ENCYCLOPÉDIE DU MORMONISME
Macmillan
Publishing Company, 1992
– Extraits –
Traduction : Marcel
Kahne
Source :
www.idumea.org (avec autorisation)
A
Abinadi
Auteur :
CRAMER, LEW W.
Abinadi (150 av. J.-C.)
est un prophète courageux et le martyr le plus connu du Livre
de Mormon. Son ministère et son exécution racontés
au cœur du livre de Mosiah renforcent le contraste entre le roi
juste Benjamin et le méchant roi Noé. Alma l’Ancien,
un témoin oculaire converti, écrira les paroles
principales d'Abinadi peu de temps après qu’elles auront
été prononcées (Mos. 17:4).
Abinadi appartient à
un petit groupe de Néphites réactionnaires qui était
retourné de Zarahemla, une génération plus tôt,
pour récupérer auprès des Lamanites la ville de
Néphi, la capitale néphite traditionnelle, et son
temple. Quand les excès du roi et des prêtres néphites
apostats deviennent intolérables, Abinadi reçoit du
Seigneur le commandement de dénoncer publiquement leurs
abominations ; il prophétise leur captivité et
leurs afflictions à venir. Noé le condamne à
mort pour ceci, mais il s’échappe.
On ne sait pas où
il vit pendant son exil. Les ressemblances entre ses paroles et
celles de Benjamin (cf. Mos. 16:1 ; 3:20 ; 16:5 ;
2:38 ; 16:10-11 ; 3:24-25) pourraient signifier qu'il a
passé un certain temps à Zarahemla avec le roi Benjamin
et son peuple (Pa. 1:16-17) ou qu’il a reçu des
révélations semblables pendant cette période.
Après deux ans,
ayant de nouveau reçu du Seigneur le commandement de
prophétiser, Abinadi retourne, déguisé, dans la
ville de Néphi. Devant la foule, il lance, au nom du Seigneur,
une malédiction contre le peuple impénitent, contre son
pays et son grain, prédisant sans détour la destruction
et une servitude humiliante, rappelant les souffrances d'Israël
en Égypte. Dans une malédiction sans appel, comme
celles utilisées au Proche-Orient antique pour condamner ceux
qui violent leurs alliances, il témoigne que la vie de Noé
« sera estimée comme un vêtement dans une
fournaise ardente » (Mos. 12:3).
Le peuple se saisit de
lui, le ligote, le livre à Noé et l’accuse de
mentir au sujet du roi et de prophétiser faussement. Les deux
chefs d’accusation sont des violations en vertu de leur loi, la
Loi de Moïse (Mos. 13:23 ; Ex. 20:16 ; De. 18:20-22).
La nature double des accusations semble avoir compliqué le
procès qui en résulte, le roi ayant comme d’habitude
pouvoir en matière de politique et les prêtres en
matière de questions religieuses.
Le procès se
concentre d'abord sur l’accusation de fausse prophétie.
Les prêtres invitent Abinadi à interpréter Ésaïe
52:7-10. Ils pensaient sans doute que ce texte montre que Dieu a
consolé leur propre peuple puisque celui-ci a vu le pays
« racheté ». Selon eux, alors qu'Ésaïe
chantait les louanges de ceux qui apportaient de « bonnes
nouvelles », Abinadi, lui, dit du mal. Selon cette
interprétation, les malédictions d'Abinadi sont en
conflit avec Ésaïe et les prêtres les considèrent
comme fausses et illégales.
Abinadi réfute les
prêtres de plusieurs manières. Il les accuse de mal
comprendre la loi et d’y désobéir. Il parvient à
leur faire admettre que le salut exige l'obéissance à
la loi, après quoi il leur rappelle les dix commandements, la
loi fondamentale de l'alliance qu'ils n'ont pas gardée. Il
résiste miraculeusement à la tentative du roi de le
faire taire « et son visage brillait d'un resplendissement
extrême, comme celui de Moïse pendant qu'il était
sur la montagne du Sinaï » (Mos. 13:5). Il cite
ensuite Ésaïe 53 et explique le rapport de ce passage
avec le futur Messie.
Les paroles prophétiques
d'Abinadi sont parmi les plus puissantes du Livre de Mormon. Il
explique l’ « aspect » et la venue
de Dieu mentionnés dans Ésaïe 52:14 et 53:2 (Mos.
13:34 ; 14:2) comme la venue d'un Fils dans la chair, étant
« le Père et le Fils » (Mos. 15:1-5). Il
enseigne aussi que Dieu souffrira comme une « brebis
muette devant ceux qui la tondent » (És. 53:7 ;
Mos. 14:7). Abinadi est alors en mesure de répondre à
la question des prêtres au sujet d'Ésaïe 52:7-10.
Il proclame que ceux qui « déclareront sa
postérité » (voir Mos. 15:10) et « publient
la paix » (voir Mos. 15:14) sont les prophètes de
Dieu et qu’eux et tous ceux qui écoutent leurs paroles
sont sa « postérité » (Mos.
15:11, 13). Ils sont ceux qui apportent vraiment des « bonnes
nouvelles » de salut, de rédemption, de réconfort
par le Christ et du règne de Dieu au jour du jugement.
Utilisant le texte
d'Ésaïe, Abinadi montre que Dieu ne pourrait pas racheter
le peuple de Noé qui s'est obstinément rebellé
contre la Divinité et que la vraie rédemption n’est
possible que par le repentir et l'acceptation du Christ. Il montre
aussi que ses prophéties ne contredisent pas le texte d'Ésaïe
cité par les prêtres.
Noé veut
qu'Abinadi soit mis à mort, l’accusant d’avoir
porté un faux témoignage contre lui, le roi. Un jeune
prêtre appelé Alma atteste vaillamment l'exactitude du
témoignage d'Abinadi, sur quoi il est expulsé et le
procès est suspendu pendant trois jours pendant lesquels
Abinadi est gardé en prison.
Quand le procès
reprend, Abinadi est probablement accusé de blasphème
(Mos. 17:8), encore une infraction capitale en vertu de la loi de
Moïse (Lé. 24:10-16). Noé lui donne l'occasion
d’abjurer, mais Abinadi refuse de changer le message de Dieu,
même face à des menaces de mort.
Noé est intimidé
et pense à le libérer, mais les prêtres accusent
Abinadi d'un quatrième délit, celui d’insulter le
roi (Mos. 17:12 ; Ex. 22:28). C’est pour ce motif que Noé
va condamner Abinadi, et les prêtres vont le flageller et le
brûler. Il était normal, en vertu de la loi mosaïque,
que ce soient les accusateurs qui infligent le châtiment, mais
la mort par le feu est une forme extraordinaire d'exécution.
Elle reflète le crime dont Abinadi est accusé : il
est brûlé tout comme il a dit que la vie de Noé
serait estimée comme un vêtement dans une fournaise
ardente. En mourant, il prophétise que ses accusateurs
connaîtront le même destin. Cette prophétie ne
tardera pas à s’accomplir (Mos. 17:15-18 ; 19:20 ;
Al. 25:7-12).
Les Néphites vont
se rappeler Abinadi dans au moins trois rôles :
1. Pour Alma, son
converti principal, Abinadi est un prophète du Christ. Alma
enseignera les paroles d'Abinadi au sujet de la mort et de la
résurrection du Christ, de la résurrection des morts,
de la rédemption du peuple de Dieu (Mos. 18:1-2) et du grand
changement de cœur par la conversion (Al. 5:12). Grâce
aux descendants d'Alma, Abinadi va influencer les Néphites
pendant des siècles.
2. Pour Ammon, qui sera
témoin du martyre de 1.005 de ses propres convertis (Al.
24:22), Abinadi reste le martyr par excellence « à
cause de sa croyance en Dieu » (Al. 25:11 ; cf. Mos.
17:20 ; voir aussi Mos. 7:26-28). C’est ce qui est reconnu
comme étant la vraie raison de la mort d'Abinadi, puisque
l’accusation d’insulte au roi lancée par les
prêtres se révèle être un faux prétexte.
3. Pour Mormon, témoin
de la décadence et de la destruction des Néphites cinq
cents ans plus tard, Abinadi reste celui qui a prophétisé
que, pour cause de méchanceté, le malheur s’abattrait
sur le pays et que les méchants seraient totalement détruits
(Mrm. 1:19 ; cf. Mos. 12:7-8).
Bibliographie
Welch, John W. "Judicial
Process in the Trial of Abinadi". Provo, Utah, 1981.
LEW W. CRAMER
Abraham
[Cette rubrique comprend
cinq articles :
Livre d’Abraham :
Origine du livre d’Abraham
Abraham : Traduction
et publication du livre d’Abraham
Abraham : Contenu du
livre d’Abraham
Abraham :
Fac-similés du livre d’Abraham
Abraham : Études
sur le livre d’Abraham
Le livre d’Abraham
rapporte de manière autobiographique la première partie
de la vie d’Abraham et est l’un des textes du recueil
d’Écritures des saints intitulé Perle de grand
prix. L’article Origine du livre d’Abraham raconte la
découverte et l’achat des papyrus de Joseph Smith et les
événements aboutissant à la publication du livre
d’Abraham lui-même. L’article Traduction et
publication du livre d’Abraham donne quelques brefs détails
sur le processus par lequel Joseph Smith a produit le texte du livre
d’Abraham et l’histoire de sa parution comme ouvrage
imprimé. L’article Contenu du livre d’Abraham
examine d’une manière générale les
événements relatés dans le livre, notamment la
délivrance miraculeuse d’Abraham de la mort et
l’alliance de Dieu avec lui avant qu’il quitte sa patrie.
Fac-similés du livre d’Abraham donne une introduction
aux illustrations égyptiennes antiques qui sont actuellement
publiées avec l’œuvre et évalue leur lien
avec le texte. Les études publiées jusqu’ici sur
le livre d’Abraham sont traitées dans Études sur
le livre d’Abraham.]
Livre
d’Abraham : Origine du livre d’Abraham
Auteur :
PETERSON, H. DONL
En juillet 1835, tandis
qu’il habitait Kirtland (Ohio), le prophète Joseph Smith
acheta, au nom de l’Église, pour $2400, quatre momies
égyptiennes et les papyrus qui les accompagnaient à
Michael H. Chandler, un montreur itinérant de Pennsylvanie.
Chandler avait acquis onze momies début 1833 et avait vendu
les sept autres dans l’Est des États-Unis avant de
rencontrer Joseph Smith. Peu après avoir obtenu les
antiquités, Joseph Smith annonça que les papyrus
contenaient des écrits des patriarches Abraham et Joseph, qui
avaient tous deux habité en Égypte (Ge. 12:37, 39-50).
Ces antiquités
avaient été exhumées par Antonio Lebolo sur la
rive occidentale du Nil en face de la ville antique de Thèbes
(aujourd’hui Louxor), probablement entre 1817 et 1821. Lebolo,
né à Castellamonte, au Piémont (nord de
l’Italie), avait été gendarme pendant
l’occupation de la botte italienne par Napoléon. Quand
celui-ci fut battu, Lebolo préféra l’exil à
la perspective de l’emprisonnement au moment de la réapparition
de la monarchie sarde. Il alla s’installer en Égypte, où
il fut employé par Bernardino Drovetti, ancien consul général
de France en Égypte, pour superviser ses fouilles en
Haute-Égypte. Drovetti permit également à Lebolo
de faire ses propres fouilles. Lebolo découvrit onze momies
bien conservées dans un grand tombeau. Du fait que Lebolo
dirigeait plusieurs centaines d’hommes qui faisaient des
fouilles à différents emplacements, l’endroit
exact n’a pas été identifié. Les momies
furent envoyées à Trieste, où Lebolo autorisa
Albano Oblasser, un magnat de l’import export, à les
vendre en son nom. Lebolo mourut le 19 février 1830 à
Castellamonte. Oblasser expédia les onze momies à deux
compagnies maritimes à New York, McLeod et Gillespie, et à
Maitland et Kennedy, pour qu’ils les vendent à quiconque
payerait une somme appropriée. Le montant devait être
envoyé aux héritiers de Lebolo. Chandler les acheta en
hiver ou au début du printemps 1833. Il prétendait que
Lebolo était son oncle, mais cette parenté n’a
pas été confirmée.
On sait maintenant qu’une
partie de la littérature abrahamique révèle des
liens avec l’Égypte. Par exemple, le Testament d’Abraham
– probablement d’abord écrit en grec –
provient presque certainement d’Égypte. L’insertion
d’une personnalité biblique telle qu’Abraham dans
les scènes hiéroglyphiques égyptiennes est une
technique juive connue depuis la période hellénistique
(Grobel, p. 373-382). Il n’est donc pas étonnant que des
textes égyptiens soient d’une certaine façon liés
à la parution du livre d’Abraham.
Selon certains
égyptologues, les écrits d’Abraham acquis par
Joseph Smith doivent dater du début de l’ère
chrétienne. Cette datation n’est pas sans précédent.
Le Testament d’Abraham, édité au départ
par M. R. James en 1892, a été décrit par lui
comme étant « un écrit judéo-chrétien
du deuxième siècle composé en Égypte »
(Nibley, p. 20-21).
L’identité
des momies n’est pas connue, puisqu’il n’y a aucune
source primaire qui les identifie.
Bibliographie
Grobel, K. « …
Whose Name Was Neves ». New Testament Studies 10
(1963-1964), p. 373-382.
Nibley, Hugh W. Abraham
in Egypt. Salt Lake City, 1981.
Peterson, H. Donl. The
Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
H. DONL PETERSON
Livre
d’Abraham : Traduction et publication du livre d’Abraham
Auteur :
PETERSON, H. DONL
Le 10 octobre 1880, lors
d’une conférence générale, les membres de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours votèrent pour accepter le livre d’Abraham comme
ouvrage scripturaire. Plusieurs idées ont été
avancées concernant le processus par lequel le prophète
Joseph Smith a réalisé l’œuvre. Bien que
ses associés et lui aient commencé un « alphabet
et grammaire égyptiens » tandis qu’ils
étudiaient les papyrus, le but de ce travail est obscur. Il
n’a jamais été fini, expliqué ou publié
par Joseph Smith ni aucun de ses successeurs. Cependant, il est
certain qu’il a commencé à travailler à
Kirtland sur les papyrus égyptiens concernés peu après
les avoir achetés à Michael H. Chandler en 1835.
Il est probable que
personne aux États-Unis en 1835 n’aurait pu interpréter
des hiéroglyphes égyptiens par les techniques
ordinaires de traduction. Le prophète dit que quand il avait
traduit les plaques d’or du Livre de Mormon » à
partir du texte en « égyptien réformé »
(1827-1829), il l’avait fait « par le don et le
pouvoir de Dieu ». De même, ce fut principalement
l’inspiration divine plutôt que sa connaissance des
langues qui fut à l’origine du texte anglais du livre
d’Abraham. Sa méthodologie précise demeure
inconnue.
Le 5 juillet 1835, le
prophète écrivit : « J’ai
commencé la traduction de certains des caractères ou
hiéroglyphes et, à notre grande joie, j’ai
constaté qu’un des rouleaux contenait les écrits
d’Abraham… Vraiment nous pouvons dire que le Seigneur
commence à révéler l’abondance de la paix
et de la vérité » (HC 2:236). Après
quelques retards, Joseph Smith désigna, le 2 novembre 1837,
deux hommes pour lever des fonds pour aider à la traduction et
à l’impression du livre d’Abraham. Mais à
cause d’autres difficultés, il ne put rien publier
pendant les quatre années qui suivirent. Le livre d’Abraham
fut imprimé pour la première fois dans trois numéros
du Times and Seasons, les 1er mars, 15 mars et 16 mai 1842. Ces
numéros contenaient tout le livre actuel d’Abraham, dont
les trois fac-similés. En février 1843, Joseph Smith
promit que davantage du livre d’Abraham serait publié.
Malheureusement, le harcèlement continu de ses ennemis empêcha
le prophète de publier davantage du document. Il reçut
une notoriété considérable quand plusieurs
grands journaux de l’Est des États-Unis réimprimèrent
le fac-similé 1 et une partie du texte publié dans le
Times and Seasons.
En 1851, les écrits
d’Abraham furent publiés en Angleterre dans la Perle de
grand prix, une petite compilation faite par Franklin D. Richards,
contenant certaines des traductions et des révélations
de Joseph Smith. C’est cette compilation qui fut canonisée
en 1880 à Salt Lake City, ce qui la plaçait au niveau
des trois autres recueils ou ouvrages canoniques sacrés :
la Bible, le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances.
En 1856, les papyrus
furent vendus par la veuve de Joseph à Abel Coombs. À
l’exception de quelques fragments rendus à l’Église
en 1967, la localisation actuelle des papyrus est inconnue. [Voir
également Papyrus, Joseph Smith.]
Bibliographie
Nibley, Hugh. "The
Meaning of the Kirtland Egyptian Papers". BYU Studies 11, n°
4, été 1971, p. 350-399.
Peterson, H. Donl. The
Pearl of Great Price : A History and Commentary. Salt Lake City,
1987.
H. DONL PETERSON
Livre
d’Abraham : Contenu du livre d’Abraham
Auteur :
THOMPSON, STEPHEN E.
Le livre d’Abraham
dans la Perle de grand prix se compose d’un récit des
relations d’Abraham avec le Seigneur dans quatre pays : la
Chaldée, Charan, Canaan et l’Égypte. Cette
observation est en accord avec l’expression qui introduit
l’œuvre, « au pays de ». Excepté
pour les événements rapportés au premier
chapitre, Saraï (Sara) participe pleinement aux vicissitudes et
aux triomphes de son mari.
Au début du texte,
Abraham vit parmi peuple idolâtre de Chaldée (Abr. 1:1,
5-7). Mais sous le coup de fortes persécutions (1:12, 15) pour
avoir prêché contre sa méchanceté, il
décide d’émigrer. L’opposition officielle
qui en résulte vaut presque à Abraham d’être
la victime d’un sacrifice humain (1:12-15). Quand il prie pour
avoir l’aide divine, un ange le sauve et lui promet qu’il
sera conduit dans un nouveau pays et qu’il recevra la prêtrise
(1:15-19).
Quand la famine
prophétisée par l’ange arrive en Chaldée
(1:29-30), Abraham part avec Saraï, son neveu Lot, et sa
famille, avec son père, Térach, dans son sillage (2:4).
Une fois qu’ils sont installés à Charan, le
Seigneur commande à Abraham de continuer vers Canaan et lui
révèle les éléments de base de l’alliance
abrahamique (2:6-11). À cause de la famine, Abraham va en
Égypte, où le Seigneur lui commande – et c’est
là un détail qui est absent dans Genèse 12:11-13
– de présenter Saraï comme sa sœur, afin que
les Égyptiens ne le tuent pas (2:21-25).
Au troisième
chapitre, Abraham décrit une vision qu’il a reçue
par un urim et un thummim au sujet des mondes créés par
Dieu, des esprits prémortels des hommes et du Conseil dans les
cieux où les dieux (cf. Jn. 1:1-4, 14 ; Hé. 1:1-3)
planifièrent la création de la terre et de l’humanité.
Les quatrième et cinquième chapitres racontent la
réalisation de ces plans et le placement d’Adam et Ève
dans le jardin d’Éden.
Selon le récit du
livre, la Chaldée était sous l’hégémonie
égyptienne du vivant d’Abraham. La religion locale
comprenait le culte solaire égyptien, le culte du pharaon et
les sacrifices humains. La découverte du pays d’Égypte
est attribuée à Égyptus, fille de Cham et
d’Égyptus ; son fils aîné, dont le nom
était Pharaon, créa son premier gouvernement.
Les contributions
doctrinales du livre sont une explication plus complète de
l’alliance d’Abraham et de son rapport avec l’Évangile
(2:6-11) et une meilleure compréhension de la vie prémortelle
(3:22-28). Pour ce qui concerne l’astronomie, il donne le nom
de l’astre le plus proche de la demeure de Dieu, Kolob (3:2-4)
et détaille la création de la terre par un conseil des
Dieux au quatrième chapitre. Abraham 1:26-27 a été
interprété par certains comme base scripturaire du
refus dans le passé de donner la prêtrise aux noirs.
Pour ce qui est des liens
avec la Bible, l’idolâtrie de Térach (cf. Jos.
24:2) et la délivrance d’Abraham par le Seigneur (cf.
És. 29:22) sont détaillés dans le livre
d’Abraham et dans d’autres textes antiques sur Abraham.
Beaucoup de thèmes
du livre apparaissent dans d’autres documents littéraires
antiques, notamment la lutte d’Abraham contre l’idolâtrie
(Jubilés 12 ; Charlesworth, vol. 2, p. 79-80), la
tentative de sacrifice d’Abraham (Pseudo-Philon 6 ;
Charlesworth, vol. 2, p. 310-312) et la vision d’Abraham de
l’endroit où Dieu habite, les événements
dans le jardin d’Éden et les esprits prémortels
(Apocalypse d’Abraham 22-23 ; Charlesworth, vol. 1, p.
700). Le commandement de Dieu à Abraham de présenter
Saraï comme étant sa sœur trouve son écho
dans l’Apocryphe de la Genèse (colonne 19) comme lui
ayant été donné dans un songe. Abraham
enseignant l’astronomie aux Égyptiens (fac-similé
3 du livre d’Abraham) se retrouve dans le Pseudo-Eupolème
9.17.8 et 9.18.2 (Charlesworth, vol. 2, p. 881-82) et dans Josèphe
(Histoire ancienne des Juifs 1.8.2).
Bibliographie
Charlesworth, James H.,
dir. de publ. The Old Testament Pseudepigrapha, 2 vols. Garden City,
N.Y., 1983, 1985.
Millet, Robert L., et
Kent P. Jackson, dir. de publ. Studies in Scripture, Vol. 2. Salt
Lake City, 1985.
Peterson, H. Donl, et
Charles D. Tate, dir. de publ. The Pearl of Great Price :
Revelations from God. Provo, Utah, 1989.
STEPHEN E. THOMPSON
Livre
d’Abraham : Fac-similés du livre d’Abraham
Auteur :
RHODES, MICHAEL D.
Trois fac-similés
sont publiés avec le texte du livre d’Abraham dans la
Perle de grand prix. Tous sont semblables aux illustrations
égyptiennes connues par d’autres sources.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO
1. Les représentations semblables au fac-similé 1
abondent dans les textes religieux égyptiens. Un exemple
typique apparaît au chapitre 151 du Livre des Morts, montrant
le dieu Anubis embaumant Osiris, qui se trouve sur un lit en forme de
lion. Dans certains détails, tels que la position du
personnage couché, le fac-similé 1 diffère des
autres textes égyptiens.
On ne connaît
l’existence du document original que pour le fac-similé
1. La comparaison des fragments de papyrus ainsi que du texte
hiéroglyphique qui accompagne ce dessin démontre qu’il
faisait partie d’un texte religieux égyptien connu sous
le nom de Livre des Respirations. Sur la base des indications
paléographiques et historiques, la date de ce texte peut être
estimée avec certitude comme étant le premier siècle
apr. J.-C. Étant donné que le livre d’Abraham
fait allusion à cette illustration (Abr. 1:12), beaucoup en
ont conclu que le Livre des Respirations doit être le texte que
le prophète Joseph Smith a utilisé dans sa traduction.
Comme il est clair que le Livre des Respirations n’est pas le
livre d’Abraham, les détracteurs affirment que c’est
la preuve concluante que Joseph Smith était incapable de
traduire les documents antiques.
Dans les documents
historiques que l’Église possède actuellement,
Joseph Smith n’a jamais décrit le processus qu’il
utilisait pour traduire les documents antiques. Parlant du Livre de
Mormon, il a dit qu’il « n’était pas
utile » qu’il raconte tous les détails de sa
parution (HC 1:220 ; voir Traduction du Livre de Mormon par
Joseph Smith). À plusieurs reprises, il a qualifié le
livre d’Abraham de traduction (HC 4:543, 548) ; et quand
le livre d’Abraham fut publié par sections dans le
Millennial Star, il fut décrit comme « traduit par
Joseph Smith » (juillet 1842, p. 34). Wilford Woodruff
(dans son journal personnel) et Parley P. Pratt (dans le Millennial
Star de juillet 1842) affirment que la traduction avait été
faite au moyen de l’urim et du thummim, bien que Joseph Smith
lui-même ne mentionne pas l’utilisation de cet instrument
à un endroit quelconque de la traduction.
On doit cependant tenir
compte de ce que Joseph Smith entendait par traduction. La section 7
des Doctrine et Alliances nous propose une mesure standard. Ici, le
prophète, utilisant l’urim et le thummim, a traduit des
« écrits faits sur parchemin par Jean ».
Bien qu’on ne sache pas si Joseph Smith a eu ce document en sa
possession, il en a donné une traduction. Puisqu’on ne
sait pas au juste comment Joseph Smith traduisait, il est raisonnable
de postuler que, en étudiant les papyrus égyptiens
achetés à Michael Chandler, Joseph Smith a demandé
au Seigneur de lui donner la révélation à leur
sujet et a reçu dans ce processus le livre d’Abraham. Il
se peut alors qu’il ait recherché dans les papyrus en sa
possession des illustrations semblables à celles qu’il
avait apprises par révélation. C’est une
explication possible de la façon dont des dessins faits aux
environs du premier siècle apr. J.-C. ont été
utilisés pour illustrer le livre d’Abraham.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO
2. Les égyptologues appellent le fac-similé 2 un
hypocéphale (« sous la tête » en
grec) et de nombreux exemplaires sont conservés dans les
musées de par le monde. Leur but officiel était de
maintenir le corps chaud (c.-à-d., prêt pour la
résurrection) et de transformer le défunt en un dieu
dans l’au-delà. Joseph Smith a expliqué que le
fac-similé 2 contenait des représentations de Dieu, de
la terre, du Saint-Esprit, etc. Ses explications sont généralement
raisonnables à la lumière des connaissances modernes en
égyptologie. Par exemple, les quatre personnages debout dans
la partie inférieure du fac-similé représentent,
selon Joseph Smith, « les quatre coins de la terre ».
Les Égyptiens les appelaient les quatre fils d’Horus et,
entre autres, ils étaient les dieux des quatre coins de la
terre.
FAC-SIMILÉ NUMÉRO
3. Le fac-similé 3 est une scène que l’on
retrouve sans cesse dans la littérature égyptienne, une
scène particulièrement connue grâce au chapitre
125 du Livre des Morts. Il représente le jugement des morts
devant le trône d’Osiris. Il est probable qu’il se
trouvait à la fin du texte du Livre des Respirations, dont le
fac-similé 1 constituait le commencement, puisque d’autres
exemplaires contiennent des vignettes semblables à celle-ci.
De plus, le nom de Hor, propriétaire du papyrus, apparaît
dans les hiéroglyphes au bas de ce fac-similé.
Joseph Smith explique que
le fac-similé 3 représente Abraham assis sur le trône
du pharaon, enseignant les principes de l’astronomie à
la cour égyptienne. Les critiques ont fait remarquer que le
deuxième personnage, que Joseph Smith dit être le roi,
est la déesse Hathor (ou Isis). Il y a cependant des exemples
dans d’autres papyrus, qui n’étaient pas dans la
possession de Joseph Smith, où le pharaon est représenté
sous les traits d’Hathor. En fait, la scène entière
est typique des drames rituels égyptiens dans lesquels des
acteurs costumés jouaient les rôles de divers dieux et
déesses.
En résumé,
le fac-similé 1 constituait le commencement et le fac-simile 3
la fin d’un document connu sous le nom de Livre des
Respirations, un texte religieux égyptien que la paléographie
date de l’époque de Jésus. Le fac-similé
2, l’hypocéphale, est également un texte
religieux égyptien tardif. On pourrait expliquer l’association
de ces fac-similés au livre d’Abraham comme étant
une tentative de Joseph Smith de trouver, dans les papyrus qu’il
possédait, les illustrations qui correspondaient le mieux à
ce qu’il avait reçu par révélation en
traduisant le livre d’Abraham. De plus, les explications que le
prophète donne de chacun des fac-similés s’accordent
avec ce qui est connu aujourd’hui des pratiques religieuses
égyptiennes.
Bibliographie
Harris, James R. "The
Book of Abraham Facsimiles." Dans Studies in Scripture, Vol. 2,
dir. de publ. R. Millet et K. Jackson. Salt Lake City, 1985.
Nibley, Hugh. Abraham in
Egypt. Salt Lake City, 1981.
Rhodes, Michael D. "A
Translation and Commentary of the Joseph Smith Hypocephalus."
BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
MICHAEL D. RHODES
Livre
d’Abraham : Études sur le livre d’Abraham
Auteur :
RHODES, MICHAEL D.
COMMENTAIRES DOCTRINAUX.
Les études doctrinales du livre d’Abraham ont
habituellement été des composants de commentaires
généraux sur la Perle de grand prix qui ne se
concentraient pas sur le livre d’Abraham en particulier. Le
Commentary on the Pearl of Great Price de George Reynolds et Janne
Sjodahl (Salt Lake City, 1965) en est un exemple typique. L’étude
la plus complète de cette sorte est le Doctrinal Commentary on
the Pearl of Great Price (Salt Lake City, 1969) par Hyrum Andrus.
ÉTUDES
HISTORIQUES. En 1912, la brochure Joseph Smith, Jr., as a Translator
par F. S. Spaulding, évêque épiscopalien d’Utah,
tentait de réaliser la première étude non
mormone officielle du livre d’Abraham. Elle contenait des
lettres de huit grands égyptologues sur les trois fac-similés
commentant sur « l’exactitude » de leur
interprétation par le prophète Joseph Smith. Les
savants s’accordaient unanimement pour dire que le prophète
se trompait. À l’époque, aucun savant parmi les
saints des derniers jours n’était capable de réfuter
leurs affirmations. Ce ne fut qu’en 1936 que J. E. Homans, qui
n’était pas saint des derniers jours et qui écrivait
sous le pseudonyme R. C. Webb, publia Joseph Smith as a Translator,
défendant les capacités du prophète comme
traducteur, mais sans traiter directement les remarques faites par
les égyptologues.
En 1967, onze fragments
des papyrus égyptiens qui avaient jadis appartenu à
Joseph Smith furent redécouverts par Aziz S. Atiya et furent
ensuite présentés à l’Église par le
Metropolitan Museum of Art de New York. On constata que plusieurs
fragments faisaient partie d’un texte religieux égyptien
connu sous le nom de Livre des Respirations. Trois égyptologues
de renom procédèrent rapidement à une traduction
et à des commentaires sur les fragments, ce qui eut comme
conséquence de nouvelles attaques à propos de
« l’incapacité » de Joseph Smith
comme traducteur. Les détracteurs affirmèrent que le
Livre des Respirations n’avait rien à voir avec le livre
d’Abraham que Joseph Smith prétendait apparemment avoir
traduit de ces mêmes papyrus. En effet, le Livre des
Respirations est un texte tardif qui remonte aux environs du premier
siècle apr. J.-C., quelque deux mille ans après le
temps d’Abraham. Hugh Nibley a systématiquement défendu
Joseph Smith avec une grande compétence contre les critiques
de ce type, en affirmant que le livre d’Abraham devait être
évalué sur la base de ce qu’il prétend
être : le récit fait par Abraham de sa vie. Les
recherches de Nibley ont montré qu’il existe un nombre
important de liens entre le livre d’Abraham et les textes
antiques qui traitent d’Abraham. Ces ressemblances sont trop
nombreuses et trop subtiles pour qu’on puisse les attribuer à
la seule coïncidence.
Dans son explication du
fac-similé 2 du livre d’Abraham, Joseph Smith affirmait
que certaines informations qui s’y trouvaient ne devaient pas
être révélées au monde, « mais
peu[ven]t s’obtenir dans le saint temple de Dieu ».
Les études sur le rituel du temple égyptien faites
depuis le temps de Joseph Smith ont révélé des
parallèles avec les célébrations et la doctrine
du temple chez les saints des derniers jours, notamment la
représentation de la création et de la chute de
l’humanité, les ablutions et les onctions et le retour
final des personnes en la présence de Dieu. De plus, mari,
femme et enfants sont scellés ensemble pour l’éternité,
la généalogie est prise au sérieux ; les
hommes seront jugés selon leurs actes dans cette vie et la
récompense d’une vie juste est de vivre éternellement
en la présence de Dieu avec sa famille. Il n’est guère
raisonnable de vouloir faire croire que tous ces parallèles se
sont produits par pur hasard.
Un certain nombre de
textes pseudépigraphiques prétendant être des
récits de la vie d’Abraham sont apparus depuis le temps
de Joseph Smith, comme l’Apocalypse d’Abraham et le
Testament d’Abraham, des documents qui montrent des
ressemblances remarquables avec le livre d’Abraham. Par
exemple, au chapitre 12 du Testament d’Abraham, il y a une
description du jugement des morts qui correspond dans le plus grand
détail à la scène montrée dans le
fac-similé 3 du livre d’Abraham et, par ailleurs, au
chapitre 125 du Livre des Morts égyptien. En fait, on peut
trouver dans les écrits pseudépigraphiques sur Abraham
des parallèles avec presque chaque verset du livre d’Abraham.
En résumé,
les nombreuses ressemblances que le livre d’Abraham et les
points de doctrine des saints des derniers jours qui lui
correspondent ont en commun avec les textes religieux égyptiens
et les écrits pseudépigraphiques récemment
découverts peuvent être une confirmation supplémentaire
de l’authenticité de la traduction de Joseph Smith
connue sous le nom de livre d’Abraham. Une question importante
au sujet de son authenticité continue à tourner autour
du point de savoir si Joseph Smith a traduit l’ouvrage au
départ des fragments de papyrus que l’Église a
maintenant en sa possession ou s’il a utilisé l’urim
et le thummim pour recevoir le texte du livre d’Abraham par
révélation, comme c’est est le cas pour la
traduction du rouleau de Jean le Révélateur, que l’on
trouve à la section 7 des Doctrine et Alliances ou du livre de
Moïse, qui est extrait de la traduction de la Bible par Joseph
Smith et qui se trouve aussi dans la Perle de grand prix. Ces
exemples montrent que Joseph Smith n’avait pas besoin de
posséder un texte original pour que sa traduction lui soit
révélée. Dans sa fonction comme prophète,
voyant et révélateur, beaucoup de voies lui étaient
ouvertes pour recevoir des informations par l’inspiration
divine. [Voir aussi Livre d’Abraham : Fac-similés
du livre d’Abraham.]
Bibliographie
Ashment, Edward H. "The
Facsimiles of the Book of Abraham : A Reappraisal."
Sunstone 4, n° 5-6, déc. 1979, p. 33-48.
Baer, Klaus. "The
Breathing Permit of Hor." Dialogue 3, n° 3, 1968, p.
109-134.
Homans, J. E. Joseph
Smith as a Translator. Salt Lake City, 1936.
Nibley, Hugh. The Message
of the Joseph Smith Papyri. Salt Lake City, 1975.
Nibley, Hugh. Abraham in
Egypt. Salt Lake City, 1981.
Parker, Richard. "The
Joseph Smith Papyri : A Preliminary Report." Dialogue 3, n°
2, 1968, p. 86-92, 98-99.
Rhodes, Michael D. "A
Translation and Commentary on the Joseph Smith Hypocephalus."
BYU Studies 17, printemps 1977, p. 259-274.
Spaulding, F. S. Joseph
Smith, Jr., as a Translator. Brochure. Salt Lake City, 1912.
Wilson, John. "A
Summary Report." Dialogue 3, n° 2, 1968, p. 67-85.
MICHAEL D. RHODES
Abraham
Auteur :
CLARK, E. DOUGLAS
Peu de personnages
bibliques ont une place aussi importante dans la religion des saints
qu’Abraham. D’autres croient aussi qu’il a
réellement existé, mais l’approche des saints est
unique : Les révélations reçues par Joseph
Smith confirment l’historicité de base de la Genèse
et ajoutent des informations auxquelles font écho des sources
antiques dont beaucoup ont été retrouvées après
l’époque du prophète.
Le livre d’Abraham
tel que rétabli par Joseph Smith raconte de manière
autobiographique la jeunesse d’Abraham, expliquant pourquoi il
a été choisi comme destinataire clef des promesses
divines destinées au bien de l’humanité. Non
seulement il avait été préordonné dans la
vie prémortelle (Abr. 3:23 ; cf. Apocalypse d’Abraham
22:1-5), mais dans sa jeunesse à Ur il s’opposa à
l’idolâtrie et aux sacrifices humains, ce qui, ironie des
choses, lui valut d’en devenir presque victime (Abr. 1:5-20 ;
cf. Genèse Rabbah 38:13). Ce qui est encore plus ironique,
c’est que la délivrance de dernière minute
d’Abraham par Dieu préfigurait ce qui allait se passer
quand Abraham offrirait Isaac.
Après avoir épousé
Sara et appris son droit par lignage à l’ordre
patriarcal de la prêtrise tel que révélé
dans les « annales des pères » (Abr.
1:2-4, 26, 31 ; 2:2 ; Jubilés 12:27 ; cf. D&A
107:40-57), Abraham se rendit à Charan, où il reçut
apparemment son ordination (Abr. 2:9-11 ; WJS, p. 245, 303). Il
vit aussi le Seigneur, qui lui fit des promesses remarquables :
Abraham serait béni au-delà de toute mesure ; sa
postérité porterait l’Évangile à
toutes les nations et tous ceux qui le recevraient porteraient son
nom, seraient comptés dans sa postérité et le
béniraient comme étant leur père (Abr. 2:6-11 ;
cf. Ge. 12:1-3).
Accompagnés de
leurs convertis, Abraham et Sara se rendirent à Canaan (Abr.
2:15 ; Genèse Rabbah 39:14). La famine ne tarda pas à
les forcer à aller en Égypte, non sans que Dieu
commande au préalable à Abraham de demander à
Sara de se faire passer pour sa sœur (Abr. 2:22-25 ;
Apocryphe de la Genèse 19:14-21) et lui donna ensuite une
vision du cosmos et de la création pour lui permettre de les
enseigner aux Égyptiens (Abr. 3-5 ; cf. Sefer Yetsirah).
Le récit du livre
d’Abraham prend fin ici, mais le dernier fac-similé du
livre (le n° 3) dépeint Pharaon – qui prétend
traditionnellement être seul détenteur de la prêtrise
et de la royauté (Abr. 1:25-27) – honorant la prêtrise
d’Abraham en lui permettant d’occuper le trône et
d’enseigner l’astronomie à la cour (cf.
Pseudo-Eupolème ; Josèphe, Histoire ancienne
1.viii.2). Le fait que le pharaon ait reconnu la prêtrise
d’Abraham était inconnu dans toutes les autres sources
antiques jusqu’à la découverte, en 1947, de
l’Apocryphe de la Genèse, censé, comme le livre
d’Abraham, contenir un récit autobiographique d’Abraham
mais continuant le récit en Égypte (Apocryphe de la
Genèse 20:8-34) : Quand le pharaon emmène Sara au
palais, Abraham, en larmes, fait appel à Dieu, lequel la
protège immédiatement en affligeant le pharaon.
L’affliction empire, mais le pharaon finit par faire un rêve
où Abraham le guérit ; le patriarche est alors
convoqué et rend la santé au pharaon en lui mettant les
mains sur la tête. C’est le seul exemple connu dans
l’Ancien Testament ou dans les pseudépigraphes
apparentés d’une guérison par imposition des
mains, et il plante le décor pour la scène du livre
d’Abraham. Ensemble ces deux sources expliquent pourquoi les
anciens considéraient la rencontre d’Abraham avec le
pharaon comme « un événement crucial dans
l’histoire de l’humanité » (Nibley,
1981 [citant Wacholder], p. 63).
Mais c’est Sara qui
se trouve face au dilemme le plus difficile en Égypte :
Si elle honore la demande d’Abraham (en feignant être
vierge) et ses vœux matrimoniaux (en refusant les avances du
pharaon), elle risque une mort certaine. L’autre choix est
simplement d’accepter son nouveau rôle avec sa richesse
et son influence éblouissantes. Sara prouve sa fidélité
au péril de sa vie et, comme Abraham et Isaac, est finalement
sauvée par Dieu. Son sacrifice prouve son égalité
avec Abraham et leur dépendance mutuelle (CWHN 1:98 ; IE
73, avr. 1970, p. 79-95).
D’autres sources
mormones éclairent des événements ultérieurs
de la vie d’Abraham, comme quand Sara, encore sans enfant après
être retournée à Canaan, donne sa servante Agar à
Abraham (Ge. 16:1-3) et ainsi « servit Abraham selon la
loi » (D&A 132:65 ; voir aussi le verset 34) en
accord avec d’anciennes sources originaires du Proche-Orient
que l’on a maintenant et qui décrivent l’obligation
légale d’une épouse sans enfant. Le geste de Sara
démontre, dit un apôtre moderne, « son amour
et sa fidélité à son mari » (JD
23:228) et est, dit Philon, l’une « des preuves
innombrables » de son « amour conjugal…
Partout et en tout temps elle était à ses côtés…
sa vraie partenaire dans la vie et dans les événements
de la vie, résolue à partager au même titre le
bon et le mauvais » (À propos d’Abraham, p.
xlii-xliii).
Les sources de l’Église
décrivent en outre comment Abraham fut instruit au sujet de
Jésus-Christ par Melchisédek (EPJS, p. 260-261), qui,
comme prototype du Christ (TJS Ge. 14:26-36 ; Al. 13:17-19),
donna à Abraham la prêtrise selon l’Ordre du Fils
de Dieu (voir D&A
84:14 ; 107:2-4 ; cf. Genèse Rabbah 43:6) avec
accompagnement d’ordonnances du temple préfigurant le
Christ (Abraham, fac-similé 2 ; Al. 13:2, 16 ; cf.
Cave of Treasures [Budge], p. 148). Plus tard, Abraham « regarda
et vit les jours du Fils de l’Homme, et se réjouit »
(TJS Ge. 15:9-12 ; Hél. 8:17 ; Jn. 8:56).
L’épreuve
suprême d’Abraham, le sacrifice d’Isaac, fut à
la fois le rappel de l’expérience antérieure
d’Abraham et la préfiguration de choses à venir.
Des siècles avant Jésus, un prophète du Livre de
Mormon dit du sacrifice d’Isaac par Abraham qu’il était
une « similitude de Dieu et de son Fils unique »
(Jcb 4:4-5) tout comme beaucoup de pères chrétiens
allaient le dire rétrospectivement. La vie d’Abraham
symbolise donc et témoigne de son éminent descendant,
Jésus, qui, parce qu’il était également le
Fils de Dieu, pouvait expier pour Abraham et tous les autres.
La vie d’Abraham
préfigure aussi celle d’un autre descendant, Joseph
Smith (D&A 132:30-31), dont la prière à l’âge
de quatorze ans fait écho à celle du jeune Abraham au
même âge (Jubilés 11:16-17 ; JS–H
1:7-17). Les deux hommes avaient été préordonnés ;
tous les deux avaient reçu la prêtrise, prêché
l’Évangile et rencontré une opposition
redoutable ; tous deux parlèrent face à face avec
des messagers divins et avec Dieu lui-même, tous deux
possédaient un urim et un thummim, traduisirent des documents
antiques et rédigèrent des Écritures et tous
deux fondèrent une communauté influente de saints.
Mais le lien est plus
direct. John Taylor dit qu’Abraham a visité Joseph Smith
(JD 20:174-75 ; 21:94), dont la mission était aussi de
révéler des connaissances perdues sur Abraham (cf.
2 Né. 3:7, 12) et dont le ministère de
rétablissement tout entier a aidé à accomplir
l’alliance d’Abraham que dans sa postérité
toutes les nations seraient bénies (2 Né. 29:14 ;
3 Né. 20:27, 29). Un but central de ce rétablissement
est de rendre les promesses d’Abraham efficaces pour ses
descendants, qui, par les ordonnances du temple, peuvent recevoir les
bénédictions d’Abraham et être scellés
dans une chaîne d’ancêtres remontant jusqu’à
Abraham et à Adam (D&A2 ; EPJS, p. 289-290).
Pour atteindre la gloire
d’Abraham, il est commandé aux saints des derniers jours
d’aller au Christ en « [faisant] les œuvres
d’Abraham » dont la vie constitue un modèle
(D&A 132:32 ; cf. És. 51:1-2 ; Jn. 8:39 ;
Coran 16:120-123). Ces œuvres commencent par le baptême
et la réception du Saint-Esprit, sur quoi le bénéficiaire
doit « avancer résolument » (2 Né.
31:19-20) dans la justice, comme Abraham, en obéissant à
Dieu, en recevant la prêtrise et les ordonnances du temple, en
honorant les alliances, en fondant une cellule familiale, en
instruisant les enfants, en tenant des annales sacrées, en
prêchant l’Évangile et en se montrant fidèle
dans l’opposition (Abr. 1-2 ; Ge. 12-25). Quand on
progresse le long de ce chemin, on se calque de plus en plus sur
Abraham et Sara et les bénédictions qui leur ont été
promises. Par exemple, quiconque n’est pas descendant d’Abraham
mais reçoit le Saint-Esprit devient la postérité
d’Abraham (EPJS, p. 116-117 ; Abr. 2:10 ; cf. Ga.
3:29), tandis que tout homme qui magnifie la Prêtrise de
Melchisédek devient de même la postérité
d’Abraham (D&A 84:33-34). Et tout couple marié
éternellement dans le temple reçoit la promesse des
bénédictions d’Abraham – une postérité
comme les étoiles du ciel et le sable au bord de la mer,
signifiant un accroissement éternel de sa postérité
dans le royaume céleste (D&A 132:30 ; JD 11:151-152 ;
15:320).
Cette bénédiction
d’une postérité innombrable a été
promise en plusieurs occasions à Abraham (Abr. 3:13-14 ;
Ge. 13:16 ; 15:5 ; 17:2, 6), mais ce n’est que quand
il a démontré qu’il était disposé à
offrir Isaac comme sacrifice que le Seigneur a garanti les promesses
(Ge. 22:16-18), montrant, explique Joseph Smith, que toute personne
qui veut atteindre la vie éternelle « doit tout
sacrifier » (EPJS, p. 260). En conséquence, le
peuple du Seigneur doit être « mis à
l’épreuve comme Abraham » pour devenir
sanctifié par le descendant d’Abraham, le Christ (D&A
101:4-5 ; Mro. 10:33) en vue de « s’asseoir
dans le royaume de Dieu avec Abraham » et Sara (Al. 5:24)
sur un trône de gloire pour hériter les mêmes
bénédictions de l’exaltation dont jouit déjà
ce couple exemplaire (D&A 132:34-37 ; cf. Testament d’Isaac
2:5-7).
Bibliographie
Kimball, Spencer W. "The
Example of Abraham." Ensign 6, juin 1975, p. 3-7.
Nibley, Hugh. "A New
Look at the Pearl of Great Price" IE 71-73, janv. 1968-mai 1970,
une série d’articles couvrant deux années.
Nibley, Hugh. Abraham in
Egypt. Salt Lake City, 1981.
E. DOUGLAS CLARK
Abraham
– Évangile d’
Auteur :
FLAKE, JOËL A.
Le 3 avril 1836, les
clefs de la « dispensation de l’Évangile
d’Abraham » furent remises au prophète Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland dans le
cadre du rétablissement de toutes choses dans la dispensation
de la plénitude des temps (D&A 110:12). Il fut promis que
par ceux qui recevraient l’Évangile dans les derniers
jours et leur postérité, toutes les générations
qui l’accepteraient seraient bénies (HC 2:434-436). Ceci
a renouvelé la promesse faite jadis à Abraham (Ge.
12:1-3 ; Abr. 2:6, 9-11 ; cf. Ga. 3:7-9, 29).
Les saints des derniers
jours enseignent qu’Adam, Hénoc, Noé, Abraham et
beaucoup d’autres ont été à la tête
de dispensations de l’Évangile. Les bénédictions
et les commandements divins ont été conférés
en fonction des circonstances du peuple fidèle de Dieu dans
chaque dispensation.
La dispensation de
l’Évangile d’Abraham comprend l’ordre
patriarcal de la prêtrise et l’alliance du mariage
éternel (D&A 131:1-4 ; 132:28-30 ; voir aussi
Mariage : Mariage éternel), par lesquels l’alliance
abrahamique est perpétuée de génération
en génération parmi les fidèles. Abraham reçut
la promesse qu’il aurait une postérité
innombrable dans le monde et hors du monde. Cette promesse est
renouvelée à tous ceux qui obéissent à
l’Évangile de Jésus-Christ et reçoivent
l’alliance sacerdotale du mariage céleste, « et
c'est par cette loi que se perpétuent les œuvres [du]
Père » parmi l’humanité tant dans le
temps que dans l’éternité (D&A 132:31-33). Le
rétablissement de toutes choses comprenait la restitution des
clefs à Joseph Smith pour la rendre possible à l’époque
moderne pour tous ceux qui font les œuvres d’Abraham pour
hériter l’alliance et les bénédictions
d’Abraham. [Voir aussi Postérité d’Abraham.]
JOEL A. FLAKE
Abrahamique
– Alliance
Auteur :
RASMUSSEN, ELLIS T.
L’alliance divine
archétypale, dont l’alliance d’Abraham est un
exemple, est l’alliance éternelle de l’Évangile
de Jésus-Christ. En acceptant l’Évangile,
l’humanité peut être rachetée de l’issue
fatale de la mort et de la tache du péché pour jouir de
la vie éternelle avec Dieu.
La mission d’Abraham
n’était pas nouvelle ; elle était comme la
mission d’Adam, de Hénoc et de Noé. Le même
pouvoir divin ou prêtrise qui leur donnait l’autorité
de promulguer l’alliance de la rédemption divine pour
les enfants de Dieu à leur époque a été
renouvelée avec Abraham et sa postérité ;
elle devait être explicitement perpétuée par lui
et ses héritiers littéraux et spirituels pour toujours
(Ge. 12:1-3 ; Abr. 1:18-19 ; 2:6, 9-11).
ACCOMPLISSEMENT PAR
ABRAHAM DE LA MISSION DE L’ALLIANCE Abraham apprit dans les
annales de ses ancêtres ce qui concernait le Dieu vrai et
vivant et les pouvoirs salvateurs de la prêtrise. Bien que ses
ascendants directs eussent apostasié de l’Évangile,
il désirait et reçut, de la part de Melchisédek,
cette vraie prêtrise avec ses pouvoirs et ses responsabilités
(Abr. 1:1-7, 18, 19, 31 ; D&A 84:14 ; Al. 13:14-19 ;
Ge. 14:18-20).
Les Chaldéens
idolâtres avaient rejeté Abraham et l’avaient mis
sur un autel pour le sacrifier (Abr. 1:5-12) mais le Seigneur le
sauva et lui commanda de partir de chez lui à Ur pour une
nouvelle terre promise (Ge. 11:27-32 ; 12:1-3 ; Abr. 1:1,
17 ; 2:1-5). Abraham emmena d’autres membres de sa famille
dans un endroit qu’ils appelèrent Charan, où il
gagna d’autres convertis aux voies du Seigneur. Il partit avec
eux pour entreprendre son ministère au pays qui lui était
promis, à lui et à tous ses descendants qui
écouteraient la voix du Seigneur (Abr. 2:6, 14-20 ; Ge.
12:4-8).
Abraham et son groupe
s’installèrent d’abord dans la région de
Béthel, bâtirent un autel et proclamèrent le nom
du Seigneur, façon de faire qu’il perpétua dans
les foyers qu’il fonda par la suite (Ge. 12:8 ; 13:4, 18).
Près de Béthel, les promesses et les responsabilités
de l’alliance furent renouvelées et la circoncision
devint le signe de l’alliance, pour rappeler à tous les
détenteurs de rester purs et exempts de péché
(Ge. 17). Abraham devint un homme de bonne réputation (Ge.
14:13, 18-20 ; 23:1-16) et eut la confiance de Dieu, qui fit son
éloge en disant : « Je l'ai choisi, afin qu'il
ordonne à ses fils et à sa maison après lui de
garder la voie de l'Éternel, en pratiquant la droiture et la
justice » (Ge. 18:19). Il connut l’épreuve
suprême et une révélation de la signification de
l’alliance rédemptrice lorsque Dieu exigea qu’à
titre de préfiguration du sacrifice du Sauveur, il soit
disposé à sacrifier son propre fils. Il réussit
l’épreuve, son fils fut sauvé et il apprit
comment tous peuvent être sauvés par le Rédempteur
divin (Ge. 22:1-18 ; Jn. 8:56 ; Jcb. 4:5 ; Ga. 3:8).
PERPÉTUATION DE LA
MISSION PAR LES HÉRITIERS D’ABRAHAM. Les successeurs
littéraux et spirituels d’Abraham apprirent à
garder l’alliance par les choses qu’ils subirent. Leurs
efforts eurent parfois du succès et leurs voisins furent
impressionnés (Ge. 17:1-7 ; 26:1-5, 24-28 ;
28:13-22 ; 30:25-27 ; 32:24-29 ; 35:1-15 ;
39:1-6, 21-23 ; 40:8 ; 41:9-16, 37-42).
Une bénédiction
patriarcale donnée par Jacob (Israël), petit-fils
d’Abraham, à ses douze fils définit les rôles
futurs de l’alliance pour ses descendants, en particulier ceux
issus de Juda et de Joseph (Ge. 49:10, 22-26).
En plus de la postérité
de Jacob, Abraham eut des descendants par Ismaël, le fils
d’Agar, servante de Sara. Dans la famille d’Ismaël,
on cite « douze princes » qui fondèrent
des « parcs » et des « enclos »
(Ge. 25:12-16). Six fils par Ketura, autre épouse d’Abraham,
sont également cités parmi ses familles : Zimran,
Jokschan, Medan, Madian, Jischbak et Schuach (Ge. 25:2). Il leur
promit à tous des dons avant de mourir (Ge. 25:1-7), notamment
des dons spirituels. Un descendant, Jéthro (ou Reuel),
sacrificateur de Madian, fournit à Moïse une épouse,
l’ordonna à la prêtrise et le conseilla sur la
façon d’organiser, de gouverner et de juger Israël
(Ex. 2:16-22 ; 18:12-27 ; D&A 84:6-16). De nombreux
descendants d’Ésaü, avec leurs chefs tribaux et
leurs rois, sont également mentionnés (Ge. 36).
Aujourd’hui, des
millions de personnes considèrent Abraham comme leur père.
Tous peuvent avoir les bénédictions de son alliance :
il leur suffit de faire les œuvres d’Abraham. Le Seigneur
n’a jamais dit à Abraham que lui seul serait béni
par l’alliance ou qu’elle ne bénirait que sa
postérité littérale ; la mission était
qu’en lui et en sa postérité toutes les familles
de toutes les nations seraient bénies. Tous ceux qui acceptent
l’alliance du divin Rédempteur deviennent
spirituellement la postérité d’Abraham et
reçoivent les mêmes bénédictions que ses
descendants biologiques (Ge. 12:1-3 ; Abr. 2:8-11 ; Ga.
3:7-9, 26-29 ; cf. Jean 8:33, 37, 39 ; Ro. 9:6-8).
L’HÉRITAGE
ABRAHAMIQUE PAR MOÏSE ET LES PROPHÈTES La mission de
Moïse était de délivrer les enfants d’Israël
du joug de l’esclavage et de la mort en Égypte et de les
ramener dans la Terre promise. Ils ne devaient entrer dans le pays
que lorsque l’iniquité des habitants précédents
serait devenue si excessive qu’ils se seraient plus dignes de
le conserver (1 Né. 17:35 ; Ge. 15:13-16 ;
17:7-9 ; TJS Ge. 17:4-7 ; Ex. 4:22-23 ; 6:1-8). Par
Moïse, le Seigneur donna aux Israélites des lois, des
ordonnances, des statuts et des commandements pour les aider à
se rappeler leurs devoirs envers Dieu et pour faire d’eux un
royaume de sacrificateurs, un peuple saint, un peuple acquis en tant
que serviteurs exemplaires de Dieu (Ex. 19:1-6, 20 et suiv. ;
De. 4:1-6 ; Mos. 13:27-30).
Israël vécut
effectivement selon l’alliance dans les derniers jours de Moïse
et du temps de son successeur, Josué ; mais à
l’époque des juges et au-delà, les Israélites
tombèrent dans la manière de vivre des tribus voisines
au lieu de suivre les lois morales et religieuses du vrai Dieu (Jg.
2:7-13 ; 17:6 ; 21:25). Parce que les cycles d’apostasie
se répétèrent pendant toute l’histoire
d’Israël, les Israélites furent périodiquement
réprimandés par les prophètes pour leurs péchés
et appelés au repentir (par exemple, És. 1:1-4 ;
Os. 4:1-6 ; Am. 3 ; Mi. 3 ; Jé. 2 ; Éz.
2).
Deux thèmes
dominent les messages des prophètes de l’Ancien
Testament : (1) le Rédempteur promis viendrait et,
quoique rejeté par beaucoup, il ouvrirait le chemin promis
vers le salut pour tous ; (2) dans les derniers jours,
l’alliance d’Abraham serait rétablie (Es. 2:2-5,
11 ; 7:14-16 ; 9:1-7 ; 52:13-15, 53 ; Jé.
23:5-8 ; Éz. 37:11-28 ; Da. 9:21-27 ; Mi.
5:2-5 ; Za. 9:9-11 ; 11:10-13 ; 13:6 ; 14:4-9).
ACCOMPLISSEMENT ET
PERPÉTUATION Le Rédempteur est venu, et les lois et les
prophéties ont préparé les fidèles à
le recevoir (Ga. 3:16-24, 25-29 ; Ac. 2:47 ; 5:14 ; 1
Co. 15:6). Il a accompli sa mission d’enseignement et de
sacrifice personnels sur la terre, puis il a chargé les
nouveaux héritiers chrétiens de l’alliance de la
faire connaître au monde entier (Mt. 24:14 ; 28:19-20 ;
Mc. 16:15-16). Cependant, pendant des siècles, le pouvoir
sacerdotal d’administrer les ordonnances appropriées de
l’alliance et certaines facettes essentielles de doctrine ont
été perdus. Tous ont maintenant été
rétablis dans la dispensation moderne de l’Évangile
(D&A 110:11-16) et sont de nouveau accessibles à toutes
les familles et nations de la terre.
Bibliographie
Brandt, Edward J. "The
Covenants and Blessings of Abraham" Ensign 3, févr. 1973,
p. 42-43.
Kimball, Spencer W.
Abraham : An Example to Fathers. Salt Lake City, 1977.
Nyman, Monte S. "Abraham,
the Father of the Faithful" Sperry Lecture Series. Provo, Utah,
1975.
Guide par sujet,
"Abrahamic Covenant" ; et Dictionary, "Abraham,
Covenant of." Dans l’édition de l’Église
de la King James Version de la Bible. Salt Lake City, 1979.
ELLIS T. RASMUSSEN
Adam
Cette rubrique se compose
de deux sections :
Adam : Sources
mormones
Adam : Sources
antiques
Le premier article traite
des enseignements mormons au sujet d’Adam. Le second propose
plusieurs sources apocryphes et pseudépigraphiques comme
points de comparaison. On trouvera de plus amples renseignements sur
Adam dans Adamique, langue, Ève, Chute d’Adam, Condition
mortelle, Péché originel, et Plan du salut, Plan de
Rédemption ; concernant les débuts de la vie
terrestre, voir Création ; Création, récits
de la, Terre, Évolution, Jardin d’Éden, Origine
de l’homme, But de la vie terrestre : Perspective mormone,
et Mondes.
Adam,
Chute d'
Auteur :
MATTHEWS, ROBERT J.
Les saints des derniers
jours voient dans la chute d'Adam et Ève un événement
réel qui s'est produit dans le jardin d'Éden et a
affecté la terre entière et chaque individu du genre
humain. La Chute était une étape nécessaire à
la progression éternelle de l'humanité et a introduit
les conditions qui ont rendu la mission de Jésus-Christ
absolument nécessaire pour le salut. Les quatre ouvrages
canoniques et les enseignements de beaucoup de dirigeants éminents
de l'Église sont les sources de la doctrine de la Chute chez
les saints. Ces sources s’étendent longuement sur les
effets bénéfiques de la Chute comme élément
du « grand plan du bonheur » de Dieu (Al. 42:8)
pour ses enfants et témoignent qu'Adam et Ève doivent
être honorés pour ce qu’ils ont fait.
La création de la
terre a été un processus en plusieurs étapes
dans lequel la chute d'Adam et Ève et leur expulsion du jardin
d'Éden ont été les étapes finales
nécessaires pour réaliser la condition mortelle. Sans
la Chute, Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants (2 Né.
2:23) ; par conséquent, le genre humain n'aurait pas
existé sur cette terre dans les conditions et les
circonstances existant dans le jardin. Le prophète Léhi
explique : « Adam tomba que les hommes fussent »
(2 Né. 2:25) et Hénoc déclare :
« C’est parce qu’Adam tomba que nous sommes »
(Moï. 6:48).
Après la Chute,
l'Évangile de Jésus-Christ fut enseigné à
Adam et à Ève et ils se réjouirent de leur
situation. Adam bénit Dieu en disant : « À
cause de ma transgression, mes yeux sont ouverts, et j'aurai de la
joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu dans la chair »
(Moï. 5:10). Et Ève fut heureuse, disant : « Sans
notre transgression, nous n'aurions jamais eu de postérité
et nous n'aurions jamais connu le bien et le mal, la joie de notre
rédemption et la vie éternelle que Dieu donne à
tous ceux qui obéissent » (Moï. 5:11).
La Chute n’a pas
été un accident, ni une obstruction au plan de Dieu, ni
une fausse route dans le parcours de l'humanité. « Le
Seigneur… a créé la terre afin qu'elle soit
habitée » par ses enfants (1 Né.
17:36), et puisque Adam et Ève n'auraient pas eu d’enfants
dans leur état édénique, la Chute a été
tout bénéfice pour l'humanité. Cela faisait
partie du plan du Père, connu de lui à l’avance
et essentiel au genre humain. Tout « a été
fait dans la sagesse de celui qui sait tout » (2 Né.
2:24).
La Chute a apporté
deux genres de mort à Adam, à Ève et à
leur postérité : la séparation de l'esprit
et du corps physique, que les Écritures appellent « la
mort temporelle » (Al. 11:42-43) et l’exclusion de
la présence de Dieu, qui est appelée la mort
spirituelle (2 Né. 9:6 ; D&A 29:41).
Jésus-Christ rachète de manière inconditionnelle
toute l'humanité des deux morts introduites par la chute
d'Adam, relève toute
l'humanité du tombeau et la ramène en la présence
de Dieu pour le jugement (Hél. 14:16-17). L'Expiation rachète
également les individus des conséquences de leurs
propres péchés à condition qu’ils se
repentent.
Le Livre de Mormon
explique : « L'homme naturel est ennemi de Dieu, et
l'est depuis la chute d'Adam, et le sera pour toujours et à
jamais, à moins qu'il ne se rende aux persuasions de
l'Esprit-Saint, et ne se dépouille de l'homme naturel, et ne
devienne un saint par l'expiation du Christ, le Seigneur »
(Mos. 3:19 ; cf. Al. 22:14 ; 42:9-15). Dieu « a
créé Adam, et par Adam vint la chute de l'homme. Et à
cause de la chute de l'homme vint Jésus-Christ… et à
cause de Jésus-Christ est venue la rédemption de
l'homme » (Mrm. 9:12 ; cf. 2 Né. 9:6).
Les Doctrine et Alliances
disent que la Chute est le résultat de la transgression :
« Le diable tenta Adam, et celui-ci prit du fruit défendu
et transgressa le commandement… C'est pourquoi, moi, le
Seigneur Dieu, je le fis chasser du jardin d'Éden, de ma
présence, à cause de sa transgression, en quoi il
devint spirituellement mort » (D&A 29:40-41). Par la
suite, Dieu envoya des anges enseigner à Adam et à sa
postérité « le repentir et la rédemption
par la foi au nom de [son] Fils unique » (D&A 29:42 ;
cf. Moï. 5:6-8).
La Chute n'était
pas un péché contre la chasteté. Adam et Ève
étaient « mari et femme » et Dieu leur
avait commandé de se multiplier (Ge. 1:27-28 ; Moï.
3:21-25 ; Abr. 5:14-19). Joseph Fielding Smith, un apôtre,
explique : « La transgression d'Adam n'était
pas un péché sexuel comme certains le croient et
l’enseignent erronément. Adam et Ève furent
mariés par le Seigneur pendant qu'ils étaient encore
des êtres immortels dans le jardin d'Éden et avant que
la mort n’entrât dans le monde » (DS1, p.
116 ; cf. JC, p. 30-33).
L'Écriture
ancienne et moderne établit un rapport indissociable entre la
chute d'Adam et l'expiation de Jésus-Christ. Paul résume
cela comme suit : « Comme tous meurent en Adam, de
même aussi tous revivront en Christ » (1 Co. 15:22).
La révélation moderne souligne en outre que le Christ
rachètera tout de la mort et des effets de la Chute.
Le prophète Joseph
Smith a enseigné que le rôle d'Adam était d’
« ouvrir la voie vers le monde » (EPJS, p. 7) ;
il a donc été le premier homme à entrer dans la
condition mortelle, et la chute d'Adam a un effet mortel sur la terre
entière. La terre mourra (D&A 88:25-26), mais par le
pouvoir expiatoire de Jésus-Christ, « la terre sera
renouvelée et recevra sa gloire paradisiaque » (10e
A de F). « Tout deviendra nouveau, le ciel et la terre et
toute leur plénitude, les hommes et les bêtes, les
oiseaux du ciel et les poissons de la mer. Et ni un cheveu, ni un
fétu de paille ne seront perdus, car c'est l'œuvre de ma
main » (D&A 29:24-25 ; cf. 101:24-26 ; És.
51:6).
Comme Léhi l’a
déclaré : « Si Adam n'avait pas
transgressé, il ne serait pas tombé, mais il serait
resté dans le jardin d'Éden. Et toutes les choses qui
avaient été créées auraient dû
rester exactement dans l'état dans lequel elles étaient
après avoir été créées ; et
elles auraient dû rester à jamais et ne pas avoir de
fin » (2 Né. 2:22 ; cf. Moï. 3:9).
Diverses interprétations ont été suggérées
au sujet de la nature de la vie sur la terre avant la Chute et sur la
façon dont la Chute a physiquement affecté le monde,
mais elles vont au-delà de la doctrine clairement exprimée
par l'Église. L'Église et les Écritures sont
cependant formelles pour dire que la Chute a apporté les deux
genres de mort à Adam et à sa postérité.
Bibliographie
McConkie, Joseph
Fielding, et Robert L. Millet, dir. de publ. The Man Adam. Salt Lake
City, 1990.
Packer, Boyd K. "The
Law and the Light." Dans The Book of Mormon : Jacob Through
Words of Mormon, to Learn With Joy, p. 1-31. Provo, Utah, 1990.
Smith, Joseph Fielding.
Man, His Origin and Destiny. Salt Lake City, 1954.
ROBERT J. MATTHEWS
Adam :
Sources mormones
Auteur :
BAILEY, ARTHUR A.
Pour des saints des
derniers jours, Adam est l’un des plus nobles et des plus
grands de tous les hommes. Les informations que l’on trouve
dans les Écritures et dans les déclarations des apôtres
et des prophètes modernes révèlent des détails
au sujet d’Adam et de son rôle important dans la vie
préterrestre, en Éden, dans la condition mortelle et
dans sa vie postmortelle. Elles donnent à Adam des noms et des
titres tels que Michel (D&A 27:11 ; 29:26), archange (D&A
88:112) et Ancien des jours (D&A 138:38).
Le prophète Joseph
Smith a enseigné que Michel, dont il est question dans la
Bible (Da. 10:13 ; Jud. 1:9 ; Ap. 12:7), est Adam. Dans sa
vie prémortelle, Adam reçut la prêtrise (EPJS, p.
124), se vit enseigner le plan de Dieu (EPJS, p. 133) et fut désigné
pour être à la tête de la famille humaine (EPJS,
p. 125). Il participa à la création de la terre et
occupa un poste d’autorité à côté de
Jésus-Christ (EPJS, p. 125), sous la direction duquel il
fonctionne en tout temps (D&A 78:16). Il mena les forces de la
justice contre le diable et « ses anges », qui
furent vaincus et expulsés du ciel.
Les Écritures
modernes certifient qu’Adam est un fils de Dieu, que son corps
physique a été créé par les Dieux à
leur propre image et placé dans le jardin d’Éden
(Moï. 6:9, 22 ; Abr. 5:7-11 ; EPJS, p. 279-286 ;
cf. 2 Né. 2:14-19). Dans cet état
physique/spirituel en Éden, Adam fut appelé le
« premier homme » (Moï. 1:34) et reçut
la responsabilité de cultiver le jardin et d’ « ouvrir
la voie vers le monde » (EPJS, p. 7). Il reçut la
domination et la responsabilité de la terre, et il donna des
noms à ses créatures (Moï. 3:19). Il fut uni à
Ève par le mariage (Abr. 5:4-19), mais dans leur état
prémortel « ils n’auraient pas eu d’enfants »
(2 Né. 2:23). Adam reçut les grandes clefs de la
prêtrise (Abr., fac-similés 2, 3) et ses ordonnances
furent confirmées sur Adam et Ève (cf. EPJS, p. 133).
Pour obéir au
commandement de Dieu de multiplier et de peupler la terre, Adam et
Ève transgressèrent la loi. Leur action délibérée
eut comme conséquence leur chute, et
ils furent expulsés du jardin. « Adam tomba pour
que les hommes fusent, et les hommes sont pour avoir la joie »
(2 Né. 2:25). Leur action précipita donc, comme
Dieu l’avait projeté, la phase terrestre du plan du
salut.
Dans leur condition
mortelle, des messagers célestes continuèrent à
instruire Adam et Ève au sujet du plan du salut (Moï.
5:4-9 ; 6:50-54). Ils reçurent les ordonnances de la
prêtrise (Moï. 5:59 ; 6:64-65) et tout ce qui était
nécessaire pour instruire leurs enfants (Moï. 5:12). Les
sources mormones disent qu’avec Ève, Adam eut des fils
et des filles avant que Caïn et Abel ne naissent (Moï.
5:2-3, 16-17). Ils souffrirent des effets des tentations du diable et
connurent le chagrin de dissensions familiales qui conduisirent au
meurtre et à la méchanceté parmi certains de
leurs enfants (Moï. 5:12-53).
Adam et Ève
avaient une langue pleinement développée et tenaient
des annales (Moï. 6:5-9). Ils tinrent leur généalogie
et le récit de la Création. Trois ans avant sa mort,
Adam convoqua sa postérité juste à
Adam-ondi-Ahman et lui donna sa bénédiction finale (D&A
107:53).
Premier sur cette terre à
recevoir les clefs de la prêtrise, Adam continue à
dispenser de l’autorité à d’autres et à
superviser l’administration de la prêtrise sur la terre ;
ceux à qui des clefs ont été données
doivent les rendre ou en rendre compte à Adam, et lui, de son
côté, les remettra ou en rendra compte au Christ (EPJS,
p. 124, 133). Ceci se produira quand l’ancien des jours (Adam)
assistera à un conseil à Adam-ondi-Ahman précédant
l’avènement du Christ (Da. 7:9-10 ; cf. EPJS, p.
95).
À la fin du
millénium, Adam, en tant que Michel, mènera de nouveau
les justes au combat contre le diable et ses armées. Michel et
les armées du ciel l’emporteront de nouveau (D&A
88:111-115). Quand Adam sonnera de la trompette, les tombes
s’ouvriront et le reste des morts se lèvera pour être
jugé (D&A 29:26-27). Soumis au Père et au Christ,
Adam présidera alors éternellement sur sa postérité
(EPJS, p. 124).
Les divers titres d’Adam
ont trait à des phases particulières de sa mission.
Dans son rôle prémortel et postmortel, il est connu sous
le nom de Michel et comme archange (D&A 29:26). En hébreu,
Michel veut dire un « qui est comme Dieu », et
dans son rôle puissant et principal comme archange, Adam est le
capitaine des armées du Seigneur dans la bataille contre le
diable et ses forces. Adam est le nom qui lui a été
donné pour la condition mortelle (Moï. 1:34). En hébreu,
adam veut dire « homme » ou « humanité ».
Dans les sources mormones, les autres significations du mot sont
« premier homme » (D&A 84:16), « beaucoup »
(Moï. 1:34) et « premier père »
(Abr. 1:3), dénotant son rôle historique de « grand
ancêtre » de la famille humaine tout entière
(EPJS, p. 133). « Ancien des jours » semble
être son titre parce qu’il est « le premier et
le plus vieux de tous » (EPJS, p. 133).
Adam a été
tenu en haute estime par tous les prophètes anciens et
modernes. Brigham Young a exprimé en 1852 et au cours des
années suivantes l’idée qu’Adam « est
notre Père et notre Dieu, et le seul Dieu auquel nous ayons
affaire » (JD 1:50). Cette réflexion en a amené
certains à penser que Brigham Young voulait dire qu’Adam,
qui était sur terre notre ancêtre, était en
réalité Dieu le Père. Mais cette interprétation
a été officiellement rejetée comme incorrecte
(Kimball, p. 77). Plus loin dans le même discours, Brigham
Young dit clairement « que la terre a été
organisée par trois personnes distinctes, à savoir
Élohim, Yahovah et Michel » (JD 1:51). On peut
aussi trouver d’autres renseignements sur les sentiments de
Brigham Young à propos d’Adam dans un discours de
conférence donné le 8 octobre 1854 (JD 1:50),
clarifiant quelque peu sa précédente déclaration.
Il y laisse entendre que par un processus connu sous le nom
d’investiture divine, Dieu délègue son pouvoir à
ses enfants. Adam fut le premier sur terre à recevoir cette
autorité, qui comprend toutes les clefs, tous les titres et
tous les pouvoirs essentiels possédés par le Père
(D&A 84:38 ; cf. 88:107). Il lui avait ainsi conféré
tout ce qui était nécessaire à l’accomplissement
de ses nombreuses responsabilités et Adam est un nom-titre
signifiant qu’il est le premier homme et père de tous.
Adam :
Sources antiques
Auteur :
PALMER, MARTIN J.
Les sources juives et
chrétiennes antiques disent d’Adam qu’il est le
premier humain et l’ancêtre du genre humain. Beaucoup de
textes apocryphes retouchent le récit adamique de l’Ancien
Testament et contiennent ou reflètent des traditions antiques
précieuses. Certains saints des derniers jours ont comparé
utilement quelques-unes de ces idées avec certains concepts au
sujet d’Adam mentionnés dans les sources des saints des
derniers jours.
Dans le judaïsme,
Genèse 1-2 est utilisé comme base pour comprendre la
relation de l’humanité avec Dieu. La postérité
d’Adam a hérité de sa nature déchue, et
pourtant Adam est considéré comme le modèle
archétypal de l’humanité, comme cela ressort de
textes qui remontent au moins aux temps hellénistiques (IIe
siècle av. J.-C.) et est amplifié dans la philosophie
juive médiévale. Philon, suivant un modèle
platonicien, voit, dans les deux récits de la création
de la Genèse, une distinction entre un homme céleste ou
spirituel, créé d’abord spirituellement à
l’image de Dieu (Ge. 1:27 ; cf. Moï. 3:5), et un
deuxième, un homme terrestre, formé avec la poussière
(Ge. 2:7). La plupart des exégètes juifs acceptaient
l’historicité du récit biblique ; toutefois,
Genèse 2:8-3:24 était souvent interprété
allégoriquement. Le Talmud et la Haggada ont ajouté de
riches détails à l’histoire adamique, notamment
une description impressionnante dans laquelle toutes les générations
futures – et leurs prophètes – passèrent
devant Adam, qui les contempla (Sanh. 38b ; Av. Zar. 5a ;
Ge. R. 24:2 ; cf. D&A 107:55-57). Adam reçut les lois
noachides (Sanh. 56b) et la loi du sabbat (Mid. Ps. jusqu’à
92:6). Il fut le premier homme à offrir des sacrifices (Av.
Zar. 8a ; cf. Moï. 5:5). Les kabbalistes médiévaux
ajoutèrent aussi des interprétations mystiques, bien
qu’Adam ne soit jamais identifié ici comme étant
Michel, comme dans les Écritures des saints des derniers jours
(voir D&A 27:11 ; 107:54 ; 128:21).
La théologie
chrétienne orthodoxe, articulée pendant le deuxième
siècle par Irénée et d’autres en réponse
aux contestations avancées par le gnosticisme, voyait
fidèlement l’Ancien Testament à travers le rôle
du Christ. Le christianisme primitif considérait l’incarnation
et l’expiation de Jésus-Christ comme l’accomplissement
de l’œuvre commencée par Adam. Alors qu’Adam
était le prototype du vieil homme mortel, le Christ devint le
prototype du nouvel homme, jouissant de la promesse de l’immortalité.
Jésus devint « le deuxième Adam »,
dont l’Expiation permettait à l’humanité de
surmonter les effets de la Chute (1 Co. 15:22, 45).
L’histoire de la
création et le récit adamique de la Genèse
étaient particulièrement importants dans le
gnosticisme, qui interprétait la Chute comme l’effondrement
du principe divin dans le monde matériel. Ceci contribua à
l’attitude négative du gnosticisme envers la création
physique. Plusieurs écrits gnostiques traitent d’Adam.
L’un d’eux, l’Apocalypse d’Adam, trouvé
à Nag Hammadi, dépend fortement des traditions
apocalyptiques juives et ne contient aucun point de doctrine chrétien
explicite. Il prétend être une révélation
donnée à Adam après la Chute par trois messagers
célestes, expliquant la nature et l’ampleur de la Chute
et apportant la promesse d’un Rédempteur futur. Cette
connaissance est alors passée d’Adam à Seth et à
ses descendants (cf. D&A 107:41-57).
La Vie d’Adam et
Ève est une œuvre apocryphe importante traitant de la
vie et de la mort d’Adam. Elle fut probablement écrite
en Palestine entre 100 av. J.-C. et 200 apr. J.-C. Elle a été
conservée dans les révisions grecque, latine et slave,
chacune considérablement différente des autres. Cette
œuvre décrit en détail le repentir d’Adam
et d’Ève après leur départ du jardin
d’Éden (cf. Moï. 6:50-68). Aucun point de doctrine
clair et central ne s’en dégage, mais le texte souligne
les idées de jugement final et de résurrection. Les
autres éléments eschatologiques sont absents. On n’y
trouve aucune indication de la doctrine traditionnelle du péché
originel. Adam est parfait ; Ève, faible mais pas
méchante, déplore ses propres imperfections tout en
aimant Adam et en lui obéissant.
Un élément
central de la Caverne des trésors, une œuvre syriaque,
est son histoire d’une caverne où Adam a vécu et
a été enterré. Son corps est récupéré
par Noé, qui l’emporte dans l’arche et l’enterre
de nouveau sur le Golgotha. Selon ce récit, le sang rédempteur
de Jésus, également appelé « le
dernier Adam », versé à la crucifixion, a
d’abord coulé sur la tombe d’Adam, démontrant
un lien inexorable entre la chute d’Adam et l’expiation
du Christ. Ainsi, dans l’Évangile de Barthélemy
1:22, Jésus dit à Adam : « J’ai
été mis en croix pour toi et pour tes enfants »
et dans 2 Hénoc 42, Adam dans le paradis est amené
dehors « avec les ancêtres… pour qu’ils
puissent être remplis de joie » et de richesse
éternelle.
Il existe de nombreux
textes antiques au sujet d’Adam, notamment le livre éthiopien
d’Adam et Ève et les livres arméniens de La mort
d’Adam, l’Histoire de l’expulsion d’Adam du
paradis, l’Histoire de Caïn et Abel, les Fils d’Adam,
et Des bonnes nouvelles de Seth.
Bibliographie
Ginzberg, Louis. Legends
of the Jews, Vol. 1, p. 3-142. Philadelphie, 1937.
Johnson, M. D. "The
Life of Adam and Eve". Dans The Old Testament Pseudepigrapha,
dir. de publ. J. Charlesworth, Vol. 2, p. 249-95. Garden City, N.Y.,
1985.
Robinson, James M., dir.
de publ. The Nag Hammadi Library, 2e éd. New York, 1989.
Robinson, Stephen E. "The
Apocalypse of Adam". BYU Studies 17, hiver 1977, p. 131-153.
Robinson, Stephen E. "The
Book of Adam in Judaism and Early Christianity". Dans The Man
Adam, dir. de publ. J. McConkie et R. Millet, p. 131-150, donnant une
liste de titres de nombreux ouvrages antiques. Salt Lake City, 1990.
MARTIN J. PALMER
Adamique,
Langue
Auteur :
ROBERTSON, JOHN S.
La notion de langue
adamique s’est développée parmi des saints des
derniers jours à partir de passages d’Écriture,
de commentaires des premiers dirigeants de l’Église et
de la tradition qui a suivi. Elle ne joue pas un rôle doctrinal
essentiel et il n’y a pas de position officielle de l’Église
qui définisse sa nature ou son statut.
Les Écritures
disent que cette langue, écrite et parlée par Adam et
ses enfants, était « pure et sans tache »
(Moï. 6:5-6). Brigham Young a enseigné qu’elle a
continué d’Adam à Babel, lorsque le Seigneur « a
fait oublier au peuple sa propre langue maternelle… le
dispersant au-dehors sur la face de la terre entière »,
excepté sans doute en ce qui concerne Jared et sa famille dans
le Livre de Mormon (JD 3:100 ; cf. Ge. 11:1-9 ; Mos.
28:17). Cette déclaration reflète la croyance mormone
très répandue que les membres fondateurs de la
civilisation jarédite ont conservé la langue adamique
lors de leur émigration vers le Nouveau Monde (Ét.
1:33-43 ; 3:24-28). Ainsi, la description que fait le frère
de Jared de sa vision apocalyptique a été rendue
linguistiquement inaccessible sans l’aide interprétative
divine, puisque « la langue que tu écriras, [moi,
Dieu] je l'ai confondue » (Ét. 3:21-28).
Dans les premières
années de l’Église, quelques mots de la langue
adamique ont pu avoir été révélés
à Joseph Smith (JD 2:342) et à d’autres
dirigeants de l’Église, dont Brigham Young (HC 1:297) et
Elizabeth Ann Whitney (Woman’s Exponent 7, 1er nov. 1878, p.
83) dont on a dit qu’ils ont parlé en langues. Plus
récemment, le président Benson a fait allusion à
son rétablissement universel possible pour résoudre la
diversité linguistique (Teachings of Ezra Taft Benson, Salt
Lake City, 1988, p. 93 ; cf. Brigham Young, JD 3:100).
Puisqu’on considère
généralement qu’une langue reflète sa
culture, il est possible que l’érosion de la pureté
de la culture adamique après Babel ait conduit à une
perte concomitante de pureté d’expression dans la langue
qui en est le reflet.
JOHN S. ROBERTSON
Adam-ondi-Ahman
Auteur :
BERRETT, LAMAR C.
Adam-ondi-Ahman, une
colonie dans le comté de Daviess (Missouri), reçut en
1838 son nom peu commun du prophète Joseph Smith au moment où
les saints des derniers jours entraient dans la région. Les
membres de l’Église avaient été expulsés
du comté de Jackson (Missouri) en 1833 après trois ans
d’asile provisoire et avaient été plus tard priés
de quitter le comté de Clay. Quand ils avaient fait appel à
la législature de l’État pour qu’elle crée
un nouveau comté « pour des mormons »,
les comtés de Caldwell et de Daviess avaient été
organisés. Les saints s’installèrent
immédiatement dans le comté de Caldwell avec Far West
comme siège du comté et se mirent sans tarder à
coloniser le comté avoisinant de Daviess. En mai 1838, Joseph
Smith conduisit des arpenteurs à une courbe en fer à
cheval de la Grand River, à cent-dix kilomètres au nord
de l’actuelle Kansas City et proclama une nouvelle communauté
qu’il appela Adam-ondi-Ahman parce que, dit-il, « c’est
l’endroit où Adam viendra visiter son peuple, l’endroit
où l’Ancien des jours siégera, comme le dit
Daniel, le prophète » (HC 3:35 ; D&A 116).
Orson Pratt a interprété le nom comme voulant dire
« vallée de Dieu où Adam a demeuré »
(JD 18:343).
Les révélations
du prophète indiquaient plusieurs choses au sujet de la
région : (1) le jardin d’Éden était
situé au comté de Jackson (Missouri) et après
avoir été expulsé du jardin, Adam se rendit à
Adam-ondi-Ahman ; (2) trois ans avant sa mort, Adam réunit
les justes de sa postérité à Adam-ondi-Ahman et
leur conféra sa dernière bénédiction ;
(3) cet emplacement serait l’endroit d’une future réunion
du Seigneur avec Adam et les saints, comme annoncé par le
prophète Daniel (Da. 7:9-14, 21-27 ; 12:1-3).
Quand il arriva dans la
vallée avec l’équipe d’arpenteurs, Joseph
Smith trouva trois ou quatre familles de saints des derniers jours
qui y vivaient déjà et fit de la cabane de rondins de
Lyman Wight son quartier général. De juin à
octobre 1838, la population des trois kilomètres carrés
d’Adam-ondi-Ahman grimpa jusqu’à environ 400 âmes.
600 autres, dispersées dans tout le comté de Daviess
considéraient Adam-ondi-Ahman comme leur capitale.
Quelque 90% des saints du
comté de Daviess s’installèrent sur des terres en
vertu des « droits de préemption », ce
qui voulait dire que le gouvernement n’avait pas encore rendu
les terres disponibles pour l’achat. Croyant qu’ils
finiraient par posséder la terre, les saints des derniers
jours travaillèrent dur pour développer leurs fermes.
En juin 1838, quand le troisième pieu de l’Église
fut organisé à Adam-ondi-Ahman, avec John Smith comme
président de pieu, une atmosphère de paix semblait
régner. Cependant, en juillet, les colons reçurent une
mise en demeure publique de partir du comté de Daviess sous
peine d’avoir à subir des conséquences graves.
Les saints mirent leur milice en état d’alerte pour se
défendre. Quand les hostilités éclatèrent
en août, la milice du siège de l’Église à
Far West alla à Adam-ondi-Ahman, mais aucune bataille ne
s’ensuivit. Une action semblable se produisit en septembre.
Le 11 octobre, les
émeutiers forcèrent les saints des derniers jours à
quitter DeWitt, au comté de Carroll, puis se tournèrent
vers le comté de Daviess, bien décidés à
les chasser tous de l’état. Ils brûlèrent
les cabanes, volèrent les animaux et harcelèrent les
familles. Quand la milice de Far West arriva pour la troisième
fois, en octobre 1838, les membres de l’Église de tout
le comté de Daviess se réunirent à
Adam-ondi-Ahman pour y chercher la sécurité et la
population de la communauté passa à plus de mille.
L’obligation de vivre sous la tente et dans des chariots et une
tempête de neige soudaine aggravèrent leurs misères.
Tandis que Joseph Smith
et la milice de Far West étaient à Adam-ondi-Ahman en
octobre, les membres de l’Église se réunirent
pour assister à la dédicace de la place publique par
Brigham Young. C’est à ce moment-là que Joseph
Smith indiqua un endroit où Adam avait jadis construit un
autel. En mai, le prophète avait identifié ce même
emplacement comme un endroit qui avait également été
utilisé par les anciens Indiens d’Amérique.
Après les pillages
et les incendies d’octobre par les émeutiers et les
actes de représailles des saints des derniers jours, bien
décidés à se défendre, la milice d’État
les força à rendre leurs armes le 7 novembre 1838, et
leur donna dix jours pour aller s’installer à Far West.
Adam-ondi-Ahman fut abandonné et tomba aux mains de colons non
mormons. Les familles du comté de Daviess passèrent
l’hiver à Far West avant d’être expulsés
de l’État au printemps de 1839.
Les Missouriens qui
étaient responsables de l’expulsion des membres de
l’Église hors du comté de Daviess savaient que
dans quatre jours leurs terres seraient mises en vente par le
gouvernement des États-Unis. Les mormons partis, ces résidants
achetèrent les terres exploitées et profitèrent
du travail des saints.
John Cravens acheta la
majeure partie de la zone centrale de la ville d’Adam-ondi-Ahman
et la renomma Cravensville. La localité exista pendant
trente-deux ans et eut assez de résidants pour concourir avec
Gallatin pour être le chef-lieu du comté de Daviess,
mais après 1871, les terres retournèrent à
l’agriculture et à l’élevage.
En 1944, Wilford C. Wood
1944 acheta pour l’Église quinze hectares à
Adam-ondi-Ahman et, depuis lors, on a acheté 1200 hectares
supplémentaires. Les recherches dans les archives et les
fouilles archéologiques ont aidé à déterminer
l’emplacement, la taille, la nature, et l’histoire de la
localité.
Bibliographie
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah, p. 575-588. Salt Lake City, 1982.
LAMAR C. BERRETT
Alliances
Auteur : Van
Beek, Wouter
Le
mot « alliance »
dans la Bible est la traduction de l’hébreu berith et du
grec diathêkê. Le concept, tel qu’il se trouve dans
le Livre de Mormon, semble proche de l’hébreu, qui
désigne toute relation rendue officielle entre deux parties,
comme un contrat, un pacte ou une convention. Comme tel, le terme est
utilisé pour les pactes de non-agression entre peuples (Genèse
26:26-31), une promesse de propriété foncière
(Genèse 15:18-21), une libération des esclaves (Jérémie
34:8-9) ou un serment de garder le secret (2 Rois 11:4). Le grec
diathêkê est un terme plus légaliste, impliquant
un legs officiel (Galates 3:17). Dans le Nouveau Testament, le terme
est souvent traduit par « testament », mais est
clairement utilisé pour le même type de convention que
« alliance » (cf. Hébreux 7:22 ;
8:6 ; Anderson, p. 5). Cet aspect juridique ressort également
dans les Doctrine et Alliances (p. ex., D&A 132:7), où
certaines questions d’organisation sont rédigées
en termes d’alliance (par exemple, D&A 82:11-12). Le terme
« alliance », qui signifie « union »,
porte sur l’aspect relationnel. Dans d’autres langues, le
terme utilisé peut avoir une connotation plus juridique.
Les membres de
l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers
Jours se disent être un « peuple de l’alliance ».
L’un des aspects les plus importants de leur vie est de
conclure des alliances de justice et autorisées avec Dieu. Ils
considèrent leurs alliances comme l’équivalent
moderne des alliances des temps bibliques.
La plupart des
alliances mentionnées dans les Écritures sont faites
par Dieu avec l’humanité, soit avec des individus, soit
avec un groupe. Dans une alliance de groupe, comme celle de l’Israël
d’autrefois ou des Néphites, le chef ou le roi « coupe
l’alliance » (comme on le dit en hébreu) pour
et en faveur de son peuple, qui à son tour affirme son entrée
dans l’alliance par un serment collectif ou par le repentir
(par exemple, 2 Chroniques 34:29-32). Cette alliance peut être
réaffirmée et rétablie, comme cela se produit
dans le discours du roi Benjamin (Mosiah 1-6; voir Ricks, 1984).
Lorsqu’une alliance de ce genre est contractée, le pacte
collectif avec Dieu tient aussi longtemps que le peuple obéit
aux commandements explicites ou implicites de l’alliance. On
peut néanmoins constater, entre l’Ancien et le Nouveau
Testament, un glissement progressif de l’alliance collective
vers l’alliance individuelle. C’est également le
cas dans le Livre de Mormon et dans les enseignements de l’Église.
Il reste une certaine tension entre l’association avec les
« élus » (Psaumes 89:3-4 ; D&A
88:130-133 ) et l’alliance plus générale pour
toute l’humanité (Ésaïe 55:3). En tous cas,
les alliances individuelles sont essentielles dans la doctrine et
dans la religion des saints des derniers jours, tant dans l’histoire
sacrée que dans la pratique actuelle.
Quand une
alliance est contractée, Dieu prend l’initiative avec
une promesse conditionnelle, spécifiant les bénédictions
accessibles et fixant les conditions pour les recevoir. Parfois un
signe est donné pour commémorer le pacte, comme les
tables de l’alliance (Deutéronome 9:9-11). Des
révélations (Jérémie 11:1-5) et des
miracles (Deutéronome 5:1-6) accompagnent parfois les
alliances. On contracte l’alliance habituellement par un
rituel, un signe visible. Les sacrifices par effusion de sang
(« le
sang de l’alliance », Exode 24:8), « l’alliance
du sel » (Nombres 18:19; 2 Chroniques 13:5 ), la
circoncision des garçons (Actes 7:8), le baptême (D&A
22:1; Mosiah 18:7-11 ), la Sainte-Cène (Hébreux 8:6; 3
Néphi 18:1-14 ), le don de la prêtrise avec son "serment
et [son] alliance » (D&A 84:33-42), le mariage (D&A
132) et d’autres rites du temple, tous ces rituels révélés
sont appelés sacrements ou ordonnances, donnés comme
alliances. Ils sont le signal que les gens concluent ou réaffirment
des alliances personnelles avec le Seigneur. Comme Dieu est lié
par ses promesses (D&A 82:10), la conclusion d’une alliance
doit être guidée par la révélation et
effectuée par l’intermédiaire de l’autorité
de la prêtrise. Dans le cas contraire, Dieu n’est pas
vraiment partie prenante dans le contrat. Étant donné
que les rites d’alliance sont essentiels au salut et à
l’exaltation de l’homme, le rôle de la prêtrise
dans l’administration de ces sacrements d’alliance est
crucial. Sans l’autorité de la prêtrise, il n’y
a pas d’alliances éternelles. Pourtant, ces obligations
d’alliance sont toujours directement en rapport avec le
commandement général d’aimer Dieu et son
prochain, appelé « l’alliance du cœur »
(Hébreux 10:16; Jérémie 31:31-34 ; Ésaïe
55:3 ).
Les alliances
du Seigneur couvrent essentiellement le plan du salut tout entier. La
promesse que Dieu fait est d’envoyer un Sauveur pour tous les
humains, en demandant de leur part leur obéissance à la
volonté du Seigneur. Chaque alliance répond à
des aspects de la « plénitude de son Évangile »
(D&A 133:57). Bien que diverses dispensations puissent avoir leur
spécificité, comme « l’alliance des
œuvres » d’Israël et « l’alliance
de la grâce » de Paul, les saints des derniers jours
regroupent toutes les alliances divines sous l’unité
d’un seul Évangile. En conséquence, toutes les
alliances sont toujours nouvelles, éternelles et sans cesse
renouvelées.
Les saints des
derniers jours concluent, lors du baptême, une alliance
éternelle avec Dieu, dans laquelle ils promettent de prendre
sur eux le nom de Jésus-Christ, de garder ses commandements,
de porter les fardeaux les uns des autres, de se tenir comme témoins
de Dieu en tout temps, de se repentir et de servir et de toujours se
rappeler le Christ (voir Mosiah
18:8-10 ; D&A 20:37). Ils renouvellent cette alliance en
prenant la Sainte-Cène. Ils contractent d’autres
alliances impliquant des obligations de fidélité, de
zèle dans leur appel, de sacrifice, d’obéissance,
de justice, de chasteté et de consécration quand ils
sont ordonnés à la Prêtrise de Melchisédek
(voir Serment et Alliance de la Prêtrise), quand ils reçoivent
la dotation du temple, et quand un homme et une femme contractent le
mariage éternel (voir Mariage : mariage éternel ).
De nombreux
commentaires soulignent le caractère unilatéral des
alliances scripturaires. Étant donné que les promesses
du Seigneur dépassent largement les obligations de l’homme,
les bénédictions de la Divinité éclipsent
de loin les efforts exigés (voir Mosiah 2:21), bien que la
notion de réciprocité soit toujours présente.
Quelque chose est exigé en retour étant donné
qu’une alliance est essentiellement à deux sens ;
avant toute chose, c’est une relation, le moyen par lequel Dieu
et l’homme sont réconciliés dans l’Expiation
offerte à tous par Jésus-Christ.
Une alliance
est un rapport particulier avec le Seigneur qu’une personne ou
un groupe peut contracter. Les termes ont été fixés
par le Seigneur tant pour les récompenses (bénédictions,
salut, exaltation) que pour les efforts exigés (obéissance
aux règles et aux commandements). Une alliance est accomplie
lorsque les gens tiennent leurs promesses et persévèrent
jusqu’à la fin dans la foi, tandis que le Seigneur donne
des bénédictions au cours de la vie et le salut et
l’exaltation à la fin.
Il y a rupture
de l’alliance quand une promesse n’est pas tenue,
c’est-à-dire, quand il y a transgression des
commandements. En brisant cette relation, la personne perd ses
bénédictions. Celles-ci ne peuvent lui être
rendues dans leur intégralité que si elle se repent et
contracte à nouveau l’alliance. Les alliances
réconfortent les justes (Daniel 9:4) et soulagent le coeur des
opprimés (D&A 74:20-21), mais causent la honte chez les
impénitents (Ézéchiel 16:60-63 ).
Les saints des
derniers jours croient que les premières alliances
personnelles ont été faites dans la vie prémortelle,
pour être contractées à nouveau plus tard sur la
terre. Dans l’histoire sacrée de la terre, Dieu a fait
alliance avec Adam et Ève et tous les anciens patriarches et
prophètes et leurs épouses. Par exemple, Dieu a fait
des alliances de toutes sortes avec Hénoc, Abraham et Sara,
Moïse, les rois d’Israël et de Juda, David, Salomon
et Josias (2 Chroniques 34:29-32) et avec beaucoup de prophètes.
Jésus-Christ a institué la Sainte-Cène comme une
alliance établissant des relations personnelles avec chacun de
ses disciples (Hébreux 8:6), son sang remplaçant le
vieux sang des sacrifices, le “sang d’une alliance
éternelle » (Hébreux 13:20). Par
l’intermédiaire de Joseph Smith, les alliances éternelle
ont été rétablies (voir Nouvelle Alliance
éternelle ; D&A 1:15 , 22 ; 22:1 ; 132 ).
Pour chaque
groupe respectif de peuples de l’alliance, cette relation
importante avec la Divinité est également un marqueur
d’identité distinguant des personnes ou un groupe de
leurs pairs. On utilise souvent des signes extérieurs tels que
la circoncision (Genèse 17:2-14), le jour du sabbat (Exode
31:12-17), l’endogamie ou l’interdiction du mariage en
dehors du groupe (Esdras 10:3), les salutations (D&A 88:131-133)
et les interdits en matière de nourriture, tels que les tabous
alimentaires du Lévitique ou le code de santé moderne
de la Parole de Sagesse (D&A 89).
D’un
point de vue historique, l’accent mis sur les alliances, parmi
les églises chrétiennes, s’est renforcé à
partir de la Réforme. Dans la Genève de Jean Calvin, la
notion d’alliance était cruciale (Lillback, 1987), une
tradition qui s’est transmise à de nombreuses
confessions protestantes, notamment aux Puritains (van Pohr, 1986).
Dans l’histoire ecclésiastique américaine, les
alliances ont aussi été cruciales, et les Puritains de
la Nouvelle-Angleterre se sont clairement vus comme étant le
peuple de l’alliance du Seigneur (Miller, 1966). Ce concept est
resté important dans la culture américaine et est un
élément vital et essentiel de la religion mormone.
Bibliographie
Anderson, Richard L. "Religious
Validity: The Sacramental Covenants in 3 Nephi." Dans By Study
and Also by Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, tome 2, p.
1-51. Salt Lake City, 1990.
Cooper, Rex E. Promises Made to
the
Fathers: Mormon Covenant Organization. Salt Lake City, 1990.
Lillback, P. A. The Binding of
God: Calvin’s Role in the
Development of Covenant Theology. Ann Arbor, Mich., 1987.
Miller,
P. Life of the Mind in America from the Revolution to the Civil War.
Londres, 1966.
Pohr, J. van. The Covenant of
Grace in Puritan
Thought. AAR Studies in Religion 45. Atlanta, Georgia, 1986.
Ricks,
Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin’s
Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 24, printemps 1984, p.
151-162.
WOUTER VAN BEEK
Alliances
aux temps bibliques
Auteur :
Tate, George S.
L'idée de contracter et de
respecter des alliances est essentielle pour les saints des derniers
jours, qui seraient tout à fait d’accord « que
le message central de la Bible est l'alliance de Dieu avec les
hommes » (Bruce, p. 139). Le thème de l’alliance
« imprègne les enseignements de l'Ancien
Testament » et toutes les Écritures (Ludlow).
L’utilisation d’alliances sacrées pour unir les
hommes à Dieu et les uns aux autres est un procédé
systématique et durable dans les relations de Dieu avec
l'humanité depuis le début de l'histoire de la terre
jusqu'à l'heure actuelle.
Se basant sur des révélations
extrabibliques pour
leur compréhension des alliances bibliques, les saints des
derniers jours considèrent l'histoire des relations de Dieu
avec l'humanité comme organisée selon des
« dispensations » de l'Évangile, à
l’occasion desquelles l'Évangile (et notamment la
prêtrise et toutes les ordonnances nécessaires) est
accordé par Dieu à l'homme et reçu par alliance.
Chaque dispensation est présidée par des dirigeants de
la prêtrise détenant des clés qui leur donnent le
droit de faire contracter aux hommes des alliances qui font force de
loi au ciel comme sur la terre. Ainsi, Moïse (De. 29:10-15),
Josué (Jo 24:14-28) et Pierre (Mt 16:19) ont été
parmi ceux qui avaient l’autorité d'agir au nom de Dieu
quand ils faisaient et renouvelaient des alliances qui liaient entre
eux Dieu et son peuple.
Les relations d’alliance de
Dieu avec l'humanité
ont commencé avec Adam et Ève. Les textes de la Perle
de Grand Prix montrent qu’Adam et Ève ont été
les premiers, après la Chute, à contracter des
relations par alliance avec Dieu par le sacrifice, le baptême
(Moïse 6:64-66) et la réception de la prêtrise et
d’ordonnances liées au temple : « C’est
ainsi que tout fut confirmé pour Adam par une sainte
ordonnance » (Moïse 5:59 ; voir aussi 4:4-5, 8,
10-12). Adam et Ève reçurent la promesse d’un
Sauveur et il leur fut commandé d'être obéissants,
d'être repentants et de tout faire au nom du Fils de Dieu
(Moïse 5:6-8).
Alors que la Bible utilise pour
la première
fois le terme « alliance » avec Noé
(6:18 ; 9:9-17), c’est avec Hénoc (Moïse
7:51 ; 8:2) que les autres écritures des saints des
derniers jours l’emploient en premier lieu. Les érudits
bibliques non mormons (p. ex., Fensham) organisent généralement
les principales alliances bibliques en une quintuple séquence
(Noé, Abraham, Moïse, David et l'alliance du Nouveau
Testament), mais les saints des derniers jours suivent une séquence
de sept dispensations principales (Adam, Hénoc, Noé,
Abraham, Moïse, Jésus-Christ et ses apôtres et
Joseph Smith) et reconnaissent aussi celles du frère de Jared,
de Léhi et d’Alma dans l'histoire du Livre de Mormon.
Alors que les savants non mormons s’efforcent de comprendre ce
qu’il y a de commun et de différent entre les alliances
mentionnées dans la Bible (par exemple, l’alliance
patriarcale d'Abraham a continué même quand l'alliance
au Sinaï a été violée), les saints des
derniers jours, eux, trouvent que les grandes
alliances ont toutes un point commun à savoir qu’on y retrouve les
mêmes principes sous-jacents
de l'Évangile de Jésus-Christ.
Étant donné
le rôle essential qu’elles jouent dans les alliances
mentionnées plus tard dans la Bible (p. ex., Ex. 2:24; Luc
1:72-73; Actes 3:25; Galates 3:13-14), les promesses faites de
manière explicite dans l'alliance abrahamique revêtent
une importance particulière dans les enseignements de l’Église
(Ricks, 1985 ; Nyman). Le livre d'Abraham dans la Perle de grand
prix augmente la compréhension que nous avons des promesses
faites à Abraham et à Sara. Aux promesses d'une terre
d'héritage (Genèse 15:18 ;17:8 ; cf. Abr 2:6)
et d'une postérité innombrable (Genèse 15:5 ;
17:2-6 ; cf. Abr 2:9 ; 3:14), le livre d'Abraham ajoute les
bénédictions de la prêtrise (Abr 1:3-4, 18) et la
promesse que la postérité d'Abraham sera le moyen par
lequel l'Évangile sera répandu sur toute la terre afin
que le monde entier puisse recevoir l'Évangile et obtenir le
salut (Abr 2:10-11). Les saints des derniers jours croient que le
pouvoir de faire ces promesses antiques au moyen d’une alliance
a été rétabli le 3 avril 1836, quand Élie,
Élias, Moïse et autres prophètes anciens ont rendu
à Joseph Smith et à Oliver Cowdery les clés de
« la dispensation de l'Évangile d'Abraham, disant
qu'en nous et en notre postérité toutes les générations
après nous seraient bénies » (D&A
110:12 ; 124:58 ; 132:30-31).
Aux temps bibliques, on
faisait des alliances politiques et
juridiques de diverses manières. Les alliances religieuses
s’inspiraient souvent de ces pratiques profanes. Par exemple,
dans la langue de la Bible, on « coupe » une
alliance, ce qui rappelle le procédé légal
consistant à couper un petit animal lors d'une cérémonie
scellant un contrat ou un traité (Genèse 15:10;
Hillers, p. 40-45).
Le processus de renouvellement
des alliances, individuellement
et collectivement, était également un élément
important de la vie religieuse à l'époque biblique.
Tout comme les saints des derniers jours « renouvellent »
leur alliance du baptême en prenant la Sainte-Cène, il y
a des cas scripturaires de rites communautaires de renouvellement
d'alliance (par exemple, De 31:10-13; Jo 1:16-18). On trouve aussi
des renouvellements d'alliance dans le Livre de Mormon où l’on
constate des analogies avec les pratiques du Proche-Orient (surtout
hittites) (Ricks, 1984, 1990).
Malgré
ces renouvellements, il est clair que l'ancienne alliance, ou loi de
Moïse, devait être remplacée par une nouvelle,
comme Jérémie le prophétise (Jérémie
31:31). Les saints des derniers jours croient que cette prophétie
s’est réalisée dans le Nouveau Testament (ou,
plus exactement, la Nouvelle Alliance). Le Christ « est le
médiateur d'une alliance plus excellente, qui a été
établie sur de meilleures promesses » (Hébreux
8:6). Le symbole récurrent du renouvellement dans la nouvelle
alliance est la Sainte-Cène, instituée lors de la
dernière Cène et centrée sur l'engagement à
se souvenir toujours du Christ, ce qui fait penser à la Pâque
de l'ancienne alliance et à l’appel des prophètes
de l’alliance à connaître Dieu (Osée 4:6).
Bibliographie
Bruce, F. F. "Bible." Dans The
New Bible Dictionary, 2e éd., dir. de publ. J. D. Douglas et
autres, p. 137-140. Wheaton, Ill., 1982.
Fensham, F. C.,
"Covenant, Alliance." Dans The New Bible Dictionary, 2e
éd., dir. de publ. J. D. Douglas et autres, p. 137-140.
Wheaton, Ill., 1982.
Hillers, Delbert R. Covenant:
The History of
a Biblical Idea. Baltimore, 1969.
Ludlow, Victor L. "Unlocking
the Covenant Teachings in the Scriptures." Religious Studies
Center Newsletter, Brigham Young University 4, no. 2, 1990, p. 1, 4.
Nyman, Monte S. "The Covenant
of Abraham." Dans The
Pearl of Great Price: Revelations from God, p. 155-170, dir. de publ.
H. Donl Peterson et C. Tate. Provo, Utah, 1989.
Ricks,
Stephen D. "The Treaty/Covenant Pattern in King Benjamin's
Address (Mosiah 1- 6)." BYU Studies 25,
printemps 1984, p. 151-162.
Ricks, Stephen D. "The Early
Ministry of Abraham." Dans Studies in Scripture, dir. de publ.
R. Millet et K. Jackson, vol. 2, p. 217-224. Salt Lake City, 1985.
Ricks, Stephen D. "Deuteronomy:
A Covenant of Love."
Ensign 20, avr. 1990, p. 55-59.
Whittaker, David J. "A
Covenant People: Old Testament Light on Modern Covenants."
Ensign 10, août 1980, p. 36-40.
GEORGE S. TATE
Alma
l’Ancien
Auteur :
LAMBERT, L. GARY
Alma l’Ancien (vers
174-92 av. J.-C.) est le premier des deux Alma du Livre de Mormon. Il
est descendant de Néphi 1, fils de Léhi, et est le
jeune prêtre de la cour du roi Noé qui va essayer de
faire libérer pacifiquement le prophète Abinadi. Cela
va lui valoir la vengeance royale, l'exil et des menaces de mort. Il
est impressionné par les accusations portées par
Abinadi concernant l'immoralité et les abus du gouvernement et
de la société et par son témoignage de
l'Évangile de Jésus-Christ (Mos. 17:2). Forcé
plus tard de passer dans la clandestinité, Alma met par écrit
les enseignements d'Abinadi, puis en fait part à d'autres,
attirant suffisamment d’adhérents – 450 –
pour organiser une société de croyants ou Église.
Les croyants s’assemblent dans une région isolée
et non exploitée appelée Mormon. Ceux qui participent à
la vie de l'Église s’engagent à « porter
les fardeaux les uns des autres », à « pleurer
avec ceux qui pleurent » et à « consoler
ceux qui ont besoin de consolation » et à « être
les témoins de Dieu en tout temps, et en toutes choses »
(Mosiah 18:8-9). Cet engagement est alors scellé par le
baptême, considéré comme « témoignage
que tu as conclu l'alliance de le servir [le Dieu Tout-Puissant]
jusqu'à ce que tu sois mort quant au corps mortel »
(verset 13). Les croyants se donnent le nom de « l'Église
de Dieu, ou l'Église du Christ » (verset 17).
Alma ordonne des prêtres
laïcs – un par cinquante membres – et il leur dit de
subvenir à leurs propres besoins et de limiter leurs sermons à
ses enseignements et à la doctrine « qui avai[t]
été dit[e] par la bouche des saints prophètes…
le repentir et la foi au Seigneur » (Mos. 18:19-20). Il
exige aussi l’observance fidèle du sabbat, des
remerciements quotidiens à Dieu et aucune controverse, « leurs
cœurs étant enlacés dans l'unité et
l'amour les uns envers les autres » (18:21-23). Les
prêtres se réunissent au moins une fois par semaine avec
le peuple pour l’instruire lors d'une réunion de culte
(18:25). Par des dons généreux, tous prennent soin les
uns des autres, chacun selon ce qu'il a (18:27-28).
Les croyants finissent
par être découverts et le roi Noé accuse Alma de
sédition, commandant à son armée de l’écraser,
lui et ses disciples. Forcé de partir en exil, Alma conduit le
peuple plus loin dans le désert où il prospère
pendant vingt ans dans une région qu'il appelle Hélam
(Mos. 18:32-35 ; 23:1-5, 20). Alma décline fermement les
efforts bien intentionnés de le faire roi et réussit à
dissuader son peuple d'adopter un gouvernement monarchique,
l’invitant à jouir de cette nouvelle « liberté
qui [l’] a rend[u] libr[e] et de ne se fier « à
aucun homme pour qu'il soit [son] roi » (Mos. 23:13). Il
ne s'oppose pas à la monarchie en tant que telle. Ce sont
plutôt ses limites fondamentales qui le préoccupent :
« S'il était possible que vous eussiez toujours des
hommes justes comme rois, il serait bien que vous ayez un roi »
(23:8).
Alma et son peuple seront
plus tard opprimés par Amulon, un autre ex-prêtre qui a
déserté la cour du roi Noé, et qui, avec le
reste d'une armée de Lamanites, découvre le peuple
d'Alma dans son refuge du désert. Pendant leurs souffrances,
la voix du Seigneur promet soulagement et délivrance à
cause de leur alliance avec lui : « Moi, le Seigneur
Dieu, j'interviens effectivement en faveur de mon peuple dans ses
afflictions » (Mos. 24:14). Une fois de plus, à la
manière de Moïse, Alma guide son peuple hors de la
servitude et, par un voyage de douze jours, le conduit dans une
nouvelle terre, le pays de Zarahemla, où il s’unit au
peuple de Zarahemla et aux Néphites exilés pour former
une nation néphite nouvelle et plus forte (Mos. 24:24-25).
Mosiah II, roi de
Zarahemla, lui aussi descendant de Néphites croyants
transplantés, approuve et autorise même l'expansion de
l'Église d'Alma dans son royaume ; toutefois, l'Église
fonctionne séparément et indépendamment de
l'État. Le roi confie aussi les rênes de la direction à
Alma (Mos. 25:19 ; 26:8), qui dirige l’Église avec
succès pendant vingt années caractérisées
en grande partie par des épreuves, beaucoup d’affrontements
entre non-croyants et membres de l'Église avec, pour résultat,
des moments pénibles aussi bien pour lui que pour l'Église
(Mos. 26:1-39). Plus tard, l'antagonisme généralisé
va obliger le roi à publier un décret pour diminuer la
tension (27:1-6). Même un des fils d'Alma se retrouve dans les
rangs des ennemis de l'Église, son agitation et ses critiques
aggravant encore les persécutions contre les membres de
l'Église (27:8-10).
De son vivant, Alma voit
le roi Mosiah démanteler la monarchie et la transformer en un
système de juges élus par le peuple (Mos. 29:2) ;
il voit aussi son propre fils, Alma le Jeune, celui qui lui a
précédemment causé du chagrin ainsi qu’à
l’Église, devenir le premier grand juge (Mos. 29:1-44).
