Une chose étrange
dans le pays :
Le retour du livre d’Énoch
Hugh W. Nibley
Note de la rédaction :
D'octobre 1975 à août 1977, l’Ensign, magazine
de l'Église, a
publié, sur le livre d’Énoch, une série
d’articles de Hugh W. Nibley, professeur émérite d’Écritures anciennes
à l’université Brigham Young. Les premiers auteurs chrétiens
connaissaient et respectaient le livre d’Énoch. Mais les
érudits bibliques le négligèrent et le
méprisèrent une fois l’engouement de la Réforme
passé. Cependant, James Bruce, qui explora les sources du Nil
en 1773, en rapporta trois exemplaires du texte éthiopien.
L'auteur examine
les quatre versions du livre d’Énoch. La comparaison intéressante et
pénétrante du livre d’Énoch de Joseph
Smith avec les quatre manuscrits, variantes de cet ouvrage
antique, nous fournit une preuve de plus de l’inspiration du
Prophète et de l’ampleur de sa vision dans la grande
œuvre du Rétablissement.
Première partie
(Ensign, octobre 1975)
Certaines visions que reçut Moïse
furent aussi révélées au Prophète Joseph
Smith en juin 1830 [1]. En décembre de cette même année
furent également révélés « les
écrits de Moïse », qui constituent les
chapitres 2 à 8 actuels du livre de Moïse (voir les
chapeaux de chapitre). Leur contenu est censé être la
traduction d’un livre véritable écrit à
l’origine par Moïse : « Et maintenant,
Moïse, mon fils, je vais te parler de cette terre sur laquelle
tu te tiens, et tu écriras les choses que je vais te dire. Et
le jour où les enfants des hommes mépriseront mes
paroles et en retireront beaucoup du livre que tu vas écrire,
voici, j’en susciterai un autre semblable à toi. Et
elles seront de nouveau parmi les enfants des hommes – parmi
tous ceux qui croient » (Moïse 1:40-41).
Dans ses écrits, Moïse
rappelle les révélations et transmet les livres de
prophètes plus anciens, selon ce texte qui comprend aussi ce
que le prophète Joseph a intitulé « Extraits
de la prophétie d’Énoch ». B. H.
Roberts explique à ce propos : « Il doit être
bien entendu… que la ‘prophétie d’Énoch’
se trouve dans ‘les écrits de Moïse’, et que
dans le texte ci-dessus [Moïse, chap. 7], nous n’avons
qu’un petit nombre d’extraits des parties les plus
importantes de la ‘prophétie d’Énoch’
[2]. »
Ce qui fut donné à l’Église
en 1830 n’était donc pas la totalité du livre
d’Énoch, mais seulement « quelques
extraits », un simple abrégé, mais composé,
comme nous allons le voir, avec une merveilleuse habileté ;
cinq ans plus tard, les saints attendaient encore de recevoir un
texte plus complet : « Toutes
ces choses furent écrites dans le livre d'Hénoc, et il
en sera témoigné en temps voulu. »
Les sections d’Énoch dans le livre de Moïse furent
publiées en 1851 en Angleterre sous le titre « Extraits
de la prophétie d’Énoch, contenant aussi une
révélation de l’Évangile depuis notre père
Adam, après qu’il fut chassé du jardin d’Éden »
[3].
La
révélation d’Adam remontait, elle aussi, à
une source écrite, parce que le texte fait dire à
Énoch, parlant de ses ancêtres, que bien qu’ils
soient morts, « néanmoins,
nous les connaissons et nous ne pouvons le nier, et nous connaissons
même le premier de tous, Adam. Car nous avons écrit un
livre de souvenir parmi nous, selon le modèle que le doigt de
Dieu nous a donné »
(Moïse 6:45-46). Nous apprenons qu’Énoch détenait
le livre d’Adam et le lut au peuple et le transmit, avec ses
propres écrits, dans le corpus que Moïse retravailla plus
tard et que Joseph Smith finalement traduisit : « Peu
après que les paroles d’Énoch eurent été
données, le Seigneur donna le commandement suivant [décembre
1830] : « Voici, je vous
dis qu'il ne m'est pas opportun que vous en traduisiez davantage
avant d'aller en Ohio »
D&A 37:1 [4].
Les extraits des travaux et des
jours d’Énoch qui se trouvent dans la Perle de
Grand Prix nous fournissent le contrôle le plus appréciable
que nous ayons à ce jour de la bonne foi du Prophète.
Ce qui complique les choses depuis le début dans l’étude
du Livre de Mormon et du livre d’Abraham en tant que
traductions, c’est la question des documents originaux. Les
critiques ont consacré presque tout leur temps et toute leur
énergie à de vaines tentatives de montrer que Joseph
Smith n’avait pas traduit correctement certains manuscrits
antiques ou que ces manuscrits n’existaient pas. C’était
pour brouiller les pistes puisque personne n’a encore jamais
été capable de prouver que Joseph Smith prétendait
traduire un texte déterminé connu De plus, les experts
ont étrangement et obstinément refusé de tenir
compte de centaines de passages de l’Ancien et du Nouveau
Testament que Joseph Smith a traduits d’une façon qui
n’est pas en accord avec les traductions des érudits.
Pourquoi ne pas le démasquer là-dessus ? Parce que
pareille démonstration finit par ne rien prouver contre le
Prophète : les manuscrits et les traductions de la Bible
différent tellement et l’on soulève aujourd’hui
tant de problèmes déconcertants sur la nature du texte
original qu’il est impossible de prouver que l’une
quelconque de ses interprétations est complètement hors
de question. Comme toujours dans ces cas-là, la discussion en
revient aux manuscrits originaux.
Mais en ce qui concerne le livre d’Énoch,
la question d’un manuscrit original ne se pose jamais. Bien que
les chapitres 1 à 8 du livre de Moïse soient intitulés
« Écrits de Moïse », le prophète
n’indique nulle part qu’il ait jamais eu le manuscrit
entre les mains. Dix-huit mois auparavant, il avait écrit une
révélation concernant Jean l’apôtre :
« La révélation est la traduction des écrits
faits sur parchemin par Jean et cachés par lui-même. »
(Voir en-tête de D&A 7) [5].
Depuis la découverte des
manuscrits de la mer Morte, nous savons qu’il était de
pratique courante chez les saints de l’antiquité
d’écrire des révélations sur du parchemin
et de les cacher dans des grottes, ce qui confirme ce passage
remarquable de la révélation moderne. Mais il y a
quelque chose de plus significatif encore, et c’est l’idée
que, bien que Joseph Smith ait vu et « traduit »
le document en question, il ne l’a jamais eu entre les mains,
en fait, il a peut-être cessé d’exister depuis
longtemps. Tout cela, le document et la traduction, fut donné
à Joseph Smith, le prophète, et à Oliver
Cowdery », par révélation, lorsqu’ils
demandèrent, par l’intermédiaire de l’urim
et du thummim… (voir en-tête de D&A 7).
Ainsi en a-t-il été du
livre d’Énoch, que Joseph Smith nous a transmis tel
qu’il lui a été donné. Bien que son
travail ait été beaucoup plus exigeant et ait
probablement nécessité beaucoup plus de concentration
et d’efforts mentaux que nous puissions imaginer, il n’a
pas été obligé de chercher un manuscrit perdu ni
de travailler à une traduction.
Aussi sommes-nous obligés de nous
rabattre sur le seul et unique test valable d’authenticité
d’un écrit ancien, qui ne dépend pas du support
utilisé, ni de la langue dans laquelle il a été
écrit, ni de la méthode de traduction employée,
mais pose simplement la question : « Comment se
situe-t-il par rapport à d’autres documents reconnus
comme authentiques ? » C’est ce que les
critiques du Livre de Mormon et du livre d’Abraham n’ont
jamais été disposés à affronter ;
avec le livre d’Énoch, ils n’ont pas d’autre
solution ; et c’est pourquoi, pendant toutes ces années,
ils ont tout simplement ignoré le livre d’Énoch.
Et pourtant, il n’y a jamais eu d’objet plus
délicieusement vulnérable et contrôlable que lui.
Il offre ce qui ressemble le plus
à un test parfaitement infaillible – clair et net et
décisif – des prétentions de Joseph Smith à
l’inspiration.
Le problème est parfaitement
simple et clair : Il y a effectivement eu un ancien livre
d’Énoch, mais il a été perdu et il n’a
pas été découvert avant notre époque où
l’on peut le reconstituer valablement à partir de
quelques centaines de manuscrits réalisés dans une
douzaine de langues différentes. Que donne la comparaison de
cet Énoch reconstitué avec la version hautement
condensée, mais étonnamment précise et détaillée
de Joseph Smith ? C’est la question à laquelle nous
devons nous atteler. Nous n’avons pas les plaques d’or ni
le texte original du livre d’Abraham, mais il y a une chose que
nous avons enfin, dans des documents nouvellement découverts,
un livre qui est, cela ne fait pas un pli, LE livre d’Énoch.
Il nous suffit donc de placer la version de Joseph Smith du livre
d’Énoch – Moïse 6:25 à Moïse 8:3
– côte à côte avec les textes d’Énoch
qui ont paru depuis 1830 pour voir ce qu’ils ont en commun et
juger de leur importance.
Pour ceux qui recherchent la direction
divine dans ces temps troublés, le livre d’Énoch
revêt un intérêt particulier, pas simplement en
vertu de son message pertinent et puissant, mais aussi à cause
des circonstances dans lesquelles il a été reçu.
Comme le remarque la History of
the Church : « Il
peut être bon d’observer ici que le Seigneur a fortement
encouragé et fortifié la foi de son petit troupeau, qui
avait embrassé la plénitude de son Évangile
éternel tel qu’il leur avait été révélé
dans le Livre de Mormon, en donnant, concernant les Écritures,
de plus amples informations dont la traduction avait déjà
commencé. Il y avait souvent, parmi les saints, de nombreuses
conjectures et de fréquentes conversations au sujet de livres
mentionnés en divers endroits de l’Ancien et du Nouveau
Testament qu’on ne trouvait plus nulle part. La réflexion
courante était : ‘Ce sont des livres perdus’,
mais il semble que l’Église apostolique ait possédé
certains de ces écrits, car Jude mentionne ou cite la
prophétie d’Énoch, le septième depuis
Adam. À la grande joie du petit troupeau, qui comptait en
tout… environ soixante-dix personnes, le Seigneur a révélé
les événements suivants des temps anciens, tirés
de la prophétie d’Énoch » [6].
Le livre d’Énoch fut donné
aux saints comme récompense pour avoir été
disposés à accepter le Livre de Mormon et pour leur
intérêt vif et soutenu pour toutes les écritures,
y compris les livres perdus : c’étaient des
chercheurs qui se livraient à des théories
enthousiastes, cherchant sans cesse, comme Adam et Abraham, à
obtenir « une plus grande connaissance »
(Abraham 1:2). Et nous avons appris que si nous cessons de chercher,
non seulement nous ne trouverons pas davantage mais nous perdrons les
trésors que nous avons déjà. C’est
pourquoi, il est non seulement judicieux mais urgent que nous
commencions enfin à prêter attention au déversement
étonnant d’écrits anciens, qui est une
bénédiction propre à notre génération.
Et de tous ces écrits le premier et le plus important est le
livre d’Énoch.
Le
livre perdu d’Énoch
Les premiers auteurs chrétiens
savaient tout sur le livre d’Énoch : en effet,
« presque tous les auteurs du Nouveau Testament le
connaissaient bien et étaient plus ou moins influencés
par lui dans leurs idées et dans la formulation »,
selon R. H. Charles, qui note : « Il est cité
comme étant un ouvrage véritable d’Énoch
par saint Jude et comme écriture par saint Barnabé…
Auprès des premiers Pères et Apologistes, il avait tout
le poids d’un ouvrage canonique
[7]. » Son influence est visible dans pas moins de 128
endroits dans le Nouveau Testament [8] et R. H. Charles peut déclarer
que « l’influence de I Énoch sur le Nouveau
Testament a été plus grande que celle de tous les
autres ouvrages apocryphes ou pseudépigraphiques réunis
[9]. » Il cite en outre une trentaine de passages dans les
premiers ouvrages juifs et chrétiens orthodoxes dans lesquels
le livre d’Énoch est mentionné explicitement
[10], plus de nombreuses citations du livre que l’on trouve
dans les ouvrages apocalyptiques juifs importants que sont les
Jubilés, le Testament des douze Patriarches, l’Assomption
de Moïse, 2 Baruch et 4 Esdras et des citations d’Énoch
trouvées chez plus de trente auteurs patristiques chrétiens
[11].
Nous pourrions y ajouter l’abondante
tradition d’Énoch contenue dans le Zohar, un ouvrage
dont le prestige et la respectabilité se sont considérablement
accrus ces dernières années et le fait intéressant
que la Pistis Sophia, ce chaînon important entre les sectaires
de la chrétienté égyptienne, mésopotamienne
et palestinienne et le judaïsme, affirme contenir d’importants
écrits tirés du « livre de II Jeu qu’Énoch
a écrit [12]. » « Ils devraient trouver
les mystères qui sont dans le livre de Jeu que j’ai
fait écrire par Énoch au Paradis… [que j’ai
révélé dans l’arbre de la connaissance et
l’arbre de vie] et je lui ai commandé de les placer dans
le rocher d’Ararad [13]. »
« Peu de temps avant l’ère
chrétienne, Énoch devint le héros de tout un
cycle de légendes », qui connut une immense
popularité [14]. Les chrétiens héritèrent
des Juifs, et leur enthousiasme pour le livre d’Énoch,
et le livre lui-même, qui était « le plus
important des pseudépigraphes des deux premiers siècles
av. J.-C. » [15]. Les écrits hassidiques de
l’époque aussi bien que les écrits cabalistiques
ultérieurs montrent leur dépendance vis-à-vis
d’Énoch [16], mais il est important de noter que le
livre d’Énoch n’est pas populaire chez les
gnostiques et les philosophes : il est cité presque
exclusivement par les auteurs les plus respectés et les plus
orthodoxes tant chez les Juifs que chez les chrétiens. Ainsi,
de grandes parties du livre perdu d’Énoch furent inclus
dans « Pirke de-Rabbi Eliezer et dans les Hekhalot »,
deux ouvrages hautement respectés [17]. Récemment,
quelques-uns des fragments les plus anciens et les plus importants
d’Énoch ont été découverts parmi
les manuscrits de la mer Morte et il y en a de bien plus importants
qui sont encore retenus par leurs éditeurs chrétiens
mal à l’aise ! [18] Il y a plus de cent ans, quand
il commença ses recherches zélées pour retrouver
les traces survivantes d’un livre d’Énoch hébreu,
A. Jellinek déclara que la littérature sur Énoch
était l’œuvre des Esséniens [19]. Et c’est
là que se situe l’indice principal qui explique sa
disparition.
Comment était-il possible qu’un
livre ayant exercé une si longue influence, une telle autorité
et joui d’une telle vénération se soit perdu ?
C’est très simple : il allait à l’encontre
des idées qu’entretenaient les docteurs, aussi bien des
Juifs que des chrétiens, après que ces dignitaires
furent tombés sous l’influence de l’université
d’Alexandrie dont les descendants modernes se sont remis à
lui imposer leur censure après sa découverte et ont
continué à le condamner jusqu’à
maintenant.
« Mais notre livre contenait
beaucoup de choses dont la nature était contestable, écrit
R. H. Charles avec un soupir, et depuis le quatrième siècle
de notre ère, il est tombé dans le discrédit et,
sous l’interdit d’autorités aussi grandes que
Hilaire, Jérôme et Augustin, il disparut peu à
peu de la circulation et le christianisme occidental finit par en
ignorer l’existence [20]. » Énoch « tomba
rapidement dans l’oubli », reconnaît C. C.
Torrey, parce qu’il ne présentait pas un très
grand attrait pour les chrétiens et parce qu’il était
« trop gros » à copier et à
manipuler [21]. Cette explication est aussi faible que celle de saint
Augustin qui, tout en admettant
que « nous ne pouvons nier qu’Énoch…
ait écrit des choses inspirées [divines], puisque
l’épître canonique de Jude le dit »,
refuse de l’accepter uniquement parce que les docteurs juifs le
rejettent - un argument qui n’avait absolument aucun poids aux
yeux des premiers chrétiens [22] ».
« Contestable »
pour qui ? Pour quels chrétiens Énoch ne
possédait-il pas « un très grand attrait » ?
La réponse est parfaitement claire : c’étaient
les savants rabbins et docteurs du quatrième siècle qui
étaient offensés par lui.
Dans sa récente étude sur
le judaïsme hellénistique, H. F. Weiss en vient au fait :
C’est en tant qu’écrits inspirés ou révélés
que de grands ouvrages apocalyptiques tels qu’Énoch, IV
Esdras et Baruch, « ont été systématiquement
étouffés et supprimés par le judaïsme
rabbinique-pharisaïque ‘officiel’, ostensiblement à
cause de leur contenu apocalyptique » [23]. Ils ne sont
pas simplement tombés dans l’oubli, ils ont été
délibérément et systématiquement
détruits.
Ainsi donc, jusque tout récemment,
les quelques fragments rescapés d’Énoch viennent
de copistes chrétiens et plus un seul texte juif des Douze
Patriarches, qui s’inspire fortement d’Énoch, ne
survit. De plus, on n’a jamais trouvé la moindre
représentation d’Énoch que ce soit dans l’art
juif ou dans l’art chrétien ancien. Le problème
était, dit R. H. Charles, que dans Énoch, « le
côté apocalyptique ou prophétique du Judaïsme »
s’affrontait à la doctrine rabbinique ou halachique,
c'est-à-dire, au « Judaïsme qui se présentait
comme le seul et unique Judaïsme orthodoxe….après
70 apr. J.-C. », qui le damnait à jamais comme
étant une création essénienne [25].
C’est la même histoire avec
les chrétiens. Ce sont « des autorités
telles que Hilaire, Jérôme et Augustin » qui
bannirent le livre d’Énoch. C’étaient tous
des hommes sortis des grandes écoles, imprégnés
de l’éducation rhétorique et sophiste de
l’époque, admettant très volontiers que les
chrétiens des époques précédentes
entretenaient des idées et des croyances très
différentes des leurs [26]. Ils savaient aussi que les
premiers chrétiens chérissaient le livre d’Énoch
qui était pour eux un livre canonique, mais cela, ils n’en
voulaient pas. La transition est représentée par le
grand Origène, un autre produit de l’école
d’Alexandrie, qui vécut un siècle avant eux :
il cite Énoch, mais avec quelques réserves, trouvant
qu’il ne pouvait être d’accord avec les
enseignements de ce livre quelque eût été la
vénération que les premiers chrétiens lui
vouaient [27].
À l’heure actuelle, la
découverte sensationnelle de nouveaux manuscrits oblige les
docteurs juifs et chrétiens à traiter Énoch avec
un respect nouveau. Témoins deux extraits d’encyclopédies
catholiques, d’hier et d’aujourd’hui. En 1910,
l’Encyclopédie catholique balayait l’idée
que l’épître de Jude témoigne de
l’existence dans les temps anciens du livre d’Énoch :
« Certains auteurs ont supposé que St Jude citait
ces mots du prétendu livre apocryphe d’Énoch
mais, puisqu’ils ne s’intègrent pas dans son
contexte (éthiopien), il est plus raisonnable de supposer
qu’ils ont été interpolés dans le livre
apocryphe à partir du texte de St Jude. L’Apôtre a
dû emprunter ces mots à la tradition juive [28]. »
Mais dans la Nouvelle Encyclopédie catholique de 1967, c’est
autre chose. Non seulement Jude cite bel et bien un livre d’Énoch,
mais « le passage entier de Jude 1:4-15 révèle
sa dépendance vis-à-vis de l’Énoch
éthiopien [29] ». Quand un récent article de
l’éminente revue Scientific American cherche à
démontrer comment toutes nos idées concernant les
religions juive et chrétienne anciennes ont été
radicalement augmentées et modifiées ces quelques
dernières années, son témoin principal est le
livre d’Énoch nouvellement découvert [30]. Le
dernier reste encore existant des
paroles d’Énoch provenant du monde antique est un
passage cité par l’auteur byzantin George Syncellus,
vers 800 apr. J.-C. Ceci n’était cependant qu’un
simple extrait de moins d’une page ; les écrits
eux-mêmes avaient entre-temps disparu depuis longtemps [31].
Car, « à partir du IVe siècle, l’Église
latine cessa de s’intéresser » à
Énoch, tandis que « l’on ne trouve plus que
quelques traces, qui ont encore brièvement existé, dans
l’Église grecque [32]. » Tout ce que le Moyen
Age possédait comme seul reste du livre d’Énoch
était un misérable proverbe arabe qui disait :
« La piété attire facilement l’argent »,
proverbe qui ne venait pas du tout d’Énoch [33].
Les bruits courent
Dès l’aube de la Réforme,
le bruit commença à courir qu’il existait bel et
bien un livre d’Énoch. Vers le moment où
Christophe Colomb mettait à la voile, Johann Reuchlin fut
enthousiasmé par la nouvelle que le célèbre Pic
de la Mirandole (†
1494) « avait acheté un exemplaire du livre d’Énoch
pour une très forte somme d’argent » [34]. Il
est fort possible que le bruit ait été authentique,
selon Nathaniel Schmidt, qui note que « il est
possible…que la collection de Pic ait contenu une copie de
l’Énoch hébraïque… Il a pu y avoir
aussi une copie de l’Énoch éthiopien [35] ».
Les rumeurs furent à l’origine des faux habituels et, en
1494, Reuchlin écrivit contre ceux qui publiaient des livres
avec des titres alléchants, prétendant que c’étaient
les livres d’Énoch, dont l’ancienneté
prouvait qu’ils étaient plus saints que les autres
livres, proclamant faussement que certains avaient appartenu à
Salomon, trompant ainsi facilement les oreilles des ignorants. Il
avait entendu, affirmait-il, qu’un de ces livres était
en vente, qu’il supposait être une contrefaçon
tardive basée sur Josèphe [36]. Ceci ne voulait pas
dire que Reuchlin cessa de rechercher le vrai livre d’Énoch.
En 1517, il écrivit que « les livres d’Énoch
et d’Abraham, notre père, ont été cités
par des hommes dignes de confiance, et d’innombrables auteurs
anciens, dont les écrits sont actuellement perdus, confirment
la probabilité que leurs ouvrages ont été perdus
de la même façon, et cependant nous ne doutons pas qu’un
grand nombre d’entre eux ont survécu [37]. »
Avec la « redécouverte »
générale de la Bible lors de la Réforme, « le
livre d’Énoch suscita fortement l’attention et
éveilla une grande curiosité [38] », comme
ce fut le ca s parmi ceux à qui le Livre de Mormon parvint à
une époque de lumières ultérieure. Mais, comme
on sait, les grands réformateurs, dans leur zèle sans
bornes pour la Bible, condamnèrent les « misérables
apocryphes », qui avaient la présomption de vouloir
être classés avec elle [39]. Jean Calvin considérait
qu’Énoch n’était ni plus, ni moins, qu’un
mortel ordinaire dont l’enlèvement au ciel n’était
rien de plus qu’une « sorte de mort extraordinaire »
et il prétendait, avec les docteurs juifs, que le passage
disant que « Énoch marchait avec Dieu »
voulait tout simplement dire qu’il recevait l’inspiration
[40]. En 1553, l’humaniste Guillaume Postel, renommé à
la Cour de France pour sa connaissance sur le terrain du
Proche-Orient, annonçait : « J’ai
entendu dire qu’il y a des raisons de croire qu’il y
a des livres d’Énoch à Rome et un prêtre
éthiopien m’a dit que ce livre est considéré
comme canonique et qu’il est attribué à Moïse
dans l’Église de la reine de Saba [l’Église
abyssinienne] [41]. » Le fameux Codex Alexandrinus, qui
fut présenté en 1633 au roi Charles 1er d’Angleterre,
fut accompagné d’Égypte jusqu’à
Constantinople par Gilles de Loches, un moine capucin, qui vivait en
Égypte. Ce moine parla à Peiresc, le célèbre
érudit et collectionneur de manuscrits de
Pise, d’un monastère possédant huit mille
volumes, parmi lesquels il avait vu un livre d’Énoch
[42]. Comme le raconta l’orientaliste allemand Ludolf une
génération plus tard : « Gassendi, dans
sa Vie de Peiresc, parle, entre autres choses, d’un capucin,
Aegidius Lochiensis, qui avait passé sept ans en Égypte :
Il dit qu’il mentionne parmi d’autres choses un Mazhapha
Einok, ou prophétie d’Énoch, déclarant ce
qui allait arriver jusqu’à la fin du monde, un livre
jamais vu jusqu’ici en Europe, mais écrit dans les
caractères et la langue des Éthiopiens ou Abyssiniens
parmi lesquels il était conservé. Là-dessus,
Peiresc, rempli d’enthousiasme et brûlant du désir
de l’acheter à n’importe quel prix, déploya
tous ses efforts pour se l’approprier [43]. » On
sait maintenant que c’était l’authentique Énoch
éthiopien, mais Schmidt commente que la réaction des
savants de l’époque fut de supposer que Peiresc s’était
fait rouler [44].
Le dernier extrait authentique du livre
d’Énoch à avoir été écrit
fut le premier à être découvert huit cents ans
plus tard. Ce fut ce prince des savants, Joseph Justus Scaliger, qui,
vers 1592, reconnut le passage mentionné ci-dessus quand il
fut cité par l’historien byzantin Syncellus comme étant
un extrait authentique du livre perdu d’Énoch. Pourtant
Scaliger « parlait du livre en termes peu flatteurs…
tout en reconnaissant que Jude le citait [45] ». L’affaire
en resta donc là avec un Énoch discrédité
et balayé par l’homme même qui l’avait
découvert.
Vers la fin du XVIIe siècle, le
monde savant perdit son imagination et son enthousiasme d’antan,
grâce au scepticisme contagieux d’experts bien décidés
à se prouver les uns aux autres leur solide conservatisme. Le
manuscrit d’Énoch de Peiresc aboutit à la
bibliothèque Mazarine de Paris où l’érudit
prussien Job Ludolf se rendit en 1683 avec une publicité
considérable pour le mettre à l’épreuve.
Schmidt écrit que Ludolf eut tôt fait de conclure que ce
n’était pas du tout le livre d’Énoch :
« On voit directement au titre que ce n’est pas
Énoch : ‘Révélations d’Énoch
en éthiopien’ [46]. » Quant au contenu du
livre, il était tout simplement écœurant :
« À dire vrai, il contient des fables puantes
[putidas] si grossières et si viles que la lecture m’en
était insupportable…. Que le lecteur juge alors à
quel point ces ‘révélations’ d’Énoch
sont belles à quel point elles sont dignes de leur splendide
reliure et de leur somptueuse édition ! Nous
préférerions garder le silence vis-à-vis de ce
livre, le plus idiot de tous, s’il n’y avait le fait que
tant d’hommes illustres en ont fait mention [47]. »
Ludolf l’examina à la Bibliothèque Mazarine et le
déclara totalement mauvais. Mais alors, Schmidt résume
la chose : « Ludolf, qui ne croyait pas qu’il y
eût jamais eu de livre d’Énoch peut être
pardonné… [48]. » Vraiment ? C’était
justement cela, son problème : il ne croyait pas que
pareil livre eût jamais existé, exactement comme les
égyptologues à qui l’on a demandé de juger
le livre d’Abraham ont abordé leur tâche avec la
ferme conviction qu’il n’y avait jamais eu de livre de ce
genre. Pour lui, comme pour eux, il n’y avait qu’une
seule conclusion possible.
Mais le monde chrétien reçut
avec gratitude le verdict final des savants (exactement comme plus
tard en 1912!) et par conséquent l’étude d’Énoch
fut abandonnée pendant 90 ans jusqu’à ce que la
découverte de nouveaux manuscrits mette fin au blocage
intellectuel. Jusqu’à la déclaration de Ludolf,
la recherche d’Énoch avait été « un
sujet très productif en critiques et en discussions
théologiques » ; mais une fois que Berlin eut
parlé, « l’idée qu’un livre
d’Énoch existait en Éthiopie fut complètement
abandonnée et on n’y pensa plus [49] ». Comme
le faisait encore remarquer avec soulagement un savant en 1870 :
« Quand Job Ludolf alla plus tard à Paris, à
la Bibliothèque Royale, il constata que c’était
une œuvre fantaisiste et stupide. Suite à cette
déception, l’idée de le découvrir en
éthiopien fut abandonnée
[50]. » À la suite de l’apport faisant
autorité de Ludolf, « tout espoir d’obtenir
le livre fut abandonné partout en Europe… De l’avis
général, il fallait le ranger parmi les livres
irrévocablement perdus [51] ». Même encore de
nos jours, alors qu’ils devraient être mieux informés
que cela, « les éditeurs et les commentateurs
modernes », suivant N. Schmidt, continuent à
« répéter avec approbation les réflexions
dédaigneuses de Ludolf [52]. »
Ainsi donc, suivant le sentier battu de
la science autoproclamée, les experts auraient continué
à se citer automatiquement les uns les autres pendant des
générations, le livre d’Énoch
soigneusement mis de côté comme étant un mythe,
si le célèbre explorateur James Bruce n’avait pas
rapporté chez lui de son voyage historique aux sources du Nil
Blanc et du Nil Bleu en 1773, trois exemplaires de cette même
version éthiopienne.
Notes
1.
Livre de Moïse, en-tête du chapitre 1.
2.
History of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints 1:132–33.
3.
Liverpool, F. D. Richards, 1851, p. 1.
4.
History of the Church 1:139.
5.
Id., 1:35–36.
6.
Id., 1:131–33.
7.
R. H. Charles, The Book of Enoch, Londres, Oxford University Press,
1913, p. ix, n. 1. Comparez
avec ses Apocrypha and Pseudepigrapha of the Old Testament (Oxford,
1912, reprint 1964), 2:163, où il affirme que « certains
de ses auteurs… appartenaient à la vraie succession des
prophètes… manifestant à l’occasion
l’inspiration des prophètes de l’A. T. »
8.
Charles, Book of Enoch, pp. xcv–xcix, dit que beaucoup de
« passages du Nouveau Testament… que ce soit pas la
phraséologie ou par les idées dépendent
directement de poassages de 1 Énoch ou en sont des
illustrations. » Dans le Nouveau Testament, selon une
Encyclopedia Britannica actuelle (1973), 8:604, « Énoch
lui-même est mentionné dans Luc Luc 3:37; Hé.
11:5; Jude 1:14 … » et il est fait allusion à
lui dans Jude 1:4–15, Mt. 19:28, Mt. 26:24, Luc 16:9, Jn 5:22,
1 Th. 5:3, 1 Pi. 3:19 et suiv. et Apocalypse.
9.
Charles, Book of Enoch, p. xcv.
10.
Id., pp. xii–xiii.
11.
Id., pp. lxx, lxxix, sources juives, lxxxi–xci, sources
chrétiennes.
12.
Pistis Sophia, p. 246 (manuscrit Askew).
13.
Id., p. 254.
14.
Emmanuele da San Marco, “Libro di Henoch,” Enciclopedia
Cattolica (Vatican, 1951), 6:1405.
15.
Charles, Book of Enoch, p. x; il ne le cédait en influence
qu’au livre canonique de Daniel, Klaus Koch, Ratlos vor der
Apokalyptik, Gütersloh, Gütersloher Verlagshaus, 1970, pp.
19–20.
16. A.
Jellinek, Bet ha-Midrasch, Jérusalem, 1967, 2:xxx.
17.
Jellinek, l.c. On trouvera une liste de citations d’Énoch
chez les auteurs cabalistes dans Isaac Myer, Qabbalah, Philadelphie,
1888, p. 166.
18.
« Jusqu’à présent, il n’y a que
deux fragments araméens qui ont été publiés…
Vu cette importante découverte, il pourrait sembler prématuré
de publier un texte grec avant la publication de ces fragments…
Malheureusement, ceci s’est avéré impossible et
le retard prolongé… de l’Énoch araméen
et la situation confuse récente concernant la garde des
manuscrits araméens font qu’il serait à
déconseiller de retarder encore cette édition grecque
provisoire. » Martin
Black, Apocylpsis Henochi Graece, Leiden, E. J. Brill, 1970, p. 7.
19.
A. Jellinek, “Hebräische Quellen für das Buch Henoch,
Zeitschrift der Deutschen Morgenländischen Gesellschaft 7
(1853), p. 249.
20.
Charles, Book of Enoch, p. ix.
21.
C. C. Torrey, The Apocryphal Literature, New Haven, Yale University
Press, 1945, p. 27.
22.
St. Augustine, La Cité de Dieu, 15:23.
23.
Hans-Friedrich Weiss, Untersuchungen zur Kosmologie des
hellenistischen und palästinischen Judentums (Berlin,
Akademie-Verlag, 1966), p. 119.
24. H.
Leclercq, “Hénoch,” dans F. Cabrol et H. Leclercq,
Dictionnaire d’Archéologie Chrétienne et de
Liturgie, Paris, Librairie Letouzey et Ané, 1925, 6:2246.
25.
Charles, Book of Enoch, p. ciii.
26.
On retrouve cette attitude dans l’ouvrage de l’auteur
When the Lights Went Out: Three Studies on the Ancient Apostasy,
Deseret Book, 1970, p. 57.
27.
Dans son ouvrage Des premiers Principes, l:iii:3, Migne, Patrologiae
Graecae 11:147 et suiv.) et 4:35, Patrologiae Graecae 11:409, Origène
recourt au « Livre d’Énoch » à
l’appui de ses théories sur la Création, mais
quand Celse cite Énoch, il fait cette objection : « Il
faut prendre encore moins au sérieux les choses que Celse
semble avoir tirées sans les comprendre du Livre d’Énoch… »
(Contra Celsum 5:54; Patrologiae Graecae 11:1265). Il dit que les
choses sont « très confuses » et « pas
prises très au sérieux comme écriture »
puisqu’elles contiennent « des choses qui ne sont
pas prêchées (prononcées) ni entendues dans les
églises de Dieu, que personne ne commettrait la sottise de les
comprendre littéralement » (Patrologiae Graecae
11:1268–69).
28.
A. J. Maas, “Henoch,” The Catholic Encyclopedia, New
York, Robert Appleton Company, 1910, 7:218.
29.
J. Plastaras, “Henoch,” New Catholic Encyclopedia, New
York, McGraw-Hill Book Company, 1967,, 6:1019.
30.
M. E. Stone, “Judaism at the Time of Christ,” Scientific
American 228, janvier 1973, p. 80–82.
31. Le
fragment Syncellus, tiré de sa Chronographia, éd.
Dindorf, 1829, 1:47, est reproduit dans l’annexe de R. H.
Charles, Book of Enoch, p. 305. Allusion y est faite par George
Cedrenus, v. 1100 apr. J.-C., éd. Bekker, p. 17; Migne,
Patrologiae Graecae 121:41, 44–45, 476).
32.
Migne, Dictionnaire des Apocryphes, Paris, 1856, 1:396.
33.
Id., p. 397. Il est cité par Peter Alphonsus, et est
simplement une forme latinisée du credo bien connu du marchand
musulman : Al-kasib habib ul-lah!
34.
Nathaniel Schmidt, “Traces of the Early Acquaintance in Europe
with the Book of Enoch,” Journal of the American Oriental
Society 42, 1922, p. 45.
35.
Id., p. 47.
36.
Id.
37.
Id., p. 45.
38.
J. M’Clintock, Cyclopaedia of Biblical, Theological, and
Ecclesiastical Literature, New York, Harper & Brothers
Publishers, 1870, 3:225.
39.
Voir le traitement par l’auteur dans Since Cumorah: The Book of
Mormon in the Modern World, Deseret Book, 1970, pp. 32–35.
40.
A. L. Davies, “Book of Enoch,” Dictionary of the
Apostolic Church, édité par James Hastings, 1:334.
41.
Schmidt, p. 50, situant la rencontre entre Postel et l’ecclésiastique
aux environs de 1536.
42.
Id., p. 50.
43.
Migne, Dict. des Apocryphes 1:399.
44.
Schmidt, p. 51.
45.
Michael Stuart, “Christology of the Book of Enoch,” The
American Biblical Repository, ser. 2, 3, janvbier 1840, p. 88. Voir
plus haut, note 31.
46.
Schmidt, pp. 51–52.
47.
Id.
48.
Id.
49.
Migne, Dict. des Apocryphes 1:397. Toutefois, en 1736, Johann Albert
Fabricius, dans son Codex Pseudepigraphus Veteris Testamenti,
Hambourg, 1722, 1:22, rassemble et reproduit tous les passages
existants des pères de l’Église concernant Énoch
(Migne, 1:399).
50.
M’Clintock, 3:225.
51.
Stuart, 3:89.
52.
Schmidt, p. 52.
Deuxième partie
(Ensign, décembre 1975)
Bruce était resté six ans
en Abyssinie et avait appris la langue du pays. « Il
rapporta une importante collection d’objets curieux et
intéressants [53], comprenant quelques-uns des manuscrits
chrétiens coptes les plus précieux jamais découverts
ainsi que les trois textes éthiopiens d’Énoch,
d’une valeur inestimable [54]. De ces trois copies, il garda
une à la Kinnaird House [la résidence familiale en
Écosse], présenta la seconde à la Bodleian
Library d’Oxford et donna la troisième à la
Bibliothèque Royale de Paris [55]. »
Bruce lui-même écrivit :
« Parmi les objets que je remis à la Bibliothèque
à Paris, il y avait une copie très belle et magnifique
[Ludolf avait qualifié sur un ton caustique de gaspillage
d’efforts la reliure ornementée du manuscrit de Peiresc]
des prophéties d’Énoch en grand quarto. Une autre
était parmi les livres d’Écriture que j’avais
rapportés chez moi, placée directement avant le Livre
de Job, qui est à la place qui lui revient dans le canon
abyssinien. La troisième copie, je l’ai présentée
à la Bodleian Library d’Oxford… [56]. »
Mais le docteur Ludolf avait bien fait
son travail. Il y eut une vague d’intérêt pour les
découvertes de Bruce, mais les choses se tassèrent
rapidement et, « pendant plus d’un quart de siècle,
ces manuscrits restèrent aussi inconnus que s’ils
étaient restés en Abyssinie ». « Quelle
qu’ait pu être la curiosité du public à
l’époque de Bruce, écrit un érudit
catholique, elle semble s’être apaisée depuis
longtemps et pour ce qui est de l’exemplaire déposé
à la Bibliothèque d’Oxford, il dormait d’un
profond sommeil [58]. » La première attention
publique portée au texte eut lieu en 1800 lorsque le premier
Article sur le texte fut publié en Europe
quand, en 1800, le célèbre orientaliste Sylvestre de
Sacy traduisit en latin les trois premiers
chapitres du manuscrit de Paris et les premières lignes de
quelques autres chapitres. L’année suivante, un Allemand
du nom de Rink publia quelques-uns de ces mêmes chapitres à
Königsberg [59]. Ce fut à peu près tout, et de
nouveau le silence tomba pour vingt ans.
Ce fut un grand et excellent homme,
l’archevêque Richard Laurence de Cashel, en Irlande, qui
rendit le livre d’Énoch au monde. Dans « Une
supplique lancée à Munster » en 1826, il
plaida, en sa qualité d’évêque protestant
du diocèse le plus important d’Irlande, pour que
catholiques et protestants apprennent à vivre ensemble. Pour
avoir adopté et maintenu cette attitude tout au long des
années, Laurence dut subir des attaques sauvages de la part
des clergés catholique et protestant. « Ses
craintes pour la paix publique », écrit le
rédacteur du « British Critic Quarterly Theological
Review and Ecclesisastical Record, « semblent l’avoir
étrangement emporté sur son zèle pour la cause
de la vérité scripturaire. Il est fort probable que
l’effort pour briser les bastions du papisme en Irlande risque
de causer un certain désordre et provoquer quelques
représailles. Mais sa Grâce doit parfaitement bien
savoir que l’Évangile lui-même a produit, au
départ, une formidable dislocation de la société »,
etc., etc. [60]
Dans l’autre camp, le prélat
catholique romain attaqua Laurence avec une vigueur égale,
dénonçant ses appels à la charité
chrétienne comme « une sottise excessive…
Les voies de Dieu ne sont pas nos voies, le Saint-Esprit nous a dit
qu’il n’y a qu’une seule foi et que sans elle
il est impossible d’être agréable à Dieu
[61]. » Les fondements furent posés, et ce,
consciemment, pour la tragédie actuelle en Ulster, quand les
ecclésiastiques anglicans s’en prirent à
Laurence, déclarant qu’ils devaient « réconcilier
même l’archevêque de Cashel avec la grande et
pieuse entreprise de diffusion des bénédictions de la
Réforme d’un bout à l’autre de l’Irlande
et le soulager de ses terreurs de peur que la cause du christianisme
souffre du conflit. Il est vrai qu’une fournaise ardente de
persécution est en ce moment même en train de chauffer
pour beaucoup de ceux qui vont se tourner contre l’Église
de leurs ancêtres [c’est-à-dire les catholiques
irlandais] ; il est vrai que le fanatisme peut poser une main
rude et violente sur l’étendard de cette grande cause…
mais sa Grâce doit apprendre que dans ce monde le bien et le
mal doivent toujours grandir ensemble et qu’il n’est
guère convenable pour un guerrier chrétien de s’asseoir
et de calculer la dépense avant que le temps de l’action
soit révolu !... Il doit reconnaître qu’il y
a quelque chose de merveilleux et de terrible dans l’agitation
actuelle du peuple et il ne commettra certainement pas l’imprudence
de nier que cela pourrait être le signe de quelque grande œuvre
que le Seigneur est sur le point d’accomplir en faveur de sa
propre vérité… [62] »
Un siècle et demi plus tard, la
« grande œuvre » prévue par un
clergé zélé continue toujours, héritage
de haine démoniaque et d’effusion de sang, et donne
raison à Richard Laurence non seulement comme champion de la
charité chrétienne mais aussi comme quelqu’un qui
a fait plus « pour la cause de la vérité
scripturaire » que tout le reste du clergé réuni.
Car c’est à lui que « revient l’honneur
d’avoir révélé au monde le trésor
qui a été caché pendant tant de siècles
et qui était presque universellement considéré
comme irrémédiablement perdu [63] » :
le livre d’Énoch. Obligé de faire tout son
travail dans la sombre et humide Bodleian Library, qui renâclait
à lui prêter des manuscrits qui ne présentaient
pas le moindre intérêt pour elle [64], il sortit en 1821
une traduction intitulée « Le livre d’Énoch,
ouvrage apocryphe, maintenant traduit pour la première fois de
manuscrits éthiopiens à la Bodleian Library, Oxford,
1821 ».
Ce travail fut révisé en
1822 par De Sacy dans « Le journal des savants »
[65] et, une dizaine d’années plus tard, A.C. Hoffman
publia une traduction latine [66]. En 1840, A. F. Gfroerer inclut une
traduction de la version anglaise de Laurence dans un ouvrage latin
de bizarreries [67]. Il fallut attendre 1851 pour voir la publication
d’un texte éthiopien, édité par A.
Dillmann, qui sortit en 1853 une traduction allemande contenant des
passages qui n’étaient pas dans Laurence [68]. La
première traduction française ne parut qu’en 1856
[69]. Laurence lui-même publia une version révisée
de son Énoch en 1833, 1838 et 1842. Ces dernières
années, d’autres traductions ont été
faites en anglais [70]. Mais le seul livre d’Énoch
accessible avant 1830 était celui de Laurence en 1821. Il
donna lieu à trois études en anglais, lesquelles,
étant d’érudits inconnus, « n’attirèrent
pas du tout l’attention du monde savant » et même
ainsi, la tendance de ces ouvrages n’était pas de
renforcer mais de diminuer l’importance de l’Énoch
de Laurence [71]. Après 1821, aucune traduction ne fut mise à
la disposition du public jusqu’en 1833, quand le « Livre
d’Énoch » de Joseph Smith avait déjà
trois ans. Étant donné que nous devons tester cet
ouvrage en le comparant avec d’autres versions mises au jour
depuis lors, il est important de demander d’entrée de
jeu quels sont au juste les autres livres d’Énoch que
Joseph Smith aurait pu lire. Il n’y a qu’un seul
candidat : la traduction de Laurence de 1821. Le prophète
aurait-il pu en avoir connaissance avant 1830 ? On ne voit pas
comment cela aurait pu être possible. Voyons quelles sont les
raisons permettant pareille conclusion.
