développés de différentes manières par l’islam.

Bibliographie
"Elijah." Encyclopaedia Judaica, vol. 6. Jérusalem, 1972.
Il y a un recueil pratique des sources juives post-bibliques dans Louis Ginzberg, Legends of the Jews, vol. 6, 3ème réimpression. Philadelphie, Pennsylvanie, 1967, p. 133-135 (sous « Elijah »). On peut trouver un très bon résumé dans M.J. Stiassny, "Le Prophète Élie dans le Judaïsme", dans Élie le Prophète, Études Carmélitaines, vol. 2, 1956, p. 199-255.
Pour les traditions islamiques, voir « Ilyas » et « Al-Khadir » dans Encyclopaedia of Islam.
R.J. ZVI WERBLOWSKY
 
Élie, Esprit d’
Auteur : FINLAYSON, MARY
 
Pour les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, l'esprit d'Élie est l'esprit de la parenté et de l'unité de la famille. C'est l'esprit qui motive le souci de découvrir les membres de la famille ancestrale par l’histoire familiale et d’accomplir en leur faveur des baptêmes par procuration, des dotations au temple et des ordonnances de scellement (HC 6:252). Ceci est considéré comme l’accomplissement de la prophétie de Malachie que dans les derniers jours Élie « ramènera le cœur [en hébreu, la partie la plus intime, comme l’âme, les affections] des pères à leurs enfants, et le cœur des enfants à leurs pères » (Mal. 4:5-6).

L'apparition d'Élie en 1836 au prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland a renouvelé cet esprit (D&A 110:13). L'esprit d'Élie est actif dans l'impulsion que l’on ressent à trouver et à chérir les membres de la famille et les liens familiaux passés et présents. Au sens global du terme, l'esprit d'Élie est l'esprit d'amour qui pourra finalement vaincre toutes les aliénations de la famille humaine. Alors le pouvoir de la prêtrise pourra lier les générations entre elles dans des relations familiales éternelles et « sceller les enfants aux pères et les pères aux enfants » dans l'Évangile de Jésus-Christ (WJS, P. 329).

Bibliographie
Smith, Joseph Fielding. "Elijah the Prophet and His Mission." Utah Genealogical and Historical Magazine 12, janvier 1921, p. 1-20.
MARY FINLAYSON
 
Élohim
Auteur : MESERVY, KEITH H.

Élohim (Dieu ; dieux ; Père céleste) est la forme plurielle du nom ‘eloah (comparer avec l’arabe Allah) dans la bible hébraïque, où elle est employée 2.570 fois par rapport à 57 fois pour le singulier. Mais comme un commentateur l’a noté, la raison pour laquelle cette « forme plurielle pour désigner Dieu est employée n’a pas encore été expliquée d’une manière satisfaisante » (Botterweck, vol. 1, p. 272).

UTILISATION AU SINGULIER. Élohim apparaît dans la Bible hébraïque comme nom commun identifiant le Dieu d’Israël : « Au commencement, Dieu [elohim] créa [verbe singulier] les cieux et la terre » (Ge. 1:1). Il était également souvent employé parallèlement à Jéhovah, nom propre du Dieu d’Israël : « Jacob dit : Dieu [elohim] de mon père Abraham… Éternel [Jéhovah] qui m’as dit : Retourne dans ton pays » (Ge. 32:9 ; voir aussi Jéhovah, Jésus-Christ).

Les saints des derniers jours emploient le nom Élohim dans un sens plus restrictif comme nom propre et titre pour désigner le Père céleste (voir le Dieu le Père). La Première Présidence de l’Église a écrit : « Dieu, le Père éternel, que nous désignons sous le nom-titre exalté ‘Élohim’, est le Père littéral de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ et des esprits du genre humain » (MFP 5:26 ; voir aussi les Exposés doctrinaux de la Première Présidence, « Le Père et le Fils » dans les annexes du vol. 4).

UTILISATION AU PLURIEL. Les anciens Israélites utilisaient aussi élohim comme forme plurielle pour désigner les dieux de nations autres qu’Israël. En de telles occasions, les verbes et les adjectifs utilisés avec ce nom étaient également au pluriel. « Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » (Ex. 20:3 ; ici « autres » est un adjectif au pluriel).

Il arrive que les saints des derniers jours emploient Élohim dans son sens pluriel comme nom commun désignant la pluralité des dieux que l’on sait exister (EPJS, p. 300-303). Cependant, en dépit de leur croyance qu’il existe beaucoup de seigneurs et de dieux en plus d’Élohim, de Jéhovah et du Saint-Esprit (D&A 121:28-32), ils suivent l’exemple de Jésus et de Paul, qui adoraient leur Père céleste (Mt. 19:17 ; 1 Co. 8:4-6).

Bibliographie
Botterweck, G. Johannes, et Helmer Ringgren, dir. de publ. « Elohim ». Dans Theological Dictionary of the Old Testament, éd. rév., vol. 1, p. 267-284. Grand Rapids, Mich., 1977.
KEITH H. MESERVY
 
Éphraïm
Auteur : SMITH, BRIAN L.

Éphraïm était le fils de Joseph et d’Asenath et le frère cadet de Manassé (Ge. 41:50-52). Selon la Bible, quand Joseph amena ses deux fils à son père, Jacob, pour une bénédiction, Éphraïm reçut la bénédiction du droit d’aînesse au lieu de Manassé (Ge. 48:13-20), l’un des écarts que l’on trouve dans la Bible par rapport à la coutume d’accorder au fils aîné les droits spéciaux qui lui revenaient par droit de primogéniture. Le Seigneur continua à reconnaître la bénédiction d’Éphraïm des siècles plus tard quand il dit : « Je suis un père pour Israël, et Éphraïm est mon premier-né » (Jé. 31:9 ; cf. 1 Ch. 5:1-2). Les descendants d’Éphraïm continueront à exercer un rôle important. Le Livre de Mormon rapporte que le Joseph d’autrefois « a obtenu du Seigneur la promesse que, du fruit de ses reins, le Seigneur Dieu susciterait une branche juste à la maison d'Israël, non pas le Messie, mais une branche qui serait rompue pour être néanmoins gardée en mémoire dans les alliances du Seigneur » (2 Né 3:5). De plus, « un voyant de choix » sortirait des descendants de Joseph, voyant qui allait « accomplir, pour le fruit [des reins de Joseph], ses frères, une œuvre qui aura une grande valeur pour eux, à savoir, de les faire parvenir à la connaissance des alliances que [le Seigneur a] faites avec tes pères » (2 Né. 3:7). Beaucoup de saints des derniers jours croient qu’ils sont de la branche d’Éphraïm sur laquelle Joseph a prophétisé (2 Né. 3:5-16 ; D&A 133:30-34) et que le prophète Joseph Smith est le « voyant de choix » (3 Né. 3:6).

