Prendre
position
Gordon
B. Hinckley
©2000 by Gordon B. Hinckley
Titre de l'édition
originale : Standing For Something
Traduction : Claude Boisseau
PRÉFACE
de Mike Wallace
Il
y a quatre ans, je fus étonné de recevoir une
invitation inattendue à un déjeuner du Harvard Club de
New York. Par expérience, je savais que la nourriture y serait
au mieux médiocre, mais comme on m’avait demandé
de partager le pain avec ce président octogénaire de
l’Église mormone qui jusque-là m’était
resté mystérieux, et comme l’invitation avait été
faite de sa part par une société de relations publiques
appartenant à un juif, c’était trop frustrant de
refuser.
J’avais
essayé pendant des décennies d’inviter un
dirigeant important, n’importe quel dirigeant important, de
parler à l'émission télévisée « 60
Minutes » sur lui et son Église, et on m’avait
systématiquement refusé. Des amis mormons avaient pris
l’initiative de parler en ma faveur. Ils avaient fait
comprendre à la hiérarchie de Salt Lake qu’une
enquête n’était pas ce que j’avais en tête,
mais plutôt de savoir quel genre de personne dirigeait les
mormons, comment il accomplissait son office, les mormons et la
polygamie, les mormons et les noirs, et est-ce que les dirigeants de
l’Église mormone croyaient véritablement à
cette histoire de Joseph Smith ordonné à l’âge
de quatorze ans dans une ferme de l’État de New York ?
Simplement le genre de questions impertinentes que l’on pose
régulièrement à toutes les personnalités
bien placées dans « 60 Minutes ». Nous
ne nous attendions pas à un « oui »
comme réponse, pas plus que nous n’en attendions pour
une semblable invitation faite au Pape.
C’est
pourquoi je n’étais absolument pas préparé
à une réception cordiale ni même chaleureuse
de la part de Gordon B. Hinckley à ce déjeuner. J’étais
toujours hésitant lorsque, suivant les discours d’après
repas, il donna libre cours à tout un chacun de poser les
questions qu’il désirait. Hésitant, je lui
demandais carrément s’il accepterait l’idée
d’une interview à « 60 Minutes »
pour parler de lui. Les yeux du président Hinckley pétillaient
littéralement sous ses lunettes lorsque, bon enfant, il admit
que c’était là une idée intéressante,
et qu’après tout, il n’avait rien à cacher,
et qu’il pensait qu’il n’aurait pas trop de
difficulté à répondre à toutes les
questions que je lui poserais. Il était sûr qu’il
en avait entendu d’autres, bien pires, durant ses jeunes années
de missionnaires à Londres, alors qu’il supportait tout
ce que les sceptiques et les incroyants lui avaient balancé
lors de ses prises de parole à Hyde Park.
Tous les détails et
arrangements furent rapidement réglés. Il nous mit en
contact avec tous les membres de l’infrastructure de Salt Lake
avec qui nous voulions parler, il ne vit aucune objection à ce
que nous parlions avec les critiques dans l’Église et à
l’extérieur, il nous accorda tout le temps
d’enregistrement dont nous avions besoin, et lorsque nous
demandâmes une seconde entrevue quelques semaines après
la première, afin de préciser certaines questions que
nous avions oublié de poser, il fut tout à fait
charmant. Nous constatâmes qu’il avait été
aussi bon que ce qu’il nous avait promis au Harvard Club.
Comme résultat,
nous sommes repartis avec le profil fascinant d’un homme
vraiment remarquable. Ce qui en confondit plus d’un parmi mes
amis mormons qui me firent savoir plus tard à quel point ils
avaient été inquiets quand ils avaient appris ce que
j’avais réussi. Les réflexions habituelles :
« Hinckley va parler chez Wallace ? Il est fou ou
quoi ? Ne sait-il pas ce qu'il arrive lorsque les journalistes
de « 60 Minutes » commencent à faire
leur travail à la hache ? »
Eh bien, ce qui est arrivé
à mes collègues de « 60 Minutes »
et à moi, à partir du moment où nous avons passé
du temps avec Gordon B. Hinckley et sa femme, avec son équipe
et d’autres mormons avec qui nous avons parlé, c’est
que ce dirigeant chaleureux, attentif, digne et optimiste de l’Église
mormone mérite l’admiration quasi universelle dont il
jouit. Je sais que cela peut paraître un peu sentimental de la
part d’un journaliste de New York cynique et fatigué et
dont l’opinion est faite. Mais il était difficile de ne
pas arriver à cette conclusion après avoir parlé,
non seulement avec lui, mais de lui avec des gens aussi réalistes
que décidés tels que Orrin Hatch, Bill Marriott, Steve
Young et Dave Checketts. Ce dernier dirige le Madison Square Garden à
New York et fut un des mormons à s’inquiéter de
ce qui pourrait arriver si le président Hinckley se laissait
écorcher par nous. Checketts fut si surpris lorsqu’il
vit l’émission qu’il me dit de l’appeler à
chaque fois que j’aurais des problèmes pour obtenir des
billets pour un combat ou un match de basketball au Garden.
Aussi, étant moi-même
âgé, on voudra bien m’excuser de rappeler
l’échange que j’ai eu avec le président
Hinckley vers la fin de l’émission « 60
Minutes » :
Wallace :
« Il y en a qui disent ‘C’est une
gérontocratie… Cette Église est dirigée
par des vieux.’ »
Hinckley :
« N’est-ce pas merveilleux d’avoir un homme
mûr à la tête ? Un homme qui n’est pas
à la merci de tout vent de doctrine ? »
Wallace :
« Absolument, tant qu’il n’est pas sénile. »
Hinckley : « Merci pour le compliment ».
Il est loin d’être
sénile. En lisant, vous découvrirez un homme à
l’esprit agile, attentionné, et engagé, désireux
de nous convaincre qu’il convient de méditer avec lui
sur les valeurs démodées que sont la vertu et
l’intégrité.
Mike
Wallace
CHAPITRE
UN : L’AMOUR, UNE ÉTOILE DIRECTRICE POUR LA VIE
L’amour est la
seule force qui permet d’effacer les différences entre
les gens ou de jeter un pont au-dessus de l’abîme de
l’amertume.
Quand
j’étais petit, nous, les enfants faisions des cœurs
en papier le jour de la Saint-Valentin. Le soir, nous les jetions à
la porte de nos amis, nous faisions du bruit à l’entrée
et nous nous sauvions dans l’obscurité pour nous cacher.
Ces cartes de Saint
Valentin portaient presque toutes sans exception « Je
t’aime ». J’ai découvert plus tard que
l’amour est plus qu’un cœur en papier. L’amour
est l’essence même de la vie. C’est le trésor
caché au pied de l’arc en ciel. Seulement on ne le
trouve pas au pied de l’arc en ciel. L’amour est déjà
au commencement, et c’est de là qu’apparaît
la beauté qui se déploie dans le ciel un jour d’orage.
L’amour est la sécurité pour l’enfant qui
pleure, c’est le profond désir de la jeunesse, c’est
ce qui permet de souder le mariage, et le lubrifiant qui évite
les frictions dévastatrices dans le foyer ; c’est
la paix des vieux jours, le soleil de l’espoir qui brille
au-delà de la mort. Qu’ils sont riches ceux qui en
jouissent dans leurs relations avec la famille, les amis et les
voisins !
L’amour,
comme la foi est un don de Dieu. C’est aussi la vertu la plus
constante et la plus puissante.
Quand
nous sommes jeunes, nous nous faisons quelquefois des idées
fausses sur l’amour, croyant que l’on peut l’imposer
ou simplement le créer pour convenance personnelle. J’ai
noté ce qui suit venant d’un journal il y a quelques
années :» Une erreur grossière que nous
avons tendance à commettre quand nous sommes jeunes est de
considérer qu’une personne présente un certain
nombre de qualités et de défauts. Nous les identifions,
comme un comptable avec les débits et les crédits. Si
la balance est favorable, nous décidons de sauter le pas (du
mariage)… Le monde est rempli d’hommes et de femmes qui
se sont mariés parce qu’ils pensaient que c’était
un bon investissement. Mais l’amour n’est pas un
investissement. C’est une aventure. Et lorsque le mariage se
révèle aussi tranquille et confortable qu’un
investissement sain, la partie insatisfaite se tourne ailleurs…
Les ignorants disent toujours : ‘Je me demande ce qu’il
voit en elle’, ne se rendant pas compte que ce qu’il voit
en elle (et ce que personne d’autre ne peut voir) c’est
l’essence secrète de l’amour. »
Je pense à deux
amis de mes années de lycée et d’université.
Lui venait de la campagne, simple d’apparence, sans argent ni
signe prometteur. Il avait grandi dans une ferme, et s’il y
avait une qualité qui ressortait chez lui, c’était
sa capacité à travailler. Il apportait des sandwichs
dans un papier marron pour son déjeuner et il balayait l’école
pour payer sa scolarité. Mais avec toute son apparence
rustique, il avait un sourire et une personnalité qui
rayonnait la bonté. Elle, c’était une fille de la
ville qui venait d’un foyer aisé. Elle n’aurait
pas gagné un concours de beauté, mais elle était
saine, décente, intègre et on la remarquait par sa
bienséance et la façon de s’habiller.
Une chose merveilleuse est arrivée
entre eux. Ils sont tombés amoureux. Certains murmuraient
qu’il y avait bien d’autres garçons prometteurs
pour elle, et quelques commères remarquèrent qu’il
aurait pu y avoir d’autres filles qui auraient pu l’intéresser.
Mais ces deux-là rirent, dansèrent et étudièrent
pendant leurs années d’école. Ils se marièrent
à un moment où on se demandait comment ils allaient
gagner suffisamment pour rester en vie. Il étudia au lycée
professionnel et sorti avec de bonnes notes. Elle économisa,
travailla et pria. Elle l’encourageait et le soutenait, et
lorsque les choses allaient vraiment mal, elle disait
tranquillement : « On va y arriver ».
Soutenu par la foi qu’elle lui montrait, il persévéra
pendant les années difficiles. Des enfants arrivèrent,
et ils les aimèrent ensemble ; les nourrirent et leur
fournirent la sécurité qui venait de leur amour et de
leur loyauté mutuelle. Depuis, de nombreuses années ont
passé. Les enfants sont grands, ils leur font honneur et à
la communauté dans laquelle ils vivent.
J’ai eu l’occasion
d’être dans le même avion que ce couple il y a
quelques années. Je descendais l’allée dans la
semi-obscurité de la cabine et j’ai vu une femme
assoupie, la tête aux cheveux blancs sur l’épaule
de son mari. La main de son mari tenait celle de sa femme. Il ne
dormait pas et me reconnut ; elle se réveilla et nous
parlâmes. Ils revenaient d’une convention où il
avait présenté un article devant une société
savante. Il ne donna pas beaucoup de détails, mais elle parla
fièrement des honneurs qu’il avait reçus.
J’aurais voulu
avoir une caméra pour filmer son visage pendant qu’elle
me parlait de lui. Quarante-cinq ans plus tôt, des gens qui n’y
comprenaient rien s’étaient demandé ce qu’ils
trouvaient chez l’autre. J’y pensais en retournant à
mon siège. Leurs amis d’antan n’avaient vu qu’un
garçon de la campagne et une jeune fille souriante avec des
taches de rousseur sur le nez. Mais ces deux jeunes avaient trouvé
chez l’autre l’amour, la loyauté, la paix et la
foi dans l’avenir. Il y avait en eux un germe de nature divine,
planté par Dieu notre Père. À l’école,
ils avaient respecté cet amour en fleur. Ils avaient vécu
vertueusement et fidèlement, en s’appréciant et
en se respectant. Dans leurs années de luttes difficiles pour
acquérir un métier et l’indépendance
économique, ils avaient trouvé leur plus grande force
de tous les jours dans leur compagnonnage. Maintenant, dans l’âge
mûr, ils trouvaient la paix et la satisfaction tranquille
d’être ensemble.
Rien
n’apporte plus d’énergie, de confiance et de
soutien que le pouvoir de l’amour. Combien son influence est
importante sur l’esprit et le cœur de l’homme !
Combien son pouvoir est grand et magnifique pour vaincre la peur et
le doute, les soucis et le découragement !
Il existe d’autres
expressions magnifiques et nécessaires du don de l’amour.
Considérez la parole du Seigneur concernant le jour du
jugement « Alors le roi dira à ceux qui seront à
sa droite : Venez, les bénis de mon Père, héritez
du royaume qui vous est préparé dès la fondation
du monde ; car j’ai eu faim, et vous m’avez donné
à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné
à boire ; j’étais étranger, et vous
m’avez recueilli ; j’étais nu, et vous m’avez
vêtu ; j’étais infirme, et vous m’avez
visité ; j’étais en prison, et vous êtes
venus auprès de moi. Alors les justes lui répondront,
disant : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir
faim, et que nous t’avons nourri ; ou avoir soif, et que
nous t’avons donné à boire ? Et
quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous
t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons
vêtu ? Et quand est-ce que nous t’avons vu infirme,
ou en prison, et que nous sommes venus auprès de toi ? Et
le roi, répondant, leur dira : en vérité,
je vous dis : En tant que vous l’avez fait à l’un
des plus petits de ceux-ci [qui sont] mes frères, vous me
l’avez fait à
moi. » (Matthieu 25:34-40)
Un
des plus grands défis auxquels nous ayons à faire face
dans nos vies bousculées et égoïstes est de suivre
ce conseil du Maître, prendre le temps de faire les efforts de
s’occuper des autres, de développer et d’exercer
la seule qualité qui nous permettrait de changer la vie
d’autrui, ce que les écritures appellent la charité.
Nous avons tendance à
croire que la charité se manifeste dans les foyers de SDF ou
en signant un chèque pour son institution préférée
en faveur des nécessiteux. Mais mieux définie, la
charité c’est l’amour pur de Jésus-Christ.
Il comprend la bonté, l’envie d’élever et
de venir en aide, de partager son pain si besoin est.
Considérez ce qu’a
déclaré Paul : « Quand je parlerais les
langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité,
je suis un airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit. Et
quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous
les mystères et toute la connaissance, quand j’aurais
même toute la foi jusqu’à transporter des
montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis rien.
…la charité ne périt jamais. Les prophètes
prendront fin, les langues cesseront, la connaissance disparaîtra. »
(1 Corinthiens 13:1-2, 8)
Le
Maître a enseigné : « Car celui qui
voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à
cause de moi la sauvera. » (Luc 9:24)
Ce processus remarquable et
miraculeux survient dans notre vie lorsque nous nous tournons vers
les autres pour les servir avec amour. Nous pouvons tous, en faisant
des efforts, enraciner avec succès la vertu de l’amour
au plus profond de notre être afin d’être nourris
par son grand pouvoir tous les jours de notre vie. Car c’est
lorsque nous ressentons le pouvoir de l’amour que nous arrivons
à comprendre cette grande vérité donnée
par Jean : « Dieu est amour ; et celui qui
demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui »
(Jean 4:16).
Il
y a des années, une jeune femme fit son entrée dans une
école de campagne comme institutrice. Dans sa classe se
trouvait une élève qui avait été en
situation d’échec et continuait à l’être ;
l’écolière ne savait pas lire. Elle venait d’une
famille qui n’avait pas les moyens de l’emmener à
la ville afin de faire des examens pour déterminer si on
pouvait trouver remède à son problème. Sentant
que la difficulté pouvait être en rapport avec ses yeux,
cette jeune institutrice s’arrangea, sur ses propres deniers, à
lui faire passer des tests oculaires. On découvrit un défaut
qui pouvait être corrigé par le port de lunettes. Avec
ces lunettes, un monde nouveau s’ouvrit devant l’écolière.
Pour la première fois de sa vie, elle voyait clairement les
mots. Le salaire de cette institutrice de campagne était peu
élevé, mais avec le peu qu’elle avait, elle fit
un investissement qui changea complètement la vie de cette
écolière en situation d’échec. En agissant
ainsi, elle trouva une nouvelle dimension dans sa propre vie.
Beaucoup d’entre
nous peuvent faire part d’expériences au cours
desquelles ils se sont perdus dans le service envers autrui et où
ils ont découvert que ces moments étaient les plus
gratifiants de leur vie. Tous ceux qui s’engagent activement à
servir Dieu en se tournant vers les autres peuvent témoigner
d’histoires semblables, tout comme le peuvent des parents ou
des conjoints qui ont donné de leur temps et de leurs moyens,
qui ont aimé et se sont tant sacrifiés que leur
attention envers les autres et envers leurs enfants n’a
pratiquement pas connu de limites.
C’est
une chose merveilleuse et une thérapie pour quelqu’un de
mettre de côté toute considération
de gain personnel et de s’engager avec force, énergie et
détermination pour aider le miséreux, pour améliorer
et embellir la communauté, pour nettoyer l’environnement.
La souffrance des sans-logis et des gens qui manquent de nourriture
serait bien plus grande sans le service rendu par les centaines de
bénévoles qui donnent de leur temps et de leur
substance pour les assister. Nous avons tous besoin d’apprendre
que la vie n’est pas simplement une carrière, mais une
mission.
Un
bonheur sans nom et la paix de l’âme sont le résultat
du service plein d’amour envers autrui. Nul ne peut vivre
pleinement et heureux s’il vit seulement pour lui-même.
Je suis allé au
Vietnam Sud et Nord, il y a peu. J’ai fait ce voyage parce que
je voulais revoir les lieux que j’avais visités pendant
la guerre des années 1960. Dans toutes les villes, Ho Chi Minh
et Hanoi, j’ai trouvé une poignée d’Américains
qui enseignaient l’anglais, des médecins américains
qui enseignaient et pratiquaient la médecine pour soulager la
souffrance, et d’autres qui partageaient leurs talents. L’un
ici, l’autre là, rendait service, aimait, et répétait
à l’envi : « C’est la meilleure
chose que j’ai jamais faite ». Ce n’est qu’en
servant, qu’en prenant du temps pour exprimer notre intérêt
et notre souci envers autrui que nous avons le plus de chance de
saisir furtivement ce que nous sommes réellement et ce que
nous pouvons devenir à terme.
Au
coin de Trafalgar Square à Londres se trouve la magnifique
statue d’une jeune Anglaise. Sur cette statue sont gravés
les mots « Brussels Dawn » et « Le
Patriotisme n’est pas suffisant, je dois aimer tous les
hommes ». Cette statue commémore l’héroïsme
d’Édit Cavell, qui fut fusillée comme espionne
anglaise par les envahisseurs allemands à Bruxelles, alors
qu’elle travaillait là-bas comme infirmière dans
un esprit chrétien. La première fois que j’ai vu
cette statue, c’était il y a soixante ans et l’impact
de son message est toujours gravé en moi : « Le
Patriotisme n’est pas suffisant, je dois aimer tous les
hommes ».
L’amour
est la seule force qui permet d’effacer les différences
entre les gens ou de jeter un pont au-dessus de l’abîme
de l’amertume. Je pense souvent aux lignes écrites par
Edwin Markham, qui décrit en termes simples la vertu qui
consiste à se tourner avec amour et tendresse vers ceux qui
nous insultent :
Il
traça un cercle et je me retrouvai à l’extérieur,
Hérétique, rebelle, rejeté.
Mais par amour j’ai fait
preuve d’intelligence pour le vaincre :
Nous avons tracé un cercle
qui l’a englobé !
Celui
qui a enseigné de la manière la plus belle cette vérité
éternelle fut le Fils de Dieu, l’exemple type parfait,
l’instructeur, l’incarnation de l’amour. Sa venue
ici-bas fut l’expression de l’amour de Son Père.
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné
son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ait la vie éternelle. Dieu, en effet,
n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’il
juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. »
(Jean 3:16-17) Pour exprimer son amour ultime, il a accompli ce que
nous ne pouvions faire pour nous-mêmes.
Il
a donné à chacun d’entre nous, qui sommes censés
être ses disciples, ce grand commandement : « Je
vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les
autres; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns
les autres. » (Jean 13:34)
Le
principe de l’amour changera le cœur de l’homme et
le monde en sera amélioré. Cela peut se faire lorsque
nous regardons au-delà de nous-mêmes et que nous
manifestons notre amour envers autrui et envers Dieu, de tout notre
cœur, de toute notre âme, et de tout notre esprit.
Si nous nous tournons
vers Dieu avec amour et gratitude, et si nous servons autrui sans
attendre de récompense, nous montrerons un sens du service
plus grand envers nos frères humains, nous penserons moins à
nous-mêmes et nous nous tournerons davantage vers les autres.
Ce principe d’amour est l’essence même de la bonté.
Quand j’étais
enfant, l’été, nous vivions à la ferme.
C’était à la campagne et les nuits étaient
sombres. Il n’y avait pas d’éclairage public ni
rien de ce genre. Mon frère et moi dormions dehors. À
cette époque de l’année la plupart des nuits
étaient éclairées et l’air était
pur, nous nous couchions sur le dos et nous regardions les myriades
d’étoiles dans les cieux. Nous pouvions identifier
certaines constellations et certaines étoiles que l’on
trouvait dans notre encyclopédie. Tous les soirs, nous
repérions la Grande Ourse, et la Petite Ourse pour trouver
l’étoile Polaire.
Nous
avions fini par nous rendre compte de la stabilité de cette
étoile. Quand la terre tournait, les autres étoiles
semblaient se déplacer dans la nuit. Mais l’étoile
Polaire gardait sa position en ligne avec l’axe de la terre.
C’est pour cela qu’on l’appelle l’étoile
Polaire. Pendant des siècles, les marins s’en sont
servis pour se guider dans leurs voyages. Ils calculaient leur
position grâce à sa stabilité, ce qui leur
évitait de tourner en rond ou d’aller dans la mauvaise
direction lorsqu’ils traversaient les vastes océans sans
repères.
L’amour
est comme l’étoile Polaire. Dans un monde changeant,
c’est une constante. C’est une chose, lorsqu’il est
sincère, qui ne change jamais. C’est l’essence
même de l’enseignement du Christ. C’est la sécurité
du foyer. C’est le gardien de la vie en communauté.
C’est un rayon d’espoir dans un monde de détresse.
Quand nous voyons
l’ensemble de l’humanité et ces masses qui
marchent affamées et miséreuses, qui souffrent de
maladies et de misère, soyons généreux avec nos
biens pour leur venir en aide.
Que
l’amour devienne l’étoile Polaire de nos vies pour
nous tourner vers ceux qui ont besoin de notre force.
Beaucoup parmi nous souffrent de
douleurs spirituelles et émotionnelles autant que physiques.
Beaucoup vivent des conditions effrayantes, terrifiés et
incapables de les assumer seuls. On dit du Sauveur qu’Il
« allait faisant le bien » (Actes 10:38). C’est
le modèle suprême pour nous tous.
Ésaïe dit :
« Fortifiez les mains languissantes, et affermissez les
genoux qui chancellent ; dites à ceux qui ont le cœur
troublé : Prenez courage, ne craignez point ; voici
votre Dieu, la vengeance viendra, la rétribution de Dieu ;
il viendra lui-même, et vous sauvera. » (Ésaïe
35:3-4)
Telles
sont les injonctions, et il y en a beaucoup d’autres, pour
venir en aide à ceux qui sont dans la détresse en
prenant pour modèle la mesure d’amour montrée
dans la vie et l’œuvre du Sauveur.
Il
faut admettre qu’il n’est pas toujours facile de suivre
l’étoile Polaire de l’amour. Cela exige une
discipline à observer presque hors de portée pour
beaucoup d’entre nous. Je crois, de tous, que c’est le
commandement le plus difficile et le plus important. Mais en
l’observant, il en résulte une discipline remarquable et
une influence qui nous raffinent merveilleuses à vivre.
Certains d’entre
nous ne voient plus l’étoile Polaire. Nous vivons dans
des centres urbains, et les lumières de la ville affectent la
vue du merveilleux firmament au-dessus de nos têtes. Mais,
l’étoile est toujours là depuis des siècles ;
sa stabilité est un guide et une ancre. Il en est de même
de l’amour, il ne bouge pas, il ne change pas.
La vertu de l’amour change
les vies, la nôtre et celles de nos proches. C’est la
vertu qui possède en elle-même le meilleur et le plus
durable.
CHAPITRE
DEUX : QUAND L'HONNÊTETÉ APPARAÎT, LES AUTRES
VERTUS SUIVENT
De
nos jours les gens convaincus de malhonnêteté ne sont
plus mis à mort, mais quelque chose disparaît en eux. La
conscience s’étouffe, la personnalité se fane, le
respect de soi s’efface, l’intégrité meurt.
À quel vil prix certains hommes et certaines femmes vendent
leur réputation !
L’année
où mes camarades et moi sommes entrés en secondaire, le
bâtiment ne pouvait accueillir tous les élèves,
et il fut décidé que notre classe de sixième
retournerait dans les anciens bâtiments. C’était
une insulte. Nous étions furieux. Nous avions passé six
ans dans ce bâtiment d’école primaire, et nous
étions prêts à déménager. Il
n’était pas question de passer une année de plus
avec les petits. Nous estimions valoir mieux. En réaction à
cette insulte supposée, nous nous réunîmes après
l’école. Nous décidâmes qu’il était
hors de question de tolérer ce genre de traitement et que nous
allions le manifester en faisant la grève.
Le lendemain, nous n’allâmes
pas à l’école ; mais nous n’avions
nulle part ailleurs où aller. Nous ne pouvions rester à
la maison parce que nos mères nous auraient posé des
questions. Il n’était pas question d’aller en
ville au cinéma parce que nous n’avions pas d’argent.
Nous ne pouvions pas aller traîner dans un parc où la
police aurait pu nous voir. Nous n’envisagions pas d’aller
derrière le mur de l’école pour raconter des
histoires osées, car, à vrai dire, nous n’en
connaissions pas. On ne parlait pas à cette époque de
drogues
ni rien de
semblable. Alors nous avons traîné et nous avons perdu
notre temps toute la journée.
Le
lendemain matin, le principal, M. Stearns, dont le comportement se
mariait très bien avec le nom, se tenait à la porte de
l’école primaire pour nous saluer en entrant. Il
prononça quelques banalités puis nous dit que nous ne
pourrions revenir à l’école qu’avec un mot
de nos parents. C’était ma première expérience
du lockout. Je me rendais compte que la grève n’était
pas le moyen de résoudre les problèmes. On attendait de
nous que nous fussions des citoyens responsables, et si nous avions
des plaintes à formuler, nous pouvions aller chez le principal
et en discuter. Il n’y avait plus qu’une chose à
faire : retourner à la maison pour avoir un mot d’excuse.
Je n’oublierai
jamais comment je suis rentré penaud à la maison. Ma
mère, évidemment, fut
surprise de me voir arriver et me demanda s’il y avait un
problème. Je lui avouai ce que j’avais fait et lui
expliquai que j’avais besoin d’un mot d’excuse.
Elle écrivit un mot très court, le reproche le plus
cinglant que je n’ai jamais reçu :
Cher M. Stearns,
Veuillez excuser l'absence de
Gordon, hier. Il a tendance à simplement suivre la foule.
Je n’ai jamais
oublié la réponse de ma mère. Ni moi ni mes amis
n’avons jamais repris cette tactique. Grâce à nos
parents et au principal, nous avons appris qu’il y a d’autres
moyens pour régler les problèmes ; en réalité
nous nous étions fait manipuler. À partir de ce moment,
je décidais que je ne ferais jamais rien qui m’amènerait
à suivre simplement la foule. Je décidai que je
prendrai mes décisions sur la base de leurs mérites et
de mes principes, et que je ne serai pas emporté çà
et là par ceux qui m’entouraient. Je décidai
aussi que je serai honnête et que je ne tromperai jamais plus.
Cette décision
m’a procuré souvent des bénédictions,
quelques fois dans des circonstances désagréables. Cela
m’a empêché de faire des choses qui auraient pu
avoir des conséquences graves et des ennuis, et pour le moins,
m’aurait coûté la perte de mon intégrité
et du respect de moi-même. Cela m’a aidé à
être fidèle à ce que je crois et honnête
vis-à-vis de moi-même et d’autrui. J’ai
souvent remercié silencieusement ma mère pour ce
reproche qui a autant porté sur moi alors que je n’étais
encore qu’un enfant entrant en sixième.
En tant qu’écoliers,
mes amis et moi étions loin d’être parfaits. Nous
n’étions pas de très bons athlètes, mais
nous étions déterminés lors des compétitions.
On se battait à coups de poing jusqu’au sang. Mais pour
autant que je me souvienne, aucun garçon de cette classe n’a
jamais commis d’autre infraction plus grave qu’un feu
rouge brûlé. Tous ont fait des études supérieures
et ont eu une vie productive. Je suis reconnaissant pour les valeurs
qui nous ont été inculquées, pour la discipline
que l’on attendait de nous, pour les parents qui nous
montraient une meilleure façon de vivre.
Certains considèrent
l’honnêteté comme une vertu banale et que c’est
un sujet de conversation et de réflexion ordinaire et
terre-à-terre. Dernièrement, nous avons assisté
à des débats publics au sujet de la gravité du
mensonge. Il est surprenant et décourageant de voir le nombre
apparent de citoyens qui semblent étonnamment peu concernés
par les violations importantes des serments que commettent les
personnalités publiques. L’érosion du climat
moral a des incidences graves, non seulement dans l’immédiat,
mais ses ramifications se développent dans les générations
futures et les dirigeants de demain.
Les
fausses déclarations aux assurances, les comptabilités
trafiquées, les chèques en bois, les documents
falsifiés, toutes ces choses sont les symptômes d’une
épidémie aux proportions incroyables. Dans la plupart
des cas, pris isolément, les montants sont minimes, mais
globalement, cela représente des actes de malhonnêteté
personnelle qui s’évalue sur une grande échelle.
La dissimulation n’est
pas un fait nouveau. C’est vieux comme l’humanité.
« Le Seigneur dit à Caïn : ‘Où
est ton frère Abel ? » Et il dit : « Je
ne sais, suis-je le gardien de mon frère ? »
(Genèse 4:9). On le sait, ce fut la première tentative
pour cacher la destruction d’une vie innocente.
De nos jours, la malhonnêteté
ne va pas toujours jusqu’à de tels crimes, et on ne met
plus à mort les gens
pour leurs méfaits, comme dans les temps bibliques. Mais
quelque chose en eux meurt. La conscience s’étouffe, la
personnalité se fane, le respect de soi s’efface,
l’intégrité meurt.
Sans
honnêteté, nos vies se désagrégeraient
dans la laideur, le chaos, et toute sécurité et
confiance disparaîtraient. Imaginez une société
dans laquelle il serait imprudent ou dangereux de faire confiance à
qui que soient, des élus aux conseillers financiers, des
assureurs à la baby-sitter ou à la gardienne du jardin
d’enfants. Imaginez que vous vous fassiez opérer par
quelqu’un qui aurait triché pendant ses études de
médecine ou qui aurait trouvé le moyen de
court-circuiter les conditions d’examen exigées dans le
domaine médical. Imaginez la terreur qui régnerait dans
une société qui fermerait les yeux sur la malhonnêteté.
Les perspectives en seraient effrayantes !
Au
milieu des nombreuses lettres que je reçois d’expéditeurs
anonymes, j’en ai trouvé une qui contenait un billet de
banque et une courte note expliquant que l’auteur était
venu chez moi il y a longtemps. Comme on n’avait pas répondu
au son de la cloche d’entrée, il avait tourné la
poignée et voyant que ce n’était pas fermé,
il était entré et avait visité. Il avait trouvé
sur une commode un billet et il l’avait pris. Pendant toutes
ces années, sa conscience l’avait tourmenté et
maintenant il renvoyait l’argent.
Il
n’avait pas mis de somme supplémentaire pour les
intérêts concernant la période pendant laquelle
il avait utilisé mon argent. Mais en lisant cette lettre
pathétique, je pensais aux intérêts d’usure
auxquels il s’était lui-même condamné
pendant un quart de siècle : les reproches incessants de
sa conscience ; pour lui, il n’y avait pas eu de paix
jusqu’à ce qu’il restitue.
Un
journal local contait une histoire semblable. L’État de
l’Utah a reçu une note non signée, qui disait :
« Ci-joints pour le matériel que j’ai utilisé
pendant toutes les années où j’ai travaillé
pour l’État : enveloppes, papier, timbres, etc. »
Il y avait deux cents dollars.
Imaginez
le flot d’argent qui affluerait dans les ministères de
l’État, dans les sociétés commerciales et
les négociants si tous ceux qui ont piqué ici et là
devaient renvoyer tout ce qu’ils ont pris malhonnêtement.
Le coût de chaque poche plastique, de chaque lien ou de
tablier, comprend un pourcentage pour couvrir la part du vol à
l’étalage ou ce que les détaillants appellent la
démarque inconnue. À chaque fois que l’on prend
l’avion, on paie une prime pour assurer la sécurité
des personnes et des biens. L’un dans l’autre, cela se
monte à des millions de dollars, tout ça à cause
de la malhonnêteté effrayante de quelques-uns qui, par
menace ou par chantage, essaient d’obtenir ce à quoi ils
n’ont pas droit, ou dont le manque d’intégrité
et de vergogne les incite à blesser ou à menacer autrui
pour obtenir du gain.
Les
nouvelles du soir nous abreuvent d’histoires malhonnêtes
à sensation. Les médias font passer devant nos yeux une
véritable procession de tromperies sous ses formes les plus
laides.
Nous
cherchons maintenant à légiférer sur ce qui,
autrefois, faisait partie des principes moraux et éthiques de
chacun, et il existe même des débats contradictoires
parmi les gardiens de cette loi. C’est ainsi que les statuts se
multiplient, que les organismes de contrôle dépensent
des milliards en augmentation constante, et que l’on construit
constamment des prisons, mais cela n’empêche pas le
torrent de la malhonnêteté de continuer à couler
et à augmenter.
De
quel vil prix des hommes et des femmes vendent-ils leur bonne
réputation ! On a beaucoup parlé du cas d’une
personnalité très connue qui fut arrêtée
pour avoir pris un article coûtant moins de cinq dollars. Les
conséquences légales de son affaire sont presque
insignifiantes ; ce méfait mesquin l’a condamnée
devant les gens, particulièrement ses collègues, ses
amis, et plus important, sa famille. Dans une certaine mesure, son
acte idiot a annulé en grande partie le bien qu’elle
avait fait et qu’elle pouvait encore faire. Une fois que la
tache de la malhonnêteté a défiguré
quelqu’un, il est difficile d’ôter le doute et la
méfiance persistante qui en résultent. Shakespeare fait
dire à Iago :
« La
bonne renommée d’un homme ou d’une femme…
est le principal joyau de son âme ; qui me vole ma bourse
vole des ordures…, mais celui qui vole ma renommée me
dérobe ce qui ne l’enrichit pas, mais, en fait,
m’appauvrit ».
Et
pourtant, il y a peu, lors d’une émission de radio
populaire à Salt Lake City, l’invité a dit au
moins vingt fois : « Personne n’est honnête
tous les jours. »
Une
telle accusation générale n’est pas seulement
incroyable, c’est insultant ! Il existe encore des gens
dans le monde, et on peut espérer qu’il y en a beaucoup,
qui sont foncièrement honnêtes, tous les jours. Des gens
qui font ce qu’ils disent faire. Des gens dont la parole vaut
un écrit.
Je
n’oublierai jamais un voyage en train que ma femme Marjorie et
moi avons fait d’Osaka à Nagoya au Japon. Des amis nous
attendaient sur le quai de la gare de Nagoya pour nous saluer et dans
l’excitation du moment, Marj a laissé son porte-monnaie
dans le train.
Lorsque
nous avons vu que nous ne l’avions plus, nous avons
immédiatement téléphoné à la gare
de Tokyo, où le train allait, pour signaler la perte. Mais
nous n’espérions guère le retrouver. À
notre grand bonheur, cependant, lorsque le train arriva trois heures
plus tard, un responsable des chemins de fer nous téléphona
pour nous informer que le porte-monnaie était resté sur
le siège où Marj l’avait laissé. Nous ne
repassions pas par Tokyo, aussi il nous promit de nous l’envoyer
aux États-Unis. Là encore, nous n’espérions
pas trop. Plus d’un mois s’écoula. Mais là
encore, un jour, à notre grande surprise, il arriva chez nous
à Salt Lake City. Le porte-monnaie et tout ce qu’il
contenait, y compris les yens japonais, tout y était.
L’intégrité
est la base du commerce dans ce monde où nous vivons.
L’honnêteté et l’intégrité
sont la base de la société. Tous les présidents
et directeurs de banques savent qu’en dépit de toutes
les règles et de tous les gardes fous possibles, en dernière
analyse, la force et la sécurité de toute institution
financière reposent sur l’intégrité de son
personnel. Il en est des banques comme des commerçants, des
politiciens, des professionnels et des dirigeants dans tous les
domaines. En fait, la force et la sécurité de toute
organisation, y compris la famille, reposent sur l’intégrité
de ses membres. Sans intégrité, il ne peut exister de
confiance. Sans confiance, on ne peut espérer de réussite
durable.
J’ai
toujours été fasciné par la Lloyd de Londres,
qui a la réputation d’être l’ultime
souscripteur en matière de catastrophe éventuelle. Je
fus encore plus impressionné après avoir lu un article
qui décrivait la philosophie de la société :
« Les coûts
d’un détournement d’avion, la prise en charge de
désastres majeurs tels que les tremblements de terre…
etc. finissent invariablement à la Lloyd. L’importance
et la nature des risques font que son mode de fonctionnement,
relativement simple, est encore plus
impressionnant. Car la Lloyd n’est pas une société,
elle n’est pas constituée d’actionnaires et elle
n’accepte pas les responsabilités partagées pour
les risques qu’elle assure. C’est une société
de souscripteurs individuels, et elle fonctionne comme un marché.
Son existence est basée sur deux principes : Celui de
l’intégrité totale de tous ses souscripteurs, qui
font commerce avec elle, et celui de la responsabilité
personnelle illimitée. »
La
direction, de la famille, d’une organisation, de notre société,
ou même de la nation, s’érode et finit par
disparaître en l’absence d’honnêteté
et d’intégrité. L’honnêteté
est la pierre de touche qui soutient toute organisation. Tom Peters,
dans son traité très remarqué sur le management
« Search of Excellence », affirme que les
affaires qui réussissent le mieux sont celles qui s’appuient
en interne sur l’intégrité. Il résume en
ces termes : « Sans aucun doute, l’honnêteté
a toujours été la meilleure politique ».
Les codes et les
alliances, les promesses et les principes sont aussi vieux que
l’humanité et sont aussi anciens que l’institution
du mariage. Ils sont la fondation même d’une société,
sure, unie et prospère.
Athènes
était considérée autrefois comme la plus grande
cité du monde connu. C’était le siège du
gouvernement de la Grèce, mais c’était aussi
celui de la connaissance, du commerce, des arts et de la science. À
dix-huit ans, tout jeune Athénien prêtait serment en ces
termes :
« Nous
ne serons pas un sujet de honte pour notre Cité en commettant
un acte malhonnête ou lâche.
« Nous
combattrons pour les idéaux et les causes sacrées de la
Cité, seul et ensemble.
« Nous
respecterons et obéirons aux lois de la Cité, et ferons
de notre mieux pour inciter à cette même révérence
et à ce même respect ceux qui nous sont supérieurs
et qui ont tendance à les affaiblir ou à les réduire
au néant.
« Nous
encouragerons continuellement le peuple à faire son devoir
civique.
« Ainsi
cette Cité sera transmise, non diminuée, mais agrandie
et plus belle que lorsqu’elle nous fut confiée. »
Cet engagement
solennel, et sa mise en application dans la vie des jeunes d’Athènes
fut la base des principes et de la conduite qui fit d’Athènes
la capitale culturelle du monde. Les codes de conduite ne sont pas
nouveaux, et ils ne sont pas démodés.
Les présidents de notre
nation, les juges de la Cour suprême, nos législateurs,
les fonctionnaires servant à de nombreux niveaux lèvent
le bras à angle droit pour promettre de soutenir la loi du
pays et d’assumer leurs responsabilités fidèlement
et avec honneur. La cérémonie de mariage dans de
nombreuses confessions représente une alliance faite
solennellement. Tous les citoyens de notre pays saluent le drapeau et
font promesse d’allégeance à la nation et à
ce qu’il représente. Jéhovah a fait alliance avec
Abraham et avec sa postérité qu’Il serait leur
Dieu et qu’elle serait son Peuple.
Ce
n’est certainement pas une coïncidence ni un hasard si
cinq des Dix Commandements traitent essentiellement de l’honnêteté
dans le sens le plus large. « Tu ne tueras pas »
(Exode 20:13). C’est un acte de la pire espèce de
malhonnêteté que de prendre la vie d’autrui.
« Tu ne voleras pas » (Exode 20:15). Le vol est
évidemment un acte malhonnête. Cela recouvre un ensemble
très large de vols : de la tricherie et du plagiat au
mensonge, à la tromperie et à l’appropriation du
bien d’autrui. Cet acte est répréhensible,
inexcusable, et c’est la violation d’un principe
sous-tendant les bases de la civilisation.
« Tu
ne commettras pas l’adultère » (Exode 20:14).
L’adultère va de pair avec la malhonnêteté.
En langage populaire, ce mal est appelé « tromperie ».
Et c’est bien de tromperie qu’il s’agit, puisqu’il
dérobe la vertu, la loyauté, les promesses sacrées,
la vérité.
Cela
comprend aussi la ruse. C’est de la malhonnêteté
sous sa forme la plus insultante et la plus égoïste, car
on renie les relations humaines les plus sacrées et c’est
un déni des alliances et des promesses faites devant Dieu et
la société. C’est la violation sordide de la
confiance. C’est le rejet égoïste de la loi de
Dieu, et, comme pour les autres formes de malhonnêteté,
ses fruits en sont la tristesse, l’amertume, le cœur
brisé du compagnon, et les enfants trahis. Ce n’est rien
de moins que le vol des vœux et des promesses sacrées du
mariage.
« Tu
ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain »
(Exode 20:16). La propagation malicieuse d’accusations fausses
dans le but de blesser autrui est le genre de malhonnêteté
des plus vicieux.
On
a rapporté récemment aux informations qu’une
femme avait été emprisonnée injustement pendant
vingt-sept ans. Elle avait été condamnée sur
l’affirmation de témoins qui sont venus confesser
ultérieurement qu’ils avaient menti. Je me rends compte
qu’il s’agit là d’un cas extrême, mais
ne connaissons-nous pas tous des exemples de réputation
détruite, de cœurs brisés, de carrières
détruites par la langue perfide du faux témoin ?
Je me souviens d’un
livre d’histoire où l’on faisait le détail
des récits des mensonges secrétés par les
nations lors du conflit de la Seconde Guerre mondiale. Le thème
du livre est basé sur les paroles de Winston Churchill :
« En temps de guerre, la vérité est si
précieuse qu’elle devrait toujours être protégée
par la barrière protectrice du mensonge ». Le livre
traite des nombreuses tromperies utilisées par chaque nation
de chaque côté du conflit. En le lisant, on en arrive
une fois de plus à la conclusion que la guerre est un jeu
diabolique et que la vérité fait partie de ses
nombreuses et précieuses victimes.
Malheureusement, l’emploi
facile de la fausseté et de la tromperie, rationalisé
et exploité durant la guerre par les stratèges
militaires, continue longtemps après que les traités de
paix ont été signés. Ceux qui ont été
formés dans l’art du mensonge pendant la bataille
trouvent difficile de se libérer de ce qui est devenu une
sorte de malhonnêteté confortable, et ils continuent à
utiliser leurs talents en temps de paix. Alors, telle une maladie
endémique, le mal se propage et devient de plus en plus
virulent.
« Tu
ne convoiteras point ». La convoitise, ce mal cancéreux,
n’est-elle pas la source de la plupart des souffrances du
monde ? La convoitise relève de ce désir avide de
posséder ce qui appartient à l’autre. C’est
le mal qui conduit aux pires conséquences.
Contre quel prix minable les gens
cupides vendent-ils leur vie ! Je me souviens d’une suite
d’évènements malheureux qui a concerné les
dirigeants d’une grande institution financière. Après
la mort du président, un vice-président senior postula
pour la place. Il avait toujours été honorable et
compétent, mais à cause de son désir de se
mettre en avant, il abandonna
principe après principe jusqu’à ce qu’il se
détruise complètement. Dans le mouvement, il faillit
presque ruiner l’institution même qu’il avait
cherché à contrôler. L’histoire des
affaires, du gouvernement, des institutions de toutes sortes est
remplie d’exemples de personnes avides qui dans leur égoïsme
et leur malhonnêteté ont écrasé les autres
pour monter et ont fini par se détruire eux-mêmes. De
braves gens, des personnes bien intentionnées très
compétentes, vendent leur âme pour des colifichets qui
ensuite s’évanouissent devant leurs yeux. Leurs rêves
deviennent des cauchemars qui les hantent. La malhonnêteté
ne paye pas et n’a jamais payé.