Cette transformation politique va s’avérer cruciale dans
l'histoire du pays de Zarahemla. Alma y est pour quelque chose, aussi
bien directement qu’indirectement ; l’histoire de
ses souffrances et de celles de son peuple sous des gouverneurs
oppresseurs est bien connue dans tout le royaume (25:5-6) et est
restée distincte dans l'esprit du roi Mosiah (29:18). On voit
donc que l'influence d'Alma dépasse les limites spirituelles
immédiates de son intendance sur l'Église. C’est,
en effet, à cause de cette influence que la nation néphite
tout entière connaît des changements sans précédent
dans presque toutes les dimensions de la vie quotidienne :
politiques, sociaux et économiques aussi bien que religieux.
Ces changements et toutes leurs ramifications pour l'ordre social et
la population préparent le contexte dans lequel va se dérouler
la visite du Christ ressuscité en Amérique. Aimé
de ses disciples pour son dévouement et sa foi, estimé
par ses pairs pour sa direction efficace, Alma sera probablement
toujours connu surtout comme fondateur de l'Église à
Zarahemla. Sa postérité va devenir la première
famille néphite pendant plus de 400 ans, jusqu’à
Ammaron en 321 apr. J.-C. (4 Né. 1:48). Alma meurt à
quatre-vingt-deux ans, moins de cent ans avant la naissance de
Jésus-Christ.
L. GARY LAMBERT
Alma
le Jeune
Auteur :
Millet, Robert L.
Peu de personnes ont eu
une plus grande influence sur une civilisation qu'Alma le Jeune, fils
d'Alma l’Ancien. Il est une personnalité-clef dans la
naissance de l'Église et de la république néphites,
et le premier grand juge à Zarahemla, commandant en chef de
l'armée néphite et grand prêtre (vers 90-73 av.
J.-C.). Ses efforts pour protéger son peuple contre la guerre,
les dissensions et la méchanceté ne le cèdent
qu’à son dévouement total au Sauveur, qu'il
apprend à connaître par la révélation.
Ce champion de la justice
apparaît d'abord dans le Livre de Mormon comme un jeune homme
rebelle. Lui et quatre des fils du roi Mosiah II, décrits
comme « les plus vils des pécheurs »
(Mos. 28:4), se rebellent contre les enseignements de leurs parents
et cherchent à renverser l'Église. Tandis qu’ils
se livrent à ce travail (vers. 100-92 av. J.-C.), l'ange du
Seigneur leur apparaît, leur parle avec une voix de tonnerre et
les appelle au repentir et il leur dit qu’il le fait à
cause des prières du peuple et du père d'Alma. Pendant
trois jours et trois nuits, Alma reste couché dans un état
physiquement comateux et, pendant ce temps, il se retrouve
spirituellement face à tous ses péchés, à
cause desquels, dira-t-il plus tard, il était « tourmenté
par les souffrances de l'enfer » (Al. 36:12-14).
Au plus profond de
l’angoisse de son âme, Alma se rappelle les paroles de
son père au sujet de la venue de Jésus-Christ pour
expier les péchés du monde. Il en appelle, dans son
cœur, au Christ, demandant grâce et suppliant d’être
délivré du « fiel de l’amertume »
et des « chaînes éternelles de la mort »
Et, dit-il, « je ne pus plus me souvenir de mes
souffrances ; oui, je n'étais plus déchiré
par le souvenir de mes péchés » (Al.
36:17-19). Après leur conversion, Alma et les fils de Mosiah
vont consacrer leur vie à la prédication du repentir et
au joyeux Évangile (Al. 36:24).
Pendant quelque neuf
années, Alma va être à la fois grand prêtre
de l'Église et grand juge ou gouverneur d'un nouveau système
politique de juges parmi les Néphites. Il est instruit,
gardien des registres sacrés et civils, orateur inspirant et
écrivain habile. Jeune dirigeant civil et religieux, il doit
affronter un certain nombre de problèmes. Plusieurs factions
politico-religieuses sont en train d’apparaître dans la
société néphite, notamment les Zoramites, les
Mulékites, des membres de l'Église et un groupe hostile
à l’Église, les disciples de Néhor (voir
Livre de Mormon – Peuples). Conserver la direction néphite
de tous ces groupes va se révéler impossible. Lors d’un
procès-phare dans sa première année comme grand
juge, Alma juge le populaire Néhor coupable d’imposer
par l’épée des supercheries de prêtres, ce
qui aura comme conséquence son exécution (Al. 1:2-15).
Ceci débouche bientôt sur une guerre civile au cours de
laquelle Alma tue lui-même au combat le nouveau chef rebelle,
l’un des protégés de Néhor (Al. 2-3). Il
s’ensuit une grave épidémie d'orgueil et
d'inégalité parmi beaucoup dans l'Église (Al. 4)
et la sécession des arrogants Zoramites. « Ne
voyant aucun autre moyen de le ramener qu'en lui opposant un
témoignage pur » (Al. 4:19), Alma démissionne
de son poste de grand juge et se consacre entièrement à
l’œuvre du ministère (Al. 4:19 ; 31 :5).
Son travail religieux, particulièrement dans les villes
néphites de Zarahemla (Al. 5, 30) et de Gidéon (Al. 7),
le bastion néhorite d'Ammonihah (Al. 8-16) et le centre
zoramite d’Antionum (Al. 31-35) revitalise l'Église et
fournit le modèle de l'administration pour le siècle à
venir jusqu’à l'avènement du Christ.
C’est dans ses
sermons et les bénédictions qu’il donne à
ses enfants que l’on trouve les apports les plus durables
d’Alma. Certainement en raison de sa propre conversion (Mos.
27), ses paroles portent fréquemment sur le sacrifice
expiatoire du Rédempteur et sur la nécessité
pour les hommes et les femmes de naître de Dieu, d’être
changés et renouvelés par le Christ. Parlant au peuple
de Gidéon, il prononce un oracle prophétique profond
concernant la naissance de Jésus et l'Expiation qu'il va
accomplir, « subissant des souffrances, et des
afflictions, et des tentations de toute espèce… afin de
détacher les liens de la mort qui lient son peuple ; et
il prendra sur lui ses infirmités, afin que ses entrailles
soient remplies de miséricorde… afin qu'il sache, selon
la chair, comment secourir son peuple selon ses infirmités »
(Al. 7:11-12). À Zarahemla, Alma met l’accent sur la
nécessité de la nouvelle naissance et d'acquérir
l'image et les attributs du Maître ; ce faisant, il
propose une série de plus de quarante questions qui évaluent
la profondeur de la conversion et de la préparation à
rencontrer le Créateur (voir Al. 5).
À Ammonihah, Alma
et son converti Amulek sont accusés de crime, provoqués
et emprisonnés pendant plusieurs semaines sans vêtements
ni nourriture suffisante. Après avoir été forcés
d’être témoins de la mort par le feu de plusieurs
femmes et enfants fidèles, Alma et Amulek sont miraculeusement
délivrés et leurs persécuteurs annihilés.
Les discours d'Alma et d'Amulek sur la Création, la Chute et
l'Expiation sont parmi les déclarations théologiques
les plus claires et les plus fondamentales de l’Écriture
sur ces sujets (voir Al. 11-12, 34, 42). En expliquant l'humilité,
la foi et la prière aux pauvres d’Antionum (Al. 32-34),
Alma et Amulek exposent le procédé par lequel ceux qui
n’ont pas la foi au Christ (ou ceux dans la bergerie qui
désirent fortifier leur croyance) plantent la semence de la
parole du Christ dans leur cœur et finissent par recevoir le
témoignage qui est donné par le pouvoir du
Saint-Esprit.
Certains des
renseignements doctrinaux les plus pénétrants du Livre
de Mormon nous viennent des paroles d'Alma à ses fils. Parlant
à Hélaman I, son fils aîné et successeur,
Alma raconte avec éloquence l'histoire de sa propre
conversion, lui fait des recommandations paternelles affectueuses et
lui confie la garde des plaques d’airain, des plaques de Néphi,
des plaques d'Éther et du liahona (Al. 36-37). À
Shiblon, il donne des conseils pratiques sages (Al. 38). À
Corianton, son fils cadet dévoyé, qui finira par œuvrer
vaillamment dans l'Église, Alma explique la gravité du
péché sexuel, que la méchanceté n’a
jamais été le bonheur (Al. 39, 41:10), que tous les
esprits seront jugés après la mort et se tiendront un
jour devant Dieu après une résurrection parfaite (Al.
40) et que le mot « restauration » ne signifie
pas que Dieu remettra le pécheur dans un certain ancien état
de bonheur (Al. 41), parce que la miséricorde divine ne peut
pas dérober la justice quand la loi de Dieu a été
violée (Al. 42).
Relativement jeune au
moment de sa conversion, Alma vivra moins de vingt ans après
cela. Pourtant, en ces deux décennies, il va presque à
lui tout seul revigorer et faire triompher la cause de la vérité
et de la liberté dans l'Église et la société
néphites. N'oubliant jamais la voix de tonnerre de l'ange au
moment de sa conversion, Alma est sans cesse animé de ce désir
invariable : « Oh, que je voudrais être un ange
et satisfaire le souhait de mon cœur, d'aller et de parler avec
la trompette de Dieu, d'une voix qui fait trembler la terre, et
d'appeler tous les peuples au repentir !… afin qu'il n'y
ait plus de tristesse sur toute la surface de la terre »
(Al. 29:1-2). Quand il s’en va un jour et qu’on ne le
revoit plus jamais, ses fils et l'Église supposent que « [le
Seigneur] a aussi reçu Alma en esprit à lui »
tout comme Moïse (Al. 45:19), faisant une comparaison justifiée
entre ces deux grands législateurs, juges, gouverneurs, chefs
spirituels et prophètes.
Pour les saints des
derniers jours, la vie et les leçons d'Alma sont riches et
éternelles. Il donne de l’espoir aux parents qui ont des
enfants rebelles et est comme une balise pour ceux qui s’égarent.
C’est un homme public modèle, un exemple remarquable de
la nouvelle vie en Christ, un prédicateur courageux, un
missionnaire et un théologien doué. Alma est un
prophète qui a reçu la récompense d'un prophète.
Bibliographie
Holland, Jeffrey R.
"Alma, Son of Alma". Ensign 7, mars 1977, p. 79-84.
Perry, L. Tom. "Alma
the Younger." CR avril 1979, p. 16-17.
ROBERT L. MILLET
Ancien,
Prêtrise de Melchisédek
Auteur :
Vetterli, Richard R.
« Ancien »
est un office de la Prêtrise de Melchisédek de l'Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours auquel les
membres masculins dignes peuvent être ordonnés à
l'âge de dix-huit ans ou plus. Le nom « ancien »
est également utilisé comme titre général
pour tous les détenteurs de cette prêtrise, quel que
soit l’office de prêtrise spécifique qu'ils
détiennent (D & A 20:38 ; cf. 1 Pierre 5:1 ; 2
Jean 1:1 ; 3 Jean 1:1).
En mai 1829, Jean-Baptiste,
qui leur avait conféré la
Prêtrise d'Aaron, promit à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery qu'ils deviendraient « en temps voulu »
les premier et deuxième anciens de l'Église (JS —
H 1:72 ; HC 1:40-41). Peu après, ils prièrent pour
plus d'informations :
« Il n’y avait pas
longtemps que nous nous livrions
à une prière fervente et solennelle, quand la parole du
Seigneur nous parvint dans la chambre, nous commandant que j’ordonne
Oliver Cowdery ancien dans l'Église de Jésus Christ et
qu'il devrait aussi m'ordonner au même office et puis en
ordonner d'autres selon que cela nous serait commandé de temps
à autre. Il nous fut cependant commandé de postposer
notre ordination jusqu'à ce qu'il fût possible de
rassembler nos frères qui avaient été et qui
allaient être baptisés [HC 1:60-61 ; cf. JS —
H 1:72].
Ces ordinations furent
accomplies le 6 avril 1830, lors de
l'organisation de l'Église (D&A 20:1-4).
Les anciens ont pour devoir
d’être des « ministres
permanents » (D&A 124:137) afin de veiller sur
l'Église, aider à en gérer les affaires,
enseigner et conseiller. Ils ont l’autorité de conférer
le don du Saint-Esprit par l'imposition des mains et de donner des
bénédictions, y compris la guérison des malades.
Les anciens peuvent accomplir toutes les fonctions de la Prêtrise
d’Aaron, notamment baptiser et bénir la Sainte-Cène.
Ils ont l'autorité, sous la direction de l’évêque
de la paroisse ou du président de pieu, de conférer la
Prêtrise d'Aaron ou la Prêtrise de Melchisédek aux
bénéficiaires dignes et d'ordonner d’autres
anciens, instructeurs, prêtres et diacres. Ils peuvent faire
une mission (voir D&A 20:38-50, 70 ; 42:12, 44) et peuvent
être appelés à divers autres postes de direction
ou de service. À la conférence générale
d’octobre 1904, le président Joseph F. Smith dit que les
anciens devaient être des « ministres permanents au
pays , être prêts à répondre à
l'appel des officiers présidents de l'Église et de
pieu, à travailler dans le ministère au pays et à
officier dans tout appel qui peut leur être confié, que
ce soit pour travailler dans les temples ou dans l’œuvre
du ministère au pays, ou que ce soit pour aller dans le monde
avec les soixante-dix prêcher l'Évangile »
(CR, octobre 1904, p. 4). Dans les endroits où l'Église
n'est pas complètement organisée, les membres se
réunissent dans des branches sous la direction d’un
ancien appelé président de branche (voir Organisation :
Organisation contemporaine).
Tous les anciens résidant dans
une paroisse sont organisés
en un collège comptant jusqu’à quatre-vingt-seize
membres (D&A 107:89). Ils sont dirigés par un président,
deux conseillers et un secrétaire appelés parmi les
membres du collège par le président de pieu. La
présidence du collège des anciens fait rapport au
président de pieu, mais pour tous, le service et les activités
locales demeurent sous la juridiction de l'évêque de la
paroisse. Les anciens se réunissent en collège au moins
chaque dimanche. Ils ont la responsabilité de s’intégrer
mutuellement et d’aider à administrer les programmes et
les activités du collège, dans la paroisse et dans le
pieu, avec l'intention d'améliorer la condition de l'humanité
(voir Services d'entraide). Les anciens sont dirigés par
révélation pour fonctionner dans un esprit d'amour, de
gentillesse, de persuasion patiente et de justice (D&A
121:41-46).
L'utilisation du mot
« ancien » diffère
de l'usage de ce terme dans les sociétés où il
désigne les personnes âgées qui exercent une
influence et de l'autorité dans la communauté en raison
de leur âge, de leur statut, de leur sagesse, de leur
expérience et de leur réputation, ou sur désignation
par le groupe. Le terme était commun aux sociétés
anciennes comme celles de l'Égypte, de Madian et de Moab
(Genèse 50:7 ; Nombres 22:7). Les anciens (c.-à-d.,
les zeqenim, les « vieux ») étaient des
dirigeants éminents des tribus israélites pendant
l'exode (Exode 4:29). Apparemment, ils assistaient Moïse dans
l'administration de la justice (Lévitique 4:13-21 ; 9:1 ;
Nombres 16:25), et certains étaient manifestement autorisés
à participer à des cérémonies religieuses
sacrées (Exode 24:9-11 ; Nombres 11:16-26). Après
la conquête de Canaan, l'autorité municipale des anciens
augmenta et ils aidèrent au gouvernement des communautés
tribales. Ils jouèrent un rôle quand il s’agit
d’accepter un roi (2 Samuel 3:17-21 ; 5:3) et dans
d'autres fonctions communautaires et religieuses (1 Rois 8:1-3 ;
20:7-8). Des dizaines de fonctions de ce genre sont mentionnées
dans les livres historiques de l'Ancien Testament. Avec le prophète
Ézéchiel, ces anciens furent les principaux dirigeants
pendant la captivité à Babylone (605 av. J.-C., par
exemple, Ézéchiel 8:1 ; 14:1-5). Plusieurs années
après le retour d'exil, les principaux sacrificateurs, les
scribes et les anciens composèrent le Sanhédrin, le
conseil qui gouvernait Juda. Un conseil local de vingt-trois anciens
gouvernait chaque communauté. À l'époque du
Nouveau Testament, des anciens étaient nommés comme
dirigeants ecclésiastiques pour chacune des assemblées
chrétiennes locales (Actes 14:23 ; 15:6 ; 20:17-28 ;
Tite 1:5 ; Jacques 5:14 ; 1 Pierre 5:1-4). Ils se
retrouvaient avec les apôtres dans les conseils et le
gouvernement de l'Église et fonctionnaient parmi leurs frères
chrétiens d’une manière semblable au Sanhédrin
juif (Actes 11:30 ; 15:2 ; 16:4 ; 21:18). Des
« superviseurs » ou « évêques »
peuvent avoir été choisis parmi les anciens de bonne
réputation (Actes 20:17-28 ; Tite 1:5-9 ; cf.1
Timothée 3:1-7).
Bibliographie
Davies,
G. Henton. "Elder in the Old Testament." Interpreter's
Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 72-73. Nashville, Tenn.,
1962.
McConkie, Bruce R. Only an
Elder. Salt Lake City,
1978.
Shepherd, M. H., Jr. "Elder in
the New Testament."
Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 73-75. Nashville,
Tenn., 1962.
Widtsoe, John A. Priesthood and
Church Government,
éd. rév. Salt Lake City, 1954.
R. RICHARD VETTERLI
Ancien
Testament
Auteur :
RASMUSSEN, ELLIS T.
L’Ancien Testament
est l’un des ouvrages canoniques admis par l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, qui l’estime
pour ses enseignements prophétiques, historiques, doctrinaux
et moraux. Il raconte une série de dispensations antiques
pendant lesquelles le peuple a reçu des conseils périodiques
par des alliances et des commandements divins dont beaucoup restent
fondamentaux et intemporels. À ce propos, il est significatif
pour les saints des derniers jours qu’en septembre 1823 l’ange
Moroni ait cité une série de prophéties de
l’Ancien Testament quand il a révélé au
prophète Joseph Smith l’endroit où se trouvait un
document antique écrit sur des plaques d’or, dont la
traduction a donné le Livre de Mormon (JS–H 1:36-41). De
plus, les travaux considérables de Joseph Smith sur l’Ancien
Testament et les révélations qui lui ont été
données à ce propos (juin 1830 à juillet 1833),
qui ont mené à la traduction de la Bible par Joseph
Smith (TJS) et à certaines sections instructives des Doctrine
et Alliances, soulignent l’importance de ces textes
scripturaires. En outre, il ressort du Livre de Mormon qu’avant
600 av. J.-C. le prophète Léhi et sa colonie ont
apporté de Jérusalem sur le continent américain
un document sur des plaques d’airain qui contenait beaucoup de
textes de l’Ancien Testament (1 Né. 5:10-15),
amenant Léhi et ses descendants à attendre la venue
d’un Rédempteur (1 Né. 19:22-23) et leur
donnant un guide pour leur épanouissement moral et spirituel
(Mos. 1:3, 5).
L’Ancien Testament,
même s’il porte aussi le nom d’Ancienne Alliance,
n’est donc pas démodé aux yeux des saints. Il
contient des récits, de la sagesse et des textes écrits
part des prophètes anciens, et même si des « parties
claires et précieuses » ont été
perdues, beaucoup ont été rendues dans les Écritures
des saints (1 Né. 13:40). Il contient une série
d’alliances anciennes avec Jéhovah (Jésus-Christ)
qu’il faut distinguer des alliances supérieures du
Nouveau Testament (par exemple, Mt. 26:28 ; Lu. 22:20 ; 1
Co. 11:25 ; 2 Co. 3:6 ; Hé. 7:22). Les saints des
derniers jours les considèrent toutes comme éléments
du même plan de salut divin.
ALLIANCES ET
COMMANDEMENTS ÉTERNELS. Les saints des derniers jours
éprouvent le besoin d’apprendre et de pratiquer les
principes prescrits dans toutes les alliances et tous les
commandements divins, qui sont éternellement valides. Pour
connaître et comprendre les buts éternels de Dieu, il
faut étudier les époques passées dont il est
question dans l’Ancien Testament, ainsi que celles accessibles
dans d’autres Écritures anciennes et modernes. Par
exemple, les révélations modernes aident les saints des
derniers jours à lire l’Ancien Testament en appréciant
plus complètement la pérennité des notions
éternellement importantes enseignés par les prophètes
dans les Écritures.
Depuis le commencement,
les alliances divines liées au salut sont enseignées
par les prophètes et certaines sont symbolisées par des
ordonnances sacrificatoires. Une révélation donnée
à Moïse et rétablie par Joseph Smith dit que les
sacrifices d’animaux ont été exigés depuis
le temps d’Adam et Ève (Moï. 5:5) et que ces
sacrifices étaient « une similitude du sacrifice du
Fils unique du Père » (Moï. 5:7).
Une autre alliance de
l’Ancien Testament confirmée dans la révélation
moderne est l’alliance abrahamique. Elle ne concerne pas
seulement les descendants littéraux d’Abraham mais
également ceux qui sont adoptés dans sa famille à
cause de leur foi dans le vrai Dieu et de leur baptême dans
l’Évangile du Christ (Ge. 12:1 ; Ga. 3:26-29). Ces
« descendants » d’Abraham sont chargés
d’apporter les bénédictions de cette alliance à
toutes les nations, en enseignant le Dieu vrai et vivant et en
faisant connaître son plan de salut (Abr. 2:9-11). La
responsabilité de connaître l’alliance d’Abraham
et d’agir en conséquence a été transmise
aux héritiers modernes par la révélation (D&A
110:12). De plus, il y a, dans le Livre de Mormon, une promesse de
Jésus ressuscité selon laquelle les descendants de son
peuple d’Israël, le peuple de son ancienne alliance, qui
ont été dispersés au-dehors, « seront
rassemblés de l’est, et de l’ouest, et du sud, et
du nord ; et ils seront amenés à connaître
le Seigneur, leur Dieu, qui les a rachetés » (3 Né.
20:13). Ils doivent être installés dans les pays de leur
héritage et s’acquitter de leur responsabilité
antique et suprême d’édifier le royaume du
Seigneur (3 Né. 20:21-46 ; cf. És. 52:1-15).
Pour les saints des derniers jours, le rétablissement « de
toutes choses » (Ac. 3:21) inclut beaucoup de principes,
de points de doctrine et d’idéaux de l’Ancien
Testament.
LOIS TEMPORAIRES ET
ÉTERNELLES. Les saints des derniers jours ne croient pas que
quand il a accompli la loi de Moïse Jésus a de ce fait
abrogé la loi, les prophètes et les écrits de
l’Ancien Testament (3 Né. 15:5-8). En fait, il a
accompli la loi du sacrifice en permettant que son propre sang soit
versé (Al. 34:13) et en remplaçant certaines pratiques
religieuses d’autrefois (3 Né. 12:18-20 ;
15:2-10). Ainsi, la fête de la pâque est devenue la
Sainte-Cène commémorant le dernier repas du Seigneur
(Lu. 22:1-20) : L’agneau pascal a trouvé son point
culminant dans l’Agneau de Dieu (Ex. 12:5, 21 ; 1 Co.
5:7 ; 1 Pi. 1:19 ; Ap. 5:6). Le sacrifice d’animaux a
trouvé son point culminant dans le sacrifice final de Jésus,
dont ils étaient de simples symboles, mais le sacrifice « d’un
cœur brisé et d’un esprit contrit »
continue (3 Né. 9:19-20 ; cf. Ro. 12:1).
Jésus a réitéré
beaucoup de lois morales et spirituelles enseignées par Moïse
et les prophètes. Celles-ci comprennent les lois concernant la
révérence pour Dieu, le respect des parents, la
chasteté dans la conduite morale, le renoncement à la
violence et au meurtre et la pratique de l’honnêteté
avec ses semblables (par exemple, Mt. 5:17-48 ; cf. 3 Né.
12:17-48 ; Lu. 16:19-31 ; 24:13-47). Abinadi, prophète
du Livre de Mormon, a réitéré les dix
commandements et était formel quant à la nécessité
d’en enseigner et d’en vivre les principes (Mos.
12:33-37 ; 13:12-26). Et la révélation moderne
confirme la même nécessité pour quiconque veut
être agréable au Seigneur (par exemple, D&A
20:17-19 ; 42:18-29 ; 52:39).
Pour les saints des
derniers jours, tous les principes de moralité et de justice
enseignés par les prophètes de l’Ancien Testament
demeurent valides. Michée, par exemple, dit : « Ce
que l’Éternel demande de toi, c’est que tu
pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu
marches humblement avec ton Dieu » (Mi. 6:8). Le Seigneur
enseigne par Habacuc que les visions divinement inspirées
s’accompliront sûrement, même si c’est à
une époque lointaine ; c’est pourquoi, « le
juste vivra par sa foi » (Ha. 2:3-4). Moïse invite
les Israélites à vivre selon les lois de Dieu en tant
que bons exemples pour les autres : « Vous les
observerez [les lois et les prescriptions] et vous les mettrez en
pratique ; car ce sera là votre sagesse et votre
intelligence aux yeux des peuples, qui entendront parler de toutes
ces lois et qui diront : Cette grande nation est un peuple
absolument sage et intelligent ! » (De. 4:6). Jésus
fait appel au Deutéronome et au Lévitique au sujet des
premier et deuxième commandements, aimer Dieu et son prochain
(De. 6:4-5 ; Lé. 19:18, 33-34 ; Mc. 12:28-34).
Cela ne veut cependant
pas dire que toutes les pratiques en matière de culte
recommandées dans « la loi et les prophètes »
devaient être perpétuées éternellement.
Vers 150 av. J.-C., le prophète Abinadi du Livre de Mormon a
expliqué : « Et maintenant, vous avez dit que
le salut vient par la loi de Moïse. Je vous dis qu’il est
nécessaire que vous gardiez, pour le moment, la loi de Moïse ;
mais je vous dis que le temps viendra où il ne sera plus
nécessaire de garder la loi de Moïse » (Mos.
13:27). Jésus ressuscité a répété
aux disciples sur le chemin d’Emmaüs et aux onze apôtres
réunis à Jérusalem les enseignements de la loi
et des prophètes, des psaumes et de « toutes les
Écritures » qu’il avait accomplis, (Lu.
24:13, 27, 33, 44). Certaines choses seulement ont pris fin en lui
(3 Né. 15:8 ; Ga. 3:24).
Les saints des derniers
jours chérissent donc les lois et les points de doctrine de
l’Ancien Testament qui sont éternels, croyant qu’ils
sont inspirés par l Dieu » et sont « utile[s]
pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans
la justice » (2 Ti. 3:16).
ATTENTE DU MESSIEPAR LES
PROPHÈTES. Plus de cinq siècles avant le temps du
Christ, Jacob, un prophète du Livre de Mormon, disait que son
peuple était informé sur le Christ par les
enseignements de Moïse et des prophètes, et avait ainsi
l’espoir de sa venue (Jcb. 4:4-5). Et Néphi 1 ajoute :
« Car c’est à cette fin que la loi de Moïse
a été donnée, et tout ce qui a été
donné par Dieu à l’homme depuis le commencement
du monde est une figure de lui [le Christ] » (2 Né.
11:4). À une autre occasion, Jacob dit que « tous
les saints prophètes … ont cru au Christ »,
et que son peuple a fidèlement gardé la loi de Moïse,
celle-ci « tournant notre âme vers [le Christ]. »
En effet, ils voyaient dans l’offrande d’Isaac par
Abraham « une similitude de Dieu et de son Fils unique »
(Jcb. 4:4-5). Amulek, un prédicateur ultérieur du Livre
de Mormon (v. 75 av. J.-C.), en parlant du « grand et
dernier sacrifice » du Fils de Dieu, déclare que
« c’est là toute la signification de la loi,
tout jusqu’au moindre détail annonçant ce grand
et dernier sacrifice… [du] Fils de Dieu » (Al.
34:13-14).
La capacité des
enseignements et des ordonnances des prophètes d’amener
les hommes au Christ est démontrée par le fait même
que Jésus fait allusion à ces rites et à ces
enseignements. En descendant de la montagne de la Transfiguration, il
rappelle à Pierre, à Jacques et à Jean qu’il
est « écrit du Fils de l’homme qu’il
doit souffrir beaucoup et être méprisé »
(Mc. 9:12 ; cf. És. 53:3-7). Dans sa ville natale de
Nazareth, il annonce que la prophétie d’Ésaïe
que le Messie guérira et délivrera le peuple est
accomplie en lui (Lu. 4:21 ; És. 61:1-2). Après
avoir guéri un homme le jour du sabbat, Jésus dit à
ceux qui veulent le condamner que le temps est proche où même
les morts entendront sa voix, faisant certainement allusion aux
prophéties concernant cet événement (Jn. 5:25 ;
cf. És. 24:22). Ses paroles d’adieu à ce même
auditoire sont : « Car si vous croyiez Moïse,
vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit de moi »
(Jn. 5:46 ; cf. De. 18:15-19 et Ac. 3:22-23 ; 1 Né.
22:21 ; 3 Né. 20:23). Même en sa dernière
heure mortelle, en souffrant et en accomplissant les promesses de la
rédemption, Jésus cite le premier vers du Psaume 22:
« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
comme pour faire ressortir l’accomplissement imminent des vers
restants du psaume (Mt. 27:46 ; cf. Ps. 22:7-8, 12-19).
Les premiers
missionnaires chrétiens ont converti beaucoup de gens au
Christ parmi ceux qui « examinaient chaque jour les
Écritures » (Ac. 17:10-12). Ces Écritures
étaient ce qui est maintenant appelé l’Ancien
Testament. Les prédicateurs chrétiens ont réussi
à montrer « par les Écritures que Jésus
était le Christ » (Ac. 18:24-28). Paul a déclaré
que les Écritures, « tout ce qui a été
écrit d’avance l’a été pour notre
instruction, afin que, par la patience, et par la consolation que
donnent les Écritures, nous possédions l’espérance »
du salut (Ro. 15:4).
Pour ce qui est de
l’avènement futur du Christ, plus d’une vingtaine
de psaumes « royaux » et « messianiques »
annoncent le règne du Seigneur à l’époque
finale. Les psaumes 72 et 100 sont typiques (voir Psaumes, prophéties
messianiques dans les). De plus, dans les livres prophétiques
de l’Ancien Testament, il y a plus de chapitres qui annoncent
son règne final triomphant que de chapitres à propos de
sa première venue et de son sacrifice (par exemple, És.
40, 43, 45, 52, 60, 63, 65 ; Éz. 37-48 ; Da. 12 ;
Za. 12-14).
PROPHÉTIES POUR LE
PRÉSENT ET LE FUTUR. Pour les saints des derniers jours, l’ère
actuelle de l’Évangile de Jésus-Christ a commencé
non seulement par la première vision de Joseph Smith mais
également par les visites d’autres messagers divins, qui
ont cité des prophéties de l’Ancien Testament
avec la promesse qu’elles étaient sur le point de
s’accomplir. L’ange Moroni a cité à Joseph
Smith certaines des prophéties eschatologiques de Malachie,
Ésaïe, Joël et, selon Wilford Woodruff, Daniel, et a
promis leur accomplissement (JS–H 1:29, 33, 36-41 ; JD
24:241).
Les saints des derniers
jours utilisent les prophéties antiques et modernes pour
apporter la lumière de l’Évangile aux gentils
pour que tous soient mutuellement bénis (És. 49:5-22 ;
D&A 86:11 ; 110:12 ; 124:9). Dans les derniers jours,
le Dieu du ciel établira son royaume pour qu’il englobe
tous les hommes, allant de l’avant jusqu’à ce
qu’il remplisse la terre (Da. 2:31-45 ; D&A 65). Le
Seigneur « ramènera Sion » et, de cette
manière, publiera la paix et le salut, en proclamant :
« Ton Dieu règne ! » Alors toutes
les nations verront le salut de Dieu (És. 52:7-10). Tous
peuvent faire partie de Sion, « ceux qui ont le cœur
pur » (D&A 97:19-21). « Des libérateurs
monteront sur la montagne de Sion », comme le dit Abdias,
« et à l’Éternel appartiendra le
règne » (Ab. 1:21 ; D&A 103:7-10).
Bibliographie
Ludlow, Daniel H. A
Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L.
Unlocking the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Matthews, Robert J. "A
Plainer Translation" : Joseph Smith’s Translation of
the Bible. Provo, Utah, 1975.
McConkie, Bruce R. The
Promised Messiah. Salt Lake City, 1978.
Nyman, Monte S., dir. de
publ. Isaiah and the Prophets. Provo, Utah, 1984.
Reynolds, Noel B. "The
Brass Plates Version of Genesis." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, vol. 2, p. 136-173.
Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. The
Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1965.
Sperry, Sidney B. The
Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
ELLIS T. RASMUSSEN
Anges
[Cette rubrique se
compose de trois articles : Anges : Anges ; Anges :
Archanges ; Anges : Anges gardiens. Le premier article
traite de la nature des anges en ce qui concerne leur ministère
auprès des habitants de la terre, montrant que différentes
catégories accomplissent différents types de service.
Le deuxième article examine une hiérarchie parmi des
anges, et désigne Michel comme archange. Le dernier article
explore la notion d’ange gardien et examine ce que les
Écritures et les Frères ont dit. Il propose le
Saint-Esprit comme type d'ange gardien.]
Anges :
Anges
Auteur :
MCCONKIE, OSCAR W.
Les saints des derniers
jours acceptent la réalité de l’existence des
anges comme messagers du Seigneur. Des anges sont mentionnés
dans les Ancien et Nouveau Testaments, le Livre de Mormon, les
Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix et jouent un rôle
important dans l'histoire des débuts de l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Les anges sont de
divers types et accomplissent diverses fonctions pour assurer l’œuvre
du Seigneur sur la terre.
Le scepticisme de
l'époque moderne a eu tendance à diminuer la croyance
dans les anges. Cependant, Jésus-Christ a fréquemment
parlé des anges, littéralement et au figuré.
Quand les disciples de Jésus lui ont demandé :
« Explique-nous la parabole de l’ivraie du champ »,
il a répondu : « Celui qui sème la
bonne semence, c’est le Fils de l’homme ; le champ,
c’est le monde… les moissonneurs, ce sont les anges »
(Mt. 13:36-39). Les anges sont des êtres réels qui
participent à beaucoup d’incidents racontés dans
les Écritures (par exemple, Lu. 1:13, 19 ; 2:25 ;
Jn. 20:12, etc.). Ils font partie de toute la famille des cieux »
(voir Ép. 3:15). Tout le monde, y compris les anges, est la
postérité de Dieu.
Les anges, en ce qui
concerne la forme, sont semblables aux êtres humains. Ils n’ont
bien entendu pas les ailes que beaucoup de peintres montrent
symboliquement (EPJS, p. 129). À propos des deux anges qui
rendent visite à Lot à Sodome, les habitants de
l’endroit demandent : « Où sont les
hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? »
(Ge. 19:1, 5, italiques ajoutés). Daniel décrit l'ange
Gabriel comme ayant « l'apparence d'un homme »
(Da. 8:15). Au sépulcre du Sauveur ressuscité, « un
ange du Seigneur descendit du ciel » (Mt. 28:2) sous la
forme d’un « jeune homme… vêtu d’une
robe blanche » (Marc 16:5). Joseph Smith fait la
description tout à fait détaillée d'un ange
quand il rapporte la visite de l'ange Moroni (JS–H 1:30-33,
43).
Les anges qui visitent
cette terre sont des personnes qui ont été affectées
comme messagers auprès de cette terre : « Aucun
ange ne s'occupe de cette terre en dehors de ceux qui y appartiennent
ou qui y ont appartenu » (D&A 130:5).
Il y a plusieurs types et
sortes d'êtres, à divers niveaux de progression, que le
Seigneur a utilisés comme anges dans des circonstances
variables. Une sorte est un enfant d'esprit du Père éternel
qui n'est pas encore venu au monde mais qui est destiné à
vivre dans la condition mortelle terrestre. C’est probablement
le type d'ange qui est apparu à Adam (Moï. 5:6-8).
Dans les premiers temps
du monde mortel, beaucoup de justes ont été enlevés
de la terre (voir Êtres enlevés). Hénoc et son
peuple (Moï. 7:18-21, 31, 63, 69 ; Hé. 11:5), Moïse
(Al. 45:19) et Élie (2 R. 2:11-12) ont tous été
enlevés. Le prophète Joseph Smith a enseigné que
des êtres enlevés « sont prévus pour
des missions futures » (EPJS, p. 153) et par conséquent
peuvent être des anges chargés d’un ministère.
Un autre genre d'ange
peut être quelqu’un qui a terminé son existence
mortelle mais dont les travaux continuent dans le monde d'esprit
tandis qu'il attend la résurrection du corps. Ceux-là
sont qualifiés d’ « esprits des justes
parvenus à la perfection » (Hé. 12:22-23 ;
D&A 76:69 ; EPJS, p. 263). « Ne sont-ils pas tous
des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un
ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du
salut ? » (Hé. 1:13-14).
Depuis la résurrection
de Jésus-Christ, certains anges ont été « des
personnages ressuscités, ayant un corps de chair et d'os »
(D&A 129:1). Le prophète Joseph Smith a dit que les anges
ressuscités ont avancé plus loin dans la lumière
et la gloire que les esprits (EPJS, p. 263). C’est le cas des
êtres qui ont contribué au rétablissement de
l'Évangile dans la dispensation de la plénitude des
temps. C’est à propos de ce type d'ange que Jean écrit :
« Je vis un autre ange qui volait par le milieu du ciel,
ayant un Évangile éternel, pour l’annoncer aux
habitants de la terre, à toute nation, à toute tribu, à
toute langue, et à tout peuple » (Ap. 14:6). Élias,
Moïse, Élie, Moroni, Jean-Baptiste, Pierre et Jacques
sont des exemples d’anges ressuscités qui ont servi le
prophète Joseph Smith.
Conformément à
la prophétie de Jean dans Ap. 14:6, la plénitude de
l'Évangile, dans la parole et la puissance, a été
rétablie sur la terre par le ministère d’anges.
L'ange Moroni, être ressuscité, a révélé
les annales du Livre de Mormon qui contiennent la plénitude de
l'Évangile de Jésus-Christ (D&A 20:8-11 ; voir
Moroni, Visitations de). Plus tard celui qui était appelé
Jean-Baptiste dans le Nouveau Testament, étant maintenant
aussi ressuscité, vint, le 15 mai 1829, comme ange rendre la
Prêtrise d'Aaron à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery (D&A 13 ; JS–H 1:68-72 ; voir Prêtrise
d'Aaron : Rétablissement). De même, Pierre, Jacques
et Jean, messagers incarnés de Dieu, rétablirent la
Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12-13 ; voir
Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de
la Prêtrise de Melchisédek). Moïse, Élias et
Élie apparurent chacun comme anges et rendirent les « clefs
du rassemblement d'Israël », la « dispensation
de l'Évangile d'Abraham » (dont le mariage céleste
ou patriarcal) et les clefs du pouvoir de scellement pour
« tourner
le cœur des pères vers les enfants, et les enfants vers
les pères » (D&A 110:11-16).
D'autres « divers
anges » sont venus remettre des clefs, du pouvoir, de la
prêtrise et de la gloire (D&A 128:18-21), pour enseigner
(2 Né. 10:3 ; Mosiah 3:2-3 ; Ap. 1:1), guider
et inspirer (Ap. 5:11) et rendre l'Évangile actif dans la vie
des hommes et des femmes. Cependant, l’œuvre des anges du
Rétablissement n'est pas complète et les Écritures
disent qu'il y aura encore d'autres ministères d’anges
avant que « l'heure [du jugement de Dieu soit] venue »
(D&A 88:103-104 ; 133:36).
Les anges messagers
apportent la connaissance, la prêtrise, le réconfort et
les assurances de Dieu aux mortels. Cependant, quand c’est la
prêtrise ou les clefs qui doivent être transmises, l'ange
exerçant ce ministère possède un corps de chair
et d'os, soit ressuscité, soit enlevé. Les esprits
peuvent donner des informations, mais ils ne peuvent pas conférer
la prêtrise à des mortels, parce que les esprits ne font
pas l’imposition des mains aux mortels (cf. D&A 129).
Parfois le Seigneur
lui-même peut aussi être qualifié d’ange,
puisque le terme signifie « messager ». Il est
le « messager du salut » (D&A 93:8) et le
« messager de l'alliance » (Mal. 3:1), et est
« l’ange qui m’a délivré »
dont Jacob parle dans Genèse 48:15-16.
Certains des enfants
d'esprit du Père « n’ont pas gardé
leur dignité » (Jud. 1:6 ; D&A 29:36-38 ;
Ap. 12:3-9) et, comme Peter l’explique : « Dieu
n’a pas épargné les anges qui ont péché,
mais s’il les a précipités dans les abîmes
de ténèbres » (2 Pi. 2:4). Ce sont des anges
au diable. Ainsi, Satan et ceux qui ont choisi de le suivre sont
parfois qualifiés d’anges (2 Co. 11:14-15 ; 2 Né.
2:17 ; voir aussi Premier état ; Guerre dans le
ciel).
Une utilisation
différente du terme « ange » est
appliquée à ceux qui, parce qu'ils n'ont pas obéi
aux principes de la nouvelle alliance éternelle du mariage, ne
se qualifient pas pour l'exaltation mais restent séparés
et seuls en tant qu'anges chargés d’un ministère,
privés d’exaltation dans leur état sauvé
pour toute l'éternité (D&A 132:16-17).
Bibliographie
McConkie, Bruce R. Mormon
Doctrine. Salt Lake City, 1966.
McConkie, Oscar W.
Angels. Salt Lake City, Utah, 1975.
Pratt, Parley P. "Angels
and Spirits." Dans Key to the Science of Theology, 10e éd.,
p. 112-119. Salt Lake City, 1973.
OSCAR W. MCCONKIE
Anges :
Archanges
Auteur :
GILES, JERRY C.
Traditionnellement, les
anges ont été considérés comme des
gardiens de personnes ou de lieux et porteurs des nouvelles de Dieu.
Le préfixe « arch- » intensifie cette
signification pour dénoter quelqu’un qui règne ou
est éminent, principal ou prépondérant.
Plusieurs textes bibliques donnent la prééminence à
quatre, six ou sept anges (Éz. 9:2 ; Ap. 8:2). Denis, un
théologien chrétien du VIe siècle, prétend
qu’il existe neuf ordres d’anges appelés chœurs,
dont un est appelé « archanges ». Le
Paradis Perdu de Milton fait apparaître les archanges Raphaël
et Michel à Adam au sujet de la chute des anges, de la
Création et de l'histoire du monde. Dante parle aussi
d’archanges dans la Divine Comédie.
Dans la littérature
de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours, un archange est un ange en chef, détenant une position
d'autorité dans la prêtrise dans la hiérarchie
céleste. Michel (Adam) est le seul à être ainsi
formellement désigné dans l'Écriture (D&A
29:26 ; 88:112 ; 107:54 ; 128:21 ; 1 Th.
4:16 ;
Jud. 1:9), bien que d'autres (Gabriel, qui est également Noé ;
Raphaël, Raguël, etc.) soient mentionnés dans les
ouvrages scripturaires, apocryphes, et pseudépigraphiques. Les
enseignements des prophètes modernes indiquent qu'il existe
une organisation de prêtrise parmi les armées célestes
(EPJS, p. 124, 167). Cependant, les commentaires sur des postes ou
des fonctions spécifiques dans la hiérarchie céleste
au-delà des Écritures citées ci-dessus sont de
la conjecture.
JERRY C. GILES
Anthon,
Transcription
Auteur :
Bachman, Danel W.
La
transcription Anthon était
une feuille de papier, considérée comme perdue, sur
laquelle Joseph Smith avait copié des échantillons de
caractères d’« égyptien réformé »
provenant des plaques du Livre de Mormon. Au cours de l'hiver de
1828, Martin Harris montra ces caractères au professeur
Charles Anthon du Columbia College (aujourd'hui Université de
Columbia), d’où le nom.
En février 1828, Martin
Harris, un agriculteur de
Palmyra, New York, rendit visite au prophète Joseph Smith, qui
résidait alors à Harmony (Pennsylvanie), où il
venait de commencer à traduire le Livre de Mormon (voir Livre
de Mormon, Traduction par Joseph Smith). Smith s’était
précédemment adressé à Harris pour avoir
son soutien financier pour la traduction ; maintenant, Harris se
rendait à Harmony pour prélever des échantillons
des caractères égyptiens réformés des
plaques d'or (cf. Mrm. 9:32), dans le but d’obtenir l’avis
de scientifiques à propos de leur authenticité. Smith
remit à Harris une copie de certains des caractères,
ainsi que d'une traduction, que Harris présenta ensuite à
au moins trois érudits de l'Est des États-Unis. Le plus
important d'entre eux, étant donné la nature de la
demande, était Charles Anthon, classiciste renommé au
Columbia College.
Les comptes rendus de la
rencontre faits par les deux hommes
diffèrent. Harris dit que le professeur Anthon lui remit un
certificat attestant l'authenticité des caractères,
mais que quand il apprit que Joseph Smith disait avoir reçu
les plaques d'un ange, il reprit le certificat et le déchira.
Anthon, pour sa part, laissa, en 1834 et en 1841, des comptes rendus
écrits dans lesquels il se contredit sur le point de savoir
s’il avait donné à Harris une opinion écrite
sur le document. Dans les deux comptes rendus, apparemment pour que
l’on n’aille pas penser qu’il s’associait à
la publication du livre, il prétendit avoir déclaré
à Harris qu'il (Harris) était victime d'une
escroquerie. Les recherches modernes permettent de dire que, compte
tenu de l'état des connaissances de l'égyptien en 1828,
les idées d’Anthon n’auraient guère été
plus qu'une opinion. Quoi qu’il en soit, Harris retourna à
Harmony prêt à aider Joseph Smith à faire sa
traduction.
L'Église Réorganisée de
Jésus-Christ
des Saints des Derniers Jours (maintenant appelée Community of
Christ) possède un texte manuscrit appelé Transcription
Anthon, qui contient sept lignes horizontales de caractères
apparemment copiés des plaques. David Whitmer, à qui le
document appartint à un moment donné, dit que c'est ce
texte que Martin Harris montra à Charles Anthon. Cette
affirmation reste toutefois incertaine car la transcription ne
correspond pas à l'affirmation d’Anthon, à savoir
que le manuscrit qu'il avait vu était disposé en
colonnes verticales. Même si le document n'est pas l'original,
il représente presque certainement des caractères
copiés à partir des plaques en la possession de Joseph
Smith ou copiés à partir du document utilisé par
Harris. À deux reprises, fin 1844, après le martyre du
prophète, certaines parties de ces symboles furent publiées
comme étant les caractères que Joseph Smith avait
copiés à partir des plaques d'or – une fois sur
une affiche et une fois dans le numéro du 21 décembre
du journal mormon The Prophet (voir Magazines). En 1980 parut un
document qui semblait correspondre à la description faite par
Anthon et qui avait l’air d’être la Transcription
Anthon originale. Mais en 1987, Mark W. Hofmann reconnut que c’était
un faux dont il était l’auteur (voir Falsifications de
Documents historiques).
La visite rendue par Harris à
des savants est plus qu’une
curiosité intéressante dans l'histoire du mormonisme.
Selon ses propres dires, Harris retourna à Harmony, convaincu
que les caractères étaient authentiques. Par la suite,
il consacra de bon cœur de son temps et de ses ressources pour
assurer la publication du Livre de Mormon. De plus, le prophète,
Harris lui-même et les générations suivantes de
saints des derniers jours ont vu dans sa visite la réalisation
d’Ésaïe 29:11-12, qui parle « d’un
livre cacheté » remis à « un
homme qui sait lire » et qui ne peut pas le lire (PJS 1:9;
cf. 2 Né 27:6-24; voir aussi Livre de Mormon, Prophéties
bibliques sur). Ses efforts encouragèrent apparemment Joseph
Smith dans la phase initiale de la traduction. La Transcription
Anthon est également importante pour les générations
suivantes comme un échantillon authentique des caractères
gravés sur les plaques d'or et donc l'une des rares preuves
tangibles de leur existence. [Voir aussi Livre de Mormon, langue.]
Bibliographie
Kimball, Stanley B. "I Cannot
Read a
Sealed Book." IE 60, févr. 1957, 80-82, 104, 106.
Kimball, Stanley B. "The Anthon
Transcript: People, Primary
Sources, and Problems." BYU Studies 10, printemps 1970, 325-352.
"Martin Harris' Visit to
Charles Anthon: Collected Documents
on Short-hand Egyptian." F.A.R.M.S. Preliminary Report. Provo,
Utah, 1985.
DANEL W. BACHMAN
Antimormons
– Publications
Auteur :
NELSON, WILLIAM O.
L’antimormonisme
comprend toute opposition hostile ou polémique au mormonisme
ou aux saints des derniers jours, comme la diffamation du prophète
fondateur, ses successeurs ou les points de doctrine ou les pratiques
de l’Église. Bien que parfois bien intentionnées,
les publications antimormones prennent souvent la forme d’injures,
de mensonges, de caricatures dégradantes, de préjugés
et de harcèlement juridique, donnant lieu à des assauts
verbaux et physiques. Dès ses débuts, l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours et ses membres
ont été les cibles de publications antimormones. Mis à
part le fait qu’elle les a rassemblées à des fins
historiques et ce, en réponse aux directives divines, l’Église
a essentiellement ignoré cette littérature, parce que
la plupart des membres y voient de fausses déclarations
irresponsables.
Peu d’autres
groupes religieux aux États-Unis ont été l’objet
de critiques et d’une hostilité aussi constantes et
aussi rabiques. Depuis l’organisation de l’Église
en 1830 jusqu’en 1989, au moins 1.931 livres, romans,
brochures, tracts et feuillets volants antimormons ont été
publiés en anglais. De nombreux autres bulletins, articles et
lettres ont été distribués. Depuis 1960, ces
publications ont augmenté considérablement.
Une raison importante
d’hostilité à l’égard de l’Église
a été sa croyance en la révélation
extrabiblique. Les fondements théologiques de l’Église
reposent sur l’affirmation du prophète Joseph Smith que
Dieu le Père, Jésus-Christ et des anges lui sont
apparus et lui ont commandé de rétablir une
dispensation de l’Évangile.
Le scepticisme auquel le
témoignage de Joseph Smith s’est heurté au début
était compréhensible parce que d’autres avaient
émis des prétentions semblables à la réception
de révélations de Dieu. De plus, Joseph Smith avait
fait paraître le Livre de Mormon, ce qui constituait une preuve
tangible de ses prétentions à la révélation,
et ceci demandait à être vérifié. Son
témoignage que le livre provenait d’un document antique
gravé sur des plaques en métal qu’il avait
traduit par le don et le pouvoir de Dieu était considéré
comme absurde par les incroyants. Les écrits antimormons
hostiles et les autres abus ont découlé en grande
partie de la nécessité de trouver une autre explication
à l’origine du Livre de Mormon. Les premiers détracteurs
se sont tout d’abord ingéniés à
discréditer la famille Smith, en particulier Joseph Smith,
fils, et ont essayé de prouver que le Livre de Mormon était
entièrement du XIXe siècle. Les détracteurs
ultérieurs se sont davantage concentrés sur des points
de doctrine, différents dirigeants et le fonctionnement de
l’Église.
PREMIÈRES
CRITIQUES (1829-1846). L’affirmation de Joseph Smith que des
messagers célestes lui avaient rendu visite fut accueillie
avec dérision, en particulier par certains ecclésiastiques
locaux. Quand les efforts de le dissuader eurent échoué,
il devint l’objet de railleries. À partir de l’époque
de la Première Vision (1820) jusqu’à la première
visite de l’ange Moroni (1823), Joseph « subit
toutes sortes d’opposition et de persécutions de la part
des différents ordres de religieux » (Lucy Mack
Smith, History of Joseph Smith, p. 74).
La première
tentative sérieuse de discréditer Joseph Smith et le
Livre de Mormon fut celle d’Abner Cole, rédacteur du
Reflector, un journal local de Palmyra. Écrivant sous le
pseudonyme d’Obadiah Dogberry, Cole publia dans son journal des
extraits de deux chapitres piratés de l’édition
de 1830 du Livre de Mormon, mais fut obligé de renoncer parce
qu’il violait la loi du copyright. Cole recourut à la
satire. Il essaya de diffamer Joseph Smith en l’associant à
la recherche de trésors et il prétendit que Joseph
était influencé par un magicien appelé Walters.
Alexander Campbell,
fondateur des Disciples du Christ, écrivit la première
brochure antimormone publiée. Le texte parut d’abord
sous forme d’articles dans son propre journal, le Millennial
Harbinger (1831), et puis dans une brochure intitulée
Delusions [tromperies] (1832). Campbell conclut : « Je
ne doute pas un seul instant que [Joseph Smith] soit l’unique
auteur et propriétaire [du Livre de Mormon]. » Deux
ans plus tard, il revint sur cette conclusion et accepta une nouvelle
théorie de l’origine du Livre de Mormon, à savoir
que Joseph Smith avait d’une certaine façon collaboré
avec Sidney Rigdon pour produire le Livre de Mormon à partir
du manuscrit de Spaulding (voir ci-dessous).
L’ouvrage
antimormon le plus notable de cette période, Mormonism
Unvailed (sic), fut publié par Eber D. Howe en 1834. Howe
collabora avec l’apostat Philastus Hurlbut, excommunié
de l’Église à deux reprises pour immoralité.
Hurlbut fut engagé par un comité d’antimormons
pour trouver des gens qui certifieraient la malhonnêteté
de Smith. Il « rassembla » des déclarations
sous serment de soixante-douze contemporains qui professaient
connaître Joseph Smith et étaient disposés à
parler contre lui. Mormonism Unvailed essaya de discréditer
Joseph Smith et sa famille en assemblant ces déclarations sous
serment et neuf lettres écrites par Ezra Booth, également
apostat qui avait quitté l’Église. Ces documents
prétendent que les Smith étaient des chercheurs de
trésors et des irresponsables. Howe avança la théorie
que Sidney Rigdon s’était procuré un manuscrit
écrit par Solomon Spaulding, le réécrivit dans
le Livre de Mormon et convainquit ensuite Joseph Smith de dire au
public qu’il avait traduit le livre à partir de plaques
reçues d’un ange. Cette théorie servit
d’alternative au récit de Joseph Smith jusqu’à
ce que le manuscrit de Spaulding soit découvert en 1884 et se
révèle n’avoir rien à voir avec le Livre
de Mormon.
Le recueil Hurlbut-Howe
et Delusions de Campbell furent les sources principales de presque
tous les autres écrits antimormons du XIXe siècle et
quelques-uns du XXe siècle, notamment les ouvrages d’Henry
Caswall, John C. Bennett, Pomeroy Tucker, Thomas Gregg, William Linn
et George Arbaugh. La plupart de ces auteurs puisèrent de
manière routinière dans le même groupe de
légendes antimormones (voir H. Nibley, « How to
Write an Anti-Mormon Book » Brigham Young University
Extension Publications, 17 fév. 1962, p. 30).
La manifestation la plus
infâme de l’antimormonisme se produisit lors du conflit
du Missouri, pendant lequel Lilburn W. Boggs, gouverneur de l’état,
lança un ordre d’extermination. « Les
mormons, écrivit-il, doivent être traités comme
des ennemis et être exterminés ou chassés de
l’état, si c’est nécessaire, pour le bien
public » (HC 3:175). Cet ordre fut à l’origine
de l’expulsion des mormons hors du Missouri et de leur
réinstallation en Illinois.
Tandis qu’il était
incarcéré à la prison de Liberty en 1839, Joseph
Smith écrivit aux saints et leur dit de ne pas répondre
par une polémique mais de « réunir les
publications diffamatoires qui sont en circulation, et toutes celles
qui se trouvent dans les magazines et dans les encyclopédies
et toutes les histoires diffamatoires qui sont publiées, qui
sont écrites, et par qui » de manière à
mettre en lumière tous les rapports trompeurs et faux au sujet
de l’Église (D&A 123:4-5, 12-13). Ce procédé
a été appliqué par les saints des derniers jours
au cours des années.
Après
l’installation des saints à Nauvoo (Illinois), leur
principal antagoniste fut Thomas C. Sharp, rédacteur du Warsaw
Signal. Alarmé par le pouvoir civil de l’Église,
il utilisa son journal pour s’y opposer. En 1841, il publia
Mormonism Portrayed, de William Harris.
Six livres antimormons
notables furent édités en 1842. Le premier fut History
of the Saints ; or, An Exposé of Joe Smith and Mormonism,
par John C. Bennett, qui avait été conseiller de Joseph
Smith dans la Première Présidence et avait aussi été
le premier maire de Nauvoo. Après son excommunication de
l’Église pour immoralité, il se tourna contre les
mormons et publia une série de lettres dans un journal de
Springfield (Missouri). Il accusa Joseph Smith d’être
« l’un des imposteurs les plus vils et les plus
infâmes qui soient jamais apparus sur la face de la terre ».
L’histoire de Bennett empruntait fortement à Mormonism
Portrayed.
Cette même année,
Joshua V. Himes publia Mormon Delusions and Monstrosities, qui
reprenait une grande partie de Delusions d’Alexander Campbell.
Le Révérend John A. Clark publia Gleanings by the Way
et Jonathan B. Turner, Mormonism in All Ages. Ces deux livres se
basaient fortement sur Howe et Mormonism Unvailed de Hurlbut.
Mormonism and the mormons, de Daniel P. Kidder, amplifia la théorie
Spaulding des origines du Livre de Mormon en y incluant Oliver
Cowdery en plus de Joseph Smith et de Sidney Rigdon.
Appelé l’
« Antimormon Extraordinaire », le Révérend
Henry Caswall publia The City of the mormons, or Three Days at
Nauvoo. Il prétendit avoir donné à Joseph Smith
une copie d’un manuscrit grec des psaumes et que Smith
l’identifia comme étant un dictionnaire d’hiéroglyphes
égyptiens. Caswall inventa un dialogue entre lui et Smith pour
dépeindre Joseph Smith comme ignorant, grossier et fourbe. En
1843, Caswall publia « The Prophet of the Nineteenth
Century » à Londres, empruntant la majeure partie
de sa matière à Clark et à Turner.
En 1844 Joseph Smith dut
affronter de graves dissensions au sein de l’Église.
Plusieurs de ses plus proches collaborateurs étaient en
désaccord avec lui concernant la révélation du
mariage plural et d’autres points de doctrine. Parmi les
principaux dissidents il y avait William et Wilson Law, Austin
Cowles, Charles Foster, Francis et Chauncey Higbee, Charles Ivins et
Robert Foster. Ils s’allièrent avec les éléments
antimormons locaux et éditèrent un numéro d’un
journal, le Nauvoo Expositor. Ils y accusaient Joseph Smith d’être
un prophète déchu, coupable de fornication et
malhonnête en matière financière.
Le conseil municipal de
Nauvoo et le maire Joseph Smith déclarèrent le journal
« nuisance » illégale et commandèrent
au marshal de la ville de détruire la presse. Cette
destruction mit en rage les antimormons hostiles autour de Nauvoo. Le
12 juin 1844, le Warsaw Signal, le journal de Thomas Sharp, exigea
l’extermination des saints des derniers jours : « La
guerre et l’extermination sont inévitables !
Citoyens, levez-vous tous ! ! ! Pouvez-vous rester là
et laisser ces démons infernaux ! dépouiller des
hommes de leurs biens et de leurs droits sans les venger… Que
[votre commentaire] se fasse avec la poudre et les
balles ! ! ! »
Quinze jours plus tard, Joseph Smith et son frère Hyrum
étaient assassinés à la prison de Carthage
tandis qu’ils attendaient d’être jugés sur
accusation de trahison.
Sharp justifia la tuerie
sous prétexte que « les citoyens les plus
respectables » l’avaient réclamée. Lui
et quatre autres furent par la suite jugés pour les meurtres,
mais furent acquittés faute de preuves.
Beaucoup pensaient que
l’Église périrait avec ses fondateurs. Quand les
membres s’unirent sous la direction des douze apôtres,
les attaques antimormones reprirent de plus belle. Sharp réclama
de nouveau l’expulsion des mormons de l’Illinois. En
septembre 1845, plus de 200 maisons de membres de l’Église
avaient été brûlées dans les régions
environnant Nauvoo. En février 1846, les saints traversèrent
le Mississippi et commencèrent l’exode vers l’Ouest.
Il est possible que le
mobile de certains antimormons, particulièrement des apostats,
ait été la vengeance. Philastus Hurlbut, Simonds Ryder,
Ezra Booth et John C. Bennett voulaient se venger parce que l’Église
les avait disciplinés. Alexander Campbell était furieux
parce qu’il avait perdu beaucoup de ses disciples campbellites
quand ils s’étaient joints aux saints des derniers
jours. Mark Aldrich avait investi dans un développement
immobilier qui fit faillite parce que les immigrés mormons ne
l’avaient pas soutenu et Thomas Sharp avait perdu beaucoup de
ses perspectives dans les affaires.
CARICATURE DES mormons ET
CROISADE CONTRE LA POLYGAMIE (1847-1896). L’installation dans
l’Ouest permit un isolement bienvenu pour l’Église,
mais la révélation publique de la pratique de la
polygamie en 1852 suscita un nouveau barrage de moqueries et un
affrontement avec le gouvernement fédéral.
Les années de 1850
à 1890 furent turbulentes pour l’Église parce que
les réformateurs, les ecclésiastiques et la presse
attaquèrent ouvertement la pratique de la polygamie. Les
opposants fondèrent des sociétés antipolygames
et le Congrès publia une législation antipolygame. Les
mormons furent caricaturés comme étant des gens qui
défiaient la loi et étaient immoraux. Le but clair de
la croisade juridique et politique contre les mormons était de
détruire l’Église. Seul le manifeste de 1890, une
déclaration de Wilford Woodruff, président de l’Église,
qui abolissait officiellement la polygamie, apaisa le gouvernement,
permettant la restitution à l’Église de ses biens
confisqués. Les écrits, conférences et dessins
satiriques antimormons volumineux de l’époque
caricaturèrent l’Église comme une théocratie
qui défiait les lois de la société
conventionnelle ; beaucoup décrivaient ses membres comme
bercés d’illusions et fanatiques ; et ils
prétendaient que la polygamie, les rituels secrets et
l’expiation par le sang constituaient les fondements
théologiques de l’Église. Les motifs principaux
étaient de discréditer les croyances des saints, de
réformer moralement ce qui était perçu comme un
mal ou d’exploiter la polémique à des fins
financières et politiques. La tactique diffamatoire utilisée
consistait en attaques verbales contre les dirigeants de l’Église,
en caricatures dans les périodiques, les magazines et les
conférences, en inventions dans les romans et en mensonges
purs et simples.
L’ouvrage
antimormon le plus influent au cours de cette période fut
probablement Origin, Rise, and Progress of Mormonism, de Pomeroy
Tucker (1867). Imprimeur employé par E.B. Grandin, éditeur
du Wayne Sentinel et imprimeur de la première édition
du Livre de Mormon, Tucker affirma avoir été en
relations étroites avec Joseph Smith. Il soutint l’accusation
de Hurlbut-Howe que les Smith étaient malhonnêtes et
prétendit qu’ils volaient leurs voisins. Il
reconnaissait cependant que ses insinuations n’étaient
pas « confirmées par une enquête
judiciaire ».
The Golden Bible or the
Book of Mormon : Is It from God ? (1887) du Révérend
M. T. Lamb se moquait du Livre de Mormon qu’il qualifiait de
« verbeux, maladroit, stupide… improbable…
impossible… [et] une conjecture idiote. » Pour lui
le livre était inutile et de loin inférieur à la
Bible et il disait de ceux qui croyaient au Livre de Mormon qu’ils
étaient mal informés.
Sur les cinquante-six
romans antimormons publiés au cours du XIXe siècle,
quatre devinrent le modèle de tous les autres. Ces quatre
romans étaient des romans à sensation érotiques
se focalisant sur le soi-disant triste sort des femmes dans l’Église.
Boadicea, the Mormon Wife, d’Alfreda Eva Bell (1855), faisait
des membres de l’Église « des meurtriers, des
faussaires, des escrocs, des joueurs, des voleurs et des
adultères ! » Dans Mormonism Unveiled,
d’Orvilla S. Belisle (1855), l’héroïne était
prise au piège dans un harem mormon sans espoir d’en
sortir. Mormon Wives, de Metta Victoria Fuller Victor (1856) fait des
mormons des gens affreux et aveuglés. Maria Ward (un
pseudonyme) dépeint les tortures infligées par les
mormons aux femmes dans Female Life Among the mormons (1855). Les
auteurs écrivaient des passages choquants dans le but de
vendre les publications. Des membres excommuniés essayèrent
de profiter de leur ancienne appartenance à l’Église
pour vendre leurs histoires. Tell It All, de Fanny Stenhouse (1874),
Wife No. 19 d’Ann Eliza Young (1876) étaient des
histoires à sensation sur le thème de la polygamie.
William Hickman vendit son histoire à John H. Beadle, qui
exagéra le mythe danite dans Brigham’s Destroying Angel
(1872) pour présenter les mormons comme des gens violents.
Les dirigeants de
l’Église ne répondirent à ces attaques et
à cette publicité défavorable que par des
sermons et des exhortations. Ils défendirent la doctrine
fondamentale de l’Église qu’étaient la
révélation et l’autorité venant de Dieu.
Pendant la période des poursuites fédérales, la
Première Présidence condamna les actes contre l’Église
de la part du Congrès des États-Unis et de la Cour
Suprême comme violations de la Constitution des États-Unis.
LA RECHERCHE D’UNE
EXPLICATION PSYCHOLOGIQUE (1897-1945). Après que l’Église
eut officiellement mis fin à la polygamie en 1890, l’image
publique du mormonisme s’améliora et devint modérément
favorable. Cependant, en 1898, l’Utah élut au Congrès
des États-Unis B.H. Roberts, qui avait contracté des
mariages pluraux avant le Manifeste. Son élection ranima les
accusations de polygamie et de nouvelles dénonciations par les
reporters à scandale des magazines et le Congrès refusa
de le valider. Pendant le débat au Congrès, l’Order
of Presbytery d’Utah publia une brochure, Ten Reasons Why
Christians Cannot Fellowship the Mormon Church [Dix raisons pour
lesquelles les chrétiens ne peuvent pas recevoir l’Église
mormone dans leur communion], s’opposant principalement à
la doctrine de la révélation moderne.
L’élection
de Reed Smoot au Sénat des États-Unis (le 20 janvier
1903) causa une polémique de plus. Bien que n’ayant pas
été polygame, Smoot était membre du Collège
des douze apôtres. Dix mois après qu’il eut été
assermenté en tant que sénateur, son cas fut passé
en revue par le Senate Committee on Privileges and Elections. Les
auditions pour l’affaire Smoot durèrent de janvier 1904
à février 1907. Finalement, en 1907, le sénat
vota de lui permettre de prendre son siège. La Première
Présidence publia alors An Address to the World (une
déclaration au monde), expliquant la doctrine de l’Église
et répondant aux accusations. La Salt Lake Ministerial
Association (l’association des pasteurs de Salt Lake City)
réfuta, le 4 juin 1907, cette déclaration dans le Salt
Lake Tribune.
Pendant 1910 et 1911, les
magazines Pearson's, Collier's, Cosmopolitan, McClure's et
Everybody's publièrent des articles antimormons rabiques.
McClure accusa les mormons de toujours pratiquer la polygamie.
Cosmopolitan compara le mormonisme à une vipère
essayant de saisir, avec des tentacules, la richesse et le pouvoir.
Les rédacteurs qualifièrent l’Église d’
« institution méprisable » dont
« l’emprise gluante » avait servi le
pouvoir politique et économique dans une douzaine d’États
de l’Ouest. Les historiens de l’Église appellent
ces articles « la croisade des magazines ».
L’arrivée du
cinéma donna lieu à une répétition du
stéréotype antimormon. De 1905 à 1936, on sortit
au moins vingt et un films antimormons. Les plus sordides furent A
Mormon Maid (1917) et Trapped by the mormons (1922). Les films
montraient des dirigeants polygames cherchant des converties pour
satisfaire leurs convoitises et les mormons assassinant des voyageurs
innocents dans des rites secrets. Certains des écrits
antimormons les plus virulents de l’époque venaient de
Grande-Bretagne. Winifred Graham (Mme Theodore Cory), romancière
antimormone professionnelle, accusa les missionnaires mormons de
profiter de la Première Guerre mondiale pour faire du
prosélytisme auprès des femmes dont les maris étaient
partis faire la guerre. Le film Trapped by the mormons était
basé sur l’un de ses romans.
Quand la théorie
Spaulding sur l’origine du Livre de Mormon fut discréditée,
les partisans antimormons se tournèrent vers la psychologie
pour expliquer les visions et les révélations de Joseph
Smith. Walter F. Prince et Theodore Schroeder proposèrent des
explications aux noms du Livre de Mormon en ayant recours à
des associations psychologiques ingénieuses mais ténues.
I. Woodbridge Riley prétendit dans The Founder of Mormonism
(New York, 1903) que « Joseph Smith, fils, était
épileptique ». Il fut le premier à suggérer
que View of the Hebrews, d’Ethan Smith (1823) et The Wonders of
Nature and Providence, Displayed, de Josiah Priest (1825) étaient
les sources du Livre de Mormon.
Lorsque l’Église
commémora son centenaire en 1930, l’historien américain
Bernard De Voto affirma dans l’American Mercury : « Il
est incontestable que Joseph Smith était paranoïaque. »
Il reconnut plus tard que l’article du Mercury était
« une attaque malhonnête » (IE 49, mars
1946, p. 154).
Harry M. Beardsley, dans
Joseph Smith and His Mormon Empire (1931), avança la théorie
que les visions de Joseph Smith, ses révélations et le
Livre de Mormon étaient des sous-produits de son subconscient.
Vardis Fisher, un romancier populaire ayant des racines mormones en
Idaho, publia Children of God : An American Epic (1939).
L’ouvrage a une certaine sympathie pour l’héritage
mormon, tout en proposant une origine naturaliste à la
pratique mormone de la polygamie et décrit Joseph Smith en
termes d’ « impulsions névrotiques ».
En 1945, Fawn Brodie
publia No Man Knows My History, une histoire psychobiographique de
Joseph Smith. Elle le décrivit comme un « faiseur
de mythes prodigieux » qui avait puisé ses idées
théologiques dans son environnement de New York. Le livre
rejetait la théorie de Rigdon-Spaulding, en revenait à
la thèse d’Alexander Campbell que seul Joseph Smith
était l’auteur du livre et postulait que View of the
Hebrews (suivant Riley, 1903) avait fourni la matière de base
comme source du Livre de Mormon. Les interprétations de Brodie
ont été suivies par plusieurs autres auteurs.
Les savants de l’Église
ont critiqué pour plusieurs raisons les méthodes de
Brodie. Tout d’abord, elle ignore des documents manuscrits
précieux qui lui étaient accessibles dans les archives
de l’Église. En second lieu, ses sources étaient
principalement des documents antimormons tendancieux rassemblés
surtout à la bibliothèque publique de New York, à
la bibliothèque de Yale et à la bibliothèque
historique de Chicago. Troisièmement, elle commençait
par une conclusion prédéterminée qui façonna
son ouvrage : « J’étais convaincue,
écrit-elle, avant même de commencer à écrire
que Joseph Smith n’était pas un vrai prophète »
et se sentit obligée de fournir une autre explication à
ses œuvres (cité dans Newell G. Bringhurst, « Applause,
Attack, and Ambivalence-Varied Responses to Fawn M. Brodie's No Man
Knows My History » Utah Historical Quarterly 57, hiver
1989, p. 47-48). Quatrièmement, en utilisant une approche
psychobiographique, elle imputait des pensées et des motifs à
Joseph Smith. Même Vardis Fisher critiqua son livre en écrivant
que c’était « presque plus un roman qu’une
biographie parce qu’elle hésite rarement à dire
ce qui se passe dans l’esprit d’une personne ou à
expliquer des motifs que l’on ne peut tout au plus que
conjecturer » (p. 57).
REGAIN DES VIEILLES
THÉORIES ET ALLÉGATIONS (1946-1990). Les auteurs
antimormons ont surtout été prolifiques pendant
l’après-Brodie. En dépit d’une presse
généralement favorable envers l’Église
pendant beaucoup de ces années, de tous les livres, romans,
brochures, tracts et feuillets publiés en anglais avant 1990,
plus de la moitié l’ont été entre 1960 et
1990 et le tiers d’entre eux entre 1970 et 1990.
Des réseaux
d’organisations antimormones fonctionnent aux États-Unis.
L’annuaire 1987 des organismes de recherche sur les cultes
contient plus de cent listes antimormones. Ces réseaux
distribuent de la littérature antimormone, font des
conférences qui attaquent publiquement l’Église
et font du prosélytisme auprès des mormons. La Pacific
Publishing House en Californie donne une liste de plus de cent
publications antimormones.
Un large éventail
d’auteurs antimormons a produit la littérature
d’invectives de cette période. Les évangeliques
et certains mormons apostats affirment que les saints des derniers
jours ne sont pas chrétiens. La base principale de ce jugement
est le fait que la croyance mormone en la Divinité chrétienne
est différente de la doctrine chrétienne traditionnelle
de la Trinité. Ils prétendent que les saints des
derniers jours adorent « un autre Jésus »
et que leurs Écritures sont contraires à la Bible. Une
autre tactique courante est d’essayer de montrer qu’il y
a des contradictions entre les déclarations des dirigeants de
l’Église du passé et celles des dirigeants
actuels sur des points tels qu’Adam-Dieu, l’expiation par
le sang et le mariage plural.
Un exemple actuel de
moquerie et de déformation des croyances des saints des
derniers jours vient d’Edward Decker, mormon excommunié
et cofondateur d’Ex-mormons for Jesus, maintenant connus sous
le nom de Saints Alive in Jesus (saints vivants en Jésus).
Prétendant aimer les saints, Decker s’est attaqué
à leurs croyances. Les saints des derniers jours considèrent
son film et son livre, tous deux intitulés The Godmakers,
comme une distorsion grossière de leurs croyances,
particulièrement des ordonnances du temple. Un directeur
régional de la ligue anti-diffamation de B’nai B’rith
et le conseil régional de l’Arizona de la conférence
nationale des chrétiens et des juifs sont parmi ceux qui ont
condamné le film.
Bien que les critiques,
les distorsions et les mensonges antimormons soient blessants pour
les membres de l’Église, la Première Présidence
leur a conseillé de ne pas réagir et de ne pas engager
de débats avec ceux qui les commanditent et les a invités
à donner leurs réponses « sous forme
d’explications positives des points de doctrine et des
pratiques de l’Église » (Church News, 18 déc.
1983, p. 2).
Jerald et Sandra Tanner
sont deux chercheurs antimormons prolifiques. Ils ont commencé
à écrire début 1959 et proposent maintenant plus
de 200 publications. Leur approche principale est de démontrer
des contradictions, dont beaucoup sont considérées par
les saints des derniers jours comme artificielles ou insignifiantes,
entre les enseignements actuels et passés de l’Église.
Ils agissent et éditent sous le nom de Utah Lighthouse
Ministry, Inc. Leur ouvrage le plus notable, Mormonism – Shadow
or Reality ? (1964, révisé 1972, 1987), contient
l’essentiel de leurs affirmations contre l’Église.
Pendant les années
1950, 1960 et le début des années 1970, l’Église
a eu une image publique généralement favorable et cela
s’est reflété dans les médias
d’information. Cette image est devenue plus négative
dans les années 1970 qui ont suivi et le début des
années 1980. L’opposition de l’Église à
l’amendement sur l’égalité des droits et
l’excommunication de Sonia Johnson pour apostasie, la position
de l’Église en ce qui concerne la prêtrise et les
noirs (changée en 1978), une déclaration de la Première
Présidence s’opposant au missile MX, l’épisode
de John Singer avec l’attentat à la bombe contre un
bâtiment de l’Église, les tensions entre certains
historiens et les dirigeants de l’Église, la lettre à
la « Salamandre » (un faux) et les autres faux
et meurtres de Mark Hofmann ont apporté de l’eau au
moulin de la presse et de la télévision pour leurs
commentaires négatifs. L’influence politique de l’Église
et ses avoirs financiers ont également fait l’objet
d’articles ayant une forte orientation négative.
Un livre antimormon
largement diffusé, The Mormon Murders, par Steven Naifeh et
Gregory White Smith (1988), utilise plusieurs stratégies
rappelant l’antisémitisme d’autrefois. Les auteurs
utilisent les contrefaçons et les meurtres de Hofmann comme
tremplin et suivent les thèmes et les méthodes
antimormons traditionnels que l’on trouve dans les ouvrages
plus anciens. Ils expliquent le mormonisme en termes de richesse, de
pouvoir, de tromperie et de crainte du passé.
Les dirigeants de
l’Église ont constamment fait appel à
l’impartialité des lecteurs et les ont invités à
examiner eux-mêmes le Livre de Mormon et les autres Écritures
et documents modernes plutôt que de porter un jugement tout
fait sur l’Église sur la base de publications
antimormones. En 1972, l’Église a créé le
Département de la Communication, avec siège à
Salt Lake City, pour diffuser des informations publiques sur
l’Église.
Bibliographie
Il n’existe pas
d’histoire définitive des activités antimormones.
Voici un échantillon de sources de l’Église sur
l’antimormonisme :
Allen, James B., et
Leonard J. Arrington. "Mormon Origins in New York : An
Introductory Analysis." BYU Studies 9 (1969) :241-74.
Analyse les approches promormones et antimormones.
Anderson, Richard Lloyd.
"Joseph Smith's New York Reputation Reappraised." BYU
Studies 10 (1970) :283-314. Analyse les attestations
Hurlbut-Howe publiées dans Mormonism Unvailed.
Bunker, Gary L., et Davis
Bitton. The Mormon Graphic Image 1834-1914. Salt Lake City, 1983.
Fait l’historique de la caricature antimormone.
Bushman, Richard L.
Joseph Smith and the Beginnings of Mormonism. Urbana, Ill., 1984.
Traite des écrits antimormons de Campbell, Howe et Hurlbut.
Kirkham, Francis W. A New
Witness for Christ in America, 2 vols. Independence, Mo., 1942, et
Salt Lake City, 1952. Examine les premiers articles de journaux et
les explications antimormones de l’origine du Livre de Mormon.
Nibley, Hugh W. The
Mythmakers. Salt Lake City, 1961. Passe en revue les auteurs
antimormons du temps de Joseph Smith.
Nibley, Hugh W.
"Censoring the Joseph Smith Story" IE 64 (juill., août,
oct., nov. 1961). Série d’articles examinant comment
cinquante ouvrages antimormons traitent l’histoire de Joseph
Smith.
Nibley, Hugh W. Sounding
Brass. Salt Lake City, 1963. Passe en revue les auteurs antimormons
de l’époque de Brigham Young.
Nibley, Hugh W. The
Prophetic Book of Mormon, CWHN 8 chaps. 4-8, 10-12, examine les
arguments antimormons.
Scharff, Gilbert W. The
Truth About the Godmakers. Salt Lake City, 1986. Traite du film The
Godmakers.
WILLIAM O. NELSON
Anges :
Anges gardiens
Auteur :
MCCONKIE, OSCAR W.
Une des fonctions des
anges est d'avertir et de protéger les mortels. Le Seigneur
chuchote à David : « Aucun malheur ne
t’arrivera, aucun fléau n’approchera de ta tente.
Car il ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes
voies ; ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne
heurte contre une pierre » (Ps. 91:10-12). L'ange de la
présence du Seigneur sauve Israël (És. 63:9).
Daniel répond au roi : « Mon Dieu a envoyé
son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait
aucun mal … » (Da. 6:22).
Cette fonction bien
connue de gardien attribuée aux anges a provoqué la
théorie chez certains que toutes les personnes, ou du moins
les justes, se voient affecter un ange comme gardien durant toute
leur vie. Il n'y a aucune justification scripturaire à cette
tradition qui a parfois été entretenue parmi les saints
des derniers jours et d'autres (EPJS, p. 298).
Les saints des derniers
jours croient que quiconque vient au monde se voit accorder un soin
et une direction protecteurs par Dieu, assurés en partie par
la lumière du Christ (D&A 84:44-48 ; Mro. 7:12-19).
Ceux qui ont le don du Saint-Esprit peuvent être avertis,
gardés ou protégés par l'esprit de révélation
(D&A 8:2-4). La meilleure façon de considérer le
terme « ange gardien » est d’y voir une
façon de parler désignant la sollicitude protectrice et
la direction de Dieu ou, dans des cas spéciaux, un ange
expédié sur la terre en accomplissement des desseins de
Dieu.
OSCAR W. MCCONKIE
Apostasie
Auteur :
COMPTON, TODD
Les saints des derniers
jours croient que l’apostasie se produit toutes les fois qu’une
personne ou une communauté rejette les révélations
et les ordonnances de Dieu, change l’Évangile de
Jésus-Christ ou se rebelle contre les commandements de Dieu,
perdant de ce fait les bénédictions du Saint-Esprit et
de l’autorité divine. L’apparition de communautés
basées sur la révélation, d’apostasies et
de rétablissements s’est produite de manière
cyclique pendant toute l’histoire de l’humanité
dans une série de dispensations depuis Adam et Hénoc
(Moïse 7) jusqu’au temps présent. Les saints des
derniers jours considèrent qu’une « grande
apostasie » historique accompagnée de la perte de
l’autorité a commencé à l’époque
du Nouveau Testament et s’est répandue au cours des
siècles qui ont suivi cette époque. Bien que les saints
des derniers jours n’aient pas insisté autant sur la
grande apostasie que sur la notion que l’Église est un
rétablissement basé sur la révélation, la
nécessité d’un rétablissement implique que
quelque chose d’important a été perdu après
le départ de l’Église chrétienne
primitive.
Le mot « apostasie »
dérive du grec apostasía ou apóstasis
(« défection, révolte » ;
utilisé dans un sens politique par Hérodote et
Thucydide) ; il est mentionné dans un contexte religieux
dans la Septante et le Nouveau Testament (par exemple, Jos. 22:22 et
2 Ch. 29:19 ; 2 Th. 2:3 dit qu’une apostasía doit
venir avant la seconde venue du Christ). Il peut signifier
l’intransitif « se tenir loin de » ou
l’actif « faire se tenir loin de ». Une
apostasie peut donc être une rébellion active et
collective.
Le Christ a dit à
Joseph Smith dans sa première vision (1820) que toutes les
Églises existantes s’étaient égarées
dans leurs enseignements et dans leurs pratiques, bien qu’ayant
« une forme de piété » (JS–H
1:18-19). Il était donc nécessaire qu’un
« rétablissement » de l’Évangile
ait lieu.
En outre, dans le Livre
de Mormon (1 Né. 11-14 ; 2 Né. 28 ;
cf. Mrm. 8), le prophète Néphi 1 a une vision de
l’Église chrétienne primitive et de ses douze
apôtres que les « multitudes de la terre »
et la maison d’Israël combattent (1 Né.
11:34-35). Il prédit une « grande et abominable
Église » qui va persécuter les vrais
chrétiens et les pauvres et dont les membres seront motivés
par des choses telles que l’orgueil, le port de vêtements
précieux et la pratique de l’immoralité sexuelle
(voir Grande et abominable Église). Elle va changer
insidieusement la simplicité de l’Évangile,
éliminer les alliances, exciser des Écritures
importantes et nier l’existence des miracles. Cette apostasie
peut être rattachée, dans l’allégorie de
Zénos, à la dispersion d’Israël quand tous
arbres de la vigne du Seigneur deviennent corrompus (Jcb. 5:39-48) et
elle va de pair avec l’apostasie désastreuse des
Néphites dans le Nouveau Monde (1 Né. 12:15-19 ;
4 Né. 1:24-46).
Cependant, d’après
Néphi, cette « grande Église »
n’est pas une Église spécifique ; dans sa
vision apocalyptique, il n’y a que deux Églises, et
« quiconque n'appartient pas à l'Église de
l'Agneau de Dieu appartient à cette grande Église »
(1 Né. 14:10). L’expression est typologique,
symbolique de beaucoup de mouvements historiques et sociaux (2 Né.
27:1) ; même ceux qui sont membres de nom de l’Église
du Christ, s’ils sont poussés par l’orgueil, la
richesse, le prestige et consorts, peuvent se retrouver membres de
cette « grande Église » (cf. 1 Né.
8:27-28).
Pendant toute leur
histoire, les saints des derniers jours ont écrit et émis
des théories sur les événements historiques liés
à la « grande apostasie, » un thème
traité dans plusieurs écrits restaurationnistes de la
fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle (voir
Restaurationnisme protestant). En 1833, à propos de Marc
16:17-18 et 1 Corinthiens 12, Joseph Smith a dit : « Les
témoignages précités nous permettent de regarder
le monde chrétien et de voir l’apostasie qui s’est
produite par rapport à l’enseignement apostolique »
(EPJS, p. 9). Oliver Cowdery a écrit sur l’apostasie
dans le premier numéro du Messenger and Advocate (1834). En
1840, Orson Pratt a parlé d’une « apostasie
générale et terrible par rapport à la religion
du Nouveau Testament » (Listen to the Voice of Truth,
1.1). Il souligne en particulier le manque d’ordonnances à
cause de l’absence d’autorité dans la prêtrise ;
le baptême en est un exemple flagrant. Selon le point de vue de
Pratt, toutes les Églises antérieures au Rétablissement
étaient erronées par certains côtés,
doctrinalement et rituellement, même si elles étaient
justes dans d’autres. Benjamin Winchester, auteur mormon de
brochures, a écrit un long traité à l’aide
des sources du Nouveau Testament pour démontrer qu’une
apostasie avait été prophétisée (A
History of Priesthood, Philadelphie, 1843, p. 72-96). Dans les années
1850 et 1860, les saints ont beaucoup parlé de « la
grande apostasie » (O. Pratt, JD 12:247 ; W.
Woodruff, JD 8:262) dans leurs sermons.
Cette idée –
la rupture avec la religion établie parce qu’elle semble
en désaccord avec le christianisme du Nouveau Testament –
a des accents protestants évidents, mais la conception mormone
diffère de l’attitude protestante typique dans son
insistance sur la perte et le rétablissement d’une
autorité exclusive et bien claire de la prêtrise,
d’ordonnances correctes et de la révélation
continue. Par contre, les protestants s’appuient typiquement
avant tout sur la réinterprétation biblique.
En 1909, James E. Talmage
a écrit La grande Apostasie, dans laquelle il rassemble les
passages du Nouveau Testament que les saints des derniers jours ont
cités pour montrer qu’une grande apostasie a été
annoncée par Jésus-Christ, Paul et d’autres
apôtres et prophètes (en particulier Mt. 24:4-13,
23-26 ; Ac. 20:29-30 ; Ga. 1 ; 2 Th. 2:7-8 ; 1
Ti. 4:1-3 ; 2 Ti. 3:1-6 ; 4:1-4 ; Jud. 1:3-4 ;
Ap. 13:4-9 ; 14:6-7 et, dans l’Ancien Testament, Am.
8:11-12). Talmage raconte aussi la persécution des premiers
chrétiens qui a accéléré l’apostasie
et montre que l’Église primitive a changé
intérieurement à plusieurs égards. Il affirme
que les principes simples de l’Évangile ont été
mêlés aux systèmes philosophiques païens de
l’époque (Trinitarianisme, ayant pour résultat le
credo de Nicée ; fausse opposition du corps et de
l’esprit, donnant lieu à un ascétisme excessif),
que les rituels ont été changés et amplifiés
de manière non autorisée (remplacement des rites
chrétiens primitifs simples par des cérémonies
complexes influencées par le paganisme, perte du baptême
par immersion, introduction du baptême des petits enfants [cf.
Mro. 8], changement de la communion) et que l’organisation de
l’Église a été changée (les apôtres
et les prophètes, fondements nécessaires de l’Église
du Christ, ayant été martyrisés, laissaient un
vide qui ne pouvait pas être comblé par des évêques ;
l’Église médiévale montrait donc peu de
ressemblances avec l’organisation ou les pratiques de l’Église
du Nouveau Testament).
Les enseignements des
saints sur l’apostasie du début de l’ère
chrétienne ont reçu un appui supplémentaire au
XXe siècle lorsque certains savants ont affirmé que
l’Église primitive a commencé comme une
organisation judaïque centralisée, a affronté le
défi posé par un christianisme hellénisé
oriental gnostique ascétique et est devenu comme son ennemi
afin de le concurrencer. L’idée même d’un
christianisme centralisé a cédé la place à
une image d’un christianisme primitif diversifié et
fragmenté où il est difficile de déterminer ce
qui est orthodoxe et ce qui est hérétique, ce qui est
gnostique et ce qui est « courant principal ».
Par exemple, Peter Brown et William Phipps affirment que la doctrine
influente d’Augustin concernant le péché
originel, avec le rituel qui l’accompagne, le baptême des
bébés, était un résultat de son passé
gnostique et était, en réalité, hérétique,
alors que l’opposition de Pélage à ces idées
était orthodoxe. Mais ce furent les doctrines d’Augustin
qui l’emportèrent et qui continuent à influencer
la théologie et la culture occidentales. Un autre point de
doctrine chrétien primitif qui n’a pas survécu
dans le christianisme occidental est la déification, bien
qu’il soit demeuré au centre du christianisme orthodoxe.
Un milieu religieux et
culturel complexe a alimenté et a transformé le
christianisme primitif. Il faut tenir compte de beaucoup de facteurs
lors de l’analyse de cette transformation du christianisme. Par
exemple, certains ont imputé la responsabilité de
l’apparition de la grande apostasie exclusivement à la
philosophie grecque et à l’influence de la philosophie
sur le gnosticisme. Mais l’ascétisme (c.-à-d., la
haine du corps, de la sexualité, du monde physique) a joué
un rôle important dans l’apostasie de l’Église
primitive et l’ascétisme extrême est typiquement
oriental. On a d’ailleurs constaté que beaucoup de
choses dans la philosophie grecque sont conformes à
l’Évangile ; Orson F. Whitney qualifiait Platon et
Socrate de « serviteurs du Seigneur », bien que
dans un « sens moindre » que les prophètes
(CR d’avril 1921, p. 33).
L’idée d’une
apostasie historique par rapport au christianisme primitif peut
dresser une barrière entre les saints des derniers jours et
les autres personnes intéressées par les rapports
interconfessionnels. Mais les saints des derniers jours ne
considèrent pas ces événements comme une
condamnation ; beaucoup de choses ayant une valeur spirituelle
se sont produites pendant le Moyen-Âge dans les autres Églises
chrétiennes. Brigham Young a souligné que des hommes de
bien avant le Rétablissement avaient « l’esprit
de révélation » et a dit que John Wesley
était l’un des meilleurs hommes « qui aient
jamais vécu sur cette terre » (JD 7:5 ;
6:170 ; 11:126). Le président Young a affirmé que
toutes les Églises et religions avaient « plus ou
moins de vérité » (JD 7:283) et il a exhorté
les saints à rechercher et à accepter les vérités
partout où ils pourraient les trouver. Dans les discours de
conférence, les Autorités générales,
notamment Spencer W. Kimball et Thomas S. Monson, ont cité ou
fait l’éloge de sommités telles que Billy Graham
et mère Teresa.
Bibliographie
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and Heresy in Earliest Christianity. Philadelphie, 1971.
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Nibley, Hugh. Mormonism
and Early Christianity, dans CWHN 4, traite de la disparition des
baptêmes chrétiens pour les morts (1948, p. 100-167), la
révision des textes chrétiens primitifs à la
lumière de la disparition de l’Église naissante
(1955, p. 168-322), les enseignements oubliés de Jésus
pendant les quarante jours de ministère qui ont suivi sa
résurrection (1966, p. 10-44) et la perte du cercle de prière
du christianisme primitif (1978, p. 45-99) ; bibliographie (p.
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contient une excellente bibliographie ; critique par Grant
Underwood, BYU Studies 30 Hiver 1990, p. 120-126.
TODD COMPTON
Apostat
Auteur :
SCHARFFS, GILBERT W.
Les membres de l’Église
diffèrent dans leur niveau de participation ou de croyance
(voir Activité dans l’Église). Les saints des
derniers jours qui ont gravement enfreint ou ignoré les
enseignements cardinaux de l’Église (publiquement ou en
privé) sont considérés comme apostats, qu’ils
aient quitté officiellement l’Église ou non ou
soient entrés dans une autre religion. Quelqu’un qui
n’assiste pas aux réunions de l’Église
n’est pas considéré comme apostat. Cependant,
quand une personne demande à ce que son nom soit rayé
des registres, la règle veut que cette demande soit honorée.
Une commission disciplinaire de l’Église peut être
convoquée pour tout membre qui viole des commandements
importants et « ne se repent pas » (Mosiah
26:32 ; D&A 42:28). Le reniement ouvert de l’Église,
de ses dirigeants et de ses enseignements est une raison
d’excommunication.
Les étapes menant
à l’apostasie sont habituellement progressives. Il est
recommandé à tous les membres de se garder de toutes
les manifestations d’apostasie personnelle (DS 3:293-312 ;
Asay, p. 67-68). Les causes les plus fréquentes d’apostasie
sont le non respect de principes stricts de moralité, le fait
de se sentir offensé (à tort ou à raison), le
mariage avec une personne d’une autre religion ou irréligieuse,
le fait de négliger la prière et d’entretenir sa
spiritualité ou une mauvaise compréhension des
enseignements de l’Église.
L’apostasie peut
être accélérée par l’idée
fausse que l’Écriture ou les dirigeants de l’Église
sont infaillibles. Joseph Smith a enseigné qu’ « un
prophète était un prophète uniquement quand il
agissait comme tel » (HC 5:265). Il a également
déclaré qu’il « n’étai[t]
qu’un homme, et que [les gens] ne devaient pas attendre de [lui
qu’il soit] parfait » (HC 5:181). Ni l’Église
ni ses dirigeants ni ses membres ne prétendent à
l’infaillibilité.
Par-dessus tout, l’Église
affirme que ses membres doivent rechercher la révélation
personnelle pour connaître la vérité et vivre en
accord avec l’Esprit de Dieu. Ceux qui ne l’ont pas fait
risquent de se perdre en chemin quand leur foi est mise à
l’épreuve ou quand des difficultés surgissent.
Les apostats deviennent
parfois ennemis de l’Église. Le fait de quitter
l’Église, qui affirme être l’Église
officielle de Dieu, contenant la plénitude de l’Évangile,
a souvent comme conséquence des sentiments de culpabilité.
Si beaucoup reviennent, d’autres sont pris du besoin de
défendre leurs actions, « réfutent »
l’Église ou deviennent des ennemis. Les fruits de
l’apostasie sont généralement amers. Le Livre de
Mormon met en garde contre les conditions défavorables qui
résultent de transgressions « à l’encontre
de la lumière et à de la connaissance » que
l’on a (Al. 9:23).
Les Écritures
modernes ont, envers les apostats, une attitude aimante et animée
par l’espoir. Il est vivement conseillé aux saints des
derniers jours d’aimer ceux qui ont abandonné la foi et
d’encourager ceux qui se sont écartés, de plaider
et de travailler avec eux, invitant « les brebis perdues »
à revenir à la bergerie (Lu. 15:3-7). Le Sauveur
ressuscité a enseigné à propos des égarés :
« Vous ne le[s] chasserez pas de vos… lieux de
culte, car vous continuerez à servir de telles personnes ;
car vous ne savez pas si elles ne reviendront pas et ne se
repentiront pas, et ne viendront pas à moi d'un cœur
pleinement résolu, et je les guérirai ; et vous
serez le moyen qui leur apportera le salut » (3 Né.
18:32). Le désir de revenir est motivé par la réalité
du repentir rendu possible par l’expiation de Jésus-Christ.
« Celui qui s'est repenti de ses péchés est
pardonné, et moi, le Seigneur, je ne m'en souviens plus. C'est
à ceci que vous saurez si un homme se repent de ses péchés :
voici, il les confessera et les délaissera » (D&A
58:42-43). [Voir aussi Antimormons – publications ;
Groupes schismatiques.]
Bibliographie
Asay, Carlos E.
"Opposition to the Work of God." Ensign 11, nov. 1981, p.
67-68.
Foster, Lawrence. "Career
Apostates : Reflections on the Works of Jerald and Sandra
Tanner." Dialogue 17, été 1984, p. 35-60.
Howard, F. Burton. "Come
Back to the Lord." Ensign 16, nov. 1986, p. 76-78.
GILBERT W. SCHARFFS
Apôtre
Auteur :
BROWN, S. KENT
Un « apôtre »
est un dirigeant ordonné à la Prêtrise de
Melchisédek dans l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours. Les apôtres sont choisis par
inspiration par le président de l’Église,
soutenus par l’ensemble des membres de l’Église et
ordonnés par l’imposition des mains par la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres. Ce
sont des Autorités générales –
contrairement aux autorités locales et régionales –
détenant leur office d’apôtre pour la durée
de leur vie. Le doyen des apôtres est le président de
l’Église.
En plus d’être
témoins de Jésus-Christ auprès du monde entier
(D&A 107:23), comme les apôtres de Jésus, les
membres du Collège actuel des douze apôtres détiennent
les clefs de la prêtrise – c’est à dire le
droit de présidence (D&A 107:35 ; cf. 124:128). Le
président Brigham Young a déclaré à
propos de leur autorité dans la prêtrise : « Les
clefs de la prêtrise éternelle, qui est selon l’ordre
du Fils de Dieu, sont détenues quand on est apôtre.
Toute la prêtrise, toutes les clefs, tous les dons, toutes les
dotations et tout ce qui est préparatoire à l’entrée
dans la présence du Père et du Fils est dans, composé
de, circonscrit par, ou je pourrais dire incorporé dans la
circonférence de l’apostolat » (JD 1:134-35).
Comme collège de la prêtrise, le Collège des
douze apôtres suit en autorité le Collège de la
Première Présidence (D&A 107:24). De plus, il
dirige le ministère domestique et international des collèges
des soixante-dix (D&A 107:34 ; cf. 124:139-40), et excepté
en présence d’un membre de la Première Présidence
ou d’un membre plus ancien des Douze, un apôtre préside
partout où il peut être dans l’Église.
Dans le Nouveau
Testament, un apôtre (du grec apostellein, envoyer [comme
représentant ou agent]) était un envoyé choisi
par Dieu (Mc. 3:14 ; Jn. 15:16 ; Ac. 1:21-26) qui était
témoin de la résurrection du Christ et avait
l’obligation missionnaire d’en témoigner.
Jésus lui-même
était un apôtre par qui Dieu parlait (Hé. 1:2 ;
3:1). Le Père a envoyé Jésus, et celui qui le
reçoit reçoit celui qui l’a envoyé (Mc.
9:37 ; Jn. 8:16-19). De même que le Père l’a
envoyé, Jésus a envoyé ses apôtres (Jn.
20:21). Au commencement, ils ont été appelés
d’entre ceux « qui nous [les apôtres] ont
accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu
avec nous » (Ac. 1:21). Le nombre douze, lié aux
apôtres, fait écho au nombre de tribus d’Israël
que les apôtres doivent juger (Mt. 19:28 ; Lu. 22:30). À
cet égard, ils étaient la base de l’Église
chrétienne primitive (Ép. 2:19-21 ; 4:11-14).
Parfois, le terme englobe
plus que les Douze, comme l’impliquent l’expression
« tous les apôtres » (1 Co. 15:7) –
qui suit la mention expresse des « douze » par
Paul (1 Co. 15:5) – et les mentions de personnes appelées
comme apôtres que l’on savait ne pas faire partie des
Douze (Ac. 14:14 ; Ro. 16:7). Il est probable qu’en 54
apr. J.-C., Jacques, le frère du Seigneur, était devenu
l’un des Douze (1 Co. 15:7 ; Ga. 1:19). Néanmoins,
la plupart des mentions des apôtres dans le Nouveau Testament
désignent les membres des Douze apôtres originels de
Jésus ou Paul. Ils étaient les garants ou les témoins
principaux de la résurrection de Jésus, laquelle
constituait elle-même l’assurance qu’il était
le Messie et le Seigneur de gloire attendu (Ac. 1:8-11). Au premier
siècle, les apôtres étaient les témoins
itinérants de la résurrection de Jésus, envoyés
par lui dans le monde à cette fin (Ac. 1:8 ; cf. Mt.
28:19-20). Au centre du groupe – et à la base de
l’Église – se trouvaient Pierre, Jacques et Jean,
qui avaient été avec ou près de Jésus
lors d’expériences critiques, notamment sa
Transfiguration (Mc. 9:2-9) et son agonie à Gethsémané
(Mc. 14:32-34).
L’importance des
douze apôtres de Jésus est soulignée dans le
Livre de Mormon. D’abord, vers 600 av. J.-C., Léhi et
son fils Néphi 1 ont eu la vision des Douze comme disciples de
Jésus en Palestine et comme victimes de la persécution
(1 Né. 1:10-11 ; 11:29, 34-36). En second lieu, ces
Douze doivent juger les douze tribus d’Israël et les douze
autres disciples que Jésus ressuscité a choisis pendant
son ministère en Amérique vers 34 apr. J.-C. (1 Né.
12:9-10 ; Mrm. 3:18-19 ; cf. D&A 29:12). Troisièmement,
ces douze disciples – qu’il faut distinguer des douze
apôtres de Jésus en Palestine – doivent juger leur
propre peuple qui descend de la maison d’Israël (3 Né.
27:27). Quatrièmement, pendant sa visite en Amérique,
Jésus ressuscité a créé l’office
des Douze dans son Église quand il les a choisis et les a
instruits soigneusement de son Évangile (3 Né.
11:18-12:1 ; cf. 13:25-34 ; 15:11-16:20 ;
18:36-37 ;
27:13-21). Il leur a conféré l’autorité
d’enseigner l’Évangile et d’administrer ses
ordonnances – c’est à dire de baptiser d’eau
et d’Esprit – faisant ainsi d’eux les transmetteurs
de la doctrine et des pratiques de l’Église (3 Né.
11:22 ; 18:36-37 ; 19:6-14 ; 26:17). Cinquièmement,
conformément au modèle du Nouveau Testament, le Livre
de Mormon rapporte que Jésus a été envoyé
par le Père (3 Né. 18:27 ; cf. 16:3) et qu’il
a à son tour commandé à ces douze disciples :
« Allez vers ce peuple et annoncez les paroles que j'ai
dites » (3 Né. 11:41).
La révélation
moderne ajoute d’autres d’informations. La fonction et
l’autorité apostoliques ont été rendues au
prophète Joseph Smith et à Oliver Cowdery par Pierre,
Jacques et Jean, ce qui souligne l’importance continue de cet
office dans l’Église (D&A 27:12 ; voir aussi
Prêtrise de Melchisédek : Rétablissement de
la Prêtrise de Melchisédek). Dès juin 1829,
presque une année avant que l’Église soit
organisée, Oliver Cowdery et David Whitmer, rejoints plus tard
par Martin Harris, recevaient des instructions concernant le genre
d’hommes qu’ils devaient choisir comme apôtres et
ont été chargés de choisir les premiers Douze de
l’ère moderne (D&A 18:26-38). Cette mission a été
exécutée les 14-15 février 1835, quand Cowdery,
Whitmer et Harris ont choisi douze hommes comme apôtres et ont
ordonné les neuf qui étaient présents (HC
2:186-198).
L’Écriture
moderne stipule que « toute décision… doit
être à l’unanimité des voix » du
Collège des douze apôtres (D&A 107:27). De plus, ses
membres ont le pouvoir de baptiser, de déclarer l’Évangile,
et d’en ordonner d’autres à la prêtrise (D&A
18:26-36). Le Seigneur a dit que le nombre d’apôtres dans
le Collège des Douze doit être maintenu (D&A 118:1)
et que leurs clefs « sont descendues des pères…
envoyées du ciel » (D&A 112:32). Ceux qui
remplissent cet office doivent « [se purifier] le cœur
et les vêtements, de peur que le sang de cette génération
ne soit requis de [leurs] mains » (D&A 112:33).
Bibliographie
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publ., et Geoffrey W. Bromiley, dir. de publ. et trad. Theological
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McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah, Vol. 2, p. 99-114, 303-326. Salt Lake City, 1980.
S. KENT BROWN
Articles
de foi
Auteur :
WHITTAKER, DAVID J.
En 1842, en réponse
à la demande expresse de John Wentworth (rédacteur du
Chicago Democrat), Joseph Smith envoya un aperçu succinct de
ses expériences religieuses personnelles et l’histoire
de l’Église qu’il présidait (voir
Wentworth, Lettre à). À la fin de l’esquisse
historique, il annexa une liste résumant « la foi
des saints des derniers jours ». Intitulés plus
tard « articles de foi », ces treize articles
furent publiés pour la première fois en mars 1842 dans
le Times and Seasons de Nauvoo et furent plus tard inclus dans la
brochure de la mission Britannique de 1851, La Perle de grand prix,
compilée par Franklin D. Richards. Cette brochure fut révisée
en 1878 et de nouveau en 1880. En 1880, une conférence
générale de l’Église vota d’ajouter
la Perle de grand prix aux ouvrages canoniques de l’Église,
incluant ainsi les treize articles. Les articles de foi ne
constituent pas une synthèse de toutes les croyances des
saints et ils ne sont pas un credo au sens chrétien
traditionnel du terme, mais ils fournissent un sommaire autorisé
des Écritures et des croyances fondamentales des saints.
Les articles commencent
par l’affirmation que la Divinité se compose de trois
personnalités : le Père, son Fils Jésus-Christ
et le Saint-Esprit (cf. Ac. 7:55-56 ; 2 Co. 13:14 ;
2 Né.
31:21 ; JS–H 1:17).
Le deuxième
article concentre l’attention sur le commencement de l’histoire
mortelle et affirme que les êtres humains ont le libre arbitre
moral et donc la responsabilité de leurs actes : « Les
hommes seront punis pour leurs propres péchés, et non
pour la transgression d’Adam » (cf. De. 24:16 ;
2 Né. 2:27).
Le troisième
article concentre l’attention sur l’importance cruciale
de l’expiation du Christ et sur l’avantage qu’en
retire l’humanité : « Par l’expiation
du Christ, tout le genre humain peut être sauvé en
obéissant aux lois et aux ordonnances de l’Évangile »
(Mos. 3:7-12 ; D&A 138:4).
Le quatrième
article définit les principes et les ordonnances de base :
la foi en Jésus-Christ, le repentir, le baptême par
immersion pour la rémission des péchés et
l’imposition des mains pour le don du Saint-Esprit (cf. Ac.
8:14-19 ; Hé. 6:1-2 ; 3 Né. 11:32-37).
Les deux articles
suivants abordent les questions d’autorité et
d’organisation : Un homme doit être appelé de
Dieu, confirmé par l’inspiration divine et par
l’imposition des mains par ceux qui ont l’autorité,
pour prêcher l’Évangile et en administrer les
ordonnances (cf. 1 Ti. 4:14 ; D&A 42:11) ; de plus,
l’Église est essentiellement « la même
organisation qui existait dans l’Église primitive,
savoir : apôtres, prophètes, pasteurs, docteurs,
évangélistes, etc. » (cf. Ép. 4:11).
Le septième
article affirme la croyance des saints aux dons de l’Esprit et
en cite expressément plusieurs : le don des langues, de
prophétie, de révélation, de vision, de guérison
et d’interprétation des langues (cf. 1 Co. 12:10 ;
D&A 46:10-26).
La place des Écritures
sacrées est traitée dans le huitième article :
Les saints des derniers jours croient « que la Bible est
la parole de Dieu dans la mesure où elle est traduite
correctement » ; ils croient aussi « que
le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (cf. Éz.
37:16 ; Jn 10:16 ; 2 Ti. 3:16).
Le neuvième
article dit que l’Évangile rétabli n’est
pas limité à un ensemble fermé de livres, mais
déclare plutôt le principe de la révélation
continue et donc d’un canon ouvert. Les saints des derniers
jours affirment croire à toute la révélation
passée et présente, et ils s’attendent à
recevoir beaucoup de futures révélations (cf. Am. 3:7 ;
D&A 76:7).
L’article dix
récapitule quatre grands événements des derniers
jours : le rassemblement littéral d’Israël et
le rétablissement des dix tribus ; l’édification
de Sion, la nouvelle Jérusalem en Amérique, le règne
du Christ en personne sur terre et le renouvellement final de la
terre elle-même, quand elle recevra sa gloire paradisiaque,
l’état de pureté qu’elle avait avant la
chute d’Adam (voir 3 Né. 21-22).
Le onzième article
déclare la croyance des saints en la liberté de culte
et de conscience tant pour les autres que pour eux-mêmes. Il
dit : « Nous affirmons avoir le droit d’adorer
le Dieu Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et
reconnaissons le même droit à tous les hommes, qu’ils
adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce qu’ils
veulent. » Et le douzième article énonce la
position politique des saints des derniers jours en tant que citoyens
respectueux des lois (D&A 134 ; voir Politique :
Enseignements politiques ; Tolérance).
La déclaration
finale propose une perspective ouverte à la vie et une
invitation à approcher la vie comme le font les saints :
« Nous croyons que nous devons être honnêtes,
fidèles, chastes, bienveillants et vertueux, et que nous
devons faire du bien à tous les hommes ; en fait, nous
pouvons dire que nous suivons l’exhortation de Paul : nous
croyons tout, nous espérons tout, nous avons supporté
beaucoup et nous espérons pouvoir supporter tout. Nous
recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite
l’approbation ou est digne de louange » (cf. 1 Co.
13:7 ; Ph. 4:8).
La lettre à
Wentworth n’était pas la première tentative de
résumer les croyances de base des saints. Des listes plus
anciennes, dont certaines ont pu influencer la liste de la lettre à
Wentworth, avaient paru avant 1842. Dès juin 1829, Joseph
Smith et Oliver Cowdery mettaient sur papier les « Articles
et Alliances » de l’Église qui allait bientôt
être organisée. Appelé plus tard la section 20
des Doctrine et Alliances, ce texte énumère un certain
nombre de croyances de base, notamment l’existence de Dieu, la
création et la chute de l’homme, la place centrale de
Jésus-Christ, les ordonnances fondamentales de l’Évangile,
dont le baptême et les devoirs de base des membres (20:17-36).
Ce document, le premier à être accepté par le
vote d’une conférence de l’Église, n’était
pas une liste exhaustive de toutes les croyances mais plutôt
une charte de base pour l’organisation naissante, enracinée
dans la Bible et le Livre de Mormon.
Dans le premier numéro
du Messenger and Advocate (oct. 1834), édité à
Kirtland (Ohio), Oliver Cowdery mentionnait huit
« principes »
qui avaient tous leur parallèle à la section 20.
Il y eut, dans les
premiers temps, d’autres listes, antérieures à la
lettre à Wentworth, qui résumaient les grands principes
des croyances des saints : une liste préparée par
Joseph Young pour publication par John Hayward dans The Religious
Creeds and Statistics of Every Christian Denomination in the United
States (Boston, 1836, p. 139-140). En cinq paragraphes, il esquissait
les points de doctrine (1) de la divinité et de l’expiation
de Jésus-Christ ; (2) les premiers principes et
ordonnances de l’Évangile accomplis par l’autorité
apostolique comme dans l’Église primitive du Christ, (3)
le rassemblement d’Israël perdu et la restitution des dons
spirituels, (4) l’avènement du Christ et (5) la
résurrection et le jugement de toute l’humanité.
Une autre liste de
dix-huit « principes et points de doctrine »
fut incluse par Parley P. Pratt dans son introduction à son
document « Late Persecution of the Church of Jesus Christ
of Latter-day Saints » (New York, 1840, p. iii-xiii). Par
exemple, « le premier principe de théologie
entretenu par cette Église est la foi en Dieu, le Père
éternel, et en son Fils Jésus-Christ, qui a en vérité
été crucifié pour les péchés du
monde… et au Saint-Esprit, qui rend témoignage d’eux »
(p. iii-iv). Beaucoup de formules de la liste de Pratt sont
semblables à celles de la lettre à Wentworth.
Orson Pratt propose une
« esquisse [détaillée et éloquente]
de la foi et de la doctrine » de l’Église
dans son « Interesting Account of Several Remarkable
Visions » (Édimbourg, 1840, p. 24-31). L’ordre
dans lequel il présente ses thèmes en dix-neuf
paragraphes (dont beaucoup commencent par « nous croyons
que… ») est presque identique à celui des
treize points de la lettre à Wentworth. Les explications
d’Orson Pratt contiennent des références
bibliques et son témoignage personnel de la véracité
et des origines divines de ces enseignements.
Orson Hyde publia en
allemand une histoire de l’Église qui comprenait un
chapitre de seize articles (réellement des essais) sur des
sujets tels que la Divinité, l’utilisation des
Écritures, la foi, le repentir, le baptême, la
confirmation, la Sainte-Cène, la confession des péchés
et la discipline dans l’Église, les enfants, les
révélations, la prêtrise laïque, le baptême
pour les morts, la prière, les fêtes, le lavement des
pieds et les bénédictions patriarcales (Ein Ruf aus der
Wüste, Francfort, 1842).
Même après
que la lettre à Wentworth eut été publiée
en mars 1842, beaucoup d’autres listes de croyances des saints
continuèrent à paraître pour la génération
suivante. En avril 1849, James H. Flanigan inclut une liste de
quatorze déclarations dans une brochure éditée
en Angleterre, et cette liste fut citée et parfois modifiée
dans diverses publications tout au long du XIXe siècle. Par
exemple, elle est citée dans le livre populaire de Charles
MacKay The mormons ; or the Latter-day Saints (Londres, 1851, p.
46-47). Cette liste suit la lettre à Wentworth presque mot à
mot, ajoutant des points tels que « la Cène du
Seigneur » à l’article 4, ajoutant « la
sagesse, la charité, [et] l’amour fraternel »
parmi les dons de l’Esprit dans le septième article et
insérant un quatorzième article concernant la
résurrection littérale du corps. D’autres listes
(habituellement composées par des missionnaires) furent
publiées tout au long de cette période dans diverses
régions du monde.