En raison de leur rébellion contre le Seigneur il y a de nombreux siècles, les descendants d’Éphraïm ont été dispersés parmi les nations des Gentils, avec des membres des autres tribus, à partir de la chute du royaume d’Israël v. 722 av. J.-C. (2 R. 17:5-6 ; voir aussi Israël : Dispersion d’Israël ; Israël : Tribus perdues d’Israël).

Dans les derniers jours, les descendants d’Éphraïm ont la bénédiction et la responsabilité de porter le message du rétablissement de l’Évangile au monde et de rassembler Israël dispersé (D&A 113:3-6). « Nous croyons au rassemblement littéral d'Israël et au rétablissement des dix tribus. Nous croyons que Sion (la nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent américain » (10e A de F ; cf. De. 4:27-31 ; 28 ; 29 ; 30 ; 3 Né. 20-21). Le 3 avril 1836, Moïse a remis les clefs du rassemblement d’Israël au prophète Joseph Smith dans le temple de Kirtland (D&A 110:11). Beaucoup de descendants d’Éphraïm sont rassemblés d’abord, parce qu’ils ont la responsabilité de préparer la voie au rassemblement des autres tribus (D&A 113). « Et ils [d’autres des tribus d’Israël] apporteront leurs riches trésors aux enfants d'Éphraïm, mes serviteurs… Et là, ils tomberont et seront couronnés de gloire en Sion, par les mains des serviteurs du Seigneur, c'est-à-dire les enfants d'Éphraïm. Et ils seront remplis de cantiques de joie éternelle » (D&A 133:30-33 ; voir aussi Israël : Rassemblement d’Israël).

Un des instruments qui seront utilisés dans le rassemblement est le Livre de Mormon, également connu parmi des saints des derniers jours comme étant le bois de Joseph ou bois d’Éphraïm (Éz. 37:15-19 ; 2 Né. 3:12 ; D&A 27:5). Il doit jouer le rôle important de convaincre les Lamanites, les Juifs et les Gentils que Jésus est le Messie et que Dieu se souvient de son peuple de l’alliance (voir Livre de Mormon : Page de titre du Livre de Mormon).

Pour les saints des derniers jours, l’identification de la lignée d’une personne dans l’Israël de l’alliance moderne se fait sous les mains de patriarches inspirés lors de bénédictions patriarcales qui déclarent le lignage. John A. Widtsoe, un apôtre, a dit : « En donnant une bénédiction, le patriarche peut déclarer notre lignage, c’est-à-dire que nous sommes d’Israël, donc de la famille d’Abraham et d’une tribu spécifique de Jacob. Dans la grande majorité des cas, les saints des derniers jours sont de la tribu d’Éphraïm, la tribu à laquelle a été confiée la direction de l’œuvre des derniers jours. Peu importe que ce lignage soit par le sang ou par adoption » (p. 73 ; cf. Abr. 2:10).

Les bénédictions patriarcales de la plupart des saints des derniers jours disent qu’ils sont descendants littéraux par le sang d’Abraham et d’Israël. Ceux qui ne sont pas descendants littéraux sont adoptés dans la famille d’Abraham quand ils reçoivent le baptême et la confirmation (voir Loi de l’adoption). Ils ont alors tous les droits des héritiers (EPJS, p. 117-119). Cette doctrine de l’adoption était comprise des prophètes et des apôtres d’autrefois (par exemple, Ro. 11 ; 1 Né. 10:14 ; Jcb. 5 ; cf. D&A 84:33-34).

Bibliographie
McConkie, Bruce R. A New Witness of the Articles of Faith, p. 541-575. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding. DS 3:219-235.
Widtsoe, John A. Evidences and Reconciliations, p. 72-77. Salt Lake City, 1943.
BRIAN L. SMITH
 
Épiscopat Président
Auteur : DYER, Wm. GIBB, Jr. et BURTON, H. DAVID

L’Épiscopat Président se compose de trois hommes, l’évêque président et ses deux conseillers, qui constituent l’un des conseils présidents de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Ces Autorités générales, qui détiennent chacune le titre d’évêque, remplissent leurs fonctions sous la supervision directe de la Première Présidence. Depuis sa formation, l’Épiscopat Président a été responsable de beaucoup d’affaires temporelles de l’Église. Parmi celles-ci, la responsabilité de recevoir, distribuer et comptabiliser la dîme, les offrandes et les contributions des membres ; la gestion des programmes pour aider les pauvres et les nécessiteux ; la conception, la construction et l’entretien des lieux de culte et l’apurement et le transfert des certificats de membre (voir Évêque, Histoire de l’office ; Contributions financières ; Tenue des registres ; Entraide). Les hommes choisis pour être évêques présidents ont été connus pour leur compétence en matière de gestion ainsi que pour leur engagement religieux. Historiquement, l’Épiscopat Président a présidé la Prêtrise d’Aaron. En tant qu’Autorités générales, les membres de l’Épiscopat Président parlent régulièrement aux conférences générales, s’adressant souvent expressément aux jeunes hommes de l’Église.

L’évêque président est choisi par la Première Présidence et puis approuvé par le Collège des douze apôtres. Il choisit comme conseillers deux hommes qui sont également approuvés par la Première Présidence et le Collège des Douze. Tous sont ensuite soutenus par les membres de l’Église. L’évêque président et ses conseillers sont mis à part et investis par la Première Présidence et reçoivent les clefs et l’autorité de prêtrise pour agir dans leurs fonctions respectives. Au début, les évêques présidents détenaient leur office à vie, mais au XXe siècle ils ont été relevés et remplacés selon que les circonstances et les besoins de l’Église l’ont dicté.