Tout
le monde veut réussir. La question est : réussir
en quoi ? Réussir à gagner de l’argent,
réussir son mariage, réussir à ses propres yeux
et aux yeux de ses amis ? Tous ces objectifs ne sont pas
forcément mauvais. Mais l’avidité est un piège
sournois qui peut détruire ceux dont la recherche exagérée
du succès devient la force motrice de leur vie. L’avidité
c’est l’influence sournoise, sinistre et maléfique
qui fait dire aux gens : « Ce que j’ai n’est
pas suffisant. J’en veux plus. Et je ferais n’importe
quoi pour l’obtenir. »
Lorsque
j’ai entendu la première fois le terme « yuppie »,
je ne savais pas ce que cela signifiait. J’ai appris plus tard
qu’il s’agit en gros de cette génération de
jeunes gens, la plupart bien formés, qui ont planifié
soigneusement leur carrière pour devenir riches, pour rouler
dans des voitures de fantaisie, porter les meilleurs vêtements,
posséder un appartement à New York et une maison à
la campagne, et encore plus si possible. Ils convoitent le style de
vie du voisin, et l’égoïsme et l’avidité
font partie de leur processus pour l’acquérir.
Ce serait merveilleux si tout le
monde pouvait réussir dans la poursuite de ses objectifs !
Mais nous devons être prudents quant à la façon
dont nous considérons la réussite. Il suffit de lire
les journaux tous les jours pour voir les affaires de ceux dont les
impulsions contraignantes et avides les ont conduits aux ennuis, sans
parler des graves échecs aux dimensions abyssales. Certains
parmi ceux qui roulaient dans des voitures magnifiques et vivaient
dans des maisons à faire baver d’envie les voisins
languissent maintenant en prison. C’étaient des gens au
potentiel extraordinaire, mais dans de nombreux cas, c’est leur
capacité qui les a fait chuter.
Dernièrement, un nombre
alarmant d’individus qui avait commencé à
travailler avec intégrité et honnêteté et
avait vécu dans un confort raisonnable en est arrivé à
être insatisfait. Dans leur avidité à agrandir
leur royaume, ces individus ont incité des gens à
soutenir leurs investissements. Ceux qui ont investi dans leurs
entreprises se sont trouvés eux aussi dans de nombreux cas
contaminés par la maladie de la convoitise. Ils ont prêté
l’oreille aux sirènes qui leur vantaient un large retour
sur investissement pour peu d’efforts. Tel un chien qui court
après sa queue, la vitesse acquise par la combine s’est
accélérée jusqu’à ce qu’un
jour tout s’est effondré. Le promoteur et l’investisseur
se sont retrouvés avec leurs seuls rêves brisés.
Ce qui avait été une association amicale et plaisante
s’est transformé en relations accusatrices et
agressives, quand ce n’étaient pas des poursuites
judiciaires au plan criminel pour essayer de récupérer
les pertes dues à cause des frais de justice.
De nombreux changements sont
apparus dans le monde depuis que le doigt de Dieu a donné le
dixième et dernier commandement : tu ne convoiteras point
la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton
prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son
âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain.»
(Exode 20:17). Mais la nature humaine, elle, n’a pas changé.
Paul écrit dans
une de ses lettres célèbres à Timothée :
« Car l’amour de l’argent est une racine de
tous les maux ; et quelques-uns, en étant possédés,
se sont égarés loin de la foi, et se sont jetés
eux-mêmes dans bien des tourments ». L’argent
en soi n’est pas mauvais. C’est la poursuite implacable
de la richesse aux dépens de toute autre chose, y compris
l’intégrité et la valeur personnelles, qui
conduit souvent à la débauche. Nous n’avons pas
besoin d’aller loin pour constater la vérité de
ce solennel avertissement. Une fois rendus riches grâce à
ce désir brûlant pour l’argent, ces gens, dont je
parle, « se sont jetés eux-mêmes dans bien
des tourments ».
Je
pense à un ami qui était un brave homme. Il avait un
bon foyer et une belle famille, suffisamment de biens pour satisfaire
ses besoins et ceux de sa famille. Mais il commença à
brûler du désir d’obtenir de plus grandes
richesses. Une chose en conduisant à une autre il arriva un
crack dans l’économie, et notre homme se retrouva piégé
de sorte qu’il ne put plus s’en sortir. Ceux qui
attendaient de lui qu’il leur apporte la richesse, et qui au
départ prétendaient l’aimer et l’admirer
pour ses qualités d’homme d’affaires devinrent ses
plus violents adversaires pleins de haine. Ce n’est pas
l’argent qui les a détruits. C’est l’amour
de l’argent qui les a saisis et les a motivés jusqu’à
ce qu’ils se trouvent en difficulté et en situation
d’échec.
Il
est évident que nous avons besoin de gagner de l’argent
pour vivre. Le Seigneur a dit à Adam qu’il gagnerait son
pain à la sueur de son front tous les jours de sa vie. Il est
important de nous qualifier pour être autonomes, surtout les
jeunes gens, au moment du mariage, qu’ils soient prêts à
assumer la responsabilité de subvenir aux besoins de leur
partenaire et des enfants qui arriveront dans le foyer. C’est
important. C’est sain. C’est juste et convenable.
Quelles que soient les
circonstances, nous voulons les améliorer. C’est bien
quand nous ne poussons pas à l’extrême. Je suis
heureux que notre Père ne souhaite pas que ses enfants vivent
dans la pauvreté. Il veut le meilleur pour nous. Il veut que
nous profitions des meilleures choses de la terre. Dans l’Ancien
Testament, il parle « d’un pays où coulent le
lait et le miel », des bêtes grasses du troupeau, et
d’autre chose qui indiquent qu’il souhaite que ses
enfants soient correctement nourris, vêtus, protégés,
et profitent du confort que nous procure la terre.
Nos afflictions commencent lorsque
la convoitise prend le dessus, et que nous envions le bien d’autrui.
Ces afflictions peuvent devenir très dures et très
pénibles si notre convoitise nous incite à compromettre
notre intégrité par une attitude du genre « faire
n’importe quoi pour l’avoir ». Nous n’aurons
jamais l’impression d’en avoir assez si nous faisons
attention aux campagnes de publicité des agents de change pour
acheter des actions en bourse, qui font la promotion de la belle vie
et nous attirent par les babioles d’une société
riche, mais qui ne dit pas comment nous allons les payer.
« Tu ne convoiteras
point la maison de ton prochain ». Nous avons tous besoin
d’un abri. Nous avons tous besoin d’un toit au-dessus de
nos têtes avec la chaleur en hiver et un certain confort en
été. Mais quand on commence à exagérer
comme certains ont tendance à le faire, même les jeunes,
notre folie devient un piège qui nous détruit.
Tu ne convoiteras pas
la voiture de ton voisin. L’automobile moderne est merveilleuse
et pratiquement indispensable dans la société où
nous vivons et travaillons. Mais quand je vois des jeunes s’endetter
lourdement pour acheter des voitures qui coûtent des milliers
de dollars, je me demande ce qui
est advenu de nos valeurs. Je me demande où sont nos
priorités. Je m’inquiète de ce qui me paraît
être une absence alarmante de bon sens.
Il
en est de même pour les bateaux et autres fantaisies.
Lorsqu’une famille du voisinage acquiert un bateau, les voisins
pensent qu’ils doivent faire de même. Nous nous endettons
pour satisfaire nos désirs et nous dissipons nos biens dans le
remboursement de lourds intérêts et nous devenons comme
des serviteurs sous contrat obligés de travailler pour payer
nos dettes. S’il vous plaît, comprenez-moi bien : je
souhaite que tout un chacun puisse profiter des bonnes choses de la
vie. Mais j’espère que nos désirs ne sont pas
inspirés par la convoitise et l’avidité, deux
choses qui provoquent une maladie pernicieuse et qui nous ronge.
L’être
humain chez qui on ne trouve ni ruse, ni tromperie, ni fausseté,
ni convoitise, ni envie « d’écraser les
autres » est une pierre précieuse rare et un vrai
joyau. La façon de voir d’Alexander Pope, le poète
anglais, donnée il y a longtemps est toujours d’actualité.
« L’homme
honnête est l’œuvre la plus noble de Dieu. »
Pourquoi l’honnêteté est-elle si vitale ?
Parce que lorsque l’honnêteté et l’intégrité
sont là, les autres vertus suivent. Et inversement, lorsque
l’intégrité est violée, elle est presque
toujours suivie par d’autres défaillances morales.
L’auteur des
Proverbes écrit : « Il y a six choses que hait
l’Éternel et même sept qu’il a en horreur ;
les yeux hautains, la langue menteuse, les mains qui répandent
le sang innocent, le cœur qui médite des projets
iniques, les pieds qui se hâtent de courir au mal, le faux
témoin qui dit des mensonges, et celui qui excite des
querelles entre frères. » (Proverbes
6:16-19).
Abraham Lincoln reçut le
surnom de « Abe l’honnête homme »,
apparemment il le méritait pour l’avoir gagné, et
toute sa vie il fut gêné lorsqu’il rencontrait des
gens auxquels on ne pouvait se fier. À un moment critique de
la Guerre de Sécession, il s’aperçut que certains
de ses officiers de confiance de l’armée de l’Union
donnaient des renseignements aux responsables de la Confédération.
Il faut en convenir, Lincoln fut déçu par ce manque de
loyauté de la part des soi-disant soutiens de l’Union.
Lors d’une réunion à huis clos, le ministre de la
Guerre présenta des preuves condamnant plusieurs de ces
individus comme traîtres, et demanda à Lincoln ce qu’il
comptait faire. Lincoln, qui était demeuré silencieux
jusque-là, donna son sentiment en racontant l’histoire
d’un fermier qui aimait un grand arbre ombragé qui se
tenait telle une sentinelle prés de sa maison.
« C’était
un arbre qui paraissait magnifique, et qui dans toutes ses parties
semblait parfait, grand, droit… Un matin, alors qu’il
travaillait dans son jardin, le fermier vit un écureuil monter
dans l’arbre et entrer dans un trou, il pensa que l’arbre
pouvait être creux. Il entreprit de l’examiner avec soin
et à sa grande surprise, il trouva que l’arbre imposant
qu’il avait estimé pour sa beauté et sa
magnificence était creux d’en bas jusqu’en haut.
Seule une épaisseur de bois sain restait, à peine
suffisante pour en supporter le poids. Que devait-il faire ?
S’il l’abattait, cela causerait de grands dommages à
cause de sa hauteur et de l’épanouissement de ses
branches. S’il le laissait, sa famille serait en danger
permanent. Il pourrait tomber lors d’une tempête, ou le
vent pourrait l’abattre et sa maison et ses enfants seraient
écrasés. Que devait-il faire ? Il dit tristement
en s’en allant : ‘J’aurais aimé ne
jamais voir cet écureuil’. »
Très simplement, nous ne
pouvons faire moins que d’être honnêtes, moins que
d’être fidèles, moins que d’être
vertueux si nous devons garder sacrée la confiance qui nous a
été faite par nos prédécesseurs, ou si
nous devons mériter la confiance de ceux avec qui nous vivons,
nous travaillons et avec lesquels nous sommes associés. On a
dit un jour que la parole d’un
homme était aussi valable que sa promesse. Serons-nous moins
fiables, moins honnêtes que nos parents ? Ceux qui sont
malhonnêtes avec autrui apportent le cancer dans leur âme
et apprennent vite qu’ils ne peuvent même pas avoir
confiance en eux-mêmes.
J’ai
entendu un jour un homme, fort et sage que j’admirais
grandement, conseiller doucement sa fille, qui partait à un
rendez-vous :
— Sois
prudente dans tes actions et dans ce que tu dis.
—
Papa, n’as-tu pas confiance en
moi ? répondit-elle vivement.
—
Je ne me fais pas confiance totalement
moi-même, répondit-il. Nul n’est assez âgé
ou assez sage pour que l’adversaire l’abandonne.
Chacun d’entre
nous doit garder la foi en lui-même et dans les autres. Tant
d’entre nous commencent fort et ensuite abandonnent. Il y a
beaucoup de joueurs dans le jeu de la vie qui parvienne à la
première base. Certains atteignent la seconde. Une poignée
la troisième. Mais il y en peu qui arrive sur le marbre en
vainqueur. Cela exige une lutte continuelle pour gagner cette
maîtrise de soi. Comme l’a fait remarquer Henry
Wadsworth : « Les hauteurs sur lesquelles se
maintiennent les grands hommes n’ont pas été
atteintes en un clin d’œil, mais c’est alors que
leurs compagnons dormaient, qu’ils sont montés en
peinant dans la nuit ».
Karl
G. Maeser, professeur allemand, a servi en tant que premier président
de l’Université Brigham Young, maintenant la plus grande
université privée appartenant à une Église
aux États-Unis. Voilà plus d’un siècle, il
disait ceci à ses étudiants : « On m’a
demandé ce que j’entendais par « parole
d’honneur » je vais vous le dire. Mettez-moi
derrière les murs d’une prison, des murs de pierre
excessivement hauts et épais et plongeant au plus profond de
la terre, il y aura toujours une possibilité d’une façon
ou d’une autre pour que je m’en échappe.
Maintenant, placez-moi sur le plancher et tracez un cercle de craie
autour de moi et demandez que je vous donne ma parole d’honneur
de ne jamais sortir du cercle. Puis-je sortir du cercle ? Non,
jamais, plutôt mourir ».
Ne
pouvons-nous, en entrant dans le vingt et unième siècle,
faire vœu de garder la foi dans le meilleur qui est en nous ?
Ne pouvons-nous remettre à l’honneur les vertus jumelles
que sont l’intégrité et l’honnêteté ?
Il est possible d’être honnête tous les jours. Il
est possible de vivre en sorte que l’on nous fasse confiance,
que l’on ait confiance en notre parole, nos mobiles, et nos
actions. Notre exemple est vital pour ceux qui vivent à nos
pieds comme pour ceux qui nous voient de loin. Notre amélioration
constante deviendra comme une étoile polaire pour ceux qui
vivent dans notre sphère d’influence. Ils se
souviendront plus longtemps de ce qu’ils ont vu en nous que de
ce qu’ils auront entendu de nous. Notre attitude, notre point
de vue, peut faire une énorme différence.
Mon père m’a raconté
une histoire, quand j’étais enfant, que je n’ai
jamais oubliée. Un garçon plus âgé et son
jeune compagnon marchaient le long d’un chemin dans les champs.
Ils virent un vieux manteau et une paire de chaussures très
usées sur le bord de la route, et leur propriétaire qui
travaillait dans le champ. Le jeune garçon suggéra de
cacher les chaussures, et de se dissimuler pour voir la tête
que ferait l’homme quand il reviendrait. Le garçon plus
âgé, qui était un brave garçon, ne trouva
pas que l’idée était très bonne. Il dit
que le propriétaire devait être très pauvre.
Après avoir discuté de la question, ils décidèrent
de faire une autre expérience. Au lieu de cacher les
chaussures, ils mettraient un
dollar dans chacune d’elles et se cacheraient pour voir ce que
ferait le propriétaire quand il découvrirait l’argent.
L’homme revint
bientôt du champ, mit son manteau, glissa un pied dans une
chaussure, sentit quelque chose de dur, ressortit le pied et trouva
un dollar d’argent. L’émerveillement et la
surprise illuminèrent sa figure. Il regarda le dollar de
nouveau, se retourna et ne vit personne, puis il se décida à
mettre l’autre chaussure et à sa grande surprise trouva
un autre dollar. C’en fut trop pour lui et il tomba à
genoux en prière d’Actions de grâce, dans laquelle
il parla de sa femme malade et impotente et de ses enfants sans pain.
Il remercia ensuite avec ferveur le Seigneur pour la générosité
des mains inconnues et pria pour que les bénédictions
du ciel reposent sur ceux qui lui avaient apporté leur aide.
Les garçons restèrent cachés jusqu’à
ce qu’il parte. Puis ils continuèrent tranquillement le
long du chemin et l’un dit à l’autre : « Tu
n’es pas bien maintenant ? N’es-tu pas heureux que
nous n’ayons pas essayé de le tromper ? »
Les hommes et les
femmes intègres comprennent au fond d’eux-mêmes
qu’ils ont le droit sacré de lever la tête vers la
lumière de la vérité, sans honte devant
personne. C’est sur ce simple principe et sur ce trait de
caractère que repose la vertu de base de toute personne et de
toute société.
CHAPITRE
TROIS : JUGER DE LA MORALITÉ
L’expérience et la
sagesse divine montrent que la morale et la pureté préparent
la voie à la force de caractère, à la paix du
cœur et de l’esprit, et au bonheur ici-bas.
Un
jour, j’ai discuté avec un jeune homme dans un aéroport
en Amérique du Sud, où nos avions respectifs avaient du
retard. Sa chevelure n’était pas soignée et il
n’était pas rasé ; il avait de larges
lunettes rondes. Ses vêtements donnaient l’impression
d’une totale indifférence à tout style ou
principe généralement accepté. Mais il était
sérieux et à l’évidence franc, honnête
et réfléchi. Sans emploi, et aidé financièrement
par son père, il visitait l’Amérique du Sud.
Que recherchait-il dans
la vie ? demandais-je. « La paix et la liberté »
fut sa réponse immédiate. Utilisait-il des drogues ?
Oui, c’était un des moyens pour obtenir ce qu’il
recherchait. La discussion sur les drogues nous amena à
discuter des mœurs. Il parla incidemment de la moralité
d’aujourd’hui, qui lui apportait, lui semblait-il,
beaucoup plus de liberté que ce que les générations
précédentes n’avaient jamais connu.
En nous présentant, je lui
avais dit que j’étais un dirigeant religieux. Il me fit
savoir, d’une façon un peu condescendante, que pour lui
la moralité de ma génération, comme celles des
autres précédentes, c’était de la blague.
Ensuite, il me demanda carrément comment je pouvais
honnêtement défendre la vertu personnelle et la
chasteté. Je le choquai quand je lui répondis que sa
liberté n’était qu’une illusion, que sa
paix n’était qu’une illusion, que cette paix et
cette liberté devraient être chèrement payées
et qu’elles auraient un coût immense tant sur le plan
individuel que sur celui de la société, et que je
voulais bien lui expliquer pourquoi. Nos vols arrivèrent peu
de temps après, et nous dûmes nous quitter.
J’ai beaucoup pensé à
cette discussion. J’aurais aimé avoir le temps de finir
notre conversation. Il est le représentant d’une
génération qui se compte par millions, qui recherche la
liberté de toute contrainte morale et la tranquillité
de l’esprit quant à la culpabilité, qui cherche à
légitimer, et même à glorifier des pratiques qui
rendent esclaves et entraînent vers la débauche, et si
l’on n’y prend garde, détruiront non seulement la
personne, mais aussi les
nations dont ils sont une partie intégrante.
Il est virtuellement impossible
aujourd’hui de se tenir à l’écart des
influences immorales. Notre culture en est saturée.
L’adultère, la fornication, l’homosexualité,
la pornographie font des ravages sur le plan spirituel chacun dans
son domaine, tout ceci au nom de la liberté et de la paix.
Je pensais à
cette prétendue liberté alors que je parlais avec un
jeune homme et une jeune fille dans mon bureau. C’était
un jeune homme intelligent, il était grand et avait du talent.
Elle, c’était une belle fille, une excellente étudiante,
sensible et perspicace.
La
jeune fille sanglotait et le jeune homme avait les larmes aux yeux.
Ils étaient étudiants à l’université
et devaient se marier la semaine suivante. Mais ce ne serait pas le
genre de mariage dont ils avaient rêvé. Cela ne serait
pas le point culminant de leur planification et de leurs préparatifs.
Ils allaient plutôt devoir précipiter les choses. Ce
mariage allait interrompre leurs études et briser leurs rêves,
une situation qu’ils regrettaient tous les deux et pour
laquelle ils n’étaient pas préparés, sur
le plan émotionnel comme dans les autres domaines. Ils se
rendaient compte que les plans qu’ils avaient faits pour leurs
études étaient bouleversés, ainsi que les années
de préparation nécessaires pour affronter le monde de
la concurrence qui se présentait à eux. Au lieu de
cela, ils devaient interrompre leurs études pour fonder un
foyer. Il devrait être le soutien de famille avec les maigres
compétences qu’il pourrait présenter. Le jeune
homme regarda à travers ses larmes et dit :
— Nous avons tout brisé.
— Nous avons
triché l’un envers l’autre, répondit-elle.
— Nous avons été
malhonnêtes l’un envers l’autre et envers nos
parents qui nous aiment, et nous avons été malhonnêtes
envers nous-mêmes. Nous nous sommes trahis mutuellement.
Elle expliqua comment
ils s’étaient laissé prendre par cette sottise
qui affirme que vertu égale hypocrisie. Ils avaient découvert
que le piège qui les avait détruits se trouvait dans
l’absence de principes moraux, dans lequel baignent la
télévision, le cinéma et la culture en général.
Ils me parlèrent
de toutes les craintes et de tous les doutes qui les avaient obsédés
pendant les jours et les nuits d’angoisse qu’ils avaient
endurés lors des semaines passées. Devait-elle
avorter ? La tentation était grande face à la
perspective effrayante de l’épreuve qui se présentait
à elle, la gêne de la situation et la honte qu’elle
devrait subir. Cela pouvait sembler être une solution, mais
est-ce que cela adoucirait l’angoisse qui la tenaillait ?
Non, avait-elle conclu ; elle ne prendrait jamais la vie d’un
être innocent qu’elle avait aidé à créer.
La vie était sacrée en toutes circonstances. Elle
savait qu’elle ne pourrait jamais vivre en paix si elle se
décidait à détruire le don de la vie, même
dans cette situation difficile.
Lui
aussi avait décidé d’être responsable, il
ne la laisserait jamais seule affronter cette épreuve. Il
assumerait ses responsabilités même si cela devait
anéantir l’avenir dont il avait rêvé.
J’admirais leur courage et leur détermination à
faire du mieux qu’ils pouvaient dans ces conditions, mais
j’avais mal au cœur en les regardant. C’était
une tragédie. C’était un esclavage. Ils avaient
troqué
leur paix intérieure et leur liberté, la liberté
de se marier quand ils l’auraient choisie, la liberté de
s’assurer l’instruction dont ils avaient rêvé,
et plus important, la paix que l’on ressent quand on se
respecte.
Mon jeune ami de
l’aéroport aurait pu m’opposer qu’ils
n’avaient pas été malins. S’ils avaient
fait un usage intelligent des moyens mis à leur disposition,
ils ne se seraient pas trouvés dans cette situation désolante.
J’aurais pu répliquer que leur situation était
loin d’être unique.
La
violation des bonnes mœurs à notre époque, comme
autrefois, n’apporte que des regrets, de la peine, la perte de
l’estime de soi, et dans de nombreux cas la tragédie. Le
raisonnement et l’équivoque ne supprimeront pas le
cancer destructeur du respect de la personne qui rejette cette vertu
irremplaçable. L’auto justification ne guérira
jamais le cœur
de celui qui se
laisse emporter par la tragédie morale.
Le bien est bien et le
mal est mal
Selon un sondage au
plan national de 1997, il y a 32 % de risque de divorce en plus parmi
ceux qui ont eu des relations sexuelles prémaritales que parmi
l’ensemble de la population. Parmi les personnes séparées
ou divorcées, on trouve trois fois plus de gens qui ont commis
l’adultère que parmi l’ensemble de la population
en général. De plus, 82% des conjoints qui
considèrent leur mariage comme « très fort »
n’ont pas eu de relations sexuelles avant leur mariage. Ceci
n’est pas surprenant. L’immoralité est une très
grave violation de l’intégrité. D’un autre
côté, ceux qui ont fait preuve de pureté sexuelle
ont vraisemblablement dû cultiver d’autres vertus morales
ce qui a contribué au succès dans leurs relations,
surtout maritales. Chacun d’entre nous a la capacité de
maîtriser ses pensées et ses actions. Ceci fait partie
du processus de développement spirituel, physique, et de
maturité émotionnelle.
L’autodiscipline
n’est pas nécessairement une chose aisée. Cela
exige des efforts et de la force. Cela exige que l’on y pense
et que l’on prie. À long terme, cependant, c’est
un chemin beaucoup plus facile que ne l’est celui des désirs
dévergondés qui mènent à la destruction
du cœur et de l’esprit.
Dans
les années 1960, j’ai visité la Corée une
douzaine de fois. J’ai vu les tragiques conséquences de
la guerre, pas seulement la perte des vies humaines et la destruction
des biens, mais j’y ai vu les milliers d’orphelins nés
de mères coréennes et de soldats américains. Ces
enfants ont été généralement abandonnés.
C’étaient les créatures du chagrin non désirées,
l’écume d’une misérable marée
d’immoralité.
Il
en était de même au Vietnam. Des dizaines de milliers
d’enfants interraciaux sont nés pendant cette guerre.
Paix et liberté ? Il n’y en aura pas pour les
hommes qui se sont laissés aller sans vergogne ni pour ces
enfants victimes innocentes et tragiques de leur concupiscence. Toute
justification personnelle n’est qu’une illusion et une
misérable imposture. On a dit autrefois que « celui
qui se gouverne est supérieur à celui qui prend une
ville. » L’homme peut-il ressentir la paix du cœur
ou se sentir libre dans la vie quand il n’a laissé que
le malheur comme résultat de son caprice ? N’y
a-t-il rien de plus faux ni de plus malhonnête que la
satisfaction des passions et le refus des responsabilités ?
Un
soir, en feuilletant le journal, je suis tombé sur les
cinémas. Il y en avait énormément qui incitaient
le lecteur à la débauche. Je suis allé voir mon
courrier, et j’y trouvais un petit magazine qui donnait les
tarifs de films à la télévision et vis que les
titres allaient tous dans
le même sens. Un magazine se trouvait sur mon bureau. Le titre
principal était consacré à la montée du
taux de criminalité, et insistait sur l’influence
dégradante et l’énorme coût de la
pornographie, de la drogue et des gangs. Les articles du magazine
citaient les milliards supplémentaires dont on avait besoin
pour augmenter les forces de police, construire davantage de centres
de réhabilitation pour les jeunes et pour les drogués,
et pour l’agrandissement des prisons.
Cette
vague submerge notre corps législatif et nos tribunaux. Les
contraintes légales se rapportant à la conduite
immorale s’affaiblissent en raison de la promulgation de lois
et sous l’influence de l’opinion des jurés. Tout
ceci au nom de la liberté, la liberté d’expression,
la liberté de la presse, la liberté de choisir dans des
domaines prétendument personnels. Mais l’abus de ces
libertés a rendu le monde esclave d’habitudes
dégradantes, et suscité un comportement qui ne mène
qu’à la destruction.
Le
livre de Michael Medved « Hollywood vs America »
(Hollywood contre l’Amérique) dépeint un tableau
sinistre de l’obsession misérable et lugubre des
nombreux producteurs de films de cinéma et de télévision
concernant le sexe. Il parle de « l’usine à
rêve d’Hollywood » comme étant « une
usine à poisons », et cite un sondage de
« l’Associated Press/Media General » dans
lequel 80% des Américains sont opposés à la
montée de la violence ; 72% à la montée de la
sexualité explicite. Les fabricants de ces poubelles ne
tiennent pas compte des sentiments de l’Amérique
profonde. Mais dans leur obsession, ils influencent sans aucun doute
et ils guident des millions de gens dans une direction qui les
incitent trop à changer leurs principes moraux.
Dans
le vieux film ‘International Hotel’, W.C. Fields vole
dans les nuages lorsqu’il se rend compte qu’il est à
court de bière. Il atterrit sur le toit de l’Hôtel
International quelque part en Chine, où l’élite
de la ville est réunie pour le thé. Fields leur demande
où il se trouve. On lui répond « Wu Hu ».
« Je cherche Kansas City au Kansas », dit-il.
Quelqu’un lui répond : « Vous êtes
perdu, monsieur ». Là-dessus avec un brin
d’arrogance et de suffisance, il relève la tête,
bombe le torse et dit : « Kansas City est perdue, me
voilà ! »
Il
en est de même des auteurs et des producteurs de programmes
insipides et destructifs qui encombrent les airs. Leur ego les pousse
à considérer que leur mission consiste à éduquer
l’Amérique au regard des mœurs. Il y a plusieurs
années, un producteur célèbre de télévision
s’était vanté que dans les cinq ans, il aurait
une émission réservée aux adultes en prime time
à la télévision. Il a atteint son but en moins
de temps que cela. Dans leur arrogance, ces producteurs ne tiennent
pas compte du goût et des désirs d’une grande
partie des citoyens. Tous les sondages et toutes les enquêtes
montrent la présence d’un ensemble fort et cohérent
de gens ayant des idéaux élevés, vivant avec
décence et intégrité. Toutefois, cette partie de
la société est rarement décrite par les
producteurs (une exception notable : la série de CBS
« Touched by an Angel » que les critiques de
télévision ont commencé par éreinter.
Nonobstant les critiques, ce programme « plein de bons
sentiments » qui traite de l’existence de Dieu et de
la communication avec lui par l’intermédiaire d’êtres
célestes a trouvé une audience importante et fidèle.
Il
faut être naïf pour croire que les programmes montrant une
immoralité flagrante visionnés régulièrement
tous les soirs dans nos salles de séjour n’ont pas
d’influence sur les gens. Je suis toujours étonné
lorsque des gens soutiennent que ce qu’ils regardent à
la télévision ou au cinéma n’a aucun effet
sur eux. Il est intéressant de remarquer que le tarif pour un
spot télévisuel de trente secondes pour le Super Bowl
de 1999 s’élevait à 1,5 million de dollars.
Apparemment, une armée de publicitaires est sure qu’elle
va pouvoir influencer en trente secondes les téléspectateurs
pour qu’ils achètent les produits ou les services
qu’ils présentent. Devons-nous alors croire que les
heures de veille qui se transforment en années devant la
télévision ne vont pas influencer notre comportement
dans tous les domaines, de notre vie de famille à nos
relations sexuelles ?
La
pornographie, qui fait le lit de l’immoralité encore
plus flagrante, n’est plus considérée comme un
sujet de discussion dont on parlerait à mots couverts. Elle
est considérée maintenant dans de trop nombreux foyers
comme un divertissement normal. La pornographie dérobe leur
estime à ses victimes et souille les beautés de la vie.
Ceux qui s’y livrent se détruisent et sont attirés
dans un univers glauque de pensées dégoûtantes et
de mauvaises actions. Elle séduit, détruit, et déforme
la vérité sur l’amour et l’intimité.
Elle est plus destructrice qu’une maladie grave. La
pornographie rend autant dépendant et détruit autant
que les drogues illicites, elle détruit littéralement
les relations personnelles
de
ceux qui s’en rendent esclaves.
Personne
ne peut se permettre de toucher à cette saleté. Nous ne
pouvons risquer de subir les ravages qu’elle occasionne dans
les relations les plus précieuses : celles du mariage, et
de la famille. Nous ne pouvons risquer de subir les conséquences
que cela aura sur notre esprit et notre âme. Les vidéos
salaces, les numéros de téléphone surtaxés,
les saletés que l’on trouve sur l’Internet, les
magazines et les films érotiques sont tous des pièges à
éviter comme la plus mortelle des pestes.
Il
y a longtemps, je travaillais dans un bureau de chemin de fer à
Denver, où j’étais chargé des wagons à
bagages et des colis express accompagnant les voyageurs. Un jour j’ai
reçu un coup de téléphone de mon homologue sur
une autre ligne à Newark dans le New Jersey, qui disait qu’un
train de voyageurs était arrivé sans son wagon à
bagages. Trois cents clients étaient furieux et ils avaient
des raisons de l’être.
Nous
constatâmes que le train était bien parti d’Oakland
en Californie, avait ensuite voyagé jusqu’à Salt
Lake City, puis à Denver et avait continué sur Saint
Louis. À partir de là, le train devait aller vers sa
destination sur la côte est. Mais à la gare de Saint
Louis, un aiguilleur s’était trompé en déplaçant
une pièce de métal de trois pouces. Cette pièce
de métal était l’aiguillage et le wagon à
bagages qui aurait dû aller à Newark se trouvait à
La Nouvelle-Orléans, à deux mille deux cents kilomètres
de là.
Les prisons de
notre pays sont remplies de gens qui ont fait des choix imprudents et
même destructeurs, des individus qui ont déplacé
légèrement un aiguillage dans leur vie et se sont
retrouvés rapidement sur la mauvaise voie en direction du
mauvais endroit.
Ce n’est pas
par hasard si le Seigneur, alors qu’il parlait à la
multitude sur le Mont a inclus cette merveilleuse déclaration :
« Bénis ceux qui ont le cœur pur, car ils
verront Dieu » (Matthieu 5:8). Si seulement chacun d’entre
nous voulait chercher à être plus pur ! Si
seulement notre société voulait accorder de la valeur à
la pureté !
Il
y a quelques années un athlète professionnel connu a
fait les grands titres des journaux en affirmant que son salaire
élevé et son statut de superstar n’impliquaient
pas qu’il soit un « exemple » ni un
« héros » pour quiconque, y compris les
milliers de jeunes gens qui l’admiraient et portaient des
tee-shirts avec son numéro en raison de son talent
extraordinaire. Comme c’est absurde ! Notre société
serait bien différente si ceux qui bénéficient
du privilège de la célébrité et de la
réputation ressentaient aussi le désir, si ce n’est
l’obligation morale, de glorifier la vertu. Imaginez
l’influence qu’aurait cette caution de moralité
présentée par ces célébrités.
Imaginez les hommes et les femmes, les jeunes gens et les jeunes
filles, qui voudraient suivre leur exemple ! Le résultat
en bien serait stupéfiant.
Je
suis suffisamment âgé, et mon enfance et mon adolescence
sont déjà loin, pourtant j’ai, moi aussi, eu des
héros que j’ai admirés et j’ai essayé
d’imiter certains grands hommes dans ma vie. Ce groupe de héros
s’est élargi pour y faire entrer Washington, Jefferson,
Lincoln, et d’autres présidents des États-Unis.
J’avais juste seize ans lorsque Lindbergh a traversé
l’Atlantique sur le monomoteur « Spirit of Saint
Louis » pour atterrir trente-trois heures après le
décollage. Il devint pour moi en un instant un héros
hors norme. Je me souviens encore très bien des vendeurs de
journaux qui couraient dans les rues en criant « Sensationnel ! »
pour vendre leur édition spéciale. Le triomphe de
Lindbergh était excitant parce qu’il s’était
attaqué à l’impossible et qu’il avait
réussi.
Lorsque j’étais
en sixième, mon père m’a emmené à
une conférence donnée par l’Amiral Richard E.
Byrd qui avait dirigé une expédition au pôle Sud.
Son succès était terriblement significatif. J’écoutais
fasciné ses paroles captivantes. Lui aussi est devenu un
héros.
Au fil des années,
j’en ai admiré d’autres. Je suis un descendant
direct de Stephen Hopkins, qui fut passager sur le Mayflower. Lui et
le reste de ce groupe courageux de premiers immigrants partirent sur
une mer calme, mais avant la fin de leur voyage, ils se sont heurtés
aux vagues montagneuses des tempêtes d’équinoxe.
En arrivant en Amérique en novembre, ils ont dû faire
face à un long et difficile hiver, sans autres provisions que
celles qu’ils avaient apportées sur le bateau. En deux
ou trois mois, la moitié de la compagnie était décédée.
Cependant, en dépit des terribles épreuves qu’ils
avaient traversées, lorsque le Mayflower repartit pour
l’Angleterre au printemps suivant, aucun d’entre eux ne
suivit. Ces héros et ces héroïnes étaient
des hommes et des femmes au courage physique et moral formidable.
Je
suis désolé pour la génération actuelle
qui semble privée de héros. Ces hommes et ces femmes
qui, en vertu de leurs contributions et de leurs accomplissements,
semblent plus grands que les gens ordinaires, et que l’on
admire à cause de leur stature morale extraordinaire sont une
race en voie de disparition.
D’un
autre côté, je suis heureux de constater qu’il y a
des millions de braves gens en Amérique et ailleurs. Beaucoup
de couples mariés sont fidèles. Leurs enfants sont
élevés avec sérieux, dans le goût du
travail et de la foi en Dieu. Vu la force de ces familles, je crois
que la situation est loin d’être désespérée.
Cela me fait plaisir de voir que certains ne se contentent pas de
rester immobiles devant l’obscénité et la
violence qui nous envahissent. Ils ne sont pas non plus désespérés
au point de fuir devant ces menaces. Cette marée putride,
aussi haute et menaçante qu’elle soit, peut-être
inversée si suffisamment de gens de valeur apportent leur
soutien au petit nombre qui est déjà engagé dans
ce combat avec succès.
Tous
les gens vertueux et de bonnes mœurs ont le devoir d’identifier
le mal et de l’affronter. Tout commence par notre vertu
personnelle. La réforme du monde commence par nous-mêmes.
Nous ne pouvons espérer influencer autrui dans le sens du bien
si nous ne vivons pas vertueusement. L’exemple d’une vie
honnête a plus d’influence que tous les prêches,
les principes et les théories dont nous pouvons nous
satisfaire. Nous ne pouvons élever les autres si nous ne
sommes pas à un niveau supérieur.
Cultiver
la vertu commence par le respect de soi. Nous vivons à une
époque où les gens s’habillent de façon
débraillée, ont des manières grossières
et, c’est regrettable de le dire, ont des mœurs
relâchées. On ne sait pourquoi, mais on n’arrête
pas de marteler que la moralité
sexuelle est excessivement difficile à suivre, trop difficile
pour qu’on s’attende à ce que les hommes et les
femmes d’aujourd’hui l’acceptent. Apparemment, les
porte-parole de ce point de vue ne semblent pas voir le paradoxe de
la situation. La conduite débridée amenant à
l’immoralité est en fait un choix plus difficile que la
maîtrise sexuelle.
L’infidélité,
la promiscuité, et les désirs sexuels, sous toutes
leurs formes, traînent derrière eux une armée de
maux : des maladies mortelles, l’insécurité
lorsqu’on s’engage dans des relations sexuelles sans en
assumer les responsabilités, et même dans de nombreux
cas sans amour ; la détérioration du sentiment de
sa valeur et de son amour propre, la destruction de son intégrité
personnelle, la menace d’une grossesse non désirée,
etc. Oui, la moralité exige de la discipline. Mais une
contrainte personnelle minime est-elle plus difficile au regard des
conséquences mentionnées précédemment ?
Aucune personne de bon sens ne peut prétendre le contraire.
Il
est faux de dire qu’il était plus aisé d’honorer
la vertu autrefois et d’affirmer que de nos jours c’est
devenu plus difficile. La maîtrise personnelle représente
un défi en soi, nous vivons dans une société qui
fait du racolage sur le thème de la « liberté »,
c’est pourquoi certains prétendent qu’il faut
considérer les attentats aux bonnes mœurs comme
« humaines » et donc les comprendre et les
excuser. Pourtant, la proposition qui fut faite par la femme de
Potiphar à Joseph en Égypte n’est pas
fondamentalement différente de celles auxquelles les hommes et
les femmes d’aujourd’hui ont à faire face. La
différence majeure réside dans le fait que nous sommes
placés devant le portrait éhonté de l’immoralité
et de sa glorification sous toutes les formes de communication et de
distraction, et de plus en plus de gens soutiennent ouvertement que
l’acceptation ou le rejet de ces comportements n’est
qu’une question de choix personnel. Ce qui était
considéré, encore il y a peu, comme indécent et
immoral est maintenant toléré quand ce n’est pas
carrément accepté.
Mais
chacun d’entre nous a une conscience. Nous connaissons la
différence entre le bien et le mal. Nous n’avons pas
besoin qu’on nous dise où est le bien et où est
le mal. Nous savons quand nous avons mal agi, et nous avons des
remords de conscience. Nous savons quand nous faisons bien, et il en
résulte un sentiment de paix intérieure et de bonheur.
Notre
défi consiste à élever nos pensées
au-dessus de l’impureté, à nous discipliner en
faisant preuve de vertu, à contrôler nos paroles pour ne
dire que des choses inspirantes et qui nous font progresser.
Voilà
les étapes qui mènent vers la pureté et la
vertu, qui élèvent et invitent autrui à un mode
de vie supérieur.
Nous
pouvons tous franchir ces étapes. Notre vie est rarement
déterminée par des décisions majeures qui
changent radicalement son cours. La direction que nous suivons est
souvent déterminée par les choix simples et quotidiens
qui déterminent la piste sur laquelle nous nous trouvons.
Voilà la raison de notre vie : faire des choix.
La
leçon de l’aiguillage est semblable à la façon
dont fonctionne le grand portail d’entrée d’une
ferme. Ce portail bouge très peu au niveau de la charnière,
mais énormément à la circonférence. Un
très petit mouvement au niveau de la charnière produit
un grand déplacement au bout de la porte.
Il
en est de même dans nos vies. S’abandonner imprudemment à
une pulsion, une décision
malheureuse, un abandon momentané de la discipline personnelle
peut faire des ravages aux conséquences bien plus graves que
ce qu’on ne pourrait jamais imaginer.
Lors
d’un voyage en Suisse il y a quelques années, j’ai
acheté un paquet de graines d’edelweiss. Ces graines
sont très petites, sèches comme des grains de poivre,
minuscules. Sur le paquet on voit l’image d’un plan
arrivé à maturité, c’est la fleur qui
pousse en altitude dans les Alpes suisses. L’edelweiss subit
les tempêtes qui font rage dans ces montagnes, elle fleurit
sous la neige, et embellit les pentes et les prairies alpines. Elle
ne paye pas de mine, mais les graines minuscules ont en elle le
potentiel pour développer une vie magnifique et vigoureuse.
Il
en est de même pour chacun d’entre nous. Nous possédons
un potentiel incalculable de bonnes choses. Les décisions que
nous prenons déterminent le cours de notre vie et la formation
de notre personnalité. Elles déterminent si nous
vivrons vertueusement.
Les
Églises du monde peuvent aider. Les avertissements répétés
du Pape Jean Paul II contre les pièges moraux sont
impressionnants et avisés. Les baptistes ont lancé une
campagne importante et énergique en faveur de la chasteté.
De nombreuses personnes honnêtes représentant diverses
confessions s’opposent fermement aux ruses du monde.
Celui
qui sait et croit qu’il est un enfant de Dieu, créé
par un Père céleste et doté d’un potentiel
lui permettant de jouir des vertus divines merveilleuses, se
disciplinera contre les éléments sordides et lascifs
auxquels nous sommes si fréquemment et si facilement exposé.
J’ai
grandi à Salt Lake City et la plupart des foyers étaient
chauffés au charbon. Résultat : presque toutes les
cheminées vomissaient une fumée noire. À la fin
de l’hiver, la suie et la crasse s’infiltraient partout,
à l’intérieur comme à l’extérieur
des maisons. Tous les ans nous subissions le même rituel, que
nous n’appréciions pas en tant qu’enfants. Tous
les membres de la famille y participaient, cela s’appelait le
« nettoyage de printemps ». Lorsque le temps se
réchauffait après un long hiver, nous choisissions une
semaine pour le nettoyage, et Maman dirigeait la manœuvre. On
descendait tous les rideaux, on les lavait et on les repassait
soigneusement. Les vitres étaient nettoyées à
l’intérieur comme à l’extérieur, et
je peux vous dire que c’était du travail dans notre
maison de deux étages ! Tous les murs étaient
recouverts de papier peint et mon père amenait des boîtes
de nettoyant papier qui ressemblait à une sorte de pâte
rose à l’odeur fraîche et agréable. Nous
mettions tous les mains dedans. Nous en étalions sur les
mains, nous montions sur une échelle et nous commencions par
le plafond et nous descendions ensuite le long des murs. La pâte
était vite noire de la saleté sortie du papier. C’était
une tâche pénible et fatigante, mais le résultat
en était comme magique. Lorsque nous nous reculions pour voir
la différence entre la surface propre et la sale, c’était
étonnant de voir à quel point les murs propres avaient
belle allure, et nous remarquions à quel point de saleté
les murs étaient arrivés sans que nous nous en soyons
rendu compte.
Nous enlevions tous
les tapis et les portions dans la cour où nous les accrochions
sur la corde à linge, un par un. Chacun des garçons
avait un bâton fait de baguettes légères en acier
avec une poignée en bois. En frappant le tapis, la poussière
s’envolait et nous continuions jusqu’à ce qu’il
n’en reste plus. Nous n’aimions pas ce travail, mais
quand tout était terminé et que tout était remis
en place, le résultat était magnifique. La maison était
propre ; notre esprit renouvelé. Le monde entier nous
paraissait meilleur.
Le nettoyage de
printemps, métaphoriquement parlant, est exactement ce que
certains d’entre
nous ont besoin de faire dans leur vie. Ésaïe a dit :
« Lavez-vous, purifiez-vous, ôtez de devant mes yeux
la méchanceté de vos actions ; cessez de faire le
mal… Venez et plaidons ! dit l’Éternel. Si
vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront
blancs comme la neige ; s’ils sont rouges comme la
pourpre, ils deviendront comme la laine. »
Bien
que cette suggestion puisse sembler simple, elle est aussi sujette à
réflexion : pouvons-nous nous détourner de
l’immoralité ? Nous est-il possible de nous en
détacher ? C’est évidemment plus facile à
dire qu’à faire. Mais à chaque fois qu’on
fait des efforts pour vivre une vie totalement morale, c’est
d’autant plus facile la fois suivante. Que c’est
merveilleux quand on peut dire : « Je suis pur ».
L’expérience
et la sagesse divine démontrent que la morale et la pureté
préparent la voie à la force de caractère, à
la paix du cœur et de l’esprit, et au bonheur ici-bas. Il
est indubitable que le processus qui apporte un sentiment de sécurité
et d’accomplissement sincères repose sur l’abstinence
sexuelle avant le mariage et la fidélité après
le mariage.
J’ai eu
l’occasion de converser avec cinq présidents des
États-Unis. À la fin de ces réunions, j’ai
réfléchi sur l’expérience gratifiante de
se tenir avec assurance en présence du dirigeant reconnu du
monde libre. Et ensuite, j’ai pensé comme se serait
merveilleux de se tenir avec assurance, sans peur sans honte et sans
gène en présence de Dieu. C’est la promesse qui
est faite à tout homme et toute femme exemplaires.