La canonisation, en 1880,
de la lettre à Wentworth en tant qu’élément
de la Perle de grand prix en refléta et en assura la priorité
incontestée. Et quand la Première Présidence
demanda, en 1891, à James E. Talmage de rédiger un
ouvrage sur la théologie qui servirait de manuel dans les
écoles de l’Église, c’est de ces articles
de foi qu’il se servit pour le schéma de son volume.
Publié en 1899 et toujours en usage aujourd’hui, le
livre Les Articles de foi, de Talmage, détaille
considérablement les thèmes de la liste de Joseph Smith
pour Wentworth. En vingt-quatre chapitres, Talmage donne un
commentaire en profondeur et les références
scripturaires concernant chacun des concepts mentionnés dans
les treize articles, plus des sections sur la dernière Cène
et sur la résurrection du Seigneur (comme dans la liste de
Flanigan) et finalement une section sur la religion pratique (la
bienveillance, la dîme et les offrandes, la consécration,
l’ordre social dans l’Église, le mariage éternel,
la sainteté du corps et la sanctification du jour du sabbat).
Dès les années
1850, les missionnaires mormons imprimaient des affiches qui
contenaient les articles de foi. Avec le temps, ces affiches
missionnaires furent réduites au format de poche et sont
toujours utilisées par les missionnaires dans le monde entier.
Dans les classes de la Primaire de l’Église, les enfants
apprennent par cœur les articles de foi en vue de leur sortie
de la Primaire à l’âge de douze ans et les adultes
ont aussi été encouragés à les apprendre
et à les utiliser pour l’étude personnelle et
dans l’œuvre missionnaire.
Bien que n’étant
pas un credo officiel, les articles de foi sont une synthèse
merveilleuse (moins de 400 mots) des croyances de base de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours. De nombreuses
variantes ont été publiées depuis le temps de
Joseph Smith, mais le noyau de croyances énoncées dans
ces articles vient des toutes premières années du
Rétablissement, un fait qui témoigne à la fois
de sa cohérence interne et de sa constance.
Bibliographie
Lyon, T. Edgar. "Origin
and Purpose of the Articles of Faith." Instructor 87,
août-octobre 1952, p. 230-231, 264-265, 275, 298-299, 319.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Sondrup, Steven P. "On
Confessing Faith : Thoughts on the Language of the Articles of
Faith". Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert, p.
197-215. Provo, Utah, 1981.
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1899.
Welch, John W. "[Joseph
Smith and Paul] Co-Authors of the Articles of Faith ?"
Instructor 114, nov. 1969, p. 422-426.
Whittaker, David J. "The
‘Articles of Faith' in Early Mormon Literature and Thought".
Dans New Views of Mormon History, A Collection of Essays in Honor of
Leonard J. Arrington, dir. de publ. D. Bitton et M. Beecher, p.
63-92. Salt Lake City, 1987.
DAVID J. WHITTAKER
Autel
Auteur :
PORTER, BRUCE H.
Un point focal du culte
religieux tout au long des siècles, et dans la plupart des
cultures, a été l’autel, une construction
naturelle ou faite par l’homme utilisée pour la prière,
le sacrifice et des buts de ce genre. Le sacrifice sur l’autel
était un rite de base. La pratique caractéristique en
matière de culte du temps de l’Ancien Testament était
sacrificatoire de nature, et par conséquent l’autel est
devenu l’un des objets rituels les plus importants décrits
dans ce livre d’Écriture.
Une signification sacrée
et symbolique est attribuée à l’autel. Les
stipulations de la « loi de l’autel »
(Ex. 20:24-26) suggèrent que sa construction est associée
à la création du monde et aux alliances de Dieu avec
l’humanité. Quand les eaux de la création se sont
retirées, la terre sèche est apparue et on l’appelle
le monticule primordial (première colline). Ici, selon la
légende, les dieux se sont tenus afin de terminer la création.
À cause de la présence divine, cet endroit est devenu
un sol sacré ou saint, un point de contact entre ce monde et
le monde céleste. L’autel a été construit
pour que le peuple puisse s’y mettre à genoux pour
communiquer et faire des alliances avec son Dieu. L’autel dans
Ézéchiel 43:15 est appelé « la
montagne de Dieu » (terme hébreu hahar’el) et
devient l’incarnation symbolique de la Création, du
monticule primordial et de la présence de Dieu.
C’est devant un
autel qu’Adam a appris la signification du sacrifice (Moïse
5:5-8). Après le Déluge, le patriarche Noé a
immédiatement construit un autel et a offert ses sacrifices au
Très-Haut. Quand il a reçu la promesse et l’alliance
d’un héritage pour sa postérité, Abraham a
marqué cet événement sacré par la
construction d’un autel (Ge. 12:6-7). C’est sur le mont
Morija que le jeune Isaac a été lié sur la table
ou autel du sacrifice en vue de l’offrande suprême et de
la démonstration d’obéissance de son père
(Ge. 22:9-14). La tradition veut que l’endroit de cet autel
consacré soit devenu le site du temple de Jérusalem.
Le complexe du temple de
Jérusalem avait quatre autels. Par ordre croissant de
supériorité sacrale, c’étaient les
suivants : D’abord, l’autel du sacrifice, souvent
appelé autel des holocaustes ou table du Seigneur (Mal. 1:7,
12 ; 1 Co. 10:21), était placé en dehors du temple
lui-même dans la cour d’Israël et était plus
public que les autres. Des sacrifices pour les péchés
d’Israël y étaient offerts, annonçant
l’accomplissement par le sacrifice de Jésus-Christ (Hé.
9:25-26 ; Al. 34:9-10, 14-16). En second lieu, l’autel des
encens se trouvait dans « le saint » devant le
voile à l’intérieur du temple proprement dit.
Jean décrit la fumée de cet autel comme étant
« les prières de tous les saints, sur l’autel
d’or qui est devant le trône » (Ap. 8:3-4).
Troisièmement, dans la même enceinte du temple se
trouvait l’autel des pains de proposition, sur lequel on
mettait douze pains, de l’encens et une offrande de boisson. Et
quatrièmement, l’arche de l’alliance se trouvait
dans le saint des saints, la chambre la plus intérieure et la
plus sacrée du temple. L’arche était pour Israël
le trône ou propitiatoire et symbolisait la présence du
Seigneur. C’était ici que le grand prêtre, une
fois par an le jour des expiations (Hé. 9:7 ; Lé.
16:1-17), faisait des alliances avec le Seigneur pour tout Israël,
comme s’il représentait tout le monde à l’autel.
Dans les temples des
saints, des autels d’une sorte différente jouent un rôle
majeur. Les saints s’y agenouillent pour se livrer à des
cérémonies dans lesquelles se contractent des
alliances. Ils font ces alliances, comme cela se faisait
anciennement, dans la présence symbolique de Dieu à
l’autel (Ps. 43:4 ; cf. Ps. 118:27). Ainsi, en se mettant
à genoux à un autel dans un temple, un homme et une
femme font des alliances avec Dieu dans une cérémonie
de mariage qui va être en vigueur dans la condition mortelle et
dans le monde éternel. C’est là que, si des
parents n’étaient pas mariés précédemment
dans un temple, eux et leurs enfants peuvent être scellés
ensemble pour le temps et l’éternité par le
pouvoir et l’autorité de la prêtrise. De même,
ces ordonnances peuvent être accomplies par des représentants
à un autel dans le temple au nom de personnes identifiées
dans des documents généalogiques comme étant
décédées sans ces bénédictions.
Les gens d’autrefois
allaient à l’autel pour communiquer et communier avec
Dieu ; de même les membres de l’Église, dans
le temple, font un cercle de prière autour de l’autel.
Unis de cœur et d’esprit, les saints demandent à
Dieu ses bénédictions sur l’humanité, son
Église et ceux qui ont des besoins spéciaux.
Dans une réunion
de Sainte-Cène plus publique, l’autel du sacrifice est
symbolisé par la « table de Sainte-Cène ».
Sur cette table se trouvent les emblèmes du sacrifice de
Jésus-Christ, le pain et l’eau représentant
respectivement le corps et le sang du Sauveur (Luc 22:19-20). Chaque
semaine on peut participer à la Sainte-Cène et
renouveler ses alliances.
Aujourd’hui les
membres de l’Église font des alliances sacrées
avec Dieu et consacrent leur vie et tout ce qu’ils ont eu en
bénédiction en « allant au Christ »
et déposent symboliquement tout sur l’autel comme
sacrifice. Pour eux un autel sacré est un symbole réel
de la présence de Dieu devant lequel ils se mettent à
genoux « le cœur brisé et l’esprit
contrit » (2 Né. 2:7 ; 3 Né.
11:20).
Bibliographie
Eliade, Mircea. Patterns
in Comparative Religion. New York, 1974.
Talmage, James E. The
House of the Lord. Salt Lake City, 1971.
Packer, Boyd K. The Holy
Temple. Salt Lake City, 1980.
BRUCE H. PORTER
Autorité
Auteur :
CAMERON, KIM S.
La prétention de
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours à être la seule Église vraie et vivante sur
la terre est basée sur la notion d’autorité. La
croyance des saints a été bien énoncée
par le président Joseph F. Smith : « Quant à
la question de l’autorité, presque tout en dépend.
Aucune ordonnance ne peut être accomplie de manière à
être acceptée de Dieu sans l’autorité
divine. Quelle que soit la ferveur avec laquelle les hommes croient
ou prient, s’ils ne sont pas dotés de l’autorité
divine, ils ne peuvent qu’agir en leur propre nom, pas
légalement ni de manière acceptable au nom de
Jésus-Christ, au nom de qui tout doit se faire »
(Smith, p. 102).
Étant donné
que plusieurs définitions sont associées à
l’autorité dans les Écritures, ce point de
doctrine a souvent été mal compris :
1. L’autorité
désigne le pouvoir officiel lié au poste, à la
fonction ou à la désignation légale comme dans
l’exemple de l’autorité donnée à
Joseph en Égypte par le Pharaon (Ge. 41:40-41), par l’homme
qui donne à ses serviteurs autorité sur sa maison
pendant son absence (Mc. 13:34) et par les officiers de l’Église
désignés pour détenir l’autorité
sur les membres (Mt. 8:9 ; D&A 107:8). L’autorité
dans ces cas présume un commandement en vertu du poste
conféré.
2. L’autorité
est force, pouvoir ou maîtrise de ressources. Un exemple en est
le pouvoir sur Juda installé par les Philistins (Jg. 15) et
par la domination de la Judée par Rome du temps du Christ (Mt.
27:2). Dans ce sens, l’autorité désigne la
supériorité ou la suprématie par rapport aux
autres découlant d’acquisitions, de possessions ou de la
force.
3. L’autorité
est affaire de compétence, comme dans le cas d’un expert
dans un domaine. Les exemples sont l’autorité attribuée
à Jésus, douze ans, suite à ses enseignements
dans le temple (Lu. 2:42, 46-47) et l’autorité liée
à la prédication de prophètes tels que Néphi
1, Léhi, Abinadi et les fils de Mosiah 2 (Mos. 13:6 ; Al.
17:3 ; Hél. 5:18).
4. L’autorité
est un mandat divin ou appel de Dieu. Par exemple, Jésus a
donné à ses apôtres l’autorité
spécifique de prêcher et d’administrer son
Évangile (Mt. 10:1 ; Jn. 15:16 ; 3 Né.
12:1), et certaines personnes ont reçu le pouvoir de baptiser
et d’accomplir des miracles par cette autorité (Ac.
5:12-16 ; 8:5-17 ; Al. 5:3 ; Mos. 18:13, 18 ;
Mro. 2:1-3). Transmise par Jésus-Christ, cette autorité
signifiait que les ordonnances accomplies sur terre seraient honorées
au ciel et, réciproquement, que délier (dissoudre une
ordonnance) sur terre signifierait délier dans le ciel (Mt.
16:19). Le nom donné à ce genre d’autorité
dans les Écritures est la prêtrise (Hé. 7:11-12,
14, 24 ; 1 Pi. 2:5, 9 ; D&A 84:107).
Ces sens ont souvent été
confondus comme le montre la question posée par les scribes à
Jésus concernant la base de sa propre autorité :
« Par quelle autorité fais-tu ces choses ? »
(Mt. 21:23-27). Ton autorité est-elle politique (définition
1) ou un pouvoir d’en haut (définition 4) ? ont-ils
demandé.
De même que
l’autorité du Christ était basée sur le
pouvoir d’en haut, de même l’Église appuie
sa prétention à être la seule Église vraie
et vivante sur la possession de l’autorité divine d’agir
pour Dieu. Cette autorité différencie l’Église
de toutes les autres. Les autres systèmes et organisations
peuvent posséder d’autres types d’autorité,
mais l’autorité divine liée à l’Église
du Christ, la prêtrise, réside seulement dans celle-ci.
Une explication des
caractéristiques de l’autorité divine permet
d’éclaircir les prétentions de l’Église.
D’abord, « Nul ne s’attribue cette dignité,
s’il n’est appelé de Dieu, comme le fut Aaron »
(Hé. 5:4). L’autorité divine ne s’obtient
pas par l’étude, un diplôme décerné
par une école ou le simple désir (Ac. 19:13-16). On
doit l’obtenir de la manière désignée par
Dieu, comme ce fut le cas d’Aaron (Ex. 28:41).
En second lieu, on
obtient l’autorité d’agir au nom de Dieu par
l’imposition des mains par quelqu’un qui détient
déjà cette autorité ou prêtrise (1 Ti.
4:14 ; 2 Ti. 1:6 ; Mro. 2:1-3 ; De. 34:9). Simon, par
exemple, désirait acheter l’autorité des apôtres,
comme il avait pu le faire avec d’autres types d’autorité.
Pierre le condamna pour avoir désiré obtenir le « don
de Dieu » à prix d’argent (Ac. 8:14-20), et
l’achat de l’autorité porte son nom, c’est
la simonie.
Troisièmement, les
ordonnances accomplies dans l’Église ne font
spirituellement force de loi que quand elles le sont en vertu de
cette autorité divinement conférée et reçue
de la manière appropriée (Mos. 23:17 ; D&A
20:73 ; 132:13 ; 2 S. 6:6-7). Par exemple, Paul a rebaptisé
des Éphésiens qui avaient été
précédemment baptisés par une personne non
autorisée (Ac. 19:1-6). Le roi Limhi et beaucoup de ses
disciples ont été convertis au Christ et étaient
désireux d’être baptisés, mais ils ont
attendu pour recevoir cette ordonnance parce que celui qui avait
l’autorité ne se sentait pas digne (Mos. 21:33-35).
Un quatrième fait
concernant l’autorité divine est qu’elle a disparu
de la terre peu après la résurrection et l’ascension
du Christ au ciel (voir Apostasie), de sorte qu’un
rétablissement de l’autorité divine était
nécessaire (2 Th. 2:1-4 ; 1 Ti. 4:1-3 ; 2 Ti.
3:1-7). En 1829, des messagers célestes, précédemment
dotés d’autorité divine par le Christ lui-même,
conférèrent l’autorité à Joseph
Smith et à Oliver Cowdery dans le cadre du rétablissement
de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours (voir Prêtrise d’Aaron :
Rétablissement ; Prêtrise de Melchisédek :
Rétablissement de la Prêtrise de Melchisédek).
Les membres de l’Église ordonnés à cette
autorité notent maintenant leur « ligne d’autorité
personnelle ». Ce document indique le cheminement des
ordinations reliant leur autorité dans la prêtrise à
Jésus-Christ lui-même.
Cinquièmement,
l’autorité de présider n’est efficace pour
une personne que quand elle est accompagnée du consentement
commun des membres de l’Église que cette personne
présidera (D&A 20:65 ; 26:2 ; 42:11).
Les abus d’autorité
et l’autoritarisme sont inhérents à tout système
organisé, et ces abus sont particulièrement associés
à une autorité basée uniquement sur les postes,
la force ou la connaissance. Les personnes de l’extérieur
perçoivent parfois des organisations telles que l’Église
comme autoritaires, principalement à cause de la confusion
concernant le sens du mot autorité. Si l’autorité
dans l’Église était basée sur la
politique, des caractéristiques ou des compétences
personnelles, l’accusation d’autoritarisme pourrait se
justifier. Or, l’autorité divine (définition 4)
est inséparablement liée aux principes de la justice et
« lorsque nous entreprenons de couvrir nos péchés
ou d'assouvir notre orgueil, notre vaine ambition, ou d'exercer, avec
quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une
domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes,
voici, les cieux se retirent ; l'Esprit du Seigneur est
attristé, et lorsqu'il est retiré, c'est la fin de la
prêtrise ou de l'autorité de cet homme » (D&A
121:37).
Les membres de l’Église
comprennent que l’exercice de l’autorité divine
comporte la responsabilité de faire du bien au peuple et de
vaquer à son bien-être. L’utilisation convenable
de cette autorité est contraire à l’autoritarisme
et aux abus d’autorité, de sorte que les connotations
négatives parfois associées à l’autorité
ne sont généralement pas présentes dans
l’Église.
Bibliographie
Ehat, Andrew F., et
Lyndon W. Cook, dir. de publ. The Words of Joseph Smith. Provo, Utah,
1980.
Richards, LeGrand. Une
œuvre merveilleuse et un prodige. Salt Lake City, 1968.
Smith, Joseph F. Gospel
Doctrine. Salt Lake City, 1977.
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1977.
KIM S. CAMERON
B
Baptême
Auteur :
HAWKINS, CARL S.
Le quatrième
article de foi de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours déclare que « le baptême
par immersion pour la rémission des péchés »
est l’un des « premiers principes et ordonnances de
l’Évangile ». Les saints des derniers jours
croient, comme beaucoup de chrétiens, que le baptême est
une ordonnance initiatrice essentielle pour toutes les personnes qui
deviennent membres de l’Église, car elle les admet dans
l’Église du Christ sur terre (Jn. 3:3-5 ; D&A
20:37, 68-74). C’est une étape primaire dans le
processus, qui comprend la foi, le repentir, le baptême de feu
et du Saint-Esprit et la persévérance jusqu’à
la fin, étape par laquelle les membres peuvent recevoir la
rémission de leurs péchés et accéder au
royaume céleste et à la vie éternelle (par
exemple, Mc. 16:15-16 ; 2 Né. 31:13-21 ; D&A
22:1-4 ;84:64, 74 ; MD, p. 69-72).
Les baptêmes
modernes sont accomplis pour les convertis qui ont été
dûment instruits et ont au moins huit ans (l’âge de
responsabilité). Le baptême doit être fait par
quelqu’un qui a l’autorité appropriée dans
la prêtrise. Celui qui baptise lève la main droite,
récite la prière de baptême prescrite et immerge
complètement le candidat (3 Né. 11:23-26 ;
D&A 20:71-74 ; 68:27). Le baptême symbolise l’alliance
par laquelle les gens promettent d’entrer dans la bergerie de
Dieu, de prendre sur eux le nom du Christ, d’être témoins
de Dieu, de garder ses commandements et de porter les fardeaux les
uns des autres, se montrant décidés à le servir
jusqu’à la fin et de se préparer à
recevoir l’esprit du Christ pour la rémission des
péchés. Le Seigneur, c’est sa contrepartie de
l’alliance, doit déverser son Esprit sur eux, les
racheter de leurs péchés, les faire participer à
la première résurrection et leur donner la vie
éternelle (Mos. 18:7-10 ; D&A 20:37).
Le symbolisme riche de
l’ordonnance invite des candidats et des observateurs à
réfléchir à ses significations.
L’ensevelissement dans l’eau et la sortie de l’eau
symbolisent la foi du candidat en la mort, l’ensevelissement et
la résurrection de Jésus-Christ aussi bien qu’en
la résurrection future de tous les hommes. Il représente
également la nouvelle naissance du candidat à une vie
en Christ, étant né de Dieu, donc né de nouveau
d’eau et de l’Esprit (Ro. 6:3-6 ; Mos. 18:13-14 ;
Moï. 6:59-60 ; D&A 128:12-13).
Les Écritures
modernes disent que l’histoire de cette ordonnance antidate le
ministère de Jean-Baptiste. En commençant par Adam
(Moï. 6:64-66), le baptême par immersion dans l’eau
a été introduit comme pratique officielle et a été
observé dans toutes les dispensations suivantes de l’Évangile
quand l’autorité de la prêtrise était sur
la terre (D&A 20:25-27 ; 84:27-28). Comme variantes de tels
précédents, les saints des derniers jours retrouvent
des initiations par le baptême dans beaucoup de religions
préchrétiennes (voir Meslin, 1987). Comme le rapporte
le Livre de Mormon, Léhi et Néphi 1 ont eu la vision du
baptême de Jésus-Christ et ont enseigné à
leur peuple à suivre son exemple de justice (1 Né.
10:7-10 ; 11:27 ; 2 Né. 31:4-9). De plus, avant
le temps de Jésus-Christ, Alma 1 introduisait les convertis
dans l’Église de Dieu par le baptême comme signe
de leur alliance (Mos. 18:8-17 ; Al. 4:4-5).
Selon le récit de
son apparition aux Néphites, Jésus a enseigné la
nécessité de la foi, du repentir, du baptême et
du don du Saint-Esprit, et il a donné autorité à
douze disciples de baptiser (3 Né. 11:18-41 ;
19:11-13 ; 26:17-21). Le Livre de Mormon donne les instructions
utiles pour le baptême et les paroles de la prière de
baptême (3 Né. 11:23-28 ; Mro. 6:1-4 ;
cf. D&A 20:73).
En plus des informations
du Livre de Mormon, les saints des derniers jours suivent les
enseignements de Nouveau Testament sur le baptême. Jésus
a enseigné que le baptême est nécessaire au
salut. Il a dit à Nicodème : « Si un
homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu » (Jean 3:1-5). Il exigeait le
baptême de la part de ceux qui professaient devenir ses
disciples (Jn. 4:1-2). La mission finale qu’il a donnée
à ses apôtres était qu’ils devaient aller à
toutes les nations, enseignant et baptisant (Mt. 28:19), et il a
déclaré : « Celui qui croira et sera
baptisé sera sauvé, mais celui qui ne croira pas sera
condamné » (Mc. 16:16). Paul, après sa
vision miraculeuse sur le chemin de Damas, s’entendit enseigner
l’Évangile par Ananias, qui lui dit : « Lève-toi,
sois baptisé, et lavé de tes péchés »
(Ac. 22:16). À la multitude pénitente le jour de la
Pentecôte, Pierre a proclamé : « Repentez–vous,
et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus–Christ,
pour le pardon de vos péchés » (Ac. 2:38).
Les saints des derniers
jours n’acceptent pas les pratiques et les enseignements
relatifs au baptême qui sont apparus chez certains groupes
chrétiens au cours des siècles qui ont suivi la mort
des apôtres, notamment le baptême des petits enfants, le
baptême par d’autres moyens que l’immersion et
l’idée que le baptême n’est pas nécessaire
au salut. Le prophète néphite Mormon a dénoncé
la pratique du baptême des petits enfants, qui s’était
apparemment introduite parmi son peuple, et a déclaré
que quiconque pensait que les petits enfants avaient besoin du
baptême niait la miséricorde du Christ, ignorant la
valeur de son expiation et le pouvoir de sa rédemption (Mro.
8:4-20).
Jean-Baptiste a rendu
l’autorité de baptiser à Joseph Smith et à
Oliver Cowdery le 15 mai 1829 (JS–H 1:68-72). Dès le
début de l’Église rétablie, des
missionnaires ont été envoyés pour « annoncer
le repentir, la foi au Sauveur et la rémission des péchés
par le baptême » (D&A 19:31 ; 55:2 ;
84:27, 74). « Celui qui croira et sera baptisé sera
sauvé, et celui qui ne croira pas et ne sera pas baptisé
sera damné » (D&A 112:29). C’est
l’enseignement central de l’Évangile de
Jésus-Christ (3 Né. 11:31-40).
En conséquence,
les personnes qui entrent dans l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours à l’âge de huit ans
ou plus doivent de soumettre au baptême, même si elles
ont été précédemment baptisées
dans d’autres Églises (D&A 22). De même, les
excommuniés passent de nouveau par le baptême une fois
qu’ils se sont qualifiés pour la réadmission dans
l’Église.
La forme de l’ordonnance
est prescrite dans la révélation moderne, qui dit de
manière explicite que le baptême doit être
accompli par une personne qui a l’autorité de la
prêtrise et qu’il faut pour cela immerger complètement
le candidat pénitent et le sortir ensuite de l’eau
(3 Né. 11:25-26 ; D&A 20:72-74). Le baptême
est suivi de l’imposition des mains pour le don du
Saint-Esprit.
La pratique courante dans
l’Église veut que le candidat soit interrogé et
approuvé par un officier autorisé de la prêtrise
(habituellement l’évêque ou un autre dirigeant
présidant l’assemblée ou un dirigeant de
mission), qui détermine si le candidat remplit les conditions
d’un repentir véritable, de la foi au Seigneur
Jésus-Christ, d’une compréhension des lois et des
ordonnances de l’Évangile et de la volonté d’y
obéir. Il est également nécessaire qu’un
document officiel de chaque baptême soit tenu par l’Église.
Le baptême peut se
faire dans les fonts baptismaux existant dans beaucoup d’églises
ou dans tout plan d’eau convenant à cette occasion
sacrée et suffisamment profond pour permettre l’immersion
complète. Le candidat et la personne accomplissant
l’ordonnance doivent être vêtus de vêtements
blancs simples et pudiques. La cérémonie est sans
prétention et a habituellement lieu en la présence de
la famille du candidat, les amis intimes et les membres de
l’assemblée que cela intéresse. Un orateur ou
deux peuvent donner quelques enseignements et souhaiter une joyeuse
bienvenue au candidat.
La pratique antérieure
du rebaptême pour manifester le repentir et le renouvellement
de l’engagement ou pour le retour à la santé en
temps de maladie n’a plus cours dans l’Église.
La croyance que le
baptême est nécessaire au salut de toutes les personnes
qui atteignent l’âge de responsabilité (D&A
84:64, 74) ne condamne pas les personnes qui sont mortes sans avoir
eu l’occasion d’entendre le véritable Évangile
de Jésus-Christ ou de recevoir le baptême par l’autorité
appropriée de la prêtrise. Les saints des derniers jours
croient qu’un baptême doit être accompli par
procuration pour les morts (1 Co. 15:29 ; D&A 124:28-35,
127-128) et qu’il devient effectif si le bénéficiaire
décédé accepte l’Évangile tandis
qu’il est dans le monde d’esprit à attendre la
résurrection (voir 1 Pi. 3:18-20 ; 4:6 ; cf. D&A
45:54). Cette œuvre par procuration au profit des générations
précédentes, liant le cœur des enfants à
leurs pères (Mal. 4:5-6), est une des ordonnances sacrées
accomplies dans les temples modernes (D&A 128:12-13).
Bibliographie
Meslin, Michel.
« Baptism. » Dans Encyclopedia of Religion,
Mircea Eliade, dir. de publ. vol. 2, p. 59-63. New York, 1987.
Smith, Joseph Fielding,
Doctrines du Salut, vol. 2, p. 323-337. Salt Lake City, 1955.
Talmage, James E. AF p.
109-142. Salt Lake City, 1984.
CARL S. HAWKINS
Baptême
- Prière
Auteur :
WILSON, JERRY A.
Les paroles de la prière
du baptême utilisées dans l'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours sont prescrites
dans la compilation la plus ancienne d’instructions pour le
fonctionnement de l'Église (D&A 20). Quand quelqu’un
est baptisé, la personne qui a l'autorité appropriée
dans la prêtrise descend dans l'eau avec le candidat, lève
le bras droit à angle droit, appelle l'intéressé
par son nom légal complet et dit : « Ayant
reçu l’autorité de Jésus-Christ, je te
baptise au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Amen »
et immerge ensuite le candidat (D&A 20:73). La même version
de la prière est donnée par Jésus-Christ aux
Néphites et se trouve dans le Livre de Mormon (3 Né.
11:25).
Plus tôt dans le
Livre de Mormon il y a une mention quelque peu différente de
la prière de baptême. Quand Alma l’Ancien, au
deuxième siècle av. J.-C., fonde l'Église parmi
les Néphites, il prie : « Ô Seigneur,
déverse ton Esprit sur ton serviteur, afin qu'il fasse cette
œuvre avec sainteté de cœur » (Mosiah
18:12). La prière de baptême qui suit souligne
l'alliance représentée par le baptême et la
nécessité de procéder ensuite à un
baptême de l'Esprit : « Je te baptise, ayant
autorité du Dieu Tout-Puissant, en témoignage que tu as
conclu l'alliance de le servir jusqu'à ce que tu sois mort
quant au corps mortel ; et que l'Esprit du Seigneur soit déversé
sur toi ; et qu'il t'accorde la vie éternelle, par
l'intermédiaire de la rédemption du Christ, qu'il a
préparé dès la fondation du monde »
(Mosiah 18:13 ; voir Baptême de feu et du Saint-Esprit).
Bibliographie
Il est instructif de
comparer la pratique et les récits scripturaires des saints
des derniers jours à la tradition chrétienne rapportée
dans E. C. Whitaker, Documents of the Baptismal Liturgy, Londres,
1970.
JERRY A. WILSON
Baptême
de feu et du Saint-Esprit
Auteur :
BRADSHAW, WILLIAM S.
Le baptême de feu
et du Saint-Esprit désigne l'expérience de la personne
qui reçoit l'ordonnance de l'imposition des mains pour le don
du Saint-Esprit. C'est la seconde partie d’une séquence
et il suit le baptême par immersion dans l'eau par lequel la
personne repentante qui s'est engagée vis-à-vis du
Christ et de son Évangile est née de Dieu ou née
de nouveau. Comme Jésus l’a expliqué à
Nicodème, « si un homme ne naît d'eau et
d'Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu » (Jn.
3:5). À propos de ce passage, Joseph Smith a dit : « Le
baptême d'eau n’est qu’un demi-baptême et
n’est bon à rien sans… le baptême du
Saint-Esprit » (EPJS, p. 254). Le baptême de feu,
assuré par le Saint-Esprit, se manifeste à travers un
ensemble de sensations, d'impressions et de découvertes
personnelles qui constituent le témoignage spirituel de la
Divinité que l'on a reçu la rémission de ses
péchés (2 Né. 31:17). Le baptême de
feu inaugure la transmission de dons spirituels aux fidèles
pour les aider durant toute leur vie à rester fidèles à
leur alliance du baptême (1 Co. 12 ; Mro. 10:8-23 ;
D&A 46:10-33).
La doctrine des deux
baptêmes a été enseignée par
Jean-Baptiste : « Moi, je vous baptise d'eau…
mais celui qui vient après moi… vous baptisera du
Saint–Esprit et de feu » (Mt. 3:11). Au baptême
du Christ, le Saint-Esprit s’est manifesté par le signe
d'une colombe (Lu. 3:22) et il est apparu aux disciples le jour de la
Pentecôte sous forme de langues de feu (Ac. 2:3 ; voir
Jéhovah, Jésus-Christ). L'ordonnance du don du
Saint-Esprit a commencé avec les premiers convertis chrétiens
(Ac. 8:12-17 ; 3 Né. 18 ; Mro. 2-3 ; 6) et
est une pratique (souvent désignée sous le nom de
confirmation) rendue à l'Église d’aujourd’hui
et administrée par la Prêtrise de Melchisédek
(D&A 20:38-41).
Symboles du baptême,
l'eau (utilisée pour laver) et le feu (utilisé pour la
fonte des métaux) représentent les agents qui nettoient
et purifient, la première extérieurement, l’autre
intérieurement, menant à la sanctification (Al. 13:12 ;
Mro. 6:4). En outre, le feu suggère la chaleur et la lumière,
réalisées sous forme de sensations tangibles telles
qu'une brûlure dans la poitrine et le sentiment d’illumination
accompagnant la réception de l'esprit divin (D&A 9:8 ;
88:49).
Pour les saints des
derniers jours, le baptême par le feu et le Saint-Esprit est un
phénomène réel en accomplissement littéral
de l'alliance de Dieu avec ceux qui se repentent et sont baptisés
(2 Né. 31:10-21). Par cette expérience, la
personne peut réaliser les promesses faites par Jésus
en ce qui concerne le rôle de Consolateur joué par le
Saint-Esprit, témoin de l'Expiation, instructeur et guide vers
la vérité (Jn. 14:16, 26 ; 15:26).
Bibliographie
Cannon, Elaine, et Ed J.
Pinegar. The Mighty Change. Salt Lake City, 1978.
WILLIAM S. BRADSHAW
Baptême
Alliance du
Auteur :
WILSON, JERRY A.
Quand une personne
contracte le baptême chez les saints des derniers jours, elle
fait une alliance avec Dieu. Le baptême est un « signe…
que nous faisons la volonté de Dieu, et il n’y a sous le
ciel aucun autre moyen ordonné par Dieu pour permettre à
l’homme de venir à lui » (EPJS, p. 160).
Les candidats promettent
d’ « entrer dans la bergerie de Dieu et être
appelés son peuple… [de] porter les fardeaux les uns
des autres… [de] pleurer avec ceux qui pleurent… [et
d’] être les témoins de Dieu… jusqu’à
la mort » (Mos. 18:8-9). La personne qui contracte cette
alliance doit le faire avec l’attitude appropriée
d’humilité, de repentir et de détermination de
garder les commandements du Seigneur et de servir Dieu jusqu’à
la fin (2 Né. 31:6-17 ; Mro. 6:2-4 ; D&A
20:37). De son côté, Dieu promet la rémission des
péchés, la rédemption et la purification par le
Saint-Esprit (Ac. 22:16 ; 3 Né. 30:2). Cette
alliance se fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Le baptisé peut
renouveler cette alliance à chaque réunion de
Sainte-Cène en prenant la Sainte-Cène. Cette volonté
permanente de se rappeler le Christ et de garder ses commandements
apporte la réalisation de la promesse du Seigneur qu’il
donnera son Esprit et produit les « fruits »
(Ga. 5:22) et les « dons » (D&A 46) qui
mènent à la vie éternelle.
Bibliographie
Tripp, Robert M. Oaths,
Covenants and Promises, p. 11-19. Salt Lake City, 1973.
JERRY A. WILSON
Baptême
pour les morts
Cette rubrique se compose
de deux articles :
Baptême pour les
morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Baptême pour les
morts : Sources antiques
Le premier article suit
le développement de la doctrine mormone du baptême pour
les morts. Dans le deuxième article, le doyen de la faculté
de théologie de Harvard traite de la pratique dans les temps
anciens.
Baptême
pour les morts : Pratique chez les saints des derniers jours
Auteur :
BURTON, H. DAVID
Le baptême pour les
morts est l’accomplissement par procuration de l’ordonnance
du baptême pour un défunt. Joseph Smith a enseigné :
« Si nous pouvons baptiser un homme au nom du Père
[et] du Fils et du Saint-Esprit pour la rémission des péchés,
c’est tout autant notre devoir d’agir comme agents et
d’être baptisés pour la rémission des
péchés pour et en faveur de nos aïeux décédés
qui n’ont pas entendu l’Évangile ou sa plénitude »
(Kenney, p. 165).
La première
déclaration publique concernant l’ordonnance du baptême
pour les morts dans l’Église a été le
sermon funèbre prononcé en août 1840 à
Nauvoo par Joseph Smith à l’occasion du décès
de Seymour Brunson. S’adressant à une veuve qui avait
perdu un fils qui n’avait pas été baptisé,
il a appelé le principe « de bonnes nouvelles d’une
grande joie » contrairement à la tradition du temps
qui voulait que toute personne non baptisée soit damnée.
Les premiers baptêmes pour les morts des temps modernes ont eu
lieu dans le Mississippi, près de Nauvoo.
Des révélations
éclaircissant la doctrine et la pratique ont été
données de temps en temps :
1. C’était
une pratique du Nouveau Testament (1 Co. 15:29 ; cf. D&A
128 ; voir Baptême pour les morts : Sources
antiques).
2. Le ministère du
Christ dans le monde d’esprit était au profit de ceux
qui étaient morts sans entendre l’Évangile ou sa
plénitude (1 Pi. 4:6 ; voir Salut des morts).
3. De tels baptêmes
doivent avoir lieu dans un temple, dans des fonts baptismaux
consacrés à cette fin (EPJS, p. 248 ; cf. D&A
124:29-35). En novembre 1841, les fonts baptismaux du temple inachevé
de Nauvoo étaient consacrés.
4. Le langage de la
prière de baptême est le même que pour les
vivants, avec l’ajout de « en lieu et faveur de »
[les défunts].
5. Des témoins
doivent être présents aux baptêmes par procuration
et ceux-ci doivent être enregistrés dans les archives de
l’Église (D&A 128:3, 8).
6. Des femmes doivent
être baptisées pour les femmes et des hommes pour les
hommes.
7. Ce n’est pas
seulement le baptême, mais aussi la confirmation et les
ordonnances supérieures du temple qui peuvent être
accomplis par procuration (EPJS, p. 294).
8. La loi du libre
arbitre est inviolée dans ce monde et dans le monde à
venir. Ainsi, ceux qui sont servis par procuration ont le droit
d’accepter ou rejeter les ordonnances.
Dans les premières
années de l’Église, les baptêmes par
procuration ne se faisaient que pour les ancêtres directs par
le sang, en ne remontant habituellement pas plus de quatre
générations. Aujourd’hui, les saints des derniers
jours sont baptisés non seulement pour leurs propres ancêtres
mais également pour d’autres personnes non apparentées,
identifiées par le programme d’extraction des noms.
Cette pratique est l’expression du désir des enfants de
retrouver leurs parents et des parents de retrouver leurs enfants,
ainsi que des sentiments charitables pour les autres, pour qu’ils
reçoivent la plénitude des bénédictions
de l’Évangile de Jésus-Christ. Dans la
perspective mormone, quoi que l’on fasse d’autre pour
faire son deuil, enterrer honorablement, chérir ou se souvenir
des morts, cette ordonnance divinement autorisée du baptême
est une démonstration d’amour et a des implications
éternelles.
Baptême
pour les morts : Sources antiques
Auteur :
STENDAHL, KRISTER
Dans sa première
épître aux Corinthiens Paul a écrit :
« Autrement, que feraient ceux qui se font baptiser pour
les morts ? Si les morts ne ressuscitent absolument pas,
pourquoi se font–ils baptiser pour eux ? »
(Conzelmann, 1 Corinthiens 15:29).
Ce verset fait partie de
l’argumentation de Paul contre ceux qui niaient une
résurrection future (cf. 2 Ti. 2:18, Justin, Dial. 80). Il
fait allusion à une pratique de baptême par procuration,
une pratique pour laquelle nous n’avons aucune autre preuve
dans les écrits de Paul ou les autres écrits du Nouveau
Testament ou écrits du début du christianisme. Les
interprètes ont été intrigués par le fait
que Paul semble accepter cette pratique. Il n’estime en tous
cas pas utile de la condamner comme hérétique, mais
Paul fait clairement allusion à un groupe distinct dans
l’Église, un groupe qu’il accuse de contradiction
entre rituel et doctrine.
Les anciens commentateurs
considéraient comme hérétique la pratique du
baptême par procuration pour les morts (par exemple parmi les
Marcionites, 150 apr. J.-C.). Ils interprétaient donc les
paroles de Paul dans 1 Corinthiens 15:29 de manière à
ce qu’elles ne puissent être invoquées à
l’appui de telles pratiques ou de toute théologie qui y
était implicite. Au fil des siècles, leurs
interprétations ont persisté et se sont multipliées
(B.M. Foschini rapporte et évalue quarante explications
distinctes de ce verset). La plupart des pères grecs
interprétaient « les morts » comme
désignant le propre corps d’une personne ; d’autres
ont interprété le verset comme désignant les
païens désirant le baptême « pour se
joindre à » des parents chrétiens perdus.
D’autres encore ont suggéré différentes
structures de la phrase : « Autrement que réaliseront
ceux que l’on baptise ? Quelque chose simplement pour leur
corps mort ? »
Une fois que l’on
se sent moins menacé par les pressions théologiques
exercées par des développements ultérieurs
éventuels de la pratique et de la doctrine, le texte semble
parler clairement d’une pratique de baptême par
procuration pour les morts dans l’Église. C’est le
point de vue de la plupart des exégètes critiques
contemporains. Pareille pratique peut se comprendre par une analogie
partielle avec l’allusion de Paul au fait que les conjoints
païens et les enfants communs dans les mariages mixtes sont
sanctifiés et purifiés par les partenaires chrétiens
(1 Co. 7:14). On a souvent fait le rapport avec 2 Maccabées
12:39-46, où Judas Maccabée, « tenant compte
de la résurrection », fait l’expiation pour
ses camarades morts. (C’était le passage même que
le Dr. Eck a utilisé en faveur du purgatoire dans son débat
de 1519 à Leipzig avec Martin Luther. C’est ainsi devenu
une partie de la raison pour laquelle les bibles protestantes ont
exclu les Apocryphes ou les ont relégués dans une
annexe.)
On pourrait ajouter à
ceci que le lien suivant dans l’argumentation de Paul en faveur
d’une future résurrection est sa propre exposition au
martyre (1 Co. 15:30-32), un martyre que Paul pense certainement
avoir un effet par procuration (Ph. 2:17, Ro. 15:16, cf. Col. 1:24).
Pareil lien peut être
conscient ou inconscient. Dans l’un ou l’autre cas, cela
rend tout à fait raisonnable l’idée que la
remarque de Paul a trait à la pratique d’un baptême
par procuration pour les morts.
Bibliographie
Conzelmann, H. 1
Corinthians. Hermeneia Series. Philadelphia, 1975.
Foschini, B. "Those
Who Are Baptized for the Dead ; 1 Cor. 15:29." Catholic
Biblical Quarterly 12 (1950) :260-276, 378-388 ; 13
(1951) :46-78, 172-198, 276-285.
KRISTER STENDAHL
Bénédictions
patriarcales
Auteur :
MORTIMER, WILLIAM JAMES
La pratique pour un père
de bénir ses fils et ses filles remonte aux temps les plus
anciens. Adam, premier patriarche et père du genre humain, a
béni son fils Seth, promettant « que sa postérité
serait l’élue du Seigneur et qu’elle serait
préservée jusqu’à la fin de la terre »
(D&A 107:42). Abraham, Isaac, et Jacob ont béni leurs
enfants, ouvrant une vision de leur héritage et de leur
destinée (par exemple, Ge. 28:4 ; 49:3-27).
Chaque famille dans
l’Église et la grande famille qu’est l’Église
perpétuent cet héritage. Les membres ont le droit
d’aller trouver le patriarche de pieu pour avoir une
bénédiction de l’Église. Des patriarches
de pieu sont ordonnés partout où l’Église
est organisée afin que tous puissent avoir cette possibilité.
La bénédiction
patriarcale est donnée par l’autorité de la
Prêtrise de Melchisédek qui « est de détenir
les clefs de toutes les bénédictions spirituelles de
l’Église » (D&A 107:18). Quand il a fait
alliance avec Abraham qu’à travers sa postérité
toutes les familles de la terre seraient bénies, Dieu a promis
les « bénédictions de l’Évangile,
lesquelles sont les bénédictions du salut, de la vie
éternelle » (Abr. 2:11). La portée de ces
promesses, tant ici que dans l’au-delà, est décrite
dans les Écritures modernes :
« Abraham
reçut des promesses concernant sa postérité, le
fruit de ses reins… promesses qui devaient continuer tant
qu’elle était dans le monde ; et en ce qui concerne
Abraham et sa postérité, ils devaient continuer hors du
monde… Cette promesse est également pour toi, parce que
tu es d’Abraham, et que la promesse fut faite à
Abraham » [D&A 132:30-31].
Une partie essentielle de
la bénédiction patriarcale est la déclaration du
lignage. Le patriarche demande l’inspiration pour indiquer le
lignage dominant qui remonte à Abraham. La majorité des
bénédictions modernes désignent Éphraïm
ou Manassé comme chaînon principal, mais d’autres
de toutes les tribus d’Israël ont également été
mentionnés. Qu’il s’agisse d’une déclaration
de descendance par le sang ou par adoption est sans importance (voir
Abr. 2:10). C’est considéré comme le lignage et
l’héritage par lesquels les bénédictions
de la personne lui sont transmises. C’est ainsi que les
bénédictions « d’Abraham, d’Isaac
et de Jacob » sont conférées.
En outre, selon
l’inspiration de l’Esprit, le patriarche peut être
poussé à donner des exhortations, des promesses et des
assurances. Il peut mentionner différents traits de
personnalité et des points forts et des faiblesses. Dans le
contexte des prophéties sur les événements
mondiaux, il peut mentionner le rôle et l’appel de
chacun. Il peut préciser les dons, les talents, les
qualifications et le potentiel spirituel de la personne avec la
gratitude et la consécration qui doivent les accompagner. Karl
G. Maeser a décrit ces bénédictions comme étant
des « paragraphes du livre de nos possibilités »
(Alma P. Burton, Karl G. Maeser : Mormon Educator, p. 82 [Salt
Lake City, 1953]).
On enseigne
continuellement dans l’Église que l’accomplissement
des bénédictions patriarcales, comme celui de toutes
les promesses divines, est conditionné par la foi et les
œuvres de la personne. Les bénédictions se
terminent habituellement par une déclaration telle que :
« Je prononce ces bénédictions sur votre
tête selon votre foi et votre diligence à garder les
commandements du Seigneur. »
La pratique de donner des
bénédictions patriarcales est un rappel constant de
l’honneur et de la gloire de la famille : que l’on
n’est pas seul et que chaque personne se tient sur les épaules
de ceux qui l’ont précédée. Elle incite
ceux qui reçoivent les bénédictions à
« porte[r] les regards sur Abraham, [leur] père »
(2 Né. 8:2), à faire « les œuvres
d’Abraham » (D&A 132:32 ; cf. Jn. 8:39), à
être disposé à être « châti[é]
et mis à l’épreuve comme Abraham »
(D&A 101:4) et à reconnaître que la disposition
d’Abraham à offrir son fils était « une
similitude de Dieu et de son Fils unique » (Jcb. 4:5). En
bref, le commandement d’honorer son père et sa mère
ne finit pas à la mort, ni avec la croissance du genre humain.
Toutes les bénédictions
patriarcales sont enregistrées et transcrites ; les
copies sont conservées dans les archives officielles de
l’Église et par le bénéficiaire. Elles
sont considérées comme sacrées par ceux qui les
reçoivent.
Dans l’histoire
d’Israël, comme des saints des derniers jours, l’effet
moteur de ces bénédictions est incalculable. Elles
ouvrent beaucoup de portes à la prise de conscience de soi.
Elles ont inspiré des hommes et des femmes célèbres,
aussi bien que ceux qui se trouvent dans les endroits les plus
obscurs et les plus isolés, à se plonger dans
l’accomplissement d’une mission, à œuvrer et
à donner dans l’esprit de consécration. Elles ont
été une force au milieu des épreuves et des
tentations de la vie, un réconfort dans les ténèbres
du deuil et une ancre dans les tourmentes, « une aide
quotidienne dans toutes les affaires de la vie » (Widtsoe,
p. 74).
Bibliographie
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, p. 72-77.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Benjamin
Auteur :
RICKS, STEPHEN D.
Benjamin, fils de Mosiah
1, est un roi important dans l'histoire néphite († v.
121 av. J.-C.). Son règne se produit à un moment
crucial de l'histoire des Néphites et est culturellement et
politiquement important. Son père, Mosiah 1, « averti
par le Seigneur » a emmené les Néphites hors
du pays de Néphi au pays de Zarahemla (Om. 1:12, 19). Par la
suite, pendant son règne, Benjamin a combattu, comme le
faisaient habituellement les rois dans le monde antique (cf. Mos.
10:10), « avec la force de son bras » contre
les envahisseurs lamanites (Pa. 1:13), empêchant son peuple
« de tomber entre les mains de [ses] ennemis »
(Mos. 2:31). Il réussit à consolider le règne
néphite sur le pays de Zarahemla (Om. 1:19) et y règne
« en justice » sur son peuple (Pa. 1:17).
Benjamin, décrit
comme étant « un saint homme » (Pa.
1:17) et « un homme juste devant le Seigneur »,
dirige également son peuple en tant que prophète (Om.
1:25) et est, avec l'aide d'autres prophètes et de saints
hommes, capable surmonter les querelles parmi son peuple et fait
« encore une fois régner la paix dans le pays »
(Pa. 1:18). En conséquence, Amaléki, qui n’a
« pas de postérité », lui confie
les annales des « petites plaques » (Om. 1:25).
Vivement intéressé par la conservation des annales
sacrées, Benjamin instruit ses fils « dans toute la
langue de ses pères » et « concernant
les annales qui étaient gravées sur les plaques
d’airain » (Mos. 1:2-3).
Mosiah 2-6 rapporte le
discours d'adieu de Benjamin visant principalement à provoquer
un « changement de cœur » chez son peuple
et à l’amener à Jésus-Christ. Il traite
des obligations de l'homme vis-à-vis de ses semblables et
vis-à-vis de Dieu, du châtiment en cas de rébellion
contre Dieu, de la reconnaissance, de la foi et du service. Ce
discours conserve aujourd’hui toute sa pertinence. En outre,
rapportant les paroles qu’un ange lui a dites, Benjamin
prophétise que « le Seigneur Omnipotent…
descendra du ciel avec puissance parmi les enfants des hommes »
en tant que Messie, « accomplissant de grands miracles »
(Mosiah 3:5). De plus, Benjamin déclare que le Messie « sera
appelé Jésus-Christ, le Fils de Dieu… et sa mère
sera appelée Marie » (3:8). La toute première
mention du nom de celle-ci dans le Livre de Mormon. En outre, Jésus
« souffrira les tentations, et la souffrance du corps, la
faim, la soif et la fatigue, plus encore que l'homme ne peut en
souffrir » (3:7). Après avoir été
crucifié, Jésus « se lèvera d'entre
les morts ; et voici, il se tient pour juger le monde »
(3:10). Chose importante, Benjamin enseigne que le pouvoir de
l'expiation de Jésus-Christ vaut pour lui et son peuple,
« comme s'il était déjà venu »
sur terre (3:13).
On peut mesurer l'impact
du discours de Benjamin sur les générations néphites
suivantes par le nombre de fois qu’on le mentionne plus loin
dans le Livre de Mormon. Après la mort de Benjamin, son fils
et successeur, Mosiah 2, envoie Ammon et quinze autres représentants
de Zarahemla au pays de Néphi (Mos. 7:1-6) où ils
trouvent le roi Limhi et son peuple néphite asservis aux
Lamanites. Après que les représentants se sont
identifiés, Limhi réunit son peuple au temple local où
il s'adresse à lui. Ensuite, Ammon « leur répéta
aussi les dernières paroles que le roi Benjamin leur avait
enseignées, et les expliqua au peuple du roi Limhi, pour qu'il
pût comprendre toutes les paroles qu'il disait »
(Mos. 8:3). De même, Hélaman 2 (v. 30 av. J.-C.) avertit
ses fils Léhi 4 et Néphi 2 en ces termes :
« Souvenez-vous… des paroles que le roi Benjamin a
dites à son peuple ; oui, souvenez-vous qu'il n'y a
aucune autre manière ni aucun autre moyen par lesquels l'homme
puisse être sauvé, si ce n'est par le sang expiatoire de
Jésus-Christ » (Hél. 5:9). Ces paroles
rappellent l’un des thèmes centraux du discours de
Benjamin : « Le salut a été, et est, et
sera, dans et par le sang expiatoire du Christ » (Mos.
3:18-19 ; cf. Hél. 14:12).
Après un règne
long et prospère, Benjamin décède vers 121 av.
J.-C. Le plus grand de tous les hommages à sa grandeur, c’est
son fils Mosiah 2 qui le lui rendra. Dans un discours prononcé
à la fin de son propre règne, dans lequel il soupèse
les avantages et les pièges de diverses formes de
gouvernement, Mosiah dit : « S'il était
possible que vous ayez pour rois des hommes justes, qui établiraient
les lois de Dieu et jugeraient ce peuple selon ses commandements,
oui, si vous pouviez avoir pour rois des hommes qui feraient ce que
mon père Benjamin a fait pour ce peuple… alors il
serait opportun que vous ayez toujours des rois pour vous
gouverner »
(Mos. 29:13).
Bibliographie
Nibley, Hugh W. An
Approach to the Book of Mormon. Dans CWHN 4:295-310.
Bible
La rubrique consacrée
à la Bible donne une idée de l’estime que les
saints ont pour ce recueil d’écrits et de l’usage
considérable qu’ils en font. Les articles sont :
Bible
Croyance des saints en la
Bible
La King James Version
Édition de la
Bible créée par l’Église
Le premier article
explique l’importance de la Bible au sein des ouvrages
canoniques de l’Église. Le deuxième explore la
profondeur de la croyance en la Bible. Le troisième examine
l’utilisation de la King James Version de la Bible par
l’Église. Le dernier donne des informations sur ce que
contient la Bible éditée par l’Église en
1979 et des détails sur la publication. Les articles qui
traitent de thèmes apparentés sont Ancien Testament et
Nouveau Testament. On trouvera un traitement sur l’éventail
des sujets liés aux conceptions qu’ont les saints des
Écritures en général dans Ouvrages canoniques et
en particulier l’ensemble des articles repris sous le titre
général Écritures.
Bible :
Bible
Auteur :
LUDLOW, VICTOR L.
La Bible est à la
base de l’Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours, constitue l’un de ses ouvrages canoniques et
est acceptée comme étant la parole de Dieu. C’est
un passage du Nouveau Testament dans l’épître de
Jacques qui incita, en 1820, le jeune Joseph Smith à
interroger Dieu au sujet des religions de son temps, sur quoi il
reçut sa Première Vision dans laquelle il vit Dieu le
Père et Jésus-Christ (Ja. 1:5 ; JS–H
1:11-12, 17-18). Trois ans plus tard, ce furent des passages de
l’Ancien Testament et du Nouveau Testament qui furent la base
scripturaire de la deuxième grande expérience
spirituelle de Joseph quand l’ange Moroni lui apparut et
l’instruisit en s’appuyant sur Malachie, Ésaïe,
Joël, Daniel et d’autres Écritures (JS–H
1:36-41 ; JD 24:241 ; Messenger and Advocate 1, avr. 1835,
p. 109). Après avoir terminé la traduction du Livre de
Mormon et organisé l’Église rétablie de
Jésus-Christ en 1830, le prophète Joseph Smith étudia
à fond la Bible comme le Seigneur le lui avait commandé
et fit la Traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS).
Dès l’enfance,
les saints des derniers jours sont exposés aux enseignements
de la Bible. Certains passages sont soulignés dans
l’enseignement des enfants. La plupart des enfants de la
Primaire – et en particulier ceux qui font partie de familles
qui tiennent la soirée familiale et appliquent un programme de
lecture des Écritures – se familiarisent avec les
événements racontés dans la Genèse,
notamment les histoires d’Adam et Ève, Noé,
Abraham, Jacob et Joseph. Les épisodes ultérieurs des
prophètes, des juges, et des rois (tels que Moïse,
Samson, Samuel, David, Salomon, Jonas et Daniel), aussi bien que ceux
des personnalités du Nouveau Testament (par exemple, Pierre,
Paul et Étienne), sont également des favoris. Les
histoires de Débora, de Ruth, d’Esther et de Marie
comptent parmi les préférées des filles. Ce sont
cependant la vie et les enseignements de Jésus-Christ qui sont
les plus étudiés et les plus appréciés
(voir Jésus-Christ : Ministère de Jésus-Christ).
Lorsque les saints des
derniers jours se livrent à une étude répétée
de la Bible, il s’en dégage des enseignements
évangéliques plus riches. Outre qu’ils reçoivent
l’enseignement dispensé par l’École du
Dimanche, les adolescents qui suivent les cours du séminaire
passent deux ans de leurs quatre années à étudier
la Bible. Il en va de même des cours de religion de niveau
supérieur dans les universités du Département
d’Éducation de l’Église et dans les cours
des instituts de religion dans d’autres universités. Les
missionnaires mormons se réfèrent souvent à des
passages de la Bible dans l’enseignement qu’ils donnent
aux amis de l’Église. Une des preuves les plus
convaincantes de l’importance de l’étude de la
Bible pour les saints des derniers jours ressort du programme de
l’École du Dimanche pour les adultes. Dans les cours de
Doctrine de l’Évangile, deux années sur chaque
cycle de quatre ans sont consacrées à la lecture, à
l’étude et aux discussions sur la Bible. Une autre
grande preuve de l’importance que les saints accordent à
la Bible réside dans les efforts et les dépenses quoi
ont été consentis pour assurer la publication de
l’édition anglaise de l’Église de la Bible
en 1979. Les Autorités générales de l’Église
citent fréquemment la Bible dans leurs écrits et leurs
discours de conférence générale et lors des
conférences de pieu. La Bible constitue donc un fondement
d’Évangile important pour tous les membres de l’Église,
depuis les nouveaux baptisés jusqu’aux officiers
présidents.
ENSEIGNEMENTS ET
PRATIQUES BIBLIQUES PRINCIPAUX. Parmi les enseignements de la Bible,
il y en a sur lesquels on insiste particulièrement. Par
exemple, les saints des derniers jours n’ont aucun mal à
se reconnaître dans la pratique du Dieu de l’Ancien
Testament de parler par l’intermédiaire des prophètes
de l’époque (Am. 3:7), une façon de faire que
l’on peut constater dans l’Église d’aujourd’hui.
Ils se sentent aussi proches de la maison d’Israël grâce
à leur bénédiction patriarcale individuelle, qui
précise habituellement une ascendance généalogique
remontant à l’une des tribus d’Israël. La
notion de peuple de l’alliance, telle qu’enseignée
dans la Genèse, l’Exode et le Deutéronome, cadre
bien avec la croyance des saints qu’ils sont un peuple de
l’alliance aujourd’hui. Beaucoup de lois et de
commandements, en particulier un code de santé, caractérisent
l’Israël antique et son équivalent spirituel
moderne dans l’Église (Lé. 11 ; D&A 89 ;
voir Parole de Sagesse). Les errances de l’Israël antique
et les difficultés à coloniser la Terre Promise ont
aussi leur pendant dans le début de l’histoire des
saints à tel point que Brigham Young a été
qualifié de Moïse moderne (par exemple, Arrington, 1985 ;
voir aussi Persécution ; Pionniers).
Les enseignements du
Nouveau Testament sur lesquels les saints des derniers jours mettent
l’accent sont les enseignements du Sauveur et des apôtres
sur les principes de base de l’Évangile,
particulièrement la foi et le repentir, et les ordonnances de
l’alliance, en particulier le baptême et le don du
Saint-Esprit (voir Premiers principes de l’Évangile).
L’organisation, les offices dans la prêtrise et l’œuvre
missionnaire de l’Église du Nouveau Testament ont leurs
contre-parties dans les croyances, les pratiques et l’organisation
de l’Église actuelle (voir Organisation de l’Église
à l’époque du Nouveau Testament).
IMPORTANCE DES TEXTES
BIBLIQUES DANS LE LIVRE DE MORMON. Parmi des écrits de
l’Ancien Testament, ceux de Moïse, d’Ésaïe
et de Malachie retiennent particulièrement l’attention
des saints des derniers jours à cause de leur place importante
dans le Livre de Mormon. Les enseignements de Moïse tels qu’ils
se trouvent dans le Pentateuque (avec l’expansion de Genèse
1-6 qui se trouve dans la Perle de grand prix) constituent la matière
qui permet de comprendre la dispensation mosaïque de la maison
d’Israël. Les annales du Livre de Mormon, qui commencent
avec Léhi et avec le peuple de Zarahemla (voir Mulek),
proviennent essentiellement de ce cadre israélite. Il y est
question d’Adam et Ève et des événements
du jardin d’Éden (par exemple, 2 Né.
2:15-25) et du déluge du temps de Noé (par exemple, Al.
10:22), de gens amenés par Dieu en Amérique à
l’époque de la tour de Babel (Ét. 1:3-5, 33),
d’événements de la vie des patriarches (par
exemple, 2 Né. 3:4-16), et de l’appel, des œuvres
et des paroles de Moïse (par exemple, 1 Né.
17:23-31 ; 2 Né. 3:16-17 ; voir aussi Loi de
Moïse). Le cinquième chapitre de 1 Néphi
mentionne les documents bibliques que la famille de Léhi a
emportés de Jérusalem (voir Plaques et annales du Livre
de Mormon) et, avec 1 Néphi 17, met l’accent sur
les événements bibliques principaux, en particulier
l’exode israélite d’Égypte, bien que sans
les détails fournis par le Pentateuque. L’exemple et les
enseignements des prophètes, des juges et des rois de l’Ancien
Testament se trouvaient aussi dans les documents bibliques de la
communauté de Léhi. Puisque ce groupe se conforme à
la loi de Moïse (2 Né. 25:24), les pratiques
religieuses de l’Ancien Testament se poursuivent dans le Livre
de Mormon.
On trouve un bon tiers
des écrits d’Ésaïe dans le Livre de Mormon,
ce qui fait qu’Ésaïe est le livre biblique qui y
est le plus souvent cité. Vingt-deux des soixante-six
chapitres d’Ésaïe sont cités en tout ou en
partie dans le Livre de Mormon (en tout 433 sur les 1.292 versets
d’Ésaïe). Les prophètes et les auteurs du
Livre de Mormon choisissaient les chapitres qui mettaient l’accent
sur les relations de Dieu dans le cadre de l’alliance et de ses
promesses à Israël, sur le rôle et l’appel du
Messie et sur les prophéties au sujet des derniers jours. Ces
thèmes sont également répandus dans la théologie
contemporaine des saints (A de F 3, 4, 9, 10).
Les enseignements de
Malachie dans le Livre de Mormon sont importants parce que Jésus
ressuscité les cite et par conséquent les souligne (cf.
3 Né. 24-25 ; Mal. 3-4 ; D&A 2:1-3). Les
paroles de Malachie concernant un messager envoyé pour
préparer la voie à l’avènement du Christ,
le paiement de la dîme et des offrandes et la mission d’Élie
dans les derniers jours constituent ainsi un autre noyau important
des enseignements de l’Ancien Testament au sein de la société
des saints des derniers jours.
Comme la colonie
principale du Livre de Mormon a quitté Jérusalem
approximativement six cents ans avant le début de la période
du Nouveau Testament, les auteurs du Livre de Mormon n’avaient
pas accès aux écrits du Nouveau Testament. Ils avaient
toutefois accès à deux sources importantes de doctrine
qui étaient en parallèle avec une partie du Nouveau
Testament : le Christ ressuscité et la révélation
divine. Le Christ ressuscité a prononcé devant ses
auditeurs en Amérique un sermon essentiellement le même
que celui qu’il avait prononcé près du lac de
Galilée. Il a également apporté des ajouts et
des éclaircissements importants qui traitent de lui-même
en tant que Rédempteur et Seigneur, de l’accomplissement
de la loi de Moïse et des derniers jours (3 Né.
11-18 ; voir aussi Béatitudes ; Sermon sur la
montagne). En outre, il a amplifié les enseignements donnés
dans Jean 10, particulièrement le verset 16, au sujet de son
rôle de Bon Berger des tribus dispersées d’Israël
(3 Né. 15:12-24). Les enseignements importants de Mormon
au sujet du baptême et au sujet de la foi, de l’espérance
et de la charité constituent des parallèles avec les
enseignements du Nouveau Testament, particulièrement avec ceux
de Paul dans 1 Corinthiens 13.
LA BIBLE EST-ELLE
COMPLÈTE ? Les saints des derniers jours vénèrent
la Bible comme étant la parole de Dieu révélée
à l’humanité. Cependant, Joseph Smith a reconnu
que les traductions ne rendent pas complètement et exactement
les mots de l’original ni les intentions des prophètes
antiques et des autres auteurs bibliques. Ainsi, dans la lettre à
Wentworth, il écrit : « Nous croyons que la
Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle est
traduite correctement » (8e A de F). Joseph Smith a
observé que « nous pouvons déterminer notre
latitude et notre longitude dans l’hébreu originel avec
une bien plus grande précision que dans la version anglaise.
Il y a une importante distinction à faire entre ce que les
prophètes voulaient réellement dire et la traduction
actuelle » (EPJS, p. 334). Bien qu’acceptant
explicitement ce que la Bible dit maintenant, les saints des derniers
jours se rendent compte qu’il y a bien plus à dire que
ce qui se trouve dans le document biblique existant.
En plus des difficultés
qu’engendre la traduction de langues anciennes vers des langues
modernes, d’autres Écritures déclarent également
que certaines parties du texte biblique original ont été
perdues ou corrompues (par exemple 1 Né. 13:28-29 ;
D&A 6:26-27 ; 93:6-18). Joseph Smith a fait ce commentaire
sur le caractère incomplet de la Bible : « Il
était clair que beaucoup de points importants concernant le
salut des hommes avaient été enlevés de la Bible
ou perdus avant qu’elle ne fût compilée »
(EPJS, p. 6). Il dit plus tard : « L’homme a
reçu depuis le commencement beaucoup d’instructions que
nous ne possédons pas maintenant… Nous avons ce que
nous avons, et la Bible contient ce qu’elle contient »
(EPJS, p. 46). Il a dit en outre : « Je crois la
Bible telle qu’elle est sortie de la plume des auteurs
originels. Des traducteurs ignorants, des copistes négligents
ou des prêtres conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup
d’erreurs » (EPJS, p. 264-265). Ainsi, des
contre-sens, des lacunes et d’autres erreurs affaiblissent la
Bible ; mais l’esprit de ses messages en révèle
malgré tout assez de la parole de Dieu pour réaliser
les desseins qu’il s’est fixés. Joseph Smith
résume les choses comme suit : « Grâce à
la bonté de notre Père, une partie de sa parole qu’il
a communiquée à ses saints d’autrefois est tombée
entre nos mains [et] nous est présentée avec la
promesse d’une récompense si nous y obéissons et
d’un châtiment si nous y désobéissons »
(EPJS, p. 46). Les saints des derniers jours ont continué à
faire confiance à l’exactitude générale
des textes bibliques tout en sachant que le texte peut ne pas
toujours être correct. Ainsi, ils étudient et vénèrent
la Bible, particulièrement dans le contexte d’autres
Écritures et de la révélation moderne, qui ont
beaucoup à dire à son sujet et sur la façon dont
elle doit être interprétée, et pendant qu’ils
étudient, ils méditent et prient pour recevoir
l’inspiration de Dieu et comprendre les messages de la Bible
tels qu’ils doivent être appliqués à leur
vie (cf. Mro. 10:3-5).
LA PREMIÈRE
PRÉSIDENCE APPROUVE LA LECTURE DE LA BIBLE. Chacun des
présidents de l’Église a encouragé les
saints des derniers jours à lire les Écritures et à
appliquer leurs enseignements à leur vie, comme les Écritures
nous le recommandent aussi (cf. 2 Ti. 3:16 ; 1 Né.
19:23). Exemple de cette importance accordée à la
Bible, en 1983, année déclarée « année
de la Bible » aux États-Unis, les membres de la
Première Présidence de l’Église ont publié
une déclaration énergique à l’appui de la
lecture et de l’application de la Bible : « Nous
recommandons à tous les hommes de partout la lecture, la
méditation et l’application quotidiennes des vérités
divines de la sainte Bible. » Elle a aussi proclamé
l’attitude de l’Église vis-à-vis de la
Bible en disant que « l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours accepte la sainte
Bible comme essentielle à la foi et à la doctrine »
et que l’Église tient à ce qu’on lise la
Bible et qu’on en devienne spécialiste comme le prouve
la publication d’une édition augmentée de la King
James Version. « De plus, ajoutait-elle, la sainte Bible
est chaque année le manuel des classes des adultes, des jeunes
et des enfants dans toute l’Église. »
Dans la même
déclaration, la Première Présidence met en
évidence le rôle et la valeur de la Bible dans la vie
des gens. Elle fait la réflexion que quand « on la
lit avec respect et dans l’esprit de la prière, la
sainte Bible devient un volume inestimable, convertissant l’âme
à la justice. Sa vertu principale est sa déclaration
que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, par qui le salut
éternel peut être donné à tous. »
Elle ajoute la promesse que « quand nous lisons
l’Écriture, nous profitons de ce qu’il y a de
mieux dans la littérature de ce monde » et elle
encourage tout le monde à « aller à la
source de la vérité en sondant les Écritures, en
les lisant chez nous et en enseignant à nos enfants ce que le
Seigneur a dit par l’intermédiaire des passages inspirés
et inspirants de la sainte Bible » (« Déclaration
de la Première Présidence », p. 3).
L’usage que font
les saints des derniers jours de la Bible diffère de la norme
judéo-chrétienne parce qu’elle n’est pas la
source unique d’autorité pour eux (voir Écritures :
Autorité des Écritures). Les saints interprètent
et comprennent la Bible par quatre moyens importants : (1) les
autres Écritures de l’Église qui enrichissent la
compréhension des enseignements bibliques et lui apportent un
contexte ; (2) les déclarations des prophètes et
des apôtres modernes sur la signification de certains passages
bibliques ; (3) la traduction de la Bible par Joseph Smith et
(4) la révélation personnelle par le don du
Saint-Esprit, qui améliore la compréhension des
Écritures. Les saints des derniers jours ne sont donc pas
laissés sans information sur la signification de beaucoup de
passages difficiles qui divisent le monde chrétien tout entier
depuis deux millénaires.
La vision que les saints
ont de la Bible est bien résumée dans la déclaration
de Heber J. Grant, septième président de l’Église,
qui a dit : « Ma vie durant, je n’ai cessé
de trouver de nouvelles preuves de ce que la Bible est le Livre des
livres et que le Livre de Mormon est le plus grand témoin de
la véracité de la Bible qui ait jamais été
publié » (IE 39, nov. 1936, p. 660).
Bibliographie
Anderson, Richard L.
Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
Arrington, Leonard.
Brigham Young : American Moses. New York, 1985.
Barlow, Philip L. mormons
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Ludlow, Daniel H. A
Companion to Your Study of the Old Testament. Salt Lake City, 1981.
Ludlow, Victor L.
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Ludlow, Victor L.
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Matthews, Robert J. A
Bible ! A Bible !. Salt Lake City, Utah, 1990.
McConkie, Bruce R. The
Mortal Messiah. Salt Lake City, 1979.
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Reynolds, Noel B. "The
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Salt Lake City, 1990.
Sperry, Sidney B. Paul’s
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Sperry, Sidney B. The
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Sperry, Sidney B. The
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Talmage, James E. Jésus
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Welch, John W. The Sermon
at the Temple and the Sermon on the Mount. Salt Lake City, 1990.
VICTOR L. LUDLOW
Bible :
Croyance des saints en la Bible
Auteur :
HEDENGREN, PAUL
L’Église
croit à la parole de Dieu contenue dans la Bible. Elle accepte
la Bible « comme le premier de ses livres canoniques, le
premier des livres qui ont été proclamés être
ses guides écrits en foi et en doctrine. Dans le respect sacré
que les saints des derniers jours ont pour la Bible, ils ont la même
position que les confessions chrétiennes en général »
(AF, éd. française, p. 291).
Les saints des derniers
jours chérissent la Bible pour plusieurs raisons. La Bible
présente les révélations de Dieu dans plusieurs
dispensations ou ères, chacune dirigée par des
prophètes. Ils lisent et suivent aussi la Bible pour la valeur
instructive et spirituelle des événements qu’elle
décrit. Bien qu’une partie de l’Ancien Testament
décrive la loi de Moïse dont les saints des derniers
jours croient qu’elle a été accomplie avec
l’expiation du Christ (3 Né. 9:17), néanmoins
les histoires, les commandements, les ordonnances, les proverbes et
les écrits prophétiques de l’Ancien Testament
expriment malgré tout les notions de base de la volonté
de Dieu à l’égard de ses enfants et de la façon
dont ils doivent agir envers lui.
Les saints des derniers
jours vénèrent le Nouveau Testament pour son récit
de la naissance, du ministère, de l’expiation et de la
résurrection du Sauveur, Jésus-Christ. Les
enseignements de Jésus dans le Nouveau Testament constituent
le cœur de la doctrine des saints et leur prééminence
apparaît clairement du fait qu’elles apparaissent
fréquemment dans d’autres ouvrages canoniques de
l’Église et dans les écrits et les discours des
saints.
Les écrits des
apôtres du Nouveau Testament sont acceptés et appréciés
pour leur doctrine et leurs conseils sages et inspirés et pour
leur mise en œuvre de la mission apostolique de proclamer
l’Évangile, d’adhérer aux enseignements
originaux du Christ, d’assurer l’unité de la foi
et de favoriser la justice des croyants dans une Église en
croissance rapide. Les saints des derniers jours trouvent aussi dans
plusieurs épîtres des premiers apôtres des
mentions de l’apostasie (voir Apostasie) qui a rendu nécessaire
le Rétablissement, avertissant les fidèles qu’ils
doivent rester ardents et actifs dans la foi et fidèles à
l’amour de Jésus-Christ.
Malgré leur
dévotion pour la Bible, les saints des derniers jours ne la
considèrent pas comme la source unique d’instruction
religieuse et de conseils personnels. Ils étudient également
les récits des relations de Dieu avec d’autres peuples
antiques comme ceux qui se trouvent dans le Livre de Mormon ainsi que
les enseignements du prophète Joseph Smith et des prophètes
et apôtres actuels (voir Doctrine et Alliances ; Autorités
générales ; Traduction de la Bible par Joseph
Smith [TJS] ; Perle de grand prix). Les saints des derniers
jours considèrent la révélation personnelle
comme la source suprême de l’homme pour comprendre
l’Écriture et connaître la volonté de Dieu.
Quand on les voit comme
harmonieuses entre elles, toutes ces sources se renforcent et
s’éclairent mutuellement et aident le lecteur moderne à
comprendre et à traduire correctement ces textes.
Les saints des derniers
jours croient tout ce que Dieu a révélé. Ils
cherchent à connaître et à appliquer la parole de
Dieu partout où elle a été révélée
en vérité et avec autorité. Ils croient que le
salut est en Jésus-Christ et pas dans une combinaison
quelconque de mots ou de livres. Ils croient en Dieu et en son Fils
Jésus-Christ, dont on peut connaître les paroles et les
voies par une vie d’étude des Écritures, de
service et de prière, et par révélation
personnelle par le pouvoir du Saint-Esprit.
Bibliographie
Matthews, Robert J. A
Bible ! A Bible ! Salt Lake City, 1990.
PAUL HEDENGREN
Bible :
La King James Version
Auteur :
OGDEN, D. KELLY
Dans les divers pays où
elle est installée, l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours utilise une traduction de la Bible dans
la langue locale. Dans les régions d’expression
anglaise, elle utilise la King James Version (ou Authorized Version)
(KJV), principalement parce que c’était le texte anglais
de base utilisé par le prophète Joseph Smith et parce
que les dirigeants suivants de l’Église ont approuvé
son utilisation. L’Église ne prétend pas que la
KJV est parfaite, mais elle est actuellement la version anglaise
préférée et elle a été utilisée
dans l’édition de 1979 et dans les impressions
ultérieures de l’édition de l’Église
de la Bible.
Les livres de la Bible
ont été écrits à l’origine en
hébreu, en araméen ou en grec. Il n’existe
aujourd’hui aucun manuscrit biblique original, mais ils ont été
copiés et traduits en beaucoup de langues dans l’Antiquité.
Beaucoup de papyrus et de parchemins anciens sont parvenus jusqu’à
nous. De nombreuses traductions modernes ont été faites
à partir de ces documents.
De 1604 à 1611,
cinquante-quatre savants ont travaillé pour créer la
KJV. Ce n’était pas la première traduction en
anglais. En 1382, John Wycliffe avait traduit la Bible à
partir de la Vulgate latine ; une édition révisée
avait été publiée en 1388. De 1523 à
1530, William Tyndale traduisit le Pentateuque de l’hébreu
et le Nouveau Testament du grec. Plus tard encore dans les années
1500, d’autres traductions apparurent, notamment la Bible
protestante de Genève en 1560 et la Bishop’s Bible en
1568. La première eut du succès auprès des laïcs
et la dernière auprès des évêques
protestants. La Bible catholique de Reims-Douai fut achevée en
1609 (l’Ancien Testament en 1582, le Nouveau Testament en 1609)
sur la base de la Vulgate latine.
Dans le but d’aplanir
les différends entre Anglicans et Puritains, le roi James
chargea un groupe de savants de créer une version de la Bible
dont l’utilisation serait autorisée dans les Églises
anglaises. Ils utilisèrent les meilleurs textes dont ils
disposaient, principalement « le texte reçu du
Nouveau Testament dans les éditions multilingues
(« polyglottes »), présentant les Ancien
et Nouveau Testaments en hébreu et en grec respectivement, et
d’autres langues. La lignée longue et respectée
des Bibles anglaises fut aussi diligemment comparée et
utilisée.
Le résultat,
c’est-à-dire la King James Version, fut publié en
1611. Diverses éditions de la KJV parurent tout au long des
années 1600, ce qui donna lieu à de nombreuses erreurs
d’impression. Les éditions de Cambridge (1762) et
d’Oxford (1769) présentaient un texte révisé,
une orthographe mise à jour, une ponctuation corrigée,
des italiques accrus et des notes marginales changées.
Beaucoup d’autres
versions anglaises ont paru, particulièrement à la
lumière de la découverte d’autres manuscrits
anciens en commençant par la première découverte,
en 1844, par Constantin von Tischendorf au monastère de sainte
Catherine dans la péninsule du Sinaï. Ces traductions ont
généralement essayé de rendre les textes
antiques dans le langage contemporain tout en reflétant,
autant que possible, la forme des manuscrits les plus anciens
disponibles.
Les saints des derniers
jours n’ont pas fait un usage intensif de ces autres
traductions. Beaucoup estiment que la vulgarisation tend à
diluer la nature sacrée de la Bible. Ils trouvent également
que les variantes textuelles antiques sont relativement
insignifiantes, ne changeant habituellement pas les messages
importants de la Bible, dont la plupart sont, de toutes façons,
corroborés ailleurs dans les Écritures modernes.
Bien que la KJV ait été
sa Bible anglaise, Joseph Smith ne la considérait pas comme
une traduction parfaite ou officielle ; c’est pourquoi il
étudia l’hébreu et entreprit la tâche de
faire une révision inspirée des Écritures. Il a
fait la réflexion qu’il préférait certains
aspects de la traduction de Martin Luther (HC 6:307, 364) et
plusieurs autres dirigeants de l’Église au XIXe siècle
ont souligné le besoin d’une plus grande exactitude et
de plus de vérité dans les traductions de la Bible.
Les dirigeants de
l’Église au XXe siècle ont donné diverses
raisons au maintien de l’utilisation de la KJV : c’était
la traduction courante utilisée dans le monde d’expression
anglaise à l’époque du Rétablissement ;
c’est sa terminologie que l’on retrouve dans tous les
ouvrages canoniques ; un grand nombre de passages du Livre de
Mormon, qui sont parallèles à ceux de la Bible, ont été
traduits dans le style anglais de la KJV ; la traduction de la
Bible par Joseph Smith (TJS) était basée sur la KJV,
90 % des versets n’ayant subi aucun changement. Tous les
prophètes modernes ont utilisé la KJV, et son emploi
dans toutes les publications de l’Église a permis de
standardiser les annotations et les index.
Beaucoup considèrent
la KJV comme un chef d’œuvre de la littérature
anglaise. Elle a été appelée « le
monument le plus noble de la prose anglaise » et elle est
certainement la plus influente ; ses traducteurs « ont
montré une grande sensibilité » et le
résultat était « destiné à une
influence et à un accueil extraordinaires »
(Speiser, p. lxxiii-iv). H. L. Mencken l’a louée comme
étant « probablement le plus bel écrit de
toute la littérature du monde » (Paine, p. viii).
La KJV est une traduction
relativement conservatrice. C’est généralement un
point fort, bien qu’elle rende parfois les choses de manière
obscure. De plus, sa langue est maintenant en partie archaïque
et grammaticalement incorrecte par rapport à l’usage
actuel et elle n’est pas logique dans l’orthographe des
noms dans l’Ancien et le Nouveau Testament (par exemple,
Isaiah/Esaias et Elijah/Elias). Des mots identiques dans les
Évangiles synoptiques sont parfois traduits différemment
et certaines fautes d’impression n’ont jamais été
corrigées (par exemple, dans Mt. 23:24, « strain at
a gnat » aurait dû être rendu par « strain
out a gnat »).
Néanmoins, après
avoir étudié plusieurs traductions anglaises modernes,
le Président J. Reuben Clark, fils, conseiller dans la
Première Présidence, a dit en 1956 que La KJV était
« la meilleure version à ce jour »
(Clark, p. 33). Par exemple, il estimait que les traducteurs de la
KJV avaient clairement dépeint Jésus comme étant
le Messie promis et comme Fils de Dieu et acceptait le don de
prophétie, la réalité des miracles et le
caractère unique de l’amour du Christ, alors que les
traductions modernes tendaient à favoriser les explications
naturalistes à l’action divine, préféraient
le mot « signe » à « miracle »
et utilisaient « amour » au lieu de « charité »
et « nommer » au lieu de « ordonner ».
Ses idées ont influencé la plupart des saints des
derniers jours. Bien entendu, toutes les traductions alternatives ne
souffrent pas des problèmes relevés par le président
Clark.
Bibliographie
Barlow, Philip L. mormons
and the Bible, p. 132-62. New York, 1990.
Bruce, F. F. History of
the Bible in English, 3e éd. New York, 1978.
Clark, J. Reuben, Jr. Why
the King James Version. Salt Lake City, 1956.
Daiches, David. The King
James Version of the English Bible. Chicago, 1941.
Metzger, Bruce M. The
Text of the New Testament. New York, 1968.
Paine, G. The Learned
Men, p. viii. New York, 1959.
Speiser, E. Genesis, p.
lxiii-iv. Garden City, N.Y., 1964.
D. KELLY OGDEN
Bible :
Édition de la Bible créée par l’Église
Auteur :
MORTIMER, WILLIAM JAMES
Une édition de la
King James Version de la Bible avec de nouvelles aides à
l’étude a été publiée en 1979 par
l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours après sept années de travail de la part des
dirigeants et des érudits de l’Église. Le but
était de rendre l’étude de la Bible plus
intéressante pour les membres de l’Église en
ajoutant des cartes, des diagrammes, des définitions, des
chapeaux de chapitre, des notes de bas de page et des références
croisées entre les quatre ouvrages canoniques et aussi de
fournir une édition unique de la Bible pour utilisation dans
le programme d’études de l’Église.
Ce projet commença
en 1972, vers le moment où l’étude des Écritures
devint le sujet principal du programme d’études des
adultes de l’Église. Précédemment, les
instructeurs de l’Église s’étaient
principalement appuyés sur des manuels de leçons
composés par des personnes ou des comités. Le travail
fut commandité par la Première Présidence, qui
créa un Comité des Aides à l’étude
de la Bible pour superviser le projet. Ce comité (appelé
plus tard Comité de publication des Écritures) se
composait au départ de Thomas S. Monson, Boyd K. Packer et
Marvin J. Ashton, du Collège des douze apôtres. Ashton
reçut plus tard une autre tâche et Bruce R. McConkie fut
nommé à sa place.
Le comité appela
des savants, des rédacteurs et des spécialistes en
publication de l’université Brigham Young, du
Département d’Éducation de l’Église
et de la Deseret Book Company pour élaborer des aides
orientées sur les saints des derniers jours pour permettre aux
lecteurs de mieux comprendre le texte de la King James. Dès
les premiers temps du projet, la Première Présidence
décida que le texte de la King James serait utilisé tel
quel. Il fut saisi dans une base de données avec le Livre de
Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Chaque
verset fut examiné et les sujets et les termes clefs furent
relevés. Des listages d’ordinateur furent créés,
qui comportaient de longues listes de correspondances possibles parmi
lesquelles on choisit les citations utiles. L’accent fut mis
sur les références du Livre de Mormon, des Doctrine et
Alliances et de la Perle de grand prix qui permettaient d’éclaircir
les passages de Bible ainsi que d’abondantes références
croisées à l’intérieur de la Bible. Elles
se retrouvent maintenant dans les notes de bas de page et dans le
Guide par sujet (un index détaillé des sujets et une
concordance modifiée). Un dictionnaire de la Bible, 24 pages
de cartes en couleur et un répertoire complet ont été
ajoutés. Le Dictionnaire de la Bible donne des explications
concises sur des sujets bibliques et ajoute souvent des détails
intéressants pour les saints des derniers jours. De brèves
explications de certains mots ou expressions hébraïques
et grecs furent également incluses comme notes de bas de page,
avec environ 600 passages de la Traduction de la Bible par Joseph
Smith (JST). Les sommaires au début de chaque chapitre de
cette édition de la King James donnent une idée du
contenu doctrinal et historique du chapitre d’un point de vue
mormon.
Le système de
notes de bas de page organise toutes les aides disponibles dans cette
édition de la Bible. Certaines éditions plus anciennes
de la Bible mettent les renvois dans une colonne centrale de la page,
mais ce format limite la quantité de données qu’on
peut y afficher. Un système souple de trois colonnes de notes
de bas de page a été conçu pour chaque page,
avec des appels de note (a, b, c, etc.) prévus verset par
verset selon les besoins. Les notes de bas de page contiennent des
références croisées à d’autres
Écritures, au Guide par sujet et au Dictionnaire de la Bible,
ainsi que des explications sur les idiomes grecs et hébreux et
d’autres éclaircissements.
Une fois que le travail
d’érudition et d’édition fut terminé
au début de 1978, la composition commença. La Cambridge
University Press à Cambridge (Angleterre) fut choisie pour la
composition, parce que cette presse, l’un des premiers
imprimeurs de la King James Version après sa publication en
1611, a été sans interruption occupée à
des publications de la Bible depuis les années 1500. Son
personnel expert joua un rôle d’une valeur inestimable
auprès des membres de l’Église qui travaillaient
avec eux à l’édition de l’exemplaire
destiné à la composition et à la préparation
des pages finales. La composition fut entièrement réalisée
en Monotype hot metal. Chaque page fut préparée de
telle manière que chaque note de bas de page se trouve sur la
même page que le verset auquel elle se rapporte. Pour répondre
aux besoins des programmes du Département d’Éducation
de l’Église, l’équipe s’imposa
septembre 1979 comme date limite pour la livraison des premiers
exemplaires de la Bible. La tâche redoutable de composer et de
paginer 2.423 pages de texte complexe fut menée à bien
en mai 1979 après quinze mois d’efforts intenses.
L’impression et la
reliure furent confiées à la University Press et à
la Publishers Book Bindery de Winchester (Massachusetts), qui
sous-traitèrent une partie du travail à la National
Bible Press à Philadelphie (Pennsylvanie). Ce qui au début
semblait être un délai de production irréalisable
fut accompli et les premiers exemplaires sortirent le 8 août
1979. Beaucoup de saints des derniers jours reconnurent la main de
Dieu dans la réalisation de cette publication monumentale.
Cette édition de
la King James Version de la Bible a renforcé l’intérêt
pour l’étude de la Bible dans toute l’Église.
Elle a permis aux membres d’avoir une compréhension et
une appréciation accrues et approfondies de la Bible en tant
que parole de Dieu. Elle a également démontré
que tous les ouvrages sacrés des saints des derniers jours se
recoupent de nombreuses manières de telle sorte qu’ils
se soutiennent et s’enrichissent mutuellement.
Bibliographie
Anderson, Lavina
Fielding. "Church Publishes First LDS Édition of the
Bible." Ensign 9 (Oct. 1979) :8-18.
Matthews, Robert J. "The
New Publications of the Standard Works-1979, 1981." BYU Studies
22 (Fall 1982) :387-424.
Mortimer, William James.
"The Coming Forth of the LDS Éditions of Scripture."
Ensign 13 (Aug. 1983) :35-41.
Packer, Boyd K.
"Scriptures." Ensign 12 (Nov. 1982) :51-53.
WILLIAM JAMES MORTIMER
Bible
– Érudition biblique
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers
jours acceptent l’érudition biblique et l’étude
intellectuelle de la Bible. Joseph Smith et ses associés ont
étudié le grec et l’hébreu et ont enseigné
que la connaissance religieuse s’obtient par l’étude
et aussi par la foi (D&A 88:118). Cependant, les saints des
derniers jours préfèrent utiliser l’érudition
biblique plutôt que d’être menés ou dominés
par elle.
Le prophète Joseph
Smith a proposé quelques paramètres généraux
pour l’étude critique de la Bible par les saints :
« Nous croyons que la Bible est la parole de Dieu dans la
mesure où elle est traduite correctement ; nous croyons
aussi que le Livre de Mormon est la parole de Dieu » (8e A
de F). Parce que les saints des derniers jours préfèrent
les prophètes aux savants comme guides spirituels, et
l’inspiration de l’Écriture et le Saint-Esprit au
raisonnement de textes secondaires, l’érudition biblique
joue un rôle plus restreint dans leur spiritualité que
dans certaines confessions.
Un principe de
fonctionnement fondamental des religions « révélées »
est que toute la vérité ne peut pas être
complètement découverte par la seule raison humaine.
Sans l’aide de Dieu, personne ne peut obtenir les données
essentielles, les perspectives convenables et les clefs
d’interprétation pour le connaître (voir Raison et
révélation). Parce qu’ils croient que leur
religion est révélée par les prophètes
vivants de Dieu, les saints des derniers jours subordonnent la raison
humaine à la vérité révélée.
Dans cet ordre d’idées,
les saints des derniers jours ont certaines affinités avec
l’érudition biblique conservatrice catholique et
évangélique contemporaine. Ils acceptent et utilisent
la plupart des résultats objectifs de l’érudition
biblique tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie,
tout en rejetant les thèses naturalistes de la discipline et
ses méthodes et ses théories plus subjectives. Dans les
cas où l’érudition biblique et la religion
révélée sont en conflit, les saints des derniers
jours s’en tiennent aux interprétations de la Bible qui
apparaissent dans les autres Écritures modernes et dans les
enseignements des prophètes actuels.
De ces observations
découlent trois principes de base pour le fonctionnement de
l’érudition biblique chez les saints des derniers
jours :
1. Les manières
d’aborder la Bible doivent accepter l’inspiration et la
révélation divines dans le texte biblique original :
il présente la parole de Dieu et n’est pas simplement
une production humaine. Par conséquent, toute méthodologie
critique qui ignore ou nie implicitement ou explicitement la
participation importante de Dieu au texte biblique est rejetée.
À de rares exceptions près, comme le Cantique des
Cantiques, que Joseph Smith considérait comme non inspiré
(cf. IE 18 mars 1915, p. 389), le texte ne doit pas être traité
d’une manière fondamentalement naturaliste. La
participation de Dieu est considérée comme importante
tant dans les événements eux-mêmes que dans le
processus de leur mise par écrit. Son activité est donc
l’un des effets avec lesquels il faut compter lors de
l’interprétation des événements et dans la
compréhension des textes qui les rapportent.
2. En dépit de
l’inspiration divine, le texte biblique n’est pas exempt
de l’influence du langage humain et n’est pas à
l’abri des influences négatives de son environnement
humain, et il n’y a aucune garantie que les révélations
données aux prophètes antiques aient été
parfaitement préservées (cf. 1 Né.
13:20-27). Ainsi, l’étude critique de la Bible est
justifiée pour expliquer les erreurs humaines dans la
formulation, la transmission, la traduction et l’interprétation
des documents antiques et proposer les corrections qui s’indiquent.
3. Ce genre d’érudition
critique, en plus de reconnaître les origines divines de la
Bible, doit, dans ses conclusions, tenir compte des enseignements du
Livre de Mormon et des autres révélations données
aux prophètes modernes dans les Doctrine et Alliances et la
Perle de grand prix, puisque pour les saints des derniers jours ces
sources ont non seulement la priorité sur les révélations
rapportées dans l’Antiquité (cf. D&A 5:10)
mais aident aussi à interpréter le texte biblique.
Les saints des derniers
jours insistent sur une herméneutique objective, c’est-à-dire
qu’ils affirment que le texte biblique a une signification
précise et objective et que l’intention de l’auteur
originel est à la fois importante et en grande partie
récupérable. Pour cette raison, les savants de
l’Église, comme d’autres conservateurs, se sont
orientés vers les outils plus objectifs de l’érudition
biblique, tels que la linguistique, l’histoire et l’archéologie
– tout en reconnaissant que ces outils eux-mêmes doivent
être évalués de manière critique –
et ont généralement évité les méthodes
plus subjectives de la critique littéraire.
Les commentateurs mormons
de la Bible les plus influents sont James E. Talmage, Bruce R.
McConkie, Sidney B. Sperry et Hugh W. Nibley, bien que l’œuvre
de Talmage ait été accomplie avant beaucoup de
découvertes importantes et que celle de McConkie se soucie
moins de faire de l’exégèse critique que de
comprendre le Nouveau Testament au sein de l’ensemble de la
doctrine de l’Église.
Bibliographie
Anderson, Richard L.
Understanding Paul. Salt Lake City, 1983.
McConkie, Bruce R.
Doctrinal New Testament Commentary, 3 vols. Salt Lake City,
1965-1973.
Nibley, Hugh W. Collected
Works of Hugh Nibley. Salt Lake City, 1986-.
Sperry, Sidney B. Paul’s
Life and Letters. Salt Lake City, 1955.
Sperry, Sidney B. The
Voice of Israel’s Prophets. Salt Lake City, 1961.
Sperry, Sidney B. The
Spirit of the Old Testament. Salt Lake City, 1970.
Talmage, James E. Jésus
le Christ. Salt Lake City, 1915.
STEPHEN E. ROBINSON
But
de la vie sur terre
Cette rubrique se compose
de deux articles : But de la vie sur terre : Perspective
des Saints – traite de la compréhension que les saints
ont du but de la vie. But de la vie sur terre : Perspective
comparative – contraste la compréhension des saints avec
celle des grandes religions du monde.
But
de la vie sur terre : Perspective des saints
Auteur :
BELL, JAMES P.
Les prophètes
modernes ont affirmé le but de la vie dans le cadre de trois
questions : (1) D’où venons-nous ? (2)
Pourquoi sommes-nous ici ? (3) Qu’est-ce qui nous attend
dans l’au-delà ? Le contexte scripturaire de ces
questions est l’assurance que l’âme est éternelle
et que la terre a été créée pour que la
famille de Dieu y habite.
Tous les hommes et femmes
ont vécu comme êtres d’esprit dans un état
prémortel et tous sont la postérité spirituelle
de Dieu (Abr. 3:21-22). Dans le monde en question, Dieu a enseigné
à toute sa famille ses plans et ses buts. « Lors de
la première organisation dans le ciel, nous étions tous
présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et
établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné »
(EPJS, p. 145). Tous les enfants d’esprit de Dieu ont acquis
divers degrés d’intelligence et de maturité. Ceux
qui ont volontairement souscrit aux conditions de la vie ici-bas ont
été incarnés et soumis à la lumière
du Christ « qui éclaire tout homme qui vient au
monde » (D&A 93:2). Pour que la vie terrestre puisse
être une épreuve, un voile d’oubli a été
tiré sur notre ancienne vie.
Dans la condition
mortelle, six buts au moins sont ouverts à l’humanité :
1. Recevoir un corps,
dont les expériences et la maturation, et la résurrection
permanente finale, sont essentielles au perfectionnement de l’âme.
« Nous sommes venus sur cette terre afin d’avoir un
corps et de le présenter pur devant Dieu dans le royaume
céleste » (EPJS, p. 145 ; voir Corps
physique ; Résurrection).
2. Progresser dans la
connaissance et développer des talents et des dons (voir
Intelligence). « Si vous voulez aller là où
est Dieu, vous devez être comme Dieu ou posséder les
principes que Dieu possède, car si nous ne nous approchons pas
de Dieu par le principe, nous nous éloignons de lui et nous
dirigeons vers le diable » (EPJS, p. 174).
3. Être mis à
l’épreuve. « Nous les mettrons ainsi à
l’épreuve, dit le livre d’Abraham, pour voir s’ils
feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur commandera »
(Abr. 3:25). Dans la condition mortelle, on connaît des
contrastes et des opposés – la santé et la
maladie, la joie et le chagrin, les bénédictions et les
problèmes – et on apprend ainsi à apprécier
le bien. « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les
hommes sont pour avoir la joie » (2 Né. 2:25).
Cette joie, comme B. H. Roberts, des soixante-dix, l’a écrit,
n’est possible que « si on a sondé les
profondeurs de l’âme, éprouvé toutes les
émotions dont l’esprit est capable, testé toutes
les qualités et toute la force de l’intellect »
(Roberts, p. 439 ; voir Joie ; Condition mortelle ;
Souffrance dans le monde).
4. Remplir et accomplir
les missions et les appels qui ont été donnés ou
préordonnés (voir Préordination ; Vie
prémortelle). Les saints des derniers jours disent souvent de
la vie terrestre qu’elle est un second état et font
allusion à la promesse donnée à et par
l’intermédiaire d’Abraham que « ceux
qui gardent leur second état [c.-à-d., réalisent
les buts de la condition mortelle] recevront plus de gloire sur leur
tête pour toujours et à jamais » (Abr. 3:26).
5. Exercer le libre
arbitre sans souvenir de l’existence prémortelle et donc
« marcher par la foi » et voir « renouvelées
et confirmées les réalités prévues dans
le monde d’esprit » (voir Libre arbitre ; Foi
en Jésus-Christ).
6. Poser les fondements
de relations familiales éternelles, d’abord comme fils
et filles, puis comme pères et mères. La famille unie
est l’épitomé de la vie accomplie et sainte (voir
Mariage : Mariage éternel).
La vie à venir est
le prolongement et l’accomplissement du séjour sur
terre : entrer et vivre pour toujours en la présence de
Dieu. Mais la mise à l’épreuve ne finit pas avec
la mort. Pas plus que les occasions d’entendre, accepter et
appliquer les vérités et les pouvoirs du Christ. En
effet, Joseph Smith a enseigné que même pour les
fidèles, « il n’est pas question de saisir
tout cela dans ce monde ; ce sera une grande œuvre que
d’apprendre notre salut et notre exaltation même au-delà
de la tombe » (EPJS, p. 282). Il a ajouté que quand
l’esprit est séparé du corps, le processus est
quelque peu freiné, d’où l’importance
d’utiliser, pour la rédemption, le temps tandis que l’on
est dans la condition mortelle et la folie de remettre à plus
tard son repentir et son renouvellement.
Dans tout cela, la
continuité de la vie précédente avec celle-ci et
ensuite de cette vie avec la prochaine est clairement enseignée.
La tendance de beaucoup de religions, orientales et occidentales, à
diviser la vie en deux mondes et à affirmer qu’ils sont
absolument distincts et différents est inversée. La vie
est changement, transformation et exaltation. La condition mortelle
est une répétition générale en vue du
prochain monde. Là, la lumière, la gloire et la
domination seront conférées dans leur plénitude
à ceux qui ont accompli les paroles de la vie éternelle
dans ce monde et sont donc préparés pour la vie
éternelle dans le monde à venir.
Bibliographie
Roberts, B. H. "Modern
Revelation Challenges Wisdom of Ages to Produce More Comprehensive
Conception of the Philosophy of Life." Liahona the Elders’
Journal 20, 8 mai 1923, p. 433-439.
JAMES P. BELL
But
de la vie sur terre : Perspective comparative
Auteurs :
SMITH, HUSTON et PETERSON, DANIEL C.
Les religions ont
tendance à présenter la vie comme ayant un sens quand
elle se conforme à un plan cosmique, un plan qui est soit
intentionnellement institué par Dieu soit est le fait d’un
cosmos qui est divin d’origine. Pour les saints des derniers
jours, l’Écriture tout entière parle d’un
cosmos dont l’ordre est voulu par Dieu. Dans ce contexte, les
Écritures modernes soulignent les thèmes entremêlés
de l’importance cruciale du corps physique, des épreuves,
de l’expérience de l’opposition, du caractère
éternel de la famille et de la vision de la joie et de la
gloire à l’image de Dieu (voir But de la vie sur terre :
Perspective des Saints).
Les autres conceptions
vont dans deux directions. Pour certains, s’il n’y a pas
de Dieu et si le sort ultime de toute vie humaine est l’annihilation
personnelle, la vie n’a pas de sens. C’est la position,
par exemple, d’Arthur Schopenhauer. Les existentialistes, qui
affirment, de manière générale, que les humains
créent leur propre sens dans un univers athée et
objectivement absurde, prennent une position semblable. D’autres,
notamment certains naturalistes et humanistes, soutiennent que la vie
est valable même si les prétentions des religions au
surnaturel sont fausses. Les marxistes, par exemple, affirment qu’une
société calculée, sinon un cosmos ayant un sens,
émerge comme une entité objective sous l’action
des processus inexorables de l’histoire.
Certains penseurs
affirment que la vie a un sens même si ce sens est enveloppé
de mystère. L’hédonisme affirme que l’on ne
peut pas répondre aux questions sur le sens ultime des choses
et que par conséquent il faut les ignorer et plutôt
calculer un maximum de plaisir et un minimum de souffrance. Le
confucianisme a tendance à ne pas aborder cette question. Il
affirme l’existence d’un ordre spirituel qui est
antérieur et supérieur à l’ordre social,
mais se concentre sur les questions relatives aux choses de ce bas
monde. Beaucoup de versions du judaïsme adoptent la même
approche, croyant que la vie à venir est secondaire par
rapport à la tâche de créer et de maintenir une
communauté sanctifiée dans ce monde et d’envisager
un jour où, pour employer les termes d’une prière
hébraïque vénérable, « le monde
sera rendu parfait sous le règne du Tout-Puissant ».
Les saints des derniers
jours voient la vie comme un processus en trois étapes :
une existence prémortelle, mortelle et postmortelle. Toutes
les étapes sont essentielles à l’épanouissement
et au perfectionnement de soi, ce qui est l’œuvre et la
gloire de Dieu. On peut caractériser le processus comme étant
à la fois de ce monde et hors du monde (voir Dieu le Père :
Œuvre et gloire de Dieu ; Condition mortelle ;
Préexistence (Existence préterrestre) ;
Résurrection).
Le « mythe de
la caverne » de Platon dépeint la condition humaine
comme un asservissement à de fausses croyances et à des
illusions que le vrai philosophe vise à dépasser. Dans
le Phédon, Socrate dit que le philosophe « est sans
cesse occupé à poursuivre la mort et à mourir ».
Le sage aspire à la séparation de son âme et de
son corps, à l’absence de maladie, de fatigue et des
tromperies des sens et à sa libération dans un monde de
contemplation intuitive. Le gnosticisme, un mouvement apparenté
au platonisme, avait la notion de la chute et de l’ascension
espérée d’une âme divine, mais niait
fréquemment le caractère bon de l’univers
physique et de la Divinité qui l’avait fait. Au XIIIe
siècle, Thomas d’Aquin a proposé l’énoncé
classique de la position catholique que le but le plus élevé
de l’homme, même dans ce monde matériel, est « la
vie contemplative », qui sera rendue parfaite après
la mort. Le bonheur des saints consistera en une « vision »
intellectuelle de l’essence divine, pas une vision des yeux,
mais une vision de l’esprit. Les Écritures modernes
affirment à la fois la vie de l’intelligence, définie
comme la lumière et la vérité, et la rédemption
de l’âme, définie comme étant l’esprit
et le corps. Le but de la vie n’est pas l’évasion
mais la transformation – de l’homme, de la communauté
et du cosmos.
Dans les grandes
traditions religieuses de l’Asie orientale et méridionale,
Dieu (ou les dieux) a parfois un rôle marginal. L’hindouisme
enseigne que le désir humain le plus profond est l’infinité,
l’existence, la connaissance et la joie sans fin. On doit donc
rechercher le « mukti », la libération
d’avec la finitude et les limitations qui semblent être
l’état normal de l’humanité. Le mot
« semblent » est crucial parce que l’hindouisme
insiste sur le fait que derrière les personnalités
individuelles et finies se trouve l’Atman-Brahman, la Divinité
elle-même. Les hommes et les femmes sont déjà
infinis ; la libération consiste simplement – bien
que ce ne soit pas aussi simple ! –¬ à
reconnaître ce fait. Le bouddhisme, sorti du terreau hindou et
souvent considéré comme une sorte de réforme de
la religion plus ancienne, confirme essentiellement ce diagnostic de
la condition humaine, bien que ses formes non théistes
diffèrent dans la manière dont il explique la nature
humaine. Le Bouddha (le titre vient d’un mot signifiant en gros
« être illuminé ») disait que le
problème humain fondamental est le désir d’être
séparé et que le but de la vie est l’extinction
de ce désir, permettant ainsi aux hommes et aux femmes de
surmonter, dans cette vie ou une série de vies, les désirs
égoïstes qui sont la source principale de leurs
souffrances et de leur misère. La pensée mormone
rejette et la réincarnation et la théorie de la
souffrance humaine comme illusoires (voir Réincarnation ;
Souffrance dans le monde).
La notion que le but de
la vie est la libération de l’âme n’est pas
étrangère aux religions de la tradition abrahamique,
notamment celle des saints des derniers jours, bien qu’elle ne
soit pour ainsi dire jamais devenue le paradigme dominant.
L’affirmation des Écritures hébraïques que
Dieu a déclaré le cosmos matériel « bon »
est restée la norme. Pour cette raison, entre autres, les
pensées chrétienne, musulmane et juive traditionnelles
s’accordent pour considérer que le Dieu infiniment bon
est directement responsable de la situation générale
dans laquelle les êtres humains se trouvent. Mais aucune
tradition ne souligne plus que celle des saints que chaque être
humain s’est « soumis volontairement »
aux conditions de la vie ici-bas (EPJS, p. 262 ; cf. D&A
93:30-31 ; voir aussi Théodicée). Les saints des
derniers jours s’accordent de même pour dire que l’union
finale avec Dieu n’implique aucune perte de l’identité
individuelle finie, mais plutôt une relation avec lui.
L’opinion
chrétienne généralement acceptée est
exprimée par le Westminster Shorter Catechism de 1647, qui
déclare que « le but principal de l’homme est
de glorifier Dieu et de jouir de lui pour toujours ». Dieu
nous a créés pour acquérir de la gloire, ce qui
n’était pas de la vanité de sa part puisqu’il
mérite entièrement cette gloire au contraire des êtres
humains – et récompensera ceux qu’il sauve en les
faisant jouir de sa présence. On peut comparer ceci à
la position de la tradition islamique qui attribue à Dieu les
mots : « J’étais un trésor caché
mais je souhaitais être connu, c’est pourquoi j’ai
créé le monde. » Le but des êtres
humains dans l’islam est donc de se soumettre (aslama) à
la volonté de Dieu et de le glorifier par leurs actes. Le
judaïsme et l’islam sont étroitement apparentés
dans l’accent qu’ils mettent sur la loi et la bonne
conduite et dans leur déclaration que l’obéissance
aux commandements de Dieu est le but de la vie. Toutefois le judaïsme
diffère de l’islam dans sa croyance que la gamme
complète des commandements divins (mitzvoth) n’incombe
qu’aux juifs, les non-juifs n’étant soumis qu’aux
quelques « préceptes noachiques » de
base. Par contre, l’islam insiste sur le fait que les exigences
de Dieu sont identiques pour tous les êtres humains. « Je
n’ai créé les djinns et les hommes, dit Allah
dans le Coran, que pour m’adorer. »
Certains penseurs
protestants ont affirmé que les êtres humains existent
pour manifester les attributs divins, pour incarner dans leur propre
vie imparfaite quelque chose de la gloire de Dieu. On trouve une idée
semblable dans la déclaration du catéchisme catholique
de Baltimore que « Dieu nous a faits pour montrer sa bonté
et pour partager avec nous son bonheur éternel au ciel ».
Les Écritures modernes affirment que Dieu partagera non
seulement ses dons et son état béni mais aussi sa
nature divine (voir Déification, Premiers chrétiens).
Mais les formes catholiques et protestantes de christianisme
s’éloignent l’une de l’autre ; pour la
première, les objectifs de Dieu pour l’humanité
se réalisent idéalement dans une vie de culte
sacramentel et liturgique, tandis que la dernière met l’accent
sur l’acceptation de la grâce gratuite du Christ. Les
saints des derniers jours affirment qu’une vie de sainteté
est impossible sans accès à la grâce du Christ,
l’obéissance librement consentie aux alliances, lois et
ordonnances divinement données dans lesquelles l’expiation
et la grâce du Christ se manifestent et ensuite le don de soi
par une consécration totale comme disciple.
Bibliographie
Palmer, Spencer J. et
Roger R. Keller. Religions of the World : A Latter-day Saint
View. Provo, Utah, 1989.
Romney, Thomas C. World
Religions in the Light of Mormonism. Independence, Mo., 1946.
DANIEL C. PETERSON
HUSTON SMITH
C
Catholicisme
et Mormonisme
Auteurs :
BENNEY, ALFRED et KELLER, ROGER R.
Les catholicismes romain
et orthodoxe sont basés sur la même tradition
théologique. Ils se ressemblent du point de vue doctrinal et
ont des enseignements qui diffèrent du mormonisme.
DIEU. Les Églises
catholique et orthodoxe croient que Dieu est le Créateur de
l'univers et que Dieu est trinitaire, que les personnes du Père,
du Fils et du Saint-Esprit existent simultanément en une seule
nature divine. Pour sa part, la doctrine des saints des derniers
jours est trithéiste ; elle est subordinationiste. Le
Fils est subordonné au Père et le Saint-Esprit « est
envoyé par la volonté du Père par
l’intermédiaire de Jésus-Christ, son Fils ».
Les deux traditions catholiques enseignent que Dieu est un mystère
qui se révèle lui-même et dont la manifestation
parfaite est en Jésus-Christ, qui est présent dans le
monde dans l'Église. Les saints des derniers jours affirment
que Jésus-Christ a une nature distincte et est une entité
séparée du Père, et que de même que
Jésus-Christ était et est visible, incarné et
glorifié, de même en est-il du Père (voir
Doctrine : Enseignements distinctifs).
LE CHRIST. Selon la
croyance catholique, Jésus est né d'une vierge et est
« le Fils incarné de Dieu ». À la
fois Dieu et homme, il est le « Sauveur du monde ».
Pour des saints des derniers jours, le Christ n'était pas,
n'est pas maintenant et ne sera jamais uni ni en nature ni en
substance au Père. Son unité avec le Père est
spirituelle en objectif et en volonté. Jésus, dans la
croyance des saints, est le Fils unique du Père dans la chair.
Il est entré dans la condition mortelle, sujet à
progression, et a accompli la volonté du Père comme
modèle, sauveur et médiateur. Il n'a obtenu tout
pouvoir sur terre et dans les cieux que quand il a reçu la
plénitude de la gloire du Père (voir Divinité).
L’EXPIATION. Dans
les deux traditions catholiques, l’expiation du Christ permet
d'accéder à la grâce salvatrice. La
mort-résurrection du Christ est l'événement
sauveur et la croix, le symbole du salut. Pour les saints des
derniers jours, l'expiation de Jésus-Christ a été
une descente au-dessous de toutes choses afin de l’élever
au-dessus de tout. Il a souffert « selon la chair »
parce qu’il n’aurait pu d’aucune autre façon
connaître l'angoisse du péché et de l’état
du pécheur, donner l’exemple de l'amour rédempteur
et réconcilier la justice et la miséricorde.
L'Expiation réunit l'homme à Dieu par la sanctification
et la résurrection. Tout ce que le Christ a reçu du
Père, l’homme peut le recevoir du Père par le
Christ. Cette transformation est apparentée à la
conception que l’Église orthodoxe a de la théose.
Le but de l’appartenance à l’Église est de
devenir, par le Christ, l'image et la ressemblance de Dieu (voir
Expiation de Jésus-Christ ; Déification chez les
premiers chrétiens).
AUTORITÉ. Les
catholiques croient que Jésus a accordé son autorité
pastorale à Pierre, qui est ainsi devenu le premier « Vicaire
du Christ » et chef de l'Église et que cette
autorité d’enseigner et de sanctifier a été
transmise dans une succession ininterrompue dans l'institution de la
Papauté. L'Église orthodoxe considère que Pierre
était le premier d’entre des égaux, par
conséquent les patriarches ont une autorité égale.
Ils attribuent également une autorité spéciale
aux sept premiers conseils œcuméniques. Les saints des
derniers jours croient que Pierre détenait les clefs de
l'autorité apostolique, qui avaient également été
conférées aux douze apôtres. Les pouvoirs de la
prêtrise ne sont pas indélébiles mais
inséparablement liés à la justice. La perte des
clefs complètes de la prêtrise fut due à
l’absence de transmission. Leur réapparition aujourd’hui
s’est faite sous les mains de Pierre, Jacques et Jean (voir
Prêtrise d'Aaron : Rétablissement). Tout homme
digne dans l'Église doit recevoir l'ordination à la
prêtrise avec l'autorité d’accomplir des
ordonnances salvatrices et tout père doit fonctionner comme
patriarche de sa famille.
ÉCRITURE. Pour les
catholiques et les orthodoxes, l'Ancien et le Nouveau Testament sont
« la source inépuisable de la foi chrétienne ».
Le canon est fermé. Pour les saints des derniers jours, le
canon reste ouvert. L'Écriture est le réceptacle des
paroles des prophètes prononcées sous l'inspiration. Il
n'y a pas de révélation finale. La révélation
est permanente. Ni les Écritures ni la théologie
naturelle ne remplacent « les oracles vivants »
(voir Expérience religieuse ; Révélation ;
Écriture).