Le 4 février 1831, le prophète Joseph Smith a appelé Edward Partridge comme premier évêque de l’Église. Celui-ci allait passer la majorité de son temps à gérer la réception, la vérification et l’affectation des biens consacrés et des dons reçus par l’Église (voir Consécration : Loi de consécration ; Dons de jeûne ; Dîme). Il devait prendre soin des pauvres et des nécessiteux et stocker les produits excédentaires pour les besoins futurs de l’Église. Après l’appel de l’évêque Partridge, il fut révélé à Joseph Smith que d’autres évêques seraient choisis. Le 4 décembre 1831, Newel K. Whitney fut également appelé, par révélation (D&A 72:8), pour remplir les fonctions d’évêque. Les deux évêques avaient une juridiction différente, Whitney en Ohio et Partridge au Missouri. À Nauvoo, ils avaient tous les deux une juridiction générale, mais ils supervisaient également les dons et le soin des pauvres dans une paroisse particulière de la ville. En 1847, Newel K. Whitney fut désigné comme premier évêque président.

Pendant toute l’histoire de l’Église, la Première Présidence a confié aux épiscopats présidents des responsabilités étendues mais variables auprès de la Prêtrise d’Aaron et des jeunes de l’Église. En 1873, le président Brigham Young chargea l’Épiscopat Président d’organiser dans la Prêtrise d’Aaron des collèges complets de prêtres, d’instructeurs et de diacres dans toute l’Église. En 1876, il expliqua que le poste d’évêque président était celui de président général de la Prêtrise d’Aaron. En 1937, l’Épiscopat Président se vit confier la responsabilité de la Société d’amélioration mutuelle des jeunes gens et en 1946, celle de la Société d’amélioration mutuelle des jeunes filles. Ces programmes étaient conçus de manière à assurer un équilibre entre l’étude religieuse, l’art de vivre en société, la conscience de la collectivité et l’épanouissement physique pour les jeunes saints des derniers jours (voir Jeunes Gens ; Jeunes Filles). Depuis 1977, la Première Présidence administre directement les programmes de la Prêtrise d’Aaron par l’intermédiaire d’une présidence des Jeunes Gens appelée d’entre les collèges des soixante-dix.

Avant 1847, les évêques Partridge, Whitney et George Miller, le remplaçant de Partridge, étaient évêques généraux de l’Église. Après 1847, les évêques présidents et leurs mandats ont été Newel K. Whitney (1847-1851), Edward Hunter (1851-1883), William B. Preston (1884-1908), Charles W. Nibley (1907-1925), Sylvester Q. Cannon (1925-1938), LeGrand Richards (1938-1952), Joseph B. Wirthlin (1952-1961), Jean H. Vandenberg (1961-1972), Victor L. Brown (1972-1985), Robert D. Hales (1985-1994), Merrill J. Bateman (1994-1995) et H. David Burton (1995-).

Jusqu’aux années 1980, ces hommes rendaient visite aux paroisses et aux pieux, donnaient des sessions de formation pour les évêques aux conférences générales et publiaient des bulletins et de la documentation de formation pour les évêques et les collèges locaux de la prêtrise. À l’heure actuelle, l’Épiscopat Président ne supervise plus directement d’autres évêques ni ne préside des paroisses locales de l’Église.

Comme le stipulent les Écritures, l’Épiscopat Président, la Première Présidence et le Collège des douze apôtres constituent le Conseil pour l’affectation des dîmes (D&A 120). Ce conseil contrôle la réception des dîmes et vérifie les dépenses. Il se réunit périodiquement pour examiner les questions ayant une importance financière et pour autoriser les budgets pour les organisations et les départements de l’Église (voir Finances de l’Église). Les membres de l’Épiscopat Président, désignés par la Première Présidence, font partie, en outre, de divers autres comités et conseils administratifs, exécutifs et directeurs, tels que le Comité d’affectations, le Comité général des services d’entraide, le Conseil exécutif de la prêtrise, le Conseil exécutif du temple et de l’histoire familiale et le Conseil exécutif missionnaire (voir Organisation : Organisation contemporaine).

En 1977, une restructuration importante en matière d’organisation a eu lieu dans l’Église sous la direction de la Première Présidence. Avec la croissance importante du nombre des membres de l’Église, l’Épiscopat Président s’est vu confier des responsabilités beaucoup plus étendues dans le domaine de l’administration temporelle dans le monde entier. Sous la direction de l’Épiscopat Président, des directeurs pour les affaires temporelles ont été envoyés dans un certain nombre d’endroits internationaux pour diriger la gestion de la construction des églises et les temples, celle des certificats de membre et la préparation et la distribution des Écritures et d’autres documents pour le programme d’études. La direction des départements centraux responsables des opérations temporelles a également été confiée à l’Épiscopat Président. Depuis lors, celui-ci nomme les directeurs administratifs pour les divers départements qui soutiennent les activités des directeurs des affaires temporelles, comprenant les finances et les registres, la LDS Foundation, les services d’imprimerie, la distribution du matériel du programme d’études, les achats, la traduction des Écritures et des cours du programme d’études, la confection de vêtements du temple, le transport, les systèmes informatiques et la communication, la sécurité, les investissements, les temples et les chantiers spéciaux de construction et de transformation, les acquisitions et les ventes immobilières, la construction d’églises, la production et la manutention de l’entraide, les LDS Social Services et la gestion des propriétés.

En 1986, la Première Présidence a appelé des présidences d’interrégion pour superviser les activités ecclésiastiques dans des régions géographiques déterminées dans le monde. Ces présidences d’interrégion assurent actuellement la supervision directe des directeurs des affaires temporelles dans les secteurs internationaux, de l’entraide et des bâtiments aux États-Unis et au Canada. L’Épiscopat Président, ainsi que les départements centraux, assurent la formation, l’évaluation, la planification des effectifs, l’appui technique et la conception des programmes pour aider les présidences d’interrégion dans leur rôle.
 
Bibliographie 
Cowan, Richard O. The Church in the Twentieth Century, p. 140, 270, 297, 406-407, 420. Salt Lake City, 1985.
Palmer, Lee A. Aaronic Priesthood Through the Ages, p. 321-331. Salt Lake City, 1964.
Widtsoe, John A. Priesthood and Church Government, éd. rév., p. 277-279. Salt Lake City, 1954.
H. DAVID BURTON 
WM. GIBB DYER, JR
 
Ésaïe

[L’accent que les Écritures modernes mettent sur les paroles d’Ésaïe rend nécessaire un traitement de ses écrits sous quatre titres :
Ésaïe : Paternité littéraire
Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon
Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes
Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe
L’article « Ésaïe : Paternité littéraire » traite de la thèse qu’à la lumière de l’existence d’un texte d’Ésaïe en la possession de peuples du Livre de Mormon dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe n’a qu’un seul auteur. L’article « Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon » traite de ce que l’on peut apprendre sur l’histoire du texte du livre d’Ésaïe grâce aux passages conservés dans le Livre de Mormon. Une grande partie du texte d’Ésaïe qui est conservée et commentée dans les Écritures modernes concerne les derniers jours, un sujet repris dans l’article « Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes ». L’intérêt pour Ésaïe qui en est résulté chez les saints a donné lieu à un certain nombre d’études qui sont traitées dans l’article « Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe ».]