1. 1830 fut une année très
chargée pour le Prophète Joseph : il y eut la
fondation de l’Église, la publication du Livre de
Mormon, l’envoi de missionnaires, beaucoup d’allées
et venues dues aux persécutions et aux pressions. Ce fut aussi
une année-phare pour les révélations, notamment
une partie considérable du Livre des Commandements et du livre
de Moïse. Mais pour l’étude ? Pour la
recherche ? Pour assimiler soigneusement et exploiter de manière
critique un document comme l’Énoch de Laurence, long de
214 pages avec une introduction de 48 pages et des notes de bas de
page ? Toute prise de contact avec un tel texte aurait laissé
son empreinte sur tout ouvrage qui en découlerait. Tout ce
travail par un fermier âgé de 24 ans dans l’État
de New-York, qui venait tout juste de publier un Livre de Mormon sans
la moindre note ? Inconcevable ! Le texte de Laurence de
1821 n’atterrit qu’entre les mains de quelques savants en
Europe continentale et en Angleterre, et ce fut à peine s’ils
y firent attention : quelle chance aurait-il pu y avoir pour
qu’une copie parvienne jusqu’à Joseph Smith ?
Par quel miracle ? Qui le lui aurait transmis et pour quelle
raison ? C’est notre élément suivant.
2. Personne dans le monde savant ne prêta
grande attention à l’Énoch de Laurence. Comme
nous l’avons vu, après sa publication, « le
zèle pour la cause de cette relique de l’antiquité
tant cherchée semble avoir expiré pour longtemps en
Angleterre… En France, le livre d’Énoch ne fit
guère de vagues [72]. » Même quand
l’expédition de Napier à Magdala ramena d’autres
manuscrits éthiopiens en Angleterre et que les missionnaires
allemands qu’il sauva en ramenèrent encore d’autres
en Allemagne, ces documents furent rapidement oubliés [73].
3. Pour être plus précis, le
clergé chrétien de toutes les confessions n’aimait
pas l’Énoch de Laurence et n’en voulait pas.
Ils ne le diffusèrent pas, ils le sabotèrent. De même
que le trésor de Peiresc fut, sur l’autorité de
Ludolf, expulsé comme n’étant « rien
de plus qu’un document sans valeur bourré de fables et
de superstition [74] », de même, on décréta
d’emblée que le livre d’Énoch ne pouvait
être que rempli « d’incantations et de
bestialités [75] ». En 1828, le très érudit
Algernon Herbert observait : « On a supposé
que l’auteur de cette épître
[Jude] reçut et cita comme sainte Écriture ce qui est
appelé le livre d’Énoch, qui est un épanchement
ignorant et ridicule … Le livre en question est si
monstrueusement absurde qu’aucune personne en le citant…
n’aurait pu obtenir du crédit auprès de
Tertullien… Un homme dénué de sens critique au
point de recevoir le dit livre comme une révélation
divine et allié aux erreurs des gnostiques au point de croire
en son contenu », n’aurait jamais pu, décrète-t-il,
écrire l’épître de Jude [76].
L’une des meilleures études
jamais réalisées sur le livre d’Énoch fut
écrite en 1840 par Michaël Stuart, professeur de
littérature sacrée au séminaire de théologie
d’Andover College où la seule et unique traduction de
l’Énoch éthiopien à paraître en
Amérique allait être publiée en 1882 [77]. Il fut
enthousiasmé par la découverte, mais il n’avait
que mépris pour le message du livre d’Énoch :
« À quoi cela pourrait-il bien servir de faire
appel à un livre qui se reconnaît apocryphe et par
conséquent dénué d’autorité ?...
Je n’ai pas la moindre intention de me référer au
livre d’Énoch comme autorité. On ne me fera
jamais croire que les Éthiopiens avaient une justification
quelconque de le mettre dans leur Canon… Ce que je crois,
c’est que ‘nos Écritures actuelles sont la règle
de foi et de pratique unique et suffisante [78]’. »
Il reconnaît le fossé qui sépare le livre d’Énoch
des docteurs de l’Église qui le condamnaient, notant que
ce qui se trouve dans leurs écrits est « moins
répugnant pour le bon sens et la saine philosophie que ce
qu’il y a dans le livre d’Énoch [79]. ».
« Personne ne prétend maintenant que le livre
d’Énoch soit un ouvrage inspiré »,
insiste-t-il, tout en admettant « qu’il fut un temps
où des personnes le pensaient probablement. » Alors
que les anciens auteurs juifs et les Pères de l’Église
chrétienne « le citaient comme un livre saint…
presque tous les pères ultérieurs rejettent, et ce, à
juste titre, ses prétentions à une place dans le canon…
Aucun homme intelligent de nos jours n’attribuera une
autorité quelconque au livre [80]. »
Nous y revoilà et cela il y a 135
ans, dans la faculté de théologie la plus posée
et la plus respectable d’Amérique : les premiers
chrétiens authentiques, d’origine, n’avaient tout
simplement pas l’intelligence et la culture pour comprendre les
choses telles qu’elles sont réellement. Les pères
qui vinrent plus tard n’avaient pas de problème :
c’étaient des hommes instruits qui comprenaient les
choses comme nous. Mais ces chrétiens primitifs et ces Juifs !
Prenons juste un exemple : « La base même de la
première partie du livre, à savoir, les soi-disant
relations charnelles entre les anges et les filles des hommes sont
une impossibilité pour ne pas dire une absurdité…
[81]. » Qu’est-ce que l’auteur pouvait bien
avoir à l’esprit ? Au lieu de poser cette question,
les hommes d’église de toutes les confessions ont tout
simplement jeté le livre par la fenêtre. À ce
jour, dans les encyclopédies officielles de l’Église
luthérienne et même dans la littérature aussi
fondamentalement littérale que celle des Adventistes du
septième jour et des Mennonites, aucun article n’apparaît
concernent le nom d’Énoch. Nous ne trouvons pas non plus
de mention du nom d’Énoch dans l’ouvrage
contemporain Vocabulaire de la Vie juive ou dans le Livre des
Concepts juifs. Bien que tous les autres grands Patriarches aient une
place d’honneur dans ces ouvrages, Énoch, lui, est
exclu !
Le
clergé catholique de l’époque de Joseph Smith
partageait pleinement le dédain des protestants et des Juifs
pour la nouvelle découverte. « On lui attribua [à
Énoch], dans les premiers siècles de l’Église,
écrit l’abbé Glaire en 1846, un ouvrage plein de
fables concernant les étoiles, la descente d’anges sur
la terre, etc. Mais il apparaît que cette production était
une invention des hérétiques qui, non contents de
falsifier les saintes Écritures, profitaient de la crédulité
de leurs stupides suiveurs en inventant des faux et des fables.
Certains critiques prétendent que cet ouvrage, réellement
d’Énoch, a été défiguré par
les infidèles ; ils fondent leur assertion sur saint
Jude… Mais saint Jude cite Énoch sans faire mention de
son livre… [82] ».
Des
autorités catholiques plus récentes déplorent
Énoch pour les mêmes raisons qu’ils font objection
aux manuscrits de la mer Morte et à d’autres découvertes
plus récentes, à savoir que si on les prenait au
sérieux, ils priveraient le christianisme de son droit
souverain à l’originalité absolue :
« Attribuer une forte influence du livre d’Énoch
sur le Nouveau Testament, comme le fait R. H. Charles, c’est
ignorer la puissante originalité et l’inspiration divine
de ceux à qui nous devons le Nouveau Testament… Le
Christ et les Apôtres n’ont pas tiré leur doctrine
des ouvrages apocryphes » [83]. Mais qui dit une chose
pareille ? Il y a d’autres explications à cette
ressemblance et personne aujourd’hui ne la nie. Mais cela a le
don d’exaspérer le clergé.
Dans
un ouvrage récent et important, Klaus Koch montre comment, au
fil des années et même jusqu’en 1960 (quand de
nouvelles découvertes les ont obligés à changer
d’attitude), les érudits, protestants comme
catholiques, se sont résolument tenus à l’écart
des ouvrages apocalyptiques de base dont le livre d’Énoch
est de loin l’un des plus importants [84] et C. P. van Andel,
dans son étude de la littérature sur Énoch, note
que personne n’a été disposé à
effleurer la question vitale d’Énoch dans le Nouveau
Testament depuis 1900 [85]. En 1973 encore, un auteur, écrivant
pour le Scientific American, faisait observer que les nouvelles
découvertes de manuscrits, et spécialement Énoch,
requièrent maintenant et pour la première fois une
révision radicale des idées chrétiennes et
juives conventionnelles concernant la nature des anciennes
communautés juives et chrétiennes et leurs
enseignements [86].
4. Les libres penseurs auraient pu
exploiter les soi-disant absurdités du livre d’Énoch
contre les chrétiens, mais ces derniers leur ont coupé
l’herbe sous le pied en désavouant promptement et
vigoureusement le livre. Qui alors pouvait trouver un quelconque
intérêt au livre d’Énoch ? On pourrait
s’attendre à ce qu’il intéresse les
francs-maçons ou les rosicruciens, ce ne fut pas le cas ;
on ne trouve pas Énoch parmi les livres qui ont la faveur des
groupes gnostiques ou mystiques et son nom n’apparaît pas
dans leur liste de prophètes inspirés [87]. Aucune
bibliothèque en Amérique n’avait de collection
plus représentative des ouvrages des anciens que celle de
Thomas Jefferson, « car dans sa collecte de livres, aucun
sujet n’était oublié » [88]. Le livre
le plus important de la bibliothèque de Jefferson était
« Ancient History, Antwerp, including texts of Berosus,
Manetho, etc. », et les livres qui suivent montrent le
même souci de recherche de la vérité, de toute la
vérité, en ce qui concerne les anciens. La collection
fut diligemment et constamment suivie, avec le souci méticuleux
des renseignements les plus récents et les meilleurs, ceci
jusqu’en 1826 [89]. Si l’on pouvait s’attendre à
trouver quelque part en Amérique un exemplaire de l’Énoch
de Laurence de 1821, ce serait bien dans cette bibliothèque,
mais il n’y était pas. Il était tout simplement
inconnu en Amérique.
5. Ceci est parfaitement confirmé
dans la longue et soigneuse étude de Michael Stuart de 1840.
Le texte que Stuart utilise est l’édition de 1838 de
Laurence, dont le travail lui parvient dix-neuf ans après la
première version, comme une nouveauté. Son but en
écrivant ses longues études est de rendre le clergé
américain conscient pour la première fois de
l’existence du livre : « Posséder cet
ouvrage dans notre pays est chose rare, et notre public, bien loin de
connaître le contenu de l’ouvrage, ignore généralement,
comme j’ai des raisons de le croire, que le livre ait même
été retrouvé et publié au monde [90]. »
Si ceci s’applique à l’édition
de 1838, une édition plus large et bien mieux diffusée,
qui aurait pu connaître quoi que ce soit de l’édition
de 1821, dont Stuart ne fait même pas mention et qui n’avait
même pas été remarquée en Europe si ce
n’est par un petit nombre de spécialistes ?
Stuart écrit à propos de la
nouvelle édition : « Le lecteur, qui ne le
possède pas et ne peut pas se le procurer [il écrit
pour des ecclésiastiques, pas pour le public], sera
naturellement désireux de savoir quelque chose de plus précis
sur une relique aussi curieuse et intéressante de l’antiquité,
et c’est pour cela que je vais en donner un résumé
plus détaillé [91].
Il était pratiquement impossible
d’obtenir ce livre dans ce pays, et pourquoi cela ? Son
seul attrait était dans son caractère religieux, mais
les religieux étaient tous contre lui. Il pouvait être
« curieux et intéressant » pour Stuart,
mais il ne fallait pas le recommander, dans sa forme originale, à
des gens non formés. « C’est en vain qu’on
espérerait en retirer grand-chose d’intelligible…
pour le lecteur en général, le Livre des Lumières
est à présent un livre scellé » [92].
La partie historique est écrite « d’une façon
très obscure et parfois même repoussante… »,
certains de ses principaux chapitres « insipides et
presque monstrueux » [93]. Ce n’était pas un
livre « pour le lecteur en général ».
Et maintenant voici la surprise. La même
édition de Laurence fut revue la même année par
un autre critique qui pensait qu’il était tout
simplement merveilleux ! Le nom de ce critique était
Parley P. Pratt, qui, en cette année 1840, était en
Angleterre et éditait la publication officielle des saints des
derniers jours, le Millennial Star, dans lequel sa critique parut.
C’est ainsi que les saints des derniers jours entendirent
parler pour la première fois du livre d’Énoch de
Laurence en Angleterre et l’accueillirent avec une joyeuse
surprise.
Bien loin d’être insipide,
repoussant et monstrueux pour Frère Pratt, « ce
livre porte en lui la preuve indiscutable qu’il est un produit
de l’antiquité. Il se situe tout à fait à
l’écart du sectarisme moderne et tient beaucoup de la
doctrine des anciens, spécialement en ce qui a trait aux
choses des derniers jours… Il semble prédire clairement
la parution du Livre de Mormon et la mission de nos anciens…
suivie des persécutions qui se sont abattues sur notre peuple
d’Amérique… Et le résultat final, le
triomphe total des saints » [94]. Aussi extravagantes que
puissent paraître ces conclusions au premier abord, de récentes
études faites sur le livre d’Énoch par des
érudits non mormons montrent, comme nous allons le voir,
qu’elles étaient étonnamment proches de la
vérité, car le livre d’Énoch a été
transmis, au cours des siècles, dans l’intention avouée
d’apporter du réconfort aux saints persécutés
dans toutes les dispensations de l’Évangile.
Il faut noter que l’édition
de 1838 du livre d’Énoch de Laurence est portée à
l’attention des saints comme une nouveauté passionnante.
Il ne vient pas à l’esprit de ce chercheur éveillé
qu’est frère Pratt de comparer cet écrit avec le
livre d’Énoch de Joseph Smith de 1830, enterré
comme il l’est dans le livre de Moïse qui sera publié
onze ans plus tard en Angleterre sous le titre « Extraits
de la Prophétie d’Énoch ». Ce qui
frappe Parley P. Pratt, ce sont les parallèles avec le Livre
de Mormon et l’état de l’Église et du monde
dans les derniers jours. « Nous donnons l’extrait
suivant, à partir de la page 156 [chapitre 93, 2 et suiv.],
sans commentaire, et nous laissons au lecteur le soin de juger de ce
livre remarquable ». Et il se met en devoir de citer des
passages qui vont particulièrement avec la situation des
saints des derniers jours à l’époque : « Les
justes et les sages recevront des livres de réjouissance,
d’intégrité, de grande sagesse. Ils recevront des
livres auxquels ils croiront, dans lesquels ils se réjouiront
[95]. »
Ils avaient de quoi être
impressionnés et ils auraient dû se rappeler que le
livre d’Énoch de Joseph Smith leur était donné
comme récompense pour avoir reçu le Livre de Mormon et
y avoir cru. Mais les parallèles leur avaient échappé
comme ils ont échappé depuis aux saints. Quand, en
1951, John A. Widtsoe présenta au présent auteur une
copie de ce même texte de 1 Énoch (édition de
1912 de R. H. Charles), ce fut avec le regret de n’avoir jamais
trouvé le temps de le lire et en se demandant s’il
contenait quelque chose d’intéressant. À
l’époque, le présent auteur lui-même ne
l’avait jamais lu, pas plus que n’importe qui d’autre.
Ce n’est que depuis 1950 (avec la découverte des textes
d’Énoch parmi les manuscrits de la mer Morte), comme le
font remarquer Koch et Van Andel, que l’on a commencé à
prendre cet Énoch au sérieux. Pratt lut l’édition
de 1838 en Angleterre et rien ne permet de penser qu’un membre
de l’Église en Amérique en ait possédé
un exemplaire. L’Inventaire des Documents de l’Église
de 1846 ne contient aucun titre de ce genre dans les livres de la
Bibliothèque de l’Église emportés dans les
plaines.
7. Si j’ai tellement insisté
sur le fait, qui n’était que trop évident, que
Joseph Smith n’aurait pas pu utiliser ou être au courant
de l’existence de l’édition de Laurence de 1821 du
livre d’Énoch, c’est que c’était bien
nécessaire : (a) parce que c’était l’unique
traduction d’un texte ancien d’Énoch accessible à
l’époque où Joseph Smith dicta Moïse,
chapitres 6 et 7 et (b) les deux livres sont remplis de parallèles
extrêmement significatifs. Si nous voulons que ces parallèles
aient une quelconque valeur à l’appui des prétentions
du prophète, nous devons naturellement pouvoir exclure qu’il
ait pu utiliser le texte de Laurence.
Outre le fait que cette probabilité
est astronomiquement faible, nous avons quelques « contrôles »
positifs utiles qui montrent définitivement que ces parallèles
ne dépendent pas du texte de Laurence. Car de nombreux autres
manuscrits du livre d’Énoch nous sont parvenus dans
différentes langues anciennes depuis 1830, qui ajoutent
beaucoup de choses au texte standard et qui ne se trouvent pas dans
la version de 1821, mais que l’on trouve dans l’Énoch
de Joseph Smith. L’un des parallèles les plus
remarquables, par exemple, est celui de certains versets de Moïse
7 et le chapitre 11 de la version éthiopienne du livre d’Énoch
et cependant, ce chapitre-là ne se trouve pas dans la
traduction de Laurence et ne pouvait donc pas être connu de qui
que ce soit à l’époque.
8. Finalement, même si Joseph Smith
avait eu à sa disposition la riche littérature
apocryphe de notre époque, avec les milliers de pages d’Énoch,
ou même le texte de Laurence de 1821, comment aurait-il su
comment en utiliser le contenu ? Le livre d’Énoch
du Prophète a moins de trois chapitres : comment
aurait-il pu savoir dans tout cela quoi y mettre et quoi exclure pour
créer un texte qui corresponde le mieux à ce que les
savants modernes considèrent comme le contenu original
authentique du livre d’Énoch ? C’est
exactement ce qu’il a fait ; il a rassemblé en
quelques heures le genre de texte qui correspond le mieux à ce
que les spécialistes, après des années de
comparaisons méticuleuses de textes, dégagent comme
étant le texte hypothétiquement essentiel d’Énoch.
Venons-en maintenant aux textes d’Énoch qu’ils ont
utilisés pour leurs études comparatives diligentes et
regardons comment l’histoire d’Énoch a émergé
au fil des années.
Notes
53.
Stuart, 3:89. Parmi les trésors de Bruce il y avait le Codex
Brucianus 96, un long ouvrage chrétien copte qui est fortement
influencé par la tradition d’Énoch.
54.
Id.
55.
J. E. H. Thomson, “Apocalyptic Literature,” The
International Standard Biblical Encyclopedia, Grand Rapids, Mich.,
Wm. B. Eerdmans, 1939, réimpression 1960, 1:164.
56.
M’Clintock, 3:225.
57.
Thomson, l.c.
58.
Migne, Dict. des Apocryphes 1:400.
59.
Id., 1:394, 403. L’ouvrage de De Sacy’s parut dans le
Magazine encyclopédique, ann. 6, 1:382, et contenait les
chapitres 1–3, 11–16, 22 et 32, tous provenant du
manuscrit de Paris.
60.
Editorial, dans The British Critic, Quarterly Theological Review, and
Ecclesiastical Record 2, 1826, p. 162, 131 et suiv., 160 et suiv.,
poursuivant Laurence avec une fureur impitoyable.
61.
Id., p. 163.
62.
Id., pp. 165–66.
63.
Stuart, p. 90.
64.
Migne, Dict. des Apocryphes, 1:401.
65. S.
de Sacy, dans Journal des Savants, octobre 1822, p. 545–551,
587–595.
66. A.
G. Hoffmann, 2 vols. (962 pages!), Jena, 1833–38. R. H. Charles
ignore cet article dans sa liste de traductions, Apocrypha &
Pseudepigr., 2:186.
67.
Migne, Dict. des Apocryphes, 1:394–95; A. F. Gfroerer était
directeur de la Bibliothèque de Stuttgart.
68.
Id., pp. 194–95.
69.
Cette traduction se trouve dans Migne, Dict. des Apocryphes,
1:425–514; ce tome est également appelé tome 23
de la Troisième et Dernière Encyclopédie
Théologique, dir. de publ. J. P. Migne, Paris, 1856.
70.
Fraser’s Magazine, 48 (novembre, 1833), contient un passage en
revue de la seconde édition de l’Énoch de
Laurence. On pouvait récemment trouver dans nos librairies des
Soixante-dix le Livre d’Énoch, le Prophète,
“Littéralement traduit de l’éthiopien par
Richard Laurence, LL.D. Réimpression d’une édition
revue, avec des variations et publiée par John Thomson,
Glasgow, 1882”; édition de 1966, Seattle, Washington. Le
texte diffère de la réimpression récente, The
Book of Enoch.
71.
C’étaient Edw. Murray, Enoch Restitutus, ou “an
Attempt to separate from the books of Enoch, the Book quoted by Saint
Jude”; D. M. Butt, The Genuineness of the Book of Enoch
Investigated; John Overton, An Inquiry into the Truth and Use of
Enoch … (1822).
Migne, Dict. des Apocryphes 1:398, relève la négligence
dont ces écrits ont été victimes.
72.
Stuart, p. 90.
73.
Thomson, 1:164.
74.
Stuart, p. 88.
75.
Schmidt, p. 47.
76.
A. Herbert, Nimrod, Londres, imprimé pour R. Priestley, 1828,
1:36.
77.
George H. Schodde, The Book of Enoch translated from the Ethiopic
with Introduction and Notes, Andover, Warren F. Draper, 1882.
78.
Michael Stuart, “Future Punishment, as exhibited in the Book of
Enoch”, The American Biblical Repository, series 2, 4, juillet
1840, p. 10.
79.
Id.
80.
Id., p. 11.
81.
Stuart, “Christology,” 3:130.
82.
Encyclopédie Catholique, publiée par Glaire &
Walsh, II, Paris, Parent Desbarres, 1846, p. 213–214.
83. J.
B. Frey, “Apocryphes de l’Ancien Testament”, dans
Pirot, Dictionnaire de la Bible, Supplément, Paris, Librarire
Letouzey et Ané, 1928, 1:369.
84.
K. Koch, Ratlos vor der Apokalyptik, pp. 7–9.
85.
C. P. Van Andel, De Structuur van de Henoch-Traditie en het Nieuwe
Testament, Utrecht, H. Kemink & Son, 1955, p. 1.
86.
Stone, Scientific American, janvier 1973,pp. 80–82.
87.
G. Widengren, The Gnostic Attitude, Santa Barbara, Calif., Institute
of Religious Studies, 1973, p. 41–45.
88.
E. M. Sowerby, Catalogue of the Library of Thomas Jefferson,
Washington, Library of Congress, 1959, 5:vii.
89.
Id.
90.
Stuart, “Christology”, 3:91; italiques ajoutés.
91.
Id., 3:90.
92.
Id., 3:102.
93.
Id.
94.
Parley P. Pratt, Millennial Star 1, juillet 1840, p. 61.
95.
Id., p. 63.
Troisième partie
(Ensign, février 1976)
Dans cette partie de notre étude
d’Énoch nous allons comparer pas à pas le livre
d’Énoch de Joseph Smith avec quatre catégories
principales de documents communément appelés I Énoch
(les textes éthiopiens, commençant avec les trois
manuscrits apportés en 1773 en Angleterre par Bruce, II Énoch
(aussi appelé Les Secrets d’Énoch, en slave
ancien), III Énoch (textes d’Énoch en grec) et
les fragments d’Énoch dispersés en hébreu
et en araméen. Attendu qu’ils vont nous servir de
contrôles de la fiabilité du prophète Joseph, il
convient d’examiner brièvement les qualifications de
chacun d’entre eux.
I Énoch. Récemment, en
1937, le professeur C. Bonner pouvait écrire : « Aucune
partie des écrits originels hébreux ou araméens,
qui faisaient partie de cette œuvre composite, n’a
survécu dans la langue d’origine. La version grecque,
dans laquelle l’Église primitive lisait Énoch, a
également disparu… Ce que nous savons aujourd’hui
de ce livre nous vient de la version éthiopienne »,
issue d’une époque « où toute la
chrétienté, excepté l’Égypte, avait
supprimé Énoch de sa liste de livres sacrés
[96]. » I Énoch a longtemps été
reconnu comme « le plus grand et, après Daniel, le
plus important des livres apocalyptiques juifs que l’on en est
venu si récemment (1916) à reconnaître comme
fournissant des données extrêmement importantes pour
l’étude critique des idées et de la phraséologie
du Nouveau Testament [97] ». L’ouvrage fut traduit
en éthiopien vers 500 apr. J.-C. [98], mais les vingt-neuf
textes éthiopiens utilisés en 1912 par R. H. Charles
proviennent tous des XVIe et XVIIe siècles [99]. Tout le monde
convient que l’Énoch éthiopien est un travail
composite et que la datation de ces différents composants est
encore entièrement une affaire de conjecture [100].
Bien qu’on ne puisse avancer que
des suppositions concernant le processus et les étapes suivant
lesquels le document a été assemblé, Ploeger
attribuerait une origine essénienne du IIe siècle av.
J.-C. à ce qu’il considère être les parties
les plus anciennes [101]. Bonner trouve que, comparée à
la version grecque, la traduction éthiopienne, « quoique
fidèle dans son intention… contient de nombreuses
fautes, des omissions par-ci, des rajouts par-là, et commet
d’une manière générale de nombreuses
erreurs. Pourtant, ils ne sont pas rares les endroits où elle
préserve une meilleure lecture que celle du papyrus grec
[102]. » En fait, le texte, dans son ensemble peut…
être plus fidèle à l’original [hébreu]
que le grec [103]. » Toutefois, « le texte
éthiopien est plus général et, pour cette
raison, c’est une œuvre littéraire plus
imaginative et plus libre » que les autres [104] et cette
liberté a un prix, car l’œuvre des natifs des XVIe
et XVIIe siècles « a été désastreuse
dans l’ensemble », selon R. H. Charles. « Pour
ce qui est de loin le meilleur » des manuscrits, il montre
une bien étrange orthographe, une mauvaise grammaire et de
nombreuses corruptions [105]. »
Il convient ici d’attirer
l’attention sur la leçon inculquée par A. E.
Housman à ses élèves : Une « beste
Handschrift », cela n’existe pas : le pire des
manuscrits peut contenir des morceaux sans prix d’un texte
antique dans leur forme originelle pure, alors qu’un manuscrit
connu pour ses lectures convaincantes prouvées correctes peut,
sans avertissement, sortir d’incroyables invraisemblances.
C’est ainsi qu’il se fait que l’Énoch
éthiopien, « bien que foisonnant de toutes sortes
d’erreurs… d’additions, de corruptions et
d’omissions », contient malgré tout un
certain nombre de « formulations uniques et originales »
pouvant être extrêmement précieuses [106].
II Énoch, les Secrets d’Énoch.
Cet ouvrage « était inconnu du monde occidental
jusqu’à ce que Robert Henry Charles soupçonne, en
1892, un manuscrit slave publié en 1880 par A. Popov »
de ne pas être un simple réchauffé de l’Énoch
éthiopien, « mais bien un document différent.
Ses soupçons se révélèrent justifiés
quand William Richard Morfill traduisit, en 1896, le manuscrit slave
en anglais [107]. » Ploeger conclut que l’Énoch
slave était originaire d’une secte juive d’Égypte
et avait été traduit en slave au tout début du
Moyen Âge [108]. S. Terrien note qu’il « comporte
de nombreuses croyances du Judaïsme populaire du premier siècle
de notre ère [109] ». D’autres contestent
ceci. H. F. Weiss maintient que l’Énoch slave provient
d’un original grec et qu’il ne vient pas de Palestine
[110]. D’autres y voient une reformulation de l’Énoch
éthiopien basée sur un texte grec écrit à
l’origine en Palestine avant la destruction du temple (70 apr.
J.-C.), faisant remarquer que le style hellénistique suggérait
un auteur judéo-alexandrin [111]. Récemment, D. Winston
a attiré l’attention sur une forte influence iranienne
dans II Énoch. L’édition standard de l’Énoch
slave est celle d’A. Vaillant, qui rassemble pour son texte
« une douzaine de manuscrits slaves différents »
[113]. Selon Vaillant, l’Énoch slave fut remarqué
pour la première fois en 1859 [114]. R. H. Charles base sa
version sur la traduction allemande de Bonwetsch et la traduction
anglaise de Morfill de 1896 [115].
L’Énoch slave nous est
parvenu dans une version courte et une version longue, au sujet
desquelles les experts sont incapables de se mettre d’accord
pour dire laquelle a la priorité [116]. Vaillant trouve que la
version longue doit être « imputée à
l’imagination des XVe et XVIe siècles »
[117], tandis qu’eux et les cinq manuscrits slaves de la
version courte (traductions du grec) [118], une fois dépouillés
des fantaisies tardives qui embarrassaient tellement Charles,
présentent « un ensemble parfaitement cohérent
qui, sans la moindre disparité, se met en place comme œuvre
du christianisme primitif [119] ». Vaillant appelle
l’Énoch slave « cette imitation chrétienne
d’un apocryphe juif » dans laquelle « la
pensée chrétienne est exprimée en termes de
l’Ancien Testament, dans lesquels des emprunts à
l’Évangile semblent être transposés
[120]. » Bien que la première révision
importante ait eu lieu au XIIIe siècle, le manuscrit dans
lequel il nous est parvenu est du XVIe siècle. La langue en
est le bulgaro-serbe. Son auteur fait des emprunts à la
Chronique d’Harmatole et appartenait peut-être au cercle
de Vladislav le Grammairien [121]. Une deuxième révision
importante, qui corrige le « slave médiocre »
de la première, fut réalisée par un érudit
moldave inconnu [122].
III Énoch, l’Énoch
grec. Des extraits grecs du livre d’Énoch ont toujours
été accessibles dans Jude 14-15 (citant 1 Énoch
4:14), l’épître de Barnabas 4:3, 16:5-6, Clément
d’Alexandrie (Eclog. Prophet 53.4), Origène (Contra
Celsum 5:52), Commentaire de Jean Vl 42 (25) et dans le long
neuvième fragment de la Chronique de Georges Syncellus
(Dindorff p. 24:2-11). R. H.
Charles donne une liste de pas moins de 128 citations du livre
d’Énoch dans le Nouveau Testament [123] ! Pourtant,
ces passages ne purent être identifiés que lorsqu’on
disposa d’un véritable texte d’Énoch d’une
sorte ou d’une autre ; en 1912 encore, l’Énoch
grec n’était connu que dans la tradition slave du Xe
siècle [124].
Un fragment de l’Énoch grec
correspondant à une section de l’Énoch éthiopien
(1 Énoch 89:42-49) « fut découvert en 1832
dans la Bibliothèque vaticane par Angelo Mai et déchiffré
en 1885 par Johann Gildemeister. Une partie considérable de
cette même traduction grecque fut découverte en
1886-1887 à Akhmim, en Haute-Égypte, et publiée
en 1892 [125]. »
Ainsi, un contrôle important,
quoique limité, des textes éthiopien et slave tardifs
devenait possible, avec l’apparition des documents grecs
beaucoup plus anciens. En 1893, R. H. Charles fit une comparaison
exhaustive entre le texte éthiopien et les textes grecs
nouvellement découverts, comparaison qui est donnée
dans l’original dans l’appendice de sa traduction de 1912
de I Énoch (p. 318-370). Charles constata que l’éthiopien
avait été traduit du manuscrit originel Gg, un texte
grec très corrompu, bien que chacun contienne du texte
original que l’on ne trouve pas dans l’autre. L’important
texte Akhmim fut découvert « durant l’hiver
de 1886–1887 par la « Mission archéologique
française » et était considéré,
à l’époque de sa publication [par Bouriant en
1892] comme datant du VIIIème siècle, mais on le fait
remonter maintenant au VIe siècle [127] ».
Quand, en 1930, l’Université
du Michigan obtint six feuilles de papyrus du Codex d’Énoch
en grec, le professeur Bonner découvrit qu’elles
appartenaient à un ensemble de papyrus provenant de la
fameuse collection Chester Beatty et effectivement, en 1931,
Frederick Kenyon trouva d’autres feuilles de ce même
texte dans la collection Beatty, ce qui faisait un total de quatorze
pages [128] rédigées par un seul scribe dans une
écriture du quatrième siècle, de loin le plus
ancien texte d’Énoch découvert jusqu’alors
[129]. « Écrit par une main malhabile, qui n’était
certainement pas celle d’un scribe entraîné »,
le Codex du Michigan est « plein de fautes d’orthographe….
[130], « presque toutes les pages contiennent des erreurs
d’une espèce grave, ce qui montre que le scribe était
souvent somnolent ou inattentif et nous laisse penser qu’il
comprenait son texte imparfaitement… le manuscrit duquel il
copiait était lui-même corrompu ou alors illisible à
certains endroits [131]. » Dans sa forme, ce n’est
pas un rouleau, mais un livre [132], relié avec un texte de
Méliton. L’Énoch de Beatty doit être
considéré, suggère Van Andel, comme typique de
cette « littérature édifiante des cercles
chrétiens du IIIe au VIe (?) siècle [133] »,
montrant en quelle estime il était tenu par les premiers
chrétiens, ayant été introduit dans l’Église
avec tous les honneurs provenant de temps plus anciens [134].
L’Énoch grec offre un autre
exemple et un avertissement à l’intention de ceux qui
voudraient baser leurs arguments sur le silence des sources. En 1910
encore, un érudit aussi éminent que C. Schmidt « avait
essayé de montrer… que l’étrange silence
des écrits de tous les Pères de l’Église
sur ce livre remarquable, dont la coloration chrétienne, au
moins dans sa forme présente, serait particulièrement
tentante pour eux, fait que l’on peut douter qu’il ait
jamais été traduit en grec [135]. » En
effet, Schmidt pouvait écrire en 1822 : « Aucun
manuscrit du texte grec n’a encore été découvert
et il semble n’avoir laissé aucune trace importante dans
la littérature byzantine bien qu’il ait dû être
lu à Constantinople aussi bien qu’à Alexandrie
[136]. »
Mais une fois qu’un livre d’Énoch
parut, Charles put fournir non seulement 128 citations d’Énoch
dans le Nouveau Testament, mais une liste de plus de trente ouvrages
apocryphes (juifs et chrétiens)
et patristiques importants citant Énoch [137]. Tout récemment,
M. Philonenko a attiré l’attention sur un texte
manichéen grec contenant un extrait important d’Énoch
[138]. Mathew Black a rassemblé tous les textes grecs d’Énoch
disponibles et reconstitués en une unique et hypothétique
« Apocalypsis Henochi Graeci » [139], mais le
grand texte grec manque toujours.
L’Énoch hébreu-araméen.
On a toujours pensé que la plus ancienne version d’Énoch
se révélerait être araméenne ou hébraïque.
« Le livre du Zohar, dans lequel il y a diverses allusions
à Énoch, semble dire de lui que c’est un ouvrage
hébreu important qui s’est transmis de génération
en génération. Les Cabalistes… pensaient
qu’Énoch en était réellement l’auteur
[140]. »
On peut suivre le développement
des textes de l’Énoch hébreu par Jellinek dans
les pages du Beth ha-Midrash. En 1859, Jellinek suggéra
que « un livre d’Énoch hébraïque
ressemblant à l’éthiopien » avait
jadis circulé chez les Juifs. « Le karaïte
Salmon b. Jerucham, au Xe siècle, Moïse de Léon
[au XIIe siècle] et le Zohar vers la fin du XIIIe siècle
citent tous un livre d’Énoch [141] », mais
dès 1853, Jellinek avait suggéré certaines
« sources hébraïques du livre d’Énoch »
et avait même avancé qu’Énoch était
une création essénienne [142].
De plus, de gros fragments du livre perdu
d’Énoch se trouvent dans le Pirke de-Rabbi Eliézer
et les Hékhaloth », qui sont en fait appelés
« Livre d’Énoch » dans le
manuscrit Oppenheim [143]. Dans le tome 2 du Beth ha-Midrash,
Jellinek donne le texte d’un « livre d’Énoch »
tel que conservé dans le livre de Moïse de Leon, le
« Livre de la demeure des Secrets » [144] et
dans le tome suivant, il note que les Grandes Hékhaloth
(voulant dire par là les Chambres, c'est-à-dire,
d’initiation dans le Temple) étaient un type d’écrit
combinant essénisme et soufisme et avait une grande influence
sur les poètes et les mystiques. Les Grandes Hékhaloth,
dit-il, étaient en fait un « livre secret des
Esséniens traitant de l’origine de l’univers et du
trône divin d’Ézéchiel. Des parties de cet
ouvrage apparaissent dans le livre d’Énoch, qui est la
source de la littérature chrétienne-essénienne
et juive-essénienne [145]. »
Dans le Beth Hamidrash, tome IV, Jellinek
donne le texte d’une Vie d’Énoch tirée du
Séfer ha-Jasha, utilisant des sources plus anciennes, et
annonce que cela fournissait « une nouvelle confirmation
que la saga d’Énoch tout entière et les livres
d’Énoch étaient connus des Juifs et qu’on
ne les laissa tomber dans l’oubli qu’après
l’époque où une chrétienté
grandissante manifesta une préférence dogmatique pour
ce cycle », c’est-à-dire que ce fut son
adoption par les chrétiens qui aigrit les Juifs contre Énoch
[146].
Dans le tome V, en 1872, Jellinek annonça
joyeusement la confirmation de ses longues recherches. « Dans
[le Beth ha-Midrash] III, 1855, p.13, j’ai postulé
l’existence de plusieurs versions des thèmes des
Hékhaloth attribués à la Sagesse d’Énoch.
Ainsi donc, le Livre d’Énoch primitif fut assemblé
à partir de divers ouvrages plus petits, qui remontaient à
Énoch ! » La preuve décisive est un
texte que Jellinek reproduit à cet endroit, tiré de
Recamatic, Commentaire du Pentateuque, Venise, 1545 [147]. L’étude
de la littérature apocalyptique juive en général
fut commencée en 1857 par M. Lilgenfeld et il s’avéra
bientôt, grâce à des citations des Douze
Patriarches, des Jubilés, etc. qu’Énoch était
« la première et la plus importante de toutes les
apocalypses palestiniennes [148] ». « De tous
les écrits palestiniens, écrit l’érudit
catholique J. B. Frey, le Livre d’Énoch semble avoir
surpassé tous les autres en antiquité et en importance
[149]. »
N. Schmidt conclut « qu’il
est possible que la collection de Pic (au XVe siècle) ait
possédé une copie de l’Énoch hébreu…
ce que les préjugés des savants ont laissé
passer sans s’en apercevoir
[150]. » Outre les Hékhaloth publiées par
Jellinek en 1873, Schmidt mentionne comme source de l’Énoch
hébreu le Séfer Hékhaloth de R. Ishmael
(Limberg, 1865), mais précise que « l’Énoch
hébreu contient du texte qui semble avoir été
tiré des sources éthiopienne et slave ainsi que
d’autres sources », le considérant ainsi,
comme S. Zeitlin le fait avec les Manuscrits de la mer Morte, comme
une création médiévale [151].
Ce qui prouve que l’Énoch
hébreu est l’original, c’est la découverte,
parmi les manuscrits de la mer Morte, de fragments considérables
du livre d’Énoch. On se souviendra que Jellinek avait,
déjà en 1853, avancé que le livre d’Énoch
était une création essénienne [152]. Les
événements devaient lui donner raison presque
exactement un siècle plus tard.
En 1956, le Père J. T. Milik
mentionna huit fragments différents, dans les manuscrits de la
mer Morte, de I Énoch en araméen et d’un livre
III araméen qui était supérieur à la
section éthiopienne sur l’astronomie. Il y avait aussi
une épître d’Énoch à Shamazya et à
ses amis, un manuscrit datant d’avant 70 av. J.-C [153]. F. M.
Cross signala, en 1954, que le Pesher ou commentaire d’Habacuc,
l’un des premiers ouvrages découverts à Qumran,
était « un ouvrage inconnu apparenté à
la littérature énochienne [154] ».
Cependant, entre 1952 et 1973, seulement deux de ces fragments
araméens avaient été publiés et en 1970,
M. Black dut mettre son livre sous presse sans profiter des grands
fragments [155].
Tous les fragments d’Énoch
découverts dans la grotte I, selon Milik, y furent déposés
au premier siècle de notre ère [156]. « Les
fragments de I Énoch venant de la grotte IV découverte
en 1952, sont tous en araméen et montrent des affinités
avec la version éthiopienne. » « Ils
contiennent des textes d’Énoch jusqu’alors
inconnus, comme une lettre d’Énoch à Shamazya. »
Dans trois de ces manuscrits, le voyage d’Énoch sur la
terre est donné « dans une version longue »
[157]. Mais malgré toute leur importance, les vieux textes
d’Énoch en araméen sont encore tenus secrets pour
le monde après plus de vingt ans. L’important Apocryphe
de la Genèse découvert à Qumran commence avec
cinq colonnes qui « traitent de la naissance de Noé
d’une façon qui n’a absolument aucun rapport
direct avec le bref récit biblique de Gen. V, 28f [Genèse
5:28 et suiv.], mais ressemble à Énoch cvi dans la
plupart des points essentiels [158]. »
Évaluations du
livre d’Énoch dans son ensemble
Ce fut Laurence lui-même qui, dans
ses deux premières éditions, suggéra que
« différentes parties de ce livre ont pu avoir été
composées à des époques différentes par
des personnes différentes [159] ». Poursuivant
cette supposition, E. Murray va trop loin et ne voit en Énoch
rien de plus qu’un fouillis de traités disparates sur
des sujets sans rapport les uns avec les autres regroupés
autour d’un livre original qui ne devait pas compter plus de
trente versets [160] ! Du milieu du XIXème au milieu du
XX siècle, le jeu préféré des érudits
était de démanteler les écrits anciens en de
nombreuses composantes originales. C’est ainsi que J. B. Frey,
tout en saluant le livre d’Énoch comme un ouvrage très
ancien et très important, insiste en fait en disant que ce
n’est pas vraiment un livre d’Énoch mais plutôt
une littérature énochienne constituée d’ouvrages
très disparates qui n’ont en commun que le nom d’Énoch,
comme si « Énoch » n’aurait pas pu
écrire sur plus d’un sujet [161].
Carl Clemen, en 1898, trouve pas moins de
douze traditions distinctes dans Énoch et fait grand cas des
changements de personne qui, pour lui, « trahissent le
caractère composite de l’ouvrage »
[162]. R. H. Charles suggère que Énoch «
est construit sur les débris » d’une histoire
de Noé plus ancienne et insiste sur le fait que « les
paraboles ont une origine distincte tout comme les sections
cosmologiques [163]. Les experts ont avancé toutes les
théories possibles concernant cet ouvrage. Comme le note R. H.
Charles, « chaque spécialiste divise différemment
les livres d’Énoch et leur attribue des dates
différentes [164]. » Dès 1840, M. Stuart
avait la perspicacité de noter que « le ton et la
teneur du livre ont de nombreuses ressemblances avec des passages du
Zend-Avesta » [165], tandis que Sieffert voit comme auteur
d’une partie du livre un hassid de l’époque de
Simon Macchabée et d’une autre partie un essénien
d’avant 64 av. J.-C. et Philippi le considère comme
entièrement écrit « en grec par un auteur
unique, un chrétien, vers 100 apr. J.-C. [166]. »
Le Hastings Dictionary of the Apostolic
Church déclarait qu’Énoch était un
« ouvrage curieusement complexe et inégal. En fait
il est tout un cycle en lui-même », bien que « dans
ce pot-pourri nous trouvons certaines notes récurrentes
[167] ». L’Interpreter’s Dictionary of the
Bible (2:103) reconnaît que « l’on ne peut pas
déterminer dans quelle mesure le compilateur a retravaillé
ses sources. Il a certainement fait peu d’efforts pour les
harmoniser… Dans une certaine mesure, il les a entremêlées…
Mais le plus souvent les sources se succèdent sans qu’il
soit fait grande attention à l’ordre chronologique ou
logique ou à la suite dans les idées »
[168]. En 1960, J. E. H. Thompson pouvait encore dire qu’il y
avait plus de désaccords que jamais entre les experts au sujet
de la structure d’Énoch et la nature et la priorité
de ses différentes parties [169]. C. P. Van Andel, écrivait
en 1955 qu’aucune étude d’ensemble d’un
aspect quelconque du livre d’Énoch n’avait encore
jamais été entreprise [170]. Il donne le clairement la
priorité à l’Énoch grec puisqu’il
est intelligible là où I Énoch est souvent
incompréhensible [171]. Nous relèverons plus loin des
cas importants où l’Énoch de Joseph Smith
« suit » la version grecque et non la version
éthiopienne.