Certains
d’entre nous ont peur du qu’en-dira-t-on lorsqu’ils
doivent faire un choix. Nous risquons d’être méprisés
et critiqués lorsque nous nous positionnons en faveur du bien
et que nous soutenons des principes moraux supérieurs à
ce que l’on trouve dans la masse des gens. Mais le royaume de
Dieu n’est pas une démocratie. La méchanceté
et la justice ne sont pas gérées par un vote à
la majorité. Le bien et le mal ne sont pas déterminés
par les sondages, ou les érudits, bien que beaucoup voudraient
nous faire croire le contraire. Le mal n’a jamais été
le bonheur. Le bonheur réside dans la puissance, l’amour
et la douce simplicité de la vertu.
Je
ne prêche pas la pudibonderie. Nous ne devons pas nous cacher
dans un coin. Nous n’avons pas à avoir honte. Mais si
nous devions nous lever devant tout le monde et faire rapport de nos
actes, pourrions-nous le faire sans gène ? Si tout le
monde était au courant de notre comportement privé,
serions-nous assurés et en paix avec nous-mêmes ?
Paul
a conseillé à Timothée : « Garde-toi
pur » (1 Timothée 5:22). Voilà de simples
mots. Mais ils sont tellement importants. En fait, Paul dit :
tiens-toi loin des choses qui sapent et finissent par détruire
l’âme. Tiens-toi loin de ce qui conduit aux pensées
impures, au langage grossier et au comportement destructeur. La vertu
individuelle vaut plus que tous les salaires, les bonus et les
situations ou les positions en vue.
Nous
devons renverser la tendance qui mène vers la dégénérescence
morale.
Existe-t-il de bons
arguments en faveur la moralité et de la vertu ? C’est
le seul chemin qui ramène du regret à la liberté.
La paix de la conscience qui découle de la vertu personnelle
est la seule qui ne soit pas contrefaite. Et au-delà on a les
promesses certaines de Dieu accordées à ceux qui
marchent dans le sentier de la vertu, « lesquelles nous
assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses
promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature
divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la
convoitise. » (1 Pierre 1-4)
Channing
Pollock a fait remarqué un jour : « Un monde
dans lequel chacun croirait en la pureté des femmes et la
noblesse des hommes, et agirait en conséquence, serait un
monde bien différent, et aussi un endroit merveilleux pour y
vivre. » Ce serait un monde de liberté, où
l’esprit humain pourrait progresser vers une gloire
inconcevable, un monde de paix, où on jouirait de la
tranquillité d’une conscience claire, d’un amour
et d’une fidélité sans tache, d’une
confiance assurée et de la loyauté. Ce peut être
une utopie pour le monde. Mais pour chacun d’entre nous, cela
peut devenir une réalité, et le monde deviendra
d’autant plus riche et plus fort grâce à la vie
vertueuse de tous.
La grande réforme
morale ne peut commencer que par le cœur, la pensée et
la vie de chacun d’entre nous ; lorsque la moralité
sera placée comme priorité dans les foyers du pays,
lorsque les hommes, les femmes, les jeunes gens et les jeunes filles
se rendront compte de l’absence dans leur vie de cet élément
important qu’est la moralité et qu’ils se
décideront à vivre vertueusement.
CHAPITRE
QUATRE : LA CIVILITÉ A TENDANCE À SE PERDRE !
La
civilité contient en elle l’essence de la courtoisie, de
la politesse et du respect envers autrui. Toute l’instruction,
toutes les réalisations du monde comptent pour peu si elles ne
s’accompagnent pas de marques de gentillesse, de respect envers
les autres, et de la nécessité de faire le pas
supplémentaire.
Un
jour, quand j’avais cinq ans, j’étais assis sous
le porche de la maison lorsqu’une famille afro-américaine
passa dans la rue. Je fis des remarques déplacées. Je
ne me souviens pas de ce que j’avais dit, et je ne sais pas
s’ils m’ont entendu. Mais ma mère, elle, qui était
juste à l’intérieur, m’a entendu. Elle m’a
appelé avec mes amis, nous a fait asseoir et nous a fait
immédiatement un sermon dont je me souviens encore. Elle nous
fit comprendre, en termes sans équivoque, qu’il n’y
a aucun peuple sur terre qui soit supérieur ou inférieur,
que nous sommes tous des fils et des filles de Dieu et que nous
sommes tous frères et sœurs ; et donc que nous
devions nous respecter mutuellement.
J’ai
tenu compte de cette leçon toute ma vie. J’appris plus
tard que ma mère, alors âgée de quatorze ans,
avait pris le parti à l’école d’un garçon
afroaméricain dont on s’était moqué.
J’appris ceci de la bouche de l’intéressé
lui-même. Il était adulte et travaillait comme
responsable de la sécurité au corps législatif
de l’État.
Au
cours de ma vie, je me suis frotté avec des gens de toutes les
races et de toutes les cultures, tous les niveaux de vie et
d’instruction, et toutes les catégories sociales. À
notre époque particulière de communication
sophistiquée, le monde est notre quartier, et les peuples,
quelle que soit leur situation, sont nos amis et nos voisins. Le
Seigneur a dit :
« Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton
âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le
plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable :
tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Matthieu
22:37-39). Ce commandement s’applique à tout le monde.
Nous
sommes très conscients et profondément inquiets de
l’existence de nombreuses injustices dans le monde entier, y
compris aux États-Unis. Nous avons tendance à faire des
distinctions entre nous en fonction de nos différences, au
lieu de nous réjouir de la diversité et de la richesse
qu’elles apportent. Cependant nous avons l’impression que
le dialogue interracial s’améliore petit à petit.
La tolérance, le respect et la reconnaissance de
tout ce qui est bon chez autrui sont des facteurs qui se développent
de plus en plus dans le monde. Le combat a été
difficile, mais il est en passe d’être gagné.
Lors
d’un récent voyage en Afrique, j’ai rencontré
des dizaines de milliers de femmes et d’hommes merveilleux de
ce continent. Lorsqu’on leur donne l’occasion, ils
répondent. Ils sont aimables et généreux. Ils
sont intelligents et jouissent d’une capacité
merveilleuse à réaliser les choses. Ils sont bons. Ils
sont beaux. J’ai eu la même impression parmi les peuples
d’Asie et d’Amérique latine, dans les îles
du Pacifique Sud et en Europe de l’Est et de l’Ouest.
Les
différences de races et de cultures sont évidentes tout
comme les distinctions entre les diverses religions et autres
confessions. Je crains, cependant, que trop souvent nous insistions
trop sur nos différences. C’est pourquoi nous brouillons
et quelques fois, nous oublions les points importants et constants
qui nous rassemblent. Il existe des différences culturelles et
théologiques, mais je crois que nous avons la même façon
d’aborder les maux et les problèmes du monde. Je crois
que nous acceptons tous cette responsabilité importante qui
est de défendre ensemble ces qualités que sont la vertu
et la moralité tant dans la vie privée que publique. Je
crois que nous sommes d’accord qu’il faut respecter
chaque homme et chaque femme en tant qu’enfant de Dieu, que
nous devons montrer de la politesse et de la courtoisie dans nos
relations, et que nous devons préserver la famille comme unité
fondamentale de la société.
La
plupart d’entre nous a à cœur d’aider les
pauvres, à soutenir les gens dans la détresse, à
réconforter, à donner de l’espoir, et à
venir en aide à ceux qui sont dans les ennuis et la douleur.
Nous reconnaissons le besoin de guérir les blessures de la
société et de remplacer le pessimisme de notre époque
par l’optimisme et la foi. Il n’est nul besoin de
récriminer ou de se critiquer mutuellement.
Un
article de foi auquel j’adhère déclare :
« Nous affirmons avoir le droit d’adorer le Dieu
Tout-Puissant selon les inspirations de notre conscience et
reconnaissons le même droit à tous les hommes :
qu’ils adorent comme ils veulent, où ils veulent ou ce
qu’ils veulent ». J’espère me trouver
toujours du côté de ceux qui soutiennent cette
déclaration. Notre force réside dans la liberté
de choix. La force se trouve aussi dans la diversité. Mais il
existe une force supérieure dans le commandement qui nous a
été donné par Dieu d’œuvrer à
élever et à bénir tous ses fils et filles, sans
tenir compte d’aucune différence ethnique ou nationale.
Nous
sommes fils et filles de Dieu, chacun d’entre nous appartient à
la famille divine. Aussi sûr qu’il est notre Père,
nous sommes frères et sœurs. Il nous appartient de
travailler dans l’unité pour ôter de notre cœur
et de la société tous les motifs de haines, de
sectarisme, de racisme et tout autres actions et paroles qui nous
divisent et qui limitent la capacité de chacun à
progresser, à apprendre, et à être pleinement
accepté. Les moqueries et les réflexions raciales, les
adjectifs haineux, les critiques malicieuses, et les rumeurs
méchantes et vicieuses n’ont pas de place parmi nous.
Nous
sommes tous des hommes, sujets aux problèmes qui affligent
l’humanité. Nous ne devrions pas tolérer la
paresse, la malhonnêteté, ou la trahison. Mais nous ne
devrions
pas
non plus condamner autrui pour ces écarts de conduite. Nous
devrions plutôt tendre la main pour aider à porter le
fardeau de la maladie et des difficultés financières,
et même soulager les faiblesses et les défauts dans
lesquels se débat le pécheur. Nous avons besoin d’être
encouragés à aller de l’avant, à essayer
de nouveau, pour progresser davantage. L’excellence est
difficile à atteindre seul.
Paul
a dit aux Romains : « Nous qui sommes forts, nous
devons supporter les faiblesses de ceux qui ne le sont pas »,
et il ajoute ces paroles significatives : « et ne pas
nous complaire en nous-mêmes ». Nous avons
l’obligation de nous soutenir mutuellement, pour nous édifier
ensemble. Nul n’est parfait, nous faisons tous des erreurs.
Nous avons tous besoin à l’occasion d’être
disciplinés et instruits. Mais cela doit être fait avec
l’idée de corriger, d’aider et de renforcer. Ne
pouvons-nous nous supporter les uns les autres ? Nous enseigner
mutuellement ? Encourager et féliciter ceux que nous
côtoyons ?
Imaginez
comment serait notre famille, et encore plus le monde, si nous
décidions de nous faire confiance et de nous soutenir
mutuellement, si nous décidions de rechercher et de souligner
les vertus d’autrui, et de dire du bien sur tout le monde.
Imaginez l’effet cumulatif si nous nous traitions avec respect
et acceptation si nous nous aidions les uns les autres. Ce genre
d’interactions pratiqué à petite échelle
aurait sûrement un effet significatif dans nos foyers et nos
communautés et à terme sur la société
dans son ensemble.
Tout
au long de l’histoire, on constate que la société
a fait des progrès quand les gens qui vivent en communauté
se respectent et se soucient les uns des autres. Ces vertus sont le
signe de la civilisation.
Cependant,
il y a des moments où l’on doit faire le point pour
savoir si on fait vraiment des progrès. Ce siècle qui
vient de se terminer a été le témoin de plus de
morts et de souffrances dues aux guerres que n’importe quelle
autre époque de l’histoire de l’homme. Aujourd’hui
encore, nous sommes les témoins de tragédies au
Liberia, en Israël et chez ses voisins ; en Bosnie en
Albanie et en Serbie ; en Irlande ; en Irak ; et dans
de nombreuses autres régions du monde. La civilité et
le respect mutuels sont des concepts inconnus pour les gens qui ont
grandi dans la haine et le mépris de l’autre.
Plus
près de nous, la civilité semble disparaître.
Témoin la récente émergence des gangs dans le
pays. Leurs membres n’accordent aucune estime pour leurs
ennemis et peu de respect pour la vie. Ils souillent des murs
magnifiques et des bâtiments avec des graffitis dégoûtants,
et il est évident qu’ils ne pensent que par rapport à
eux-mêmes. Le crime est par nature l’absence de civilité.
Une étude commandée par le « National
Institute of Justice » a conclu que la criminalité
coûte au moins 0 millions de dollars par an aux Américains.
Il est difficile d’appréhender un chiffre d’une
telle grandeur. Le budget du ministère de la Défense en
1995 était de 252 millions de dollars, le coût de la
criminalité est deux fois plus élevé que ce que
nous dépensons pour défendre notre nation.
C’est
consternant et alarmant. En résumé, on peut dire que le
coût peut être attribué presque entièrement
à la rapacité de l’homme, à la passion
débridée, au mépris total du droit du prochain,
en d’autres termes, à un manque de civilité. Un
auteur a dit : « On pourrait penser qu’une
société civilisée se définit par la
présence d’une culture raffinée. Pas
nécessairement ; avant tout c’est une société
dans laquelle les gens font passer leurs intérêts
égoïstes après le bien commun. »
Cet
auteur continue : « Depuis quelques années,
les médias ont élevé la vulgarité au rang
d’un art. Les héros de cinéma en vogue ne
manquent pas d’agrémenter leurs dialogues de remarques
désobligeantes qui ont pour effet de ridiculiser et d’abaisser
tous ceux qui leur gênent le passage. Il semblerait en effet
que les mauvaises manières se vendent bien.
Les
sitcoms se vautrent dans la vulgarité. Les acteurs de théâtre
ou de music-hall en arrivent à invectiver leur public, et les
invités des talk-shows s’enrichissent et deviennent
célèbres
en raillant les auditeurs et en chahutant les autres invités. »
C’est
tout sauf du raffinement, de la courtoisie, de la civilité et
de la tolérance. C’est plutôt de l’impolitesse
et de la grossièreté et une insensibilité totale
envers les sentiments et les droits d’autrui.
Il
en est de même du parler de tous les jours. À l’école,
au travail, ce n’est que vulgarité, mots orduriers et
dégoûtants. Ceci dénote aussi une absence de
civilité. Le doigt de Dieu a inscrit sur les tables de
pierre : « Tu ne prendras pas le nom de Dieu en
vain ; car le Seigneur ne tiendra pas pour innocent celui qui
prend son nom en vain » (Exode 20:7).
Ceux
qui prennent le nom de Dieu en vain pour n’employer qu’un
langage dégoûtant et cru ne font que démontrer la
pauvreté de leur vocabulaire, une pauvreté criante dans
leur façon de s’exprimer et une moralité
déficiente. La civilité encourage à s’exprimer
correctement, à converser et à communiquer
efficacement. C’est un atout formidable sur le plan personnel
et professionnel. Il n’existe rien de plus intéressant
que de participer à une conversation entre gens intelligents
et heureux qui ont quelque chose à dire, dont le discours est
spirituel et brillant, ponctuée non seulement par de l’humour
de bon goût, mais aussi par une discussion réfléchie
sur des sujets sérieux et importants. Il n’est jamais
nécessaire lors de telles discussions, et en fait cela serait
vraiment offensant, de profaner le nom de Dieu ou d’employer un
langage salace. Il y a plein de sujets humoristiques sans qu’il
soit nécessaire d’utiliser des plaisanteries douteuses
ou un langage vulgaire.
Je
n’oublierai jamais le jour où je suis revenu la première
fois de l’école. J’ai jeté mes livres sur
la table et j’ai pris le nom du Seigneur en vain pour exprimer
mon soulagement du fait que l’école était finie
pour aujourd’hui. Ma mère m’a entendu et a été
horrifiée. Sans dire un mot, elle m’a pris par la main
et m’a emmené dans la salle de bain, a sorti un gant de
toilette propre et un morceau de savon, m’a dit d’ouvrir
la bouche et a entrepris de me laver la bouche avec ce savon
horrible. J’ai fait des bulles et j’ai protesté.
Elle a continué pendant ce qui m’a semblé un
temps très long et m’a dit : « Que je
n’entende plus jamais de tels mots sortir de ta bouche ».
Le
goût était horrible. La réprimande était
pire. Je ne l’ai jamais oubliée. Comment peut-on
profaner le nom de Dieu et ensuite s’agenouiller en prière
devant lui ? La vulgarité nous sépare de lui qui a
le pouvoir de nous aider. La vulgarité blesse l’esprit
et abaisse l’âme.
Un
langage négligé et des façons débraillées
vont de pair. Les gens véritablement éduqués ont
appris autre chose que les sciences, les humanités, la
législation, la mécanique et les arts. Ils portent en
eux un certain lustre qui fait qu’on les remarque comme
amoureux des meilleures choses de la vie. Cultivés, ils
ajoutent du brillant au monde dans lequel ils vivent, une patine qui
se dépose en reflet doux sur ce qui ne serait qu’un
métal brut.
Le
Sauveur a dit à la multitude : « Vous êtes
le sel de la terre. Mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui
rendra-t-on ? Il ne sert plus qu’à être jeté
dehors, et foulé aux pieds par les hommes. »
Je
pense que la civilité est ce qui donne de la saveur à
la vie. C’est le sel qui donne un bon goût, qui relève
les bonnes manières, et la bonne éducation. Elle
devient une expression de la Règle d’Or : « Tout
ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de
même pour eux, car c’est la loi et les prophètes. »
(Matthieu 7:12)
La
civilité recouvre une foule de sujets qui dénote la
façon de se comporter avec amabilité et bonté.
La civilité nous impose de nous retenir et de nous maîtriser,
et en même temps d’agir avec respect avec les autres.
George
Washington qui fut connu très tôt dans sa jeunesse pour
son tempérament emporté, commença un programme
pour maîtriser ses passions en copiant dans son journal
personnel la traduction d’un livre d’étiquette
française datant du seizième siècle. Ce livre
contenait dix règles ou mesures de civilité, qui
comprenait entre autres les principes suivants :
Quand
vous agissez en société, montrez du respect envers les
personnes présentes. Ne vous réjouissez pas du malheur
d’autrui, même si c’est votre ennemi. N’entreprenez
pas d’enseigner votre égal dans l’art qu’il
professe lui-même ; cela s’apparente à de
l’arrogance.
Ne
vous moquez et ne plaisantez de rien qui soit important ; ne
faites pas de plaisanteries blessantes ou vexantes ; et s’il
vous arrive de faire des plaisanteries spirituelles ou gaies,
abstenez-vous d’en rire vous-même.
Ne
faites aucun reproche envers quiconque, ne jurez pas et n’injuriez
pas.
« Civilité »
est à l’origine du mot « civilisation ».
La civilité contient en elle l’essence de la courtoisie,
de la politesse et de la considération envers autrui. Toute
l’instruction, toutes les réalisations du monde comptent
peu si elles ne s’accompagnent pas de marques de gentillesse,
de respect envers les autres, et de la nécessité de
faire le pas supplémentaire, de servir comme le Bon
Samaritain, de se conduire en homme et en femme qui regarde au-delà
de son intérêt égoïste pour ne voir que le
bien d’autrui. Ce n’est qu’en faisant ainsi que
nous nous épanouirons. D’une certaine manière, il
est vrai que « dehors, c’est la jungle ».
L’absence de civilité crée la jungle. Peu importe
l’étendue de notre instruction, de nos réalisations
dans le domaine de la science, des affaires, des métiers, ou
quoi que ce soit d’autre, s’il manque cette dimension
dont j’ai parlé, il nous manquera le plus important. Ces
qualités divines que sont le respect, l’amabilité,
la courtoisie, l’amour et la conduite correcte envers nos
compagnons de voyage sur la planète terre viendront à
nous manquer.
Je
ne veux pas dire que l’on doive être mou et soumis.
J’admire l’enthousiasme et même les déclarations
fermes dans la poursuite d’objectifs honorables. Mais j’espère
aussi que nous montrons de l’enthousiasme et du dynamisme pour
élever, aider, encourager ceux dont la vie peut être
touchée dans le bon sens.
J’ai
loué une maison un jour à un étudiant du Midwest
qui travaillait à un doctorat de physique sous les auspices
d’un célèbre professeur de l’université
d’Utah. Cet étudiant me parla de son conseiller de
thèse :
« C’est
l’instructeur le plus remarquable que j’ai jamais eu. Sa
charité va de pair avec l’attente de l’excellence.
Il ne laissera pas un étudiant tomber. Lorsqu’un
étudiant a des difficultés, il lui en assigne un autre
qui a de bonnes notes pour travailler avec lui. Il en résulte
que celui qui trébuchait arrive à comprendre et devient
compétent. Celui qui sert sans salaire comme tuteur acquiert
une meilleure compréhension du sujet et développe un
merveilleux sens du service et de l’amour envers autrui. »
Voilà
l’essence de la civilité : tendre la main,
gratuitement, pour aider et relever le nécessiteux ;
rechercher diligemment les moyens de renforcer ceux qui ont moins que
nous.
L’époque
dans laquelle nous vivons est vraiment remarquable et stimulante. On
a fait plus de découvertes scientifiques durant toute ma vie
que pendant tous les siècles précédents dans
l’histoire du monde. La plupart des grandes découvertes
sur le plan médical ont été faites durant cette
époque. La polio, ce cauchemar estival de toutes les mères,
a presque disparu. On a peine à le croire. Les drogues
miracles qui ont sauvé des millions de vies ; les
opérations à cœur ouvert ; la
transplantation d’organes, toutes ces choses et de nombreuses
autres sont devenues monnaie courante. Même la porte compliquée
du cancer semble commencer à céder.
Comme
l’homme sur le trapèze volant, nous volons avec la plus
grande facilité dans les airs au-dessus des grandes métropoles
et même jusque dans les coins les plus reculés et isolés
du monde. Les ordinateurs ont changé notre vie. L’atome
est maîtrisé, en bien ou en mal. Les créations
scientifiques sont infinies et dépassent même
l’imagination. Elles nous permettent de satisfaire nos besoins
et d’aider les autres.
Avec
de telles ressources et de tels avantages mis à notre
disposition, j’espère que nous regarderons au-delà
de nos besoins immédiats et de notre vie personnelle pour
trouver les moyens de contribuer de façon caractéristique
au progrès de la société. En dépit de
toutes les merveilles de notre époque, nous avons les mêmes
vieux problèmes de société que les générations
d’autrefois. Il y a encore tant de pauvreté et de
besoins criants à travers le monde, tant de révoltes et
de méchanceté, tant de misère et de saleté,
tant de foyers brisés et de familles détruites, tant de
personnes seules qui vivent des vies ternes sans espoir, tant de
détresse partout.
Le
Roméo de Shakespeare déclare : »Il se
moque des cicatrices qui ne résultent pas d’une
blessure. » Des milliers de gens portent des blessures et
des cicatrices qui sont la conséquence des épreuves de
la vie. C’est pour cela que je souhaite qu’avec tout ce
que nous avons, nous acceptions aussi de donner pour rendre le monde
un peu meilleur.
Beaucoup
de par le monde sont des exemples magnifiques de ce que peut faire
une seule personne lorsqu’elle se dévoue à
l’amélioration du sort d’autrui. Aux Philippines,
un médecin américain compétent réunit,
lors de ses temps libres, des collègues philippins et leur
apprend la chirurgie réparatrice des becs de lièvres et
de la face en faveur de nombreux enfants. La vie de ces garçons
et filles a été changée une fois sortie de la
salle d’opération. Ce médecin a maintenant
multiplié ses efforts et a impliqué de nombreux autres
médecins dans d’autres pays.
J’étais
un jour à l’aéroport de Dallas, et j’attendais
mon avion, lorsqu’un homme s’est approché de moi
et s’est présenté. C’était un
médecin en route pour l’Amérique Centrale ;
il y va tous les ans pendant un mois effectuer gratuitement de
nombreuses opérations pour ceux qui autrement seraient laissés
à eux-mêmes.
Des
hommes et des femmes formidables et sincères dévouent
une partie de leur temps aux malheureux. Une main secourable peut
sortir quelqu’un du bourbier. Une voix calme peut fournir un
encouragement à celui qui est tenté d’abandonner.
Les talents peuvent changer de façon remarquable la vie des
nécessiteux. Il ne suffit pas pour nous d’avoir du
travail et de nous activer fébrilement pour avoir un revenu
nous permettant de jouir d’un confort personnel. Nous pouvons
obtenir certaines satisfactions dans ce domaine, mais nous
n’obtiendrons pas toute la satisfaction. C’est quand nous
servons autrui que nous servons
mieux notre Dieu.
En
général, j’ai constaté que c’est le
fait de se replier constamment sur soi-même qui rend le plus
malheureux.
Lorsque
nous nous plaignons de la vie, c’est parce que nous ne faisons
que penser à nous-mêmes. Pendant de nombreuses années
une pancarte se trouvait sur le mur d’une cordonnerie dont
j’étais client qui disait : « Je me suis
plaint parce que je n’avais pas de chaussures, jusqu’à
ce que je vois un homme qui n’avait pas de pieds. »
Le remède le plus efficace pour guérir de cet
apitoiement personnel morbide est de se perdre dans le service envers
autrui.
Le
meilleur antidote que je connaisse pour guérir des ennuis
c’est de travailler. Le meilleur remède pour guérir
de la lassitude et de venir en aide à celui qui est encore
plus fatigué que soi. Une des grandes ironies de la vie c’est
que le service profite presque toujours plus à celui qui donne
qu’à celui qui reçoit.
Une
aide décidée et une volonté déterminée
peuvent améliorer le monde et les conditions des gens. J’ai
un ami, avocat célèbre à Seattle ; sa femme
lui a dit peu après leur mariage : « Consacrons
un quart de notre temps de ce qui nous reste à vivre à
améliorer le monde et les conditions des gens. »
Ils ont tenu leur promesse. Son épouse est décédée,
mais mon ami continue à être reconnu pour tout le bien
qu’il a fait dans le Nord Ouest des États-Unis. Son
dynamisme à inciter des gens à travailler avec lui pour
assainir les eaux de la baie de Seattle, à préserver
les grandes forêts de la région, à édifier
un magnifique nouveau centre civique construit juste au-dessus d’une
autoroute et dont il utilise l’espace. Maintenant il se fait
vieux. On ne se souviendra pas de lui pour les affaires qu’il a
défendues devant les tribunaux. On se souviendra de lui pour
les grands projets et l’aide humanitaire qu’il a
entrepris et menés à bien pour la collectivité.
Lors
d’un voyage aux Philippines, j’ai rencontré un
couple que je n’avais pas vu depuis des années. Le temps
était chaud et nuageux, comme d’habitude à
Bacolod, le centre de ce qui fut l’industrie sucrière
philippine. Mes amis étaient là. Lorsque je leur ai
demandé ce qu’ils faisaient là, ils me
répondirent qu’ils étaient venus aider les gens.
Je les questionnais sur leurs conditions de vie, ils me dirent qu’ils
vivaient dans une petite maison sur une des nombreuses îles. Je
ne pouvais m’empêcher de me remémorer la dernière
fois que je les avais vus. Ils vivaient dans une maison magnifique à
Scarsdale, dans l’État de New York. C’était
un chimiste internationalement reconnu et honoré qui avait
travaillé pour une multinationale basée à New
York. Il était bien payé et très respecté.
Sa femme et lui avaient pris leur retraite, vendu leur propriété,
donné à leurs enfants ce qui les intéressait et
le reste à d’autres, et s’étaient mis à
la disposition des moins fortunés. Ils étaient allés
aux Philippines pour soigner les malades, encourager, renforcer,
donner de l’espoir et la foi. Ils étaient là pour
soigner les traumatismes des disputes et pour prendre soin des corps
malades et des esprits frustrés. Ils vivaient humblement au
milieu des pauvres, à leur niveau, mais ils se tenaient droits
et fermes pour relever les faibles avec des mains fortes.
J’ai
appris une grande leçon, ce jour-là, en regardant mes
amis évoluer au milieu de gens qu’ils avaient appris à
aimer. En fin de compte, il ne suffit pas de devenir un avocat
compétent, un chirurgien efficace, un architecte émérite,
un ingénieur capable, ou autre pour se réaliser et
atteindre son but. Nous avons besoin d’une autre dimension dans
notre vie, un besoin qui nous pousse et nous entraîne et nous
fait ressentir au fond de nous que d’une manière ou
d’une autre, quelque part nous avons fait la différence,
et que notre vie a eu
un intérêt.
Il
ne suffit pas d’être bon. Nous devons être bons à
quelque chose. Nous devons contribuer à rendre le monde
meilleur ; le monde doit devenir meilleur par notre présence.
Et nous devons transmettre aux autres ce qu’il y a de bon en
nous. C’est la mesure de notre civilité.
Je
ne pense que pas que l’on se souviendra de beaucoup d’entre
nous dans mille ans. Mais dans ce monde débordant de
problèmes, constamment menacé par des défis
obscurs et malfaisants, nous pouvons et nous devons nous élever
au-dessus de la médiocrité et de l’indifférence.
Nous pouvons nous impliquer et élever une voix forte en faveur
du bien et du bon, et nous pouvons consacrer nos efforts et nos
ressources à aider ceux qui sont chargés de handicaps
et de fardeaux.
Wendell
Philips a fait un jour cette observation éloquente :
« Avec quelle prudence certains hommes se glissent entre
les tombes anonymes, pendant que de temps en temps un ou deux
s’oublient dans l’immortalité ! »
James
Russel Lowell, dans « The Visions of Sir Launfal »,
a écrit: Celui qui fait l’aumône en nourrit
trois : lui-même, son prochain affamé, et moi.
Le
soin que l’on apporte à autrui, dépasser nos
besoins et notre confort, cultiver l’amabilité et la
gentillesse en toutes circonstances, voilà l’essence de
la civilité, vertu que l’on se doit d’admirer et
que l’on se doit d'acquérir.
CHAPITRE
CINQ : APPRENTISSAGE
« Et
avec tout ce que tu possèdes, acquiers l’intelligence »
(Proverbes 4:7) Peu importe l’âge, nous pouvons acquérir
la connaissance et la mettre en application. Nous pouvons amasser de
la sagesse et en tirer profit.
Nous
pouvons grandir, progresser et nous améliorer, et grâce
à ceci, nous pouvons faire en sorte que la vie de nos proches
soit meilleure.
J’aime
apprendre. Je me réjouis de toutes les occasions que j’ai
d’acquérir de la connaissance. En fait, je crois que
l’on peut s’instruire constamment et c’est ce que
j’ai soutenu vigoureusement tout au long de ma vie que ce soit
pour moi ou pour les autres. J’ai pu atteindre le niveau
universitaire pendant la période de la Grande Dépression,
et depuis cette époque, j’ai toujours eu soif
d’apprendre. À mon avis, l’instruction relève
autant du domaine séculier que spirituel.
Réduite
à sa plus simple définition, l’instruction
consiste à entraîner le corps et l’esprit.
L’éducation, c’est le merveilleux processus de
conversion par lequel la connaissance abstraite se transforme en
activité utile et productrice. C’est un processus qui ne
doit jamais s’arrêter. Quel que soit l’âge,
on peut acquérir de la connaissance et la mettre en pratique.
On peut acquérir de la sagesse et en tirer profit. On peut
grandir, progresser et s’améliorer, et ce faisant, on
peut fortifier la vie de ceux qui vivent autour de nous. Notre vie
peut s’enrichir merveilleusement par le miracle de la lecture
et des arts. Plus je vieillis, plus j’apprécie les
paroles d’auteurs réfléchis, anciens et modernes.
Je savoure ce qu’ils ont appris, appliqué, et enregistré
afin que d’autres puissent le lire.
Je
crois que la gloire de l’homme c’est l’intelligence
et que le Tout-Puissant se réjouit de nos efforts à
nous améliorer, à nous enrichir et à développer
notre esprit. Nous vivons dans un monde où la connaissance
augmente à un rythme toujours accéléré.
Nous devons apprendre à venir nous désaltérer à
cette réserve phénoménale de sagesse et
d’expérience humaine. Puis-je me permettre d’avancer
l’idée que beaucoup trop de gens passent beaucoup trop
de temps hypnotisés par les idioties qui sévissent trop
souvent à la télévision, les vidéos et
autres formes de médias électroniques . Quel contraste
rafraîchissant et relaxant, de lire la grande littérature
d’autrefois, ou la parole de Dieu dans les ouvrages canoniques.
J’ai
dans ma bibliothèque l’ensemble des « Harvard
Classics » qui ont appartenu à mon père.
Bien qu’il ne fût pas un homme très fortuné,
c’était un homme instruit et réfléchi qui
accordait une grande importance aux langues et à
l’instruction. Je consulte toujours ces cinquante volumes,
comme je le faisais déjà il y a soixante ans quand
j’étais étudiant à l’université.
C’est un trésor de littérature intemporel, une
présentation encyclopédique des grandes pensées
d’hommes et de femmes qui, à leur époque, se sont
attaqués à des problèmes graves, ont réfléchi
avec intensité, ont prié avec ferveur, et se sont
exprimés magnifiquement et de façon stimulante.
Nous
avions chez nous une pièce que nous appelions la bibliothèque.
Il y avait une table solide, et une bonne lampe, trois ou quatre
fauteuils confortables bien éclairés, et une centaine
de livres dans des rayons le long des murs. Nous n’étions
pas obligés de lire, mais les livres étaient placés
à des endroits faciles d’accès et nous pouvions
en avoir quand nous voulions. Il y avait aussi des magazines, des
livres sur des sujets techniques, des dictionnaires, des écritures
et des atlas. C’était une pièce tranquille. Il
était entendu que cet endroit était fait pour lire,
étudier et écrire, réfléchir et méditer.
Il
n’y avait pas de télévision, évidemment, à
cette époque. La radio est apparue alors que je grandissais.
Cependant, mes parents avaient créé chez nous un
environnement propice à l’étude, et ils avaient
clairement fait comprendre plus par leur comportement et leurs
priorités que par n’importe quoi d’autre qu’ils
appréciaient l’instruction. J’ai grandi en croyant
qu’il était bon d’être informé,
d’être instruit, d’améliorer sa
compréhension du monde et des gens. Je ne voudrais faire
croire à personne que nous étions des savants, car nous
ne l’étions pas. Mais nous étions exposés
à la grande littérature, aux grandes idées des
grands penseurs.
Très
tôt déjà, sans m’en rendre compte sur le
moment, j’en vins à croire que nous ne devons jamais
cesser d’apprendre. Plus nous apprenons, plus nous pouvons
apprendre. J’encourage tous les parents à faire des
efforts déterminés pour créer et cultiver dans
leurs foyers une atmosphère propice à l’étude
et au progrès qui en découle.
Les
enfants mis en présence de livres très tôt dans
leur vie acquièrent des avantages intellectuels pour toute
leur vie. Les parents qui ne font pas la lecture à leurs
enfants en bas âge rendent un mauvais service, à
eux-mêmes et à leurs enfants. Oui, cela prend du temps,
beaucoup de temps. Cela exige de la discipline personnelle et de la
planification. Cela exige d’organiser et de régler les
minutes et les heures de la journée. Mais ce n’est
jamais ennuyeux de voir de jeunes esprits arriver à connaître
les personnalités, les expressions et les idées. La
bonne lecture peut devenir une affaire d’amour, bien plus
fructueuse à long terme que beaucoup d’activités
auxquelles s’adonnent les enfants. On a estimé que
l’enfant moyen aux États-Unis regarde environ 8000
heures de télévision avant même de commencer
l’école. Quelle différence, quelle influence dans
les foyers si les parents travaillaient à créer une
atmosphère d’apprentissage et d’instruction à
la maison, de
sorte que les enfants seraient exposés dés leur plus
jeune âge aux pensées, aux concepts et aux attitudes qui
les construiraient et les motiveraient dans le sens du bien pour la
vie entière.
Salomon
a dit : « Et avec tout ce que tu possèdes,
acquiers l’intelligence » (Proverbes 4:7). Nous
avons à disposition dans les bonnes bibliothèques la
sagesse, la connaissance, l’instruction de toutes les
générations passées. Jamais auparavant la
diffusion de l’information n’a été
effectuée avec autant de fluidité et de facilité.
L’Internet fournit une gigantesque réserve de
renseignements pour presque tous ceux qui possèdent un
ordinateur. Un homme qui est soumis à beaucoup de pression en
raison de ses nombreuses responsabilités me disait il y a
peu : « Ah, si j’avais le temps de lire un bon
livre, et un livre de mon choix ! » Il faut que
chacun d’entre nous puisse trouver un moyen de réserver
journellement un temps d’étude, une occasion régulière
de progresser, d’assimiler et d’apprendre des grands
auteurs mondiaux. Je ne dis pas que nous devons devenir des génies.
La plupart d’entre nous ne se qualifieront pas dans ce sens.
Mais j’en suis arrivé à la conclusion que l’œuvre
en ce monde est effectuée en général par des
gens ordinaires qui ont appris à travailler d’une façon
extraordinaire. Cette œuvre est accomplie par ceux qui ont eu
le bon sens d’apprendre de ceux qui les avaient précédés.
Il n’est pas utile d’être un génie pour
aller de l’avant. On n’a pas besoin d’être
brillant pour faire la différence ici-bas, de tendre la main
pour aider, servir et diriger. Ce service, cette inspiration et cette
direction dévouée viennent bien souvent de ceux qui
connaissent bien l’histoire du monde, et qui ont donc une base
d’information personnelle sur laquelle ils peuvent s’appuyer.
Le
processus de l’apprentissage est sans fin. Nous devons lire,
observer, assimiler et méditer sur ce à quoi notre
esprit est exposé. Je crois dans l’évolution de
l’esprit, du cœur, et de l’âme de l’homme.
Je crois à l’amélioration. Je crois dans la
progression. Il n’existe rien de plus revigorant que d’être
capable d’évaluer et ensuite de résoudre un
problème difficile, de s’attaquer à ce qui semble
insoluble et finir par trouver la solution.
Pour
ces raisons et parce que le rythme et la complexité de la vie
l’exigent, nous ne pouvons nous permettre d’arrêter
d’apprendre pour grandir et progresser. Nous ne devons pas nous
reposer sur notre développement personnel, développement
émotionnel, spirituel et mental. Il y a tant à
apprendre et si peu de temps pour le faire. Je confesse que je suis
constamment consterné par mon peu de connaissance, et mon seul
regret, concerne mes nombreuses obligations pressantes qui me
limitent dans mes occasions de lire. Néanmoins, chacun de
nous, nonobstant les contraintes et les circonstances, peut trouver
le moyen d’étudier et de progresser. En faisant ainsi,
les années passeront plus vite que nous le souhaitons, mais
elles seront remplies d’un merveilleux et doux zeste qui
ajoutera de la saveur à la vie et augmentera notre influence
personnelle pour nous permettre d’enseigner et de guider.
De
nombreux évènements autour de nous nous rappellent
constamment qu’il y a des raisons de s’inquiéter
pour notre pays. Il est choquant de lire, par exemple, que
l’illettrisme est en augmentation. Il est presque impensable
que, dans une telle société d’abondance, beaucoup
d’adultes ne sachent pas lire. Un article du New York Times
publiait en gros titre : « Une étude affirme
que la moitié des adultes aux USA ont des difficultés
en lecture et en calcul » ; cette étude
donnait des statistiques sérieuses basées sur une étude
de plus de vingt-six mille Américains de plus de quinze ans.
Selon
une étude fédérale étalée sur
quatre ans prés de la moitié des cent quatre-vingt-onze
millions d’Américains dans le pays, ne sont pas
suffisamment bons en anglais pour faire
une réclamation écrite à propos d’une
erreur sur une facture ou de calculer la durée d’un
voyage en car à partir d’un horaire donné par
écrit. L’étude, diffusée hier par le
Ministère de l’Éducation, présentait un
portrait statistique désolant de l’illettrisme national…
Le milieu des affaires estime qu’il perd 25 à 30
milliards de dollars annuellement dans tout le pays en productivité,
erreurs et accidents imputables au faible degré
d’alphabétisation.
Une
des raisons de cette situation réside dans la façon
dont beaucoup de gens, et en particulier les enfants et les jeunes
adultes, passent la plupart de leur temps. Je déplore ce
gâchis des ressources intellectuelles de tant de gens dans ce
pays.
Un
ancien éditeur du Chicago Tribune écrivait :
« Quel est le mystère… d’une société
qui a les manières d’un orchestre de rock, les mœurs
d’un feuilleton télévisé, la capacité
de prendre des décisions dignes des Simpsons et qui veut payer
le gouvernement avec des cartes Visa et American Express ?
Pourquoi devrions nous être surpris que notre culture
sous-jacente soit basée sur le monde de la popularité,
du « donnez-leur ce qu’ils veulent », sur
la télécommande, le zapping et la publicité à
la télévision ? »
C.S.
Lewis a écrit : « Nous avons vécu pour
voir la deuxième mort de la science ancienne. À notre
époque ce qui autrefois était le bien de tout individu
instruit s’est réduit à ne plus être que la
réalisation technique de quelques spécialistes…
Si on devait chercher un homme qui ne sait pas lire Virgil quand son
père le pouvait, on le trouverait plus facilement au vingtième
siècle qu’au cinquième. Notre monde a besoin de
se redresser. Il a besoin d’être dirigé. Il a
besoin d’être éclairé. Il a besoin de gens
capables d’analyser les problèmes et de suggérer
des solutions, de ceux qui peuvent s’appuyer sur le passé
pour prendre des décisions intelligentes pour l’avenir,
de ceux qui comprennent les implications de certaines actions, de
ceux qui apprécient pleinement les interactions entre la
vertu, la moralité, l’intégrité et le
tissu de la société. Georg Wilhelm Friedriech Hegel a
déclaré un jour que ceux qui ne lisent pas l’histoire
devront la répéter. Quelle pensée profonde !
Aussi impensable que cela puisse être d’imaginer que les
atrocités de l’Allemagne hitlérienne puissent
recommencer, nous sommes témoins de nos jours des tentatives
de « purifications ethniques ».
Personne
ne peut prétendre en avoir suffisamment appris. J’ai
vécu assez longtemps pour dire maintenant avec certitude que
lorsqu’une porte se ferme sur une phase de la vie, il s’en
ouvre une autre. Il nous faut donc, et c’est notre
responsabilité, progresser constamment vers l’éternité
vers laquelle nous devons faire notre quête incessante de la
vérité. Pendant que nous recherchons la vérité,
recherchons aussi le bien, le beau, et le positif.
L’autre
jour, je regardais avec étonnement et même avec quelque
tendresse une Ford 1916, modèle T. cela m’a rappelé
une foule de souvenirs de mon enfance, car c’était la
première voiture automobile que nous avons eue chez nous.
C’était une chose totalement merveilleuse lorsque nous
étions enfants. La génération d’aujourd’hui
ne connaît pratiquement rien de ces voitures. On ne la voit que
dans les musées et les livres d’histoire. Elles
n’avaient pas de batterie ; la source électrique
provenait du magnéto. La nuit, l’intensité des
phares dépendait de la vitesse du moteur. Si le moteur
tournait vite, la lumière était brillante. Si le moteur
ralentissait, la lumière passait à un jaune fade.
Il
en est de même de notre esprit. Si nous le nourrissons de bonne
littérature et de distractions intelligentes, si nous
souhaitons toujours apprendre de nouvelles choses et acquérir
de nouveaux talents, le développement personnel est inévitable
et la lumière de notre
personnalité et de notre caractère brillera de plus en
plus. Si nous l’affamons avec les idioties de spectacles
lamentables et avec de la littérature à bon marché
de quai de gare, en vérité, notre esprit s’appauvrira.
Le
docteur Joshua Liebman a observé un jour :
« Le
grand secret, c’est que plus nous vivons, plus nous avons
l’occasion de progresser. Nous pouvons acquérir de
nouveaux talents, entreprendre de nouveaux travaux, nous dévouer
à de nouvelles causes, nous faire de nouveaux amis. En
acceptant cette vérité que nous sommes capables d’aller
dans certaines directions et que nous sommes limités dans
d’autres, que le génie est rare, que la médiocrité
est la part dévolue à la majorité d’entre
nous, souvenons-nous que nous pouvons et que nous devons changer.
Jusqu’au jour de notre mort, nous pouvons progresser. Nous
pouvons découvrir des ressources cachées de notre
personnalité. »
Nous
vivons dans un monde qui a des avantages formidables. Nous
bénéficions de progrès merveilleux accomplis en
si peu de temps que nous avons tendance par la force de l’habitude
de considérer comme acquis le confort dont nous jouissons. Par
exemple, pour nous c’est très simple d’aller d’un
point A à un point B. Mais pensez un peu au processus complexe
intervenant dans le développement, la fabrication et la vente
de notre automobile ; la conception et la construction de
l’autoroute que nous avons décidé de prendre ;
la disponibilité du carburant, qui a été raffiné
à partir du pétrole qui selon toute vraisemblance a été
extrait des profondeurs de la terre dans un lieu éloigné ;
et les milliers d’autres détails se cachant derrière
un simple trajet d’un endroit à un autre. Réfléchissez
un moment sur la technologie fantastique derrière la
fabrication de nos vêtements, du papier sur lequel nous
écrivons, les foyers où nous vivons, les ordinateurs
qui se connectent électroniquement et immédiatement au
reste du monde. Toutes ces choses et des milliers d’autres qui
rendent notre vie possible et confortable sont basées sur
l’information, la connaissance, l’apprentissage.
L’instruction est la colonne vertébrale de notre
société, du monde du commerce et de la finance, de la
médecine, de la législation et de l’architecture,
de la musique et des arts.
Il
y a quelques années je me trouvais au chevet d’un ami,
un bel homme fort, qui avait été victime de la polio.