Ésaïe : Paternité littéraire
Auteur : LUDLOW, VICTOR L.

De tous les écrits de l’Ancien Testament, c’est le message d’Ésaïe qui a la priorité chez les saints des derniers jours. Cette focalisation découle principalement de l’utilisation intensive d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Secondairement, le chapitre 11 d’Ésaïe a été cité à Joseph Smith au cours d’une vision tout au début de son expérience comme prophète (JS–H 1:40) et fait l’objet d’une section des Doctrine et Alliances (D&A 113). En outre, Jésus-Christ a donné des révélations sur les paroles d’Ésaïe en instruisant les saints, et les prophètes et les apôtres modernes les ont fréquemment citées et commentées.

Traditionnellement, le livre d’Ésaïe a été attribué à un prophète vivant dans le royaume de Juda entre 740 et 690 av. J.-C. En Allemagne, vers la fin du XVIIIe siècle, plusieurs savants ont contesté cette idée en affirmant que les chapitres 40-66 ont été écrits par une ou plusieurs autres personnes aussi tard que 400 av. J.-C., cela à cause de mentions expresses d’événements qui se sont produits après la mort d’Ésaïe. Ce point de vue imprègne maintenant beaucoup de commentaires de la Bible et a conduit à la thèse de l’existence d’un deuxième prophète-auteur que l’on appelle généralement dans les milieux érudits le « Deutéro-Ésaïe ». Il existe, en effet, maintenant une grande variété de théories concernant la date et la paternité littéraire d’Ésaïe. Cependant, la croyance des saints en la révélation et au pouvoir de voyance des prophètes, avec, en outre, les citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon et l’exhortation de celui-ci d’étudier ses écrits, ont renforcé chez les saints des derniers jours le point de vue traditionnel au sujet de la date et de la paternité d’Ésaïe et ce, de la manière suivante.

D’abord, alors que certains savants estiment que les prophètes ne pouvaient pas voir le futur et que, par conséquent, les derniers chapitres d’Ésaïe doivent avoir été écrits après l’époque de celui-ci (par exemple, És. 45 au sujet de Cyrus), les saints des derniers jours reconnaissent que les prophètes peuvent voir le futur et prophétiser à son sujet. Aux chapitres 40-66, Ésaïe prophétise sur le futur, tout comme l’apôtre Jean dans Apocalypse 4-22 et le prophète Néphi 1 dans 2 Néphi 25-30.

En second lieu, le prophète Léhi du Livre de Mormon et sa famille ont quitté Jérusalem vers 600 av. J.-C. et ont emporté des écrits sacrés sur des plaques d’airain contenant une grande partie de l’Ancien Testament, notamment Ésaïe (1 Né. 5:13 ; 19:22-23). Les prophètes du Livre de Mormon enseignaient à l’aide des annales des plaques d’airain, non seulement les chapitres 1-39, que les savants attribuent habituellement au prophète Ésaïe du VIIIe siècle av. J.-C., mais également les chapitres ultérieurs, ce que l’on appelle le Deutéro-Ésaïe. Par exemple, les chapitres 48-54 d’Ésaïe sont tous cités dans le Livre de Mormon, certains passages plusieurs fois (1 Né. 20-21 ; 2 Né. 6:16-8:25 ; Mos. 12:21-24 ; 14 ; 15:29-31 ; 3 Né. 16:18-20 ; 20:32-45 ; 22). Par conséquent, l’existence d’un texte pratiquement complet d’Ésaïe vers la fin du VIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le Livre de Mormon, annule les arguments en faveur de l’idée d’une pluralité d’auteurs ultérieurs, que ces arguments soient historiques, théologiques ou littéraires.

Enfin, il existe d’autres témoins importants de l’existence d’un seul auteur pour Ésaïe, tout particulièrement Jésus-Christ (cf. Mt. 13:14-15 ; 15:7-9 ; Lu. 4:17-19 ; 3 Né. 16, 20-22). En effet, après avoir cité abondamment Ésaïe 52 (3 Né. 16:18-20 ; 20:32-45) et répété Ésaïe 54 dans sa totalité (3 Né. 22), Jésus-Christ ressuscité recommande à ses disciples du Livre de Mormon d’étudier les paroles d’Ésaïe et ajoute : « Je vous donne le commandement de sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe. Car, assurément, il a parlé de tout ce qui concerne mon peuple qui est de la maison d'Israël » (3 Né. 23:1-2).

Depuis les temps les plus reculés, les traditions juive et chrétienne sont pour la paternité unique d’Ésaïe. La Septante, les manuscrits de la mer Morte et d’autres textes antiques ne fournissent aucune indication d’une multiplicité d’auteurs. Les saints des derniers jours acceptent ce que dit Jésus ressuscité, à savoir qu’Ésaïe était un voyant et un révélateur dont les prophéties, telles qu’on les trouve tout au long de son livre, finiront toutes par s’accomplir (3 Né. 23:1-3). C’est en particulier parce que Jésus attribue Ésaïe 52 et 54 au prophète d’autrefois que les saints des derniers jours ont conclu que le livre d’Ésaïe est l’ouvrage inspiré d’Ésaïe, fils d’Amots, le prophète du VIIIe siècle.

Bibliographie
Adams, Larry L., et Alvin C. Rencher. "A Computer Analysis of the Isaiah Authorship Problem". BYU Studies 15, automne 1974, p. 95-102.
Anderson, Francis I. "Style and Authorship". The Tyndale Paper 21, juin 1976, p. 2.
Gileadi, Avraham. A Holistic Structure of the Book of Isaiah. Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1981.
Kissane, E. J. The Book of Isaiah, 2 vols. Dublin, Irlande, 1941, 1943.
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1981.
Tvedtnes, John A. "Isaiah Variants in the Book of Mormon". Dans Isaiah and the Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
Young, Edward J. Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1949.
VICTOR L. LUDLOW 

Ésaïe : Textes dans le Livre de Mormon
Auteur : DAVIES, LEGRANDE

Les textes d’Ésaïe cités dans le Livre de Mormon sont uniques. Ils sont les seuls textes existants d’Ésaïe qui n’ont aucune source linguistique « originale » à laquelle la traduction puisse être textuellement comparée. Ces textes anglais datent de la traduction et de la publication initiale du Livre de Mormon (1829).