L’Énoch éthiopien,
nous dit Van Andel, vient de sources juives de l’époque
du Christ. Quoique son « Sitz im Leben » doive
encore être déterminé, toute la littérature
d’Énoch est reconnue comme étant l’œuvre
de membres de sectes. R. H. Charles voit une origine hassidique,
c'est-à-dire pharisienne, tandis que Leszinski lui attribue
une origine sadducéenne et Lagrange, une origine essénienne,
toutes apparentées d’une manière ou d’une
autre à la communauté de Qumran [172]. La partie de I
Énoch appelée « La Sagesse d’Énoch »
(91-107) appartenait, selon Van Andel, à un groupe séparatiste
qui était sans amis dans le monde et qui s’opposait
fortement aux classes dominantes d’Israël [173]. Van Andel
conclut que la source ultime de l’Énoch éthiopien
était un livre qui circulait parmi les des sectes juives
apparentées des deuxième et premier siècles av.
J.-C., qui prenaient Énoch comme modèle pour dénoncer
un monde dégénéré [174]. Ce « livre »
venait, de son côté, de la même source que « les
Jubilés », mais est plus ancien [175] tandis que la
partie la « Sagesse d’Énoch » a la
même origine que « Les Douze Patriarches »
et le fragment zadokite des manuscrits de la mer Morte, avec leur
accent sur la prêtrise et le strict respect de la loi [176].
Tous les spécialistes sont
d’accord pour dire que l’origine du livre d’Énoch
et de ses différentes parties reste complètement
inconnue, tout en insistant sur le fait que le livre d’Énoch
doit dériver d’écrits plus anciens. Pourtant les
sources les plus anciennes que nous possédons prétendent
remonter à Énoch et n’en connaissent aucune plus
ancienne qu’Adam. Au lieu de s’évertuer à
rechercher des sources pour Énoch qui restent introuvables,
pourquoi ne pas faire preuve de bon sens et accepter Énoch
lui-même comme étant la source, comme le font les
auteurs des Jubilés et des « Douze Patriarches » ?
Van Andel, qui, à juste titre,
accuse Albert Schweitzer de ne prêter aucune attention aux
écrits apocalyptiques juifs dans sa reconstitution de son
concept de Jésus et de ses disciples [177], est coupable
du même genre de myopie quand il fait tout remonter aux récits
juifs du IIIe siècle av. J.-C. et s’y arrête pile,
comme si avant cela c’était le vide. Mais Rudolf Otto
demande pourquoi nous ne pouvons pas aller beaucoup plus loin dans le
temps, puisque le Voyant avec sa vision de la Sion céleste et
de l’Ancien des jours est un cliché dans tous les écrits
anciens [178].
NOTES
96.
C. Bonner, The Last Chapters of Enoch in Greek, Londres,
Christophers, 1937, p. 3.
97.
A. L. Davies, dans J. Hastings Dictionary of the Apostolic Church,
New York, 1916, 1:334.
98.
O. Ploeger, dans Religion in Geschichte und Gegenwart 3:222.
99.
R. H. Charles, The Book of Enoch or 1 Enoch, Oxford, 1912, p. xxiv;
un manuscript important date “peut-être même déjà
du XVe siècle” p. xxiii et un autre du XVIIIe siècle,
p. xxii.
100.
Ploeger, p. 222.
101.
Id., p. 223–24.
102.
Bonner, p. 22.
103.
Id., p. 24.
104.
C. P. Van Andel, De Struktuur van de Henoch-Traditie, Utrecht, Kemink
& Son, 1955, p. 7.
105.
Charles, p. xxv.
106.
Id., p. xxvi.
107.
S. Terrien, dans Encyclopedia Americana, 1970, 10:395.
108.
Ploeger, p. 224.
109.
Terrien, l.c.
110.
H. F. Weiss, untersuchungen zur Kosmologie des Hellenistischen u.
Palästinischen Judentums, Berlin, Akademie Verlag, 1966, p.
126. Voir aussi O. Eissfeldt, Einleitung in das Alte Testament,
Tübingen, Mohr, 1964, p. 843.
111.
E. da San Marco, Enciclopedia Cattolica, Cité du Vatican,
1951, 6:1467.
112.
D. Winston, “The Iranian Component in the Bible, Apocrypha, and
Qumran,” History of Religions, 5:197.
113.
Terrien, 10:395.
114.
André Vaillant, Le Livre des Secrets d’Henoch,
Université de Paris, Institut d’Études Slaves,
1952, p. iii.
115.
Id., p. iv.
116.
Id, p. i.
117.
Id.
118.
Id., p. v.
119.
Id., p. viii.
120.
Id., p. xi.
121.
Id., p. xxi.
122.
Id., p. xxiii.
123.
Charles, p. xcv et suiv.
124.
Vaillant, p. viii.
125.
Terrien, 10:394.
126.
Charles, p. xvii.
127.
Bonner, p. 3.
128.
Id., p. 4.
129.
Id., p. 10.
130.
F. G. Kenyon, The Chester Beatty Biblical Papyri, London, 1933–41,
8:12.
131.
Bonner, p. 17.
132.
Kenyon, p. 6.
133.
Van Andel, p. 3.
134.
Id., p. 4.
135.
N. Schmidt, “Traces of the Book of Enoch in Europe,”
Journal of the American Oriental Society 42, 1922, 44 suiv.
136.
Id.
137.
Charles, p. lxx.
138.
M. Philonenko, in Rev. Hist. & Phil. Rel., 52, 1972, 337–40.
139.
M. Black, dir. de publ., Apocalypsis Henochi Graeca, Leiden, Brill,
1970.
140.
Id.
141.
J. M. McClintock, Cyclopedia of Biblical, Theological and
Ecclesiastical Literature, 1876, 3:226.
142.
A. Jellinek, Bait ha-Midrash, BHM, Jerusalem: Wahrmann, 1967. 2:16:
xxx.
143.
Jellinek, Zeitschrift der Deutsch-Morgenländischen Gesellschaft
7, 1853, 249.
144.
BHM 2: xxx–xxxii.
145.
BHM 3: viii, 83–108.
146.
BHM 4: xi–xii, 129–32.
147.
BHM 5: xli; Frg. XXIV, p. 170–190.
148.
F. G. Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, Paris, 1895–1912,
1:757.
149.
J. B. Frey, dans Pirot, Dictionnaire de la Bible, Paris, 1928,
1:357.
150.
N. Schmidt, dans JAOS 42:47.
151.
Id., p. 45.
152.
Id., n. 45.
153.
J. T. Milik, dans Revue Biblique 63, janvier 1956.
154.
F. M. Cross, Biblical Archaeologist, février 1954, p. 3.
155.
M. Black, Apocalypsis Henochi Graeca, pp. 6–7.
156.
D. Barthelemy et J. T. Milik, Qumran Cave l, volume of Discoveries in
the Judaean Desert, Oxford, Clarendon, 1955, p. 3.
157.
Id.
158.
Terrien, 10:394.
159.
N. Avigad, A Genesis Apocryphon, 1956, p. 19.
160.
J. P. Migne, Encyclopédie Théologique, Paris, 1856,
3:425–26.
161.
J. B. Frey, in Pirot, Dict. 1:357.
162.
C. Clemen, Theologische Studien u. Kritiken, 1898, pp. 211 et suiv,
cit. Charles, p. xliii.
163.
Charles, p. xlvii–xlviii.
164.
Id., pp. xxxff.
165.
M. Stuart, Biblical Repository and Classical Review, Andover, 1840 et
suiv, 3:132. Plus
tard, in 1891, T. K. Cheyne releva “des elements esséniens
et zoroastriens” dans la littérature énochienne ;
cit. Charles,
p. xlii.
166.
Id., p. xxxv.
167.
Hastings Encyclopedia of the Apostolic Church, 1916, 1:334.
168.
M. Rist, dans Interpreter’s Dictionary of the Bible, New York,
Abingdon Press, 1962, 2:103.
169.
J. E. H. Thomson, dans International Standard Bible Encyclopedia,
Grand Rapids: W. B. Eerdmans, 1960, 1:164.
170.
Van Andel, Structuur, p. 1.
171.
Id., pp. 6–7.
172.
Résumé par Van Andel, p. 9.
173.
Id., p. 11.
174.
Id., p. 43.
175.
Id., p. 47.
176.
Id., p. 51.
177.
Id., p. 68.
178.
Id., p. 70.
Quatrième partie
(Ensign, mars 1976)
Un
problème âprement discuté a toujours été :
à quel point les écrits énochiens sont-ils
chrétiens ? « Il est possible que la
dernière formulation de 1 Énoch ait été
écrite par des mains chrétiennes, mais il n’y a
aucun endroit où les diverses parties donnent des raisons de
de la juger d’origine ou d’interpolation chrétienne. »
C’est ce que conclut Van Andel [179]. Dans des ouvrages
juifs tels que les Douze Patriarches, Jacques II, Pierre, Jude, la
Didaché, Barnabas et Hermas, il trouve qu’il « est
pratiquement impossible de distinguer entre les éléments
chrétiens et non chrétiens » [180]. Pour J.
Z. Werblowsky, la version slave « intègre les
concepts messianiques des Juifs d’Alexandrie aussi bien que de
nombreux ajouts chrétiens… circulant pendant la période
du second Temple » [181].
Les
érudits chrétiens, résolus à préserver
« l’originalité » de Jésus
dans le cas d’Énoch, comme pour les manuscrits de la mer
Morte, ont décrété qu’Énoch est un
ouvrage totalement étranger au Nouveau Testament. En 1840, M.
Stuart estime que « le lecteur qui n’est jamais allé
très loin dans l’étude de la critique sacrée
ne peut s’imaginer toute la lumière qu’il [1
Énoch] jette sur diverses parties du Nouveau Testament, et
plus particulièrement sur l’Apocalypse… Et
pourtant… combien différentes sont ces deux
compositions, bien que les ressemblances partielles et même
générales soient si fréquentes »
[182]. Il nous assure qu’Énoch et le livre de
l’Apocalypse furent écrits à la même époque
par deux auteurs juifs sur le même thème et le même
but généraux… les deux auteurs… traitent
de visions et de symboles » [183]. Pour sauvegarder
l’originalité du Nouveau Testament, il explique que les
deux livres sont des inventions indépendantes et que « les
deux auteurs donnent libre cours à leur imagination et
inventent librement » [184].
Stuart
n’en est pas moins stupéfait de découvrir ce qui
ressemble à « de la vraie christologie avant
l’époque du Christ ! » [185]. Comment
l’expliquer ? Ce devait être une œuvre
chrétienne : « Le contour tout entier de la
partie messianique du livre indique une connaissance plus grande de
la christologie que ce que l’on pourrait raisonnablement
attendre d’un quelconque Juif sans inspiration… à
une époque antérieure à la publication du
christianisme [186]. »
Et
si c’était un Juif inspiré ? Ceci est bien
sûr hors de question. « Ma conviction profonde est
que nos écritures actuelles sont la règle unique et
suffisante de foi et de pratique » [187], une prise de
position qui l’oblige à annoncer, quoi qu’il
arrive : « Je n’ai pas la moindre
intention de dire du livre d’Énoch
qu’il est une autorité. On ne me fera jamais croire que
les Éthiopiens avaient une justification de le mettre dans
leur canon » [188]. Cependant, il admet franchement que
les premiers chrétiens, notamment les premiers Pères,
l’avaient mis dans leur canon [189] ! Sa conclusion :
« L’auteur était un Juif chrétien
[190]. » Chrétien, parce que « aucun un
sage purement juif, connu de nous, n’aurait amené les
auteurs, à une époque aussi lointaine, à
emprunter le chemin qu’il a parcouru [191]. » Juif,
parce qu’il « connaissait particulièrement
bien les écritures de l’Ancien Testament et avait
probablement une certaine connaissance de celles du Nouveau.
L’ouvrage fut composé, selon toute probabilité,
dans la seconde moitié du premier siècle de l’ère
chrétienne » [192].
En
1860, G. Volkmar, motivé par les mêmes arguments,
insista sur le fait qu’Énoch était un ouvrage
purement chrétien, l’idée qu’il puisse être
préchrétien étant le résultat d’une
traduction défectueuse ; il n’avait rien à
voir avec les membres des sectes du premier siècle av. J.-C.
[193] Et puis, en 1864, les textes d’Énoch hébreux
purement juifs commencèrent à apparaître [194],
mais A. Vaillant, en bon catholique, tient la bonne réplique :
« Alors que l’Énoch hébreu est « mal
construit, confus et ténébreux, l’Énoch
chrétien est raisonnable, ordonné et clair ».
Ce sont donc les chrétiens qui ont réellement organisé
les vieux textes juifs et qui, dans la foulée, « inventèrent
une autre histoire », ce qui exclut les Juifs. Dans le
même esprit, Weisse, Hofmann et Philippi prétendent tous
qu’Énoch était un ouvrage chrétien en
vertu du « principe dogmatique », selon
Charles, que le christianisme devait être défendu « dans
son originalité pure » [196].
C’est une question qui a tarabusté
ces dernières années tous les spécialistes des
anciens écrits apocalyptiques : que faire quand un
ouvrage indubitablement juif contient des éléments
indéniablement chrétiens ? Cela a été,
bien entendu, l’une des principales pierres d’achoppement
du Livre de Mormon : comment des Juifs pouvaient-ils, avant
l’époque du Christ, à ce point parler et agir
comme des chrétiens et vice-versa ? Cette anomalie
apparente a amené tant les Juifs que les chrétiens à
modérer leur enthousiasme pour les manuscrits de la mer Morte
et même à déconseiller leur publication [197].
Après avoir énuméré
une douzaine de mentions d’Énoch dans le Nouveau
Testament, l’Encyclopedia Britannica minimise le lien en vertu
de la théorie que « la répétition
d’idées et de phraséologie semblables indique
tout simplement l’influence d’une tradition commune »
[198]. Van Andel insiste sur le fait que la communauté du
Nouveau Testament qui a inventé Énoch suivait le
Christ, qui, lui, n’était pas une invention : « Le
véritable Énoch s’est perdu dans les brumes du
mythe alors que le véritable Christ est un personnage
historique… » [199]. Et comment ont-ils inventé
Énoch ? Quelle proportion de cette histoire est parvenue
jusqu’à eux en plus de son nom ? Personne ne le
sait, et il est facile d’avancer des théories. Même
R. H. Charles, pour éviter d’accorder trop de crédit
à Énoch, a introduit, selon Black, des choses dans sa
traduction sans « le moindre soutien de la tradition des
manuscrits… Il a en fait pratiquement réécrit la
fin des Similitudes pour la faire cadrer avec ses idées sur ce
qu’Énoch aurait dû dire [200]. »
Mais P. Battifol, avec sa clairvoyance
habituelle, a observé il y a longtemps que des ouvrages tels
qu’Énoch sont un prolongement des prophètes
canoniques et « en même temps un prologue à
l’Évangile. C’est ainsi et ainsi seulement que
l’on peut expliquer la faveur qui leur était accordée
dans l’Église primitive et comment, négligés
par les Juifs de la tradition talmudique, ils ont été
préservés pour nous par des mains chrétiennes
[201]. »
Le but de ce résumé
fastidieux et superficiel est de bien montrer que, lorsque Joseph
Smith fait paraître des pages d’un livre d’Énoch
pour nous le faire lire, ce ne peut pas être quelque chose
qu’il a emprunté à une quelconque source ancienne
connue, qu’elle soit éthiopienne, grecque, slave,
hébraïque, araméenne ou arabe, etc., car aucune
d’elles n’était à sa disposition en 1830.
De tous les concepts primordiaux portés
à l’attention de l’humanité par le
ministère du prophète Joseph Smith, aucun n’a été
en butte à une plus grande dérision ou ne mérite
plus de respect que son affirmation que certaines annales sacrées
ont été tenues et transmises aux saints de chaque
dispensation au fil des siècles. Il nous dit comment un dépôt
d’écrits sacrés a été préservé
et agrandi depuis le commencement de l’homme jusqu’à
maintenant ; et s’il dit vrai, il existe aujourd’hui
quelque part sur la terre, si seulement nous savions où les
découvrir, l’équivalent de milliers de bandes
magnétiques et de films rappelant les événements
cruciaux de l’histoire humaine. L’équivalent ?
Mieux que cela ! Le vieux rêve de science-fiction de
récupérer les ondes de son et de lumière
propagées par les grands événements historiques
s’avère être une erreur – les
physiciens-nous assurent que les ondes sonores et lumineuses ont
l’art de perdre de la définition et de s’atténuer
peu après avoir entrepris leur ambitieux voyage dans toutes
les directions et on peut montrer que les instruments les plus
puissants que l’on puisse concevoir ne pourront jamais démêler
leurs impulsions inextricables.
Cela signifie que l’art d’écrire,
une technique vieille comme l’histoire, reste et restera
probablement toujours le moyen le plus efficace d’unir le temps
et l’espace. « Mais de toutes les inventions
stupéfiantes, écrit le non moins stupéfiant
Galilée, quel esprit sublime a dû avoir celui qui a
conçu le moyen de communiquer ses pensées les plus
secrètes à autrui, aussi éloigné qu’il
soit dans le temps ou dans le lieu, parlant à ceux qui sont
aux Indes, parlant à ceux qui ne sont pas encore nés ni
ne naîtront d’ici mille ou même dix mille ans ?
Et cela sans devoir se donner plus de peine que d’arranger de
diverses façons deux douzaines de petits signes sur du
papier ? Que ce soit là le sceau de toutes les inventions
admirables de l’homme [202]. » Le sublime de la
chose fait que l’on doute qu’elle soit une invention
humaine : les hommes n’ont jamais rien inventé de
tel avant ou depuis, et l’idée que « l’homme
primitif » y soit arrivé insensiblement, petit à
petit, au cours de dizaines de milliers d’années de
tâtonnements est tout simplement grotesque.
Eh bien, Joseph Smith, le Voyant, nous
raconte une histoire qui, une fois assemblée, est aussi
splendide qu’audacieuse. Et il n’est pas difficile de
l’assembler, car on la retrouve partout dans toutes les
écritures inspirées qu’il nous fournit, le Livre
de Mormon, en particulier, nous l’explique clairement. Voici
comment cela marche.
Énoch
déclara autrefois que, du temps d’Adam, « il
était donné à tous ceux qui invoquaient Dieu
d'écrire par l'esprit d'inspiration »,
qu’un « livre de souvenir » fut tenu
« dans la langue d’Adam » et transmis
jusqu’à sa propre époque, « écrit…
parmi nous, selon le modèle que le doigt de Dieu nous a
donné »
(Moïse 6:5, 46). À la fin de sa vie, « Adam
prédit tout ce qui arriverait à sa postérité
jusqu’à la dernière génération »
et cette information fut soigneusement consignée : « Ces
choses furent toutes écrites dans le livre d’Énoch,
et il en sera témoigné en temps opportun »
(D&A 107:56-57).
Il
existe donc un document écrit qui relie toute l’expérience
humaine depuis le commencement jusqu’à la fin.
Entre-temps il y a un travail consciencieux de tenue de registres
pour remplir le document, le mettre à jour, condenser et
abréger là où c’est nécessaire
et le remettre en de bonnes mains pour que la transmission continue.
« Car je commande à tous les hommes, à
l’est, à l’ouest, au nord et au sud, et dans les
îles de la mer, d’écrire les paroles que je leur
dis, car, d’après les livres qui seront écrits,
je jugerai le monde, chacun selon ses œuvres, suivant ce qui
est écrit… et je parlerai aussi à toutes les
nations de la terre et elles l’écriront » (2
Néphi 29:11–12).
Tout
comme l’écrit franchit l’espace, de même il
franchit le temps. Nous avons l’assurance que, lorsque les
plaques de bronze que Léhi emporta de Jérusalem.
« seraient envoyées à toutes les nations,
familles, langues et peuples de sa postérité, qu’elles
ne périraient jamais et qu’elles ne seraient même
jamais ternies par le temps » (1 Néphi 5:18-19). Le
monde est ainsi couvert d’une sorte de réseau de
communications, quelque chose comme le réseau de vie organique
de Teilhard de Chardin, grâce auquel les justes peuvent, quels
que soient le temps ou le lieu, partager un univers de parole commun.
« Et il a assurément montré… à
beaucoup ce qui nous concerne, c’est pourquoi, nous devons
nécessairement être informés à ce sujet…
afin qu’ils fussent au courant des actions du Seigneur dans
d’autres pays, parmi les peuples d’autrefois »
(1 Néphi 19:21, 22).
Même
les anges entrent dans le jeu. Quelques références
croisées montreront que lorsque Gabriel vient mettre pour
ainsi dire Zacharie et Marie « dans le coup »,
tout ce qu’il leur dit n’est rien d’autre qu’un
pastiche d’écrits prophétiques anciens qui
étaient sur le point de s’accomplir (Luc 1) ; et
quand Moroni inaugurera plus tard notre dispensation, il le fera de
la même façon, « cit[ant] les prophéties
de l’Ancien Testament… sur le point de s’accomplir »
et d’autres, soit dûment corrigés et « tels
qu’ils se trouvent dans notre Nouveau Testament »,
avec les explications nécessaires (Joseph Smith –
Histoire 1:36, 40).
Dans
la transmission des annales sacrées, tout est strictement géré
d’en-haut, « donné par inspiration…
et… confirmé… par le ministère d’anges…
prouvant au monde que les Saintes Écritures sont vraies et que
Dieu inspire les hommes et les appelle à son œuvre
sainte à notre époque et dans notre génération,
tout comme dans les générations d’autrefois »
(D&A 20:10-11). Tout est minuté et s’accomplit quand
« le Seigneur le juge bon » (2 Néphi
27:10, 21 ; Éther 4:16-17 ; spéc. JS–H
1:53-59 ). Le fait que des documents provenant d’époques
et d’endroits très variés correspondent
parfaitement atteste leur authenticité, car « Ces
dernières annales… confirmeront la vérité
des premières » (1 Néphi 13:40). Et d’un
bout à l’autre, tout se fait « par l’esprit
d’inspiration » (Moïse 6:5.
Le prophète pousse la gentillesse
jusqu’à nous dire comment les choses fonctionnent. En
passant d’une main à une autre, le texte fait boule de
neige comme seules les bibliothèques peuvent le faire, de
sorte qu’il faut de temps à autre faire une version
abrégée si l’on veut que le message principal
soit maintenu au premier plan, le rédacteur sélectionnant
pour qu’on y prête une attention spéciale ce qu’il
estime primordial et conservant le reste sous diverses catégories.
« Et
il s'était produit beaucoup de choses qui, aux yeux de
certains, seraient grandes et merveilleuses; néanmoins, on ne
peut pas les écrire toutes dans ce livre; oui, ce livre ne
peut même pas contenir la centième partie de ce qui se
fit… mais voici, il y a des annales qui contiennent toutes les
actions de ce peuple; et un récit plus court, mais vrai, a été
fait par Néphi [un rédacteur plus ancien]… [moi,
Mormon] j'ai fait mon récit… selon les annales de
Néphi…
sur des plaques que j'ai faites de mes mains. »
(3 Néphi 5:8-11, voir 1 Néphi 1:16-17).
Cette
dernière phrase est le colophon standard par lequel le
rédacteur d’autrefois atteste l’exactitude du
document tel qu’il l’a reçu et tel qu’il le
transmet : « Et nous savons que nos annales sont
vraies, car voici, c’était un juste qui tenait les
annales ». (3 Néphi 8:1-2). Le rédacteur
lui-même certifie : « Je fais les annales
des actes de ma vie… et je sais que les annales que je fais
sont vraies, et je les fais de ma propre main, et je les fais selon
ma connaissance ». (1 Néphi 1:1-3, voir 3 Néphi
5:17) Jacob, frère de Néphi, nous dit qu’il a
pris, dans les annales plus anciennes, des notes sur les choses qui
pourraient être d’un intérêt particulier
pour son peuple, notant « les points principaux »
(kephalaïa), pour « les traiter le plus possible…
à cause de notre peuple » (Jacob 1:4). Car le mot
d’ordre est la pertinence : « Car
j'appliquais toutes les Écritures à nous, afin que cela
fût pour notre profit et notre instruction »
(1 Néphi 19:23).
Les
méthodes utilisées pour le traitement des écrits
sacrés sont conditionnées par le monde hostile dans
lequel elles se trouvent. Il y a ceux qui ont juré « dans
leur colère que,
si c'était possible, ils nous détruiraient, nos annales
et nous, et aussi toutes les traditions de nos pères »
(Énos 1:14). À défaut de quoi, ils peuvent les
endommager et les corrompre : « elle
a ôté… beaucoup de parties qui sont claires et
extrêmement précieuses ; et il y a aussi beaucoup
d'alliances du Seigneur qu'elle a ôtées »,
avec la conséquence désastreuse que « un
nombre extrêmement grand d’hommes trébuchent »
(1 Néphi 13:26-29).
Pourquoi
quelqu’un voudrait-il faire une chose pareille? Pour une raison
quelconque, la destruction de livres par le feu est une rengaine dans
la réalité historique : Le roman de Ray Bradbury,
Fahrenheit 451, parle d’une époque future où le
peuple et le gouvernement des États-Unis détruisent
systématiquement tous les livres parce qu’ils perturbent
un monde entièrement axé sur la télévision
et le rejet de toute réflexion sérieuse. Mais l’auteur
passe à côté de ce qui est le point principal :
les livres que l’on brûle ne sont pas le dépôt
sacré dont nous avons parlé, mais des livres de second
ordre tout au plus, une sorte de repousse de végétation
apparue sur les cendres des livres saints brûlés par
ces savants mêmes qui parrainent maintenant leurs successeurs.
La question en ce moment n’est pas de savoir si les « grands
livres », qui tous tâtonnent dans le noir, peuvent
répondre aux grandes questions de la vie, (de leur propre
aveu, ils ne le peuvent pas), mais s’il y a jamais eu des
livres qui, eux, le pouvaient. Joseph Smith était conscient du
vide qui existe entre l’homme moderne et les écrits de
ce genre. « Vous allez peut-être penser que cette
façon de procéder est bien pointilleuse »,
dit-il aux frères quand il leur enseigna le système de
tenue de registres de l’Église (D&A 128:5) et
Moroni, le principal rédacteur du Livre de Mormon désespère
d’approcher et même de décrire la puissance et la
majesté inconcevables manifestées dans l’écrit
entre les mains de maîtres aussi inspirés que le frère
de Jared (Voir Éther 12:23-25). Ce qui se passe, c’est
que ce genre d’écrit agit sur une longueur d’onde
différente de ce qui se passe pour les textes ordinaires. Le
lecteur réceptif peut en retirer quelque chose qu’aucun
autre écrit ne donnera. La dernière dispensation a été
inaugurée par une communication de ce genre : « Jamais
aucun passage de l’Écriture ne toucha le cœur de
l’homme avec plus de puissance que celui-ci ne toucha alors le
mien » (JSH 1:12) Le passage était bien connu, mais
jusqu’alors la courant avait été coupé.
Parce
que le monde est susceptible et hostile envers ce qu’il ne
comprend pas – « Les chiens aboient contre les
étrangers » dit l’immortel Héraclite –
Il est beaucoup question dans la tenue des registres de cacher, de
soustraire, de feindre, de rationner et de déguiser :
« ayant
reçu du Seigneur le commandement de ne pas laisser les
annales, qui avaient été transmises par nos pères,
qui étaient sacrées, tomber entre les mains des
Lamanites (car les Lamanites les détruiraient), je…
cachai dans la colline de Cumorah toutes les annales qui m'avaient
été confiées par la main du Seigneur »
(Mormon 6:6). « Ceux
qui auront dégénéré dans l'incrédulité
ne l'auront pas, car ils cherchent à détruire les
choses de Dieu »
(2 Néphi 26:17). Ces choses-là sont « scellées »
et « ne
seront pas remises au jour de la méchanceté et des
abominations du peuple. C'est pourquoi, le livre lui sera refusé »
(2 Néphi 27:8).
Le
moyen le plus sûr de préserver un livre de la
destruction et la seule façon de le protéger de
l’inévitable corruption de son contenu qui découle
de la copie et de la manipulation est tout simplement de l’enterrer :
« et
elles sont scellées pour parvenir à la maison d'Israël,
dans leur pureté, selon la vérité qui est en
l'Agneau, lorsque le Seigneur le jugera bon »
(1 Néphi 14:26). « Alors
tu scelleras de nouveau le livre et tu le cacheras pour moi, afin que
je préserve les paroles que tu n'as pas lues, jusqu'à
ce que je juge bon, dans ma sagesse, de tout révéler
aux enfants des hommes »
(2 Néphi 27:22, voir Éther 4:4-6, D&A 6:26-27). Le
problème de retrouver l’objet ne présente bien
entendu aucune difficulté puisqu’il est « caché
pour Dieu » selon ses instructions. « Ne
touche pas aux choses qui sont scellées, car je les ferai
paraître lorsque je le jugerai bon »
(voir 2 Néphi 27:21).
« C’est
pourquoi, lorsque tu auras lu les paroles… alors tu scelleras
de nouveau le livre et tu le cacheras pour moi » (2 Néphi
27:21-22). Et quand on devra les redécouvrir, celui qui les
aura découvertes devra les montrer « seulement à
ceux à qui il [lui] serait commandé de les montrer »
sous peine de destruction (JS–H 1:42). Quand « elles
seront de nouveau parmi les enfants des hommes », ce sera
seulement « parmi tous ceux qui croient… Ne les
montre qu’à ceux qui croient » (Moïse
1:41-42). Certaines choses ne devront jamais être diffusées
publiquement, mais pourront « s’obtenir dans le
saint temple de Dieu » uniquement (Abraham fac-similé
2 fig. 8), d’autres ne peuvent être mises par écrit
que par un agent spécial à un moment spécial (1
Néphi 14:25-28).
Les
écrits sacrés sont souvent protégés des
yeux indignes par la technique de la rédaction codée.
Dans un sens, tout écrit est codifié et ne peut être
lu que par ceux qui ont reçu des instructions spéciales.
Lire veut dire déchiffrer. Le roi Benjamin dut apprendre une
langue spéciale pour « lire ces inscriptions
gravées » et fit apprendre la langue à ses
fils pour qu’ils puissent tenir les annales (Mosiah 1:4) et il
fut commandé au frère de Jared de protéger les
enseignements, de les garder et de les sceller « afin que
personne ne puisse [les] interpréter, car tu [les] écriras
dans une langue dans laquelle on ne peut pas [les] lire »
(Éther 3:22).
Pour
franchir le fossé culturel et linguistique entre celui qui
cache les annales et celui qui les découvre, à des
milliers d’années d’écart, des dons et des
objets spéciaux sont fournis, notamment les pierres de voyant
et l’urim et le thummim (Éther 3:23). Ce ne sont pas là
de simples gadgets mécaniques, mais ils « ne
travaille[nt] parmi les enfants des hommes que selon leur foi »
(2 Néphi 27:23), nécessitant des qualifications
morales et intellectuelles beaucoup plus grandes que la manipulation
de grammaires et de dictionnaires. Ils travaillaient
par « le même pouvoir…et le même don »
que ceux par lesquels les hommes écrivirent les mots au départ
(D&A 17:7, D&A 9:2, D&A 8:11, Moïse 6:5).
Tout
commence sur terre avec « le livre de la postérité
d’Adam », des annales complètes de noms et
d’événements et des relations de Dieu avec ses
enfants sur terre (Moïse 6:8). Il exige des saints à
toutes les époques qu’ils tiennent un tel livre ou
plutôt qu’ils continuent l’original en y ajoutant
leur propre nom et leur propre histoire, « arranger
par le sort les héritages des saints dont les noms et les noms
de leurs pères et de leurs enfants se trouvent inscrits dans
le livre de la loi de Dieu »
(D&A 85:7) ; lequel est le même que le « livre
de souvenir » (D&A 85:9), qui remonte à Adam
(Moïse 6:45-46) et qui est aussi « la généalogie
des fils d’Adam » (Moïse 6: 22). Énoch
cite les livres pour rappeler à son peuple « les
commandements que [Dieu a] donnés à son père,
Adam (Moïse 6:28), quand « Il appela notre père
Adam de sa propre voix »(Moïse 6:51) et lui donne
l’ordre de faire passer : « enseigne[z]
libéralement ces choses à vos enfants »
(Moïse 6:58) et en temps voulu ils doivent parvenir jusqu’à
nous ! (D&A 107:56). La règle est que « il
y a beaucoup de livres… de toute espèce »
qui sont « transmis d’une génération à
l’autre… jusqu’à ce qu’ils [le
peuple] soient tombés dans la transgression »
(Hélaman 3:15-16), et à ce moment-là ils
disparaissent jusqu’à ce qu’un autre prophète
les fasse paraître.
Après Énoch lui-même,
le plus grand transmetteur d’annales semblerait être
Moïse, de la main duquel nous recevons les annales qui sont
passées par Énoch et ses successeurs. Et c’est
Moïse qui nous donne la clé de toute l’affaire : « Et
maintenant, Moïse, mon fils… tu écriras les choses
que je vais te dire ».
« Et le jour où les
enfants des hommes mépriseront mes paroles et en retireront
beaucoup du livre que tu vas écrire, j’en susciterai un
autre semblable à toi. Et elles seront de nouveau parmi les
enfants des hommes, parmi tous ceux qui croient » (Moïse
1:40-41).
Chaque
fois que les annales paraissent, elles sont rassemblées en une
seule écriture avec celles qui ont survécu parmi les
hommes, rendant possible la correction et la compréhension de
ces dernières. Étant la source et l’auteur de
tout, Jésus-Christ parmi les Néphites leur « expliqu[a]
en une seule toutes les Écritures qu’ils avaient
écrites » et « leur commanda d’enseigner
les choses qu’il leur avait expliquées » (3
Néphi 23:14). Ceci fut fait après qu’il ait
examiné personnellement toutes les annales, corrigé les
défauts et les ait mises à jour. La même chose se
passa dans l’ancien monde où : « commençant
par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua
dans toutes les Écritures ce qui le concernait »
(Luc 24:27). Le fait que le Seigneur lui-même lit aux hommes ce
qui est dans les livres anciens, « …parce
que…ce sont elles [les Écritures]… qui rendent
témoignage de [lui] » (Jean 5:39), alors même
qu’il est personnellement parmi eux, lui, le Seigneur
ressuscité, leur parlant de sa propre bouche, rend un
témoignage extraordinaire de l’autorité des
textes. Après tout, que font les livres, si ce n’est
témoigner de la réalité du Seigneur et de sa
mission : « Nous
travaillons diligemment à graver ces paroles sur des plaques,
espérant que nos frères bien-aimés et nos
enfants les recevront…
Car c'est dans
ce but que nous avons écrit ces choses, afin qu'ils sachent
que nous avions connaissance du Christ et que nous avions l'espérance
de sa gloire bien des centaines d'années avant sa venue »
(Jacob 4:3-4). « Et
un livre de souvenir fut écrit devant lui pour ceux qui
craignent le Seigneur et qui honorent son nom. ».
« Ils
seront à moi, dit le Seigneur des armées, ils
m'appartiendront au jour où je rassemblerai mes joyaux »
(3 Néphi 24:16-17), c’est-à-dire quand je les
rassemblerai tous et les mettrai en bon ordre. Ainsi tous ceux qui
sont dans ce livre sont « comptés parmi le peuple
de la première alliance », peu importe
quand ils vivent (Mormon 7:10), car les écrits eux-mêmes
« prouv[ent] au monde….qu’il est le même
Dieu hier, aujourd’hui et à jamais » (D&A
20:11-12).
Pour
les saints, les annales sacrées sont une source de joie et de
bonheur aussi bien que d’enseignement et de guidance. C’est
une joie de les lire, un régal pour l’intelligence et
l’esprit : « Car
mon âme fait ses délices des Écritures, et mon
cœur les médite et les écrit pour l'instruction
et le profit de mes enfants ».
(2 Néphi 4:15) ; « Et
si mon peuple est content des choses de Dieu, il sera content de ce
que j'ai gravé sur ces plaques »
(2 Néphi 5:32). Leur découverte est toujours une
nouvelle enthousiasmante pour ceux qui savent les apprécier,
comme le roi qui disait, alors qu’il était « dans
une allégresse extrême … Sans
aucun doute, un grand mystère est contenu dans ces plaques…
Oh ! Comme elles sont merveilleuses, les œuvres du
Seigneur » (Mosiah 8:19-20) et fut « rempli de
joie » quand il apprit que quelqu’un pouvait les
lire (Mosiah 21:28). Il n’y a aucune honte à avoir de la
curiosité intellectuelle et le sens de l’esthétique.
Notes
179.
Id., p. 114.
180.
Id., p. 48.
181.
J. Z. Werblowsky, dans Encyclopedia of Jewish Religion, p. 129.
182.
M. Stuart, Biblical Repository 3:105. Il trouve que « les
parties de loin les plus intéressantes et les plus importantes
du livre » sont celles qui développent sa
christologie, p. 99.
183.
Id., p. 105 et suiv.
184.
Id.
185.
Id., p. 113.
186.
Id., p. 128.
187.
Id.
188.
Id., p. 105 et suiv.
189.
Bibl. Repos. 4:10.
190.
Id., 4:11 ; 3:133.
191.
Id., 3:123.
192.
Id., 4:5.
193.
G. Volkmar, “Beiträge zur Erklärung des Buches
Henoch,” in ZDMG 14, 1860, p. 87.
194.
N. Schmidt, dans JAOS 42:45.
195.
Vaillant, Intro. J. P. Frey, un autre catholique, affirme que “la
partie la plus belle et la plus importante » de la
littérature sur Énoch pourrait bien être une
interpolation chrétienne, Pirot, Dict. Ik 358 et suiv..
196.
Charles, I Enoch, p. xxxiii.
197.
Voir M. Allegro.
198.
G. W. Anderson, Encyclopedia Britannica, édition 1973, 10:604.
199.
Van Andel, p. 113.
200.
M. Black, dans Journ. of Theol. Stud.
3, 1952, p. 1; citant T. W. Manson.
201.
P. Batiffol, dans F. Vigouroux, Dictionnaire, 1:757. Énoch
reflète le judaïsme de Palestine pendant la transition
vers le christianisme et vers le rabbinisme, selon un autre auteur
catholique, Enciclopedia Cattolica 6:1406.
202.
Cité par G. Santillana, Hamlet’s Mill, Boston, Gambit,
1969, p. 10.
203.
Voir le traitement dans le New Era, sept. 1973, p. 38–50.
Cinquième partie
(Ensign, avril 1976)
Nous
devons comprendre que l’Esprit de Dieu dit aux hommes tant ce qu’il
faut écrire que quand il faut l’écrire – « Tu ne peux
écrire ce qui est sacré que si cela t’est donné de moi »
(D&A 9:9, 76:115), les annales qu’il faut traduire – « N’y
touche pas afin de traduire ; car cela t’est interdit, sauf
plus tard, lorsque Dieu le jugera sage » (Éther 5:1, 1 Néphi
14:28) et l’impératif derrière l’opération : « C'est
pourquoi, le Seigneur m'a commandé de faire ces plaques dans un but
sage qui lui est propre, but que je ne connais pas » (1
Néphi 9:5). « Et je fais cela dans un but
sage; car c'est ce qui m'est chuchoté, selon l'inspiration de
l'Esprit du Seigneur qui est en moi » (Paroles de
Mormon 1:7). Elles doivent servir à « l'instruction
de mon peuple… et aussi pour d'autres buts sages, buts qui sont
connus du Seigneur ». (1 Néphi 19:3). Les écrits sont
complètement hors de portée des hommes. « Car
il dit, en vérité, que nul ne les aura pour obtenir du gain… et
quiconque les amènera à la lumière, le Seigneur le bénira. Car
nul ne peut avoir le pouvoir de les amener à la lumière, si cela ne
lui est donné par Dieu » (Mormon 8:14-15).Pour ce qui
est du matériel et des instructions : « Quiconque ces
objets est appelé voyant » (Voir Mosiah 28:16) et son pouvoir
« C’est un don de Dieu… et nul ne peut y
regarder si cela ne lui est commandé, de peur qu'il ne cherche ce
qu'il ne devrait pas et qu'il ne périsse » (Mosiah
8:13). Tout ceci n’exempte pas le prophète d’utiliser sa propre
intelligence (voir D&A 9:7-8 ; Mosiah 1:2-4) et d’apprendre
tout ce qu’il peut de « la langue de ses pères » et
« concernant les annales…afin qu’ils devinssent des hommes
pleins de jugement » (Mosiah 1:2-3).
L’univers des
livres n’est pas un simple jouet avec lequel l’esprit faible des
hommes peut jouer. Il suit un processus qui s’étend aux autres
mondes. Aux livres que les hommes gardent sur la terre correspondent
des livres gardés dans les cieux. Le Livre de Souvenir céleste
d’Adam est reproduit sur terre par un Livre de Vie, « le
registre qui est tenu dans les cieux… Ou, en d'autres termes…
tout ce que vous enregistrerez sur la terre sera enregistré dans les
cieux…Certains pourront avoir l'impression que cette doctrine dont
nous parlons est très hardie: un pouvoir qui enregistre ou lie sur
la terre et lie dans les cieux. Néanmoins, à toutes les époques du
monde, toutes les fois que le Seigneur a donné… une dispensation
de la prêtrise… ce pouvoir a toujours été donné » (D&A
128:7-9). Ce qui est en haut est projeté et enregistré en bas. « Je
te donne le commandement (au secrétaire) d’écrire pour lui ;
et les écritures seront données telles qu’elles sont » (D&A
35:20). Ce qui est en bas est projeté en haut et enregistré de la
même façon. « Les aumônes de vos prières
sont montées aux oreilles du Seigneur des armées et sont inscrites
dans le livre des noms des sanctifiés, c'est-à-dire de ceux du
monde céleste » (D&A 88:2).
Les
annales sont la source de tout le reste et c’est d’elles
que proviennent les écrits qui ont toujours été
la pierre angulaire de la civilisation, un faible reflet terrestre
du sublime. À part leurs fonctions sacrées, « elles
ont accru la mémoire de ce peuple » et l’ont
préservé des « traditions
incorrectes », gardant la civilisation sur la bonne voie
(Alma 37:8 -9). Elles bloquent la corruption de la langue et la perte
de la religion (Omni 17), et même si un grand dirigeant comme
Zarahemla a pu donner « la généalogie de ses
pères, selon sa mémoire », « Il
n’aurait pas été possible à notre père
Léhi de se souvenir de toutes ces choses, pour les enseigner à
ses enfants, s’il n’y avait pas eu l’aide de ces
plaques » (Mosiah 1:4), sans lesquelles, dit Mosiah,
« même nos pères auraient dégénéré
dans l’incrédulité… comme… les
Lamanites » (Mosiah 1:5).
Les
rois et les dirigeants du peuple, en tant que dépositaires de
l’héritage culturel et de la souveraineté, sont
les gardiens officiels des annales. Elles « sont détenues
par les rois, selon les générations » (Omni
11), transmises de père en fils avec une préparation et
des instructions spéciales (Omni 1, 4, 9) en même temps
que les trésors nationaux dont elles font partie : le
Liahona, les pierres de voyant et l’épée de
Laban ; le tout est résumé dans Alma 37:2-3 et
descend jusqu’à notre époque où il est
promis aux Whitmer qu’ils les verront (D&A 17:1). D’autres
personnes en plus du prophète furent encouragées à
demander le don de regarder dans « toutes ces annales
anciennes qui ont été cachées et qui sont
sacrées » (Voir D&A 8:11) et à « obtenir
la connaissance de l’histoire, des pays, des royaumes »
(D&A 93:53), comme le prophète fut invité à
se familiariser « avec tous les bons livres, et avec les
langues, les langages et les peuples » (D&A 90:15)
afin qu’ils n’abordent pas le dépôt sacré
l’esprit vide.
Si
quelqu’un suppose à la légère que Joseph
Smith a tiré ces idées de la Bible, où elles
sont effectivement de manière implicite mais certainement pas
évidente, il ne faut pas oublier que ses contemporains se sont
moqués de lui quand ils l’ont entendu ; et ce qui
les scandalisait le plus, c’était l’idée
d’associer à la Bible un deuxième ou un troisième
témoin en dépit de « la loi divine des
témoins ». Mais le jeune prophète, loin de
simplement continuer sur le thème de plaques et de parchemins
antiques, d’anges et de pierres de voyant, (les élucubrations
d’un jeune cinglé, comme l’écrit un
professeur de Harvard), est en fait allé de l’avant et a
publié les volumes merveilleux dont il parlait, de longs
textes, de vastes trames avec une immensité de détails,
suffisamment de corde pour pendre mille fois n’importe quel
imposteur. Si l’hypothétique maison des livres est une
merveilleuse création, avec quel étonnement ne
devons-nous pas contempler la structure réelle et solide
érigée sans aucune aide par le jeune prophète au
milieu d’innombrables obstacles et afflictions ?