Incapable de respirer seul, il était dans un grand poumon
d’acier, qui respirait bruyamment et mécaniquement à
sa place. Mais en dépit de ses efforts, son corps
s’affaiblissait. Pendant que sa femme et ses enfants le
regardaient lutter, il s’affaiblissait de plus en plus et il
est finalement décédé. Ses petits enfants, que
je connais aussi, sont maintenant épargnés de cette
maladie et de cette mort si terrifiante par quelques gouttes de
vaccin. Ce pas de géant pour vaincre cette maladie et d’autres
qui lui sont semblables a pu être accompli grâce à
la connaissance et à l’information, et à leur
mise en application inspirée.
Je
me souviens d’un chimiste célèbre, qui parlait du
défi que nous avons d’apprendre continuellement. Il
disait que le jour où il avait reçu son diplôme
de chimiste, il croyait tout savoir. Mais maintenant tous les ans, il
sort suffisamment de littérature dans son domaine pour remplir
l’équivalent d’une édition complète
de l’Encyclopedia Britannica.
On
n’a jamais eu autant besoin d’une telle quantité
d’informations pour faire fonctionner et avancer la machine de
notre société. Brigham Young, dont on a donné le
nom à la plus grande université appartenant à
une Église aux États-Unis, disait à propos de la
mise en application de la connaissance :
« Aucun
esprit ingénieux n’a jamais inventé quoi que ce
soit pour le bien de l’humanité qui n’ait été
obtenu de la seule Source, qu’il le sache, le croit ou pas. Il
n’y a qu’une seule Source d’où l’homme
peut obtenir la sagesse, et c’est Dieu, la fontaine de toute
sagesse ; et bien que les hommes prétendent faire leurs
découvertes par leur propre sagesse, en méditant et en
réfléchissant, ils sont redevables pour tout à
notre Père dans les cieux. »
Chaque
jour nous nous rendons de plus en plus compte du fait que la vie ne
se résume pas à la science et aux mathématiques,
à l’histoire et à la littérature. Nous
avons besoin d’autres instructions, sans lesquelles la
substance de notre science séculaire peut nous conduire à
la destruction. Je parle de l’éducation du cœur,
de la conscience, de la personnalité et de l’esprit, ces
aspects indéfinissables de notre personnalité et de
notre caractère qui déterminent avec certitude ce que
nous sommes et comment nous agissons dans nos relations mutuelles.
N’oublions
pas que « la crainte du Seigneur est le début de la
sagesse » (Proverbes 9:10), et que nous pouvons apprendre
par l’étude et par la foi au Tout-Puissant. En fait, la
formation de notre esprit est aussi importante que la formation de
notre intellect, si ce n’est plus.
L’année
1979 a marqué le centenaire de la lumière électrique.
Aussi profonde que soit cette lumière, une autre lumière
est connue et disponible pour chacun de nous. Si nous la cultivons,
elle peut devenir une bien plus grande influence dans notre vie. En
voici le principe : ce qui vient de Dieu est lumière, et
la personne qui reçoit et invite cette lumière dans sa
vie recevra davantage de lumière. C’est aussi simple.
C’est profond.
Dans
le Sermon sur la Montagne, le Sauveur a déclaré que
l’on ne pouvait cacher une lumière. Il a ensuite
enseigné que l’on n’allumait pas une lumière
pour la mettre sous le boisseau. Mais on la place sur un chandelier
pour qu’elle puisse éclairer tous ceux qui sont
présents. Ensuite il a lancé ce défi profond qui
peut littéralement changer le monde :
« Que
votre lumière brille devant les hommes, afin qu’ils
voient vos bonnes œuvres, et glorifient votre Père qui
est dans les cieux » (Matthieu 5:14-16).
Il
ne suffit pas de se contenter de vivre, voire de survivre. Il nous
est demandé de nous équiper pour accomplir une chose
valable dans la société, d’acquérir
davantage de lumière, afin que notre lumière
personnelle puisse illuminer un monde obscur ; et ce peut être
possible par l’instruction, en nous éduquant, en
progressant tant spirituellement que mentalement.
CHAPITRE
SIX : PARDON ET MISÉRICORDE, DEUX MÊMES VERTUS
La
haine et l’amertume détruisent également.
Existe-t-il d’autres vertus que l’on doit
particulièrement appliquer aujourd’hui, à cette
époque marquée par les procès et les échanges
enflammés, que celles du pardon, de l’oubli et de la
miséricorde envers celui qui nous a offensés ou
trahis ?
Nous
profitons d’énormément de choses pour lesquelles
nous devrions être reconnaissants : le confort que fournit
notre société moderne, la communication globale
sophistiquée qui nous permet d’accéder facilement
au monde entier, et la bénédiction de vivre dans un
pays libre et prospère. Il conviendrait, en tant que peuple
reconnaissant, d’avoir un esprit de pardon et de miséricorde,
de montrer de l’amour et de la compassion envers
tout le monde, et particulièrement envers ceux qui semblent
nous avoir offensés.
Nous
avons besoin de pardon, de miséricorde et de compassion. Le
monde entier en a besoin, car c’est l’essence de la
bonté. Nous en avons besoin chez nous où les petites
taupinières de l’incompréhension se transforment
en montagnes de discussions, et où les parents et les enfants
continuent de s’accrocher à d’anciens contentieux
pendant des années quand ce n’est pas toute une vie.
Nous en avons besoin entre voisins lorsque des différences
insignifiantes produisent une amertume infinie. Nous en avons besoin
entre associés qui se disputent et refusent le compromis ou le
pardon, lorsque dans la plupart des cas, la volonté de
s’asseoir ensemble, d’avoir de la compassion, de parler
calmement pourrait résoudre la question pour le bien de tous.
Trop souvent, trop de gens passent leur temps à blâmer
autrui, à nourrir des rancœurs, et à méditer
la vengeance.
Guy
de Maupassant, l’écrivain français, raconte
l’histoire d’un paysan appelé Hauchecome qui était
allé au village le jour du marché. En passant sur la
place publique, son regard a été attiré par une
petite ficelle tombée sur le pavé. Il l’a
ramassée et la mise dans sa poche. Le bourrelier du village,
avec lequel il s’était disputé précédemment,
l’a vu faire. Un peu plus tard dans la journée,
quelqu’un annonça qu’il avait perdu son
porte-monnaie. On arrêta Hauchecome sur les accusations du
bourrelier. On l’amène devant le maire, où il
proteste de son innocence en montrant la petite ficelle qu’il a
ramassée. Mais on ne le croit pas et l’on se moque de
lui. Le lendemain, on retrouve le porte-monnaie et Hauchecome est
absous de toute accusation injustifiée. Mais plein de
ressentiment envers l’injustice dont il a été
victime à cause de cette fausse accusation, il s’aigrit
et n’oublie pas l’affaire. Refusant de pardonner et
d’oublier, il y pense et il en parle. Il néglige sa
ferme. Partout où il va, chacun doit écouter le récit
de l’injustice qu’il a subie. Il y pense jour et nuit.
Obsédé par ce grief, il tombe malade et finit par en
mourir. Dans son délire alors qu’il lutte contre la
mort, il continue de répéter : « une
‘tite ficèle... une ‘tite ficèle... t’nez,
la voilà, m’sieu le maire. »
Cette
histoire est souvent revécue de nos jours par d’autres
personnes et en d’autres lieux. Comme il semble difficile de
pardonner à ceux qui nous ont offensés ! Nous
avons tendance à ruminer le mal que l’on nous fait et
cela se transforme en un cancer dévorant et destructeur.
Existe-t-il d’autres vertus que nous devons appliquer plus
particulièrement aujourd’hui, à une époque
marquée par les procès et les échanges
enflammés, que celles du pardon, de l’oubli et de la
miséricorde envers celui qui nous a offensés ou
trahis ?
Certains
considèrent ces vertus comme des marques de faiblesse. Mais ce
n’est faire preuve ni de force ni d’intelligence que de
ruminer sa colère envers les offenses subies, de vivre dans un
esprit de vengeance, de gaspiller ses capacités à
mettre au point sa vengeance, ou de manifester sa vindicte lorsque
l’autre est en position de faiblesse. Ce n’est pas une
preuve d’intelligence et on ne ressent pas la paix à
garder rancune. Vous avez peut-être déjà entendu
cette expression dite en plaisantant : « Je ne me
mets pas en colère, je prends ma revanche ». Même
si cela prête à rire, il n’y a rien
d’humoristique, car cela encourage l’esprit de
représailles et l’envie d’écraser son
prochain, plutôt que de promouvoir l’esprit de
conciliation, de coopération, et d’amitié.
Paul
parle de « ces faibles et pauvres rudiments »
de notre vie. N’existe-t-il rien de plus faible et de plus
pauvre que cette disposition à passer sa vie en une ronde
incessante alimentée par l’amertume et les manigances ?
On
montre de la sagesse et de la retenue en tendant l’autre joue,
en essayant de remplacer le mal par le bien. On rapporte que le
Général Omar Bradley aurait dit : « Nous
avons
maîtrisé le mystère de l’atome, mais nous
avons oublié le Sermon sur la Montagne… Notre monde est
peuplé de géants nucléaires à l’éthique
infantile. Nous en savons plus sur la guerre que sur la paix, plus
sur l’art de tuer que sur celui de vivre ».
Un
jour un couple en colère est venu me voir. L’amertume
régnait. Il fut un temps où leur amour avait été
profond et sincère, mais ils avaient pris l’habitude de
parler des défauts de l’autre. Refusant de pardonner ou
d’oublier le genre de fautes que tout le monde commet et de
faire preuve de patience, ils s’étaient critiqués
mutuellement jusqu’à ce que l’amour qu’ils
avaient connu s’émousse. Il fut réduit en flammes
suite à un jugement de divorce ‘sans faute’, et
maintenant ils sont tous les deux seuls à récriminer
dans leur coin. Je crois que s’il y avait eu un tant soit peu
de repentir et de pardon, ils seraient encore ensemble, à
profiter de cette compagnie mutuelle dont ils avaient joui pendant
leur jeunesse.
Celui
qui abrite en son cœur le poison de l’inimitié
serait bien avisé de demander au Tout-Puissant la force de
pardonner et de faire preuve de miséricorde. La haine mène
infailliblement à l’échec et l’amertume à
la destruction. Le seul désir de pardonner fait partie de
l’essence même de la repentance. Ce n’est peut-être
pas facile, et cela ne vient pas forcément rapidement. Mais
lorsque c’est fait avec sincérité et qu’on
y travaille, cela vient. Et même si la personne qui a été
pardonnée continue à disputer et à menacer,
l’effort sincère que l’on fait pour arriver à
la réconciliation apporte une paix qui ne peut se manifester
autrement. Cette paix vient de celui qui a dit : « Si
vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste
vous pardonnera aussi, mais si vous ne pardonnez pas aux hommes,
votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses. »
(Matthieu 6:14-15)
Nous
connaissons tous l’injonction du Sermon sur la Montagne :
« Vous avez appris qu’il a été dit :
tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je
vous dis : aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous
maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et
priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent ».
Dans le même sermon, le Seigneur dit aussi : « Vous
avez appris qu’il a été dit: œil pour œil,
et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au
méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite,
présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un veut
plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton
manteau. Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en
deux avec lui. » (Matthieu 5:38-41)
Honnêtement,
la plupart d’entre nous n’ont pas encore atteint ce
niveau de compassion, d’amour et de pardon. Ce n’est pas
facile à atteindre. Cela exige une auto discipline supérieure
à ce que nous sommes capables de fournir. Cela exige que nous
abandonnions notre orgueil. L’application du principe du
pardon, si difficile à vivre, mais tellement merveilleux par
son pouvoir guérisseur, aurait des conséquences
miraculeuses sur nos foyers malades. L’égoïsme se
trouve être la cause de notre malheur. C’est comme le
cancer. Le pouvoir guérisseur du Christ, consistant à
appliquer la doctrine du deuxième mille, ferait des merveilles
pour calmer les disputes et les accusations, les récriminations
et la médisance. Ce même esprit ferait des miracles pour
guérir notre société malade.
Il
existe peu d’histoires plus édifiantes dans toute la
littérature que celle que l’on trouve dans Luc. C’est
l’histoire du fils plein de convoitise et d’aveuglement
qui exige son héritage et part ensuite le gaspiller dans une
vie de débauche. Il rejette les conseils paternels, et
repousse avec mépris ceux qui l’aiment. Lorsqu’il
a tout gaspillé, qu’il a faim et sans ami, et qu’il
« rentre en lui-même », il retourne vers
son père, qui, en le voyant arriver de loin, « courut
se jeter à son cou et le baisa » (Luc 15:17, 20).
Tous
les parents devraient lire et relire cette histoire du fils repentant
et du père qui pardonne. Elle a suffisamment de grandeur pour
s’adapter à tous les foyers et même à toute
l’humanité, car ne sommes-nous pas tous des fils et des
filles prodigues qui ont besoin de se repentir et d’obtenir la
miséricorde bienveillante du Tout-Puissant pour suivre ses
conseils ? Ne faisons-nous pas tous des erreurs ? Ne
vivons-nous pas en deçà de nos capacités de
temps en temps ? Ne nous sommes-nous pas trouvés non plus
dans la situation où nous pouvions pardonner et manifester de
l’amitié ?
Notre
Rédempteur se tourne vers nous dans un esprit de pardon et de
miséricorde, mais ce faisant il nous commande de nous repentir
de nos méfaits. Si nous nous repentons, nous serons
magnanimement pardonnés.
Beaucoup
parmi nous ont tendance à dire qu’ils pardonnent, alors
qu’en réalité ils se refusent à oublier.
Si le Tout-Puissant est disposé à oublier les péchés
du pénitent, pourquoi y en a-t-il tant parmi nous qui
s’obstinent à ressasser le passé ? Voici une
leçon simple et belle que nous devons tous apprendre : il
n’existe pas de vrai pardon sans oubli.
Ces
paroles qu’Abraham Lincoln prononça pendant la tragédie
de la guerre civile ne sont-elles pas magnifiques ? « Sans
malveillance envers personne, avec charité envers tous…
pansons les plaies de la nation. »
Pansons
les plaies, oui, les nombreuses plaies que nous avons occasionnées
par les paroles blessantes, par les rancœurs bornées que
nous avons nourries, par les plans que nous avons ourdis pour nous
venger de ceux qui ont pu nous faire du tort. Nous avons tous plus ou
moins cet esprit de vengeance en nous. Heureusement, nous avons aussi
le pouvoir de nous élever au-dessus de ces situations.
La
volonté de pardonner est le signe de la maturité
spirituelle et émotionnelle. C’est une vertu à
laquelle nous devrions tous aspirer. Imaginez un monde peuplé
d’individus prêts à s’excuser et à
accepter les excuses. Y aurait-il des problèmes insolubles
pour ces gens humbles intelligents et spirituels prêts à
faire ces deux choses lorsque c’est nécessaire ?
Le
pardon et la miséricorde doivent s’exercer toujours
conjointement. Du fait que nous vivons dans un monde plein
d’agressivité, d’hostilité et de
méchanceté, nous avons particulièrement besoin
de montrer plus de miséricorde.
Je
n’oublierai jamais cette jeune mère célibataire
abandonnée par son mari. Avec de pauvres moyens, elle essayait
de gagner sa vie et de fournir un foyer pour ses enfants. Brisée
et découragée, elle disait à travers ses
larmes : « C’est un monde terrible là
dehors. C’est une jungle sans merci. » La
miséricorde est une qualité O combien divine. Elle ne
peut être légiférée. Elle doit venir du
cœur. Elle doit se manifester de l’intérieur.
C’est une partie de la dotation que chacun de nous reçoit
en tant que fils et filles de Dieu et en tant que participant au
droit d’aînesse divin. Je souhaite que nous fassions tous
des efforts pour exprimer plus largement cet instinct qui réside
en nous. Il est probable qu’à un moment ou à un
autre et sans doute à plusieurs reprises, nous serons amenés
à demander miséricorde. Comment pouvons-nous attendre à
être pardonné si nous n’avons pas été
nous-mêmes miséricordieux ?
Je
n’oublierai jamais le moment où j’ai regardé
à la télévision le procès sommaire d’un
homme qui avait été un despote sans merci dans un pays
d’Europe de l’Est. À sa dernière extrémité,
il demanda miséricorde à ses accusateurs. Je ne connais
rien du système judiciaire par lequel lui et sa femme sont
passés. Je sais seulement que l’audition des témoins
fut courte, le jugement la mort, et l’exécution
immédiate. Il avait été accusé de n’avoir
montré aucune compassion pendant les longues années
d’oppression sévère et implacable ; et
maintenant, en cette heure d’amertume ultime aucune miséricorde
ne fut accordée.
Une
parabole me vient à l’esprit : Il y avait un homme
riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui
chaque jour menait joyeuse et brillante vie. Un pauvre, nommé
Lazare, était couché à sa porte, couvert
d’ulcères, et désireux de se rassasier des
miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les
chiens venaient encore lécher ses ulcères. Le pauvre
mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham.
Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. Dans le séjour des
morts, il leva les yeux ; et, tandis qu’il était en
proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
Il s’écria : Père Abraham, aie pitié
de moi, et envoie Lazare, pour qu’il trempe le bout de son
doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue ; car
je souffre cruellement dans cette flamme. Abraham répondit :
mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta
vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant
il est ici consolé, et toi, tu souffres. D’ailleurs, il
y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui
voudraient passer d’ici vers vous, ou de là vers nous,
ne puissent le faire. (Luc 16:19-26). »
Je
souhaite voir plus d’esprit de compassion dans toutes nos
relations, plus de miséricorde, car si nous sommes
miséricordieux, nous obtiendrons miséricorde auprès
du Juge suprême.
Le
degré de miséricorde que nous sommes capables
d’atteindre correspond à notre niveau d’engagement
envers celui qui est notre Maître. Il a pratiqué ce
qu’il a enseigné, car c’est lui qui sur la croix
subissant l’agonie terrible, a crié : « Père,
pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font »
(Luc 23:34).
Combien
la miséricorde est une chose merveilleuse ! La plupart du
temps, elle est discrète et tranquille. Elle ne fait pas les
gros titres de journaux. C’est l’antithèse de la
vengeance, de la haine, de l’envie et de l’égoïsme.
Portia dans Shakespeare la décrit ainsi :
« La
qualité de la miséricorde n’est pas contrainte,
Elle tombe des cieux telle la douce pluie « Sur les lieux
ici-bas : elle bénit deux fois : Celui qui donne, et
celui qui reçoit…
« Elle
fait devenir meilleur que le monarque ; Son sceptre montre la
force du pouvoir temporel…
« Mais
la miséricorde est supérieure au sceptre chancelant ;
Elle se trouve dans le cœur des rois,
« Elle
est l'attribut de Dieu lui-même. »
Si
les hommes et les femmes chérissaient la miséricorde,
cela permettrait de mettre un terme aux atrocités de la
guerre. Cela fait des années que nous voyons ce conflit en
Irlande. Il est certain que tous ceux concernés et impliqués
par cette guerre doivent être fatigués. Un déversement
de miséricorde des deux côtés vaincrait la haine
destructrice qui suppure depuis si longtemps. Il existe d’autres
régions dans le monde où des animosités
semblables ont déclenché la haine et déraciné
des peuples pour des décennies, quand ce n’est pas des
siècles. Oh, que chaque partie dans ces conflits puisse agir
avec la plus grande compassion envers l’autre ! Il est sûr
que si cela était, les miséricordieux trouveraient la
miséricorde chez ceux qu’ils combattent.
De
toutes les guerres qu’ont subies les États-Unis, aucune
n’a coûté autant en souffrance et en morts, aucune
n’a distillé autant de venin et de haine que la Guerre
de Sécession. Il existe peu de scènes plus émouvantes
dans l’histoire que celle qui s’est déroulée
le 9avril 1865 à Appomattox en Virginie, lorsque le Général
Robert E. Lee s’est rendu au Général Ulysse S.
Grant. Le Général Grant a écrit une courte
déclaration aux termes de laquelle les soldats du Sud étaient
libres de rentrer chez eux avec leurs armes de poing personnelles,
leurs chevaux et leurs bagages. Il n’y a pas eu de
récrimination, pas de demande de réparations, aucune
excuse exigée ni de châtiment infligé. Cet
évènement est passé dans les annales de la
guerre comme un acte magnifique et merveilleux de miséricorde.
Beaucoup
de conflits et de luttes sociales pourraient être résolus
en y mêlant une petite touche de miséricorde. Au lieu de
cela, la loi mosaïque « œil pour œil,
dent pour dent » est souvent modifiée et l’on
exige trois yeux pour un œil et trois dents pour une dent. De
nombreuses victimes, harcelées et broyées, crient en
vain pour réclamer un tant soit peu de clémence. Nous
assistons à des conflits sociaux chargés de violence et
d’accusations sauvages. S’il existait un plus grand désir
de chaque côté d’examiner les problèmes de
l’autre partie avec un peu de miséricorde, la plupart
d’entre eux pourraient être évités.
Notre
génération témoigne des critiques des
journalistes qui pensent faire un travail intelligent en attaquant
sans merci les hommes et les femmes servant au gouvernement et dans
les autres responsabilités de dirigeants. Ils ont tendance à
sortir une ligne ou un paragraphe hors de son contexte et à
poursuivre leur proie tel un essaim d’abeilles tueuses. Ils
profèrent des insinuations perfides contre des personnes qui
n’ont aucun moyen de répondre ou qui, dans l’esprit
des enseignements du Maître, préfèrent tendre
l’autre joue et passer leur chemin. Un peu de miséricorde
de la part de ces critiques amènerait un grand changement dans
les médias.
La
situation des miséreux est une insulte à la grandeur de
notre nation. C’est émouvant de voir ceux qui dans un
esprit de bonté tendent la main vers ces malheureux, aident,
assistent, nourrissent et fournissent un abri, réconfortent et
bénissent. Je suis sûr que le Dieu des Cieux aura
miséricorde envers les miséricordieux, ainsi qu’à
leur postérité. Ceux qui donnent de leurs biens avec
autant de générosité ne manqueront de rien dans
leurs greniers et dans leur foyer, et ils auront de la nourriture sur
leur table et un toit sur leur tête. On ne peut être
miséricordieux sans recevoir une moisson de miséricorde
en retour. Le Maître a enseigné : « Heureux
les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde ! »
(Matthieu 5:7)
Charles
Dickens, célèbre pour ses nombreux chefs d’œuvres
littéraires, a aussi écrit une œuvre peu connue
intitulée « The Life of Our Lord » (la
vie de Notre Seigneur) destinée à l’origine à
ses enfants et non pour l’édition. En fait, il a refusé
toute sa vie que celle-ci soit publiée. C’était
une chose personnelle, un simple témoignage de Jésus-Christ
qu’il donnait à ses enfants. Le manuscrit a été
considéré comme un trésor familial très
intime pendant quatre-vingt-cinq ans. Son plus jeune fils est décédé
en 1933. Les générations passant, la famille a décidé
que cet ouvrage pouvait être publié.
Je
vivais à Londres en 1934 et je me souviens bien de la
publicité faite par un journal populaire de ce que « The
Life of Our Lord » de Dickens serait publié sous
forme de série. Suite à cette série, il fut
publié sous forme de livre. Des années plus tard, ma
femme a trouvé un exemplaire de ce livre et l’a lu à
nos enfants. J’aime beaucoup certains des passages, surtout la
façon dont il conclut :
« Souvenez-vous !
Le Christianisme consiste à TOUJOURS FAIRE le bien, même
envers ceux qui nous font du mal. Le christianisme consiste à
aimer son voisin, et faire à tous les hommes ce que nous
voudrions qu’ils nous fassent. Le Christianisme consiste à
être aimable, miséricordieux, et plein de pardon, et à
cultiver ces qualités au fond de notre cœur. Nous ne
devons jamais nous en vanter, pas plus que de nos prières ou
de notre amour de Dieu, mais plutôt montrer que nous l’aimons
en essayant humblement de faire constamment le bien.. Si nous
agissons ainsi, et que nous nous souvenons de la vie et des leçons
de Notre Seigneur Jésus-Christ, et que nous essayons de les
imitons, nous pouvons avoir la foi que Dieu nous pardonnera nos
péchés et nos fautes, et nous permettra de vivre et de
mourir en paix. »
Tout
le monde aime l’immortel « A Christmas Carol »
de Dickens. Mais « The Life of Our Lord » écrit
d’une façon personnelle, sans rajouts ni envolée
lyrique, destiné aux enfants qu’il aimait, contient un
encouragement qui a le pouvoir de changer le monde :
« Souvenez-vous !
Le christianisme consiste à TOUJOURS FAIRE le bien, même
envers ceux qui nous font du mal ».
Soyons
plus miséricordieux. Chassons l’arrogance de notre vie,
la vanité, l’égoïsme. Soyons plus
compatissants, gentils, remplis de ténacité, de
patience, de pardon, et montrons plus de respect mutuel. Si nous
faisons ainsi, notre exemple incitera nos proches à devenir
plus miséricordieux, et nous aurons plus d’un titre à
réclamer la miséricorde de Dieu qu’il nous
manifestera généreusement avec amour.
CHAPITRE
SEPT : ÉCONOMIE ET TRAVAIL
Mettons
de l’ordre dans notre foyer
Je
recommande à tous les vertus de l’économie et du
travail, qui, je le crois, vont de pair. Le travail et l’économie
d’un peuple unifient la nation, la communauté, et la
famille. Le travail et l’économie rendent la famille
indépendante.
Quand
j’étais petit, je vivais dans ce que je croyais être
une grande maison. Il y avait quatre pièces de plain-pied :
une cuisine, un salon, un bureau et une bibliothèque. Il y
avait quatre chambres à l’étage. La maison était
située à l’angle d’un grand quartier. Il y
avait une grande pelouse avec de nombreux arbres qui dispensaient des
millions de feuilles. Il y avait constamment du travail à
faire.
Dans
ma prime enfance, nous avions un poêle dans la cuisine, et un
dans la salle à manger. Plus tard nous avons eu une chaudière,
et c’était vraiment merveilleux ! Mais pour ce qui
était du charbon, elle était d’un appétit
dévorant et il n’y avait pas de distributeur
automatique. Nous devions enfourner le charbon à la pelle dans
la chaudière et faire des réserves prudentes tous les
soirs.
J’ai
appris une grande leçon de ce monstre qu’était la
chaudière : si on voulait avoir chaud, il fallait manier
la pelle. Mon père considérait que ses garçons
devaient apprendre à travailler, en été comme en
hiver, c’est pourquoi il avait acheté un terrain de deux
mille mètres carrés, qui augmenta jusqu’à
plus de douze mille mètres carrés. Nous passions tous
nos étés là-bas, et les corvées
semblaient infinies. Mon père se levait en général
vers heures du matin, et il était attendu de nous que nous
nous levions d’aussi bonne heure. Tous
les jours, nous avions une liste de travaux à finir avant
midi. Les corvées comprenaient toutes sortes de choses telles
que creuser des trous pour planter des poteaux pour faciliter
l’irrigation, travailler dans notre immense potager qui
contenait des pommiers, des pêchers, des cerisiers des poiriers
et des abricotiers.
Au
temps de la moisson, on nous demandait d’aider à
transporter les fruits, ce n’était pas notre tâche
préférée parce que c’était un
travail qui nous faisait transpirer, et qui collait. Mais il fallait
bien que les fruits soient ramassés, calibrés,
empaquetés et vendus, et tout le monde devait s’y mettre
pour que ce soit fait. Aujourd’hui, quand je considère
rétrospectivement mes années de formations, il est
clair que la ferme procurait un environnement propice à une
quantité de leçons, entre autres que nous récoltons
seulement ce que nous semons.
Je
crois à l’évangile du travail. Le travail est le
miracle par lequel le talent monte à la surface et par lequel
les rêves deviennent réalité. Il n’y a
aucun produit de remplacement sous les cieux pour le travail
productif.
C’est
le processus qui permet de voir les visions paresseuses se
transformer en réalisations dynamiques. Je présume que
nous sommes tous au fond de nous-mêmes paresseux. Nous
préférons jouer plutôt que travailler. Nous
préférons le pain au travail. S’amuser un peu et
manger un peu sont chose agréable. Mais c’est le travail
qui fait la différence dans la vie d’un adulte ou d’un
enfant. Les enfants à qui on enseigne à travailler et à
profiter du fruit de leur labeur ont un immense avantage lorsqu’ils
arrivent à l’âge adulte. Exercer notre esprit et
utiliser nos talents manuels nous sortent de la stagnation où
nous confine la médiocrité.
Rien
de vraiment concret ne vient sans travail. Rien ne se fait en ce bas
monde sans le travail. Nos ancêtres pionniers n’auraient
jamais pu retourner un champ en se contentant de le faire en
imagination. Il a fallu qu’ils mettent la main à la
charrue et qu’ils y aillent. Le travail aujourd’hui est
globalement plus facile, mais le principe reste le même. On
doit travailler, et c’est vraiment un merveilleux et
fantastique avantage.
Je
le répète, il n’y a aucune raison d’être
opposé aux distractions. Mais toujours du plaisir n’est
plus du plaisir. Et lorsque le plaisir ou la récréation
deviennent une fin en soi, c’est alors que nous sommes en
danger. Nous avons des problèmes. On ne peut tout simplement
pas affiner la nature profonde de notre personnalité dans le
plaisir.
On
a dit que c’est le vent du nord qui a fait des Vikings ce
qu’ils sont. Le travail dur face à l’adversité
a permis que l’Ouest américain fleurisse comme le
narcisse. Quiconque a visité Israël a pu s’émerveiller
des fruits d’un travail dur bien organisé. L’eau
dans les canaux, les oliviers sur les collines, les plantations de
citronniers dans les vallées, tout témoigne de
l’industrie des hommes et des femmes. Ce n’est que par le
travail que les nations deviennent fortes, que les villes sont plus
gaies, que les liens familiaux se renforcent et que la vie se
développe.
Je
me souviens d’un week-end où ma femme et moi avons
visité des amis vivant dans une communauté rurale de
l’Ouest. Nous avons passé l’après-midi à
visiter des villages agréables, à passer de bons
moments dans des maisons propres et des champs environnants cultivés.
En faisant leur connaissance, nous avons constaté que
c’étaient des gens sans prétention et qui
vivaient avec des principes. Ils avaient appris par l’expérience
que l’on ne récolte pas le blé en semant de
l’orge, que l’on ne peut obtenir un cheval de course avec
une jument boiteuse. Ils savaient que pour bâtir une génération
honnête,
nous devons travailler avec foi en en ayant la vision. La formule du
succès de ces gens honnêtes et travailleurs m’avait
inspiré.
N’avons-nous
pas lieu de nous inquiéter de cette législation
envahissante qui a tendance à bloquer toute initiative et
toute ambition ? D’autant plus que nous avons maintenant
des générations d’hommes et de femmes qui vivent
depuis longtemps grâce aux avantages de la sécurité
sociale, et que nous voyons les conséquences néfastes
de la paresse et les méfaits des allocations. Brigham Young,
cet homme qui a dirigé un groupe de gens démunis à
travers les grandes plaines de l’Ouest et dans les montagnes
Rocheuses au milieu du 19e siècle et a supervisé la
transformation de ce qui était un désert, la vallée
du lac salé, en une région prospère de
l’Amérique du Nord, a dit : « Donnez
moi, cinquante, cent, cinq cents, ou mille hommes ou femmes les plus
pauvres que vous trouverez dans cette communauté ; avec
les moyens en ma possession, je prendrais ces cinquante, ces cent,
ces cinq cents ou ces mille, et je les mettrai au travail ; un
travail qui suffira à les maintenir en bonne santé, à
les nourrir et à bénéficier d’un confort
décent, et dans dix ans ces gens seront prospères. En
dix ans je ferais en sorte que six, cent, ou mille individus que nous
aurons dû soutenir par des dons, se trouvent non seulement en
situation d’autonomie, mais seront riches, se déplaceront
dans leurs chariots, vivront dans des maisons confortables, auront
des vergers, des troupeaux et tout ce qu’il est nécessaire
pour vivre confortablement. »
Brigham
Young pouvait dire cela parce qu’il avait pratiqué ce
qu’il prêchait. Je recommande à tous les vertus
que sont l’économie et le travail, qui, je le crois,
vont de pair. Le travail et l’économie d’un peuple
soudent la nation, la communauté, la famille. Le travail et
l’économie renforcent la famille. Le travail et
l’économie rendent la famille indépendante. Les
dettes sont une chose terrible. Il est très facile de
s’endetter et si difficile et si laborieux de rembourser.
L’argent emprunté a un prix et ce prix peut devenir un
fardeau. La ruine est généralement le fruit amer des
dettes, des dépenses exagérées, et des appétits
non maîtrisés. C’est l’accumulation tragique
d’un processus simpliste qui consiste à emprunter plus
que ce que l’on peut rembourser. Je déplore le
gaspillage. Je déplore les extravagances inutiles et non
maîtrisées. Je chéris l’économie. Je
crois dans la prudence et le conservatisme quotidien.
Benjamin
Franklin démarra dans la vie sans le sou et devint un des
hommes les plus riches d’Amérique. Dans son
« Autobiography », il souligna l’importance
que jouèrent l’industrie et l’économie dans
sa vie : « Souvenez-vous que le temps c’est de
l’argent… Souvenez-vous que le crédit c’est
de l’argent… Souvenez-vous que l’argent est par
nature prolifique… En bref, le chemin qui mène à
la richesse, si vous le recherchez, est aussi droit que celui qui
mène au marché. Il dépend principalement de deux
mots : Industrie et Frugalité ; c’est-à-dire
qu’il ne faut gaspiller ni le temps ni l’argent, mais
faire le meilleur usage des deux. Celui qui fait tout ce qu’il
peut honnêtement et économise tout ce qu’il a
(exception faite des dépenses nécessaires) deviendra
certainement riche, à moins que cet Être suprême
qui gouverne le monde, vers lequel tous ceux qui œuvrent pour
une cause honnête devraient se tourner, ne juge dans sa sagesse
et sa bonté qu’il doit en être autrement. »
Les
diverses périodes de la longue marche de l’humanité
ont été divisées en âges : l’âge
de la pierre, l’âge du fer, l’ère
industrielle. On peut regretter que notre âge soit qualifié
d’ère des loisirs. Le fait est que nous dépensons
plus en argent et en temps à essayer de satisfaire les désirs
physiques pour le plaisir que jamais auparavant dans l’histoire
de l’homme. Nous sommes de la génération du
micro-ondes ; nous attendons que le progrès et les
plaisirs matériels viennent rapidement et pour tout le monde.
La publicité nous envahit
et les vendeurs sont pleins d’astuces, tout est fait pour nous
inciter à dépenser, et particulièrement dépenser
ce que nous n’avons pas.
Nous
devrions nous inquiéter aujourd’hui, dans cette société
bousculée et assoiffée d’argent, de la façon
dont nous considérons l’argent et les biens matériels.
On obtient en clin d’œil les prêts immobiliers et
les hypothèques en deuxième niveau. Les cartes de
crédits et autres monnaies en plastique sont mises à
disposition pour presque tout le monde au-dessus de dix-huit ans. Le
prêt d’argent est fait pour apparaître indolore et
désirable, sans jamais mentionner la responsabilité qui
incombe de devoir rembourser. La publicité séduisante
fait tous ses efforts pour nous persuader que nous méritons
cet argent et que nous devons l’avoir maintenant, sans
considérer le coût que cela engendre. C’est là
un manque d’autodiscipline et de maîtrise financière
qui nous promet un avenir des plus funestes.
Le
chapitre quarante-six de la Genèse nous montre un contexte
difficile. Pharaon, le dirigeant de l’Égypte a fait un
rêve qui l’a beaucoup troublé. Les sages de sa
cour n’ont pas pu lui fournir l’interprétation. On
amène donc Joseph devant lui. « Pharaon dit alors à
Joseph : Dans mon songe, voici, je me tenais sur le bord du
fleuve. Et voici, sept vaches grasses de chair et belles d’apparence
montèrent hors du fleuve, et se mirent à paître
dans la prairie. Sept autres vaches montèrent derrière
elles, maigres, fort laides d’apparence, et décharnées :
je n’en ai point vu d’aussi laides dans tout le pays
d’Égypte. Les vaches décharnées et laides
mangèrent les sept premières vaches qui étaient
grasses. Je vis encore en songe sept épis pleins et beaux, qui
montèrent sur une même tige. Et sept épis vides,
maigres, brûlés par le vent d’orient, poussèrent
après eux. Les épis maigres engloutirent les sept beaux
épis. Je l’ai dit aux magiciens, mais personne ne m’a
donné l’explication.
« Joseph
dit à Pharaon : Ce qu’a songé Pharaon est
une seule chose ; Dieu a fait connaître à Pharaon
ce qu’il va faire. Les sept vaches belles sont sept années :
et les sept épis beaux sont sept années : c’est
un seul songe. Ainsi, comme je viens de le dire à Pharaon,
Dieu a fait connaître à Pharaon ce qu’il va faire.
Voici, il y aura sept années de grande abondance dans tout le
pays d’Égypte. Sept années de famine viendront
après elles ; et l’on oubliera toute cette
abondance au pays d’Égypte, et la famine consumera le
pays. Si Pharaon a vu le songe se répéter, c’est
que la chose est arrêtée de la part de Dieu, et que Dieu
se hâtera de l’exécuter. » (Genèse
41:17-20, 22-26, 28-30, 32)
Il
est clair que je ne suis pas en train de prophétiser ni de
prédire des années de famine dans l’avenir, mais
je suis en train de suggérer qu’il est temps que nous
mettions de l’ordre dans nos foyers. Trop de gens vivent à
la limite de leurs revenus et même au-delà de leurs
moyens.
Nous
sommes actuellement les témoins d’un modèle
cyclique de variations importantes et inquiétantes des marchés
mondiaux. L’économie est une chose fragile. L’économie
trébuche à Moscou ou a Djakarta et aussitôt les
investisseurs et les individus à travers le monde en sont
affectés. Il serait bien que nous fassions attention aux
signes orageux avant-coureurs.
J’espère
de tout mon cœur que nous ne nous enliserons pas dans la
dépression. Mon père était responsable de notre
église locale durant la Grande Dépression, et je me
souviens comment il arpentait l’appartement, se faisant du
souci pour les gens dont il avait la charge. Lui et ses collègues
avaient mis en place un projet de coupe de bois pour alimenter les
chaudières et les poêles des maisons pour que les gens
aient chaud pendant
l’hiver. Ils n’avaient pas d’argent pour acheter du
charbon. Des hommes avec de bons emplois se trouvèrent du jour
au lendemain au chômage, et même ceux qui avaient été
riches se retrouvèrent à couper du bois. Une famille de
notre voisinage perdit sa maison parce qu’ils ne pouvaient plus
payer les huit dollars par mois d’accession à la
propriété. C’était une triste époque,
et beaucoup de gens tombèrent dans le pessimisme et le cynisme
pendant qu’ils luttaient pour survivre. Il est impossible
d’apprécier ce sentiment de terreur et d’insécurité
qui règnent dans ce genre de situation si on ne l’a pas
vécu personnellement. Mais nous devrions nous inquiéter
de ces crédits gigantesques à la consommation qui
grèvent la nation. En mars, cette dette s’élevait
à 1, 2 trillion de dollars, ce qui représente une
augmentation de 7% par rapport à l’année
précédente.
Le
docteur James Clayton, professeur d’histoire et ancien doyen à
l’université d’Utah, s’est spécialisé,
pendant sa carrière distinguée, dans l’histoire
de l’économie. Il considère que la dette publique
et privée est devenue la question internationale la plus
importante de nos jours. Il a exposé son raisonnement en
décembre : « Dans les années 1950, nos
dettes représentaient 30% de notre revenu disponible.
Maintenant ce pourcentage s’élève à 92%.
Le foyer américain moyen a déjà dépensé
le revenu total de l’année suivante, et c’est sans
précédent dans notre histoire. Notre taux d’épargne
est très, très bas. Il y a deux semaines, il est tombé
au-dessous de zéro. Ceci n’était pas arrivé
depuis les années 1930. » Il continue par cette
accusation frappante : « La modération est
passée de mode, et le financement déficitaire du
secteur public et les niveaux de dettes très élevés
dans le secteur privé sont chose courante. »
J.
Reuben Clark fils, homme d’État international qui a
servi en tant qu’ambassadeur au Mexique a dit en janvier 1938 :
« Les intérêts ne dorment jamais, ne sont
jamais malades et ne meurent jamais ; ils ne vont jamais à
l’hôpital ; ils travaillent les dimanches et les
jours de fête, ils ne prennent jamais de vacances, ils ne font
pas de visites ni de voyages ; ils ne prennent aucun plaisir,
ils ne sont jamais mis à la porte ni renvoyés par leur
employeur ; ils ne travaillent jamais à temps réduit ;
… ils sont aussi durs et insensibles qu’une falaise de
granit. Une fois endetté, l’intérêt devient
votre compagnon de tous les instants le jour et la nuit ; vous
ne pouvez le rejeter ou vous en écarter, vous ne pouvez le
renvoyer ; il n’admet aucun arrangement, exigence ou
commandement, et à chaque fois que vous vous mettez en travers
de son chemin ou que vous traversez sa course ou que vous ne
satisfaites pas ses exigences, il vous écrase. »
Nous
aurions tous intérêt à relire ces paroles de
temps en temps pour nous souvenir du prix que nous payons lorsque
nous empruntons. J’admets qu’il faut emprunter pour
acheter une maison. Mais achetons une maison que nous pouvons
rembourser et alléger ainsi les échéances qui
seront constamment au-dessus de notre tête sans grâce et
sans répit pendant trente ans.
Nous
sommes dans une génération de gaspillage. Nos ancêtres
pionniers vivaient avec cette maxime : « Répare,
use jusqu’à la corde, fais avec ou fais sans ».
De nos jours, l’obsession des richesses ronge, détruit
et mène à prendre des décisions financières
irresponsables.
Nul
ne sait quand l’urgence surviendra. Que ce soit des désastres
naturels ou des crises personnelles. Je pense à un homme qui
rencontrait beaucoup de réussite sur le plan professionnel. Il
vivait dans le confort ; Il avait construit une grande maison.
Puis un jour, sans prévenir, il fut la victime d’un
accident grave où il faillit perdre la vie. Il fut gravement
handicapé et sa capacité à gagner de l’argent
fut détruite. Il dut faire face à des factures de soins
énormes ainsi qu’à d’autres frais.
Rapidement, il se retrouva seul face à ses créanciers.
Il avait été riche pendant un moment, l’instant
d’après il était démuni et brisé.
Rien
n’est plus décourageant et plus fragile que les dettes
et les obligations que l’on ne peut satisfaire. On ne peut être
autonome si des dettes importantes pèsent sur le foyer. On
n’est pas indépendant ni libre de la servitude lorsqu’on
est lié par les dettes. Je puis dire avec satisfaction que
dans le cadre de la gestion des affaires de l’Église que
je représente, nous tenons à mettre de côté
tous les ans un pourcentage des revenus de l’Église en
cas de besoin. De plus, notre Église peut fonctionner sans
emprunt financier, pour ce qui est de toutes ses opérations,
ses entreprises et ses services. Si nous ne pouvons financer, nous
réduisons nos programmes. Nous diminuons les dépenses
pour les adapter aux revenus. Nous ne voulons pas emprunter.
C’est
un sentiment merveilleux que de savoir que l’on n’est pas
endetté, que l’on a un peu d’argent de côté
et que l’on peut s’en servir en cas d’urgence. Je
connais beaucoup de personnes avisées qui ont suivi une telle
pratique. Un homme m’a parlé d’une hypothèque
sur sa maison qui lui rapportait quatre pour cent d’intérêt.
Des consultants financiers lui ont dit qu’il était idiot
de rembourser cette hypothèque avec un taux d’intérêt
qui rapportait si peu. À la première occasion où
ils ont eu les moyens, sa femme et lui se sont décidés
à la rembourser. Depuis ce jour, il n’a plus de dette,
et je crois que cela a participé, au cours des années,
à sa prospérité financière et chose plus
importante, à acquérir un sentiment de liberté
et de tranquillité d’esprit. Je crois que c’est
pour cela qu’il sourit et qu’il siffle en travaillant.
On
veut nous faire croire qu’emprunter de l’argent ne coûte
rien et que l’esclavage financier est une façon de vivre
acceptable. Il serait bon de surveiller nos finances, de faire preuve
de modestie et de prudence dans nos achats, de nous discipliner dans
nos emplettes pour éviter les dettes au maximum, de nous en
libérer rapidement, ainsi que de leur esclavage.
Puissions-nous
mettre nos maisons en ordre. Si nous payons nos dettes, si nous avons
une réserve, même si elle est modeste, alors les
tempêtes pourront souffler au-dessus de nos têtes, nous
aurons un abri pour notre famille et la paix au cœur.
Le
travail et l’économie sont véritablement des
vertus que l’on se doit d’exploiter, que l’on doit
admirer, et qui sont vitales pour la santé de la société,
de la famille et de l’individu.
CHAPITRE
HUIT : LA RECONNAISSANCE, UN SIGNE DE MATURITÉ
La
reconnaissance, c’est le début de la civilité, de
la politesse, et de la bonté, c’est admettre que nous ne
devons pas être arrogants. Nous devrions agir en sachant que
nous avons besoin d’aide à chaque pas que nous faisons.