Ces textes d’Ésaïe ont été cités et paraphrasés par beaucoup de prophètes du Livre de Mormon qui avaient une copie d’Ésaïe sur les plaques d’airain. Les tentatives de déterminer l’authenticité de ces textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon en les comparant aux textes hébreu, grec et latin d’Ésaïe ne manquent pas d’intérêt, mais de tels efforts sont discutables parce que l’on ne dispose pas des textes antiques qui sont à la base de la traduction d’Ésaïe du Livre de Mormon pour pouvoir les étudier. On peut cependant apprendre beaucoup de choses en comparant les nombreuses versions et traductions anciennes d’Ésaïe aux textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Ce genre de comparaisons a pour résultat de faire d’Ésaïe dans le Livre de Mormon un véritable objet de recension.

Les passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon contiennent beaucoup de ressemblances avec ceux de la traduction de la Bible, ce qui semblerait indiquer que les deux partagent une origine massorétique hébraïque. Cependant, beaucoup d’autres particularités des textes du Livre de Mormon impliquent une origine liée à des textes semblables à ceux dont la Septante grecque et la Vulgate latine dérivent. Ces variantes particulières sont suffisamment importantes pour que l’on ne puisse reléguer les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon au rang d’une simple copie de la King James Version. Les textes d’Ésaïe que l’on trouve dans la traduction anglaise du Livre de Mormon possèdent un caractère distinctif qui indique une origine textuelle propre. La question importante n’est pas : « Les textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont-ils authentiques ? » La question est plutôt : « Trouve-t-on dans les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon la preuve de la présence de variantes en plus des textes normalement reconnus ? » Ne devraient-ils pas être considérés comme aussi valides que, par exemple, les textes d’Ésaïe de la mer Morte ?

L’une des critiques principales à l’égard des textes d’Ésaïe du Livre de Mormon est qu’ils contiennent des parties de ce que les spécialistes de la Bible en sont venus à appeler le « Proto-Ésaïe » et le « Deutéro-Ésaïe ». Il est évident que les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon contiennent des données qui vont à l’encontre des théories modernes sur la paternité multiple du livre d’Ésaïe (voir Ésaïe : Paternité littéraire) ; car si l’on accepte les origines des passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon comme le disent ses auteurs, cela veut dire que, dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe était essentiellement ce qu’il est aujourd’hui. La valeur principale de la critique textuelle, dans ce cas-ci, est de permettre de dégager des thèmes et des structures de langage spéciaux, c’est-à-dire de permettre une meilleure compréhension du message, pas de déterminer qui est l’auteur. L’option la plus viable et certainement la plus productive pour déterminer l’origine des textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon est donc un examen interne.

Le Livre de Mormon dit que dans « la première année du règne de Sédécias, roi de Juda » (1 Né. 1:4) le prophète Néphi 1 et ses frères récupérèrent à Jérusalem des « annales » écrites par leurs ancêtres sur des plaques d’airain (1 Né. 3-4), qu’ils emportèrent en Amérique. Elles contenaient les prophéties d’Ésaïe (1 Né. 19:22-23 ; cf. 5:13). Tous les textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont des citations de ces annales, excepté peut-être les passages cités par Jésus ressuscité (cf. 1 Né. 16, 21-22). Que ce soit en citant directement ou en paraphrasant, les prophètes du Livre de Mormon essayaient de faire deux choses : « persuader [les gens] de croire au Seigneur, leur Rédempteur » (1 Né. 19:23) et révéler les plans de Dieu pour son peuple, comme le note le prophète Ésaïe (par exemple, 2 Né. 25:7 ; Hél. 8:18-20 ; 3 Né. 23:1-2). Ces éléments donnent une qualité singulière aux textes d’Ésaïe du Livre de Mormon, parce qu’ils préservent presque exclusivement les textes concernant le salut et les principes sauveurs et ignorent les passages historiques d’Ésaïe. Les préoccupations des prophètes du Livre de Mormon étaient doctrinales et les passages étaient utilisés pour exposer leur témoignage. De plus, les passages qui concernent le salut dans les derniers chapitres d’Ésaïe sont présentés pour prouver que Jésus était le Messie promis (cf. Mos. 13:33-15:31, qui cite És. 53 ; 52:7, 8-10). Alors que les spécialistes de la Bible au XIXe siècle affirmaient que la notion de « Messie sauveur » était apparue après l’exil babylonien (587-538 av. J.-C.) et que par conséquent les derniers chapitres d’Ésaïe doivent être datés de la fin du VIe siècle ou plus tard, les textes du Livre de Mormon sapent manifestement cette théorie.

Des changements mineurs ont été apportés aux textes d’Ésaïe du Livre de Mormon depuis la publication de l’ouvrage en 1830. Ces changements des éditions récentes ont essayé de corriger les fautes d’impression originelles et de rendre le texte d’Ésaïe de l’édition actuelle « conforme aux manuscrits anglais antérieurs à la publication et aux premières éditions anglaises publiées par Joseph Smith, le prophète » (« Brève explication concernant le Livre de Mormon » édition anglaise de 1981 du Livre de Mormon). Aucun de ces changements n’a été conséquent.