Selon les dernières
nouvelles
Le bref passage en revue qui précède,
thème connu depuis longtemps des saints des derniers jours,
odieux pour d’autres, a pour but de préparer le lecteur
patient à la visite de l’étrange et merveilleux
édifice qui abrite la littérature énochienne que
l’on est en train de mettre au jour, car il est construit sur
précisément le même plan que celui exposé
par le prophète Joseph pour expliquer les livres sacrés
qu’il nous a donnés.
Nous commençons par Énoch,
qui tenait les livres d’Adam, rappelant que les paroles et les
prophéties d’Adam étaient « toutes…
écrites dans le livre d’Énoch » (D&A
107:57) qui rappelait à son peuple : « nous
connaissons même le premier de tous, Adam. Car nous avons écrit
un livre de souvenir parmi nous ». (Moïse 6:45-46).
Maintenant, selon le Zohar, « Énoch avait
aussi un livre qui venait du même endroit que le livre des
Générations d’Adam » [204]. Rabbi
Eleaser disait qu’Adam avait caché le livre que l’ange
Raziel, le pourvoyeur des secrets célestes, lui avait donné
et qu’Énoch le découvrit plus tard et le remit
ensuite à Noé par Raphaël et il passa ainsi à
Sem, puis d’une génération à la suivante
[205]. Il est sous-entendu dans Genèse 5:1-2 que le genre
humain fut définitivement lancé quand le livre des
Générations d’Adam fut inauguré, puisque
Adam et Ève furent mis à part (bara), et reçurent
un nom et une bénédiction. Une très ancienne
tradition relie la véritable humanité à Énoch,
le gardien des annales, un homme plus complet qu’Adam lui-même
[206]. Les premiers chrétiens, selon Épiphane, aimaient
le livre d’Adam, et A. Vaillant, l’autorité en ce
qui concerne l’Énoch slave, soutenait que le livre
chrétien d’Énoch n’était pas tiré
de sources juives, mais d’un vieux livre perdu d’Adam et
Seth [208].
Mais partout Énoch est considéré
comme étant l’auteur et le transmetteur par excellence,
« le Scribe juste, l’Instructeur des cieux et de la
terre, le Scribe de Justice » [209]. L’Énoch
de Joseph Smith fait paraître les livres, y compris celui
d’Adam, comme témoignage auprès de sa génération
(voir Moïse 6:46) ; même ainsi, selon les Jubilés,
« Énoch fut le premier à écrire un
témoignage et il témoigna parmi les générations
de la terre… il comprenait tout » (cf. Moïse
6:37, 7:67) et il écrivit son témoignage (Jub 4:18 et
suiv.) et le testament d’Abraham rapporte que « Dieu
lui donna [à Énoch], la tâche d’écrire
toutes les bonnes et les mauvaises actions que l’âme des
hommes commettait » [210].
Dans le domaine du secrétariat, la
prééminence revient à Énoch, « à
qui les anges montrèrent et enseignèrent toutes choses
tant dans les cieux que sur la terre… et il écrivit
tout ». (Jub 4:21). « L’homme
intelligent, le grand auteur, auquel le Seigneur donna d’être
un voyant de la vie en haut….» (2 Énoch,
Intro.) qui reçut de Dieu le commandement : « Rapporte
sur terre à tes enfants les livres dans lesquels j’ai
écrit… afin qu’ils les lisent et me reconnaissent
comme le Créateur de tous ; et distribue les livres
d’enfants à enfants, de génération à
génération, de nation à nation ». (2
Énoch 88:6-9). Inévitablement, le bruit courut dans le
pays que c’était cet homme qui « fut le
premier à apprendre et à enseigner l’écriture
et qui fut jugé digne de révéler les mystères
divins » [211].
Qu’y a-t-il derrière ces
traditions juives et chrétiennes ? L’idée
qu’il y eut un homme tel qu’Énoch, « la
figure d’Énoch », que nous allons avoir
l’occasion de mieux connaître, est aussi ancienne que les
annales humaines les plus anciennes. Nous revenons à la
proposition, clairement exposée dans le livre de Moïse
(Moïse 6:5, 46 ; D&A 128:5), que, pour employer les
termes de N. Tur Sinai : « Le miracle de l’écriture
était un miracle que les anciens considéraient comme un
don des cieux » [212]. Il ressort des documents sumériens
les plus anciens « qu’ils n’étaient pas
ignorants du concept du ‘livres sacré’,
c’est-à-dire d’un texte divinement inspiré
et même dicté, qui contient le seul récit correct
et valable de ‘l’histoire’ de la divinité »,
selon A. L. Oppenheim, qui observe en outre que le transmetteur du
livre, selon l’ancienne doctrine, n’en était pas
l’auteur mais seulement « a kâsir kâmé,
‘quelqu’un qui collecte, arrange, prépare les
tablettes’, sans se mêler de la formulation ».
Il ne fait que transmettre les paroles divines ; néanmoins,
pour fonctionner comme tel, il doit lui-même être
inspiré. Il est « le collecteur des tablettes, mais
son information lui est donnée dans une vision nocturne »,
qu’il met fidèlement par écrit le matin suivant
[213]. Tel est l’office d’Énoch : « Sortez
les livres de mon magasin », dit Dieu à ses anges
dans l’Énoch slave » et un roseau d’écriture
rapide [sténographie] et donnez-le à Énoch et
remettez-lui les livres de choix de ma main » (2 Énoch
22:8). Ayant reçu ces instructions, le voyant écrivit
« les gloires du trône
céleste d’une part et les combinaisons sans fin des
éléments d’autre part » (2 Énoch
introd.) [214].
Ceci
introduit l’élément cosmologique qui est si
visible dans la littérature énochienne, Énoch
étant « le premier parmi les hommes qui sont nés
sur terre à apprendre l’écriture, la connaissance
et la sagesse et qui écrivit les signes du ciel »
(Jubilés 4:17). Dieu lui montre « Le Livre de la
course des luminaires dans les Cieux » (1 Énoch
72:1). L’accent mis sur la cosmologie, très manifeste
dans « l’Énoch de Joseph Smith »,
déplut fortement aux docteurs aussi bien des Juifs que des
chrétiens et constitua leur argument le plus fort pour le
rejeter [215] ; mais la grande affinité entre les écrits
les plus anciens et les signes des cieux est indéniable [216].
Tant chez les Égyptiens que les Chaldéens, rapporte
Clément d’Alexandrie, « l’écriture
et la connaissance des cieux » vont main dans la main
[217] ; l’étude de ces écrits apocalyptiques
si dédaignée par les docteurs des écoles était,
comme le résume H. Gunkel, l’eschatologie,
l’angélologie, la cosmologie et la préhistoire,
tous sujets bien tangibles. Il n’y a pas d’endroit où
la pratique de transmettre de telles annales soit exprimée
plus clairement que dans le livre d’Abraham 1:31 : « Mais
les annales des pères, des patriarches…, le Seigneur,
mon Dieu, les conserva entre mes mains; c'est pourquoi j'ai gardé
jusqu'à ce jour la connaissance du commencement de la création
et aussi des planètes et des étoiles, telles qu'elles
furent révélées aux pères… au
profit de ma postérité qui viendra après moi ».
Cette préoccupation prosaïque
au sujet des étoiles dans leur cours est une marque
d’antiquité et d’authenticité dans la
littérature énochienne, comme la mention répétée
des tablettes célestes. « Observe, Énoch,
ces tablettes célestes, dit l’ange, et lis ce qui est
écrit dessus… Et j’observai les tablettes
célestes et lus tout… et je compris tout… et je
lus le livre de tous les actes de l’humanité …jusqu’aux
générations les plus lointaines » (1 Énoch
81:1, voir Moïse 7:67). Ici nous rencontrons la fusion des
livres célestes et des livres terrestres – sont-ils une
seule et même chose ? – comme dans les écrits
de Joseph Smith. « Je connais un mystère et j’ai
lu les tablettes célestes et j’ai vu les saints livres
et j’y ai trouvé écrit et inscrit à leur
sujet… ». (1 Énoch 103:2). « Et
après cela Énoch commença à raconter [ou
lire] dans les livres … ‘ce que j’ai appris grâce
aux tablettes celéestes’ » (1 Énoch
93:1). On a l’impression que les livres étaient les
copies terrestres des tablettes célestes : « Le
Seigneur a montré et a fait connaître, et je les ai lus
dans les tablettes du ciel [219] ». Dans Moïse
7:67 : « Le Seigneur montra toutes choses à
Énoch », et après une vision du ciel et de
la terre, il plaça devant le peuple « un livre de
souvenir… écrit parmi nous, selon le modèle que
le doigt de Dieu nous a donné » (Moïse 6:46).
En cela, ils rappellent les tables de la Loi (Exode 31:18) dont M.
Lambert fait remonter la forme aux Tables du Jugement babyloniennes
[220].
Vraiment, « peu d’idées
religieuses dans le Proche-Orient antique ont joué un rôle
plus important que la notion des tables célestes ou du livre
céleste » [221]. « Dans la littérature
du judaïsme antique », en particulier, elles « jouent
un rôle considérable [222] ». L’idée
est connue dans la littérature classique et on suppose que
c’est de là qu’elle a été reprise
par les premiers chrétiens avec leur livre de vie [223]. Dans
la tradition rabbinique, Abraham « ayant été
trouvé fidèle, est déclaré ami de Dieu
sur les tablettes célestes, et quiconque garde l’alliance
dans la justice est enregistré dans le même livre de
vie » [224]. L’antiquité en est confirmée
par le manuel de la Guerre des manuscrits de la mer Morte : « Et
l’alliance de ta paix, tu l’as gravée pour eux
avec un stylet de vie, pour régner sur eux dans tous les temps
désignés de l’éternité »
[225] où la situation ressemble de près à une
situation décrite dans le Livre de Mormon, Mosiah chapitre 5
[226].
Noé, après Énoch,
rapporte : « Le Seigneur m’a montré et
m’a informé, et j’ai lu dans les tablettes
célestes, et j’y ai vu écrit que génération
après génération transgressera… »
(Énoch 106:19 ; 107:1) ; et après lui, Jacob,
quand « un ange descendit du ciel avec sept tablettes dans
les mains… les lut et sut tout ce qui allait lui arriver ainsi
qu’à ses fils… et il leur montra tout ce qui
était écrit sur les tablettes » (Jubilés
32:21). Ensuite, « Moïse remit à un ange les
Tables de la Division des années… depuis le jour de la
création jusqu’au temps où les cieux et la terre
seront renouvelés » (Jubilés 1:29). Ainsi,
les mêmes tablettes sont transmises.
Les livres d’Énoch
contiennent des informations issues de toutes les sources sacrées :
« Moi, Énoch, vous déclarerai, mes fils,
selon ce qui m’est apparu dans la vision céleste et que
j’ai su par la parole des saints anges et que j’ai appris
dans les tablettes célestes. Et Énoch commença à
lire dans les livres… » (1 Énoch 93:1-2).
Dans la version slave, Énoch, accompagné de deux anges
pour le guider, apporte sur la terre « les livres
manuscrits » qui doivent être transmis « de
génération en génération » (2
Énoch 88:6-9).
Les tablettes célestes peuvent
remonter jusqu’aux « Tablettes de la Destinée »
babyloniennes : « Ces tablettes expriment la loi du
monde entier… et elles sont véritablement le mystère
du ciel et de la terre » [227]. Lors du couronnement, où
l’on répétait le grand rite de la création
du Nouvel An, le roi était censé être enlevé
jusqu’au ciel pour y recevoir son exemplaire des tablettes,
avec lequel il revenait sur terre et qui constituait son insigne
d’autorité divine » [228]. Lors d’une
occasion de ce genre, en Égypte, le roi, selon les livres des
plus anciens, les Textes des Pyramides, est salué comme « le
roi qui est au-dessus des esprits, qui unit les cœurs –
ainsi dit celui qui est chargé de la sagesse… qui porte
le livre du dieu, à savoir Sia, qui est à la droite de
Ré ».
Revenons un instant aux livres d’Adam.
Une source chrétienne très ancienne rapporte que tandis
que Dieu « envisageait de mettre le souffle de vie en
Adam, il prit un livre et y écrivit le nom de ceux qui
allaient sortir de lui et entrer dans le royaume qui est dans les
cieux… ‘Ce sont ceux dont les noms sont inscrits dans le
Livre de Vie depuis la fondation du monde’ » [230].
Ceci est certainement proche de l’idée que les saints,
dont les noms sont dans le Livre de Vie, sont « comptés
parmi le peuple de la première alliance » (Mormon
7:10). Les membres de la communauté de Qumran sont ceux dont
l’alliance est gravée « avec un stylet de
vie ». Après son arrivée sur terre, Adam
reçut d’un ange envoyé pour lui donner des
instructions, un Livre de la Connaissance lui apportant la
connaissance des mystères – des ordonnances –
surpassant celle des anges [232]. Selon le Zohar, « Adam
perdit un tel livre en quittant l’Éden » et
quand « il supplia Dieu dans les larmes de le lui rendre…
il lui fut rendu pour que la sagesse ne soit pas perdue parmi les
hommes » [233]. Selon une autre version, un livre saint
composé de soixante-douze lettres fut donné à
Michel, qui le donna à Adam (les deux personnages sont
constamment confondus dans les écrits anciens), lequel
l’utilisa comme base de toutes ses connaissances [234]. Quand
Dieu lui commanda d’enregistrer tous les animaux, il « inspira
Adam de manière invisible afin qu’il pût lire à
haute voix, et sur les premières tablettes, il lut le nom des
animaux à mesure qu’ils passaient devant lui ».
Après qu’Adam et Ève eurent été
ainsi formés à la lecture, « Dieu transporta
son école dans le jardin d’Éden »
[235].
Abraham, quand il créa son jardin
d’Éden modèle à Hébron, y installa
aussi une école au milieu [236]. Dans la préexistence,
Abraham avait déjà appris l’art de l’écriture
et avait reçu le Livre de la Création, mais sur la
terre, il fut incapable de le lire sans aide ; aussi, Sem, son
instructeur, l’y aida-t-il. Quand on se souvient qu’Abraham
possédait « les annales des pères »
contenant « la connaissance des débuts de la
création » selon le livre d’Abraham 1:31,
il est intéressant d’apprendre que « les
écrits de Seth et d’Idrisi furent transmis jusqu’à
l’époque de Noé et d’Abraham »,
Idrisi était habituellement identifié à Énoch
lui-même, mais est appelé, dans cette source mandéenne,
« le premier après Énoch, fils de Seth, fils
d’Adam, à écrire avec un roseau »
[238].
La précieuse Apocalypse d’Adam
prétend être tirée d’un livre transmis
depuis Adam lui-même, contenant un exposé de l’Évangile
de salut mais s’attardant tout particulièrement sur le
baptême d’Adam [239] ; ceci nous intrigue
particulièrement étant donné que la présentation
merveilleusement condensée et puissante du plan de l’Évangile
dans le livre d’Énoch de Joseph Smith consacre une page
complète au baptême d’Adam (Moïse 6:51-68).
En commençant par le rappel que Dieu « appela notre
père Adam… de sa propre voix » (Moïse
6:51), tous les mots du grand sermon d’Énoch dans
l’Énoch de Joseph Smith sont des citations directes
d’Adam et du Seigneur, l’appel d’Énoch étant
de transmettre « les commandements que j’ai donnés
à son père, Adam » (Moïse 6:28).
La Pistis Sophia se dit être un
dérivé des deux livres de Jeu, « qu’Énoch
écrivit pendant que je lui parlais du milieu de l’arbre
de la connaissance et de l’arbre de vie dans le Paradis
d’Adam » [240]. Comme il était en train de
prier, « un ange apparut à Adam, disant :
‘Le Seigneur a entendu ta prière et m’envoie te
porter des paroles de pureté et de grande sagesse. Je vais te
rendre sage par les mots de ce livre sacré, qui t’apprendra
tout ce qui va arriver… Quiconque, même jusqu’à
la dernière génération, veut utiliser ce livre
devra être pur et observer fidèlement ce qui y est
écrit’ », etc… (Voir Moïse 1:35).
Alors Adam tomba sur sa face devant l’ange, qui lui commanda de
se relever, de se mettre debout, d’être fort et de
recevoir le livre de sa main et d’en cacher le contenu à
ceux qui n’étaient pas dignes. Puis l’ange partit
dans un rugissement de flammes [241]. La prostration d’Adam
nous rappelle la version de Joseph Smith, quand Énoch présente
le livre d’Adam « écrit… selon le
modèle que le doigt de Dieu nous a donné… »
devant le peuple et « le peuple trembla et ne put demeurer
en sa présence » (Moïse 6:46-47).
Ce livre de l’histoire d’Adam
est aussi raconté dans le vieux livre de Noé, qui fait
l’histoire depuis Adam et Énoch jusqu’à
Noé. Il commence avec la prière d’Adam après
la chute, quand l’ange vient l’instruire et lui donner le
livre, qu’Adam cache dans la terre et qui sera plus tard
déterré par Énoch [242]. Un autre récit
raconte le rêve d’Énoch, qui lui montre l’endroit
où le livre d’Adam est enterré et comment il peut
l’obtenir ; il s’y rend le lendemain matin et traîne
dans les parages jusqu’à midi de crainte d’éveiller
les soupçons des gens qui sont dans les champs. Alors, il
déterre le livre, dont les caractères lui sont
interprétés par révélation divine, y
apprend la plénitude de l’Évangile et est
tellement mis à part par sa connaissance qu’il se retire
de la société des hommes [243]. C. J. Van Andel trouve
significatif que les écrits des Juifs sur Énoch ne sont
pas basés sur la Torah, mais remontent à des ouvrages
inconnus de grande antiquité traitant de tablettes célestes
[244].
Notes
*Dorénavant 1 En. désignera la
traduction par R. H. Charles de l’Énoch éthiopien (1912–1913) ;
2 En. les textes slaves édités par A. Vaillant (1952, ci-dessus, n.
208); 3 En. les textes grecs d’Énoch contenus dans C. Bonner, les
Derniers chapitres d’Énoch en grec (1968) et M. Black, Apocalypsis
Henochi Graece (1970). Le texte du Fragment de Gizeh (grec) se trouve
dans l’annexe du Livre d’Énoch de R. H. Charles (Oxford, 1912).
BHM désigne les textes énochiens hébreu et araméen dans A.
Jellinek, Bait ha-Midrasch (Jerusalem, 1967).
204.
Zohar, dir. de publ. H. Sperling, et. al. , N.Y.,
R. Bennet, 1:139, Pt. I, 37b.
205.
A. Jellinek, Bait ha-Midrasch, Jérusalem,
Wahrmann Books, 1967, 3:xxxii.
206.
Eusèbe, Praeparatio evangelica, 7:viii and 11:vi,
dans Migne, Patrol. Graec. 21:520 et suiv, 856.
207.
Epiphane, Adversus haereses, I:ii, 26, 8, dans
Patrol. Graec. 41:341 et suiv.
208. Andre Vaillant, Le
Livre des secrets d’Hénoch, Paris, Inst. d’Études Slaves, 1952,
p. x.
209. H. Gunkel dans Archiv für Religionswissenschaft, 1,
1898:299.
210. W. Leslau, Falasha Anthology, New Haven, Yale
Univ., 1951, p. 100.
211. Georgius Cedrenus, Historiarum
Compendium, dir. de publ. I. Bekker, Bonn, 1838,
p. 17.
212. N.
H. Tur Sinai, “Shitir Shame, die Himmelsschrift,” dans Archiv
Orientalni 17, 1949: 433.
213.
A. L. Oppenheim. “Mesopotamian
Mythology II,” Orientalia 19, 1950: 155–156.
214.
M. J. Bin Gorion, Die Sagen der Juden, I,
Frankfurt, 1913, p. 100.
215. I.
Henderson, Myth in the N.T., p. 16, félicite la théologie
contemporaine d’avoir dépassé, par la démythologisation les
idées quasi-physiques de Paul. Selon Origène, l’Église rejette
toute participation à un univers physique quel qu’il soit, rien
dans ses enseignements n’étant kata physin ; l’ennui avec
les mythes, c’est qu’ils sont teintés de physique. Patrol.
Graec. 6:1260. Arnobius dit que des questions telles que “Qu’est-ce
que l’homme? Quelle est l’origine de l’âme? D’où vient le
mal? Quelle est la taille de la terre?”, etc., sont tout à fait
hors de propos : “Laissez cela à Dieu et prenez soin de votre
âme !”, Arnob. adv. nat. 2:61. Selon un manuel catholique
romain officiel, quiconque dit ou croit que les cieux physiques ont
un rapport quelconque avec Dieu et les ordres divins des chérubins
et des séraphins est anathème, H. J. K. Denzinger, Enchiridion
Symbolorum, Rome, Herder, 1957, no. 206. Quiconque étudie la
Création, le Chariot, ou demande ce qui est au-dessus, en-dessous ou
au-delà ou ce qui sera dans les éternités, “il vaudrait mieux
pour lui qu’il ne soit pas venu au monde !”, Mishna, Hag.
2:1.
216. Voir
notre traitement dans le New Era, sept. 1973, p. 42–43.
217. Clement
d’Alexandrie, Stromata, 1:23, 153, dans Th. Hopfner,
Fontes Hist. Relig. Aegyptiacae, Bonn, 1922, p. 370.
218.
H. Gunkel Zum Verständnis des Neuen Testaments,
Goettingen, Van der Hoeck, & Ruprecht, 1910, p. 29.
219.
En. 106:19; C. Bonner, The Last Chapters of Enoch
in Greek, Darmstadt, Wissenschaftl. Buchgesellschaft, 1968, pp.
84–85. Le chapter 106 n’est pas inclus dans les traductions de
Laurence, étant un fragment du livre de Noé. Du fait que l’Énoch
éthiopien est le premier à avoir été connu, ses numéros de
chapitres et de versets sont standard pour tous les textes
énochiens ; ainsi, En. 106 désigne la même section quelle que
soit la langue dans laquelle on le trouve.
220. M.
Lambert, “Que portaient les tables de pierre?” Revue
des Études juives 82, 1926, 45–48.
221.
G. Widengren, The Ascension of the Apostle and the
Heavenly Book, Uppsala Univ. Aarskrift, 1950, p. 7.
222.
id., p. 28.
223.
E. R. Bevan, Sibyls and Seers, Cambridge, Harvard
Univ. Press, 1920, p. 111. Ceux qui sont
initiés dans les mystères grecs doivent mettre leurs visions
inspirées par écrit sur des tablettes et les déposer dans les
archives du temple, Pausanias 9:39.
224.
A. von Gall, Basileia tou Theou, Heidelberg, univ.
d’Heidelberg, 1926, p. 313.
225.
IQM, Scroll of the War of the Sons of Light, etc.
12:3, dans Y. Yadin, Scroll of the War of the Sons of Light, Oxford,
Oxford University Press, 1962, pp. 314–315.
226.
Mosiah 5:5-15, où
l’acceptation de l’Alliance va de pair avec l’inscription et le
scellement des noms.
227.
Widengren, pp. 11–12.
228.
id., pp. 7, 10–11.
229.
Pyramid Texts, No. 250, 267.
230.
Timothée, archevêque d’Alexandrie, “Discours
sur l’Abbaton”, dans E. A. W. Budge, Coptic Martyrdoms, British
Mus., 1914, p. 482–483.
231.
Yadin, 314–315.
232.
Bin Gorion, 1:264, 266.
233.
Zohar, 1:138.
234.
Bin Gorion, 1:263.
235.
Barhadbshabba, “On the Founding of the Schools,”
T315a, dans Patrologia Orientalis 4:352.
236.
Improvement Era, nov. 1969, p. 120.
237.
Bin Gorion, 2:143.
238.
D. A. Khvol’son, Die Ssabier und der Ssabismus,
St. Petersbourg, 1856, 2:502–503.
239.
Apocalypse d’Adam 85, 79, fin.
240.
Pistis Sophia, 245f.
241.
Bin Gorion, 1:261–62.
242.
Jellinek, BHM 3. 14. xxxii.
243.
Bin Gorion, 1:269.
244.
C. P. Van Andel, De Structuur van de
Henoch-traditie en het Nieuwe Testament, Utrecht, Kemink & Zoon,
1955, p. 19.
Sixième partie
(Ensign, juillet 1976)
La
mise par écrit de sujets sacrés a été une
fonction des prophètes depuis qu’Adam travailla
diligemment à fournir des livres sacrés à ses
descendants. Énoch poursuivit cette tradition, compilant et
arrangeant avec zèle les documents, comme le rapporte son
petit-fils Metuschélah : « Lorsque mon
grand-père Énoch m’eut confié tous les
secrets du livre et des Paraboles qui lui avaient été
donnés, il les prit et les rassembla pour moi dans les paroles
du Livre des Paraboles » (1 Én. 68:1). Ici, nous ne
devons pas oublier que, du fait de leur longévité, tous
les patriarches d’Adam à Énoch étaient
contemporains
et se connaissaient. Cette situation ressort de manière
frappante de D&A 107:53-57 : « Trois
ans avant sa mort, Adam convoqua Seth, Énosch, Kénan,
Mahalaleel, Jéred, Hénoc et Metuschélah…
avec le reste de sa postérité qui était juste,
dans la vallée d'Adam-ondi-Ahman » et « prédit
tout ce qui arriverait à sa postérité jusqu'à
la dernière génération. Toutes ces choses furent
écrites dans le livre d'Hénoc. »
Ainsi
Rabbi Eleaser dit que le Livre d’Énoch est identique au
Livre de la postérité
d’Adam mentionné dans Genèse 5:1 [245]. Le livre
d’Adam contenait déjà l’histoire de sa
famille « jusqu’à la dernière
génération » (D&A 107:56). « Le
Seigneur fit descendre ses serviteurs auprès d’Adam en
leur disant : « Allez et témoignez de moi
aujourd’hui. Donnez à l’homme Adam votre main en
alliance et faites alliance avec lui par la loi… »
Puis le Seigneur le mit dans un écrit que les trois témoins
signèrent. « Si vous demandez : le Seigneur
n’aurait-il pas pu se passer du document écrit, de
témoins et d’une poignée de mains ?’
La réponse est que c’est la volonté du Seigneur
que ce soit à tout jamais la façon correcte de procéder
parmi les enfants d’Adam [246]. » Ainsi donc, Joseph
Smith a tout à fait raison de faire passer le livre d’Adam
par Énoch, Abraham et Moïse jusqu’à nous.
Il
alla tout d’abord à Metuschélah, qui reçut
d’Énoch une mission semblable à celle qui fut
donnée plus tard à Moïse :
Moïse
1:40 « Moïse, mon fils… tu écriras les
choses que je vais te dire. »
Moïse
1:41…. « Les enfants des hommes mépriseront
mes paroles et en retireront beaucoup du livre que tu vas écrire. »
1
Énoch 82:1 « Garde, mon fils Metuschélah,
les livres venant de la main de ton père. »
2
Énoch 13, p. 48 « Prends ces livres écrits
de la main de ton père [Énoch]. Les insensés qui
ne connaissent pas le Seigneur ne les recevront pas, mais les
rejetteront. »
3
Énoch 104:10 « Les pécheurs changeront et
écriront contre [les paroles] de vérité et ils
en égareront beaucoup et mentiront. »
Vient
ensuite Noé, qui a la même expérience avec les
livres et transmet les mêmes informations qu’Énoch
[247]. « Mon grand-père Énoch, dit Noé,
m’a donné l’enseignement de tous les secrets du
livre… qui lui avait été donné »
(1 Énoch 68:1) et en effet, dans l’Énoch de
Joseph Smith, Énoch fait de Noé et de Metuschélah
les héritiers de ses enseignements et de ses promesses (Moïse
8:2–3, 5–12). Ensuite, il y a Abraham, qui, dans « Le
testament d’Abraham », a pratiquement les mêmes
visions et fait le même voyage céleste qu’Énoch
et, à la fin de sa visite céleste, trahit sa source :
« Moi, Abraham, je dis à l’Archange
Michel : ‘O Seigneur, qui est cet honorable vieillard
avec ce livre dans la main, et qui s’approche du juge [Adam]…’
Il répondit : ‘C’est Énoch, Dieu lui a
donné la tâche d’écrire tout ce que les
âmes des hommes commettent come actions, bonnes et
mauvaises.’ » [248].
Comme Abraham, Ésaïe, à
la fin de son voyage dans les cieux, est mis en présence d’un
vénérable vieillard qui a un livre. Cet homme, c’est
Énoch [249]. Le Seigneur lui-même dit à Ésaïe :
« Aucun mortel n’a jamais vu ce que tu as vu ! »
‘Et disant ceci, il plaça un livre dans mes mains et me
dit : Prends ceci et sache… qu’il n’y a rien
de caché dans toutes les œuvres de ce monde, qu’elles
soient bonnes ou mauvaises.’ Et je pris le livre de sa
main et le lus, et voici, tout ce qui concernait chaque homme depuis
le commencement jusqu’à la fin du monde [250].»
Ceci
donne une dimension à ce que le Sauveur dit aux Néphites
quand il leur remet les livres :
« Sonde[z]
diligemment ces choses; car grandes sont les paroles d'Ésaïe.
Car, assurément, il a parlé de tout ce qui concerne mon
peuple » (3
Néphi 23:1-2). Après
Abraham, c’est Jacob qui devient le détenteur des
tablettes célestes, qui parlaient de l’existence
prémortelle, de la nature éternelle de la promesse et
de l’appel de Jacob et des actes de sa postérité
jusqu’aux temps les plus reculés, selon un ouvrage juif
très ancien appelé la Prière de Joseph [251].
Ensuite Moïse reçoit « Le récit complet
de la Création » (Jubilés 2:1), qu’il
nous transmet. « La teneur tout entière du message
de Moïse, écrit C. L. Woolley, est la reformulation du
message d’Abraham, un appel au passé [252]. »
Esdras reçoit, lui aussi, le commandement « d’écrire
tout ce qui s’est passé dans le monde depuis le
commencement… afin que peut-être les hommes trouvent la
voie, afin que ceux qui vivent dans les derniers jours ne périssent
pas [253]. » Et la situation de Moroni ressemble
étrangement à celle de Baruch, l’ami d’Esdras
(tous deux étaient des collègues de Jérémie
et de Léhi) dans un ouvrage « perdu de vue pendant
1200 bonnes années » et découvert en 1866
[254]. « Terre, terre, terre, écoute les paroles du
Dieu puissant, et reçois ce que je te confie, et garde-les
jusqu’aux derniers jours, afin que, quand cela te sera
commandé, tu puisses les restaurer et que les étrangers
n’en prennent pas possession ! ». Alors la
terre ouvrit la bouche et les engloutit [255]. » La
personnification de la terre est un motif qui remonte à Énoch
(voir Moïse 7:48).
Selon de nombreux documents découverts
récemment, c’est pendant les quarante jours de sa
mission qui suivirent sa résurrection que notre Sauveur
transmit les livres à ses disciples, exactement comme il le
fait dans le Livre de Mormon à la même époque.
L’importante Épître des Apôtres concernant
laquelle « quiconque connaît et observe ce qui
y est écrit sera comme les anges », fut confiée
par le Seigneur « à Pierre, Jacques et Jean, à
Matthieu et à d’autres de Jérusalem, afin que des
copies soient envoyées à certains disciples
soigneusement choisis, et par eux à toutes les branches
(mansiones) [256] ». L’Apocryphe de Jacques
nouvellement découvert raconte en détail comment le
Seigneur confia les livres à Pierre, Jacques et Jean pour un
rationnement soigneux et dans d’autres nouvelles découvertes,
Pierre et Paul montent tous les deux au ciel et y reçoivent
des livres saints et sont
présentés à Énoch, le vénérable
scribe. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est
l’accent mis sur Jean, dont les manuscrits de la mer Morte,
selon F. M. Cross, montrent que les écrits sont, et c’est
significatif, « apparentés à la littérature
énochienne » [257]. On ne trouve nulle part
d’instructions plus complètes pour la préservation
et la transmission des annales que celles que le Seigneur donne à
Jean dans les trois Apocryphes de Jean récemment découverts.
Et c’est Joseph Smith qui fut le premier à informer le
monde qu’il y avait « des écrits faits sur
parchemin par Jean et cachés par lui-même »
(D&A 7 en-tête)
Le lecteur attentif aura remarqué
que, quel que soit celui qui tient les annales, Énoch n’est
jamais loin en coulisse. Quand tout est dit, il est le scribe suprême
et il n’y a pas d’autre endroit où cette
merveilleuse pratique de la tenue des registres soit mieux décrite
que dans l’Énoch slave :
« Prends tes livres que tu as
écrits… et descends sur la terre et enseigne-les à
tes enfants… et remets-leur les livres que tu as écrits
de ta main …. Et ils les liront et connaîtront le
Créateur de tout… Et ils donneront les livres écrits
de ta main à leurs enfants, et les enfants aux enfants, et
ainsi de parents à parents, et de génération à
génération, parce que l’écrit de ta main,
et l’écrit de la main de tes pères, Adam et Seth,
ne seront pas détruits jusqu’aux siècles
derniers, car j’ai commandé à mes anges spéciaux…
de préserver les écrits de ta main et de celle de tes
pères, pour qu’ils ne périssent pas »
(2 Énoch 11).
L’injonction continue en des termes
qui ressemblent beaucoup à ceux du livre de Moïse.
2 Énoch 11:« Je connais
la malice des hommes… je laisserai un homme juste de ta tribu
avec toute sa maison… Alors dans le cours de cette race,
apparaîtront les livres écrits de ta main et de celle de
tes pères, attendu que les gardiens de la terre les montreront
aux hommes de foi et ils les expliqueront à cette race. »
Moïse 1:41:« Et le jour
où les enfants des hommes mépriseront mes paroles et en
retireront beaucoup du livre que tu vas écrire, voici, j’en
susciterai un autre semblable à toi, et elles seront de
nouveau parmi les enfants des hommes, parmi tous ceux qui croiront. »
Est-il besoin de préciser que la
version slave d’Énoch était inconnue du temps de
Joseph Smith ?
Le lecteur attentif aura aussi noté
les allusions fréquentes aux derniers jours chaque fois que
les écrits d’Énoch sont mentionnés. Ceci
est une clé très importante. A. L. Davies fait la
généralisation que « un trait… commun
à cette littérature apocalyptique est le fait que les
visions et les livres d’Énoch sont réservés
pour les derniers jours quand les élus les liront et les
comprendront [258] », faisant immédiatement penser
aux promesses du Seigneur à Énoch dans Moïse 7:60,
62. « Et le Seigneur dit à Hénoc :
Comme je vis, je viendrai dans les derniers jours, dans les jours de
méchanceté et de vengeance… Je ferai descendre
la justice des cieux, et je ferai monter la vérité de
la terre… pour rendre témoignage de mon Fils unique…
Je ferai en sorte que la justice et la vérité balaient
la terre comme un flot pour rassembler mes élus »
etc. C’est Énoch qui préside quand toutes choses
sont rassemblées en une seule ; le livre qui « sera
révélé à ceux des derniers jours »
est le même que « le livre parfait qui existait
depuis le commencement dans l’esprit de Dieu [259] ».
« J’écrirai tout ce qui se fait dans le
monde », dit Esdras, « afin que ceux qui
désirent la vie dans les derniers jours vivent »
[260].
« Ce livre »,
déclare l’Évangile de Vérité
nouvellement découvert, « sera révélé
aux éternités [toutes les autres dispensations] à
la fin des temps. C’est un secret connu seulement des initiés.
C’est un livre parfait qui a existé premièrement
dans l’esprit de Dieu, par lequel il est transmis aux hommes
[261]. »
Contrairement à ce que certains
pourraient penser et à ce qui a été enseigné
pendant des générations dans les universités et
les séminaires, les membres des anciennes sectes n’étaient
pas simplement des illettrés confinés à un
« évangile oral ». Bien au contraire, le
père Lagrange note avec une sévère
désapprobation : « Ces visionnaires sont les
hommes les plus livresques qui soient » [262], n’ayant
aucune prétention à l’originalité mais
unanimement préoccupés, comme le note J. Leipoldt, par
les rites d’initiation, les sacrements, le baptême, les
repas en commun, les livres secrets transmis depuis les temps anciens
et par des ordonnances et des points de doctrine étrangers au
christianisme conventionnel. Ils ressemblent en tout cela au
« judaïsme tardif en général »
et trahissent des liens anciens avec Babylone et l’Iran [263].
Ainsi l’appel retentit dans le
papyrus d’Énoch Chester Beatty : « Préparez-vous,
vous les justes, et présentez les livres de vos actions comme
un souvenir, donnez-les comme témoignage devant les anges. »
(Gk 91:3) Le prophète choisi « qui suscite une
génération de justice » est aussi choisi
pour « leur révéler les livres écrits
de ta main [celle d’Énoch] et de tes pères »
et pour être le dirigeant de la parole de Dieu dans cette
dispensation, « même des fidèles… et
ils le diront à la génération suivante »
et ainsi de suite [264]. En bref, Énoch écrit pour
l’Église et l’idée d’Église
est exprimée plus clairement dans la littérature
énochienne que partout ailleurs. Comme l’Apocryphe de
Jacques, « elle est pour les bienheureux qui seront sauvés
par leur foi en elle » [265]. Quand Énoch met des
restrictions à ses ouvrages avec le commandement : « Mes
fils, remettez ces livres à tous ceux qui les veulent, et
instruisez-les, afin qu’ils voient les œuvres du…
Seigneur » [266], il donne les mêmes ordres que le
Seigneur à ses disciples dans l’Apocryphe de Jean :
« Je vous dis ceci afin que vous l’écriviez
et le donniez en secret à ceux qui sont d’un seul cœur
et d’un seul esprit avec vous ; ceci est réservé
à la race qui ne vacille pas » [267]. De nouveau
Énoch : « Distribue les livres… parmi
les nations de la terre qui auront la sagesse de craindre le
Seigneur ; qu’elles les reçoivent et apprennent à
les aimer… à les lire et à les étudier »
[268].
Une partie de l’attrait du livre
est son caractère nécessairement secret : « révélé
aux éternités de la fin du temps. C’est un
secret, un écrit spécial réservé aux
initiés » [269]. « ‘Il t’est
donné de l’écrire’ », dit le
Seigneur à Jean, et « ‘il doit être mis
en lieu sûr’. Alors il me dit : ‘Maudit soit
quiconque le donnera en cadeau ou l’échangera contre de
la nourriture, de la boisson ou des vêtements, ou toute autre
chose de cette nature.’ » Alors, il transmit le
mysterion à Jean et disparut immédiatement »
[270]. Les écrits qui sont communiqués sont
soigneusement rationnés. « Tu dois publier
certaines choses, et il en est d’autres que tu dois remettre en
secret aux sages. [271] » ou, dans un autre texte
d’Esdras : « Ces paroles, tu les publieras
ouvertement, mais celles-là, tu les cacheras [272] »,
vingt-quatre livres étant édités et soixante-dix
cachés [273].
La tradition du secret commence avec
Énoch : « Quand Énoch découvrit
le livre d’Adam et le lut, il sut que le genre humain ne serait
pas capable de le recevoir. Il le cacha donc de nouveau et il demeura
caché jusqu’à Noé [274] ». Mais
cette pratique commença avec Adam qui reçut un livre
d’or de Michel et « le cacha dans une faille de
rocher » [275].
La Torah elle-même fut enterrée
quand Israël pécha, pour être déterrée
plus tard [276]. Le rouleau de cuivre des manuscrits de la mer Morte
nous montre comment, pendant les temps de grande alarme, toutes les
choses sacrées qui avaient été consacrées,
y compris les écrits sacrés,
furent enterrées par sécurité [277], une
pratique clairement montrée dans le Livre de Mormon (Hél.
13:18-20). Dans les sources babyloniennes antiques se trouve le
rapport de Bérose, selon lequel Kronus ordonna à
Xisuthros (Noé) « de mettre par écrit le
commencement, le milieu et la fin de toutes choses et d’enterrer
ces annales dans la ville de Sippar, pour être exhumées
après le déluge [278] ».
Ainsi, quand on nous dit à propos
des écrits de Moïse qu’ « à cause
de la méchanceté, les enfants des hommes n’en ont
pas connaissance » (Moïse 1:23), cette affirmation
est confirmée par la tradition que les fils de Moïse
avaient un livre que leur père leur avait confié, mais
quand leurs enfants en laissèrent par négligence
divulguer le contenu au monde, « les anges revinrent,
prirent le livre et l’emportèrent au ciel »
[279].
La plus ancienne épopée
sumérienne « montre que les théologiens
mésopotamiens avaient connaissance d’un ‘livre
sacré’ d’inspiration divine… qui contient
le seul récit valable et correct de ‘l’histoire’
de la divinité » [280]. C’était le
livre de la plénitude de la connaissance que possédait
le roi tant en Égypte qu’à Babylone [281]. Une
source chrétienne nous a apporté la tradition
babylonienne bien connue et très ancienne selon laquelle
Oannès, le dieu poisson ou dieu des flots, enseigna aux hommes
tous les arts et toutes les sciences et écrivit toute la
connaissance dans un livre et « rien depuis cette époque
n’a jamais été ajouté à la
connaissance humaine » [282]. C’est ce livre que le
Noé babylonien reçut l’ordre d’enterrer à
l’époque du déluge ; il n’est donc pas
surprenant que, pour des raisons philologiques et autres, les savants
aient souvent identifié Oannès avec Énoch [283].
Quand Énoch et les autres virent
tout et écrivirent tout ce qui avait trait à ce monde,
ils écrivirent tous le même livre – et ils le
savaient. Dans Apocalypse 5:1-2, il y a effectivement un livre de ce
genre : « une ‘révélation’
venant de l’Esprit du Père dans le ‘cœur de
l’homme’ » [284]. Pourtant dans la réalité
récemment découverte de l’hologramme, nous avons
quelque chose d’apparenté au paradoxe du livre dont
chaque lettre contient la totalité de ses parties : « Chaque
lettre est une vérité parfaite, comme un livre parfait
en elle-même, car ce sont des lettres écrites dans
l’Unité » [285].
Dans l’Énoch de Joseph
Smith, tous les écrits depuis Adam ont un thème central
perpétuel : la mission expiatoire de Jésus-Christ,
qui apparaît pleinement développé dans une
succession de dispensations (Moïse 7:39, 47, 54-67). Dans le
livre d’Énoch, « le Seigneur, le Père,
écrivit de ses propres doigts dix paroles » qui
étaient des « enseignements concernant le Fils »,
dont Énoch se réjouissait de voir venir le ministère
terrestre [286]. « Les mystères limités…
que Dieu donna à écrire à Énoch »,
furent plus tard, « révélés dans leur
plénitude par Jésus », dit la Pistis Sophia
[287]. C’est le Sauveur, selon les Mandéens, qui
« apporte à l’humanité la révélation
primordiale contenue dans les livres célestes »
[288]. La tradition de l’Évangile perpétuel était
connue de l’Église primitive et est confirmée par
Athanase, qui explique que l’Évangile n’est pas
nouveau, mais qu’il fut prêché à Adam,
Abel, Énoch, Noé, Abraham et Moïse, et prêché
par eux avant l’époque du Christ » [289].
Néanmoins, par après, et jusqu’à nos
jours, la chrétienté a insisté fortement sur
l’originalité du Christ et Pic de la Mirandole, pendant
qu’il traduisait un manuscrit nouvellement découvert
d’Esdras, rapporta avec stupéfaction : « J’y
vois, Dieu m’en est témoin, la religion non pas tant de
Moïse que du Christ ! » [290].
L’idée de deux jeux de
livres, un sur terre et l’autre dans le ciel, est également
répandue et très ancienne. On nous dit à propos
des écrits d’Énoch : « certains
ont été rédigés et inscrits là-haut
dans les cieux pour que les anges puissent les lire » (1
Énoch 108:7), tandis que les écrits
d’Énoch lui-même sont la transcription d’un
livre tenu dans les cieux « et révélé
en diverses parties aux Pères » [291], qui, tous,
mais principalement Énoch, témoignent avoir obtenu
leurs informations « en le lisant dans les tablettes
célestes » (p. ex. Jub. 4:1). Ainsi donc, c’est
par ces livres d’en haut et d’en bas, réunis comme
les bois de Joseph et d’Éphraïm, en parfait accord
comme des témoins unanimes, que le monde sera jugé
[292].