J’ai
eu le plaisir de rencontrer et de me mêler aux hommes les plus
doués et les plus influents du vingtième siècle,
mais je suis aussi allé par les rues étroites et sales
où règnent la misère, la pauvreté et la
déchéance. J’ai côtoyé les pauvres
de la terre, les plus défavorisés qui vivent
constamment obsédés par l’image décharnée
de la famine. Je suis allé dans les rues de Calcutta et dans
les taudis de l’Amérique du Sud, aux Philippines et en
Asie. J’ai été témoin de la pauvreté
étouffante qui tient dans ses griffes impitoyables des
millions de gens. Je n’oublierai jamais cet orphelinat dans le
sud de l’Inde. Ma femme et moi nous retenions nos larmes en
voyant ces bébés minuscules abandonnés couchés
sur des lattes en bois,
mal nourris et ayant peu de chance de vivre et encore moins d’espoir
pour l’avenir.
Ces expériences
m’ont permis de me rendre compte des bénédictions
dont nous jouissons dans ce pays. Nous sommes vraiment un peuple béni
qui vit à une époque merveilleuse de l’histoire
de la terre et nous vivons dans un pays magnifique débordant
de bénédictions et d’occasions. Il est vrai que
beaucoup trop de gens vivent au niveau du minimum vital, cependant
nous devons admettre que jamais auparavant dans l’histoire du
monde, une nation ou un peuple n’a autant bénéficié
de tant de richesses et de libertés.
C’est
pourquoi nous devons être reconnaissants pour toutes ces
choses. Nous devons montrer notre reconnaissance tous les jours de
multiples façons ; pour les uns et les autres ; nos
parents et les membres de la famille qui ont participé à
notre vie ; à nos amis qui de jour en jour nous accordent
le bénéfice du doute, à nos collègues et
associés qui nous motivent et nous inspirent pour aller plus
haut et faire mieux ; aux dirigeants prudents qui servent
généreusement et en particulier au Pouvoir suprême
qui nous accorde toutes les bénédictions et nous
accorde gracieusement ses bontés.
La reconnaissance
est un signe de maturité. C’est le signe de l’humilité
sincère. C’est la marque de la civilité. Et
surtout, c’est un principe divin. Je pense qu’il n’y
a rien qui offense plus le Tout-Puissant que notre tendance à
oublier ses miséricordes et à nous montrer ingrats
envers tout ce qu’il nous donne.
L’appréciation
va de pair avec la courtoisie et le souci des droits et de la
propriété d’autrui. En l’absence de ces
qualités, on trouve l’arrogance et le mal. La
reconnaissance détruit l’orgueil et suscite l’humilité,
la générosité remplace l’égoïsme.
Il
serait bon que nous nous mettions à genoux pour remercier le
Tout Puissant pour ses bontés. Nous devrions aussi cultiver
chez nous l’esprit de reconnaissance pour les bénédictions
de la vie elle-même et pour les dons merveilleux et les
avantages que nous avons. Le Seigneur a dit que « les
humbles hériteront la terre » (Matthieu 5:5). Il
est difficile de ne pas comprendre que, plutôt qu’une
attitude auto suffisante, l’humilité implique un esprit
de gratitude, la reconnaissance de l’existence d’un
pouvoir qui nous est supérieur, la reconnaissance de
l’existence de Dieu et l’acceptation de ses commandements
et d’une façon de vivre inspirée. La gratitude
est le commencement de la sagesse. Formulée différemment,
la véritable sagesse ne peut s’obtenir que si elle
s’appuie sur le fondement de l’humilité et de la
gratitude authentiques.
La reconnaissance
est véritablement le début de la civilité, de la
politesse, et de la bonté, c’est admettre que nous ne
pouvons pas être arrogants. Nous devrions agir en sachant que
nous avons besoin d’aide à chaque pas que nous faisons.
L’ingratitude est signe de mépris et la manifestation de
l’ignorance résultant d’une attitude prétendant
à l’autosuffisance. Elle s’exprime par un égoïsme
hideux et souvent par une conduite malveillante. Beaucoup de gens
égoïstes, arrogants et en général
malheureux ici-bas n’ont aucune reconnaissance. Peut-être
agissent-ils ainsi parce qu’ils ne se rendent pas compte
pleinement de tout ce dont ils devraient être reconnaissants.
Je voudrais énumérer quelques bénédictions
dont nous jouissons tous pour lesquelles je suis très
reconnaissant.
Pour commencer, je
suis reconnaissant pour les merveilles du corps humain et du miracle
de l’esprit de l’homme en tant que création du
Tout-Puissant. J’ai chez moi un assez bon matériel
audio. De temps en temps, je m’assois tranquillement dans la
semi-obscurité pour écouter
pendant une heure ou deux de la musique qui a traversé les
siècles en raison de sa qualité remarquable. J’écoute
toujours le concerto pour violon de Beethoven, je m’émerveille
de voir qu’une telle œuvre a pu être conçue
par l’esprit humain. À bien des égards, le
compositeur était semblable à nous. Il a connu la faim,
la douleur, et a eu la plupart des problèmes que nous avons
tous, et peut-être certains que nous n’avons pas. Mais il
est sorti de son esprit génial un mélange formidable
qui a créé des chefs-d’œuvre musicaux rares
et magnifiques.
Avez-vous déjà
contemplé la merveille que vous êtes, les yeux avec
lesquels vous voyez, les oreilles avec lesquelles vous entendez, la
voix avec laquelle vous vous exprimez ?
Aucune caméra
faite de main d’homme ne peut rivaliser avec l’œil
humain. Aucun moyen de communication jamais conçu ne peut être
comparé à la voix et à l’ouïe. Aucune
pompe jamais construite ne marchera aussi longtemps et aussi
efficacement que le cœur de l’homme. Quelles remarquables
créatures sommes-nous ! Nous pensons le jour et rêvons
la nuit. Nous parlons et nous entendons, nous sentons, nous goûtons
et nous touchons. Nous emmagasinons ce que nous expérimentons
et ce que nous apprenons grâce à un mode
d’enregistrement avec lequel aucun ordinateur ne peut
rivaliser. Nous apprenons, nous grandissons, nous progressons et nous
nous améliorons de jour en jour.
Regardez les doigts
de l’homme. La tentative la plus habile pour reproduire un
doigt mécanique n’a donné qu’une
approximation primitive. La prochaine fois que vous utiliserez vos
doigts, regardez-les et appréciez ces merveilles. Dans un
théâtre prestigieux, j’étais assis à
un endroit d’où je voyais les doigts des musiciens de
l’orchestre. Chacun utilisait ses doigts, pour pincer les
cordes, utiliser les instruments de percussion, les cuivres, les
instruments à vent. Il n’avait pas besoin d’utiliser
leurs doigts pour chanter, fredonner ou siffler, mais il y aurait eu
beaucoup moins d’harmonie sans l’action habile des doigts
entraînés.
Je crois que le
corps humain est la création de la divinité. Nos corps
ont été conçus par le Tout-Puissant pour être
le réceptacle terrestre de nos esprits éternels.
Nous
devrions être reconnaissants pour l’accumulation
constante de la connaissance concernant l’art de prendre soin
du corps. Le fait de fumer une cigarette, pour parler en chiffre,
fait perdre sept minutes de vie au fumeur. Quand on sait cela,
comment se fait-il qu’un individu intelligent choisisse
délibérément de fumer ? Ou d’ingérer
des drogues nocives ? Ou de s’exposer au SIDA ou à
d’autres risques de la santé qui ont pour résultat
d’abîmer le corps et de mettre son avenir en danger ?
Contemplez
les merveilles de l’époque où nous vivons, c’est
l’époque la plus grandiose de l’histoire humaine.
Plus d’inventions et de découvertes scientifiques ont
été faites pendant toute ma vie que pendant tous les
siècles précédant. C’est le résultat
remarquable des efforts fournis par des hommes et des femmes
réfléchis qui ont mis en application des modes de
pensée adaptés dans les domaines de la médecine,
de la sécurité industrielle, des mesures sanitaires et
hygiéniques, de la chimie, de la recherche en génétique,
de la microbiologie, de l’environnement et dans d’autres
disciplines, toutes intégrant les processus de la pensée
humaine. Comment ne pourrions-nous pas être reconnaissants pour
de tels miracles ?
Je suis
reconnaissant pour ce pays remarquable, bien qu’il soit affligé
par des problèmes sociaux de tous ordres. Je suis allé
au cimetière militaire américain de Suresnes en France
où sont inhumés des soldats morts pendant la Première
Guerre mondiale, entre autres
mon frère ainé. C’est un endroit tranquille et
inspirant, consacré au souvenir des grands sacrifices qui
furent offerts pour « rendre le monde sûr pour la
démocratie ». Je suis allé plusieurs fois en
Corée du Sud du trente-huitième parallèle Nord
jusqu’à Pusan dans le Sud, et j’ai vu les crêtes
et les vallées que les Américains ont défendues
pour lesquelles ils sont morts, non pour sauver leur propre pays,
mais pour préserver la liberté de peuples qui leur
étaient étrangers, mais qu’ils reconnaissaient
comme frères par la Paternité de Dieu. J’ai
voyagé d’un bout à l’autre du Vietnam Sud
pendant ces années de guerre où .55 000 Américains
ont combattu pour la cause de la liberté, sont morts dans la
chaleur étouffante de ce pays étranger et lointain. Un
verset de la pièce de Maxwell Anderson « Valley
Forge » me vient à l’esprit. Alors que ses
hommes se préparent à enterrer un camarade décédé,
Le Général George Washington dit avec un peu
d’amertume, « Cette liberté semblera bien
facile lorsqu’au fil des ans, personne ne mourra plus pour
elle ». Je ressens une immense reconnaissance pour tous
les milliers d’hommes qui, à travers l’histoire,
ont donné leur vie pour la cause de la liberté.
Je
suis reconnaissant pour ceux qui placent leur confort personnel et
leur réussite après le bien-être d’autrui.
Je suis reconnaissant pour nos ancêtres et pour les pionniers
qui ont posé les fondations de ce grand pays. Ils ont enduré
des épreuves indicibles, des privations et des sacrifices
personnels pour affronter un Nouveau Monde dans lequel un climat de
liberté et de justice pourrait prévaloir pour tous.
Je
suis reconnaissant pour la beauté. La terre dans sa beauté
originelle est l’expression de la nature de son Créateur.
Le style du commencement de la Genèse est intéressant.
Il est écrit : « La terre était informe
et vide : il y avait des ténèbres à la
surface de l’abîme » (Genèse 1:2). Il
se peut qu’à ce stade de développement, elle ne
présentât rien moins que l’image de la beauté.
« Dieu dit: que la lumière soit ! Et la
lumière fut » (Genèse 1:3). À partir
de là, la Création continue jusqu’à ce que
« Dieu vit tout ce qu’il avait fait et voici, cela
était très bon » (Genèse 1:31). Cela
signifie certainement que tout était beau, car « L’Éternel
Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables
à voir et bons à manger » (Genèse
2:9).
Je suis
reconnaissant pour la beauté de la nature, les fleurs, les
fruits, le ciel, les pics et les plaines où ils poussent. Je
suis reconnaissant pour la beauté des animaux. La beauté
se retrouve chez tous les peuples. Je ne parle pas de la beauté
ou de l’aspect qui vient des lotions, des crèmes, tel
qu’on les voit dans les magazines de mode et à la
télévision. Que la peau soit claire ou sombre, les yeux
ronds ou bridés cela n’a rien à voir. J’ai
vu des gens magnifiques dans les centaines de pays que j’ai
visités. Les petits enfants de partout sont beaux. Il en est
de même des personnes âgées, dont les mains et la
figure ridées témoignent de la lutte pour la vie, des
vertus et des valeurs pour lesquelles ils ont combattu. Nous portons
sur notre figure le reflet de ce que nous croyons et de la façon
dont nous nous conduisons, et cette conduite est plus évidente
dans les yeux et sur la figure de ceux qui ont vécu longtemps.
Comme
je suis reconnaissant pour la beauté, la beauté des
créations de Dieu non souillées, la beauté de
ses fils et de ses filles qui marchent dans la vertu sans se
plaindre, faisant face aux défis de chaque jour.
En
ce moment je parle à de nombreuses funérailles. Chacune
est un rappel de la brièveté de la vie. Je suis
reconnaissant pour la force et la vitalité. J’ai vécu
de nombreuses années et lorsque je regarde en arrière
mes quatre-vingt-neuf ans et que je contemple les dix années à
venir, j’apprécie les paroles de Robert Browning :
« Vieillissons
ensemble !
« Le
meilleur est encore à venir
« La
dernière partie de l’existence par laquelle tout a
commencé ;
« Chaque
saison de notre vie repose entre les mains de celui
« Qui a
déclaré : C’est la vie entière qui
compte ; la jeunesse n’en représente que la
moitié ;
« Ayez
confiance en Dieu ; contemplez-le et ne craignez point. »
Pendant
plus de soixante ans, mon épouse et moi avons connu les
tempêtes et le beau temps. Aujourd’hui, nous ne sommes,
ni l’un ni l’autre aussi droit que nous l’étions.
Pour nous, les rivets se relâchent un peu et les soudures se
fissurent. Dernièrement, je la regardais à table un
soir, je remarquais les rides sur sa figure et sur ses mains. Mais sa
figure et ses mains sont-elles moins belles qu’avant ?
Non, en fait, elles sont plus belles. Ces rides sont belles en
elles-mêmes, et inhérentes à leur existence, il y
a quelque chose qui suggère de façon rassurante la
force et l’intégrité ainsi que l’amour qui
irradie plus profondément et plus tranquillement que jamais.
J’apprécie la beauté, la hauteur de vue et la
largeur d’esprit qui viennent avec l’âge.
Quand
nous montrons de la gratitude, nous n’affichons pas
l’arrogance, la vanité et l’égoïsme,
mais nous vivons par un esprit de reconnaissance qui se déverse
sur nous et nous bénit. Nous devrions tous être
reconnaissants envers le Tout-Puissant pour ses merveilleuses
bénédictions qu’il nous octroie. Cette époque
formidable nous offre tout ce qu’il est possible d’avoir.
N’avons-nous pas de la chance, vraiment ? Nous devrions
faire montre de gratitude et de reconnaissance, vivre en appréciant
et en respectant les bénédictions de la vie et du
bonheur dont nous jouissons.
La gratitude est
l’essence même de l’adoration, la reconnaissance
envers le Dieu des cieux, qui nous a donné tout ce qui est
bon. J’ai toujours été impressionné par un
certain dirigeant religieux que j’ai entendu prier de
nombreuses fois lors de nos travaux communs. Il quémandait
rarement dans ses prières. La plupart du temps, ces prières
étaient des remerciements pour une chose ou une autre.
Par-dessus
tout, je suis reconnaissant pour ma croyance en Dieu et en Son Fils
bien-aimé, le Rédempteur du monde, le Seigneur
Jésus-Christ du Nouveau Testament. Il n’y a rien de
comparable dans toute l’histoire de l’homme au don du
sacrifice expiatoire du Sauveur. Je suis reconnaissant pour le
principe énoncé dans la Règle d’or par le
Sauveur : « Tout ce que vous voulez que les hommes
fassent pour vous, faites-le de même pour eux »
(Matthieu 7:12).
Je suis
reconnaissant d’appartenir à un peuple qui permet à
tous d’adorer Dieu selon les inspirations de sa conscience,
comme ils veulent, où ils veulent, ou ce qu’ils veulent.
Les évènements récents en Chine et en Europe
auraient dû inspirer à tous les Américains une
prière de gratitude pour les dispositions de la Déclaration
des droits. Nos télévisions nous ont retransmis les
démonstrations et les cris de nombreux peuples réclamant
la liberté de conscience et la liberté physique, droits
de base de l’homme, que nous considérons ici comme
allant de soi.
Le Premier
Amendement de notre Constitution stipule que « Le Congrès
ne fera aucune loi pour empêcher l'établissement d'une
religion, interdire le libre exercice d'une religion ou pour limiter
la liberté d'expression… » Il est
intéressant de noter que c’est la religion qui
est
traitée dans le premier article de la loi sur ces libertés
exigées par le peuple de la nation naissante. Celui qui se
tient à ma place est conscient de la menace constante que la
lourde main du gouvernement fait peser sur la religion. On la sent au
niveau local, au niveau de l’État, au niveau fédéral.
Ces dernières années, la pression a augmenté et
les attaques se sont faites plus fréquentes. La religion et
son libre exercice, quels trésors précieux !
J’ai
la plus grande reconnaissance envers les écrits sacrés
du passé. Ces livres ont traversé les siècles,
ont posé les bases de notre loi civile, de nos relations dans
la société, de nos responsabilités familiales et
surtout, les enseignements donnés par Dieu, les principes, les
commandements sur lesquels nous pouvons nous reposer en confiance
pour établir le cours de notre vie. Ils énoncent la loi
implacable de la moisson « on récolte ce que l’on
sème ». Ils énoncent la loi de
responsabilité sous laquelle nous devrons un jour faire
rapport au Tout-Puissant de nos œuvres ici-bas, nos activités
et nos récompenses, lui qui nous a accordé la
bénédiction de la vie avec toutes ses joies, ses
occasions et ses défis.
Sachant cela,
j’apprécie l’efficacité de la prière,
l’invitation à en appeler à un pouvoir supérieur.
Je crois à l’intégralité de la promesse du
Nouveau Testament qui dit « Si quelqu’un d’entre
vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui
donne à tous simplement et sans reproche, et il lui sera
donné ». Je crois que Dieu veut réellement
communiquer avec les hommes et les femmes sincères qui le
cherchent, afin que nul n’ait à affronter seul les
difficultés de la vie. Je crois qu’une nation qui prie
peut recevoir un pouvoir unique et merveilleux, un pouvoir qui vient
de Dieu, le Créateur et l’Administrateur de l’univers.
Il accorde la liberté d’agir aux humains et leur permet
de suivre leur chemin selon leur volonté, et c’est la
raison de nos problèmes actuels. Cependant, il peut toucher le
cœur de ses enfants de tous pays, et il peut mettre en jeu ces
forces qui mènent à la paix, la justice et le bonheur
de l’homme.
Finalement, je suis
reconnaissant de la vie, d’avoir le sentiment d’avoir un
but, des occasions de servir, de pouvoir me déplacer comme il
me plaît, et de vivre en cette époque remarquable. Je
n’arrive jamais à en appréhender tout l’aspect
merveilleux. Nous sommes véritablement un peuple béni,
et nous devrions pour cela exprimer notre gratitude et en montrer la
profondeur par la bonté et la dimension de notre vie.
CHAPITRE
NEUF : L’OPTIMISME FACE AU CYNISME
À ce propos,
je souhaite que nous cessions de nous tourner vers les tempêtes
et que nous profitions pleinement du beau temps. Je suggère
que nous ayons tous les jours une attitude positive. Je demande que
nous nous attachions au bien et que nous arrêtions de nous
insulter et de nous moquer, que nous fassions plus honneur à
la vertu et à l’effort en les adoptant.
Nous vivons à
une époque étonnante, une époque surprenante à
bien des égards, où règnent en maître le
pouvoir de la communication, et celui d’influencer et de
convaincre. Le développement de la technologie, et les
multiples formes de média qui en découlent ont causé
un effet collatéral inquiétant. On a l’impression
d’être soumis à un tir de barrage constant
visant à détruire les personnalités et qui a
pratiquement obscurci le débat national sur ces problèmes
vitaux dont la solution devrait améliorer la vie quotidienne
des adultes et des jeunes. Les médias sont largement
responsables de cette situation. Prenez au hasard un quotidien ou un
hebdomadaire, ou écoutez les informations sur une des
nombreuses chaînes. Il est impossible de lire les journaux ou
d’écouter les commentaires sans percevoir un sentiment
terrible de tristesse dans le pays. Nous sommes nourris constamment
avec un régime au pessimisme aigre, mêlé
d’accusations, d’arrière-pensées, et de
médisance générale. Il est pathétique de
constater que le Négativisme se vend bien.
Les journalistes
sont des gens brillants. Ces hommes et ces femmes emploient un
langage incisif et des expressions qui touchent au but. Ce sont des
maîtres en matière de paroles et d’écrits.
Il en est de même des commentateurs télé. Mais
certains semblent incapables de faire la part des choses, nonobstant
leurs protestations du contraire. L’attitude de beaucoup est
négative. Avec un art étudié, ils distillent le
vinaigre de leurs récriminations et de leur colère, ils
jugent partant du principe qu’eux seuls détiennent la
vérité. Sous couvert d’analyse et d’opinions
objectives, ils soulignent les défauts plutôt que les
qualités. Si nous prenions de tels pontifes au sérieux,
il serait tentant d’en conclure que c’est la fin du pays
et même à celle du monde entier. Confronté
parfois à des doses particulièrement élevées
de cette forme de cynisme, je me suis fait la réflexion que
l’époque est particulièrement propice aux oiseaux
de mauvais augure dotés d’un certain talent.
Un
comportement négatif systématique peut avoir de graves
répercussions. Le négativisme devient la matière
première des grands titres et des longs développements
d’articles qui, souvent, ne sont que la caricature de la
réalité. Ce comportement devient général
et finit par former comme un nuage au-dessus de nos têtes. Il
présente une situation déformée de la réalité
et, ce faisant, influence tout un chacun dans ses attitudes, sa façon
de paraître et même dans ses valeurs.
Ce qui est tragique
c’est que ce comportement est contagieux. Lisez le courrier des
lecteurs dans presque tous les journaux. Certains sont écrits
avec du venin par des gens qui semblent croire que le bien n’existe
pas ici-bas, ni chez leurs contemporains. À les entendre, il
n’y a nulle part au monde de gens intègres à un
poste public. Les hommes d’affaires sont tous des escrocs. Les
services publics n’ont d’autre but que de voler les
administrés. Les remarques cyniques, les réflexions
sarcastiques, la critique des collègues de travail sont trop
souvent nos sujets de conversations. À la maison, les maris
critiquent, les épouses pleurent, et finalement, les enfants
se découragent sous le flot des reproches mutuels déversé
dans la famille. La critique est le signe avant-coureur du divorce,
elle nourrit la révolte, elle catalyse l’échec.
Il
ne sert à rien d’ignorer les difficultés que nous
devons affronter dans notre pays. Nous avons des problèmes, et
pas qu’un peu. Il y a des questions qui exigent de nous une
attention sérieuse et attentive. Mais l’Amérique
souffre beaucoup trop des reproches et des critiques. Comment serait
ce pays si nous insistions moins sur ses faiblesses et soulignions
plus ses bons côtés, sa force, ses capacités et
son potentiel ? Nous aurions, sans doute, toujours des
difficultés. Tant que nous aurons plus de politiciens que
d’hommes d’État, nous aurons des problèmes.
Mais si nous évitons de perdre notre temps et nos talents à
proférer des critiques, si nous cessons de voir le mauvais
côté des gens, et si nous insistons davantage sur les
bons côtés, l’Amérique continuera à
aller de l’avant avec la bénédiction du
Tout-Puissant et sera un étendard de force, de paix et de
générosité pour le monde entier. C’est un
grand pays, un pays de choix, une terre promise.
Je
suis optimiste de nature ! Quelle époque merveilleuse que
celle que nous vivons en cette fin de siècle ! Dans ce
cadre, je souhaite que nous cessions de regarder du côté
des tempêtes et que nous profitions pleinement du beau temps.
Je suggère que tous les jours nous ayons une attitude
positive. Je demande que nous nous attachions au bien et que nous
cessions les insultes et les sarcasmes, que nous fassions plus
honneur à la vertu et à l’effort et que nous les
fassions nôtres.
Je ne dis pas que
l’on fasse taire toutes critiques. La progression est fille de
la correction. La force vient du changement et de la repentance.
Celui à qui l’on montre les fautes qu’il a
commises est sage lorsqu’il change de comportement. Je ne dis
pas que nos échanges doivent être tout sucre et tout
miel. L’expression intelligente sincère et honnête
est une qualité que l’on doit rechercher et cultiver. Ce
que je veux souligner, c’est que nous avons fait preuve d’un
manque flagrant d’optimisme dans notre société.
Ce que je demande c’est que nous nous détournions du
négativisme qui imprègne tant notre culture et que nous
recherchions les bonnes choses dans notre société
actuelle, que nous parlions des vertus d’autrui plus que de ses
défauts, que le pessimisme fasse place à l’optimisme,
que l’incertitude et les soucis soient remplacés par une
espérance durable.
Lorsque j’étais
jeune, j’avais tendance à critiquer, et mon sage père
avait l’habitude de dire : « Les cyniques
n’apportent rien, les sceptiques ne créent rien, ceux
qui doutent n’accomplissent rien. » À
regarder le côté obscur des choses, cela apporte
toujours un esprit pessimiste, qui conduit souvent à la
défaite. Que la peur laisse la place à notre foi.
Si
jamais un homme a mis ses principes en application, c’est bien
Winston Churchill. Le rouleau compresseur allemand avait envahi
l’Autriche, la Tchécoslovaquie, la France, la Belgique,
la Hollande et la Norvège et entrait en Russie. Les bombes
tombaient sur Londres. La plus grande partie de l’Europe était
dans les griffes de la tyrannie et ce serait bientôt le tour de
l’Angleterre. En ce moment tragique, alors que les cœurs
faiblissaient, ce grand homme d’État anglais a fait un
discours historique. Il a dit entre autres : « Ne
parlons pas de jours sombres ; parlons plutôt de jours
d’épreuves. Ce ne sont pas des jours sombres ; ce
sont des moments grandioses, les plus grands que notre pays ait eu à
vivre ; et nous devons remercier Dieu de nous avoir permis, à
tous selon notre place, de faire en sorte que ces jours restent
mémorables dans l’histoire de notre race. »
Après
la terrible défaite catastrophique de Dunkerque, les prophètes
de malheur prédirent la fin de l’Angleterre. Mais en ces
jours sombres et solennels, j’ai, personnellement, entendu cet
homme remarquable dire ces paroles à la radio de l’autre
côté de l’océan :
« Nous
n’amènerons pas le drapeau et nous n’abandonnerons
pas… Nous combattrons en France, nous combattrons sur les mers
et les océans, nous combattrons avec une foi et une force
grandissante dans les airs, nous défendrons notre Île,
quel qu’en soit le prix, nous combattrons sur les plages, sur
les terrains d’atterrissage, nous combattrons dans les champs
et dans les rues, nous combattrons sur les collines, nous ne nous
rendrons jamais ».
Un tel discours, en
l’absence de critiques faciles dans le but de rechercher la
faute, a permis de percevoir la victoire au loin à travers les
sombres nuages de la guerre, a préservé ce grand peuple
anglais en ces jours sinistres et meurtriers, et a sauvé le
Royaume-Uni de la catastrophe. Nous sommes ce que nous pensons. Nous
pouvons exprimer la défaite ou la victoire. Churchill n’est
qu’un exemple, et celui-ci fut convaincant et
magnifique, de la puissance supérieure de l’optimisme et
de l’espoir.
Plus récemment,
nous avons été témoins d’un autre
évènement dramatique et mouvementé de l’histoire
humaine, lorsque furent brisées la poigne de fer du despotisme
et les barrières qui séparaient l’Europe de l’Est
de l’Ouest. Une nouvelle aube se fit jour sur une vaste région
du monde. Pendant de longues années, on avait pu penser que
cette oppression si longue ne s’arrêterait jamais :
néanmoins, maintenant une nouvelle lumière brillait sur
les régions de l’Est. Qu’il fait bon vivre
aujourd’hui ! Le discours de Michael Gorbatchev était
inspirant, car on n’y trouvait peu de négativisme. Ses
paroles étaient celles d’un homme confiant, optimiste,
avec l’assurance qui vous habite quand vous savez que ce que
vous faites est bien.
Nous avons tous
tendance à nous soucier du lendemain. Et c’est vrai,
qu’il y aura des jours difficiles pour beaucoup d’entre
nous. Nous rencontrerons certainement des difficultés de
toutes sortes. Nul ne peut les éviter toutes. Mais nous ne
devons ni désespérer ni abandonner. Nous devons
distinguer le soleil à travers les nuages.
Comme je l’ai
déjà dit, j’ai vécu la dépression
financière la plus grave des temps modernes. Veuille le Ciel
que nous ne revivions pas ce cauchemar financier des années
trente ! Ce fut l’époque des longues queues à
la soupe populaire ; des suicides causés par le
découragement, d’une vie emplie de tristesse,
incompréhensible pour celui qui ne l’a pas vécue.
En dépit du cynisme ambiant, nous avons quand même
survécu et sommes restés en vie. Nous acceptions
n’importe quel emploi que nous trouvions, même si le
salaire était mince. Mais nous trouvions le moyen de manger et
d’aller de l’avant. Avec le temps, des occasions se
firent jour ici et là. Nous avons vécu par la foi au
Tout-Puissant, ce qui nous permettait d’être optimistes.
En
1982, j’ai assisté au cinquantième anniversaire
de ma promotion à l’université et j’y ai
rencontré des hommes et des femmes qui se sont distingués
dans de nombreux domaines. Ils étaient devenus des dirigeants.
Ils avaient recherché le côté positif de la vie,
ils avaient prié avec foi et travaillé avec diligence.
En dépit de difficultés accablantes, ils avaient
progressé avec optimisme et avec la volonté de
travailler aussi dur qu’ils le pouvaient.
Quelles que soient
les circonstances, nous devons faire de même : aller de
l’avant avec foi et dans un esprit de prière, en priant
le Seigneur pour qu’Il nous soutienne et nous dirige. Nous
découvrirons, au fil des ans, qu’une direction subtile a
guidé nos pas vers le progrès et vers un objectif
grandiose.
Nous ne devons pas
nous laisser piéger par les sophismes du monde, qui pour la
plupart sont négatifs et, porte rarement de bons fruits quand
c’est le cas. Nous ne devons pas nous laisser prendre aux
filets d’individus plus malins ou prêter l’oreille
à leurs discours, dont la mission auto proclamée
consiste à souiller ce qui est sacré, à saper la
foi, à souligner la faiblesse humaine plutôt que de
montrer la force inspirante.
Nous devons marcher
avec l’espérance et la foi. Nous devons nous affirmer
pour cultiver la confiance. Nous pouvons tous le faire. Notre force
apportera de la force aux autres, et l’accumulation de ces
forces aura un effet formidable.
Nous avons été
grandement bénis et avec munificence ! Il n’est pas
nécessaire de voyager loin, ni de courir le monde pour voir ce
qu’il a à nous offrir, pour constater à quel
point nous sommes bénis dans ce grand pays. Avec la gratitude
au cœur, arrêtons de nous
focaliser sur les problèmes qui nous assaillent si ce n’est
pour trouver des solutions. Comptons plutôt nos bénédictions
et décidons de faire tout ce que nous pouvons pour améliorer
le monde.
Chacun à
notre place, recherchons et cultivons les merveilleuses occasions qui
se présentent. Nous pouvons nous laisser envahir par le
défaitisme, ou nous pouvons saisir avec détermination
les occasions d’apprendre, de découvrir des relations
intéressantes, et de développer de grandes amitiés.
À
une occasion, alors que le Sauveur marchait dans la foule, une femme
malade depuis long temps a touché son vêtement. Il a
senti qu’une force sortait de lui. La force qui était en
lui avait renforcé la femme. Il peut en être de même
avec chacun d’entre nous. Plutôt que de faire des
remarques cinglantes, ne pourrions-nous pas cultiver l’art du
compliment, l’art du soutien et de l’encouragement ?
Quelles merveilles pourrions-nous accomplir si nous avions confiance
en nous ! Aucun dirigeant ne peut réussir dans une
société s’il n’inspire pas confiance. Il en
est de même pour nous dans nos relations quotidiennes.
Chacun
d’entre nous a reçu de Dieu des responsabilités
et nous devons les assumer si nous voulons vivre dans une société
paisible et ordonnée ; pour porter les fardeaux les uns
des autres, se renforcer mutuellement, s’encourager, relever
l’autre, rechercher le bien chez tous, et souligner ce qui est
bon. Les appréciations d’une tierce personne peuvent
aussi bien encourager que démoraliser un individu.
Le
journaliste Sydney Harris a publié ces observations
intéressantes :
« Sir
Walter Scott causait des problèmes à tous ses
professeurs, tout comme Lord Byron. Thomas Edison, comme chacun sait,
était nul à l’école. Pestalozzi, qui
devint plus tard le meilleur éducateur en Italie était
considéré comme un sauvage et un idiot par les
autorités de son école. On prenait Oliver Goldsmith
pour un imbécile. Le duc de Wellington a échoué
dans un grand nombre de ses classes. Les écrivains célèbres,
Burns, Balzac, Boccace, et Dumas n’ont pas fait d’éclats
à l’école. Flaubert, qui devint un des meilleurs
écrivains français, eut énormément de
difficultés à apprendre à lire et à
écrire. Saint-Thomas d’Aquin, qui a développé
l’esprit scolastique le plus raffiné de l’Église
catholique, était en fait surnommé à l’école
« l’abruti de veau ». Linné et
Volta firent de mauvaises études. Newton était dernier
en classe. L’homme de théâtre anglais Sheridan fut
incapable de rester plus d’un an dans une école. »
Tout
comme ces gens célèbres, beaucoup de nos aïeux
ainsi que ceux qui ont posé les fondations de ce pays étaient
imparfaits. C’était des hommes. Sans doute, ont-ils fait
des erreurs de temps en temps. Mais c’était des erreurs
de peu d’importance si on les compare aux œuvres
merveilleuses qu’ils ont accomplies. Souligner les fautes de
quelqu’un et passer sous silence le meilleur de ce qui est en
lui revient à en faire une caricature. Les caricatures sont
amusantes, mais elles sont souvent laides et malhonnêtes. Un
homme peut avoir une verrue sur la joue ce qui ne l’empêche
pas d’avoir une belle figure honnête, mais si on souligne
la verrue de façon exagérée par rapport aux
autres traits, alors le portrait manque d’intégrité.
Il
n’y a jamais eu qu’un seul homme sur terre parfait. Le
Seigneur utilise des gens imparfaits, comme vous et moi, pour édifier
des sociétés solides. Si l’un d’entre nous
trébuche de temps en temps, ou si notre personnalité
présente quelque défaut d’une sorte ou d’une
autre, ce qu’il y a de merveilleux c’est qu’en
dépit de tout cela nous puissions accomplir des choses aussi
formidables.
Un jeune couple est
venu me voir dernièrement ; ils étaient mariés
depuis six mois. Ils s’étaient déclaré
leur amour l’un envers l’autre. Ils s’étaient
juré fidélité mutuelle. Le jeune homme se tenait
debout dans mon bureau déçu, amer et le cœur
brisé. Sa femme, disait-il, faisaient ceci et cela, de simples
choses de peu d’importance, comme laisser la vaisselle dans
l’évier en partant au travail le matin. Rien ne semblait
le rendre heureux. Sa femme fit son entrée, une fille
magnifique de grand talent. Elle parla des fautes de son mari. Il
était mesquin, il ne se changeait pas. Il ne se lavait pas.
Chacun avait ses problèmes, mais ils pouvaient facilement les
résoudre. Le problème se trouvait dans le fait que les
deux avaient plus tendance à souligner les fautes de l’autre
que de parler de leurs vertus respectives. Avec un peu de discipline,
chacun aurait pu changer. Avec un peu de bonne volonté, ils
auraient pu se parler sur un ton différent. Mais ni l’un
ni l’autre ne le voulait. Ils avaient permis qu’une
attitude et un comportement détruisent l’association la
plus riche et la plus douce de la vie. Par des paroles amères,
ils avaient rejeté sans ménagement les espérances
et les rêves d’une éternité. Par la
critique et les cris, ils avaient brisé les relations les plus
sacrées.
La critique et le
pessimisme détruisent les familles, sapent les institutions de
tous genres, mènent à la défaite presque tout le
monde, et enveloppent d’un triste linceul des nations entières.
Nous devons résister à l’esprit de notre temps.
Nous devons plutôt rechercher ce qui est bon autour de nous. Il
y a tant de douceur, de dignité et de bonté sur
lesquelles construire. Nous devons regarder au-delà du
négativisme, de la critique, du cynisme et de l’équivoque,
pour apprendre à ne voir que le côté positif des
choses.
Nous avons tant à
vivre, tant à espérer ! L’humanité
est essentiellement bonne. Nous faisons tous partie d’une
grande famille. Renforçons la voix de l’espoir. Soyons
reconnaissants envers ceux qui œuvrent pour la paix. Accordons
plus d’attention à ceux qui nourrissent les affamés
et pansent les blessures des guerres. Si nous cultivons cet état
d’esprit optimiste, nous bénirons tous les peuples du
monde.
CHAPITRE
DIX : LA FOI, NOTRE SEUL ESPOIR
Les grandes
réalisations ne se sont jamais faites sur des fondations
vacillantes. Les grandes causes n’ont été
réalisées par des dirigeants faibles. La foi a toujours
été et sera toujours à l’origine de toutes
les tentatives et toutes les réussites significatives.
S’il
existe une chose dont vous et moi avons besoin ici-bas, c’est
la foi, cet élément dynamique, puissant, merveilleux
avec lequel, comme le dit Paul, les mondes furent créés
(voir Hébreux 11:3). Je ne parle pas d’un concept
éthéré, mais d’une foi pratique,
pragmatique et active, ce genre de foi qui nous pousse à nous
agenouiller pour prier le Seigneur de nous guider, pour ensuite,
ayant fait le plein de confiance divine, nous lever pour partir
œuvrer pour que les résultats espérés
arrivent. Ce genre de foi est sans pareil. Cette foi, quand nous
faisons tout ce qui est nécessaire pour l’obtenir, est
notre seul véritable espoir durable.
La foi est plus
qu’une platitude théologique, bien que beaucoup la
considèrent comme telle. C’est un fait vital. La foi
peut devenir la source même d’une vie bien remplie. Il
n’existe rien de plus motivant pour tenter de réaliser
nos essais honorables que de savoir que nous sommes des enfants de
Dieu, qu’il attend de nous que nous fassions quelque chose de
notre vie, et qu’Il nous apportera l’aide que nous lui
demanderons.
Sommes-nous
conscients que si nous avions plus foi en Dieu, nous pourrions
accomplir de plus grandes choses que ce que nous faisons
actuellement ? Si nous avons la foi, aucun obstacle n’est
trop haut, aucun défi trop difficile à surmonter. La
foi peut nous élever au-dessus de ces éléments
négatifs que nous avons dans notre vie et qui nous tirent vers
le bas. Par la foi nous pouvons développer notre capacité
à surmonter ces pulsions qui conduisent à des actes
dégradants et ignobles. Par la foi, nous pouvons discipliner
nos appétits. Nous pouvons tendre la main vers ceux qui sont
découragés et abattus, et nous pouvons les réchauffer
par la force et le pouvoir de notre foi.
Il y a quelques
années, mon épouse et moi-même étions à
bord d’un avion qui allait d’Honolulu à Los
Angeles. À cette époque, les avions étaient à
hélices. Vers le milieu du Pacifique, un des moteurs s’est
arrêté. La vitesse a diminué, nous avons commencé
à descendre, et la nervosité a commencé à
se faire sentir parmi nous. L’avion manquait beaucoup de
puissance et les dangers augmentaient en conséquence. Sans
cette puissance, nous ne pouvions pas voler haut avec rapidité
et en sûreté. Quel soulagement lorsque nous vîmes
finalement l’aéroport de Los Angeles !
Il
en est de même dans notre vie lorsque nous négligeons la
foi et que nous méprisons la connaissance du Seigneur. Dans
ces conditions, nous volons, comme dans l’avion, à
moindre puissance. Nous ne pouvons simplement pas accomplir seuls ce
que nous pourrions faire en coopération avec la Divinité.
L’acceptation passive ou simplement admettre l’existence
de Dieu ne suffit pas. Le témoignage vibrant ne vient que par
une recherche fervente.
C’est
pourquoi, quand je parle de foi, ce n’est pas dans un sens
abstrait. Je la considère comme une force vitale, vivante qui
vient de ce que nous reconnaissons Dieu comme notre Père et
Jésus-Christ comme notre Sauveur. Ceux qui acceptent ces
principes de base en arrivent à accepter les enseignements des
Écritures, à y obéir, ce qui leur apporte la
paix et la joie dans cette vie.
Notre vie est la
seule expression significative de ce en quoi nous croyons et en qui
nous croyons. Et la seule véritable richesse pour beaucoup
d’entre nous se trouve dans notre foi. Pourquoi cela ? La
Foi en l’être divin, dans le Tout-Puissant, est le
pouvoir actif formidable qui peut changer notre vie. Cette conviction
apporte un confort durable et la paix de l’esprit. Dieu est
notre Père éternel, et il vit. Je ne comprends pas la
merveilleuse majesté, je ne peux appréhender sa gloire.
Mais je sais qu’il est particulièrement intéressé
par notre bien-être et concerné par notre vie, que je
peux m’adresser à lui par la prière, et qu’il
m’entendra et m’écoutera.
Le commandant
William Robert Anderson m’a fait grande impression. C’est
lui qui a fait passer le sous-marin Nautilus sous le pôle Nord
en partant des eaux du Pacifique jusqu’à l’Atlantique.
Il avait dans sa pochette un carton tout déchiré avec
ces mots : « Je crois que je suis toujours guidé
par Dieu. Je crois que je prendrais toujours la bonne voie. Je crois
que Dieu me montrera toujours un chemin, même s’il semble
qu’il n’y en a pas. » Je partage ses
convictions, car je crois que Dieu suscitera toujours une voie, même
s’il semble ne pas y en avoir.
La foi est une
chose qui nous est supérieure et nous permet de faire ce que
nous avons dit que nous ferons, d’aller de l’avant quand
nous sommes las ou blessés ou effrayés, de continuer
lorsque les difficultés semblent insurmontables et la course
complètement incertaine. Enfant, j’ai été
ému par le poème de Joaquin Miller « Colombus » :
Derrière
lui étaient les Açores,
Derrière lui
se trouvaient les Colonnes d’Hercules
Devant lui nulle
ombre d’un rivage,
Seulement l’infini
des mers.
Le brave matelot
dit : « Il est temps de prier,
Car voici !
Les étoiles ont disparu.
Fier, l’Amiral
parle. Que dirais-je ? »
« Eh
bien, dit-il : ‘Voguons, et continuons à voguer ! »
Puis,
pâle et fatigué, il monta sur le pont,
Et regarda dans
l’obscurité.
Ah, cette nuit
semblable à nulle autre !
Puis soudain une
lueur grandit et occupa le ciel flamboyant !
C’était
la lumière d’un nouveau jour.
Il gagna un monde
et il donna à ce monde
Sa plus grande
leçon : « Voguons, et continuons à
voguer ! »
Colomb continua à
avoir confiance, il garda la foi.
Et il découvrit
un Nouveau Monde.
Je pense à
Lord Nelson le matin de la bataille de Trafalgar, lorsqu’il
dit : ‘L’Angleterre attend que chacun fasse son
devoir.’ À la fin de cette attaque féroce et
sanglante, alors qu’il était sur le pont de son navire
prêt à faire preuve d’humanité, il fut
atteint d’une balle tirée d’une distance de cinq
mètres. Il tomba sur le pont, la colonne vertébrale
brisée. Trois quarts d’heure plus tard, il mourait en
prononçant ses derniers mots : » grâce à
Dieu, j’ai accompli mon devoir ! ». Une grande
statue et un drapeau ont été placés en son
honneur à Londres dans Trafalgar Square. Cette statue honore
l’homme qui est resté fidèle à lui-même,
fidèle à son pays, fidèle au fait qu’il
faisait ce qu’il avait dit, toutes choses rendues possibles par
la foi.
La foi et la bonne
volonté chasseront le pessimisme pour le remplacer par
l’espoir et la confiance. C’est une source de réconfort
personnel immense et la paix de l’esprit que de savoir que Dieu
est avec nous, et que même s’il ne semble n’y avoir
par d’issue, et peut-être particulièrement dans
ces cas, Il nous ouvrira la voie.
Le Seigneur a dit à
ceux qu’il aimait à une heure sombre et troublée :
« Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme
point. » (Jean 14:27) La foi ne peut se développer
et on ne peut la mettre en pratique dans un environnement de doute.
Nous vivons à
une époque compliquée et troublée. Il est
fréquent de se trouver dans des situations où il n’est
pas facile de faire face à ce que l’on attend de nous,
ou de défendre ce que nous savons et croyons être vrai.
Nous avons besoin de plus de foi. Nous devons savoir que le
Tout-Puissant n’exigera rien de nous et ne nous donnera aucun
commandement que nous ne puissions accomplir. Il ne nous demandera
pas de faire des choses que nous ne sommes pas capables de faire.
Notre problème repose sur nos peurs et sur nos appétits.
Si
nous ne nous protégeons pas et si nous ne cultivons pas les
choses spirituelles, nos réussites matérielles ne nous
laisseront qu’un goût de cendre dans la bouche. L’esprit
est tout autant une personne que le corps physique. Il a lui aussi
besoin d’être nourri par la foi et la dévotion en
l’être suprême. C’est la source à
laquelle nous puisons pour obtenir le raffinement. Elle nous
distingue des animaux de la jungle, elle est à l’origine
de nos plus belles réalisations, et elle vient de Dieu. La foi
est étranglée et piétinée dans la ruée
sauvage du matérialisme dans laquelle le monde s’est
engagé. Si nous n’y prenons garde, notre liberté,
la dignité de l’individu, l’altruisme qui rend
l’existence vivable, la paix à laquelle nous aspirons,
tout ceci disparaîtront dans cette ruée. Nous ne pouvons
survivre sans la foi.