Bibliographie
Eissfeldt, Otto. The Old Testament : An Introduction, p. 303-346. New York, 1965.
Nibley, Hugh. Since Cumorah, p. 111-134. Dans CWHN 7.
Sperry, Sidney B. Answers to Book of Mormon Questions. Salt Lake City, 1967.
Tvedtnes, John A. “The Isaiah Variants in the Book of Mormon". F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1981.
LEGRANDE DAVIES

TABLEAU DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LE LIVRE DE MORMON
Livre de Mormon                 Ésaïe 
1 Né. 20-21                        48-49
1 Né. 22:6                          49:22
1 Né. 22:8                          49:22-23 ; 29:14
1 Né. 22:10-11                    52:10
2 Né. 6:6b-7                       49:22-23
2 Né. 6:15                          29:6
2 Né. 6:16-8:25                   49:24-52:2
2 Né. 9:50-51                      55:1-2
2 Né. 12-24                         2-14
2 Né. 25:17 (mélangé)         11:11 et 29:14
2 Né. 26:15-16, 18               29:3-5
2 Né. 26:25                         55:1
2 Né. 27:2-5                        29:6-10
2 Né. 27:6-9                        29:4, 11
2 Né. 27:15-19                     29:11-12
2 Né. 27:25-35                     29:13-24
2 Né. 28:9b                         29:15
2 Né. 28:14b                       29:13b
2 Né. 28:16a                       29:21
2 Né. 28:30a                       28:10, 13
2 Né. 28:3                           29:12-13
2 Né. 29:1                           29:14, 11:11
2 Né. 30:9, 12-15                 11:4-9
Mosiah 12:21-24                  52:7-10
Mosiah 14:1-12                    53
Mosiah 15:10                      53:10
Mosiah 15:14-18                  52:7
Mosiah 15:29-31                  52:8-10
3 Né. 16:18-20                     52:8-10
3 Né. 20:32-35                     52:8-10
3 Né. 20:36-46                     52:1-3, 6-7, 11-15
3 Né. 21:8b                          52:15b
3 Né. 21:29                          52:12
3 Né. 22:1b-17                     54
Mro. 10:31                           52:1-2 ; 54:2 

Ésaïe : Interprétations dans les Écritures modernes
Auteur : NYMAN, MONTE S.

Ésaïe était l’un des prophètes-auteurs les plus importants de l’Ancien Testament. Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances, Écritures modernes des saints, confirment cette évaluation et contiennent des commentaires abondants sur ses écrits. Le Livre de Mormon cite 425 versets du livre d’Ésaïe et en paraphrase beaucoup d’autres, tirés des plaques d’airain, annales apportées en Amérique par le prophète Léhi et sa famille (v. 600 av. J.-C.). Les citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont accompagnées des interprétations des prophètes néphites et de Jésus-Christ ressuscité. Les Doctrine et Alliances contiennent de même des citations et des paraphrases d’Ésaïe, dont beaucoup éclairent le cadre et la pertinence de l’accomplissement de ses prophéties.

LE LIVRE DE MORMON. Les prophètes du Livre de Mormon louent explicitement les écrits d’Ésaïe et les commentent dans le détail. Outre les trois premiers prophètes néphites, Néphi 1, Jacob et Abinadi, qui citent abondamment et expliquent les significations d’Ésaïe, Jésus-Christ ressuscité, quand il visite les Néphites (34 apr. J.-C.), commande à ses auditeurs « de sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe » (3 Né. 23:1). La plupart des citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon concernent deux thèmes : (1) le témoignage que Jésus-Christ viendrait au monde pour le sauver (1 Né. 19:23 ; cf. 2 Né. 9:5-12) et (2) des déclarations selon lesquelles même si le Seigneur dispersait Israël, il le rassemblerait et le rétablirait, accomplissant les alliances qu’il avait faites avec Abraham et Israël (2 Né. 6:5 ; cf. 9:1-2).

Pour ce qui est de la maison d’Israël, la citation la plus ancienne d’Ésaïe par Néphi (chaps. 48-49) souligne deux types de dispersion : celle de grosses parties des tribus d’Israël et celle de petits groupes parmi les nations de la terre (1 Né. 22:3-5 ; cf. És. 49:1-13). Les deux sortes d’Israélites dispersés seraient nourris temporellement et spirituellement parmi les Gentils. L’aide temporelle aux Israélites conduirait ceux-ci à une dépendance vis-à-vis des Gentils pour la survie. Les soins spirituels se feraient grâce à « une œuvre merveilleuse » qui rassemblerait Israël hors de l’obscurité et des ténèbres et l’amènerait à connaître son Rédempteur (1 Né. 22:6-12).

Néphi présente sa plus longue citation d’Ésaïe 2-14 (2 Né. 12-24) comme étant un troisième témoin du Rédempteur d’Israël. Néphi, son frère Jacob et Ésaïe avaient chacun vu le Rédempteur (sous l’aspect du Jésus-Christ prémortel) face à face (2 Né. 11:2-3 ; cf. 2 Né. 16:1-7). La vision personnelle de Néphi (1 Né. 11:13-20) éclaircit les paroles d’Ésaïe annonçant l’avènement du Christ (cf. 2 Né. 17:14 ; 19:6-7 [c.-à-d., És. 7:14 ; 9:6-7]).

Le commentaire de Néphi sur Ésaïe 2-14 décrit ce qui devait arriver aux juifs (2 Né. 25:9-21 ; cf. És. 3:1-15 ; 5:1-7), au peuple de Néphi (2 Né. 25:22-26:11 ; cf. És. 29:1-4) et parmi les Gentils (2 Né. 26:12-28:32 ; cf. És. 3:16-4:1). Néphi savait par révélation que quand le Livre de Mormon paraîtrait chez les Gentils, les Églises seraient remplies d’orgueil et d’érudition, des combinaisons secrètes régneraient et les supercheries de prêtres seraient florissantes (2 Né. 26:14-33 ; cf. És. 3:16-4:1 ; 2 Né. 13:16-14:1). En revanche, il vit que de belles branches d’Israël seraient purifiées et grandiraient tant en Sion qu’à Jérusalem et qu’elles seraient protégées par le Seigneur (És. 4:2-6 ; 2 Né. 14:2-6). Amplifiant la prophétie d’Ésaïe, Néphi prophétisa que les Gentils qui se repentaient seraient comptés avec la maison d’Israël et deviendraient héritiers des bénédictions promises (2 Né. 30:1-3). Il affirma que son propre peuple recevrait de nouveau l’Évangile de Jésus-Christ et deviendrait un peuple pur et agréable (2 Né. 30:4-6). Il prédit le rassemblement des juifs à Jérusalem quand ils commenceraient à croire au Christ et deviendraient aussi un peuple agréable (2 Né. 30:7).

Le prophète Abinadi (v. 150 av. J.-C.) dit que tous les prophètes avaient parlé de la venue du Christ (Mos. 13:33-35) et il cite Ésaïe 53 comme exemple (cf. Mosiah 14). Dans une des explications les plus lucides du ministère et de l’expiation du Christ, Abinadi explique que le chapitre 53 d’Ésaïe souligne que « Dieu lui-même descendra parmi les enfants des hommes et rachètera son peuple » et que, grâce à sa rédemption, il tiendrait « entre eux et la justice, ayant rompu les liens de la mort, prenant sur lui leur iniquité et leurs transgressions … et ayant satisfait aux exigences de la justice [de Dieu] » (Mos. 15:1-9).