Les écrits d’Énoch
sont avant toute chose un avertissement aux méchants,
particulièrement « dans les derniers jours, dans
les jours d’iniquité et de vengeance »[293],
afin « que tous ceux qui vivent dans les derniers jours ne
périssent pas » [294]. Son livre est « pour
ceux qui gardent la Loi dans les derniers jours ; ce livre est
pour eux » et également pour ceux qui
l’enfreignent : « En ce temps-là, Énoch
reçut des livres de zèle et de courroux, et des livres
d’inquiétude et de rejet » [295]. Le livre
d’Énoch est à la fois une menace et un réconfort,
« une exhortation à ne pas être troublé
à cause de l’époque », mais à
être vigilant et jamais trop confiant [296]. Toutes les fois
que les écrits sacrés paraissent, ils sont accueillis
avec une joyeuse surprise et un plaisir avide par les justes. « Alors
les livres qui sont donnés aux justes deviennent une cause de
joie et de droiture et de beaucoup de sagesse… et ils y
croiront et s’en réjouiront » (1 Énoch
104:12-13). « Ils seront montrés aux hommes de
grande foi » et « ils seront davantage
glorifiés dans les derniers temps qu’avant »
(2 Énoch 12). « Ceux qui auront la sagesse de les
recevoir… seront nourris par eux et s’attacheront à
eux » (2 Énoch 12). « Cette espérance,
commente R. H. Charles, s’est réalisée dans une
grande mesure au cours des siècles qui ont immédiatement
précédé et suivi l’ère chrétienne »
jusqu’à ce que les docteurs de l’Église
rejettent ce trésor [297]. À une époque où
l’Église sera « opprimée et
souffrira, où elle n’aura pas de place où poser
ses pieds », les écrits sacrés, ayant
« échappé aux mains des méchants »
aboutiront finalement entre les mains des saints dûment
attestés et certifiés et « écrits
avec une extrême clarté » ; les
saints les embrasseront et diront : Ô
Sagesse de l’Unique ! Cuirasse des Apôtres ! [298].
Le rideau se lève
La Perle de Grand Prix devrait être
lue comme un ouvrage unique, un abrégé de l’histoire
du monde, résumant et coordonnant dans la brève
perspective offerte par moins de soixante pages les grandes
dispensations passées, présentes et futures de
l’Évangile. L’histoire est rapportée
essentiellement par des extraits qui se présentent comme des
fragments de livres originaux écrits par Adam, Énoch,
Abraham, Moïse et Joseph Smith, tous centrés sur la
personne du Christ et sa mission au midi des temps, à quoi
vient s’ajouter un aperçu du Millénium. Ce sont
ceux qui ont la vision d’ensemble de l’histoire qui
voient le mieux où Énoch se situe dans tout cela. La
section qui suit va donc traiter du type de récit auquel
l’histoire d’Énoch appartient, les visions
depuis la Création jusqu’au Jugement.
La floraison récente d’études
comparatives qui examinent des écrits apocryphes longtemps
négligés ou nouvellement découverts montre que
la notion de dispensations récurrentes de lumière et de
ténèbres, de rétablissements et d’apostasies
vaut pour toutes les époques de l’histoire connue. C’est
sous le coup de pinceau épique de la Perle de Grand Prix que
cette structure ressort le plus clairement. Chose étonnante,
le « mouvement perpétuel » qui y est
présenté ne se limite pas aux traditions juive et
chrétienne, mais s’étend à la littérature
rituelle épique et dramatique la plus ancienne du genre
humain. Le chapitre 1 de notre livre de Moïse est autant une
introduction à la littérature mondiale en général
qu’à nos écritures conventionnelles.
Aussi audacieuse que pareille affirmation puisse paraître, plus
le texte est étudié avec soin, plus elle se confirme et
de manière impressionnante. Considérons les épisodes
dans l’ordre où les présente ce remarquable
prologue à l’étude de l’homme.
A. L’histoire commence (verset 1)
avec Moïse parlant face à face avec Dieu « sur
une très haute montagne », enveloppé de la
gloire divine, partageant la gloire de la Divinité [Moïse
1:1]. Cette situation, montagne comprise, n’est autre que le
fameux « prologue dans les cieux »,ce prologue
épique et dramatique où le héros reçoit
un appel spécial lui confiant un travail bien déterminé
dans ce bas monde ; comme l’auditoire, ceci le prépare
aux coups qui vont suivre.
B. Ensuite les lumières
s’éteignent, la gloire se retire et nous retrouvons
Moïse gisant sans force sur la terre nue, remis à sa
place (Moïse 1:9-10) ; il retrouve peu à peu ses
forces jusqu’à pouvoir exprimer son premier commentaire
sur la vie : « À cause de cela, je sais que
l'homme n'est rien, ce que je n'avais jamais supposé »
(Moïse 1:10). L’homme commence sa carrière
terrestre au bas de l’échelle. La réflexion
suivante du héros met un autre visage sur les choses :
« Mais mes propres yeux ont vu Dieu… sa gloire
était sur moi, et j'ai vu sa face, car j'étais
transfiguré devant lui » (Moïse 1:11).
C’est là qu’est la
triste condition de l’homme, la condition humaine dans ses
termes les plus crus et les plus élémentaires, la
misère et la gloire (en français dans le texte), cette
contradiction obsédante qui est la préoccupation
constante des anciens auteurs juifs et chrétiens et qui est le
sujet d’innombrables textes philosophiques et gnostiques,
reformulé à chaque fois comme une découverte
perpétuellement nouvelle dans toute la grande littérature
du monde : « Qu’elle semble fastidieuse,
insipide et vaine », la vie terrestre de
l’homme, « quintessence de la poussière »,
et néanmoins « qu’il est noble par sa
raison », ce même homme, « infini dans
ses facultés ! … Un ange quand il agit ;
presque égal à Dieu quand il pense »
(Hamlet, acte 1, scène 2 ; acte 2, scène 2).
Pourtant Moïse déclare que l’homme n’est rien
tout en attirant l’attention sur les nuées de gloire
qu’il se rappelle encore de sa condition originelle.
C. Dans cet état de faiblesse et
d’incertitude, d’épreuves et de contradictions, il
est la cible idéale de l’adversaire, qui, avec sa
méthodologie perverse habituelle, choisit précisément
ce moment pour attaquer, profitant au maximum de la vulnérabilité
de son ennemi. Avec l’apparition de ce sinistre personnage, le
drame commence pour de bon. Satan veut être reconnu comme le
maître du monde – c’est le thème – et
Moïse conteste aussitôt ses prétentions. Se
rappelant son appel céleste, il questionne son adversaire, lui
demandant encore et encore : « Qui es-tu, car voici,
je suis un fils de Dieu à l’image de son Fils unique, et
où est ta gloire que je t’adore ? Car voici, je
n’aurais pas pu contempler Dieu si sa gloire n’était
venue sur moi… mais je peux te contempler dans l’homme
naturel – n’est-ce pas exact ? » (Moïse
1:13-14).
Notez que ce combat n’est pas entre
Dieu et le diable – il n’a jamais été
question de cela – c’est Moïse lui-même qui
proclame ici l’avantage qu’il a sur Satan et qui
poursuit : « Où est ta gloire ? Car pour
moi, elle est ténèbres, et je peux juger entre toi et
Dieu » (Moïse 1:15). Dans les trois versets suivants,
il répète qu’il participe à la nature du
Fils unique et il traite Satan d’imposteur : « Satan,
ne me trompe pas » et finit par lui ordonner de quitter
les lieux (Moïse 1:16-18). Ce sont là des coups
cinglants, car Satan a toujours proclamé que la terre est son
terrain de chasse personnel et que c’est à lui et à
lui seul que revient le rôle de Fils unique.
Le fait que Moïse ne cesse de lui rappeler sa propre intimité
avec le Fils unique fait hurler l’imposteur de rage.
D. Abandonnant tout recours à sa
subtilité et à sa ruse légendaires, l’adversaire
se lance dans une attaque de front en règle et la bataille
commence, le combat rituel que nous rencontrons si souvent dans les
plus anciennes littératures épiques et dramatiques du
genre humain. « Satan cria d’une voix forte, tempêta
sur la terre et commanda disant : Je suis le Fils unique,
adore-moi ! » (Moïse 1:19). Moïse est
terrifié par la férocité et la passion de
l’attaque. En fait, il a le dessous. Paralysé par la
peur, « il vit l’amertume de l’enfer »
(Moïse 1:20). C’est le thème bien connu du
roi-héros réduit à la dernière extrémité,
criant avec sa dernière particule de force du fond de
« l’amertume de l’enfer » :
« Néanmoins, invoquant Dieu, il reçut de la
force » (Moïse 1:20), et il est délivré
au tout dernier moment [299].
Et maintenant, les rôles sont
renversés, c’est le ténébreux adversaire
qui a le dessous. Il tremble et la terre est ébranlée
tandis qu’il bat en retraite, en hurlant et plein d’angoisse.
Il convient ici de noter que l’adversaire, qui assaille
inlassablement le héros dans les récits épiques
les plus anciens, n’est autre que « l’ébranleur
de terre », Enosichthon.
E. Vient ensuite, selon le schéma
classique, le fait que le héros, ayant affronté
l’assaut du Destructeur et y ayant survécu, doit être
salué comme vainqueur et roi et c’est exactement ce qui
se passe dans notre histoire. Dieu le déclare béni, le
dote d’une force divine et le déclare choisi pour être
le dirigeant et le libérateur de son peuple, son propre
représentant sur la terre : « Car moi, le
Tout-puissant, je t’ai choisi, et tu seras rendu plus fort que
de nombreuses eaux… comme si tu étais Dieu… car
tu délivreras mon peuple » (Moïse 1:25-26).
Comme nous l’avons montré ailleurs, le roi doit sortir
victorieux au moment où il passe à travers les eaux de
la vie, de la mort, de la renaissance, et de la purification et les
anciens voyaient toujours dans le récit de Moïse
conduisant son peuple à travers la mer Rouge le type et la
similitude d’un baptême symbolisant tout à la fois
la mort, la naissance, la victoire et la purification des péchés
[300].
F. Dans la scène qui suit, on
montre à Moïse l’étendue de son « royaume »,
c'est-à-dire son champ d’action ; à la vue
de ce vaste déploiement, il est rempli d’étonnement
et pose la question épique : « Dis-moi,
je te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as
faites » (Moïse 1:30). Qu’y a-t-il derrière
tout ceci ? Rappelons-nous comment le poète épique
antique, après avoir énoncé sa proposition de
base dans les premières lignes, se lance dans son histoire en
demandant une révélation dans les mêmes termes :
« Dis d’abord quelle cause a amené nos
Grands-parents dans cet état bienheureux… à
transgresser… Qui les a séduits en premier ? »
nous dit Milton dans « Le Paradis Perdu » en
empruntant à Virgile dans son Enéide : Musa
mihi Causas memoro, quo numine laeso, quidve dolens, etc.—pourquoi,
qui, comment ? Lequel emprunte de son côté à
Homère : Ex
hou de ta proté … tis t’ ar’ sphoe theon—
pour quelle raison, qui est responsable ?
G. En réalité, la question
épique invite le poète lui-même à entrer
en scène pour raconter toute son histoire. Ayant demandé,
nous ne pouvons pas lui refuser les longues heures nécessaires
à une narration, un récit épique à grande
échelle. Dans le cas de Moïse, cela nous est épargné,
car le Seigneur lui parlera « seulement de cette terre »
(Moïse 1:35) avec, malgré tout, le rappel qu’il ne
doit jamais perdre de vue la vaste perspective cosmique qui constitue
l’arrière-plan de l’histoire et sans laquelle
l’histoire humaine devient un conte sans intérêt,
qui ne rime à rien.
Notes
245.
Traité dans I. Meyer, Qabbalah, Philadelphie, 1888, p. 98et
suiv. L’affirmation est répétée par le
Zohar, 1ère partie, 36a.
246.
Bin Gorion, 1:257.
247.
Van Andel, p. 41 et suiv; Moïse 8:2.
248.
W. Leslau, p. 100.
249.
Ascension d’Ésaïe 9:21.
250.
Id. 2:31.
251.
Origène, dans Genesim 10, 11, dans Patrol. Graec.
12:73, 81, 84.
252.
C. L. Woolley, Abraham, Londres, Faber, 1936, p. 182.
253.
4 Esdras 14:22.
254.
R. H. Charles, Apocrypha & Pseudepigrapha of the O.T., Oxford,
1964, 2:470·
255.
2 Baruch 6:8–10.
256.
Dans ces passages, le document est qualifié de “testament”,
C. Schmidt, Epistola Apostolorum, Leipzig, Hinrichs, 1919, p. 164–65.
257.
F. M. Cross, dans the Biblical Archaeologist, févr. 1954, p.
13.
258.
A. L. Davies, dans Jas. Hastings,
Dictionary of the Apostolic Church, N.Y., Scribner’s, 1916,
1:334.
259.
M. Malinine, dir. de publ., Evangelium Veritatis, f. 12r:23. fol.
XIIr, p. 23.
260.
4 Esdras 14:20.
261.
Evang. Veritatus, fol.
12r:23.
262.
M. J. Lagrange, Le Messianisme chez les Juifs, Paris, 1909, p. 46.
263.
J. Leipoldt, Religionsgeschichte des Orients, Leiden: E. J. Brill,
1961, pp. 77 et suiv.
264.
Secrets d’Énoch (L’Énoch slave dans R. H.
Charles Apocr. &
Pseudepigr. of the O.T.), 35:1–2.
265.
Apocryphe de
Jacques, f. lr, lignes 8–35, Iv, lignes 1–18. Ce texte,
découvert en 1945, est un des commentaires les plus
instructifs sur le thème du secret et de la transmission.
“Puisque tu m’as demandé de t’envoyer un
discours secret que le Seigneur nous a fait, à Pierre et à
moi… je l’écris en lettres hébraïques
et je te l’envoie à toi seul… Fais tout ton
possible pour empêcher que le document parvienne à
beaucoup de gens, car le Sauveur ne souhaite pas dire ces choses à
nous tous d’entre les Douze… Il y a dix mois, je t’ai
envoyé une autre conversation que le Sauveur a eue avec moi en
secret… Les Douze avaient des réunions au cours
desquelles ils évoquaient des choses que le Sauveur leur avait
dites individuellement, seuls ou en public et les écrivaient
ensuite dans des livres.”
266.
Secrets d’Énoch 54:1.
267.
Apocryphe de Jean, Cod. I, p. 75, lignes 15–20; p. 76, ligne 1.
Page 76, lignes 10–15, contient une malédiction à
l’égard de quiconque livrerait cet écrit comme
cadeau ou en échange de nourriture ou de boisson ou de
vêtements ou de quoi que ce soit de ce genre.
268.
Secrets d’Énoch 48:6.
269.
Evang. Veritatis, f. 12r:23. C’est tellement secret que quand
Jésus l’explique à Marie, une nuée les
enveloppe, formant sept voiles de flames, de sorte que même les
anges ne pouvaient rien voir ni entendre de ce qui se passait. S.
Euringer, Orientalia 9:245.
270.
Apocryphe de Jean, Codex I, p. 76.
271.
4 Esdras 14:23.
272.
2 Esdras 14:6.
273.
Id., 14:23.
274.
Bin Gorion, 1:270.
275.
Id., 1:270.
276.
Tha’labi Qissas al-Anbiya (Caire 1354 A. H.), p. 242. Une
très bonne source.
277.
M. Allegro, The Treasure of the Copper Scroll, Garden City,
Doubleday, 1960, p. 120 et suiv.
278.
Syncellus 53:19–56; dans F.H.G. 2:501et suiv.
279.
Livre des Mystères de la Terre et du Ciel, 2:24, dans Patrol.
Orientalis 6:412·
280.
A. L. Oppenheim, dans Orientalia 19:155.
281.
A. Moret, Histoire de l’Orient, Paris, Presses Universitaires,
1929, 1e
partie, p. 85
et suiv., 96 et suiv., p. 141–144.
282.
Eusèbe, Chronographia, l:13 et suiv..
283.
Van Andel, p. 74.
284.
G. Fecht, “Der erste Teil des sog. Evangelium
Veritatis,” Orientalia 32 (1963): 327, 331.
285.
Ev. Verit. f. 124:23; 11:22, 1, 38 et suiv.
286.
Mystères du Ciel et de la Terre, 4:4, dans Patrol. Or., 6:430.
287.
Pistis Sophia 4e partie, dans Texte u. Unters., 8:342.
288.
Widengren, p. 74–76.
289.
Athenasius, De decretis nicaenae synodi, 5, dans Patrol. Graec.
25:424, traitant de 1 Jn 2:7.
290.
N. Schmidt, dans JAOS 42:46.
291.
Jubilés, 2:1.
292.
Koep, p. 46 et suiv.
293.
Davies, dans Dict. of Apostol. Church, 1:334; cf. Moïse 7:60.
294.
4 Esdras 14:22.
295.
1 En. 108:1.
296.
F. Kenyon, The Chester Beatty Biblical Papyri, Londres, E. Walker,
1933–1941, 8:8.
297.
R. H. Charles, Book of Enoch, Oxford, 1912, p. ix.
298.
The Kephalaia, dans H. J. Polotsky, dir. de publ. Manichäische
Handschriften aus der Sammlung A. Chester Beatty, Bd. I, Stuttgart,
1940, p. 25.
299.
Ce motif est traité dans Hugh Nibley, Message of the Joseph
Smith Papyri, Deseret Book Co., 1975, p. 214–217
300.
Id, p. 94–103. Il est significatif qu’à cet
endroit de la version de Joseph Smith le héros est déclaré
victorieux des eaux, puisque pour le lecteur non averti cela semble
n’avoir rien à faire là.
Septième partie
(Ensign, octobre 1976)
Tout ce que nous venons de dire est
quelque chose de bien connu dans le grand prologue de notre histoire
et ce, avec un minimum de renvois à la Bible. Libre à
ceux qui le désirent d’attribuer à Joseph Smith
une compréhension dépassant de loin son époque
et sa formation en matière de littérature et de rituel
comparés. Ils peuvent même prétendre, comme ils
le font avec le Livre de Mormon, que c’est comme cela qu’un
paysan sans instruction raconterait l’histoire. Mais
aujourd’hui, nous possédons plusieurs parallèles
très anciens et très importants avec Moïse 1, qui
se situent loin hors de portée d’une coïncidence ou
d’une rêverie. Le nombre de détails et l’ordre
dans lequel ils se présentent font qu’il est
parfaitement clair que nous nous trouvons en présence
d’ouvrages spécifiques d’une grande antiquité
et issus d’une source commune. Pour montrer ce que nous voulons
dire, nous allons comparer les affrontements de Moïse, d’Abraham
et d’Adam avec Satan. Ces histoires elles-mêmes
contiennent des renvois bien déterminés à Énoch
avec lequel chaque héros est dûment comparé.
Gardons en mémoire que ces récits ne sont pas des
écritures, mais simplement des annales anciennes qui nous
aident à comprendre l’histoire d’Énoch.
Tout d’abord l’Apocalypse
d’Abraham en vieux slave, découverte en 1895 et publiée
pour la première fois en 1897 par Bonwetch [301]. K. Koch a
récemment classé cet ouvrage comme l’une des cinq
apocalypses hébraïques antiques authentiques [302].
Mettons-la en colonnes parallèles en regard de notre livre de
Moïse, chapitre 1.
Livre
de Moïse Chapitre 1
|
Apocalypse
d’Abraham Chapitre 9 (Chap. 1 de l’Apocalypse
proprement dite)
|
Moïse 1:1
Paroles que Dieu adressa
à Moïse… à une époque où
Moïse fut enlevé sur une très haute montagne.
|
9:8 [Pour recevoir la
vision, Abraham doit faire ceci :] Alors tu m’offres le
sacrifice… sur une montagne élevée.
|
Dieu
va tout lui montrer
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:4 Et je te
montrerai l’œuvre de mes mains, mais pas tout, car mes
œuvres sont sans fin…
|
6. Dans ce sacrifice, je
mettrai devant toi les siècles…
|
Moïse 1:5 C’est
pourquoi nul ne peut contempler toutes mes œuvres… et
nul ne peut contempler toute ma gloire [voir Abraham 2:12 :
« Ton serviteur t’a cherché avec zèle,
maintenant je t’ai trouvé. »]…
|
Je t’expliquerai ce
que tu auras observé, tu verras de grandes choses que tu
n’as jamais vues.
Car tu as aimé me
chercher.
|
Moïse 1:6 Et j’ai
une œuvre pour toi, Moïse, mon fils...
|
Et je t’ai appelé
mon ami.
|
Moïse
1:8 Et… Moïse regarda et vit le
monde sur lequel il avait été créé…
et tous les enfants des hommes qui sont, et qui avaient été
créés…
|
9. Et je te montrerai les
âges du monde fixés et créés par ma
parole et te montrerai ce qui va arriver aux enfants des hommes
selon qu’ils feront le bien ou le mal.
|
Le héros reste
sans force après la vision :
|
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:9 Et la
présence de Dieu se retira de Moïse…et [il] fut
laissé à lui-même. Et… il tomba sur le
sol.
|
10:1. [En entendant une
voix] Je regardai ici et là.
2. Voici, il n’y
avait pas un souffle humain et mon esprit s’emplit d’effroi.
Mon âme s’échappa de moi. J’étais
comme une pierre et je tombai à terre car je n’avais
plus la force de me tenir debout sur la terre.
|
Moïse 1:10 Et…
de nombreuses heures s’écoulèrent avant que
Moïse ne retrouvât sa force naturelle…
|
3. Comme j’étais
encore face contre terre j’entendis la voix du Saint qui
disait :
4. Va, Jaoël ,
toi qui portes mon nom par le moyen de mon nom ineffable, relève
cet homme et fortifie-le en chassant son effroi.
|
Satan profite de sa
faiblesse :
|
Moïse
|
Abraham
|
|
[Les chap. 11-12 sont une
description détaillée du sacrifice d’Abraham,
au cours duquel, chap. 13] :
|
Moïse 1:12 Voici,
Satan vint le tenter, disant : Moïse, fils de l’homme,
adore-moi.
|
1 J’accomplis tout
selon les instructions de l’ange…
3 Un oiseau impur
descendit sur les corps (sacrifices)… 4… l’oiseau
impur s’adressa à moi et dit : Qu’as-tu à
faire, Abraham, sur les saintes hauteurs ? »…Tous
ces morceaux seront consumés par le feu et ils te
brûleront ! 5 Laisse l’homme [l’ange] qui
est avec toi et fuis !
|
Moïse 1:13 Et…
Moïse… dit : …Qui es-tu ?
|
6 …Et je demandai
à l’ange : « Qu’est-ce, mon
Seigneur ? »
|
Moïse 1:15 Et je
peux juger entre toi et Dieu…
Moïse 1:16
Retire-toi Satan, ne me trompe pas…
|
7 …Il
dit : « C’est l’impiété,
c’est Azazel [Satan !] »
|
Satan
réduit à la honte par le contraste humiliant avec le
héros
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:3 Je
suis un fils de Dieu à l’image de son Fils unique, et
où est ta gloire, pour que t’adore ?
|
8 [Michel] Honte à
toi, Satan !
9 Car le lot d’Abraham
est dans les cieux et le tien est sur la terre. 10 Dieu t’a
placé sur la terre comme Adversaire, pour diriger les
esprits malhonnêtes et les pratiques impies.
|
Moïse 1:14 Car
voici, je n’aurais pas pu regarder Dieu, si sa gloire
n’était venue sur moi et si je n’avais été
transfiguré devant lui. Mais je peux te regarder dans
l’homme naturel. Assurément, n’en est-il pas
ainsi ?
|
12 Écoute, mon
ami, et je te mettrai dans la honte.
|
Moïse 1:15 …
Où est ta gloire ? Car pour moi, elle est ténèbres.
Et je peux juger entre toi et Dieu…
|
13 Car il ne t’est
pas donné de tenter tous les justes.
|
Moïse 1:16
Retire-toi, Satan, ne me trompe pas,
|
14 Éloigne-toi de
cet homme, tu ne peux le séduire, car c’est ton
ennemi et celui de tous ceux qui te suivent et qui aiment ce que
tu veux.
|
Car Dieu m’a dit,
tu es à l’image de mon Fils unique.
|
15 Voici le vêtement
[de gloire] qui était autrefois le tien dans les cieux lui
a été attribué. Et la pourriture qui était
sur lui est passée sur toi.
|
Le
héros est fortifié pour l’affrontement
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:17 Et Il m’a
aussi donné des commandements…disant : Invoque
Dieu, au nom de mon Fils unique, et adore-moi.
|
14:3 Sois sans crainte et
accomplis le commandement comme je te l’ordonne, à
l’endroit de celui qui bafoue la justice…
4 … Qui s’est
rebellé contre le pouvoir…
|
Moïse 1:18 …
J’ai d’autres choses à lui demander : car
sa gloire a été sur moi, c’est pourquoi je
peux juger entre lui et toi. Retire-toi Satan !
|
Dis-lui…Va,
Azazel… 6…Car ton héritage est d’avoir
pouvoir sur ceux qui sont avec toi… 7 Disparais de ma vue…
8. Et je lui dis les mots que l’ange m’avait appris
|
Le
héros est accablé, mais il invoque Dieu et est sauvé
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:19 Et…
Satan cria d’une voix forte, tempêta sur la terre et
commanda, disant : Je suis le Fils unique, adore-moi.
|
9 Satan dit : Abraham !
Et je dis : Me voici, ton serviteur.
|
Moïse 1:20 Et…
Moïse commença à éprouver une crainte
extrême ; et… il vit l’amertume de
l’enfer. Néanmoins, invoquant Dieu, il reçut
de la force, et il commanda, disant : Éloigne-toi de
moi Satan !
|
10 Mais l’ange me
dit : Ne lui réponds pas ! Car Dieu lui a donné
pouvoir sur ceux qui lui répondent... 11 …Maintenant,
surtout s’il te parle, ne lui réponds pas, car son
pouvoir s’attachera à toi.
12 Parce que l’Éternel
lui a donné du pouvoir, ne lui réponds pas !
[Voir Testament d’Abraham (Falasha p . 100 et suiv.) où
il dit à Isaac approchant de l’autel : « Approche-toi
mon fils, afin que tu puisses mieux comprendre ce qui m’effraie
et d’où me vient cette frayeur… » faisant
allusion à sa propre mise en danger sur l’autel.]
|
Moïse 1:21. Alors
Satan commença à trembler, et la terre frémit ;
et Moïse reçut de la force, et invoqua Dieu, disant :
Au nom du Fils unique, retire-toi, Satan.
|
[On trouve ce détail
dans la rencontre d’Énoch avec Satan dans Giz.
13:1-3 : « Et Énoch dit à Azazel :
Retire-toi ! Tu n’auras pas de paix, une grande
sentence est sortie contre toi pour te lier. 2. Et Il n’y
aura plus ni discussion ni questions pour toi, à cause de
tes œuvres malhonnêtes et trompeuses parmi les
hommes. »]
|
Moïse
1:22 Et…Satan cria d’une voix forte, avec des pleurs,
des gémissements et des grincements de dents ; et il
se retira de la présence de Moïse, de sorte que
celui-ci ne le vit plus.
|
Gizeh
13:3 Alors il s’enfuit, et il parla à tous (ceux qui
le suivaient) et ils furent tous effrayés, des tremblements
de frayeur les saisirent.)
|
Le
héros est enlevé au ciel
Moïse
|
Abraham
|
Moïse
1:24 Et… lorsque Satan se fut retiré… Moïse
leva les yeux vers le ciel, étant rempli du Saint-Esprit…
|
15:2 l’ange ayant
la responsabilité de sacrifice… me prit… 3
par la main droite et me fit asseoir sur l’aile droite de la
colombe et lui-même se mit sur l’aile gauche.
|
Moïse
1:25 Et invoquant… Dieu, il vit de nouveau sa gloire…
|
4 Il me transporta à
la limite de la flamme de feu. 5 Nous-nous élevâmes
comme si nous étions soutenus par de nombreux vents, sur le
ciel fixé sur les étendues (du firmament)
|
[Voir 2 Néphi
4:25 : « Et sur les ailes de son Esprit, mon
corps a été emporté sur des montagnes
extrêmement hautes. Et mes yeux ont vu de grandes choses,
oui, trop grandes pour l'homme »]
Moïse
1:24. Et … lorsque Satan se fut retiré de la
présence de Moïse, Moïse leva les yeux vers le
ciel, étant rempli du Saint-Esprit…
|
Baït ha-Midrash
5:170 R. Ishmael (le pendant d’Énoch) : Quand
j’aboutis au sommet de la montagne… arrivant au
septième Temple, je me tenais en prière devant Dieu,
et je levai les yeux et dis… délivre-moi de Satan.
Et le Metatron [encore Énoch !] voit, celui qui
[servait ?] les anges, même le Prince du Trône,
et déployant ses ailes, il vint à ma
rencontre avec une grande joie. Il me prit la main et me souleva.
|
Moïse
1:25…Et il entendit une voix qui disait : Tu es béni,
Moïse, car moi, le Tout-Puissant, je t’ai choisi, et tu
seras rendu plus fort que de nombreuses eaux. Car elles obéiront
à ton commandement, comme si tu étais Dieu. [Ici,
Moïse est salué comme roi sacré victorieux.]
|
17:1 Alors qu’il
parlait encore, voici qu’un feu… nous entoura. Il y
avait dans le feu une voix semblable à la voix d’eaux
nombreuses, semblable à la voix de la mer dans son
agitation.
|
Moïse
1:27. Et… Moïse jeta les regards et vit la terre…
Moïse 1:28 Et il en vit également les habitants, et il
n’y eut pas une âme qu’il ne vit pas… et
leur nombre était grand… innombrable.
|
15:6 Je vis… une
puissante lumière… Et… dans cette lumière,
il y avait le feu ardent d’une multitude, et une grande
multitude à l’apparence d’hommes. Tous ceux-là
se modifiaient d’aspect et de forme, couraient et se
transformaient, se prosternaient et clamaient d’une voix
dont je ne connaissais pas les mots.
|
Son
champ de mission lui est montré
Dans la littérature
« testamentaire » chaque patriarche fait un
voyage au ciel et y reçoit une vision complète de la
terre dont le compte rendu devient partie intégrante de son
message missionnaire à son retour (comparer avec 1 Néphi
1 :4 – 15, Abraham 3:15, Moïse 1:40).
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:27 Comme la
voix parlait encore, Moïse jeta les regards et vit la terre,
oui, toute, et il n’y eu pas une particule qu’il ne
vit pas…
|
21:1 Il me dit :
Regarde maintenant l’étendue qui est sous tes pieds
et comprends à présent la création
représentée depuis longtemps… sur cette
étendue, il y a la création et ce qui est en elle et
le monde préparé pour elle.
|
Moïse 1:28 Et il en
vit également les habitants, et il n’y eut pas une
âme qu’il ne vit pas. Et il les discerna par l’Esprit
de Dieu, et leur nombre était grand, aussi innombrable que
le sable au bord de la mer.
|
2 Je regardai sous
l’étendue qui était à mes pieds…
je vis la terre et ses fruits, ce qui se mouvait sur elle…
la puissance de ses hommes… 3. ses régions
inférieures… l’abîme et ses tourments…
|
Moïse 1:29 Et il vit
beaucoup de pays, chaque pays était appelé terre, et
il y avait des habitants à sa surface.
|
4 Je vis là, la
mer et ses îles, ses animaux et ses poissons, le Léviathan
et sa domination… 5 Je vis là les fleuves, leurs
crues et leurs méandres…
9 Je vis là une
grande multitude d’hommes et femmes, d’enfants, la
moitié d’entre eux était du côté
droit du tableau, et l’autre moitié de l’autre
côté de la représentation.
|
Rencontre avec Dieu
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:31
Et… la gloire du Seigneur fut sur Moïse, de sorte que
Moïse se tint en la présence de Dieu et lui parla
face à face.
|
16:1 Je dis à
l’ange… je ne peux plus rien voir, je suis faible et
mon esprit me quitte.
2 Il me dit : Reste
avec moi, n’aie crainte. Celui que tu verras venir droit sur
nous… c’est l’Éternel qui t’a
aimé.
3. Mais lui-même tu
ne le verras point… 4. Que ton esprit ne soit pas affaibli,
car je suis avec toi et je te fortifie.
|
Moïse 1:30
Et il arriva que Moïse invoqua Dieu…
|
17:5 Aussi je continuais
à prier : 6. Il dit : Récite sans
t’arrêter.
7 et suiv... [Abraham
prie Dieu citant ses attributs.] 11. Eli, mon Dieu, El El El El
Jaoël !
|
Moïse 1:33 Et j’ai
créé des mondes sans nombre ; et je les ai
également créés dans un dessein qui m’est
propre…
|
13. Toi, qui mets de
l’ordre dans l’univers inorganisé, le chaos qui
dans le monde périssable sort du bien et du mal.
|
Moïse 1:38. Et
lorsqu’une terre et ses cieux passeront, une autre viendra.
Et il n’y a pas de fin à mes œuvres ni à
mes paroles.
|
et qui renouvelle le
monde des justes.
14. Toi, lumière,
qui brille avant la lumière du matin sur ta création…
|
La question et la réponse
épiques
Moïse 1:30 Et…
Moïse invoqua Dieu disant : Dis-moi, je te prie,
pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les as faites ?
[cf. Abr. 1:2 « Je recherchai les bénédictions
des pères… désirant… posséder
une plus grande connaissance. »]
|
16. Entends ma prière.
17. Accepte-moi avec
bienveillance montre-moi et instruis-moi, et fais connaître
à ton serviteur ce que tu m’as promis.
26:1 Je dis :
Éternel, Puissant, l’Unique, pourquoi donc as-tu
établi qu’il en soit ainsi ?
|
Moïse 1:31 Et le
Seigneur Dieu dit à Moïse : J’ai fait ces
choses dans un dessein qui m’est propre. Il y a là de
la sagesse, et elle demeure en moi.
|
26:5 De même que le
conseil de ton père [Térach] est en lui, de même
que ton conseil est en toi, ainsi aussi le conseil de ma volonté
est en moi. Il est prêt pour les jours à venir, avant
que tu n’en prennes connaissance…
|
Moïse 1:33 Et j’ai
créé des mondes sans nombre, et je les ai également
créés dans un dessein qui m’est propre…
Moïse 1:35 Mais je
te parle seulement de cette terre et de ses habitants. Car voici,
il y a beaucoup de mondes… qui existent maintenant…
mais toutes choses me sont comptées, car elles sont miennes
et je les connais.
|
19:3 Considère les
étendues qui se trouvent dans l’espace sur lequel tu
es placé [voir cette formule dans Abraham 3:3, 4, 5, 7,
etc… !] et vois que sur aucune étendue, il n’y
a d’autres que Celui que tu as cherché… 4.
Comme il parlait encore, voici, les cieux étendus sous moi
s’ouvrirent 5. Je vis sur le septième firmament où
je me trouvais… la puissance de la gloire invisible
investir les êtres vivants.
|
De nouveau laissé à
lui-même
Moïse
|
Abraham
|
Moïse 1:9 Et la
présence de Dieu se retira de Moïse, de sorte que sa
gloire ne fut plus sur lui, et Moïse fut laissé à
lui-même. Et comme il était laissé à
lui-même, il tomba sur le sol.
|
30:1 Et comme il parlait
encore, je me trouvais sur terre 2. et je dis : Éternel,
Dieu puissant !
3. Je ne suis plus dans
la gloire dans laquelle je me trouvais en-haut ! et tout ce
que mon âme a désiré comprendre dans mon cœur,
je reste sans le comprendre.
|
[Abr. 2:12 « Et
lorsque le Seigneur se fut retiré après m’avoir
parlé, et qu’il eut retiré sa face de devant
moi, je dis en mon cœur : Ton serviteur t’a
cherché avec ferveur, maintenant je t’ai trouvé. »]
|
4 Il me dit : Je
vais te dire les désirs de ton cœur, tu as cherché
diligemment etc.
|
Ces récits parallèles, que
des siècles séparent, ne peuvent être des
coïncidences. Les autres non plus. Le premier homme qui a connu
cet affrontement avec Satan, c’est Adam. Une foule d’histoires
à ce sujet sont étroitement apparentées aux
récits d’Abraham, de Moïse, d’Énoch et
d’autres héros. Les plus anciennes traditions concernant
Adam sont sans doute celles qui ont été collectées
à travers l’Orient antique à une époque
très reculée et qui sont parvenues jusqu’à
nous dans des manuscrits éthiopiens et arabes plus tardifs
sous le titre « Le combat d’Adam et Ève
contre Satan [303] ». Ils contiennent au moins treize
affrontements différents entre Adam et l’Adversaire.
Nous en présentons ici quelques-uns parmi les plus frappants.
Étant donné que le thème est répété
d’une façon caractéristique avec des variations
(l’esprit monastique ne pouvant résister à la
tentation d’exploiter un bon sujet jusqu’à la
corde), il sera nécessaire de répéter certains
passages du livre de Moïse.
Moïse, Chapitre 1
|
Combat d’Adam (les
citations tirées directement du document sont indiquées
entre guillemets)
|
Moïse 1:9 Et la
présence de Dieu se retira de Moïse, de sorte que sa
gloire ne fut plus sur lui, et Moïse fut laissé à
lui-même. Et comme il était laissé à
lui-même, il tomba sur le sol.
|
Colonne 297-298. Quittant
le glorieux jardin, ils (Adam et Ève) furent saisis de
frayeur et « ils tombèrent sur le sol et
restèrent comme morts ».
|
Moïse 1:10 Et il
arriva que de nombreuses heures s'écoulèrent avant
que Moïse ne retrouvât sa force naturelle d'homme; et
il se dit: à cause de cela, je sais que l'homme n'est rien,
ce que je n'avais jamais supposé.
|
299. Pendant
qu’Adam était dans cette attitude, Ève,
élevant les mains, pria… Ô Seigneur, Ton
serviteur est chassé du jardin » et il est
rejeté dans une terre déserte (Ge. 3:18 et suiv. )
|
Moïse 1:11 Mais mes
propres yeux ont vu Dieu; mais pas mes yeux naturels, mais mes
yeux spirituels, car mes yeux naturels n'auraient pu voir, car je
me serais desséché et serais mort en sa présence;
mais sa gloire était sur moi, et j'ai vu sa face, car
j'étais transfiguré devant lui.
|
299. Ils
disent : « Aujourd’hui, nos yeux étant
devenus terrestres ne peuvent plus contempler les choses qu’ils
voyaient autrefois. »
|
Moïse 1:12 Et il
arriva que lorsque Moïse eut dit ces paroles, voici, Satan
vint le tenter, disant: Moïse, fils de l'homme, adore-moi.
|
306. Satan, les voyant
prosternés en prière, leur apparaît dans une
grande lumière et établit son trône dans ce
lieu, proclamant ainsi que la terre est son royaume pendant que
ses disciples chantent des cantiques à sa louange.
|
Moïse 1:13 Et il
arriva que Moïse regarda Satan et dit: Qui es-tu ? Car voici,
je suis un fils de Dieu à l'image de son Fils unique; et où
est ta gloire, pour que je t'adore ?
|
307. Adam, intrigué,
prie pour être éclairé, demandant :
Est-ce là un autre Dieu acclamé par ses anges ?
Un ange du Seigneur arrive et dit : « Ne crains
pas, Adam, ce que tu vois c’est Satan et ses compagnons qui
veulent à nouveau te séduire. Il t’est d’abord
apparu sous la forme d’un serpent et maintenant
il veut que tu l’adores de manière à pouvoir
t’entraîner derrière lui loin de Dieu. »
|
Moïse 1:15-18 …
Où est ta gloire ? car pour moi elle est
ténèbres…Retire-toi, Satan, ne me trompe pas…
je peux juger entre lui et toi… Retire-toi Satan !
Moïse 1:13 Je suis
un fils de Dieu… Moïse 1:14… Je n’aurais
pas pu regarder Dieu… si sa gloire n’était
venue sur moi… et si je n’avais été
fortifié devant lui. [voir 20: « invoquant
Dieu, il reçut de la force. »]
|
Alors l’ange
démasque et humilie Satan en présence d’Adam
et le chasse en disant à Adam :
« Ne crains
pas…Dieu qui t’a créé te donnera de la
force ! »
307-308 La nuit suivante,
comme Adam priait levant les mains, Satan lui apparut disant :
« Adam, je suis un ange du Dieu Puissant, le Seigneur
m’a envoyé à toi. » C’était
le plan pour séduire Adam et ainsi pour « demeurer
le seul maître et possesseur de la terre. » Mais
Dieu envoya trois messagers célestes à Adam qui lui
apportèrent les signes de la prêtrise et de la
royauté.
309. Et Adam pleura parce
qu’ils lui rappelaient son passé glorieux. Mais Dieu
dit que c’étaient des signes de l’Expiation
future, sur quoi Adam se réjouit.
|
Moïse 1 :12
Satan vint le tenter disant : Moïse, fils de
l’homme, adore-moi.
Moïse 1:19…
Je suis le Fils unique, adore-moi !
|
323-324 Après
un jeûne de 40 jours, Adam et Ève étaient très
affaiblis, étendus sur le sol de la grotte comme morts,
mais priant toujours. Satan arriva alors, entouré de
lumière, parlant avec des paroles mielleuses pour les
tromper, disant : « Je suis le premier créé
de Dieu… Maintenant Dieu m’a commandé de vous
conduire à ma demeure… pour être rétablis
dans votre gloire première. »
|
Moïse 1:13
Moïse regarda Satan et dit : Qui es-tu ?
|
325. Mais Dieu savait
qu’il avait l’intention de les conduire dans des lieux
lointains et de les détruire. Adam dit : Qui
était ce vieil homme glorieux qui est venu à nous ?
Réponse : C’est Satan sous forme humaine venu
pour te séduire en te donnant des signes pour te prouver sa
bonne foi, mais je l’ai chassé.
|
Moïse 1:21 Alors
Satan commença à trembler… Moïse 1:22.
Et il arriva que Satan cria d'une voix forte, avec des pleurs, des
gémissements et des grincements de dents; et il se retira.
Moïse 1:18 J'ai
d'autres choses à lui demander [à Dieu]: car sa
gloire a été sur moi, c'est pourquoi je peux juger
entre lui et toi. Retire-toi, Satan!
|
326. Satan affronte de
nouveau Adam et Ève, encore faibles d’avoir jeûné et
priant toujours. Repoussé, il « est
cruellement affligé » et dit en pleurant et en
gémissant : « ‘Dieu a anéanti
mon projet… il a rendu inutile la plan que j’avais
imaginé contre ses serviteurs.’ Et il se retira
dans la confusion. »
327. Adam
demanda : Pourquoi cela ? Réponse :
« Dieu voulait te montrer la faiblesse de Satan et ses
intentions mauvaises car depuis que tu as quitté le jardin,
il n’a pas laissé passer un seul jour sans essayer de
te nuire, mais je ne lui ai pas laissé l’occasion
d’être victorieux contre toi » [Adam
apprend ainsi à distinguer
le bien du mal.]
|
Moïse 5:6 Et après
de nombreux jours, un ange du Seigneur apparut à Adam, et
lui dit: Pourquoi offres-tu des sacrifices au Seigneur? Et Adam
lui dit: Je ne le sais, si ce n'est que le Seigneur me l'a
commandé. Moïse 5 :7 Et alors l'ange parla,
disant: C'est une similitude du sacrifice du Fils unique du Père,
qui est plein de grâce et de vérité. Moïse
5:9… de même que tu es tombé, tu puisses être
racheté, ainsi que toute l'humanité, tous ceux qui
le veulent.
|
329. De nouveau Adam et
Ève offraient un sacrifice, les bras levés en
prière, demandant à Dieu d’accepter leur
sacrifice et de pardonner leurs péchés. « Et
le Seigneur dit à Adam et Ève : de même que
vous avez fait ce sacrifice pour moi, de même je donnerai en
offrande ma chair quand je viendrais sur la terre, et ainsi je
vous sauverai… Et Dieu commanda à un ange de prendre
des pinces et de recevoir le sacrifice d’Adam. »
|
Moïse 5:10 …
Adam… fut rempli… disant:… j'aurai de la
joie dans cette vie, et je verrai de nouveau Dieu dans la chair.
|
Là-dessus, Adam et
Ève se réjouirent. Dieu dit : Quand les
conditions de mon alliance seront accomplies, je vous recevrai de
nouveau dans mon Jardin et dans ma Grâce. Aussi Adam
continua-t-il à offrir ce sacrifice pendant le reste de ses
jours. Et Dieu veilla à ce que sa parole soit prêchée
à Adam.
|
Moïse 1:20 Moïse
commença à éprouver une crainte extrême;
et comme il commençait à éprouver de la
crainte, il vit l'amertume de l'enfer. Néanmoins, invoquant
Dieu, il reçut de la force. [Voir livre d’Abraham,
fac-similé n°1 !]