Je n’ai pas
oublié un éditorial écrit voici plusieurs années
à ce sujet où les sentiments suivants étaient
présentés : « Si nous voulons que
l’Amérique devienne un grand pays, nous devons cesser de
plaisanter avec le mot 'spirituel'. Nous avons le devoir de
redécouvrir et de réaffirmer les valeurs non marchandes
sur lesquelles la vie de l’Amérique s’est appuyée
depuis sa création. »
Un article
provocateur paru lors d’un soir de Noël dans le Wall
Street Journal disait :
« Alors
que nous nous rassemblons…pour célébrer la plus
importante fête de notre religion dominante depuis longtemps,
l’idée même de religion se trouve attaquée
de toute part. On n’ose plus prononcer la parole de Dieu…
dans les écoles du pays. On ne peut plus ériger de
crèches dans les lieux publics ; pour la première
fois depuis la conversion de Constantin, l’État a
interdit les symboles religieux en public. Alors que pendant ce temps
on distribue des préservatifs dans les écoles, en dépit
des objections des parents…
« Le
Christianisme nous a instruits sur les questions morales pendant deux
millénaires et le Judaïsme encore plus avant. Que l’on
ait la foi ou pas, nous avons vécu sur ce capital… Les
élites socialement conscientes devraient se demander ce que
les mouvements religieux nous enseignent, et comment, au milieu des
vents de la modernité nous pourrions commencer à
renouveler le stock d’enseignements moraux qu’ils nous
ont légué plutôt que de dénigrer le
christianisme et la religion en général. »
Je
suis d’accord avec cela. Pas seulement pour les États-Unis,
mais pour tous les pays. J’encourage chacun à méditer
là-dessus. Je suis convaincu qu’aucune nation ne peut
baser à long terme son progrès sur le seul
matérialisme, la puissance militaire et les progrès
scientifiques. Nous avons besoin, ô combien, de réintroduire
le Tout-Puissant et son influence dans nos vies.
Les grandes
réalisations ne se sont jamais faites sur des fondations
vacillantes. Les grandes causes n’ont jamais pu être
réalisées par des dirigeants faibles. La foi a toujours
été et sera toujours à l’origine de toutes
les tentatives et toutes les réussites significatives. On
peut argumenter et discuter sur la théologie, mais le
témoignage personnel accompagné de la mise en
application ne peut être réfuté.
Il y a plusieurs
années, l’éditorialiste Carl Thomas du Los
Angeles Times a écrit un article intéressant portant le
titre : « Alors que les Américains chassent la
religion des écoles, les Russes veulent qu’elle y
revienne. » Il décrivait les tentatives réussies
consistant à ôter tout ce qui se rapporte à la
religion dans les écoles publiques aux États-Unis, et
faisait la comparaison avec la Russie qui invite les instructeurs de
religion et la Bible à entrer dans les écoles du pays
afin « de rétablir les valeurs et la base éthique
qu’ils croient que leurs enfants ont perdu pendant les sept
décennies d’endoctrinement athée. »
Il
résume : « Qu’y a-t-il de plus
ironique ? Les Américains font tous leurs efforts pour
éliminer la religion des écoles publiques, alors que
les Russes font tout ce qu’ils peuvent pour la raviver dans les
leurs. Sevrés de liberté religieuse pendant la plus
grande partie de ce siècle, ils semblent se rendre compte des
valeurs qu’ils ont perdues. L’Amérique a été
établie sur les valeurs de la religion et de la liberté
d’expression, et pourtant ses habitants flirtent avec le
paganisme, inconscients de ce qu’est la vie dans un pays
antireligieux. Il semble que les Russes aient appris quelque chose de
nous. Par contre il semble que nous n’ayons rien appris
d’eux. »
Ne négligez
pas le côté spirituel. On risquerait à terme de
récolter des fruits bien amers. Le Maître a fait cette
déclaration simple, mais profonde qui souligne nos priorités
et la raison d’être de nos objectifs :
« Si
un homme parvenait à posséder le monde entier, à
quoi cela lui servirait-il, s’il perd son âme ? Et
que peut-on donner pour racheter son âme ? (Marc 8:36-37)
Nous
devons œuvrer pour cette paix qui ne vient que lorsque nous
acceptons, et que nous avons foi dans le Prince de la Paix. Face à
notre supposée sophistication, et à notre orgueil, à
notre science et à nos réalisations, ne devenons pas
arrogants au point où nous ne ressentons plus cette dépendance
envers celui qui est le plus grand de tous. Quand tout s’écroule,
le Seigneur est là pour nous aider. Il a lancé une
invitation et une promesse merveilleuses : « Venez à
moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et
je vous donnerai du repos » (Matthieu 11:28). Nous avons
tous des fardeaux. Nous avons tous des défis à relever
et des choix difficiles. Pour chacun d’entre nous, il y a des
jours où rien de marche. Mais le Seigneur nous aidera, chacun
d’entre nous, à porter nos fardeaux et à vaincre
nos difficultés.
Cependant, pour y
arriver, nous devons croire, nous devons avoir la foi qu’il a
le pouvoir de nous aider, et qu’il veut nous aider.
La
force de se battre contre des habitudes destructrices, ou l’impureté
personnelle, ou pour renforcer sa famille dans un monde qui semble de
moins en moins concerné par celle-ci, commence par revêtir
la force de Dieu. Il est la source de tout pouvoir positif. Paul
semble avoir décrit l’époque où nous
vivons lorsqu’il déclare :
« Au
reste, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force
toute-puissante. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin
de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable. Car nous n’avons
pas à lutter contre la chair et le sang, mais contre les
dominations, contre les autorités, contre les princes de ce
monde de ténèbres, contre les esprits méchants
dans les lieux célestes. C’est pourquoi, prenez toutes
les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais
jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté.»
(Éphésiens 6:10-13).
C’est
précisément pour faire face à la lutte dont
parle Paul que je reviens à un sujet qui, je le crois,
apporterait plus que n’importe quel autre la force pour
affronter les défis inévitables qui s’annoncent.
C’est un principe apprécié dans le temps passé
et qui a fait ses preuves, mais qui est de plus en plus négligé :
c’est le principe de la prière. La prière
personnelle disparaît de notre société.
Oublions-nous le Tout-Puissant qui, en dernier ressort, se trouve
être notre plus grande force ?
Je crois dans la
prière. Nous ne pouvons réussir seuls. Nous avons
désespérément besoin de l’aide d’un
Être qui nous est de loin supérieur et plus puissant en
tout. Je crois dans le principe consistant à parler avec notre
Père au nom de son Fils. « Voici, je me tiens à
la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix, et ouvre la
porte, je viendrais chez lui et souperais avec lui, et lui avec moi »
(Apoc.3:20). Voilà son invitation, et la promesse qui y est
attachée.
Nombre de gens
honnêtes dans le monde prient. Mais le problème avec
beaucoup de nos prières est que nous les faisons comme pour
passer commande à l’épicerie par téléphone.
On passe notre commande et on raccroche. Nous devons méditer,
sonder, réfléchir sur ce que nous prions et sur le but
de notre prière, et ensuite parler au Seigneur comme un homme
parle à un autre. «Venez et plaidons, dit le Seigneur»
(Ésaïe 1:18). Il nous invite. Croyez au pouvoir de la
prière. Il est vrai, il est merveilleux, il est puissant.
J’étais
en Europe il y a longtemps à une époque où les
tanks descendaient les rues d’une grande ville, et que les
étudiants étaient massacrés à la
mitrailleuse. Je me trouvais en Suisse à Berne. À onze
heures du matin, toutes les cloches des églises de Suisse se
sont mises à sonner le glas et lorsqu’elles se sont
tues, tous les véhicules se sont arrêtés, toutes
les voitures qui se trouvaient sur les routes, tous les bus, tous les
trains. La grande gare caverneuse fut remplie d’un silence de
tombe. Je regardai dehors sur la place. Les hommes qui travaillaient
à l’hôtel sur un échafaudage étaient
têtes nues. Les cyclistes s’étaient arrêtés.
Les hommes, les femmes et les enfants à pieds étaient
debout la tête nue et baissée. Ensuite, après
trois minutes de prière silencieuse, d’immenses convois
de camions chargés de nourriture, de vêtements et de
médicaments sont partis de Genève, de Berne, de Bâle
et de Zürich vers la nation de l’est éprouvée.
Les portes de Suisse étaient grandes ouvertes aux réfugiés.
Debout
dans ce matin froid, je ressentis ce sentiment chaleureux et
merveilleux de sécurité d’une nation faisant
appel d’une seule voix à Dieu. Je m’émerveillais
du contraste miraculeux entre l’oppression qui écrasait
des étudiants dans un pays et l’esprit d’un peuple
chrétien qui s’inclinait pour prier avec révérence
puis qui remontait ses manches pour apporter aide et secours.
De
toutes les promesses merveilleuses et inspirantes que j’ai
lues, parmi les plus sécurisantes se trouve l’invitation
à nulle autre comparable faite par le Sauveur :
« Demandez,
et il vous sera donné ; cherchez et vous trouverez ;
frappez, et on vous ouvrira» (Matthieu 7:7). N’oublions
jamais de prier. Dieu vit. Il est là, il est vrai. Il n’est
pas seulement conscient de notre existence, mais il se soucie de
nous. Il est notre Père. Il est accessible à tous ceux
qui le cherchent.
La prière a
ceci de merveilleux, c’est qu’elle est personnelle, elle
est individuelle, c’est le mode de communication le plus intime
entre nous et notre Père. Nous ne devons pas hésiter
à lui demander de nous bénir, de nous aider à
satisfaire nos justes ambitions.
Nous pouvons lui
parler des choses importantes qui signifient tant pour nous dans
notre vie. Il est prêt à nous aider, à nous
apporter de la force et du réconfort.
Je pense à
un jeune homme qui fut appelé à servir dans l’armée.
C’était un garçon pieux élevé dans
un foyer où la prière faisait partie de la vie
quotidienne, et il n’oubliait jamais de s’agenouiller au
pied de son lit avant de se coucher même lorsqu’il était
en caserne. Comme on peut s’y attendre, les autres jeunes
soldats se moquaient de lui, et le problème se compliqua
lorsqu’il décida, le week-end, de ne pas participer à
certaines activités de mauvais goût hors de la base. Il
fut l’objet de nombreuses plaisanteries et de moqueries. Pour
essayer de gagner leur amitié, il accepta finalement un soir
de descendre en ville pour faire la fête. Mais alors qu’il
était dans le bus qui les emmenait vers la ville, une pensée
lui vint à l’esprit. Il vit la cuisine chez lui. C’était
l’heure du souper. Sa famille était agenouillée
près des chaises, son père, sa mère, ses deux
sœurs, et son jeune frère.
C’était
comme s’il entendait ce que son petit frère disait dans
sa prière : «S’il te plaît, bénis
mon grand frère et aide-le à revenir sain et sauf à
la maison.» Cette image mentale frappa le jeune soldat. Il se
détacha du groupe et des activités qui auraient violé
ses principes personnels. Le pouvoir de la prière,
particulièrement une prière faite en famille, l’avait
touché au-delà des océans.
La prière
journalière dans les foyers de la nation devrait, en moins
d’une génération, nous sortir la tête du
déluge qui est en train de nous engloutir. Je suis convaincu
qu’il n’existe rien qui puisse remplacer la prière
du matin et celle du soir faite devant le Seigneur, en famille, le
père, la mère et les enfants.
En 1872, le Colonel
Thomas L. Kane de Philadelphie a visité le territoire de
l’Utah avec sa femme et ses deux fils. Ils ont voyagé en
chariot sur prés de deux cent cinquante kilomètres dans
le sud de l’État. En route ils s’arrêtaient
le soir chez les habitants de ces établissements frontaliers.
Madame Kane a envoyé une série de lettres à son
père resté à la maison. Dans l’une
d’elles, elle écrivait : « Partout où
nous avons fait halte pendant le voyage, nous faisions une prière
tout de suite après le dîner, et de nouveau avant le
petit déjeuner. Nul n’était exempté…
Les gens s’agenouillent et le chef de famille ou un invité
a l’honneur de faire la prière à haute voix…
Ils perdent peu de temps en vaines paroles, mais demandent à
Dieu ce dont ils ont besoin, et le remercient pour ce qu’il
leur a donné… Ils considèrent comme acquis que
Dieu connaît chacun d’entre eux par son nom et son titre,
et demande des bénédictions sur une personne en la
citant nommément. J’ai fini par aimer ce principe quand
j’ai commencé à m’y habituer. »
C’est
comme cela que ça se passait dans les foyers pionniers dans ce
pays. C’est avec ce genre de foi exprimée
quotidiennement que ceux qui ont colonisé l’Ouest
américain ont arraché la sauge, amené l’eau
dans des canaux d’irrigation pour abreuver le sol desséché,
ont fait fleurir la rose dans le désert, ont dirigé
leur famille avec amour, ont vécu en paix avec leurs voisins
et le monde et rendu leurs noms immortels en se perdant dans le
service envers Dieu.
Nous ne pouvons pas
prier dans nos écoles, mais nous pouvons prier chez nous, et
ce faisant nous raviverons la force morale de nos enfants qui vont
devenir la fibre même d’une société
meilleure. « Recherchez le Seigneur pendant qu’on
peut le trouver. » (Ésaïe 55:6)
Les
résultats d’une telle pratique ne sont peut-être
pas immédiatement visibles. Ils peuvent être extrêmement
subtils. Mais ils seront réels, car Dieu est le « rémunérateur
de ceux qui le cherchent » (Hébreux 11:6). C’est
en nous changeant personnellement ainsi que nos enfants, en
développant un respect renouvelé, un esprit de
reconnaissance et une douce humilité que nous réformerons
notre société.
Nulle autre
habitude n’aura d’effet plus salutaire sur nos vies que
celle de s’agenouiller ensemble pour prier. Les seuls mots de
« Notre Père qui es aux cieux »
possèdent une efficacité étonnante. Nous ne
pouvons les exprimer avec sincérité et reconnaissance
sans ressentir la dette que nous avons envers Dieu.
Nos conversations
quotidiennes avec lui nous apporteront cette paix en notre cœur
et cette joie dans notre vie, que nous ne pouvons trouver nulle part
ailleurs. Tous les aspects relationnels en seront adoucis au cours
des ans. Nous nous apprécierons davantage mutuellement.
Nos
enfants seront bénis et ressentirons cette sécurité
qui émane du foyer où règne un merveilleux
esprit de paix. Ils connaîtront et aimeront ces parents qui
s’aiment l’un et l’autre. Ils aimeront entendre des
mots aimables exprimés avec douceur. Ils seront protégés
par un père et une mère qui, en vivant honnêtement
avec Dieu, vivent honnêtement entre eux et avec leurs
prochains. Ils grandiront en apprenant à être
reconnaissants ; et leur foi grandira après avoir entendu
leurs parents prier et exprimer leur gratitude pour les bénédictions
grandes et petites qu’ils auront reçues.
C’est
une chose merveilleuse que de se souvenir devant le Seigneur de ceux
qui sont malades, dans la détresse, qui ont faim et sont
démunis, ceux qui sont seuls et effrayés, ceux qui
vivent dans l’esclavage et la misère. Quand on prie
sincèrement, ces prières auront pour conséquence
d’avoir envie de se tourner vers ceux qui sons dans le besoin.
Il
est très important d’enseigner aux enfants la façon
de prier pour présenter leurs besoins. Lorsque la famille
s’agenouille en supplication envers le Tout-Puissant pour
parler de ses besoins, leur cœur aura été
influencé naturellement et au moment du désespoir et à
la dernière extrémité ils se tourneront vers
Dieu qu’ils considéreront comme leur Père et leur
ami.
Que la prière,
matin et soir, en famille et seul, devienne une pratique que les
jeunes adopteront dés leur jeune âge. Ce leur sera une
bénédiction pour toute la vie.
Un homme que j’ai
beaucoup admiré a écrit à ses petits enfants à
propos de la prière en famille : « Nous
n’allons jamais au lit sans nous agenouiller en prière
pour rechercher la direction de Dieu et son approbation. Des
différences peuvent survenir dans les familles les mieux
gouvernées, mais ces différences seront dissipées
par un esprit de prière… Sa nature même a
tendance à inciter à une vie plus juste. Elle tend à
l’unité, l’amour, le pardon et le service.
Je
crois profondément au principe fondamental que chacun de nous
est un enfant de Dieu. Peu importe la race. Peu importe si nos yeux
sont bridés, la couleur de notre peau, la taille de notre
compte en banque ou notre situation sociale. Chacun de nous est un
enfant du Tout-Puissant, qui nous aime et se tient prêt à
écouter nos demandes pour nos aidés à résoudre
nos problèmes.
Est-ce que je
demande trop ? Est-ce que je m’aventure sur un terrain qui
m’est étranger lorsque
je prends la liberté de suggérer que le moment est venu
pour nous de reconnaître nos échecs et nos faiblesses et
de nous agenouiller pour rechercher la sagesse des cieux ?
Ce
qui est merveilleux, c’est que ça marche. Je l’ai
vu. Je l’ai vécu. Je suis témoin de la puissance
de la prière.
J’ai parlé
un jour à un ami qui s’était échappé
de son pays natal. Suite à la chute de sa nation, il avait été
arrêté et interné. Sa femme et ses enfants
avaient pu s’enfuir, mais il est resté pendant trois ans
prisonnier sans pouvoir communiquer avec ceux qu’il aimait ;
la nourriture était rare, et les conditions de vie difficiles
sans espoir d’amélioration. « Qu’est-ce
qui vous a permis de tenir le coup ? » lui ai-je
demandé. Il me répondit : « Ma Foi. Ma
foi en Jésus-Christ. Je lui ai remis mon fardeau et il m’a
semblé plus léger. »
Les problèmes
auxquels nous devons faire face en tant que personne, dans notre
famille ou en tant que nation sont tellement graves que personne
parmi nous ne peut les résoudre avec sa propre sagesse. Ce
sont des problèmes pour lesquels nous avons besoin
d’inspiration et de direction spirituelle. Les choses de Dieu
ne sont comprises que par l’Esprit de Dieu. Ce dont nous avons
besoin c’est de l’inspiration puissante et motivante qui
pénètre la vie de ceux qui la recherchent.
Sommes-nous
si arrogants avec notre société sophistiquée et
saturée de technologie que nous n’ayons plus besoin de
faire appel au Dieu des Cieux pour obtenir de l’aide, de la
sagesse et de la paix ? Il n’y a pas de place pour une
telle arrogance dans notre vie. C’est une conception mortelle.
Elle est autodestructrice. L’humilité est bien plus
convenable.
Lorsque le Seigneur
ressuscité apparut à ses apôtres, Thomas était
absent. Lorsque ses collègues lui dirent qu’ils avaient
vu le Seigneur, il répondit, comme tant d’autres après
lui et maintenant : « Si je ne vois dans ses mains la
marque des clous et si je ne mets mon doigt dans la place des clous,
et ma main dans son côté, je ne croirai pas. »
(Jean 20:25)
N’avons-nous
pas entendu des gens parler comme Thomas ? « Donnez-nous
des preuves » dit-on. « Apportez les preuves
devant nous que nous les voyons, que les entendions, que nous les
touchions, autrement, nous ne croirons pas. » C’est
le discours de l’époque actuelle. Thomas l’incrédule
est devenu l’exemple des gens de toutes les époques qui
refusent d’accepter autre chose que ce qu’ils peuvent
prouver et expliquer ; comme s’ils pouvaient prouver
l’amour, la foi ou même les phénomènes
physiques comme l’électricité.
Un peu plus loin
dans le texte, on dit que huit jours plus tard, Thomas était
présent. Jésus vint, les portes étant fermées,
et se tenant au milieu d’eux, il leur dit : « Paix
avec vous ! » Puis il dit à Thomas :
« Mets ici ton doigt et regarde mes mains ; approche
aussi la main, et mets-la dans mon côté ; et ne
sois pas incrédule, mais croyant. » (Jean 20:26-27)
À
tous ceux qui doutent, je recommande les paroles que Thomas entendit
lorsqu’il toucha les mains blessées du Seigneur :
« Ne sois pas incrédule, mais croyant ».
Croyez-en Jésus-Christ, le Fils de Dieu, la plus grande
personnalité de tous les temps. Croyez qu’il était
le Créateur de la terre où nous vivons.
Peut-on
douter après avoir marché la nuit sous les étoiles,
après avoir vu le printemps fleurir, que la divinité se
manifeste dans la Création ? En observant les beautés
de la création, n’est-on pas poussé à
s’exprimer comme l’a fait le Psalmiste : « Les
cieux racontent la
gloire de Dieu, et le firmament annonce l’œuvre de ses
mains. Le jour crie au jour la louange, la nuit l’apprend à
la nuit (Psaumes 19:1-2). La beauté entière de la terre
porte témoignage de la main du Maître créateur.
Croyez
en Jéhovah, qui, de son doigt, a écrit sur les tables
de pierre au milieu des tonnerres du Sinaï : « Tu
n’auras pas d’autres dieux devant ma face »
(Exode 20:3). Le Décalogue qui est la base de toutes les
bonnes lois qui gouvernent les relations humaines est le produit de
son génie divin. Quand on considère le vaste ensemble
de lois qui a pour but de protéger l’humanité et
la société, arrêtons-nous un instant et
rendons-nous compte que ses racines plongent dans ces quelques brèves
déclarations intemporelles données à Moïse,
le dirigeant d’Israël, par Jéhovah l’omniscient.
Croyez
dans la parole sacrée de Dieu, dans la Sainte Bible, dans ses
trésors d’inspirations et de vérités
sacrées. Croyez en vous et dans votre prochain en tant que
fils et filles de Dieu, en tant qu’hommes et femmes au
potentiel illimité pour faire le bien dans le monde. Croyez
dans notre pouvoir nous discipliner contre les maux qui peuvent nous
détruire.
Tous les hommes et
les femmes, jeunes et vieux ont un héritage divin. Quel
merveilleux droit de naissance !
J’admets que
je suis un homme d’Église. On peut s’attendre à
ce genre de discours de ma part. Mais je voudrais dire que le respect
et la révérence envers le Tout-Puissant et la foi dans
sa bonté et son pouvoir, accompagnés de l’observance
de ses Commandements qui se manifestent dans les vertus dont nous
avons parlés, feront bien plus pour conserver le navire de
l’État sur son cours tranquille pour assurer le progrès
dans les villes d’Amérique. La prière en famille,
qui est le surgeon naturel de notre foi nous fortifiera et protégera
notre famille contre les déceptions, les distractions, et les
découragements de notre société.
Il
n’existe rien de mieux que nous puissions faire que d’augmenter
notre foi dans le Tout-Puissant, et de faire appel à lui
régulièrement par la prière individuelle et
familiale.
DEUXIÈME
PARTIE : LES GARDIENS DE LA VERTU
Les racines d’une
société saine, le bonheur d’un peuple, sa
prospérité et sa paix reposent sur la force et la
stabilité de la famille.
LE
MARIAGE
Ce que Dieu a uni
C’est
une chose de parler de l’importance et de la sainteté du
mariage, c’en est une autre que de créer jour après
jour ce genre de mariage. Le mariage est fragile. Il exige des soins,
du temps et beaucoup d’efforts.
Il y a quelque
temps, alors que j’étais en avion, je lisais un magazine
national populaire. En le feuilletant, je suis arrivé à
une section intitulée : « Strictement
personnel » et j’ai compté cent
cinquante-neuf annonces de personnes seules qui cherchaient un
compagnon. Ces personnes avaient fait tous leurs efforts pour se
présenter sous leur meilleur jour. Mais il était facile
de voir au-delà des descriptions spirituelles et
intelligentes, la tristesse, la solitude, et un désir intense
de trouver un compagnon agréable pour parcourir
les sentiers de la vie.
Mon cœur se
tourne vers ceux qui voudraient se marier et ne le peuvent pas. Ces
désirs sont naturels et viennent de Dieu, car la sécurité
et la paix de l’esprit que l’on peut trouver dans le
mariage sont bien plus difficiles à apprécier, quand ce
n’est pas impossible, seul ou dans n’importe quelle autre
situation.
Du fait de ma
longue expérience ecclésiastique, j’ai accompli
des centaines de mariages. Un ressort parmi beaucoup d’autres.
Ce jour-là, j’avais célébré à
la suite l’un de l’autre les mariages de deux charmantes
jumelles qui avaient choisi respectivement un élégant
jeune homme. Ce soir-là, une double réception de
mariages eut lieu, et des centaines d’amis vinrent exprimer
leur amour et leurs bons vœux.
La raison pour
laquelle je me souviens particulièrement de ces mariages,
c’est que ces charmantes jeunes mariées étaient
mes petites-filles. Je dois avouer que le grand-père, que
j’étais s’étranglait et avait des
difficultés à aller jusqu’au bout de la
cérémonie. Je suis toujours étonné par
cette émotion. C’était une occasion heureuse,
l’accomplissement de rêves et de prières. Il se
peut que mes larmes soient l’expression de ma joie et de ma
reconnaissance envers Dieu pour ces charmantes fiancées et ces
magnifiques jeunes gens. Ils s’engagèrent solennellement
à s’aimer à être loyal dévoué
et fidèle l’un envers l’autre.
Quelle chose
merveilleuse que le mariage, ce plan donné par la sagesse du
Tout-Puissant pour apporter le bonheur et la sécurité à
ses enfants et pour perpétuer la race ! Il est notre
Créateur, et il a conçu le mariage dés le
commencement. Au moment où Ève fut créée,
« Adam
dit : voici l’os de mes os et la chair de ma chair :…
C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa
mère, il s’attachera à sa femme, et ils
deviendront une seule chair » (Genèse 2:23-24).
Paul a écrit : « Dans le Seigneur, l’homme
n’est rien sans la femme, ni la femme sans l’homme »
(1 Corinthiens 11:11). Il est évident qu’aucune personne
familiarisée avec les Écritures saintes ne peut douter
de la divinité de l’institution du mariage.
La
relation maritale fait appel à tous les aspects les plus
sacrés du cœur humain. Les sentiments de la vie les plus
doux et les plus rassurants, les impulsions les plus nobles, trouvent
leur expression dans un mariage pur à l’abri des vices
de ce bas monde. Les hommes et les femmes de toutes parts espèrent,
désirent, prient pour jouir d’un tel mariage.
Ce
sont mes parents qui, les premiers, m’ont donné
l’exemple de l’amour qui se manifeste entre conjoints.
Nous savions que notre père aimait notre mère. Je ne me
souviens pas de l’avoir jamais entendu dire du mal sur elle ou
de lui mal parler. Il l’encourageait dans ses efforts
personnels dans ses responsabilités civiques et de quartiers.
Elle avait beaucoup
de talents innés,
et il la poussait à les mettre en valeur. Son premier souci
était son confort à elle. De même, elle
l’encourageait et faisait tout ce qui était possible
pour le rendre heureux.
Nous voyions nos
parents comme des compagnons égaux, qui travaillaient
ensemble, s’aimaient et s’appréciaient autant
qu’ils nous aimaient.
Ma mère a eu
le cancer à cinquante ans. Mon père se souciait de tous
ses besoins. Je me souviens
encore des prières que nous faisions en famille pendant sa
maladie, et que nous suppliions chacun à notre tour les yeux
pleins de larmes.
Cela fait prés
de soixante-dix ans, mais je peux encore voir clairement mon père,
le cœur brisé, descendant du train pour rejoindre ses
enfants déchirés de douleur, après le décès
de notre mère. Il l’avait emmenée en Californie,
pour qu’elle reçoive les meilleurs soins de l’époque,
en espérant un miracle éventuel. Mais il n’a pas
eu lieu. Lorsqu’il est arrivé à la maison, nous
nous sommes approchés gravement du wagon d’où fut
sorti le cercueil de notre mère par l’entrepreneur des
pompes funèbres. À ce moment, la tendresse de notre
père était encore plus visible.
Dans le foyer
heureux de notre enfance, nous savions que nos parents s’aimaient,
se respectaient, et s’honoraient, et ceci n’était
pas venu suite à une déclaration, mais était le
fruit de ce que nous ressentions profondément. Le savoir a été
une bénédiction pour nous ! En tant qu’enfants,
nous ressentions une sécurité certaine de cette
situation. Lorsque nous avons grandi, nos pensées et nos
actions ont été influencées par cet exemple
rémanent.
Les souvenirs de
mon mariage sont aussi clairs et lumineux. Mon épouse,
Marjorie, et moi nous tenions plus droits que maintenant ; nous
marchions un peu plus vite, et nous avions moins de rides. J’avais
seulement quelques dollars d’économie, et l’argent
était rare. Mais nous avons quand même sauté le
pas. Nous étions amoureux.
Mais nous n’étions
pas autant amoureux alors que maintenant. Nous sommes mariés
maintenant depuis plus de 60 ans. Nous avons vieilli ensemble. Au
cours de toutes ces années, nous avons été bénis
de façons remarquables et merveilleuses. Je suis reconnaissant
envers ma femme, pour sa loyauté, son amour, ses
encouragements, pour s’être tenue à mes côtés,
pour sa façon de m’aider à tenir le coup. Je
remercie le Seigneur chaque jour pour elle.
Nos enfants, nos
petits-enfants, nos arrières petits-enfants, tous l’adorent.
Lorsque nos enfants appellent à la maison, y compris nos deux
fils adultes, lesquels sont des hommes accomplis sur le plan
professionnel, ils ne veulent jamais me parler. Si je réponds
au téléphone, leurs premiers mots sont : « est-ce
que Maman est là ? » Ils disent cela depuis
des années, et c’est merveilleux ! Je suis
tellement reconnaissant pour ma chère femme qui a été
ma compagne, mon amoureuse, mon amour, la mère de mes enfants
et la seule personne au monde qui peut me dire quoi faire et que je
fais, et ce depuis très, très longtemps. En général,
elle n’hésite pas à me reprendre. Si je prends la
mauvaise pente ne serait-ce que d’un pas, elle me tire en
arrière, et elle fait cela depuis des années. Je pense
à quel point, ma vie serait vide sans elle. Évidemment,
nous avons connu les problèmes de tout un chacun, mais quoi
qu’il en soit, nous avons persévéré
jusqu’à maintenant sur le chemin de la vie. Je ne
souhaite aucune bénédiction plus grande que celles que
j’ai eues en compagnie de ma merveilleuse femme.
Dieu
est l’instigateur de la famille ; il veut nous voir jouir
du bonheur dans sa plénitude, des meilleures conditions de la
vie, des joies les plus profondes, par nos relations mutuelles et le
souci que nous avons les uns des autres en tant que père et
mère, enfants, frères et sœurs, oncles et tantes
et ainsi de suite.
Étant donné
tout ce qu’implique le mariage, il semble raisonnable de penser
que la décision la plus importante en cette vie est celle qui
concerne le choix d’un compagnon. Serait-il présomptueux
de suggérer que cette décision doive être prise
avec prudence et dans
un esprit de prière ? Si plus de couples abordaient ce
point important en faisant appel aux Cieux, il s’ensuivrait une
plus grande détermination à affronter les difficultés
qui ne manquent pas d’arriver.
Car,
malheureusement, tout n’est pas rose dans le mariage. Jenkins
Lloyd Jones a dit justement : « Il semble exister une
idée toute faite parmi nos milliers de jeunes gens qui se
tiennent la main et se bécotent dans les voitures que le
mariage est un cottage entouré de roses trémières
perpétuellement en fleur, où un mari perpétuellement
jeune et élégant rejoint sa femme perpétuellement
jeune et ravissante. Lorsque les roses trémières se
fanent, que les soucis et les factures apparaissent, les tribunaux
s’engorgent… Celui qui s’imagine qu’il doit
être normal de jouir continuellement d’un bonheur sans
mélange va perdre beaucoup de temps à courir ça
et là en criant qu’il s’est fait avoir… La
vie est semblable aux voyages en train d’autrefois : des
retards, des détours, de la fumée, des escarbilles, des
secousses, avec de temps en temps des paysages magnifiques et de
brusques pointes de vitesse excitantes. L'important, c’est de
remercier le Seigneur de vous permettre de faire le voyage. »
Effectivement,
l'important, c’est de profiter du voyage, d’aller main
dans la main, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, en
compagnons qui s’aiment. Personne ne reste jeune et beau, ou
jeune et élégant continuellement. La tempête
frappera tous les foyers. La douleur physique, mentale et
émotionnelle est inévitablement liée à
tout le processus du mariage. Tous les couples doivent s’attendre
à trouver des défis sur leur chemin. Il y a beaucoup de
stress, de lutte, de peurs et de soucis. Pour de nombreux couples, on
a l’impression qu’il n’y a jamais assez d’argent
pour couvrir les besoins de la famille. La maladie frappe
périodiquement. Les accidents surviennent. La main de la mort
frappe sournoisement et sans prévenir pour voler un être
cher.
Tout ceci semble
faire partie du processus de la vie de famille. Il y en a peu en
réalité qui passe au travers toutes ces épreuves.
Il en a été ainsi dés le commencement. Caïn
s’est querellé avec Abel et a alors perpétré
une terrible chose. Adam et Ève, leurs parents, ont dû
en avoir le cœur brisé.
Il y en a beaucoup
qui arrivent au mariage après avoir été gâtés
et traités avec trop d’indulgence et qui semblent croire
que tout doit être impeccable tout le temps, que la vie n’est
qu’une série de distractions, que les appétits
doivent être satisfaits sans tenir compte des principes, et que
personne ne se doit d’endurer les épreuves et les défis
qui surviennent, dans la plupart des mariages, à un moment ou
à un autre. Les conséquences sont tragiques qui
découlent de cette façon de penser vide et
déraisonnable !
Le divorce
représente la tragédie la plus dévastatrice.
C’est devenu un véritable fléau. Aux États-Unis,
presque la moitié des mariages finit en divorce. Derrière
cette surprenante statistique se cachent plus de trahison, plus de
chagrin, plus de négligence, de pauvreté et de conflits
que l’esprit humain ne peut l’imaginer. Les millions de
divorcés dans ce pays sont solitaires, anxieux, et malheureux.
Il y a des millions de gens qui luttent pour élever seuls
leurs familles, qui portent des fardeaux trop lourds pour eux. Des
millions d’enfants grandissent dans des foyers monoparentaux
dans lesquels le parent, en général la mère, est
absent par la force des choses la plupart du temps. Ces enfants
reviennent seuls chaque jour de l’école et entrent dans
des maisons vides, où ils ne trouvent la plupart du temps
qu’une nourriture insuffisante et une télévision
pour unique refuge.
Non seulement ces
enfants souffrent, mais toute la société paye un prix
terrible pour ces situations. En grandissant, l’influence de la
drogue se fait de plus en plus sentir parmi eux. Un
grand nombre tombe dans la délinquance. Peu instruits,
beaucoup sont au chômage. Certains errent sans but dans la vie.
Des millions deviennent les épaves de la société,
rejetés sur les rives de l’océan de la
négligence, des abus, et de la frustration, incapables de
changer leurs conditions de vie. En vérité, de tous les
problèmes auxquels la société doit faire face,
le plus grave est celui de l’échec de la famille.
On
peut voir les conséquences amères de la vie de ces
enfants qui n’ont pas de père qui les aime, les
enseigne, les protège et les dirige par l’exemple et le
précepte sur le chemin de la vie. Parmi ceux qui finissent en
prison, un pourcentage alarmant provient de foyers brisés où
le père a abandonné sa famille et où la mère
a lutté en vain pour gérer les difficultés
insurmontables auxquelles elle devait faire face.
Je pense à
une jeune femme charmante et compétente, mais divorcée,
mère de sept enfants de 5 à 16 ans. Un soir, elle est
sortie pour porter quelque chose à un voisin de l’autre
côté de la rue. En revenant chez elle quelques minutes
plus tard, les voix de ses enfants ont résonné à
ses oreilles : « Maman, qu’est-ce qu’on
mange ? » « Tu peux m’emmener à
la bibliothèque ? » « J’ai un
devoir à faire ce soir ». Complètement
épuisée, elle a regardé sa maison et a vu toutes
les lumières allumées. Elle a pensé à ses
enfants, qui attendaient qu’elle revienne pour qu’elle
s’occupe d’eux. Son fardeau lui a paru insurmontable.
Elle
dit : « Je me souviens avoir levé les yeux au
ciel et à travers mes larmes avoir dit :’oh, mon
Père, je n’en peux plus ce soir. Je suis trop fatiguée.
Je ne peux faire face. Je ne peux rentrer à la maison pour
m’occuper seule de tous ces enfants. Est-ce que je ne pourrais
pas revenir chez Vous pour rester avec Vous juste une nuit ? Et
je repartirai demain matin.’ »
Il y en a tant
comme cette jeune mère. La seule chose qui les fasse tenir
c’est qu’elles reconnaissent l’existence d’un
Pouvoir divin parce que leur fardeau quotidien est trop lourd à
porter. Seules et désespérées, elles pleurent et
prient.
Pourquoi tous ces
foyers brisés ? Qu’arrive-t-il à ces
mariages qui commencent par un couple amoureux et qui a le désir
d’être loyal, fidèle, et sincère l’un
envers l’autre, mais qui finissent par le chagrin et la
douleur ?
La réponse
n’est pas simple. Mais je crains que le mariage, qui autrefois
était considéré comme un sacrement sacré,
se transforme de plus en plus en expérience profane. On le
considère trop souvent comme une expérience sans plus,
si ça marche, tant mieux ; sinon, on essaie autre chose
(ou quelqu’un d’autre). On a l’impression que les
gens perdent le sens des responsabilités, pas seulement l’un
envers l’autre, mais aussi envers Dieu.
L’égoïsme
est un point fondamental qui apparaît dans le fort pourcentage
de problèmes conjugaux. Je le dis par expérience, une
expérience dont je me serais bien passé, que j’ai
acquise en traitant tant de tragédies. Je trouve que l’égoïsme
est le principal facteur du divorce.
L’égoïsme
est souvent à l’origine des problèmes financiers,
qui sont des raisons sérieuses et réelles affectant la
stabilité de la vie familiale. L’égoïsme est
à la racine de l’adultère, qui brise les
alliances solennelles et sacrées pour satisfaire la luxure.
L’égoïsme est l’antithèse de l’amour.
C’est l’avidité sous sa forme cancéreuse.
Il détruit l’autodiscipline. Il supprime la loyauté.
Il brise les alliances sacrées. Il rend malheureux les hommes
et les femmes.
L’égoïsme est le grand destructeur de la vie
familiale heureuse.
Il est vrai que
parfois il est des causes légitimes pour divorcer. Je ne suis
pas de ceux qui disent que cela n’est jamais justifié.
Mais je dis sans hésiter que cette plaie, qui semble se
développer partout au milieu de nous, ne vient pas de Dieu,
mais que c’est plutôt l’œuvre de l’adversaire
de la justice, de la paix et de la vérité.
Il
existe un remède à tout cela. Le Seigneur a proclamé :
« C’est
pourquoi, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare
pas. » (Matthieu 19:6). Le remède pour la plupart
des problèmes conjugaux ne réside pas dans le divorce.
Il se trouve dans le repentir, le pardon, et les manifestations
sincères de charité et de service. Il ne se trouve pas
dans la séparation. C’est seulement par l’intégrité
que l’homme et la femme arrivent à relever la tête
et à respecter leurs obligations. Elle se trouve dans la Règle
d’Or, principe qui fut honoré en son temps, et qui
devrait trouver son expression en premier lieu dans le mariage.
Pour
que le mariage soit satisfaisant pour les deux parties, le mari et la
femme se doivent de reconnaître l’un et l’autre la
solennité et la sainteté de leur union et le dessein
divin qui le soutient. Maris et femmes, considérez-vous
mutuellement comme de précieux compagnons, et vivez dignes de
cette association.
Parents, voyez dans
vos enfants des fils et des filles du Tout-Puissant, qui vous tiendra
comptables d’eux. Soyez ensemble leurs gardiens, leurs
protecteurs, leurs guides et leurs ancres.
Un homme sage a dit
un jour : « Aucun succès ne peut compenser
l’échec au foyer ». J’y crois et je
recommande cette déclaration à tous ceux qui
recherchent un sentiment de paix et d’accomplissement à
l’extérieur de leur foyer et de leur mariage. Cette
recherche est futile, car aucune autre relation, aussi difficile et
frustrante que puisse être le mariage de temps en temps, ne
peut apporter la même sécurité, la même
paix de l’esprit, et le même sentiment de bien-être.
C’est
une chose de parler de l’importance et de la sainteté du
mariage, c’en est une autre que de créer jour après
jour ce type de mariage. Comme l’a dit C. S. Lewis :
« Dieu … permet que les déceptions se
fassent sentir au seuil de toutes les tentatives humaines. Elles sont
ressenties par le jeune garçon qui enchanté à
l’école primaire par la lecture des ‘Histoires de
l’Odyssée’ se heurte à l’apprentissage
du Grec. Elles arrivent lorsque les amoureux se marient et commencent
à apprendre ce que c’est que vivre vraiment ensemble.
Dans tous les aspects de la vie, elles marquent la transition entre
le rêve et l’accomplissement laborieux. »
Le
mariage est un contrat, une entente, une union entre un homme et une
femme dans le cadre du plan du Tout-Puissant. Il est fragile. Il
exige de la nourriture, du temps et énormément
d’efforts. Avec ceci à l’esprit, je suggère
quatre pierres d’angles sur lesquelles établir et
entretenir les mariages et les foyers. Je n’hésite pas à
promettre qu’avec ces pierres d’angles, la vie des
couples s’enrichira et produira des fruits de grande qualité,
et que leur joie sera éternelle.
La première
pierre d’angle : Respect et loyauté mutuels
J’ai
longtemps pensé que le bonheur dans le mariage inclut la
volonté de fermer les yeux sur
les faiblesses et les fautes. J’aime ce que quelqu’un a
dit : « L’amour n’est pas aveugle, il
voit plus, pas moins, mais parce qu’il voit plus, il veut voir
moins ». Le mariage est beau lorsque l’on considère
la beauté et qu’on la cultive. La vie est laide et
inconfortable lorsque l’on tient compte des fautes, car on
devient aveugle aux vertus. Si les maris et les femmes acceptaient
seulement de souligner davantage les vertus de l’autre et
d’oublier ses fautes, il y aurait beaucoup moins de cœurs
et de promesses brisés, beaucoup moins de pleurs, beaucoup
moins de divorces, et beaucoup plus de bonheur dans les foyers.
Chacun
d’entre nous est un individu. Chacun d’entre nous est
différent. On doit respecter ces différences, et bien
qu’il soit important et nécessaire que le mari et la
femme travaillent ensemble à combler ces différences,
on doit reconnaître qu’elles existent et qu’elles
ne sont pas nécessairement indésirables. En fait, les
différences peuvent rendre le compagnonnage intéressant.
Malheureusement,
certaines femmes voudraient refaçonner leur mari selon leur
idée. Certains maris considèrent qu’il est de
leur prérogative d’obliger leur femme à respecter
leurs propres normes qu’ils considèrent comme l’idéal.
Cela ne conduit qu’à la dispute, l’incompréhension
et le chagrin. On doit respecter les intérêts de chacun,
donner l’occasion et encourager le développement et
l’expression des talents personnels. L’homme qui refuse
que sa femme prenne du temps et ne l’encourage pas à
développer ses talents, se refuse, à lui et à
ses enfants, la bénédiction qui pourrait retomber sur
leur foyer et bénirait leur postérité.
Dans
la Genèse, on trouve cette déclaration classique :
« C’est pourquoi l’homme quittera son père
et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les
deux deviendront une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais
ils sont une seule chair. » Dieu a ordonné que les
partenaires dans le mariage soient des compagnons. Cela implique
l’égalité.
L’éthique
judéo-chrétienne n’accorde pas de place à
l’infériorité ou à la supériorité
entre mari et femme. Dieu aime-t-il moins ses filles que ses fils ?
Cette notion est impensable et complètement étrangère
à la nature du Tout-Puissant. Après avoir créé
la terre et tout ce qui s’y trouvait, il créa l’homme.
Ensuite, pour couronner toute la création, Il créa la
femme. Elle fut la créature ultime. Il est injuste, peu
judicieux et c’est faire preuve d’obscurantisme qu’un
homme puisse ressentir un tant soit peu de supériorité
par rapport à son épouse, ses filles ou toute autre
femme. Nul ne peut diminuer son épouse sans offenser son Père
céleste.
De tragiques récits
de mariages en difficulté parmi nous décrivent les
attitudes dictatoriales de maris qui sont de véritables brutes
dans leur foyer. La lettre d’une femme est arrivée sur
mon bureau qui me décrivait en détail ses problèmes.
Désespérée, elle me disait : « Est-ce
que les femmes ont la promesse qu’un jour elles seront des
citoyennes de première classe dans la race humaine ?
Seront-elles toujours de la marchandise enveloppée dans un
tchador ne pouvant se déplacer qu’avec la permission de
l’homme qui se tient à sa tête ? »
Une
amertume tragique transparaît dans les lignes de cette lettre.
Je crains que de nombreuses femmes aient les mêmes sentiments.
Derrière les paroles de cette femme, on voit une femme
découragée, souffrant d’une absence
d’appréciation, prête à tout abandonner et
ne sachant où se diriger. Je vois là un mari qui a
violé ses obligations sacrées. Ses sentiments endurcis,
et ses perceptions faussées, il refuse, par sa façon de
vivre, l’essence du mariage chrétien. Je ne doute pas
qu’il y a pu avoir des fautes de sa part
à elle aussi, mais j’ai tendance à penser que les
plus graves se trouvent de son côté.