ÉGLISE. Le
catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe voient dans l'Église
une « communion des saints ». Le Saint-Esprit
anime l'Église par la grâce, en lui donnant le pouvoir
de continuer l’œuvre du Christ dans l'histoire. C'est une
communauté de salut où l’on prêche
l'Évangile et où l’on reçoit les
sacrements. Les saints des derniers jours croient que le
rétablissement de la prêtrise supérieure s’est
accompagné de trois éléments perdus par l'Église
du Nouveau Testament : (1) la structure organisationnelle et les
offices qui s’y rapportent, dont un collège de douze
apôtres ; (2) l'esprit de prophétie et tous les
dons spirituels et (3) le temple avec ses ordonnances et ses
pratiques essentielles (voir Dons de l'Esprit ;
Organisation ;
Temples). Les catholiques affirment que la grâce est centrée
sur le don gratuit de Dieu offert par l’intermédiaire du
Christ dans les sacrements et est infusée à l'âme.
Le baptême est essentiel au salut. Tous les sacrements sont les
moyens nécessaires pour obtenir la grâce requise pour le
salut. Les rites ou les ordonnances mormons sont des processus de
nouvelle naissance spirituelle dans lesquels les pouvoirs du divin se
manifestent. Tout le monde les reçoit et toutes les
ordonnances sont essentielles au salut, depuis le baptême
jusqu’aux ordonnances supérieures du temple. Leur
efficacité exige les formes appropriées, l'autorité
de personnes ordonnées dans la prêtrise et la foi et le
repentir de la personne. Il y a des degrés de salut et la
plénitude du salut ou exaltation exige la totalité des
ordonnances (voir Baptême ; Confirmation ; Dotation ;
Ordonnances du temple).
EUCHARISTIE. Pour les
deux traditions catholiques, l'eucharistie est un sacrement dans
lequel le corps et le sang réels de Jésus sont
physiquement présents, c'est-à-dire, la réalité
salvatrice du Seigneur. L'acte liturgique de consécration est
un vrai sacrifice dans lequel, par transsubstantiation, les éléments
du pain et du vin deviennent le corps et le sang du Christ. Les
orthodoxes associent le geste du prêtre dans cette liturgie à
la vénération pour les icônes, qui représentent
leur prototype, qui est le Christ. Les saints des derniers jours
voient dans la Sainte-Cène le souvenir du corps et du sang du
Christ. La sanctification vient de l'Esprit et se produit chez les
bénéficiaires qui se présentent le cœur
brisé et l’esprit contrit (voir Sainte-Cène).
MARIAGE ET FAMILLE. Bien
que le catholicisme romain et le catholicisme orthodoxe considèrent
le célibat comme un idéal spirituel, le mariage est un
sacrement accompagné de grâce qui symbolise le lien
entre le Christ et l'Église. Pour les catholiques c'est un
contrat pour toute la vie et ils ne permettent pas le divorce. Les
saints des derniers jours enseignent que la glorification éternelle
de la famille et de la communauté des familles dans l'Église
est la possibilité spirituelle la plus élevée
qui soit. De même que le grand prêtre qui officiait dans
le temple autrefois était marié et que les apôtres
étaient mariés, de même aujourd'hui le mariage
est une ordonnance supérieure que les autres préparent.
Le renforcement et l'amour de la famille de l'homme, qui est en fin
de compte la famille de Dieu, est l’œuvre et la gloire
propres à une vie de sainteté. Une fois scellées
et sanctifiées par l'autorité de la prêtrise, les
alliances, les relations et les devoirs de la condition de parents
continuent dans l’autre monde (voir Célibat ;
Mariage : Mariage éternel).
Tout en honorant Marie,
les saints des derniers jours n'ont aucun équivalent de la
doctrine de l’immaculée conception, de la virginité
perpétuelle ni de l'assomption de Marie, ni de la vénération
orthodoxe des icônes. Il y a d'autres enseignements des saints
qui diffèrent profondément de l'enseignement catholique
traditionnel : une modification de la compréhension
classique de l'omnipotence et de l'omniprésence de Dieu,
l'existence prémortelle des esprits de toute l'humanité,
l'affirmation que l'esprit est une matière raffinée, la
Chute comme quelque chose de planifié, de volontaire et
d’essentiel à la progression de l'âme au milieu
des contrastes et de l'opposition, la dénégation du
péché originel et le refus du baptême des petits
enfants, la nature universelle de l'alliance abrahamique et le
remplacement de la distinction ciel-enfer par l'enseignement des
degrés de gloire dans la résurrection.
Bibliographie
Florovsky, Georges.
Bible, Church, Tradition : An Eastern Orthodox View. Belmont,
Mass., 1972.
McBrien, Richard P.
Catholicism, Study Edition. San Francisco, 1981.
McManners, John, dir. de
publ. The Oxford Illustrated History of Christianity. New York, 1990.
Patrinacos, Rev. Nicon D.
A Dictionary of Greek Orthodoxy. Pleasantville, N.Y., 1984.
Rahner, Karl, et Herbert
Vorgrimler. Dictionary of Theology. New York, 1981.
ALFRED BENNEY
ROGER R. KELLER
Chasteté,
loi de
Auteur :
CHRISTENSEN, BRYCE J.
Dans la loi de chasteté,
le Seigneur commande la retenue dans l’exercice des pouvoirs
sexuels et procréateurs du corps. Comme révélé
dans l’Écriture, cette loi interdit tous rapports
sexuels en dehors du mariage. Les autorités de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours condamnent
également les actes sexuels pervers ou coercitifs dans le
mariage.
« Tu ne
commettras point d’adultère » déclare
le Seigneur dans le Décalogue (Ex. 20:14). Ailleurs dans
l’Écriture, il interdit la fornication, l’homosexualité,
l’inceste et la bestialité (Ex. 22:16 ; Lé.
18:6-23). Enseignant dans l’Ancien et le Nouveau Monde, Jésus
a dénoncé l’impudicité en pensée
comme dans les actes (Mt. 5:27-28 ; 3 Né. 12:27-28).
Le Seigneur affirme dans le Livre de Mormon qu’il se
« réjoui[t] de la chasteté des femmes »,
condamnant l’infidélité des maris comme étant
une offense à l’égard des femmes et des enfants
(Jcb. 2:28 ; 31-35). Le prophète Abinadi condamne les
prêtres du roi Noé pour relations avec des prostituées
et pour refus de vivre et d’enseigner la loi de Moïse qui
interdit l’adultère (Mos. 12:29 ; 13:22). Alma
l’Ancien enseigne à son fils, Corianton, que le péché
sexuel est « extrêmement abominabl[e] par-dessus
tous les péchés, si ce n’est l’effusion du
sang innocent ou le reniement du Saint-Esprit » (Alma
39:5). Mormon déplore la dégénérescence
totale des soldats qui violent les prisonnières, leur
ravissant « ce qu’elles avaient de plus cher et de
plus précieux, la chasteté et la vertu »
(Mro. 9:9).
Dans la révélation
moderne, les dirigeants de l’Église sont tenus
d’excommunier les adultères s’ils refusent de se
repentir. Les Doctrine et Alliances condamnent les désirs
adultères comme étant un reniement de la foi,
disqualifiant les coupables de la compagnie de l’Esprit (D&A
42:23-26 ; 63:16). Le prophète Joseph Smith a vu en
vision que les adultères et les fornicateurs non repentants
seront avec les menteurs et les sorciers dans le royaume téleste
(D&A 76:103).
Les dirigeants de
l’Église ont à maintes reprises insisté
sur l’obéissance à la loi de chasteté.
Dans une déclaration officielle en 1942, la Première
Présidence a promis « les exaltations des
éternités » à ceux qui restent
chastes, déplorant l’immoralité sexuelle,
destructrice des personnes et des nations. « La doctrine
de l’Église, a-t-elle dit, est que le péché
sexuel – les relations sexuelles illicites entre hommes et
femmes – ne le cède, dans son énormité,
qu’au meurtre. Le Seigneur n’a fait aucune distinction
essentielle entre la fornication, l’adultère et la
fréquentation des prostituées ou la prostitution.
Chacun est tombé sous sa condamnation solennelle et terrible »
(CR 112, oct. 1942, p. 10-12). Les violations sexuelles profanent ce
qui est saint, notamment les pouvoirs de procréation qui nous
sont donnés par Dieu, la sainteté de la vie, du mariage
et de la famille. David O. McKay a dit que la chasteté est
« la partie la plus essentielle des fondements d’un
mariage heureux et… la source de la force et de la
perpétuation du genre humain » (CR 137, avr. 1967,
p. 8). Les dirigeants de l’Église ne reconnaissent
qu’une seule règle de chasteté pour les hommes et
les femmes. Parlant en 1980, Spencer W. Kimball a affirmé :
« La chasteté totale avant le mariage et la
fidélité totale après sont toujours la norme
dont on ne peut s’écarter sans qu’il y ait péché,
malheur et chagrin » (CR 150, oct. 1980, p. 4).
La loi de chasteté
s’applique non seulement au comportement mais également
à l’habillement, à la parole et à la
pensée. Il est recommandé aux saints des derniers jours
de s’habiller de manière pudique, d’utiliser un
langage digne en parlant des fonctions corporelles et de cultiver des
pensées vertueuses. En conséquence, ils doivent éviter
tout ce qui est pornographique dans la littérature, le cinéma,
la télévision et la conversation. Bien que beaucoup en
dehors de l’Église considèrent la masturbation
comme normale, les dirigeants de l’Église enseignent que
la pratique est mauvaise, qu’elle alimente des appétits
vils et peut mener à d’autres comportements pécheurs.
De même, les couples non mariés qui se livrent à
des caresses intimes violent la loi de chasteté et stimulent
des pulsions qui peuvent mener à d’autres péchés.
La chasteté
favorise la paix et la confiance personnelles (voir D&A 121:45).
Parlant expressément de l’impudicité, Alma écrit
que « la méchanceté n’a jamais été
le bonheur » (Alma 41:10). L’Église enseigne
que ceux qui se rendent coupables d’infidélité
perdent l’Esprit du Seigneur et attirent sur eux-mêmes et
leur famille la jalousie, le chagrin, la colère et la
méfiance.
Les personnes coupables
d’impudicité peuvent recevoir le pardon par un repentir
complet. Parce que l’impudicité viole les vœux du
baptême et les vœux explicites du temple, les coupables
pénitents doivent confesser ce genre de péché à
leur évêque, leur président de branche ou tout
autre dirigeant compétent de l’Église. Après
avoir examiné la transgression dans l’esprit de la
prière, le dirigeant de l’Église peut –
particulièrement dans les cas d’adultère, de
fornication ou d’homosexualité – réunir une
commission disciplinaire pour aider le transgresseur par le repentir
et pour protéger l’intégrité de l’Église.
Selon l’offense et la maturité spirituelle du
contrevenant, la commission disciplinaire peut excommunier,
disqualifier, mettre à l’épreuve ou acquitter la
personne.
Les commissions
disciplinaires exigent habituellement des transgresseurs qu’ils
demandent pardon aux personnes qu’ils ont entraînées
dans le péché sexuel et aux conjoints trahis par
l’infidélité. Les transgresseurs doivent aussi
demander pardon à Dieu en réformant leur vie, en
abandonnant les actes et les pensées impudiques. Dieu promet
qu’il ne se rappellera pas les péchés de ceux qui
se repentent entièrement (És. 1:18 ; D&A
58:42-43). Cependant, la récidive peut faire revenir le poids
de l’ancien péché (D&A 82:7) et avoir des
conséquences plus graves (D&A 42:26).
Vivre la loi de chasteté
n’est pas synonyme d’ascétisme. Il s’agit
plutôt de « tenir toutes [s]es passions en bride,
afin d'être rempli d'amour » (Alma 38:12). Dans le
mariage, l’intimité physique renforce le lien voulu par
Dieu entre le mari et la femme. En protégeant l’âme
contre l’esprit charnel, la chasteté sauvegarde les
joies du mariage dans cette vie et l’exaltation dans la vie à
venir. Seuls ceux qui sont moralement purs peuvent entrer dans le
temple, où les saints des derniers jours font solennellement
alliance de rester chastes de manière à pouvoir
recevoir la plus grande bénédiction de Dieu, la vie
éternelle (D&A 14:7). En recevant les ordonnances du
temple et en restant dignes, le mari et la femme peuvent accéder
à une union parfaite scellée par le Saint-Esprit de
promesse, réalisant ainsi un mariage qui dure au-delà
de la tombe, ayant en bénédiction une progéniture
d’esprit dans les éternités (D&A 132:19 ;
cf. 131:1-4).
Bibliographie
Benson, Ezra Taft. The
Teachings of Ezra Taft Benson, p. 277-86. Salt Lake City, 1988.
Kimball, Spencer W. The
Miracle of Forgiveness, p. 61-89. Salt Lake City, 1969.
McKay, David O. Gospel
Ideals, p. 458-76. Salt Lake City, 1953.
BRYCE J. CHRISTENSEN
Chrétiens
et christianisme
Auteur :
KELLER, ROGER R.
L’origine du mot
« chrétien » dans le Vieux Monde est
obscure. Il a probablement été utilisé pour la
première fois par les païens d’Antioche pour
désigner ceux qui suivaient le Christ. Cependant, vers la fin
du premier siècle apr. J.-C., c’était un mot que
les membres de l’Église acceptaient pour parler
d’eux-mêmes comme le montrent les écrits d’Ignace
(v. 35-v. 107 apr. J.-C.). Le mot est utilisé trois fois dans
le Nouveau Testament (Ac. 11:26 ; 26:28 ; 1 Pi. 4:16).
Dans le Nouveau Monde (le
monde du Livre de Mormon), il y avait un terme semblable pour
désigner les membres de l’Église (Mos. 18:12-17 ;
Al. 46:13-16 ; 48:10). « Chrétien »
désignait ceux qui étaient « de vrais
croyants au Christ » et qui étaient « heureux
de prendre sur eux le nom du Christ, ou de chrétiens comme on
les appelait, à cause de leur croyance au Christ qui allait
venir » (Al. 46:15). Ici le terme « chrétien »
désignait ceux qui croyaient que le Christ viendrait, et pas
seulement, comme dans le Nouveau Testament, ceux qui croyaient qu’il
était venu.
Le terme d’abord
utilisé par les chrétiens du Vieux Monde pour se
désigner fut sans doute le mot grec haguioï, signifiant
les « saints ». Les saints des derniers jours
ont adopté cette désignation du Nouveau Testament (Ac.
9:13 ; 32, 41 ; Ro. 1:7 ; 1 Co. 1:2 ; Ph. 1:1).
On retrouve cette terminologie dans le Livre de Mormon (1 Né.
13:5, 9 ; 14:12, 14 ; 2 Né. 9:18-19 ; Mrm.
8:23 ; Mro. 8:26), les Doctrine et Alliances (1:36 ;
84:2 ;
88:114 ; 104:15) et la Perle de grand prix (Moï. 7:56).
L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours ne se considère
pas comme une confession chrétienne de plus, mais plutôt
comme le rétablissement par Dieu, dans les derniers jours, de
la plénitude de la foi et de la pratique chrétiennes.
C’est ainsi que, dès les tout premiers temps, les
chrétiens saints des derniers jours ont cherché à
se distinguer des chrétiens d’autres traditions. Ils
considèrent que les autres formes de christianisme, quoique
contenant beaucoup de vérité et faisant beaucoup de
bien sous la direction du Saint-Esprit, sont incomplètes,
dépourvues de l’autorité de la prêtrise de
Dieu, des ordonnances du temple, de la compréhension complète
du plan du salut et de la compréhension non paradoxale de la
Divinité. Par conséquent, la désignation
« saint » reflète l’attachement à
l’Église du Nouveau Testament et indique également
une différence par rapport au christianisme catholique,
orthodoxe et protestant dans la dispensation actuelle.
En réponse à
cela, et pour diverses autres raisons, certains chrétiens
catholiques, orthodoxes et protestants ont été
réticents à appliquer le terme « chrétien »
aux saints des derniers jours. L’une de ces raisons est que
ceux-ci affirment que c’est dans l’Église que se
trouve la seule ligne d’autorité établie par
Dieu. Si cette autorité divine n’a pas été
transmise après la mort des premiers apôtres, la
Sainte-Cène, les ordinations, les formulations de croyance et
les structures ecclésiastiques des autres groupes chrétiens
sont dépourvues de la sanction divine. Pour beaucoup de
chrétiens traditionnels, cette prise de position place les
saints des derniers jours en dehors de la famille chrétienne
telle que définie par certaines confessions de foi et
ordonnances admises.
De plus, les saints des
derniers jours affirment que Dieu a parlé et s’est
manifesté non seulement aux personnes des temps bibliques,
mais également au peuple du Livre de Mormon, et qu’il
continue à parler aujourd’hui à son peuple par la
révélation. C’est ainsi qu’ils ne sont pas
toujours considérés comme des « chrétiens
bibliques » quand ce terme exige la croyance que le canon
de l’Écriture est complet dans la Bible. Pour les
mormons, Dieu est toujours le Dieu de la révélation
continue, ce qui signifie que les credo ne sont pas définitifs.
Il n’est pas de confession, ni même l’ensemble des
confessions, qui puisse englober complètement le dynamisme de
Dieu. Il faut l’écouter et ses paroles doivent être
mises par écrit pendant qu’il continue à nous
guider divinement par la révélation. Par conséquent,
le canon des saints des derniers jours est ouvert ; les Doctrine
et Alliances deviennent un réceptacle officiel et ouvert pour
les révélations qui affectent toute l’Église ;
et des révélations continuent à être
données aux prophètes, aux voyants et aux révélateurs
vivants de l’Église, pour être communiquées
aux membres.
Les saints des derniers
jours considèrent que les chrétiens, au sens le plus
large du terme, sont ceux qui basent leurs croyances sur les
enseignements de Jésus et qui ont une relation personnelle
avec lui. Selon cette définition, ils reconnaissent les
catholiques romains, les catholiques orthodoxes, les protestants et
les saints des derniers jours comme chrétiens, étant
bien entendu que le christianisme des saints des derniers jours est
la plénitude rétablie de l’Évangile du
Christ. La vie des saints des derniers jours est leur affirmation de
leur foi chrétienne. Comme l’a dit Brigham Young :
« Si nous ne sommes pas à l’image du Christ
nous ne sommes pas chrétiens » (Watson).
Le christianisme
traditionnel subordonne souvent la qualité de chrétien
à l’acceptation de certaines croyances et de certains
dogmes. Comme les saints des derniers jours n’acceptent pas
certains dogmes extra-scripturaires, en particulier ceux qui portent
la marque philosophique d’un enseignement chrétien
ultérieur au Nouveau Testament, certains, dans d’autres
Églises, estiment que les saints des derniers jours ne peuvent
pas être chrétiens. Ils ne sont pas « orthodoxes »
dans ce sens. Mais pour les mormons, les croyances correctes
(orthodoxie) et les comportements corrects (orthopraxie) sont ceux
qui sont conformes à la volonté révélée
du Seigneur. Certains des malentendus entre les communautés
traditionnelles et les saints des derniers jours relèvent du
point de savoir si, pour être chrétien, l’on doit
d’abord croire aux dogmes traditionnels pour mener « une
vie chrétienne correcte ».
Il y a, dans le Livre de
Mormon, une définition qui décrit bien le christianisme
des saints des derniers jours : « Et nous parlons du
Christ, nous nous réjouissons dans le Christ, nous prêchons
le Christ, nous prophétisons concernant le Christ, et nous
écrivons selon nos prophéties, afin que nos enfants
sachent vers quelle source ils peuvent se tourner pour obtenir la
rémission de leurs péchés » (2 Né.
25:26). Le Christ et son sacrifice expiatoire sont, depuis le
commencement, le message de base de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le Christ a été
le message central de tous les prophètes et apôtres
modernes. Ils savent que les prophètes de l’Ancien
Testament ont prévu sa venue, que les apôtres du Nouveau
Testament l’ont prêché et ont témoigné
de lui, que les prophètes du Livre de Mormon l’ont
annoncé, et les Doctrine et Alliances présentent sa
parole à notre génération. Jésus-Christ
est le Seigneur vivant de l’Église. Hors de lui il n’y
a pas de salut.
Le président
Kimball a déclaré : « Il ne peut y
avoir de christianisme réel et vrai, même avec de bonnes
œuvres, que si nous sommes profondément, intimement
convaincus que Jésus-Christ est véritablement le Fils
unique du Père qui nous a achetés dans le grand acte de
l’Expiation » (Kimball, p. 68). Il a également
exprimé l’espoir que tout le monde finira par se rendre
compte que chaque prière, chaque cantique, chaque sermon chez
les saints a le Seigneur Jésus-Christ pour élément
central. « Nous sommes de vrais disciples de Jésus-Christ
et nous espérons que le monde arrivera finalement à la
conclusion que, s’il y a des chrétiens dans le monde,
c’est bien nous » (Kimball, p. 434).
Bibliographie
Gealy, F. D. "Christian."
In The Interpreter's Dictionary of the Bible, Vol. 1, p. 571-572.
Nashville, Tenn., 1962.
Grundmann, Walter.
"Chiro." Theological Dictionary of the New Testament, Vol.
9, p. 27-580. Grand Rapids, Mich., 1964-1974.
Kimball, Edward L., dir.
de publ. The Teachings of Spencer W. Kimball. Salt Lake City, 1982.
Watson, Eldon J., comp.
Brigham Young Addresses, Vol. 4, p. 5 pour le 14 juillet 1861. Non
publié, mars 1980.
ROGER R. KELLER
Collège
des douze apôtres
Auteur :
NELSON, WILLIAM O.
Douze hommes ordonnés
à l’office d’apôtre dans la Prêtrise
de Melchisédek constituent le Collège des douze
apôtres, le deuxième collège président
dans le gouvernement de l'Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours. Le premier collège président
est la Première Présidence, trois grands prêtres
qui ont généralement été apôtres,
qui détiennent toutes les clefs (autorité) concernant
les affaires spirituelles et temporelles de l'Église. Les
Douze exercent leurs fonctions sous la direction de la Première
Présidence. Les saints des derniers jours soutiennent ces
quinze hommes comme prophètes, voyants et révélateurs
pour l'Église, qui reçoivent « une dotation
spirituelle spéciale en rapport avec l’enseignement
qu’ils donnent au peuple…. Les autres Autorités
générales ne reçoivent pas cette Dotation et
cette autorité spirituelles spéciales couvrant leur
enseignement » (J. Reuben Clark, Jr., Church News, 31
juillet 1954, p. 9).
Plusieurs titres
désignent le groupe des douze apôtres : Collège
des Douze, Conseil des Douze ou simplement les Douze. La désignation
Collège des Douze est le titre scripturaire et le nom officiel
utilisé par la Première Présidence quand elle
présente les Douze aux membres de l'Église pour leur
vote de soutien. La désignation Conseil des Douze est
couramment utilisée dans les publications de l’Église
et lorsque l’on communique avec des personnes d'autres cultes
religieux.
HISTOIRE. Les premiers
membres du Collège des Douze dans les temps modernes ont été
ordonnés le 14 février 1835. Ce type de collège
a ses racines dans le précédent du Nouveau Testament
(Mt. 10:1) et dans la révélation moderne (D&A
18:26-39). Après l'expédition du Camp de Sion de 1834,
le prophète Joseph Smith convoqua en 1835 ceux qui avaient
participé et révéla que « c'était
la volonté de Dieu que ceux qui étaient allés en
Sion, bien décidés à donner leur vie…
fussent ordonnés au ministère » (HC 2:182).
Il dit alors aux Trois Témoins du Livre de Mormon (Oliver
Cowdery, David Whitmer et Martin Harris) de choisir dans l'esprit de
la prière les Douze conformément à une
révélation précédente (D&A 18:37). La
Présidence imposa ensuite les mains aux Trois Témoins,
leur donnant le pouvoir de faire le choix (HC 2:186-87). Furent
choisis : Thomas B. Marsh, David W. Patten, Brigham Young, Heber
C. Kimball, Orson Hyde, William E. McLellin, Parley P. Pratt, Luke S.
Johnson, William B. Smith, Orson Pratt, John F. Boynton et Lyman E.
Johnson. Ces douze hommes furent ensuite ordonnés apôtres
par les Trois Témoins et reçurent les clefs relatives à
leur saint appel. La Première Présidence leur fit aussi
l’imposition des mains et confirma ces bénédictions
et ces ordinations (T&S 2, 15 avr. 1845, p. 868). Oliver Cowdery
donna ensuite aux Douze la mission de « prêcher
l'Évangile à toutes les nations » (HC
2:195).
Un mois plus tard, les
Douze, qui se préparaient à prêcher, demandèrent
encore d'autres instructions divines. La réponse fut une
révélation qui définissait leurs fonctions et
celles du collège récemment formé des
soixante-dix (voir D&A 107:21-39). Les fonctions premières
du Collège des Douze sont d'être « les
témoins spéciaux du nom du Christ dans le monde
entier » « officie[r] au nom du Seigneur, sous
la direction de la présidence de l'Église »
« pour édifier l'Église et en régler
toutes les affaires » et « ouvrir la porte [de
toutes les nations] par la proclamation de l'Évangile de
Jésus-Christ » (D&A 107:23, 33, 35 ; cf.
112:16-21 ; 124:128).
Joseph Smith chargea les
membres du Collège des Douze de gérer les branches
dispersées de l'Église. Plus tard, il les envoya en
mission de prosélytisme dans des pays étrangers. En
1840-1841, neuf des Douze firent une mission spéciale dans les
îles Britanniques. Quand ils quittèrent la
Grande-Bretagne après douze mois, plus de quatre mille
personnes étaient devenues membres de l’Église.
Ces neuf frères jetèrent aussi les bases d’un
programme continu d’émigration des saints britanniques
convertis vers l’Amérique (voir Îles Britanniques,
l'Église dans les ; Mission des Douze dans les îles
Britanniques.)
Le succès
missionnaire en Grande-Bretagne unit les membres des Douze en un
collège soudé sous la direction du président du
collège, Brigham Young, nommé le 19 janvier 1841. Quand
ils retournèrent au siège de l’Église à
Nauvoo (Illinois), Joseph Smith étendit leurs devoirs à
la gestion des affaires du pieu là-bas.
Vers la fin mars 1844,
Joseph Smith conféra au Collège des Douze toutes les
ordonnances, clefs et autorité qu'il possédait.
Décrivant cet événement, Wilford Woodruff dit
que Joseph Smith « a vécu jusqu'à ce que
chaque clef, pouvoir et principe de la sainte prêtrise aient
été scellés sur les Douze et sur le président
Young en tant que leur président. » Il cite ensuite
l'explication et l'injonction du prophète aux Douze :
« J'ai vécu jusqu'à ce que j'aie vu ce
fardeau, qui reposait sur mes épaules, passer sur celles
d'autres hommes… les clefs du royaume sont plantées sur
la terre pour ne plus jamais être enlevées… À
vous d’arrondir les épaules pour emporter le royaume.
Peu importe ce qu’il advient de moi » (JD 13:164).
Après que des
émeutiers eurent assassiné Joseph Smith, le 27 juin
1844, et que la Première Présidence eut été
dissoute, l'Église affronta pour la première fois la
question de la succession à la présidence. La confusion
qui en résulta fut résolue quand le Collège des
Douze, second collège président, s’avança
et fut soutenu pour succéder à la Première
Présidence. De juin 1844 à décembre 1847, les
Douze gouvernèrent l'Église sous la direction de leur
président, Brigham Young. En leur qualité de collège
président, ils publièrent, en 1845, une proclamation
aux rois du monde et au président des États-Unis
d'Amérique (voir Proclamations de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres). Le
président Young fut soutenu, le 5 décembre 1847, comme
président de l'Église par les Douze et par les saints
réunis en conférence le 27 décembre 1847.
Cette transition dans la
direction de l’Église a créé le précédent
et l’ordre qui ont été suivis lors de toutes les
réorganisations ultérieures de la Première
Présidence. À la mort d'un président de
l’Église, la Première Présidence est
dissoute et le Collège des Douze devient le conseil président
de l'Église. Le président des Douze, qui est le doyen
des apôtres sur la terre, devient l’officier président
de l'Église et le reste jusqu'à ce qu'une nouvelle
Première Présidence soit organisée.
Un événement
d’une grande importance pour les Douze se produisit à la
fin du mandat du président Lorenzo Snow en 1901. Pendant plus
de cinq décennies jusque là, les Douze avaient passé
moins de temps à porter l'Évangile aux autres nations à
cause de la nécessité de présider les saints au
pays. En outre, les poursuites engagées par le gouvernement
des États-Unis contre les polygames avaient contraint certains
d'entre eux à l'exil. Peu avant la conférence générale
d'octobre 1901, le président Snow rappela aux Douze que les
Écritures leur imposaient le devoir de prêcher
l'Évangile au monde entier ; il ne suffisait pas de
présider les pieux (Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p.
689-690.)
À la session
finale de cette conférence, le président Snow définit
les devoirs des apôtres, des soixante-dix, des grands prêtres
et des anciens. Les Douze devaient « s'occuper des
intérêts du monde » (CR oct. 1901, p. 61). Le
président Snow décéda quatre jours après
la conférence, mais les Douze avaient reconnu l'importance de
ses instructions. Joseph F. Smith, président du Collège,
écrivit : « Nous acceptons ce que [le
président Snow a dit] sur les devoirs des Douze… comme
étant la parole que le Seigneur nous adresse à tous »
(Juvenile Instructor 36, nov. 1901, p. 690). En conséquence,
les Douze renouvelèrent leur effort missionnaire
international. Depuis cette époque, sur directive de la
Première Présidence, les Douze ont consacré
beaucoup de pays à la prédication de l'Évangile
et continuent à superviser l'œuvre missionnaire dans
toute l'Église.
NOMINATION. Un membre de
Collège des Douze est choisi par la Première
Présidence, qui peut envisager plusieurs candidats. La
présidence choisit alors une personne par révélation
et l'appelle au poste. Ceci implique essentiellement les mêmes
principes que le choix de Matthias pour remplir la vacance laissée
par la mort de Judas Iscariot (Ac. 1:15-26).
Quand une nouvelle
nomination au Collège doit être annoncée
(habituellement à une conférence générale),
un membre de la Première Présidence présente les
noms des Autorités générales, dont le nouvel
apôtre, et des autres dirigeants généraux de
l'Église qui doivent être soutenus par les membres de
l’Église. Le soutien respecte le principe du
consentement commun (D&A 26:2).
Après que les
membres de l'Église ont soutenu la personne nouvellement
appelée, la Première Présidence et le Collège
des Douze l'ordonnent à l’office d'apôtre et lui
donnent toutes les clefs du saint apostolat. Ce sont les mêmes
clefs que Jésus-Christ a conférées aux Douze
qu’il a appelés à l’époque du
Nouveau Testament et également les mêmes clefs remises
par Pierre, Jacques et Jean à Joseph Smith et à Oliver
Cowdery dans notre dispensation. Les clefs données au nouvel
apôtre comprennent l'autorité de prêcher
l'Évangile dans le monde entier et de sceller sur terre des
ordonnances qui seront scellées éternellement (Mt.
16:19 ; 28:19-20 ; Jn. 20:22-23).
Les appels au Collège
des Douze sont à vie. La date à laquelle une personne
devient membre du collège (habituellement celle de son soutien
en tant qu'apôtre) situe son ancienneté dans le Collège.
Celle-ci détermine qui sera le prochain président de
l'Église, car cet office passe au doyen des apôtres. Cet
ordre divinement révélé désigne l'apôtre
le plus expérimenté comme futur président et
empêche toute lutte pour le pouvoir ou le poste (voir
Succession à la présidence).
DEVOIRS. Conformément
aux révélations antérieures, les Douze
d’aujourd'hui sont chargés d’ouvrir les nations du
monde à la prédication de l'Évangile (D&A
107:35). Par désignation de la Première Présidence,
les membres des Douze rencontrent les chefs d'État pour
obtenir la permission officielle pour que l'Église enseigne
l'Évangile conformément aux lois de ces pays.
Quand ils agissent sous
la direction de la Première Présidence, les Douze ont
l'autorité pour recevoir la révélation pour
leurs tâches, qui comprennent la supervision des soixante-dix,
celle des pieux et la formation des dirigeants (D&A 107:33).
Toutefois, seul le président de l'Église a le droit et
l'autorité de recevoir la révélation pour toute
l'Église (D&A 28:2-3).
Les membres des Douze
font partie de comités créés par la Première
Présidence et d’autres au sein du Collège. Les
tâches au sein des comités font l’objet d’une
rotation périodique.
Le Collège des
Douze dirige le travail des soixante-dix. Les Douze doivent
« faire
appel, avant tous autres, aux Soixante-dix, lorsqu'il[s ont] besoin
d'aide » (D&A 107:38). Les présidents des
collèges des soixante-dix font rapport aux Douze.
Les Douze se réunissent
dans le temple de Salt Lake City, habituellement chaque semaine, pour
traiter toutes les affaires qui réclament une décision
du Collège. Une fois ces décisions prises, celui-ci les
défère normalement à ses réunions avec la
Première Présidence. Ces deux corps constituent
ensemble le Conseil de la Première Présidence et des
douze apôtres. Ce conseil prend les décisions finales
sur tous les sujets qui affectent l'Église, notamment les
nouveaux appels de dirigeants de l’Église, la fixation
des règles, des marches à suivre et des programmes, la
création, la division et la réorganisation des missions
et des pieux. Les collèges de la prêtrise de l’Église
s’efforcent de parvenir à l'unanimité dans leurs
décisions, comme le demande la révélation (D&A
107:27). Le Collège des Douze ne prend aucune mesure tant
qu’un consensus n’est pas atteint. Le président
des Douze reporte habituellement le sujet pour un nouvel examen.
L'unanimité dans les collèges présidents de
l'Église donne aux membres l’assurance que « la
voix unie de la Première Présidence et des Douze »
« n’égarera jamais les saints ni n’enverra
au monde des instructions contraires à la volonté du
Seigneur » (Joseph Fielding Smith, Ensign 2, juillet 1972,
p. 88).
La Première
Présidence charge les membres des Douze et les autres
Autorités générales de parler aux conférences
générales semestrielles de l'Église, mais ne
leur impose normalement pas de sujet. Les membres de la Première
Présidence et les Douze parlent à chaque conférence
générale ; les autres Autorités générales
parlent périodiquement quand elles sont désignées.
Les membres de l'Église considèrent les messages de la
Première Présidence et des Douze comme inspirés
(D&A 68:4).
Chaque pieu a des
conférences semestrielles de pieu. Une Autorité
générale préside habituellement l’une de
ces conférences par an sur désignation par le président
du Collège des Douze. À cause du nombre considérable
et croissant des pieux, les membres des Douze ne sont généralement
désignés pour assister aux conférences de pieu
que pour organiser de nouveaux pieux, pour diviser les pieux
existants ou pour réorganiser des présidences de pieu.
Le président du
Collège charge aussi les membres du Collège d’assister
aux conférences là où plusieurs pieux se
réunissent ensemble. Ces conférences multirégionales
donnent aux membres de l’Église l’occasion de voir
et entendre plus souvent les membres de la Première Présidence
et des Douze.
Les membres des Douze
sont les « témoins spéciaux » du
nom de Jésus-Christ dans le monde entier ; ils possèdent
la connaissance, par révélation, de la résurrection
littérale du Christ et celle qu'il dirige les affaires de son
Église aujourd'hui. Cette conviction commune unit les Douze
dans un lien d'unité et d'amour.
Bibliographie
Allen, James B., et
Malcolm R. Thorp. « The Mission of the Twelve to England,
1840-41: Mormon Apostles and the Working Classes. » BYU
Studies 15, été 1975, p. 499-526.
Esplin, Ronald K., « The
Emergence of Brigham Young and the Twelve to Mormon Leadership,
1830-1841 », p. 427-512. Thèse de Doctorat,
université Brigham Young, 1981.
Larsen, Dean L. « Apostle
and Prophet : Divine Priesthood Callings. »
Priesthood, p. 38-47. Salt Lake City, 1981.
McConkie, Bruce R.
“Succession in Presidency.” Church News, 23 mars 1974, p.
7-9.
Smith, Joseph Fielding.
“The Holy Apostleship.” DS, vol. 3, p. 144-159.
Id. “The Twelve
Apostles.” IE 59, nov. 1956, p. 786-788.
Id. “The First
Presidency and the Council of the Twelve.” IE 69, nov. 1966, p.
977-979.
Talbot, Wilburn D. “The
Duties and Responsibilities of the Apostles of The Church of Jesus
Christ of Latter-day Saints, 1835-1945.” Thèse de
doctorat, université Brigham Young, 1978.
WILLIAM O. NELSON
Commandements
Auteur :
COONS, DIX S.
Les saints des derniers
jours croient que les commandements sont des directives divines pour
une vie juste, qu’ils apportent le bonheur et des bénédictions
spirituelles et temporelles et qu’ils font partie de la manière
de Dieu de racheter ses enfants et de les doter de la vie éternelle.
Par conséquent, les commandements constituent non seulement
une épreuve de la foi, de l’obéissance et de
l’amour pour Dieu et pour Jésus-Christ mais également
une occasion d’éprouver l’amour de Dieu et de la
joie dans cette vie et dans la vie à venir. Les commandements
sont donnés par révélation directement de la
part de la Divinité ou par ses prophètes. Les comptes
rendus de ces révélations se trouvent dans les
Écritures, qui comprennent la Bible, le Livre de Mormon, les
Doctrine et Alliances, et la Perle de grand prix.
Le 6 avril 1830, lors de
l’organisation de l’Église, Joseph Smith fut
désigné comme voyant, traducteur, prophète,
apôtre et ancien. À cette occasion, le Seigneur dit à
l’Église : « Vous prêterez
l’oreille à toutes ses paroles [de Joseph Smith] et à
tous les commandements qu’il vous donnera à mesure qu’il
les reçoit, marchant en toute sainteté devant moi. Car
vous recevrez sa parole, en toute patience et avec une foi absolue,
comme si elle sortait de ma propre bouche » (D&A
21:4-5 ; cf. D&A 1:37-38 ; 5:10 ; 68:34). Sur la
base de ces instructions, les membres de l’Église
acceptent les instructions justes de ceux qui sont autorisés
par Dieu comme des commandements faisant force de loi sur l’Église
et sur les personnes.
En 1831, le Seigneur
redit à l’Église le « premier et
grand » commandement (cf. Mt. 22:37-38) : « C’est
pourquoi, je leur donne un commandement qui dit ceci : Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de tout ton
pouvoir, de tout ton esprit et de toute ta force ; et tu le
serviras au nom de Jésus-Christ » (D&A 59:5).
Cette répétition fut suivie des injonctions divines
précédemment données de ne pas voler, ne pas
commettre d’adultère ni de tuer (D&A 59:6).
Dans les Doctrine et
Alliances, la section 42, que le Seigneur appelle la « loi
de l’Église » (D&A 42:2, 59), les versets
19-27 réaffirment beaucoup d’instructions qui se
trouvent dans les dix commandements. Ces commandements de base ont
été réitérés lors de dispensations
ou ères successives, essentiellement sous la même forme
(Ex. 20:3-17 ; De. 5:6-21 ; Mos. 12:34-36 ; D&A
42:19-27 ; cf. Mt. 5:17-48).
À l’époque
de l’Ancien Testament, comme l’accent était mis
sur l’interdiction de certains actes extérieurs, on
insistait apparemment davantage sur les conséquences de la
désobéissance que sur la rédemption spirituelle
et physique par l’obéissance (voir Loi de Moïse).
Le Nouveau Testament et le Livre de Mormon mettent au contraire
l’accent sur le processus purificateur de l’obéissance.
Le Christ a bien dit que les commandements devaient concerner non
seulement les actes des hommes et des femmes mais également
leurs pensées et leurs mobiles. Dans le sermon sur la
montagne, il oppose l’ancienne loi et la nouvelle. Par exemple,
il définit le fait de regarder une femme avec convoitise dans
le cœur comme un type d’adultère (Mt. 5:28). Se
mettre en colère contre son prochain, c’est se mettre en
danger du jugement (Mt. 5:21-22). Plutôt que de chercher
vengeance et l’ « oeil pour oeil », les
disciples de Jésus doivent tendre l’autre joue et faire
le deuxième mille (Mt. 5:38-42). Pour résumer la
nouvelle loi, le Christ dit : « Vous avez appris
qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain,
et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis : Aimez vos
ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à
ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent
et qui vous persécutent… Soyez donc parfaits, comme
votre Père céleste est parfait » (Mt.
5:43-44, 48 ; cf. 3 Né. 12:43-48).
Aux auditeurs du
continent américain qui avaient survécu à la
destruction de 34 apr. J.-C., le Christ ressuscité a expliqué
le rapport entre la loi et l’Évangile : « Ne
croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes ;
je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. Car, je vous le
dis en vérité, pas un seul iota, pas un seul trait de
lettre n’est passé de la loi, mais en moi elle a été
toute accomplie. Et voici, je vous ai donné la loi et les
commandements de mon Père, afin que vous croyiez en moi, et
que vous vous repentiez de vos péchés et veniez à
moi, le cœur brisé et l’esprit contrit. Voici,
vous avez les commandements devant vous, et la loi est accomplie »
(3 Né. 12:17-19). La nouvelle loi du Christ exige
clairement que ce ne soient pas seulement les actes extérieurs
mais également les pensées et les sentiments intérieurs
qui se conforment à l’esprit de la loi (cf. Al.
12:12-14 ; D&A 88:109).
Dans l’Église
d’aujourd’hui, le Seigneur a souligné que parmi
ses commandements il y a la responsabilité de l’individu
de se gérer personnellement : « Car voici, il
n’est pas convenable que je commande en tout, car celui qu’il
faut contraindre en tout est un serviteur paresseux et sans
sagesse ;
c’est pourquoi il ne reçoit pas de récompense. En
vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer avec
zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de
leur plein gré et produire beaucoup de justice. Car ils ont en
eux le pouvoir d’agir par eux-mêmes » (D&A
58:26-28). Quand la « loi de l’Église »
fut donnée en 1831 (D&A 42), cette responsabilité
individuelle fut également soulignée : « Tu
aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t’attacheras à
elle et à personne d’autre » (42:22), et « Tu
ne médiras pas de ton prochain et tu ne lui feras aucun tort »
(42:27). Plus tard, le Seigneur dit : « Tu aimeras
ton prochain comme toi-même. Tu ne déroberas pas et tu
ne commettras pas d’adultère, ni ne tueras, ni ne feras
rien de semblable » (D&A 59:6). Il est évident
que Dieu exige que l’on soit conscient de son libre arbitre et
accorde effectivement à chacun le pouvoir de se diriger. Quand
on vit en accord avec les commandements et que l’on devient de
ce fait plus sensible aux chuchotements du Saint-Esprit, les
observances extérieures deviennent moins importantes et l’on
accorde plutôt son attention à la perfection des pensées
et des mobiles.
C’est ainsi que les
saints des derniers jours trouvent l’épanouissement et
le bonheur dans l’obéissance non seulement à des
commandements spécifiques tels que la Parole de Sagesse (D&A
89) et la loi de la dîme (D&A 119) mais également
aux recommandations que les dirigeants inspirés font lors des
conférences de l’Église et dans les sources
écrites approuvées telles que les publications
officielles de l’Église.
Bibliographie
Richards, Stephen L.
"Keep the Commandments." IE 52, mai 1949, p. 273, 345-348.
Sill, Sterling W. "Keep
the Commandments." Ensign 3, janv. 1973, p. 82-83.
DIX S. COONS
Confirmation
Auteur :
Craven, Rulon G.
La
confirmation dans l'Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est une
ordonnance sacrée essentielle au salut. Cette ordonnance suit
le baptême par immersion pour la rémission des péchés
et n'est efficace que par la foi au Seigneur Jésus-Christ et
le repentir. Elle est conférée par l’imposition
des mains par des hommes ayant l'autorité, dont l'un accomplit
l'ordonnance et bénit le candidat. C’est de cette façon
qu’on devient membre de l'Église et que l’on
reçoit le don du Saint-Esprit (Actes 2:37-38;19:1-7). Le
baptême et la confirmation sont pour les personnes qui ont au
moins huit ans, l'âge de responsabilité (D&A
68:25-27).
La pratique de l'ordonnance de
la confirmation est attestée
dans les Écritures à l'époque du Nouveau
Testament. Lorsqu’ils allèrent à Samarie et y
trouvèrent des disciples qui avaient reçu le baptême
d’eau de Jean, Pierre et Jean « leur imposèrent
les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit » (Actes
8:17; voir aussi les versets 14-22).
La confirmation ne peut être
faite que par ceux qui
détiennent la Prêtrise de Melchisédek. Le Livre
de Mormon rapporte que Jésus « toucha, un par un,
de la main les disciples qu'il avait choisis, jusqu'à ce qu'il
les eût touchés tous, et leur parla tandis qu’il
les touchait. [Ainsi] il leur donna le pouvoir de donner le
Saint-Esprit » (3 Né 18:36-37 ; Mro. 2:1-3).
Les Doctrine et Alliances spécifient : « Quiconque
aura la foi, vous le confirmerez dans mon Église par
l'imposition des mains, et je lui conférerai le don du
Saint-Esprit » (D&A 33:15).
L'ordonnance de la
confirmation est habituellement accomplie
lors du service de baptême ou lors d’un service de
Sainte-Cène. Un ou plusieurs détenteurs de la Prêtrise
de Melchisédek posent les mains sur la tête du nouveau
baptisé et le porte-parole, appelant la personne par son nom,
dit quelque chose comme : « Au nom de Jésus-Christ
et par l'autorité de la sainte Prêtrise de Melchisédek,
je vous confirme membre de l'Église de Jésus-Christ des
Saints des Derniers Jours et je vous dis : ‘Recevez le
Saint-Esprit.’ » Il donne ensuite les bénédictions
que lui inspire l’Esprit du Seigneur, invoquant les conseils
divins, prononçant des paroles de réconfort, des
exhortations, des instructions ou des promesses. Il est souvent
rappelé aux initiés que, grâce à ce don,
ils discerneront le bien du mal et que l'Esprit les éclairera
en chemin.
La réception du don du
Saint-Esprit peut ou peut ne pas
être manifeste immédiatement, bien que le droit de
recevoir ce don soit conféré à la confirmation.
L'exhortation à recevoir le Saint-Esprit implique qu’il
faut vivre de manière à être réceptif aux
lumières de l'Esprit. Joseph Smith a enseigné :
« Nul ne peut recevoir le Saint-Esprit sans recevoir des
révélations. Le Saint-Esprit est un révélateur »
(EPJS, p. 265). On est de même exhorté à
rechercher avec ferveur les dons spirituels (1 Co. 12:1-11, 31; D&A
46:9-26) et « les fruits de l'Esprit »,
notamment l'amour, la joie, la paix et la patience (Ga. 5 ; Mro.
7:45-48).
Les Écritures appellent
parfois l'influence sanctifiante
du Saint-Esprit le « baptême de feu » (Mt
3:11; 3 Né 19:13; Mrm. 7:10). La confirmation commence ce
processus. Il est considéré comme une recherche qui
dure toute une vie, recherche officiellement renouvelée chaque
sabbat quand on prend la Sainte-Cène, dont les prières
se terminent en demandant que ceux qui ont pris sur eux le nom de
Jésus-Christ « aient toujours son Esprit avec eux »
(Mro. 4:3).
Une fois qu’une personne a été
confirmée
membre de l'Église et a reçu le don du Saint-Esprit,
elle peut conserver ce don en restant digne, en apportant les
correctifs nécessaires, dans un processus constant de repentir
et de fidélité.
RULON G. CRAVEN
Consécration
[Les deux articles
suivants traitent de la notion mormone de consécration.
Consécration : Loi de Consécration, donne un
aperçu de l’origine et de la pratique des principes de
la consécration chez les saints des derniers jours. L’article
Consécration : Consécration en Ohio et au
Missouri, traite spécialement des efforts des saints pour
vivre ces principes et de l’impact économique qui en est
résulté pour les communautés de saints qui ont
été florissantes dans ces États entre 1832 et
1846.]
Consécration :
Loi de consécration
Auteur :
HIRSCHI, FRANK W.
La loi de consécration
a été introduite par des révélations
données au prophète Joseph Smith. Dès 1829, il
recevait du Seigneur le commandement : « Cherchez à
promouvoir et à établir la cause de Sion »
(D&A 6:6 ; 11:6 ; 12:6 ; 14:6). Dans l’Antiquité,
la Sion d’Hénoc était constituée d’un
peuple qui « était d’un seul cœur et
d’un seul esprit, et [qui] demeurait dans la justice ; et
il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moï.
7:18). Ces qualités ont caractérisé le peuple du
Seigneur qui a accepté et appliqué la plénitude
de l’Évangile dans sa vie, comme le peuple de la ville
d’Hénoc (Moï. 7:17-18) et l’âge d’or
des Néphites (4 Né. 1:2-3, 15-17) et certains des
premiers chrétiens (Ac. 4:32-37). Les saints des derniers
jours ont également reçu la loi de consécration
comme idéal et promesse d’avenir (D&A 42:32-39).
Le niveau de la
consécration requis pour vivre la loi de consécration a
de nombreux échos dans le monde antique. La Bible rapporte des
actes de consécration expressément liés à
l’institution d’alliances avec Dieu (par exemple, Ge.
9:8-17 ; No. 6). Le fait qu’Abraham était disposé
à sacrifier Isaac signifie qu’il était totalement
dévoué aux ordres de Dieu (Ge. 22:1-18). L’Exode
et le Lévitique mentionnent également divers actes
sacrificatoires impliquant la consécration à Dieu,
principalement de la part d’Aaron et de ses fils (cf. Ex.
40:12-16 ; Lé. 1-7). Le Nouveau Testament rapporte que
les premiers chrétiens étaient invités à
donner la priorité au royaume de Dieu et à avoir « tout
en commun » (Ac. 2, 4, 5).
Après que Jésus
ressuscité eut fondé son Église en Amérique
vers 34 apr. J.-C., le peuple du Livre de Mormon observa la pratique
de la consécration pendant presque 200 ans. « Le
peuple fut entièrement converti au Seigneur, sur toute la
surface du pays, tant les Néphites que les Lamanites, et il
n’y avait pas de querelles ni de controverses parmi eux, et
tous les hommes pratiquaient la justice les uns envers les autres. Et
ils avaient tout en commun ; c’est pourquoi il n’y
avait ni riches ni pauvres, ni esclaves ni hommes libres, mais ils
étaient tous affranchis et participants du don céleste »
(4 Né. 1:2-3).
Le 2 janvier 1831, le
Seigneur révéla au prophète Joseph Smith à
Fayette, New York, qu’autrefois il avait pris à lui la
Sion d’Hénoc et lui commanda ensuite d’aller en
Ohio recevoir la loi (D&A 38:4, 32 ; cf. Moï. 7:21).
Quand Joseph Smith arriva à Kirtland en février, il
trouva les saints organisés en une société
communale appelée « la Famille ». Il les
persuada d’abandonner cette pratique pour « la loi
plus parfaite du Seigneur ». Le 9 février, tandis
qu’il se trouvait en la présence de douze anciens, il
reçut la révélation qui contenait « la
loi de l’Église » (HC 1:146-148 ; D&A
42). Cette révélation introduisait les lois du
gouvernement de l’Église et de la conduite morale pour
les membres et énonçait les principes de base de la
consécration (D&A 42:32-39).
Les principes clefs
donnés dans les révélations sont conformes à
ceux qui sont requis pour la vie céleste : tout
appartient à Dieu et son peuple en est l’intendant (D&A
38:17 ; 104:11-14) ; les hommes doivent estimer les autres
comme eux-mêmes (D&A 38:24-27 ; 51:3, 9 ; 70:14 ;
78:6 ; 82:17) ; l’humanité doit conserver le
libre arbitre (D&A 104:17) ; les hommes et les femmes sont
rendus égaux selon leurs besoins et la situation de leur
famille (D&A 51:3) et il doit y avoir responsabilité (D&A
72:3 ; 104:13-18). Bien que la mise en application de la loi de
consécration des biens révélée au début
des années 1830 ait été temporairement suspendue
(cf. HC 4:93), les principes eux-mêmes n’ont pas été
abandonnés.
LES ALLIANCES DE LA
CONSÉCRATION AUJOURD’HUI. Le Seigneur a révélé
plusieurs buts de la loi de consécration : amener
l’Église à être indépendante de
toutes les autres institutions (D&A 78:14) ; fortifier Sion,
l’ornant de beaux vêtements, comme une jeune mariée
préparée et digne de l’époux (D&A
33:17 ; 58:11 ; 65:3 ; 82:14, 18 ; etc.) ;
et préparer les saints pour qu’ils aient une place dans
le royaume céleste (D&A 78:7).
À ce sujet, John
Taylor a dit que la consécration est une loi céleste et
que lorsqu’ils la respectent, ceux qui y adhèrent
deviennent le peuple céleste (JD 17:177-181). Ainsi, les
hommes et les femmes d’aujourd’hui peuvent devenir comme
ceux du temps d’Hénoc, « d’un seul cœur
et d’un seul esprit » sans pauvres parmi eux »
(Moï. 7:18). Orson Pratt, l’un des premiers apôtres,
a observé que si le peuple du Seigneur aspire au royaume
céleste, il doit commencer à apprendre l’ordre de
vie qui y existe (JD 2:102-103).
APPLICATION DE LA LOI DE
CONSÉCRATION. La loi de consécration exige que l’on
consacre tout son temps, tous ses talents et tous ses biens à
l’Église et à ses objectifs (D&A 82:19 ;
64:34 ; 88:67-68 ; 98:12-14). John A. Widtsoe, un apôtre,
a fait remarquer que son fonctionnement était tout simple.
Ceux qui entraient dans un tel ordre devaient mettre tous leurs biens
dans un trésor commun, les riches leur richesse, les pauvres
leurs maigres revenus. Ensuite, chaque membre devait recevoir une
part suffisante, appelée « héritage »,
du trésor commun pour permettre à cette personne de
continuer dans l’artisanat, les affaires ou la profession
libérale comme elle le désirait. Le fermier recevait la
terre et l’équipement ; l’artisan, les outils
et les matériaux ; le négociant, le capital
nécessaire ; la personne exerçant une profession
libérale, les instruments, les livres et autres. Les membres
travaillant pour d’autres devaient recevoir des intérêts
proportionnels dans les entreprises qu’ils servaient. Personne
ne serait sans propriété. Tous auraient un héritage
(Widtsoe, p. 302-303).
L’héritage
d’une personne devait se composer de biens personnels qu’elle
devait gérer de manière permanente et à son gré
à son profit et à celui de la famille. Si la personne
se retirait de l’ordre, elle pourrait emporter son héritage,
mais elle n’aurait aucun droit sur les donations ou les biens
excédentaires déposés au commencement dans le
trésor commun (D&A 51:3-6). Au bout d’un an ou d’une
période déterminée, le membre qui avait gagné
plus que nécessaire pour sa famille devait confier
volontairement l’excédent au trésor commun. Les
bénéfices substantiels devaient être administrés
par le groupe plutôt que par une seule personne. Les hommes et
les femmes qui, en dépit de leur diligence, avaient des pertes
de fonctionnement se verraient compenser leurs pertes par le trésor
général pour pouvoir recommencer ou pourraient –
avec leur accord – être placés dans une activité
convenant mieux à leurs dons. En bref, le trésor
général devait installer chaque personne dans son
domaine préféré et s’occuper de ceux qui
n’arrivaient pas à tirer profit de leur héritage.
Le trésor général, détenant les excédents
des membres, devait également financer les travaux publics et
permettre toutes les entreprises de la communauté décidées
par le groupe (D&A 104:60-77).
J. Reuben Clark, Jr.,
conseiller dans la Première Présidence, a expliqué
que la loi de consécration, telle qu’elle fut pratiquée,
n’était pas une vie entièrement communale. Il n’y
avait pas de table commune. Chaque famille vivait de son côté.
Les biens qui n’étaient pas rendus au donateur par le
consentement mutuel du donateur et de l’évêque
devenaient propriété de l’Église et
étaient mis dans le magasin de l’évêque.
Chaque membre de l’Église avait un accès égal
au contenu du magasin selon les besoins et la situation personnels et
les besoins de la famille (Clark, p. 3).
EFFORTS POUR VIVRE LA LOI
DE CONSÉCRATION. Un premier effort pour vivre la loi de
consécration fut tenté en mai 1831 à Thompson
(Ohio) par les membres de la branche de Colesville venue de New York
et installée là. Il y eut des complications quand un
des participants reprit son terrain et que certains des membres
partirent pour le Missouri pour aider à la création du
lieu central de Sion avant que la pratique ne puisse s’enraciner
(Stewart, p. 125). Les efforts persistants pour apporter les
améliorations nécessaires à l’application
de la loi en Ohio finirent par échouer. On fit en même
temps une tentative semblable pour instaurer la loi de consécration
et d’intendance au Missouri, mais l’intolérance et
les querelles entre certains des saints ainsi que l’absence de
surplus à consacrer la firent échouer (voir
Consécration en Ohio et au Missouri ci-dessous).
Après ces échecs
du début, le Seigneur adapta les exigences de la loi de
consécration aux capacités des saints et révéla
la loi de la dîme comme pratique à suivre (HC 3:44 ;
D&A 119). Bien qu’elle n’exige pas de tout donner au
Seigneur, la dîme enseigne les éléments
fondamentaux sur lesquels repose le caractère d’un
peuple de Sion : maîtrise de soi, générosité,
amour de ses semblables, amour pour Dieu et désir d’établir
le royaume de Dieu. En donnant la dîme pendant plus d’un
siècle, les saints prouvèrent leur capacité de
vivre ce commandement et cela les prépara à accepter
aussi le programme d’entraide présenté en 1936
par Heber J. Grant, président de l’Église (CR,
oct. 1936, p. 3). Cinq ans après, J. Reuben Clark, Jr.,
observa que les pratiques de la dîme, des dons de jeûne
et de l’entraide de l’Église avaient rapproché
davantage les membres des principes originaux de l’ordre uni et
de la loi de consécration (CR, oct. 1942, p. 57).
Pour ce qui concerne le
futur, Sion ne peut être rachetée que par l’obéissance
à la loi de consécration. Le moment venu, les
dirigeants du Seigneur mettront en application le programme. On
ignore quel procédé sera révélé,
mais les saints des derniers jours prévoient que tous les
participants finiront par adopter les principes de l’intendance,
de l’égalité, du libre arbitre et de la
responsabilité et que les buts recherchés dès le
départ seront atteints (D&A 78:7, 14 ; 82:14).
Bibliographie
Clark, J. Reuben, Jr.
"Testimony of Divine Origin of Welfare Plan." Deseret News,
Church Section, 8 août 1951, p. 3.
Cook, Lyndon W. Joseph
Smith and the Law of Consecration. Provo, Utah, 1985.
Nelson, William O. "To
Prepare a People." Ensign 9, janv. 1979, p. 18-23.
Stewart, George, et al.
Priesthood and Church Welfare. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations. Salt Lake City, 1943.
FRANK W. HIRSCHI
Consécration :
Consécration en Ohio et au Missouri
Auteur :
ANDERSON, KARL RICKS
Les principes de la
consécration furent mis en application sous diverses formes
dans les années 1830 en Ohio et au Missouri pour pourvoir aux
besoins des pauvres et d’une Église financièrement
en difficulté (voir Kirtland, Ohio ; Kirtland, économie).
Beaucoup parmi les saints des derniers jours émigrant en Ohio
et au Missouri n’avaient pas les moyens de s’entretenir
et l’Église avait peu de ressources pour construire des
bâtiments tels que le temple ou pour financer des publications.
Les diverses mises en application de la loi de consécration
permirent de répondre à ces besoins pratiques ainsi que
d’enseigner aux participants à vivre une loi céleste.
La loi de consécration
ne fut jamais pratiquée complètement en Ohio, mais fut
mise en application sous plusieurs formes entre 1831 et 1839 au
Missouri. Sous sa forme de 1831, la loi de consécration
exigeait de tous les participants ou « intendants »
qu’ils consacrent ou transfèrent leurs possessions au
magasin de l’Église. L’évêque rendait
alors à chaque personne ou famille une « intendance »
en terres, en argent et en autres biens selon ses justes besoins. Les
bénéfices excédentaires produits par ces
intendances étaient versés au magasin pour aider les
pauvres et pour servir à d’autres fins générales.
Pour administrer le système, des évêques et des
magasins distincts furent installés dans les deux centres de
l’Église : Kirtland et Missouri.
En 1833, la pratique de
la consécration fut modifiée pour intégrer la
possession privée des intendances et en 1838, le principe de
la dîme introduisit un autre changement. La loi de la dîme
exigeait des saints qu’ils donnent « tout le surplus
de leurs biens » à l’évêque et,
par la suite, « annuellement un dixième de tous
leurs revenus » (D&A 119:1, 4).
La mise en application de
la consécration fut difficile pour les premiers saints des
derniers jours et ne se produisit que par intermittence. Les saints
appauvris du Missouri furent chassés et persécutés
par les émeutiers et perdirent à plusieurs reprises
leurs biens, leurs terres et leur récoltes. Les biens de
l’Église furent souvent pris ou détruits (voir
Conflit au Missouri). Dans de telles circonstances, la plupart des
membres avaient besoin de plus pour leur intendance que ce qu’ils
pouvaient contribuer au fonds commun des ressources. D’autres
étaient réticents à donner leur excédent
et certains qui avaient quitté l’Église eurent
recours à des moyens juridiques pour récupérer
les biens consacrés. Face à de tels obstacles, les
efforts sincères de certains saints fidèles pour mettre
la loi en application sont d’autant plus remarquables.
La Firme Unie, plus
généralement connue sous le nom d’Ordre Uni, une
entreprise basée sur les principes de la consécration,
fut une deuxième application, plus limitée, de la
consécration, qui fonctionna à Kirtland, avec une
branche au Missouri, de mars 1832 à avril 1834. Une douzaine
d’hommes consacrèrent leurs possessions et reçurent
des intendances dans cette entreprise. Les excédents devaient
aller au magasin pour imprimer les révélations et pour
répondre aux autres besoins de l’Église. La firme
fut dissoute quand les remboursements de prêts ne purent être
effectués.
La Firme Littéraire,
une troisième application des principes de la consécration,
dura plus longtemps que les deux autres. Créée en
novembre 1831 pour imprimer les révélations et d’autres
publications pour l’Église, elle fonctionna sous
plusieurs formes jusqu’en août 1837. Après les
émeutes de 1833 au Missouri, les travaux d’impression
furent transférés d’Independence à
Kirtland. Il y eut jusqu’à huit hommes qui furent
désignés comme intendants des révélations
et qui consacrèrent leurs efforts à réaliser la
publication. Bien que constamment assaillie par des problèmes,
la société publia les Doctrine et Alliances (1ère
éd.), le Livre de Mormon (2ème éd.) et d’autres
livres et périodiques de l’Église.
Bibliographie
Arrington, Leonard J.,
Feramorz Y. Fox, et Dean L. May. Building the City of God :
Community and Cooperation Among the mormons. Salt Lake City, 1976.
Cook, Lyndon W. Joseph
Smith and the Law of Consecration. Salt Lake City, 1985.
KARL RICKS ANDERSON
Conseil
dans les cieux
Auteur :
LUND, JOHN L.
L’expression
Conseil dans les cieux ou Grand Conseil dans les cieux désigne
une réunion de Dieu le Père avec ses fils et ses filles
d’esprit pour discuter des modalités et des conditions
selon lesquelles ces esprits pourraient venir sur la terre en tant
qu’êtres physiques. Elle n’apparaît pas dans
les Écritures, mais est utilisée par le prophète
Joseph Smith à propos de ces activités prémortelles
auxquelles il est fait allusion dans plusieurs Écritures (Job
38:4-7 ; Jé. 1:5 ; Ap. 12:3-7 ; Al. 13:3-9 ;
D&A 29:36-38 ; 76:25-29 ; Moï. 4:1-4 ; Abr.
3:23-28 ; cf. EPJS, p. 281, 289, 296 ; T&S 4, 1er févr.
1843, p. 82).
L’un des buts du
conseil dans les cieux était de donner aux esprits l’occasion
d’accepter ou de rejeter le plan de salut du Père, qui
proposait la création d’une terre où ses enfants
d’esprit pourraient demeurer, chacun dans un corps physique.
Cette vie servirait de mise à l’épreuve « pour
voir s’ils [feraient] tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commander[ait] » (Abr. 3:25). Les esprits de toute
l’humanité étaient libres d’accepter ou de
rejeter le plan du Père mais ils étaient également
responsables de leur choix. La Création, la Chute, la
condition mortelle, l’Expiation, la Résurrection et le
jugement final furent envisagés et expliqués au Conseil
(EPJS, p. 177, 281-282 ; MD, p. 163-164 ; voir aussi
Premier état). Le plan prévoyait les erreurs dues au
manque d’expérience et au péché et
prévoyait des remèdes. Beaucoup d’esprits furent
préordonnés à des rôles et à des
missions spécifiques pendant leur expérience terrestre,
en fonction de leur bonne volonté et de leur fidélité
dans la sphère prémortelle et leur promesse de rester
fidèles sur la terre. Le prophète Joseph Smith
explique : « Quiconque est appelé à
exercer un ministère auprès des habitants du monde a
été ordonné à ce but même dans le
grand conseil des cieux avant que le monde fût. Je suppose que
c’est dans ce Grand Conseil que j’ai été
ordonné à cet office même » (EPJS, p.
296 ; cf. 1 Pi. 1:20 ; Jé. 1:5 ; Abr. 3:22-23).
Bien qu’on le
présente comme un conseil unique, il a pu y avoir des réunions
multiples où l’on a enseigné l’Évangile
et où des désignations ont été faites.
Jésus et les prophètes ont été
préordonnés lors de ce conseil. Un rédempteur
devait accomplir la double mission de racheter l’humanité
de la mort physique et de la mort spirituelle causées par la
chute d’Adam et d’assurer la rédemption, après
repentir, pour les péchés commis par les personnes. À
un certain moment du conseil, le Père demanda : « Qui
enverrai-je [comme Rédempteur] ? »
Jésus-Christ, alors connu comme étant le grand JE SUIS
et comme Jéhovah, répondit : « Me
voici, envoie-moi » et accepta de suivre le plan du Père
(Moï. 4:1-4 ; Abr. 3:27). S’inscrivant en faux contre
ce plan, Lucifer se proposa moyennant un amendement au plan de salut
conçu par le Père, amendement qui ne respecterait pas
le libre arbitre de l’humanité. La proposition visait
également à élever Lucifer au-dessus du trône
de Dieu. La réponse du Père fut : « J’enverrai
le premier » (voulant dire Jéhovah). Lucifer se
rebella et devint Satan ou « le diable ». Une
division se produisit parmi les esprits et aucun d’eux ne resta
neutre (DS 1:69). Il y eut guerre dans les cieux (Ap. 12:7-8) et le
tiers des armées qui suivirent Lucifer fut chassé (Ap.
12:4 ; D&A 29:36). Ces esprits rebelles furent précipités
avec Lucifer sur la terre sans corps physique (Ap. 12:9 ; cf.
És. 14:12-17). Le prophète Joseph Smith explique :
« Le conflit dans les cieux provient de ce que Jésus
dit qu’il y aurait certaines âmes qui ne seraient pas
sauvées et le diable dit qu’il pouvait les sauver toutes
et exposa ses plans au grand conseil, lequel donna son vote en faveur
de Jésus-Christ. Le diable se souleva donc contre Dieu, se
révoltant contre lui, et il fut précipité avec
tous ceux qui prirent son parti » (EPJS, p. 290). Notre
Père céleste et les esprits fidèles dans les
cieux pleurèrent sur eux (D&A 76:25-29). Satan et ses
disciples sont toujours en guerre contre ces esprits qui sont venus
au monde dans la condition mortelle (Ap. 12:9 ; cf. « Guerre
dans les cieux » p. 788).
Bibliographie
Bible Dictionary. "War
in Heaven." Dans LDS Edition of the King James Version of the
Bible, p. 788. Salt Lake City, 1977.
McConkie, Joseph F.
"Premortal Existence, Foreordinations and Heavenly Councils".
Dans Apocryphal Writings and the Latter-day Saints, dir. de publ. W.
Griggs, p. 173-198. Provo, Utah, 1986.
JOHN L. LUND
Consentement
commun
Auteur :
QUINN, ROBERT E.
Le consentement commun
est un principe fondamental de la prise de décision à
tous les niveaux de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours. Quand ils choisissent de nouveaux
dirigeants et prennent des décisions administratives, les
dirigeants de l’Église sont tenus de chercher la volonté
de Dieu. Une fois que le Seigneur a fait connaître sa volonté
et qu’une décision est prise, l’affaire est portée
devant le collège ou le groupe concerné de membres de
l’Église, lequel est invité à soutenir la
mesure ou à s’y opposer. Grâce à ce
processus, l’Église peut être dirigée par
révélation, tout en protégeant le libre arbitre
des membres de s’assurer personnellement si les décisions
ont été correctes et prises selon la volonté de
Dieu.
Le principe du
consentement commun fonctionne dans l’Église depuis son
commencement, bien que les pratiques proprement dites dans lesquelles
ce principe fonctionne aient évolué sensiblement. La
révélation sur le gouvernement de l’Église,
reçue quand elle a été organisée en avril
1830, dit : « Nul ne doit être ordonné à
un office dans l’Église, lorsqu’il y a une branche
dûment organisée de celle-ci, sans le vote de cette
Église » (D&A 20:65). Cette règle fut
soulignée à nouveau trois mois plus tard : « tout
se fera par le consentement commun dans l’Église »
(D&A 26:2). Les pratiques des saints peuvent avoir été
influencées au cours de ces toutes premières années
par le modèle de gouvernement théocratique du Livre de
Mormon qui gérait ses « affaires par la voix du
peuple » (Mosiah 29:25-26), et par l’exemple
biblique (par exemple, Ex. 24:3 ; No. 27:19).
Il ressort des comptes
rendus de certaines réunions et conférences des débuts
de l’Église que beaucoup de dirigeants de l’Église
provenant de la Nouvelle-Angleterre considéraient que les
membres devaient être directement impliqués lors des
réunions de prise de décision, notamment en faisant des
propositions sur les questions de politique à suivre,
conformément au procédé parlementaire courant
dans les réunions publiques, et en votant quand il s’agissait
de prendre les décisions finales. Il arrivait que des membres
exercent à titre personnel la prérogative de convoquer
une réunion et, une fois qu’elle était en cours,
n’importe qui avait le droit de s’adresser au groupe. La
direction de leurs réunions suivait le modèle
congrégationaliste qu’ils connaissaient bien. Cependant,
les premiers saints des derniers jours ne tardèrent pas à
se rendre compte que le fait d’avoir un prophète à
leur tête était une réalité dont il
fallait tenir compte dans la prise de décision, et qu’ils
ne pourraient pas suivre le modèle congrégationaliste
traditionnel sans nier l’autorité et les révélations
que Dieu avait accordées à Joseph Smith, celles-ci
étant les éléments essentiels du rétablissement
qui les avaient réunis dans l’Église.
Un incident qui se
produisit en septembre 1830, lors duquel Hiram Page prétendit
avoir reçu des révélations pour la direction de
l’Église, mit la question à l’ordre du
jour. La prétention de Page à être un deuxième
révélateur, qui sema le trouble chez Oliver Cowdery et
d’autres membres de l’Église, fut l’occasion
d’une révélation donnée à Joseph
Smith clarifiant le rôle distinctif de Joseph en tant que
prophète. Cette révélation disait aussi que
« tout doit se faire avec ordre et par consentement commun
dans l'Église » (D&A 28:13). L’autorité
de Joseph Smith et de ses successeurs dans la fonction de président
de l’Église continua à être éclaircie
les années suivantes par d’autres révélations
(D&A 107:65-67, 91-92) et le principe qu’il fallait obtenir
le vote de soutien des membres de l’Église fut également
réaffirmé à plusieurs reprises (D&A 38:34 ;
42:11 ; 102:9 ; 124:144). Lorsque les conseils de prêtrise
et les collèges de prêtrise furent introduits dans
l’organisation de l’Église, ce furent surtout eux
qui se virent confier la responsabilité de l’examen
général des questions de politique intérieure et
de la prise de décision lors des sessions de conseil et ce fut
moins un point de l’ordre du jour des conférences, qui,
de leur côté, se concentrèrent plus sur la
prédication de l’Évangile.
Aujourd’hui
l’Église continue à fonctionner par révélation
divine et consentement commun. Les appels à des postes dans
l’Église à tous les niveaux de l’organisation
et l’ordination à la prêtrise se font par
l’inspiration des dirigeants autorisés et sont ensuite
portés devant l’assemblée concernée pour
avoir son soutien ou son opposition. Les membres ne proposent pas des
personnes à un office, mais sont invités à
émettre leur vote de soutien aux décisions des conseils
de présidence en levant la main droite et n’importe qui
peut émettre un vote d’opposition de la même
manière. Ce procédé est également suivi
quand il s’agit d’accepter des révélations
importantes et des ajouts aux Écritures.
Selon une pratique
beaucoup moins visible mais tout aussi importante, les décideurs
à tous les niveaux présentent les décisions de
politique et les appels aux conseils de la prêtrise pour que
ceux-ci donnent leurs commentaires et leur approbation. Au niveau
local, l’évêque discute d’habitude des
décisions avec ses conseillers dans l’épiscopat
avant de présenter un sujet au vote de soutien des membres de
la paroisse. Sur beaucoup de décisions de politique et de
programmes, l’épiscopat consulte le conseil de paroisse
et s’efforce d’obtenir le consensus dans ce groupe avant
d’agir. De la même manière, le président de
pieu consulte ses conseillers dans la présidence de pieu et
puis le grand conseil. La Première Présidence procède
de la même façon lors des réunions régulières
avec le Collège des douze apôtres pour ce qui est de la
politique générale de l’Église et des
mesures à prendre.
L’unanimité
est l’idéal pour tous ces processus de décision à
cause de l’importance de l’unité dans l’Église :
« Si vous n'êtes pas un, vous n'êtes pas de
moi » (D&A 38:27). Les trois collèges qui
président l’ensemble de l’Église ont une
autorité égale dans leur sphère propre (D&A
107:22-26), mais leurs décisions n’ont « le
même pouvoir ou la même validité »
qu’une fois prises « à l’unanimité
des voix » du collège (D&A 107:27). Il faut ce
qui semble être de longues périodes pour que des
décisions importantes prennent forme parce que les collèges
tiennent beaucoup à réaliser l’unanimité.
À cause de
l’accent mis sur la direction divine et prophétique et à
cause de normes et de valeurs bien établies dans les processus
de prise de décision, les contestations publiques concernant
une proposition d’appel ou de politique sont rares. Il y a,
cependant, des mécanismes qui permettent de tenir compte des
divergences d’opinion. Normalement, si un ou plusieurs membres
trouvent à redire à la mesure proposée, ils sont
invités à rencontrer l’officier président
en privé pour lui faire part de la raison de la question ou de
l’objection. Après avoir examiné les objections,
les officiers présidents sont libres de prendre la décision
qu’ils pensent être juste.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et
Lyndon W. Cook, dir. de publ. Far West Record : Minutes of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 1830-1844. Salt Lake
City, 1983.
Quinn, D. Michael. « The
Evolution of the Presiding Quorums of the LDS Church ».
Journal of Mormon History 1, 1974, p. 21-38.
Widtsoe, John A.
Evidences and Reconciliations, p. 269-275. Salt Lake City, 1960.
Zuckerman, Michael.
Peaceable Kingdoms. New York, 1970.
ROBERT E. QUINN
Contributions
financières
Auteur :
NADAULD, STEPHEN D.
Les membres de l’Église
peuvent apporter leurs contributions financières de plusieurs
manières, notamment par le paiement de la dîme,
l’offrande de dons de jeûne et des contributions à
l’œuvre missionnaire. Chaque type de contribution vise un
but spécifique et est basé sur les exhortations des
Écritures anciennes et modernes (Mal. 3:8 ; D&A
119:4 ; cf. 2 Ch. 3:5-12 ; Ro. 15:26).
Le paiement de la dîme
est attendu de chaque membre quels que soient son âge, le
niveau de ses revenus ou sa situation. Les saints des derniers jours
fidèles donnent annuellement un dixième de leurs
revenus à l’Église. Les membres considèrent
ces fonds de dîme comme de l’argent sacré et les
dirigeants gèrent soigneusement leur utilisation à
chaque niveau d’organisation de l’Église. La dîme
est utilisée pour payer la plupart des dépenses de
fonctionnement de l’Église et finance maintenant aussi
la construction de bâtiments, notamment d’églises
et de temples.
Le don de jeûne est
un deuxième type de contribution financière attendu de
tous les membres de l’Église. Une fois par mois, ceux-ci
doivent se priver de nourriture pour au moins deux repas et
contribuer l’équivalent de l’argent ainsi épargné
comme « don de jeûne » pour aider les
pauvres et les nécessiteux. Ces contributions sont réparties
aux niveaux local et général de l’Église ;
elles sont partagées selon les nécessités dans
toute l’Église et sont à la disposition des
évêques locaux pour aider les personnes nécessiteuses
de leurs paroisses. Dans des circonstances extraordinaires, comme
dans le cas de la famine de 1985 en Éthiopie, l’Église
a demandé un jeûne spécial pour lever des fonds
de secours pour un désastre précis (voir Aide
économique ; Service humanitaire). Pendant de nombreuses
années, la valeur des deux repas non consommés pendant
le jeûne a déterminé le montant de la
contribution mensuelle du don de jeûne. Aujourd’hui, les
dirigeants de l’Église demandent que le montant de
l’offrande volontaire soit associé moins à la
valeur des deux repas et plus à la capacité de répondre
généreusement aux besoins.
Un troisième type
de contribution fait par les membres de l’Église
soutient l’œuvre missionnaire, une activité
importante de l’Église qui est financée en grande
partie par les familles. Les jeunes gens et les jeunes filles peuvent
être « appelés » en mission,
habituellement à dix-neuf et vingt et un ans respectivement et
sont responsables de la majeure partie de leur propre soutien
financier, notamment la nourriture, le loyer, les vêtements et
le transport local. Les frais importants de déplacement et de
soins médicaux sont payés par les fonds de l’Église.
Les parents et les dirigeants de l’Église invitent les
jeunes à commencer à gagner et à épargner
dès leur enfance de l’argent pour leur mission. Les
apports des parents, des membres de la famille et des amis complètent
les fonds des missionnaires pour constituer le soutien financier
total nécessaire. Depuis 1991, le soutien des missionnaires
est donné directement à l’Église à
un taux uniforme, mais est redistribué par l’Église
aux missionnaires selon les coûts variables de la vie dans les
différentes régions du service missionnaire. Les
couples mariés peuvent aussi être appelés en
mission, et eux aussi sont responsables de leur soutien financier.
Les membres remettent
confidentiellement la dîme et les autres dons à leur
évêque local. Chaque évêque de paroisse
reçoit la dîme et la remet aux bureaux centraux de
l’Église. Avec l’aide du greffier financier,
l’évêque remet une fiche de dons aux donateurs et
enregistre tout. Une fois par an, il passe confidentiellement en
revue le relevé des dons avec chaque membre. Les
enregistrements des dons sont expédiés au siège
de l’Église selon des pratiques uniformes. Les
dirigeants de pieu font des audits réguliers de ces
enregistrements et de ces pratiques.
L’évêque,
aidé par d’autres dirigeants de paroisse, établit
et envoie un budget annuel de paroisse qui doit être approuvé
par le président de pieu (voir Budget de paroisse).
L’importance du financement est déterminée par le
nombre des membres et l’activité de la paroisse. L’un
des résultats de ce procédé est que les dépenses
locales sont déterminées par les besoins locaux et pas
par les ressources des membres d’une paroisse donnée.
Jusqu’en 1990, les
budgets de fonctionnement de paroisse dépendaient
essentiellement des dons des membres locaux faits en plus de la dîme,
du don du jeûne et des contributions au fonds missionnaire. Les
activités des jeunes et des adultes, les manuels et le
matériel pédagogique, ainsi que l’entretien du
bâtiment étaient financés localement. Depuis
1990, la dîme payée par les membres de l’Église
sert à financer tous les programmes et activités locaux
ainsi que l’entretien des bâtiments. Les membres prennent
en charge une partie de l’entretien à titre de service
bénévole.
La manière de
financer la construction des bâtiments de l’Église
a également varié considérablement avec le
temps. Pendant de nombreuses années, la construction des
églises a été financée en grande partie
par les contributions des membres locaux qui allaient utiliser le
bâtiment. Ces dons au fonds de construction venaient en plus de
la dîme, du don de jeûne et du fonds missionnaire payés
par les membres de l’Église. L’argent pour le
fonds de construction pouvait être obtenu en demandant une
quote-part aux membres, par toutes sortes de projets de levée
de fonds (banquets, fêtes, etc.) et parfois par des dons de
main-d’œuvre et de matériaux (voir Programme de
construction). Les temples, qui sont des bâtiments réservés
à des cérémonies religieuses spéciales,
ont été financés pendant de nombreuses années
plus ou moins de la même façon que les églises
locales. Aujourd’hui les églises et les temples sont
construits en grande partie avec les fonds de dîme.
L’Église
n’ayant pas de clergé professionnel, elle est
administrée à tous les niveaux par la participation et
la direction de laïcs et les dirigeants autres que les Autorités
générales donnent de leur temps et de leurs talents
sans rémunération. Ainsi, des événements
tels que les mariages, les enterrements et les baptêmes sont
organisés par des laïcs dans les bâtiments
appartenant à l’Église sans que les membres
n’aient à payer pour les services ou les locaux. Étant
donné qu’elles sont obligées de quitter leur
métier pour œuvrer à temps plein pour l’Église,
les Autorités générales reçoivent une
allocation modeste provenant des revenus procurés par les
investissements de l’Église.
STEPHEN D. NADAULD
Conversion
Auteur :
SMITH, KAY H.
Depuis le commencement
jusqu’à nos jours, l’Église a eu une forte
orientation missionnaire. Elle enseigne que la conversion est
essentiellement un processus de repentir et une expérience
spirituelle personnelle (voir Témoignage ; Expérience
religieuse ; Devenir membre de l’Église).
NATURE DE LA CONVERSION.
Les sociologues ont avancé un certain nombre de théories
pour expliquer pourquoi les gens sont susceptibles de se convertir à
une autre confession religieuse. Pour Glenn M. Vernon, la conversion
implique plusieurs sous-processus qui doivent être expliqués,
notamment (1) la façon dont le converti prend conscience du
groupe possédant l’idéologie, (2) l’acceptation
de nouvelles définitions religieuses et (3) l’intégration
du nouveau converti dans le groupe. John Lofland et Rodney Stark
voient dans la conversion un processus de résolution de
problèmes dans lequel l’individu utilise les
équipements, les programmes et l’idéologie de
l’organisation pour résoudre divers problèmes de
la vie. Plus récemment, David A. Snow, Louis A. Zurcher et
Sheldon Ekland-Olson ont mis l’accent sur le fait que la
proximité structurelle, la disponibilité et
l’interaction affective avec les membres de la nouvelle
confession sont les influences qui ont le plus de chances de
déterminer ceux qui vont s’y rallier. Pour Roger A.
Straus, la conversion religieuse est une initiative de la personne
qui se convertit. Il pense que les théories précédentes
se concentrent trop fortement sur l’idée que la
conversion est quelque chose qui arrive à une personne en
raison de circonstances externes à elle-même. De même,
C. David Gartrell et Zane K. Shannon avancent que la conversion doit
être caractérisée comme un choix rationnel basé
sur l’évaluation que la recrue fait des résultats
sociaux et cognitifs de la conversion ou du refus de conversion.
Il est certain qu’une
sortie de crise, la proximité sociale avec des membres de
l’Église et la résolution de problèmes
personnels interviennent dans une certaine mesure au moins dans
certaines conversions. Cependant, les recherches sur les personnes
qui se sont converties à diverses Églises, (Snow et
Phillips ; Heirich) dont l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours (Seggar et Kunz), n’ont pas
apporté un grand appui à la théorie de la
résolution de problèmes de Lofland et Stark. Les
recherches faites par David A. Snow et Cynthia L. Phillips et par Max
Heirich vont plutôt dans le sens de l’influence des
réseaux sociaux dans la conversion.
Les théories
scientifiques ne parlent cependant pas de l’influence, dans la
conversion, du Saint-Esprit qui est l’élément
dominant dans ce que les saints des derniers jours entendent par
conversion. L’apparition de Jésus-Christ à Paul
sur le chemin de Damas (Ac. 9:1-9) n’entre dans aucune
catégorie théorique profane. Paul ne cherchait pas une
nouvelle foi pour résoudre des problèmes dans sa vie.
Il n’a pas commencé à servir le Christ pour être
accepté par ses amis. Il a persécuté les
chrétiens parce qu’il pensait qu’ils avaient
apostasié de la vraie foi. Homme religieux, il a reconnu la
voix de Dieu quand elle lui a parlé.
On trouve des récits
de conversion semblables dans le Livre de Mormon. Par exemple, tandis
qu’ils s’en allaient enseigner que la religion de leurs
pères n’était pas vraie, Alma le Jeune et les
fils du roi Mosiah 2 furent arrêtés par l’ange du
Seigneur qui leur demanda pourquoi ils persécutaient les
croyants. Alma le Jeune fut frappé de mutisme et tomba par
terre, incapable de bouger. Tandis que son père et d’autres
jeûnaient et priaient pour lui pendant deux jours et deux
nuits, il connut une souffrance atroce et finit par implorer la
miséricorde de Jésus-Christ pour qu’il lui ôte
ses péchés. Immédiatement, la souffrance
disparut et son âme fut remplie d’une joie exquise (Al.
36:6-22). Il se leva et proclama qu’il était né
de nouveau par l’Esprit du Seigneur. Alma et les fils de Mosiah
consacrèrent le reste de leur vie à prêcher le
Christ et à faire beaucoup de bonnes œuvres (Mos.
27:8-31 ; cf. la nouvelle naissance spirituelle du peuple de
Zarahemla du temps du roi Benjamin dans Mosiah 4-5).
La plupart des
conversions ne sont pas aussi spectaculaires que celles de Paul et
d’Alma le Jeune et des fils de Mosiah. La conversion d’Alma
l’Ancien est plus proche de ce que ressentent la plupart des
gens qui deviennent membres de l’Église (Mos. 17:2-4 ;
18:1). Quand Abinadi les appela, lui et les autres prêtres du
méchant roi Noé, au repentir, Alma sut dans son cœur
qu’Abinadi avait dit la vérité. Il se repentit de
ses péchés et commença à garder les
commandements, qu’il connaissait déjà. Cela
produisit un changement crucial dans sa vie.
De ces exemples et
d’autres récits du processus de conversion, il ressort
que la conversion « n’implique pas une simple
acceptation mentale de Jésus et de son enseignement mais
également une foi motivante en lui et en son Évangile,
une foi qui accomplit une transformation, un changement réel
dans la compréhension que l’on a du sens de la vie et
dans sa fidélité à Dieu – en intérêt,
en pensée et en conduite » (Romney, p. 1065). La
conversion implique une nouveauté de vie, qui est réalisée
quand on reçoit le pardon divin qui remet les péchés
(voir Né de Dieu). Elle se caractérise par la volonté
de faire continuellement le bien, l’abandon de tous les péchés
et la guérison de l’âme par le pouvoir du
Saint-Esprit, étant rempli de paix et de joie (cf. Romney, p.
1066).
PROCESSUS DE LA
CONVERSION A L’ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST DES saints
des derniers jours. Les trois sous-processus proposés par
Vernon correspondent tout à fait aux trois aspects les plus
évidents de la conversion à l’Église. Le
premier est « la façon dont le converti prend
conscience du groupe possédant l’idéologie ».
Ceci correspond à ce qu’on appelle dans les milieux
missionnaires mormons « trouver ». Les gens
entrent de différentes façons en contact avec les
missionnaires. La source la plus efficace est la référence
donnée par les membres de l’Église qui invitent
des amis ou des membres de la famille à rencontrer les
missionnaires pour qu’ils leur parlent de l’Évangile.
Une deuxième manière, c’est le porte à
porte par les missionnaires pour inviter les gens à se
renseigner sur l’Église. Ils peuvent également
parler avec les gens qu’ils rencontrent dans la rue ou dans
n’importe quelle autre forme de contact social normal. Les
missionnaires installent de temps en temps des stands aux foires ou
aux expositions. L’Église met aussi des annonces dans
les médias pour proposer de la documentation sur l’Église.
Elle gère également plusieurs centres de visiteurs,
habituellement dans le voisinage d’un temple de l’Église
ou d’un site historique. Les deux les plus connus sont ceux de
Temple Square à Salt Lake City et de la cité historique
de Nauvoo, en Illinois. Tous ces centres pour visiteurs donnent aux
personnes intéressées l’occasion d’accepter
des visites des missionnaires pour les instruire.
Le deuxième des
sous-processus de Vernon, l’acceptation de nouvelles
définitions religieuses, correspond à la deuxième
grande activité missionnaire, l’enseignement. Les
missionnaires enseignent les principes de base du plan du salut de
Dieu. Ils invitent ceux qu’ils instruisent à en
apprendre plus en étudiant la Bible et le Livre de Mormon par
eux-mêmes. Ils encouragent, informent, enseignent et
témoignent. L’étude est une partie importante du
processus de conversion, parce que l’intellect joue un rôle
quand l’ami de l’Église apprend à
comprendre et à méditer la sagesse, la logique et
l’éthique des principes de l’Évangile.
Comme B.H. Roberts l’a dit un jour : « Il
arrive fréquemment que la présentation d’un
sujet, faite convenablement, rende sa véracité
évidente… Pour être connue, la vérité
doit être énoncée et plus l’énoncé
est clair et complet, meilleure sera l’occasion pour le
Saint-Esprit de témoigner à l’âme de
l’homme que l’œuvre est vraie » (Vol. 2,
p. vi-vii).
Les convertis éventuels
sont invités à demander par la prière le
témoignage spirituel du Saint-Esprit pour leur faire connaître
la vérité. Comme Roberts l’a dit concernant le
Livre de Mormon : « [Le Saint-Esprit] doit toujours
être la source principale de preuve de la véracité
du Livre de Mormon. Toute autre preuve est secondaire à
celle-ci, la principale et l’infaillible. Aucune logique, aussi
habilement qu’elle soit construite, aucun argument, aussi
adroitement qu’il soit conçu, ne pourront jamais prendre
sa place » (p. vi-vii). Une citation du Livre de Mormon
est généralement utilisée pour inviter le
converti éventuel à rechercher cette manifestation
spirituelle de l’exactitude du Livre de Mormon et du message de
l’Évangile : « Et lorsque vous recevrez
ces choses, je vous exhorte à demander à Dieu, le Père
éternel, au nom du Christ, si ces choses ne sont pas vraies ;
et si vous demandez d'un cœur sincère, avec une
intention réelle, ayant foi au Christ, il vous en manifestera
la vérité par le pouvoir du Saint-Esprit. »
(Mro. 10:4).
La plupart des convertis
à l’Église ne semblent pas avoir des
caractéristiques personnelles qui les prédisposent à
la conversion. Bien que ceux qui commencent à examiner
l’Église aient tendance à être plus jeunes
que la moyenne de la population et à être un peu plus
souvent des femmes, ces facteurs ne prédisent pas qui
acceptera finalement le baptême. Ceux qui recherchent le
baptême n’ont pas tendance à avoir plus de
problèmes personnels que ceux qui n’en veulent pas, et
ils ne diffèrent pas non plus de manière importante des
autres personnes dans les traits de caractère ou les
dispositions personnelles.
La conversion à
l’Église n’est habituellement pas précipitée.
Le processus commence par les premiers signes d’intérêt
et peut continuer pendant de nombreuses années, même
après le baptême. Ce n’est pas simplement une
question d’acceptation et de foi aux enseignements de l’Église.
Beaucoup qui acceptent le baptême disent qu’ils ne
comprennent pas entièrement les enseignements, mais qu’ils
en sont venus à sentir qu’accepter le baptême est
la bonne chose à faire. La plupart d’entre eux
parviennent à une compréhension et à une
acceptation plus complètes de la doctrine de l’Église
quand ils s’intègrent en devenant membres. Ce genre
d’intégration est le troisième processus
mentionné par Vernon (voir Intégration des membres).
Devenir membre de
l’Église a de plus grandes implications que le simple
fait d’adopter un nouvel ensemble de croyances religieuses.
Pour beaucoup de nouveaux membres, cela signifie adopter un nouveau
mode de vie tout à fait différent de celui auquel ils
étaient accoutumés. Pour presque tous les nouveaux
membres, cela signifie également qu’ils s’intègrent
à un nouveau réseau social d’amis et de
connaissances. Dans certains cas, le nouveau membre de l’Église
est rejeté et banni par la famille et les anciens amis. Cette
transition sociale est facilitée si le nouveau converti s’est
précédemment fait des amis et des connaissances parmi
des membres de l’Église.
ŒUVRE MISSIONNAIRE
DANS L’ÉGLISE. Ceux qui ont été convertis
veulent habituellement parler de leur nouvelle foi à d’autres
(cf. Perry, p. 16-18). Paul, Alma l’Ancien et Alma le Jeune ont
enseigné passionnément la véracité de la
mission salvatrice du Christ tout le reste de leur vie après
leur conversion. Pour le converti qui aime les gens, il y a un
équilibre à trouver entre avoir une tolérance
véritable pour les croyances des autres et remplir le désir
et l’obligation de leur faire part de la joie de la conversion.
Les grandes religions juives et chrétiennes sont passées
par des phases où l’esprit de prosélytisme était
dominant et d’autres périodes où le désir
de convertir était restreint (Marty et Greenspahn).
L’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours a fait un
prosélytisme actif dès ses débuts. Ses
dirigeants et ses membres ont accepté la tâche de
proclamer l’Évangile rétabli « à
toute nation, à toute tribu, à toute langue, et à
tout peuple » (Ap. 14:6 ; D&A 133:37), à
tous ceux qui écoutent. Peu après l’organisation
officielle de l’Église, Samuel Smith, un frère de
Joseph Smith, est allé d’un endroit à l’autre,
offrant le Livre de Mormon à ceux qui voulaient bien le
recevoir. Les missionnaires n’ont pas tardé à
amener des convertis des États-Unis, du Canada, d’Angleterre,
de Scandinavie et d’Europe de l’Ouest.
Quand le gros des membres
se fut installé dans l’Intermountain West, l’œuvre
missionnaire continua. La responsabilité missionnaire fut de
plus en plus donnée aux jeunes hommes qui ne s’étaient
pas encore mariés. Leurs convertis continuèrent à
émigrer vers l’Ouest américain jusque bien après
le début du vingtième siècle, malgré le
fait qu’à partir du changement de siècle, les
dirigeants de l’Église eussent commencé à
encourager les convertis à rester là où ils
étaient et à édifier l’Église dans
leur patrie.
Le taux de croissance de
l’Église depuis 1860 n’a jamais été
inférieur à trente pour cent par décennie.
Depuis 1950, la croissance de l’Église a accéléré
(voir Statistiques démographiques), progressant à plus
de cinquante pour cent par décennie de 1950 à 1980
(Cowan).
Ces dernières
années, l’Église est devenue de moins en moins
une Église confinée à l’Ouest des
États-Unis. En 1960 encore, plus de la moitié des
membres de l’Église se trouvaient dans l’Intermountain
West, avec seulement dix pour cent en dehors des États-Unis.
En 1980, presque un tiers des membres de l’Église
vivaient en dehors des États-Unis, avec seulement quelque
quarante pour cent dans l’Intermountain West. En 1989, moins
d’un converti sur quatre était un citoyen américain.
La croissance de loin la
plus forte du nombre de convertis en dehors des États-Unis
s’est produite en Amérique latine, en particulier au
Mexique, au Brésil, au Chili, au Pérou et en Argentine
(voir Amérique du Sud, l’Église en). Il y a
également eu une augmentation considérable du nombre de
baptêmes en Asie et dans les Philippines. En 1979, il y avait
trois missions aux Philippines ; elles sont passées à
douze en 1990 et le nombre annuel des baptêmes de convertis a
triplé au cours de cette même période (voir Asie,
l’Église en : Est de l’Asie). De nouvelles
missions ont été ouvertes en Europe de l’Est en
1989 et en 1990. En 1990, l’Église avait plus de 40.000
missionnaires à plein temps dans 257 missions dans le monde.
Les saints des derniers
jours croient, comme l’a dit le président Marion G.
Romney : il se peut que « relativement peu parmi les
milliards d’habitants de la terre soient convertis. Néanmoins…
il n’y a aucun autre moyen par lequel les âmes des hommes
malades du péché puissent être guéries ou
pour qu’un monde perturbé trouve la paix »
(p. 1067).
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Cowan, Richard O. The
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Vernon, Glenn M.
Sociology of Religion, p. 101-112. New York, 1962.
KAY H. SMITH
Cowdery,
Oliver
Auteur :
ANDERSON, RICHARD LLOYD
Oliver Cowdery
(1806-1850) était, en 1830, le second en autorité par
rapport à Joseph Smith (D&A 21:10-12) et fut le deuxième
témoin de beaucoup d’événements clefs du
rétablissement de l’Évangile. En tant que l’un
des trois témoins du Livre de Mormon, il témoigna qu’un
ange avait montré les plaques d’or et que la voix de
Dieu avait proclamé qu’elles étaient traduites
correctement. Il était avec Joseph Smith quand Jean-Baptiste
leur rendit la Prêtrise d’Aaron et quand Pierre, Jacques
et Jean les ordonnèrent à la Prêtrise de
Melchisédek et à l’apostolat et de nouveau lors
des visions importantes dans le temple de Kirtland (D&A 110).
Il provenait d’une
famille de la Nouvelle-Angleterre avec de fortes traditions de
patriotisme, d’individualité, d’instruction et de
religion. Il naquit le 3 octobre 1806 à Wells, dans le
Vermont. C’est sa sœur cadette qui nous donne les seuls
renseignements fiables sur sa jeunesse : « Oliver a
grandi à Poultney, comté de Rutland, Vermont, et quand
il est arrivé à l’âge de vingt ans, il est
parti pour l’État de New York où ses frères
aînés étaient mariés et installés…
Il a été employé de magasin jusqu’en 1829,
quand il a enseigné à l’école de district
de la localité de Manchester » (Lucy Cowdery Young
à Andrew Jenson, 7 mars 1887, Archives de l’Église).
Pendant qu’il était
en pension chez les parents de Joseph Smith, il apprit leurs
convictions au sujet des annales antiques que leur fils traduisait de
nouveau après que Martin Harris eut perdu le manuscrit en
1828. Le jeune instituteur pria et reçut les réponses
que Joseph Smith mentionne dans une révélation (D&A
6:14-24). La première histoire du prophète dit que « le
Seigneur apparut… à Oliver Cowdery et lui montra les
plaques en vision et… ce que le Seigneur était sur le
point de faire par moi, son indigne serviteur. Par conséquent
il était désireux de venir écrire pour que je
traduise » (PJS 1:10).
À partir du 7
avril jusqu’à la fin de juin 1829, quand ils finirent la
traduction, Joseph dicta tandis qu’Oliver écrivait, avec
« la plus grande gratitude » pour ce privilège
(Messenger and Advocate 1:14). Oliver écrivit alors une
lettre, exprimant un amour profond pour le Christ, un thème
qui le suivit toute sa vie. Il raconta plus tard comment Joseph et
lui interrompirent leur travail tandis qu’ils traduisaient le
compte rendu du ministère du Sauveur en Amérique après
sa résurrection, et comment, pendant qu’ils priaient à
propos du baptême, ils entendirent « la voix du
Rédempteur » et furent visités par
Jean-Baptiste, qui leur donna l’autorité de baptiser
(JS–H 1:71, note).
En 1835, Oliver aida
Joseph Smith à corriger et à éditer les
révélations pour les Doctrine et Alliances. La section
27 énumère les principaux messagers de prêtrise
du Rétablissement : Jean-Baptiste, que « je
vous ai envoyé, mes serviteurs Joseph Smith, fils, et Oliver
Cowdery, pour vous ordonner à la première prêtrise
que vous avez reçue » (D&A 27:8) et « Pierre,
Jacques et Jean, que je vous ai envoyés, par lesquels je vous
ai ordonnés et confirmés pour que vous soyez apôtres
et témoins spéciaux de mon nom, et pour que vous
portiez les clefs de votre ministère » (D&A
27:12).
La moindre prêtrise
fut rétablie le 15 mai 1829, deux semaines avant que le
prophète et Cowdery n’aillent s’installer chez les
Whitmer à New York pour terminer la traduction du Livre de
Mormon (HC 1:39-41, 48-49). La prêtrise supérieure fut
également donnée avant ce déménagement ;
David Whitmer se rappelait avoir été ordonné
ancien quelques semaines seulement après leur arrivée
dans sa ferme dans le nord de l’État (Whitmer, p. 32).
Les apôtres antiques apparurent avec des clefs de la prêtrise
pendant que Joseph et Oliver étaient en route entre leur
maison de Pennsylvanie et Colesville, New York (D&A 128:20), où
Joseph Knight, père, vivait. Knight se rappelait qu’ils
avaient besoin qu’on les aide à vivre pendant qu’ils
traduisaient en avril ou en mai (Jessee, p. 36).
Après
l’installation à la ferme de Whitmer, l’ange
montra les plaques à Joseph Smith et aux trois témoins
en juin 1829. Oliver supervisa l’impression du Livre de Mormon
cet automne et cet hiver-là. Après la publication du
livre, le 26 mars, l’Église fut organisée le 6
avril 1830. Oliver parla à la réunion le dimanche
suivant, et ce fut « le premier discours public prononcé
par l’un de nous » (HC 1:81).
Peu ont fait mieux que
Cowdery dans la logique de l’argumentation et le style soutenu.
De plus, ses discours et ses écrits portent la marque de la
connaissance personnelle. Remplissant d’une manière
générale les fonctions de rédacteur ou de
rédacteur adjoint lors des premières publications de
l’Église, Oliver écrivit avec une régularité
peu commune pendant deux décennies au cours desquelles ses
écrits et ses lettres personnelles furent édités.
Il insistait sur le fait qu’une relation avec Dieu exigeait le
contact constant : « Toutes les fois que [Dieu] a eu
un peuple sur terre, il s’est toujours révélé
à lui par le Saint-Esprit, le ministère d’anges
ou sa propre voix » (Messenger and Advocate 1:2). Oliver
Cowdery dirigea la mission auprès des Lamanites, première
grande mission de l’Église (D&A 28:8 ; 30:5),
qui doubla le nombre des membres de l’Église et porta le
Livre de Mormon aux natifs américains. Après que
l’emplacement de temple eut été indiqué en
1831 dans le comté de Jackson, il s’y rendit avec des
copies des révélations pour leur première
impression. Comme la publication était essentielle pour
répandre l’Évangile et donner des instructions
aux membres, Oliver fut appelé à travailler avec
William W. Phelps, un rédacteur expérimenté (D&A
55:4 ; 57:11-13). Après que les voyous du Missouri eurent
détruit la presse, Cowdery retourna en Ohio pour y tenir
conseil avec les dirigeants de l’Église, qui le
chargèrent de relocaliser les publications de l’Église
là-bas. À cause de l’importance de disposer
d’informations précises, Sidney Rigdon et lui restèrent
en 1834 en Ohio où beaucoup d’hommes fidèles
marchèrent vers le Missouri avec le camp de Sion pour aider
les saints à retourner dans leurs maisons et leurs terres dans
le comté de Jackson.
En 1830-1831, Oliver
Cowdery fut le premier greffier de l’Église, appel qu’il
remplit de nouveau entre 1835 et 1837 (voir Historiens de l’Église).
Même au cours des autres années, il tint souvent les
procès verbaux officiels des réunions et fut souvent
rédacteur et correspondant pour les premiers journaux de
l’Église. Il écrivit, pour le Messenger and
Advocate, des articles qui nous donnent des renseignements sur les
débuts de l’histoire de l’Église. De juin à
octobre 1830, il remplit les fonctions de secrétaire tandis
que le prophète achevait des parties importantes de sa
Traduction de la Bible.
Une révélation
de 1830 situe Oliver Cowdery à la deuxième place après
Joseph Smith dans la direction de la prêtrise (D&A 20:2-3),
une situation rendue officielle en décembre 1834, quand il fut
classé au-dessus de Sidney Rigdon, qui avait longtemps rempli
les fonctions de premier conseiller de Joseph. Chacun devait
« officier en l’absence du président, selon
son rang et sa désignation, à savoir : le
président Cowdery premier, le président Rigdon ensuite
et le président Williams troisième » (PJS
1:21). Cowdery écrivit que cet appel avait été
prédit lors de la première ordination céleste,
bien que les devoirs d’impression au Missouri fussent
intervenus : « Cette promesse fut faite par l’ange
tandis qu’il était en compagnie du président
Smith, au moment où ils reçurent l’office de la
moindre prêtrise » (PJS 1:21 ; cf. HC 1:40-41).
Son poste de second du Prophète – parfois appelé
« président associé » – fut
donné en 1841 à Hyrum Smith (D&A 124:94-96), après
l’excommunication de Cowdery (voir Première Présidence).
La carrière
d’Oliver dans l’Église atteignit son apogée
de 1834 à 1836. Les procès verbaux et les lettres le
décrivent comme un prédicateur, auteur et
administrateur extrêmement efficace. Son journal de 1836 existe
encore, montrant son dévouement à la religion et à
la famille, ses activités politiques, son étude de
l’hébreu et le pouvoir spirituel qu’il partagea
lors de l’achèvement du temple de Kirtland. La dernière
inscription de Cowdery dans ce journal, portée le jour de la
consécration du temple, dit à propos de la réunion
du soir : « J’ai vu la gloire de Dieu, comme
une grande nuée, descendre et reposer sur la maison…
J’ai également vu des langues séparées les
unes des autres comme de feu reposer sur beaucoup … tandis
qu’ils parlaient en d’autres langues et prophétisaient »
(Arrington, p. 426).
Oliver fit également
allusion à d’autres choses. Un an plus tard, il écrivit
un « éditorial d’adieu ». Après
avoir mentionné sa « mission de la part du saint
messager » avant l’organisation de l’Église,
il écrivit qu’il fallait s’attendre à de
telles manifestations puisque l’Ancien Testament promettait que
Dieu « révélerait son bras glorieux »
dans les derniers jours « et parlerait face à face
avec son peuple » (Messenger and Advocate 3:548). Les mots
« face à face » qu’il souligna
correspondaient à sa vision récente du Christ le 3
avril 1836 dans le temple, vision qu’il eut en compagnie du
prophète (D&A 110:1-10). Ce fut aussi le moment où
ces premiers dirigeants de la prêtrise reçurent des
clefs spéciales de la prêtrise de Moïse, d’Élias
et d’Élie, terminant le rétablissement des
« clefs du royaume » (D&A 27:6-13) et
menant à bien la mission de Cowdery comme « second
témoin » de ce rétablissement. Oliver avait
une confiance profonde dans les apparitions divines. En 1835, il dit
aux Douze nouvellement nommés : « Ne cessez
jamais de faire des efforts jusqu’à ce que vous ayez vu
Dieu face à face » (HC 2:195).
En dépit de ces
expériences spirituelles profondes, les lettres d’Oliver
révèlent un éloignement personnel et familial
par rapport à Joseph Smith à partir du début de
1838. Les trois témoins avaient vu un ange avec Joseph Smith,
mais plus tard ils eurent tendance à concurrencer plutôt
qu’à coopérer avec sa gestion. Cowdery n’était
pas d’accord avec le programme économique et politique
du prophète et recherchait une indépendance financière
personnelle qui allait à l’encontre de l’économie
coopérative essentielle à la société de
Sion que Joseph Smith envisageait. Néanmoins, quand il passa
en jugement pour son excommunication, il envoya une lettre de
démission dans laquelle il insistait sur le fait que la
véracité de la révélation moderne n’était
pas en question : « Ne tirez aucune conclusion des
considérations ci-dessus autre que ma croyance en ce qui
concerne le gouvernement extérieur de cette Église »
(Far West Record, p. 165-166).
Ce procès était
en rapport avec l’excommunication de John Whitmer et de David
Whitmer, beaux-frères d’Oliver, également à
ce moment-là ; ceci était en parallèle avec
le soutien apporté précédemment par Oliver à
la famille Whitmer dans la question des révélations
concurrentes de Hiram Page (D&A 28:11-13). Le tribunal
ecclésiastique examina cinq accusations contre Cowdery :
inactivité, accusation d’adultère à
l’encontre du prophète et trois accusations pour avoir
commencé à exercer le droit et avoir cherché à
faire payer des dettes après la faillite de la banque de
Kirtland (voir Économie de Kirtland).
L’accusation
d’adultère portée par Oliver contre le prophète
était simpliste, parce qu’il était déjà
au courant du principe du mariage plural. Plutôt que de nier
l’accusation, le prophète témoigna que parce
qu’Oliver avait été son « ami
intime », il lui avait « confié beaucoup
de choses » (Far West Record, p. 168). Brigham Young dit
plus tard que ce point de doctrine avait été révélé
à Joseph et à Oliver pendant la traduction du Livre de
Mormon (cf. Jcb. 2:30) ; il est clair qu’une compréhension
plus complète du principe du mariage plural fut donnée
en 1832, lorsque Joseph Smith traduisit la Genèse (cf. D&A
130:1-2). Brigham Young ajouta qu’Oliver alla impétueusement
de l’avant sans la permission de Joseph, ne connaissant pas
« l’ordre, la façon de faire ni les
résultats » (Charles Walker Journal, 26 juillet
1872, Archives de l’Église). Oliver épousa
Elizabeth Ann Whitmer en 1832, et les problèmes avec la
polygamie le poussèrent apparemment, ainsi que la famille
Whitmer, à s’opposer plus tard au principe.
En 1838, après son
excommunication, Oliver retourna en Ohio, mais, contrairement à
ce que dit un acte fictif, il ne paya pas alors à l’évêque
Edward Partridge $1.000 pour la parcelle du temple à
Independence au nom de ses enfants, John, Jane et Joseph Cowdery. Ces
enfants n’ont jamais existé ; Oliver n’avait
pas cet argent et ne montra aucun intérêt pour le comté
de Jackson que ce soit alors ou plus tard. En fait, il continua
l’étude du droit et exerça à Kirtland,
mais en 1840 il déménagea pour Tiffin (Ohio), où
il devint une personnalité en vue en tant que fervent
démocrate. Ses annonces juridiques et son service public
parurent régulièrement dans les journaux locaux et il
fut personnellement mentionné dans les mémoires
cordiaux de William Lang, avocat éminent d’Ohio, qui fit
son apprentissage sous Cowdery et le décrivit comme étant
un homme menu, mesurant environ un mètre soixante-cinq, propre
et courtois. Du point de vue professionnel, Cowdery était
décrit comme un « avocat capable », bien
informé, avec une capacité de parole « brillante » ;
pourtant « il était modeste et réservé,
ne disait jamais du mal de personne, ne se plaignait jamais »
(Anderson, 1981, p. 41).
En 1847, il s’installa
au Wisconsin où il poursuivit son métier d’homme
de loi et faillit être élu à la première
législature d’État malgré les articles de
journaux ridiculisant sa déclaration publiée d’avoir
vu l’ange et les plaques. Au cours des dix années qu’il
passa en dehors de l’Église, Cowdery ne succomba jamais
aux pressions considérables l’incitant à renier
son témoignage du Livre de Mormon. En effet, les lettres qu’il
écrivit à ses parents membres de l’Église
montrent qu’il était blessé de voir l’Église
rejetée mais qu’il continuait à croire
profondément. Estimant que sa réputation avait été
diffamée, il demanda une disculpation publique, expliquant que
n’importe qui serait sensible au sujet de sa réputation
« si vous vous étiez tenus en la présence de
Jean avec notre frère décédé Joseph, pour
recevoir la moindre prêtrise, et en la présence de
Pierre pour recevoir la plus grande » (Gunn, p. 250-251).
Ces déclarations
contredisent une brochure qu’Oliver aurait prétendument
publiée en 1839 comme « Défense »
pour avoir quitté l’Église (voir Contrefaçons
de documents historiques). Apparaissant en 1906, elle dépeint
Oliver comme incertain d’avoir vu Jean-Baptiste. Mais aucun
original n’existe, ni aucune allusion à cette brochure
pendant le siècle de Cowdery. Son style emprunte des
expressions de Cowdery qui ont été publiées mais
réarrange ses conclusions. Il y a une contrefaçon plus
maladroite, appelée « Confession d’Oliver
Overstreet », qui prétend que l’auteur a été
suborné pour personnifier Cowdery et retourner dans l’Église.
Des documents abondants prouvent qu’Oliver est revenu à
Council Bluffs (Iowa) en 1848 avec sa femme et sa jeune fille.
Des journaux intimes et
des procès verbaux officiels rapportent les paroles prononcées
par Oliver Cowdery à son retour dans l’Église. Il
voulait uniquement être rebaptisé et retourner dans la
communion des saints, pas avoir un poste. Il déclara
publiquement qu’il avait vu et manipulé les plaques du
Livre de Mormon et qu’il était présent avec
Joseph Smith lorsque « de saints anges »
avaient rendu les deux prêtrises (Anderson, BYU Studies, 1968,
p. 278). Le grand conseil l’interrogea soigneusement sur sa
lettre (à David Whitmer) publiée dans laquelle Oliver
prétendait qu’il conservait les clefs de la direction de
la prêtrise après la mort de Joseph Smith. C’était
son avis, dit Oliver, avant de voir la révélation de
Nauvoo donner tous les pouvoirs à Hyrum Smith « qui
furent autrefois placés sur celui qui était mon
serviteur Oliver Cowdery » (D&A 124:95). « C’est
cette révélation qui a changé mon point de vue à
ce sujet » (Anderson, IE, nov. 1968, p. 19).