Moïse 5:7 C'est une
similitude du sacrifice du Fils unique du Père, qui est
plein de grâce et de vérité.
|
330. Le cinquantième
jour, Adam offrant un sacrifice comme c’était sa
coutume, Satan apparut sous la forme d’un homme et le frappa
dans son côté avec une pierre aiguë alors même
qu’Adam élevait les bras en prière. Ève
essaya de le secourir tandis que du sang et de l’eau
coulaient sur l’autel. « Dieu… envoya sa
parole et ranima Adam, disant : ‘Finis ton
sacrifice, qui m’est très agréable. Car c’est
de cette façon que je serai blessé et du sang et de
l’eau jailliront de mon côté ; ce sera le
véritable Sacrifice, placé sur l’autel comme
une offrande parfaite’... Et ainsi Dieu guérit
Adam. »
|
Huitième partie
(Ensign, décembre 1976)
[Le but de ces articles est premièrement
d’attirer l’attention sur des aspects longtemps ignorés
du récit concernant Énoch donné par Joseph Smith
dans le livre de Moïse et dans la version inspirée de la
Genèse et, deuxièmement, de fournir en même temps
quelques éléments de preuves de l’authenticité
de ce texte remarquable. Ce que l’on savait à l’époque
de Joseph Smith ne permettait guère de vérifier ce
qu’il disait, l’enthousiasme de ses disciples encore
moins. Pourtant, quoique libre de divaguer à volonté
sur une plaine sans limites, le Prophète ne s’écarte
jamais une seule fois, dans son récit d’Énoch, du
sentier étroit et exigeant que les textes sur Énoch
découverts plus tard ont si clairement tracé. Dans sa
version, tous les éléments essentiels de l’histoire
d’Énoch telle que nous la connaissons maintenant s’y
trouvent, et cependant il ne s’égare jamais : ce
qu’il dit et ce qu’il ne dit pas concernant Énoch
est également remarquable compte tenu de sa situation.
Il faudrait un ouvrage d’une
immense envergure pour présenter et commenter tous les
parallèles anciens avec l’Énoch de Joseph Smith,
mais ce n’est pas nécessaire pour ce que nous voulons
faire. Il suffit de montrer par un ou deux exemples dans chaque cas
que même les passages les plus extravagants de la version de
Joseph Smith trouvent leur pendant dans les textes anciens : le
Prophète n’est jamais isolé. Beaucoup de
questions importantes telles que l’ancienneté réelle
de la tradition d’Énoch, les rapports entre les divers
textes, leur applicabilité à la vie moderne etc.
doivent être laissées pour plus tard. La seule chose qui
nous préoccupe pour l’instant, c’est le message et
la bonne foi du récit d’Énoch présenté
par Joseph Smith.]
Chose étonnante, l’histoire
d’affrontement entre Adam et Satan la mieux attestée est
la scène qui se déroule dans les cieux. Un vieux texte,
qui fait particulièrement autorité et qui remonte aux
livres déposés par les apôtres dans les premières
archives de l’Église à Jérusalem est
l’ouvrage copte « Discours sur l’Abbaton, un
sermon basé sur le texte de Timothée, l’Archevêque
d’Alexandrie » [304].
Ce livre appartient à la
littérature des quarante jours et à son début,
le Seigneur, qui passe sa dernière journée sur la terre
avec les apôtres juste avant son ascension, leur demande s’ils
ont une dernière requête à lui faire, exactement
comme dans 3 Néphi 28:1. Ce qu’ils veulent le plus,
c’est comprendre le rôle de la mort et de ses horreurs
dans le plan de Dieu pour ses enfants [305]. Pour expliquer ceci, le
Seigneur leur parle du conseil dans les cieux dans la préexistence
où l’on discute du plan de la création. Il y a
beaucoup de réticence parmi la multitude à aller de
l’avant avec la création de la terre. La terre elle-même
se plaint, exactement comme dans
Moïse 7:48, de la souillure et de la corruption qui vont
certainement découler d’elle et supplie d’être
autorisée à se reposer de telles horreurs (fol. 10a-b).
Étant donné la réticence du conseil à
aller de l’avant, Dieu permet que le corps sans vie d’Adam
repose sur la terre pendant quarante jours, ne voulant pas, sans
l’accord du conseil, laisser son esprit y entrer (11b). Le Fils
de Dieu arrange tout en se proposant pour payer le prix pour les
souffrances, quelles qu’elles soient, que cela entraînera,
permettant ainsi aux « enfants de Dieu de retourner dans
leur précédente condition » (12 a). Ainsi,
le Christ seul devient l’auteur de notre existence terrestre.
Au milieu de la joie et des réjouissances, Dieu fait apporter
un livre dans lequel il enregistre les noms de tous les « Fils
de Dieu » qui vont aller sur la terre (voir Ge 5:1 et
suiv. fol. 12b). C’est naturellement le livre céleste
des générations d’Adam ouvert au moment de la
création de la terre, le livre dont Énoch parle de
manière si explicite dans Moïse 6:46, 8.
En présence de toutes les armées
célestes, Adam est ensuite préparé à
assumer son grand destin. Il est placé sur un trône et
reçoit une couronne de gloire et un sceptre et tous les fils
de Dieu plient le genou, premièrement devant Dieu le Père
et ensuite devant Adam, le Père, en reconnaissance du fait
qu’il est à l’image et à la ressemblance
exactes de Dieu (13a). Mais Satan refuse de s’y prêter en
déclarant qu’il est disposé à adorer le
Père, mais pas Adam : « C’est
plutôt lui qui devrait m’adorer, car je suis arrivé
avant lui ! » (13a-b) (voir Moïse 1:19 :
« Je suis le Fils unique, adore-moi »). Dieu
voit que Satan, à cause de son ambition sans bornes et de son
manque total d’humilité, ne peut plus se voir confier un
pouvoir céleste et commande aux anges de lui retirer son
office. Ils s’exécutent avec beaucoup de chagrin et de
réticence : « Ils abolirent les écrits
faits sous l’autorité de sa main, ils lui arrachèrent
son armure et tous les insignes de la prêtrise et de la
royauté ». Puis, avec un poignard de cérémonie,
une faucille, ils lui infligèrent certains coups cérémoniels
de mort qui le privèrent pour toujours de son plein pouvoir
(14a). D’autres récits disent qu’après ces
coupures, il ne conserva que le tiers de son pouvoir précédent,
de même qu’il fut suivi par le tiers des armées
célestes.
Adam est ensuite escorté sur la
terre pour entrer dans son corps mortel et pendant les cent ans qui
suivirent, il est visité par des anges (14b). Ensuite, pendant
deux cents ans, il vit heureux en toute innocence avec Ève,
prenant soin des animaux confiés à sa charge.
Finalement, Satan réussit à prendre possession d’une
créature mortelle, ce qui lui permet d’entreprendre une
campagne de grande envergure visant Ève (16a-17a). Adam est
dans une grande colère, mais quand Ève, victime d’une
ruse, assume toute la responsabilité, il se joint à
elle (17b).
Satan arrête Adam à
l’extérieur du Jardin et lui dit avec jubilation que
c’est sa douce vengeance sur la victoire d’Adam dans les
cieux : Adam l’a fait expulser du ciel et maintenant il
lui rend la pareille et, qui plus est, il a l’intention de
poursuivre son projet. « Je n’aurai de cesse de
combattre contre toi et contre tous ceux qui viendront après
toi, que je ne les aie tous entraînés à la
perdition ! » (21a-b). Avec cette menace de mort
devant lui, Adam voit l’amertume de l’enfer (19a, 21b),
mais, implorant Dieu, non seulement il reçoit l’assurance
du salut pour les morts par l’expiation du Christ (20b), mais
il lui est dit que la mort sera douce pour ceux dont le nom est
inscrit dans le Livre de Vie (24a–b). La crainte de la mort,
(l’ange Mouriel) est salutaire et nécessaire pour
rappeler au genre humain sa fragilité et son besoin constant
de repentir. Ceci a l’effet bénéfique de contrer
le plan de Satan constituant un frein constant à la tendance
des hommes à se méconduire, une leçon salutaire
et, si nécessaire, terrifiante.
Qu’est-ce qui suit l’épreuve
de force entre nos premiers parents et l’Adversaire ? Nos
sources continuent obligeamment l’histoire et suivent Satan
depuis ses tentatives de s’acquérir l’obéissance
d’Adam jusqu’à ses entretiens hautement couronnés
de succès avec Caïn, suivant l’expansion régulière
de la méchanceté dans l’humanité jusqu’à
son point culminant du temps d’Énoch. Il n’y a pas
de meilleur résumé de l’histoire que celui qui
est fait dans le livre de Moïse, résumé
étonnamment proche en tous points de la version du « Combat
d’Adam ». Survolons brièvement les événements
conduisant à l’appel d’Énoch tels qu’ils
se trouvent dans le récit de Joseph Smith.
Ayant été instruits par un
ange du Seigneur, Adam et Ève jouissent de la plénitude
de l’Évangile : « Et ils firent
connaître toutes choses à leurs fils et à leurs
filles » (voir Moïse 5:1-12). Entre en scène
Satan, l’élément négatif avec son
« non-Évangile » : « Ne
le croyez pas ! » et son contre-Évangile :
« Je suis aussi un fils de Dieu » (Moïse
5:13). Il s’acquiert des disciples en poussant vers le bas dans
la direction de ce qui est « charnel, sensuel et
diabolique » (Moïse 5:13). Ceci exige de nombreux
appels au repentir (Moïse 5:14-15), car Adam et Ève
restent loyaux et fidèles, et « ne cessèrent
pas d’invoquer Dieu » (Moïse 5:16). C’est
dans ce monde que naît Caïn, qui va rejeter les
enseignements de ses parents comme étant irrationnels :
« Qui est le Seigneur, que je doive le connaître ? »
(Moïse 5:16). Le Seigneur donne à Caïn toutes les
chances d’être sage et de se sauver, en lui montrant,
d’une manière tout à fait raisonnable, la voie
dangereuse dans laquelle il se lance et le prévenant qu’il
sera sous le pouvoir de Satan dans la mesure où il refuse
l’obéissance : « Et tu domineras
sur lui » (Moïse 5:23 ; voir aussi Genèse
4:7) Caïn, dominer sur Satan ? Oui, c’est cela,
l’arrangement : le diable se met au service de son client
pour satisfaire ses moindres caprices, flatter ses appétits et
être à son entière disposition pendant toute sa
vie terrestre, mettant à sa disposition un pouvoir et une
influence illimités grâce au fait qu’il dispose
des trésors de la terre, l’or et l’argent. Mais en
échange, la victime doit respecter sa part du pacte, obéissant
aux instructions de Satan sur la terre et demeurant en son pouvoir
dans l’au-delà. C’est le marché classique,
le pacte avec le diable par lequel Faust, Don Juan, Macbeth ou Jabez
Stone parviennent au sommet du succès terrestre et sombrent
dans les profondeurs de la damnation éternelle.
Le Seigneur offre l’invitation
paternelle à Caïn : « Si tu agis bien, tu
seras accepté » en même temps que
l’avertissement solennel : « Satan désire
t’avoir » (Moïse 5:23, voir aussi Genèse
5:7). Il le met en garde contre la folie de « rejet[er] le
conseil supérieur » (Moïse 5:25) et la porte
du repentir est maintenue ouverte jusqu’au dernier moment, et
c’est Caïn lui-même qui interrompt la conversation
et se met en colère, refusant d’écouter plus
longtemps « la voix du Seigneur » (Moïse
5:26) et les remontrances de son frère Abel. Caïn prend
pour femme « une des filles de ses frères »
(pas forcément d’Abel) et ensemble « ils
aimèrent Satan plus que Dieu » (Moïse 5:28).
Ils étaient pleinement satisfaits de leur religion et
agressifs à son sujet.
Que peut-on faire dans une telle
situation ? Rien ! « Adam et sa femme se
lamentèrent devant le Seigneur à cause de Caïn et
de ses frères » (Moïse 5:27). Ayant
délibérément rompu tout lien avec son Père
céleste, Caïn était libre de conclure avec Satan
un accord officiel par lequel il serait formé aux techniques
permettant d’obtenir le pouvoir et le gain : « En
vérité, je suis Mahan, le maître de ce grand
secret [C’est le langage des anciens collèges ou guildes
où le secret est le mystère du métier ou de la
profession, dans ce cas, son secret est de savoir comment convertir
la vie en propriété] : « à
savoir que je peux assassiner et obtenir du gain » (Moïse
5:31, voir aussi 5:49). Caïn « se glorifia »
du pouvoir de la technique et de
la dialectique qu’il venait de découvrir, déclarant
que cela le rendait « libre » (Moïse
5:33). Il mit sa connaissance en application lors d’une
opération magistralement réussie dans laquelle « Abel…
fut tué par la conspiration de son frère »
(D&A 84:16) et se félicita en jubilant : « Et…
se glorifia de ce qu’il avait fait, disant : Je suis
libre, les troupeaux de mon frère tomberont certainement entre
mes mains » (Moïse 5:33). Cet éclairage
nouveau sur la conduite de Caïn est confirmé dans le
Combat d’Adam, où nous apprenons qu’après
avoir tué Abel, Caïn « n’éprouva
aucun besoin de se repentir de ce qu’il avait fait »,
un détail également relevé par certains des
premiers pères de l’Église [306].
C’est
clair, ceci n’est pas le roman conventionnel de Caïn et
d’Abel dans lequel un adolescent impétueux perd la tête
et assomme son frère gâté dans un accès de
jalousie. C’est une opération soigneusement planifiée
et exécutée dans laquelle Caïn tue « son
frère Abel dans le but d’obtenir du gain »
(Moïse 5:50), faisant taire sa conscience avec la pensée
que tout est normal et juste puisque Abel est capable de prendre soin
de lui-même. « Suis-je le gardien de mon frère ? »
(Moïse 5:34). C’est par cette philosophie que Satan a
séduit le genre humain en lui enseignant que « ce
qu'il advenait de tout homme dans cette vie dépendait de la
façon dont il se gouvernait; c'est pourquoi, tout homme
prospérait selon son génie, et tout homme conquérait
selon sa force, et tout ce qu'un homme faisait n'était pas un
crime » (Alma
30:17). Quand Dieu ne l’entend pas de cette oreille et lui
demande des comptes, Caïn avance le motif du profit comme
excuse : « Satan m’a tenté à
cause des troupeaux de mon frère » (Moïse
5:38). « Exclu de la présence du Seigneur »
(Moïse 5:41), Caïn fonde sa propre institution, la
principale lignée de ses descendants étant Hénoc
(celui qui construisit une ville d’Énoch), Irad,
Mehujaël, Metuschaël, Lémec, le père de Jabal
et de Tubal-Caïn ; (Moïse 5:42-46). Lémec,
comme Caïn, fit « alliance avec Satan »
et, comme lui, devint « maître Mahan »
(Moïse 5:49). Quand Lémec apprit qu’Irad, le fils
d’Énoch, avait violé le secret de ces terribles
choses, « il le tua à cause du serment »
(Moïse 5:50), puisque … Irad avait commencé à
révéler aux fils d’Adam ces signes de
reconnaissance ultra-secrets (Moïse 5:49). Tous ceux qui
faisaient alliance avec Satan furent exclus des saintes alliances de
Dieu, en dépit du fait qu’ils prétendaient que
tout était comme avant. Cette conspiration se répandit,
comme cela se passe toujours une fois qu’on a commencé.
Lémec devint un paria comme Caïn, pas à cause du
meurtre mais parce que ses femmes commencèrent à
répandre ses secrets confidentiels, ceux-là mêmes
pour lesquels il avait assassiné Irad parce qu’il les
divulguait. « C’est ainsi que les œuvres des
ténèbres commencèrent à régner
parmi tous les fils des hommes. Et Dieu maudit la terre d’une
grande malédiction » (Moïse 5:55-56).
N’y a-t-il rien qui vienne alléger
ce terrible spectacle ? Si, il y a quelque chose. Pendant tout
ce temps, « l’Évangile commença à
être prêché… par de saints anges… et
par le don du Saint- Esprit » (Moïse 5:58), tandis
que « tout fut confirmé pour Adam par une sainte
ordonnance » avec l’assurance que « l’Évangile…
serait dans le monde jusqu’à la fin de celui-ci »
(Moïse 5:59). Adam, ayant perdu Abel, eut un autre fils, Seth,
qui poursuivit son œuvre (Moïse 6:2). C’est de
lui que vient cette lignée de successeurs dans la
prêtrise, dûment enregistrés dans le Livre de Vie
d’où les méchants étaient exclus (Moïse
6:5-8). Après Seth vint Énosch, qui décida de
prendre une mesure importante. Puisque « en ce temps-là,
Satan avait une grande domination sur les hommes et faisait rage dans
leur cœur », provoquant « des
guerres et de l’effusion de sang… pour infliger la mort,
à cause des œuvres secrètes, en cherchant le
pouvoir » (Moïse 6:15), exactement comme dans le
monde moderne, Énosch rassembla « le reste du
peuple de Dieu » et ils émigrèrent hors du
pays « et demeurèrent dans une terre de
promission » appelée Kénan d’après
le nom de son fils (Moïse 6:17). La lignée est Seth,
Énosch, Kénan,
Mahalaleel, Jéred, Énoch [Hénoc], Metuschélah,
Lémec et Noé (Moïse 6:16-21 ; 8:2, 5-11) Dans
le Combat d’Adam avec Satan, comme Migne le fait remarquer :
« l’auteur dépeint les descendants d’Adam
comme divisés en deux branches séparées et
distinctes : les Caïnites, décidés à
suivre Satan, qui vivaient dans un pays fertile mais très
éloigné de l’Éden et qui se consacraient à
tous les plaisirs de la chair et à toute sorte d’immoralité »
et les Sethites, qui « demeuraient dans les montagnes
près du Jardin, étaient fidèles à la loi
divine et portaient le nom de Fils de Dieu. »
L’apparition de noms semblables
dans les deux généalogies ne devrait pas surprendre
quiconque fait beaucoup de généalogie où les
mêmes noms de famille ne cessent de revenir inlassablement. Ce
qu’il faut remarquer, c’est qu’il y a deux lignées
et qu’Énoch n’est considéré comme un
étranger et un homme sauvage que lorsqu’il quitte sa
colonie natale de Kénan, « jusqu’à
présent un pays de justice » (Moïse 6:41) pour
séjourner comme missionnaire parmi les tribus rebelles. Le
décor est maintenant installé pour Énoch.
Le monde pervers d’Énoch
La méchanceté de l’époque
d’Énoch avait des caractéristiques et une
tournure spéciales. Seule la dépravation la plus
déterminée et la plus enracinée méritait
l’extermination du genre humain. Dans les histoires apocryphes
d’Énoch, on nous dit comment l’humanité fut
menée à la plus extrême des inconduites sous la
tutelle de maîtres exceptionnellement compétents. Selon
ces traditions, ceux-ci étaient des messagers célestes
spéciaux, pas moins, qui étaient envoyés sur
terre pour restaurer le respect du nom de Dieu parmi le genre humain
dégénéré, mais qui, au lieu de cela,
cédèrent à la tentation, se méconduisirent
avec les filles des hommes et finirent par former et encourager leurs
protégés humains à toutes sortes d’iniquités.
Ils sont désignés sous les noms variés de
Veilleurs, d’Anges déchus, de Fils de Dieu, de
Nephilim ou de Rephaïm et sont parfois confondus avec leur
postérité, les Géants [307]. D’autres
candidats à cet honneur douteux ont été suggérés
par divers spécialistes, le problème étant qu’il
y a plus d’une catégorie d’êtres qui se
qualifient pour être des Anges déchus et des pécheurs
spectaculaires avant l’époque du Déluge [308]. La
Bible utilise le titre fils de Dieu ; étaient-ils
différents des « Veilleurs » de la
tradition ?
« Les fils de Dieu virent que
les filles des hommes étaient belles, et ils en prirent pour
femmes parmi toutes celles qu’ils choisirent.
« Les géants étaient
sur la terre en ces temps-là, après que les fils de
Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu’elles leur
eurent donné des… héros qui furent fameux dans
l’antiquité.
« L’Éternel vit
que la méchanceté des hommes était grande sur la
terre » (Genèse 6:2, 4-5)
L’idée de relations
sexuelles entre êtres célestes et terrestres était
répandue dans les temps anciens. C’est ainsi que dans
l’Apocryphe de la Genèse, récemment découvert,
quand la femme de Lémec lui donne un super enfant (Noé),
il suppose pratiquement comme une évidence que le père est
« l’un des anges » et l’accuse
d’infidélité jusqu’à ce que son
grand-père, Énoch, « celui dont le destin
est avec les saints », et qui vit au loin, règle le
malentendu. Ce qui est significatif, c’est que la mère
de l’enfant est Bit-enosch, c'est-à-dire qu’elle
est l’une des « filles des hommes »
[309]. Le fragment Cedrenus évite le problème de
l’origine céleste en faisant des fils de Dieu les
descendants de Seth et les filles des hommes celles de Caïn, et
il désigne expressément
les fils de Dieu comme étant les Veilleurs
[310]. Récemment, M. Emanueli a suggéré que les
divers termes sont simplement « une façon de parler
pour exprimer la profondeur de la dépravation de cette
génération » [311].
Si les fils de Dieu ont été
identifiés aux anges et aux Veilleurs, l’Énoch
grec n’identifie pas les Veilleurs aux armées de Satan
qui sont tombées du ciel dès le commencement : ils
sont une autre sorte de gens. C’est l’Énoch de
Joseph Smith qui donne la solution la plus convaincante : les
êtres qui sont tombés n’étaient pas des
anges mais des hommes qui étaient devenus des fils de Dieu.
Depuis le commencement, nous dit-il, les mortels ont pu se qualifier
comme « fils de Dieu », en commençant
par Adam. « Voici [Adam], tu es un en moi, un fils de
Dieu ; et c’est ainsi que tous peuvent devenir mes fils »
(Moïse 6:68). Comment ? En croyant et en contractant l’alliance.
« Notre père, Adam, a enseigné ces choses,
et beaucoup ont cru et sont devenus fils de Dieu » (Moïse
7:1). Ainsi, quand « Noé et ses fils écoutèrent
le Seigneur, et prêtèrent attention… [ils] furent
appelés fils de Dieu » (Moïse 8:13). En
résumé, les fils de Dieu sont ceux qui acceptent et
vivent la loi de Dieu. Quand les « fils des hommes »
(comme Énoch les appelle) brisent leur alliance, ils
continuent à tenir à ce titre sublime : « Voici,
nous sommes les fils de Dieu ; n’avons-nous pas pris pour
nous les filles des hommes ? » (Moïse 8:21),
tout comme « les fils des hommes », pour
inverser l’ordre, épousèrent les filles de ceux
qui étaient appelés « les fils de Dieu »,
perdant de ce fait leur titre, « car », comme
le dit Dieu à Noé, « ils ne veulent pas
écouter ma voix » (Moïse 8:15). La situation
était donc que les fils de Dieu ou leurs filles, qui avaient
été initiés dans un ordre spirituel, s’en
écartèrent et brisèrent leurs vœux, se
mêlant à ceux qui observaient uniquement une loi
charnelle.
« Pourquoi avez-vous quitté
le ciel [et] Celui qui est exalté ?» dit Énoch
dans un fragment de Gizeh « et…vous êtes-vous
souillés avec les filles des hommes ?… Vous vous
êtes comportés comme des fils de la terre et vous vous
êtes engendré des fils qui sont des géants. Et
vous étiez jadis des êtres saints, spirituels, éternels…
et vous avez convoité la chair… comme les créatures
mortelles et périssables. » [313]
Ce qui a fait que le monde d’Énoch
était si singulièrement dépravé qu’il
invitait un effacement total était la perversion délibérée
et systématique des choses célestes pour justifier la
méchanceté. Hippolyte, l’un des premiers auteurs
chrétiens, dit que l’Anti-Christ imite le Christ dans
tous les détails : tous deux envoient leurs apôtres
donnent leur sceau aux croyants, montrent des signes et des miracles,
prétendent que le Temple leur appartient, ont leur propre
église et leur propre assemblée, etc. Telle est la
méthode du « grand Séducteur du monde »
contre lequel, dit Hippolyte, « Énoch et Élias
nous ont prévenus. » [314] On nous rappelle comment
Satan a avancé ses prétentions : « Je
suis aussi un fils de Dieu » (Moïse 5:13) et a
commandé à Caïn de « faire une offrande
au Seigneur » (Moïse 5:18-19), et aussi de faire ses
serments « par le Dieu vivant » (Moïse
5:29), comme si tout était toujours dans le bon ordre. Dans le
même esprit, les descendants de Noé, dans leur
méchanceté, continuaient à affirmer que rien
n’avait changé :
(Moïse 8:21). Les enfants des hommes
dirent à Noé : Voici, nous sommes les fils de
Dieu, n’avons-nous pas pris pour nous les filles des hommes ? »
Les apocryphes sont d’accord :
(Black p. 44, 106:7, 13-14) « Car
pendant les jours de Jéred, mon père, ils s’écartèrent
de l’enseignements du Seigneur, de l’alliance du ciel. Et
voici, ils commettent le péché et rejettent
(parabainousin) la bonne voie (ethos)… et engendrent des
enfants non comme progéniture spirituelle, mais comme
progéniture charnelle ».
On joue à la tromperie de haut
niveau. « Malheur à vous qui vous égarez
délibérément [poiountes planemata] »,
s’écrie Énoch, « vous qui vous poussez
aux honneurs et à la gloire par des pratiques trompeuses…
Qui détournez et déformez les choses dites clairement,
qui avez donné une nouvelle tournure à l’Alliance
éternelle et qui inventez ensuite des arguments pour prouver
que vous êtes sans culpabilité ! »
[315]. Le ton donné est celui du calcul froid. Les
« Veilleurs » (selon le mot grec) ont entraîné
« des myriades et des myriades… avec notre Prince
Satan-el », dit l’Énoch slave, « et
ont souillé la terre par leurs actes. Et les épouses
[au lieu des filles !] des hommes ont commis un grand mal,
violant la loi… une grande iniquité » [316].
« Car dans les lieux secrets de la terre »,
lisons-nous dans une très ancienne source
judéo-chrétienne, « ils faisaient le
mal… et tous commettaient l’adultère avec les
épouses de leurs voisins ; et ils contractaient entre eux
des alliances solennelles concernant ces choses » [317].
De telles pratiques remontaient à l’époque de
Caïn.
Moïse
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Apocryphes
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Moïse 5:52 Le
Seigneur maudit… tous ceux qui avaient fait alliance avec
Satan; car ils ne gardaient pas les commandements de Dieu.
Moïse 5:29 Et Satan
dit à Caïn: Jure-moi… fais jurer tes frères…
de ne pas le dire, car s'ils le disent ils mourront.
Moïse 5:51 Car, à
partir du temps de Caïn, il y eut une combinaison secrète,
et leurs œuvres étaient dans les ténèbres,
et chacun connaissait son frère.
|
Gizeh 6:2. Les Fils du
Ciel désiraient rompre leurs alliances et se joindre aux
filles des hommes, mais Seimizas [Satan] dit : Je crains
que vous ne soyez pas prêts à aller jusqu’au
bout de ceci. 4. Et tous lui répondirent : « Nous
ferons tous un serment et nous nous engagerons entre nous avec
anathème de ne pas revenir sur cet accord [gnome] avant de
l’avoir exécuté. 5. Alors ils jurèrent
tous ensemble et s’engagèrent sous peine de mort.
|
Moïse 5:29-30 Et
Satan dit à Caïn: Jure-moi par ta gorge, et si tu le
dis, tu mourras; fais jurer tes frères par leur tête
et par le Dieu vivant de ne pas le dire, car s'ils le disent ils
mourront; et cela, afin que ton père ne le sache pas…
Et toutes ces choses se firent en secret.
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1 Énoch 69:13
Kasbéel, le chef du serment… quand il demeurait en
haut dans la gloire 14. … demanda à Michel de lui
montrer le nom caché afin de l’énoncer dans le
serment, pour que tremblent devant ce nom et ce serment ceux qui
révélaient aux fils des hommes tout ce qui était
secret.
1 Énoch 69:1. Ce
fut Gadreel qui montra aux fils des hommes toutes les plaies de
mort, c’est lui qui séduisit Ève.
|
Moïse 5:16 Et Adam
et Ève… ne cessèrent pas d'invoquer Dieu….
Mais voici, Caïn n'écouta pas, disant: Qui est le
Seigneur, que je doive le connaître ?
Moïse 5:51 Car, à
partir du temps de Caïn, il y eut une combinaison secrète,
et leurs œuvres étaient dans les ténèbres,
et chacun connaissait son frère.
|
Livre des myst. éthiop.
PO 4:431. « Dans les jours de Caïn, les pratiques
perverses et séductrices augmentèrent. Les mauvais
anges se dressèrent en une opposition ouverte et insolente
contre Adam et, se glorifiant de leurs corps terrestres, apprirent
un grand péché et exposèrent ouvertement
toute l’œuvre qu’ils avaient vue dans les
cieux. »
|
C’est ainsi que nous voyons dans un
texte grec d’Énoch les Grands Anges revenir de la terre
pour rapporter à Dieu ce qu’ils ont découvert :
« Azaël enseignant toute sorte d’iniquité
sur la terre et il a dévoilé
les mystères du siècle qui appartiennent au ciel, qui
sont [maintenant] connus et pratiqués parmi les hommes. »
Et Semiazas est aussi avec lui, lui à qui tu as donné
autorité [sur] ceux qui le suivent » [318].
Le fait de divulguer leurs serments à
ceux qui n’étaient pas dignes de les recevoir, ce qui
les avilissait et les invalidait était aussi grave que de les
avoir trahis. L’un des thèmes les plus répandus
dans les mythes et les légendes est la tragédie du
héros qui succombe aux charmes d’une jolie fille ou
femme fatale (en français dans le texte) et qui finit par lui
révéler des mystères cachés. Nous
rencontrons cette histoire dans la plus ancienne épopée
égyptienne (où la dame Isis soutire à Ré
la connaissance fatale de son véritable nom) et dans des
contes du même genre comme Samson et Dalila, la fille de Jared,
Lohengrin, etc. où la femme est la Pandore qui doit savoir ce
qu’il y a dans la boîte. Sur ce thème, les
fragments de Gizeh offrent un parallèle important avec la
version de Joseph Smith où l’arrière-plan commun
du texte et la confusion des scribes plus tardifs sont également
visibles :
Moïse 5:53 « Lémec
avait confié le secret à ses femmes, et elles…
racontèrent toutes ces choses publiquement et n'eurent pas
compassion… Moïse 5:55 C'est ainsi que les…
ténèbres commencèrent à régner
parmi tous les fils des hommes. »
Comparons avec :
(Gizeh 16:2-4) (319) « Et
maintenant, au sujet des Veilleurs, dites-leur : Vous étiez
dans les Cieux et là vous connaissiez tous les mystères
qui ne vous avaient pas été révélés
aussi bien que ce mystère que Dieu avait permis ; et
cela, vous l’avez révélé à vos
femmes dans la dureté de votre cœur, et c’est à
cause de ce mystère que les hommes et les femmes provoquent
des iniquités en abondance sur la terre. »
Clément d’Alexandrie
attribue à Musaeus, le fondateur des mystères grecs, un
récit relatant « comment les anges perdirent leur
héritage céleste par la divulgation des choses secrètes
[mysteria] aux femmes », des choses, fait remarquer
Clément, « que les autres anges gardent secrètes
ou accomplissent discrètement jusqu’à la venue du
Seigneur » [320].
Chose assez surprenante, l’époque
d’Énoch est systématiquement décrite comme
une ère de grandes avancées intellectuelles et
matérielles. « Azaël… enseigna [aux
hommes] à fabriquer des couteaux, des cuirasses et toute sorte
de matériel militaire et de travailler les minerais de la
terre et le travail de l’or pour en faire des bijoux pour les
femmes. Il leur fit découvrir l’argent et leur inculqua
le maquillage et les cosmétiques, les pierres précieuses
et les teintures. Les fils et les filles des hommes adoptèrent
toutes ces choses et égarèrent les saints. Il y eut une
grande iniquité sur la terre et ils devinrent pervertis et
s’égarèrent dans toutes leurs voies. Pendant
cette même période, leur dirigeant Semiazas leur
enseigna des formules scientifiques (epaodas kata tou nous) et les
propriétés des racines et des plantes de la terre. Le
onzième, Pharmakos, leur enseigna toutes sortes de
médicaments, d’incantations, de prescriptions, de
formules. [D’autres] leur enseignèrent la contemplation
des étoiles, l’astrologie, la météorologie,
la géologie, les signes du soleil et de la lune. Tous ceux-là
commencèrent à dévoiler les mystères à
leurs femmes et à leurs enfants. »[321].
Les dirigeants du peuple consacraient la
plus grande partie de leur richesse à « toutes
sortes de projets ingénieux pour contrôler et maîtriser
la nature. Mais le Seigneur modifia l’ordre de la création,
« faisant lever le soleil à l’ouest et
coucher à l’est », de sorte que leurs plans
furent réduits à néant [322]. L’idée
de contrôler l’environnement indépendamment de
Dieu « n’était pas aussi sotte qu’elle
le paraissait, dit le Zohar, parce qu’ils connaissaient tous
les arts… et tous les principes [archons] gouvernant le
monde et ils s’appuyaient sur cette connaissance jusqu’à
ce que Dieu les désabuse en restaurant la terre à son
état originel et en la couvrant d’eau. »
[323] Rabbi Isaac rapporte : Dans les jours d’Énoch,
même les enfants connaissaient ces arts mystérieux (les
sciences avancées). R. Yesa demande : Possédant
toute cette connaissance, ne pouvaient-ils prévoir la
destruction ? À quoi R. Isaac répond : Ils le
savaient parfaitement, mais ils pensaient qu’ils étaient
assez intelligents pour l’empêcher. Ce qu’ils ne
savaient pas, c’est que c’est Dieu qui gouverne le monde…
Il leur accorda un sursis aussi longtemps que les hommes justes
Jéred, Metuschélah et Énoch étaient
vivants. Mais quand ils quittèrent le monde, Dieu laissa le
châtiment s’abattre… et ils furent éliminés
de la terre [324].
Un passage du Livre de Mormon livre la
tradition d’Énoch (contenue peut-être dans les
plaques d’airain) dans un parallèle évident :
(2 Néphi 26:29) « Car
voici les intrigues de prêtres, c’est… les hommes…
se posant en lumière pour le du monde, afin d’obtenir du
gain et les louanges du monde ; mais ils ne cherchent pas le
bien-être de Sion. »
Comparons avec :
(Zohar. Beresh. 25b) « Ces
hommes [du temps d’Énoch] érigèrent des
synagogues et des collèges et y placèrent des
parchemins et de riches ornements… mais ils le faisaient pour
se mettre en lumière et pour les honneurs des hommes. Et c’est
de cette façon que les puissances du mal règnent sur
Israël. »
Le pouvoir et le gain sont les deux faces
de la même médaille : « Nous sommes
capables de faire tout ce qui nous plaît », dit le
peuple à l’époque d’Énoch, « parce
que nous sommes très riches ! » À quoi
Énoch répond : « Vous êtes dans
l’erreur ! Vos richesses vous abandonneront bientôt… »
mais ils continuèrent à rechercher plus farouchement
que jamais le pouvoir et le gain. » [325]
Un lien intéressant apparaît
dans ce récit de la façon dont « à
l’époque d’Énoch les gens commettaient le
meurtre, l’effusion du sang des enfants des hommes ; ils
les réduisaient en esclavage, ils vendaient ce qui ne leur
appartenait pas, ils entraient dans les maisons sans en avoir le
droit et prenaient ce qu’ils voulaient… Ils truquaient
les lois en leur faveur et imitaient les actes abominables des anges
rebelles d’un temps plus ancien où, quand Abel essaya de
leur faire obstacle, ils organisèrent sa mort par une
conspiration. » [326] Ceci confirme une déclaration
hardie qui se trouve dans D&A 84:16 « Abel… qui
fut tué par la conspiration ». L’ambition
était la force dominante dans toute cette méchanceté.
« Les géants, dit Ben Sira 16:7, étaient des
esprits ambitieux qui désiraient être grands à la
manière de Dieu sur la terre ». E. Kraeling fait
observer que le terme biblique « hommes de renom »
veut dire « hommes qui aspirent à être
grands, à ‘se faire aussi un nom’ »
[327]. L’Énoch slave fait pendant au livre de Moïse
en nous ramenant au début de l’affaire.
Moïse
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Apocryphes
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Moïse 4:1. Ce Satan…
vint devant moi, disant: Me voici, envoie-moi, je serai ton fils
et je rachèterai toute l'humanité… c'est
pourquoi donne-moi ton honneur.
Moïse 4:4. Et il
devint Satan… pour les mener captifs à sa volonté,
oui, tous ceux qui ne voudraient pas écouter ma voix.
|
Ms. R, ch. 11 Le démon
savait que je voulais créer le monde… avec Adam pour
régner sur lui comme Seigneur… Il devint Satan quand
il s’enfuit du ciel… Avant cette époque, il
s’appelait Satan-el. Il changea de nature et ne fut plus un
ange ; il conserva son identité, mais son état
d’esprit était altéré, comme quand un
juste devient méchant… et il conçut l’idée
impossible d’établir son trône… de
posséder un pouvoir égal au mien.
[Dieu lui a donné
un grand pouvoir sur ceux qui l’écoutent. Ap.
Abr. 14:1-2 ; cf. DS Thanks. VI[f]
p. X.)
|
Presque toutes nos sources et
particulièrement le livre d’Énoch de Joseph Smith
mettent l’accent sur le fait que le peuple ne glissa pas
imperceptiblement dans la déraison. Il était
constamment prévenu que seul un entêtement obstiné
et résolu lui vaudrait la destruction.
Moïse
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Apocryphes
|
Moïse 6:28. Au cours
de ces nombreuses générations… il a quitté
la route… et ne s'est fié qu'à sa propre
sagesse dans les ténèbres… Moïse 6:29
C'est pourquoi, il s'est… attiré la mort.
|
Beatty 99:8 et suiv. Et
ils s’égareront dans la folie (aphrosyne) de leur
cœur et les visions de leurs rêves, [des ténèbres]
les égareront. Et les mensonges que vous proférez
vous conduiront à votre perte. 98:9 Malheur à vous,
insensés, car vous périrez par votre propre folie.
|
Moïse 5:57
Car ils ne voulaient pas
écouter sa voix ni croire en son Fils unique.
|
Secret 4 (Vaillant p.18).
Ce sont ceux qui ont nié le Seigneur et qui n’ont pas
voulu entendre la voix du Seigneur, mais ont fait leur propre
volonté.
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Moïse 6:29
Il s'est parjuré,
et, par ses serments, il s'est attiré la mort, et je lui ai
préparé un enfer s'il ne se repent pas.
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Gk. Énoch 63:9
Nous disparaissons… à cause de nos propres œuvres…
descendant aux enfers (Schéol).
GK 3 (99.2) Malheur à
vous qui pervertissez l’alliance éternelle
|
Moïse 6:43.
Pourquoi vous fiez-vous à votre sagesse et niez-vous le
Dieu du ciel ?
|
et vous considérez
comme innocents !
Bait ha-Midrash (BHM)
5:171. Je suis Énoch ! Quand la génération
du déluge pécha et dit de Dieu :
Détournez-vous de lui et ne vous réjouissez pas de
la connaissance de ses voies, alors Dieu livra les hommes.
|
Neuvième partie
(Ensign, février 1977)
Dans le numéro précédent,
le professeur Nibley a brossé un tableau vivant du monde
d’Énoch, une culture d’une sophistication et d’une
prospérité matérielle immenses, dont le peuple
avait une profonde connaissance de la vérité et
cependant pervertissait délibérément cette
connaissance, rompait ses alliances, épousait des incroyants
et se moquait du Seigneur. Ce portrait est dressé à
partir des récits des expériences d’Énoch,
tirés du livre de Moïse, et aussi de celles de Moïse
là où elles sont parallèles à celles de
cet ancien patriarche. Les comparaisons frappantes entre les
expériences d’Énoch et d’autres qui sont
rapportées dans la littérature apocryphe montrent de
nouveau l’inspiration du prophète Joseph Smith quand il
relate un récit qui correspond autant à des récits
d’Énoch incontestablement antiques, bien que pas
nécessairement scripturaires. Le professeur Nibley, en
terminant son traitement du monde d’Énoch et en
commençant une description des cataclysmes de la nature qui
vont de pair avec la confusion morale du peuple, souligne que
celui-ci avait délibérément choisi l’iniquité.
Ce choix ne pouvait être plus
délibéré. Toute la méchanceté et
la folie de l’époque sont résumées en une
phrase simple : « Voici, ils sont sans affection ! »
Concernant ce thème, il y a des parallèles frappants
entre les textes de Joseph Smith et de l’Énoch slave :
Moïse 7:32. Le Seigneur Dieu dit
à Hénoc :
Regarde ceux-ci qui sont tes frères;
ils sont l'œuvre de mes mains.
Moïse 7:32. Je leur ai donné
leur connaissance le jour où je les ai créés;
et dans le jardin d'Éden, j'ai donné à
l'homme son libre arbitre.
Moïse 7:33 Et j'ai dit à
tes frères, et je leur ai aussi
donné le commandement, de s'aimer les uns les autres et de
me choisir,
moi, leur Père; mais voici, ils
sont sans affection et ils haïssent leur propre sang.
Moïse 7:34 … Et, dans mon
violent déplaisir, je leur enverrai les flots…
Moïse 7:37 Et les cieux tout
entiers pleureront sur eux.
Moïse 7 :41 Et toute
l'éternité trembla
|
Secrets II (Vaillant, p. 100 et suiv.)
Le Seigneur dit à Énoch :
… Je l’ai placé
sur terre comme second ange en honneur, grandeur et gloire
Et je l’ai établi Roi
[litt. César, Tsar] de la terre, régnant par mon
autorité [sagesse]… et je l’ai appelé
Adam et je lui ai donné son libre arbitre [volya yevo]
et je lui ai dit : Ceci est bien
pour toi, et cela est mal [lui
donnant le choix].
pour savoir s’il aurait pour moi
de l’amour ou de la haine en montrant son amour pour moi
parmi ceux de sa race [v. rodye yevo]... [mais] toute la terre est
pleine de sang. Ils abandonneront leur créateur.
Pour cette raison, je commanderai à
l’abîme et les dépôts des eaux du ciel
s’abattront sur la terre.
Et la terre tremblera et perdra sa
stabilité.
|
Il y a un parallèle avec 1 Énoch
qui est également impressionnant :
Moïse 7:33
Voici, ils sont sans affection
et ils haïssent leur propre sang
|
1 Én. 4 (99:15) Malheur à
vous qui commettez l’iniquité, tuant vos voisins…
|
Moïse 7:34
Le feu de mon indignation est allumé contre eux … je
leur enverrai les flots …
|
Il allumera [epegerei] sa colère
contre vous ;
il vous tuera tous par le glaive.
|
Moïse 7:37
Et les cieux tout entiers pleureront sur eux …
|
Et tous les justes se souviendront de
votre iniquité.
|
Moïse 6:15
La main de l'homme était contre son frère pour
infliger la mort… en cherchant le pouvoir
|
Car l’homme n’empêchera
pas sa main de tuer son fils, et le pécheur n’empêchera
pas sa main de tuer son frère.
|
Ces passages émouvants sont là
pour expliquer le Grand Chagrin. D’abord Énoch pleure :
Moïse 7:41
C'est pourquoi Hénoc sut, contempla leur méchanceté
et leur misère, pleura …
Moïse 7:44
Et lorsqu'il vit cela, Hénoc eut l'âme remplie
d'amertume; il pleura ses frères
et dit aux cieux: Je refuse d'être consolé …
|
Secrets d’Énoch 41
(Morfill)
Et je vis… et je soupirai et
pleurai et parlai de la ruine [causée] par leur
méchanceté. 2. Et je méditai dans mon cœur
et dis : Bienheureux l’homme qui n’est pas encore
né [etc].
Fragment manichéen [328] Énoch
le Juste dit : J’ai vu une grande affliction et les
larmes ont jailli de mes yeux, ayant entendu les choses viles qui
sont sorties de la bouche des méchants… Mes yeux
sont pleins de larmes et ma langue est liée…
|
Ensuite, comme nous allons le voir
maintenant, toute la nature pleure, et Énoch est stupéfait
d’apprendre que Dieu lui-même pleure ! Ce concept
hardi (absolument inadmissible pour les Pères du quatrième
siècle) [329], est attesté dans d’autres textes
énochiens :
Moïse 7:28-29. Et… le Dieu
du ciel posa les yeux sur le reste du peuple, et il pleura. Et
Hénoc en rendit témoignage, disant : Comment se
fait-il… que tu peux pleurer, puisque tu es saint et
d'éternité à toute éternité ?…
Moïse 7:31… Comment se fait-il que tu peux pleurer ?
|
Jew. Encycl. 8:519. « Quand
Dieu pleura sur la destruction du Temple, Metatron [Énoch]
tomba sur sa face et dit : Je pleurerai mais pas toi !