Le mari qui domine,
diminue et humilie sa femme, qui a des exigences trop empressées
envers elle, ne se contente pas de l’insulter, mais il se
diminue, et en de trop nombreux cas, présente un modèle
à ses fils quant à leur façon de se comporter à
l’avenir. Les hommes qui sont coupables de prendre comme
prétexte leur travail ou leurs responsabilités civiques
pour ne pas s’occuper de leur famille, qui exercent leur
autorité en dictateur, qui se comportent égoïstement
et avec brutalité dans le foyer doivent abandonner cette
attitude et changer de vie.
Il est intéressant
que deux des Dix Commandements aient inclus les principes du respect
et de la loyauté mutuels : « Tu ne commettras
pas l’adultère » et « Tu ne
convoiteras point ». De même de trop nombreux
hommes, en laissant leur femme au foyer le matin pour aller au
travail, retrouvent de belles jeunes femmes attirantes et bien
pomponnées, se prennent pour des jeunes gens élégants
et des « coups » irrésistibles. Ils se
plaignent que leur femme ne soit pas comme elle était il y a
vingt ans quand ils l’ont épousée. Ce à
quoi je réponds : « Qui le serait, après
avoir vécu vingt ans avec eux ? »
Ce
qui est tragique, c’est que certains hommes sont prisonniers de
leur propre folie. Ils jettent par-dessus les moulins les alliances
les plus sacrées et les plus solennelles qu’ils aient
jamais faites. Ils rejettent leur épouse fidèle, qui
les a aimés, s’est occupé d’eux, qui a
lutté avec eux dans les périodes de pauvreté
pour les abandonner au temps de l’abondance. Ils abandonnent
leurs enfants, et usent de tous les artifices pour ne pas avoir à
payer les pensions alimentaires ordonnées par le tribunal et
ne pas avoir à s’occuper d’eux.
Les gens mariés
doivent s’obliger à n’avoir rien d’autre
qu’une relation cordiale, amicale et « de la
longueur d’un bras » avec quiconque n’est pas
son conjoint. De plus en plus, la tendance est aux invitations à
aller déjeuner, ostensiblement pour parler travail, à
des rendez-vous qui ont pour conséquence que des collègues
des deux sexes doivent voyager ensemble. Il se peut que de tels
arrangements soient inévitables, mais on se doit d’éviter
les situations compromettantes.
Si les gens mariés
n’ont comme souci principal que le bien-être et le
bonheur du conjoint, et que pour atteindre cet objectif ils sont
prêts à mettre de côté leurs problèmes
personnels, alors le mariage survivra, l’engagement l’un
envers l’autre augmentera et le désir de construire une
relation durable se développera. La sagesse cumulée des
siècles proclame hautement avec assurance que l’on ne
peut goûter au bonheur ultime, à la sécurité
totale, à la paix complète de l’esprit, et à
une réserve profonde d’amour qu’en marchant selon
les principes de la vertu éprouvés par le temps. Seule
la relation maritale permet à l’amour sincère de
prospérer et de fleurir, amour basé sur le service
envers autrui, le travail en commun, en affrontant les difficultés
comme partenaires, en marchant main dans la main pour affronter les
difficultés de la vie de tous les jours.
Je lance un appel
aux maris et aux épouses pour qu’ils vivent dignement et
qu’ils se respectent mutuellement, qu’ils cultivent ce
respect qui implique en soi l’amabilité, la maîtrise
de soi, la patience, le pardon, et l’affection sincère,
sans exigence et sans faire assaut d’autoritarisme.
La
seconde pierre d’angle : Une réponse douce
L’auteur
des Proverbes a écrit il y a longtemps : « Une
aimable réponse apaise la fureur, une
parole blessante fait monter la colère. »
(Proverbes 15:1)
J’entends
énormément de plaintes de la part d’hommes et de
femmes qui ne peuvent communiquer entre eux. La communication est un
vaste sujet de conversation. Ils ont dû communiquer lorsqu’ils
se courtisaient. Ne peuvent-ils continuer à parler ensemble
après le mariage ? Ne peuvent-ils discuter ensemble, de
façon ouverte, franche, sincère et heureuse de leurs
intérêts, de leurs problèmes, de leurs
difficultés, de leurs déceptions et de leurs désirs ?
Il me semble que la communication a l’air de leur poser un
problème. Il est impossible d’aimer quelqu’un avec
lequel on ne parle pas ou ne veut pas parler. Il est impossible
d’aimer quelqu’un avec lequel on ne passe pas de temps.
Mais
que la discussion soit calme, car la discussion calme est le langage
de l’amour. C’est le langage de la paix. C’est le
langage de Dieu. Qui peut calculer la profondeur et la douleur des
blessures causées par des paroles dures et méchantes
prononcées dans la colère ? Il est vraiment
dommage de voir des gens forts dans de nombreux domaines, mais qui
perdent toute maîtrise quand une petite chose, en général
de peu d’importance, vient troubler l’égalité
de leur humeur. Dans tout mariage, il y a des différences
occasionnelles. Mais je ne trouve aucune justification aux caractères
qui explosent à la moindre provocation. « Cruelle
est la fureur, impétueuse la colère. »
(Proverbes 27:4)
La violence de
caractère est une chose terrible et corrosive. Le drame c’est
qu’il n’en résulte aucun bien ; il ne fait
qu’alimenter les ressentiments, la révolte et la
douleur. À tous ceux qui ont des problèmes pour se
maîtriser, puis-je suggérer qu’ils cherchent de
l’aide pour surmonter leur faiblesse et maîtriser en eux
leur énergie pour discipliner leur discours.
Les conjoints qui
se plaignent constamment, qui ne voient que le mauvais côté
des choses, qui ne se sentent pas aimés ou désirés
se doivent d’aller au fond d’eux-mêmes et faire un
examen de conscience. S’ils y trouvent quelque chose qui ne va
pas, ils devraient changer d’attitude et afficher un sourire
sur leur face. Pour être plus attirants, ils devraient
améliorer leur aspect extérieur. Ils se refusent le
bonheur et ils courtisent le malheur lorsqu’ils se plaignent
constamment et ne font rien pour rectifier leurs fautes.
Pour
les maris et les femmes qui ont pu s’offenser mutuellement, il
est temps de demander pardon et se décider à cultiver
le respect et l’affection l’un envers l’autre. Il
est temps de mettre en pratique le principe de la réponse
douce.
Lorsque nous
élevons la voix, les petites taupinières de la
différence deviennent des montagnes de conflits. La
description du concours entre Élisée et les prêtres
de Baal est significative : « Il y eut un vent fort
et violent qui déchirait les montagnes et brisait les
rochers ». C’est là une description frappante
des arguments avancés entre maris et femmes. Mais l’auteur
de l’écriture continue : « l’Éternel
n’était pas dans le vent. Et après le vent, ce
fut un tremblement de terre : l’Éternel n’était
pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de
terre, un feu : l’Éternel n’était pas
dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger ».
(1 Rois 19:11-12)
La voix des Cieux
est un murmure doux et léger. La voix de la paix au foyer est
tranquille. Il y a besoin de beaucoup de discipline dans le mariage,
non pas vis-à-vis du compagnon, mais de soi-même.
« Celui qui est lent à la colère vaut mieux
qu’un héros », comme l’a écrit
l’auteur des Proverbes (1 Proverbes 16:32). Lorsque les couples
cultivent l’art de la réponse douce, cet art bénit
le foyer, leur vie commune et leur association.
La troisième
pierre d’angle : L’honnêteté financière
Je
crois que l’argent est la racine de plus de problèmes
dans le mariage que toutes les autres raisons combinées. Nous
vivons à une époque de publicité persuasive et
d’art de la vente nous invitant tous à dépenser.
Un mari dépensier ou une femme peut mettre en danger son
mariage. Par expérience, je crois que c’est un bon
principe que chaque conjoint soit libre et indépendant quant
aux dépenses nécessaires de tous les jours, et
parallèlement discuter, se consulter et se mettre d’accord
pour les grosses dépense. Il y aurait beaucoup moins de
décisions irréfléchies, beaucoup moins
d’investissements peu avisés, beaucoup moins de pertes
importantes, de banqueroutes, si les maris et les femmes se
consultaient sur ces questions et prenaient conseil l’un de
l’autre.
Je suis sûr
qu’il n’y a pas de meilleure discipline plus efficace
pour gérer nos ressources, que l’obéissance au
commandement donné à l’Israël d’autrefois
par le prophète Malachie :
« Apportez
à la maison du trésor toutes les dîmes, afin
qu’il y ait de la nourriture dans ma maison. Mettez-moi de la
sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des
armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les
écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la
bénédiction en abondance. » (Malachie 3:10)
Ceux
qui vivent honnêtement avec Dieu sont plus susceptibles de
vivre honnêtement avec autrui et leurs associés. Le
couple qui consacre une partie de son revenu, ne serait-ce qu’un
faible pourcentage, pour le bien d’autrui, acquerra une
discipline dans la gestion de ses ressources.
Ils seront bénis
s’ils vivent honnêtement l’un et l’autre
comme compagnons, se comportent honnêtement avec leurs
prochains, prennent comme principe cardinal dans leur vie le payement
de leurs dettes, se consultent et prennent leurs décisions
conjointement.
La quatrième
pierre d’angle : La prière
Je ne connais rien
de plus salutaire dans notre vie que l’habitude de
s’agenouiller pour prier ensemble en couple. Les tempêtes
qui semblent attaquer tous les mariages paraissent de peu
d’importance lorsque nous nous agenouillons devant le Seigneur
pour s’adresser à lui en tant que ses fils et filles.
Nos
conversations journalières avec lui seront une bénédiction
pour nos vies et nous apporterons la joie, la force et la capacité
de résister qui ne peut venir d’aucune autre source. Le
compagnonnage sera plus doux au cours des années alors que
l’amour grandira. L’appréciation mutuelle
augmentera. Les enfants, et plus tard les petits-enfants seront bénis
en ressentant la sécurité qui provient du fait d’être
membre d’une famille dans laquelle réside l’esprit
de Dieu et qui se manifeste par l’amour, la coopération,
et le bien-être.
Ceux qui ont le
bonheur de vivre des mariages basés sur de telles pierres
d’angles pourront dire avec Elizabeth Browning, au fur et à
mesure que les années passeront :
Comment est-ce que
je t'aime ? Énumérons-en les manières. Je
t’aime au plus profond, plus haut, plus étendu
Que
mon âme puisse atteindre, en étant hors de vue, Tout
émue par la grâce, quand prend
fin l’univers.
Je t’aime à
l’instar d’un besoin qui m’est cher, Ressenti nuit
et jour, au fil du quotidien,
Je t’aime
librement, tel le souverain bien,
Je t’aime
purement, comme après la prière. Je t’aime avec
la passion mise à endurer Les peines et la foi d’un âge
révolu.
Je t’aime
d’un amour qui semblait disparu Avec mes saints perdus. Sourire
et pleurer, Respirer dans ma vie, tel en est le décor.
Si
Dieu veut, je t’aimerai mieux après ma mort. Elizabeth
Barret Browning
LA
FAMILLE
La nation sauvée
par le foyer
À
de rares exceptions prés, le foyer est la source des problèmes
de la société. Si l’on doit réformer ou
changer quoi que ce soit, si l’on doit retrouver les anciennes
valeurs sacrées, tout devra se faire à partir du foyer.
Aucun
endroit, aucun environnement ne sont plus propices au développement
de la vertu que celui de la famille. La bonne santé de toutes
les sociétés, le bonheur des peuples, leur prospérité
et leur paix, trouvent leurs racines dans l’enseignement
dispensé par les parents à leurs enfants, et dans la
force et la stabilité de la famille. Je le sais, non seulement
parce que je l’ai constaté pendant mes quatre-vingt-neuf
ans de vie, mais aussi parce que je l’ai vécu dans le
foyer de mon enfance.
Quand
j’étais enfant, mes parents avaient l’habitude de
faire ce qu’ils appelaient « une soirée
familiale ». Un soir désigné dans la
semaine, notre famille se réunissait pour étudier,
jouer, et prendre plaisir à être ensemble. Mon père
était un grand conteur, et il nous racontait souvent des
histoires dont il se souvenait. Ma mère mettait le chauffage
dans le salon où il y avait un beau piano, et toute la famille
chantait.
En tant qu’enfants
nous n’étions pas de très bons artistes. Nous
pouvions faire des tas de choses lorsque nous jouions, mais lorsque
l’un d’entre nous essayait de chanter en solo devant les
autres, on aurait tout aussi bien pu demander à une glace de
rester gelée sur le poêle. On commençait par se
moquer et faire des remarques sur sa façon de chanter.
Mais nos
parents insistaient. Et parce qu’ils insistaient, nous
chantions ensemble. Nous plaisantions ensemble. Nous étudiions
ensemble. Nous jouions et nous priions ensemble.
Il est
sorti de ces réunions simples et informelles qui se
déroulaient dans le salon de notre vieille maison quelque
chose de merveilleux et d’indicible. Notre amour pour nos
parents en est sorti grandi. Mon amour que je portais envers mon
frère et mes sœurs a grandi. Nous avons apprécié
la bonté toute simple qui s’est développée
dans notre cœur.
À
cette époque, nous n’exprimions pas notre amour
ouvertement entre nous. Mais nous n’en avions pas besoin. Nous
ressentions la sécurité, la paix et la force tranquille
qui règnent dans les familles qui prient, travaillent
ensemble, s’aident mutuellement, et se soucient
les uns des autres.
Malheureusement,
on trouve rarement cette situation idéale dans les foyers. Je
fus stupéfait il y a quelques années par le « Report
of the Carnegie Task Force on Meeting the Needs of Young Children »
(rapport Carnegie sur les besoins des enfants en bas âge) qui
dépeignait cette situation lugubre :
« Les
enfants en bas âge de notre nation et leurs familles ont des
problèmes. Comparés à la plupart des pays
industrialisés, les États-Unis ont un taux de mortalité
infantile supérieur, une plus grande proportion de bébés
ayant un faible poids à la naissance, une proportion
inférieure de bébés immunisés contre les
maladies infantiles, et un taux de bébés beaucoup plus
grand nés de mères adolescentes. Sur les douze millions
d’enfants de moins de trois ans aux États-Unis,
aujourd’hui, un nombre stupéfiant est affecté par
un ou plusieurs facteurs de risques qui empêchent un
développement sain. Un sur quatre vit dans la pauvreté.
Un sur quatre vit dans une famille monoparentale. Une victime de
violences physiques sur trois se trouve être un bébé
de moins d’un an. »
Ce genre
de statistiques, que l’on peut trouver dans toutes les villes
et toutes les communautés du pays, devrait être un sujet
de très grand souci pour tous nos concitoyens. Je suis bien
conscient qu’il y a des naissances illégitimes, qu’il
y a des pères irresponsables et des mères qui ne sont
pas préparées à cette situation, que les
violences envers les enfants ont existé sous toutes ses formes
nombreuses et dépravées au cours de l’histoire
des hommes. Mais son étendue, chez nous, doit nous obliger à
nous en préoccuper en priorité.
Ceci est
tellement évident que ce que l’on voit de pire ou de
meilleur aujourd’hui est le résultat doux ou amer de
l’éducation des enfants d’hier. Le monde verra
dans quelques années les conséquences de l’éducation
de la génération d’aujourd’hui. Si nous
sommes concernés par l’avenir, alors c’est
maintenant que nous devons nous occuper de l’éducation
de nos enfants.
Les maux
de ce monde iront croissants tant que nous ne reconnaîtrons pas
implicitement et même que nous ne serons pas fermement
convaincus que la famille est l’instrument du Tout-Puissant.
C’est lui qui l’a établie. C’est aussi
l’unité de base la plus fondamentale de la société.
Elle mérite, non, je dirais elle exige que nous lui accordions
toute notre attention et tout notre intérêt.
Nous
faisons de gros efforts pour préserver les bâtiments
historiques et les sites de nos villes. Nous avons besoin de montrer
la même ferveur dans la protection de l’institution la
plus ancienne et la plus sacrée : la famille !
Nous ne
pourrons pas faire demi-tour en un jour, un mois ou une année.
Mais en déployant suffisamment d’énergie, nous
pouvons commencer à changer de cap en une génération
et accomplir des merveilles en deux générations, une
période de temps qui n’est pas longue dans l’histoire
de l’humanité.
Je
voudrais suggérer dix choses précises qui nous aideront
à effectuer ce changement de cap. Accepter nos responsabilités
en tant que parents et remplir nos obligations vis-à-vis de
nos enfants.
Chaque
individu ici-bas est l’enfant d’une mère et d’un
père. Nul ne peut échapper aux conséquences de
la paternité. La responsabilité envers l’enfant à
naître est inhérente à l’acte
de la conception. Nul ne peut impunément fuir cette
responsabilité.
Paul a
écrit à Timothée : « Si
quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de
ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu’un
infidèle » (1 Timothée 5:8). Je suis
persuadé que Paul ne parlait pas seulement de la nourriture
physique. Il ne suffit pas que les parents fournissent le gîte
et le couvert à leurs enfants. Ils ont également la
responsabilité de fournir la nourriture et la direction de
l’esprit, de la pensée et du cœur.
Les
parents n’ont pas seulement la responsabilité d’élever
leurs enfants, mais ils ont le devoir sacré de les élever
dans l’amour et la justice, de les enseigner à aimer et
à servir autrui, à observer les commandements de Dieu
et à être des citoyens respectueux des lois de leur
pays.
Nous devons
enseigner ces principes au foyer. Peu d’aide, s’il en
existe, viendra de l’école publique, elle qui a
largement abandonné l’enseignement de ces valeurs. Ce
n’est pas non plus l’État qui apportera son aide
dans cette situation dramatique. Barbara Bush a parlé avec
sagesse lorsqu’elle a dit devant une classe de diplômés
de Wellesley en 1990 :
« Votre
réussite en tant que famille, notre réussite en tant
que société, ne dépend pas de ce qui se passe à
la Maison Blanche, mais de ce qui arrive à l’intérieur
de votre foyer. »
Les
Églises peuvent apporter de l’aide. La religion est la
grande protectrice des valeurs et la dispensatrice des principes
moraux. Depuis l’époque du Sinaï jusqu’à
maintenant, la voix de Dieu s’est fait entendre d’une
façon impérative à propos du bien et du mal.
Mais une fois que tout est dit et mis en place, ce sont les parents
qui ont reçu de Dieu l’instruction d’élever
leurs enfants dans une atmosphère de vérité et
de lumière spirituelle.
Une
étude sur la famille conclut : « Il est
certain que la meilleure chose que la société pourrait
faire pour ses enfants serait de remettre le titre de ‘parent ’
à l’honneur. Aucun travail n’est plus important,
et pourtant aucun travail n’est moins considéré
comme allant de soi. Nous apprenons les techniques de travail, mais
pas les techniques de la vie… Devenir parent devrait être
… le signe d’une relation durable, et non celui d’une
tocade passagère ; une source de fierté, et non de
remords. Ce n’est qu’en agissant ainsi que nos enfants
seront en sécurité. »
Mariez-vous
et restez-le. Après deux ans d’étude approfondie,
le Wall Street Journal de 1995 rapporte que le ‘Council on the
Family in America’ est arrivé à cette
conclusion : « La société américaine
se porterait mieux si davantage de gens se mariaient et restaient
mariés ». Quelle remarquable conclusion !
N’importe quelle personne de bon sens aurait pu dire la même
chose sans faire d’études longues et coûteuses.
Dans sa
conclusion, l’étude soulignait que « les
familles monoparentales risquent de vivre dans la pauvreté,
ont des problèmes à l’école et des ennuis
avec la loi ». L’éditorial du journal
concluait : « Le mariage est peut-être une
institution imparfaite, mais pour autant, personne, dans l’histoire
humaine, n’a trouvé le meilleur moyen d’élever
les enfants dans une société stable. »
Le
mariage est beaucoup plus qu’un contrat civil, ou qu’un
accord entre deux personnes. C’est une institution essentielle
dans le plan de Dieu. Les enfants ont le droit de naître dans
les liens du mariage, et d’être élevés par
un père et une mère qui honorent leurs vœux
maritaux dans la plus complète fidélité.
Aux
États-Unis, on dénombrait 7 874 000 familles sans père
avec des enfants de moins de dix-huit ans, en 1996. La même
année, 1 260 000 enfants, soit 32% de toutes les naissances
viables, sont nés de mères célibataires. Comme
il est tragique de constater les statistiques désolantes des
naissances illégitimes ! Le manque d’auto
discipline et du sens des responsabilités fait ressortir les
problèmes qui nous assaillent en nombre grandissant. Nous
avons toujours eu des naissances illégitimes dans notre
société, et il est vraisemblable que nous en aurons
toujours. Mais nous ne pouvons tolérer l’augmentation
actuelle de ce phénomène social terrible sans que nous
en payions un prix terrible. Tout enfant devrait avoir la bénédiction
de naître dans un foyer ou il est accueilli, nourri, aimé,
et chéri par des parents, un père et une mère,
qui vivent avec loyauté entre eux et avec leurs enfants. Ce
principe implique que nous devons nous opposer aux maux de ce monde.
La sagesse accumulée des siècles proclame clairement et
avec assurance que le bonheur parfait, la sécurité la
plus grande, la paix profonde de l’âme, les réserves
insondables d’amour ne peuvent profiter qu’à ceux
qui vivent selon les principes éprouvés par le temps,
sont vertueux avant le mariage, totalement fidèles après
le mariage, et que le sentiment de sécurité et de paix
le plus profond s’épanouit au sein de la famille.
Si nous
pouvions voir de nouveau dans ce pays, un homme qui considérerait
sa femme comme son égale, son soutien, et sa meilleure amie,
et une épouse qui marcherait à côté de son
mari, ni devant, ni derrière, qu’elle considérerait
comme son compagnon, la lumière et la force de sa vie, alors
nous commencerions à renforcer les familles. Les enfants
ressentiraient la sécurité dans les bras de l’amour
de parents heureux, qui instilleraient en eux les principes éthiques
et moraux, qui les guideraient tout au long de la vie. Ces mariages
seraient honorables et sécurisants, et les enfants seraient
nourris, aimés et élevés dans ces valeurs qui
sont l’essence même de notre civilisation.
J’affirme
qu’il n’ait rien que nous puissions faire qui ait un plus
grand impact à long terme, surtout pour nos enfants, qui sont
l’espoir de l’avenir, que de rallumer autant que possible
l’esprit d’un foyer heureux afin de créer un
environnement familial stable où les enfants pourront se
développer sous les yeux vigilants et aimants de parents
vertueux.
Replacer le père
à la tête du foyer
Il y a
plus de quarante ans, le Reader’s Digest a publié un
article du juge Liebowitz de New York, intitulé :
« Replacer le père à la tête du
foyer ». En tant que juge, l’auteur a passé
sa vie à examiner des preuves et a prononcer des
condamnations. Il a voyagé en Europe et a découvert que
les conditions de la jeunesse étaient supérieures à
celle des États-Unis. Il a fait des enquêtes, a réfléchi
et médité et suite à sa vaste expérience,
en a conclu que la façon la plus simple et la plus facile pour
diminuer la délinquance juvénile consistait à
replacer le père à la tête de la famille.
Beaucoup
trop de familles se sont vues refuser la direction et l’influence
stabilisatrices d’un père bon et dévoué se
tenant au côté d’une mère aimante et
compétente qui instruit doucement, discipline gentiment, et
aide par la prière les enfants dont ils sont responsables.
Je ne
crois pas que les femmes présentent des objections envers la
direction ferme d’un homme au foyer. Il devient le soutien de
famille, le protecteur, le conseiller, l’ami qui est prêt
à écouter et à apporter son soutien quand cela
est nécessaire. Qui mieux qu’un père exemplaire
peut enseigner aux enfants la valeur de l’instruction, la voie
sans issue dans lesquelles se trouvent les bandes des rues, et le
miracle de la satisfaction de soi qui peut changer leurs vies dans le
sens du bien ?
Mais que doit-on
faire pour qu’il soit reconnu à sa place en tant que
chef de famille ? Cela prendra du temps, mais cela en vaut la
peine. Nous pouvons commencer avec les enfants en bas âge et
les enseigner, les motiver et leur montrer la direction. Nous ne les
sauverons pas tous. Mais nous pouvons en sauver plus que nous n’en
sauvons actuellement.
Il y a
plusieurs années, le Wall Street Journal a rapporté
cette anecdote d’un avocat de l’Ohio. Il a parlé
de son enfance, et a raconté une sortie qu’a fait sa
famille un dimanche après-midi en voiture. Pendant qu’ils
roulaient dans la rue, ils virent passer une belle Cadillac rouge.
Le fils
avait demandé à son père pourquoi il y avait des
gens qui avaient des Cadillac pendant qu’eux avaient un vieux
tacot. Son père lui avait répondu que tout le monde ne
pouvait pas avoir la même voiture, mais que lui, son fils,
détenait une chose que beaucoup n’avaient pas. Et que
cela avait une plus grande valeur que toutes les Cadillac. Il était
le descendant des familles de son père et de sa mère,
et le meilleur sang de chacune des familles coulait dans ses veines.
Ce père sage avait enseigné à son fils que bien
que personne ne pouvait arriver à l’égalité
matérielle, tout le monde pouvait cultiver cette qualité
merveilleuse qu’est l’estime de soi. Le garçon
devenu adulte, étudia la loi, et finalement devint un
professionnel accompli.
Je
voudrais encourager les pères à reprendre leur rôle
de responsable du foyer. Ils ne peuvent échapper à
cette responsabilité de base qui est d’assumer leur rôle
en tant que chefs de famille. Cela ne signifie pas qu’ils
doivent se conduire en dictateurs ou dominer injustement. Cela leur
confère l’obligation de subvenir aux besoins de leur
famille. Ces besoins sont plus que le gîte et le couvert. Cela
implique de diriger avec justice, d’enseigner par l’exemple
et le précepte, les principes de base d’honnêteté,
d’intégrité, du service et du respect des droits
d’autrui, de faire comprendre que nous ne sommes pas seulement
comptables de nos actions ici-bas vis-à-vis des autres, mais
aussi vis-à-vis de Dieu. Un auteur a observé :
« Il n’est pas impossible que l’on dise au
vingt et unième siècle que les vrais révolutionnaires
sont les pères d’enfants polis et civilisés. »
Reconnaître
et mettre en valeur l’importance suprême de la mère
de famille
Le foyer est le
jardin où naissent les nouvelles générations, et
les parents en sont les jardiniers. Vu sous cet angle, je dois
insister sur l’importance, la valeur, l’impact
significatif qu’ont les femmes dans le tissu de notre société
et dans la constitution de nos foyers. Les mères n’ont
pas de plus grande responsabilité plus gratifiante, que
d’élever leurs enfants dans un environnement sécurisant,
paisible, en montrant un esprit de camaraderie.
Les
mères apportent l’inspiration et l’équilibre ;
elles constituent un réservoir de foi et de bonnes œuvres.
Elles sont l’ancre à laquelle se raccrochent le
dévouement, la loyauté et la réussite. En tant
que gardiennes du foyer, elles encouragent leur époux, elles
enseignent et elles élèvent leurs enfants. Ma vie a été
profondément influencée durablement par des femmes
dévouées, fidèles, talentueuses, et bonnes. Bien
que ma mère soit décédée lorsque j’avais
vingt ans, je ressens encore aujourd’hui son influence et même
le sentiment de sa présence. Je peux dire en toute honnêteté
qu’à chaque fois où j’ai dû réfléchir
aux devoirs qui m’incombaient ou aux réussites que j’ai
eues c’est lorsque j’ai imaginé ma mère et
que j’ai espéré que ma vie reflète sa
personnalité et ses enseignements.
Ce monde
a besoin de l’empreinte des femmes et de leur amour, de leur
réconfort et de leurs forces. Notre environnement dur a besoin
de leurs voix d’encouragement, de la beauté qui émane
de leur nature, de l’esprit de charité qui est leur
héritage. Le Dieu dans lequel tant d’entre nous croient
a doté ses filles de la capacité unique et merveilleuse
de se tourner vers ceux qui sont dans la détresse, d’apporter
du réconfort et du secours, de soigner les plaies et de guérir
les cœurs souffrants.
Si
quelqu’un est capable de changer la situation dramatique dans
laquelle nous glissons, c’est bien les femmes merveilleuses de
ce pays, et en fait du monde, si elles relèvent le défi
et s’opposent à l’immoralité publique, à
l’impureté et à la tentation dans lesquelles nous
baignons.
Les mères et
les épouses sont les ancres de la famille. Ce sont elles qui
portent les enfants. Quelle responsabilité énorme et
sacrée que celle-là ! Elles doivent veiller sur
les enfants à cause des forces du mal qui sont partout. Les
parents seront heureux en vieillissant de voir ceux qu’ils
auront élevés appliquer la justice dans leur vie, la
vertu, et l’intégrité dans leur conduite.
L’éducation
des enfants n’est pas une responsabilité à
mi-temps. Il est un fait que certaines mères doivent
travailler, mais il y en a trop qui travaillent pour se payer un peu
plus de luxe et des objets de fantaisie, aux dépens de leurs
enfants. Les mères qui doivent travailler ont un fardeau
supplémentaire à porter. Néanmoins, elles ne
peuvent se permettre de négliger leurs enfants. Ils ont besoin
que leur mère supervise leurs études, leur travail à
la maison et à l’extérieur, qu’elles les
éduquent du mieux qu’elles le peuvent ; ils ont
besoin de l’amour, des bénédictions, des
encouragements et de la proximité d’une mère.
Ce n’est
que lorsque je suis devenu adulte que j’ai réalisé
la merveilleuse richesse du foyer dans lequel j’ai été
élevé, une richesse qui ne se mesure pas en dollars,
mais en qualités plus précieuses que l’argent. Ma
mère était éducatrice et professeur d’anglais.
Lorsque les enfants sont arrivés au foyer, elle a abandonné
sa profession et est restée au foyer. Elle nous a instillé
un sentiment de sécurité et d’amour que nous
ressentions et appréciions.
Bien que
toutes les contributions apportées par les femmes dans tous
les domaines de la vie courante soient respectables, j’espère
que nous ne mépriserons jamais la mère de famille.
J’aime ce que dit Marie K. Hafen: « Je suis désolée
que la dévalorisation de la maternité encouragée
par le monde moderne montre à ma fille et à ses amies
que se préparer à être une femme au foyer, une
mère, une épouse est une affaire sans affaire très
importante… Ce genre de tâche exige de la créativité,
la mise en place d’un environnement où prédominent
la chaleur humaine, la stimulation intellectuelle et la force
spirituelle dispensées par la mère qui, avant le
premier regard jeté sur une couche-culotte, une poêle à
frire, et une vieille chaussure de tennis, voit en priorité
les qualités personnelles de l’individu. »
Les
femmes qui font de leur maison un foyer apportent une plus grande
contribution à la société que ceux qui
commandent à de grandes armées ou qui sont à la
tête de sociétés impressionnantes. Qui peut
mettre une étiquette de prix sur l’influence qu’a
une mère sur ses enfants, une grand-mère sur sa
postérité, ou des tantes et des sœurs sur la
famille élargie ?
Nous ne
pouvons mesurer ni calculer l’influence des femmes, qui, à
leur manière, construisent
des vies de famille stables et dispensent une éducation qui
aura une influence éternelle sur les générations
à venir. Les conséquences qui résulteront des
décisions prises par les femmes de cette génération
seront éternelles. Puis-je suggérer que les
mères d’aujourd’hui n’ont pas de plus
grandes occasions, ni de défis à relever plus sérieux,
que celui qui consiste à renforcer les foyers de l’Amérique ?
Considérons
les enfants comme notre trésor le plus cher
On
raconte que dans la Rome antique, un groupe de femmes se montraient
mutuellement, par vanité, leurs bijoux. Parmi elles se
trouvait Cornelia, mère de deux enfants. Une des femmes lui
dit : « Et où sont tes bijoux ? »
Cornelia répondit en montrant ses fils : « Voilà
mes bijoux. » Ils ont grandi sous sa protection, en
apprenant les principes de vertus qu’elle appliquait elle-même
dans sa vie, et furent connus plus tard sous les noms de Gaius et
Tibère Gracchus, les Gracchi comme on les appelait. Ce furent
les deux réformateurs les plus influents et les plus efficaces
de l’histoire romaine. Tant que l’on se souviendra et que
l’on parlera d’eux, on se souviendra aussi avec éloges
de la mère qui les a élevés selon ses principes.
Notre
vie devient intensément agitée, remplie d’occupations
frénétiques, ce qui n’existait pas autrefois.
Tout, des déplacements continus à une pléthore
de trucs pour nous faire économiser du temps, nous incite à
occuper nos vies avec tant d’activités et de buts à
atteindre que beaucoup d’entre nous ont perdu de vue une chose
qui est d’une importance critique pour les familles: passer du
temps ensemble. Si nos enfants sont vraiment notre plus cher trésor,
alors il est raisonnable qu’ils méritent notre plus
grande attention.
Les
membres de la famille ont besoin de passer du temps ensemble. Il
n’est dit nulle part que le temps en qualité soit
supérieur au temps en quantité. Une théorie
démontrée par les sciences comportementales est tout à
la fois simple et profonde : Plus il y a d’interaction,
plus il y a de sentiment. Plus nous passons de temps ensemble, plus
le potentiel d’approfondissement des liens de l’amour
grandit, plus il y a de loyauté, de confiance et de
dévouement.
Les
enfants ont plus de valeur que n’importe quel bien matériel.
Pourtant, il y a plus de trente ans, Gertrude Hoffman du « US
Children’s Bureau » rapportait que presque un
million d’enfants aux États unis était laissé
à la maison sans surveillance adéquate pendant que les
parents étaient au travail. Elle continuait en disant :
« Il n’existe aucun moyen de mesurer les dégâts
émotionnels subis par des enfants laissés sans
surveillance ni le coût futur de la délinquance
résultant de cet échec. »
Nous
sommes en train de payer un prix terrible dû à
l’affaiblissement de la famille lorsque les deux parents sont
absents du foyer pour travailler et que les enfants n’ont que
le trousseau de clés pour attendre leur retour. Lorsque les
parents rentrent à la maison, ils sont trop souvent fatigués
et dans un tel état de stress et de frustration qu’ils
ne peuvent accorder à leurs enfants l’attention et
l’affection qu’ils réclament et dont ils ont
besoin. Nous sommes en train de voir les fruits produits par ces
parents absents.
Jenkins
Lloyd Jones a décrit ces sentiments qui sont frappés au
coin du bon sens : « Le gosse qui n’est pas
aimé le sait. Il n’existe pas de traumatisme plus
douloureux que le rejet parental. Il n’existe pas de
malédiction plus efficace pour couler une vie humaine. Il
existe cependant une superstition qui voudrait que «les
avantages» puissent remplacer « l’affection ».
Ce n’est pas vrai. Les meilleurs avantages qu’une famille
peut offrir ne se trouvent
pas dans les magasins, chez le vendeur de voitures ou dans une grande
école. L’avantage sans prix c’est de sentir que
l’on fait partie d’une famille. Sinon, celle-ci n’est
que la combinaison de la cafétéria et du dortoir. Il
n’y a rien d’attirant dans tout cela. »
Le
rapport « Carnegie Task Force » cité
précédemment concluait : « Les enfants
sont notre ressource naturelle la plus importante, mais ils ne
viennent pas sans famille. Il est temps de développer des
stratégies pour préserver l’environnement
familial et éduquer nos générations futures. »
Disciplinez
et enseignez les enfants avec amour
Quand
j’étais jeune, notre famille vivait en ville pendant la
période scolaire et dans une entreprise agricole de primeurs
pendant l’été. Dans cette entreprise, nous avions
un grand verger avec beaucoup d’arbres fruitiers. Quand nous
sommes devenus adolescents, mon frère et moi avons appris
l’art de l’élagage. Pendant les vacances et le
samedi en février et en mars, nous allions avec notre père
au verger où nous élaguions les arbres. Nous avons
appris que l’on pouvait dans une large mesure, déterminer
le genre de fruits que l’on récolterait en septembre en
fonction de la qualité de l’élagage de février.
Le principe consistait à élaguer de façon à
ce que, le fruit se développant, celui-ci soit exposé à
l’air et au soleil, bien dégagé sur la branche.
C’est
le même principe pour les enfants. Un ancien proverbe dit
justement : «Tel est penché l’arbuste, tel
sera incliné l’arbre». C’est le foyer le
premier endroit pour instaurer un système de valeur. J’ai
lu dernièrement qu’un père avait demandé à
un juge d’enfermer son fils parce qu’il n’arrivait
pas à le maîtriser. Je ne doute pas un instant qu’il
ait essayé ; mais c’était trop tard. Les
attitudes étaient fixées. Les habitudes s’étaient
figées. Nos efforts doivent commencer avec nos enfants dès
qu’ils sont jeunes et souples, lorsqu’ils écoutent
et apprennent.
Peu
après notre mariage, mon épouse Marjorie et moi avons
établi notre premier foyer. Nous avions peu d’argent.
J’ai fait la plupart des travaux moi-même, des travaux
qui ont été exécutés grâce à
ce que l’on qualifierait aujourd’hui de « capital
humain ». J’avais pris sur moi l’aménagement
du terrain. Le premier des nombreux arbres que nous avons plantés
était un févier d’Amérique (Gleditschia
triacanthos).
C’était
un petit arbre qui mesurait peut-être deux centimètres
de diamètre. Il était si souple que je pouvais le
tordre dans tous les sens. Prévoyant le jour où son
ombre nous aiderait à nous rafraîchir en été,
je le plantais au coin de la maison là où le vent du
canyon venant de l’est soufflait le plus fort. Je creusais un
trou, y plaçais la racine nue, tassais le sol autour,
l’arrosait largement et l’oubliais pendant un bon bout de
temps.
Et puis un jour
d’hiver, je regardais par hasard par la fenêtre et je fus
étonné de voir que l’arbre dénudé
de ses feuilles penchait bizarrement vers l’ouest, déformé
et déséquilibré. Je n’en croyais pas mes
yeux. Je sortis et l’empoignais à bras le corps pour
essayer de le remettre droit. Mais le tronc mesurait presque trente
centimètres de diamètre. Je ne pouvais pas le bouger.
Je pris un appareil de levage dans mon atelier, j’en attachais
un bout à l’arbre et l’autre à un poteau
bien planté dans le sol et je tirais la corde. Les poulies
bougèrent un peu et le tronc trembla légèrement.
Il semblait me dire : « Tu ne peux pas me redresser.
C’est trop tard. J’ai grandi comme ça à
cause de ta négligence et je ne plierai pas. »
En
désespoir de cause, je me résolus à prendre des
mesures drastiques. Je sciais la grande
branche sur le côté ouest. La scie laissa une vilaine
cicatrice de plus de vingt centimètres de long. Je reculais
pour voir le résultat de mon travail. J’avais coupé
la majeure partie de l’arbre, en laissant seulement une branche
qui pointait vers le ciel.
Plus
d’un demi-siècle a passé depuis que j’ai
planté cet arbre. Ma fille et sa famille vivent maintenant
dans cette maison. L’autre jour, j’ai regardé
l’arbre. Il est grand. Il a meilleure allure. C’était
un plus pour la maison. Mais le traumatisme qu’il a subi dans
sa jeunesse a été grave, et le traitement qui s’en
est suivi pour le redresser a été brutal.
Lorsqu’il
a été planté, une petite ficelle aurait suffi
pour qu’il résiste à la force du vent. J’aurais
pu et j’aurais dû lui mettre cette ficelle sans grand
effort. Mais je ne l’ai pas fait, et il a plié devant
les forces qui l’ont assailli.
J’ai
vu la même chose dans la vie de beaucoup d’enfants. Les
parents qui les ont fait venir en ce monde semblent avoir abdiqué
leurs responsabilités. Les résultats en sont tragiques.
Quelque ancre simple leur aurait donné la force de résister
aux forces qui ont modelé leur vie. Mais livrés à
eux-mêmes trop longtemps, ils plient devant la force des
éléments. Et un jour, c’est trop tard.
Les
enfants sont comme les arbres. Quand ils sont jeunes, on peut modeler
et diriger leur vie, en général sans trop de
difficultés. L’auteur des Proverbes a dit :
« Instruis l’enfant selon la voie qu’il doit
suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera
pas. » (Proverbes 22:6)
Des
parents, en dépit d’un amour débordant et
d’efforts diligents et fidèles pour les enseigner, se
désolent de voir leurs enfants grandir dans la contestation et
pleurent pendant que leurs fils et leurs filles continuent dans une
course aux conséquences tragiques. J’éprouve une
immense sympathie pour ces parents, et j’ai l’habitude de
leur citer les paroles d’Ézéchiel : « Le
fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le
père ne portera pas l’iniquité de son fils. »
(Ézéchiel 18:20)
Mais
ceci est l’exception plutôt que la règle.
L’exception ne nous excuse pas non plus de faire tous les
efforts pour exprimer l’amour, montrer l’exemple, et
corriger par le précepte ceux dont le Seigneur nous a confié
la responsabilité sacrée.
Je
connais un couple merveilleux dont les enfants plus âgés,
devenus grands, se sont mariés en justes noces, et ont vécu
leurs vies d’une façon qui a réjoui ce couple.
Ils sont devenus des membres accomplis et responsables qui apportent
leur contribution à la société. Ils ont eu aussi
un cadet, garçon brillant et plein de talents. Ses camarades
d’école l’ont attiré sur d’autres
chemins, et petit à petit a adopté un style de vie
étranger à celui de sa famille. Il était mal
tenu. Il semblait incapable de s’intéresser à
autre chose qu’à lui-même. Il fit des choses qui
attristèrent et génèrent ses parents. Son père
ne savait plus quoi faire. Il réprimandait et menaçait,
mais cela ne fit que rejeter son fils hors du foyer. Sa mère
priait et pleurait. Mais elle maîtrisait ses sentiments et se
taisait. Elle exprimait souvent son amour à son fils. Bien
qu’il ait quitté le foyer, elle gardait sa chambre
propre, son lit fait, et la nourriture qu’il préférait
dans le réfrigérateur. Elle lui dit qu’à
chaque fois qu’il voudrait venir à la maison, il serait
le bienvenu. Les mois passèrent pendant que les cœurs
souffraient. Puis le fils commença à revenir de temps
en temps pour dormir.
Sa mère
plaisantait avec lui, ne lui faisait pas de reproche, lui offrait de
bons petits plats, l’embrassait et lui exprimait ouvertement et
fréquemment son amour. Finalement, il commença
à améliorer son aspect extérieur. Il resta à
la maison plus souvent. Il finit par se rendre compte qu’il n’y
avait pas d’endroit plus confortable et plus sûr ni
d’endroit où l’on se sentait plus heureux que le
foyer qu’il avait quitté. Il abandonna certaines de ses
mauvaises habitudes. La dernière fois que je l’ai vu, il
chantait avec sa mère en duo lors d’une réunion
publique pendant que ceux qui connaissaient son histoire pleuraient
de douces larmes de joie à la vue de leur réconciliation.
Nos
enfants ne sont jamais perdus tant que nous ne les abandonnons pas !
L’amour, plus que toute autre chose les fera revenir au foyer.
La punition n’est pas ce qu’il convient d’appliquer.
Les réprimandes sans amour ne réussiront pas. La
patience, l’appréciation, ajoutées à ce
pouvoir étrange et remarquable que sont l’amour et la
prière viendront finalement à bout de l’épreuve.
Je mets
en parallèle cette situation avec celle d’une autre de
mes connaissances, un ami d’enfance qui vivait près de
chez moi. Nous formions un groupe d’amis très unis et
nous avons grandi ensemble. Nous nous appréciions tous et nous
aimions aller chez les uns et chez les autres, sauf,
particulièrement, dans une maison. Je dois dire que je
détestais le père de cette maison. Ses jeunes garçons
étaient nos amis, mais lui c’était mon ennemi.
Pourquoi une telle antipathie ? Parce qu’il fouettait ses
enfants avec une ceinture ou il les frappait avec tout ce qu’il
lui tombait sous la main lorsque sa colère vicieuse éclatait
contre ce qu’il lui semblait la moindre provocation.
Il se
peut que je détestais tellement cet homme en raison du
contraste qui existait avec le foyer dans lequel je vivais, où
nous avions un père qui, par quelque procédé
magique, pouvait discipliner sa famille sans faire appel à des
punitions brutales, encore que parfois nous les aurions méritées.
J’ai
vu les conséquences du caractère de ce voisin. Elles se
sont répercutées dans la vie troublée de ses
enfants. J’ai découvert qu’il faisait partie de ce
groupe de parents qui semblent incapables de ne rien faire d’autre
que d’exprimer de la violence envers leurs enfants. Je me suis
aussi rendu compte que cet homme, dont je me souviens depuis mon
enfance, n’est que l’exemple de milliers d’autres
dans le monde qui abusent des enfants d’une façon ou
d’une autre. L’image qu’il représente
suggère des raclées, des coups de pieds, des gifles et
on le regrette même, dans certaines circonstances, des sévices
sexuels sur les petits enfants.
Je n’ai
aucun plaisir à insister sur une description comme celle-là.
Je veux seulement souligner que bien que la discipline soit
nécessaire au sein des familles, elle n’est jamais
justifiée lorsqu’elle est appliquée avec
sévérité, cruauté, amertume et colère.
Cela ne résout rien et ne fait qu’aggraver les choses.