Comme elle s’était
mise en route pour Council Bluffs tard dans la saison, la famille
Cowdery fut forcée de passer l’hiver à Richmond
(Missouri), où vivait la majeure partie de la famille Whitmer.
Les lettres écrites pendant toute l’année 1849
répètent l’espoir d’Oliver de partir pour
l’Ouest et révèlent également son manque
de moyens. Elles disent qu’il crachait du sang, un problème
respiratoire de longue durée qui allait finir par lui coûter
la vie le 3 mars 1850. Le tribunal de circuit enregistra une
résolution de ses collègues avocats selon laquelle dans
la mort d’ « Oliver Cowdery, sa profession [avait]
perdu un membre doué et la collectivité, un citoyen
précieux et digne » (Anderson, 1981, p. 46).
David Whitmer et d’autres
parents vivant près d’Oliver Cowdery dans sa dernière
année affirmèrent plus tard qu’il était en
désaccord avec beaucoup de points de doctrine de Kirtland et
de Nauvoo, mais les critiques d’Oliver connues avec certitude à
l’époque ne concernent que l’intolérance et
une inquiétude permanente concernant la polygamie. David
Whitmer considérait Joseph comme un prophète déchu,
mais en 1848, Cowdery dit publiquement et en privé « que
Joseph Smith avait accompli fidèlement sa mission devant Dieu
jusqu’à la mort » (Geo. A. Smith à
Orson Pratt, MS 11, 20 oct. 1848, p. 14) et « que la
prêtrise était avec ce peuple et que « les
Douze étaient les seuls hommes qui pouvaient diriger l’Église
après la mort de Joseph » (Anderson, IE, nov. 1968,
p. 18). Dans sa dernière lettre connue, Oliver accepta, de la
part des Douze, la mission de faire du lobbying à Washington
et reconnut la direction des « bons frères de la
vallée de [Salt Lake City] » (Gunn, p. 261).
Elizabeth Ann Whitmer
Cowdery (1815-1892), la femme d’Oliver, l’avait connu
quand il écrivait sous la dictée pendant la traduction
du Livre de Mormon. Elle dit à propos de son engagement
indéfectible : « Il a toujours affirmé
sans l’ombre d’un doute… la divinité et la
véracité du Livre de Mormon » (Anderson,
1981, p. 63). Cette assurance a résisté à
l’épreuve de la persécution, de la pauvreté,
de la perte de standing, d’une santé défaillante
et de la mort tragique de cinq de ses six enfants. Mourant à
quarante-trois ans, Oliver était entouré par les
membres de sa famille qui ont dit qu’il avait réaffirmé
la divinité du Livre de Mormon et de la prêtrise
rétablie – et avait exprimé une confiance totale
au Christ. Juste avant rejoindre l’Église, il exprima
ses espoirs intérieurs dans une lettre à David Whitmer,
qui avait été témoin avec lui : « Que
le Seigneur défende notre réputation et fasse briller
notre témoignage, et alors les hommes seront sauvés
dans son royaume » (Oliver Cowdery à David Whitmer,
28 juillet 1847, Ensign of Liberty, 1:92).
Bibliographie
Anderson, Richard L.
"Reuben Miller, Recorder of Oliver Cowdery's Reaffirmations."
BYU Studies 8, printemps 1968, p. 277-293.
Id. "The Second
Witness of Priesthood Restoration". JE 71, sept. 1968, p. 15-24
et 71, nov. 1968, p. 14-20.
Id. Investigating the
Book ofMonnon Witnesses. Salt Lake City, 1981.
Arrington, Leonard J.
"Oliver Cowdery's Kirtland, Ohio, 'Sketch Book."' BYU
Studies 12, été 1972, p. 410-426.
Cannon, Donald Q. , et
Lyndon W. Cook. Far West Record. Salt Lake City, 1983.
Gunn, Stanley R. Oliver
Cowdery, Second Eider and Scribe. Salt Lake City, 1962.
Jessee, Dean C. "Joseph
Knight's Recollection of Early Mormon History". BYU Studies 17,
1976, p.36.
Porter, Larry C. "Dating
the Restoration of the Melchizedek Priesthood". Ensign 9, juin
1979, p. 5-10.
Whitmer, David. Address
to All Believers in Christ. Richmond, Mo., 1887.
RICHARD LLOYD ANDERSON
Création,
récits de la Création
Auteurs :
Nielsen, F. Kent et Ricks, Stephen D.
Les saints des derniers
jours ont, en plus de la Genèse biblique, deux restaurations
modernes de récits scripturaires antiques de la Création
dans le livre de Moïse et le livre d’Abraham. Des
informations faisant autorité sur le sujet apparaissent
également dans le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances
et la cérémonie du temple. Puisant dans cette abondance
de textes sur la création, les saints des derniers jours
comprennent que Jésus-Christ, agissant sous la direction de
Dieu le Père, a créé ce monde-ci et d’autres
pour rendre possible l’immortalité et la vie éternelle
d’êtres humains qui existaient déjà comme
enfants d’esprit du Père. Cette compréhension
diffère des récits scientifiques et des récits
traditionnels chrétiens parce qu’elle affirme le but et
le rôle de Dieu, tout en reconnaissant la création comme
l’organisation de matériaux préexistants et pas
comme un événement ex nihilo (création à
partir du néant). En outre, ces récits décrivent
un rôle actif pour les enfants d’esprit de Dieu dans la
création et contiennent une version plus détaillée
des origines du mal.
L’occurrence
fréquente de récits de la création dans les
Écritures et les cérémonies sacrées
mormones correspond à ce que l’on trouve d’une
manière générale dans le monde antique, et dans
l’Israël antique en particulier, où la Création
était régulièrement récitée ou
rejouée. Les Israélites et les autres peuples du
Proche-Orient antique considéraient la Création –
et notamment sa récitation et sa reconstitution rituelles –
comme possédant une nature dynamique, pas statique. Selon
Raffaele Pettazzoni, un historien bien connu des religions, « ce
qui s’est produit au commencement a une valeur exemplaire et
déterminante pour ce que se passe aujourd’hui et ce qui
arrivera à l’avenir » (p. 26).
La Création joue
un rôle théologique central dans le Livre de Mormon. Les
événements entourant la Création sont liés
à la chute de l’ange qui est devenu le diable (2 Né.
2:17 ; 9:8). Sa chute a, à son tour, mené à
celle d’Adam, à l’opposition comme partie
intégrante de la condition mortelle et, finalement, au besoin
de rédemption divine de l’humanité (2 Né.
2:18-27). Les prophètes du Livre de Mormon voyaient la
Création comme un symbole de la bonté de Dieu et comme
une pierre de touche de l’intendance humaine : « Voici,
le Seigneur a créé la terre afin qu’elle soit
habitée ; et il a créé ses enfants afin
qu’ils la possèdent » (1 Né.
17:36). Ceux qui rejettent la bonté de Dieu symbolisée
par la Création (et l’Expiation) seront inévitablement
jugés et punis (cf. 2 Né. 1:10).
Le récit de la
Création dans le livre de Moïse (révélé
en 1830 comme commencement de la traduction de la Bible par Joseph
Smith) apporte plusieurs informations en plus de celles qui sont dans
la Genèse.
D’abord, le livre
de Moïse montre que Moïse est bien l’auteur de son
récit de la Création et précise que celui-ci est
le résultat d’une révélation qui lui a été
donnée à un certain moment entre l’épisode
du buisson ardent et l’exode (Moï. 1:17, 25).
Deuxièmement, il
éclaircit le rôle de Jésus-Christ dans la
Création : « Et je les ai créées
[ces terres et leurs habitants], par la parole de mon pouvoir, qui
est mon Fils unique, lequel est plein de grâce et de vérité »
(Moï. 1:32-33) ; « Puis moi, Dieu, je dis à
mon Fils unique, qui était avec moi depuis le commencement :
Faisons l’homme à notre image » (Moï.
2:26-27) ; « Et moi, le Seigneur Dieu, je dis à
mon Fils unique : Voici, l’homme est devenu comme l’un
de nous, pour la connaissance du bien et du mal » (Moï.
4:28). Ceci est conforme aux enseignements de Jean et de Paul dans le
Nouveau Testament (Jn. 1:3, 10 ; Ép. 3:9 ; Col.
1:13-16 ; Hé. 1:2, 10).
Troisièmement, la
Création est placée dans un contexte beaucoup plus
vaste de créations continuelles de terres habitées
innombrables avec leurs cieux respectifs (dans lesquels le Christ a
joué un rôle central) : « Et j’ai
créé des mondes sans nombre ; et je les ai
également créés dans un dessein qui m’est
propre, et je les ai créés par le Fils, qui est mon
Fils unique… pour le mien possèdent le but ; et
par le fils je les ai créés, qui est le mien seulement
engendré…. Et lorsqu’une terre et ses cieux
passeront, une autre viendra. Et il n’y a pas de fin à
mes œuvres ni à mes paroles. » (Moï.
1:33, 38 ; voir aussi Mondes). Moïse reçoit des
détails de la création de « ce ciel, et
cette terre » seulement (Moï. 2:1 ; cf. 1:35).
Quatrièmement,
l’origine du mal est retracée jusqu’à la
rébellion de Satan, qui cherchait (1) à remplacer le
Fils bien-aimé de Dieu, qui « était [l’]élu
depuis le commencement » et (2) à recevoir et à
utiliser le pouvoir de Dieu de racheter tous les humains en
détruisant leur libre arbitre (Moï. 4:1-4). L’importance
du libre arbitre humain est réaffirmée dans le
commandement donné à Adam et à Ève au
sujet de l’arbre de la connaissance du bien et du mal :
« Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance
du bien et du mal ; néanmoins, tu peux choisir par
toi-même, car cela t’est donné ; mais
souviens-toi que je le défends, car le jour où tu en
mangeras, tu mourras » (Moï. 3:17).
Cinquièmement, le
récit dans Moïse précise que tous les êtres
vivants ont été créés spirituellement
dans les cieux avant leur création physique sur la terre :
« Moi, le Seigneur Dieu, je créai spirituellement
toutes les choses dont j’ai parlé, avant qu’elles
fussent naturellement sur la surface de la terre… Et moi, le
Seigneur Dieu, j’avais créé tous les enfants des
hommes, mais pas encore d’homme pour cultiver le sol ; car
c’est dans le ciel que je les avais créés ;
et il n’y avait pas encore de chair sur la terre, ni dans
l’eau, ni dans l’air » (Moï. 3:5).
Certains commentateurs
mormons ont exploré la possibilité que le récit
de Moïse puisse résoudre le conflit existant dans l’ordre
des actes créateurs de Dieu entre Genèse 1 et Genèse
2 en traitant la première comme une création d’esprit
(O. Pratt, p. 21-22 ; Roberts, p. 264-268 ; cf. DS1:74-76
qui expose un point de vue différent). Les révélations
ultérieures expliquent que la création d’esprit
de l’humanité avait eu lieu longtemps avant que les
événements décrits dans aucun des récits
de la création de la terre. Dieu, notre Père céleste,
est littéralement le « Père des esprits »
(Hé. 12:9). « L’homme comme esprit a été
engendré et est né de parents célestes et a été
élevé jusqu’à sa maturité dans les
demeures éternelles du Père avant de venir sur la terre
dans un corps temporel » (voir Première Présidence,
« L’origine de l’homme », nov. 1909
[Annexe] ; voir aussi Corps d’esprit).
Le récit
abrahamique est distinctif parmi les récits de la Création.
Il décrit un cosmos structuré, avec beaucoup d’étoiles,
les unes au-dessus des autres, avec leurs différentes périodes
et ordres de gouvernement (Abr. 3:1-10). Dans ce contexte, Abraham se
renseigne également sur les esprits éternellement
existants, l’un au-dessus de l’autre en intelligence,
jusqu’au « Seigneur, ton Dieu », qui est
« plus intelligent qu’eux tous » (Abr.
3:19 ; voir les discours cités dans la bibliographie). On
lui montre un groupe d’intelligences organisées (ou
esprits ou âmes, les mots sont ici utilisés l’un
pour l’autre), au-dessus desquelles règne Dieu et parmi
lesquelles il demeure, et il apprend que Dieu « au
commencement » est descendu parmi elles et a dit de
certaines qui étaient « nobles et grandes » :
« De ceux-ci je ferai mes gouverneurs… et il me
dit : Abraham, tu es l’un d’eux ; tu fus choisi
avant ta naissance » (Abr. 3:18-23). L’un des buts
de cette assemblée prémortelle dans les cieux est
formulé par quelqu’un « parmi eux qui était
semblable à Dieu » qui dit à ceux qui sont
avec lui : « Nous descendrons là-bas…
et nous ferons une terre sur laquelle ceux-là pourront
habiter ; nous les mettrons ainsi à l’épreuve,
pour voir s’ils feront tout ce que le Seigneur, leur Dieu, leur
commandera » (Abr. 3:24-25). Ceci est suivi d’une
mention de la gloire qui sera accordée à ceux qui se
montrent dignes, du choix de quelqu’un « qui était
semblable au Fils de l’Homme » (qui doit être
envoyé pour réaliser ceci) et du rejet de Satan, le
tout fait par « le Seigneur », qui est
identifié ailleurs comme étant Jéhovah (Abr.
3:25-28 ; cf. Abr. 1:15-16 ; 2:7-8). Ensuite, « le
Seigneur dit : Descendons », sur quoi les Dieux
« organisèrent et formèrent les cieux et la
terre » (Abr. 4:1). Un élément important de
ce récit révélé est que l’espace et
les matériaux pour créer la terre existaient
explicitement avant sa création.
C’est dans ce
contexte de l’assemblée divine, ou Conseil dans les
cieux, que le récit d’Abraham concernant la Création
va de l’avant en suivant, de manière générale,
la structure de la Genèse. Au moment où il publia cette
« traduction » en 1842, Joseph Smith avait
acquis une compréhension beaucoup plus profonde grâce à
des révélations supplémentaires et certaines par
l’étude de l’hébreu. À la lumière
de la doctrine du Conseil dans les cieux, Joseph Smith avait fait
remarquer que le terme hébreu Élohim, qui est un
pluriel, devrait être rendu par « Dieux »
dans le récit de la Création et non par le « Dieu »
traditionnel (WJS, p. 379). C’est ainsi qu’il est rendu
dans tout le récit d’Abraham. À la lumière
de la doctrine de la nature éternelle de la matière, le
mot traditionnellement traduit par « créa »
devient « organisa ». L’expression
« informe et vide » (hébreu tohu
va-bohu) est rendue, tout à fait correctement, par « vide
et désolée » et décrit l’état
de la terre après qu’elle a été organisée,
pas avant (Abr. 4:2).
Le terme « jour »
(yom en hébreu) pour les sept « jours »
de la création est rendu par « temps »,
une option permise en hébreu et il est explicitement précisé
que le « temps » dans lequel Adam devrait
mourir s’il prenait du fruit défendu « était
selon le temps du Seigneur, qui était selon le temps de Kolob
[une grande étoile dont Abraham avait vu qu’elle était
le plus près du trône de Dieu, dont la révolution,
d’une durée de mille ans selon notre manière de
calculer, est un jour pour le Seigneur] ; car les Dieux
n’avaient pas encore désigné à Adam le
calcul de son temps » (Abr. 5:13 ; 3:2-4).
Sur la base du passage
ci-dessus, qui exclut clairement la possibilité que des jours
terrestres de vingt-quatre heures soient les « jours »
ou « périodes » de la création,
certains saints des derniers jours ont avancé que les
« temps » de la création aussi bien que
le « temps » de la vie terrestre d’Adam
après la Chute étaient des périodes de mille
ans ; d’autres sont partisans de périodes
indéterminées, le temps nécessaire pour
accomplir l’œuvre concernée. Le récit
d’Abraham contient effectivement le passage intéressant,
en rapport avec « l’organisation » des
luminaires dans « l’étendue » du
ciel : « Et les Dieux observèrent les choses
auxquelles ils avaient donné des ordres jusqu’à
ce qu’elles eussent obéi » (Abr. 4:14-18). Le
récit d’Abraham comprend en fait douze « travaux »
des Dieux, répartis parmi les « jours »
à la manière de la Genèse. Le récit
ultérieur de la création au temple donne une version
abrégée de ces travaux, divisés différemment
parmi les sept jours tout en maintenant le même ordre, ce qui
veut peut-être dire que le jour où un travail donné
est accompli importe peu.
Abraham relie les récits
apparemment différents de Genèse 1 et 2 dans le
contexte du Conseil dans les cieux. Le récit en sept jours
d’Abraham suit l’œuvre des cinq premiers temps
créateurs et d’une partie du sixième comme
création physique de la terre et sa préparation pour
recevoir la vie avant que celle-ci n’y soit effectivement
placée. Ainsi, pendant le troisième temps, « les
Dieux organisèrent la terre afin qu’elle produisît
de la verdure… et la terre afin qu’elle produisît
les arbres à partir de leur semence » (Abr. 4:12 ;
italiques ajoutés). Et pendant le cinquième temps,
« les Dieux préparèrent les eaux afin
qu’elles produisissent de grands poissons et tous les animaux
vivants… tous les oiseaux ailés selon leur espèce. »
(Abr. 4:21). De même, au sixième temps, « les
Dieux préparèrent la terre afin qu’elle produisît
des animaux vivants selon leur espèce… et les Dieux
virent qu’ils obéiraient » (Abr. 4:24-25).
Ensuite lors du sixième temps, les Dieux se consultèrent
à nouveau et décidèrent de former l’homme
et de lui donner la domination sur les plantes et les animaux qui
devaient venir sur la terre (Abr. 4:26-29). « Et les Dieux
se dirent entre eux : Au septième temps, nous achèverons
l’œuvre que nous sommes convenus de faire, et nous nous
reposerons… Et telles furent leurs décisions à
l’époque où ils convinrent entre eux »
(Abr. 5:2-3). Le récit parallèle à Genèse
2 vient ensuite tout naturellement comme récit du placement
proprement dit de la vie sur la terre : « Et les
Dieux descendirent et formèrent les origines des cieux et de
la terre, quand ils furent formés le jour où les Dieux
formèrent la terre et les cieux. Selon tout ce qu’ils
avaient dit concernant chaque plante des champs avant qu’elle
fût sur la terre » (Abr. 5:4-5).
Plusieurs thèmes
que l’on trouve dans d’autres récits antiques de
la création – le conflit prémortel dans les
cieux, la victoire divine sur les pouvoirs d’opposition du
chaos et la promulgation de la loi au moment de la création –
sont également connus dans les récits de la création
des Écritures et de la théologie des saints des
derniers jours (2 Né. 2:17 ; 9:8 ; Moï.
4:3-4 ; Abr. 3:27-28 ; voir aussi Guerre dans le ciel ;
Préexistence (Existence Préterrestre)). Il y a des
allusions à ces idées dans plusieurs passages de la
Bible (cf. Ex. 15 ; Job 38-41 ; És. 40-42 ; Ps.
18 ; 19 ; 24 ; 33 ; 68 ; 93 ; 104 ;
Prov. 8:22-33 ; Ha. 3:8 ; Ap. 12:7-12). Du début de
l’ère chrétienne jusqu’à la fin du
XIXe siècle, l’interprétation chrétienne
traditionnelle a généralement traité ces textes
bibliques de manière allégorique ou n’en a pas du
tout tenu compte dans l’étude de la Création. Une
transformation profonde de l’interprétation chrétienne
de ces passages a eu lieu pendant la dernière partie du XIXe
siècle avec la découverte et la traduction de récits
de la Création venant de la Mésopotamie et de l’Égypte
anciennes. Bien qu’ils varient considérablement dans les
détails, ces récits mentionnent habituellement des
combats prémortels, l’établissement de l’ordre
divin avant la création et la création à partir
du chaos. Les passages bibliques mentionnés ci-dessus sont
maintenant souvent compris à la lumière de ces
descriptions des récits extrabibliques.
La doctrine de la
création ex nihilo a été l’explication
chrétienne traditionnelle. Dans les commentaires récents
sur le sujet, beaucoup d’érudits juifs se sont accordés
pour dire qu’on ne trouve pas de croyance en une création
ex nihilo avant la période hellénistique, tandis que
les savants chrétiens ne trouvent aucun signe de pareille
doctrine dans l’Église chrétienne avant la fin du
IIe siècle apr. J.-C. Le rejet de la création ex nihilo
dans l’enseignement des saints des derniers jours s’accorde
ainsi avec ce que l’on sait de la conception la plus ancienne
de la Création dans l’Israël antique et dans le
christianisme primitif. De même, les saints des derniers jours
ont vu dans des passages bibliques tels que Jean 9:2 et Jérémie
1:4-5 une allusion à une existence individuelle prémortelle,
avec des implications pour l’existence terrestre ultérieure.
À l’appui de ceci, on peut préciser que divers
chrétiens et groupes chrétiens des premiers siècles
du christianisme ont enseigné la même doctrine (cf.
Origène, De Principiis 1:7 ; 2:8 ; 4:1) et qu’on
la trouve également dans les croyances juives de la même
période, notamment Philon (De mutatione nominum 39 ; De
opificio mundi 51 ; De cherubim 32), dans certains écrits
apocryphes (Sagesse de Salomon 8:19-20 ; 15:3) et chez les
Esséniens (Josèphe, Guerre des Juifs 2.8.11, aussi bien
que dans le Talmud et le Midrash juifs).
Bibliographie
Anderson, Bernhard W.
"Creation". Dans Interpreter’s Dictionary of the
Bible, Vol. 1, p. 725-32. New York, 1962.
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Pettazzoni, Raffaele.
"Myths of Beginnings and Creation-Myths". Dans Pettazzoni,
Essays on the History of Religions, H. J. Rose, trans., Vol. 1, p.
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Pratt, Orson. "The
Pre-existence of Man." Série d’articles dans The
Seer (1853-1854). Photo repr., Salt Lake City, 1990.
Pratt, Parley P. "Origin
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Theology, p. 26-32. Salt Lake City, 1978.
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1966.
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Creation. Salt Lake City, 1976.
Smith, Joseph. Voir
discours rapportés dans WJS, p. 9, 33, 60, 341, 346, 351-352
et 359 et leurs contextes.
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Winston, David. "Creation
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Journal of Jewish Studies 37, printemps 1986, p. 88-91.
Young, Brigham.
Discourses of Brigham Young, chaps. 2, 4, 9. Salt Lake City, 1954.
F. KENT NIELSEN
STEPHEN D. RICKS
D
Damnation
Auteur :
HOLZAPFEL, RICHARD NEITZEL
« Damnation »
est un terme qui dérive du latin damnum, signifiant
« dommages » et « perte »
et suggère souvent l’idée de privation de ce que
l’on aurait dû posséder. Tout comme il y a des
degrés et des types divers de salut, liés à une
progression éternelle dans certains domaines (D&A
76:96-98 ; 131:1-4), de même il y a des degrés et
des types divers de damnation. Dans la doctrine des saints, être
damné signifie être arrêté, bloqué
ou limité dans sa progression. Les individus sont damnés
toutes les fois qu’ils sont empêchés d’atteindre
leur plein potentiel d’enfants de Dieu. La damnation, c’est
ne pas atteindre ce dont on aurait pu jouir si l’on avait
accepté la loi tout entière de l’Évangile
et si on y avait été fidèle. Dans ce sens, tous
ceux qui ne parviennent pas au degré le plus élevé
du royaume céleste sont damnés même s’ils
sont sauvés dans un degré de gloire. Ils sont damnés
dans le sens qu’ils ne jouiront pas d’un accroissement
éternel ou de la continuation de la cellule familiale dans
l’éternité (D&A 132:4, 19). Dans ce contexte,
la damnation ne désigne pas nécessairement la
souffrance éternelle en enfer avec le diable, parce que la
perte de bénédictions est en soi un type d’enfer
et de damnation. Les conceptions des saints sur ce sujet sont liées
à des écrits bibliques enrichis et clarifiés par
des révélations supplémentaires ; par
conséquent, le terme damnation a une application plus large
que ne pourrait le laisser croire l’usage moderne (voir Degrés
de gloire ; Exaltation ; Héritiers).
Dans les Écritures,
damnation désigne habituellement le jugement ou la
condamnation qui seront prononcés par Jésus-Christ sur
les méchants à la fin du monde (Mt. 25:41-46).
« Damnation » est l’équivalent de
l’hébreu « rasha », qui signifie
être méchant, impie ou coupable, et du grec krino, qui
implique une mise sous condamnation. Si le mot « damnation »
apparaît régulièrement dans la King James Version
de la Bible, (c.-à-d., dans le Nouveau Testament) on ne le
trouve pas dans la version Segond, qui utilise plutôt
« condamnation ».
Beaucoup de juifs et de
chrétiens rejettent l’idée de la damnation comme
étant une notion théologique désuète,
mais certains juifs orthodoxes et chrétiens conservateurs
entretiennent une croyance en une damnation finale et éternelle.
Les chrétiens conservateurs croient généralement
que Dieu lui-même condamnera les pécheurs impénitents
sur la base de la justice méritée par les intéressés
(Mt. 12:41-42 ; Jn. 12:48 ; Ro. 3:8). Ils croient, en
outre, que le Christ, le Rédempteur, est venu pour sauver
plutôt que pour condamner (Jn. 3:17) et que lui seul libère
l’individu de la damnation finale (Ro. 8:1-2).
La damnation résulte
du refus de croire en l’Évangile (Mc. 16:16), d’accepter
une lumière et une connaissance supplémentaires (Al.
12:9-11), du fait de croire à de fausses doctrines (2 Pi.
2:1), d’être paresseux et de devoir être commandé
en tout (D&A 58:26-29) et de refuser de s’humilier, de se
repentir et de vivre selon les principes de l’Évangile.
Le prophète Joseph Smith a expliqué : « Dieu
a décrété que tous ceux qui ne veulent pas obéir
à sa voix n’échapperont pas au châtiment de
la géhenne. Qu’est-ce que le châtiment de la
géhenne ? Se retrouver dans la société de
ceux qui n’ont pas obéi à ses commandes »
(EPJS, p. 160 ; cf. p. 262-263).
Il y a aussi damnation
quand on prend la Sainte-Cène indignement (1 Co. 11:29), quand
on se complaît dans l’injustice (2 Th. 2:12), que l’on
se livre à des relations adultères (1 Ti. 5:11-12), que
l’on rejette la loi de l’Église (D&A 42:60),
que l’on néglige l’alliance du mariage éternel
(D&A 132:4), que l’on change la sainte parole de Dieu (Mrm.
8:33) et que l’on rejette Jésus-Christ (D&A 49:5).
Si des personnes font ces choses et ne se repentent pas, elles ne
jouissent pas de la protection de la loi de Dieu et n’ont pas
la nourriture spirituelle qu’elles auraient pu avoir et, en
conséquence, elles connaissent la damnation.
Il ne faut pas confondre
la damnation avec le tourment ou le châtiment sans fin. Une
révélation à Joseph Smith explique : « Il
n'est pas écrit qu'il n'y aura pas de fin à ce
tourment, mais il est écrit tourment infini. Il est aussi
écrit damnation éternelle ; ceci est plus
explicite que d'autres Écritures afin d'agir sur le cœur
des enfants des hommes » (D&A 19:6-7 ; voir aussi
Infini et éternel). Le président Brigham Young
explique : « Nous croyons que seront damnés
tous ceux qui n’acceptent pas l’Évangile de
Jésus-Christ ; mais nous ne croyons pas qu’ils
iront dans un étang de feu et de soufre et qu’ils
subiront des tourments sans nom, infligés à toute
éternité par des démons cruels et malveillants.
La doctrine sectaire des récompenses et des châtiments
finaux me paraît aussi étrange que leur Dieu sans corps,
sans parties et sans passions. Chaque homme recevra selon les actes
accomplis dans le corps, qu’ils soient bons ou mauvais. Tous
les hommes, sauf ceux qui pèchent contre le Saint-Esprit, qui
versent le sang innocent ou qui y consentent, seront sauvés
dans un royaume ; car dans la maison de mon Père, dit
Jésus, il y a plusieurs demeures » (JD 11:125-126).
La damnation finale et
totale ne revient qu’au diable et à ses anges, qui se
sont rebellés dans le premier état, et aux fils de
perdition, qui sont damnés éternellement et se voient
refuser l’entrée dans un quelconque royaume de gloire
dans l’au-delà (D&A 76:32-34). Les fils de perdition
sont ceux qui sont coupables du péché impardonnable
contre le Saint-Esprit (D&A 132:27 ; cf. Mc. 3:29), qui
inclut le reniement obstiné du « Fils unique du
Père, [l’ayant] crucifié, pour leur part, et
[l’ayant] exposé à l'ignominie » (D&A
76:35).
Bibliographie
Kimball, Spencer W.
"Marriage and Divorce". Dans 1976 Speeches of the Year, p.
154. Provo, Utah, 1977.
Lee, Harold B. "Spiritual
Rebirth and Death". IE 50, nov. 1947, p. 716, 752, 754.
Stuy, Brian, dir. de
publ. Discours de George Q. Cannon. Dans Collected Discourses, 3
vols. ; Vol. 2, p. 64-76. Sandy, Utah, 1987-1989.
RICHARD NEITZEL HOLZAPFEL
Daniel,
prophéties de
Auteur :
Chadwick, Jeffrey R.
L'Église
de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours considère
le livre de Daniel comme les écrits du Daniel qui fut déporté
de Jérusalem à Babylone (v. 606 av. J.-C.) et accepte
l’œuvre comme Écriture. Elle y voit des prophéties
importantes sur les derniers jours, notamment l'apostasie et le
rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
Selon
Wilford Woodruff, l'ange Moroni a cité au prophète
Joseph Smith le chapitre 2 de Daniel, qui contient une prophétie
du rétablissement de l'Évangile dans les derniers jours
dans le songe de Nebucadnetsar concernant « ce qui
arrivera dans la suite des temps » (Daniel 2:28 ;
Whittaker, p. 159). Daniel voit dans la « tête
d'or » du songe un symbole de l'empire de Nebucadnetsar et
les prophètes modernes ont précisé que la pierre
« détach[ée] sans le secours d’aucune
main » (Daniel 2:34) représente le Royaume de Dieu
dans les derniers jours (D&A 65 ; HC 1:xxxiv-xi). Les autres
symboles ont été interprétés comme suit :
« La poitrine et les bras d'argent »
représentent le royaume perse qui remplaça Babylone.
« Le ventre et les cuisses d'airain »
préfigurent les états hellénistiques qui
allaient suivre. Les deux « jambes de fer »
sont l'empire romain, annonçant la division entre Rome et
Constantinople. Les pieds de l'image, « en partie de fer
et en partie d’argile » symbolisent les royaumes
européens issus de la dissolution de l'empire romain à
partir du cinquième siècle. Ces royaumes fusionnèrent
la culture de Rome avec celle des tribus européennes du nord
et de l’est ; d’où le mélange
symbolique du fer et de l'argile.
Dans le temps de ces royaumes,
prédit Daniel, « le
Dieu des cieux suscitera un royaume... [qui] subsistera
éternellement » (2:44). Ce royaume final,
représenté par la pierre « détach[ée]
sans le secours d’aucune main », est l'Église
de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours rétablie
en 1830, lorsque les monarques européens gouvernaient encore.
On voit que l'Église se propagerait partout dans le monde par
le fait que « la pierre qui avait frappé la statue
devint une grande montagne, et remplit toute la terre. »
(2:34-35 ; Kimball, p. 8).
La vision de Daniel au
chapitre sept s’interprète
aussi dans le contexte des derniers jours. Les « quatre
grands animaux » (Daniel 7:3) semblent représenter
les empires successifs de Babylone, Perse, Macédoine et Rome
et les « dix cornes » (7:7) du quatrième
animal semblent symboliser encore une fois les royaumes qui
succédèrent à l'empire romain. Les prophètes
modernes identifient « l’ancien des jours »
(7:22) comme étant Adam, qui présidera une réunion
qui se tiendra à Adam-ondi-Ahman, dans le Missouri, avant la
seconde venue de Jésus (D&A 116). Lors de cette assemblée,
Jésus, « le Fils de l'homme »,
apparaîtra. Agissant pour les dirigeants de la prêtrise
de toutes les dispensations, Adam rendra à Jésus
ressuscité les clefs de la prêtrise qui représentent
la domination éternelle.
La prophétie des
« soixante-dix semaines »
au chapitre 9 intéresse les saints des derniers jours parce
qu'elle suggère que l'Église du Nouveau Testament
tomberait dans l'apostasie. Les soixante-neuf semaines (Daniel
9:24-26) pourraient symboliser la période comprise entre le
retour des juifs à Jérusalem (537 av. J.-C.) et la
venue de Jésus, le Messie, qui expierait pour son peuple. Le
verset 27 rapporte que le Seigneur « fera une solide
alliance avec plusieurs pour une semaine ». Cette
soixante-dixième semaine pourrait symboliser les décennies
que la vraie Église du Christ a duré, alors dirigée
par des apôtres et des prophètes vivants, pour prendre
fin peu après 100 de notre ère, après le
ministère de Jean l'apôtre. La prophétie fait
également remarquer que Jérusalem et son temple
seraient détruits « durant la moitié de la
semaine » (an 70), mentionnant l'abomination de la
désolation et la cessation des sacrifices au temple (cf. Marc
13:14).
Bibliographie
Kimball,
Spencer W. "A Stone Cut Without Hands." Ensign 6, mai 1976,
p. 4-9.
McConkie, Bruce R. The
Millennial Messiah, chap. 11, 47.
Salt Lake City, 1982.
Sperry, Sidney B. The Voice of
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Prophets. Salt Lake City, 1952.
Whittaker, David J. "The Book
of Daniel in Early Mormon Thought." Dans By Study and Also by
Faith, dir. de publ. J. Lundquist et S. Ricks, Vol. 1, p. 155-201.
Salt Lake City, 1990.
JEFFREY R. CHADWICK
Degrés
de gloire
Auteur :
DAHL, LARRY E.
L'Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours a une vision
optimiste des récompenses éternelles qui attendent
l'humanité dans l'au-delà. Les membres de l'Église
croient qu'il y a « plusieurs demeures » (Jn.
14:2) et que l'expiation et la résurrection du Christ
sauveront toute l'humanité de la mort et finalement
récupéreront tout le monde de l'enfer excepté
les fils de perdition (D&A 76:43-44). Ceux qui sont sauvés
ne sont cependant pas placés dans un état monolithique
appelé le ciel. Dans la résurrection du corps, ils sont
affectés à différents degrés de gloire en
fonction de la loi à laquelle ils ont obéi. Il y a
trois royaumes de gloire : le céleste, le terrestre et le
téleste. L’apôtre Paul parle de trois gloires qui
diffèrent entre elles comme le soleil, la lune et les étoiles
diffèrent en éclat. Il appelle céleste et
terrestre les deux premières gloires, mais la troisième
ne reçoit pas de nom dans la Bible (1 Co. 15:40-41 ; cf.
D&A 76:70-81, 96-98.) Le mot « téleste »
est un terme mormon, utilisé pour la première fois par
le prophète Joseph Smith et Sidney Rigdon quand ils rapportent
une vision qu'ils reçoivent le 16 février 1832 (D&A
76 ; voir aussi Royaume céleste ; Royaume
terrestre ; Royaume téleste).
Lors du jugement final,
tous, excepté le diable, ses anges et ceux qui deviennent fils
de perdition pendant la condition mortelle seront affectés à
l’un des trois royaumes de gloire. Le diable et ses disciples
seront affectés à un royaume sans gloire (D&A
76:25-39 ; 88:24, 32-35).
SOURCES SCRIPTURAIRES
mormoneS. Bien que la Bible contienne des mentions de divers niveaux
de résurrection et de ciel (1 Co. 15:39-58 ; 2 Co. 12:2),
la connaissance que les saints ont de la question vient
principalement des révélations données au
prophète Joseph Smith. La première révélation
traitant directement ce sujet fut donnée le 16 février
1832 et est appelée « la Vision » (D&A
76). Pour ce qui est des circonstances dans lesquelles cette
révélation fut donnée, Joseph Smith explique :
À mon retour de la conférence d'Amherst, je repris la
traduction des Écritures. D'après diverses révélations
qui avaient été reçues, il était clair
que beaucoup de points importants concernant le salut des hommes
avaient été enlevés de la Bible ou perdus avant
qu'elle ne fût compilée. D'après les vérités
qui restaient, il semblait qu'il allât de soi que si Dieu
récompensait chaque homme selon les actions accomplies dans le
corps, le terme ‹ciel›, signifiant la demeure éternelle
des saints, devait comprendre plus d'un royaume. En conséquence,
tandis que nous traduisions l'Évangile de Jean, nous eûmes,
frère Rigdon et moi-même, la vision suivante »
[HC 1:245 et chapeau de la section ; voir aussi la traduction de
la Bible par Joseph Smith (TJS)]).
Des révélations
ultérieures, particulièrement D&A 88, 131, 132, 137
et 138, ajoutent des informations à ce sujet.
LA GLOIRE CÉLESTE.
Le Royaume céleste est réservé à ceux qui
reçoivent le témoignage de Jésus et embrassent
pleinement l'Évangile, c'est-à-dire, ont la foi en
Jésus-Christ, se repentent de leurs péchés, sont
baptisés par immersion par quelqu’un ayant l'autorité,
reçoivent le Saint-Esprit par l'imposition des mains et
persévèrent dans la justice. Tous ceux qui atteignent
ce royaume « demeureront pour toujours et à jamais
dans la présence de Dieu et de son Christ » (D&A
76:62). Il y a, cependant, différentes bénédictions
et différents pouvoirs dans ce royaume. « Il y a,
dans la gloire céleste, trois cieux ou degrés. Pour
obtenir le plus haut, l'homme doit entrer dans cet ordre de la
prêtrise [à savoir : la nouvelle alliance éternelle
du mariage], sinon, il ne peut l'obtenir. Il peut entrer dans
l'autre, mais c'est là la fin de son royaume ; il ne peut
avoir d'accroissement » (D&A 131:1-4).
L’ « accroissement », dans ce cas,
signifie le fait d’avoir des enfants d'esprit après la
condition mortelle (voir Vies éternelles, Accroissement
éternel). Joseph Smith explique : « Si un
homme et sa femme ne contractent pas une alliance éternelle et
ne sont pas mariés pour l'éternité par le
pouvoir et l'autorité de la Sainte Prêtrise, ils
cesseront de s’accroître quand ils mourront ;
c'est-à-dire qu’ils n'auront pas d’enfants après
la résurrection » (EPJS, p. 242). Les saints des
derniers jours croient que ceux qui atteignent le plus haut niveau du
Royaume céleste deviennent des dieux, reçoivent
l'exaltation et sont cohéritiers avec le Christ de tout ce que
le Père a (cf. Ro. 8:14-17 ; D&A 76:50-70 ;
84:33-39 ; 132:19-25).
Il n'y a aucune
explication scripturaire concernant ceux qui vont dans les deux
catégories inférieures du Royaume céleste si ce
n’est qu'ils « ne sont pas dieux, mais anges de
Dieu, pour toujours et à jamais » des serviteurs
chargés d’un ministère, qui « restent
à toute éternité séparés et seuls,
sans exaltation, dans leur état sauvé » (D&A
132:16-17).
LA GLOIRE TERRESTRE. Les
habitants du Royaume terrestre sont décrits comme étant
les gens honorables de la terre qui ont reçu le témoignage
de Jésus mais n'ont pas été suffisamment
vaillants dans ce témoignage pour obéir à tous
les principes et ordonnances de l'Évangile (D&A 76:71-80).
En outre, ceux « des nations païennes »
qui « sont morts sans loi », qui sont
honorables mais qui n'acceptent pas la plénitude de l'Évangile
dans le monde d'esprit post-terrestre, sont candidats à la
gloire terrestre (D&A 45:54 ; 76:72). Dans l'au-delà,
ils reçoivent la présence du Fils, mais pas la
plénitude du Père. La gloire du Royaume terrestre
diffère de celle du céleste comme la lumière que
nous voyons de la lune diffère en gloire de celle du soleil.
Il n'y a aucune mention de différents degrés ou niveaux
dans le Royaume terrestre, mais il est raisonnable de croire que là,
comme dans les royaumes céleste et téleste, les
personnes différeront en gloire les unes des autres (voir D&A
76:97-98).
LA GLOIRE TÉLESTE.
Ceux qui, sur terre, sont des menteurs, des sorciers, des
fornicateurs et des adultères, qui ne reçoivent pas
l'Évangile, ni le témoignage de Jésus, ni celui
des prophètes, vont dans le Royaume téleste. Ils sont
jugés indignes de ressusciter à l'avènement du
Christ et reçoivent un temps supplémentaire en
« enfer » pour se repentir et se préparer
pour une résurrection et un placement ultérieurs dans
un royaume de gloire moindre. Pendant cette période, ils
apprennent à respecter des lois qu'ils ont rejetées par
le passé. Ils fléchissent le genou et admettent leur
dépendance vis-à-vis de Jésus-Christ, mais ils
n’acceptent toujours pas la plénitude de l'Évangile.
À la fin du millénium, ils sont extraits de l'enfer et
sont ressuscités dans une gloire téleste. Là,
« ils seront les serviteurs du Très-Haut ;
mais là où Dieu et le Christ demeurent, ils ne peuvent
aller, aux siècles des siècles » (D&A
76:112). Cependant, ils reçoivent « de
l'Esprit-Saint par le ministère des terrestres »
(verset 86). Bien que différant de la gloire des royaumes
terrestre et céleste comme la lumière que nous
percevons des étoiles diffère de celle de la lune et de
celle du soleil, la gloire du Royaume téleste « défie
[malgré tout] toute compréhension » (verset
89 ; voir D&A 76:81-90, 98-112 ; 88:100-101).
OCCASION DONNÉE À
TOUS. L'Église enseigne que tous les hommes, à
l’exception des fils de perdition, trouveront, dans l’au-delà,
une place dans l’un des royaumes de gloire et qu'ils
choisissent eux-mêmes l'endroit par la vie qu’ils mènent
ici sur terre et dans le monde d'esprit post-terrestre. Même la
gloire la plus basse défie toute compréhension pour les
mortels. Tout le monde reçoit son libre arbitre (D&A
93:30-32). Tous ont accès au pouvoir révélateur
de la Lumière du Christ, qui, à condition qu’ils
la suivent, les conduira à la vérité de
l'Évangile (Jn. 1:1-13 ; Al. 12:9-11 ; Mro.
7:14-19 ; D&A 84:45-48). Tout le monde entendra l'Évangile
de Jésus-Christ sur terre ou dans le monde d'esprit
post-terrestre et aura suffisamment l'occasion de démontrer à
quel point il l’accepte (D&A 138 ; cf. 1 Pi. 4:6).
Ceux qui n'ont pas l’occasion de recevoir l'Évangile sur
cette terre, mais qui l’auraient entièrement accepté
s’ils avaient pu l'entendre, et qui le reçoivent donc
dans le monde d'esprit, sont héritiers du royaume céleste
de Dieu (D&A 137:7-8). Ils accepteront les ordonnances
salvatrices accomplies pour eux par procuration dans un temple sur la
terre (voir Salut des morts). Le Christ, victorieux et plein de
grâce, accorde à tous le désir de leur cœur,
leur permettant de choisir leur récompense éternelle
selon la loi qu’ils sont disposés à respecter.
Bibliographie
Dahl, Larry E. “The
Vision of the Glories”. Dans Studies in Scripture, dir. de
publ. R. L. Millet et K. P. Jackson, vol. 1, p. 279-308. Sandy, Utah,
1984.
Smith, Joseph Fielding,
DS, vol. 2, p. 20-24. Salt Lake City ? 1955.
Talmage, James E. AF, p.
375-394. Salt Lake City, 1968.
LARRY E. DAHL
Déification
chez les premiers chrétiens
Auteur :
NORMAN, KEITH E.
Du deuxième au
huitième siècle, le terme chrétien standard pour
désigner le salut était théopoièse ou
théose, littéralement, « faire Dieu »
ou déification. Ce langage a survécu sporadiquement
dans la tradition mystique de l'Occident et est toujours utilisé
dans l'Église catholique orthodoxe. La doctrine des saints
relative à la progression éternelle et à
l'exaltation à l'état divin exprime une conception
similaire du salut.
Sous sa forme classique,
en particulier dans les ouvrages d'Athanase (évêque
d'Alexandrie au IVe siècle), la déification était
basée sur la notion de l'incarnation du Christ. Le Conseil de
Nicée (325 apr. J.-C.) a défini le Fils comme
homoousios (de la même substance) avec le Père et donc
pleinement Dieu. En prenant sur lui notre chair par la naissance,
Jésus, en tant que Dieu, a uni l'essence de l'humanité
à la nature divine. Finalement, la divinité du Christ a
surmonté les limites de la chair par la résurrection et
la glorification, transformant et élevant son corps au niveau
complet de l'état divin. Comme Athanase l’a résumé :
« Dieu a été fait homme pour que nous
puissions être faits Dieu » (De l'incarnation du
Logos, 54).
Bien que ce point de
doctrine ait été écarté par les savants
ultérieurs comme une simple « théorie
physique de la rédemption » concentrée sur
la Résurrection, la déification est plus qu'un synonyme
de l'immortalité. Les Pères de l'Église
affirmaient que la déification non seulement rétablit
l'image de Dieu qui a été perdue au moment de la Chute,
mais permet également à l'humanité de dépasser
la nature humaine de manière à posséder les
attributs de Dieu. « Je peux devenir Dieu dans la mesure
où il est devenu homme », disait Grégoire de
Nazianze vers la fin du IVe siècle (Homélies 29.19).
Les descriptions de la déification mentionnaient
l'incorruptibilité physique, l'immunité par rapport à
la souffrance, la vertu parfaite, la pureté, la plénitude
de la connaissance et de la joie, la progression éternelle, la
communion avec Dieu, l’héritage de la gloire divine et
la possibilité de régner conjointement à jamais
avec le Christ dans le royaume de Dieu dans les cieux.
Les racines de la
doctrine chrétienne de la déification sont
essentiellement bibliques. En commençant par la création
de l'humanité à l'image de Dieu (Ge. 1:26-27), les
Pères de l’Église ont élaboré des
aspects de la déification à partir de notions telles
que le commandement de parvenir à la perfection et à la
sainteté morales (par exemple, Lé. 19:1-2 ; Mt.
5:48 ; 1 Jn. 3:2 ; 1 Co. 11:1 ; 2 Pi. 1:3-7),
l’adoption comme héritiers de Dieu (Ro. 8:15-17 ;
Ga. 4:4-7), l’unification avec Dieu en Christ (Jn. 17:11-23) et
la participation aux souffrances du Christ afin de d'être
élevés avec lui dans la gloire (par exemple, Ro.
8:16-18 ; 2 Co. 3:18 ; 4:16-18 ; Ph. 3:20-21 ; 2
Ti. 2:10-12). Ils ont également mentionné des exemples
d’humains décrits comme étant des « dieux »
dans l'Écriture (Ex. 4:16 ; 7:1 ; Ps. 82:6 ;
Jn. 10:34-36).
La pensée juive,
en particulier en réponse à l’expansion de la
christologie et ce qu’elle considérait comme une menace
pour le monothéisme, avait plus de réticence à
parler d’humains atteignant l’état divin.
Néanmoins, les juifs avaient aussi certains des textes
bibliques cruciaux sous-tendant la déification. Le judaïsme
talmudique avait tendance à souligner l'obligation de
l'humanité d'imiter la sainteté de Dieu puisqu’elle
avait été créée à l'image divine.
On disait de Moïse et d'autres prophètes qu’ils
partageaient la gloire de Dieu et devenaient des « dieux
secondaires » par rapport aux autres mortels (Meeks, p.
234-235). Philon dit de la glorification de Moïse qu’elle
était le « prototype… de l’accession
au ciel que chaque disciple espérait se voir accorder »
(Meeks, p. 244).
Du fait de son
incompatibilité avec la doctrine de Dieu dans le christianisme
occidental, la déification a cessé d’être
la manière préférée de décrire le
salut. La théologie catholique a de plus en plus mis l’accent
sur la transcendance de Dieu, seul être nécessaire et
éternel. Tous les autres êtres étaient créés
ex nihilo, « à partir du néant »,
et n’avaient qu’une existence contingente. Cette
évolution théologique trouve son aboutissement chez
Augustin. Pour lui, l'unité absolue et l'altérité
de Dieu étaient si différentes du statut d’être
créé et dépendant vis-à-vis de la grâce
divine qu’était celui de l'humanité que le salut
ne pouvait pas franchir le fossé entre le Créateur
éternel et les créatures dépendantes de lui.
Depuis lors, toute mention de déification a été
suspecte ou hérétique dans le christianisme occidental
et a constitué un point de friction majeur entre les chrétiens
traditionnels et les enseignements des saints des derniers jours sur
le sujet.
Bibliographie
Barlow, Philip L.
"Unorthodox Orthodoxy : The Idea of Deification in
Christian History". Sunstone 8, sept.-oct. 1983, p. 13-18.
Benz, Ernst W. "Imago
Dei : Man in the Image of God." Dans Reflections on
Mormonism, ed. T. Madsen, p. 201-219. Provo, Utah, 1978.
Gross, Jules. La
divinisation du chrétien d'après les pères
grecs. Paris, 1938.
Meeks, Wayne A. The
Prophet-King : Moses Tradition and the Johannine Christology.
Leiden, 1967.
Norman, Keith E.
"Deification : The Content of Athanasian Soteriology".
Thèse de doctorat, Duke University, 1980.
Norman, Keith E.
"Divinization : The Forgotten Teaching of Early
Christianity". Sunstone 1, 1975, p. 15-19.
Pelikan, Jaroslav. The
Christian Tradition, Vols. 1 and 2. Chicago, 1971-1974.
KEITH E. NORMAN
Diable,
Démons
Auteur :
RIDDLE, CHAUNCEY C.
Dans la terminologie des
saints, les mots « diable, démon »
désignent quiconque favorise la cause du mal, mais ils
s’appliquent particulièrement aux esprits non incarnés
qui se sont rebellés contre Dieu dans la vie prémortelle
et ont été précipités du ciel sur cette
terre. Le diable, qui les dirige, est également connu sous les
noms de Lucifer dans l’existence prémortelle et de Satan
depuis qu’il a été précipité.
Le nom Lucifer signifie
« porteur de lumière » en latin et est
la traduction de l’hébreu heylel ben shakhar, qui
signifie « annonciateur fils de l’aube »
ou « étoile du matin ». Dans la vie
prémortelle, Lucifer était un ange ayant autorité
en présence de Dieu. Il joua un rôle important lors du
Conseil dans les cieux. Après que le Père céleste
eut offert le plan de justice pour aider ses enfants à devenir
comme lui, Lucifer proposa un plan différent.
Le plan du Père
était de sauver et d’exalter tous ses enfants
obéissants. Pour être obéissants, ils devaient
garder ses commandements et faire le bien. Dans le plan du Père,
on savait d’avance que beaucoup rejetteraient l’exaltation
et recevraient donc une gloire inférieure.
Le plan de Lucifer
proposait de « sauver » tous les enfants du
Père en forçant chacun à obéir en toutes
choses à la loi du Père. Lucifer désirait être
récompensé de ce grand exploit du salut universel en
s’octroyant l’honneur et la gloire du Père. Comme
les mortels ne peuvent être sauvés que par leur propre
repentir librement consenti, la proposition de Lucifer fut rejetée.
Dans la guerre qui s’ensuivit dans les cieux, il s’acquit
l’allégeance du tiers des enfants d’esprit du
Père. Lucifer et ses partisans furent alors précipités
du ciel sur la terre où il est devenu Satan et ils sont tous
devenus des démons (Moï. 4:1-3 ; D&A 29:36-37 ;
76:25-38).
Le nom Satan vient d’une
racine hébraïque signifiant « adversaire,
ennemi », de là « agresseur,
accusateur » (voir Ap. 12:10). Sur cette terre, le rôle
de Satan et de ses démons est d’empêcher
l’accomplissement d’œuvres de justice et de les
détruire dans la mesure du possible (Moï. 4:4 ; D&A
10:20-23 ; 93:39).
La justice c’est
apporter le plus grand bonheur possible à toutes les personnes
concernées. On ne peut atteindre une pleine justice qu’avec
l’aide d’un être omniscient et omnipotent. Cette
pleine justice est l’ordre spécial du royaume céleste
où le Père demeure. Quand la volonté du Père
est faite et que son ordre est en place, chaque personne et chaque
chose atteint, ou est en voie d’atteindre, le potentiel qu’elle
a de s’épanouir et de connaître le bonheur. Cette
justice est le côté « bien » du
bien et du mal. Elle doit faire contraste avec les désirs
humains qui sont contraires à l’ordre et à la
volonté du Père.
Une bonne personne
(juste) est un être libre qui ne choisit et ne fait que ce qui
est juste. Aucun mortel n’est intrinsèquement et
parfaitement bon et, à lui seul, aucun mortel ne peut
atteindre ce stade (Mt. 19:17). Mais les mortels peuvent poser des
actes justes et devenir justes par l’intermédiaire du
salut offert par Jésus-Christ. Le Christ est la source de
toute justice (Et. 12:28). Les enfants de Dieu peuvent atteindre
l’ordre de justice du Père par le Christ s’ils
choisissent cet ordre en rejetant expressément le mal.
Le mal est toute façon
d’exister qui n’est pas juste. Un état de choses,
un acte ou une personne qui n’est pas dans l’ordre de la
justice est donc mauvais. Laisser son prochain languir dans la
pauvreté quand on a soi-même l’abondance, voler
autrui ou lui souhaiter du mal, tout cela est mal. Satan fait
progresser le mal partout il peut pour contrecarrer la justice de
Dieu (voir D&A 10:27). Ainsi, Satan tente les gens pour qu’ils
fassent le mal au lieu de la volonté du Père. Satan
lui-même n’est pas nécessaire au mal, mais il
accélère et encourage le mal partout où il peut.
Les premières
cibles de Satan sur terre ont été Adam et Ève
dans le jardin d’Éden. Sachant que le Père leur
avait commandé de ne pas manger du fruit défendu sous
peine de mort, Satan chercha à détruire l’œuvre
du Père en les incitant à en manger malgré tout.
Le succès de Satan a marqué le commencement du monde
(pas de la création de la terre), du royaume de Satan sur
cette terre (voir TJS, Mt. 1:55).
En obéissant à
Satan, Adam et Ève lui ont ouvert la porte pour qu’il
ait une domination partielle sur eux, sur la terre et sur tous leurs
enfants (voir Chute d’Adam). Les exemples de sa domination
partielle sur la terre accordée par le Père sont sa
capacité de posséder les corps des animaux (Mt.
8:28-32) et d’utiliser l’eau pour détruire les
gens (D&A 61:14-19). Satan a acquis le pouvoir de tenter ceux qui
sont responsables de faire le mal (D&A 29:39), de communiquer
avec des individus pour leur enseigner des choses (habituellement
mais pas toujours des mensonges), de posséder leur corps, de
provoquer la maladie et de causer la mort physique. Il stimule le
péché, les mauvaises actions, ce qui apporte la mort
spirituelle au pécheur et le malheur à toutes les
personnes touchées. Dans chacune de ces occasions, le pouvoir
de Satan est limité : Il ne peut faire que ce que Dieu
lui permet expressément de faire (D&A 121:4 ; Lu.
8:30-33). On peut lui ôter son pouvoir en écoutant Dieu
et en utilisant correctement la sainte prêtrise pour limiter
ses activités (D&A 50:13-35).
Ce que Satan n’a
pas réalisé en Éden est que ce qu’il
faisait en essayant de détruire l’œuvre du Père
était en réalité la chose même qui était
requise pour accomplir son plan (Moï. 4:6). Les hommes ne
pouvaient pas démontrer suffisamment leur amour pour Dieu et
leur disposition à accomplir l’œuvre de la justice
pour les qualifier pour l’exaltation sans être exposés
à des adversaires mauvais tels que Satan et ses armées
et les vaincre (2 Né. 2:11-22).
Sur terre, Satan est donc
le père de la tromperie, du mensonge et du péché
– de tout ce qui est mal – car il les encourage
vigoureusement. Il peut apparaître comme une contrefaçon
d’un ange de lumière ou en tant que prince des ténèbres,
mais ses manifestations habituelles aux mortels revêtent
habituellement la forme d’une révélation mauvaise
dans le cœur et l’esprit d’une personne ou
indirectement par d’autres personnes. Sa mission est de tenter
chacun de choisir le mal de sorte que les choix de chaque être
humain responsable puissent servir de base suffisante à un
jugement final.
Cette vie terrestre est
une épreuve mortelle pour tous ceux qui ont l’occasion
d’accepter et de mettre en pratique la nouvelle alliance
éternelle tandis qu’ils vivent ici-bas. Ceux qui n’ont
pas une occasion complète dans cette vie terrestre verront
leur épreuve se prolonger à travers l’existence
dans le monde d’esprit qui la suit. Quand viendra la
résurrection, chacun des enfants du Père aura fait un
choix final entre le bien et le mal et chacun sera récompensé
selon le bien ou le mal choisi pendant l’épreuve (Al.
41:10-15).
Quand Satan tente une
personne de faire le mal, il y a des limites à ce qu’il
peut accomplir. Il peut mettre devant une personne n’importe
quel genre d’occasion de mal faire, mais ce mal attire
seulement si la personne tentée désire déjà
cette chose. Quand les gens sont tentés, c’est en
réalité par leur propre convoitise (Ja. 1:12-15).
Satan n’a de
pouvoir sur terre que dans la mesure où les gens le lui
donnent en succombant à ses tentations (EPJS, p. 149). Le
libre arbitre des êtres humains consiste à choisir la
justice par le Saint-Esprit de Dieu ou l’égoïsme
par la chair en succombant aux tentations de Satan (2 Né.
2:26-29). (La chair n’est pas mauvaise en soi, mais Satan peut
tenter les humains par leur chair.) Ceux qui se repentent dans cette
vie sont néanmoins tentés par Satan jusqu’à
leur mort ; alors Satan n’a plus jamais aucun pouvoir sur
eux. Ceux qui meurent sans s’être repentis sont toujours
au pouvoir de Satan dans la prison d’esprit (Al. 34:34-35).
Tous sauf les fils de perdition finiront par accepter le Christ et
lui obéir et échapperont ainsi à la domination
de Satan (D&A 76:110). C’est ainsi que le plan
de libre arbitre du Père
s’accomplit.
Les trois tentations que
Satan impose au Sauveur peuvent être considérées
comme représentatives de toutes les tentations humaines (voir
David O. McKay, Gospel Ideals, p. 154, Salt Lake City, 1953). La
tentation de créer du pain et de le manger alors qu’il
ne devrait pas le faire représente la tentation humaine de la
chair, d’assouvir les sens de manière inique. La
tentation de se jeter en bas du temple et d’être sauvé
par des anges alors que cela ne devrait pas être représente
la tentation humaine de la notoriété. La tentation de
recevoir les royaumes de ce monde alors que cela ne devrait pas être
représente la tentation d’exercer une domination ou un
pouvoir impie sur les autres. Le Sauveur n’a cédé
à aucune de ces tentations parce que son cœur était
pur et qu’il savait que la voie de la justice résidait
seulement dans l’accomplissement de la volonté du Père
en toutes choses.
Tous les mortels
responsables sont tentés, tout comme notre Sauveur l’a
été. Quand les mortels succombent, Satan acquiert du
pouvoir et la vie sur terre devient un enfer. Tout le monde peut
résister à la tentation en choisissant le bien plutôt
que le mal. Mais les fausses informations, les traditions culturelles
mauvaises (D&A 93:39), le désespoir et les besoins humains
impératifs, tout cela rend difficile le choix du bien, même
si la personne ne désire pas particulièrement un mal
déterminé (2 Néphi 28 fait une description
détaillée des stratagèmes de Satan).
Grâce à
Jésus-Christ et à la participation à sa nouvelle
alliance éternelle, les mortels ont la possibilité
d’acquérir le pouvoir de toujours choisir
infailliblement le bien plutôt que le mal. Ce faisant, ils sont
à même d’établir la justice de Dieu et par
conséquent le ciel sur terre (Moï. 7:18 ; D&A
50:34-35 ; voir aussi Sion).
Les êtres humains
résistent à Satan et au mal en dominant leurs désirs,
c’est-à-dire (1) en ne désirant pas le mal que
Satan propose, (2) en acquérant plus de connaissance de
manière à être capables de voir que les
tentations de Satan ne sont pas ce qu’ils veulent vraiment et
(3) en ayant le cœur purifié par Jésus-Christ de
sorte qu’ils ne désireront plus rien de mal mais
désireront au lieu de cela faire la volonté du Père
en toutes choses (Mro. 7:48 ; cf. les réponses du Sauveur
dans Mt. 4:1-10).
La grande aide à
la résistance à la tentation est le Saint-Esprit. Le
but de Satan est de demeurer dans et avec toutes les personnes qui
n’ont pas le Saint-Esprit avec elles, allant parfois jusqu’à
prendre totalement possession du corps d’une personne au point
de lui faire perdre son libre arbitre pendant un certain temps. Il
peut également y avoir possession partielle parce que toutes
les fois qu’un être humain se met en colère, il
est au moins partiellement possédé par Satan (Ja.
1:20).
Dans son rôle de
destructeur, Satan peut causer la maladie et la mort, mais seulement
avec la permission de Dieu. Il ne peut pas prendre les gens avant
leur temps à moins qu’ils ne désobéissent
à Dieu et ne renoncent ainsi à leur mission (Job
1:6-12).
Père du mensonge,
Satan est lancé dans une campagne de désinformation. Il
répand des idées fausses à son propre sujet, au
sujet de Dieu, au sujet des gens, au sujet du salut – tout cela
dans le but d’empêcher les actes de foi en Jésus-Christ.
Les mortels croient ses mensonges parce que ceux-ci sont agréables
à l’esprit charnel et parce qu’ils favorisent ou
soutiennent les désirs égoïstes de celui qui les
croit. À propos de lui-même, Satan dit aux hommes qu’il
n’y a pas de diable, que pareille idée est de
l’imagination pure (2 Né. 28:22). À propos
de Dieu, Satan désire que les êtres humains croient soit
qu’il n’existe pas soit qu’il est un être
lointain, inconnaissable ou redoutable. Il dit aux hommes qu’ils
doivent conquérir dans ce monde selon leur force et que ce que
l’on fait, peu importe ce que c’est, n’est pas un
crime (Al. 30:17). Ses mensonges préférés au
sujet du salut sont soit qu’il est accordé à tous
quoi qu’ils fassent (Al. 21:6) ou qu’il est réservé
à un petit nombre d’heureux élus (Al. 31:17). Ces
croyances incorrectes des pères, inculquées à
leurs enfants sous forme de faux credo, les Écritures les
appellent « les chaînes de l’enfer »
(Al. 12:11 ; D&A 123:7-8).
Les combinaisons secrètes
sont un autre moyen diabolique de répandre le malheur et de
bloquer la cause de la justice (Ét. 8:16-26 ; Hél.
6:16-32). Satan incite les individus égoïstes à
profiter des autres en les opprimant. Le secret est essentiel pour
empêcher toute revanche de la part des victimes et
l’application juste des lois contre de telles combinaisons. Les
combinaisons secrètes emploient un pouvoir personnel,
économique, éducatif, politique ou militaire qui domine
ou asservit certaines personnes pour le plaisir et le profit
d’autres.
Satan a également
une influence sur l’esprit de personnes mauvaises qui ont
quitté la condition mortelle par la mort et qui habitent la
prison d’esprit (parfois appelée hadès). Les
habitants de cette prison ne souffrent pas encore de la douleur
purificatrice qui viendra plus tard, mais continuent à être
sujets aux mensonges et aux tentations de Satan (Al. 40-41). Ils ont
également l’occasion d’entendre les serviteurs du
Christ (D&A 138:28-37) et s’ils n’ont pas eu
l’occasion sur terre, ils peuvent maintenant se repentir en vue
de l’exaltation. S’ils ont eu l’occasion sur terre
mais ne l’ont pas utilisée, le passage par la prison
d’esprit leur permet de nouveau de rejeter Satan, ses mensonges
et ses tentations, mais avec la récompense d’une gloire
moindre (D&A 76:71-79).
Pendant le millénium,
Satan sera lié (Ap. 20:2). Il sera toujours sur terre,
essayant de tenter tout le monde comme il le fait depuis la chute
d’Adam, mais il sera lié parce que personne n’écoutera
ses tentations (1 Né. 22:26).
Vers la fin du millénium,
Satan sera libéré (D&A 88:110-115) parce que les
hommes l’écouteront de nouveau. Mais il sera vaincu et
envoyé de cette terre dans les ténèbres du
dehors, où lui et ses disciples, tant esprits que fils de
perdition ressuscités (Satan est la Perdition), demeureront à
jamais dans le malheur et les ténèbres de l’égoïsme
et de l’isolement.
Bibliographie
On trouvera un traitement
plus complet du concept du diable du point de vue des saints des
derniers jours dans LaMar E. Garrard, « A Study of the
Problem of a Personal Devil and Its Relationship to Latter-day Saint
Beliefs » (Mémoire de maîtrise, université
Brigham Young, 1955). Un ouvrage particulièrement précieux
est son recueil de citations des premières Autorités
générales de l’Église à ce sujet.
Les quatre ouvrages de Jeffrey Burton Russel, The Devil :
Perceptions of Evil from Antiquity to Primitive Christianity (Ithaca,
N.Y., 1977), Satan : The Early Christian Tradition (Ithaca,
N.Y., 1981), Lucifer : The Devil in the Middle Ages (Ithaca,
N.Y., 1984) et Mephistopheles : The Devil in the Modern World
(Ithaca, N.Y., 1986) constituent une histoire complète du
concept du diable à travers la littérature, les arts et
la philosophie depuis les temps anciens jusqu’à nos
jours. La présentation est un traitement approfondi mais ne
découle pas de la façon de penser des saints.
CHAUNCEY C. RIDDLE
Dieu
Auteur :
YARN, DAVID H.
Les saints des derniers
jours déclarent : « Nous croyons en Dieu, le
Père éternel, et en son Fils, Jésus-Christ, et
au Saint-Esprit » (A de F 1). Joseph Smith propose
l’éclaircissement suivant : « Le Père
a un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de
l’homme, le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a
pas de corps de chair et d’os, c’est un personnage
d’esprit » (D&A 130:22 ; voir Dieu le
Père ; Saint-Esprit ; Jéhovah, Jésus-Christ).
Le Père, le Fils
et le Saint-Esprit sont trois êtres séparés et
distincts qui constituent une Divinité unique. D’une
manière générale, le Père est le
Créateur, le Fils est le Rédempteur et le Saint-Esprit
est le Consolateur et le Témoin (cf. MFP 5:26-34 ; EPJS,
p. 152). Beaucoup de passages scripturaires illustrent le caractère
distinct des membres de la Divinité. Par exemple, au baptême
de Jésus, alors qu’il était dans l’eau, la
voix du Père s’est fait entendre du ciel et le
Saint-Esprit est descendu « comme une colombe »
et s’est posé sur le Fils (Mt. 3:13-17 ; voir
Jésus-Christ : Baptême de Jésus-Christ).
Chacune des trois personnes s’est manifestée séparément
et simultanément. En outre, Jésus dit : « Mon
Père est plus grand que moi » (Jean 14:28) et
ailleurs : « Le Père ne juge personne, mais il
a remis tout jugement au Fils » (Jn. 5:22). De plus, Jésus
indique que le Père et lui-même sont deux témoins
séparés de la divinité de son œuvre (Jn.
5:32-37 ; 8:12-18). Sur la montagne de la Transfiguration, notre
Père céleste, parlant à Pierre, Jacques et Jean,
appelle l’homme mortel qu’est Jésus, « mon
Fils bien-aimé » (Mt. 17:5). Par ailleurs, le Fils
prie souvent son Père. À Gethsémané, il
prie le Père tandis qu’il est dans une angoisse profonde
(Mc. 14:32-39 ; cf. Lu. 22:40-46 ; D&A 19:16-19), et
sur la croix, il crie au Père : « Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
(Mt. 27:46 ; Mc. 15:34 ; cf. Ps. 22:1). Tous ces passages
prouvent bien que le Père est un être distinct du Fils.
Bien qu’ils soient un pour ce qui est de la volonté et
des buts, ils sont deux individus séparés et rendent
témoignage l’un de l’autre (cf. 3 Né.
11:7-11).
La nature de l’unité
de la Divinité est illustrée dans la prière où
Jésus souhaite que ses disciples soient un de même que
le Père et lui sont un (Jn. 17:21-22 ; cf. 3 Né.
11:27, 32-36 ; 28:10-11). Il prie ici pour que ses disciples
soient unis en esprit, en but, et en témoignage, pas pour
qu’il y ait fusion de leur identité en un être
unique. Il prie pour qu’ils soient un en désir, en but
et en objectif, exactement comme son Père et lui (EPJS, p.
301-302 ; voir Unité).
Le Père, en tant
que Dieu, est omnipotent, omniscient et, par son Esprit, omniprésent
(voir Lumière du Christ). Il est miséricordieux et
généreux, lent à la colère, abondant en
bonté. Sa voie est une ronde éternelle. Il est un Dieu
de vérité et ne fait pas acception de personnes. Il
personnifie l’amour.
Bien que les saints des
derniers jours utilisent abondamment les Écritures pour
s’informer sur Dieu, leur connaissance fondamentale à
son sujet est basée sur la première vision de Joseph
Smith, les révélations suivantes du prophète et
la révélation personnelle de chacun. L’humanité
peut raisonner ou échafauder des théories sur
l’existence de Dieu et sa nature, mais si elle veut connaître
Dieu, cela dépendra essentiellement de Sa disposition à
se révéler à elle (voir Témoignage de
Jésus-Christ).
Avant 325 apr. J.-C.,
date du premier concile œcuménique chrétien à
Nicée, la nature de Dieu faisait l’objet de débats
chez les philosophes et les croyants. Depuis lors, le concept de Dieu
a été le sujet de conciles œcuméniques, de
discussions philosophiques et d’articles de foi. Aucun d’eux
n’est la source de la compréhension que les saints ont
de Dieu. Il va de soi que beaucoup d’arguments classiques en
faveur de l’existence de Dieu ont été avancés,
notamment les arguments ontologiques d’Anselme, les cinq
« preuves » de saint Thomas d’Aquin,
l’argument téléologique de Descartes, l’argument
éthique de Leibniz et les postulats de la raison pratique de
Kant. Aussi impressionnants qu’ils puissent être comme
réalisations de l’intellect humain, aucun d’eux
n’est la source de la foi en Dieu des saints des derniers
jours, dont la foi est basée sur le témoignage
personnel enraciné dans une expérience personnelle
(voir Épistémologie ; Foi en Jésus-Christ ;
Raison et révélation).
Le dernier chapitre du
Livre de Mormon fait cette promesse : « Et lorsque
vous recevrez ces choses, je vous exhorte à demander à
Dieu, le Père éternel, au nom du Christ, si ces choses
ne sont pas vraies ; et si vous demandez d'un cœur
sincère, avec une intention réelle, ayant foi au
Christ, il vous en manifestera la vérité par le pouvoir
du Saint-Esprit. Et par le pouvoir du Saint-Esprit, vous pouvez
connaître la vérité de toutes choses. »
(Mro. 10:4-5). La manifestation personnelle qu’on reçoit
en réponse à la prière s’appelle un
témoignage. Les saints des derniers jours enseignent que,
grâce à cette source, on peut recevoir le témoignage
certain que Dieu vit, la confirmation des divers principes que les
Écritures enseignent et les éclaircissements là
où ils sont nécessaires.
Il est essentiel d’avoir
une croyance en Dieu ou du moins une certaine foi en lui pour
découvrir qu’il existe réellement. Puisque Dieu
existe et que les êtres humains sont ses enfants, il est
important que les hommes et les femmes connaissent ces faits parce
qu’une telle connaissance est un composant de la vie éternelle
(Jn. 17:3). Les hommes doivent savoir qu’ils sont eux-mêmes
des êtres éternels, que leur existence terrestre dépend
de Dieu (cf. Mosiah 2:21) et que leur état futur dépend
des relations qu’ils établissent avec Dieu et du respect
de ses commandements (voir Commandements ; Obéissance).
Dieu aime ses enfants et
leur a donné le moyen de réaliser leur potentiel divin
(voir État divin). Dieu a donné à l’humanité
le programme pour l’ensemble de ses enfants (voir Plan de
salut, Plan de rédemption) et, par le don du Saint-Esprit, il
guide spirituellement les personnes qui le désirent (voir
Inspiration). Dieu a révélé sa volonté
aux prophètes dans les temps anciens et aux apôtres au
midi des temps, et il continue à se révéler aux
prophètes et aux apôtres vivants des derniers jours.
L’étude de
l’existence de Dieu crée le désir de le connaître
et de savoir ce qu’il veut de nous. À mesure que notre
foi et notre connaissance de Dieu augmentent, nous désirons de
plus en plus garder les commandements et nous sentir proches de lui
(voir Foi en Jésus-Christ). Le prophète Joseph Smith a
enseigné que le fait de connaître la véritable
personnalité de Dieu constitue la base de la foi qui mène
au salut (Lectures on Faith 4:1 ; voir Discours sur la Foi).
Jésus a promis que le Consolateur ou Saint-Esprit sera envoyé
à celui qui garde les commandements de Dieu (Jn. 14:26).
L’idéal est de jouir continuellement de cette influence.
Le prophète Joseph
Smith a dit : « Le premier principe de l’Évangile
est de connaître avec certitude la nature de Dieu et de savoir
que nous pouvons converser avec lui comme un homme converse avec un
autre, et qu’il a jadis été un homme comme nous :
oui, que Dieu lui-même, notre Père à tous, a
demeuré sur une terre tout comme Jésus-Christ
lui-même » (EPJS, p. 280). En outre : « Dieu
lui-même a jadis été tel que nous sommes
maintenant et est un homme exalté et siège sur son
trône dans les cieux là-haut ! Voilà le
grand secret. Si le voile était déchiré
aujourd’hui et si le grand Dieu qui maintient notre monde dans
son orbite et qui soutient tous les mondes et toutes choses par son
pouvoir devait se rendre visible – je dis, si vous deviez le
voir aujourd’hui, vous le verriez sous la forme d’un
homme – comme vous-mêmes dans toute la personne, l’image
et la forme d’un homme ; car Adam fut créé à
la manière, à l’image et à la ressemblance
mêmes de Dieu, reçut des instructions de lui et marcha,
parla et conversa avec lui, comme un homme parle et communie avec un
autre » (EPJS, p. 279).
Ainsi, tous les humains
doivent apprendre de Dieu qui ils sont, d’où ils
viennent, pourquoi ils sont sur terre, où ils vont et ce qui
est leur potentiel éternel en étudiant les Écritures
et en recevant la révélation personnelle. Tout est
centré sur Dieu.
Bibliographie
« Le Père
et le Fils : Un exposé de doctrine par la Première
Présidence et les Douze », MFP 5:26-34.
Kimball, Spencer W. The
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding.
DS 1:11-61. Édition française, Francfort, n.d.
Talmage, James E. AF, p.
61-68. Édition française révisée, 1962.
DAVID H. YARN, Jr.
Dieu
le Père
Cette rubrique se compose
de quatre articles :
Dieu le Père :
Aperçu
Dieu le Père :
Noms et titres
Dieu le Père :
Gloire de Dieu
Dieu le Père :
Œuvre et gloire de Dieu
Le premier article est
une introduction à la doctrine relative à Dieu le Père
et aux sources où l’on peut la trouver. Le deuxième
article mentionne les noms et les titres principaux donnés à
Dieu dans les Écritures de l’Église. Le troisième
article traite brièvement de la gloire de Dieu. L’article
final va dans le détail de la notion des buts de Dieu par
rapport à l’humanité.
Dieu
le Père : Aperçu
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Les saints des derniers
jours appellent généralement Dieu, le Père
éternel, Élohim, un pluriel hébreu (‘elohim)
signifiant Dieu ou dieux, et son Fils Jésus-Christ, Jéhovah
(voir Élohim ; Jéhovah, Jésus-Christ). Il
n’est pas possible de distinguer les personnes du Père
et du Fils par des termes plus ambigus comme « Dieu ».
Le fait d’appeler le Père « Élohim »
est donc une convention utile tant que l’on se rappelle que,
dans certains passages de la Bible hébraïque, le titre
élohim ne désigne pas exclusivement la personne de Dieu
le Père. Un terme moins ambigu pour désigner Dieu le
Père dans le langage des saints pourrait être
« Ahman »(cf. D&A 78:15, 20), qui, selon
Orson Pratt, est un nom du Père (JD 2:342).
Dans la théologie
de l’Église, la doctrine de la nature de Dieu est
davantage précisée par la première vision du
prophète Joseph Smith que par toute autre chose. Ici, Joseph
Smith a vu par lui-même que le Père et le Fils étaient
deux êtres séparés et distincts, possédant
chacun un corps à l’image et à la ressemblance
duquel les mortels sont créés. Pour les saints des
derniers jours, aucune conception théologique ou philosophique
de Dieu ne peut l’emporter sur l’expérience
directe du prophète (voir Première Vision).
Dans un certain sens,
c’est créer une légère distorsion que se
concentrer sur un seul membre de la Divinité et traiter de ses
caractéristiques en l’isolant de celles des deux autres,
car Père, Fils et Saint-Esprit sont un en volonté, en
but et en personnalité (Jn. 10:30 ; 17:11, 21-23). La
majeure partie de ce qui peut être dit du Père est
également vrai du Fils et vice-versa. Le prophète
Joseph Smith a dit que le Fils ne fait rien dont le Père ne
soit pas l’exemple (EPJS, p. 252 ; cf. Jn. 5:19-20).
Pourtant Dieu le Père
n’est pas un en substance avec le Fils ou le Saint-Esprit, mais
est un être séparé. Le Père a existé
avant le Fils et le Saint-Esprit et est la source de leur divinité.
En termes classiques, la théologie des saints est
subordinationniste, c’est-à-dire qu’elle considère
le Fils et le Saint-Esprit comme subordonnés et dépendants
de Dieu, le Père éternel. Ils descendent de lui. C’est
pour cela que Joseph Smith appelle le Père « Dieu
le premier » pour souligner sa primauté dans la
Divinité (EPJS, p. 152). Le Fils et le Saint-Esprit étaient
« au commencement avec Dieu », mais seul le
Père a existé avant le commencement de l’univers
tel qu’on le connaît. Il est la source ultime de tout et
le Père de tout, parce qu’au commencement il a engendré
le Fils et, par l’entremise de son agent, le Fils, le Père
a réalisé la création de tout.
Les saints des derniers
jours perçoivent le Père comme un Homme exalté
dans le sens le plus littéral et le plus anthropomorphique du
terme. Ils ne considèrent pas la terminologie de la Genèse
comme allégorique ; les êtres humains sont créés
dans la forme et à l’image d’un Dieu qui a une
forme et une image physiques (Ge. 1:26). Le prophète Joseph
Smith explique : « Le Père a un corps de chair
et d’os aussi tangible que celui de l’homme ; le
Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de
chair et d’os, c’est un personnage d’esprit »
(D&A 130:22). Ainsi, « Dieu est esprit »
(Jn. 4:24) en ce sens que le Saint-Esprit, le membre de la Divinité
qui traite le plus souvent et le plus directement avec les humains,
est un Dieu et un esprit, mais Dieu le Père et Dieu le Fils
sont des esprits ayant un corps physique et ressuscité. Les
saints des derniers jours nient la nature abstraite de Dieu le Père
et affirment qu’il est un être concret, qu’il
possède un corps physique et qu’il est dans l’espace
et le temps. Ils rejettent en outre toute idée que Dieu le
Père est le « totalement autre »,
inconnaissable ou incompréhensible. Selon la doctrine de
l’Église, connaître le Père et le Fils est
une condition préalable à la vie éternelle (Jn.
17:3 ; D&A 88:49). De l’avis de beaucoup de saints des
derniers jours, le concept d’une Divinité abstraite et
incompréhensible constitue une intrusion des catégories
philosophiques grecques dans le message biblique.
Le Père, Élohim,
est appelé le Père parce qu’il est le Père
littéral de l’esprit des mortels (Hé. 12:9).
Cette paternité n’est pas allégorique. Tous les
esprits humains ont été engendrés (et pas créés
de rien ou faits) par le Père dans un état prémortel,
où ils ont vécu et ont été éduqués
par des Parents célestes. Ces enfants d’esprit du Père
viennent sur terre recevoir un corps mortel ; il y a des liens
familiaux littéraux entre les hommes. Joseph Smith a
enseigné : « Si les hommes ne comprennent pas
la personnalité de Dieu, ils ne se comprennent pas eux-mêmes »
(EPJS, p. 278). Les Dieux et les humains représentent une
lignée divine unique, la même espèce d’être,
bien qu’eux et lui soient à différentes étapes
de progression. Ce point de doctrine est énoncé avec
concision dans un couplet bien connu du président Lorenzo
Snow : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le
fut autrefois ; ce que Dieu est maintenant, l’homme peut
le devenir » (voir État divin). Ce principe est
clairement démontré dans la personne de Jésus-Christ,
un Dieu qui est devenu mortel, et cependant un Dieu comme qui les
mortels peuvent devenir (Ro. 8:29 ; 2 Co. 3:18). Mais la maxime
vaut aussi bien pour le Père. Comme le prophète Joseph
Smith l’a dit : « Dieu lui-même a jadis
été tel que nous sommes maintenant et est un homme
exalté et siège sur son trône dans les cieux
là-haut ! Voilà le grand secret »
(EPJS, p. 279). Ainsi, le Père est devenu le Père à
un moment donné avant « le commencement »
tel que les humains le connaissent, en passant par une condition
mortelle semblable à celle que nous vivons sur terre. Il y a
eu des théories parmi certains saints des derniers jours sur
les implications de ce point de doctrine, mais rien n’a été
révélé à l’Église au sujet
de ce qui existait avant « le commencement »
tel que les mortels le connaissent. Les points importants de cette
doctrine pour les saints des derniers jours sont que les Dieux et les
humains sont la même espèce d’êtres, mais à
différentes étapes du développement dans un
continuum divin et que le Père et la Mère célestes
sont le modèle et l’exemple célestes de ce que
les mortels peuvent devenir par l’obéissance à
l’Évangile (voir Mère céleste). Le fait de
savoir qu’ils sont la descendance littérale de parents
célestes et qu’ils peuvent devenir comme eux par
l’Évangile de Jésus-Christ est une source
intarissable de motivation religieuse. Avec Dieu comme Père
littéral et les humains comme dotés de la capacité
de devenir comme lui, la réponse aux questions religieuses de
base « D’où viens-je ? »,
« Pourquoi suis-je ici ? » et « Quel
est mon destin ? » trouvent fondamentalement leur
réponse.
Les saints des derniers
jours attribuent également l’omnipotence et
l’omniscience au Père. Il sait tout ce qui concerne
l’univers dans lequel les mortels vivent et est lui-même
la source et le possesseur de tout le vrai pouvoir qui s’y
manifeste. Cela fait partie de ce que signifie être exalté
et c’est pour cela que les êtres humains peuvent sans
risque mettre leur foi et leur confiance en Dieu le Père, un
être exalté. Néanmoins, dans la plupart des
choses relatives à ce monde, le Père agit par
l’intermédiaire d’un médiateur, son Fils,
Jésus-Christ. À de rares exceptions près, les
mentions de Dieu ou même du Père dans les Écritures
se rapportent en réalité à Jésus-Christ
parce que le Père est représenté par son Fils.
Dans les quelques occasions où le Père s’est
clairement manifesté, il a apparemment limité sa
participation personnelle à rendre témoignage du Fils,
comme au baptême de Jésus (Mt. 3:17), à la
Transfiguration (Mt. 17:5), lors de son témoignage aux
Néphites et aux Lamanites (3 Né. 11:7) et lors de
la Première Vision de Joseph Smith (JS–H 1:17). Le
Christ est l’agent du Père, et puisque lui seul, par son
expiation, a rendu possible l’accès au Père, les
saints des derniers jours adorent et prient le Père et lui
offrent toutes les autres observances au nom du Fils, Jésus-Christ
(Moï. 5:8).
Un autre attribut
personnel important du Père est son amour parfait (1 Jn. 4:8).
À cause de cet amour, il est de la nature du Père
d’améliorer tout et tout le monde dans la mesure où
on le lui permet. A partir du chaos préexistant, de la matière
non organisée, le Père a créé un univers
ordonné. À partir d’intelligences préexistantes,
il a engendré des enfants d’esprit. Même ceux de
ses enfants qui ne veulent pas coopérer ni obéir et qui
ne peuvent donc pas devenir comme lui, il les sauve malgré
tout, s’ils le permettent, et les place dans des royaumes de
gloire moindre (D&A 76:42-43 ; voir Salut) : « Car
voici mon œuvre et ma gloire : réaliser
l’immortalité et la vie éternelle de l’homme »
(Moï. 1:39). L’amour du Père ne se limite pas à
ceux qui l’adorent et lui obéissent, bien que ce soient
eux qui auront la plus grande récompense, mais il s’étend
à tous ses enfants. L’œuvre et la gloire du Père
sont d’aimer et d’édifier tous ses enfants dans la
mesure où ils le permettent. Les saints des derniers jours
croient que l’intention du Père est de rendre tous les
êtres humains aussi heureux qu’il leur est possible de
l’être. C’est dans ce but que le Père a créé
le plan du salut. Il désire que tous les êtres humains
soient exaltés comme lui, reçoivent les pouvoirs et les
joies qu’il possède et éprouvent une plénitude
de joie dans l’éternité. La limite est la mesure
dans laquelle les humains, en manifestant leur foi et leur obéissance
et en faisant des choix sages, permettent au Père de les bénir
en réalisant ce but. Parfois avoir foi en Dieu signifie avoir
la foi que le plan du Père accomplira ce qu’il est censé
devoir accomplir : apporter le bonheur maximum aux êtres
humains. Néanmoins, les saints des derniers jours croient,
contrairement à certaines autres conceptions, que le Père
ne viole jamais le libre arbitre individuel en forçant ses
enfants à l’exaltation et au bonheur. La coercition, à
quelque niveau que ce soit, même sous forme de prédestination
au royaume céleste, est contraire à la nature du Père.
Tout rapport avec lui, toute association avec lui est volontaire.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., et
Larry E. Dahl. The Prophet Joseph Smith's King Follett Discourse :
A Six Column Comparison of Original Notes and Amalgamations. Provo,
Utah, 1983.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, p. 58-65. Salt Lake City, 1985.
Smith, Joseph Fielding.
DS, Vol. 1, p. 11-27.
STEPHEN E. ROBINSON
Dieu
le Père : Noms et titres
Auteur :
BURGON, GLADE L.
Les noms et les titres
connus de Dieu le Père éternel sont peu nombreux,
particulièrement une fois qu’on les compare aux noms
appliqués à Jésus-Christ (voir Jésus-Christ,
noms et titres de). Pour les saints des derniers jours, la Divinité
se compose de trois personnes distinctes : le Père,
Jésus-Christ, son Fils, et le Saint-Esprit (D&A 130:22).
Par conséquent, quand il est nécessaire de distinguer
Dieu le Père des deux autres membres de la Divinité,
les membres de l’Église choisissent parmi les noms qui
se trouvent dans les Écritures.
DIEU. Chez les saints des
derniers jours, le titre « Dieu » désigne
généralement Dieu le Père. De temps en temps, le
mot Dieu peut désigner la Divinité unifiée du
Père, du Fils et du Saint-Esprit (cf. 2 Né.
31:21 ; D&A 20:28) et parfois chaque membre séparément
(AF, p. 60-68). Cette caractéristique rend parfois très
difficiles les tentatives de distinguer le Père de
Jésus-Christ dans les Écritures. Chose importante, les
déclarations de Jésus selon lesquelles le Père
et lui sont « un » et que connaître l’un
c’est connaître l’autre, indiquent que l’unité
de la Divinité – en but et en esprit et témoignant
l’un de l’autre – est l’essentiel et semble
diminuer l’importance des distinctions entre ses membres. Les
Écritures enseignent que pour connaître le Père
il faut d’abord connaître le Christ (Jn. 14:6-23 ;
D&A 84:35-38 ; 93:1-22 ; 132:12). Les instructions de
Jésus selon lesquelles ses fidèles doivent être
« un » avec lui comme il est « un »
avec le Père sont fondamentales dans sa doctrine (cf. Jn.
17:1-26 ; 3 Né. 11:32-36).
PÈRE, PÈRE
CÉLESTE. Le nom-titre « Père céleste »
se rapporte à celui qui a dirigé la création et
est le Père des esprits de toute l’humanité (MFP
5:26-27). Jésus a utilisé les termes « mon
Père », « notre Père »
et « le Père » dans son enseignement sur
le Père et en le priant. Le mot araméen abba (père)
est resté dans la traduction du Nouveau Testament (Mc. 14:36 ;
Ro. 8:15 ; Ga. 4:6). Dans le Livre de Mormon, Jésus
ressuscité utilise continuellement le titre « Père »
en parlant du Père céleste (par exemple, 3 Né.
11:11 ; 19:20-23). Parfois, cependant, Père peut désigner
le Fils (voir Jésus-Christ, Paternité et Filiation de).
Selon le Nouveau Testament et le Livre de Mormon, les âmes
fidèles qui sont converties à Jésus-Christ et
qui font des alliances personnelles avec lui naissent spirituellement
de nouveau, devenant « ses fils et ses filles »
(par exemple, Mosiah 5:7 ; cf. 1 Co. 4:15 ; 2 Co. 6:18 ;
MFP 5:27-31).
DIEU LE PÈRE. La
combinaison du titre « Dieu » et de
l’appellatif « le Père » indique
qu’il s’agit du Père de Jésus-Christ et de
tous les esprits. Les saints des derniers jours adorent Dieu le Père
et Jésus-Christ et prient le Père au nom du Christ
comme le Seigneur l’a commandé (D&A 88:64).
ÉLOHIM. Le terme
généralement utilisé pour « Dieu »
ou « dieux » dans la Bible hébraïque
est élohim, une forme plurielle dont le singulier est eloah ou
el et a le sens d’ « élevé »
ou « exalté ». Les premiers dirigeants
de l’Église ont pris pour habitude de désigner
Dieu le Père par le nom-titre exalté « Élohim »
(cf. MFP 5:26 ; voir Élohim ; Nom de Dieu). Cette
terminologie est toujours utilisée.
JÉHOVAH, SEIGNEUR,
SEIGNEUR DIEU. Le terme « Seigneur », imprimé
en majuscules dans beaucoup de versions anglaises de l’Ancien
Testament, remplace le nom Jéhovah (yhwh dans la Bible
hébraïque). Bien qu’identifiant Jésus-Christ
à Jéhovah (3 Né. 15:3-5 ; cf. D&A
110:1-4 ; voir Jéhovah, Jésus-Christ), les saints
des derniers jours utilisent le titre « Seigneur »
pour le Père et le Fils, comme c’est courant dans toute
l’Écriture. Le titre « Seigneur Dieu »
dans la Bible hébraïque est un composé d’élohim
précédé soit de yhwh (Jéhovah) ou
d’adonaï (seigneur ou maître). Ce nom-titre combiné
désigne surtout Jéhovah dans l’Ancien Testament.
Dans le Nouveau Testament, dans le Livre de Mormon et dans d’autres
Écritures modernes « Seigneur Dieu »
peut désigner soit le Père (par exemple, Moïse
4:1-4) soit le Fils (Mosiah 3:21). [NdT : Pour ce qui est de la
Version Segond, l’auteur utilise uniquement les termes Éternel,
Éternel Dieu. Il est à remarquer que le Tétragramme
IHVH doit probablement se prononcer Yahvé. La prononciation
Jéhovah provient du fait que les voyelles du mot « adonaï »,
Seigneur, couramment utilisé parce qu’il était
interdit de prononcer le nom divin, ont été intégrées
aux consonnes du Tétragramme.]
AHMAN. Dans deux
révélations à Joseph Smith (D&A 78:20 ;
95:17), Jésus-Christ se désigne lui-même par le
nom « Fils Ahman », ce qui veut dire qu’il
est possible que « Ahman » signifie Dieu et
soit l’un des noms du Père (voir Ahman). Le nom apparaît
également dans un nom de lieu composé, Adam-ondi-Ahman
(D&A 116:1 ; 117:8, 11).
HOMME DE SAINTETÉ.
Adam a appris par révélation qu’un des noms de
Dieu le Père est « Homme de Sainteté »
(Moïse 6:57). Hénoc a également noté les
paroles de Dieu : « Voici, je suis Dieu ; Homme
de Sainteté est mon nom ; Homme de Conseil est mon nom ;
et Infini et Éternel est mon nom aussi. » (Moïse
7:35 ; voir Infini et Éternel).
Dans la Bible et les
Écritures modernes, d’autres titres de Dieu portent une
signification précieuse : « Père des
esprits », « Dieu de tous les autres Dieux »,
« Infini », « le Dieu vivant »
et « Seigneur des armées, ce qui est, par
interprétation, le créateur du premier jour, le
commencement et la fin. » (D&A 95:7).
Bibliographie
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1915.
Dieu
le Père : Gloire de Dieu
Auteur :
TURNER, RODNEY
La gloire est un attribut
et une émanation intrinsèques de Dieu, que les
Écritures modernes associent à la loi divine et au
pouvoir et à l’Esprit qui « sort de la
présence de Dieu pour remplir l’immensité de
l’espace » (D&A 88:7-13). Les termes les plus
importants qui désignent « l’Esprit de
gloire » (1 Pi. 4:14) sont l’Esprit de Dieu, le
Saint-Esprit, l’Esprit du Seigneur, la lumière de la
vérité, la Lumière du Christ et l’Esprit
du Christ. Cet Esprit qui imprègne tout est si pur et si
raffiné qu’il n’est pas perceptible aux mortels
dans les circonstances ordinaires (D&A 131:7-8 ; EPJS, p.
167). Il est pourtant arrivé, comme en témoignent les
prophètes, que la gloire innée ait été
manifestée de manière visible sous la forme d’un
feu spirituel flamboyant (Ex. 24:17 ; Ac. 2:3 ; Hél.
5:43-45 ; 3 Né. 17:24 ; 19:13-14 ; HC
1:30-32). Moïse et Jésus ont été
transfigurés par le même pouvoir glorificateur (Ex.
34:29-35 ; Mt. 17:2).
Parce que la gloire
rayonne de Dieu, il est décrit comme étant un « feu
dévorant » (De. 4:24 ; cf. És. 33:14).
Dieu peut retenir ou cacher sa gloire (EPJS, p. 129, 144, 262). Mais
il peut également rayonner de lui une lumière et une
chaleur si transcendantes qu’aucune chair mortelle ne peut
supporter sa présence (Mal. 4:1 ; D&A 133:41, 49 ;
HC 1:17, 37). Ce n’est que quand on est revêtu de
l’Esprit que l’on peut supporter la présence
glorieuse de Dieu (Moï. 1:2, 11 ; D&A 67:11).
L’esprit de gloire
imprègne les créations de Dieu (D&A 63:59 ;
88:41). Par conséquent, elles sont des royaumes de gloire et
voir la moindre de ses créations c’est voir une partie
de sa gloire (Moï. 1:5 ; Ps. 19:1 ; D&A 88:45-47 ;
EPJS, p. 284). Étant donné que les œuvres de Dieu
sont sans fin, sa gloire est sans cesse croissante (Abr. 3:12 ;
Moï. 1:38 ; 7:30). Son œuvre et sa gloire c’est
réaliser l’immortalité et la vie éternelle
de ses enfants (Moï. 1:39). De même que le fait pour Jésus
de se soumettre à la volonté de son Père les a
glorifiés tous les deux, de même l’obéissance
de ses enfants les glorifie, Dieu et eux (Jn. 13:31 ; 17:1). On
parvient à être un avec Dieu par cette relation de
gloire (Jn. 17:21-23 ; D&A 88:60).
La mesure dans laquelle
les hommes et les femmes mortels acquièrent et vivent les
principes moraux et spirituels de la lumière et de la vérité
inhérents à l’intelligence divine détermine
la mesure dans laquelle ils seront remplis de la gloire de Dieu quand
ils ressusciteront et, en conséquence, la sphère de
gloire qu’ils hériteront dans l’éternité
(D&A 88:22-32 ; 93:20, 28 ; 130:18-19 ; EPJS, p.
296). RODNEY TURNER
Dieu
le Père : Œuvre et gloire de Dieu
Auteur :
LARGEY, DENNIS L.
Une révélation
reçue par Moïse entre son expérience du buisson
ardent (Ex. 3:1-4:17) et son retour en Égypte (Ex. 4:20 ;
cf. Moï. 1:26) dit que l’œuvre et la gloire de Dieu
consistent à « réaliser l’immortalité
et la vie éternelle de l’homme » (Moï.
1:39). Ce passage, qui est l’un de ceux qui sont le plus
souvent cités de l’Écriture dans les sermons
décrit le but principal des actions de Dieu en faveur de ses
enfants.
Précédemment
dans cette vision, Moïse avait vu « beaucoup de pays.
Chaque pays était appelé terre, et il y avait des
habitants à sa surface » (Moï. 1:29). Alors le
Seigneur lui dit que « lorsqu'une terre et ses cieux
passeront, une autre viendra. Et il n'y a pas de fin à mes
œuvres ni à mes paroles » (1:38). Après
avoir reçu cet aperçu global des créations de
Dieu, Moïse demande au Seigneur : « Dis-moi, je
te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as
faites ? » (1:30).
Le Seigneur répond
à la première question en expliquant : « Voici
mon œuvre et ma gloire : réaliser l’immortalité
et la vie éternelle de l’homme » (Moï.
1:39). Créer des mondes et les peupler de ses enfants, c’est
ce qui constitue la majeure partie de « l’œuvre »
de Dieu. Il crée des terres où ses enfants d’esprit
peuvent demeurer, où ils reçoivent un corps physique et
apprennent à marcher par la foi. Tandis que l’immortalité
est la vie sans fin, la vie éternelle signifie devenir comme
Dieu (voir État divin). Ainsi, la « gloire »
de Dieu consiste à permettre à l’humanité
de parvenir à la gloire éternelle, l’ultime étant
la vie éternelle.
En réponse à
la deuxième question de Moïse (c.-à-d., « par
quoi tu les as faites ? » ), le Seigneur dit que les
mondes ont été créés par le pouvoir du
« Fils unique, qui est plein de grâce et de vérité »
(Moï. 1:32). Ce passage souligne la conception que les actes
créateurs de Dieu, qui comprennent tous les mondes habitables
(Moï. 1:33 ; cf. Jn. 1:1-2), sont faits par l’intermédiaire
du Fils unique, agent de Dieu, et sont faits en grâce et en
vérité au profit de ses enfants.
DENNIS L. LARGEY
Dispensation
de la plénitude des temps
Auteur :
PACKER, RAND H.
La dispensation de la
plénitude des temps est la dispensation finale pour cette
terre. Les dispensations sont des périodes où
l'Évangile de Jésus-Christ est administré par de
saints prophètes appelés et ordonnés par Dieu
pour remettre son message aux habitants du monde. L’œuvre
centrale de la « dispensation de la plénitude des
temps » consiste à rassembler toutes les
ordonnances et vérités d'Évangile des
dispensations passées et certains points propres aux derniers
jours. Paul a parlé d'un temps futur où toutes les
choses qui sont dans le ciel et sur terre seraient enfin rassemblées,
et il l’a appelé la « dispensation de la
plénitude des temps » (Ép. 1:10 selon la
KJV).
Cette dispensation a
commencé par la Première Vision de Joseph Smith, le
prophète, et toutes les révélations et tous les
dons divins des anciennes dispensations s’y déversent
continuellement. À ce sujet, Joseph Smith a écrit le 6
septembre 1842: « Il est nécessaire pour
l'inauguration de la dispensation de la plénitude des temps,
laquelle dispensation commence à être inaugurée,
qu'une union et un rattachement complets et parfaits de
dispensations, de clefs, de pouvoirs et de gloires se produisent et
soient révélés depuis le temps d'Adam jusqu'à
nos jours » (D&A 128:18).
David W. Patten, membre
de Collège des douze apôtres, a dit en 1838: « La
dispensation de la plénitude des temps se compose de toutes
dispensations qui ont jamais eu lieu depuis que le monde a commencé
jusqu'aujourd’hui… Tous [les prophètes] ont reçu
de leur temps une dispensation par révélation de Dieu
pour accomplir le grand plan du rétablissement… dont la
fin est la dispensation de la plénitude des temps, dans
laquelle s’accomplira tout ce dont il a été parlé
depuis que la terre a été faite » (HC 3:51).
La révélation
et le rétablissement caractérisent la plénitude
des temps. La prêtrise, les clefs (autorisation d'agir), les
ordonnances, les alliances et les enseignements des dispensations
passées ont été, ou seront encore rétablis,
et ceci n’est possible que par révélation. Des
messagers célestes ont exercé leur ministère
auprès de Joseph Smith et Oliver Cowdery, leur donnant
l'autorité, les clefs, les points de doctrine et les
ordonnances des dispensations passées qui avaient été
perdus pour le monde pour des raisons de fragmentation, d'abus et
d'apostasie. Les Doctrine et Alliances rapportent plusieurs
situations où ces deux hommes ont vu des prophètes
anciens ressuscités, ont parlé avec eux et ont reçu
de l’autorité de leur part. Le 15 mai 1829,
Jean-Baptiste les a ordonnés à la Prêtrise
d'Aaron (D&A 13). Peu de temps après, Pierre, Jacques et
Jean, trois des apôtres originels du Christ, leur ont conféré
la Prêtrise de Melchisédek (D&A 27:12). Le 3 avril
1836, dans le temple de Kirtland, Moïse leur a donné
« les clefs pour rassembler Israël des quatre coins
de la terre et pour ramener les dix tribus du pays du nord »
(D&A 110:11) ; Élias leur a confié les clefs
de la dispensation de l'Évangile d'Abraham (D&A 110:12) et
Élie a accompli la promesse de Malachie 4:5-6 en leur
conférant le pouvoir de scellement, « de tourner le
cœur des… enfants vers leurs pères »
et de rendre accessibles les ordonnances salvatrices de l'Évangile
à tous ceux qui ont vécu sur terre (D&A 110:13-15).
Dans le cadre du rétablissement, le Livre de Mormon, témoin
scripturaire de Jésus-Christ et de ses relations avec le
peuple ancien d’Amérique, a été traduit
par Joseph Smith par la puissance divine. Ces événements
faisaient partie du programme visant à « réunir
toutes choses en Christ » (Ép. 1:10 ; D&A
27:7-13 ; voir aussi Rétablissement de toutes choses). La
prêtrise a été révélée
« pour la dernière fois » et ceux qui
détiennent maintenant les clefs, les ont « conjointement
avec tous ceux qui ont reçu une dispensation, à quelque
époque que ce soit, depuis le début de la création »
(D&A 112:30-31).
Le prophète Joseph
Smith a écrit à propos des choses qui sont propres à
la dispensation de la plénitude des temps : « Ces
choses qui n'ont jamais été révélées
depuis la fondation du monde, mais ont été cachées
aux sages et aux intelligents, seront révélées à
de petits enfants et à des nourrissons en cette dispensation,
qui est la dispensation de la plénitude des temps »
(D&A 128:18). Bien que le plan du salut soit le même dans
chaque dispensation, la plénitude des temps verra
l'accomplissement d’événements spécifiques
et uniques, notamment la reconstruction de la vieille Jérusalem,
la construction de la nouvelle Jérusalem, la prédication
de l'Évangile à toutes les nations, familles, langues
et peuples, le rassemblement d'Israël et la seconde venue de
Jésus-Christ. Tout ce qui est nécessaire pour
introduire le millénium rentre dans le domaine de la
dispensation de la plénitude des temps, qui continuera jusqu'à
ce que le Christ ait soumis tous ses ennemis et ait rendu parfaite
son œuvre (D&A 76:106 ; EPJS, p. 186).
Bibliographie
Matthews, Robert J. "The
Fulness of Times." Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
McConkie, Bruce R. A New
Witness for the Articles of Faith, p. 137, 320. Salt Lake City, 1985.
RAND H. PACKER
Dispensations
de l'Évangile
Auteur :
LASSETTER, COURTNEY J.
Le terme
« dispensation »
est une traduction du grec oïkonomia, dénotant une idée
d'intendance et de mise en ordre des affaires d'un ménage. Les
« dispensations » sont également des
périodes de temps au cours desquelles le Seigneur met sur la
terre la connaissance, la prêtrise et les clefs d'autorité
nécessaires pour mettre en application son plan de salut pour
ses enfants. Ce plan, avec la prêtrise, a d’abord été
donné à Adam (Moï. 5:4-12 ; 6:62-68 ;
D&A 84:16-18 ; EPJS, p. 124, 133), mais par suite de
l'apostasie et de la fragmentation qui se sont produites plus tard
parmi ses descendants, il n'est pas resté constamment sur la
terre. Par conséquent, le Seigneur a de temps en temps appelé
de nouveaux prophètes et a de nouveau révélé
le plan et conféré l'autorité sacerdotale
nécessaire, créant une nouvelle dispensation.
Chaque nouvelle
dispensation ou période de vérité rétablie
propose aux hommes et aux femmes une intendance divine qui est
d’accomplir l’œuvre du Seigneur sur la terre. Les
bénéficiaires deviennent gardiens et collaborateurs de
Dieu dans la réalisation de ses buts. Ils œuvrent selon
son dessein ordonné et révélé. Son plan
tient compte des faiblesses humaines et prévoit des périodes
de renouvellement après apostasie, tout comme il prévoit
une rédemption par rapport aux manquements des gens par le
repentir et l'obéissance (D&A 121:31-32). Les notions
d'intendance et d'ordre sont des thèmes importants dans la
théologie des saints.
Les prophètes sont
des intendants qui prêchent et organisent l’œuvre
de rédemption dans chaque dispensation. Il est devenu
traditionnel, dans certains commentaires mormons non officiels, de
compter sept grandes dispensations appelées du nom du prophète
principal de chacune d’elles : Adam, Hénoc, Noé,
Abraham, Moïse, Jésus-Christ (qui a dirigé la
dispensation du midi des temps) et Joseph Smith (qui a introduit la
dispensation de la plénitude des temps ; voir Actes
3:21). Cependant, cette liste ne tient pas compte d'autres
dispensations, comme celle chez les Jarédites, les Néphites
et les dix tribus perdues d'Israël.
Il est rare que des
dispensations de l'Évangile aient été
universelles, touchant toutes les nations, bien que ce soit l'idéal
(par exemple, Abr. 2:11). Le plus souvent, c’est un seul peuple
qui a été sensible, alors que les autres nations
languissaient dans l'ignorance et l'incrédulité.
Cependant, la dispensation adamique a dû être communiquée
de son temps à toute la famille d'Adam (voir Moï. 5:12)
et de nouveau, dans la dispensation finale, la plénitude des
temps, l'Évangile « sera prêché à
toute nation, famille, langue et peuple » (voir D&A
133:37 ; cf. 90:9-11). Le midi des temps a reçu le même
mandat (Mt. 28:19-20), mais nous n'avons aucun document permettant de
dire que l'Évangile a touché toutes les nations de
l’époque.
Plusieurs éléments
fondamentaux sont communs à toutes les dispensations :
l’autorité de la prêtrise, le baptême par
immersion et l'imposition des mains pour le don du Saint-Esprit, le
pouvoir de scellement (D&A 128:9-11) et le culte du temple. Les
points de doctrine de base de l'Évangile, notamment la chute
d'Adam, la foi en Jésus-Christ, le repentir et la nécessité
d'une expiation infinie ont été enseignés à
chaque époque à partir du temps d'Adam toutes les fois
qu'il y a eu des prophètes vivants choisis par le Seigneur
(Moï. 5:4-12 ; D&A 112:29-32).
Certains prophètes
ont reçu des clefs et la responsabilité d’aspects
spécifiques du plan de Dieu pour cette terre. Dans le sens de
dispensation ou d'intendance, chacune de ces tâches pourrait
être appelée, à bon droit, une dispensation
spéciale. Joseph Smith a enseigné qu'Adam, en tant que
« père de tous les vivants », se trouve
à la tête de l'ordre patriarcal de la prêtrise
pour cette terre sous le Christ (EPJS, p. 125 ; D&A 78:16)
et détient les clefs de génération en
génération. Toutes les fois que l'Évangile est
révélé à nouveau, c’est sous la
direction d'Adam. Noé, le « père de tous les
vivants » après Adam, est également connu
comme Gabriel et suit Adam en autorité dans la prêtrise
(EPJS, p. 124, 133). Moïse détient les clefs du
rassemblement d'Israël (D&A 110:11) et Élie, celles
du scellement des générations (D&A 2 ;
110:13-16 ; JS-H 1:38-39). Jean-Baptiste a eu pour rôle
spécial de préparer la venue du Messie (TJS Mt.
11:13-15 ; 17:10-14). Pierre, Jacques et Jean ont reçu
les clefs de la Prêtrise de Melchisédek (EPJS, p. 125)
de Jésus, de Moïse, et d'Élie). Moroni a la
responsabilité du Livre de Mormon (D&A 27:5). Chacun de
ces prophètes a reçu une dispensation de clefs dont il
assume l’intendance et dont il rendra compte au Seigneur (D&A
27:5-13). Dans une future réunion, tous ceux qui détiennent
des clefs feront un rapport d'intendance à Adam, et lui, au
Christ (EPJS, p. 124 ; cf. TJS Lu. 3:8-9).
Pour l’installation
de la dispensation finale, le Seigneur a préparé Joseph
Smith en envoyant des prophètes de dispensations précédentes
lui conférer leurs clefs (voir D&A 110 ; 112:32 ;
128:20-21). Ainsi, dans la dispensation de la plénitude des
temps, toutes choses seront réunies (voir Ép. 1:10 ;
D&A 27:13). Puisque la dispensation finale est le point culminant
de tout ce qui a précédé, Joseph Smith est
vénéré comme une personnalité éminente
sous Jésus-Christ (D&A 128:18 ; 135:3).
Chaque dispensation, en
commençant par celle d’Adam, a été une
dispensation de l'Évangile du salut par Jésus-Christ.
C'est-à-dire que, dans chaque dispensation, le même plan
de rédemption par l’intermédiaire du Sauveur et
la sainte prêtrise nécessaire a été révélé
par Dieu d'une façon semblable et cohérente.
La logique générale
du plan n'exclut pas des différences dans les recommandations
révélées et les directives appropriées à
la diversité des temps et des cultures des différentes
dispensations. La circoncision, par exemple, importante dans les
dispensations précédentes comme signe d'alliance,
n'était plus essentielle dans les dispensations ultérieures.
Les sacrifices sanglants exigés du temps de l'Ancien Testament
pour préfigurer l'Expiation ont été accomplis en
Christ, lequel a prescrit les nouveaux emblèmes rédempteurs
du pain et du vin. Les saints des derniers jours sont fortement
conscients des changements et de la progression dans l'histoire
sacrée. La progression personnelle et ce que cela implique
dans l’optique de la création d'une société
de Sion rendue parfaite est essentielle dans l'eschatologie des
saints (voir Progression éternelle). Cette notion de la
progression est démontrée dans le concept que la
dispensation finale bâtit sur les précédentes et
réalise leurs buts à toutes avec la célestialisation
de la terre. La terre deviendra alors une résidence glorieuse
pour ceux de toutes les dispensations qui auront été
ressuscités et rendus parfaits en Christ (D&A 88:17-26).
Une lignée précise
d'autorité de la prêtrise est un composant essentiel de
la compréhension que les saints ont des dispensations. Ainsi,
Moïse et Élie ont visité Pierre, Jacques et Jean
sur la montagne de la Transfiguration pour rétablir certaines
clefs d'autorité et, comme déjà souligné,
ceux-ci et beaucoup d'autres prophètes anciens ont visité
Joseph Smith pour lui donner la même autorité (voir
Rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ).
Bien que l'Église
du Seigneur, dans des dispensations successives, ait cessé de
fonctionner sur terre pour cause d'apostasie, l’œuvre du
Seigneur dans chaque dispensation n’est jamais clôturée,
menant à la dispensation finale. L’œuvre du
Seigneur qui n'a pas été achevée dans une
dispensation précédente continuera dans la dispensation
finale, qui s'appelle, à juste titre, « la
plénitude des temps ». Dans cette dernière
dispensation, certains idéaux, qui n’avaient encore
jamais été atteints sur la terre, seront réalisés
(p. ex., le rassemblement d'Israël, la seconde venue de
Jésus-Christ et le millénium).
Bibliographie :
Arrington, F. L.
"Dispensationalism". Dans Dictionary of Pentecostal and
Charismatic Movements, dir. de publ. Stanley M. Burgess et Gary B.
McGee. Grand Rapids, Mich., 1988.
Hunter, Milton R. The
Gospel Through the Ages. Salt Lake City, 1945.
Matthews, Robert J. "The
Fulness of Times". Ensign 19, déc. 1989, p. 46-51.
Roberts, B. H., dir. de
publ. A Comprehensive History of The Church of Jesus Christ of
Latter-day Saints, Introduction. Salt Lake City, 1930.
COURTNEY J. LASSETTER
Divinité
Auteur :
Dahl, Paul E.
[On
trouvera un traitement sur les trois
membres de la Divinité et leurs attributs divins, ainsi que
leurs manifestations dans le monde, dans Dieu ; Dieu le
Père ;
Élohim ; Homme de sainteté ; Jéhovah ;
Jésus-Christ ; Saint-Esprit ; Don du Saint-Esprit ;
Colombe, signe de la.Voir aussi État divin ; Infini et
éternel ; Nom de Dieu ; Intelligence ;
Prescience de Dieu ; Dieu omnipotent ; Omniprésence
de Dieu ; Omniscience de Dieu.]