Dieu répondit et dit : Si tu ne peux supporter de me
voir pleurer, j’irai là où tu ne pourras aller
et là, je me lamenterai. »
|
Les anges dans les cieux et tous les
autres mondes se joignent dans les pleurs.
Moïse 7:37. Et les cieux tout
entiers pleureront sur eux toute l'œuvre de mes mains; c'est
pourquoi, les cieux ne pleureraient-ils pas en voyant que ceux-ci
vont souffrir ?
Moïse 7:40. C'est pourquoi, pour
cette raison, les cieux pleureront, oui, ainsi que toute l'œuvre
de mes mains.
|
2 Baruch 67:2. Ne penses-tu pas qu’il
n’y a pas d’anxiété chez les anges en la
présence du Puissant ?... Penses-tu que le Très-Haut
se réjouit de cela ou que son nom en soit glorifié ?
|
L’univers lui-même est
ébranlé par le Grand Chagrin.
Moïse 7:41. Hénoc…
pleura, étendit les bras, et son cœur se gonfla,
vaste comme l'éternité; et ses entrailles furent
émues de compassion; et toute l'éternité
trembla.
|
Zohar, Shemoth 8a. Alors le Messie
élève la voix et pleure, et le jardin d’Éden
tout entier tremble et tous les justes et les saints qui sont là
fondent en larmes… Quand les cris et les
pleurs résonnent pour la seconde fois, le firmament tout
entier au-dessus du jardin commence à trembler… et
Dieu se met à détruire les méchants.
|
Tout aussi dévastatrice est
l’annonce que pendant que Dieu se lamente, le Diable rit.
Moïse 7:26. Satan … leva
les yeux et rit, et ses anges se réjouirent.
Moïse 7:28. Et … le Dieu
du ciel posa les yeux … et… pleura.
Moïse 7:33. … de me
choisir, moi, leur Père; mais voici, ils sont sans
affection et ils haïssent leur propre sang.
Moïse 7:34. … je leur
enverrai les flots…
Moïse 7:41 Et… Hénoc…
pleura... et toute l'éternité trembla.
|
Secrets 22. [330]… un homme
hait son voisin… toute la terre sera pleine de sang…
et ils abandonneront leur Créateur… L’Adversaire
sera dans sa gloire [litt., il se rendra grand] et se réjouira
de leurs œuvres [celles des anges] à ma grande
affliction [du Seigneur]…
Alors je commanderai à l’abîme
et les dépôts des eaux et du ciel s’abattront
sur la terre… et toute la terre sera ébranlée
et n’aura plus de fondation.
|
C’est du fait de l’exaltation
et de la gloire infinies de la Divinité qu’Énoch
est accablé par ses larmes. Ceci est exprimé à
la fois dans une doxologie et une l’arétologie
(c’est-à-dire un discours dans lequel Dieu décrit
sa propre gloire).
Moïse 7:29-30. Comment se fait-il
que tu peux pleurer, puisque tu es saint et d'éternité
à toute éternité ? … des millions de
terres comme celle-ci, ce ne serait même pas le
commencement… de tes créations.
Moïse 7:31. … rien d'autre
que la paix, la justice … la miséricorde ira devant
ta face et n'aura pas de fin…
|
1 Én. 71:14. Et la justice de
la tête des jours ne l’abandonne pas. 15. … de
là est sortie la paix depuis la création du monde.
16. Et la justice ne l’abandonne jamais. Avec Lui sera leur
demeure … pour toujours et à jamais.
|
Moïse 7:35. Voici, je suis
Dieu, Homme de Sainteté est mon nom, Homme de Conseil est
mon nom… Moïse 7:36. C'est pourquoi, je peux étendre
les mains et tenir toutes les créations que j'ai faites.
Mon œil peut aussi les percer.
|
Frg. Gizeh 9:4 [les Anges :] Tu
es le Dieu des Dieux, le Seigneur des Seigneurs, le Dieu des
hommes [Dieu des mondes et des temps] et le trône de ta
gloire est à toutes les générations [cycles]
des temps [éternités ou mondes] : Et ton nom
est le Saint, et il est loué à toutes les époques.
5. Car tu as fait toutes choses
et tu as toute autorité, et toutes les choses sont claires
devant toi et sont révélées, et tu vois
toutes choses.
|
Moïse 7:24 Et voici, le pouvoir
de Satan était sur toute la surface de la terre.
Moïse 7:26 Et il [Énoch]
vit Satan; et il avait une grande chaîne à la main,
et elle voilait de ténèbres toute… la terre.
Il leva les yeux et rit, et ses anges se réjouirent.
|
1 Én. 53:3. Car j’ai
[Énoch] vu tous les anges du châtiment obéir
et préparer tous les instruments de Satan… 54:3. et
ici mes yeux ont vu comment ils ont fait leurs instruments, des
chaînes de fer qu’on ne pouvait peser… 53:5…
pour les rois et les puissants de cette terre afin de les
détruire.
|
L’enchaînement s’accompagne
naturellement de l’emprisonnement, une prison temporaire pour
les mortels déchus qui se repentent, une prison permanente
pour les autres.
Moïse 7:38. Voici, ceux sur
lesquels reposent tes yeux périront dans les flots; et…
je les enfermerai; je leur ai préparé une prison.
|
2 Én. 5. [331] Ce lieu, Énoch,
est préparé pour ceux qui ont pratiqué des
abominations sur terre… qui n’ont pas voulu connaître
leur Créateur… C’est pour tous ceux-là
que ce lieu a été préparé comme
héritage éternel.
|
Moïse 6:29-30 Il s'est attiré
la mort, et je lui ai préparé un enfer s'il ne se
repent pas.
Et c'est là un décret que j'ai lancé
de ma bouche.
|
Jubilés 10:5 Noé :
Et tu sais comment les Veilleurs, les pères de ces esprits,
ont agi en mon temps et pour ce qui est de ces esprits qui vivent
en prison, je les retiendrai ; [Voir 1 Pierre 3:19-20.
Jubilés n’emprunte pas au Nouveau Testament !].
|
Ceux qui sont en prison, enchaînés,
et dans les ténèbres, n’y sont gardés que
jusqu’au Jugement, qui en libérera un grand nombre, non
seulement à cause de leur repentir, mais par le pouvoir de
l’Expiation. C’est lorsqu’Énoch atteint le
tréfonds du désespoir que la révélation
du plan de rédemption miséricordieuse de Dieu
transforme tout en joie : « Et lorsqu’il vit
cela, Hénoc eut l’âme remplie d’amertume, il
pleura ses frères et dit aux cieux : Je refuse d’être
consolé ; mais le Seigneur dit à Hénoc :
élève ton cœur, et réjouis-toi ; et
regarde » (Moïse 7: 44). C’étaient
expressément les esprits qui étaient désobéissants
à l’époque d’Énoch qui devaient
bénéficier de la prédication du Seigneur et la
promesse de la délivrance au midi des temps (voir 1 Pierre
3:19-20).
Moïse 7:67. Et le Seigneur montra
tout à Hénoc…
Et il vit le jour des justes, l'heure de la rédemption, et
reçut une plénitude de joie.
1 Pierre 3:18. Christ aussi a souffert
une fois pour les péchés … 19. dans lequel
aussi il est allé prêcher aux esprits en prison …
20 qui autrefois avaient été incrédules…
aux jours de Noé.
Moïse 7:47. Et voici, Hénoc
vit le jour de la venue du Fils de l'Homme, dans la chair, et son
âme se réjouit.
Moïse 7:38. Mais voici, ceux sur
lesquels reposent tes yeux périront dans les flots; et
voici, je les enfermerai; je leur ai préparé une
prison.
Moïse 7:39. Et Celui que j'ai élu a plaidé
devant ma face. C'est pourquoi, il souffrira pour leurs péchés;
s'ils se repentent le jour où mon Élu reviendra
auprès de moi et, jusqu'à ce jour-là, ils
seront dans les tourments.
|
1 Én. 60:5. Pourquoi la vision
de ces choses te trouble-t-elle [toi, Énoch] ? …
6. ce jour est préparé… pour les pécheurs
et l’enquête… pour que le châtiment du
Seigneur des Esprits ne soit
pas en vain… Plus tard le jugement aura lieu selon sa
miséricorde et sa patience.
Apoc. Én. gr. 10:6. Azazel est
enchaîné en prison jusqu’au Grand Jour du
Jugement, quand il sera conduit à l’enpyrismon,
tandis que 7. la terre sera guérie… du coup qu’elle
a reçu, afin que tous les fils de l’homme ne soient
pas détruits par le mystère dans lequel les
Veilleurs ont trébuché et qu’ils ont enseigné
à leurs fils.
1 Én. 45:2. Tel sera le lot des
pécheurs… qui sont ainsi réservés pour
le jour de la souffrance et des tribulations. 3. En ce jour, mon
Élu siègera sur le trône de gloire et jugera
leurs œuvres.
|
Un autre parallèle sur le même
thème :
Moïse 7:57. Et tous les esprits
qui étaient en prison s'avancèrent… et le
reste fut réservé dans les chaînes des
ténèbres jusqu'au jugement du grand jour.
|
Beatty 103:7. … dans l’Hadès
ils seront dans un grand tourment. 8. et dans les ténèbres
et dans les chaînes, et dans des flammes ardentes, et votre
esprit sera amené à un grand jugement.
|
Un monde en ébullition
Un aspect qui ne manque jamais d’être
présent dans la littérature apocalyptique en général
et dans les écrits sur Énoch en particulier est la
réverbération, à travers leurs pages, de vastes
bouleversements dans le monde naturel. Ce n’est que dans les
toutes dernières années que l’on a commencé
à étudier sérieusement cet aspect de
l’apocalyptique et ce sont les scientifiques plutôt que
les théologiens qui sont impressionnés par les
documents anciens [332]. Énoch, en fait, est une de leurs
références favorites. Ils sont impressionnés par
l’aspect authentique du motif des catastrophes dans les vieux
écrits apocalyptiques, alors que le clergé les déplore
et les dénonce comme des exemples regrettables de mentalité
infantile de père fouettard essayant de faire peur [333].
À quoi ressemblait le monde à
l’époque d’Énoch ? Joseph Smith situe
l’action parmi des bergers nomades parcourant les vallées
et les montagnes, ce que font aussi les autres sources. Ils nous
montrent les justes et les méchants, parfois qualifiés
de Sethites et de Caïnites, vivant respectivement dans les
montagnes et les plaines [334].
Moïse 7:17. … le Seigneur
bénit le pays, et le peuple fut béni sur les
montagnes, et aussi sur les hauts lieux, et prospéra.
|
4 Esdras 6:51. Et je donnai à
Énoch une partie desséchée de la terre pour y
habiter, là où il y avait mille montagnes.
|
C’était l’archétype
des Sions qui suivraient :
D&A 49:24-25. Mais avant que le
grand jour du Seigneur vienne… Sion s'épanouira sur
les collines et se réjouira sur les montagnes, et sera
rassemblée vers le lieu que j'ai désigné.
|
Apocr. d’Adam 85 (79). 9. À
la fin des temps, les saints 10. viendront sur une haute montagne
11. sur une pierre de vérité.
|
L’autre face du tableau nous montre
les méchants rassemblés dans de grandes vallées.
Cette image non seulement convient à ce monde, mais est
projetée dans l’autre.
Moïse 7:5. … je contemplai
la vallée de Schum, et voici, je vis un grand peuple qui
demeurait dans des tentes, qui était le peuple de Schum…
|
1 Én. 13:9. Énoch alla
vers eux [les Veilleurs], et ils étaient assis tous
ensemble, en pleurs, à Abedsdail qui est entre [les
montagnes] Liban et Seneser, le visage voilé.
|
Moïse 7:7 Et le Seigneur me dit :
… le peuple de Schum… sera totalement détruit;
le peuple de Canaan se répartira dans le pays, et le pays
sera aride et stérile… Moïse 7:8 Car voici, le
Seigneur maudira le pays d'une grande chaleur, et son aridité
restera à jamais.
|
Secrets 13. p. 42. Je vis une certaine
plaine, comme une prison… et je soupirai et je pleurai…
8. Pourquoi ce lieu désolé est-il séparé
de l’autre ? 9. … afin que les esprits des
morts soient séparés… 11. mis à part
dans cette grande plaine jusqu’au jour du jugement…
12. Et cette séparation a été faite pour les
esprits… de ceux qui ont été tués
pendant les jours d’iniquité.
Giz. 10:11. Va, Michel, et enchaîne…
tous ceux qui se sont souillés… 12. enchaîne-les
pour soixante-dix générations dans les vallées
[napas] de la terre.
|
Le premier avertissement qui frappe les
pécheurs dans la plaine est, comme cela se passait autrefois,
une terrible sécheresse dont la littérature énochienne
nous donne des descriptions frappantes.
Moïse 7:7. Et le Seigneur me dit:
Prophétise… le pays sera aride et stérile, et
aucun autre peuple… que le peuple de Canaan n'y demeurera.
Moïse 7:8. Car voici, le Seigneur maudira le pays d'une
grande chaleur, et son aridité restera à jamais; et
une noirceur envahit tous les enfants de Canaan, de sorte qu'ils
furent méprisés parmi tous les peuples.
|
Giz. 26:2. Et je vis la sainte
montagne et de l’eau descendre de la montagne…
4. Je vis une vallée profonde
et sèche, et une autre vallée [voir Schum et Canaan,
Moïse 7:5] … 5. Les deux vallées étaient
totalement désolées et sans un arbre. 27:2. C’est
un pays maudit réservé à jamais à ceux
qui sont maudits.
Gk Black 11:6) (11). Tout nuage,
brume, rosée et pluie seront retenus à cause de vos
péchés. 12. C’est pourquoi offrez des dons à
la pluie pour qu’elle ne soit pas empêchée de
descendre pour vous et à la rosée et aux nuages, et
à la brume. 101 (2). Parce que s’Il ferme les écluses
des cieux et empêche la rosée et la pluie de
descendre à cause de vous, que ferez-vous ?
1 Én. 18:12. Je vis un lieu qui
n’avait pas de firmament. Il n’y avait ni eau, ni
oiseaux dessus, mais c’était un horrible désert.
22:2. Ces lieux creux ont été
créés dans ce but même… qu’y
soient assemblées toutes les âmes des enfants des
hommes.
|
Les temps difficiles rendent les hommes
désespérés. Obsédés par la peur et
par la culpabilité, ils se tournent hystériquement les
uns contre les autres et ne tardent pas à se retrouver engagés
dans un combat mortel jusqu’au point de l’extermination.
Moïse 7:7. Voici, le peuple de
Canaan, qui est nombreux, ira, rangé en bataille, contre le
peuple de Schum, et le frappera de sorte qu'il sera totalement
détruit.
|
Gizeh 10:9. Va, Gabriel, auprès
de ceux qui sont engendrés dans la méchanceté,
des malhonnêtes et des fils de l’adultère et
détruis les fils des Veilleurs d’entre les hommes.
Amène-les à se combattre à la guerre et en
une destruction gratuite.
|
Ce tableau est tout aussi valable pour
les générations postérieures.
D&A 87:6. Et ainsi, à cause
de l'épée et de l'effusion de sang, les habitants de
la terre se lamenteront… jusqu'à ce que la
destruction décrétée ait mis complètement
fin à toutes les nations. D&A 87:7. Que… le sang
des saints cesse de monter de la terre aux oreilles du Seigneur
des armées pour qu’ils soient vengés de leurs
ennemis.
|
Én. gr. 7:4 … la terre
tomba sous le gouvernement des sans loi et [8:1] Azael [Satan]
leur enseigna la fabrication des armes et le travail des trésors
de la terre. 4. Le cri de ceux du peuple qui étaient tués…
montait jusqu’au ciel. 9:1. Les anges voyaient le sang
couler sur la terre, et entendaient la voix de ceux qui étaient
tués crier vengeance à Dieu.
|
D&A 1:35. … l'heure où
la paix sera enlevée de la terre et où le diable
aura pouvoir sur ses possessions n'est pas encore arrivée,
mais elle est proche.
|
Én. slav. MS.R. 22. Une nation
se dresse contre l’autre car le diable a commencé à
régner… et il y eut des guerres et de grands
troubles.
|
À côté du peuple de
Canaan qui annihile le peuple de Schum, sept autres tribus exotiques
sont nommées dans l’Énoch de Joseph Smith,
faisant penser à la structure par sept bien connue des
organisations tribales. Ce sont les peuples des pays de Sharon,
d’Énoch, d’Omner, de Heni, de Sem, de Haner et de
Hananiah (Moïse 7:9). Qu’est-ce que d’anciens
copistes, des milliers d’années plus tard, à
l’autre bout du monde, pouvaient bien faire d’une telle
liste ? Ils la traiteraient exactement comme les scribes l’ont
toujours fait, en la transférant dans un cadre plus familier.
Le scribe de l’Énoch éthiopien met à la
place de ces tribus familières les noms de ce qui était,
pour lui, les peuples les plus éloignés et les plus
exotiques de la terre et traite tout naturellement l’allusion
aux lions comme une figure de rhétorique bien connue et
hautement conventionnelle :
Moïse 7:5. Je vis un grand peuple
qui demeurait dans des tentes, qui était le peuple de
Schum… Moïse 7:6. … et je regardai vers le
nord, et je vis le peuple de Canaan, qui demeurait dans des
tentes.
|
1 Én. 56:5. À l’est
[je vis] les Parthes et les Mèdes [les deux grandes nations
de l’antiquité vivant sous les tentes].
|
Moïse 7:9 [Énoch voit les
sept autres nations]
Moïse 7:13. … et le
rugissement des lions se fit entendre du désert; et toutes
les nations furent saisies d'une grande crainte
Moïse 7:16 Et à partir de
ce moment-là, il y eut des guerres et de l'effusion de sang
parmi eux.
|
Ils exciteront les [autres] rois, afin
qu’ils jaillissent comme des lions de leur tanière …
et commencent à se battre entre eux.
|
Une des ironies de la nature fait que
l’insuffisance d’eau mène habituellement à
trop d’eau. Le monde d’Énoch était la proie
des inondations aussi bien que de la sécheresse. On nous
régale de tableaux de nuages lourds déversant
constamment de lugubres avalanches de pluie et de neige sur la terre.
Aux pleurs constants d’Énoch et de tous les saints
répond l’image puissante des cieux en larmes et la terre
voilée de ténèbres sous un ciel des plus noirs :
Dans le livre d’Énoch, la même image est appliquée
au midi et à la plénitude des temps aussi bien qu’à
l’époque adamique.
Moïse 7:28 ; [Énoch :]
Comment se fait-il que les cieux pleurent et versent leurs larmes
comme la pluie sur les montagnes?
|
1 Én. 100:11-13. … à
cause de leurs péchés tous les cieux pleurent et les
ténèbres règnent. 13. avec de la glace, de la
grêle, du froid et du vent, tout ensemble.
1 Én. 17:1. Je vis les
montagnes des ténèbres de l’hiver et l’endroit
d’où se déversent toutes les eaux de l’abîme.
|
Moïse 7:37. … les cieux
tout entiers pleureront sur eux toute l'œuvre de mes mains;
c'est pourquoi, les cieux ne pleureraient-ils pas en voyant que
ceux-ci vont souffrir ?
Moïse 7:38. Mais voici, ceux sur
lesquels reposent tes yeux périront dans les flots
|
Miracles de Jésus [335] [Il dit
à Pierre que, parce que le monde rejettera l’Évangile,
cela fera que] le Soleil et la Lune pleureront… et devant
la corruption des enseignements, les collines et les montagnes
pleureront.
|
Moïse 7:40. C'est pourquoi, pour
cette raison, les cieux pleureront.
Moïse 7:56. [à la
Crucifixion] les cieux furent voilés, et toutes les
créations de Dieu se lamentèrent; la terre gémit
…
Moïse 7:61. Mais avant ce
jour-là, les cieux seront obscurcis, et un voile de
ténèbres couvrira la terre… Moïse 7:62.
Je ferai descendre la justice des cieux, et… monter la
vérité de la terre … et je ferai en sorte
[qu’elles] balaient la terre comme un flot.
|
Berayta 205-20. [336] Les eaux sous la
terre sont comme une petite source à côté des
eaux de la création lesquelles sont elles-mêmes comme
une petite source comparée à l’océan.
Mais la mer est comme une petite source comparée aux eaux
qui pleurent.
|
Moïse 7:26. [dans les jours de
Caïn] elle voilait de ténèbres toute la surface
de la terre…
|
Miracles de Jésus. [337] Dieu
punit Caïn avec 77 jours de pluie incessante.
|
Moïse 7:28. Et il arriva que le
Dieu du ciel posa les yeux sur le reste du peuple, et il pleura.
Et Énoch en rendit témoignage, disant:
Comment se fait-il que les cieux pleurent et versent leurs larmes
comme la pluie sur les montagnes ?
|
1 Én. 95:1. Ô
si mes yeux étaient [une nuée] d’eaux pour que
je puisse pleurer sur vous et répandre mes larmes comme un
nuage d’eau. [Passage
très corrompu, reconstitué par R.H. Charles ;
c’est aussi la partie la plus corrompue de Gizeh c. 28 les
scribes ne le comprennent pas].
|
Nous trouvons dans un passage frappant du
récit de l’Énoch de Joseph Smith un curieux
mélange de feu et d’eau ; cette même
bizarrerie dans l’autre texte d’Énoch fait penser
à des scènes d’activité volcanique avec
les fumerolles, les vapeurs sulfureuses, les fleuves de feu, etc. « …
dans les ténèbres et dans les chaînes, et dans
les flammes brûlantes… » (Beatty 103:8).
Moïse 7:34. Et le feu de mon
indignation est allumé contre eux, et, dans mon violent
déplaisir, je leur enverrai les flots, car ma colère
ardente est allumée contre eux.
|
Secrets 13. Je ne pourrais supporter
la crainte d’un feu brûlant … ainsi sont les
paroles du Seigneur
Bin Gorion 1:195. Les pluies du déluge
étaient entremêlées d’averses de feu
tombant du ciel.
II Baruch 53:7. Il plut des eaux
noires … et il s’y mêlait du feu… elles
causaient dévastation et destruction… 9. L’éclair
guérit les régions qui avaient été
dévastées par les eaux.
1 Én. 17:4. Puis on m’emmena
jusqu’aux eaux vives et au feu de l’ouest [les eaux de
la création et du baptême].
5. Et j’arrivai jusqu’à
un fleuve de feu dans lequel du feu coule comme de l’eau.
1 Énoch 67:57. Et je vis la
vallée où il y avait une grande convulsion et une
convulsion des eaux… 6. … du métal igné
et de la convulsion en ce lieu s’exhalait une odeur de
soufre et elle était liée à ces eaux. 7. Et à
travers sa vallée coulent des fleuves de feu.
|
On nous dit que lorsque les méchants
essayèrent de retourner chercher refuge dans la sécurité
de la sainte montagne parce que les eaux du déluge
commençaient à monter, ils ne purent s’approcher
de l’arche parce que les rochers étaient brûlants
[338]. Ce sont des tableaux comme cela qui convainquent les
scientifiques qu’il pourrait y avoir quelque chose derrière
ces vieilles histoires apocalyptiques.
Les malheurs de l’époque
d’Énoch rapportés de la manière la plus
visible et la plus régulière, ce sont les tremblements
de terre, correspondant à l’image de la tectonique des
plaques que tout cela donne.
Moïse 6:34. Les montagnes fuiront
devant toi et les fleuves se détourneront [en conséquence]
de leur cours.
Moïse 7:13. … la terre
trembla, et les montagnes s'enfuirent… et les rivières
d'eau furent détournées de leurs cours …
toutes les nations furent saisies d'une grande crainte.
|
Gizeh 1:5. Et tous seront dans
l’épouvante… la crainte et un tremblement
les saisirent jusqu’aux extrémités de la
terre.
6. Les hautes montagnes seront
ébranlées et tomberont et seront dissoutes…
et les montagnes s’écouleront [diarrhynai, « glisser
au travers, suinter, s’écouler comme de l’eau »]
et seront transformées en canaux secondaires et fondront
come de la cire devant une flamme.
7. Et la terre se rompra avec des
déchirures et des craquements [rhagas] et tout ce qui est
sur la terre périra.
|
Ces événements sont en
relation avec les activités d’Énoch qui n’en
est, néanmoins, pas la cause. Ils sont programmés en
vue de ses objectifs, et Dieu est derrière lui et prononce par
sa voix les paroles du pouvoir.
Moïse 7:13
Hénoc… conduisit le
peuple de Dieu et… leurs ennemis vinrent se battre contre
eux. Et il dit la parole du Seigneur, et la terre trembla, et les
montagnes s'enfuirent selon son commandement; et les rivières
d'eau furent détournées de leurs cours; et le
rugissement des lions se fit entendre du désert.
Moïse 6:34. Voici, mon Esprit est
sur toi, c'est pourquoi je justifierai toutes tes paroles. Les
montagnes fuiront devant toi et les fleuves se détourneront
de leur cours. Tu demeureras en moi et moi en toi; c'est pourquoi,
marche avec moi.
Moïse 7:13. … toutes les
nations furent saisies d'une grande crainte, si puissante était
la parole d'Énoch et si grande était la puissance du
langage que Dieu lui avait donné.
Moïse 6:34 [Dieu :] Je
justifierai toutes tes paroles. Les montagnes fuiront devant toi …
Moïse 7:13. Et il dit la parole
du Seigneur, et la terre trembla, et les montagnes s'enfuirent
selon son commandement.
|
Ps. de Salom. 54 (53) # 11. Au
rassemblement de Sion… 5. les nobles montagnes ont été
humiliées et aplanies devant eux [le peuple de Dieu] et les
collines se sont enfuies devant leur arrivée.
Gk. Énoch p. 7 (102:1). Et s’il
lance sa parole… 2. la terre entière sera
consternée, tremblera et se troublera, et sera remplie de
confusion.
1 Én. 52:6. Et toutes les
montagnes… seront toutes devant l’Élu…
comme la cire devant le feu et comme l’eau qui tombe d’en
haut…
Secrets 13. J’ai entendu les
paroles du Seigneur comme un grand tonnerre au milieu de
l’agitation permanente des nuages. Le Seigneur de la terre
est terrible et dangereux [Bonner p. 58 et suiv., Én. gr.
p. 7:102 LI]. Et quand il lance sa parole contre vous, n’êtes-vous
pas effrayés et ébranlés par ce son
puissant ? Et la terre entière était ébranlée
et tremblait. Elle était dans la confusion.
|
La véritable manifestation
spectaculaire dans la littérature d’Énoch est le
comportement des mers. Comme dans l’alternance de la sécheresse
et du déluge du ciel, il y en a soit trop, soit pas assez.
Avant que « le déluge s’abattit et les
engloutit » Moïse 7:43, la mer se retire d’abord
par endroits, laissant son lit côtier élevé et
sec en attendant l’arrivée du grand tsunami
(raz-de-marée) qui viendra avec le tremblement de terre.
Moïse 7:13-14. La terre trembla,
et les montagnes s'enfuirent … Une terre surgit également
des profondeurs de la mer, et si grande fut la crainte des ennemis
du peuple de Dieu qu'ils s'enfuirent, se tinrent au loin et
allèrent sur la terre qui avait surgi des profondeurs de la
mer.
|
Én. Slave 6 (106:6). Énoch :
La mer et ses eaux ne sont-elles pas toutes l’œuvre du
Très-Haut ? N’a-t-il pas établi leurs
limites ? 7. Et par son courroux, elles se sont effrayées
et se sont taries.
1 Én. 60:16. Énoch :
L’esprit de la mer… se retire avec un rêne et
de la même manière il est chassé en avant et
dispersé parmi toutes les montagnes de la terre.
|
La mer fait des siennes en d’autres
occasions à l’époque d’Énoch.
Moïse 7:66. Mais avant… il
vit de grandes tribulations parmi les méchants. Il vit
aussi que la mer était troublée.
|
Mid. Rabb. 1:37. [Par deux fois la mer
a envahi la terre]. La première fois ce fut pendant la
génération d’Énosh, et la seconde
pendant la génération de la séparation [Tour
de Babel].
Bin Gorion 1:153. À l’époque
d’Énoch, la mer se souleva et inonda un tiers du
pays.
Combat d’Adam DA1:361 suiv. Les
animaux furent poussés dans l’arche par le
tremblement de la terre ; la mer se souleva en
une violente agitation, les vents furent terribles, le soleil
disparut et le ciel tout entier… la mer envoya des
montagnes de vagues sur la terre.
4 Esdras 6:49. Et comme tu as sauvé
deux esprits : le premier tu l’as nommé Énoch
et le second Léviathan. 50. Et tu les as séparés
l’un de l’autre, puisque la septième partie, où
les eaux étaient assemblées, n’avait pu les
recevoir. 51. Et tu as donné à Énoch une
partie [de la terre] qui s’était desséchée
le troisième jour pour y habiter, là où il y
a mille montagnes. Et la septième partie, où l’eau
était rassemblée, ne pouvait les porter.
|
Les terreurs du livre d’Énoch
atteignent leur point culminant quand les bouleversements de la
nature s’étendent à la totalité du cosmos.
Les nombreux récits apocalyptiques sur les bouleversements
célestes donnent à penser à certains
scientifiques modernes qu’il y a eu un basculement de la terre
sur son axe (un phénomène qui est maintenant bien
attesté par l’étude d’anciennes céramiques
magnétisées) ou des pluies massives de particules
météoriques.
Moïse 7:61. Les cieux trembleront
et la terre aussi; et il y aura de grandes tribulations parmi les
enfants des hommes.
Moïse 7:41. Énoch …
pleura, étendit les bras, … et toute l'éternité
trembla.
|
Énoch gr. p. 7 (103:1). Et
quand il lancera sa parole contre vous, ne serez-cous pas ébranlés
et effrayés par ce son puissant ?
2. Et la terre entière sera
ébranlée et tremblera, elle sera remplie de
confusion.
3. Et le ciel et ses luminaires seront
ébranlés et tremblants, de même que tous les
fils de la terre.
Bonner p. 59. « Et toute la
terre était ébranlée et tremblante, et
remplie de confusion, et aussi les anges qui ont accompli leur
tâche, et les cieux et les Luminaires [phosteres] furent
ébranlés et tremblants, ainsi que tous les fils de
la terre. »
|
|
1 Én. 60:1. Je vis que le ciel
des cieux était secoué d’une grande secousse,
et l’armée du Très-Haut, et les anges, par
milliers de mille et myriades de myriades, étaient agités
d’une grande agitation.
|
Mais il y a une notion qui va au-delà
de la portée de l’astronomie dans ses implications
passionnantes. C’est la doctrine qui veut que quand un monde
est détruit, tous les autres mondes qui ont contribué à
son existence s’unissent en un deuil général
[339].
Moïse 7:36. Et parmi toute
l'œuvre de mes mains, il n'y a pas eu de méchanceté
aussi grande que parmi tes frères…
|
|
Moïse 7:37. … les cieux
tout entiers pleureront sur eux toute l'œuvre de mes mains;
c'est pourquoi, les cieux ne pleureraient-ils pas en voyant que
ceux-ci vont souffrir?
Moïse 7:40. C'est pourquoi, pour
cette raison, les cieux pleureront, oui, ainsi que toute l'œuvre
de mes mains.
|
|
Moïse 7:41. Hénoc…
pleura, étendit les bras, et son cœur se gonfla,
vaste comme l'éternité; et ses entrailles furent
émues de compassion; et toute l'éternité
trembla.
|
1 Én. 60:3. Et moi, un grand
tremblement me prit, la crainte me saisit, mes reins s’ouvrirent,
mes reins fondirent et je tombai sur ma face. 4. Car je ne pouvais
pas supporter la vue de cette armée et de son agitation et
des secousses du ciel.
|
Moïse 7:56. Et les cieux furent
voilés, et toutes les créations de Dieu se
lamentèrent; la terre gémit, les rochers se
fendirent
|
Cf Apocr. de Jean 1:20. Comme j’étais
en train de penser, les cieux s’ouvrirent… 21. Et le
cosmos tout entier trembla ; et j’étais effrayé
et je tombai sur ma face. [Et Dieu lui apparaît, lui parle
et le réconforte, comme il l’avait fait avec Énoch].
|
L’image particulière de la
nature que l’on trouve dans le récit énochien de
Joseph Smith devient basique avec la personnification de la terre
comme Terra Mater, parlant comme une entité vivante dans un
passage dont on trouve un parallèle frappant dans les
fragments grecs.
Moïse 7:48. Hénoc posa les
yeux sur la terre, et il entendit une voix venant des entrailles
de celle-ci, qui disait:
Malheur, malheur à moi, la mère des hommes…
Quand me reposerai-je et serai-je purifiée de la souillure
qui est sortie de moi ? Quand mon Créateur me
sanctifiera-t-il, afin que je me repose et que la justice demeure
un certain temps à ma surface?
|
Gizeh 10:20. Et toi, purifie la terre
de toute impureté [akatharsias], de toute iniquité
et de tout péché
et corruption [asebeias], et extirpe [exaleipson, « lave,
récure »] toutes les impuretés qui sont
venues sur la terre…
22. et toute la terre sera purifiée
de toute pollution [miasmatos] et de toute impureté…
11:1. Et alors, la vérité
et la paix demeureront ensemble [koinonesousin homou, « englober,
avoir tout en commun »] pour toutes les générations
des hommes
|
Moïse 7:49. Et lorsqu'il entendit
la terre se lamenter, Hénoc pleura et cria vers le
Seigneur, disant: Ô Seigneur, n'auras-tu pas compassion de
la terre ?
|
1 Én. 7:5-6. « Et
ils commencèrent à se dévorer la chair entre
eux et à en boire le sang. Alors la terre accusa les
violents.
Zohar Bereshith 57a. Un homme est
appelé méchant [rasha’], s’il porte
seulement la main contre son voisin… Mais il est appelé
mauvais [ra’] seulement quand il corrompt ses voies et se
souille lui-même et la terre.
|
Le repos et le bien-être qui
viennent après le déluge apportent un nouvel ordre des
choses.
Moïse 7:48. Quand me reposerai-je
et serai-je purifiée… que je me repose et que la
justice demeure un certain temps à ma surface ? Moïse
7:49. Ne béniras-tu pas les enfants de Noé ? [Le nom
Noé signifie « repos »] Moïse
7:50. …être miséricordieux envers Noé
et sa postérité. Moïse 7:51. Et le Seigneur…
jura… qu'il lancerait un appel aux enfants de Noé.
|
Beatty 106:17b. [Énoch :]
Et il [Noé] purifiera [praunei] la terre de toute souillure
[phthoras] qui est en elle. 18. Et maintenant dis à Lémec
qu’il est son fils en vérité... et appelle-le
[Noé] car il sera un reste pour vous sur lequel vous vous
reposerez pour un temps [katapausete]. Et ses fils aussi, de la
souillure [phthoras] de la terre et de toutes les iniquités
[harmatolon, « pollution »] et de toutes les
bassesses [synteleion] qui sont sur la terre.
|
Un long passage tiré du livre « Le
combat d’Adam », dans lequel ce patriarche
prophétise le déluge, présente une
correspondance tellement saisissante avec le récit de Joseph
Smith qu’il constitue un résumé très
instructif de cette partie déprimante de notre histoire. Les
citations d’Adam sont données dans l’ordre dans
lequel elles apparaissent, les citations correspondantes de l’Énoch
de Joseph Smith sont toutes tirées du même chapitre et
décrivent la même série d’événements.
Moïse 7:66. Il vit aussi que la
mer était troublée.
Moïse 7:13. … les
montagnes s'enfuirent … et les rivières d'eau furent
détournées de leurs cours…
Moïse 7:17. Le peuple fut béni
sur les montagnes, et aussi sur les hauts lieux, et prospéra.
Moïse 7:41. Toute l'éternité
trembla.
Moïse 7:56. La terre gémit,
les rochers se fendirent…
Moïse 7:14. Une terre surgit
également des profondeurs de la mer.
Moïse 7:34. Je leur enverrai les
flots.
Moïse 7:43. Les flots
s'abattirent sur le reste … et l'engloutirent.
Moïse 7:13 Hénoc…
conduisit le peuple de Dieu et… leurs ennemis vinrent se
battre contre eux. Et il dit la parole du Seigneur, et la terre
trembla… et le rugissement des lions se fit entendre du
désert …
Moïse 7:37. Les cieux tout
entiers pleureront sur eux toute l'œuvre de mes mains.
Moïse 7:38. Ceux sur lesquels
reposent tes yeux périront dans les flots.
|
Le Combat d’Adam 10. [340] À
sa vue, la mer fut troublée.
Le Jourdain inversa sa course [litt.
retourna à sa source] les montagnes bondirent comme des
cerfs et les biches de la vallée.
Les collines résonnèrent
de cantiques d’adoration, les pics élevés
s’unirent en un hymne de louanges.
Oui, la terre s’entrouvrit et
fut ébranlée jusque dans ses fondations.
Le roi de la mer me vit et s’enfuit.
Ô
mer, pourquoi t’es-tu enfuie ?...
Ô
profondeurs de l’abîme, pourquoi êtes-vous
troublées ? Courants [tourbillons] de l’océan,
pourquoi avez-vous débordé [vous êtes-vous
gonflés ?]
Le char de Dieu gronda dans l’espace
et un rugissement terrible monta du milieu des animaux terrifiés.
Et tout sur terre fut renversé.
|
Dixième partie
(Ensign, mars 1977)
La comparaison intéressante et
pénétrante du livre d’Énoch de Joseph
Smith avec quatre manuscrits, variantes connues de cet ouvrage
antique, nous fournit une preuve de plus de l’inspiration du
Prophète et de l’ampleur de sa vision dans la grande
œuvre du Rétablissement.
Appelé, Énoch recule de
peur et plaide son incapacité, protestant entre autres choses
qu’il n’est « qu’un jeune garçon »,
bien qu’ayant soixante-cinq ans à l’époque !
(Moïse 6:31). Comment expliquer cette étrange anomalie ?
Joseph Smith n’aurait pu connaître aucun des écrits
ci-dessous qui en parlent aussi. Où est-il allé
chercher cette idée ? Certainement pas dans les sources
apocryphes, bien qu’il ne soit pas rare qu’elle s’y
retrouve. Juste quelques exemples :
Gorion, Sagen der Juden 1:294 et suiv. Le
Metatron a soixante-dix noms mais le Roi m’appelle « le
jeune garçon ». Pourquoi ? [296]. Parce que
j’agis en la qualité de celui qui était avant
moi, à savoir Énoch, qui était appelé
« le jeune garçon » [297] parce qu’il
était le plus jeune des multitudes.
Migne, Dictionnaire des Apocryphes 1:165.
Énoch : « J’entendais mes frères
qui disaient quand j’étais petit à quel point le
monde était dans l’iniquité. Comment pourrais-je
alors tout seul accomplir quelque chose ? Si seulement mes
frères étaient ici, je pourrais le leur demander !
Pourtant, aussi jeune que je sois, je suis quand même plus âgé
que mes frères, bien qu’ayant été le
dernier à venir dans ce monde… »
Beit ha-Midrash 5:172 : «
… Je suis petit [qatan, jeune) au milieu d’eux [les
Veilleurs, d’un âge vaste, auprès desquels il
était envoyé] et je ne suis qu’un jeune garçon
parmi eux en jours, en mois, en années ; à cause
de cela, ils m’appellent ‘le jeune garçon’ ».
Jewish Encyclopedia, 8:519 : « Dans
les écrits hébreux et dans l’Apocryphe »,
Énoch est représenté comme un jeune homme,
« puisque les deux sources le représentent comme
une personne jeune », personne ne sait pourquoi.
Zohar, Behalah 66b : « Ils
virent la lumière de la Shekina, à savoir celui qui est
appelé ‘le Jeune’ [ou Garçon]
Metatron-Énoch, qui sert la Shekina dans le sanctuaire céleste
et le monde pavé de saphir [pierre de vérité]. »
(voir aussi Ex. 24:10).
Migne, Dictionnaire des Apocryphes,
1:237 : Le grand-père d’Énoch, appelé
en mission de la même façon, fait la même
objection. Lorsqu’Adam lui envoie les messagers célestes
avec un appel en mission, « Seth dit : ‘Oh mon
bon maître, cela fait à peine huit ans [!] que je suis
en ce monde… Je n’ai pas encore porté la tiare
masculine [le bonnet d’Exode 28:40], ni l’épée.
Retournez auprès d’Adam qui a plus de mille ans d’âge
et dites-lui cela. Mais ils répondirent : ‘Seth,
nous avons déjà dit ces mêmes vérités
à ton père Adam. Il est passé par tout ceci.’ »
Alors les vents portèrent Seth en haut [comme Énoch
plus tard] et il s’assit sur le trône de lumière.
Le titre paternaliste de « jeune
garçon » reflète le mépris général
que l’on avait pour Énoch. « Tout le peuple
me hait », dit-il, « car je suis lent à
m’exprimer. » (Moïse 6: 31). Le passage
éthiopien, tel qu’il est traduit par Charles, présente
un parallèle particulièrement instructif avec la
version de Joseph Smith : Ils contiennent tous deux exactement
les mêmes idées et les mêmes expressions, mais le
scribe africain les a toutes mélangées d’une
façon intéressante :
Moïse 6:31. Et lorsque Hénoc
eut entendu ces paroles, il se prosterna par terre devant le
Seigneur, et parla devant le Seigneur, disant: Comment se fait-il
que j'aie trouvé grâce à tes yeux, alors que
je ne suis qu'un jeune garçon et que tout le peuple me
hait, car je suis lent à m'exprimer…
Moïse 6:32. Et le Seigneur dit à
Hénoc: Va… Ouvre la bouche, et elle sera remplie…
Moïse 6:33 Dis à ce
peuple: Choisissez aujourd'hui de servir le Seigneur Dieu qui vous
a faits.
|
1 Énoch 15:24 Et moi,
jusqu’alors, j’étais prosterné sur ma
face, tremblant ; et le Seigneur m’appela de sa propre
bouche et me dit : Viens ici, Énoch, et écoute
mes paroles…
1 Én. 103:9. Que les justes ne
disent pas : « … nous avons connu tous les
troubles et rencontré beaucoup de mal… et nous
sommes devenus peu nombreux et petits [mikropsychos,
insignifiants].
…10. et nous n’avons
trouvé personne pour nous aider, pas même d’un
mot [c’est-à-dire sans une parole]… 11. Les
pécheurs ont appesanti leur joug sur nous. 12. Ils ont
dominé sur nous ; ils nous ont haïs et nous ont
frappés ; et devant ceux qui nous haïssaient,
nous avons courbé la tête. 104:2.Dieu répondit :
Espérez, vous brillerez come des luminaires du ciel…
3. et dans votre cri, criez pour de la justice… 9 Ne soyez
pas impies dans votre cœur.
|
Moïse 6:32. Et le Seigneur dit à
Hénoc: Va faire ce que je t'ai commandé, et nul ne
te transpercera.
Moïse 6:34. Voici, mon Esprit est
sur toi, c'est pourquoi je justifierai toutes tes paroles…
Tu demeureras en moi et moi en toi; c'est pourquoi, marche avec
moi.
Moïse 6:34. Je justifierai toutes
tes paroles. Les montagnes fuiront devant toi et les fleuves se
détourneront de leur cours.
|
Livre d’Adam xxi Et maintenant,
petit Énoch [« le jeune garçon »],
je t’ai dit les mystères des méchants de ce
monde dont l’aspect t’a rempli de frayeur et de
détresse… et que les méchants
ont conspiré de se débarrasser de toi, mais en vain
[voir aussi xlvii : Tous les méchants complotèrent
contre Énoch mais en vain.] Mais n’aie pas peur, je
reviendrai te délivrer du mal et du péché…
et je te conduirai du monde des ténèbres à la
demeure de lumière.
L’ange de vie dit au petit
Énoch : Lève-toi, dirige tes pas vers la source
des eaux, détourne-la de son cours… À ce
commandement, Tavril détourna effectivement l’eau de
son cours…
|
Pour ce qui est de son problème de
lenteur à s’exprimer, Dieu mettra ses paroles mêmes
dans la bouche d’Énoch de sorte que, d’une manière
spéciale, ce sera le Seigneur qui parlera par lui.
Moïse 6:32. Va
faire ce que je t'ai commandé, et nul ne te transpercera.