L’éducation
de base, la plus efficace, la plus persuasive et permanente trouve
ses racines au foyer. Si la dureté, les abus, la colère
non maîtrisée, la malhonnêteté,
l’immoralité, et le manque de loyauté règnent
au foyer, les conséquences s’en suivront certainement et
selon toute vraisemblance, se répercuteront sur la génération
suivante. Si, d’un autre côté, c’est la
maîtrise personnelle, le pardon, le respect, la considération,
l’amabilité, la grâce et la compassion qui
règnent, là aussi les conséquences suivront et
en vaudront la peine. L’exemple de parents sages, honnêtes
et qui s’aiment fera bien plus que n’importe quoi pour
faire entrer dans la tête des enfants les principes importants
dont ils ont besoin pour régler leur propre vie.
Enseignez
de bons principes aux enfants
La société
n’en serait-elle pas influencée si on pouvait compter
sur les parents pour enseigner des principes et des valeurs éprouvés
par le temps, qui élèvent les individus dans la vertu
et finissent par renforcer la société ? Alors que
devrions-nous leur enseigner ?
Enseignez
la civilité aux enfants. Dernièrement, nous avons été
témoins d’une situation aberrante lors du démembrement
de la Yougoslavie en groupes plein de haine que se sont
entredéchirés. Il semble qu’il n’y ait pas
de miséricorde. On tue les innocents sans considération.
La haine paraît augmenter parmi les Croates, les musulmans, les
Serbes et les Albanais.
Pourquoi
une telle crise ? On nous a dit que cela vient du fait que
pendant des générations la haine a été
enseignée dans les foyers de ce pays. La haine envers ceux
d’une origine ethnique différente de la sienne. La
tragédie de la Bosnie-Herzégovine est le résultat
désastreux de la haine semée dans le cœur des
enfants par leurs parents. Nous pouvons protéger l’Amérique
des conflits entre les groupes ethniques ou religieux de toutes
sortes. Enseignons dans les foyers de notre pays que nous sommes tous
enfants de Dieu, et qu’aussi sûrement que la Paternité
existe, la Fraternité doit aussi être cultivée.
Les
conflits entre les races disparaîtront lorsque nous
reconnaîtrons que nous faisons tous partie d’une grande
famille, chacun considéré également par le
Tout-Puissant, surtout quand nous nous respectons mutuellement.
Tout
cela c’est démodé ? Bien sûr que ça
l’est. C’est aussi ancien que la vérité.
Les familles divisées ne sont que l’expression d’un
sophisme diabolique.
Enseignez
la tolérance aux enfants. Personne n’a besoin
d’abandonner ses croyances personnelles pour être
tolérant envers ceux qui en ont de différentes.
Enseignez-leur
le respect. Le respect d’autrui, la loyauté envers les
amis et les associés, envers les institutions dont ils font
partie, envers la nation dans laquelle ils vivent, envers le drapeau
sous lequel ils sont.
Enseignez-leur
la beauté de la liberté. Les libertés
merveilleuses données par le « Bill of Rights »,
les dix premiers amendements de notre Constitution.
Enseignez-leur
à obéir aux lois. Quand il y a des désaccords,
il existe des moyens pacifiques et prévus pour régler
les différends.
Enseignez-leur
l’importance de la santé, du respect de leur corps et de
leur esprit. Ils ne peuvent se permettre d’ingérer des
substances destructrices sans en payer un prix terrifiant et qui les
affaiblira.
Enseignez-leur
la qualité de la charité et la signification du
service. Enseignez-leur qu’il existe un Pouvoir supérieur
auquel ils peuvent faire appel en sachant qu’ils en recevront
de l’aide.
Enseignez-leur
la joie et l’excitation qui ressortent de l’instruction,
car plus ils apprennent, plus ils ont la possibilité
d’acquérir de la connaissance. Cherchez à créer
un environnement favorable à l’étude au foyer.
L’éditorial
du Wall Street Journal rapportant les résultats
extraordinaires et supérieurs sur le plan des études
des élèves d’origine asiatique à Berkeley,
l’Université de Californie, souligne : « Le
facteur le plus important dans la montée de cette nouvelle
élite américaine se trouve dans les relations
familiales intenses et dévouées qui caractérisent
le foyer asiatique… elles comprennent le respect des anciens
et des principes élevés pour les enfants, tel qu’un
travail assidu à l’école et des responsabilités
en dehors des heures de cours matérialisées par des
travaux dans l’entreprise d’un parent. »
Que les
parents enseignent à leurs enfants que la sexualité est
une chose sainte. Que le don de la création est sacré,
que les pulsions qui brûlent en nous peuvent et doivent être
disciplinées et contenues si l’on veut connaître
le bonheur, la paix, la bonté et l’estime de soi.
Enseignez leur la fidélité l’un envers l’autre,
que le mariage est sacré, que de bonnes relations familiales
sont la base pour asseoir une vie agréable et productive.
Instillez dans l’esprit de chaque jeune homme un fait important
et capital : que chaque jeune fille est une enfant de Dieu, et
qu’en offensant celle-ci, il ne montre pas seulement sa propre
faiblesse, mais il offense aussi Dieu. Faites-lui comprendre que le
fait d’engendrer un enfant suscite des responsabilités
qui dureront aussi longtemps qu’il vivra.
Les
parents ont la responsabilité d’enseigner les enfants
dans la lumière et la vérité. Enseignez la
vérité par l’exemple et le précepte. Que
voler c’est mal, que tricher c’est mal, que le mensonge
est une tache sur celui qui le commet.
Enseignez-leur
à être honnêtes, que lorsque l’intégrité
personnelle s’érode, l’âme et l’esprit
se corrodent, que la violation de l’intégrité
personnelle ne suscite pas seulement la méfiance d’autrui,
mais nous amène à nous demander si nous pouvons nous
faire confiance.
Ce qui
est peut-être le plus important, c’est d’enseigner
aux enfants la signification et l’importance de l’amour.
Faites-le en les aimant et en leur accordant la chaleur, la sécurité
et le soutien qui en découlent. Un autocollant célèbre
sur les pare-chocs proclame : «Avez-vous embrassé
votre enfant aujourd’hui ? » Quel bonheur pour
l’enfant qui ressent l’affection, l’acceptation,
l’amour sans condition de ses parents ! Cette chaleur, cet
amour porteront des fruits dans les années qui suivront.
Apprenez
aux enfants à travailler
Je ne
sais pas depuis quand on dit : « L’oisiveté
est la mère de tous les vices. » Mais c’est
toujours vrai. Les enfants doivent apprendre à travailler.
L’idéal c’est d’apprendre avec leurs
parents, en lavant la vaisselle, en passant la serpillière, en
tondant la pelouse, en taillant les arbres et les haies, en peignant,
en réparant et en nettoyant, et en faisant des centaines
d’autres choses afin de comprendre que le travail est le prix à
payer de la propreté, du progrès, et de la prospérité.
Surprotéger les enfants n’amène que des
problèmes. Qu’ils grandissent dans le respect et la
compréhension de ce qu’est le travail, de se rendre
utile au sein du foyer et à l’extérieur, en lui
fournissant le moyen de gagner leur argent de poche. Des centaines de
milliers de jeunes dans ce pays grandissent avec l’idée
que la façon de gagner quelque chose consiste à le
voler.
Un peu de travail
énergique apprend à respecter davantage la propriété
privée et publique. Je me souviens encore d’une
expérience que j’ai vécue lors de ma première
année au lycée. Je mangeais mon lunch avec d’autres
garçons. Je pelais une banane et je jetais la peau par terre
lorsque le principal passa par là. Il me demanda de la
ramasser. Je dis qu’il « demanda », mais
il y avait une fermeté glaciale dans le ton qu’il
employa. Je me levais
du banc où j’étais assis et ramassais la peau de
banane pour la jeter dans la poubelle. Il y avait d’autres
débris autour de la poubelle. Il me dit que pendant que j’y
étais je pouvais aussi les ramasser. Je le fis. Je n’ai
jamais plus jeté de peau de banane par terre. Cela m’amène
à me demander si les graffitis ne disparaîtraient pas
plus vite si on obligeait tous ceux qui les font à les
effacer.
Dans les tâches
que nous donnons à nos enfants, nous pouvons leur montrer par
l’exemple que certaines de nos plus belles réalisations
proviennent du service rendu à autrui. L’égoïsme
est un élément destructeur, rongeur, et corrosif de la
vie de nombreuses personnes. Mais l’antidote de l’égoïsme
c’est le service, c’est se tourner vers nos proches, à
l’intérieur du foyer et au-delà des murs de notre
maison. L’enfant qui grandit dans un foyer où vivent des
parents égoïstes et repliés sur eux-mêmes
développera vraisemblablement ces tendances dans sa vie. D’un
autre côté, l’enfant qui voit son père et
sa mère renoncer à leur confort personnel pour se
tourner vers les personnes dans la misère suivra
vraisemblablement le même modèle quand il deviendra
adulte.
Lisez avec les
enfants
La télévision
est peut-être le plus grand média jamais inventé
pour enseigner, instruire et même distraire. Mais il est
déplorable de voir dans les foyers s’étaler la
saleté, la pourriture, la violence, et la vulgarité sur
les écrans de télévision. C’est une triste
constatation sur notre société. Le fait que la
télévision soit allumée six ou sept heures par
jour dans la plupart des foyers américains fait ressortir une
situation d’une importance inquiétante. Une étude
présentée par l’American Psychological
Association a montré qu’un enfant normal qui commence à
l’âge de trois ans à regarder la télévision
vingt-sept heures par semaine aura vu huit mille meurtres et cent
mille actes de violence à l’âge de douze ans.
Il ne
fait aucun doute que la télévision et l’Internet
peuvent créer une dépendance. Je plains les drogués
de la télé, et je me fais du souci pour ceux qui ne
peuvent se passer de surfer sur l’Internet, lequel, tout comme
la télévision, présente beaucoup de bonnes
choses sur le plan éducatif, mais apporte sans discernement
énormément de maux à notre société.
Je suis
désolé de voir que des parents ne font pas la lecture à
leurs enfants. D’un autre côté, je suis désolé
que des enfants ne découvrent pas les merveilles qui se
cachent dans les bons livres. C’est vraiment stimulant de
pénétrer l’esprit des grands penseurs lorsqu’ils
s’expriment dans une langue raffinée et polie sur des
questions importantes et profondes ! J’ai lu un jour que
l’éducation de Thomas Jefferson s’appuyait sur les
citations magnifiques de la Bible du roi Jacques. Quelle merveilleuse
possibilité non seulement de marcher avec les grands hommes,
et même avec Jéhovah lui-même, mais aussi de lire
et de savourer la langue majestueuse des prophètes de l’ancien
temps traduite dans un bel anglais magnifique. On devrait encourager
les enfants à lire la grande littérature d’autrefois,
tout autant que ce qui nous est présenté par les grands
esprits de notre époque.
Un de
mes amis, docteur en philosophie dans une de nos grandes universités
m’a envoyé un livre qu’il apprécie
particulièrement. Il est intitulé There was Light (et
la lumière fut). Il raconte l’histoire de Jacques
Lusseyran, un garçon qui vivait à Paris et qui devint
aveugle à l’âge de huit ans. Lorsque l’obscurité
l’envahit, une nouvelle lumière apparut dans sa vie. Il
était adolescent lorsque les Allemands conquirent la France et
que les hordes de soldats entrèrent dans Paris. Une bande de
traîtres format le gouvernement de Vichy en dépit des
grandes traditions de
cette grande et fière nation. Cet aveugle, étudiant
brillant, organisa un groupe de résistants. Ses compagnons et
lui firent une opération clandestine, éditèrent
un petit journal qu’ils distribuèrent en le dupliquant.
Leurs efforts leur permirent de distribuer, à chaque édition,
plus de deux cent cinquante mille exemplaires de leur journal. Puis
ils furent trahis, arrêtés et envoyés à
Buchenwald. Il y vécut avec d’autres victimes dans la
saleté et le désespoir. Il ne voyait pas, mais une
lumière intérieure lui permit de surmonter les
circonstances tragiques qu’il endurait. Il survécut et
fut un dirigeant dans ce camp infâme. La petite publication
qu’il démarra devint le grand quotidien France-Soir.
J’ai lu ce livre et j’ai été inspiré
et renforcé par l’histoire de ce jeune homme
remarquable.
J’ai
visité la majestueuse Bibliothèque du Vatican à
Rome, et cela a été pour moi une expérience des
plus inspirantes de voir ces anciens textes enluminés, vieux
de centaines et de centaines d’années, préservés
pour le bien de l’humanité. De même, j’ai eu
l’occasion d’étudier au British Museum, dans la
magnifique bibliothèque de Grande-Bretagne, avec tous ses
immenses rayons chargés de centaine de milliers de livres.
Il émane
d’une grande bibliothèque une atmosphère proche
du sacré, car elle conserve la sagesse, la connaissance et les
pensées profondes d’hommes et de femmes de toutes les
époques, accumulées sous un même toit. J’aime
les livres. Un livre est quelque chose de merveilleux. On peut le
prendre. On peut en apprécier le volume. On peut le lire. On
peut le poser. On peut réfléchir à ce qu’on
y a lu. Il nous influence. On peut avoir accès aux grandes
pensées, aux grandes actions et aux grands évènements
décrits dans ses pages.
On a
demandé un jour à Emerson quel livre parmi tous ceux
qu’il avait lus avait le plus influencé sa vie. Il
répondit qu’il ne pouvait pas plus se souvenir des
livres qu’il avait lus que des repas qu’il avait pris,
cependant, il en était le produit. Nous sommes tous le
résultat des éléments auquel nous sommes
exposés.
Les
parents savent que leurs enfants liront. Ils liront des livres, des
magazines et des journaux. Cultivez en eux le goût de lire les
meilleurs livres. Quand ils sont jeunes, lisez-leur les merveilleuses
histoires devenues immortelles en raison des principes vertueux
qu’ils enseignent. Réservez un coin dans la maison,
aussi petit soit-il, où ils verront au moins le genre de
livres des grands esprits qui s’en sont nourris.
Priez
ensemble
Les parents
devraient apprendre à leurs enfants à prier dès
leur jeunesse. La prière est-elle une chose si difficile ?
Est-il si dur pour les parents de s’agenouiller avec leurs
petits-enfants et de se tourner vers le trône divin afin
d’exprimer sa reconnaissance pour les bénédictions,
de prier pour ceux qui sont dans la misère, en même
temps que pour ses propres besoins ?
La
prière est une chose puissante ! J’en témoigne.
C’est une perte tragique pour la famille qui refuse de
bénéficier de cette pratique précieuse et
simple.
Je crois qu’il
n’y a pas de meilleure habitude que de s’agenouiller
ensemble, matin et soir, en une prière familiale. Cette
pratique, plus que les beaux tapis ou les derniers rideaux à
la mode, sera bien plus efficace pour améliorer et embellir
les foyers.
Je ne
connais rien de plus efficace pour diminuer les tensions familiales,
pour amener doucement au respect des parents, et qui suscite
l’obéissance, pour inviter l’esprit de repentance
qui guérira les blessures des foyers brisés, que de
prier ensemble, confessant nos faiblesses ensemble devant le Seigneur
et invoquant ses bénédictions sur le foyer et sur ceux
qui y vivent.
Pouvons-nous
améliorer nos foyers ? Oui, en nous tournant, en tant que
familles, vers la source de la pure beauté. Pouvons-nous
renforcer notre société pour en faire un meilleur lieu
de vie ? Oui, en renforçant la vertu dans notre vie
familiale en s’agenouillant et en suppliant le Tout-Puissant au
nom de son Fils bien-aimé.
Je ne
connais rien de mieux pour cultiver le désir de faire ce qui
est juste que de demander humblement pardon à celui dont c’est
le droit de pardonner, et de lui demander la force de vivre en dépit
de nos faiblesses.
Je ne
connais rien de mieux pour développer l’esprit de
reconnaissance chez les enfants que tous les membres de la famille
s’agenouillent pour remercier le Tout-Puissant de ses
bénédictions. Ce genre de manifestation humble fera des
merveilles pour amener les enfants à reconnaître que
Dieu est la source des précieux dons que nous avons.
Le monde
dans lequel vivent nos enfants est complexe et difficile. Ils vont
inévitablement voguer sur des océans d’adversité.
Ils auront besoin de toute la force et de la foi que leurs parents
peuvent leur donner pendant qu’ils sont encore au foyer. Et ils
auront aussi besoin de la force supérieure qui vient du
Tout-Puissant. Ils doivent soulever le monde, mais ils auront besoin
de l’aide du Seigneur pour y arriver. Pendant leur jeunesse,
priez avec eux afin qu’ils se rendent compte de l’existence
de cette force qui sera toujours disponible à chaque fois
qu’ils en auront besoin.
L’origine
des problèmes de la société se trouve
pratiquement dans le foyer. Si on doit réformer, changer,
revenir aux anciens principes sacrés de la vertu, cela doit se
faire au foyer, par des parents incitant les enfants à
acquérir les vertus qui les renforceront pour qu’ils
deviennent de bons citoyens.
Ce foyer
peut être très modeste. Il peut être dans un
environnement défavorisé, mais avec un père et
une mère aimants il peut devenir un endroit merveilleusement
propice à l’éducation. Sam Levenson dit qu’il
a grandi dans un immeuble surpeuplé de New York où
l’environnement était déplorable. Sa mère
a élevé dans ce taudis huit enfants précieux. Il
dit : « les principes moraux du foyer devaient être
supérieurs à ceux de la rue. » Lorsqu’ils
ne se conduisaient pas bien sa mère avait l’habitude de
leur dire : « vous n’êtes pas dans la
rue, ici ; vous êtes chez nous. Ce n’est pas une
cave d’immeuble ou une salle de billard. Ici nous agissons
comme des êtres humains. »
On ne
crée pas et on ne maintient pas de bons foyers sans effort.
Cela exige de la discipline, pas tant de la part des enfants que de
soi-même. Ils exigent du respect pour les autres, un respect
qui vient naturellement lorsque nous acceptons la parole révélée
du Seigneur concernant le but de la vie, la nature sacrée de
l’unité familiale, et le fait que chaque membre de la
famille est un enfant de Dieu.
En
faisant des efforts, nous pouvons changer le cours que nous suivons
actuellement. Nous devons commencer par les parents. Nous devons
faire comprendre à chaque homme et chaque femme le but éternel
de la vie, les obligations du mariage et les responsabilités
de la paternité et de la maternité. Nous devons ensuite
enseigner notre jeunesse de toutes races, langues et cultures qu’il
existe une meilleure voie que celle que tant d’entre eux
suivent. Cela demandera de la patience, de la persuasion et les
conseils avisés
des pères et des mères. Il faudra aussi faire appel à
la direction spirituelle qui dépasse notre propre sagesse.
C’est
au sein de la famille que l’on enseigne le mieux les principes
de vérité, d’intégrité, que l’on
apprend à se discipliner et à s’aimer. C’est
au foyer que nous apprenons les valeurs et les principes directeurs
de notre vie. C’est au foyer que nous déciderons ce pour
quoi nous voulons nous battre.
ÉPILOGUE :
LA SOLITUDE DE LA DIRECTION MORALE
Le
dirigeant est seul pour défendre ses principes. Les hommes et
les femmes intègres doivent vivre à la hauteur de leurs
convictions. S’ils ne le font pas, ils sont malheureux.
Il y a
quelques années le Général Mark W. Clark a dit à
propos de l’art de diriger : « Toutes les
nations la recherchent constamment parce que c’est la clé
de la grandeur, et quelquefois de la survie… cette
insaisissable et électrique qualité qu’est l’art
de diriger. Où commence la délinquance juvénile ?
Dans les familles sans direction. Où les taudis se
développent-ils ? Dans les villes sans direction. Quelles
sont les armées qui sont vaincues ? Quels sont les partis
politiques qui échouent ? Celles et ceux qui sont mal
dirigés. Contrairement au vieux dicton qui affirme que l’on
ne devient pas dirigeant, mais que l’on naît dirigeant,
j’affirme que l’art de diriger peut être enseigné
et peut être maîtrisé. »
Ce dont
nous avons désespérément besoin aujourd’hui
sur tous les fronts, dans nos foyers et nos communautés, dans
les salles de classe et les pensionnats, et certainement dans la
société dans son ensemble, ce sont des dirigeants, des
hommes et des femmes disposés à se battre pour leurs
convictions. Nous avons besoin de gens honnêtes, prêts à
défendre la décence, la vérité,
l’intégrité, la moralité, la loi et
l’ordre ; à suivre leur conscience même
lorsque c’est impopulaire, surtout lorsque c’est
impopulaire.
Il
importe que les dirigeants apprennent à parler de façon
convaincante avec tact et sans agressivité. J’aime le
récit que Paul fait devant Agrippa de son expérience
sur le chemin de Damas. Le Seigneur l’a instruit lorsqu’il
était à terre : « mais lève-toi,
et tiens-toi sur tes pieds ; car je te suis apparu pour
t’établir ministre et témoin des choses que tu as
vues et de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai…
afin que tu leur ouvres les yeux, pour qu’ils passent des
ténèbres à la lumière. »
(Actes 26:16, 18)
Le
problème chez beaucoup d’entre nous c’est que nous
avons peur de défendre ce que nous croyons, de témoigner
de la vérité et de la justice. Nous voulons faire ce
qui est bien, mais la crainte nous en empêche. Alors nous
restons assis, et le monde passe sur nous, et la société
adopte de plus en plus d’attitudes et de façons de se
comporter que la plupart d’entre nous réprouvent.
J’étais
timide par nature. Quand je suis parti comme missionnaire pour mon
Église à l’âge de vingt-trois ans, mon père
m’a donné un seul conseil. C’est devenu, je crois,
la plus grande aide dans ma vie. Il m’a cité les paroles
du Seigneur au dirigeant de la synagogue à qui l’on
avait dit que la fille était décédée.
« Ne crains pas, crois seulement » (Marc 5:36).
Je recommande ces paroles merveilleuses à tous ceux qui sont
appelés à se battre pour leurs convictions, et à
le faire en conséquence et avec confiance.
Le 27
février 1860, Abraham Lincoln, candidat républicain à
la présidence, fit un discours très
important sur sa carrière politique. Il attaqua, entre autres,
la position pro esclavagiste de son adversaire, Stephen A. Douglas.
Il conclut sa présentation en encourageant fermement son parti
à défendre les principes qu’ils avaient adoptés :
« Ne nous laissons pas détourner de notre devoir
par de fausses accusations, et ne soyons pas effrayés par les
menaces de destruction du gouvernement ni du danger de la prison pour
nous-mêmes. Ayons la foi que le pouvoir procède de la
justice. En définitive, osons faire notre devoir tel que nous
le comprenons en nous appuyant sur cette foi ». La foi est
une vertu irremplaçable pour chacun d’entre nous,
surtout pour qui dirige, que ce soit une nation, une société,
ou une famille.
Le
dirigeant se trouve vraiment très seul. Il en est ainsi parce
que nous devons vivre avec nous-mêmes, même si cela
signifie abandonner des relations ou des objectifs. Nous devons vivre
en accord avec notre conscience. Nous devons vivre en accord avec nos
sentiments intimes. Nous devons nous battre pour les valeurs et les
croyances que nous avons adoptées et qui font partie de notre
personnalité.
Il en a
toujours été ainsi. Le prix à payer pour
diriger, c’est la solitude. Le prix pour être en accord
avec sa conscience, c’est la solitude. Le prix pour être
en accord avec ses principes, c’est la solitude. Je crois que
c’est inévitable. Le Sauveur du monde fut un homme
solitaire. Je ne connais pas de déclaration plus pathétique
qui souligne sa solitude que lorsqu’il dit : « Les
renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des
nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où
reposer sa tête. » (Mathieu 8:20)
Aucune
image dans l’histoire n’illustre mieux la solitude que
celle du Sauveur sur la croix, seul, le Rédempteur de
l’humanité, le Sauveur du monde, le Fils de Dieu
souffrant pour nos péchés à tous. Je reviens aux
paroles de Paul : « persécutés, mais
non abandonnés ; abattus, mais non perdus » (2
Corinthiens 4:9). Il n’est pas facile d’être
vertueux quand tous ceux qui nous environnent incitent à la
critique et méprisent la vertu.
Il n’est
pas facile d’être honnête quand tous ceux qui nous
environnent ne sont intéressés que par l’argent
facile, et sont prêts à faire des compromissions sur
presque tous les principes pour acquérir la célébrité,
le pouvoir, le prestige, la notoriété ou le profit. Il
n’est pas facile d’être tempérant lorsque la
société se moque de la sobriété. Il n’est
pas facile d’être industrieux dans une société
orientée vers le loisir où personne ne croit à
la valeur du travail.
Le
dirigeant est seul lorsqu’il s’agit de défendre
ses principes. Les hommes et les femmes intègres se doivent de
vivre à la hauteur de leurs convictions. S’ils ne le
font pas, ils sont malheureux, terriblement malheureux. Il peut y
avoir des épines, des déceptions, des soucis et de la
souffrance, des cœurs déchirés et un immense
chagrin, un sentiment de solitude sans espoir, il y aura cependant du
réconfort et de la force ainsi que cette « paix de
Dieu, qui surpasse toute intelligence » (Philippiens 4:7).
Jamais
dans l’histoire on n’a eu plus besoin de dirigeants avec
des principes pour montrer la voie. Jamais auparavant, au moins dans
notre génération, les forces du malin n’ont été
plus flagrantes ni plus terribles, ni plus agressives qu’à
notre époque. Des choses dont on n’aurait même pas
osé parler il y a encore peu, sont maintenant constamment
déversées dans nos salles de séjour. Toute
sensibilité a disparu alors que les journalistes et les
politiciens débattent sans détour de choses répugnantes
qui ne suscitent que la curiosité malsaine et la tendance à
mal faire.
Il est impossible
et cela manquerait de sagesse, d’ériger un mur entre le
comportement privé
et les responsabilités publiques, même si certains ne
reculent devant rien pour prétendre que c’est la seule
façon de se comporter en individus « éclairés ».
Ils ont tort. Ils se trompent. De par sa nature même, le
véritable art de diriger contient en lui-même la
nécessité de montrer l’exemple. Est-ce trop
demander aux représentants élus de prendre position et
de se présenter en modèle devant le peuple, non
seulement dans le cadre ordinaire de leur office, mais aussi dans
leur comportement personnel ? Si les responsables au plus haut
niveau ne fixent pas des règles qu’ils respecteront, il
faut s’attendre à voir le comportement de la base sapée
sérieusement et mise en danger. En vérité, dans
toute organisation où cela se passe, que ce soit la famille,
l’entreprise, la société ou la nation, les
valeurs que l’on néglige finissent par disparaître.
Nous
sommes partie prenante dans une bataille gigantesque. Une bataille
entre le bien et le mal, entre la vérité et l’erreur,
entre les desseins du Tout-Puissant, d’un côté, et
ceux de Lucifer, de l’autre. C’est pourquoi, nous avons
désespérément besoin d’hommes et de femmes
prêts à défendre, chacun dans sa sphère
d’influence, la vérité dans un monde de sophisme.
J’ai vécu assez longtemps pour savoir maintenant que la
plupart des campagnes politiques se ressemblent. J’ai entendu,
encore et toujours, les discours mielleux qui apportent la victoire
dans les urnes, mais ne semblent jamais être mis en
application. Nous avons besoin d’hommes et de femmes, de gens
qui défendent les principes, qui s’engagent dans le
processus politique. Sinon, nous abandonnons le pouvoir à ceux
dont les desseins sont presque toujours égoïstes.
Les
grands dirigeants doivent être prêts à défendre
la vertu et les principes moraux, dans un monde où la saleté,
l’immoralité, la pornographie, et leur lot de méfaits
se déversent sur nous tel un déluge. Ils doivent
défendre l’intégrité au travail, au foyer,
et en fait, partout où c’est nécessaire. Nous ne
pouvons nous permettre le luxe de nous retirer dans notre tour
d’ivoire pour nous occuper de nos seuls intérêts.
Nous avons besoin de voix fortes. Le poids de notre position doit
être suffisamment fort pour faire pencher le fléau de la
balance vers la vérité et le bien.
L’art
de diriger exige d’être loyal, envers nos associés,
envers ce que nous ont légué nos ancêtres, envers
notre nom honorable, évidemment envers notre famille, et
envers la foi à laquelle nous adhérons. Quelle
merveilleuse qualité que la loyauté ! À de
rares exceptions près, nous devons travailler ici-bas en
équipe. Personne ne viendra contredire le fait que, s’ils
veulent gagner, les joueurs sur le terrain de foot ou dans la salle
de basket-ball doivent tous travailler loyalement les uns avec les
autres. Il en est de même pour chacun d’entre nous dans
la vie. Nous travaillons en équipe et nous devons être
loyaux.
William Manchester,
alors un jeune marine, a participé à la terrible
bataille d’Okinawa. Il fut grièvement blessé,
mais retourna ultérieurement au combat dans le feu d’enfer
de Shuri Line, où des milliers de soldats périrent de
chaque côté. Des années plus tard, il retourna à
Okinawa et parcouru les crêtes qui portaient encore les traces
des combats. En méditant sur ces jours terribles, il écrivit :
« Les hommes, je le sais maintenant, ne combattent pas
pour le drapeau ou le pays, pour le Marine Corps ou la gloire ou
toute autre abstraction. Ils combattent pour chacun d’entre
eux. Un homme au combat qui fait défaut aux camarades qui vont
mourir pour lui, ou pour celui d’entre eux qui est prêt à
mourir n’est pas un homme. En vérité il est
damné. »
Chacun
d’entre nous représente le dernier chapitre d’une
longue lignée de générations. Au cours des
siècles passés, nous avons eu de nombreux ancêtres
qui ont fait des sacrifices terribles pour ce que nous avons
aujourd’hui. Ils nous ont laissé un nom honorable qui a
été sauvegardé pendant des générations.
Le nom que nous portons est un trésor précieux qui
doit être gardé sans tache, afin de le transmettre à
la génération suivante sans souillure et sans motif de
honte. Nous devons être loyaux vis-à-vis de ceux qui
nous ont précédés.
Nous ne
pouvons rester indifférents à la grande cause de la
vérité et du bien. Nous ne pouvons nous permettre de
rester sur la touche et regarder jouer les forces du bien et du mal.
Jean l’évangéliste a écrit : « Je
connais tes œuvres. Je sais que tu n’es ni froid ni
bouillant. Puisses-tu être froid ou bouillant ! Ainsi,
parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni
bouillant, je te vomirai de ma bouche. » (Apocalypse
3:15-16)
L’image que
nous présente Jean est frappante. Elle illustre notre devoir
capital de se tenir fermement, afin de devenir des dirigeants qui
doivent défendre ces causes qui permettent à notre
civilisation de briller. Nous pouvons tous être des dirigeants
dans notre sphère d’influence. L’adversaire de
toute vérité voudrait instiller en nous le refus de
faire des efforts; nous devons refuser cette peur et nous montrer
vaillants dans la cause de la vérité, de l’honnêteté,
et du bien.
Les
hommes et les femmes qui désirent contribuer de façon
significative à notre société verront de ce fait
leur capacité à agir se développer grâce à
plusieurs principes simples. Peter Drucker a un jour étudié
les dirigeants des plus grandes sociétés commerciales
des États-Unis. Après maintes analyses et études,
il en est arrivé à la conclusion que « la
capacité à encadrer a peu de rapport avec
l’intelligence, l’imagination ou le brio. » Il
a plutôt découvert que les dirigeants efficaces font
quatre choses :
• Ils
gèrent bien leur temps ;
• Ils
ont un œil fixé sur les nouveaux développements ;
• Ils
s’appuient sur la force de leurs collaborateurs ;
• Ils
étouffent les problèmes et ils saisissent les
occasions.
Un dirigeant
efficace gère bien son temps. Le temps est en fait tout ce que
nous avons, et tout un chacun en a une portion égale. Le truc
c’est de retirer un maximum du temps dont nous disposons. Les
hommes et les femmes qui savent comment gérer leur temps sont
à mi-parcours de la victoire.
Les
dirigeants doivent se tenir au courant. Ils doivent lire et étudier.
Ils doivent regarder vers l’avenir et ne pas vivre dans le
passé.
Les bons
dirigeants s’appuient sur la force de leurs collaborateurs.
Personne ne peut tout faire tout seul. Tous les cadres, tous les
dirigeants, tous les directeurs, tous les parents ont besoin d’avoir
autour d’eux un ensemble de collègues sur qui s’appuyer.
Cette synergie mène au succès. Si chaque membre de
l’organisation fait ce qu’il a à faire, il
participera au succès de tous.
Le
quatrième problème est en fin de compte le plus
étonnant encore que le moins compris. Un dirigeant avisé
étouffe les problèmes et saisit les occasions. Quel
concept merveilleux que celui-ci ! C’est tellement facile
de faire le contraire, de gonfler les problèmes et de laisser
échapper les occasions. Je passe une grande partie de mes
journées à me battre pour résoudre des
problèmes. J’ai l’impression que tous ceux qui
rentrent dans mon bureau ou qui m’écrivent ont un
problème.
Il y a peu, à
la fin d’une longue journée pénible au cours de
laquelle j’avais eu à faire face à plusieurs
problèmes litigieux, je me suis dit :
« Comment
peux-tu y arriver ? À t’occuper constamment de
problèmes de ce genre, tu vas y laisser la peau. »
Et puis j’ai pensé à ce qu’avait dit Peter
Drucker et je me suis dit :
« Traite
le problème du mieux que tu le peux. Prends tes décisions.
Tu peux avoir raison, ou tort. Espère avoir raison, car tu as
prié sincèrement sur ce problème et tu en as
discuté avec tes associés. Mais une fois que ces
décisions sont prises, classe-les et n’y pense plus.
Fais demi-tour, lève-toi, redresse la tête et regarde
devant toi les magnifiques opportunités qui s’offrent à
toi. »
Il est
pratiquement impossible pour un responsable de voir l’ensemble
de la situation, ou de réussir, s’il n’apprécie
pas le potentiel formidable des êtres humains et s’il ne
persiste pas à pointer vers l’excellence. La première
fois que j’ai lu le célèbre monologue d’Hamlet,
c’était il y près de soixante-dix ans dans une
classe d’anglais au collège : « Quel
chef d’œuvre que l’homme ! Qu’il est
noble dans sa raison ! Qu’il est infini dans ses
facultés ! Que son expression dans sa forme et son
mouvement est admirable ! Il est comme un ange lorsqu’il
agit ! Il est comme un dieu dans sa compréhension !
C’est la beauté du monde ! Le parangon des
animaux ! »
Il faut
admettre que ces paroles d’Hamlet étaient ironiques. Et
pourtant il y a tellement de vérité. Elles décrivent
le grand potentiel d’excellence qui se trouve chez l’homme
et chez la femme. Si Shakespeare n’avait rien écrit
d’autre, on se serait souvenu de lui pour ce monologue. On peut
faire le parallèle avec les paroles de David : « Quand
je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles
que tu as créés : Qu’est-ce que l’homme,
pour que tu te souviennes de lui Et le fils de l’homme, pour
que tu prennes garde à lui ? Tu l’as fait de peu
inférieur à Dieu, et tu l’as couronné de
gloire et de magnificence. » (Psaumes 8:4-6)
Les
magnifiques paroles prononcées par David décrivent la
merveille qu’est l’homme. Nous sommes plus que le fils ou
la fille de monsieur et madame Untel qui résident à tel
endroit. Nous faisons partie de la famille de Dieu, et sommes dotés
d’un potentiel fabuleux pour atteindre l’excellence.
La
distance qui sépare la médiocrité de
l’excellence peut être vraiment minime. On peut le voir
durant les Jeux Olympiques lorsque la différence se mesure en
centièmes de seconde. Un petit effort supplémentaire
peut faire une différence importante.
Nous
ferions tous bien de rechercher la voie supérieure de
l’excellence. Il y a peu, j’ai relu un vieux livre de
Lytton Strachey : « Life of Florence Nightingale »
(La vie de Florence Nightingale). En le relisant, j’ai ressenti
un regain d’admiration et de respect pour cette jeune noble
d’Angleterre qui a fait la différence.
Elle est
née dans la haute société, née pour les
fêtes et les bals, pour aller aux courses et rayonner en
société. Mais elle n’a rien connu de tout cela.
Même ses parents ne la comprenaient pas. Son désir
irrésistible la poussait à vouloir soulager la douleur
et la souffrance, à guérir, et à rendre moins
meurtriers les hôpitaux de l’époque. Elle ne s’est
jamais mariée. Elle s’est dévouée aux
soins et est devenue une experte selon la connaissance alors
disponible.
La
Grande-Bretagne s’est trouvée impliquée dans la
guerre de Crimée. Miss Nightingale avait des amis à la
tête du gouvernement et elle a insisté sans repos pour
les persuader qu’on la nomme responsable de l’hôpital
de Scutari, où arrivaient des milliers de victimes de guerre.
La situation qui l’attendait était des plus
désespérantes. Un vieux hangar servait
d’hôpital. Les conditions sanitaires étaient
terribles ; les matériels de cuisine étaient
horribles. Les blessés étaient entassés dans de
grandes pièces où régnaient des odeurs affreuses
et où l’on entendait les cris des gens qui souffraient.
Cette
frêle jeune femme se mit au travail avec ceux qu’elle
avait recrutés pour l’accompagner. Ils abattirent les
murs de la bureaucratie. Mr Strachey écrit : « Pour
ceux qui la voyaient travailler parmi les malades, circulant jour et
nuit de lit en lit, courageuse, stoïque, veillant
infatigablement, il semble que la force concentrée d’un
dévouement entier et sans égal pouvait à peine
suffire pour cette première partie de sa seule tâche.
Comme par magie Miss Nightingale était partout, dans cet
immense hôpital où la souffrance était à
son comble et le besoin d’aider encore plus grand. »
Les lits
qui abritaient les blessés s’étalaient sur six
kilomètres avec à peine de place pour passer entre eux.
Mais, après six mois, « … la confusion et la
tension dans les services avaient disparu ; l’ordre et la
propreté régnaient ; les fournitures étaient
de bonne qualité et arrivaient rapidement ; un travail de
nettoyage important avait été effectué. Une
seule comparaison des chiffres suffit à révéler
le changement extraordinaire : le taux de mortalité parmi
les cas traités était tombé de 42 % à 0,
22 %. »
Cette
dirigeante étonnante avait réalisé un miracle
absolu. Des milliers de vies ont été sauvées.
Des souffrances ont été atténuées. Le
réconfort, la chaleur et la lumière ont pénétré
dans la vie d’hommes qui seraient morts dans un endroit obscur
et terrifiant.
La
guerre prit fin. Florence Nightingale aurait pu revenir à
Londres comme une héroïne. La presse populaire avait
chanté ses louanges. Son nom était connu de tous. Mais
elle revint incognito pour échapper à l’adulation
qu’elle aurait reçue.
Elle
continua son travail pendant cinquante ans, passant des hôpitaux
militaires aux hôpitaux civils, jusqu’à sa mort à
un âge avancé. Il est probable qu’aucune autre
femme dans l’histoire du monde n’a plus fait pour
diminuer la misère de l’homme que « la dame à
la lampe ». Sa vie symbolisait l’excellence. Bien
que de temps en temps, elle fût seule, sa vie fut un modèle
de direction morale.
Ma femme
aime raconter l’histoire d’une de ses amies, qui devint
orpheline dans sa prime jeunesse. Elle avait à peine connu sa
mère. En grandissant, elle se posait des questions sur sa
mère : quel genre de fille, quel genre de femme
avait-elle été ? Un jour elle trouva un vieux
carnet de notes ayant appartenu à sa mère.
L’instituteur avait noté : « Cette élève
est excellente dans tous les domaines ». Lorsqu’elle
eut lu cela, son attitude changea complètement. Elle se rendit
compte que sa mère avait été une femme
d’excellence. Elle acquit la patine de l’excellence et
devint une femme remarquable. Elle épousa un homme accompli et
leurs enfants se sont distingués par leur excellence.
Je me
souviens d’un concert au Tabernacle de Salt Lake City. La
musique était dispensée par le Chœur du
Tabernacle, l’orchestre symphonique de l’Utah et les
King’s Singers. C’était vraiment l’excellence !
La première fois que j’ai entendu les King’s
Singers, j’ai été enchanté par leur
musique. Il s’agit de six Anglais qui chantent de tout, du
madrigal d’autrefois
à la pop musique moderne. Ils sont de diverses origines, mais
chacun d’eux est un chanteur accompli. On ne peut imaginer les
centaines d’heures qu’il a fallu pour chacun d’entre
eux à répéter et à pratiquer seul pendant
de nombreuses années, pour arriver à l’excellence
qu’ils affichent maintenant avec une apparente facilité.
Il n’est
rien de plus satisfaisant au monde que de bien accomplir sa tâche.
Il n’est pas de récompense plus agréable que
celle qui vient de la maîtrise d’un problème ou
d’un défi qui sort de l’ordinaire. Je souhaiterais
que chacun d’entre nous décide de faire mieux que ce
qu’il fait actuellement. Nous sommes toujours à la
recherche de l’excellence. Cette recherche doit être
continuelle et sans fin. Nous devons y dépenser notre énergie
avec détermination. En tant que nation et en tant que peuple,
nous n’atteindrons pas cette position d’excellence devant
le monde tant que nous n’aurons pas commencé à
rétablir et rebâtir une base forte sur laquelle
reposeront la morale, l’éthique, et la spiritualité.
Heureusement, ce noble et crucial objectif n’exige pas que nous
ayons du génie. Cela exige de la persévérance et
de l’engagement.
Un
verset dans l’Ecclésiaste nous rappelle que « la
course n’est point aux agiles ni la guerre aux vaillants ».
Ceux qui vainquent dans la vie sont en général ceux qui
ont enduré jusqu’à la fin. L’engagement
suscite une force formidable. Quelle force formidable dans la
simplicité de l’objectif, dans le fait de se donner
complètement à la réalisation d’un grand
et noble but. Quelles merveilleuses conséquences découlent
de notre engagement envers Dieu, de suivre ses enseignements, et de
respecter les principes de vertu qui nous renforcent moralement et
physiquement.
Le poète
Emerson a écrit :
La
grandeur est si proche de notre poussière,
Dieu est
si proche de l’homme,
Lorsque
le devoir murmure doucement :
‘Tu
dois’, La jeunesse répond : ‘Je peux’.
L’apôtre
Paul, prisonnier de Néron à Rome, a écrit :
« Car ce n’est pas un esprit de timidité que
Dieu nous a donné, mais un esprit de force, d’amour et
de sagesse. N’aie donc point honte du témoignage à
rendre à notre Seigneur. » (2 Timothée
1:7-8) Je recommande cet encouragement émouvant à tous
les gens qui ont des principes et sont vertueux. C’est l’esprit
qui transformera et réformera le monde.
Prenons
sur nous le nom du Seigneur, puis, avec foi, engageons-nous à
partager judicieusement les choses qui modifieront la vie de toute
l’humanité pour apporter la paix et la joie au monde. Le
monde a besoin d’une génération d’hommes et
de femmes instruits, influents et fidèles qui peuvent et
veulent se présenter sincèrement et sans équivoque
pour déclarer que Dieu vit et que Jésus est le Christ.
Nous
trouvons sans conteste notre plus bel exemple d’excellence dans
le Fils de Dieu. Il est le plus grand exemple d’excellence dans
le monde entier. Il a condescendu à venir sur terre dans les
circonstances les plus humbles. Il a grandi comme étant le
fils de Joseph le charpentier. Il a lutté avec l’adversaire
sur le mont des Oliviers.
Il est
venu resplendissant dans toute sa magnificence pour enseigner le
monde. Pendant son bref
ministère, il a apporté plus de vérité,
plus d’espérance, plus de miséricorde, plus
d’amour que nul autre ici-bas. Il est mort au Calvaire pour
chacun d’entre nous. Il fut le grand parangon de justice, le
seul homme parfait ici-bas. Il est celui sur lequel nous devons axer
notre vie, sur son exemple merveilleux dans notre quête
éternelle de l’excellence.
Aucun
d’entre nous n’arrivera à la perfection en un
jour, ni en un mois, ni en un an. Nous n’y arriverons pas dans
cette vie, mais nous pouvons commencer dès maintenant, en
commençant par nos faiblesses les plus évidentes pour
les transformer petit à petit en force tout au long de notre
vie. Cette quête peut durer longtemps ; en fait, elle
durera toute la vie. Elle sera émaillée de nombreuses
fautes, nous tomberons et nous nous relèverons. Cela exigera
beaucoup d’efforts. Mais nous ne devons pas nous déprécier.
Nous devons faire un petit effort supplémentaire. Nous devons
avoir la sagesse de nous agenouiller pour supplier notre Dieu. Il
nous aidera. Il nous bénira. Il nous réconfortera et
nous soutiendra. Il nous aidera à accomplir davantage que si
nous étions seuls, ou, à aller au-delà de ce que
nous pourrions arriver par nous-mêmes.
Au-delà
du désir de richesse et de succès matériel, nous
avons la formidable occasion de toucher, d’édifier et de
renforcer notre prochain, de soulager les souffrances, d’aider
à faire de cet endroit un monde meilleur, d’être
des lumières ; de même, notre potentiel est énorme
qui nous permet de nous distinguer et de défendre les vertus
qui renforceront les individus, les familles et la société
dans tous les aspects de la vie.
Aucune
nation n’est plus forte que les foyers qui la compose ou que
les vertus de son peuple. Il est temps que les gens honnêtes de
toutes parts montrent qu’ils sont prêts à se
battre pour les principes de vertu, de pureté et de valeurs.
C’est pourquoi, puissions-nous avancer avec foi vers le
Tout-Puissant, en vivant vertueusement et avec détermination
afin de rétablir notre société sur les bases
correctes sur lesquelles elle a été fondée.