Les saints des derniers jours
croient en Dieu le Père, en
son Fils, Jésus Christ, et au Saint-Esprit (1er art. de foi).
Ces trois Dieux forment la Divinité, qui détient les
clefs du pouvoir sur l'univers. Chaque membre de la Divinité
est un personnage indépendant, séparé et
distinct des deux autres, les trois étant dans une unité
et dans une entente parfaites entre eux (AF, chap. 2).
Cette connaissance concernant
la Divinité découle
principalement de la Bible et des révélations de Joseph
Smith, le Prophète (voir Smith, Joseph : Enseignements de
Joseph Smith). Par exemple, les trois membres de la Divinité
se manifestent séparément au baptême de Jésus
(Matthieu 3:16-17) et à la lapidation d'Étienne (Actes
7:55-56). Joseph Smith fait ce commentaire : « Pierre
et Étienne témoignent qu'ils ont vu le Fils de l'Homme
debout à la droite de Dieu. Quiconque a vu les cieux ouverts
sait qu'il y a trois Personnages dans le ciel qui détiennent
les clés du pouvoir, et que l’un préside sur
tous » (EPJS, p. 252).
Le 16 juin 1844, dans son
dernier sermon dominical avant son martyre, Joseph Smith déclara
que « dans toutes les assemblées », il
avait enseigné « la pluralité des Dieux »
depuis quinze ans : « Je tiens à vous déclarer
que Dieu est un Personnage distinct, que Jésus-Christ est un
Personnage distinct et séparé de Dieu le Père,
et que le Saint-Esprit est un Personnage distinct et un Esprit :
et ces trois-là constituent trois Personnages distincts et
trois Dieux » (EPJS, p. 300). Les deux récits les
plus anciens qui existent encore de la première vision de
Joseph ne donnent pas de détails sur la Divinité, mais
il est clairement démontré, documents à l’appui,
qu'il a toujours enseigné, dans la plupart des périodes
de sa vie, que le Père et le Fils étaient des
personnages séparés (p. ex., D&A 76:23 [1832],
137:3 [1836], sa Première Vision, JS–H 1:17[écrite
en 1838], D&A 130:22 [1843]). Bien que n'identifiant pas le
Saint-Esprit comme étant un « personnage »,
le cinquième discours sur la foi (1834) affirme que « le
Père, le Fils et le Saint-Esprit constituent la Divinité »
(cf. Millet, p. 223-234).
Bien que les trois membres de
la Divinité soient des
personnages distincts, leur Divinité est « une »
en ce que tous les trois sont unis dans leurs pensées, leurs
actes et leur but, chacun ayant une plénitude de connaissance,
de vérité et de puissance. Chacun est un Dieu. Cela
n'implique pas une union mystique de la substance ou de la
personnalité. Joseph Smith a enseigné : « Beaucoup
d'hommes disent il y a un seul Dieu ; le Père, le Fils et
le Saint-Esprit ne sont qu'un seul Dieu. Je dis que c'est là
un Dieu étrange de toutes façons : trois en un et
un en trois ! C'est une curieuse organisation. ‘Père,
je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as
donnés... afin qu'ils soient un comme nous’… Je
veux vous lire moi-même le texte : ‘Je suis d'accord
avec le Père et le Père est d'accord avec moi, et nous
sommes d'accord comme une seule personne.’ Le grec montre que
ce devrait être ‘être d’accord’. ‘Père,
je prie pour ceux que tu m'as donnés hors du monde... afin
qu’eux aussi soient d’accord avec nous’ et que tous
viennent tous demeurer dans l'unité » [EPJS, p.
302 ; cf. Jean 17:9-11, 20-21 ; cf. aussi WJS, p. 380].
L'unité demandée dans Jean 17
constitue le modèle
de ce que les mormons entendent par l'unité de la Divinité :
celle que l’on atteint par l’unité d'intention,
par la foi et par la volonté et l'action divines. Joseph Smith
a enseigné que la Divinité était unie par « une
alliance éternelle [qui] fut faite entre [ces] trois
personnages avant que notre terre ne fût organisée »
à propos de ce qu’ils devaient dispenser à ses
habitants (EPJS, p. 152). L'objectif principal de la Divinité
et de tous ceux qui sont unis avec elle est de « réaliser
l'immortalité et la vie éternelle de l'homme »
(Moïse 1:39 ; Hinckley, p. 49-51).
Chaque membre de la Divinité
s'acquitte de fonctions
particulières à l'égard de chacun des autres et
de l'humanité. Dieu le Père préside la Divinité.
Il est le Père de tous les esprits humains et du corps
physique de Jésus-Christ. Le corps humain a été
créé à son image.
Jésus-Christ, Fils
Premier-né de Dieu le Père dans l'esprit et Fils unique
dans la chair, est l'agent créateur de la Divinité et
le médiateur rédempteur entre le Père et
l'humanité. C’est par lui que Dieu a tout créé
et c’est par son intermédiaire que Dieu a révélé
les lois du salut. C’est en lui que tous seront rendus vivants
et c’est par son expiation que toute l'humanité peut
être réconciliée avec le Père.
Le Saint-Esprit est un
personnage d'esprit qui témoigne
de la vérité. Le Père et le Saint-Esprit
témoignent du Fils et le Fils et le Saint-Esprit témoignent
du Père (3 Néphi 11:32; cf. Jean 8:18). C’est
par l'intermédiaire du Saint-Esprit que les révélations
du Père et du Fils sont données.
La doctrine mormone de la
Divinité se distingue des
divers concepts de la Trinité. Plusieurs doctrines trinitaires
postbibliques sont apparues dans le christianisme. Cette
« évolution
du dogme se produisit progressivement dans le contexte de la
philosophie émanationniste du stoïcisme et du
néoplatonisme (notamment de la théologie mystique de ce
dernier) et dans le cadre du monothéisme juif strict »
(ER 15:54). Les doctrines trinitaires cherchaient à élever
l'unicité de Dieu, allant dans certains cas jusqu’à
qualifier Jésus de consubstantiel avec le Père afin
d'exclure toute possibilité de prétendre que Jésus
n'était pas pleinement divin. La conception mormone, formulée
par la révélation moderne par l'intermédiaire de
Joseph Smith, rejette l'idée que Jésus ou qui que ce
soit d’autre perd son individualité en atteignant l’état
divin ou en se retrouvant dans des relations divines et éternelles
avec les autres êtres exaltés. [Voir aussi
Christologie ; Déification chez les premiers chrétiens.]
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. "The
Father, Son,
and Holy Ghost." Ensign 16, nov. 1986, p. 49-51.
Millet,
Robert L. "The Supreme Power over All Things: The Doctrine of
the Godhead in the Lectures on Faith." Dans The Lectures on
Faith in Historical Perspective, dir. de publ. L. Dahl et C. Tate, p.
221-240. Provo, Utah, 1990.
Roberts, B. H. "The Doctrine of
the Church in Respect of the Godhead." IE 1, août 1898, p.
754-769.
PAUL E. DAHL
Doctrine
[Cette rubrique se
compose de cinq articles :
Doctrine :
Signification, source et histoire du mot
Doctrine :
Enseignements distinctifs
Doctrine : Doctrine
mormone comparée aux autres doctrines chrétiennes
Doctrine :
Harmonisation des paradoxes
Doctrine : Traités
sur la doctrine
On trouvera des articles
apparentés dans Articles de foi ; Évangile de
Jésus-Christ ; Jéhovah, Jésus-Christ ;
et Plan de salut, Plan de rédemption. Voir aussi Histoire
intellectuelle et Smith, Joseph : Enseignements de. Joseph
Smith. Pour des articles à caractère philosophique,
voir, entre autres, Épistémologie ; Éthique ;
Connaissance ; Métaphysique ; Philosophie ;
Raison et révélation ; Théologie ; et
Vérité.]
Doctrine :
Signification, source et histoire du mot
Auteurs :
BRADFORD, GERALD M. et DAHL, LARRY E.
SIGNIFICATION DU MOT
DOCTRINE. Le mot « doctrine » dans les
Écritures signifie « enseignement, ce qu’on
enseigne ». Le plus souvent, dans l’Église,
il désigne les enseignements ou la doctrine de Jésus-Christ,
compris dans un sens assez spécifique. Donc du point de vue
scripturaire, le terme « doctrine » signifie le
message central de Jésus le Christ, à savoir que Jésus
est le Messie, le Rédempteur. Tous les autres enseignements
sont subordonnés à ceux par lesquels tout le monde
« sait comment aller au Christ et être sauvé »
c’est-à-dire, aux « points de doctrine »
comme la foi, le repentir, le baptême et la réception du
don du Saint-Esprit. Un jour, en soulignant la prééminence
et la nature fondamentale de ce message, Jésus a enseigné :
« Et quiconque annonce plus ou moins que cela et l'établit
comme étant ma doctrine, celui-là vient du mal et n'est
pas bâti sur mon roc » (3 Né. 11:40).
Dans la King James
Version (KJV) de l’Ancien Testament, le mot « doctrine »
apparaît six fois (De. 32:2 ; Job 11:4 ; Pr. 4:2 ;
És. 28:9, 29:24 ; Jé. 10:8), habituellement comme
traduction du mot hébreu leqakh, signifiant « instruction »
ou, plus littéralement, « ce qui doit être
reçu ». Dans le Nouveau Testament de la KJV, il est
utilisé une cinquantaine de fois, le plus souvent en rapport
avec l’enseignement ou les instructions de Jésus-Christ,
moins fréquemment avec les enseignements d’autres
personnes.
La « doctrine
de Jésus-Christ », que les auditeurs du Sauveur
trouvaient frappante (Mt. 7:28) et « nouvelle »
(Mc. 1:27) et qu’il attribuait au Père (Jn. 7:16-19),
est synonyme de son message central, l’Évangile de
Jésus-Christ. Selon les termes de Paul, c’était
la bonne nouvelle que le royaume de Dieu est proche et que Dieu
« nous a réconciliés à lui par
Christ » (2 Co. 5:18).
Les apôtres, après
la mort et la résurrection du Sauveur, continuèrent à
enseigner ce message essentiel (Ac. 13:12 ; 1 Ti. 6:1). Ils
utilisaient le mot « doctrine » le plus souvent
pour désigner ce qu’une personne devait croire et faire
pour être sauvée (Ac. 2:41-47 ; 1 Ti. 4:16 ;
Hé. 6:1-3).
La plupart des
occurrences du terme « doctrine » dans le
Nouveau Testament sont au singulier et se rapportent à la
« doctrine de Jésus-Christ ». Le pluriel
« doctrines » désigne habituellement les
enseignements des hommes et des démons, des enseignements faux
et vains contraires à la « doctrine » du
Sauveur ou la niant. Le message de Jésus vient du Père
et a son contenu en Jésus-Christ, le Messie et le Rédempteur,
le chemin du salut. La « doctrine » de
Jésus-Christ est la base sur laquelle tous les autres
enseignements, principes et pratiques reposent.
Le Livre de Mormon et les
Doctrine et Alliances utilisent le mot « doctrine »
de la même manière. Au singulier, il désigne
toujours la « doctrine de Jésus-Christ »
ou les « points de sa doctrine » et signifie
« ce qui assurera le salut de ceux qui l’acceptent
et agissent en conséquence ». Au pluriel, il
désigne les faux enseignements des démons ou d’autres
(2 Né. 3:12 ; 28:9 ; D&A 46:7). Le Livre de
Mormon utilise « doctrine » dans ce sens
spécial comme étant la « doctrine de
Jésus-Christ » ou l’Évangile
(vingt-huit fois). Jésus attribuait son enseignement au Père :
« Et ceci est ma doctrine… que le Père
commande à tous les hommes de partout de se repentir et de
croire en moi. Et quiconque croit en moi et est baptisé,
celui-là sera sauvé ; et ce sont ceux-là
qui hériteront le royaume de Dieu » (3 Né.
11:32-33). Plus tard il déclara : « Ceci est
l'Évangile que je vous ai donné : que je suis venu
au monde pour faire la volonté de mon Père… Et
mon Père m'a envoyé pour que je sois élevé
sur la croix… et… quiconque se repent et est baptisé
en mon nom sera rassasié ; et s'il persévère
jusqu'à la fin, voici, je le tiendrai pour innocent devant mon
Père en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde »
(3 Né. 27:13-16 ; cf. D&A 76:40-42).
Ainsi, la « doctrine
de Jésus-Christ » est le seul enseignement qui
puisse être qualifié correctement de « doctrine ».
Elle est fixe et invariable. Elle ne peut pas être modifiée
ou contredite, mais simplement amplifiée par la révélation
de vérités supplémentaires qui approfondissent
la compréhension et l’appréciation de sa
signification. C’est la base sur laquelle se fait l’épreuve
de la foi et le roc ou le fondement de tous les autres enseignements,
principes et pratiques révélés.
Certains de ces autres
enseignements comportent ce qui est parfois désigné
sous le nom de plan de salut, qui est le cadre historique général
dans lequel la « doctrine de Jésus-Christ »
est située et par conséquent mieux comprise. C’est
le plan élaboré dès le commencement par le Père,
qui a pour centre l’expiation de Jésus-Christ, moyen
nécessaire par lequel tous les hommes sont sauvés et
exaltés. Tous les autres enseignements révélés
sont soit des aspects de la doctrine de Jésus-Christ, soit des
prolongements, des amplifications ou des annexes de cette doctrine.
Le prophète Joseph Smith a enseigné : « Les
principes fondamentaux de notre religion sont le témoignage
des apôtres et des prophètes concernant Jésus-Christ,
qu’il est mort, a été enterré et est
ressuscité le troisième jour et est monté au
ciel ; et toutes les autres choses qui ont trait à notre
religion n’en sont que des annexes » (EPJS, p. 95).
Les « annexes »
qui sont explicitement mentionnées dans les Écritures
comme éléments de la doctrine de Jésus-Christ
sont (1) la foi au Seigneur Jésus-Christ, le Fils de Dieu ;
(2) le repentir de tous les péchés ; (3) le
baptême par immersion pour la rémission des péchés ;
(4) le don du Saint-Esprit par l’imposition des mains par ceux
qui ont l’autorité ; (5) la persévérance
jusqu’à la fin dans la justice et (6) la résurrection
de tous les êtres humains pour être jugés par le
Christ (3 Né. 9:1-16 ; 11:23-39 ; 19:7-28 ;
27:13-21 ; D&A 10:62-69 ; 33:10-15 ; 39:5-6 ;
76:40-43). Les enseignements supplémentaires, qui sont
étroitement liés à ce fondement, sont la
connaissance de la nature de Dieu, de la création et de la
chute d’Adam, du libre arbitre, de la révélation
continue, d’un canon ouvert et de la recherche continuelle de
la vérité de toutes choses, de la vie prémortelle,
du rassemblement d’Israël, du rôle d’un peuple
de l’alliance, la diffusion de l’Évangile,
l’espérance et la charité, l’établissement
de Sion, l’avènement du Christ, le règne du
Christ sur terre pendant mille ans, les ordonnances du temple pour
les vivants et les morts, la prédication de l’Évangile
dans le monde d’esprit post-terrestre, la nécessité
de la prêtrise, les degrés de gloire dans l’au-delà,
le mariage éternel et le concept de l’exaltation finale
en présence de Dieu pour partager sa gloire et sa vie.
En plus de son
utilisation scripturaire, le mot « doctrine » a
un sens très général dans le langage mormon de
tous les jours, où il est utilisé pour désigner
pratiquement tout ce qui est ou a été enseigné
ou est cru par les saints des derniers jours. Dans ce sens, les
enseignements doctrinaux répondent à une foule de
questions. Certains sont étroitement liés au message
essentiel de l’Évangile de Jésus-Christ ;
d’autres sont plus éloignés et débordent
de manière non systématique sur des disciplines telles
que l’histoire, la psychologie, la philosophie, les sciences,
la politique, les affaires, l’économie. Certaines de ces
croyances peuvent être considérées comme doctrine
officielle et sont données aux saints à titre de
conseil, d’exhortation, de réprimande et d’instructions
(2 Ti. 3:16). Des efforts continuels sont faits pour harmoniser et
mettre en application ces principes et cette doctrine dans une vie
juste. D’autres enseignements, qui ne jouissent pas d’un
statut officiel ni ne font autorité, peuvent également
être répandus à n’importe quel moment parmi
des membres de l’Église.
SOURCE DE LA DOCTRINE.
Dieu est la source de la doctrine. Elle n’est pas créée
ni élaborée par l’homme. Elle est basée
sur la vérité éternelle et est révélée
par Dieu à l’homme. Elle ne peut être correctement
comprise que par révélation par l’intermédiaire
de l’Esprit de Dieu (1 Co. 2:11-14 ; Jcb. 4:8).
Dieu dispense les vérités
éternelles « ligne sur ligne, précepte sur
précepte » (2 Né. 28:30). Parfois, il a
révélé la plénitude de l’Évangile
et ceux qui l’ont acceptée et l’ont vécue
ont été reçus dans sa présence. Quand les
hommes ont ignoré ou rejeté son Évangile, Dieu a
occasionnellement retenu son Esprit et les hommes ont dû vivre
dans un état de ténèbres spirituelles (voir
Apostasie).
Dieu révèle
autant de lumière que ce que l’humanité est
disposée à respecter. Par conséquent, des
quantités variables de la vraie doctrine ont existé sur
la terre à différentes époques et ceux qui
habitaient la terre pendant la même époque ont connu des
quantités différentes de vérité. Dans ce
sens, on peut dire qu’il y a une histoire de la doctrine,
c’est-à-dire un récit de la façon dont
l’humanité, au cours des temps, a soit grandi soit
diminué dans la connaissance des choses de Dieu, de l’homme
et du monde. Joseph Smith a enseigné : « Tel
est le principe sur lequel le gouvernement du ciel est géré,
par la révélation adaptée aux circonstances dans
lesquelles sont placés les enfants du royaume »
(EPJS, p. 206).
Beaucoup de facteurs
influencent la quantité que Dieu révèle, à
qui et dans quelles circonstances. Parmi ces facteurs il y a :
(1) qui saisit l’occasion de demander au Père au nom du
Christ ; (2) quelle foi ont ceux qui cherchent la
connaissance ;
(3) ce qu’ils demandent ; (4) ce qu’il est bon
qu’ils reçoivent (D&A 18:18) ; (5) à
quel point ils sont disposés à obéir à ce
qui est donné (Al. 12:9-11) ; (6) ce qu’exigent la
volonté et la sagesse de Dieu, car il donne « tout
ce qu'il juge bon qu'[ils] aient » (Al. 29:8) ; (7)
si la foi des gens a besoin d’être mise à
l’épreuve (Mormon était sur le point d’en
écrire plus, mais « le Seigneur me l'interdit,
disant : Je veux éprouver la foi de mon peuple »
[3 Né. 26:8-11]) ; et (8) comment les gens
spirituellement préparés doivent recevoir la révélation
(par exemple, Jésus a enseigné par paraboles afin de
protéger ceux qui n’étaient pas prêts à
comprendre [Lu. 8:10 ; D&A 19:22]). Les vérités
éternelles constituant l’Évangile ne changent pas
et finalement tous ceux qui sont exaltés dans le royaume de
Dieu les comprendront et les appliqueront entièrement.
Cependant, la connaissance et la compréhension que l’humanité
a de ces vérités changent au même titre que les
règles et les pratiques relevant des niveaux correspondants de
compréhension et d’obéissance.
Puisque la maison de Dieu
« est une maison d’ordre… et pas une maison
de confusion » (D&A 132:8), il doit y avoir quelqu’un
qui peut parler pour Dieu pour toute l’Église et
également pour aplanir les différends. Dans l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, le prophète
en vie est le seul autorisé à recevoir des révélations
et des commandements faisant force de loi pour l’Église
entière (D&A 28:1-7 ; 43:1-7 ; 128:11). Depuis
le moment où l’Église a été
organisée, il y a eu et il y aura toujours « un
prophète, reconnu de Dieu et de son peuple, qui continuera à
interpréter la volonté du Seigneur »
(Spencer W. Kimball, Ensign 7, mai 1977, p. 78). D’habitude, le
prophète agit de concert avec ses conseillers dans la Première
Présidence et le Collège des douze apôtres, ceux
qui détiennent, avec le prophète, les « clefs
du royaume » (D&A 81:2 ; 112:30), avec le
principe que l’unanimité du collège et le
consentement commun des membres de l’Église donnent
pouvoir et validité à leurs décisions (D&A
26:2 ; 107:27-31). Agissant collectivement et sous l’inspiration
de Dieu, ces dirigeants ont autorité pour définir à
n’importe quel moment la position de l’Église en
matière de doctrine, de règles et de pratique. C’est
le canal par lequel les changements se produisent. Les saints des
derniers jours croient que Dieu « révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes concernant le
royaume de Dieu » (9e A de F). Ces révélations
sont censées permettre une compréhension accrue de la
doctrine.
Beaucoup de gens écrivent
ou prêchent leurs idées. Certains, par l’étude
et l’obéissance, peuvent apprendre des vérités
qui vont au-delà de la position déclarée de
l’Église, mais cela ne les autorise pas à parler
officiellement pour elle ni à présenter leurs idées
comme faisant force de loi sur l’Église. Il y a beaucoup
de sujets sur lesquels les Écritures ne sont pas claires et à
propos desquels l’Église n’a fait aucune
déclaration officielle. Dans de tels cas, on peut trouver des
divergences d’opinion entre les membres et les dirigeants de
l’Église. Tant que la vérité dans ces
domaines n’est pas manifestée par la révélation,
il y a place pour différents niveaux de compréhension
et d’interprétation des questions non réglées.
HISTOIRE DE LA DOCTRINE.
La doctrine de l’Église a été révélée
principalement par le prophète Joseph Smith, bien que des
ajouts et des éclaircissements aient été
apportés plus tard. Ces vérités font partie de
la plénitude de l’Évangile de Jésus-Christ,
connues autrefois sur terre mais maintenant perdues, rendant un
rétablissement par révélation nécessaire.
Le prophète Joseph
Smith a reçu et a communiqué ligne sur ligne sa
compréhension doctrinale, depuis le moment de sa première
vision en 1820 jusqu’à sa mort en 1844. Dans beaucoup de
cas, sa propre compréhension a été
progressivement augmentée. Dans d’autres domaines, il a
appris rapidement certains principes mais ne les a enseignés
qu’à mesure que ses disciples étaient aptes et
disposés à les accepter. Pour ce qui concerne
l’au-delà, par exemple, il a dit : « Je
pourrais en expliquer cent fois plus que je ne l’ai jamais fait
sur les gloires des royaumes qui m’ont été
manifestées dans la vision, si cela m’était
permis et si le peuple était prêt à le recevoir »
(EPJS, p. 246).
Il n’y a pas de
structure simple ni d’ordre prévisible dans la
croissance de la connaissance de Joseph Smith. Sa compréhension
doctrinale s’est graduellement développée par les
révélations qu’il recevait en réponse aux
diverses situations et circonstances contemporaines que dut affronter
l’Église naissante mais en croissance rapide. D’autres
enseignements ont paru tout à fait spontanément. Ses
perceptions devenaient plus complètes et plus détaillées,
mais elles ne perdaient pas leur ancrage historique dans les
dispensations passées ni leur but immuable d’amener les
hommes au Christ.
Un catalyseur important
dans ce processus fut l’examen systématique de la Bible
auquel Joseph Smith se livra (voir Traduction de la Bible par Joseph
Smith (TJS)]), qui produisit des interprétations bibliques et
des restaurations de textes inspirées. En outre, beaucoup de
sections des Doctrine et Alliances sont des révélations
répondant aux questions qui se présentèrent lors
de ce processus (par exemple, D&A 76, 91, 132).
Les enseignements de
Joseph au sujet de la Divinité illustrent les points
précédents. Au début, il enseignait simplement
que Dieu le Père et le Fils étaient des personnages
distincts, sans mentionner explicitement la nature de leurs corps,
même si 3 Néphi 11:15 (traduit en 1829) disait
clairement que le corps ressuscité de Jésus était
tangible. Plus tard, à Nauvoo, il déclara que « il
n’y a pas d’autre Dieu dans le ciel que ce Dieu qui a
chair et os » (EPJS, p. 145, commentaire fait en 1841 sur
le texte biblique de Jean 5:26) et que le Père et le Fils ont
tous deux un corps « de chair et d’os aussi tangible
que celui de l’homme » (D&A 130:22). Deux mois
avant sa mort, Joseph, pour la première fois dans un sermon
public enregistré, en fait dans son ultime sermon sur la
nature de Dieu, le discours sur King Follett, enseigna que Dieu est
un homme exalté. Et deux semaines avant sa mort, il parla
d’une « pluralité de Dieux »,
accroissant notre compréhension, dans Genèse 1, du
pluriel hébreu élohim, ou « dieux »
(Joseph avait étudié l’hébreu en 1835),
expliquant que « il y a plusieurs Dieux et plusieurs
Seigneurs, mais pour nous il n’y en a qu’un seul et c’est
à celui-là que nous devons être assujettis »,
déclarant que pendant quinze ans il avait toujours prêché
« la pluralité de Dieux » (EPJS, p.
301 ; cf. 1 Co. 8:5-6).
De même, les
enseignements de Joseph concernant des choses telles que la nature de
l’homme, son existence prémortelle, son libre arbitre et
son potentiel éternel d’accéder à l’état
divin lui ont également été graduellement
dévoilés, à lui et à son entourage. Il
apprit en décembre 1830 que « tous les enfants des
hommes » ont été créés
« spirituellement, avant [de l’être]
naturellement sur la surface de la terre » (Moï.
3:5). Une révélation de 1833 lui apprit qu’une
composante de tout individu existait avant sa création
spirituelle, une composante appelée intelligence, qui « n'a
été ni créée ni faite et ne peut
assurément pas l'être » (D&A 93:29).
Pendant la période de 1835 à 1842, tout en traduisant
le livre d’Abraham, Joseph Smith apprenait qu’Abraham
avait regardé à l’intérieur du monde
prémortel et contemplé les myriades d’
« intelligences qui furent organisées avant que le
monde fût » en la présence de Dieu (Abr.
3:22). Beaucoup d’entre elles étaient « nobles
et grandes » et choisirent de suivre le Christ. À
ceci il fut ajouté en 1841 que « lors de la
première organisation dans le ciel, nous étions tous
présents et nous avons vu choisir et nommer le Sauveur et
établir le plan de salut et nous l’avons sanctionné »
(EPJS, p. 145).
On peut montrer que les
enseignements du Prophète sur l’expiation de
Jésus-Christ, la création, la préordination, le
salut pour les morts, la prêtrise, les ordonnances du temple,
le mariage éternel, l’exaltation et beaucoup d’autres
sujets ont tous fait l’objet d’un développement
similaire pendant son ministère (Cannon, Dahl et Welch).
En 1844, la structure
doctrinale de base de l’Église était en place.
Toutefois, depuis cette époque, il y a eu des déclarations
officielles clarifiant la compréhension doctrinale ou adaptant
les applications doctrinales à des circonstances
particulières. Certaines font maintenant partie des Doctrine
et Alliances ; d’autres sont publiées sous forme de
messages officiels de la Première Présidence (cf. MFP).
Au cours des années, on a mis plus ou moins d’accent sur
diverses manières de procéder et pratiques à
mesure que des changements se produisaient dans la situation
économique (voir Consécration : Loi de
consécration ; Dîme ; Ordres unis ;
Entraide), les circonstances politiques (voir Église et État ;
Politique ; Guerre et paix), l’atmosphère
intellectuelle (voir Histoire intellectuelle), la croissance de
l’Église (voir Organisation), et beaucoup d’autres
domaines. Mais la doctrine essentielle de l’Église est
demeurée constante parmi ces changements.
Certains dirigeants de
l’Église ont beaucoup écrit sur ce qu’ils
comprenaient de la doctrine de l’Église et, par
conséquent, ont eu une influence importante sur ce que
beaucoup de membres croient (voir traités de doctrine
ci-dessous). Parmi ceux-ci, Parley P. Pratt, Orson Pratt, James E.
Talmage, John A. Widtsoe, B. H. Roberts, Joseph Fielding Smith et
Bruce R. McConkie. Leurs écrits révèlent
quelques divergences de vues sur des questions non réglées,
tout comme il existe différentes écoles de pensée
parmi les membres de l’Église en général
sur certaines questions. Il y a, par exemple, les efforts pour
réconcilier les enseignements scientifiques actuels et les
vérités révélées, pour réfléchir
à la nature de l’intelligence incréée et
pour définir la progression éternelle. Les saints des
derniers jours ont la foi que les réponses seront un jour
révélées et sont invités, en attendant, à
chercher la connaissance par tous les moyens disponibles et à
montrer de la tolérance à l’égard de ceux
qui entretiennent des avis différents sur de tels sujets.
Bibliographie
Cannon, Donald Q., Larry
E. Dahl et John W. Welch. "The Restoration of Major Doctrines
Through Joseph Smith : The Godhead, Mankind, and the Creation."
Ensign 19 (janv. 1989) :27-33 ; et "The Restoration of
Major Doctrines Through Joseph Smith : Priesthood, the Word of
God, and the Temple", Ensign 19 (févr. 1989) :7-13.
Lyon, T. Edgar.
"Doctrinal Development of the Church During the Nauvoo Sojourn,
1839-1846." BYU Studies 15, été 1975, p. 435-46.
M. GERALD BRADFORD
LARRY E. DAHL
Doctrine :
Enseignements distinctifs
Auteur :
BURTON, ALMA P.
Peu d’enseignements
doctrinaux religieux sont uniques au sens strict du terme, mais
beaucoup sont suffisamment rares pour être considérés
comme des éléments distinctifs de telle ou telle
religion ou confession. Plusieurs points de doctrine des saints des
derniers jours sont distinctifs dans ce sens, bien que dans la
plupart des cas d’autres chrétiens aient à un
moment donné entretenu des croyances identiques ou similaires.
Les saints des derniers jours insistent sur le fait que leurs points
de doctrine distinctifs ont été révélés
par Dieu dans de précédentes dispensations dirigées
par Adam, Hénoc, Noé et ainsi de suite jusqu’au
temps du Christ. Ainsi, alors qu’ils peuvent être
distincts parmi les confessions modernes, ces points de doctrine
nouvellement révélés étaient partagés
par la seule vraie Église de Jésus-Christ dans les
temps anciens.
Quelque chose qui est
unique dans la théologie de l’Église moderne est
la conception que la Divinité se compose de trois êtres
distincts, dont deux possèdent un corps de chair et d’os
et un, un corps d’esprit. Une déclaration officielle au
sujet de la Divinité dit : « Le Père a
un corps de chair et d’os aussi tangible que celui de l’homme ;
le Fils aussi ; mais le Saint-Esprit n’a pas de corps de
chair et d’os, c’est un personnage d’esprit »
(D&A 130:22). Les saints des derniers jours prennent la Bible,
Ancien et Nouveau Testaments, dans un sens littéral et
anthropomorphe, attribuant à Dieu à la fois une forme
humaine et des émotions. Ils acceptent aussi bien l’unicité
que la « tricité » de la Divinité
comme enseignée dans la Bible. Cependant, ils rejettent la
doctrine traditionnelle de la Trinité et croient, au
contraire, que la Divinité est une en pensée, en
dessein et en témoignage, mais trois en nombre. Ainsi, ils
croient que Dieu est esprit dans le sens qu’il est empreint
d’esprit, et dans le sens que le Saint-Esprit est un esprit,
mais ils ne limitent pas le Père ou le Fils à
l’immatérialité.
Les saints des derniers
jours identifient expressément Jéhovah, Dieu de
l’Ancien Testament, à Jésus-Christ. Ils croient
que le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu qui a
marché avec Hénoc et qui a parlé avec Moïse
sur le mont Sinaï, était Jésus-Christ prémortel,
ou Dieu le Fils, agissant en tant qu’agent de son Père.
Les saints des derniers
jours ont également des points de doctrine distincts en ce qui
concerne la nature de l’univers et la façon dont il a
commencé. Parce qu’ils croient que l’esprit et la
matière sont en fait la même chose à des degrés
différents de raffinement (voir D&A 131:2), ils conçoivent
l’univers comme deux domaines, le physique et le spirituel,
mais ceux-ci ne sont pas antithétiques. Ils nient la
dichotomie esprit/matière et soulignent que l’esprit et
la matière constituent un univers éternel unique.
De plus, pour eux, « au
commencement » veut dire « au commencement de
notre partie de l’histoire » ou, dans l’état
prémortel, « quand Dieu a commencé à
créer notre monde ». Ils ne croient pas en un
commencement absolu, car dans leur théologie, l’esprit,
la matière et l’élément sont tous
éternels. Les créations peuvent passer d’un ordre
inférieur à un ordre supérieur, et l’œuvre
et la gloire de Dieu est de réaliser cette évolution
(Moï. 1:39), mais il n’y a jamais eu de temps où la
matière n’existait pas. Les saints des derniers jours
rejettent l’idée courante d’une création ex
nihilo – que Dieu ait tiré tout ce qui existe du néant.
Ils enseignent au contraire que Dieu a tout créé à
partir de matériaux préexistants mais non organisés.
Il a organisé les éléments préexistants
pour créer des mondes et il a organisé l’intelligence
préexistante pour engendrer des esprits. Les esprits de tous
les êtres humains ont existé en tant qu’enfants
d’esprit de Dieu avant leur naissance ici-bas.
L’eschatologie
mormone présente également plusieurs points de doctrine
distinctifs. Par exemple, les saints des derniers jours croient en un
état temporaire entre la mort et la résurrection que
les Écritures appellent le monde d’esprit. Ce monde
temporaire d’esprit comprend le paradis, où les esprits
des justes attendent leur résurrection glorieuse, et l’enfer,
où les esprits des méchants souffrent pour leurs péchés
tandis qu’ils attendent la résurrection vers un degré
de gloire inférieur (Al. 40:11-14 ; cf. Lu. 16:22-23). La
doctrine des saints enseigne que tout être humain ressuscitera.
Beaucoup ont été ressuscités peu après la
résurrection de Jésus ; les justes restants seront
ressuscités lors de la seconde venue du Christ et les méchants
à la fin du règne millénaire du Christ sur
terre. L’enfer est un état temporaire, qui rendra ses
esprits captifs à la résurrection, tout comme la mort
rendra ses corps (2 Né. 9:10-14 ; cf. Ap. 20:13-14).
Dans la Résurrection, toute souffrance prendra fin (D&A
76:84, 88-89) et tous les êtres humains, excepté les
fils de perdition, seront sauvés dans l’un des trois
royaumes ou degrés de gloire : le céleste, le
terrestre ou le téleste (D&A 76:1-19 ; 88:29-32 ;
cf. 1 Co. 15:4-42).
Parmi les points de
doctrine distinctifs des saints sur la nature de l’Église,
il y a la croyance que l’Église de Jésus-Christ a
été plusieurs fois sur la terre, en commençant
par Adam, plus ou moins sous la même forme que maintenant et
avec la même doctrine. L’Église et l’Évangile
de Jésus-Christ sont éternels. Ils ont été
révélés au peuple d’Adam, de Hénoc,
de Noé, d’Abraham, de Moïse, de Jared, de Léhi,
et d’autres. Adam a connu l’Évangile, a été
baptisé par immersion au nom de Jésus-Christ et a reçu
le don du Saint-Esprit, tout comme les saints dans toutes les autres
dispensations. Parfois l’humanité a rejeté ou a
déformé l’Évangile et est tombée
dans l’apostasie. Mais, par la suite, l’Évangile a
été rétabli dans sa pureté originelle par
des prophètes appelés à lancer une nouvelle
dispensation. Tout récemment, ce même Évangile
éternel a été rétabli par le prophète
moderne Joseph Smith. Ainsi, la fondation de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours n’a pas été
le résultat d’une longue évolution religieuse, ni
simplement le rétablissement du christianisme primitif, mais a
été le rétablissement final sur la terre d’un
Évangile éternel de Jésus-Christ révélé
bien des fois à l’humanité depuis le
commencement.
Ce qui distingue
« l’Église vraie et vivante » de
toutes les autres Églises est la possession des clefs de la
prêtrise du royaume des cieux (voir Mt. 16:19). La croyance que
la possession des clefs apostoliques est nécessaire dans la
véritable Église n’est pas propre aux saints des
derniers jours ; ce qui l’est, c’est l’insistance
qu’une de ces clefs accorde nécessairement les dons de
prophétie et de révélation. Détenir les
clefs du royaume comme Pierre l’a fait, c’est être
prophète, voyant et révélateur comme lui. Et
pour être « vraie et vivante », une
Église doit recevoir ces clefs apostoliques exercées et
transmises par l’intermédiaire de ses prophètes
vivants. Comme un arbre n’est vivant que quand ses branches
sont attachées à son tronc et à ses racines, une
Église n’est vivante que quand elle est rattachée
par un chenal ouvert de révélation à sa source
divine. Quand les dirigeants ecclésiastiques n’ont aucun
lien prophétique de ce genre avec les cieux, une Église
peut même enseigner des points de doctrine vrais, mais elle ne
peut pas être « vraie et vivante » (voir
D&A 1:30 ; 27:12-13), parce qu’il lui manque la
communication nécessaire avec ses racines divines.
Étant donné
l’accent mis sur le besoin de prophètes vivants, il
s’ensuit que la parole de Dieu est principalement la parole
adressée aux prophètes et communiquée par eux.
La parole mise sur papier, les Écritures, est toujours
importante comme précédent historique et comme compte
rendu de ce que le Seigneur a dit à son peuple dans le passé,
mais elle n’est qu’un complément et est secondaire
par rapport à ce qu’il peut dire maintenant par son
prophète vivant. Comme les saints des derniers jours croient
au don véritable de prophétie, il s’ensuit que
les révélations reçues par les prophètes
modernes doivent être estimées au même niveau que
celles reçues par ceux d’autrefois. Par conséquent,
le canon des Écritures des saints des derniers jours ne peut
jamais être fermé : « Nous croyons tout
ce que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle
maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore
beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de
Dieu » (9e A de F).
Les saints des derniers
jours sont également uniques dans plusieurs aspects de leur
conception du salut. Si la plupart des points de doctrine des saints
sont connus des autres chrétiens – par exemple,
l’Expiation, la justification, la sanctification et la grâce
– il y a, chez eux, plusieurs points distinctifs. Ils font une
distinction entre le « salut » général,
qui signifie pour eux que par l’expiation du Christ on est
délivré de la tombe et du pouvoir de Satan et de
l’enfer pour entrer dans un degré de gloire, et
« l’exaltation », qui signifie que par
l’expiation du Christ et l’obéissance personnelle
aux principes et aux ordonnances de l’Évangile de
Jésus-Christ on est élevé au degré le
plus haut de gloire pour prendre part aux pouvoirs et aux privilèges
de Dieu, s’asseoir sur son trône et régner dans
l’éternité (voir D&A 76:1-119 ;
88:22-23 ; cf. Ap. 1:6 ; 3:21). Être exalté,
c’est devenir comme Dieu (voir Déification chez les
premiers chrétiens).
Les saints des derniers
jours fidèles reçoivent dans les temples de l’Église
les ordonnances et la connaissance nécessaires à
l’exaltation céleste. Une partie de ces rites sacrés
est appelée la dotation du temple parce qu’elle
constitue un élément majeur du don suprême
accordé à l’humanité par l’expiation
du Christ. Une autre ordonnance du temple est le scellement du mari
et de la femme, des parents et des enfants dans des familles qui
dureront pendant le temps et toute l’éternité. Le
royaume céleste se composera de la famille céleste de
Dieu unie dans l’amour comme maris et femmes, parents et
enfants, et frères et sœurs pour toujours. En tant que
personnes isolées, les êtres humains peuvent être
sauvés dans des degrés de gloire moindres, mais seules
les familles peuvent être exaltées.
Tout le monde n’a
pas l’occasion d’entendre l’Évangile du
Christ et de recevoir toutes ordonnances de l’exaltation
ici-bas. Les saints des derniers jours enseignent que Dieu a pris des
dispositions pour que tous entendent l’Évangile de
manière à pouvoir accepter ou rejeter ses bénédictions.
Ceux qui n’en ont pas l’occasion dans la condition
mortelle la recevront dans le monde d’esprit. Le Nouveau
Testament enseigne que Jésus lui-même a visité le
monde d’esprit après sa mort sur la croix et a prêché
aux esprits qui s’y trouvaient : « Christ aussi
a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des
injustes, afin de nous amener à Dieu, ayant été
mis à mort quant à la chair, mais ayant été
rendu vivant quant à l’Esprit, dans lequel aussi il est
allé prêcher aux esprits en prison » (1 Pi.
3:18-19). Le but de sa prédication aux esprits est révélé
au chapitre suivant : « Car l’Évangile a
été aussi annoncé aux morts, afin que, après
avoir été jugés comme les hommes quant à
la chair, ils vivent selon Dieu quant à l’Esprit »
(1 Pi. 4:6). Cet enseignement a été amplifié et
expliqué dans la révélation moderne (D&A
137, 138 ; voir Salut des morts).
D’autres domaines
dans lesquels les idées des saints des derniers jours
diffèrent sensiblement de celles du monde religieux
contemporain sont les concepts de temps et d’éternité,
la Lumière du Christ, le don du Saint-Esprit, l’évaluation
positive de la création et de la terre physique, la nécessité
éternelle des ordonnances, la place centrale de l’alliance
abrahamique pour les chrétiens modernes et le concept que le
ciel est un Royaume céleste situé sur cette terre
renouvelée et glorifiée.
Bibliographie
Keller, Roger R. Reformed
Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich.,
1986.
Madsen, Truman G. "Are
Christians Mormon ?" BYU Studies 15, automne 1974, p.
73-94.
McConkie, Bruce R. MD.
Salt Lake City, 1966.
Robinson, Stephen E. Are
mormons Christians ?, chaps. 6-8. Salt Lake City, 1991.
Talmage, James E. AF.
Salt Lake City, 1924.
ALMA P. BURTON
Doctrine :
Comparaison entre la doctrine des saints et d’autres doctrines
chrétiennes
Auteur :
ROBINSON, STEPHEN E.
Comme le savant biblique
W. D. Davies l’a un jour fait remarquer, la doctrine des saints
peut être décrite comme étant le christianisme
biblique séparé du christianisme hellénisé,
une conjonction du judaïsme et du christianisme du premier
siècle. Les saints des derniers jours acceptent la Bible et
ses enseignements apostoliques comme étant la parole de Dieu,
mais rejettent beaucoup d’interprétations ultérieures
de la Bible qui sont l’expression de préoccupations
philosophiques grecques – ils acceptent Jean et Paul mais
rejettent Augustin. Par exemple, les saints des derniers jours
acceptent le caractère triple de Dieu et son unité
comme étant des enseignements bibliques. Le Père, le
Fils et le Saint-Esprit sont trois personnalités divines qui
constituent ensemble une seule Divinité. Mais les mormons
rejettent les tentatives du christianisme post-biblique et non
apostolique de définir la relation entre l’unicité
et le caractère triple de Dieu. Ils acceptent la doctrine
biblique de la Trinité, mais rejettent la doctrine
philosophique de la Trinité telle que définie au
Concile de Nicée et plus tard. En bref, les saints des
derniers jours rejettent l’autorité et les conclusions
des théologiens et des philosophes lorsqu’il s’agit
de définir ou d’interpréter ce que la Bible, les
apôtres ou les prophètes n’ont pas précisé.
Ils acceptent le christianisme biblique, mais pas son extension dans
les credo et les traditions extra-bibliques.
Pour les chrétiens
qui ont soudé la Bible à son interprétation
ultérieure et ne peuvent pas séparer Platon et Augustin
de Pierre et de Paul et qui ne peuvent pas concevoir le
« vrai »
christianisme d’après les catégories du premier
siècle, la doctrine des saints peut sembler iconoclaste en ce
qu’elle sépare les textes bibliques de leur
interprétation « traditionnelle »
ultérieure. Néanmoins, les saints des derniers jours
estiment que les saints du Nouveau Testament auraient été
tout aussi mal à l’aise qu’eux devant les credo
philosophiques du christianisme ultérieur.
Le rejet par les saints
d’une grande partie du christianisme post-biblique est basé
sur la croyance en une apostasie antique annoncée et rapportée
dans le Nouveau Testament (par exemple, 2 Th. 2:1-5 ; 3 Jn.
9-10). L’autorité apostolique a cessé juste après
la période du Nouveau Testament et, sans la direction ni
l’autorité apostoliques, l’Église a vite
été submergée par des pressions intellectuelles
et culturelles étrangères. Les affirmations simples de
la foi biblique ont été remplacées par les
propositions complexes de la théologie. Bien que les Églises
qui s’en sont suivies aient toujours été
« chrétiennes », aux yeux des saints des
derniers jours elles ne possédaient plus la plénitude
de l’Évangile de Jésus-Christ ni de l’autorité
apostolique. Les saints seraient d’accord avec les catholiques
et les protestants de la « Haute Église »
que l’autorité apostolique est essentielle dans la vraie
Église mais seraient d’accord également avec
d’autres protestants pour dire que l’autorité
apostolique était absente dans l’orthodoxie médiévale.
On trouve un parallèle étroit dans le rejet protestant
des prétentions catholiques à détenir une
autorité apostolique faisant force de loi. Tandis que les
saints des derniers jours font remonter l’apostasie en gros au
deuxième siècle et rejettent l’orthodoxie qui lui
succède, la plupart des protestants la placeraient quelque
part plus près du quinzième siècle et
rejetteraient ensuite le catholicisme qui l’a suivie.
Les protestants qui
niaient la nécessité de la succession apostolique ou
qui ne croyaient pas que son enchaînement était
interrompu par la Réforme affirmaient généralement
que la plénitude de l’Évangile pouvait être
réalisée en réformant l’Église
romaine. Les saints des derniers jours, qui insistent sur la
nécessité de la succession apostolique mais croient que
son enchaînement a été très vite rompu,
considèrent qu’une réforme ne suffit pas pour
retrouver la plénitude de l’Évangile et rétablir
le christianisme originel. Seul le rétablissement total de la
doctrine et de l’autorité apostoliques pouvait rétablir
le christianisme pur du premier siècle. L’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours se considère
comme constituant ce rétablissement.
Le rejet par les saints
de la philosophie hellénistique en matière de doctrine
explique les nombreuses différences caractéristiques
entre les saints des derniers jours et les autres chrétiens.
Par exemple, les saints des derniers jours rejettent la dichotomie
platonique esprit-matière, qui soutient que l’esprit et
la matière sont opposés et hostiles entre eux. Ils
croient, au contraire, que l’esprit est une matière
raffinée et que l’esprit et la matière sont
éternels, n’étant ni créés ni
détruits. Le prophète Joseph Smith a enseigné
que « la matière immatérielle, cela n’existe
pas. Tout esprit est matière, mais il est plus raffiné
ou plus pur et ne peut être discerné que par des yeux
plus purs » (D&A 131:7).
Il n’y a donc, pour
les saints des derniers jours, aucune incompatibilité finale
entre l’esprit et la matière ou entre les domaines
spirituel et physique. Dans la théologie des saints, les
éléments physiques sont coéternels avec Dieu.
Les saints rejettent l’idée que la matière
physique est transitoire, corrompue ou incompatible avec la vie
spirituelle ou éternelle. Ils définissent
habituellement le « spirituel » comme
« imprégné d’esprit »
plutôt que comme « non physique ». Cette
conception unitaire de l’esprit et de la matière leur
permet d’accepter le Père et le Fils comme les êtres
concrets et anthropomorphiques qu’ils sont dans les Écritures
et de rejeter la définition de Dieu comme le non-être
abstrait, le « totalement autre » de la
théologie philosophique. Pour les saints, Dieu existe dans le
sens normal en association avec le temps et l’espace plutôt
que dans le sens platonicien abstrait au-delà du temps et de
l’espace. La conception traditionnelle qui avilit la matière
et l’état d’existence physique n’est pas
bien fondée du point de vue biblique et les saints des
derniers jours croient qu’elle est un produit de la pensée
hellénistique. Ils pensent également que le concept de
Dieu « sans corps, ni parties ni passions »
tient trop peu compte des données bibliques ou les allégorise
excessivement.
Du fait que les mormons
croient que les éléments sont éternels, il
s’ensuit qu’ils nient la création ex nihilo.
L’univers, au contraire, a été créé
(organisé) à partir d’éléments
préexistants que Dieu a organisés en imposant des lois
physiques. Le prophète Joseph Smith a aussi enseigné
que l’intelligence est également éternelle et
incréée : « L’intelligence des
esprits n’a pas de commencement et n’aura pas de fin…
l’intelligence est éternelle et existe en vertu d’un
principe existant par lui-même » (EPJS, p. 286-287).
De même qu’il
a organisé la matière préexistante pour créer
l’univers, de même Dieu a organisé l’intelligence
préexistante pour créer les esprits qui sont par la
suite devenus des êtres humains. En conséquence, les
saints des derniers jours ne considèrent pas Dieu comme la
cause totale de ce que sont les êtres humains. L’intelligence
humaine n’est pas créée par Dieu et est donc
indépendante de son contrôle. Les saints insistent donc
sur le fait que les êtres humains sont libres dans le sens le
plus complet du terme et nient la doctrine de la grâce
prévenante et celle de la grâce irrésistible,
selon lesquelles c’est le choix de Dieu qui détermine le
salut ou la damnation. Dieu ne contraint pas des volontés
indépendantes et existant par elles-mêmes. Bien qu’il
désire l’exaltation de tous et l’offre de manière
égale à tous, son accomplissement exige la coopération
individuelle, une relation par alliance. De cette façon, la
théologie des saints échappe au dilemme classique de la
prédestination et de la théodicée qu’impose
la croyance que Dieu a tout créé de rien et est donc
seul responsable du produit final. Leur doctrine radicale du libre
arbitre individuel permet également aux saints de contester la
théorie de la dépravation humaine. La chute d’Adam
n’a pas rendu les humains totalement incapables de faire quoi
que ce soit de bien – ils restent capables de choisir et
d’accomplir le bien ou le mal. De plus, les saints des derniers
jours acceptent le concept de « l’heureuse faute »
(mea culpa). La Chute était une étape nécessaire
dans la progression de l’humanité : « Adam
tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir la
joie » (2 Né. 2:25).
La vision positive de
l’univers physique et de l’homme permet également
aux saints des derniers jours de prévoir une vie physique
après la mort, le Royaume céleste, une communauté
d’êtres physiquement ressuscités transformés
et rendus parfaits. À la différence de beaucoup de
pères de l’Église d’autrefois, ils
n’aspirent pas à échapper au royaume de la chair,
mais à le sanctifier. Par conséquent, aux yeux des
saints, même les rapports physiques de la famille et du mariage
peuvent continuer dans un état sanctifié dans les
éternités. Ainsi il n’y a guère
d’ascétisme et pas de célibat dans la théologie
des saints, qui voit dans ces deux tendances un refus de la bonté
de la création physique accomplie par Dieu (Ge. 1:31) et leur
théologie évite le dénigrement traditionnel du
corps humain et le mépris pour la sexualité humaine qui
sont dus en grande partie au néoplatonisme de la fin de
l’Antiquité.
Bien que l’acceptation
de la Bible et de ses enseignements, problèmes
d’interprétation mis à part, soit le point commun
des saints des derniers jours et des autres chrétiens, le
mormonisme s’accorde avec l’orthodoxie de la « Haute
Église » contre le protestantisme conservateur sur
la doctrine de la suffisance des Écritures. Bien qu’ils
acceptent la Bible, les saints des derniers jours, comme les
catholiques romains et orthodoxes orientaux, par exemple, ne croient
pas que le texte biblique soit à lui seul suffisant pour le
salut. L’enseignement biblique, quoique vrai et accepté,
a été imparfaitement préservé et ne peut
être entièrement reconstitué que grâce à
des révélations supplémentaires. Ce n’est
pas parce que le christianisme du Nouveau Testament était
défectueux, mais parce qu’il n’est préservé
que partiellement dans la Bible moderne. Les points de doctrine qui
n’ont pas été préservés doivent
être rétablis ; par conséquent, les mormons
nient l’infaillibilité biblique et l’idée
qu’elle est suffisante. Puisque les apôtres et les
prophètes du christianisme le plus ancien recevaient la
révélation directe de la part de Dieu (voir, par
exemple, Actes 10:9-16, 28), les saints des derniers jours croient
qu’une Église qui affirme avoir la plénitude de
l’Évangile doit également jouir de ce don.
Ce principe crucial de la
révélation continue est illustré dans
l’expérience du prophète Joseph Smith, dont des
visions et les révélations forment la base de la
doctrine des saints. Tout comme le magistère de l’Église
est fondamental pour les catholiques romains et comme les Écritures
sont la base pour les protestants, pour les saints des derniers
jours, la plus haute autorité en matière de religion,
c’est la révélation continue venant de Dieu,
donnée par les apôtres et les prophètes vivants
de son Église, commençant avec Joseph Smith et
continuant jusqu’aux dirigeants actuels.
Les saints des derniers
jours insistent sur le fait que le canon des Écritures et la
structure de la théologie sont toujours ouverts et que Dieu
peut toujours y ajouter par la révélation à ses
prophètes (9e A de F). Grâce à cela, ils ont reçu
des éclaircissements sur des points de doctrine biblique qui
sont contestés dans d’autres confessions, par exemple,
le ministère du Christ auprès des morts dans 1 Pi. 3:18
et 4:6 (voir D&A 128 ; 137 ; 138). En outre, par la
révélation moderne, les saints des derniers jours ont
reçu certains points de doctrine distinctifs que l’on ne
trouve pas explicitement dans la Bible. Dans ces cas la révélation
moderne n’a pas reconstitué un point de doctrine qui
n’est pas clair, mais en a rétabli un qui avait été
entièrement perdu.
Les saints des derniers
jours partagent avec la plupart des chrétiens la conviction
que le salut n’est rendu possible que par l’expiation de
Jésus-Christ, dont la nature est représentative,
exemplaire et vicariale. Le Christ est le médiateur de
l’humanité auprès du Père au lieu d’Adam
qui est déchu ; il donne un exemple que les humains
peuvent imiter et il prend la place de l’humanité en
souffrant pour les péchés.
Les saints des derniers
jours sont monophysites dans leur christologie, c’est-à-dire
qu’ils croient que le Christ n’a qu’une seule
nature, qui est simultanément humaine et divine. C’est
possible parce que l’humain et le divin ne sont pas des
catégories qui s’excluent mutuellement dans la pensée
des saints, contrairement à la christologie duophysite de
beaucoup de confessions traditionnelles. Comme Lorenzo Snow l’a
dit : « Ce que l’homme est maintenant, Dieu le
fut autrefois. Ce que Dieu est maintenant, l’homme peut le
devenir » (Snow, p. 46). La plupart des chrétiens
seraient d’accord avec la première moitié de ce
couplet tel qu’appliqué à la personne du Christ,
mais les saints des derniers jours l’appliquent aussi au Père.
La deuxième moitié du couplet est plus orthodoxe au
sens confessionnel du terme que le sont les protestants ou les
catholiques, parce que les saints des derniers jours partagent la
doctrine biblique antique de la déification (apothéose)
avec l’orthodoxie orientale. Plusieurs des premiers théologiens
du christianisme ont dit essentiellement la même chose que
Lorenzo Snow. Irénée a dit : « Si la
parole est devenue homme, c’est pour que les hommes puissent
devenir des dieux » (Contre les hérésies, 4.
Pref.) et Athanase a maintenu que « [le Christ] est devenu
homme pour que nous puissions être rendus divins " (De
l’Incarnation, 54). Pourtant les saints des derniers jours
combinent les deux moitiés du couplet pour parvenir à
ce qu’ils estiment être la seule conclusion :
l’humain et le divin ne sont pas des catégories qui
s’excluent mutuellement. Pour eux, les deux catégories
ne font qu’un : Les humains sont de la lignée des
dieux. Les saints des derniers jours seraient entièrement
d’accord avec C.S. Lewis dans Mere Christianity : Il a dit
(dans la Bible) que nous étions des « dieux »
et il va donner suite à ses paroles. Si nous le lui permettons
– car nous pouvons l’en empêcher si nous le voulons
– il transformera le plus faible et le plus souillé
d’entre nous en un Dieu ou une Déesse, un être
éclatant, radieux, immortel, palpitant, dans toute sa
personne, d’une énergie, d’une joie, d’une
sagesse et d’un amour que nous ne pouvons pas imaginer
maintenant [p. 175].
Bibliographie
Dodds, Erwin. Pagan and
Christian in an Age of Anxiety. New York, 1970.
Keller, Roger. Reformed
Christians and Mormon Christians : Let's Talk. Ann Arbor, Mich.,
1986.
Lash, Symeon.
"Deification." Dans The Westminster Dictionary of Christian
Theology, dir. de publ. A. Richardson et J. Bowden. Philadelphie,
1983.
Madsen, Truman, dir. de
publ. Reflections on Mormonism : Judaeo-Christian Parallels.
Salt Lake City, 1978.
Robinson, Stephen. Are
the Latter-day Saints Christians ? Salt Lake City, 1991.
Snow, Eliza R. Biography
and Family Record of Lorenzo Snow. Salt Lake City, 1884.
STEPHEN E. ROBINSON
Doctrine :
Harmonisation du paradoxe
Auteur :
PAULSEN, DAVID L.
Parce qu’ils
rejettent l’influence du néoplatonisme sur la théologie
chrétienne originale, les saints des derniers jours ne sont
pas concernés par les dilemmes que posent certains des
paradoxes de la théologie chrétienne traditionnelle.
Cela ne veut cependant pas dire que la vie éthique des saints
et leur pensée religieuse soient exemptes de paradoxes. La
perspective des saints a tendance à harmoniser beaucoup de
paradoxes par sa conception que l’opposition est nécessaire
en toutes choses et que Dieu et l’humanité sont dans le
même ordre de réalité mais à des étapes
différentes de connaissance et de progression.
Tel qu’utilisé
dans le vocabulaire courant, le mot « paradoxe »
désigne habituellement une déclaration qui, à
première vue, est incroyable parce qu’elle est
apparemment contradictoire avec elle-même ou est contraire à
des faits bien établis, au bon sens ou aux croyances
généralement reçues. Si beaucoup de paradoxes
sont indubitablement faux, tous ne le sont pas nécessairement.
En effet, dans l’histoire de la pensée humaine, beaucoup
de paradoxes effrontés ont renversé une croyance
généralement reçue mais fausse, pour devenir
eux-mêmes, par la suite, généralement acceptés
« paradoxe à un moment donné, mais
maintenant le temps lui apporte sa preuve » (Hamlet
3.1.115).
La théologie
chrétienne classique est paradoxale à beaucoup
d’égards. C’est souvent le résultat des
fusions théologiques instables qui se sont produites au cours
des premiers siècles du christianisme quand (a) les idées
qui provenaient de la révélation personnelle
judéo-chrétienne ont été (b) refondues
par interprétation au sein d’une conception
néoplatonicienne impersonnelle de la réalité. En
voici quelques-unes :
1. (a) Le Dieu aimant qui
est profondément touché par le sentiment de nos
infirmités est (b) sans passions et ne subit aucune influence
extérieure.
2. (a) Le Dieu qui agit
dans l’histoire humaine et répond aux prières
personnelles est (b) intemporel et immuable.
3. (b) Le Dieu sans corps
ni parties est devenu (a) incarné en la personne de Jésus
de Nazareth.
4. Le Dieu qui est (b)
absolument illimité et bon et qui a tout créé de
rien (a) a créé un monde où les maux abondent.
5. (a) La Divinité
se compose de trois personnes parfaites et séparées qui
(b) constituent collectivement une substance métaphysique
unique.
Tout en affirmant (a) les
dimensions judéo-chrétiennes des propositions précitées
concernant Dieu, la doctrine mormone rejette (b) le cadre
néoplatonicien et la métaphysique néoplatonicienne
à l’intérieur desquels la révélation
judéo-chrétienne a été historiquement
interprétée. C’est à cause de cela que la
compréhension que les saints ont de la doctrine chrétienne
ne manifeste pas les paradoxes qui sont le résultat de l’union
de ces deux croyances incompatibles.
La pensée des
saints des derniers jours construit des ponts entre des entités
et des quantités qui sont normalement considérées
comme incongrues (voir Métaphysique). Ils ne considèrent
pas la réalité comme une dichotomie mais comme une
continuité graduelle : ainsi, l’on considère
que l’esprit est une forme de matière, mais une forme
hautement raffinée ; et le temps fait partie de
l’éternité. Un Dieu corporel est omniprésent
par la lumière qui émane de lui et qui est dans et à
travers toutes choses (D&A 88:12-13).
Dans le discours moral,
le principe axiomatique et éternel du libre arbitre exige
qu’il y ait « une opposition en toutes choses »
(2 Né. 2:11) pour garantir que l’on pourra faire
des choix valables, non seulement entre le bien et le mal mais
également parmi un choix de possibilités justes (voir
Éthique ; Mal ; Souffrance dans le monde ;
Théodicée). La faiblesse existe pour apporter la force
(Ét. 12:27). Ainsi, la vie morale des saints des derniers
jours se situe entre des options qui sont souvent paradoxales :
les impératifs de s’améliorer ou de servir les
autres, de passer du temps chez soi ou de servir l’Église,
de favoriser l’individualité ou l’institutionnel,
d’obtenir la richesse ou de donner aux pauvres, de trouver sa
vie en la perdant au service d’autrui (Mt. 10:39).
Ces opposés
n’empêchent cependant pas les saints d’agir et on
ne les transcende pas par le mysticisme, l’ironie ou la
résignation (que ce soit dans le sens optimiste ou pessimiste
du terme). Ils sont englobés dans une série de
principes évangéliques agissant les uns sur les autres
qui guident la vie des saints, notamment
•
la révélation
personnelle (par le Saint-Esprit chacun peut savoir ce qui mène
au Christ [Mro. 7:12-13 ; 10:5-6])
•
l’obligation
d’agir (la connaissance de ce qui est juste s’obtient en
le faisant [Jn. 7:17])
•
l’engagement
volontaire dans des alliances (on s’engage par ce qu’on
accepte de faire)
•
une notion étendue
du moi (aider les autres revient à s’aider soi-même)
•
l’expiation
de Jésus-Christ (son jugement englobera la grâce divine
et les oeuvres humaines, la justice punitive et la miséricorde
compatissante)
•
la relativité
éternelle des royaumes et de la progression (malgré
toutes leurs différences, tous sont sur le même chemin
de la perfection).
Pour les saints des
derniers jours, les paradoxes de la connaissance sont généralement
résolus en vertu du concept de « la révélation
continue » (voir Épistémologie ;
Révélation). S’ils sont enclins à croire
que toute vérité est logique avec elle-même et
avec toute autre vérité, les saints des derniers jours
reconnaissent également l’imperfection de la
compréhension humaine. Les tentatives de la part des mortels
de comprendre ou d’exprimer les vérités divines
sont par nature exposées à l’erreur pour au moins
deux raisons : (1) le cadre linguistique et conceptuel dans
lequel ces faits sont exprimés et interprétés
est conditionné par la culture et manifestement
insatisfaisant ; et (2) la conscience que l’humanité
a de ces faits est fragmentaire et incomplète, « Car…
autant les cieux sont élevés au–dessus de la
terre, autant mes voies sont élevées au–dessus de
vos voies, et mes pensées au–dessus de vos pensées »
(És. 55:8-9) et, dans la condition mortelle, « l'homme
ne comprend pas tout ce que le Seigneur peut comprendre »
(Mosiah 4:9). Mais par la révélation, la connaissance
humaine peut augmenter : « Nul n'a connaissance [des
voies de Dieu], si cela ne lui est révélé »
(Jacob 4:8). « L’homme animal ne reçoit pas
les choses de l’Esprit de Dieu… et il ne peut les
connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en
juge » (1 Co. 2:14).
Ainsi, là où
une révélation définitivement claire semble
contredire l’opinion généralement reçue,
le bon sens ou des faits bien établis, les saints des derniers
jours accordent la priorité à la révélation
et espèrent que le temps fournira la preuve de ce qui semble
maintenant paradoxal ou que, dans la compréhension plus
complète des choses que Dieu possède, il puisse y avoir
des principes intermédiaires permettant de réconcilier
deux vérités partielles apparemment contradictoires.
Cette confiance, cet espoir de révélations futures
permettent d’apaiser des paradoxes aussi insondables que le
point de savoir comment la connaissance totale de Dieu peut être
conciliée avec le libre arbitre de l’humanité,
comment les récits scripturaires et scientifiques de la
création peuvent être harmonisés ou comment,
d’une manière générale, l’étude
et la foi, la raison et la révélation, la vision
symbolique et l’esprit pratique et littéral peuvent être
satisfaits simultanément. La doctrine des saints résiste
aux extrêmes : ce qui fait son autorité n’a
pas été transformé en abstractions ou en absolus
et ses révélations ne se sont pas égarées
dans le mysticisme ou le flou. C’est ainsi que la doctrine de
l’Évangile éternel conserve son propre ensemble
de tensions dans un monde mortel.
Bibliographie
Hafen, Bruce C. "Love
Is Not Blind : Some Thoughts for College Students on Faith and
Ambiguity." Dans BYU Speeches of the Year, p. 8-17. Provo, Utah,
1979.
DAVID L. PAULSEN
Doctrine :
Traités sur la doctrine
Auteur :
KNOWLES, ELEANOR
Les ouvrages de doctrine
– c’est-à-dire les périodiques, les
brochures et les livres – ont été nombreux dans
la tradition des saints, reflet du caractère laïque du
ministère, du grand nombre d’Écritures et du
souci permanent d’une croyance correcte aussi bien que d’une
conduite juste.
Des lettres officielles,
notamment les exposés de doctrine, de la Première
Présidence sont éditées dans Messages of the
First Presidency, dir. de publ. James R. Clark, 6 vols, Salt Lake
City, 1965-1975. Des brochures influentes ont été
compilées dans le Handbook of the Restoration et dans le
ScrapBook of Mormon Literature, comp. Ben E. Rich, 2 vols, Chicago,
n.d..
En plus des volumes sur
les enseignements de Joseph Smith (EPJS, WJS), il y a des
déclarations doctrinales dans le Journal of Discourses, 1980.
Les compilations des discours des présidents de l’Église,
toutes publiées à Salt Lake City, contiennent Brigham
Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe,
1954 ; John Taylor, The Gospel Kingdom, dir. de publ. G. Homer
Durham , 1987 ; Discourses of Wilford Woodruff, dir. de publ. G.
Homer Durham , 1946 ; Teachings of Lorenzo Snow, comp. Clyde J.
Williams , 1984 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine , 1939 ;
Heber J. Grant, Gospel Standards , 1941 ; George Albert Smith,
Sharing the Gospel with Others , 1948 ; David O. McKay, Gospel
Ideals , 1953 ; Joseph Fielding Smith, Doctrines of Salvation,
comp. Bruce R. McConkie, 3 vols. , 1954-1956 ; Harold B. Lee,
Stand Ye in Holy Places and Ye Are the Light of the World , 1974 ;
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball ,
1982 ; et Teachings of Ezra Taft Benson, 1988.
On trouvera ci-après
une liste de livres qui ont fait des apports importants à la
compréhension de la doctrine, sauf indication contraire, ces
ouvrages ont été publiés à Salt Lake
City : Parley P. Pratt, A Voice of Warning, New York, 1837, et
Key to Theology, 1856 ; Orson Pratt, An Interesting Account of
Several Remarkable Visions and of the Late Discovery of Ancient
American Records, Edimbourg, 1840 ; Orson Spencer, Spencer's
Letters, Liverpool ey Londres, 1852 ; John Taylor, Mediation and
Atonement, 1882, et The Government of God, 1884 ; Franklin D.
Richards et James Little, A Compendium of the Doctrines of the
Gospel, 1882 ; B. H. Roberts, The Gospel, Liverpool, 1888,
Mormon Doctrine of Deity and Jesus Christ : The Revelation of
God, 1903 et The Seventy's Course in Theology, 5 vols.,
1907-1912 ;
James E. Talmage, Articles of Faith, 1899 et Jesus the Christ,
1915 ;
Orson F. Whitney, Gospel Themes, 1914, et Saturday Night Thoughts,
1921 ; Joseph F. Smith, Gospel Doctrine, 1919 ; Brigham
Young, Discourses of Brigham Young, dir. de publ. John A. Widtsoe,
1926 ; John A. Widtsoe, Priesthood and Church Government, 1939,
A Rational Theology, 1945, et Evidences and Reconciliations, 3 vols.
en 1, 1960 ; Joseph Smith, Teachings of the Prophet Joseph
Smith, comp. by Joseph Fielding Smith, 1938 ; Orson Pratt, Orson
Pratt's Works, dir. de publ. Parker P. Robison, 1945, et Masterful
Discourses of Orson Pratt, dir. de publ. N. B. Lundwall, 1946 ;
Milton R. Hunter, The Gospel Through the Ages, 1945 ; Daniel H.
Ludlow, dir. de publ., Latter-day Prophets Speak, 1948 ; J.
Reuben Clark, Jr., On the Way to Immortality and Eternal Life,
1949 ;
Writings of Parley P. Pratt, dir. de publ. Parker P. Robison,
1952 ;
Bruce R. McConkie, Mormon Doctrine, 1958, rév. 1966 ;
Spencer W. Kimball, The Miracle of Forgiveness, 1969 ; et George
Q. Cannon, Gospel Truth, dir. de publ. Jerreld Newquist, 2 vols.,
1972, 1974.
Traités plus
courts : Oliver Cowdery, "General Charge to the Twelve",
1835 ; Collège des Douze, "A Proclamation to the
World", 1845 ; Lorenzo Snow, "Law of Tithing",
1899 ; James E. Talmage, "The Honor and Dignity of the
Priesthood", 1914 ; J. Reuben Clark, Jr., "The Charted
Course of the Church in Education", 1938, et "When Are the
Writings or Sermons of Church Leaders Entitled to the Claim of
Scripture ?", 1954 ; Harold B. Lee, "Priesthood…
Core of All Activity", 1961, et "Priesthood Correlation",
1961 ; Spencer W. Kimball, "When the World Will Be
Converted", 1974, "Lengthening Our Stride", 1974, et
"Becoming Pure in Heart", 1978 ; N. Eldon Tanner,
"Church Administration", 1979.
ELEANOR KNOWLES
Doctrine
et Alliances : Aperçu
Auteur :
DOXEY, ROY W.
Les Doctrine et Alliances
sont une compilation de révélations dont la plupart ont
été reçues par le prophète Joseph Smith
pour l'établissement et le gouvernement du royaume de Dieu
dans les derniers jours. C'est un ouvrage canonique de l’Église
qui représente sa Constitution ecclésiastique ouverte
et sans cesse croissante. Son objectif principal est d'édifier
l’Église de Jésus-Christ et d'amener les hommes à
se mettre en accord avec le royaume du Christ. Il est considéré
comme la pierre de faîte de l’Église ; le
Livre de Mormon, qui est l’ouvrage qui va de pair avec lui, est
considéré comme la clef de voûte (Benson, p.
83-85). Le Livre de Mormon a été écrit pour
convaincre tous les hommes que Jésus est le Christ (voir Livre
de Mormon : Aperçu) ; les Doctrine et Alliances ont
été données pour les organiser et les orienter
selon la volonté et le royaume de Dieu.
Des 138 sections et des 2
déclarations actuellement dans ce recueil, 133 ont été
reçues principalement par Joseph Smith, le premier prophète
et président de l’Église. Les sept sections
restantes ont été reçues ou écrites par
ou sous la direction d'Oliver Cowdery (sections 102 et 134), de John
Taylor (section 135), de Brigham Young (section 136), de Joseph F.
Smith (section 138), de Wilford Woodruff (Déclaration
officielle – 1) et de Spencer W. Kimball (Déclaration
officielle – 2).
La plupart des passages
des Doctrine et Alliances ont un cadre historique précis et
pratiquement chaque verset contient de la sagesse, des enseignements
généraux, des principes religieux ou de la doctrine. La
plupart des révélations ont été reçues
en réponse à des demandes précises faites dans
la prière. Bien que beaucoup aient été données
au profit de personnes déterminées, leurs conseils
sont, de manière générale, d'application
universelle, ce qui rend ces révélations aussi
actuelles aujourd'hui que lorsqu’elles ont été
reçues. Elles ont été données aux
serviteurs du Seigneur « dans leur faiblesse, selon leur
langage, afin qu'ils les comprennent » (1:24). Les saints
des derniers jours y voient « la volonté du
Seigneur… l'avis du Seigneur… la parole du Seigneur…
la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu pour le salut »
(68:4).
Les révélations
des Doctrine et Alliances ont été reçues de
diverses façons. Certaines l’ont été par
l'inspiration, l'esprit étant éclairé par le
Saint-Esprit (par exemple, les sections 20-22), d'autres sont venues
d'un ange (les sections 2, 13, 27, 110), dans des visions,
habituellement par les yeux spirituels du prophète (les
sections 76, 137-138), par le murmure doux et léger, une voix
qui se fait entendre dans l'esprit (la section 85) ou par une voix
audible (section 130:12-13). À certaines occasions, d'autres
personnes étaient présentes et partageaient les
manifestations spirituelles (voir Visions de Joseph Smith).
Les sections sont de
types variés, contenant divers genres de textes et de
documents historiques. Par exemple, la section 102 contient le compte
rendu d'une session du Grand Conseil ; la section 113 répond
à des questions sur les écrits d'Ésaïe ;
les sections 121-123 font partie d'une lettre écrite par
Joseph Smith au sujet des persécutions ; les sections
127-128 sont des épîtres sur les baptêmes pour les
morts ; la section 134 est un article sur le gouvernement et les
lois et la section 135 rapporte le martyre de Joseph et de Hyrum
Smith. La section 7 est la traduction d'un document écrit et
caché par l'apôtre Jean ; les sections 65 et 109
sont des prières ; d'autres sections sont des
enseignements (les sections 130-131) et des prophéties (les
sections 87 et 121). La section 1 est la préface du Seigneur
aux autres révélations. La section 133 est appelée
l’appendice ; elle a été donnée deux
jours après la préface et contient des données
eschatologiques. Les deux sections 1 et 133 ont été
fournies en vue de la publication des révélations.
La première
compilation des révélations données à
Joseph Smith fut imprimée en 1833 sous le nom de Livre des
Commandements, pour le gouvernement de l’Église du
Christ (voir Livre des Commandements). Elle contenait soixante-cinq
chapitres. Ce recueil fut proposé le 1er novembre 1831 à
une conférence de la prêtrise de l’Église
pour approbation avant publication. Comme le langage des révélations
n’était pas d’un haut niveau, un membre mit en
doute leur authenticité. Une révélation, la
section 67 dans les éditions modernes, défia toute
personne d'écrire une révélation ; quand le
sceptique admit qu'il ne pouvait pas le faire, le recueil fut
approuvé par les personnes assemblées. L’imprimerie
de l’Église à Independence (Missouri) ayant été
détruite en juillet 1833 par des émeutiers alors que le
livre était en cours d’impression, quelques exemplaires
seulement de ce premier recueil compilation sont parvenus jusqu’à
nous.
Au cours des années
qui suivirent la première impression, d'autres révélations
furent reçues et certains textes plus anciens furent
supprimés. Une édition de 1835, publiée à
Kirtland (Ohio), fut intitulée Doctrine et Alliances de
l’Église des saints des derniers jours et contenait 103
sections. Lors des éditions suivantes, d’autres sections
furent ajoutées (voir Doctrine et Alliances – Éditions).
Les ajouts les plus récents sont les sections 137 (1836) et
138 (1918) sur le salut des morts, et la Déclaration
Officielle – 2 annonçant que la prêtrise pouvait
être donnée à tous les membres masculins de
l’Église qui étaient dignes (1978). Un article
sur le mariage écrit par Oliver Cowdery en 1835 fut supprimé
de l'édition de 1876. À partir de l'édition de
1921, un ensemble de leçons appelé Lectures on Faith ne
fut plus inclus.
Cent des révélations
ont été reçues avant 1834, pendant les premières
années formatrices de l’Église. Beaucoup d’entre
elles s’adressaient à des personnes précises qui
voulaient que le prophète leur dise ce que Dieu avait pour
elles. Les points de doctrine de l'Évangile ne furent
généralement pas révélés dans leur
plénitude au début, mais furent reçus
progressivement, de temps en temps. Tandis que l’Église
se développait et déménageait, les questions
concernant l'administration de l’Église, les devoirs des
officiers, les conseils pour les membres de l’Église et
les événements du futur devinrent le sujet d'autres
révélations.
Toutes les révélations
reçues par Joseph Smith ne se trouvent pas dans les Doctrine
et Alliances (voir Révélations non publiées). Il
y en a qui se trouvent dans la History of the Church, donnant des
recommandations et des instructions à des particuliers (HC
1:229), sur le déplacement des saints vers les montagnes
Rocheuses (HC 5:85) et une prophétie sur Stephen A. Douglas
(HC 5:393-394).
La décision quant
aux révélations à inclure dans les Doctrine et
Alliances est une prérogative de la Première Présidence
et du Collège des douze apôtres. Le choix est alors
confirmé par le consentement commun des membres de l’Église.
Les Doctrine et Alliances
s’adressent aux hommes de notre génération. Pour
les saints des derniers jours, c'est la voix du Seigneur Jésus-Christ
qui confirme et révèle le chemin du salut et donne des
instructions pour le gouvernement de son Église. Elles
menacent les hommes et les nations d’une destruction imminente
s'ils ne se repentent pas. Elles témoignent de la réalité
de la vie après la mort.
Parmi leurs
enseignements, il y a tout particulièrement les principes, les
alliances et les ordonnances spécifiques qui mènent à
la vie éternelle. Elles prescrivent les ordonnances de la
prêtrise depuis le baptême jusqu’au mariage scellé
pour l'éternité. Le salut des morts est également
révélé par des révélations au
sujet du baptême pour les morts et des visions de la
prédication aux esprits qui attendent la résurrection.
L’accent qu’elles
mettent sur la nature spirituelle de questions temporelles renforce
l'appréciation et le respect pour cette vie. Par exemple, son
code de santé, connu sous le nom de Parole de Sagesse, promet
la santé spirituelle et physique à ceux qui y obéissent
(section 89).
Les Doctrine et Alliances
contiennent de nombreux enseignements et des déclarations
vigoureuses qui influencent fortement la vie et les sentiments
quotidiens des saints des derniers jours, qui donnent le ton du
service dans l’Église et insufflent de la vitalité
dans le travail. Parmi ses passages fréquemment cités
il y a les maximes, les recommandations et les assurances divines
suivantes : « Si vous êtes préparés
vous ne craindrez pas » (D&A 38:30) ; « ne
cherche pas la richesse mais la sagesse » (11:7) ;
« celui qui accomplit les œuvres de la justice
recevra sa récompense, c’est-à-dire la paix dans
ce monde et la vie éternelle dans le monde à venir »
(59:23) ; « cherchez des paroles de sagesse dans les
meilleurs livres ; cherchez la connaissance par étude et
aussi par la foi » (88:118) ; « sans la
foi, tu ne peux rien faire » (8:10) ; « de
vous il est requis de pardonner à tous les hommes »
(64:10) ; « les hommes doivent œuvrer avec zèle
à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré
et produire beaucoup de justice » (58:27) ; « toutes
ces choses te donneront de l'expérience et seront pour ton
bien » (122:7) ; « je me susciterai un
peuple pur qui me servira avec justice » (100:16) ;
« ne vous lassez pas de bien faire » (64:33) ;
« cherchez diligemment, priez toujours et croyez, et tout
concourra à votre bien » (90:24) ; et « or,
qu'entendons-nous dans l'Évangile que nous avons reçu ?
Une voix d'allégresse ! Une voix de miséricorde
venant du ciel et une voix de vérité sortant de la
terre, de bonnes nouvelles pour les morts, une voix d'allégresse
pour les vivants et les morts, de bonnes nouvelles d'une grande
joie » (128:19).
Doctrine
et Alliances : Contenu
Auteur :
CALDWELL, C. MAX
Les révélations
compilées dans les Doctrine et Alliances contiennent les
directives et les points de doctrine nécessaires pour
inspirer, organiser et administrer les affaires de l’Église.
Elles n'ont pas été reçues ou écrites
comme manuel, comme traité ou comme un ensemble de plans de
leçons, mais ont été reçues par
intermittence quand le prophète Joseph Smith et d'autres
désiraient la volonté de Dieu dans diverses
circonstances.
Malgré le fait que
beaucoup de ces révélations s’adressent
personnellement à certaines personnes ou groupes dans des
circonstances propres au dix-neuvième siècle, elles
contiennent des principes qui ont une application éternelle et
donc une valeur actuelle. Les révélations contiennent
des avertissements de jugements divins sur les méchants, des
enseignements sur la progression des âmes humaines vers
l'exaltation et la vie éternelle grâce à
l'Évangile de Jésus-Christ, des informations sur les
Écritures, notamment la parution du Livre de Mormon et la
traduction de la Bible par Joseph Smith, des instructions sur la
prêtrise, son rétablissement, ses fonctions, ses offices
et ses ordonnances, des commandements et des instructions au peuple
de l’Église concernant la conduite personnelle,
l'éducation, les terres et la propriété, les
bâtiments et le soin des pauvres et des appels et des conseils
sur la prédication et la pratique de l'Évangile.
La section 1 est la
Préface, donnée le 1er novembre 1831, lors d’une
conférence de l’Église. Elle constitue la réponse
à la demande de Joseph Smith d’avoir l’autorisation
du Seigneur de publier certaines des révélations qu'il
avait précédemment reçues. Le Seigneur y accepte
la demande et publie le défi et la déclaration suivants
à tous ceux qui la liront : « Sondez ces
commandements, car ils sont vrais et dignes de foi, et les prophéties
et les promesses qu’ils contiennent s’accompliront
toutes » (D&A 1:37).
Les sections 2-19 sont
des révélations reçues avant l'organisation de
l’Église en 1830. Le Seigneur y instruit Joseph Smith et
ses compagnons sur beaucoup de sujets, particulièrement sur la
traduction, la publication et la valeur du Livre de Mormon, et sur la
nécessité de se fier complètement au Seigneur et
de sauvegarder les choses sacrées (sections 3, 5, 10, 17, 20).
Elles enseignent à Joseph Smith, père, Hyrum Smith,
Joseph Knight, père, John, Peter et David Whitmer, Oliver
Cowdery et Martin Harris comment participer à l’œuvre
qui était sur le point de paraître et reçoivent
un enseignement sur son caractère sacré (sections 4, 6,
8-9, 11-12, 14-19). Elles leur conseillent aussi de devenir dignes de
recevoir l'Esprit du Seigneur afin de pouvoir reconnaître les
révélations de Dieu et de faire sa volonté
(sections 6, 8-9, 11).
C’est aussi à
cette époque que l'autorité d'agir au nom du Seigneur
fut rétablie (voir Prêtrise) et que le but et la portée
de cette autorité furent expliqués (sections 13, 18,
20 ; cf. 27). Le Seigneur donne des recommandations concernant
la valeur des âmes et encourage ses serviteurs à
travailler chacun pour le salut des autres en enseignant l'Évangile
rétabli et en amenant les hommes au repentir (section 18). La
valeur et la nécessité de l’expiation de
Jésus-Christ sont révélées et il est
commandé aux hommes d’aller à lui pour obtenir le
pardon et la force spirituelle (section 19).
Les sections 20-40
donnent en 1830 des instructions à l’Église
nouvellement organisée à New York. Les points de
doctrine de base de l’Église tels que contenus dans la
Bible et le Livre de Mormon et les critères pour contracter
des alliances avec le Seigneur sont résumés et les
responsabilités des membres et des détenteurs de la
prêtrise dans l’Église sont définies
(section 20).
Le Seigneur donna une
révélation au sujet des relations entre le prophète
et le Seigneur et entre les membres de l’Église et la
parole du Seigneur par l’intermédiaire de son prophète
(section 21). C'est un sujet majeur des Doctrine et Alliances et il
constitue la base de la compréhension du processus de la
révélation continue via le président de l’Église
(section 28 ; cf. 43, 68, 81, 90, 124).
D'autres révélations
furent reçues au profit de diverses personnes et pour l’Église
en général, révélations qui contiennent
beaucoup de points de doctrine sur des sujets tels que le baptême
(section 22), la mise en pratique des conseils donnés,
(sections 23-24, 31), la musique et des recommandations à Emma
Smith, épouse du prophète (section 25), le consentement
commun (section 26), la Sainte-Cène (section 27), le
Saint-Esprit (sections 29-30, 34, cf. 46, 50, 75, 79), la prédication
aux Indiens d'Amérique ou Lamanites (sections 30, 32), la
proclamation de l'Évangile au monde entier dans les derniers
jours (sections 29, 33, 35, 38 ; cf. 43, 45, 86-87, 90, 101,
116, 133) et le travail de Joseph Smith sur la traduction de la Bible
et d’autres documents (sections 35, 37 ; cf. 41-42, 45,
73-74, 76-77, 86, 91, 93-94, 124:89). C’est par ce travail de
traduction que beaucoup de points de doctrine de l’Église
furent révélés à Joseph Smith (voir
Joseph Smith – Matthieu).
Le Seigneur commanda aux
membres de l’Église de se rassembler en Ohio, où
il promit de leur donner sa loi, d’établir Sion et de
les doter du pouvoir d'en haut (sections 37-38, 42). C’est sur
la base des alliances qu’ils contractent et respectent que les
hommes deviennent le peuple de Dieu ou ses disciples (sections
39-41).
Les sections 41-123
furent données pendant que l’Église était
en Ohio et au Missouri (1831-1839) et contiennent diverses
instructions au sujet des affaires de l’Église. Au cours
de ces années seront révélés beaucoup de
points de doctrine et de principes de l'Évangile qui
permettront la création d’un cadre doctrinal essentiel
pour l’Église. La première révélation
enregistrée par Joseph Smith en Ohio appelait Edward Partridge
à remplir les fonctions de premier évêque de
l’Église (section 41). Comme promis, les saints reçurent
les lois du Seigneur par lesquelles les membres de l’Église
sont régis, notamment la loi de l'enseignement (sections 42,
68, 88, 93, 100), les lois morales (sections 42, 58-59), la loi de
consécration (sections 42, 51, 54, 70, 78, 82-83, 104), la loi
du travail (sections 42, 60, 68, 75 ; voir Travail, rôle
du), des instructions concernant l’imposition des mains aux
malades (sections 42, 46, 63), des lois concernant la rémunération
pour les marchandises et les services (sections 42, 43, 70, 106) et
les lois relatives aux transgresseurs (sections 42, 58, 102, 107).
Joseph Smith reçut aussi des instructions au sujet de
l'importance du mariage et de la famille (section 49 ; cf.
131-32) et le Seigneur révéla des informations sur la
façon de détecter et d’éviter les
contrefaçons et les pratiques mauvaises (sections 43, 46, 50,
52 ; cf. 129).
Un thème majeur
des Doctrine et Alliances est l'établissement et l’édification
de Sion, tant comme lieu (voir Nouvelle Jérusalem) que comme
état d’esprit du peuple (ceux qui ont le cœur
pur ; D&A 97:21). Joseph Smith fut chargé d’aller
au Missouri où l'emplacement de la ville de Sion serait révélé
(section 52). Une fois là-bas, il recevrait des directives du
Seigneur au sujet de l'établissement de Sion et de son peuple
(sections 57-59). Les saints commencèrent à se
rassembler au Missouri pour répondre aux exigences du Seigneur
et des révélations supplémentaires furent reçues
concernant leurs responsabilités respectives (sections 63-64).
Il leur fut enseigné qu’il fallait construire et avoir
un temple ou maison du Seigneur pour devenir un peuple de Sion
(sections 57, 84, 88, 97, 101, 109-110 ; cf. 124). Certains
membres n'ayant pas atteint le niveau de consécration et
d'obéissance attendu d'une société de Sion, ils
ne réussirent pas à créer Sion à ce
moment-là. Ils furent expulsés du Missouri et
l’édification de Sion à cet endroit fut
temporairement suspendue (sections 101, 103, 105).
Pendant ce même
temps et plus tard, d'autres révélations instructives
furent données à propos des règles de santé
(sections 49, 89), la vie, la lumière, l'esprit et le pouvoir
du Christ (sections 50, 84, 88, 93), l’œuvre missionnaire
(sections 75, 79-80, 84, 99), le sabbat (section 59), l’obéissance
et le sacrifice (sections 58-59, 82, 97, 117-18), le pardon –
l’obtenir et l’accorder (sections 58, 64, 82, 98), le
plan du salut pour toute l'humanité (sections 76, 93 ;
cf. 131, 137-38), les fonctions et les collèges de la prêtrise
(sections 81, 84, 90, 107, 112, 121 ; cf. 124 ; et
Déclaration Officielle – 2 de 1978), les guerres
imminentes (section 87), les textes bibliques (sections 74, 77, 113)
et la dîme (sections 119-120).
Les sections 124-135
furent écrites à Nauvoo pendant les dernières
années de la vie de Joseph Smith (1839-1844). Elles
contiennent des directives à l’Église concernant
le temple de Nauvoo, le premier temple dont les ordonnances étaient
complètes (section 124), les ordonnances et le salut pour les
morts (sections 124, 127-128) ; la nature de la Divinité
et des êtres exaltés (sections 130, 132), le mariage
éternel et plural (sections 131-32 ; voir aussi Manifeste
de 1890), les lois et les gouvernements politiques (section 134) et
un énoncé des apports de Joseph Smith et de son
témoignage au moment de son martyre (sections 135-136).
Doctrine
et Alliances : Section 1
Auteur :
PACE, GEORGE W.
La section 1 des Doctrine
et Alliances est appelée la « Préface ».
C'est une révélation reçue le 1er novembre 1831
par Joseph Smith entre les sessions d'une conférence à
Hiram (Ohio). La conférence avait été convoquée
pour examiner la publication de soixante-trois des révélations
que Joseph Smith avait reçues (voir Livre des Commandements).
La conférence vota unanimement de les publier comme étant
la parole du Seigneur. Conformément à la déclaration
du Seigneur, cette section fut publiée à titre de « ma
préface au livre de mes commandements » (D&A
1:6). Elle donne le ton de la totalité des Doctrine et
Alliances, qui est pressant.
Comme les révélations
qu’elle introduit, la section 1 est écrite
principalement à la première personne comme étant
la parole du Seigneur : « Ce que moi, le Seigneur, ai
dit, je l’ai dit » (verset 38). Elle proclame au
monde que par le rétablissement de son Église, Dieu
s’est mis en devoir pour la dernière fois de racheter
ses enfants et de préparer la terre pour le retour du Sauveur.
La section 1 est la
déclaration hardie que Dieu voit tout et parle à tous
les hommes, que ses paroles iront à toutes les nations par
l’intermédiaire des disciples qu’il s’est
choisis, que chaque personne finira par entendre l'Évangile
dans sa propre langue de sorte que chacune puisse comprendre et que
les choses faibles du monde vaincront les puissantes et les fortes et
que l’Église sera amenée hors de l'obscurité
par le pouvoir de Dieu (voir aussi la révélation donnée
deux jours plus tard, D&A 133).
La section 1 présente
de manière équilibrée le jugement et le
soulagement. C'est une voix d'avertissement de jugements
imminents :
« Préparez-vous, préparez-vous »
(verset 12). Elle avertit que ceux qui ne se repentent pas
connaîtront de grandes douleurs, parce que l’état
de péché du monde a allumé « la
colère du Seigneur » et que les hommes « se
sont écartés de [ses] ordonnances et ont rompu [son]
alliance éternelle » (versets 13-15). Il est par
contre promis, à ceux qui écoutent, des enseignements,
des châtiments, des corrections, de la connaissance et des
bénédictions de Dieu.
La section finit sur la
garantie du Seigneur que toutes ses prophéties et promesses,
quoique données aux hommes dans leur faiblesse, sont vraies et
seront accomplies.GEORGE W. PACE
Doctrine
et Alliances : Sections 20-22
Auteur :
UNDERWOOD, GRANT
Sections 20-22
Les sections 20-22 des
Doctrine et Alliances sont les documents formateurs fondamentaux des
débuts de l'histoire de l’Église. Elles
continuent à remplir la fonction de déclaration
définitive de la foi et des devoirs de la prêtrise. À
l’origine, les sections 20 et 22 ont été publiées
ensemble sous le titre « articles et alliances de l’Église
du Christ ». Elles ont été publiées
pour la première fois dans le Painesville Telegraph (Ohio) en
avril 1831 et plus tard sur la première page du premier numéro
de l’Evening and Morning Star en juin 1832. La version la plus
ancienne connue de la section 20 est datée de juin 1829.
Beaucoup de copies anciennes ont été faites à
partir d’un brouillon de la main d'Oliver Cowdery.
Les sections 20-22 furent
officiellement adoptées en tant que révélations
doctrinales par l’Église lors de sa première
conférence, le 9 juin 1830, et furent les premières
sections des Doctrine et Alliances à être approuvées
comme telles. Plus tard, les missionnaires lurent souvent des copies
manuscrites de ces « articles » aux réunions
et aux conférences publiques parce qu'on leur avait dit
d'inclure les « Articles de l’Église »
dans leurs enseignements (D&A 42:13). La section 20 était
le chapitre II de l'édition 1835 des Doctrine et Alliances,
directement après la Préface révélée.
L'ordre actuel date de l'édition de 1876.
La section 20 est un
texte composite qui se divise en un prologue historique (versets
1-16), une déclaration de croyances (versets 17-36) et un
recueil de règles et de procédures (versets 37-84). Non
seulement ses principes continuent à guider les saints des
derniers jours aujourd'hui, mais ses dispositions donnent aussi un
aperçu de la vie de l’Église dans ses premières
années. Le prologue contient les mentions publiées les
plus anciennes de l'ordination de Joseph Smith et d'Oliver Cowdery
comme apôtres (versets 2-3) et de la première vision de
Joseph Smith : « il [fut] vraiment… manifesté
à ce premier ancien qu'il avait reçu la rémission
de ses péchés » (verset 5). La dimension
personnelle de ce récit est cohérente avec les récits
faits par Joseph en 1832 et 1835 de sa Première Vision.
La section 20 contient
également la déclaration de foi la plus ancienne connue
de l’Église. Elle affirme des points de doctrine
chrétiens de base, suivant la façon commune de faire de
la plupart des confessions protestantes, commençant par la
nature de Dieu (verset 17), la création (versets 18-19), la
chute (verset 20), Jésus-Christ, l'Expiation et le plan de
salut (versets 21-28). Les autres commentaires parlent de la
possibilité de « déchoir de la grâce »
et de la nature de la sanctification, qui étaient des
questions à l’ordre du jour dans les années 1820.
Le verset 35 exprime une conscience du monde chrétien
environnant, assurant que ces articles n’ajoutent ni ne
retranchent rien « à la prophétie [du livre
de Jean], aux saintes Écritures ou aux révélations
de Dieu qui viendront plus tard ».
La majeure partie de la
section 20 donne des directives pour le gouvernement de l’Église.
S’appuyant en partie sur les textes du Livre de Mormon, elle
explique les ordonnances du baptême et de la Sainte-Cène
et les devoirs des membres baptisés. À l'origine, les
prêtres, les instructeurs et les diacres étaient les
dirigeants adultes locaux de la prêtrise, ce qui explique la
charge pastorale importante qui leur est donnée (versets
46-59) et leur fonction de signer les certificats de dignité
pour les membres qui se déplaçaient d'une branche de
l’Église à l'autre (verset 84). La Prêtrise
d'Aaron avait pour ministère public de « prêcher,
enseigner, expliquer, exhorter » (verset 46) et devait
avoir une « licence » (verset 64).
Reçue le jour où
l’Église a été juridiquement reconnue, la
section 21 définit le rôle directeur de Joseph Smith
dans la nouvelle Église comme « voyant, traducteur,
prophète, apôtre de Jésus-Christ »
(verset 1), avec Oliver Cowdery comme ancien « sous sa
main » (verset 11). Il est conseillé aux membres de
l’Église de tenir des registres et de recevoir la parole
de Joseph « comme si elle sortait de ma propre bouche »
(versets 1, 5).
La section 22, reçue
le même mois, requiert de tous, même de ceux qui ont été
précédemment baptisés, qu’ils soient
baptisés dans « une nouvelle alliance éternelle »
(verset 1).
Ensemble, ces trois
sections constituent une base d'organisation ferme pour l’Église
rétablie du Christ.
Doctrine
et Alliances : Section 25
Auteur :
VOLKENING, KLIS HALE
Cette révélation
fut donnée à Harmony (Pennsylvanie), en juillet 1830,
trois mois après l'organisation de l’Église. Elle
fut intégrée en 1833 comme chapitre Xxvi au Livre des
Commandements. Elle s’adresse à Emma Smith, épouse
du prophète Joseph Smith. Dans la version la plus ancienne,
Emma Smith est appelée « ma fille en Sion ».
Joseph Smith augmenta plus tard ce verset en ajoutant :
« tous
ceux qui reçoivent mon Évangile sont des fils et des
filles dans mon royaume. »
La section a cinq
composants principaux :
1. Emma est désignée
comme « dame élue » (verset 3). Plus
tard, le 17 mars 1842, quand elle devint la première
présidente de la Société de secours et que les
femmes furent organisées selon l'ordre de la prêtrise,
Joseph expliqua que c'était le devoir de son appel d’
« élue ». L'organisation de bienfaisance
qu'elle dirigea devait passer à plus de 3 millions de femmes
en 1990.
2. Emma est exhortée
à l'unité avec son mari : « Tu lui
serviras de secrétaire » et « tu
partiras avec lui lorsqu'il partira » (verset 6). Elle
accepta ces appels, bien qu'elle dût plus tard abandonner sa
maison et sa sécurité.
3. Emma est appelée
à être « ordonnée sous sa main [de
Joseph] pour expliquer les Écritures et pour exhorter
l'Église, selon que cela te sera donné par mon Esprit »
(verset 7). Il lui est aussi commandé d'étudier et de
consacrer son temps « à écrire et à
apprendre beaucoup » (verset 8). Au cours de sa vie, elle
enseigna, expliqua, exhorta, présida et oeuvra dans beaucoup
d’organisations de l’Église. Les femmes de
l’Église ont toujours pour tâche de maîtriser
les Écritures, de manière à diriger avec
d’autant plus de puissance, à enseigner, à
exercer leur ministère et à servir.
4. Emma est chargée
de choisir des cantiques sacrés et un manifeste est donné
du pouvoir spirituel de la musique : « Le chant des
justes est une prière pour moi » (verset 12). Son
livre de cantiques fut publié en 1836 (bien que ce soit 1835
qui apparaisse à la page de titre). Ce recueil utilise
beaucoup de paroles et de mélodies chrétiennes
classiques mais contient aussi des chants liés à la
plupart des événements et des enseignements propres au
Rétablissement (voir Cantiques ; Musique).
5. Emma reçoit
l’avertissement qu’elle ne doit pas murmurer, mettre son
ministère public avant son rôle comme compagne de son
mari, rechercher « les choses de ce monde »
(verset 10) et faire preuve d'orgueil. « Que ton âme
se réjouisse de ton mari » (verset 14). Elle doit
faire honneur à son mari tandis qu'elle s’occupe de son
ministère public. Emma s’acquitta de chacun de ces
appels, subit la perte de cinq enfants et soutint Joseph jusqu'à
son martyre. Cette inclusion des femmes dans des rôles de
direction dans l’Église, la présidence dans
certaines organisations et sur certaines fonctions sacrées,
s’écartait de manière marquante de ce qui se
pratiquait au dix-neuvième siècle. Les dirigeants de
l’Église, hommes et femmes, continuent à
mentionner des passages de cet appel inspiré d'Emma pour citer
en exemple certains des potentiels des femmes et pour faciliter leur
participation pleine et entière à tous les appels et
bénédictions spirituels de l'Évangile.
Bibliographie
Hinckley, Gordon B. « If
Thou Art Faithful » Ensign 14 (nov. 84), p. 89-92.
KLIS VOLKENING HALE
Doctrine
et Alliances : Section 42
Auteur :
BROWN, VICTOR L., SR.
Cette section est appelée
la « Loi du Christ » et la « Loi de
l’Église » et sa réception accomplit
une promesse faite le 2 janvier 1831, dans Doctrine et Alliances
38:32, que la loi serait donnée à l’Église
en Ohio. Comme condition préalable (voir D&A 41:2-3), les
anciens devaient s’unir dans la prière de la foi. Les
soixante-dix premiers versets de la section 42 furent donnés
le 9 février 1831, tandis que douze anciens étaient,
comme le dit le document, « unis en prière
fervente ». Les versets 71-93 furent reçus deux
semaines plus tard dans des circonstances semblables. La révélation
fut publiée dans The Evening and The Morning Star en juillet
et octobre 1832, et fut incluse en 1833 en tant que chapitres 44 et
47 du Livre des Commandements.
Des conditions strictes
étaient imposées ici à une Église
naissante à la population réduite et dispersée
qui avait peu de formation et d’expérience. On peut les
répartir en six domaines principaux :
1. La responsabilité
missionnaire de se rendre dans l’Ouest (versets 1-17). Ses
membres devaient aller deux par deux, avec l'ordination et l'autorité
appropriées, enseigner les principes de l'Évangile à
l’aide de la Bible et du Livre de Mormon et n’enseigner
que « par l'Esprit ».
2. La réaffirmation
des dix commandements (versets 18-29). Le décalogue antique de
Moïse mettait l’accent sur les lois du comportement. Le
Nouveau Testament, particulièrement le sermon sur la montagne,
et un sermon semblable dans 3 Néphi soulignent l'acte et
l’état mental, la lettre et l'esprit. La section 42
affirme également les attentes et les aspirations plus larges
de la nouvelle alliance éternelle. On trouve en plus :
« Tu ne mentiras pas … tu ne médiras pas de
ton prochain et tu ne lui feras aucun tort » et « Tu
aimeras ta femme de tout ton cœur, et tu t'attacheras à
elle et à personne d'autre. » Il est dit du
contrevenant qu’il « n'aura pas l'Esprit »
et qu’il sera dans la crainte.
3. Une déclaration
sur les lois de l'intendance et de la consécration (versets
30-39). Les biens devaient être consacrés par une
alliance « qui ne [peut] être rompu[e] »
pour le soutien des pauvres, chaque personne agissant comme intendant
de ses propres biens et un grand conseil et un évêque
comme intendants du magasin de l’Église. Ce dernier,
rempli par les surplus, pourvoirait aux besoins des pauvres et des
indigents. « Dans la mesure où vous le faites aux
plus petits de ceux-ci, c'est à moi que vous le faites. »
Par ces principes, l’Église devait obtenir des terres,
construire des maisons de culte et finalement fonder la nouvelle
Jérusalem.
4. Mises en garde contre
l'orgueil du cœur, l'ostentation, l'oisiveté et
l'impureté (versets 40-42).
5. Exhortation aux soins
compatissants pour les malades qui n’ont pas le don de la foi
pour guérir (versets 43-52). Des signes, notamment la
guérison, suivront des dons spécifiques de foi, mais la
forme la plus élevée de foi est « le pouvoir
de devenir mes fils ». Ceux qui meurent dans le Seigneur
se voient assurés que leur mort « leur sera douce »
(verset 46).
6. Instructions sur les
procédures de l’Église concernant les
transgresseurs, les procès, les témoins, la discipline
de l’Église par rapport aux lois du pays et le mode de
confession et de réconciliation (versets 53-93). [Voir
également Mesures disciplinaires.]
Bibliographie
Otten, L.G., et C.M.
Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1, p.
195-206. Springville, Utah, 1982.
VICTOR L. BROWN, SR.
Doctrine
et Alliances : Section 45
Auteur :
CALDWELL, C. MAX
Cette révélation
des Doctrine et Alliances fut reçue au début de mars
1831, une époque où « beaucoup de faux
bruits, de mensonges et d’histoires insensées étaient
publiés dans les journaux et circulaient en tous sens pour
empêcher les gens d'étudier l’œuvre ou
d'embrasser la foi » (HC 1:158). Le Seigneur y appelle les
saints à écouter sa voix et fait remarquer qu’il
plaide pour eux auprès du Père (D&A 45:1-7). Il
leur dit ensuite qu'il « prophétiserai[t] comme aux
hommes d’autrefois » et leur donne ce qu'il a donné
à ses disciples à Jérusalem au sujet des
événements qui auraient lieu en ce jour-là, dans
les derniers jours et à sa seconde venue.
Trois événements
auraient lieu au cours de la génération même du
Sauveur : (1) le temple de Jérusalem serait détruit
(versets 18-20) ; (2) la nation juive serait dévastée
et détruite (verset 21) ; et (3) les juifs seraient
dispersés parmi toutes les nations (verset 24). L'histoire
prouve que ces prophéties se sont accomplies. Avant la fin du
premier siècle, les conquêtes romaines causèrent
l’accomplissement littéral et exact de tout ce que Jésus
avait décrit. Certains de ceux qui l'entendirent prophétiser
vécurent assez pour être témoins de ces
événements.
Beaucoup d’événements
se produiraient dans les derniers jours précédant la
seconde venue du Seigneur : 1. Les juifs seront rassemblés
à Jérusalem (verset 25). 2. Il y aura des guerres et
des bruits de guerres (verset 26). 3. Le cœur des hommes leur
manquera (verset 26). 4. Certains affirmeront que le Christ retarde
sa venue (verset 26). 5. L'amour des hommes se refroidira (verset
27). 6. L'iniquité abondera (verset 27). 7. La plénitude
de l'Évangile sera rétablie (verset 28). 8. Les temps
des Gentils seront accomplis (verset 30). 9. Il y aura un fléau
débordant et une maladie dévastatrice (verset 31). 10.
Les méchants maudiront Dieu (verset 32). 11. Il y aura des
tremblements de terre et beaucoup de désolations (verset 33).
12. Il y aura des manifestations de phénomènes
célestes : soleil, lune, étoiles (versets 40-44).
Les temps des Gentils
mentionnés au point 8 ont commencé quand les apôtres
ont porté l'Évangile aux Gentils après la mort
du Christ. Les Gentils ont eu une deuxième occasion lorsque
Joseph Smith a rétabli l'Évangile pour qu’il soit
prêché d'abord aux Gentils et puis aux Juifs.
Quand il reviendra, le
Sauveur fera au moins trois apparitions générales :
1. Il apparaîtra
aux saints ou membres de l’alliance de son Église
(versets 45-46, 56-57). Le Sauveur a comparé ces membres
fidèles aux cinq vierges sages qui avaient pris le
Saint-Esprit pour guide (cf. Mt. 25:1-13).
2. Il apparaîtra
aux juifs de Jérusalem (versets 47-53). Quand ceux-ci seront
engagés dans une bataille pour leur survie, le Sauveur
apparaîtra et interviendra en leur faveur et ils le
reconnaîtront comme leur Messie.
3. Il apparaîtra au
monde (versets 74-75). Cette apparition ne sera pas limitée à
un groupe choisi, mais sera au contraire d'une telle ampleur que les
méchants seront détruits, ne laissant que les justes
pour jouir du règne millénaire du Sauveur. La seconde
venue du Sauveur coïncidera avec la résurrection des
membres fidèles de l'alliance de son Église qui seront
enlevés à sa rencontre quand il viendra en gloire
(verset 45). Et les païens qui ont vécu sans loi seront
ressuscités, ainsi que « ceux qui n’ont pas
connu de loi » (verset 54).
La révélation
connue sous le nom de section 45 se concentre ensuite sur l’œuvre
de Joseph Smith sur la traduction de la Bible (versets 60-62) et
mentionne également des guerres à l'étranger et
au pays (verset 63). Les derniers versets appellent les saints à
se rassembler « d'un seul cœur et d'un seul esprit…
[pour édifier] la nouvelle Jérusalem, pays de paix,
ville de refuge, lieu de sécurité pour les saints du
Dieu Très-Haut » (versets 65-66).
Bibliographie
Département
d’Éducation de l’Église. Doctrine et
Alliances, manuel de l'étudiant. Salt Lake City, 1981.
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, 1981.
Otten, Leaun G. et C. Max
Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, vol. 1.
Springville, Utah, 1982.
C. MAX CALDWELL
Doctrine
et Alliances : Section 76
Auteur :
CANNON, DONALD Q.
La section 76 présente
une vision sur le plan du salut, en particulier la nature des trois
royaumes ou cieux de gloire que l'humanité peut hériter
après la résurrection selon la fidélité
de chacun (voir Degrés de gloire).
Le 16 février
1832, tandis qu’ils travaillaient à la traduction de la
Bible (TJS), Joseph Smith et Sidney Rigdon arrivèrent à
Jean 5:29 au sujet de la résurrection des justes et des
injustes. Joseph explique à ce propos : « Il
était clair que… si Dieu récompensait chaque
homme selon les actions accomplies dans le corps, le terme ‘ciel’,
signifiant la demeure éternelle des saints, devait comprendre
plus d’un royaume… Tandis que nous traduisions
l'évangile de Jean, nous eûmes, frère Rigdon et
moi-même, la vision suivante » (HC 1:245). Il y
avait au moins dix personnes dans la pièce quand cette
révélation fut donnée. L'une d'elles, Philo
Dibble, raconta soixante ans plus tard comment Joseph et Sidney,
presque immobiles pendant une heure environ, rapportaient
alternativement et se confirmaient mutuellement ce qu'ils voyaient
simultanément dans la vision (Cannon, p. 303-304).
La révélation
contient une série de six visions : Ils voient le Fils de
Dieu à la droite de Dieu (versets 1-24) ; ils voient
comment le diable et ses partisans se sont rebellés et ont été
précipités (25-49) ; ils voient le royaume céleste
(50-70), le royaume terrestre (71-80) et le royaume téleste
(81-90), et ceux qui hériteront chacun de ces degrés de
gloire ; et ils voient les trois royaumes de gloire comparés
(91-119). Le texte fut publié en juillet 1832 dans l’Evening
and Morning Star et fut inclus en tant que section 91 dans l'édition
de 1835 des Doctrine et Alliances.
Du fait que cette
section, appelée « la Vision »,
s'éloigne considérablement de la conception chrétienne
traditionnelle qui est un seul ciel et un seul enfer, certains eurent
du mal à l’accepter au début. Brigham Young dit :
« Mes traditions étaient telles que quand j’ai
lu la Vision pour la première fois, elle était si
totalement contraire et opposée à mon ancienne
éducation que j'ai dit : un instant ; je ne l'ai pas
rejetée, mais je ne pouvais pas la comprendre »
(Deseret News, Extra, 14 septembre 1852, p. 24). Des branches
entières de l’Église eurent le même
problème. John Murdock et Orson Pratt, qui faisaient à
l’époque une mission en Ohio, eurent du mal à
aider les membres de l’Église de là-bas à
accepter ce nouveau regard sur l'éternité. Néanmoins,
la plupart des membres ne tardèrent pas à croire et à
comprendre les concepts, et finirent par vénérer cette
vision comme l’une des plus belles et des plus impressionnantes
jamais données.
Joseph Smith lui-même
se réjouit de « la lumière qui a jailli sur
le monde grâce à la vision précitée »
(EPJS p. 6), qu'il dit être « une transcription des
registres du monde éternel. La sublimité des idées,
la pureté de la langue, le domaine laissé à
l'action, le temps prolongé accordé pour mener l’action
à bien, afin que les héritiers du salut puissent
confesser le Seigneur et fléchir le genou, les récompenses
pour la fidélité et les châtiments pour les
péchés se situent tellement au-delà de la
mesquinerie des hommes que chacun est contraint de s’exclamer :
« Elle vient de Dieu » (EPJS, p. 6-7).
Bibliographie
Cannon, George Q., dir.
de publ. "Recollections of the Prophet Joseph Smith."
Juvenile Instructor, 27 (15 mai 1892), p. 302-304.
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 157-166, 311-312. Provo,
Utah, 1981.
Dahl, Larry E. "The
Vision of the Glories." Dans Studies in Scripture, Vol. 1, p.
279-308. Sandy, Utah, 1984.
DONALD Q. CANNON
Doctrine
et Alliances : Section 84
Auteur :
OTTEN, LEAUN G.
Donnée les 22-23
septembre 1832, à Kirtland (Ohio), la section 84 fut d’abord
publiée en tant que chapitre Iv dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances. On l’appelle la révélation
sur la prêtrise et elle fut donnée en la présence
de six anciens qui venaient de rentrer de mission des États de
l’Est. La révélation comporte quatre thèmes
principaux.
SION. Précédemment,
l'établissement de Sion et la nécessité d’un
temple comme centre avaient été révélés
(D&A 57:1-3). La section 84 rend l’Église
responsable du rassemblement des saints et de l’édification
de la nouvelle Jérusalem (Sion), en commençant par le
temple. Les deux entreprises doivent être achevées en
une « génération ». Sion doit
être établie par le pouvoir et l'autorité de la
Prêtrise de Melchisédek (versets 1-5).
PRÊTRISE. La
prêtrise est le pouvoir et l'autorité délégués
à l’homme d’agir pour Dieu pour sauver les âmes
et on ne peut pas se l’attribuer, mais elle doit être
transmise de quelqu’un qui l’a déjà. La
section 84 distingue clairement deux prêtrises, à
savoir, celle de Melchisédek et celle d’Aaron. Moïse,
par exemple, reçut la Prêtrise de Melchisédek de
Jéthro, qui l'avait reçue d’héritiers
légitimes remontant jusqu’à « Adam,
qui était le premier homme » (versets 6-17). La
Prêtrise de Melchisédek administre l'Évangile et
détient les clefs des mystères du royaume et de la
connaissance de Dieu. Grâce aux ordonnances administrées
par cette prêtrise, les hommes et les femmes participent aux
pouvoirs de la piété. Ce n’est qu’ainsi
qu’ils peuvent voir son visage et supporter sa présence
(versets 19-22).