Pendant sa première visite parmi les peuples du Livre de Mormon, Jésus ressuscité cite, parmi ses principaux textes, Ésaïe 52 et 54. Il déclare que quand les paroles d’Ésaïe s’accompliront, les alliances faites avec la maison d’Israël seront accomplies (3 Né. 20:11-12). L’Évangile sera enseigné aux juifs dans les lieux où ils sont dispersés et, après qu’ils l’auront accepté, ils retourneront à Jérusalem et instruiront leur propre peuple (3 Né. 20:29-35 ; cf. És. 52:8-10). Jésus donne à ses auditeurs un signe que le retour des juifs à Jérusalem indiquera que le rétablissement aura déjà commencé chez d’autres Israélites en Sion, en Amérique (3 Né. 21:1-7 ; És. 52:1-3, 6-7, 11-12). Dans une allusion au serviteur « défiguré » d’Ésaïe 52:13-15, il parle de « l’œuvre merveilleuse » du serviteur. Si le serviteur défiguré est clairement Jésus dans sa condition mortelle (Mos. 15:1-9), les paroles d’Ésaïe constituent une double prophétie parce que Jésus ressuscité dit qu’elle désigne également un serviteur dans les derniers jours. Les saints des derniers jours croient que ce serviteur est le prophète Joseph Smith et que l’œuvre merveilleuse mentionnée était la parution du Livre de Mormon et le rétablissement de l’Évangile (3 Né. 21:8-11).

Tout en amplifiant les paroles d’Ésaïe, Jésus prédit l’édification de la nouvelle Jérusalem sur le continent américain par un reste de la maison d’Israël avec l’aide de Gentils convertis (3 Né. 21:22-25 ; cf. 20:22). L’Évangile doit être prêché parmi les divers groupes de la maison d’Israël, notamment les Lamanites et les tribus perdues (3 Né. 21:26).

LES DOCTRINE ET ALLIANCES. Autre source riche pour interpréter et appliquer les prophéties d’Ésaïe, les Doctrine et Alliances comptent plus de soixante-dix citations ou paraphrases d’Ésaïe. Deux thèmes dominent : l’Évangile sera rétabli et Israël sera rassemblé ». Par exemple, l’œuvre prodigieuse et miraculeuse mentionnée dans Ésaïe 29:14 est la parution du Livre de Mormon (D&A 6:1) ; L’œuvre « étrange » de Dieu (És. 28:21) est le rétablissement de l’Église et de ses ordonnances du temple (D&A 95:4) ; les « bonnes nouvelles » publiées « sur les montagnes » (És. 52:7) consistent en la prédication de l’Évangile à toutes les nations (D&A 19:29) et le retour des tribus de Jacob de parmi les nations (És. 49:6) signifie le retour d’Israël dispersé dans ses terres promises (D&A 133:26-33).

Les autres thèmes sont l’édification de la Sion des derniers jours et de ses pieux (És. 54:1-2 ; D&A 82:14) aussi bien que de la vieille Jérusalem (És. 52:1-2 ; D&A 113:7-10), la confirmation que Jésus est le seul Sauveur du monde (És. 43:11 ; D&A 76:1) et des détails de sa seconde venue (És. 63:3-6 ; 64:1-5 ; D&A 133:37-52). Enfin beaucoup d’événements attendus sont interprétés comme étant des événements millénaires (És. 65 ; D&A 101:30-31).

Bibliographie
Ludlow, Victor L. Isaiah : Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Nyman, Monte S. Great Are the Words of Isaiah. Salt Lake City, 1980.
MONTE S. NYMAN

TABLEAU DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LES DOCTRINE ET ALLIANCES
Les listes suivantes proposent un échantillonnage de passages d’Ésaïe qui sont cités, paraphrasés ou interprétés dans les Doctrine et Alliances.
Ésaïe                      Doctrine et Alliances 

1:27                         6:1
1:18                         45:10 ; 50:10-12
1:19                         64:34
2:2-31                      33:12-13
4:5                           45:63-75 ; 84:5
4:6                           115:6
5:1-7                        101:43-62
8:16                          88:84 ; 133:72
11:1-5                       113:1-4
11:4                          19:15
11:10                        113:5-6
11:16                        133:26-29
13:1                          133:14
13:10                         29:14 ; 34:9 ; 45:42 ; 
88:87 ;                        133:49
13:13                          21:6 ; 35:24
14:12                          76:26
24:5                           1:15
24:20                          49:23 ; 88:87
25:6                            58:8
28:10                          98:12 ; 128:21
28:15, 18                    45:31 ; 5:19 ; 97:23
28:21                          95:4 ; 101:95
29:14                          4:1 ; 6:1 ; 11:1 ; 12:1 ; 14:1 ; 18:44 ; 76:9
32:2                            21:13
34:5                            38:22
35:1-2                         49:24-25 ; 117:7
35:3                            81:5
35:7-10                       133:27-33
35:10                          45:71 ; 66:11
40:3                            33:10 ; 45:9 ; 65:1 ; 84:28
40:4                            88:66
40:5                            49:23 ; 133:22
40:6                            101:23 124:7-8
40:31                           89:20 ; 124:99
42:7                            128:22
43:11                          76:1
45:17                          35:25 ; 38:33
45:23                          76:110 ; 88:104
49:1                            1:1
49:2                            6:2 ; 11:2 ; 12:2 ; 14:2 ; 15:2 ; 16:2 ; 33:1 ; 86:9
49:6                            86:11
49:22                          45:9 ; 115:5
50:2-3                         35:8 ; 133:66-69
50:11                          133:70
51:9-11                       101:18
52:18                          2:14 ; 113:7-8
52:2                            113:9-10
52:7                            19:29 ; 31:3 ; 113:10
52:8                            39:13 ; 84:98-99 ; 133:10
52:10                          113:10 ; 133:3
52:1                            138:42 ; 133:5
52:12                          49:27 ; 58:56 ; 101:68, 72 ; 133:15
52:15                          101:94
54:2                            82:14 ; 133:9
54:17                          71:9 ; 109:25
55:6                            88:62-63
59:17                          27:15-18
60:1-4                         64:41-42
60:2                            112:23
60:22                          133:58
61:11                          28:22
62:4                            133:23-24
62:10                          45:9 ; 115:5
63:1-21                       33:46-48
63:3-6                         76:107 ; 88:106 ; 133:50-52
63:7-9                         133:52-53
64:1-2                         34:8 ; 133:40-42
64:3-5                         76:10 ; 133:43-45
65:17                          29:23
65:20                          63:51 ; 101:30
65:21-22                     101:101
66:1                            38:17
66:24                           76:44 

Ésaïe : Commentaires sur Ésaïe
Auteur : MADSEN, ANN N.

Le livre d’Ésaïe est l’un des ouvrages prophétiques les plus souvent cités dans les Écritures des saints. Quand les peuples du Livre de Mormon quittèrent Jérusalem, ils emportèrent des annales sur des plaques d’airain qui contenaient beaucoup de livres de l’Ancien Testament antérieurs à 600 av. J.-C., notamment Ésaïe. Très vite dans leurs récits, Néphi 1 et son frère, Jacob, citent considérablement Ésaïe. Plus tard, Jésus ressuscité exhortera ses auditeurs d’Amérique à sonder diligemment les paroles d’Ésaïe, car « grandes sont les paroles d’Ésaïe » (3 Né. 23:1).

Les saints des derniers jours voient beaucoup de prophéties d’Ésaïe s’accomplir dans les événements contemporains. Quand il apparaît, les 21-22 septembre 1823, au prophète Joseph Smith, l’ange Moroni cite Ésaïe 11 et dit qu’il est « sur le point de s’accomplir » (JS–H 1:40). Ésaïe 29 est également considéré comme une prophétie annonçant la parution du Livre de Mormon. Les enseignements de Joseph Smith contiennent beaucoup d’allusions à Ésaïe, particulièrement en ce qui concerne les derniers jours précédant l’avènement du Christ. En plus, Ésaïe est souvent cité dans les Doctrine et Alliances (par exemple, 45:10 ; 50:10-12 ; 64:34-35 ; 133) et dans certains cas des interprétations sont ajoutées (par exemple, D&A 113).

Plusieurs livres écrits par des auteurs mormons depuis 1950 ont cherché à aider les membres de l’Église et d’autres à comprendre les paroles d’Ésaïe. Certains de ces commentaires s’adressaient à un auditoire érudit, d’autres ont été écrits pour les lecteurs ordinaires.

En 1952, Sidney B. Sperry a présenté ses observations sur Ésaïe dans les dix premiers chapitres de son livre The Voice of Israel's Prophets (Salt Lake City). Son but principal était de proposer des commentaires sous l’angle des saints des derniers jours, notamment les idées de Joseph Smith, et d’analyser le livre entier d’Ésaïe du point de vue historique et philologique. Il y a inclus l’interprétation de divers passages donnée par le Livre de Mormon et un traitement en faveur d’une paternité unique. Il a également utilisé la Septante et sa maîtrise de l’hébreu pour expliquer et parfois retraduire des passages. Bien que ce soit la plus ancienne étude du genre, elle reste un classique de son espèce.

En 1982, Avraham Gileadi a publié The Apocalyptic Book of Isaiah (Provo, Utah), une nouvelle traduction du texte hébreu avec des clefs interprétatives pour les lecteurs ordinaires. Le livre apporte sa traduction et sa perspective judéo-mormone. En 1988, il a publié un deuxième volume, The Book of Isaiah (Salt Lake City), qui contenait sa précédente traduction et une introduction augmentée contenant quatre clefs interprétatives qu’il a tirées du Livre de Mormon. Cet ouvrage note les lectures alternatives dans le texte d’Ésaïe des manuscrits de la mer Morte et la Septante.

Deux volumes ont servi de manuels. En 1980, Monte S. Nyman publiait Great Are the Words of Isaiah (Salt Lake City) à titre de commentaire et de guide d’étude. L’apport le plus distinctif du livre est un ensemble de mentions d’Ésaïe dans les écrits de Joseph Smith, le Nouveau Testament, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et les Autorités générales de l’Église. En 1982, Victor L. Ludlow a écrit Isaiah : Prophet, Seer, and Poet (Salt Lake City). Les éléments importants sont son commentaire chapitre par chapitre, ses propositions d’interprétations multiples de certains passages du texte, des cartes et des notes historiques utiles et des commentaires doctrinaux mormons utilisant diverses traductions du texte.

D’autres livres ont été écrits pour un auditoire mormon non spécialisé. The Living Message of Isaiah, de L. LaMar Adams (Salt Lake City, 1981), visant à aider ses lecteurs à apprécier les prophéties d’Ésaïe. Son apport distinctif est son annexe sur l’ouvrage apocryphe L’Ascension d’Ésaïe.

En 1984, W. Cleon Skousen a publié Isaiah Speaks to Modern Times (Salt Lake City) avec l’intention d’aider un auditoire de saints à comprendre Ésaïe comme quelqu’un qui a vu l’époque moderne et en a parlé.

Mark E. Petersen est la seule Autorité générale à avoir écrit un livre sur Ésaïe, Isaiah for Today (Salt Lake City, 1981). Son but était d’aider un auditoire non spécialisé à rattacher les prophéties d’Ésaïe aux événements actuels. 
ANN N. MADSEN
 
Esprit
Auteur : JENSEN, JAY E.

L'existence d’êtres d'esprit bons et mauvais est un point de doctrine important dans la théologie des saints. L'esprit est une matière organisée intelligente, qui existe par lui-même et est régi par des lois éternelles. De plus, tous les êtres vivants ont eu une existence d'esprit pré-terrestre. Les conceptions des saints sur ce sujet découlent des écrits bibliques et modernes et des enseignements des prophètes modernes.

La révélation moderne déclare que « tout esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus pur » que les matériaux physiques de la vie terrestre (D&A 131:7-8). Le prophète Joseph Smith explique : 

« Il y a une différence très sensible entre le corps et l’esprit ; le corps est censé être de la matière organisée et beaucoup considèrent que l’esprit est immatériel, sans substance. Nous ne sommes pas d’accord avec cette dernière opi¬nion et disons que l’esprit est une substance, qu’il est matériel, mais que c’est une matière plus pure, plus souple et plus raffinée que le corps, qu’elle existait avant le corps, peut exister dans le corps et existera séparément du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera de nouveau réunie dans la résurrection » [EPJS, p. 167].

Bien que le Seigneur