La Prêtrise d'Aaron
détient les clefs du ministère d’anges et de
l'Évangile préparatoire. Elle a continué dans
une ligne ininterrompue depuis Aaron et était la prêtrise
de la Loi de Moïse. C'était également la prêtrise
détenue par Jean-Baptiste. Cet Évangile préparatoire
comporte la foi, le repentir et le baptême, et mène à
la Prêtrise de Melchisédek et à ses ordonnances
(versets 26-27).
SERMENT ET ALLIANCE DE LA
PRÊTRISE. Quand des hommes dignes reçoivent la Prêtrise
de Melchisédek, ils entrent dans un rapport d'alliance avec le
Seigneur. Ils font alliance de magnifier leurs appels dans la
fidélité et l'obéissance – c’est-à-dire
qu’ils honoreront et rempliront avec fidélité et
obéissance leurs intendances. En gardant cette alliance, le
détenteur de la prêtrise reçoit le serment du
Père, qui mène à recevoir le royaume du Père
et « tout ce que [le] Père a » (verset
38). Ceux qui violent ou rompent cette alliance et s’en
détournent complètement « n'aur[ont] pas la
rémission des péchés dans ce monde ni dans le
monde à venir » (verset 41 ; voir aussi
Serment et alliance de la prêtrise).
Les anciens de l’Église
s’entendent dire qu’à cause de la « vanité »
et de « l'incrédulité », eux et
tous les enfants de Sion ont été spirituellement
enténébrés et sont sous la condamnation devant
le Seigneur. Ils doivent se repentir et se rappeler la « nouvelle
alliance », à savoir le Livre de Mormon. S’ils
obéissent à cette recommandation, leurs péchés
leur seront pardonnés et ils produiront du fruit digne du
royaume (versets 54-61).
CONSEILS MISSIONNAIRES.
La section 84 donne des instructions et fait des promesses à
ceux qui sont émissaires de Jésus-Christ. Sous leur
direction, l'Évangile doit être porté au monde
entier. Ceux qui désirent entrer dans le royaume du Christ
doivent être baptisés et recevoir le don du
Saint-Esprit. Des signes suivront ceux qui croient. Les missionnaires
se voient promettre la protection aussi bien que les nécessités
de la vie (versets 62-119, cf. Mt. 10).
En résumé,
il est recommandé aux détenteurs de la prêtrise
d’apprendre leurs devoirs et de remplir fidèlement leurs
offices et leurs appels. Chaque appel est essentiel dans le royaume
du Christ (versets 109-110).
Bibliographie
Otten, Leaun G., et C.
Max Caldwell. Sacred Truths of the Doctrine and Covenants, 2 vols.
Springville, Utah, 1983.
Smith, Hyrum M., et Janne
M. Sjodahl. Doctrine and Covenants Commentary, éd. rév.
Salt Lake City, 1978.
LEAUN G. OTTEN
Doctrine
et Alliances : Section 88
Auteur :
CARTER, BARBARA R.
La section 88 fut donnée
par Joseph Smith dans la « salle de traduction »
du magasin de Whitney à Kirtland. Les versets 1-126 furent
donnés les 27 et 28 décembre 1832, et les versets
127-141 le 3 janvier 1833. La révélation fut
enregistrée dans le Minutier du Conseil de Kirtland et des
parties en furent publiées en février et mars 1833 dans
The Evening and The Morning Star. Elle fut imprimée en tant
que section 7 dans l'édition de 1835 des Doctrine et
Alliances.
Le jour de Noël de
1832, Joseph Smith reçut ce qui a pris le nom de prophétie
sur la guerre (D&A 87), qui prédisait « la mort
et la misère de beaucoup d’âmes ». Cela
perturba ses frères. Ils s’unirent dans le jeûne
et la prière devant le Seigneur, voulant connaître sa
volonté au sujet de l’édification de Sion. Le
prophète appela la révélation suivante (D&A
88) « la feuille d’olivier » et « le
message de paix que le Seigneur nous adresse » (HC 1:316).
La section s’ouvre
sur une promesse intime « sur vous, mes amis »
qui est donnée de Dieu par Jésus-Christ, son Fils (D&A
88:3-5) et est comparable à la promesse de Jean 14 sur le
Consolateur et le Saint-Esprit de promesse.
Suivent des passages sur
l'immanence universelle de la lumière divine : La Lumière
du Christ illumine les yeux et vivifie l’intelligence (voir
Lumière et ténèbres). Elle est en et à
travers tout, la lumière même du soleil, de la lune et
des étoiles. Elle « sort de la présence de
Dieu pour remplir l’immensité de l'espace »
(verset 12). Elle est mise sur le même pied que la vie, la loi
et le pouvoir de Dieu.
Dans ce contexte les
points de doctrine suivants sont clarifiés :
L'esprit et le corps sont
l'âme de l'homme. Il y a trois degrés de gloire et trois
ordres de corps glorifiés. On reçoit un corps
ressuscité selon la loi à laquelle on se conforme
ici-bas : « Votre gloire sera cette gloire par
laquelle votre corps sera vivifié » (verset 28).
Dans la résurrection on reçoit en entier ce qu'en ce
monde on n’a eu qu’en partie. Un quatrième ordre
de corps ressuscités concerne les fils de Perdition, qui, bien
que ressuscités, ne reçoivent aucune gloire (versets
32-33).
La terre elle-même
est vivante. Elle mourra et sera glorifiée, et les corps qui
sont vivifiés par un esprit céleste hériteront ;
« c’est dans ce but qu’elle a été
faite et créée, et c’est dans ce but qu’ils
sont sanctifiés » (verset 20).
Il y a des mondes
multiples, des créations multiples, tous régis par la
loi. « À tout royaume est donnée une loi ;
et à toute loi il y a certaines limites et certaines
conditions » (verset 38). La loi comporte des temps, des
saisons et des ordres cosmiques aussi bien que les attributs et les
pouvoirs divins de la miséricorde, de la justice et du
jugement. « Tous les êtres qui ne se conforment pas
à ces conditions ne sont pas justifiés »
(verset 39 ; voir Justification). Ceux qui cherchent à se
faire la loi à eux-mêmes ne seront pas et ne peuvent pas
être sanctifiés.
Une parabole sur des
ouvriers dans un champ enseigne l'ampleur des créations du
Seigneur (versets 46-61), que la glorification ne se produit qu’à
un moment et dans un ordre désignés, « chacun
en son ordre » (verset 60).
L'appel est donné
de construire un temple et de tenir une assemblée solennelle.
Le temple doit devenir une maison de Dieu : de prière, de
jeûne, de foi, de science, de gloire et d'ordre. Toutes les
entrées et les sorties et les salutations seront au nom du
Seigneur. Il est commandé aux saints qu’ils
« s'organisent, et se préparent, et se
sanctifient » (verset 74) par la solennité et
l'étude sobre, pour être prêts pour l'expérience
de temple. (Voir Temple de Kirtland ; Temples :
Consécrations de temples de l’Église.)
Un programme d'études
complet pour l'école des prophètes est présenté.
Il comprend des langues, l’histoire et une étude « des
guerres et [d]es perplexités des nations… et aussi une
connaissance des pays et des royaumes » (verset 79).
Des prophéties
sont réitérées au sujet des changements, des
tremblements de terre, des tempêtes et des bouleversements de
la terre et des cieux qui précéderont la seconde venue
du Christ. Six périodes ou époques de mille ans chacune
sont désignées. Elles doivent trouver leur point
culminant à la septième ou ère millénaire.
Un ange et une trompette sonnée par un ange symbolisent chaque
période.
La révélation
conclut sur des instructions précises sur la conduite des
réunions, les devoirs de la présidence, l'admission à
l'école des prophètes et le lavement des pieds, sur le
modèle de Jean 13, comme ordonnance d’initiation et de
purification pour les membres de l'école.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith. Provo, Utah, 1981.
BARBARA R. CARTER
Doctrine
et Alliances : Section 89
Auteur :
PETERSON, PAUL H.
Cette section, connue
sous le nom de Parole de Sagesse d’après ses premiers
mots, fut reçue le 27 février 1833 lors d'une réunion
de l'école des prophètes à l’étage
du magasin des Whitney, à Kirtland. Selon Zebedee Coltrin,
l’un des vingt-deux dirigeants de l’Église
présents, Joseph Smith reçut la révélation
dans une pièce voisine en présence de deux ou trois
frères, entra avec le document en mains et en lut le contenu
aux membres de l’école réunis. La révélation
fut imprimée en décembre 1833 ou en janvier 1834 sur
une feuille grand format et fut incluse dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances.
La Parole de Sagesse fut
donnée « en conséquence des mauvaises
intentions et des desseins qui existent et existeront dans les
derniers jours dans le cœur des conspirateurs »
(verset 4). Comme certains de ces desseins concernent ce que l’on
mange et boit, la Parole de Sagesse donne des directives de base sur
ce qui est bon et pas bon et pose en principe une forte relation
entre ce que les gens ingèrent et leur bien-être
physique et spirituel. La révélation interdit trois
choses : le tabac, les boissons fortes et les boissons brûlantes
(versets 5-9). On a interprété les « boissons
fortes » comme étant les boissons alcoolisées ;
les premiers dirigeants de l’Église ont défini
les « boissons brûlantes » comme étant
le thé et le café. Les dirigeants de l’Église
ont traditionnellement limité les conditions requises pour la
dignité aux interdits. La révélation recommande
également l'utilisation prudente des herbes et des fruits, la
consommation fugale de la viande et l'utilisation de « tout
grain » mais particulièrement du « blé
pour l'homme » (versets 10-17). La santé et la
force, la sagesse et la connaissance et la protection contre l'ange
exterminateur sont promises aux saints qui obéissent aux
recommandations (versets 18-21).
La Parole de Sagesse
était une réponse inspirée à des
problèmes ou à des paradoxes précis dans
l’Église et à des problèmes sociaux
d’actualité dans la société américaine
de l’époque. Brigham Young rappela en 1868 que Joseph
Smith était perturbé par le caractère
manifestement incongru de discussions concernant des sujets
spirituels dans un nuage de fumée de tabac et par le fait que
cela dérangeait Emma Smith, femme de Joseph, de devoir
nettoyer le plancher taché de chiques. Il est également
probable que le prophète était sensible et favorable au
mouvement généralisé en faveur de la tempérance
des années 1830. Comme il le faisait d’habitude, le
prophète demanda des instructions au Seigneur et la section 89
se distingue par le fait que c'est un code de santé divinement
approuvé.
Les interprétations
et les applications de la Parole de Sagesse ont graduellement changé
au cours des années. Ce changement correspond en partie à
la croyance de l’Église en la révélation
continue par les prophètes modernes. En ce qui concerne cette
section particulière, les interprétations diverses
reflètent également une certaine ambiguïté
du verset 2, qui dit que la révélation a été
donnée « non par commandement ou par contrainte ».
Comme les versets 1-4 faisaient partie de l'introduction de cette
section dans l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances, il y
a eu, au cours des années, des divergences de vues quant à
savoir si la Parole de Sagesse est un commandement dans le sens que
son observance est obligatoire pour jouir de la pleine communion de
l’Église comme de savoir si l'observance implique
l'abstinence ou simplement la modération.
Au milieu des années
1830, beaucoup de membres de l’Église estimaient que
l'abstinence d'alcool, de tabac, de thé et de café
était un critère pour jouir de la communion des saints.
L’unique exception possible à cette interprétation
sinon stricte était le vin, que certains des premiers
dirigeants de l’Église ont pu ne pas considérer
comme « boisson forte ». Cette insistance du
début sur l'abstinence ou une quasi-abstinence ne fut pas
généralement ni officiellement acceptée dans
l’Église, en dépit de la déclaration de
Joseph Smith qu’aucun membre n’était « digne
de détenir un office » une fois que la Parole de
Sagesse lui avait été enseignée et « s’il
néglige de s’y conformer et d’y obéir »
(EPJS, p.91.). Néanmoins, la déclaration d’origine
fit graduellement place à un accent sur la modération.
Joseph F. Smith enseigna plus tard que le Seigneur n'avait pas
insisté sur la conformité stricte dans ces premières
années afin d'accorder à une génération
intoxiquée par des substances nocives quelques années
pour se débarrasser de mauvaises habitudes. Cette pratique de
la modération, que l’on a pu observer dès les
années 1840, continua pendant tout le dix-neuvième
siècle. Le président Taylor entreprit, au début
des années 1880, une réforme dans laquelle il
soulignait que tous les dirigeants de l’Église devaient
s'abstenir des produits interdits, mais ses efforts furent réduits
à néant par la désintégration sociale
provoquée par les raids fédéraux contre la
polygamie. Au XIXe siècle, les dirigeants de l’Église
n'exigèrent pas l'abstinence, mais ils insistèrent sur
la modération, mirent fortement en garde contre l'ivrognerie
et s’opposèrent à la création de
distilleries et de débits de boissons ou les limitèrent
soigneusement. Les nombreuses observations faites par les visiteurs
du territoire d'Utah attestent du bon ordre et de la sobriété
générale des communautés mormones et démontrent
l'efficacité de ces prédications.
Le cheminement qui allait
mener à la position actuelle sur la Parole de Sagesse commença
avec la présidence de Joseph F. Smith (1901-1918) et aboutit
avec l'administration de Heber J. Grant (1918-1945), qui, plus que
n'importe quel autre dirigeant de l’Église, prêcha
fréquemment et avec ferveur le respect strict du principe. Au
début des années 1930, l'abstinence d'alcool, de tabac,
de thé et de café étaient devenue un test
officiel de la participation à la communion des saints. Il n'y
eut pas de révélation expresse pour produire ce
résultat. Il découla des préoccupations que les
dirigeants de l’Église avaient à l’égard
des effets physiques et spirituels nocifs de l'alcool, du tabac, du
thé et du café sur les personnes et sur les
collectivités. L'agitation nationale et locale en Amérique
concernant la Prohibition et l’accumulation des preuves
scientifiques attestant des effets nocifs de certaines substances
intensifièrent ce souci.
La Parole de Sagesse a
eu, entre autres, pour résultat une meilleure santé
physique dans la population de l’Église (voir
Statistiques démographiques) et la confirmation concrète
des vérités reçues par la révélation.
Elle constitue aussi un signe distinctif qui rappelle aux saints des
derniers jours leurs engagements et leurs responsabilités dans
le domaine religieux.
Bibliographie
Alexander, Thomas G.
Mormonism in Transition, p. 258-271. Urbana, Illinois, 1986.
Bush, Lester E., Jr.
« The Word of Wisdom in Early Nineteenth-Century
Perspective » Dialogue 14 (automne 1981) p. 47-65.
PAUL H. PETERSON
Doctrine
et Alliances : Section 93
Auteur :
WORKMAN, DAN J.
La section 93 est une
révélation reçue le 6 mai 1833 par le prophète
Joseph Smith pendant une conférence des grands prêtres à
Kirtland, Ohio. Elle fut imprimée en tant que chapitre 82 de
l'édition de 1835 des Doctrine et Alliances. Les idées
contenues dans cette révélation sont à la base
de la compréhension que les saints des derniers jours ont de
la nature et des rapports de Dieu et de l'homme.
Elle commence par la
promesse divine que toute âme qui abandonne le péché,
va au Christ, invoque son nom, obéit à sa voix et garde
ses commandements verra sa face « et saura que je suis,
que je suis la vraie lumière qui éclaire tout homme qui
vient au monde » (versets 1-2).
Les versets suivants
mentionnent des paroles d'un document de Jean qui doit encore être
révélé dans son intégralité. Ils
font penser au prologue à l'Évangile de Jean, mais ils
témoignent également du baptême de Jésus
par Jean-Baptiste.
Le Christ est appelé
le Père et est un avec lui parce qu’il lui « a
donné de sa plénitude » (verset 4). Il est
appelé la Parole parce qu'il est le « messager du
salut » (verset 8). En lui est « la vie des
hommes et la lumière des hommes » (verset 9). « Les
mondes ont été faits par lui, les hommes ont été
faits par lui, tout a été fait par lui, par son
intermédiaire et de lui » (verset 10).
Contrairement aux
théologies de l’existence statique, plusieurs versets
affirment le devenir du Christ. Trois fois ils réitèrent
que le Christ n'a pas reçu de plénitude au début
mais a reçu « grâce sur grâce »
jusqu'à recevoir une plénitude de la gloire du Père
(versets 12, 13, 14 ; cf. Lu. 2:40 ; Hé. 5:8-9). Le
Christ n’est devenu comme le Père, dans le sens exalté
du terme, qu’après sa résurrection et sa
glorification (cf. Ap. 5:12-13). La compréhension de ce
processus est la base d’un culte authentique.
La révélation
nie la notion de la création ex nihilo. L'intelligence de
l'homme, « la lumière de la vérité »
(verset 29), n'est pas créée mais existe d’elle-même.
L’homme, comme le Christ lui-même, « était…
au commencement avec Dieu » (verset 29). En outre, « les
éléments sont éternels » (verset 33).
La vérité
est la « connaissance des choses telles qu’elles
sont, telles qu’elles étaient et telles qu’elles
sont à venir » (verset 24). La vérité
et l'intelligence sont indépendantes dans la sphère
dans laquelle Dieu les a placées (verset 30). L'esprit de
l'homme fait partie intégrante de l'esprit de vérité,
qui « est clairement manifesté » dès
le commencement (verset 31). C'est la base du libre arbitre et de la
responsabilité. « Tout homme dont l’esprit ne
reçoit pas la lumière est sous la condamnation »
(verset 32).
Le Christ est le modèle
en toutes choses. Tous peuvent « ven[ir] au Père en
mon nom » (verset 19) et, en temps voulu, être
« glorifié[s] en moi, comme je suis dans le Père »
(verset 20). L'homme est un temple et un temple souillé sera
détruit. « L’esprit et l'élément »
inséparablement liés (ressuscités) peuvent
recevoir une plénitude de joie. « La gloire de Dieu
est l’intelligence » définie comme étant
« la lumière et la vérité ».
Quelqu’un qui reçoit la lumière et la vérité
délaisse le Malin (verset 37).
« L’esprit
de tout homme était innocent au commencement ; et Dieu
ayant racheté l'homme de la chute, les hommes redevinrent,
dans leur prime enfance, innocents devant Dieu » (verset
38). Par la désobéissance les hommes deviennent
pécheurs, « la lumière et la vérité »
leur étant enlevées quand ils adoptent « la
tradition de leurs pères » (verset 39).
La révélation
clôture en exhortant les grands prêtres rassemblés
à mettre leur maison en ordre en enseignant plus complètement
l'Évangile à leur famille (versets 42-50). Sidney
Rigdon doit proclamer « l'Évangile de salut »
(verset 51) et les Frères doivent se hâter « de
traduire mes Écritures » (Bible) et « obtenir
la connaissance de l'histoire, des pays, des royaumes, des lois de
Dieu et de l'homme » tout cela « pour le salut
de Sion » (verset 53). DAN J. WORKMAN
Doctrine
et Alliances : Section 107
Auteur :
BOWEN, WALTER D.
La section 107 est l'une
des déclarations les plus importantes des Écritures
modernes sur les divisions, les offices, les collèges et les
conseils de la prêtrise. La section 107 définit un
arrangement ordonné des responsabilités d’une
prêtrise laïque à plusieurs niveaux. Elle fut
publiée en tant que chapitre lii dans l'édition de 1835
des Doctrine et Alliances et fut intitulée « De la
Prêtrise ». Au fil des années elle a été
acceptée comme un document d’importance majeure et a été
considérée comme une charte sage et efficace sur les
clefs et les offices de la prêtrise. Elle est la base de
l'administration de l’Église par la prêtrise (voir
Organisation).
Le 28 mars 1835, à
Kirtland (Ohio), le Collège des douze apôtres récemment
organisé se réunit en vue de sa mission dans l'Est des
États-Unis. Éprouvant le sentiment de ne pas être
à la hauteur de son nouvel appel comme témoin spécial
du Christ, le collège rédigea une lettre au prophète
Joseph Smith demandant une révélation en sa faveur :
« Le moment où nous sommes sur le point de nous
séparer est proche et Dieu seul sait quand nous nous réunirons
de nouveau ; nous souhaitons donc demander à celui que
nous avons reconnu comme notre Prophète et Voyant qu'il
s'enquière auprès de Dieu pour nous et obtienne une
révélation (si c’est faisable) afin que nous
puissions la regarder quand nous serons séparés, que
notre cœur puisse être consolé » (HC
2:209-210).
Joseph « consulta
le Seigneur » et reçut la section 107:1-57. Le
document distingue la Prêtrise de Melchisédek de la
Prêtrise d'Aaron et définit quels offices relèvent
de chacune : La Première Présidence, et sous elle
les douze apôtres, les grands prêtres et les anciens,
officient dans la Prêtrise de Melchisédek et agissent
dans toutes les « choses spirituelles »
(versets 1-12, 18-19, 21-26) ; l'évêque, avec ses
conseillers, agit dans la Prêtrise d'Aaron, qui administre
« les ordonnances extérieures » de
l’Église, notamment le baptême (versets 13-17,
20). La Première Présidence préside l’Église ;
les Douze sont « les témoins spéciaux du nom
du Christ dans le monde entier » (verset 23) ; et les
soixante-dix sont appelés à prêcher l'Évangile
à l'étranger (verset 25).
Les principes de
l'organisation de la prêtrise fixés par cette révélation
combinent des éléments démocratiques et
hiérarchiques. « Il y a nécessairement des
présidents » sur les divers offices (verset 21),
mais toute décision d'un des trois collèges qui
gouvernent l’Église « doit être à
l’unanimité des voix qui le composent »
(verset 27), prise « en toute justice, en sainteté,
avec humilité de cœur » (verset 30). La
Première Présidence, le Collège des Douze et les
collèges des soixante-dix sont « éga[ux] en
autorité » mais fonctionnent sous les clefs de
prêtrise de la Première Présidence ou du Collège
des Douze quand la présidence est dissoute à la mort du
président (versets 22-26). La révélation remonte
aussi le lignage de la prêtrise patriarcale dans les temps
anciens d'Adam à Noé (versets 39-57).
À peu d'exceptions
près, les versets 58-100 ont été extraits d'une
révélation et d'une vision que Joseph Smith avait
reçues précédemment. Elle déclare que le
Président de la Haute Prêtrise doit « présider
l’Église entière… et… être
semblable à Moïse » (verset 91), et définit
les devoirs, les présidences et le nombre maximum de membres
des collèges d’anciens, de prêtres, d’instructeurs
et de diacres. Elle précise aussi les devoirs de l'évêque
en tant que juge en Sion et donne la marche à suivre pour
juger de la conduite d'un officier général de l’Église.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith, p. 215-216, 326-329. Provo,
Utah, 1981.
WALTER D. BOWEN
Doctrine
et Alliances : Sections 109-110
Auteur :
WILCOX, S. MICHAEL
La section 109 est la
prière de consécration du temple de Kirtland. Joseph
Smith écrit qu'il a reçu cette prière par
l'esprit de révélation (HC 2:420). La prière
contient un certain langage propre au temple, tiré de Doctrine
et Alliances 88 (voir, par exemple, 88:119-121) et quelques passages
qui s’y trouvent et qui ont trait à la rédemption
de Jérusalem se retrouvent dans la prière d'Orson Hyde
prononcée cinq ans plus tard sur le mont des Oliviers.
La section 109 est
hébraïque dans le ton et rappelle la consécration
par Salomon du premier temple et les bénédictions que
la tradition juive lie au temple (cf. 1 R. 8).
Elle commence par des
actions de grâces : « Grâces soient
rendues à ton nom, ô Seigneur Dieu d'Israël, toi
qui gardes l'alliance et fais preuve de miséricorde »,
demande l’approbation divine et la manifestation visible de la
gloire divine sur le temple et les fidèles, demande que Dieu
accepte ce qui a été fait dans l'esprit de sacrifice,
désigne le bâtiment comme maison de Dieu, de prière,
de jeûne, de foi, d'étude, de gloire et d'ordre (verset
8 ; cf. verset 16), où le nom divin peut être mis
sur ses serviteurs, demande le pardon et l’effacement des
péchés, plaide pour que les émissaires de la
vérité aillent avec puissance et scellent leur
témoignage avec pouvoir, demande protection contre les ennemis
et que l’on soit délivré des calamités du
Missouri, et prie pour la miséricorde sur les nations de la
terre, pour l'expansion des pieux, pour le rassemblement de Jacob et
de Juda dispersés, pour la rédemption de Jérusalem
« dès cette heure » (verset 62), et
finalement pour des bénédictions sur les maisons et les
familles des dirigeants de l’Église. Elle finit par « Ô
entends, ô entends, ô entends-nous, ô Seigneur !
… afin que nous mêlions nos voix à celles de ces
séraphins resplendissants qui entourent ton trône »
et « Amen et amen » (versets 78, 80).
La section 110 rend
compte d’événements qui ont suivi la consécration
du temple le 3 avril 1836. Le récit (non canonique dans
l’Église Réorganisée) fut écrit par
Warren Cowdery, secrétaire de Joseph, et publié une
semaine après les événements qu’il décrit
dans le Messenger and Advocate, et fut plus tard inclus dans
l'édition de 1876 des Doctrine et Alliances (voir
l’introduction). Après avoir pris la Sainte-Cène
et s’être prosternés « en prière
solennelle et silencieuse », Joseph Smith et Oliver
Cowdery reçurent une vision commune. Le Sauveur apparut et
accepta le temple en disant : « Mon nom sera ici ;
et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple
dans cette maison » (verset 7). Moïse apparut ensuite
pour rétablir « les clefs pour rassembler Israël
des quatre coins de la terre » (verset 11) en vue du
renouvellement des temples et du culte du temple (voir Israël :
Rassemblement d'Israël ; Ordonnances du temple). Élias
« remit la dispensation de l'Évangile d'Abraham »
(verset 12) pour rétablir la promesse de l'alliance faite à
Abraham que par lui et par sa postérité toutes les
générations seraient bénies (voir Alliance
abrahamique ; Évangile d'Abraham). Enfin Élie
apparut et conféra les clefs du scellement pour toutes les
ordonnances de la prêtrise, notamment le scellement des
familles, et annonça l'imminence de la seconde venue du Messie
(versets 13-16). Ceci était en accord avec la prophétie
finale de Malachie qu'Élie viendrait pour tourner le cœur
des enfants vers les pères avant le jour grand et redoutable
du Seigneur (Ma. 4:5-6 ; voir Élie, Esprit d’).
Bibliographie
Sperry, Sidney B.
Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
S. MICHAEL WILCOX
Doctrine
et Alliances : Sections 121-123
Auteur :
HOWE, SUSAN
Sections 121-123 :
Ces sections sont des extraits d’une longue lettre écrite
par Joseph Smith le 20 mars 1839, dans la prison de Liberty
(Missouri), adressée « à l’Église
des saints des derniers jours à Quincy (Illinois) et dispersée
à l'étranger et à l’évêque
Partridge en particulier » (HC 3:289). La puissance et la
richesse de la lettre, son contenu doctrinal et ses images
littéraires sont sans doute le résultat de la
souffrance personnelle du prophète.
La section 121 commence
par une prière, un cri de « Ô Dieu, où
es-tu ? » une supplication pour que Dieu reconnaisse
les souffrances des saints, punisse leurs ennemis et venge le mal
qu’on leur a fait (versets 1-6). Au verset suivant, le prophète
entend la voix consolatrice de l'inspiration dire : « Mon
fils, que la paix soit en ton âme ! Ton adversité
et tes afflictions ne seront que pour un peu de temps »
(verset 7). Il lui est rappelé : « tes amis se
tiennent à tes côtés » et il s’entend
promettre que « ils t'accueilleront de nouveau, le cœur
chaleureux et la main amicale » (verset 9). « Tu
n’es pas encore comme Job » (verset 10). La justice
des actions des saints est confirmée ; au moment voulu
par le Seigneur, ceux qui ont affligé les saints seront punis
(des versets 11-25).
Les versets 26-33
promettent des bénédictions de connaissance qui seront
bientôt déversées par le Saint-Esprit sur les
saints des derniers jours, notamment la connaissance de toutes les
dominations de Dieu et les lois par lesquelles elles fonctionnent. La
dernière partie de la section 121 sont des versets qui sont
parmi les plus sensibles et les plus puissants des Écritures
modernes. Ici le prophète s’oppose à toutes les
formes de domination mauvaise. La vraie autorité, écrit-il,
est toujours liée à l’amour. « Aucun
pouvoir, aucune influence ne peuvent ou ne devraient être
exercés en vertu de la prêtrise autrement que par la
persuasion, par la longanimité, par la gentillesse et la
douceur, et par l'amour sincère » (verset 41).
La section 122 est une
révélation adressée expressément à
Joseph Smith pour l'aider à comprendre les épreuves par
lesquelles il passe. Elle l'assure qu'il sera connu en bien parmi les
nobles et vertueux de la terre et que son propre peuple ne se
tournera jamais contre lui à cause « du témoignage
de traîtres » (verset 3). Les versets décrivent
d’une manière percutante les dangers et les trahisons
qu'il a soufferts ou qu’il va encore souffrir puis ajoute :
« Sache, mon fils, que toutes ces choses te donneront de
l'expérience et seront pour ton bien » (verset 7).
La section finit en rappelant au jeune prophète que « Le
Fils de l'Homme est descendu plus bas que tout cela »
(verset 8).
La section 123 instruit
les saints des mesures qu'ils devraient prendre pour demander
réparation pour leur persécution et leurs pertes au
Missouri. Il leur est recommandé de faire la liste des torts
infligés aux propriétés, aux personnes et à
leur réputation, de faire des déclarations sous serment
et de rassembler les publications diffamatoires afin de pouvoir
présenter leur cas devant les autorités. Il leur est
expliqué que cette façon de faire est le dernier devoir
qu'ils doivent à Dieu, à leur famille et à la
génération montante. La section finit en assurant aux
saints que ces efforts, même s’ils n’en comprennent
pas la valeur, seront importants à l’avenir pour
l’Église (verset 15).
Doctrine
et Alliances : Section 124
Auteur :
RICHARDS, PAUL C.
La section 124, donnée
le 19 janvier 1841 au prophète Joseph Smith, est la plus
longue révélation des Doctrine et Alliances. C'est la
première section reçue à Nauvoo et elle a été
imprimée dans l'édition de 1844 des Doctrine et
Alliances sous le numéro 103.
En 1839, les membres de
l’Église s'étaient enfuis du Missouri en Illinois
pour échapper à l'ordre d'extermination du Gouverneur
Lilburn W. Boggs. La rive orientale du fleuve Mississippi devint un
lieu de refuge et le siège de l’Église. Dès
1841, Nauvoo y avait été créée et le
village avait grandi jusqu’à compter quelque 3.000
habitants. Dans ce cadre, la section 124 constituait une inauguration
importante, un genre de constitution pour le développement
ultérieur de Nauvoo et de l’Église. Elle donne
des instructions sur des sujets temporels, doctrinaux et
d'organisation et donne des tâches et des recommandations à
cinquante-cinq personnes.
La section 124 comprend
ce qui suit :
•
Une mission
confiée à Joseph Smith de « faire une
proclamation solennelle » de l'Évangile aux
souverains de tous les pays (versets 2-14, 16-17, 107).
•
Des directives
pour construire la Maison de Nauvoo, un hôtel où « le
voyageur fatigué trouve la santé et la sécurité
tandis qu'il contemple la parole du Seigneur » (versets
22-24, 56-82).
•
Un commandement
aux membres d’aider à construire le temple de Nauvoo,
commencé trois mois plus tôt. Il devait être un
endroit où le Seigneur pourrait rétablir la plénitude
de la prêtrise et révéler « des choses
qui ont été cachées dès avant la
fondation du monde » concernant la dispensation de la
plénitude des temps » (versets 25-28, 40-44 ;
voir aussi Ordonnances du temple).
•
Une promesse que
si les membres écoutent la voix de Dieu et de ses serviteurs,
« ils ne seront pas enlevés de leur place »
(versets 45-46).
•
Des
éclaircissements sur le baptême pour les morts, défini
comme une ordonnance du temple. La révélation dit que
Moïse avait reçu la même mission de construire un
tabernacle pour des ordonnances (versets 25-48).
•
La déclaration
que les efforts des saints pour créer une ville et un temple
au Missouri ont été acceptés par le Seigneur,
même si les persécutions ont empêché leur
création à ce moment-là (versets 49-54).
•
Des appels et des
confirmations de divers postes dans l’Église, notamment
une liste de nouveaux officiers et la répétition de
certains appels précédents. Par exemple, Hyrum Smith
est appelé comme patriarche en remplacement de son père,
décédé le 14 septembre 1840. Joseph Smith,
Sidney Rigdon et William Law sont nommés à la Première
Présidence. Brigham Young reçoit le nouveau titre de
président du Collège des douze apôtres (il avait
été soutenu à ce poste le 14 avril 1840) et des
tâches sont confiées à ce collège. Douze
membres sont appelés pour former un grand conseil de pieu et
d'autres sont appelés dans des présidences de grands
prêtres, d’anciens, de soixante-dix, de deux épiscopats,
et de prêtres. Il est fait mention d’organisations
d’instructeurs, de diacres et de pieux, mais aucun appel de
direction dans ces dernières n'est fait (versets 20-21,
123-142). PAUL C. RICHARDS
Doctrine
et Alliances : Sections 127-128
Auteur :
DURRANT, GEORGE D.
Sections 127-128
Les sections 127 et 128
sont deux lettres doctrinales dictées par le prophète
Joseph Smith tandis qu’il est « en exil »
près de Nauvoo pendant la première semaine de septembre
1842. Son secrétaire était William Clayton. Les
sections furent publiées dans The Times and Seasons les 14
septembre et 1er octobre 1842, et parurent d'abord en 1844 dans les
Doctrine et Alliances sous les numéros 105 et 106.
Ces documents
éclaircissent et officialisent la doctrine et la pratique du
baptême pour les morts, pratique attestée au premier
siècle à Corinthe (1 Co. 15:29). Deux ans plus tôt,
le 15 août 1840, lors d’un discours prononcé à
l’occasion d’obsèques, Joseph Smith annonça
pour la première fois en public la responsabilité des
membres de l’Église d'accomplir des baptêmes pour
les morts (EPJS, p. 143). « Il présente l'Évangile
du Christ sur une échelle probablement plus vaste que certains
l'ont imaginé » (EPJS, p. 143). Immédiatement
après, les membres de l’Église commencèrent
à accomplir des baptêmes par procuration dans le
Mississippi. Un an après, Joseph Smith déclarait :
« Il n’y aura plus de baptêmes pour les morts
avant que l’ordonnance ne puisse être accomplie dans les
fonts de la Maison du Seigneur » (HC 4:426). Le 21
novembre 1841, quand les fonts baptismaux du temple de Nauvoo furent
achevés, des baptêmes pour les morts y furent accomplis
(HC 4:454).
Les sections 127 et 128
soulignent la nécessité de la présence de
témoins oculaires et d’un greffier à tous les
services de baptême de ce genre. Sans documents authentifiés
sur terre et dans le ciel, un baptême n'est pas considéré
comme valide (D&A 127:6-9 ;128:3-10).
À la section 128,
le prophète commente Malachie 4:5-6 et explique que le baptême
pour les morts est « un chaînon » entre
les parents et les enfants (D&A 128:18). Il explique, en outre,
qu'à moins que les enfants ne soient scellés par les
ordonnances du temple à leurs ancêtres décédés,
lesquels sont à leur tour scellés entre eux dans la
famille de Dieu, ni les uns ni les autres ne peuvent être
entièrement sauvés et exaltés (versets 14, 15,
18). « sans nous ils ne peuvent parvenir à la
perfection — et sans nos morts, nous ne pouvons pas non plus
parvenir à la perfection » (verset 15 ; cf.
Hébreux 11:40).
Les baptêmes et les
autres ordonnances du temple pour les morts restent une partie
essentielle de la doctrine et de la pratique de l’Église.
GEORGE D. DURRANT
Doctrine
et Alliances : Sections 131-132
Auteur :
GRANT, PAUL
Sections 131-132
Ces sections expliquent
que le principe du mariage éternel est une condition pour
parvenir au degré le plus élevé de gloire dans
le royaume céleste (D&A 131:1-4 ; cf. 76:50-70). Dans
cet état exalté, les hommes et les femmes deviennent
des dieux (voir Divinité), continuent à avoir des
enfants (voir Vies éternelles, Accroissement éternel)
et parviennent à la connaissance totale de Dieu (D&A
132:23-24).
La section 131 contient
un recueil de déclarations faites par Joseph Smith du 16 au 17
mai 1843, pendant une visite aux membres de l’Église à
Ramus (Illinois), à 35 kilomètres à l'est de
Nauvoo (HC 5:391-93). Elles ont été notées par
William Clayton dans son journal intime. En plus de ses enseignements
sur le mariage éternel, la section 131 définit
également l’expression « parole prophétique
plus certaine », déclare que personne ne peut être
sauvé dans l'ignorance (cf. EPJS, p. 243) et explique que
l'esprit est de la matière purifiée.
La section 132 contient
la base doctrinale de la pratique du mariage plural. Si elle fut une
cause de désarroi pour certains, d'autres estimèrent
que le mariage plural était « le point de doctrine
le plus saint et le plus important jamais révélé »
(W. Clayton, dans A. Jensen, Historical Record, 6:226). Cette
révélation fut mise par écrit le 12 juillet
1843, dans le magasin de briques de Nauvoo. Sur l’insistance de
Hyrum Smith, afin qu'Emma Smith puisse être convaincue de sa
véracité, le prophète Joseph Smith la dicta
phrase par phrase. Clayton écrivit que « lorsque le
tout fut écrit, Joseph me demanda de la lire lentement et
soigneusement, ce que je fis, et il la déclara correcte »
(CHC 2:106-7). Ce soir-là, l’évêque Newel
K. Whitney reçut la permission de copier la révélation.
Le jour suivant, son secrétaire, Joseph C. Kingsbury, copia le
document, et Whitney et Kingsbury comparèrent la copie à
l’original. Cette copie fut donnée à Brigham
Young en mars 1847 ; elle fut officiellement adoptée
comme révélation en août 1852, lors d’une
conférence générale à Salt Lake City et
fut publiée en septembre 1852 dans le Deseret News.
Les points de doctrine de
cette révélation furent probablement reçus en
1831 tandis que le prophète traduisait la Bible. En réponse
à des questions sur la légitimité des mariages
pluraux des prophètes antiques, le Seigneur révéla
à Joseph Smith les conditions requises dans lesquelles le
mariage plural devait être observé. Lyman Johnson dit à
Orson Pratt que « Joseph lui avait fait connaître [à
lui, Johnson] dès 1831 que le mariage plural était un
principe correct » mais avait dit que ce n'était
pas encore le moment de l'enseigner ni de le pratiquer (MS. 40
[1878], p. 788). Cette date fut plus tard confirmée dans
diverses déclarations et déclarations sous serment
rassemblées par Joseph F. Smith et d'autres auprès de
ceux qui avaient été proches de Joseph Smith à
Nauvoo.
La section 132 dit que
toutes les alliances doivent être faites de la manière
appropriée, par l’autorité compétente, et
être scellées par le Saint-Esprit de promesse pour être
valides éternellement (versets 7-19) et que par leur fidélité,
des bénédictions éternelles sont garanties à
ceux qui se marient selon cette nouvelle alliance éternelle :
« Alors ils seront dieux, parce qu'ils n'ont pas de fin ;
c'est pourquoi, ils seront de toute éternité à
toute éternité, parce qu'ils continuent »
(verset 20). Cette loi fut décrétée avant que le
monde fût, et par elle Abraham reçut la promesse de vies
éternelles par sa postérité (versets 28-37). Des
interdictions strictes en ce qui concerne l'adultère
accompagnent la loi du mariage éternel (versets 38-44, 61-63).
Dans les derniers versets, Dieu confirme à Joseph Smith sa
situation éternelle auprès de lui et accepte ses œuvres
(versets 45-50) ; il exhorte Emma et d'autres à observer
cette loi et à multiplier et remplir la terre pour que Dieu
puisse être glorifié (versets 51-66).
Bibliographie
Danel W. Bachman. « New
Light on an Old Hypothesis : The Ohio Origins of the Revelation
on Eternal Marriage ». Journal of Mormon History 5 (1978),
p. 19-32.
PAUL GRANT
Doctrine
et Alliances : Sections 137-138
Auteur :
HARTSHORN, LEON R.
La section 137 rapporte
une vision du royaume céleste notée dans le journal
intime de Joseph Smith. Le 21 janvier 1836, lui et plusieurs autres
dirigeants de l’Église se réunirent dans le
temple de Kirtland pour les ordonnances des ablutions et de
l'onction. Joseph bénit et oignit son vieux père,
Joseph Smith, père, qui à son tour oignit les membres
de la présidence de l’Église et scella des
bénédictions sur le prophète. Joseph écrit
que quand la présidence posa les mains sur sa tête et
prophétisa, « les cieux s'ouvrirent à nous,
et je vis le royaume céleste de Dieu et la gloire de ce
royaume » (verset 1). Il en vit les rues comme pavées
d’or. Le Père et le Fils étaient assis sur un
trône flamboyant. Adam et Abraham étaient là, de
même que les parents de Joseph, qui étaient encore
vivants au moment de la vision, et son frère Alvin, qui était
mort avant que la prêtrise n’ait été
rétablie et par conséquent n'avait pas été
baptisé pour la rémission des péchés. La
vision continua au-delà de ce qui se trouve à la
section 137 (HC 2:380-81 ; Pwjs, p. 145-146). Beaucoup parmi les
personnes présentes reçurent des visions et
témoignèrent que la gloire de Dieu remplissait la
salle.
La vision de Joseph fut
la première révélation doctrinale donnée
à l’Église révélant que le Seigneur
donnera à tous ceux qui meurent sans entendre l'Évangile
l’occasion de l'entendre et de l’accepter dans le monde
d'esprit de manière à pouvoir entrer dans le royaume
céleste (D&A 137:8-9, explicitant 76:72) et que les
enfants qui meurent avant l'âge de responsabilité (huit
ans) sont héritiers du royaume céleste (D&A
137:10).
La section 138 est le
compte rendu d'une vision reçue le 3 octobre 1918 par le
président Joseph F. Smith, tandis qu’il réfléchissait
à la nature universelle de l'expiation de Jésus-Christ
et se demandait comment le Sauveur avait instruit les esprits en
prison dans le bref laps de temps entre sa mort et sa résurrection
(D&A 138:1-11 ; cf. 1 Pi. 3:19 ; 4:6). Il y voit la
visite du Sauveur auprès des esprits des justes au paradis. Il
remarque aussi que Jésus ne va pas en personne parmi les
méchants et les désobéissants mais qu’il
organise parmi les esprits des justes des représentants pour
porter l'Évangile « à tous les esprits des
hommes » (D&A 138:30). Ceux à qui l'Évangile
n’a pas été enseigné sur terre recevront
l'occasion de l'entendre et d'accepter sa plénitude exaltante
quand il est enseigné par les représentants autorisés
du Christ dans le monde d'esprit ; les esprits qui sont
« dans
les ténèbres et dans la servitude du péché…
qui se repentent seront rachetés » (versets
138:57-58 ; cf. 76:74).
Les récits de ces
deux visions ont été canonisés lors de la
conférence générale d'avril 1976 comme ajouts à
la Perle de grand prix. En 1981, Ils sont devenus des sections des
Doctrine et Alliances.
Bibliographie
Millet, Robert L.
"Salvation Beyond the Grave (D&C 137 et 138)." Dans
Studies in Scripture, Vol. 1, p. 549-563, dir. de publ. R. Millet et
K. Jackson. Sandy, Utah, 1984.
LEON R. HARTSHORN
Doctrine
et Alliances : Déclaration officielle – 2
Auteur :
JACOBSON, CARDELL
La déclaration –
2 révèle que « le jour promis depuis si
longtemps est venu où tous les hommes fidèles et dignes
de l'Église pourront recevoir la Sainte Prêtrise. »
Cette « révélation sur la prêtrise »
permettait que tous les membres masculins dignes soient ordonnés
à tous les niveaux de la prêtrise. La prêtrise
était précédemment refusée aux membres
noirs de l’Église, ce qui les empêchait de détenir
des appels dans la prêtrise et de participer à la
plupart des ordonnances du temple.
Ce fut le président
Spencer W. Kimball qui reçut la révélation
« après avoir supplié longuement et avec
ferveur » dans le temple de Salt Lake City. Cette même
révélation fut donnée à ses conseillers
et au Collège des douze apôtres au temple. Elle fut
ensuite présentée à toutes les autres Autorités
générales, qui l'approuvèrent à
l'unanimité. Elle fut annoncée par courrier à
tous les dirigeants de la prêtrise de l’Église et
à la presse le 8 juin 1978. La déclaration – 2
contient le texte de cette lettre et constitue le compte rendu de sa
présentation et de son acceptation le 30 septembre 1978 en
conférence générale par le consentement commun
des membres de l’Église. La révélation
résolut des problèmes pour beaucoup de membres qui
avaient été tourmentés par la pratique
antérieure (Bush et Mauss), dont les origines et les
ramifications historiques étaient devenues le sujet de
beaucoup de débats et de réflexions.
Depuis l'annonce, les
missionnaires ont fait un prosélytisme actif dans beaucoup de
pays ayant de fortes populations noires où des milliers de
personnes sont devenues membres de l’Église. Dallin H.
Oaks, un apôtre, a mentionné cette croissance lors du
colloque afro-américain tenu à l'université
Brigham Young à l'occasion du dixième anniversaire de
la révélation (Oaks). Il a particulièrement
relevé la croissance rapide des convertis noirs dans les
Caraïbes, l'Afrique Occidentale et le Brésil.
Bibliographie
Bush, Lester E., et
Armand L. Mauss, dir. de publ. Neither White nor Black : Mormon
Scholars Confront the Race Issue in a Universal Church. Midvale,
Utah, 1984.
Grover, Mark L. "The
Mormon Priesthood Revelation and the Sao Paulo Brazil Temple."
Dialogue 23 (Spring 1990), p. 39-53.
McConkie, Bruce R. "All
Are Alike unto God." Dans Second Annual CES Symposium, p. 3-5.
Salt Lake City, 1978.
Oaks, Dallin H. "For
the Blessing of All His Children." Discours, LDS Afro-American
Symposium. Provo, 8 juin 1988.
CARDELL JACOBSON
Doctrine
et Alliances – Éditions
Auteur :
Woodford, Robert J.
Les Doctrine et Alliances
contiennent les révélations de Dieu données à
Joseph Smith et à d’autres présidents de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours et d'autres
écrits inspirés et déclarations doctrinales
admises comme Écritures par les saints des derniers jours. La
première édition parut en 1835. Les éditions
ultérieures intègrent des révélations
supplémentaires et des aides de référence. Les
Doctrine et Alliances ont été traduites en beaucoup de
langues, mais c’est l'édition anglaise qui est la
version officielle.
Dès l’automne
1831, Joseph Smith avait écrit soixante-dix révélations
ou plus, dont la plupart contenaient des instructions à des
membres de l’Église. Lors d’une conférence
spéciale tenue le 1er novembre 1831 à Hiram (Ohio),
l’Église décida d'éditer un choix de ces
révélations ou « commandements ».
Une nouvelle révélation fut reçue à cette
occasion en tant que « ma préface au livre de mes
commandements » ce qui est peut-être à
l’origine du titre de la compilation de 1833, le Livre des
Commandements (D&A 1:6). Cette édition ne fut jamais
terminée ; des émeutiers détruisirent, en
juillet 1833, la presse d’imprimerie d'Independence (Missouri)
et tout sauf une centaine d’exemplaires inachevés. Ces
quelques exemplaires du Livre des Commandements furent distribués
au sein de l’Église et furent souvent appelés le
« Livre des Alliances » en référence
à la section principale, qui avait connu une grande diffusion
dans des versions manuscrites sous le titre de « Articles
et Alliances de l’Église ». Reçue le
jour où l’Église fut organisée, cette
révélation est maintenant la section 20 des Doctrine et
Alliances.
L'ÉDITION DE 1835.
Peu de temps après l’échec de l'effort
d'impression du Livre des Commandements en 1833, on envisagea la
publication des révélations à Kirtland. Sous le
nouveau titre Doctrine et Alliances de l’Église des
saints des derniers jours, le livre fut présenté aux
membres de l’Église et accepté par eux comme
parole de Dieu lors d’une conférence en août 1835.
Le changement de nom en Doctrine et Alliances correspond à un
changement de contenu. À la différence du Livre des
Commandements, qui ne contenait que des révélations,
les Doctrine et Alliances étaient divisées en deux
parties. La nouvelle première partie se composait de sept
présentations théologiques maintenant connues sous le
nom de Lectures on Faith mais intitulées à l’époque
« De la doctrine de l’Église des saints des
derniers jours ». La partie contenant les révélations
éditées précédemment, la préface
originelle et un certain nombre de nouvelles révélations
qui ne se trouvaient pas dans la compilation de 1833, étaient
intitulées « Deuxième Partie, Alliances et
Commandements ». Le titre : Doctrine et Alliances,
fait écho aux sous-titres de ces deux parties.
En préparant
l'édition de 1835, Joseph Smith et un comité désigné
pour la tâche le 24 septembre 1834 (HC 2:165, 243-244)
publièrent les révélations qui apparaissaient
précédemment dans le Livre des Commandements. Ils
corrigèrent les fautes de rédaction et d’impression
et éclaircirent le texte çà et là. Ils
ajoutèrent des explications sur les devoirs des dirigeants qui
étaient nouveaux dans l'organisation de l’Église
depuis que les révélations précédentes
avaient été reçues. Ils combinèrent aussi
certaines des révélations pour simplifier la
publication et corrigèrent les problèmes grammaticaux.
L'édition de 1835
des Doctrine et Alliances contenait 103 sections, mais comme deux
d’entre elles avaient reçu erronément le numéro
66, le numéro de la dernière était 102. Les
sections 1-100 étaient des révélations à
Joseph Smith. La section 101 prescrivait les pratiques en matière
de mariage. La section 102 déclarait les relations que
l’Église devait avoir avec le gouvernement (voir
Politique : Enseignements politiques). Ces deux sections
n'étaient pas des révélations mais furent
incluses comme expressions de la croyance de l’Église à
l’époque. Ce fut Oliver Cowdery (et probablement W.W.
Phelps) qui les écrivit, probablement en réponse à
ceux qui critiquaient la doctrine et les activités de
l’Église. Joseph Smith approuva plus tard la déclaration
sur le gouvernement, mais il y a des indications qu’il était
opposé dès le départ à ce que l’on
inclue la déclaration sur le mariage et on finit par la
supprimer (voir Cook, p. 348-349, n. 11).
L'ÉDITION DE
NAUVOO DE 1844. Dès 1840, l’Église eut besoin
d’une nouvelle édition des Doctrine et Alliances.
L'édition de 1835 était épuisée et Joseph
Smith avait reçu des révélations
supplémentaires. La nouvelle édition parut à
Nauvoo peu de temps après la mort de Joseph Smith en 1844. Les
huit nouvelles révélations ajoutées sont les
sections 103, 105, 112, 119, 124, 127, 128 et 135 dans l'édition
de 1981. Les plaques d’imprimerie de métal de l'édition
de 1844 furent utilisées pour les réimpressions de 1845
et de 1846.
L'ÉDITION DE
LIVERPOOL DE 1845. En 1847, Brigham Young conduisit les membres de
l’Église dans la vallée du lac Salé, où
ils n'avaient pas l’équipement pour imprimer des livres.
En 1845, Wilford Woodruff imprima 3.000 exemplaires des Doctrine et
Alliances en Angleterre pour la population croissante de l’Église
dans les îles Britanniques. Cette édition contenait les
nouvelles révélations publiées dans l'édition
de Nauvoo de 1844. D'autres représentants de l’Église
procédèrent à des réimpressions en
Angleterre en 1849, 1852, 1854, 1866 et 1869 et envoyèrent la
majeure partie de l’impression de 1854 à Salt Lake City
à cause du manque d’équipement pour imprimer
là-bas.
L'ÉDITION DE 1876.
En 1876, Orson Pratt, membre du Collège des douze apôtres
et historien de l’Église, agissant sous la direction de
Brigham Young, créa une nouvelle édition des Doctrine
et Alliances à Salt Lake City. Il divisa chaque révélation
en versets et ajouta vingt-six révélations qui ne s’y
trouvaient pas précédemment. Ce sont maintenant les
sections 2, 13, 77, 85, 87, 108-111, 113-118, 120-123, 125, 126,
129-132 et 136. Du fait que la section 132 contenait sur le mariage
plural des informations qui étaient en contradiction avec
l'article de 1835 sur le mariage, ce dernier fut éliminé.
L'ÉDITION DE 1879.
Trois ans plus tard, Pratt publia en Angleterre une autre édition
où il ajouta des notes de bas de page au texte. Il demanda
aussi au président John Taylor la permission de laisser tomber
les « Lectures on Faith » mais il lui fut
répondu que le moment n’était pas encore venu.
Cette édition fut publiée en 1879 en Angleterre et en
1880 à Salt Lake City à partir de copies de plaques.
George Q. Cannon, conseiller dans la Première Présidence,
présenta cette édition aux membres de l’Église
lors de la cinquantième conférence, dite conférence
de jubilé, tenue en octobre 1880 ; le livre fut accepté
comme Écriture.
De 1880 à 1920,
l’Église publia au moins vingt-huit réimpressions
de cette édition. À partir de 1908, chaque impression
comporta une concordance et des extraits du « Manifeste »
de Wilford Woodruff, président de l’Église,
déclaration officielle mettant fin au mariage plural.
L'ÉDITION DE 1921.
En 1920, le président Heber J. Grant chargea un comité
de six membres du Conseil des douze de préparer une nouvelle
édition des Doctrine et Alliances. Le changement principal
apporté dans l'édition 1921 fut la suppression des
« Lectures on Faith » qui n'étaient pas
considérées comme des révélations. Le
comité mit aussi à jour les notes de bas de page et
divisa les pages en doubles colonnes. Malgré le fait que le
nom du recueil eût été changé dans
l'édition de 1835 pour signaler l'ajout des « Lectures
on Faith », il ne fut pas rechangé quand les
« Lectures » furent supprimées.
L'édition de 1921 resta inchangée jusqu'en 1981.
L'ÉDITION DE 1981.
Un comité désigné par la Première
Présidence de l’Église dirigea la publication
d'une nouvelle édition des Doctrine et Alliances en 1981. Les
nouveautés étaient des notes de bas de page
complètement révisées et de nouvelles
introductions pour chaque section. Deux sections supplémentaires
et une deuxième déclaration officielle furent également
incorporées. La section 137 est une partie d'une vision du
royaume céleste donnée le 21 janvier 1836 à
Joseph Smith dans le temple de Kirtland. La section 138 est une
vision sur la rédemption des morts donnée en 1918 à
Joseph F. Smith, sixième président de l’Église.
La Déclaration Officielle – 2 est l'annonce faite en
1978 par la Première Présidence que tous les membres
masculins de l’Église qui étaient dignes
pouvaient être ordonnés à la prêtrise.
ÉDITIONS EN
LANGUES ÉTRANGÈRES. L’Église a également
édité les Doctrine et Alliances dans beaucoup de
langues autres que l'anglais. La première traduction fut faite
en gallois en 1851, et depuis lors les Doctrine et Alliances ont été
traduites et publiées dans leur intégralité dans
une vingtaine de langues et des extraits dans beaucoup d'autres.
Bibliographie
Cook, Lyndon W. The
Revelations of the Prophet Joseph Smith : A Historical and
Bibliographical Commentary of the Doctrine and Covenants. Salt Lake
City, 1985.
Gentry, Leland H. "What
of the Lectures on Faith ?" BYU Studies 19 (Automne 1978),
p. 5-19.
Lambert, A. C. The
Published Editions of the Book of Doctrine and Covenants of the
Church of Jesus Christ of Latter-day Saints in All Languages, 1833
-1950. Provo, Utah, 1950.
Woodford, Robert J. "The
Historical Development of the Doctrine and Covenants" 3 vols.
Thèse de doctorat, université Brigham Young, 1974.
Woodford, Robert J. "The
Doctrine and Covenants : A Historical Overview". Dans
Studies in Scripture, dir. de publ. R. Millet et K. Jackson, Vol. 1,
p. 3-22. Sandy, Utah, 1984.
ROBERT J. WOODFORD
Les
Doctrine et Alliances en tant que littérature
Auteur :
Walker, Steven C.
La qualité
littéraire des Doctrine et Alliances se voit particulièrement
bien dans ses ressemblances avec une proche parente littéraire,
« le monument le plus noble de la prose anglaise »,
la King James Version de la Bible. Bien qu'étant un texte
religieux véritablement unique, les Doctrine et Alliances
contiennent plus de 2.000 parallèles étroits avec des
passages bibliques et la manière littéraire du livre
est semblable à la Bible pour ce qui est des thèmes.
Comme les Écritures précédentes, les Doctrine et
Alliances offrent un éventail de genres littéraires. Le
recueil de révélations va de formes aussi
transcendantes que des visions (sections 3, 76, 110), des annonces
par des anges (sections 2, 13, 27) et des prophéties (sections
87, 121), en passant par des proclamations ecclésiastiques
telles que prières (sections 109, 121), épîtres
(sections 127, 128), explications scripturaires (sections 74, 77,
86), commandements (section 19) et déclarations officielles,
jusqu’à des instructions terre à terre (sections
130, 131) et des comptes rendus de réunions (section 102).
La parenté
littéraire des Doctrine et Alliances avec la Bible est plus
évidente dans le ton que dans le style. Les Doctrine et
Alliances, par exemple, impressionnent par un ton direct simple et
condensé qui se prête à des déclarations
remarquablement riches dans leurs implications. Les deux exemples
suivants proviennent d’une même section : « La
vérité, c'est la connaissance des choses telles
qu'elles sont, telles qu'elles étaient et telles qu'elles sont
à venir » (D&A 93:24). « La gloire
de Dieu c'est l'intelligence ou, en d'autres termes, la lumière
et la vérité » (93:36). Ces lignes sont
moins des lignes placées dans un contexte qui les illumine que
des conclusions de sorites sans utilisation de thèse et
d'antithèse.
La richesse du ton
s'exprime parfois en des métaphores frappantes. Une même
section des Doctrine et Alliances, par exemple, expose une séquence
délicate d’images d’eau en mouvement comme les
« eaux qui coulent » qui ne peuvent pas
« rester impures » (D&A 121:33), les
projets pervers qui « fondront comme la gelée
blanche fond sous les rayons ardents du soleil levant »
(121:11) et une doctrine qui « se distillera sur ton âme
comme la rosée des cieux » (121:45).
Compilation la plus
récente des prophéties divines de l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours, les Doctrine et
Alliances ont l'avantage littéraire inestimable qu’est
leur caractère immédiat ; grâce à ce
livre, le lecteur moderne peut aborder naturellement et directement
le divin. Il localise le lecteur non pas dans le passé
lointain d'Ophir ou de Tarse mais dans l'histoire récente de
paysages familiers tels que New York et Boston, où Dieu se
révèle de près. Cette proximité est
visible dans sa façon de s’exprimer ; les
bénéficiaires de ses révélations, il les
appelle une demi-douzaine de fois ses « amis »
dans le livre (D&A 84:63 ; 84:77 ; 94:1 ;
98:1 ;
100:1 ; 104:1).
C'est comme cela que la
voix du Dieu d'Abraham et d'Isaac et de Pierre et de Paul appelle
« amis » les lecteurs des Doctrine et
Alliances. La caractéristique littéraire la plus
saisissante du livre est le caractère direct de son accès
à Dieu. Quand Joseph Smith s’écrie dans une
longue et douloureuse prière de reproche : « Ô
Dieu, où es-tu ? » la réponse du Père
apporte une consolation aussi immédiate au lecteur
d’aujourd’hui qu'au prophète : « Mon
fils, que la paix soit en ton âme » (D&A 121:1,
7). Les Doctrine et Alliances répondent avec une force
biblique aux conditions immédiates de la vie moderne. Dans les
moments les plus difficiles des circonstances actuelles, les Doctrine
et Alliances élèvent le regard du lecteur au-dessus des
déceptions mortelles vers des espoirs éternels :
« Toutes ces choses te donneront de l'expérience et
seront pour ton bien » (122:7).
Bibliographie
Sperry, Sidney B.
Doctrine and Covenants Compendium. Salt Lake City, 1960.
Walker, Steven C. "The
Voice of the Prophet." BYU Studies 10 (Automne 1969), p. 95-106.
STEVEN C. WALKER
Don
du Saint-Esprit
Auteur :
PORTER, BRUCE D.
Le don du Saint-Esprit
est le droit de recevoir des manifestations divines, des dons
spirituels et des directives du Saint-Esprit. Ce don est conféré
aux membres de l’Église par l’imposition des mains
après le baptême. On le considère comme l’une
des ordonnances essentielles de l’Évangile de
Jésus-Christ et comme absolument nécessaire au salut.
Le Saint-Esprit est le
troisième membre de la Divinité, tandis que le don du
Saint-Esprit consiste à avoir le droit de recevoir
l’inspiration, les manifestations et d’autres dons et
bénédictions spirituels de ce membre de la Divinité
(EPJS, p. 160). Parmi les bénédictions spirituelles les
plus importantes liées au don du Saint-Esprit il y a le
pouvoir sanctificateur ou purificateur du Saint-Esprit par lequel les
hommes et les femmes naissent de Dieu. Par ce baptême de feu et
du Saint-Esprit, les cœurs et les désirs sont purifiés
et l’esprit est rendu pur, ce qui est le point culminant du
processus du repentir et du baptême (2 Né. 31:13,
17 ; 3 Né. 27:20). Les autres manifestations
importantes du Saint-Esprit sont le témoignage de Jésus-Christ
et des vérités divines, l’inspiration et les
avertissements, si cela s’indique, et le discernement du bien
et du mal.
Le don du Saint-Esprit
est la clef de tous les « dons spirituels » que
l’on trouve dans l’Église, notamment les dons de
prophétie et de révélation, de guérison,
de parler en langues et de traduction et d’interprétation
des langues. Ces dons distinctifs de l’Esprit ne se manifestent
normalement que parmi ceux qui ont reçu le don du Saint-Esprit
et qui se qualifient par leurs besoins et leur dignité pour
recevoir cette aide divine, de même que les apôtres
originaux du Christ ne reçurent ces dons qu’une fois que
le Saint-Esprit fut venu sur eux le jour de la Pentecôte (Ac.
2:1-17).
Dans la pratique, le don
du Saint-Esprit est donné, chez les saints, par l’imposition
des mains comme indiqué dans le Nouveau Testament (voir Ac.
8:17-18 ; 19:2-6 ; 2 Ti. 1:6 ; Hé. 6:2),
normalement juste après ou quelques jours après le
baptême d’eau. Un détenteur de la Prêtrise
de Melchisédek (auquel se joignent habituellement quelques
autres hommes détenant la même prêtrise) pose les
mains sur la tête du membre nouvellement baptisé,
appelle la personne par son nom, la confirme membre de l’Église
et dit : « Recevez le Saint-Esprit. » La
formulation exacte de cette ordonnance n’est pas prescrite,
mais elle mentionne toujours la confirmation comme membre, l’octroi
du don du Saint-Esprit et l’autorité dans la prêtrise
par laquelle l’ordonnance est accomplie. Ces composants de base
de l’ordonnance sont souvent suivis d’une bénédiction
verbale qui donne des recommandations au nouveau membre. Dans les
ordonnances par procuration du temple pour les personnes décédées,
la même confirmation de base suit l’ordonnance du baptême
pour les morts.
Le récit, qui
apparaît dans le Nouveau Testament, de la façon dont les
saints de Samarie reçurent le don du Saint-Esprit précise
que l’octroi de ce don nécessite une plus haute autorité
que celle qui est nécessaire pour accomplir le baptême
(voir Ac. 8:14-17).
Quand il visite les
Néphites, Jésus-Christ donne d’abord l’autorité
de baptiser (3 Né. 11:22) et lors d’une autre
visite, il confère l’autorité de donner le
Saint-Esprit en touchant et en parlant à chacun des douze
disciples individuellement (3 Né. 18:36-37). Alors que le
baptême peut être fait par des prêtres dans la
Prêtrise d’Aaron, le Saint-Esprit ne peut être
conféré que par des détenteurs de la prêtrise
supérieure ou Prêtrise de Melchisédek (Mro. 2:2 ;
JS–H 1:70). Jean-Baptiste fait allusion à cette
distinction fondamentale entre les deux prêtrises : « Moi,
je vous baptise d’eau, pour vous amener à la
repentance ; mais celui qui vient après moi est plus
puissant que moi… Lui, il vous baptisera du Saint–Esprit
et de feu » (Mt. 3:11).
Le don du Saint-Esprit
n’est conféré officiellement qu’une seule
une fois à une personne donnée, mais les bienfaits
spirituels liés à ce don peuvent et doivent être
constants pendant toute une vie. On enseigne aux saints des derniers
jours qu’ils doivent vivre de manière à avoir le
Saint-Esprit comme « compagnon constant » pour
les fortifier et pour les aider à choisir le bien (D&A
121:46). Toutefois, le seul fait que le don est conféré
ne garantit pas ces inspirations. La réception proprement dite
du Saint-Esprit est fonction de l’humilité, de la foi et
de la dignité de la personne qui se voit accorder le don.
Joseph F. Smith a enseigné que le don du Saint-Esprit confère
aux membres dignes et désireux « le droit de
recevoir… le pouvoir et la lumière de la vérité
du Saint-Esprit, bien qu’[ils] puissent souvent être
laissés à [leur] esprit et à leur jugement »
(GD, p. 60-61).
Le prophète Joseph
Smith considère le don du Saint-Esprit comme l’un des
principes et des ordonnances de base de l’Évangile,
étant intégralement lié à la foi en
Jésus-Christ, au repentir et au baptême par immersion
pour la rémission des péchés (voir Premiers
principes de l’Évangile ; 4e A de F). Ensemble ces
quatre constituent les « premiers principes »
de l’Évangile de Jésus-Christ (voir Évangile
de Jésus-Christ ; 3 Né. 27:19-21) et le seul
moyen par lequel les hommes et les femmes puissent être
purifiés de tout péché pour devenir purs et
immaculés et dignes d’entrer en la présence de
Dieu.
Le Saint-Esprit continue
à aider au processus de purification spirituelle par « le
baptême de feu », qui a été décrit
en ces termes : « Par le pouvoir du Saint-Esprit –
qui est le Sanctificateur (3 Né. 27:19-21) –l’impureté,
l’iniquité, le charnel, la sensualité et tout ce
qui est mauvais est consumé dans l’âme repentie
comme par le feu ; la personne purifiée devient
littéralement une nouvelle créature du Saint-Esprit…
Elle naît de nouveau » (MD, P. 73). C’est de
cette nouvelle naissance spirituelle que le Sauveur voulait parler
quand il a dit à Nicodème : « Si un
homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer
dans le royaume de Dieu » (Jn. 3:5).
Le seul fait de passer
par la nouvelle naissance n’assure pas le salut. Il est
également nécessaire de « persévérer
jusqu’à la fin », un élément
essentiel de l’Évangile du Christ (2 Né.
31:20 ; 3 Né. 27:16-17). Le prophète Néphi
1 a enseigné que pour persévérer jusqu’à
la fin, il faut se faire « un festin des paroles du
Christ » en suivant l’inspiration du Saint-Esprit
dans « tout ce que vous devez faire » (2 Né.
32:3-5). Le don du Saint-Esprit garantit ainsi que la direction
divine et le renouvellement spirituel se produisent durant toute la
vie, à condition que le repentir et l’humilité
requis soient manifestés.
Bibliographie
Lampe, G. W. H. "Holy
Spirit". Dans The Interpreter’s Dictionary of the Bible,
Vol. 2, p. 626-639. Nashville, Tenn., 1962.
Shepherd, M. H., Jr.
"Hands, Laying on of." Dans The Interpreter’s
Dictionary of the Bible, Vol. 2, p. 521-522. Nashville, Tenn., 1962.
Talmage, James E. AF, p.
157-170.
BRUCE D. PORTER
Dons
de l’Esprit
Auteur :
BICKERSTAFF, H. GEORGE
Le septième
article de foi de l’Église de Jésus-Christ des
saints des derniers jours dit : « Nous croyons au don
des langues, de prophétie, de révélation, de
visions, de guérison, d’interprétation des
langues, etc. » Toutes ces dotations célestes
viennent sous forme de dons de l’Esprit, c’est-à-dire
par la grâce de Dieu et l’action et le pouvoir du
Saint-Esprit. Pour pouvoir obtenir de tels dons, il faut avoir
préalablement reçu les ordonnances du baptême et
du don du Saint-Esprit de la part d’un détenteur de la
prêtrise autorisé, chercher avec ferveur à
obtenir le ou les dons et faire des efforts sincères pour
garder les commandements du Seigneur.
Il est clair que l’Esprit
peut accorder n’importe quel don susceptible de répondre
à un besoin donné ; par conséquent, aucune
liste exhaustive n’est possible, mais beaucoup de dons ont été
promis à l’Église. Grâce au Nouveau
Testament, les lecteurs connaissent les six mentionnés
ci-dessus : les deux liés aux dons des langues et de leur
interprétation ou du pouvoir de parler dans une langue non
apprise précédemment et la capacité
d’interpréter un tel discours ; le don de
prophétie, parfois manifesté dans son sens prédictif
mais plus souvent dans le sens que « le témoignage
de Jésus est l’esprit de la prophétie »
(Ap. 19:10) ; la révélation ou la réception
inspirée par le ciel de connaissance, de sagesse ou
d’orientation ; les visions ou manifestations spirituelles
visuelles telles que les prophètes en ont reçu à
toutes les époques et comme Joël les a prédites
pour beaucoup d’autres dans les derniers jours (Jo. 2:28-29) ;
la guérison ou le pouvoir « d’imposer les
mains aux malades » pour qu’ils puissent se remettre
(Mc. 16:18).
Selon les Écritures,
les dons de l’Esprit comptent parmi les signes qui
« accompagneront ceux qui auront cru » (Mc.
16:17). Impatients de recevoir ces dons promis mais manquant de
compréhension, certains des premiers convertis à
l’Église (1831-1832) se livrèrent aux excès
« spirituels » qui étaient courants lors
des réunions en plein air des réveils religieux et
qu’ils connaissaient bien. Dans les premiers temps à
Kirtland, dit le prophète Joseph Smith, « beaucoup
de faux esprits furent introduits… on se livra à
beaucoup de choses ridicules de nature à… amener
l’Esprit de Dieu à se retirer » (EPJS, p.
172). Dans les assemblées autour de Kirtland, Parley P. Pratt
releva des activités spirituelles « dégoûtantes »,
« des gestes inconvenants », des gens qui
entraient en « extase et… déformés
par des contorsions… des crises » (Pratt, p. 61).
Joseph Smith condamna ces pratiques comme n’étant pas
naturelles et sans utilité, puisqu’elles ne
communiquaient aucune information (EPJS, p. 164, 172). Dissociant
ainsi l’Église des extravagances spirituelles du
christianisme de la frontière américaine, les autorités
agirent promptement contre de telles pratiques, récupérant
les membres qu’elles pouvaient et excommuniant ceux qui
persistaient dans leur erreur.
Au cours du développement
doctrinal de la jeune Église, Joseph Smith reçut des
révélations concernant les dons spirituels, notamment
celle du 8 mars 1831 (maintenant D&A 46). Après avoir
d’abord mis en garde contre les tromperies par de faux esprits,
la révélation énonçait les dons tout
comme Paul et Moroni 2 l’avaient fait respectivement pour
l’Église du premier siècle et l’Église
néphite, (voir 1 Co. 12 ; Moroni 10). En plus des six
évoqués ci-dessus étaient mentionnés la
connaissance, la sagesse, la foi pour guérir,
l’accomplissement de miracles, la connaissance de la façon
dont les dons peuvent être administrés et le
discernement des esprits, s’ils sont de Dieu ou du diable.
Étaient aussi repris le don du témoignage de l’Esprit
concernant Jésus-Christ et son expiation pour les péchés
du monde et, pour certains, le don de croire aux paroles de celui qui
proclame ce témoignage (D&A 46:14).
La révélation
promet au moins un don à tous les saints des derniers jours
fidèles. Les évêques et les autres officiers
présidents, en vertu de leur appel à veiller sur
l’Église, peuvent recevoir des dons multiples, notamment
le don spécial du discernement pour détecter les faux
esprits des vrais. À propos de ce dernier point, Joseph Smith
a mis en garde contre « l’erreur courante de
considérer toutes les manifestations surnaturelles comme étant
de Dieu », avertissant que les esprits mauvais peuvent,
tout comme les célestes, par exemple, parler en langues et les
interpréter ; et que dans leur volonté de tromper,
ils peuvent même en attribuer le mérite au Sauveur et à
ses serviteurs autorisés (EPJS, p. 166-172, 186 ; aussi
Lu. 4:33-35 ; Ac. 16:16-18).
Beaucoup de journaux
intimes des premiers saints racontent des expériences en
matière de dons spirituels : En 1830, Newel Knight eut
une vision du ciel apparemment semblable à celle décrite
par le martyr Étienne (« Newel Knight’s
Journal » p. 52-53). À Kirtland, en 1831, Chloe
Smith, qui avait langui aux portes de la mort, recouvra immédiatement
la santé après une bénédiction de Joseph
Smith (Pratt, p. 66-67). Lors d’une réunion en Ontario
(Canada) en 1833, Lydia Bailey (plus tard Knight) parla en langues
(Journal History, 19 oct. 1833). Suivant la promesse prophétique
de Heber C. Kimball en 1836 qu’un fils naîtrait de Parley
et Thankful Pratt, qui étaient sans enfants après dix
ans de mariage, un fils leur naquit un an plus tard (Pratt, p.
130-131, 165). Alors comme maintenant, les dirigeants et les membres
en général jouissaient de ces dons.
On doit rechercher les
dons de l’Esprit pour leur effet bénéfique plutôt
que pour leur caractère remarquable (voir 1 Co. 14). En fait,
comme Joseph Smith l’a observé, il n’y a qu’un
ou deux des dons qui sont visibles quand ils sont en action. Dans le
sens où il est généralement compris, le don des
langues est l’un de ceux-là, mais le président
Joseph F. Smith a souligné son aspect plus pratique :
« J’ai eu besoin une fois du don des langues et le
Seigneur me l’a donné. J’étais dans un pays
étranger, envoyé prêcher l’Évangile
à un peuple dont je ne pouvais pas comprendre la langue. Alors
j’ai prié avec ferveur pour avoir le don des langues, et
grâce à ce don et à l’étude, cent
jours après avoir débarqué sur ces îles,
je pouvais parler aux gens dans leur langue comme je vous parle
maintenant dans ma langue maternelle. C’était un don qui
était digne de l’Évangile. Il avait un but »
(Smith, p. 201). C’est ainsi que les missionnaires de l’Église
jouissent fréquemment aujourd’hui de ce don.
Dans le monde entier, les
saints des derniers jours rapportent toutes sortes de dons spirituels
dans le cours normal de leur vie. Les membres fidèles
reçoivent couramment par l’Esprit le don du témoignage
de Jésus-Christ et de son Évangile rétabli et
ces témoignages individuels constituent la force de l’Église ;
un très grand nombre ont le don de la connaissance des choses
spirituelles ; quotidiennement, les détenteurs de la
prêtrise font l’imposition des mains aux membres de leur
famille ou de leurs amis malades, à leur demande (voir Ja.
5:14-15) et leur apportent les pouvoirs de guérison du ciel,
fréquemment avec un effet instantané ; des hommes,
des femmes et des jeunes reçoivent, selon les besoins, la
révélation pour eux-mêmes, leur famille ou ceux
qu’ils servent dans les appels dans l’Église.
Pratiquement toutes ces activités et d’autres d’une
importance spirituelle équivalente ont lieu dans l’intimité
du foyer et du cœur à l’insu du public.
Tous les dons spirituels
sont nécessaires dans l’Église (1 Co. 12), mais
les écrits de Paul montrent que certains sont plus désirables
que d’autres : On doit chercher les meilleurs dons. Ce qui
est spécialement important pour tous ceux qui désirent
« une voie par excellence » (1 Co. 12:31),
c’est de recevoir et de cultiver le don de la charité.
Cet « amour pur du Christ » est une marque
fondamentale du vrai disciple, une chose nécessaire à
la vie éternelle et une qualité pour laquelle on doit
donc prier et travailler de toute l’énergie de son cœur
(Mro. 7:47-48 ; 10:21 ; Ét. 12:34). L’exposé
magistral de Paul sur la charité (1 Co. 13) définit
davantage cette qualité et confirme que l’amour est le
grand commandement et le besoin crucial du chrétien. Les
disciples doivent manifester ce don et en désirer également
d’autres (1 Co. 14:1), en agissant par le pouvoir de Dieu et
par les dons de l’Esprit (Mro. 10:25).
Bibliographie
"Newel Knight's
Journal". Dans Scraps of Biography. Salt Lake City, 1883.
Pratt, Parley P.
Autobiography of Parley Parker Pratt. Salt Lake City, 1967.
Smith, Joseph F. Gospel
Doctrine. Salt Lake City, 1977.
H. GEORGE BICKERSTAFF
Dotation
Auteur :
BURTON, ALMA P.
Une dotation est
généralement un cadeau, mais dans un sens spécialisé,
c'est un ensemble d’instructions, d’ordonnances et
d’alliances donné seulement dans les temples consacrés
de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers
jours. [Les mots « doter, dotation »
n’apparaissent pas dans la version Segond où ils sont
remplacés par des verbes exprimant l’idée
équivalente d’être habillé, revêtu,
doté d’attributs]. Le Christ commande à ses
apôtres de rester à Jérusalem « jusqu’à
ce [qu’ils soient] revêtus de la puissance d’en
haut » (Luc 24:49), une promesse accomplie, au moins en
partie, le jour de la Pentecôte (Ac. 2). À l’époque
moderne, une révélation semblable a été
donnée : « Je vous ai donné le
commandement de bâtir une maison, maison dans laquelle j'ai
dessein de doter du pouvoir d'en haut ceux que j'ai élus. Car
telle est la promesse que le Père vous fait ; c'est
pourquoi, je vous commande de demeurer, comme mes apôtres à
Jérusalem » (D&A 95:8-9).
Bien qu'il y ait eu des
déversements spirituels préliminaires et préparatoires
sur les saints des derniers jours en Ohio et au Missouri, la Dotation
dans son plein sens ne sera reçue qu’à l’époque
du temple de Nauvoo. Quand, en 1842, il introduisit les ordonnances
du temple à Nauvoo, le prophète Joseph Smith enseigna
qu’elles « concernaient les choses spirituelles et
ne devaient être reçues que par ceux qui étaient
tournés vers les choses spirituelles » (EPJS, p.
191). La dotation était nécessaire, dit-il, pour
organiser complètement l'Église, afin que les saints
soient organisés selon les lois de Dieu, et, comme demandé
dans la prière de consécration du temple de Kirtland,
qu’ils « se préparent à recevoir tout
ce qui est nécessaire » (D&A 109:15). La
Dotation avait pour but de donner « une vue globale de
notre situation et de nos rapports véritables avec Dieu »
(EPJS, p. 262), de « préparer les disciples pour
leurs missions auprès du monde » (p. 221),
d’empêcher d’être « vaincus par
ces maux » (p. 209), de leur permettre de « s’assurer
la plénitude des bénédictions qui ont été
préparées pour l’Église du Premier-né »
(p. 191).
La Dotation de « pouvoir
d’en haut » dans les temples modernes a quatre
aspects principaux. Tout d'abord il y a l'ordonnance préparatoire,
des ablutions et une onction cérémonielles, après
quoi l’usager du temple met le vêtement sacré du
temple.
Vient ensuite une série
d’instructions sous forme d’exposés et de
représentations. Ceux-ci comportent le récit des
événements les plus importants de la Création,
une description figurée de l'arrivée d'Adam et Ève
et de tous les hommes et femmes, de l'entrée d'Adam et Ève
dans le jardin d'Éden, de l'expulsion hors du jardin, de leur
situation dans le monde et de leur réception du plan du salut
conduisant au retour en la présence de Dieu (Talmage, p.
83-84). Les instructions de la Dotation utilisent toutes les facultés
humaines pour que la signification de l'Évangile soit
éclaircie par l'art, le théâtre et les symboles.
Tous les participants portent la robe blanche du temple symbolisant
la pureté et l'égalité de toutes les personnes
devant Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ. Le temple
devient une maison de révélation par laquelle on est
instruit plus parfaitement « en théorie, en
principe et en doctrine » (D&A 97:14). « Le
caractère complet de ce tour d’horizon et de cette
explication du plan de l’Évangile fait du culte du
temple l’une des méthodes les plus efficaces de
rafraîchir la mémoire concernant la totalité de
la structure de l'Évangile » (Widtsoe, 1986, p. 5).
Troisièmement, il
y a la conclusion d’alliances. On voit dans la Dotation du
temple l’épanouissement ou l’apogée des
alliances contractées au baptême. Les alliances du
temple donnent des « tests permettant de voir la
disposition et la capacité de pratiquer la justice »
(Widtsoe, p. 335). EIles comportent « l’engagement
et la promesse d'observer la loi de la vertu la plus stricte et de la
chasteté, d’être charitable, bienveillant,
tolérant et pur ; de consacrer ses talents et ses moyens
matériels à la propagation de la vérité
et au progrès [du genre humain], de rester dévoué
à la cause de la vérité, et de chercher à
contribuer de toutes les manières possibles aux grands
préparatifs faits en vue que la terre puisse recevoir…
Jésus-Christ » (Talmage, p. 101). On promet
également de garder sacrées ces alliances et de ne pas
« prend[re] les choses sacrées à la légère »
(D&A 6:12).
Quatrièmement, il
y a le sentiment de la présence divine. Dans la prière
de consécration du temple de Kirtland, le prophète
Joseph Smith demande « que tous ceux qui passeront le
seuil de la maison du Seigneur sentent ta puissance et se sentent
contraints de reconnaître que tu l'as sanctifiée et
qu'elle est ta maison, lieu de ta sainteté » (D&A
109:13). Il est promis à propos des temples construits par le
sacrifice au nom du Seigneur Jésus-Christ, consacrés
par son autorité et révérés dans son
Esprit : « mon nom sera ici ; et je me
manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette
maison » (D&A 110:7). Dans les temples il y a une
« aura de divinité » qui se manifeste à
ceux qui sont dignes (Kimball, p. 534-535). Par la Dotation du
temple, on peut chercher « une plénitude du
Saint-Esprit » (D&A 109:15). Les ordonnances du temple
sont considérées comme le moyen de recevoir
l'inspiration et des instructions par l'Esprit-Saint et de se
préparer à retourner en la présence de Dieu.
À Nauvoo, le
prophète Joseph a enseigné pour la première fois
que les saints des derniers jours ont la bénédiction
d'agir en tant qu'agents en faveur de leurs ancêtres décédés.
Après réception de leur propre Dotation au temple, ils
y retournent souvent pour participer à la cérémonie
de dotation par procuration pour et en faveur de personnes décédées.
Ils croient que, conformément à la loi du libre
arbitre, ceux qui sont ainsi servis sont tout à fait libres
dans le monde d'esprit d’accepter ou de rejeter la bénédiction
spirituelle qui leur est ainsi offerte (HC 5:350). [Voir aussi
Baptême pour les morts ; Salut des morts ;
Ordonnances du temple.]
Bibliographie
Kimball, Spencer W.
Teachings of Spencer W. Kimball, dir. de publ. Edward L. Kimball.
Salt Lake City, 1982.
Packer, Boyd K. The Holy
Temple. Salt Lake City, 1980.
Talmage, James E. La
Maison du Seigneur, éd. française n. d..
Widtsoe, John A.
Priesthood and Church Government. Salt Lake City, 1939.
Widtsoe, John A. Temple
Worship. Salt Lake City, 1986.
ALMA P. BURTON
E
Écritures
Auteurs :
DAVIES, W.D. et MADSEN, TRUMAN G.
Bien que le
mot
« Écritures » désigne
habituellement des documents écrits, dans les sources mormones
il se définit aussi comme « tout ce qu’ils
[les représentants de Dieu] diront sous l’inspiration du
Saint-Esprit » (D&A 68:2-4 ; cf. 1:38 ; 2
Pi. 2:21 ; 2 Ti. 3:16). Cette compréhension plus large du
terme est à la fois un principe global et une définition
fonctionnelle, tenant compte des modes écrits et verbaux de
l’inspiration.
Le
corpus des Écritures mormones est sensiblement plus volumineux
que celui du canon protestant traditionnel. Il comprend la Bible, le
Livre de Mormon (531 pages, édition anglaise de 1981), les
Doctrine et Alliances (294 pages, édition de 1981) et la Perle
de grand prix (61 pages, édition de 1981). Dès le
départ, l’engagement des saints des derniers jours
vis-à-vis de la Bible et du Livre de Mormon et leur tentative
de formuler et de standardiser immédiatement leur enseignement
par rapport aux cultures environnantes ont fait d’eux un peuple
« livresque ». Par contre, dans le judaïsme,
le christianisme et l’islam, le processus de compilation et de
fixation des écrits sacrés comme « canoniques »
a eu lieu relativement longtemps après leur origine et dans
chaque cas le processus a eu comme conséquence un canon fermé.
Les
saints des derniers jours acceptent la Bible comme étant la
parole de Dieu « dans la mesure où elle est
traduite correctement » (8e A de F). Ils reconnaissent que
bien que les messages de l’Écriture soient d’origine
et d’impulsion divines, les paroles dans lesquels elles sont
formulées sont d’origine humaine (cf. Mrm. 8:16-17 ;
Ét. 12:23-27). La page de titre du Livre de Mormon dit :
« S’il y a des fautes, ce sont les erreurs des
hommes. » Pour certains, de telles affirmations renforcent
plutôt que d’affaiblir leur respect pour la révélation
véritable (Stendahl, p. 100). Cette prise de position évite
à la fois la doctrine de l’inerrance verbale et le point
de vue naturaliste que la Bible est un document entièrement
humain et vieillissant en plus.
Les
Écritures des saints des derniers jours sont qualifiées
d’ouvrages canoniques. Le mot « canon »
est rarement utilisé, en partie parce qu’il suggère
la finitude, l’achèvement, la clôture. En principe
et en fait, des ajouts aussi bien que des clarifications et des
traductions officielles occasionnelles, sont apportés aux
ouvrages canoniques dans le double processus de la présentation
par les dirigeants vivants et, en accord avec la loi du consentement
commun, l’acceptation par les membres de l’Église.
De cette façon, les saints des derniers jours s’engagent
par alliance à les considérer comme Écriture.
L’ajout aux Doctrine et Alliances d’une révélation
au sujet du royaume céleste reçue par Joseph Smith et
d’une vision de la rédemption des morts reçue par
Joseph F. Smith en sont des exemples modernes (D&A 137, 138).
Le
caractère perpétuel de l’Écriture, un
corpus sans cesse augmenté par des témoins vivants dans
un cadre de prophétie et de témoignage, est un signe et
un symbole de l’universalité de la foi des saints
(Davies, p. 61). Pareille position fait contraste avec la conception
minimaliste (« un seul canon suffit »). Les
Samaritains, par exemple, n’accordaient le statut d’Écriture
qu’au seul Pentateuque. Pour les saints des derniers jours,
l’Écriture n’est pas une « révélation
définitive ». Il n’y a pas de « cercle
de la foi » non extensible. Il n’y a aucun texte
sacré qui, à cause de sa sainteté reconnue,
interdise l’addition d’autres textes sacrés. Aucun
document ou recueil ne suffit en lui-même pour la rédemption,
pour le salut, pour l’éclaircissement complet ou pour le
perfectionnement de l’âme.
Deux
principes se dégagent quand il s’agit de définir
ce qui doit être considéré comme Écriture.
D’abord, on ne sait si un autre parle avec l’autorité
du Saint-Esprit que grâce à l’influence du
Saint-Esprit. C’est ainsi qu’en dernière analyse,
c’est au lecteur et à l’auditeur qu’incombe
la responsabilité de prouver le statut scripturaire d’un
document (cf. Brigham Young, JD 7:2). Les saints des derniers jours
enseignent que tous ont droit à cette assurance et à ce
témoignage. En second lieu, le président de l’Église
et ceux qui lui sont associés comme prophètes, voyants
et révélateurs ont reçu une dotation et une
juridiction spirituelles spéciales. Seul le président
parle ou écrit pour l’Église et à l’Église
dans son ensemble. Les autres peuvent fonctionner de la même
manière mais seulement dans leur office et appel propre. De
plus, « un prophète n’est pas toujours
prophète ; uniquement quand il agit comme tel »
(HC 5:265 ; 2:302 ; EPJS, p. 224). Ceux qui sont
officiellement appelés et ordonnés pour diriger sont,
selon la terminologie des saints, « les oracles vivants »
et « là où les oracles de Dieu ne sont pas,
le royaume de Dieu n’est pas » (WJS, p. 156). Seul
le président de l’Église a la responsabilité
et la charge d’exercer toutes les clefs de la présentation
et de la proclamation des Écritures. Ces principes et ces
pratiques sont établis pour sauvegarder la sainteté et
veiller à l’application des paroles et des écrits
inspirés, tant passés que présents.
Au-dessus
de l’autorité du document écrit se trouve
l’autorité du prophète vivant et, au-delà
de lui, l’autorité suprême du Seigneur lui-même.
« Vous pouvez étreindre la Bible tout contre vous,
a dit Joseph Smith, mais si vous ne pouvez pas, par la foi en elle,
obtenir la révélation pour vous-même, la Bible ne
vous profitera guère » (Osborne). De plus, « La
meilleure manière d’obtenir la vérité et
la sagesse n’est pas de la demander à des livres, mais
d’aller trouver Dieu dans la prière et d’obtenir
l’enseignement divin » (EPJS, p. 154). Brigham Young
a affirmé : « Je préfère avoir
les oracles vivants que tout ce qui est écrit dans les
livres » (cité dans CR, oct. 1897, p. 22-23). Mais
les oracles vivants et les laïcs responsables ne sont pas, dans
la théorie ou dans la tradition, complètement
indépendants de l’écrit. B. H. Roberts, historien
de seconde génération faisant autorité et
Autorité générale, a écrit à
propos du corpus de l’Écriture : Il fixe de manière
permanente les vérités générales que Dieu
a révélées. Il préserve, pour tous les
temps et pour toutes les générations des hommes, le
grand cadre du plan de salut : l’Évangile. Il y a
des vérités qui ne sont pas affectées par les
circonstances sans cesse changeantes, des vérités qui
sont toujours les mêmes, aussi souvent qu’elles soient
révélées, des vérités qui sont
élémentaires, permanentes, fixées, dont on ne
doit ni ne peut s’écarter sans risquer la condamnation.
La parole de Dieu mise par écrit protège le peuple de
Dieu des traditions vaines et insensées, qui, tandis qu’elles
dérivent le long du fleuve du temps, sont sujettes à
des changements par déformation, par ajouts ou soustractions
ou par le jeu capricieux de la fantaisie d’esprits fantasques
auxquels on ne peut pas se fier. Elle constitue un critère
grâce auquel même les oracles vivants de Dieu peuvent
s’instruire, s’évaluer et se corriger. Elle met à
la portée du peuple le pouvoir de confirmer les paroles et le
ministère des oracles vivants, et d’ajouter ainsi la foi
à la foi et la connaissance à la connaissance [IE 3,
mai 1900, p. 576-577].
Par
contre, dans le judaïsme, le remplacement des prophètes
par des rabbins ou des savants comme gardiens et interprètes
de l’Écriture a été poussé à
l’extrême : « Même s’ils [les
sages] te disent que la gauche est la droite et que la droite est la
gauche, écoute ce qu’ils disent » (Midrash
Siphre sur De. 17:10-11 ; cf. Talmud de Jérusalem, traité
Horayoth 1:1, 45d). Ce qui rassurait face à l’erreur,
même les erreurs de la communauté, c’était
que même les erreurs commises dans les décisions de la
loi faisaient force de loi. Dans un cas spectaculaire, Rabbi Eliezer
prétendit qu’une voix céleste avait sanctionné
son opinion minoritaire. Mais Rabbi Joshua insista sur le fait que la
Torah, ou texte d’Écriture, est non dans le ciel mais
sur la terre et que c’était l’opinion de la
majorité qui devait l’emporter (voir aussi Davies, Paul
and Rabbinical Judaism, 1980, p. 374, 212n). Dans le christianisme
traditionnel, les conseils ecclésiastiques se sont parfois
arrogé des prérogatives semblables.
Dans
leur doctrine concernant les Écritures, les saints des
derniers jours ont réduit ces tensions et d’autres
encore de ce type qui existent entre le judaïsme biblique et le
judaïsme talmudique (c.-à-d., entre la loi écrite
et la loi orale) ou, comme dans les traditions chrétiennes
romaine et orientale, entre l’héritage biblique et les
affirmations de la tradition et des credo ou, comme dans le
protestantisme, entre l’intention originale associée à
l’esprit de l’Écriture et l’affirmation que
l’interprétation personnelle est valide.
L’idée
d’un canon ouvert a signifié historiquement une certaine
ouverture à d’autres sources historiques, apocryphes et
pseudépigraphiques. L’Écriture moderne assure aux
saints des derniers jours que des documents importants vont encore
venir au jour (cf. 2 Né. 29:10-14 ; 9e A de F). Les
Apocryphes de l’Ancien Testament contiennent beaucoup de choses
« qui sont vraies » mais également
beaucoup d’interpolations (D&A 91). « À
ceux qui le désirent, il devrait être donné par
l’Esprit de discerner le vrai du faux » (HC 1:363).
Par analogie, d’autres documents récemment récupérés
(par exemple, les manuscrits de la mer Morte, la bibliothèque
de Nag Hammadi et les inscriptions et les fragments qui y ont trait)
sont considérés comme instructifs, bien que non
canoniques. Dans certains cas, leurs enseignements précèdent
et font écho à des documents scripturaires
authentiques.
L’importance
des approches linguistique, contextuelle, historique et littéraire
de l’Écriture a été soulignée de
plusieurs manières dans l’Église : une école
des prophètes a été organisée dans les
tout débuts de l’Église, où l’on
étudiait l’hébreu, le grec et l’allemand en
tant qu’aides bibliques ; on se servait des traductions
alternatives de la Bible, notamment les révisions de la
Traduction de la Bible par Joseph Smith (TJS) ; on préférait
officiellement la King James Version en raison de son style
littéraire et de son accessibilité à d’autres
groupes chrétiens, et d’autres ; on se servait de
diverses éditions des Écritures bibliques et modernes,
y compris des textes critiques, des dictionnaires bibliques et on
faisait une utilisation sélective des efforts naissants des
sciences bibliques mondiales (voir Erudition bibique).
Il
y a toute une constellation de significations qui accompagne la
notion de parole vivante venant de la voix d’un prophète
vivant. De plus, la voix vivante est généralement plus
riche que n’importe quel écrit, qui est tout au plus une
synthèse à décrypter. C’est pour cela que
Joseph Smith disait qu’on ne devrait jamais croire qu’une
lettre puisse dire ce qui pourrait être dit de vive voix.
« Aussi pures que soient vos intentions, aussi élevée
que soit votre position, vous ne pouvez pas toucher le cœur de
l’homme quand vous êtes absent autant que quand vous êtes
présent » (Woman’s Exponent 3, 1er avril
1875, p. 162). Les risques de malentendus sont sensiblement accrus
quand on n’a que le texte.
Dans
l’histoire du canon, diverses étapes ou périodes
ont été témoins d’exégèses,
d’expansions ainsi que de gloses et d’altérations
stylistiques qui changent également le contenu. On peut
avancer l’argument qu’au cours des siècles ce
processus a contribué à l’amélioration et
à la force des textes, mais on peut également affirmer
qu’il y a eu des écarts, de la dilution et de la
corruption des textes. Les saints des derniers jours estiment que les
deux processus ont joué. « Des traducteurs
ignorants, les copistes négligents ou des prêtres
conspirateurs et corrompus ont commis beaucoup d’erreurs »
(EPJS, p. 264-265). D’autre part, la Bible et d’autres
textes sont conservés d’une manière
impressionnante, avec suffisamment de lumière pour bénir
et condamner. Pour leur part, les saints des derniers jours font
finalement confiance à l’inspiration de l’Esprit.
Les
saints des derniers jours ne sont pas les seuls à penser
ainsi. Par exemple, H. J. Schoeps montre que la critique juive des
idées du temple et du sacrifice a été modifiée
quand la Bible a été assemblée (Davies, p. 61).
Et au fil des siècles, les changements ont souvent éloigné
plutôt que rapproché d’un affinement des normes et
des pratiques chrétiennes originales.
Le
pouvoir de révélation des Écritures dépend
en partie de sa faculté d’adaptation. Le Seigneur dit à
propos des Écritures modernes et, implicitement, de toutes les
Écritures antérieures : « Ces
commandements sont de moi et ont été donnés à
mes serviteurs dans leur faiblesse, selon leur langage, afin qu’ils
les comprennent » (D&A 1:24).
Le
sens évident a également été un principe
directeur dans l’exégèse des saints. « Mon
âme met ses délices dans la clarté »,
dit le prophète du Livre de Mormon Néphi 1 (2 Né.
31:3). Rien ne peut l’emporter sur la signification évidente
du texte (cf. traité talmudique Shabbath 63a). Cette position
n’est ni un refus de voir les significations subtiles et
sous-jacentes du texte ni un a priori théologique permettant
des excès allégoriques, comme dans les enseignements de
certains rabbins et de certains érudits chrétiens
d’autrefois. On ne peut pas superposer les significations plus
profondes à un texte d’Écriture ; on doit
les trouver avec l’aide divine dans l’intention et
l’esprit de l’auteur original (cf. 2 Pi. 1:20-21). Malgré
toute leur complexité et toute leur diversité, les
Écritures sont rédigées en une langue
ordinaire ; par exemple, le vocabulaire fonctionnel du Livre de
Mormon comporte moins de 2.300 mots de base.
Dans
la pratique, les saints des derniers jours considèrent
certains autres textes avec un respect spécial, basé
sur leur utilisation, chacun avec sa propre mesure d’autorité.
Par exemple, des prières fixes sont indiquées pour le
baptême et pour la Sainte-Cène (voir Prière de
baptême ; Prière). Les autres textes et paroles
faisant autorité – avec des niveaux différents
d’autorité – sont les messages de la Première
Présidence, les ordonnances et les alliances du temple, les
bénédictions patriarcales, le livre de cantiques, les
manuels pour la prêtrise et les organisations auxiliaires et
les manuels pour enseigner dans les diverses organisations de
paroisse.
C’est
une unité de la foi, souvent considérée comme
remarquable, qui découle de cette ouverture sans pareille à
davantage de révélations et du système de freins
et de contrepoids de l’Église. La participation des
laïcs de l’Église, qui nécessite le partage
des responsabilités, et la loi du consentement commun
fonctionnent ensemble lors du processus de présentation, de
confirmation et d’acceptation des paroles inspirées.
Pour
les saints des derniers jours, on ne peut pas réduire les
Écritures à l’histoire scientifique, à la
sociologie ou au folklore, à un simple ensemble de principes
fondamentaux, de commandements et d’appareil juridique, à
des paraboles pleines de charme, à des noms ésotériques
et cachés avec des liens mystiques qui auraient un pouvoir et
une vie propres. Les Écritures sont le résultat d’un
déversement d’en haut dont la signification et
l’application actuelles à une personne donnée
nécessitent une étude soigneuse et l’inspiration
directe.
Martin
Buber, faisant objection à ceux qui considèrent la
Torah comme un monde fermé, écrit : « Pour
vous, Dieu est quelqu’un qui a créé dans le passé
et ne crée plus ; mais pour nous, Dieu est celui qui
‘renouvelle chaque jour l’œuvre de la création’.
‘Pour vous, Dieu est quelqu’un qui s’est révélé
dans le passé et ne se révèle plus ; mais
pour nous il parle depuis le buisson ardent du présent…
dans les révélations du fond de notre cœur –
plus grandes que les paroles » (p. 204). Cette déclaration
exprime une grande partie de l’esprit de la façon dont
les saints des derniers jours abordent les Écritures. La
signification et la force se dressent contre le
« durcissement »
des traditions et favorisent la confiance dans le témoignage
vivant de l’Esprit pour illuminer, clarifier et sanctifier les
Écritures en tant que « vérité
actuelle ».
Bibliographie
Buber, Martin.
Great
Jewish Thinkers of the Twentieth Century, dir. de publ. S. Noveck.
Clinton, Mass., 1963.
Clark, J.
Reuben, Jr. "When Are Church
Leaders’ Words Entitled to Claim of Scripture ?"
Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Davies, W. D.
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on the Mormon Canon." Harvard Theological Review 79, 1986, p.
44-66. Réimprimé dans Christians Among Jews and
Gentiles, dir. de publ. G. W. E. Nicklesburg et George W. MacRae,
S.V., p. 44-66. Philadelphia, 1986.
Osborne, D.
Juvenile
Instructor 27, 15 mars 1892, p. 173.
Stendahl,
Krister. "The
Sermon on the Mount and Third Nephi in the Book of Mormon." Dans
Meanings, p. 100. Philadelphie, 1984.
Welch, John W.,
et David J.
Whittaker. "Mormonism’s Open Canon : Some Historical
Perspectives on Its Religious Limits and Potentials." F.A.R.M.S.
Paper. Provo, Utah, 1986.
W. D. DAVIES
TRUMAN G.
MADSEN
Écritures :
Autorité des Écritures
Auteur :
JACKSON, KENT P.
Pour
les saints des derniers jours, la notion d’Écriture
entraîne deux définitions complémentaires, une
définition générale, qui englobe toute
révélation de Dieu comme étant « Écriture »,
et une vision plus restreinte, qui n’inclut que les ouvrages
canoniques comme « Écriture ». Les deux
catégories font autorité puisque les deux sont
considérées comme venant de Dieu.
La
première définition utilise le mot « Écriture »
comme synonyme de termes tels que « inspirée »
ou « divinement révélée ».
Pour ce qui concerne ceux qui ont été appelés et
ordonnés pour proclamer la parole de Dieu, c’est une
révélation des Doctrine et Alliances qui fournit la
base : « Tout ce qu’ils diront sous
l’inspiration du Saint-Esprit sera Écriture, sera la
volonté du Seigneur, sera l’avis du Seigneur, sera la
parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le pouvoir de Dieu
pour le salut » (D&A 68:4). Dans cette lumière,
les saints des derniers jours tiennent en haute estime les paroles
des dirigeants de l’Église à tous les niveaux.
Font particulièrement autorité les déclarations
officielles de la Première Présidence et du Collège
des douze apôtres qui sont soutenus par les membres de l’Église
comme « prophètes, voyants et révélateurs ».
Leurs écrits et leurs discours – en particulier ceux de
conférence générale – sont cités
fréquemment comme guides pour la vie et comme interprétation
autorisée en matière de doctrine. Les déclarations
publiées par la Première Présidence représentent
la position et la politique officielles de l’Église.
Joseph
Smith a enseigné que « un prophète n’est
pas toujours prophète ; uniquement quand il agit comme
tel » (HC 5:224). Ainsi donc, les paroles des prophètes
n’ont force d’Écriture que quand elles sont
prononcées sous l’influence du Saint-Esprit. Les saints
des derniers jours reconnaissent volontiers cette influence divine
dans les enseignements et les conseils des dirigeants et considèrent
que c’est une bénédiction d’être
instruits par eux. Ils considèrent cette direction inspirée
comme étant « Écriture » au sens
général du terme et s’efforcent d’y faire
coïncider leur vie.
La
conception plus restrictive de ce qui constitue l’Écriture
ne comprend que ce qui est appelé « les Écritures »
c’est-à-dire les quatre ouvrages canoniques : la
Bible, le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de
grand prix. Ils constituent le corpus canonisé, faisant
autorité des Écritures révélées
par rapport auquel tout le reste est évalué. Le
président Joseph Fielding Smith a enseigné : « Mes
paroles et les enseignements de n’importe quel autre membre de
l’Église, grand ou petit, s’ils ne cadrent pas
avec les révélations, nous ne devons pas les accepter…
Nous avons accepté les quatre ouvrages canoniques comme
critères ou balances que nous utilisons pour mesurer les
doctrines de tous les hommes » (DS3, p. 183).
Bien
que l’Église considère ses Écritures comme
un canon dans un sens strict, elle ne considère pas celui-ci
comme fermé. La doctrine de la révélation
continue est l’une des croyances fondamentales de l’Église.
Comme l’a dit Joseph Smith, « nous croyons tout ce
que Dieu a révélé, tout ce qu’il révèle
maintenant, et nous croyons qu’il révélera encore
beaucoup de choses grandes et importantes concernant le royaume de
Dieu » (9e A de F). Tout en acceptant « tout ce
que Dieu a révélé », que ce soit
canonisé dans les Écritures ou pas, les saints des
derniers jours croient également que la révélation
continue à éclairer leurs dirigeants. De plus, elle
s’attend à des directives divines supplémentaires
parce que Dieu « révélera encore beaucoup de
choses grandes et importantes ». Ces futures révélations
seront Écriture, selon la définition générale,
et il est probable que certaines d’entre elles seront ajoutées
en temps voulu aux Écritures.
Bibliographie
Jackson,
Kent P. "Latter-day Saints : A Dynamic Scriptural Process."
Dans The Holy Book in Comparative Perspective, dir. de publ. F. Denny
and R. Taylor, p. 63-83. Columbia, S.C., 1985.
Jackson, Kent
P. "The Sacred Literature of the Latter-day Saints." Dans
The Bible and Bibles in America, dir. de publ. E. Frerichs, p.
163-91. Atlanta, Ga., 1988.
Talmage, James
E. AF, p.
291-387.
KENT P.
JACKSON
Écriture :
Paroles des prophètes vivants
Auteur :
ANDERSON, A. GARY
Tout
message qui vient de Dieu à l’homme par le pouvoir du
Saint-Esprit est Écriture pour celui qui le reçoit, que
ce soit sous forme écrite ou verbale (MD, p. 682 ; cf.
2 Né. 32:3). Paul a écrit à Timothée
que « Toute Écriture est inspirée de Dieu,
et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour
instruire dans la justice » (2 Ti. 3:16). De plus, toute
personne peut recevoir des révélations personnelles
pour son profit personnel. Néanmoins, Dieu a toujours désigné
des prophètes pour parler pour lui, ce qui est à
l’origine des Écritures saintes. Quand Aaron fut appelé
comme porte-parole de Moïse, le Seigneur dit : « Il
parlera pour toi au peuple ; il te servira de bouche, et tu
tiendras pour lui la place de Dieu » (Ex. 4:15-16).
Les
membres de l’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours croient en la révélation continue,
particulièrement aux prophètes qui dirigent l’Église.
Ce point de doctrine a été annoncé dans une
révélation reçue par le prophète Joseph
Smith en novembre 1831: « Et tout ce qu'ils [les
serviteurs de Dieu] diront sous l'inspiration du Saint-Esprit sera
Écriture, sera la volonté du Seigneur, sera l'avis du
Seigneur, sera la parole du Seigneur, sera la voix du Seigneur et le
pouvoir de Dieu pour le salut » (D&A 68:4). Les
paroles inspirées du prophète et président de
l’Église ont été et peuvent à
l’avenir être ajoutées aux ouvrages canoniques par
le consentement commun de l’Église.
Les
saints des derniers jours soutiennent la Première Présidence
et le Collège des douze apôtres comme prophètes,
voyants et révélateurs. Puisque le prophète et
président de l’Église est soutenu comme prophète,
voyant, et révélateur, il est le porte-parole officiel
qui parle au nom du Seigneur à l’Église (D&A
21:4-5 ; 28:2). Ces autres prophètes, voyants et
révélateurs ont le droit, le pouvoir et l’autorité
de déclarer la volonté de Dieu à son peuple,
mais dépendent de l’autorité du président
(D&A 132:7).
Les
paroles inspirées du président de l’Église
ont force de loi sur les membres de l’Église, qu’elles
soient acceptées officiellement comme élément du
canon écrit ou pas. Les paroles inspirées du prophète
vivant remplacent et deviennent plus importantes pour des saints des
derniers jours que le canon écrit ou les déclarations
prophétiques antérieures (D&A 5:10). Le salut et
l’exaltation des membres de l’Église dépendent
de leur acceptation de cette inspiration divine par le prophète
vivant, qui vient comme une voix d’avertissement au monde (D&A
1:4-5).
Ce
point de doctrine apparaît dans l’Ancien Testament. Par
exemple, les gens n’auraient pu être sauvés du
déluge qu’en écoutant la voix de Dieu par son
prophète Noé. De même, il était attendu
des Israélites qu’ils acceptent et obéissent de
manière responsable aux paroles de Moïse comme si le
Seigneur lui-même les avait prononcées (De. 18:18-22).
Le Seigneur a également enseigné que « Lorsqu’il
y aura parmi vous un prophète, c’est dans une vision que
moi, l’Éternel, je me révélerai à
lui, c’est dans un songe que je lui parlerai » (No.
12:6).
On
peut trouver l’insistance des premiers chrétiens sur
« la voix vivante » dans les écritures
de Papias (v. 130 apr. J.-C.) : « S’il arrivait
à quelqu’un de venir qui avait été
réellement disciple des anciens, je m’informais sur les
discours des anciens, de ce qu’André ou Pierre disaient
ou Philippe ou Thomas ou Jacques ou Jean ou Matthieu ou tout autre
des disciples du Seigneur…. Car je pensais que ce qui était
dans les livres ne me profitait pas autant que les paroles d‘une
voix vivante et durable » (Eusèbe, Histoire
ecclésiastique 3.39.4).
Les
saints des derniers jours acceptent la doctrine que ce que Dieu
déclare, « que ce soit par [sa] propre voix ou par
la voix de [ses] serviteurs, c’est la même chose »
(D&A 1:38). D’autre part, les prophètes ont droit à
leur opinion personnelle, par conséquent tout ce qu’ils
disent n’est pas considéré comme une déclaration
ou une interprétation officielle d’Écriture. Ce
n’est que quand ils sont inspirés à parler à
l’Église par le Saint-Esprit qu’ils parlent
Écriture. Pour que l’auditeur détermine si un
prophète parle en tant que tel, le pouvoir du Saint-Esprit
doit lui témoigner que le message est divinement inspiré.
Le Saint-Esprit est donné à tous pour connaître
la vérité de toutes choses (Mro.
10:5).
Bibliographie
Benson, Ezra
Taft. "Fourteen
Fundamentals in Following the Prophet." BYU Speeches of the
Year, 1977 -80, p. 26-30. 26 févr. 1980.
Département
d’Education de l’Église. Teachings of the Living
Prophets, p. 6-22. Salt Lake City, 1982.
Clark, J.
Reuben,
Jr. "When Are Church Leaders' Words Entitled to Claim of
Scripture ?" Church News, 31 juillet 1954, p. 9-11.
Horton,
George A., Jr. Keys to Successful Scripture Study, p. 2-11. Salt Lake
City, 1989.
A. GARY
ANDERSON
Écritures :
Écritures à venir
Auteur :
CLOWARD, ROBERT A.
Les
saints des derniers jours croient que Dieu « révélera
encore beaucoup de choses grandes et importantes » (9e A
de F), que les cieux ne sont pas fermés et que Dieu continue à
« déverser la connaissance du haut des cieux sur
[leur] tête » (D&A 121:33). On s’attend à
ce que les révélations à venir incluent à
la fois des vérités antiques rétablies et de
nouvelles vérités dévoilées.
Les
Écritures prédisent spécifiquement le
rétablissement de beaucoup de livres qui feront connaître
les choses claires et précieuses ôtées du monde
(1 Né. 13:39-40). Celles-ci comprennent le livre d’Hénoc
(D&A 107:57), un récit complémentaire des
événements qui se sont produits sur la montagne de la
Transfiguration (D&A 63:20-21), la totalité du livre de
Jean et des visions au sujet de la fin du monde (1 Né.
14:18-27 ; Ét. 4:16 ; D&A 93:6, 18), la partie
scellée du Livre de Mormon, y compris la vision du frère
de Jared (2 Né. 27:7-11 ; Ét. 3:25-27 ;
4:7), les plaques d’airain (Alma 37:4-5 ; voir aussi
Plaques et Annales du Livre de Mormon), un compte rendu plus complet
des enseignements de Jésus-Christ aux Néphites (3 Né.
26:6-11) et les annales des tribus perdues d’Israël (2 Né.
29:12-13).
Nous
ignorons comment ou quand ces Écritures paraîtront
au-delà de la croyance générale que d’autres
révélations viendront au temps voulu par le Seigneur
lorsque les hommes se repentiront, feront preuve de foi et seront
prêts à les recevoir (2 Né. 28:30 ; Ét.
4:1-12). Les saints des derniers jours croient que le monde n’a
vu que le commencement du grand rétablissement doctrinal et
scripturaire par lequel la volonté de Dieu réunira
« toutes choses en Christ » (Ép. 1:10).
Les annales célestes et terrestres de toutes les dispensations
doivent être rassemblées (1 Né. 13:41), et
« rien ne sera retenu » (D&A
121:28).
Bibliographie
Maxwell, Neal
A. "God Will Yet
Reveal." Ensign 16, nov. 1986, p. 52-59.
McConkie, Bruce
R.
"The Doctrinal Restoration." Dans The Joseph Smith
Translation, dir. de publ. M. Nyman et R. Millet, p. 1-22. Provo,
Utah, 1985.
ROBERT A.
CLOWARD
Écriture,
interprétation dans l’Écriture
Auteur :
THOMAS, CATHERINE
La
clef de l’interprétation des passages scripturaires se
situe souvent dans le corps même de l’Écriture.
Par exemple, certains passages de l’Ancien Testament reçoivent
un commentaire et une interprétation dans le Nouveau
Testament. Jésus-Christ enseignait fréquemment à
l’aide de l’Ancien Testament, donnant non seulement une
interprétation, comme dans l’incident où David
doit manger les pains de proposition du temple (1 S. 21:1-6) pour
justifier le fait que ses disciples arrachaient des épis de
blé le jour du sabbat (Mc. 2:23-26), mais soulignant souvent
aussi que les Écritures témoignent qu’il était
le Messie (Lu. 4:18-21 ; Jn. 5:39). Les Écritures
supplémentaires que les saints des derniers jours acceptent –
le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand
prix – citent et interprètent aussi la Bible. En fait,
beaucoup d’entre les interprétations les plus claires de
la doctrine proviennent des révélations modernes ou des
Écritures rétablies.
Dans
la Perle de grand prix, le livre de Moïse et le livre d’Abraham
détaillent le récit de la Création donné
par la Genèse de l’Ancien Testament (Moï. 2-3 ;
Abr. 4-5), affirment le libre arbitre de l’homme (Moï.
3:17 ; 7:32), éclaircissent la chute d’Adam (Moï.
4 ; Abr. 5) et expliquent par conséquent la nécessité
d’un Rédempteur (Moï. 6:59 ; cf. 4:1-2 ;
5:7-8). En outre, ces deux livres ajoutent des informations sur les
prétentions de Satan et le fait que c’est le Christ qui
a été choisi dans le monde prémortel (Moï.
4:1-4 ; Abr. 3:27-28) où tous les esprits de l’humanité
ont vécu avant leur arrivée sur la terre (voir Vie
prémortelle).
Dans
Joseph Smith–Matthieu, le prophète Joseph Smith reçoit
des éclaircissements sur les commentaires du Sauveur dans
Matthieu 24 concernant les événements qui doivent
précéder la chute de Jérusalem et ceux qui
doivent précéder la venue de Jésus dans les
derniers jours. Selon Joseph Smith–Histoire, Moroni 2 lui cite
Malachie 4:6 différemment de la version de l’Ancien
Testament, suggérant que l’expression « les
pères » se rapporte aux Patriarches,
particulièrement à Abraham, avec qui Dieu fit des
alliances concernant la postérité d’Abraham, qui
porterait les ordonnances de la prêtrise au monde pour
l’exaltation de la famille humaine (JS–H 1:39 ; D&A
27:9-10).
Le
Livre de Mormon éclaircit beaucoup d’écrits des
prophètes de l’Ancien Testament. Le prophète
Néphi 1 cite Ésaïe 48-49 (1 Né. 20-21)
et fait ensuite un commentaire clair sur les points principaux de ces
chapitres dans 1 Néphi 22, soulignant que les Néphites
sont un reste de l’Israël dispersé, qui serait par
la suite rassemblé avec l’aide des Gentils. Dans un
autre exemple, vers 148 av. J.-C., le prophète néphite
Abinadi identifie « l’homme de douleur »
d’Ésaïe 53 comme étant Jésus-Christ
(Mos. 15:2-5) et amplifie les commentaires d’Ésaïe
sur l’expiation du Messie (Mos. 14-15).
Le
Livre de Mormon illumine également le sermon sur la montagne
(Mt. 5-7). Dans un sermon semblable donné sur le continent
américain (3 Né. 12-14), Jésus ressuscité
dit : « Bénis sont les pauvres en esprit qui
viennent à moi » (3 Né. 12:3 ;
italiques ajoutés). Ces mots supplémentaires, plus le
contexte dans lequel le discours de Jésus est donné,
indiquent qu’on doit aller au Sauveur par le baptême et
par la justice pour recevoir les bénédictions promises
dans les béatitudes.
Les
Doctrine et Alliances proposent une interprétation sur
plusieurs points obscurs du livre de l’Apocalypse qui
concernent des événements des derniers jours, tels que
le rassemblement d’Israël et le fait qu’il va
recevoir les ordonnances de la prêtrise (D&A 77:8-9, 11).
On trouve spécialement dans Doctrine et Alliances 45 et 86 des
éclaircissements sur des passages bibliques traitant des
signes des derniers jours qui précéderont l’avènement
de Jésus. Tandis qu’il méditait sur 1 Pierre
3:18-20, le président Joseph F. Smith reçut une vision
de la rédemption des morts (maintenant D&A 138) qui
éclaircissait et étendait l’œuvre
rédemptrice du Sauveur au monde d’esprit après sa
crucifixion.
Le
prophète Joseph Smith a reçu beaucoup de révélations
modernes en réponse aux questions découlant de son
travail sur la traduction de Joseph Smith de la Bible (TJS). Par
exemple, en méditant sur la résurrection pour la vie ou
la damnation mentionnée dans Jean 5:29, Joseph Smith et Sidney
Rigdon reçurent la révélation sur les degrés
de gloire dans la résurrection (D&A 76). Joseph Smith a
noté plusieurs cas où, tout en réfléchissant
à un passage d’Écriture (par exemple, Ja. 1:5,
une invitation à demander au Seigneur la sagesse), il a prié
et a reçu du Seigneur des Écritures supplémentaires
qui rendaient le premier plus de clair ou en confirmait la réalité
(JS–H 1:11-20). Pendant qu’il traduisait les plaques du
Livre de Mormon, Joseph Smith et Oliver Cowdery prièrent après
avoir lu un passage qui avait trait au baptême. En réponse
à cela, Jean-Baptiste vint avec de l’autorité et
des instructions sur le baptême (JS–H 1:68-72). Après
leur baptême, le prophète écrivit qu’ils
étaient remplis du Saint-Esprit : « Notre
esprit étant maintenant éclairé, nous
commençâmes à voir les Écritures se
dévoiler à notre entendement, et la véritable
signification et le sens des passages les plus mystérieux se
révéler à nous d'une manière à
laquelle nous n'avions jamais pu parvenir précédemment,
à laquelle nous n'avions même jamais pensé
auparavant » (JS–H 1:74).
Néphi
dit qu’il est essentiel d’avoir l’esprit de
prophétie pour saisir le sens correct des Écritures. Il
mentionne en particulier Ésaïe, « car, si les
paroles d'Ésaïe ne sont pas claires pour vous, néanmoins
elles sont claires pour tous ceux qui sont remplis de l'esprit de
prophétie » (2 Né. 25:4). Aux chapitres
25-30, Néphi donne une explication prophétique des
enseignements d’Ésaïe.
La
révélation moderne et les Écritures rétablies
offrent des interprétations indispensables de la Bible, aidant
les saints des derniers jours à la comprendre plus
complètement. Jésus réprimanda ceux qui avaient
emporté la « clef de la connaissance »
ou le moyen de comprendre les écrits bibliques (TJS Lu.
11:53), causant de ce fait la confusion dans l’interprétation
des Écritures. Le Seigneur a dit : « Parce que
vous avez une Bible, vous ne devez pas penser qu'elle contient toutes
mes paroles ; et vous ne devez pas non plus penser que je n'en
ai pas fait écrire davantage… Je parlerai aux Juifs, et
ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux Néphites,
et ils l'écriront ; et je parlerai aussi aux autres
tribus de la maison d'Israël, que j'ai emmenées, et elles
l'écriront ; et je parlerai aussi à toutes les
nations de la terre, et elles l'écriront… et ma parole
sera aussi rassemblée en une seule » (2 Né
29:10, 12, 14 ; cf. Éz. 37:16-20). Les saints des
derniers jours interprètent la Bible à la lumière
de l’Écriture rétablie et de la révélation
moderne parce que celles-ci ont rétabli la clef perdue de la
connaissance.
Bibliographie
Gileadi,
Avraham. "Isaiah :
Four Latter-day Keys to an Ancient Book." Dans Isaiah and the
Prophets, dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
McConkie,
Bruce R. "The Bible, a Sealed Book." Dans Supplement to a
Symposium on the New Testament, Département d’Education
de l’Eglise, p. 1-7. Salt Lake City, 1984.
Rust, Richard
Dilworth. “’All Things Which Have Been Given of God…Are
the Typifying of Him’ : Typology in the Book of Mormon."
Dans Literature of Belief, dir. de publ. N. Lambert. Provo, Utah,
1981.
CATHERINE
THOMAS
Éducation :
Positionnement vis-à-vis de l'éducation
Auteur :
GARDNER, DAVID P.
Les
Articles de foi soulignent le rôle profond et fondamental que
joue la connaissance dans les enseignements de l’Église
de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours : « Nous
recherchons tout ce qui est vertueux ou aimable, tout ce qui mérite
l'approbation ou est digne de louange. » (13e A de F). À
propos de l’intérêt des saints pour les études
et l'éducation, M. Lynn Bennion a écrit : « Je
doute qu’il existe une organisation qui oriente plus
complètement son peuple vers une éducation de plus en
plus poussée que l'Église mormone. Le programme
éducatif de l'Église est aujourd'hui le prolongement
cohérent des théories promulguées par ses
fondateurs »(Bennion, p. 2).
Les idées et les pratiques de
l'Église sont
directement issues de certaines révélations reçues
par Joseph Smith, qui soulignent la nature éternelle de la
connaissance et le rôle vital que joue dans le développement
spirituel, moral et intellectuel de l'humanité. Par exemple:
« Il est impossible à un homme d'être sauvé
dans l'ignorance » (D&A 131:6 ) de sa nature et de son
rôle éternels. « La gloire de Dieu c’est
intelligence ou, en d'autres termes, la lumière et la vérité »
(D&A 93:36 ). « Quel que soit le principe
d'intelligence nous atteignions dans cette vie, il se lèvera
avec nous dans la résurrection. Et si, par sa diligence et son
obéissance, une personne acquiert dans cette vie plus de
connaissance et d'intelligence qu'un autre, elle en sera avantagée
d’autant dans le monde à venir » (D&A
130:18-19). « La connaissances sauve l’homme. Et
dans le monde des esprits, nul ne peut être exalté
autrement que par la connaissance » (EPJS, p. 289). Un
passage fréquemment cité du Livre de Mormon dit :
«Être instruit est une bonne chose si on écoute
les recommandations de Dieu » (2 Néphi 9:29). En
juin 1831, Joseph Smith reçut une révélation
concernant « le choix et la rédaction de livres
pour les écoles de l’Église » (D&A
55:4) et une autre le 27 décembre 1832, fixant les grandes
missions d'éducation dans l'Église :
« Et
je vous donne le commandement de vous enseigner les uns aux autres la
doctrine du royaume. Enseignez diligemment, et ma grâce vous
accompagnera, afin que vous soyez instruits plus parfaitement de la
théorie, des principes, de la doctrine, de la loi de
l'Évangile, de tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu'il
est opportun que vous compreniez ; des choses qui se trouvent
dans le ciel, sur la terre et sous la terre; des choses qui ont été,
des choses qui sont, des choses qui doivent arriver sous peu; des
choses qui se passent au pays, des choses qui se passent à
l'étranger; des guerres et des perplexités des nations,
et des jugements qui sont sur le pays; et aussi d'une connaissance
des pays et des royaumes, afin que vous soyez préparés
en tout »[D&A 88:77-80].
L'Église a été édifiée sur la
conviction que la progression éternelle dépend d’une
vie vertueuse et de la progression dans la connaissance religieuse et
laïque. « En effet, la nécessité
d’apprendre est probablement le thème le plus
fréquemment répété des révélations
modernes » (L. Arrington, «The Founding of the
L.D.S. Institutes of Religion », Dialogue 2, été
1967, p. 137).
Joseph Smith et bon nombre des
premiers pionniers mormons
étaient issus du milieu puritain de la Nouvelle-Angleterre,
avec sa vénération pour la connaissance et
l'instruction (Salisbury, p. 258). La perspective mormone suppose la
perfectibilité de l'homme et sa capacité d'évoluer
vers des niveaux moraux, spirituels et intellectuels toujours plus
élevés. En outre, dans cette philosophie, toutes les
espèces de connaissance sont utiles dans la tentative de
l'homme de se réaliser dans ce monde et dans l'au-delà.
« C'est l'application de la connaissance pour le bien-être
spirituel de l'homme qui constitue l'idéal mormon de
l'éducation » (Bennion, p. 125). C’est
pourquoi, les premiers dirigeants de l'Église ne voyaient
guère de points de discorde entre l'instruction laïque et
religieuse correcte. Vaste dans sa portée et spirituelle dans
son l'intention, la philosophie de l’éducation chez les
saints a tendance à fusionner le profane et le religieux,
parce que, dans le contexte mormon, les deux font partie d'une trame
unique sans raccord (Bennion, p. 120-123).
En 1833, Joseph Smith fonda la
première entreprise
éducative de l'Église, l'école des prophètes,
à Kirtland (Ohio). Cette école se consacrait à
l'étude de l'histoire, des sciences politiques, des langues
(dont l'hébreu), de la littérature et de la théologie.
Son but principal était de préparer les dirigeants de
l’Église à magnifier leur appel missionnaire
d’avertir tout le monde et de témoigner de l'Évangile
(D&A 88:80 -81). Elle donna aussi l'exemple d'études pour
adultes qui fut suivi « au Missouri, en Illinois et en
Utah, où les parents rejoignirent leurs enfants dans la
recherche de la connaissance » (Bennion, p. 10).
En 1840, Joseph Smith demanda
l'incorporation de la ville de
Nauvoo (Illinois) et avec elle l'autorité pour fonder une
université. La Charte de Nauvoo contenait l'autorité
pour « fonder et organiser un établissement
d'enseignement dans les limites de la ville pour l'enseignement des
arts, des sciences et des professions érudites, qui sera
appelé ‘Université de la ville de Nauvoo’ »
(cité dans Salisbury, p. 269).
La première année académique à
Nauvoo fut celle de 1841-42. L'université fut probablement
l’une des premières universités municipales des
États-Unis (Rich, p. 10). C'était, en tous cas, une
entreprise optimiste et ambitieuse. Le programme comprenait des
langues (allemand, français, latin, grec et hébreu),
des mathématiques, de la chimie et de la géologie, de
la littérature et de l’histoire, mais « les
éléments d’appréciation sont trop maigres
pour qu’on puisse en dégager le niveau de l’enseignement
dispensé. Il était probablement supérieur au
niveau secondaire moyen de l’époque. Le personnel
enseignant était d’un haut niveau et était en
effet un groupe plutôt remarquable pour une ville de la
frontière » (Bennion, p. 25).
Le meurtre de Joseph Smith en
1844 mit brutalement fin au rêve
de l'université de la ville de Nauvoo et déclencha le
difficile voyage vers le Grand Bassin. Malgré les difficultés,
l'éducation ne fut pas oubliée. Brigham Young demanda
aux saints d’emporter, dans leur émigration, « au
moins un exemplaire de chaque traité précieux sur
l'éducation – chaque livre, carte, schéma ou
diagramme qui peut contenir une matière intéressante,
utile et attrayante, pour attirer l'attention des enfants et les
amener à aimer apprendre à lire ; et aussi toutes
les variétés historiques, mathématiques,
philosophiques, géographiques, géologiques,
astronomiques, scientifiques, pratiques et tous les autres écrits,
cartes, etc., utiles et intéressants, à présenter
au greffier général de l’Église,
lorsqu'ils arriveront à leur destination, où l’on
peut glaner des sujets importants et intéressants pour
compiler les ouvrages les plus précieux sur toutes les
sciences et tous les sujets au profit de la génération
montante » [MS 10, 1848, p. 85].
La charte de l'université de
la ville de Nauvoo a servi
de base pour l'université de Deseret (maintenant l'université
d'Utah), créée en 1850 par Brigham Young à Salt
Lake City. « L’éducation » a-t-il
dit un jour au conseil d’administration de cette école,
« est le pouvoir de penser clairement, le pouvoir d'agir
correctement dans l’œuvre du monde et le pouvoir
d'apprécier la vie » (Bennion, p. 115). Il disait :
« Un bon enseignant est un des membres les plus essentiels
de la société » (JD 10:225).
En 1851, la législature
territoriale accorda une charte
prévoyant « la création et la réglementation
des écoles » (Bennion, p. 40), mais pendant
quelques années, la lutte pour la survie éclipsa les
efforts pour mettre en place un système officiel d'éducation.
Les premières écoles d'Utah furent privées,
payées par les parents ou par des étudiants adultes et
les cours se faisaient pendant la journée ou le soir selon les
besoins locaux, les intérêts et les ressources (Rich, p.
13, 17 et 18). La fréquentation augmentait et diminuait avec
les saisons et les exigences d'une société agricole
dans laquelle la main d’œuvre était rare et
précieuse. Les programmes variaient également et
dépendaient souvent des compétences ou des centres
d’intérêt de l'enseignant ; certaines écoles
proposaient les branches traditionnelles, d'autres des activités
plus pratiques telles que la menuiserie ou la maçonnerie.
L'existence de ces écoles de frontière était
toujours précaire et leur fonctionnement intermittent (Rich,
p. 18), mais elles témoignent de manière éloquente
et souvent émouvante du désir d’éducation
des pionniers mormons, parce qu’elles exigeaient le sacrifice
considérable d’un temps et de ressources limités.
La philosophie de l'éducation
de Brigham Young était
pratique et pragmatique, mais il n'était pas opposé,
comme on l'a parfois cru, à une éducation libérale ;
il estimait tout simplement qu’on y tenait trop dans
l'environnement éducatif de son époque (Bennion, p.
107). « L’éducation va-t-elle vous nourrir et
vous vêtir, vous garder au chaud par une froide journée
ou vous permettre de construire une maison ? Pas du tout.
Faut-il pour autant discréditer l’éduction ?
Non. À quoi sert-elle ? À nous cultiver, à
nous instruire de tous les arts et sciences, de l'histoire du monde,
des lois des nations, à nous permettre de comprendre les lois
et les principes de la vie et la façon dont nous pouvons être
utiles de notre vivant » (JD 14:83). Il croyait que « tous
les arts et toutes les sciences connus et étudiés par
les enfants des hommes sont inclus dans l'Évangile »
(JD 12:257).
La philosophie du président
Young en matière
d’éducation fut renforcée par Karl G. Maeser, un
pédagogue allemand qui devint membre de l'Église et
émigra en 1860 à Salt Lake City. En 1876, Brigham Young
nomma Maeser directeur de l'Académie Brigham Young à
Provo (voir Académies). « C’est cet éducateur
allemand qui fut en grande partie à l’origine du
mouvement des académies et de la direction que prit la
politique de l'Église en matière d'éducation »
(Bennion, p. 117). Sa conception de l'éducation était
marquée par la conviction que « la connaissance
doit être soutenue par des qualités morales
correspondantes. La formation de la personnalité dépend
de la nature de la formation morale qui accompagne la progression
intellectuelle » (Maeser, p. 43). Pour lui, la religion
était « le principe fondamental de l'éducation »
et en était « le moteur le plus efficace »
(Maeser, p. 56). School and Fireside, (1898), son traité
influent et largement diffusé, mettait clairement en évidence
le fait que les fonctions essentielles de l'éducation étaient
de préparer les gens pour la vie pratique dans la famille et
dans le pays et de leur inculquer les principes fondamentaux du
développement spirituel.
Dans les premiers temps des
pionniers, la plupart des écoles
du Territoire de l'Utah étaient des écoles de l'Église
et la religion faisait partie intégrante du programme des
cours. Avec la diversification croissante de la population de l'Utah
et l'adoption de la Loi Edmunds-Tucker en 1887, qui eut pour effet
d'interdire l'enseignement de la religion dans les écoles
publiques, l'Église chercha d’autres moyens d'assurer un
enseignement spirituel pour ses jeunes. Entre 1890 et 1929, l'Église
parraina des cours spéciaux de religion organisés dans
les églises de quartier pour les enfants du premier au
neuvième degré dans un mouvement qui fut « le
premier effort des mormons pour compléter (mais pas pour
remplacer) l’éducation laïque » ;
ce fut « la première expérience de
l'Amérique pour assurer une formation religieuse distincte en
semaine pour les enfants de l'école publique »
(Quinn, p. 379).
Cette entreprise déboucha sur
le département
d’éducation de l'Église, qui se compose de
plusieurs niveaux. Il y a tout d'abord le séminaire, un
programme d'éducation religieuse quotidienne donné dans
un bâtiment construit près de l'école pour le
neuvième au douzième degré, qui prévoit
l'étude du Livre de Mormon, de l’Ancien Testament, du
Nouveau Testament et de Doctrine et Alliances/Histoire de l’Église.
Deuxièmement, des instituts de religion avoisinant les campus
desservent les étudiants inscrits dans les programmes
postsecondaires en proposant des cours de religion, habituellement
organisés deux fois par semaine pour convenir aux horaires de
l’université. En troisième lieu, l'Église
parraine quatre établissements d'enseignement supérieur :
l’université Brigham Young à Provo, Utah,
l’université Brigham Young-Hawaii à Laie, Hawaii,
le Ricks College à Rexburg, Idaho, et le LDS business College
à Salt Lake City. En outre, au Mexique et dans le Pacifique,
l'Église gère sept écoles primaires, treize
facultés universitaires et neuf écoles secondaires qui
assurent une formation tant laïque que religieuse.
En 1988-1989, le département
d’éducation de
l'Église couvrait 90 pays ou territoires et desservait environ
250 000 étudiants de séminaire, 124 500 étudiants
d’institut, 37 600 étudiants dans les universités
et les collèges de l'Église et 9 300 étudiants
dans d'autres écoles de l'Église. Le département
emploie plus de 4 100 employés à temps plein et à
temps partiel en plus des 15 000 membres qui sont appelés à
enseigner dans les programmes de séminaire et d'institut.
En somme, l'attitude de
l'Église vis-à-vis de
l’éducation est spéciale à plusieurs
égards. Tout d'abord, l'Église se distingue par le
degré auquel ses membres, les adultes aussi bien que les
enfants, participent aux nombreuses activités éducatives
de l'Église : « Notre peuple croit en
l'éducation : l’acquisition de connaissances et la
culture de l'esprit. L'Église elle-même est en fait une
institution éducative. Par tradition, nous sommes un peuple
épris d'éducation » (Widtsoe, 1944, p. 666).
Deuxièmement, elle considère l'éducation comme
une composante essentielle de la vie religieuse : « Toute
vie est centrée sur certaines idées fondamentales... Le
fait que [Dieu] a promis d’autres révélations est
pour moi une invitation à garder l’esprit ouvert et à
être prêt à suivre partout où ma recherche
de la vérité peut me conduire » (Brown,
1969, p. 11). En troisième lieu, elle entretient la conviction
profonde que la connaissance a une dimension éternelle parce
qu’elle fait avancer le libre arbitre et la progression de
l'homme ici-bas et dans le monde à venir : « La
science créatrice et la religion révélée
trouvent leur expression la plus complète et la plus vraie
dans un climat de liberté... N’ayez pas peur des idées
nouvelles, car elles sont comme un tremplin vers le progrès.
Vous devez, bien sûr, respecter les opinions des autres mais
n’ayez pas peur de marquer votre désaccord – si
vous êtes informé » (Brown, 1958, p. 2-3).
Quatrièmement, elle insiste sur le fait que l’instruction
laïque et l’instruction spirituelle ne s’opposent
pas mais s’accordent entre elles : les saints des derniers
jours ne mettent pas l'accent sur « l'éducation
spirituelle de l'homme au détriment de son éducation
intellectuelle et physique... Il ne s’agit pas d’estimer
moins l'éducation intellectuelle et physique, mais d’estimer
davantage l'éducation spirituelle » (Roberts, p.
122-123). « La connaissance profane doit être
désirée » comme un outil entre les mains des
justes, mais « la connaissance spirituelle est une
nécessité » (S. Kimball, Faith Precedes the
Miracle, p. 280).
Bibliographie
Bennion ; Milton Lynn.
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Brown, Hugh B. “An
Eternal Quest – Freedom of the Mind”. BYU Speeches of the
Year, 13 mai 1969.
Brown, Hugh B. “What Is Man and
What He
May Become”, BYU Speeches of the Year, 25 mars 1958.
Clark,
J. Reuben, Jr. “The Charted Course of the Church in Education”.
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Clark, Marden J. « On the
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Commitment to Education. Dialogue 7, hiver 1972, p. 11-19.
Gardner,
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Century Address”. BYU Studies, été 1976, p.
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Maeser, Karl G. School and
Fireside. Utah, 1898.
Nibley,
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Quinn, D.
Michael. « Utah’s Educational Innovation : LDS
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Rich, Wendell O. Distinctive
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the Restoration, p. 7-34, 161-188. Salt Lake City, 1962.
Roberts,
B. H. « The Mormon Point of View in Education ».
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Salisbury, H. S. “History
of Education in the Church of Jesus Christ of Latter Day Saints”.
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Widtsoe, John A. “The Returning
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Young Brigham,
Discourses of Brigham Young, comp. John A. Widtsoe, p. 245-263. Salt
Lake City, 1968.
DAVID P. GARDNER
Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours
Auteur :
PORTER, BRUCE DOUGLAS
Église de
Jésus-Christ
des saints des derniers jours est le nom officiel de l’Église
fondée, le 6 avril 1830, à Fayette (New York), sous la
direction du prophète Joseph Smith. On l’appelle
communément Église mormone à cause de sa
croyance au Livre de Mormon et les membres sont souvent appelés
mormons ou saints des derniers jours. Créée
officiellement, à l’origine, avec six membres, l’Église
a grandi pour devenir une organisation internationale qui compte des
millions de membres dans beaucoup de pays du monde.
De
1830 à 1838, les membres de l’Église l’appelaient
« Église des saints des derniers jours »
ou « Église du Christ ». Le 26 avril
1838, le titre officiel de l’Église a été
donné par révélation : « Car
c’est là le nom que portera mon Église dans les
derniers jours, c’est-à-dire l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours » (D&A
115:4).
Chaque
partie de ce nom est importante. « Église de
Jésus-Christ » indique que Jésus-Christ se
tient à la tête de l’Église et que son
Évangile, ses enseignements et son autorité divine
constituent les fondements de l’Église. Le terme
« saints » a le même sens que le mot
utilisé dans le Nouveau Testament pour désigner un
membre du groupe de l’alliance (Ac. 9:13, 32, 41 ; Ro.
1:7 ; Phil. 1:1 ; voir saints des derniers jours). Il n’a
rien à voir avec le sens que lui donnent les traditions
catholique ou orthodoxe. Le terme « des derniers jours »
indique que l’Église a été rétablie
dans la dernière ère de l’histoire humaine
précédant l’avènement du Christ et
distingue également l’Église actuelle de
l’organisation « des premiers jours »
fondée par le Christ pendant son ministère terrestre en
Palestine. L’Église de Jésus-Christ des saints
des derniers jours est un rétablissement divin de l’Église
originelle de Jésus-Christ et la gardienne désignée
de sa doctrine, de son autorité et de sa mission divine (voir
Organisation : Organisation contemporaine).
L’Église
est le royaume de Dieu sur la terre, une institution divinement créée
par laquelle Dieu accomplit ses buts concernant le salut de ses
enfants. Pour le président Spencer W. Kimball, l’Église
a trois objectifs principaux pour aider les gens à aller au
Christ, des objectifs parfois appelés sa triple mission. La
première est de proclamer l’Évangile à
toute l’humanité. L’Église le fait grâce
à une grande armée de missionnaires, ainsi que par les
efforts de ses membres. La deuxième est de perfectionner les
saints, ce qui veut dire leur enseigner l’Évangile du
Christ, administrer les ordonnances essentielles du salut et les
aider dans un processus de repentir, de service et de préparation
pour la vie éternelle, qui durera toute une vie. La troisième
mission de l’Église est de racheter les morts,
permettant à des générations de défunts,
qui n’ont eu aucune occasion d’accepter l’Évangile
dans la condition mortelle, de recevoir les vérités et
les ordonnances du salut. Cette œuvre se fait grâce à
des ordonnances accomplies par procuration dans les temples de
l’Église. Pour ce faire, l’Église invite
ses membres à faire leur histoire familiale. Plus tard, les
présidents de l’Église pourront modifier ces
missions ou y ajouter selon les directives ou l’inspiration du
Seigneur.
L’Église
est également une société de croyants qui crée
un cadre permettant un effort coopératif, un soutien mutuel et
une aide temporelle quand c’est nécessaire. Les liens de
l’amour entre les saints sont une condition essentielle à
l’accomplissement des buts de l’Église et sont
identifiés dans les Écritures comme étant un
signe de la véritable Église de Dieu (Jn. 13:35 ;
voir Signes de la véritable Église). Les saints des
derniers jours se considèrent comme le « peuple de
l’alliance » du Seigneur, héritiers de
l’alliance antique entre Dieu et Abraham et, par naissance ou
adoption, membres de la maison d’Israël. L’Église
est l’instrument par lequel Dieu rassemble les tribus
dispersées d’Israël dans les derniers jours selon
ses promesses à Abraham et à d’autres prophètes
bibliques.
L’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours se distingue de
plusieurs manières fondamentales des autres Églises
chrétiennes. La plupart de ces différences proviennent
de la croyance essentielle de l’Église en la révélation
continue. Ainsi, les saints des derniers jours acceptent la sainte
Bible comme étant la parole de Dieu et ils acceptent aussi le
Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix
comme Écritures et comme ouvrages canoniques. Ils acceptent
l’appel des prophètes et des apôtres modernes, en
de Joseph Smith à nos jours. La doctrine des saints concernant
la nature de la Divinité, le plan du salut, la réalité
de l’autorité dans la prêtrise et l’interprétation
des prophéties scripturaires diffère également à
divers égards de celle des branches catholique, orthodoxe ou
protestante du christianisme. Les saints des derniers jours mettent
l’accent sur la liberté et la tolérance
religieuses. L’Église ne participe pas aux activités
œcuméniques officielles ; elle tient cependant à
coopérer avec d’autres organismes religieux, civils et
éducatifs à l’avancement d’objectifs
éthiques et sociaux communs (voir Relations
interconfessionnelles).
L’Église
est gouvernée par l’autorité de la prêtrise.
Le terme « prêtrise », chez les saints
des derniers jours, désigne non seulement l’ensemble des
hommes qui détiennent des postes ecclésiastiques dans
l’Église, mais également l’autorité
ou le pouvoir proprement dit qui leur a été donné
par ordination à la prêtrise. Il y a deux divisions dans
la prêtrise, une Prêtrise d’Aaron, et une prêtrise
supérieure ou Prêtrise de Melchisédek. Tous les
membres masculins dignes de l’Église à partir de
douze ans sont ordonnés à la prêtrise, détenant
normalement, de douze à dix-huit ans, des offices dans la
Prêtrise d’Aaron et ensuite des offices dans la Prêtrise
de Melchisédek. Les offices de la Prêtrise d’Aaron
sont : diacre, instructeur, prêtre et évêque.
Les offices de la Prêtrise de Melchisédek sont ancien,
grand prêtre, patriarche, soixante-dix et apôtre.
L’Église
se considère comme organisée selon le modèle de
base de l’Église du Christ du premier siècle et
conformément à une série de révélations
données à Joseph Smith (D&A 20 et 107 ; 6e A
de F). Les présidents successifs de l’Église ont
affiné l’organisation pour répondre aux besoins
et aux exigences d’une organisation internationale en expansion
mais n’ont pas changé la structure fondamentale de
l’Église telle qu’organisée à
l’origine. L’Église est sous la direction d’un
président, qui a généralement deux conseillers ;
à eux trois, ils constituent la Première Présidence
de l’Église.
Le
deuxième groupe dirigeant, le Collège des douze
apôtres, se compose de douze hommes appelés à
être les « témoins spéciaux du nom du
Christ dans le monde entier » (D&A 107:23). Le Collège
des Douze détient collectivement, de manière latente,
la même autorité de prêtrise que le président
de l’Église et, en cas de décès de
celui-ci, est le corps constitué qui gouverne l’Église
et installe un nouveau président. Les membres de la Première
Présidence et du Collège des douze apôtres sont
considérés et soutenus par la voix des saints des
derniers jours comme prophètes, voyants et révélateurs,
recevant la révélation directe de Jésus-Christ.
Ces frères sont aidés par les membres des collèges
des soixante-dix et par l’Épiscopat Président.
Les
collèges des soixante-dix, chacun composé d’un
nombre d’hommes pouvant aller jusqu’à
soixante-dix, ont la responsabilité spéciale de l’œuvre
missionnaire et dirigent également les activités de
l’Église dans des régions géographiques
sous la direction des Douze. L’Épiscopat Président
est responsable des affaires temporelles de l’Église,
notamment les finances, les registres et les bâtiments et de la
gestion du programme du service d’entraide de l’Église.
Tous ces hommes sont considérés par les saints des
derniers jours comme Autorités générales parce
que leur autorité s’étend sur l’Église
entière. Le siège social et les bureaux administratifs
centraux de l’Église sont situés à Salt
Lake City (Utah).
Le
président de l’Église reçoit la révélation
de Dieu qui a trait à toute l’Église, mais tous
les dirigeants et membres ont droit à l’inspiration dans
le domaine dont ils sont responsables et concernant leur vie
personnelle. Ce principe de la révélation contribue à
susciter l’unité et un but commun dans l’Église
et en fait comme un organisme vivant, le « corps du
Christ » (1 Co. 12:12-28 ; Col. 1:18).
Les
Autorités générales président l’Église
dans le monde entier, supervisant ceux qui administrent les unités
géographiques appelées paroisses, pieux, régions
et interrégions. Un pieu est un groupe de paroisses, une
région est un groupe de pieux et une interrégion est un
groupe de régions. Une paroisse est une assemblée de
saints comptant habituellement de deux cents à six cents
membres. Les paroisses sont habituellement organisées selon
des frontières géographiques et tous les membres vivant
dans ces limites appartiennent à la même paroisse. Une
paroisse est dirigée par un évêque qui remplit
habituellement cette fonction pendant cinq ans environ et est appelé
d’entre les membres de l’assemblée ; sous la
direction de l’évêque, les offices dans la
paroisse sont normalement confiés aux membres de celle-ci. Un
ensemble de paroisses, habituellement pas plus de dix, constitue un
pieu, dirigé par un président de pieu, également
appelé d’entre les membres du pieu. Le terme « pieu »
a été donné par révélation (D&A
101:21) et est lié à la terminologie de l’Ancien
Testament désignant Sion comme une grande tente maintenue par
des cordes et des pieux ou des piquets (És. 33:20 ;
54:2). Dans les régions où la population de l’Église
est trop petite pour que des paroisses et des pieux soient organisés,
elle est administrée par des missions, des districts et des
branches. Bien que la fonction principale des missions soit de
proclamer l’Évangile, dans certaines régions du
monde, elles administrent également de plus petites unités
de l’Église appelées districts, qui se composent
de branches habituellement constituées de moins de deux cents
membres. Il peut également y avoir des branches dans les pieux
si les unités sont trop petites pour constituer une paroisse.
Dans
les paroisses et les branches de l’Église, il y a des
organisations auxiliaires spécialisées dont le but est
de répondre aux besoins spécifiques des groupes au sein
de l’Église. Elles fournissent un appui important aux
collèges de la prêtrise. La plus grande d’entre
elles est la Société de secours, l’organisation
des femmes créée en 1842 sous la direction du prophète
Joseph Smith. Elle assure l’enrichissement culturel, social et
spirituel des femmes de l’Église et rend également
des services compatissants aux familles dans le besoin, d’où
le nom Société de secours.
Les
autres auxiliaires de l’Église sont la Primaire,
responsable de l’enseignement des enfants de moins de douze
ans, l’organisation des Jeunes Gens, pour les garçons de
douze à dix-huit ans, l’organisation des Jeunes Filles
pour les filles du même groupe d’âge et
l’organisation de l’École du Dimanche, qui gère
l’enseignement dominical de la doctrine de l’Évangile
aux jeunes et aux adultes.
Les
officiers et les instructeurs locaux de l’Église ne
reçoivent aucune rémunération. Aucune formation
officielle n’est exigée pour détenir des postes
dans l’Église et il n’y a aucune espèce de
carrière sacerdotale (voir Participation et direction
laïques). Une personne reçoit un appel, une invitation
officielle, à remplir un poste déterminé par les
autorités de l’Église responsables de l’unité
de l’Église concernée ; ces appels se font
sous l’inspiration divine.
Des
offices religieux réguliers ont lieu dans chaque paroisse. Les
membres de la paroisse se réunissent chaque dimanche pour un
service général de culte appelé réunion
de Sainte-Cène. La Sainte-Cène est bénie et
distribuée, les affaires de paroisse sont traitées, on
chante des cantiques et des membres de l’assemblée font
des discours inspirants sur des sujets d’Évangile. Les
membres se réunissent aussi chaque dimanche en groupes plus
restreints de prêtrise ou d’organisations auxiliaires. En
tout, les réunions officielles du dimanche peuvent durer
jusqu’à trois heures. Les communautés de saints
des derniers jours participent à tout un mode de vie et une
famille typique est susceptible de passer plusieurs heures chaque
semaine à des activités, des réunions et du
service en rapport avec l’Église (voir Réunions
principales de l’Église). Les conférences
régulières de paroisse, de pieu, de région,
d’interrégion et générales assurent la
continuité et l’intégration dans l’ensemble
de la communauté de l’Église.
Les
saints des derniers jours considèrent la famille comme l’unité
de base de l’Église et de la société et
mettent l’accent sur la sainteté du mariage et
l’importance des liens familiaux. Les mormons croient que le
mariage et les relations familiales peuvent continuer au-delà
de cette vie dans les éternités, que les hommes et les
femmes sont égaux aux yeux de Dieu et que les bénédictions
de l’Évangile tournent autour de la famille.
Dans
le passé, les observateurs ont pu considérer l’Église
comme étant essentiellement un phénomène propre
à l’Ouest des États-Unis ou du moins comme une
église américaine. Cependant, en 1990, presque quarante
pour cent des membres vivaient en dehors des États-Unis. La
croissance internationale de l’Église a été
rapide depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale,
particulièrement en Amérique latine, dans le Pacifique
sud, en Australie et dans des régions de l’Asie et de
l’Afrique. Cette croissance a sans doute été le
plus grand défi que l’Église a dû relever
ces dernières décennies. À la fin de 1990,
presque 50.000 membres faisaient une mission d’un à
trois ans, la majorité d’entre eux en dehors des
États-Unis. Ce corps de missionnaires, devenu expert dans
beaucoup de langues, donne une dimension cosmopolite à
l’Église contemporaine.
Parlant
au prophète Joseph Smith, le Seigneur a décrit l’Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours comme « la
seule Église vraie et vivante sur toute la surface de la terre
et en laquelle moi, le Seigneur, je me complais » (D&A
1:30).
BRUCE DOUGLAS
PORTER
Église
et État
Auteur :
Durham, W. Cole
Les saints des derniers jours croient
que la séparation de l'Église et de l'État est
essentielle dans les sociétés modernes avant l’arrivée
du millénium. Les Écritures modernes enseignent que les
lois civiles ne doivent pas s’ingérer dans les pratiques
religieuses et que les institutions religieuses ne doivent pas
manipuler les gouvernements à leur profit. De nombreux
enseignements chez les saints mettent l'accent sur le rôle des
gouvernements dans la protection de la liberté de conscience
individuelle. L'Église est active dans des pays ayant
différents types de gouvernement et encourage ses membres à
participer à la vie publique et à respecter les lois du
pays (voir Devoirs civiques). Les pratiques des saints avaient
tendance à être plus intégrationnistes et plus
théocratiques dans les premiers temps d’isolation en
Utah et sont devenues plus séparatistes au vingtième
siècle.
Le discours au
sein de l'Église sur les questions
relatives à l'Église et l'État se situe au moins
à deux niveaux : (1) dans les discussions sur les
relations Église-État historiques et contemporaines et
(2) dans les discussions sur les paramètres idéaux,
tels qu'ils existeront au millénium, quand « le
Christ régnera personnellement sur la terre » (10e
art. de foi) ou dans le Royaume céleste.
Les principes
du libre arbitre et de la liberté de
conscience, qui sont fondamentaux dans la relation Église-État,
s’appliquent aux deux plans du discours. Cependant, les
implications institutionnelles de ces principes sont différentes
dans les deux contextes. Dans le monde actuel, où les croyants
sont soumis aux imperfections du gouvernement humain, la séparation
de l'Église et de l'État est indispensable à la
protection de la liberté religieuse. En revanche, sur le plan
idéal, les saints des derniers jours s’attendent à
des institutions théocratiques plus intégrées ou
à ce que Joseph Smith a appelé des institutions
« théodémocratiques » (T & S
5, 15 avril 1844, p. 510), tant à cause de la légitimité
inhérente du règne divin que parce que ceux qui
participeront aux sociétés millénaires ou
célestes accepteront volontiers ce genre de gouvernement.
Néanmoins, les prophètes mormons ont toujours enseigné
que même dans la société millénaire la
liberté de conscience sera respectée. Par exemple,
Brigham Young a déclaré : « Au cours du
Millénium les hommes auront droit à leur propre
croyance » (JD 12:274; cf. DS 3:63-64). L'Église ne
préconise pas la théocratie pour le monde
prémillénaire. Elle dit à ses membres d’être
« soumis aux pouvoirs qui existent jusqu'à ce que
règne celui dont c’est le droit de régner"
(D&A 58:22), c'est-à-dire, jusqu'à ce que le Christ
vienne.
Entre-temps,
plusieurs principes sont d'application. Comme nous
le disions plus haut, l'idée fondamentale est que les êtres
humains ont le libre arbitre et un certain nombre de droits humains
inhérents, notamment « la liberté de
conscience » (D&A 134:2). L'Église déclare :
« Nous croyons que la religion est instituée par
Dieu, et que les hommes sont responsables… devant lui seul, de
l'exercice de leur religion, à moins que leurs opinions
religieuses ne les portent à empiéter sur les droits et
les libertés d'autrui … que les magistrats civils
doivent réprimer le crime, mais ne doivent jamais contraindre
la conscience ; punir les délits, mais ne jamais
supprimer la liberté de l'âme » (D&A
134:4). Cette reconnaissance de la liberté de conscience
inclut une volonté de tolérance, comme le souligne le
onzième article de foi de l'Église : « Nous
affirmons avoir le droit d'adorer le Dieu Tout-Puissant selon les
inspirations de notre conscience et reconnaissons le même droit
à tous les hommes: qu'ils adorent comme ils veulent, où
ils veulent ou ce qu'ils veulent. »
Un corollaire
de la liberté de conscience, c'est que les
lois humaines n'ont pas le droit « de s'immiscer en
prescrivant des règles de culte pour enchaîner la
conscience des hommes, ni de dicter des formes de dévotion
publique ou privée » (D&A 134:4). Ce principe
de non-ingérence de l'État dans les affaires
religieuses implique qu’il proscrit non seulement toute
atteinte à la pratique individuelle, mais aussi toute atteinte
à l'autonomie de l'Église en tant qu’institution
poursuivant sa mission religieuse. La position de l'Église à
cet égard a reçu l’aval de la Cour suprême
des États-Unis dans Corporation de l'évêque
président de l'Église de Jésus-Christ des Saints
des Derniers Jours et al. c. Amos et al. (483 US 327, 1987) et est
conforme à la conception internationale de la liberté
religieuse (par exemple, le Principe 16 du Document de clôture
de la réunion de Vienne de la Conférence sur la
sécurité et la coopération en Europe, 1989).
Conformément à cette position, l'Église croit
qu’elle doit conserver une indépendance stricte pour
elle-même et pour les institutions qui lui sont affiliées,
comme les écoles et les universités gérées
par elle, et par conséquent n'accepte aucune aide ou
subvention directe provenant de sources gouvernementales à
cause de l'ingérence réelle ou potentielle dans la
gestion que cela pourrait entraîner.
L'Église tient
également à la séparation
de l'Église et de l'État du point de vue religieux.
«Nous ne croyons pas qu'il soit juste de mêler
l'influence religieuse au gouvernement civil, de sorte qu'une
organisation religieuse est favorisée et qu'une autre se voit
entravée dans ses droits spirituels et que ses membres se
voient dénier personnellement leurs droits de citoyens. »
(D&A 134:9). Cela ne signifie pas que l'Église ne peut pas
prendre position sur des questions morales ou autres lorsqu’elle
est motivée religieusement à le faire ou que des
valeurs religieuses risquent d’être mises à
l’écart de la vie publique ; cela ne signifie pas
non plus que l'Église ne peut pas avoir une influence
indirecte sur l'État suite aux efforts qu’elle fait pour
enseigner des principes religieux et pour apporter une contribution
positive dans la vie de ses membres. Ce que cela veut dire, c’est
qu'il ne convient pas qu’une organisation religieuse manipule
les rouages du pouvoir civil pour s’assurer des avantages pour
elle-même ou des inconvénients pour les autres.
L'Église ne se
considère pas comme une
organisation de ce monde. Elle utilise les structures juridiques,
telles que les sociétés ou autres organisations qui
sont à sa disposition dans divers pays pour régler ses
affaires temporelles et elle se conforme à toutes les
exigences légales que cela implique, mais son autorité
spirituelle ne dépend d’aucune institution profane. Les
saints des derniers jours croient que leur Église est établie
et guidée par Dieu par l’intermédiaire d’un
prophète et d’apôtres qui détiennent les
clés et l'autorité de la prêtrise requises pour
enseigner les vérités de l'Évangile et pour
officier dans les ordonnances nécessaires au salut et à
l'exaltation.
L'Église
enseigne l'importance du gouvernement et
encourage ses membres à respecter la loi du pays où ils
vivent. Les lois et les gouvernements humains sont certes imparfaits,
mais ils jouent un rôle important en ce qu’ils préservent
l’ordre et qu’ils assurent un contexte stable au sein
duquel les individus peuvent chercher la vérité et
s'efforcer de vivre selon ce que leur dicte leur conscience. Les
autorités gouvernementales sont responsables devant Dieu «de
leurs actes… tant pour la promulgation de lois que pour leur
application pour le bien et la sécurité de la société »
(D&A 134:1; cf. 124:49-50).
L’application
dans l'histoire des principes qui précèdent
a connu plusieurs phases. Dans la phase la plus ancienne, l'Église
était essentiellement un petit groupe religieux persécuté
cherchant la liberté religieuse et un endroit pour
s'installer, tout d'abord dans l'ouest de l’état de New
York, puis en Ohio, au Missouri et en Illinois. Pendant une grande
partie de cette période, l'Église s'est fortement
appuyée sur sa propre organisation pour gérer sa
structure sociale. La Charte de Nauvoo a permis certains
chevauchements entre l’Église et l’État.
Vers la fin de la période de Nauvoo, Joseph Smith organisa le
Conseil des cinquante, qui devait fournir un cadre potentiel au sein
duquel le règne millénaire de Christ pourrait être
organisé.
Pendant
l'exode de Nauvoo jusqu’au Grand Bassin, qui eut
lieu au milieu du XIXe siècle, l’organisation sociale,
politique et économique fut gérée par l'Église,
puisqu’il n’existait aucune autre organisation efficace.
Les dirigeants de l'Église travaillèrent à la
création d’institutions gouvernementales distinctes,
d'abord sous la forme d'un État de Deseret, puis dans le
Territoire d'Utah et à la poursuite des efforts pour que
l'Utah obtienne le statut d’État. Cependant, durant une
grande partie du XIXe siècle, le gouvernement fédéral
en particulier se révéla être une force hostile
plutôt qu'une force neutre dans la collectivité. Cela
renforça la tendance dans l'Église à gérer
la société par ses propres moyens. Le rêve
d’édifier Sion contribua aussi à la tendance à
passer par l'Église.
Lorsque le
manifeste mit officiellement fin au mariage plural en
1890 et que l’Utah fut devenu un État en 1896, les
tensions entre l'Église et les institutions de l'État
se tassèrent progressivement et la confiance réciproque
grandit. C’est pourquoi, au cours du XXe siècle,
l'Église a poursuivi plus systématiquement une
politique de séparation et a été libre de mettre
l’accent sur sa mission essentiellement spirituelle. Elle
existe maintenant dans plus de cent pays et cette
internationalisation a encore renforcé l'idée que la
mission essentielle de l'Église peut s’accomplir dans un
large éventail de systèmes juridiques et politiques
tant qu'il y a une séparation suffisante de l'Église et
de l'État pour protéger efficacement la liberté
religieuse. Les enseignements de l'Église renforcent chez ses
membres une constellation de valeurs que la plupart des gouvernements
considèrent comme bienvenues : la stabilité
familiale, l’honnêteté, le travail, le refus de la
drogue, la loyauté envers le pays et l'obéissance à
la loi. Il en résulte que, si l'Église contribue au
pluralisme religieux partout où elle se trouve, elle contribue
simultanément à la stabilité sociale et à
l'amélioration de diverses sociétés. [Voir aussi
Devoirs civiques ; Lois constitutionnelles ; Histoire
juridique et judiciaire de l'Eglise ; Politique : histoire
politique ; Politique : enseignements politiques.]
Bibliographie
Firmage, Edwin
Brown et Richard Collin
Mangrum. Zion in the Courts: A Legal History of the Church of Jesus
Christ of Latter-day Saints, 1830 -1900. Urbana, Ill., 1988.
Jensen,
Therald N. "Mormon Theory of Church and State." thèse
de doctorat, Université de Chicago, 1938.
Mangrum,
Richard
Collin. "Mormonism, Philosophical Liberalism, and the
Constitution." BYU Studies 27, été 1987, p.
119-137.
Melville, J.
Keith. "Theory and Practice of Church
and State During the Brigham Young Era." BYU Studies 3, automne
1960, p. 33-55.
Taylor, John.
The Government of God. Liverpool,
1852.
W. COLE DURHAM,
JR.
Élie
[À
cause du rôle qu’il doit jouer selon la prophétie
(Mal. 4:5-6), Élie est devenu un sujet de traditions et de
légendes comme l’explique l’article Élie :
Sources antiques. De plus, comme l’exprimé l’article
Élie : Sources de l’Église, les
enseignements modernes éclairent le rôle actuel d’Élie
aussi bien que l’accomplissement de l’attente prophétique
qui lui est associée.]
Élie :
Sources de l’Église
Auteur :
DAY, FRANKLIN D.
Lors
d’une manifestation divine accordée le soir du 21
septembre 1823 au jeune Joseph Smith, l’ange Moroni cita
Malachie 4:5-6, une prophétie qui concerne les activités
d’Élie dans les derniers jours. La version de Moroni,
qui diffère du texte biblique actuel, décrit et
éclaircit le rôle prophétisé d’Élie :
« Voici,
je vous révélerai la Prêtrise par la main d'Élie,
le prophète, avant que le jour de l'Éternel arrive, ce
jour grand et redoutable. Et il implantera dans le cœur des
enfants les promesses faites aux pères, et le cœur des
enfants se tournera vers leurs pères ; s'il n'en était
pas ainsi, la terre serait entièrement dévastée
à sa venue » [JS–H 1:38-39 ; D&A 2].
La
prophétie de Malachie prévoyait qu’Élie
jouerait un rôle important « avant que le jour de
l'Éternel arrive, ce jour grand et redoutable »
(Mal. 4:5). Élie était doté du pouvoir de la
prêtrise de Dieu. Avec ce pouvoir, il déclara au roi
Achab qu’aucune pluie ne tomberait sur la terre (1 R. 17:1). En
conséquence, les cieux furent scellés et l’Israël
antique connut, pendant trois ans et demi, une période de
sécheresse désastreuse. Quand Élie fut enlevé
au ciel sur un char de feu, sa mission terrestre semblait terminée.
Mais le pouvoir de scellement qu’il exerçait ne faisait
que marquer le commencement de sa responsabilité concernant ce
pouvoir éternel de la prêtrise.
À
la fin de sa vie terrestre, Élie fut enlevé,
c’est-à-dire qu’il connut une sorte de changement
par rapport à la condition mortelle sans passer par la mort
(voir Êtres enlevés). Les saints des derniers jours
concluent qu’une raison importante de l’enlèvement
d’Élie était de lui permettre de revenir sur
terre pour conférer des clefs d’autorité aux
trois principaux apôtres avant la crucifixion et la
résurrection de Jésus (voir Montagne de la
Transfiguration). Puisque les esprits ne peuvent pas imposer les
mains aux mortels (D&A 129) et puisque Moïse et Élie
ne pouvaient pas revenir comme êtres ressuscités parce
que Jésus devait être le premier à ressusciter
(Packer, p. 109 ; cf. EPJS, p. 153), la nécessité
de l’enlèvement d’Élie et de Moïse est
évidente. Sur la montagne de la Transfiguration (Mt. 17:1-9),
Élie rétablit spécifiquement les clefs de
prêtrise du scellement, le pouvoir qui lie et valide dans les
cieux toutes les ordonnances accomplies sur la terre (cf. EPJS, p.
273).
Le
3 avril 1836, dans une vision donnée à Joseph Smith et
à Oliver Cowdery dans le temple récemment terminé
de Kirtland, Élie apparut et annonça que le moment
était venu où la prophétie de Malachie devait
s’accomplir. Il conféra les clefs de scellement de la
prêtrise à Joseph Smith et à Oliver Cowdery (D&A
110:13-16). Ce rétablissement était nécessaire
pour que les ordonnances de scellement et les alliances de Dieu
puissent être administrées en justice sur la terre (DS
2:116). Joseph Smith expliqua :
« L’esprit,
le pouvoir et l’appel d’Élie c’est que vous
avez le pouvoir de détenir les clefs des révélations,
des ordonnances, des oracles, des pouvoirs et des dotations de la
plénitude de la Prêtrise de Melchisédek et du
royaume de Dieu sur la terre et de recevoir, d’obtenir et
d’accomplir toutes les ordonnances appartenant au royaume de
Dieu… Ce que vous scellez sur la terre, par les clefs d’Élie,
est scellé au ciel ; et c’est là le pouvoir
d’Élie » [EPJS, p. 273].
Par
le pouvoir de scellement de la prêtrise, hommes et femmes
peuvent être scellés l’un à l’autre
dans le mariage pour toute l’éternité dans un des
temples de Dieu. En outre, les enfants peuvent être scellés
pour toujours à leurs parents. Ainsi l’organisation
familiale continue éternellement (Sperry, p. 139).
Parce
que beaucoup sont morts sans la connaissance des principes de
l’Évangile ni l’occasion de recevoir les
ordonnances de la prêtrise, la mission moderne d’Élie
permet de faire accomplir ces ordonnances de scellement par
procuration sur la terre pour ceux qui sont morts, donnant ainsi à
tous la possibilité d’être sauvés (cf. DS
2:117-118). Le prophète Joseph Smith a proposé
l’explication suivante :
« L’esprit
d’Élie doit venir, l’Évangile doit être
rétabli… et les saints monter comme sauveurs sur le
mont de Sion. Mais comment vont-ils devenir sauveurs sur le mont de
Sion ? En construisant leurs temples, en érigeant leurs
fonts baptismaux et en s’avançant et en recevant toutes
les ordonnances, les baptêmes, les confirmations, les
ablutions, les onctions, les ordinations et les pouvoirs de
scellement sur leur tête en faveur de tous leurs ancêtres
qui sont morts, et en les rachetant… et c’est en cela
que se trouve la chaîne qui lie le cœur des pères
aux enfants et les enfants aux pères, ce qui accomplit la
mission d’Élie » [EPJS, p. 267].
Quand
ils parlent de l’esprit d’Élie (voir Élie,
Esprit d’), les saints des derniers jours veulent dire au moins
deux choses. D’abord, la promesse du salut faite aux pères
a été renouvelée à l’Église
moderne (JS–H 1:38-39 ; D&A 27:9-10). En second lieu,
le cœur des hommes et des femmes s’est considérablement
tourné vers leurs pères comme le prouve l’augmentation
spectaculaire du nombre de sociétés et de bibliothèques
généalogiques, ainsi que d’organisations de
recherche généalogique ou d’histoire familiale
diverses dans une grande partie du monde. L’esprit d’Élie
a motivé des milliers de personnes à faire des
investissements considérables en argent et en temps pour
découvrir les documents des ancêtres de leur famille et
pour réunir ces documents pour former une histoire familiale
(DS 2:122-126 ; voir Généalogie, Histoire
familiale). En plus des nombreux centres d’histoire familiale,
l’Église a construit beaucoup de temples où les
ordonnances salvatrices sacrées de la prêtrise peuvent
être accomplies pour les vivants et les morts (voir Salut des
morts).
Bibliographie
Packer, Boyd K.
Le Temple sacré.
Salt Lake City, 1980.
Smith, Joseph
Fielding. DS 2:100-128. Salt
Lake City, 1955.
Sperry, Sidney
B. The Spirit of the Old
Testament. Salt Lake City, 1970.
Widtsoe, John
A. "Elijah,
The Tishbite." Utah Genealogical and Historical Magazine 27,
avril 1936, p. 53-60.
FRANKLIN D.
DAY
Élie :
Sources antiques
Auteur :
WERBLOWSKY, R.J. ZVI
Élie,
dans la tradition juive, était un prophète israélite
qui était actif dans le royaume du nord pendant les règnes
du roi Achab (et sa femme Jézabel) et du roi Achazia (IXe s.
av. J.-C.). Son nom est peut-être un surnom : Eli-yahu
(YHWH, ou Jéhovah, est Dieu), exprimant sa mission première
comme prophète : le culte exclusif et pur de YHWH et
l’opposition intransigeante au culte cananéen païen
de Baal. Ses activités sont décrites dans 1 Rois 17-2
Rois 2, et expliquent qu’il soit devenu dans la tradition juive
le symbole du zèle religieux intransigeant. Ce dernier connut
son point culminant dramatique dans son affrontement sur le mont
Carmel avec les prêtres de Baal après une longue période
de sécheresse dont Élie avait prophétisé
qu’elle viendrait comme châtiment pour le culte idolâtre
de Baal. (L’ordre monastique catholique des Carmélites,
prenant pour modèle la vie ascétique d’Élie
dans le désert, le considère comme son père
spirituel.) Contrairement aux prophètes « littéraires »
ultérieurs, Élie est également décrit
comme faiseur de miracles, mais il a en commun avec eux la forte
insistance sur la justice sociale, comme le prouve son autre grand
différend avec le roi et la reine à propos de la vigne
de Naboth (1 R. 21) que le couple royal convoitait.
Selon
le récit biblique, Élie ne connut pas une mort
ordinaire mais fut enlevé au ciel dans un tourbillon par un
char de feu tiré par des chevaux de feu. Par conséquent,
à la différence des autres prophètes, un grand
nombre de légendes et de croyances sont apparues à son
sujet. On dit qu’il revient fréquemment sur terre,
habituellement déguisé en paysan, en mendiant ou même
en païen incognito pour aider ceux qui sont dans la détresse
ou en danger, disparaissant aussi soudainement qu’il est
apparu. On dispose une chaise et on verse une coupe de vin pour Élie
à chaque célébration de la pâque. On croit
aussi qu’il est présent à chaque cérémonie
de circoncision et une chaise spéciale (« la chaise
d’Élie ») pour sa présence invisible
est placée à côté de celle du parrain qui
tient le bébé masculin. Cette croyance particulière
peut être due à deux facteurs : le statut angélique
d’Élie (puisqu’il est monté au ciel) et le
fait que le prophète Malachie l’appelle « le
messager de l’alliance » (Mal. 3:1). Dans l’usage
juif, le terme berith (« alliance ») signifie
plus spécifiquement « l’alliance de la
circoncision » (cf. Ge. 17:9-10). Élie joue
également un rôle important dans le mysticisme juif où
il apparaît comme messager céleste révélant
des mystères divins.
Mais
il y a quelque chose de plus important que tous les autres aspects,
c’est le rôle eschatologique d’Élie dans la
tradition juive. Comment et pourquoi ce rôle s’est
développé, c’est quelque chose de difficile à
reconstituer, mais dès le temps de Malachie, l’un des
derniers prophètes de l’Ancien Testament, certaines de
ces croyances semblent avoir déjà existé :
« Voici, je vous enverrai Élie, le prophète,
avant que le jour de l’Éternel arrive, ce jour grand et
redoutable » (Mal. 4:5). Élie a graduellement
assumé le rôle de précurseur du Messie et de
messager annonçant sa venue. Certains des contemporains de
Jésus (cf. Mt. 16:13-14) semblent avoir pensé qu’il
pouvait être Élie (Mt. 11:14 ; 17:10-13) d’une
manière qui suggère que Jean-Baptiste, comme précurseur
et héraut du Messie, était Élie, c’est-à-dire
qu’il s’acquittait de sa fonction eschatologique. Les
écrits apocryphes ultérieurs (par exemple, l’Apocalypse
d’Élie) rattachent à Élie les
« révélations » concernant les
dernières choses qu’ils rapportent. Des éléments
des traditions et des légendes juives sur Élie ont
également été adoptés et développés
de différentes manières par
l’islam.
Bibliographie
"Elijah."
Encyclopaedia Judaica, vol. 6. Jérusalem, 1972.
Il y a un
recueil pratique des sources juives post-bibliques dans Louis
Ginzberg, Legends of the Jews, vol. 6, 3ème réimpression.
Philadelphie, Pennsylvanie, 1967, p. 133-135 (sous
« Elijah »).
On peut trouver un très bon résumé dans M.J.
Stiassny, "Le Prophète Élie dans le Judaïsme",
dans Élie le Prophète, Études Carmélitaines,
vol. 2, 1956, p. 199-255.
Pour les
traditions islamiques, voir
« Ilyas » et « Al-Khadir »
dans Encyclopaedia of Islam.
R.J. ZVI
WERBLOWSKY
Élie,
Esprit d’
Auteur :
FINLAYSON, MARY
Pour
les membres de l'Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours, l'esprit d'Élie est l'esprit de la parenté
et de l'unité de la famille. C'est l'esprit qui motive le
souci de découvrir les membres de la famille ancestrale par
l’histoire familiale et d’accomplir en leur faveur des
baptêmes par procuration, des dotations au temple et des
ordonnances de scellement (HC 6:252). Ceci est considéré
comme l’accomplissement de la prophétie de Malachie que
dans les derniers jours Élie « ramènera le
cœur [en hébreu, la partie la plus intime, comme l’âme,
les affections] des pères à leurs enfants, et le cœur
des enfants à leurs pères » (Mal. 4:5-6).
L'apparition
d'Élie en 1836 au prophète Joseph Smith et à
Oliver Cowdery dans le temple de Kirtland a renouvelé cet
esprit (D&A 110:13). L'esprit d'Élie est actif dans
l'impulsion que l’on ressent à trouver et à
chérir les membres de la famille et les liens familiaux passés
et présents. Au sens global du terme, l'esprit d'Élie
est l'esprit d'amour qui pourra finalement vaincre toutes les
aliénations de la famille humaine. Alors le pouvoir de la
prêtrise pourra lier les générations entre elles
dans des relations familiales éternelles et « sceller
les enfants aux pères et les pères aux enfants »
dans l'Évangile de Jésus-Christ (WJS, P.
329).
Bibliographie
Smith, Joseph
Fielding. "Elijah
the Prophet and His Mission." Utah Genealogical and Historical
Magazine 12, janvier 1921, p. 1-20.
MARY FINLAYSON
Élohim
Auteur :
MESERVY, KEITH H.
Élohim
(Dieu ; dieux ;
Père céleste) est la forme plurielle du nom ‘eloah
(comparer avec l’arabe Allah) dans la bible hébraïque,
où elle est employée 2.570 fois par rapport à 57
fois pour le singulier. Mais comme un commentateur l’a noté,
la raison pour laquelle cette « forme plurielle pour
désigner Dieu est employée n’a pas encore été
expliquée d’une manière satisfaisante »
(Botterweck, vol. 1, p. 272).
UTILISATION
AU SINGULIER. Élohim apparaît dans la Bible hébraïque
comme nom commun identifiant le Dieu d’Israël : « Au
commencement, Dieu [elohim] créa [verbe singulier] les cieux
et la terre » (Ge. 1:1). Il était également
souvent employé parallèlement à Jéhovah,
nom propre du Dieu d’Israël : « Jacob
dit : Dieu [elohim] de mon père Abraham… Éternel
[Jéhovah] qui m’as dit : Retourne dans ton pays »
(Ge. 32:9 ; voir aussi Jéhovah, Jésus-Christ).
Les
saints des derniers jours emploient le nom Élohim dans un sens
plus restrictif comme nom propre et titre pour désigner le
Père céleste (voir le Dieu le Père). La Première
Présidence de l’Église a écrit :
« Dieu, le Père éternel, que nous désignons
sous le nom-titre exalté ‘Élohim’, est le
Père littéral de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ
et des esprits du genre humain » (MFP 5:26 ; voir
aussi les Exposés doctrinaux de la Première Présidence,
« Le Père et le Fils » dans les annexes
du vol. 4).
UTILISATION
AU PLURIEL. Les anciens Israélites utilisaient aussi élohim
comme forme plurielle pour désigner les dieux de nations
autres qu’Israël. En de telles occasions, les verbes et
les adjectifs utilisés avec ce nom étaient également
au pluriel. « Tu n’auras pas d’autres dieux
devant ma face » (Ex. 20:3 ; ici « autres »
est un adjectif au pluriel).
Il
arrive que les saints des derniers jours emploient Élohim dans
son sens pluriel comme nom commun désignant la pluralité
des dieux que l’on sait exister (EPJS, p. 300-303). Cependant,
en dépit de leur croyance qu’il existe beaucoup de
seigneurs et de dieux en plus d’Élohim, de Jéhovah
et du Saint-Esprit (D&A 121:28-32), ils suivent l’exemple
de Jésus et de Paul, qui adoraient leur Père céleste
(Mt. 19:17 ; 1 Co. 8:4-6).
Bibliographie
Botterweck,
G. Johannes, et Helmer Ringgren, dir. de publ. « Elohim ».
Dans Theological Dictionary of the Old Testament, éd. rév.,
vol. 1, p. 267-284. Grand Rapids, Mich., 1977.
KEITH H. MESERVY
Éphraïm
Auteur :
SMITH, BRIAN L.
Éphraïm était
le fils de
Joseph et d’Asenath et le frère cadet de Manassé
(Ge. 41:50-52). Selon la Bible, quand Joseph amena ses deux fils à
son père, Jacob, pour une bénédiction, Éphraïm
reçut la bénédiction du droit d’aînesse
au lieu de Manassé (Ge. 48:13-20), l’un des écarts
que l’on trouve dans la Bible par rapport à la coutume
d’accorder au fils aîné les droits spéciaux
qui lui revenaient par droit de primogéniture. Le Seigneur
continua à reconnaître la bénédiction
d’Éphraïm des siècles plus tard quand il
dit : « Je suis un père pour Israël, et
Éphraïm est mon premier-né » (Jé.
31:9 ; cf. 1 Ch. 5:1-2). Les descendants d’Éphraïm
continueront à exercer un rôle important. Le Livre de
Mormon rapporte que le Joseph d’autrefois « a obtenu
du Seigneur la promesse que, du fruit de ses reins, le Seigneur Dieu
susciterait une branche juste à la maison d'Israël, non
pas le Messie, mais une branche qui serait rompue pour être
néanmoins gardée en mémoire dans les alliances
du Seigneur » (2 Né 3:5). De plus, « un
voyant de choix » sortirait des descendants de Joseph,
voyant qui allait « accomplir, pour le fruit [des reins de
Joseph], ses frères, une œuvre qui aura une grande
valeur pour eux, à savoir, de les faire parvenir à la
connaissance des alliances que [le Seigneur a] faites avec tes
pères » (2 Né. 3:7). Beaucoup de saints
des derniers jours croient qu’ils sont de la branche d’Éphraïm
sur laquelle Joseph a prophétisé (2 Né.
3:5-16 ; D&A 133:30-34) et que le prophète Joseph
Smith est le « voyant de choix » (3 Né.
3:6).
En
raison de leur rébellion contre le Seigneur il y a de nombreux
siècles, les descendants d’Éphraïm ont été
dispersés parmi les nations des Gentils, avec des membres des
autres tribus, à partir de la chute du royaume d’Israël
v. 722 av. J.-C. (2 R. 17:5-6 ; voir aussi Israël :
Dispersion d’Israël ; Israël : Tribus
perdues d’Israël).
Dans
les derniers jours, les descendants d’Éphraïm ont
la bénédiction et la responsabilité de porter le
message du rétablissement de l’Évangile au monde
et de rassembler Israël dispersé (D&A 113:3-6).
« Nous croyons au rassemblement littéral d'Israël
et au rétablissement des dix tribus. Nous croyons que Sion (la
nouvelle Jérusalem) sera bâtie sur le continent
américain » (10e A de F ; cf. De. 4:27-31 ;
28 ; 29 ; 30 ; 3 Né. 20-21). Le 3 avril
1836, Moïse a remis les clefs du rassemblement d’Israël
au prophète Joseph Smith dans le temple de Kirtland (D&A
110:11). Beaucoup de descendants d’Éphraïm sont
rassemblés d’abord, parce qu’ils ont la
responsabilité de préparer la voie au rassemblement des
autres tribus (D&A 113). « Et ils [d’autres des
tribus d’Israël] apporteront leurs riches trésors
aux enfants d'Éphraïm, mes serviteurs… Et là,
ils tomberont et seront couronnés de gloire en Sion, par les
mains des serviteurs du Seigneur, c'est-à-dire les enfants
d'Éphraïm. Et ils seront remplis de cantiques de joie
éternelle » (D&A 133:30-33 ; voir aussi
Israël : Rassemblement d’Israël).
Un
des instruments qui seront utilisés dans le rassemblement est
le Livre de Mormon, également connu parmi des saints des
derniers jours comme étant le bois de Joseph ou bois d’Éphraïm
(Éz. 37:15-19 ; 2 Né. 3:12 ; D&A
27:5). Il doit jouer le rôle important de convaincre les
Lamanites, les Juifs et les Gentils que Jésus est le Messie et
que Dieu se souvient de son peuple de l’alliance (voir Livre de
Mormon : Page de titre du Livre de Mormon).
Pour
les saints des derniers jours, l’identification de la lignée
d’une personne dans l’Israël de l’alliance
moderne se fait sous les mains de patriarches inspirés lors de
bénédictions patriarcales qui déclarent le
lignage. John A. Widtsoe, un apôtre, a dit : « En
donnant une bénédiction, le patriarche peut déclarer
notre lignage, c’est-à-dire que nous sommes d’Israël,
donc de la famille d’Abraham et d’une tribu spécifique
de Jacob. Dans la grande majorité des cas, les saints des
derniers jours sont de la tribu d’Éphraïm, la tribu
à laquelle a été confiée la direction de
l’œuvre des derniers jours. Peu importe que ce lignage
soit par le sang ou par adoption » (p. 73 ; cf. Abr.
2:10).
Les
bénédictions patriarcales de la plupart des saints des
derniers jours disent qu’ils sont descendants littéraux
par le sang d’Abraham et d’Israël. Ceux qui ne sont
pas descendants littéraux sont adoptés dans la famille
d’Abraham quand ils reçoivent le baptême et la
confirmation (voir Loi de l’adoption). Ils ont alors tous les
droits des héritiers (EPJS, p. 117-119). Cette doctrine de
l’adoption était comprise des prophètes et des
apôtres d’autrefois (par exemple, Ro. 11 ; 1 Né.
10:14 ; Jcb. 5 ; cf. D&A
84:33-34).
Bibliographie
McConkie, Bruce
R. A New Witness
of the Articles of Faith, p. 541-575. Salt Lake City, 1985.
Smith,
Joseph Fielding. DS 3:219-235.
Widtsoe, John
A. Evidences and
Reconciliations, p. 72-77. Salt Lake City, 1943.
BRIAN L. SMITH
Épiscopat
Président
Auteur :
DYER, Wm. GIBB, Jr. et BURTON, H. DAVID
L’Épiscopat
Président se compose de trois hommes, l’évêque
président et ses deux conseillers, qui constituent l’un
des conseils présidents de l’Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Ces Autorités
générales, qui détiennent chacune le titre
d’évêque, remplissent leurs fonctions sous la
supervision directe de la Première Présidence. Depuis
sa formation, l’Épiscopat Président a été
responsable de beaucoup d’affaires temporelles de l’Église.
Parmi celles-ci, la responsabilité de recevoir, distribuer et
comptabiliser la dîme, les offrandes et les contributions des
membres ; la gestion des programmes pour aider les pauvres et
les nécessiteux ; la conception, la construction et
l’entretien des lieux de culte et l’apurement et le
transfert des certificats de membre (voir Évêque,
Histoire de l’office ; Contributions financières ;
Tenue des registres ; Entraide). Les hommes choisis pour être
évêques présidents ont été connus
pour leur compétence en matière de gestion ainsi que
pour leur engagement religieux. Historiquement, l’Épiscopat
Président a présidé la Prêtrise d’Aaron.
En tant qu’Autorités générales, les
membres de l’Épiscopat Président parlent
régulièrement aux conférences générales,
s’adressant souvent expressément aux jeunes hommes de
l’Église.
L’évêque
président est choisi par la Première Présidence
et puis approuvé par le Collège des douze apôtres.
Il choisit comme conseillers deux hommes qui sont également
approuvés par la Première Présidence et le
Collège des Douze. Tous sont ensuite soutenus par les membres
de l’Église. L’évêque président
et ses conseillers sont mis à part et investis par la Première
Présidence et reçoivent les clefs et l’autorité
de prêtrise pour agir dans leurs fonctions respectives. Au
début, les évêques présidents détenaient
leur office à vie, mais au XXe siècle ils ont été
relevés et remplacés selon que les circonstances et les
besoins de l’Église l’ont dicté.
Le
4 février 1831, le prophète Joseph Smith a appelé
Edward Partridge comme premier évêque de l’Église.
Celui-ci allait passer la majorité de son temps à gérer
la réception, la vérification et l’affectation
des biens consacrés et des dons reçus par l’Église
(voir Consécration : Loi de consécration ;
Dons de jeûne ; Dîme). Il devait prendre soin des
pauvres et des nécessiteux et stocker les produits
excédentaires pour les besoins futurs de l’Église.
Après l’appel de l’évêque Partridge,
il fut révélé à Joseph Smith que d’autres
évêques seraient choisis. Le 4 décembre 1831,
Newel K. Whitney fut également appelé, par révélation
(D&A 72:8), pour remplir les fonctions d’évêque.
Les deux évêques avaient une juridiction différente,
Whitney en Ohio et Partridge au Missouri. À Nauvoo, ils
avaient tous les deux une juridiction générale, mais
ils supervisaient également les dons et le soin des pauvres
dans une paroisse particulière de la ville. En 1847, Newel K.
Whitney fut désigné comme premier évêque
président.
Pendant
toute l’histoire de l’Église, la Première
Présidence a confié aux épiscopats présidents
des responsabilités étendues mais variables auprès
de la Prêtrise d’Aaron et des jeunes de l’Église.
En 1873, le président Brigham Young chargea l’Épiscopat
Président d’organiser dans la Prêtrise d’Aaron
des collèges complets de prêtres, d’instructeurs
et de diacres dans toute l’Église. En 1876, il expliqua
que le poste d’évêque président était
celui de président général de la Prêtrise
d’Aaron. En 1937, l’Épiscopat Président se
vit confier la responsabilité de la Société
d’amélioration mutuelle des jeunes gens et en 1946,
celle de la Société d’amélioration
mutuelle des jeunes filles. Ces programmes étaient conçus
de manière à assurer un équilibre entre l’étude
religieuse, l’art de vivre en société, la
conscience de la collectivité et l’épanouissement
physique pour les jeunes saints des derniers jours (voir Jeunes
Gens ; Jeunes Filles). Depuis 1977, la Première
Présidence administre directement les programmes de la
Prêtrise d’Aaron par l’intermédiaire d’une
présidence des Jeunes Gens appelée d’entre les
collèges des soixante-dix.
Avant
1847, les évêques Partridge, Whitney et George Miller,
le remplaçant de Partridge, étaient évêques
généraux de l’Église. Après 1847,
les évêques présidents et leurs mandats ont été
Newel K. Whitney (1847-1851), Edward Hunter (1851-1883), William B.
Preston (1884-1908), Charles W. Nibley (1907-1925), Sylvester Q.
Cannon (1925-1938), LeGrand Richards (1938-1952), Joseph B. Wirthlin
(1952-1961), Jean H. Vandenberg (1961-1972), Victor L. Brown
(1972-1985), Robert D. Hales (1985-1994), Merrill J. Bateman
(1994-1995) et H. David Burton (1995-).
Jusqu’aux
années 1980, ces hommes rendaient visite aux paroisses et aux
pieux, donnaient des sessions de formation pour les évêques
aux conférences générales et publiaient des
bulletins et de la documentation de formation pour les évêques
et les collèges locaux de la prêtrise. À l’heure
actuelle, l’Épiscopat Président ne supervise plus
directement d’autres évêques ni ne préside
des paroisses locales de l’Église.
Comme
le stipulent les Écritures, l’Épiscopat
Président, la Première Présidence et le Collège
des douze apôtres constituent le Conseil pour l’affectation
des dîmes (D&A 120). Ce conseil contrôle la réception
des dîmes et vérifie les dépenses. Il se réunit
périodiquement pour examiner les questions ayant une
importance financière et pour autoriser les budgets pour les
organisations et les départements de l’Église
(voir Finances de l’Église). Les membres de l’Épiscopat
Président, désignés par la Première
Présidence, font partie, en outre, de divers autres comités
et conseils administratifs, exécutifs et directeurs, tels que
le Comité d’affectations, le Comité général
des services d’entraide, le Conseil exécutif de la
prêtrise, le Conseil exécutif du temple et de l’histoire
familiale et le Conseil exécutif missionnaire (voir
Organisation : Organisation contemporaine).
En
1977, une restructuration importante en matière d’organisation
a eu lieu dans l’Église sous la direction de la Première
Présidence. Avec la croissance importante du nombre des
membres de l’Église, l’Épiscopat Président
s’est vu confier des responsabilités beaucoup plus
étendues dans le domaine de l’administration temporelle
dans le monde entier. Sous la direction de l’Épiscopat
Président, des directeurs pour les affaires temporelles ont
été envoyés dans un certain nombre d’endroits
internationaux pour diriger la gestion de la construction des églises
et les temples, celle des certificats de membre et la préparation
et la distribution des Écritures et d’autres documents
pour le programme d’études. La direction des
départements centraux responsables des opérations
temporelles a également été confiée à
l’Épiscopat Président. Depuis lors, celui-ci
nomme les directeurs administratifs pour les divers départements
qui soutiennent les activités des directeurs des affaires
temporelles, comprenant les finances et les registres, la LDS
Foundation, les services d’imprimerie, la distribution du
matériel du programme d’études, les achats, la
traduction des Écritures et des cours du programme d’études,
la confection de vêtements du temple, le transport, les
systèmes informatiques et la communication, la sécurité,
les investissements, les temples et les chantiers spéciaux de
construction et de transformation, les acquisitions et les ventes
immobilières, la construction d’églises, la
production et la manutention de l’entraide, les LDS Social
Services et la gestion des propriétés.
En
1986, la Première Présidence a appelé des
présidences d’interrégion pour superviser les
activités ecclésiastiques dans des régions
géographiques déterminées dans le monde. Ces
présidences d’interrégion assurent actuellement
la supervision directe des directeurs des affaires temporelles dans
les secteurs internationaux, de l’entraide et des bâtiments
aux États-Unis et au Canada. L’Épiscopat
Président, ainsi que les départements centraux,
assurent la formation, l’évaluation, la planification
des effectifs, l’appui technique et la conception des
programmes pour aider les présidences d’interrégion
dans leur rôle.
Bibliographie
Cowan,
Richard O. The Church in the Twentieth Century, p. 140, 270, 297,
406-407, 420. Salt Lake City, 1985.
Palmer, Lee A.
Aaronic
Priesthood Through the Ages, p. 321-331. Salt Lake City,
1964.
Widtsoe, John
A. Priesthood and Church Government, éd.
rév., p. 277-279. Salt Lake City, 1954.
H. DAVID
BURTON
WM. GIBB DYER,
JR
Ésaïe
[L’accent
que les Écritures modernes mettent sur les paroles d’Ésaïe
rend nécessaire un traitement de ses écrits sous quatre
titres :
Ésaïe :
Paternité
littéraire
Ésaïe :
Textes dans le Livre de
Mormon
Ésaïe :
Interprétations dans les
Écritures modernes
Ésaïe :
Commentaires
sur Ésaïe
L’article
« Ésaïe :
Paternité littéraire » traite de la thèse
qu’à la lumière de l’existence d’un
texte d’Ésaïe en la possession de peuples du Livre
de Mormon dès 600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe
n’a qu’un seul auteur. L’article « Ésaïe :
Textes dans le Livre de Mormon » traite de ce que l’on
peut apprendre sur l’histoire du texte du livre d’Ésaïe
grâce aux passages conservés dans le Livre de Mormon.
Une grande partie du texte d’Ésaïe qui est
conservée et commentée dans les Écritures
modernes concerne les derniers jours, un sujet repris dans l’article
« Ésaïe : Interprétations dans les
Écritures modernes ». L’intérêt
pour Ésaïe qui en est résulté chez les
saints a donné lieu à un certain nombre d’études
qui sont traitées dans l’article « Ésaïe :
Commentaires sur Ésaïe ».]
Ésaïe :
Paternité littéraire
Auteur :
LUDLOW, VICTOR L.
De tous les
écrits de l’Ancien
Testament, c’est le message d’Ésaïe qui a la
priorité chez les saints des derniers jours. Cette
focalisation découle principalement de l’utilisation
intensive d’Ésaïe dans le Livre de Mormon.
Secondairement, le chapitre 11 d’Ésaïe a été
cité à Joseph Smith au cours d’une vision tout au
début de son expérience comme prophète (JS–H
1:40) et fait l’objet d’une section des Doctrine et
Alliances (D&A 113). En outre, Jésus-Christ a donné
des révélations sur les paroles d’Ésaïe
en instruisant les saints, et les prophètes et les apôtres
modernes les ont fréquemment citées et commentées.
Traditionnellement,
le livre d’Ésaïe a été attribué
à un prophète vivant dans le royaume de Juda entre 740
et 690 av. J.-C. En Allemagne, vers la fin du XVIIIe siècle,
plusieurs savants ont contesté cette idée en affirmant
que les chapitres 40-66 ont été écrits par une
ou plusieurs autres personnes aussi tard que 400 av. J.-C., cela à
cause de mentions expresses d’événements qui se
sont produits après la mort d’Ésaïe. Ce
point de vue imprègne maintenant beaucoup de commentaires de
la Bible et a conduit à la thèse de l’existence
d’un deuxième prophète-auteur que l’on
appelle généralement dans les milieux érudits le
« Deutéro-Ésaïe ». Il
existe, en effet, maintenant une grande variété de
théories concernant la date et la paternité littéraire
d’Ésaïe. Cependant, la croyance des saints en la
révélation et au pouvoir de voyance des prophètes,
avec, en outre, les citations d’Ésaïe dans le Livre
de Mormon et l’exhortation de celui-ci d’étudier
ses écrits, ont renforcé chez les saints des derniers
jours le point de vue traditionnel au sujet de la date et de la
paternité d’Ésaïe et ce, de la manière
suivante.
D’abord,
alors que certains savants estiment que les prophètes ne
pouvaient pas voir le futur et que, par conséquent, les
derniers chapitres d’Ésaïe doivent avoir été
écrits après l’époque de celui-ci (par
exemple, És. 45 au sujet de Cyrus), les saints des derniers
jours reconnaissent que les prophètes peuvent voir le futur et
prophétiser à son sujet. Aux chapitres 40-66, Ésaïe
prophétise sur le futur, tout comme l’apôtre Jean
dans Apocalypse 4-22 et le prophète Néphi 1 dans
2 Néphi 25-30.
En
second lieu, le prophète Léhi du Livre de Mormon et sa
famille ont quitté Jérusalem vers 600 av. J.-C. et ont
emporté des écrits sacrés sur des plaques
d’airain contenant une grande partie de l’Ancien
Testament, notamment Ésaïe (1 Né. 5:13 ;
19:22-23). Les prophètes du Livre de Mormon enseignaient à
l’aide des annales des plaques d’airain, non seulement
les chapitres 1-39, que les savants attribuent habituellement au
prophète Ésaïe du VIIIe siècle av. J.-C.,
mais également les chapitres ultérieurs, ce que l’on
appelle le Deutéro-Ésaïe. Par exemple, les
chapitres 48-54 d’Ésaïe sont tous cités dans
le Livre de Mormon, certains passages plusieurs fois (1 Né.
20-21 ; 2 Né. 6:16-8:25 ; Mos. 12:21-24 ;
14 ; 15:29-31 ; 3 Né. 16:18-20 ;
20:32-45 ; 22). Par conséquent, l’existence d’un
texte pratiquement complet d’Ésaïe vers la fin du
VIIe siècle av. J.-C., comme en témoigne le Livre de
Mormon, annule les arguments en faveur de l’idée d’une
pluralité d’auteurs ultérieurs, que ces arguments
soient historiques, théologiques ou littéraires.
Enfin,
il existe d’autres témoins importants de l’existence
d’un seul auteur pour Ésaïe, tout particulièrement
Jésus-Christ (cf. Mt. 13:14-15 ; 15:7-9 ; Lu.
4:17-19 ; 3 Né. 16, 20-22). En effet, après
avoir cité abondamment Ésaïe 52 (3 Né.
16:18-20 ; 20:32-45) et répété Ésaïe
54 dans sa totalité (3 Né. 22), Jésus-Christ
ressuscité recommande à ses disciples du Livre de
Mormon d’étudier les paroles d’Ésaïe
et ajoute : « Je vous donne le commandement de sonder
diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles d'Ésaïe.
Car, assurément, il a parlé de tout ce qui concerne mon
peuple qui est de la maison d'Israël » (3 Né.
23:1-2).
Depuis
les temps les plus reculés, les traditions juive et chrétienne
sont pour la paternité unique d’Ésaïe. La
Septante, les manuscrits de la mer Morte et d’autres textes
antiques ne fournissent aucune indication d’une multiplicité
d’auteurs. Les saints des derniers jours acceptent ce que dit
Jésus ressuscité, à savoir qu’Ésaïe
était un voyant et un révélateur dont les
prophéties, telles qu’on les trouve tout au long de son
livre, finiront toutes par s’accomplir (3 Né.
23:1-3). C’est en particulier parce que Jésus attribue
Ésaïe 52 et 54 au prophète d’autrefois que
les saints des derniers jours ont conclu que le livre d’Ésaïe
est l’ouvrage inspiré d’Ésaïe, fils
d’Amots, le prophète du VIIIe
siècle.
Bibliographie
Adams, Larry
L., et Alvin C.
Rencher. "A Computer Analysis of the Isaiah Authorship Problem".
BYU Studies 15, automne 1974, p. 95-102.
Anderson,
Francis I.
"Style and Authorship". The Tyndale Paper 21, juin 1976, p.
2.
Gileadi,
Avraham. A Holistic Structure of the Book of Isaiah.
Thèse de doctorat, université Brigham Young,
1981.
Kissane, E. J.
The Book of Isaiah, 2 vols. Dublin, Irlande,
1941, 1943.
Ludlow, Victor
L. Isaiah : Prophet, Seer, and
Poet. Salt Lake City, 1981.
Tvedtnes, John
A. "Isaiah
Variants in the Book of Mormon". Dans Isaiah and the Prophets,
dir. de publ. M. Nyman. Provo, Utah, 1984.
Young, Edward
J.
Introduction to the Old Testament. Grand Rapids, Mich., 1949.
VICTOR
L. LUDLOW
Ésaïe :
Textes dans le Livre de Mormon
Auteur :
DAVIES, LEGRANDE
Les textes
d’Ésaïe cités
dans le Livre de Mormon sont uniques. Ils sont les seuls textes
existants d’Ésaïe qui n’ont aucune source
linguistique « originale » à laquelle la
traduction puisse être textuellement comparée. Ces
textes anglais datent de la traduction et de la publication initiale
du Livre de Mormon (1829).
Ces
textes d’Ésaïe ont été cités
et paraphrasés par beaucoup de prophètes du Livre de
Mormon qui avaient une copie d’Ésaïe sur les
plaques d’airain. Les tentatives de déterminer
l’authenticité de ces textes d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon en les comparant aux textes hébreu,
grec et latin d’Ésaïe ne manquent pas d’intérêt,
mais de tels efforts sont discutables parce que l’on ne dispose
pas des textes antiques qui sont à la base de la traduction
d’Ésaïe du Livre de Mormon pour pouvoir les
étudier. On peut cependant apprendre beaucoup de choses en
comparant les nombreuses versions et traductions anciennes d’Ésaïe
aux textes d’Ésaïe dans le Livre de Mormon. Ce
genre de comparaisons a pour résultat de faire d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon un véritable objet de recension.
Les
passages d’Ésaïe dans le Livre de Mormon
contiennent beaucoup de ressemblances avec ceux de la traduction de
la Bible, ce qui semblerait indiquer que les deux partagent une
origine massorétique hébraïque. Cependant,
beaucoup d’autres particularités des textes du Livre de
Mormon impliquent une origine liée à des textes
semblables à ceux dont la Septante grecque et la Vulgate
latine dérivent. Ces variantes particulières sont
suffisamment importantes pour que l’on ne puisse reléguer
les textes d’Ésaïe du Livre de Mormon au rang d’une
simple copie de la King James Version. Les textes d’Ésaïe
que l’on trouve dans la traduction anglaise du Livre de Mormon
possèdent un caractère distinctif qui indique une
origine textuelle propre. La question importante n’est pas :
« Les textes d’Ésaïe dans le Livre de
Mormon sont-ils authentiques ? » La question est
plutôt : « Trouve-t-on dans les textes d’Ésaïe
du Livre de Mormon la preuve de la présence de variantes en
plus des textes normalement reconnus ? » Ne
devraient-ils pas être considérés comme aussi
valides que, par exemple, les textes d’Ésaïe de la
mer Morte ?
L’une
des critiques principales à l’égard des textes
d’Ésaïe du Livre de Mormon est qu’ils
contiennent des parties de ce que les spécialistes de la Bible
en sont venus à appeler le « Proto-Ésaïe »
et le « Deutéro-Ésaïe ». Il
est évident que les textes d’Ésaïe du Livre
de Mormon contiennent des données qui vont à l’encontre
des théories modernes sur la paternité multiple du
livre d’Ésaïe (voir Ésaïe :
Paternité littéraire) ; car si l’on accepte
les origines des passages d’Ésaïe dans le Livre de
Mormon comme le disent ses auteurs, cela veut dire que, dès
600 av. J.-C., le livre d’Ésaïe était
essentiellement ce qu’il est aujourd’hui. La valeur
principale de la critique textuelle, dans ce cas-ci, est de permettre
de dégager des thèmes et des structures de langage
spéciaux, c’est-à-dire de permettre une meilleure
compréhension du message, pas de déterminer qui est
l’auteur. L’option la plus viable et certainement la plus
productive pour déterminer l’origine des textes d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon est donc un examen interne.
Le
Livre de Mormon dit que dans « la première année
du règne de Sédécias, roi de Juda »
(1 Né. 1:4) le prophète Néphi 1 et ses
frères récupérèrent à Jérusalem
des « annales » écrites par leurs
ancêtres sur des plaques d’airain (1 Né.
3-4), qu’ils emportèrent en Amérique. Elles
contenaient les prophéties d’Ésaïe (1 Né.
19:22-23 ; cf. 5:13). Tous les textes d’Ésaïe
dans le Livre de Mormon sont des citations de ces annales, excepté
peut-être les passages cités par Jésus ressuscité
(cf. 1 Né. 16, 21-22). Que ce soit en citant directement
ou en paraphrasant, les prophètes du Livre de Mormon
essayaient de faire deux choses : « persuader [les
gens] de croire au Seigneur, leur Rédempteur »
(1 Né. 19:23) et révéler les plans de Dieu
pour son peuple, comme le note le prophète Ésaïe
(par exemple, 2 Né. 25:7 ; Hél. 8:18-20 ;
3 Né. 23:1-2). Ces éléments donnent une
qualité singulière aux textes d’Ésaïe
du Livre de Mormon, parce qu’ils préservent presque
exclusivement les textes concernant le salut et les principes
sauveurs et ignorent les passages historiques d’Ésaïe.
Les préoccupations des prophètes du Livre de Mormon
étaient doctrinales et les passages étaient utilisés
pour exposer leur témoignage. De plus, les passages qui
concernent le salut dans les derniers chapitres d’Ésaïe
sont présentés pour prouver que Jésus était
le Messie promis (cf. Mos. 13:33-15:31, qui cite És. 53 ;
52:7, 8-10). Alors que les spécialistes de la Bible au XIXe
siècle affirmaient que la notion de « Messie
sauveur » était apparue après l’exil
babylonien (587-538 av. J.-C.) et que par conséquent les
derniers chapitres d’Ésaïe doivent être datés
de la fin du VIe siècle ou plus tard, les textes du Livre de
Mormon sapent manifestement cette théorie.
Des
changements mineurs ont été apportés aux textes
d’Ésaïe du Livre de Mormon depuis la publication de
l’ouvrage en 1830. Ces changements des éditions récentes
ont essayé de corriger les fautes d’impression
originelles et de rendre le texte d’Ésaïe de
l’édition actuelle « conforme aux manuscrits
anglais antérieurs à la publication et aux premières
éditions anglaises publiées par Joseph Smith, le
prophète » (« Brève explication
concernant le Livre de Mormon » édition anglaise de
1981 du Livre de Mormon). Aucun de ces changements n’a été
conséquent.
Bibliographie
Eissfeldt,
Otto. The Old
Testament : An Introduction, p. 303-346. New York, 1965.
Nibley,
Hugh. Since Cumorah, p. 111-134. Dans CWHN 7.
Sperry, Sidney
B.
Answers to Book of Mormon Questions. Salt Lake City, 1967.
Tvedtnes,
John A. “The Isaiah Variants in the Book of Mormon".
F.A.R.M.S. Paper. Provo, Utah, 1981.
LEGRANDE DAVIES
TABLEAU
DES CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LE LIVRE DE MORMON
Livre
de Mormon
Ésaïe
1 Né.
20-21
48-49
1 Né. 22:6
49:22
1 Né. 22:8
49:22-23 ; 29:14
1 Né.
22:10-11
52:10
2 Né.
6:6b-7
49:22-23
2 Né.
6:15
29:6
2 Né.
6:16-8:25
49:24-52:2
2 Né.
9:50-51
55:1-2
2 Né.
12-24
2-14
2 Né.
25:17 (mélangé)
11:11 et 29:14
2 Né.
26:15-16, 18
29:3-5
2 Né.
26:25
55:1
2 Né.
27:2-5
29:6-10
2 Né.
27:6-9
29:4, 11
2 Né.
27:15-19
29:11-12
2 Né.
27:25-35
29:13-24
2 Né.
28:9b
29:15
2 Né.
28:14b
29:13b
2 Né.
28:16a
29:21
2 Né.
28:30a
28:10, 13
2 Né.
28:3
29:12-13
2 Né. 29:1
29:14, 11:11
2 Né.
30:9, 12-15
11:4-9
Mosiah 12:21-24
52:7-10
Mosiah 14:1-12
53
Mosiah
15:10
53:10
Mosiah 15:14-18
52:7
Mosiah 15:29-31
52:8-10
3 Né.
16:18-20
52:8-10
3 Né.
20:32-35
52:8-10
3 Né.
20:36-46
52:1-3, 6-7, 11-15
3 Né.
21:8b
52:15b
3 Né.
21:29
52:12
3 Né.
22:1b-17
54
Mro.
10:31
52:1-2 ; 54:2
Ésaïe :
Interprétations dans les Écritures modernes
Auteur :
NYMAN, MONTE S.
Ésaïe était
l’un des
prophètes-auteurs les plus importants de l’Ancien
Testament. Le Livre de Mormon et les Doctrine et Alliances, Écritures
modernes des saints, confirment cette évaluation et
contiennent des commentaires abondants sur ses écrits. Le
Livre de Mormon cite 425 versets du livre d’Ésaïe
et en paraphrase beaucoup d’autres, tirés des plaques
d’airain, annales apportées en Amérique par le
prophète Léhi et sa famille (v. 600 av. J.-C.). Les
citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon sont
accompagnées des interprétations des prophètes
néphites et de Jésus-Christ ressuscité. Les
Doctrine et Alliances contiennent de même des citations et des
paraphrases d’Ésaïe, dont beaucoup éclairent
le cadre et la pertinence de l’accomplissement de ses
prophéties.
LE
LIVRE DE MORMON. Les prophètes du Livre de Mormon louent
explicitement les écrits d’Ésaïe et les
commentent dans le détail. Outre les trois premiers prophètes
néphites, Néphi 1, Jacob et Abinadi, qui citent
abondamment et expliquent les significations d’Ésaïe,
Jésus-Christ ressuscité, quand il visite les Néphites
(34 apr. J.-C.), commande à ses auditeurs « de
sonder diligemment ces choses ; car grandes sont les paroles
d'Ésaïe » (3 Né. 23:1). La plupart
des citations d’Ésaïe dans le Livre de Mormon
concernent deux thèmes : (1) le témoignage que
Jésus-Christ viendrait au monde pour le sauver (1 Né.
19:23 ; cf. 2 Né. 9:5-12) et (2) des déclarations
selon lesquelles même si le Seigneur dispersait Israël, il
le rassemblerait et le rétablirait, accomplissant les
alliances qu’il avait faites avec Abraham et Israël (2 Né.
6:5 ; cf. 9:1-2).
Pour
ce qui est de la maison d’Israël, la citation la plus
ancienne d’Ésaïe par Néphi (chaps. 48-49)
souligne deux types de dispersion : celle de grosses parties des
tribus d’Israël et celle de petits groupes parmi les
nations de la terre (1 Né. 22:3-5 ; cf. És.
49:1-13). Les deux sortes d’Israélites dispersés
seraient nourris temporellement et spirituellement parmi les Gentils.
L’aide temporelle aux Israélites conduirait ceux-ci à
une dépendance vis-à-vis des Gentils pour la survie.
Les soins spirituels se feraient grâce à « une
œuvre merveilleuse » qui rassemblerait Israël
hors de l’obscurité et des ténèbres et
l’amènerait à connaître son Rédempteur
(1 Né. 22:6-12).
Néphi
présente sa plus longue citation d’Ésaïe
2-14 (2 Né. 12-24) comme étant un troisième
témoin du Rédempteur d’Israël. Néphi,
son frère Jacob et Ésaïe avaient chacun vu le
Rédempteur (sous l’aspect du Jésus-Christ
prémortel) face à face (2 Né. 11:2-3 ;
cf. 2 Né. 16:1-7). La vision personnelle de Néphi
(1 Né. 11:13-20) éclaircit les paroles d’Ésaïe
annonçant l’avènement du Christ (cf. 2 Né.
17:14 ; 19:6-7 [c.-à-d., És. 7:14 ; 9:6-7]).
Le
commentaire de Néphi sur Ésaïe 2-14 décrit
ce qui devait arriver aux juifs (2 Né. 25:9-21 ; cf.
És. 3:1-15 ; 5:1-7), au peuple de Néphi (2 Né.
25:22-26:11 ; cf. És. 29:1-4) et parmi les Gentils (2 Né.
26:12-28:32 ; cf. És. 3:16-4:1). Néphi savait par
révélation que quand le Livre de Mormon paraîtrait
chez les Gentils, les Églises seraient remplies d’orgueil
et d’érudition, des combinaisons secrètes
régneraient et les supercheries de prêtres seraient
florissantes (2 Né. 26:14-33 ; cf. És.
3:16-4:1 ; 2 Né. 13:16-14:1). En revanche, il vit
que de belles branches d’Israël seraient purifiées
et grandiraient tant en Sion qu’à Jérusalem et
qu’elles seraient protégées par le Seigneur (És.
4:2-6 ; 2 Né. 14:2-6). Amplifiant la prophétie
d’Ésaïe, Néphi prophétisa que les
Gentils qui se repentaient seraient comptés avec la maison
d’Israël et deviendraient héritiers des
bénédictions promises (2 Né. 30:1-3). Il
affirma que son propre peuple recevrait de nouveau l’Évangile
de Jésus-Christ et deviendrait un peuple pur et agréable
(2 Né. 30:4-6). Il prédit le rassemblement des
juifs à Jérusalem quand ils commenceraient à
croire au Christ et deviendraient aussi un peuple agréable
(2 Né. 30:7).
Le
prophète Abinadi (v. 150 av. J.-C.) dit que tous les prophètes
avaient parlé de la venue du Christ (Mos. 13:33-35) et il cite
Ésaïe 53 comme exemple (cf. Mosiah 14). Dans une des
explications les plus lucides du ministère et de l’expiation
du Christ, Abinadi explique que le chapitre 53 d’Ésaïe
souligne que « Dieu lui-même descendra parmi les
enfants des hommes et rachètera son peuple » et
que, grâce à sa rédemption, il tiendrait « entre
eux et la justice, ayant rompu les liens de la mort, prenant sur lui
leur iniquité et leurs transgressions … et ayant
satisfait aux exigences de la justice [de Dieu] » (Mos.
15:1-9).
Pendant
sa première visite parmi les peuples du Livre de Mormon, Jésus
ressuscité cite, parmi ses principaux textes, Ésaïe
52 et 54. Il déclare que quand les paroles d’Ésaïe
s’accompliront, les alliances faites avec la maison d’Israël
seront accomplies (3 Né. 20:11-12). L’Évangile
sera enseigné aux juifs dans les lieux où ils sont
dispersés et, après qu’ils l’auront
accepté, ils retourneront à Jérusalem et
instruiront leur propre peuple (3 Né. 20:29-35 ; cf.
És. 52:8-10). Jésus donne à ses auditeurs un
signe que le retour des juifs à Jérusalem indiquera que
le rétablissement aura déjà commencé chez
d’autres Israélites en Sion, en Amérique (3 Né.
21:1-7 ; És. 52:1-3, 6-7, 11-12). Dans une allusion au
serviteur « défiguré » d’Ésaïe
52:13-15, il parle de « l’œuvre merveilleuse »
du serviteur. Si le serviteur défiguré est clairement
Jésus dans sa condition mortelle (Mos. 15:1-9), les paroles
d’Ésaïe constituent une double prophétie
parce que Jésus ressuscité dit qu’elle désigne
également un serviteur dans les derniers jours. Les saints des
derniers jours croient que ce serviteur est le prophète Joseph
Smith et que l’œuvre merveilleuse mentionnée était
la parution du Livre de Mormon et le rétablissement de
l’Évangile (3 Né. 21:8-11).
Tout
en amplifiant les paroles d’Ésaïe, Jésus
prédit l’édification de la nouvelle Jérusalem
sur le continent américain par un reste de la maison d’Israël
avec l’aide de Gentils convertis (3 Né. 21:22-25 ;
cf. 20:22). L’Évangile doit être prêché
parmi les divers groupes de la maison d’Israël, notamment
les Lamanites et les tribus perdues (3 Né. 21:26).
LES
DOCTRINE ET ALLIANCES. Autre source riche pour interpréter et
appliquer les prophéties d’Ésaïe, les
Doctrine et Alliances comptent plus de soixante-dix citations ou
paraphrases d’Ésaïe. Deux thèmes dominent :
l’Évangile sera rétabli et Israël sera
rassemblé ». Par exemple, l’œuvre
prodigieuse et miraculeuse mentionnée dans Ésaïe
29:14 est la parution du Livre de Mormon (D&A 6:1) ; L’œuvre
« étrange » de Dieu (És. 28:21)
est le rétablissement de l’Église et de ses
ordonnances du temple (D&A 95:4) ; les « bonnes
nouvelles » publiées « sur les
montagnes » (És. 52:7) consistent en la prédication
de l’Évangile à toutes les nations (D&A
19:29) et le retour des tribus de Jacob de parmi les nations (És.
49:6) signifie le retour d’Israël dispersé dans ses
terres promises (D&A 133:26-33).
Les
autres thèmes sont l’édification de la Sion des
derniers jours et de ses pieux (És. 54:1-2 ; D&A
82:14) aussi bien que de la vieille Jérusalem (És.
52:1-2 ; D&A 113:7-10), la confirmation que Jésus est
le seul Sauveur du monde (És. 43:11 ; D&A 76:1) et
des détails de sa seconde venue (És. 63:3-6 ;
64:1-5 ; D&A 133:37-52). Enfin beaucoup d’événements
attendus sont interprétés comme étant des
événements millénaires (És. 65 ; D&A
101:30-31).
Bibliographie
Ludlow, Victor
L. Isaiah :
Prophet, Seer, and Poet. Salt Lake City, 1982.
Nyman, Monte S.
Great Are the Words of Isaiah. Salt Lake City, 1980.
MONTE S.
NYMAN
TABLEAU DES
CITATIONS D’ÉSAÏE DANS LES
DOCTRINE ET ALLIANCES
Les listes
suivantes proposent un
échantillonnage de passages d’Ésaïe qui sont
cités, paraphrasés ou interprétés dans
les Doctrine et Alliances.
Ésaïe
Doctrine
et Alliances
1:27
6:1
1:18
45:10 ; 50:10-12
1:19
64:34
2:2-31
33:12-13
4:5
45:63-75 ; 84:5
4:6
115:6
5:1-7
101:43-62
8:16
88:84 ; 133:72
11:1-5
113:1-4
11:4
19:15
11:10
113:5-6
11:16
133:26-29
13:1
133:14
13:10
29:14 ; 34:9 ; 45:42 ;
88:87 ;
133:49
13:13
21:6 ; 35:24
14:12
76:26
24:5
1:15
24:20
49:23 ; 88:87
25:6
58:8
28:10
98:12 ; 128:21
28:15, 18
45:31 ; 5:19 ; 97:23
28:21
95:4 ; 101:95
29:14
4:1 ; 6:1 ; 11:1 ; 12:1 ; 14:1 ; 18:44 ;
76:9
32:2
21:13
34:5
38:22
35:1-2
49:24-25 ; 117:7
35:3
81:5
35:7-10
133:27-33
35:10
45:71 ; 66:11
40:3
33:10 ; 45:9 ; 65:1 ; 84:28
40:4
88:66
40:5
49:23 ; 133:22
40:6
101:23 124:7-8
40:31
89:20 ; 124:99
42:7
128:22
43:11
76:1
45:17
35:25 ; 38:33
45:23
76:110 ; 88:104
49:1
1:1
49:2
6:2 ; 11:2 ; 12:2 ; 14:2 ; 15:2 ; 16:2 ;
33:1 ; 86:9
49:6
86:11
49:22
45:9 ; 115:5
50:2-3
35:8 ; 133:66-69
50:11
133:70
51:9-11
101:18
52:18
2:14 ; 113:7-8
52:2
113:9-10
52:7
19:29 ; 31:3 ; 113:10
52:8
39:13 ; 84:98-99 ; 133:10
52:10
113:10 ; 133:3
52:1
138:42 ; 133:5
52:12
49:27 ; 58:56 ; 101:68, 72 ; 133:15
52:15
101:94
54:2
82:14 ; 133:9
54:17
71:9 ; 109:25
55:6
88:62-63
59:17
27:15-18
60:1-4
64:41-42
60:2
112:23
60:22
133:58
61:11
28:22
62:4
133:23-24
62:10
45:9 ; 115:5
63:1-21
33:46-48
63:3-6
76:107 ; 88:106 ; 133:50-52
63:7-9
133:52-53
64:1-2
34:8 ; 133:40-42
64:3-5
76:10 ; 133:43-45
65:17
29:23
65:20
63:51 ; 101:30
65:21-22
101:101
66:1
38:17
66:24
76:44
Ésaïe :
Commentaires sur Ésaïe
Auteur :
MADSEN, ANN N.
Le livre
d’Ésaïe est l’un
des ouvrages prophétiques les plus souvent cités dans
les Écritures des saints. Quand les peuples du Livre de Mormon
quittèrent Jérusalem, ils emportèrent des
annales sur des plaques d’airain qui contenaient beaucoup de
livres de l’Ancien Testament antérieurs à 600 av.
J.-C., notamment Ésaïe. Très vite dans leurs
récits, Néphi 1 et son frère, Jacob, citent
considérablement Ésaïe. Plus tard, Jésus
ressuscité exhortera ses auditeurs d’Amérique à
sonder diligemment les paroles d’Ésaïe, car
« grandes sont les paroles d’Ésaïe »
(3 Né. 23:1).
Les
saints des derniers jours voient beaucoup de prophéties
d’Ésaïe s’accomplir dans les événements
contemporains. Quand il apparaît, les 21-22 septembre 1823, au
prophète Joseph Smith, l’ange Moroni cite Ésaïe
11 et dit qu’il est « sur le point de s’accomplir »
(JS–H 1:40). Ésaïe 29 est également
considéré comme une prophétie annonçant
la parution du Livre de Mormon. Les enseignements de Joseph Smith
contiennent beaucoup d’allusions à Ésaïe,
particulièrement en ce qui concerne les derniers jours
précédant l’avènement du Christ. En plus,
Ésaïe est souvent cité dans les Doctrine et
Alliances (par exemple, 45:10 ; 50:10-12 ; 64:34-35 ;
133) et dans certains cas des interprétations sont ajoutées
(par exemple, D&A 113).
Plusieurs
livres écrits par des auteurs mormons depuis 1950 ont cherché
à aider les membres de l’Église et d’autres
à comprendre les paroles d’Ésaïe. Certains
de ces commentaires s’adressaient à un auditoire érudit,
d’autres ont été écrits pour les lecteurs
ordinaires.
En
1952, Sidney B. Sperry a présenté ses observations sur
Ésaïe dans les dix premiers chapitres de son livre The
Voice of Israel's Prophets (Salt Lake City). Son but principal était
de proposer des commentaires sous l’angle des saints des
derniers jours, notamment les idées de Joseph Smith, et
d’analyser le livre entier d’Ésaïe du point
de vue historique et philologique. Il y a inclus l’interprétation
de divers passages donnée par le Livre de Mormon et un
traitement en faveur d’une paternité unique. Il a
également utilisé la Septante et sa maîtrise de
l’hébreu pour expliquer et parfois retraduire des
passages. Bien que ce soit la plus ancienne étude du genre,
elle reste un classique de son espèce.
En
1982, Avraham Gileadi a publié The Apocalyptic Book of Isaiah
(Provo, Utah), une nouvelle traduction du texte hébreu avec
des clefs interprétatives pour les lecteurs ordinaires. Le
livre apporte sa traduction et sa perspective judéo-mormone.
En 1988, il a publié un deuxième volume, The Book of
Isaiah (Salt Lake City), qui contenait sa précédente
traduction et une introduction augmentée contenant quatre
clefs interprétatives qu’il a tirées du Livre de
Mormon. Cet ouvrage note les lectures alternatives dans le texte
d’Ésaïe des manuscrits de la mer Morte et la
Septante.
Deux
volumes ont servi de manuels. En 1980, Monte S. Nyman publiait Great
Are the Words of Isaiah (Salt Lake City) à titre de
commentaire et de guide d’étude. L’apport le plus
distinctif du livre est un ensemble de mentions d’Ésaïe
dans les écrits de Joseph Smith, le Nouveau Testament, le
Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et les Autorités
générales de l’Église. En 1982, Victor L.
Ludlow a écrit Isaiah : Prophet, Seer, and Poet (Salt
Lake City). Les éléments importants sont son
commentaire chapitre par chapitre, ses propositions d’interprétations
multiples de certains passages du texte, des cartes et des notes
historiques utiles et des commentaires doctrinaux mormons utilisant
diverses traductions du texte.
D’autres
livres ont été écrits pour un auditoire mormon
non spécialisé. The Living Message of Isaiah, de L.
LaMar Adams (Salt Lake City, 1981), visant à aider ses
lecteurs à apprécier les prophéties d’Ésaïe.
Son apport distinctif est son annexe sur l’ouvrage apocryphe
L’Ascension d’Ésaïe.
En
1984, W. Cleon Skousen a publié Isaiah Speaks to Modern Times
(Salt Lake City) avec l’intention d’aider un auditoire de
saints à comprendre Ésaïe comme quelqu’un
qui a vu l’époque moderne et en a parlé.
Mark
E. Petersen est la seule Autorité générale à
avoir écrit un livre sur Ésaïe, Isaiah for Today
(Salt Lake City, 1981). Son but était d’aider un
auditoire non spécialisé à rattacher les
prophéties d’Ésaïe aux événements
actuels.
ANN N. MADSEN
Esprit
Auteur :
JENSEN, JAY E.
L'existence
d’êtres d'esprit bons
et mauvais est un point de doctrine important dans la théologie
des saints. L'esprit est une matière organisée
intelligente, qui existe par lui-même et est régi par
des lois éternelles. De plus, tous les êtres vivants ont
eu une existence d'esprit pré-terrestre. Les conceptions des
saints sur ce sujet découlent des écrits bibliques et
modernes et des enseignements des prophètes modernes.
La
révélation moderne déclare que « tout
esprit est matière, mais il est plus raffiné ou plus
pur » que les matériaux physiques de la vie
terrestre (D&A 131:7-8). Le prophète Joseph Smith
explique :
« Il
y a une différence très sensible entre le corps et
l’esprit ; le corps est censé être de la
matière organisée et beaucoup considèrent que
l’esprit est immatériel, sans substance. Nous ne sommes
pas d’accord avec cette dernière opi¬nion et disons
que l’esprit est une substance, qu’il est matériel,
mais que c’est une matière plus pure, plus souple et
plus raffinée que le corps, qu’elle existait avant le
corps, peut exister dans le corps et existera séparément
du corps, lorsque le corps tombera en poussière, et lui sera
de nouveau réunie dans la résurrection »
[EPJS, p. 167].
Bien
que le Seigneur