Ouvre la bouche, et elle sera remplie, et je te donnerai de
t'exprimer… et je ferai ce qui me semble bon.
|
Slave 13. Je vous ai été
envoyé par la bouche du Seigneur pour vous dire ce qui
sera… Et maintenant, mes enfants, ce n’est pas de ma
propre bouche que je vous parle aujourd’hui, mais de la
bouche du Seigneur qui m’a envoyé vers vous. Car vous
entendez les paroles de ma bouche et j’ai entendu les
paroles du Seigneur.
|
Moïse 6:30. Et c'est là un
décret que j'ai lancé de ma bouche au commencement…
et c'est par la bouche de mes serviteurs, tes pères, que je
l'ai décrété.
|
Secrets 29 (Charles Apot, p. 454) Je
vous suis envoyé aujourd’hui de la bouche du Seigneur
pour vous parler… ce n’est pas de ma propre bouche
que je vous informe en ce jour, mais de la bouche du Seigneur, car
vous avez entendu les paroles de ma bouche, mais j’ai
entendu les paroles du Seigneur…
|
Énoch
est reçu par le public tout d’abord avec curiosité
et surprise, puis avec ressentiment, ensuite avec crainte, et
finalement avec une certaine mesure d’acceptation, ce qui va
déboucher sur la création d’une église et
de la ville d’Énoch. Tout d’abord, nous voyons
Énoch, l’homme mystère, l’étranger,
une grande curiosité.
Moïse 6:38. Et ils vinrent
l'écouter sur les hauts lieux, disant aux gardiens de
tentes: Demeurez ici…
tandis que nous allons là-bas voir le Voyant, car il
prophétise, et
il y a une chose étrange dans
le pays;
un homme sauvage est venu parmi nous.
|
Sefer ha-Yashar (BHM) 6:129. Et tout
le peuple se rassembla et alla vers Énoch pour écouter
cette chose…
Slave 16 (Vaillant, p. 60). Et ils se
concertèrent tous disant : Allons et saluons Énoch,
et ils se rassemblèrent au lieu appelé Azouchan.
Eisler, Iesous Basileus 2:19 et suiv.,
107. Jean-Baptiste fut reçu comme le retour d’Énoch
sur terre, prêchant dans le désert comme un homme
sauvage.
Livre d’Adam, 17. Il y a de faux
prophètes qui errent à travers les montagnes et les
collines, des hommes sauvages avec des cheveux hirsutes et des
voix rauques. Ils sont appelés bergers vagabonds, vivant de
plantes et proclament que Dieu dit des mystères par leur
bouche. 147. L’un d’eux, du nom de Marmon [!]
conduisait ses disciples dans un endroit d’eaux sales.
|
Moïse 6:40. Et un homme du nom de
Mahijah vint à lui et lui dit: Dis-nous clairement qui tu
es et d'où tu viens.
Il répond :
Moïse 6:41. Et il leur dit: Je
suis venu du pays de Kénan, le pays de mes pères,
qui a été jusqu'à présent un pays de
justice. Et mon père m'a enseigné toutes les voies
de Dieu.
|
BHM 4:131. Énoch sortit [après
sa longue retraite] et il s’éleva une voix disant :
Quel est l’homme qui se réjouit des voies du
Seigneur ? [voir Mahujah et Mahijah !] et tout le peuple
se rassembla autour d’Énoch… et il leur
enseigna de nouveau à tous de garder les voies du Seigneur,
et il leur donna à tous sa paix.
Giz. 12:1. Énoch fut pris, et
nul ne sait où il est allé, où il est et ce
qu’il est advenu de lui. 2. Et ses activités
[c’est-à-dire son œuvre missionnaire] ont trait
aux Veilleurs, tandis que ses jours sont avec les Saints.
1 Én. 12:1. Et avant cela Énoch
était caché et nul ne savait où il était
caché ni où il demeurait, ni ce qu’il était
advenu de lui. 2. Et ses activités avaient trait aux
Veilleurs et ses jours étaient
avec les Saints.
BHM 4:129. Énoch servait Dieu
et évitait les voies des fils iniques des hommes. Et il
resta fidèle à l’Ordre de Dieu en connaissance
et en intelligence. Et il se sépara des hommes et resta
caché pendant de nombreux jours. 130. [Après avoir
prêché], il se retira de nouveau, comme au
commencement, et se cacha pour servir le Seigneur.
|
C’est le thème bien connu du
saint homme – Adam, Seth, Noé, Abinadi, Éther,
Mormon, etc. – qui sort pour réprimander de temps en
temps le monde pervers et puis se retire dans la compagnie des
justes, habituellement dans une vallée ou sur une montagne.
Les prophètes de ce genre sont une présence assez
dérangeante parmi le peuple. C’est dans ce discours dans
le livre de Moïse que cette idée est exprimée de
la façon la plus émouvante :
Moïse 6:37 : Et il arriva
que Hénoc alla dans le pays… témoignant
contre leurs œuvres; et tous les hommes furent offensés
à cause de lui.
|
Migne Dict. des Apocr. 1:170 Et Énoch
se leva joyeux et alla prêcher. Mais tous conspirèrent
contre lui… et tous les éléments furent
plongés dans la confusion.
|
Moïse 6:39. Lorsqu'ils
l'entendirent, nul ne mit la main sur lui, car la crainte
envahissait tous ceux qui l'entendaient, car il marchait avec
Dieu.
|
BHM 4:130. Quand il leur rendit
visite, « les enfants des hommes craignirent grandement
Énoch. »
|
Moïse 6:47. Et
tandis qu'Hénoc disait les paroles de Dieu, le peuple
trembla et ne put demeurer en sa présence.
|
Giz. 13:3. Puis m’avançant,
je leur parlai à tous et ils avaient tous peur et un
tremblement et la terreur les saisirent.
5. Parce qu’ils ne pouvaient pas
parler, ni lever les yeux vers le ciel de honte…
1 Én. 13:3. Puis m’avançant,
je leur parlai à tous et ils avaient tous peur et un
tremblement et la terreur les saisirent.
|
Ce qui les fait trembler le plus, c’est
qu’Énoch montre un livre spécial comme témoignage
contre eux. Il couronne l’histoire de sa vision du côté
de « la mer de l’est » en leur remémorant
un certain livre :
Moïse 6:46. Car nous avons écrit
un livre de souvenir parmi nous, selon le modèle que le
doigt de Dieu nous a donné.
Et il est donné dans notre langue. [un livre qu’ils
étaient censés lire.]
|
1 Énoch 93:2. Moi, Énoch,
je vous dirai… selon ce qui m’a été
révélé par une vision des
cieux … et que j’ai appris des Tablettes célestes.
3. Énoch commença donc à parler d’après
les écrits.
|
Le but de ce livre, témoigner de
leur état déchu et de leur trahison de leurs alliances
antiques, comme rapporté dans la version de Joseph Smith, est
confirmé de manière frappante dans les documents
anciens :
Moïse 6:45. Nous les connaissons
[nos ancêtres] et nous ne pouvons le nier, et nous
connaissons même le premier de tous, Adam.
Moïse 6:46. Car nous avons écrit
un livre de souvenir parmi nous, selon le modèle que le
doigt de Dieu nous a donné. Et il est donné dans
notre langue.
|
Test. d’Abraham. Adam dit :
Raconte-moi toutes ses actions [de l’âme] qui sont
écrites. Et immédiatement un vieil homme [Énoch]
surgit de derrière le voile avec un livre dans la main…
Alors l’âme nia… pensant que ses actions ne
pourraient être remémorées… Mais Adam
dit : Non, il n’y a pas de mensonge dans ce lieu.
BK En. (Black) 2:7. Ne pensez pas dans
votre âme que… vos mauvaises actions ne sont pas
observées ni écrites devant le Très-Haut. 8.
Dorénavant toutes vos transgressions sont mises par écrit
jour et nuit jusqu’à votre jugement.
Én. gc. 97:6. Et toutes …
vos iniquités seront lues en présence du grand
Saint, et en votre propre présence parce que (104:10 et
suiv.)… vous vous en êtes sortis en truquant les
livres et en falsifiant les rapports, les annales : c’est
comme cela que vous avez obtenu votre pouvoir, votre influence et
votre richesse !
Ch. Beatty 98:15. Malheur à
vous qui écrivez des mensonges… et falsifiez les
annales… 91:2. Préparez-vous, les justes, et
présentez les annales de vos actes comme un souvenir.
Donnez-les comme témoignage devant les anges afin qu’ils
puissent porter le sens de la justice devant le Très-Haut,
comme un souvenir.
Test. de Dan 5:6 (et autres Testaments
des douze Patriarches). Parce que j’ai lu dans le livre
d’Énoch le Juste que votre Prince est Satan, et que
tous les esprits d’iniquité égareront les fils
de Lévi.
|
Bien que Charles trouve que ces passages
de l’Énoch éthiopien sont « très
confus » et « visiblement corrompus »,
toutes les versions s’accordent pour une histoire toujours la
même : Énoch, tandis qu’il voyage dans des
régions montagneuses, passant près d’une certaine
mer, a une vision dans laquelle le Seigneur lui parle et l’envoie
réprimander le peuple. Il le trouve assemblé dans un
haut-lieu et lui parle d’un certain livre : un Hypomnemata
ou mémoire. À la suite de ce qu’il lui dit
concernant le livre, il est complètement écrasé
et ne peut plus lever les yeux vers Énoch ni vers les cieux,
de honte. Le récit de Joseph Smith est substantiellement
identique aux textes grec et slave.
Moïse 6:47. Et tandis qu'Hénoc
disait les paroles de Dieu [confirmées par le livre], le
peuple trembla et ne put demeurer en sa présence.
|
Giz. 13:3. Ils me demandèrent
de leur lire l’Hypomnemata [mémoire, souvenir] devant
la face du Seigneur, 5. parce qu’ils n’étaient
pas en mesure de parler et ne pouvaient lever les yeux vers les
cieux, de honte.
1 Énoch 13:3 et suiv. [Dans
cette version, « le passage est très confus »,
dit R.H. Charles ; « visiblement corrompu »
(p. 30)] 7. Puis m’étant éloigné, je
m’assis près des eaux de Dan, dans le territoire de
Dan, qui est au sud de l’ouest de l’Hermon. Et je lus
la formule de leur prière [leur pétition ou mémorial
ou souvenir] jusqu’au moment où je m’assoupis.
8 … Et voici que me vint un songe … des visions de
châtiment, et une voix vint qui m’ordonnait de parler
aux enfants du ciel et de les réprimander. 9 Lorsque je me
fus éveillé, je me rendis vers eux ; tous
ensemble étaient assis en pleurs dans « Abelsjail »…
leur face voilée. 10. [Puis il commence à leur lire]
dans le Livre des Paroles de Justice et à propos de la
réprimande…
selon ce qu’avait ordonné
le Saint et le Grand dans cette vision.
|
Les
visions d’Énoch
Avant de traiter du succès de la
mission d’Énoch, nous devons étudier avec plus de
soin les merveilleuses visions qui l’ont préparé
à cet appel et qui sont la partie la plus importante de la
littérature énochienne et la raison de son rejet par
les érudits chrétiens et juifs conventionnels des
quatrième siècle et suivants. Nous voulons parler des
enseignements cosmologiques ou astronomiques qui sont le plus
généralement associés au nom d’Énoch
qui, non content de décrire un ciel purement spirituel ou
vision béatifique, tient absolument à introduire des
étoiles et des planètes réelles dans le tableau,
chose que les théologiens médiévaux et modernes
trouvent indiciblement malvenue, l’antithèse même
de tout ce qui est digne du nom éthéré de
religion. Les docteurs juifs, quant à eux, rejetaient la
vieille absorption cosmologique parce qu’elle se révélait
être trop populaire auprès des premiers chrétiens
[341]. Les docteurs chrétiens à leur tour la
repoussaient parce qu’ayant trop de succès auprès
des gnostiques et même des païens [342]. Les uns et les
autres s’accordaient pour faire remonter son origine jusqu’à
Énoch.
Ainsi, citant Eumolpe (140 av. J.-C.),
Eusèbe rapporte qu’Abraham enseigna l’astronomie
aux Égyptiens à Héliopolis (le grand
observatoire préhistorique égyptien), s’attribuant
à lui-même ainsi qu’aux Babyloniens le mérite
d’avoir fondé cette science, tout en reconnaissant
en réalité qu’Énoch en était le
véritable découvreur [343]. Syncelle et Cedrenus
transmettent la tradition, en se réclamant d’Énoch
lui-même, que c’est l’ange Uriel qui aurait
enseigné l’astronomie à Énoch [344]. Comme
argument final à leur désapprobation, les docteurs
d’Alexandrie, – les grands spiritualiseurs –
suivent Clément d’Alexandrie, qui affirme que, selon
Énoch, ce sont les anges déchus qui ont enseigné
« l’astronomie, la divination [mantikê] et les
sciences du même genre [technas] au genre humain »
[345]. Les mystiques et les théologiens allaient dorénavant
rejeter les cosmologies d’Énoch précisément
parce qu’elles étaient scientifiques et non mystiques,
partageant l’attitude chrétienne que « les
récits cosmogoniques sont en fait extrêmement rares tant
en Israël qu’en Islam… Mahomet avertit qu’ils
conduiraient à l’athéisme, une vielle idée
rabbinique » [346].
Les théologiens modernes voient
dans Énoch « une curieuse tentative de ramener les
images éparpillées de l’Ancien Testament à
un système physique… Il semble répéter
sous toutes les formes le grand principe que le monde naturel, moral
et spirituel est sous le gouvernement immédiat de Dieu »
[347]. Qu’est-ce qu’il y a de mal à cela,
pourrions-nous demander ? Le révérend Michaël
Stuart, le plus grand théologien américain à
l’époque où le livre d’Énoch arriva
en Amérique dans les éditions de 1838-1849, protesta
que les Écritures « n’introduisent nulle part
des suppositions aussi vaines et fantasques sur les phénomènes
naturels des cieux et de la terre comme celles que nous trouvons dans
le livre d’Énoch » [348] et il parle pour la
chrétienté conventionnelle, même aujourd’hui,
quand il dit : « Toute science est…
complètement étrangère aux Écritures
étant donné qu’elles ont été
écrites dans des buts purement moraux et religieux et non pour
donner des leçons de science », raison pour
laquelle la cosmologie d’Énoch « est dès
lors un livre scellé » [349].
Les églises changent de refrain si
rapidement de nos jours que nous devons faire un effort pour nous
rappeler qu’hier encore, le « cosmisme »
et le littéralisme de Joseph Smith étaient
universellement perçus comme horrifiants et alarmants. Un
grand théologien catholique de notre époque nous assure
que ce à quoi le chrétien aspire, c’est « d’être
transporté loin de la matière » et de
recevoir « la coupe de l’esprit qui, du ciel, est
tendue vers la terre » [350] tandis
que son éminent homologue protestant se réjouit de
noter que, grâce à la démythification actuelle
des vieux enseignements, « on ne conçoit plus la
rédemption et l’esprit à la manière
gnostique comme des entités quasi-physiques en dépit de
Paul. » [351]
Selon l’étude de Van Andel
(Pp 53, 40), c’est parmi les tenants des anciennes sectes que
les parties astronomiques d’Énoch (72-82) connurent le
plus grand succès. Il note que l’inclusion du monde
physique dans l’histoire de la rédemption était
en effet inévitable dans une histoire qui est « un
prologue du déluge », un événement
physique s’il en est (p. 41) et que « les tenants de
cette littérature » affirment avec beaucoup de bon
sens « qu’on ne voit pas comment on pourrait laisser
le cosmos lui-même en dehors des relations de Dieu avec les
hommes en commençant par la création »,
un autre événement physique. N’est-ce pas un but
primordial de la Bible que de « rendre le cosmos
compréhensible ? » (p. 93). « Dans la
littérature apocalyptique, l’accent est principalement
mis sur la personnalité historique d’Énoch,
transmetteur de la connaissance cosmique » (p. 118). Il y
a longtemps déjà, J.P. Migne protestait que c’était
justement l’accent « littéral et
scientifique » de ces écrits qui rendait ce genre
de littérature religieuse dangereuse et que les écrits
apocryphes qu’il convenait que les catholiques lisent étaient
ceux qui sont franchement des fables populaires, des fantaisies
poétiques et des contes symboliques et moraux qui, en fin de
compte, ne se revendiquent d’aucune réalité
historique ou physique [352].
Onzième partie
(Ensign, avril 1977)
Les théologiens de l’époque
de Joseph Smith étaient méfiants vis-à-vis de
l’idée qu’Énoch ait pu avoir de grandes
visions cosmologiques montrant la terre depuis le commencement
jusqu’à la fin. Pourtant le genre de vision qu’Énoch
eut avant le commencement de sa mission est précisément
ce genre de vision globale de la création, de l’homme et
de sa relation avec Dieu qui est une des caractéristiques les
plus authentiques de tous les textes énochiens, comme nous le
montre la comparaison entre le récit qui se trouve dans le
livre de Moïse et les autres textes relatant l’histoire
d’Énoch. Ces anciens documents, bien que n’étant
pas des Écritures, sont d’importantes fenêtres
ouvertes sur le monde du passé et sur notre compréhension
de la mission d’Énoch.
Notre but ici n’est pas de traiter
des discours cosmologiques d’Énoch, ce qui serait une
agréable diversion mais demanderait trop de papier. Nous nous
contenterons de limiter notre attention aux passages cosmologiques
pour lesquels il peut y avoir des parallèles dans le livre de
Moïse. Ces parallèles sont étonnamment nombreux.
Nous commençons avec la
déclaration qu’Énoch reçut la vision de
tout. En fait, il semble bien que chacun des grands fondateurs des
dispensations à partir d’Adam ait eu le privilège
de recevoir la révélation totale de toutes choses.
Moïse 1:27. Et il
arriva que comme la voix parlait encore, Moïse jeta les
regards et vit la terre, oui, toute, et il n'y en eut pas une
particule qu'il ne vit pas, la discernant par l'Esprit de Dieu.
|
Frg. Giz. 9:4 (3
versions) 5. C’est toi qui as tout fait, et tu as toute
autorité, et toutes choses apparaissent devant toi et sont
révélées, et tu vois toutes choses ».
Secrets 17: fin
(Vaillant, p. 62 et suiv.). « Car si vous levez le
regard vers le ciel, le Seigneur y est, car le Seigneur a fait les
cieux. Si vous portez le regard sur la terre ou sur la mer ou si
vous pensez aux choses sous la terre, le Seigneur y est aussi il a
tout fait.
|
Moïse 7 :67. Et
le Seigneur montra tout à Hénoc jusqu'à la
fin du monde. Et il vit le jour des justes, l'heure de la
rédemption, et reçut une plénitude de joie.
|
1
Én. 19:3. Et moi, Énoch, moi seul, j’ai
vu la vision, la fin de tout et aucun homme ne verra comme moi
j’ai vu.
|
Moïse 7:4. Et je
vis le Seigneur; il se tint devant ma face et parla avec moi,
comme un homme parle avec un autre, face à face, et il me
dit : Regarde, et je te montrerai le monde sur de nombreuses
générations.
|
Giz. 2:2. Regarde la
terre, et considère les œuvres qui y ont été
faites depuis le commencement jusqu’à la fin…
et toutes les œuvres de Dieu t’apparaîtront.
Bin
Gorion, Sagen der Juden, 1:251. Le
Seigneur montra tout à Adam y compris l’histoire
d’Abraham… 253. Et « Adam prit une
feuille et y écrivit son testament. Il le scella pour le
Seigneur, le Metatron [Énoch] et Adam. »
Ap. d’Abraham 21:1
Et il me dit [à Abraham] : regarde !… 2.
Je regarde et je vois les six cieux et tout ce qui s’y
trouve et aussi la terre et ses fruits, tout ce qui se meut sur
elle, ses esprits et le pouvoir de ses habitants [les hommes]…
3. les régions inférieures… 4. et la mer et
ses îles, les animaux et ses poissons… 9. je vis une
immense multitude d’hommes, de femmes et d’enfants…
|
Moïse 1:28. Et il
[Moïse] en vit également les habitants, et il n'y eut
pas une âme qu'il ne vit pas. Et il les discerna par
l'Esprit de Dieu, et leur nombre était grand, aussi
innombrable que le sable au bord de la mer.
|
Secrets M.R. Ch.9.
L’ange Braboil [arbitre ou gardien des actes] me dit [à
Énoch] : Assieds-toi et écris tous les esprits
des hommes, tous ceux qui ne sont pas encore nés…
Tout jusqu’à la fin de ce monde… même
depuis sa fondation !… Et j’écrivis tout
ce qui concerne les hommes.
|
Moïse 1:29. Et il
vit beaucoup de pays. Chaque pays était appelé
terre, et il y avait des habitants à sa surface.
|
1 Én. 33:1.
J’allai jusqu’aux extrémités de la terre
et je vis les grandes bêtes, différentes les unes des
autres, les oiseaux dans toute leur diversité… 2. et
à l’orient il y avait d’autres bêtes. Je
vis les extrémités de la terre sur lesquelles repose
le ciel.
Jubilés 4:18 et
suiv. (Voir Cedrenus, Bekker, dir. de publ., p.17) Il vit, passé
et avenir… ce qu’il adviendra aux enfants des hommes
à travers les générations jusqu’au jour
du Jugement. Il vit et il comprit toutes choses et il écrivit
son témoignage.
|
Énoch 6:42. J’eus
une vision, et voici, je vis les cieux, et le Seigneur me parla.
|
Secrets 13 (Vaillant,
p.40 et suiv. Maintenant donc, mes enfants, je connais toutes
choses, les unes de la bouche du Seigneur, les autres, mes yeux
les ont vues… J’ai écrit sur les extrémités
des cieux et ce qui les remplit. J’en ai mesuré
toutes les milices et leurs mouvements… j’ai exploré
le séjour des nuages… j’ai écrit les
dépôts de neige et les réservoirs de glace…
et comment toutes ces choses sont administrées par le
pouvoir de Dieu.
Origène, Prem.
Princ., dans Patrol. Graec. II:409. Dans le même livre
attribué à Énoch, il est écrit :
« Universas materias perspexi », ce qui
voudrait dire qu’il a vu toutes les catégories de
matière, divisées par des espèces séparées
et distinctes d’une substance universelle unique, à
savoir d’hommes ou d’animaux, ou de cieux, ou de
Soleil ou de tout ce qui existe dans ce monde.
|
Énoch 6:36. Et il
vit les esprits que Dieu avait créés… et il
vit aussi les choses qui n’étaient pas visibles à
l’œil naturel.
|
BHM 5:176 ? Énoch
connaît les noms des sarim [seigneurs, administrateurs] qui
gèrent tous les départements de l’existence…
5:25 n°12. Énoch connaissait non seulement tous les
secrets du macrocosme, mais aussi tous ceux du microcosme.
|
Les
anciens reconnaissent que d’autres, d’Adam à
Daniel, ont également eu la grande Vision Universelle, mais
attribuent à Énoch une place spéciale. Seul
Énoch, dit le Livre des Mystères éthiopien, « a
vu tout depuis le commencement jusqu’à la fin, avant que
cela ne se produise » [353]. « Le Seigneur t’a
choisi plus que tout autre homme sur la terre, et il t’a
désigné comme Scribe de toutes ses créations,
visibles et invisibles » (Secrets, Ms. R. Vaillant, p. 61,
voir n° 17).
La
préoccupation que manifeste Joseph Smith pour les montagnes
dans son récit sur Énoch semblerait suspecte si les
autres textes sur Énoch n’avaient pas la même
obsession.
Moïse 7:2.
Une voix sortit du ciel, disant: Tourne-toi et monte à la
montagne de Siméon. 3. Et il arriva que je me tournai et
montai sur la montagne; et, comme je me tenais sur la montagne, je
vis les cieux s'ouvrir, et je fus revêtu de gloire… 4.
Et je vis le Seigneur; il se tint devant ma face et parla avec
moi.
|
Gizeh 32:2 Et de là
je longeai les sommets des montagnes, me tenant loin de la
direction de l’est de la terre et je passai au-dessus de la
mer Érythrée et montai vers les pics [akron] et de
là je montai encore vers Zoti-el. 3. Et j’allai au
paradis de justice et j’aperçus de loin parmi ses
arbres deux arbres en particulier, grands et chargés, et
l’Arbre de la Connaissance (phroneseos), arbre dont le Saint
mangea du fruit et reçut une grande compréhension…
|
Moïse 6:37. Énoch
alla… se tenant sur les collines et les hauts lieux.
|
1 Én. 17:2. Et ils
m’amenèrent dans un lieu de ténèbres et
sur une montagne dont le sommet touchait au ciel. 3. Et je vis la
demeure des luminaires.
|
Moïse 6:42. Et comme
je quittais… par la mer de l’est, j’eue une
vision, et voici, je vis les cieux… et le Seigneur me parla
et me donna un commandement.
|
BHM 5:172. Dieu éleva
mon regard… dans les cieux là-haut… pour être
témoin contre eux pour tous les temps à venir…
et je me fis un avec les hauts-lieux pour observer et être
présent parmi les anges du ministère.
|
Les
anciens étaient très conscients de la ressemblance
entre le mystérieux départ d’Énoch au ciel
avec l’ascension de Moïse du haut du mont Nébo et
sa disparition (De. 32:49) D’autres ont aussi trouvé que
les montagnes étaient des endroits spécialement proches
du Seigneur, comme par exemple Élie, Néphi et le
célèbre rabbin Ismaël.
2 Néphi 4:24. Et
le jour, je me suis enhardi à des prières ferventes
devant lui; oui, j'ai élevé ma voix au ciel, et des
anges sont descendus et m'ont servi. 25. Et sur les ailes de son
Esprit, mon corps a été emporté sur des
montagnes extrêmement hautes. Et mes yeux ont vu de grandes
choses, oui, trop grandes pour l'homme; c'est pourquoi, il m'a été
commandé de ne pas les écrire.
|
BHM 5:170 R. Ismaël :
Quand je montai au sommet de la montagne pour contempler la
Markebah, j’entrai dans les six temples, salle par salle.
Arrivant à l’entrée du septième [le
Saints des Saints], je me tins debout pour prier devant Dieu ;
et je levai les yeux et dis… Seigneur d’éternité,
accorde-moi en cette heure le mérite d’Aaron…
qui reçut la couronne de la prêtrise… et
délivre-moi de Satan. Et le Metatron [Énoch] vint
qui (servit ?) l’ange, le Prince de la Présence,
et il déploya ses ailes et vint à ma rencontre avec
une grande joie… et il me prit avec la main et me releva.
|
Dans ces passages, comme d’un bout
à l’autre du livre d’Énoch, images et
réalité semblent se rejoindre et fusionner d’une
façon toute spéciale. L’allusion au Saint des
Saints est incontestable dans le dernier passage cité,
rappelant le célèbre concept de la ziggourat des
anciens dans lequel le temple lui-même était censé
représenter une montagne grâce à laquelle on
montait au ciel et en la présence de Dieu. Revenons quelques
instants à l’histoire où Néphi raconte la
vision de son père qui, à certains égards, est
parallèle à celle d’Énoch.
1 Néphi 1:4. Au
commencement de la première année… 5. mon
père, Léhi… pria le Seigneur, oui, même
de tout son cœur, en faveur de son peuple… 7. Il
retourna vers sa maison à Jérusalem; et il se jeta
sur son lit, accablé par l'Esprit… 8. Et étant
ainsi accablé par l'Esprit, il fut ravi en vision, au point
même de voir les cieux s'ouvrir, et il pensa voir Dieu assis
sur son trône, entouré d'un concours innombrable
d'anges.
|
Secrets 1:2. Le premier
jour du mois, j’étais seul dans ma maison et je me
reposais et dormais [BHM, 4:127 : « il priait
devant Dieu dans (sa) maison et dans sa chambre. »]
3.
et tandis que je dormais, une grande peine envahit mon cœur
et je pleurai avec mes yeux dans mon rêve… 4. Deux
hommes m’apparurent… 8. et ces hommes me dirent :
Prends courage, Énoch, n’aie pas peur… car le
Seigneur, l’Éternel, nous a envoyés à
toi et aujourd’hui tu monteras avec nous au ciel.
|
La
façon dans laquelle le Prophète est enlevé est
d’un intérêt particulier pour les anciens. Que
sont « les ailes de l’Esprit » ?
Léhi fut « ravi en une vision et « pensa
voir Dieu assis sur son trône…entouré …d’anges ».
Ceci est le pendant de ce que dit Énoch : « Mon
esprit fut enlevé et il monta au ciel ; et je vis les
saints fils de Dieu… 10. et avec eux était la Tête
des Jours… 11. et mon esprit fut transfiguré »
(1 Én. 71:1). Les vieux auteurs exploitent aussi cette idée :
2 Néphi 4:25. Et
sur les ailes de son Esprit, mon corps a été emporté
sur des montagnes extrêmement hautes. Et mes yeux ont vu de
grandes choses, oui, trop grandes pour l'homme; c'est pourquoi, il
m'a été commandé de ne pas les écrire.
|
BHM 5:170. R. Ismaël
[il représente Énoch] était sur une haute
montagne quand le Metatron [souvent identifié à
Énoch] vint, qui servait les anges, le Prince de la
Présence, et il déploya ses ailes, et vint à
ma rencontre avec une grande joie pour me délivrer des
mains de Satan. Et il me prit par la main et me releva.
|
Moïse 1:1. Moïse
fut élevé sur une très haute montagne.
|
BHM 6:175 Dieu posa la
main sur moi, il m’éleva et m’exalta… et
soixante-douze ailes m’enlevèrent, autant d’un
côté et autant de l’autre ; c’était
comme si le monde était rempli d’ailes…
|
Abraham 2:7. Du vent et
du feu, je fais mon char ; je dis aux montagnes : Partez
d’ici, et voici, elles sont enlevées par un
tourbillon.
|
1 Énoch 39:7 En ce
temps-là, un tourbillon de vent m’emporta de la face
de la terre et me déposa à l’extrémité
des cieux. 4. Et j’eus une autre vision, la demeure du
Saint, le lieu de repos des justes.
Dict.
Apocr. 1:238. Alors Seth se leva et pria quitta son enveloppe de
chair… Alors les vents du ciel le soulevèrent au
milieu de myriades d’esprits… et l’installèrent
sur un trône rayonnant.
|
Comme chacun sait, le mot hébreu
rouakh veut dire à la fois « vent » et
« esprit », ce qui a donné lieu à
de nombreuses théories. Un exemple typique serait la
déclaration d’Énoch qu’Adam
« fut enlevé par l’Esprit du Seigneur…
immergé sous l’eau » (Moïse 6:64), ou
que le peuple d’Énoch fut « enlev[é]
en Sion par les puissances du ciel » (Moïse 7:27). Ce
dernier verset indique que nous avons affaire à des formes de
puissance encore inconnues des hommes pour lesquelles les mots
« vent » et « esprit »
peuvent représenter des quantités inconnues. Les
scientifiques compétents ont maintenant commencé à
explorer la réalité de formes inconnues de pouvoir
[354] avec des résultats surprenants [355]. L’une des
caractéristiques spéciales de la littérature
énochienne est l’interaction constante entre le physique
et le psychique, constante dans laquelle le texte de Joseph Smith
montre la voie.
Énoch
et le cosmos
Clément de Rome, tout au début
des Reconnaissances, dit que ce qui l’avait amené à
étudier l’Évangile et à rejoindre l’Église
était son désir ardent de trouver la réponse aux
grandes questions de la vie : « Quand ce monde
a-t-il été fait ? Qu’y avait-il avant lui ?
A-t-il toujours été là ? Y-a-t-il une vie
après la mort ? » Il dit qu’il se donna
un mal fou à l’école, mais qu’il ne put
trouver de professeur ou de philosophe qui aurait pu lui donner une
réponse satisfaisante [356]. C’est cette
« recherche constante de la connaissance », comme
le f ait remarquer H.D. Betz, qui emportait nécessairement les
premiers chrétiens « au-delà de l’histoire,
dans l’astronomie et l’astrologie » [357]. Les
pères de l’Église postérieurs combattirent
la tendance à poser de telles questions en une « âpre
polémique » [358] et les rabbins déclaraient
que : « quiconque étudie les sujets de la
Création ou du Char ou qui consacre son esprit à se
demander : 1. Qu’y-a-t-il en haut ? 2. Qu’y-a-t-il
au-dessous ? 3. Qu’y-a-t-il au-delà ? 4.
Qu’y-a-t-il dans les éternités ? Il aurait
mieux valu pour lui qu’il ne soit jamais venu au monde !»
[359].
Énoch était l’un de
ces curieux : « Je levai les yeux et contemplai cet
univers, le ciel avec ses étoiles scintillantes, le soleil et
la lune… les anges (qui) contrôlent l’eau, le
vent, le feu, la terre et tout ce qu’elle contient, les
montagnes, la mer, les planètes et les arbres. Qui pourrait me
dire d’où toutes ces puissances tirent leur origine ?
Comment fonctionnent-elles ? Comment continuent-elles ? Qui
peut m’expliquer les changements de l’aurore et du
crépuscule, du jour et de la nuit, de la lune et des
étoiles… ? » Il résume :
« Ainsi, en contemplant les organisations de ce monde,
j’étais troublé.» Et, se prosternant, il
priait pour recevoir de la lumière [360].
L’objection des religieux aux
enseignements astronomiques du livre d’Énoch est qu’ils
ne sont en aucune façon spirituels. « D’un
bout à l’autre de ces chapitres, écrit Charles à
propos de 1 Énoch 72-79, « il n’y a pas une
seule référence morale. Le seul et unique intérêt
de l’auteur est le scientifique… nous avons affaire
à un traité complet et purement scientifique… »
[361]. De plus l’intérêt n’est porté
au soleil, à la lune et aux étoiles que comme
régulateurs du calendrier spécial qui mettait les
p artisans d’Énoch à part du reste du monde dans
leurs observances [362]. Et pourtant Van Andel reconnaît que la
cosmologie d’Énoch était pour ces gens quelque
chose de plus qu’un calendrier : ce n’était
rien de moins que la connaissance des éternités »,
et avant toute autre chose, le secret de la Création…
le plan de Dieu pour l’univers entier, qui avait été
révélé à la communauté des
justes », comme partie fondamentale et organique de
l’Évangile [363].
Cet aspect plus large de la connaissance
supérieure est cependant manifestement absent dans l’Énoch
éthiopien, occupé qu’il est par le travail
méticuleux du calcul et de la mesure des temps et des cycles,
ce qui allait titiller la vanité et défier des siècles
durant l’esprit inventif de générations de
cabalistes, de cultistes, d’astrologues, d’érudits,
de pyramidologues et justifiait effectivement les docteurs de
l’Église et de la synagogue dans leur répugnance
pour toute l’affaire. Mais la cosmologie de la traduction
d’Énoch par Joseph Smith dans le livre de Moïse est
quelque chose de tout à fait différent : un
intérêt sobre pour quelques principes de base qui
diffèrent si radicalement de l’Énoch éthiopien
que ses détracteurs pourraient bien découvrir ici un
cas flagrant de réfutation pure et simple de l’Écriture
moderne par les sources anciennes si son texte d’Énoch
n’était pas confirmé d’une manière
frappante par les concepts étroitement apparentés de
l’Énoch slave. La raison de cette affinité devra
être examinée ultérieurement. Pour le moment, il
suffit de reconnaître à quel point la cosmologie de
Joseph Smith est soutenue par des textes anciens qui n’ont été
connus que longtemps après sa mort. Les sujets principaux
communs à ces documents sont : a/ le mystère de la
gloire, b/ la création universelle permanente, c/ la pluralité
des mondes, d/ les relations des mondes avec Dieu et entre eux.
1. C’est un procédé
courant dans les écrits apocalyptiques de voir le héros
formé à la cosmologie au cours de sa visite dans les
lieux célestes ; dans ces récits, le leitmotiv est
la gloire à des degrés variés et ce qui
s’applique à une visite céleste s’applique
aux autres, de sorte que la même description correspond à
l’expérience d’Énoch, de Moïse,
d’Abraham, d’Élie, etc. [364]
Tout d’abord, le principe stipulé
est que l’on ne peut connaître la gloire que dans la
mesure où l’on est qualifié pour la partager. La
personne qui veut voir la gloire de Dieu doit elle-même en tout
premier lieu être « revêtue de gloire »,
c'est-à-dire, enveloppée dans cette même gloire
« … revêtu[e] d’une robe de justice…
tout comme je le suis… pour recevoir une couronne de justice…
et être revêtu, comme je le suis, pour être avec
moi, afin que nous soyons un » (D&A 29:12-13). Il en
est de même pour Énoch.
Moïse 7:3. [Moïse]
Je vis les cieux s'ouvrir, et je fus revêtu de gloire;
Moïse
7:4. Et je vis le Seigneur; il se tint devant ma face et parla
avec moi, comme un homme parle avec un autre, face à face.
|
Secrets 22:8 (Morfill
p.28) Et le Seigneur dit à Michel : « Va et
enlève à Énoch sa robe terrestre, et oins-le
de mon huile sainte, et revêts-le du vêtement de ma
gloire… 10… Et je [Énoch] me regardai, et
j’étais comme l’un de ses êtres glorieux,
il n’y avait pas de différence » (Voir
aussi Énoch slave 9, Vaillant, p. 25 et suiv. )
|
|
Text.
B:22 (dans R.H. Charles. Apoc.
and Pseud., 2:443). Une fois Énoch « revêtu
de vêtements de gloire… de sa bouche, le Seigneur
m’appela et dit : Aie courage, Énoch, ne crains
pas, tiens-toi devant ma face pour l’éternité.
Et… Michel m’amena devant la face de Dieu. »
|
|
Ascension de Moïse
3 [« … elle montre de nombreuses affinités
avec 2 Énoch », Charles, id., p. 409. À
sa mort, alors qu’il est encore « dans sa
chair », Moïse rencontre le Metatron, Énoch,
qui le vêt de lumière afin qu’il puisse voir
les anges. Et son corps fut transformé en « une
flamme de feu ».
|
|
BHM 5 : xlii. Dans
cet Énoch hébreu, Livre R., Ismaël raconte
comment, dans le septième ciel, il « voit Énoch
qui a été transformé en l’Ange Metatron
Sar ha-Panim (de la Face) », et qui lui dit comment, en
devenant un ange, il a été « vêtu
de toutes les gloires ».
|
La raison de cette transformation est
claire :
Moïse 1:14. Car
voici, je n'aurais pas pu regarder Dieu, si sa gloire n'était
venue sur moi et si je n'avais été transfiguré
devant lui. Mais je peux te regarder dans l'homme naturel.
Assurément, n'en est-il pas ainsi?
|
Gizeh 14:21. Et aucun
ange ne pouvait voir sa face, parce qu’elle est terrible et
glorieuse, et aucune chair ne peut le regarder. 14. Et je
commençai à trembler et à frissonner et je
tombai sur ma face.
|
Moïse 1:5. Nul ne
peut contempler… toute ma gloire et rester ensuite dans la
chair sur terre.
|
Ev.
Verit. f. XVr
, p. 29
Le choc de la vue
de Dieu détruirait complètement ceux qui n’y
sont pas préparés.
|
Moïse 1:11. Mais mes
propres yeux ont vu Dieu; mais pas mes yeux naturels, mais mes
yeux spirituels, car mes yeux naturels n'auraient pu voir, car je
me serais desséché et serais mort en sa présence.
|
Sophia Christi Xti. 79.
Nulle chair ne peut supporter sa présence et l’on ne
peut décrire son aspect. Mais il s’est montré
à nous dans une chair pure et parfaite sur la montagne et
nous étions terriblement effrayés.
|
Moïse 7:3-4.
[Énoch :] Je fus revêtu de gloire, et je vis le
Seigneur.
|
Évangile de Phil.
105:28-34, 106:1 et suiv.
Vous ne pouvez voir que
ce à quoi vous ressemblez, c’est pourquoi, sur la
Montagne de la Transfiguration, il fallut rendre les apôtres
grands pour voir la grandeur du Christ.
|
Moïse 1:11.
[Moïse :] J'ai vu sa face, car j'étais
transfiguré devant lui.
|
Ev.
Verit. f. XVr
p. 30. Ils peuvent supporter la connaissance de Dieu au
même degré qu’ils sont capables de supporter la
lumière.
|
C’est un principe
général qui s’applique à tous les niveaux
de gloire. Si quelqu’un n’est pas préparé,
l’expérience de la gloire ne peut que provoquer de
l’anxiété et de l’alarme.
Moïse 1:11. J'ai vu
sa face, car j'étais transfiguré devant lui…
Moïse 1:25. Il [Moïse] vit de nouveau sa gloire, car
elle était sur lui. [Zacharie, Marie, les bergers dans les
champs, les apôtres sur la Montagne de la Transfiguration,
etc., avaient tous terriblement peur en la présence de la
gloire céleste].
|
1 Én. 71:1. Mon
esprit fut enlevé et il monta dans les cieux, et je vis les
saints Fils de Dieu. 10. Et avec eux la Tête des Jours, sa
tête pure et blanche comme la laine et ses vêtements
indescriptibles… 11. Et mon esprit était
transfiguré.
|
|
BHM 5:170
Le Metatron [Énoch]
me dit : Viens en paix… et ils me guidèrent
pour voir la Shekina et me présentèrent devant le
Trône de Gloire pour contempler la Merkabah. Et quand les
Princes de Gloire me virent, ainsi
que les séraphins de flamme, ils posèrent les yeux
sur moi et je tremblai et me sentis mal, je tombai de ma place et
m’évanouis devant le Zohar, la vue de leurs yeux et
la gloire de l’aspect de leur visage.
172. Et quand les
Séraphins tournèrent le visage vers moi, je craignis
et je tremblai et tombai de là où je me tenais et
m’évanouis.
|
|
Gizeh 14:24 . Et j’étais
sur ma face, tremblant. Et le Seigneur m’appela de sa propre
bouche, et dit : Viens ici, Énoch, et écoute ma
parole. 25. L’un des saints me releva et me mit sur mes
pieds… et je restai la tête penchée et voilée.
[Après cet entretien, quand Énoch revint parmi le
peuple, ce dernier ne put supporter de poser le regard sur lui.
Voir l’expérience semblable de Moïse quand il
descendit du Mont Sinaï, Exode 34:30.]
|
En conséquence, quand
la gloire supérieure se retire et que la personne revient à
sa propre nature, elle se retrouve affaiblie et impuissante.
Moïse 1:9. Et la
présence de Dieu se retira de Moïse, de sorte que sa
gloire ne fut plus sur lui, et Moïse fut laissé à
lui-même. Et comme il était laissé à
lui-même, il tomba sur le sol. Moïse 1:10. Et il arriva
que de nombreuses heures s'écoulèrent avant que
Moïse ne retrouvât sa force naturelle d'homme.
|
1 Én. 39:14. Et
mon visage fut changé, car je ne pouvais plus regarder.
Le combat d’Adam et
Ève (Migne, Dict. des Apocr. 1:301) Et le Seigneur dit à
Adam : Tandis que vous m’obéissiez, la lumière
était avec vous et vous pouviez voir les choses les plus
éloignées, mais maintenant, vous ne pouvez même
pas voir ce qui est près de vous par le pouvoir de la
chair. Alors Adam et Ève tombèrent impuissants
[365].
|
|
Apoc. d’Abr. 30:1.
Comme il parlait encore, je me retrouvai déjà sur
terre et je dis… 3. Maintenant, je ne suis plus dans la
gloire dans laquelle je me trouvais là-haut et ce que mon
cœur cherchait à connaître, je ne le comprenais
pas.
|
Les anciennes traditions juives et
chrétiennes sont pleines de récits dans lesquels Satan
tente de tromper les hommes sous une gloire contrefaite en
apparaissant même sous la forme d’un ange de lumière.
Mais les justes reçoivent le discernement des esprits et sont
capables de supporter la véritable gloire, leur « assurance
devien[t] grande », même « en la présence
de Dieu » (D&A 121:45). En conséquence, la
fausse gloire de Satan ne trompe jamais les patriarches :
Moïse 1:12. Et il
arriva que lorsque Moïse eut dit ces paroles, voici, Satan
vint le tenter, disant: Moïse, fils de l'homme, adore-moi.
Moïse 1:13. Et…
Moïse regarda Satan et dit: Qui es-tu? Car voici, je suis un
fils de Dieu… et où est ta gloire, pour que je
t'adore? Moïse 1:14. Car voici, je n'aurais pas pu
regarder Dieu, si sa gloire n'était venue sur moi et si je
n'avais été transfiguré devant lui. Mais je
peux te regarder dans l'homme naturel. Assurément, n'en
est-il pas ainsi? Moïse 1:15. Où est ta gloire? Car
pour moi, elle est ténèbres. Et je peux juger entre
toi et Dieu…
Moïse 1:16.
Retire-toi, Satan, ne me trompe pas…
Moïse 1:18…
sa gloire a été sur moi, c'est pourquoi je peux
juger entre lui et toi. Retire-toi, Satan!
Moïse 1:19. Et
maintenant, lorsque Moïse eut dit ces paroles, Satan cria
d'une voix forte, tempêta sur la terre et commanda, disant:
Je suis le Fils unique, adore-moi!
|
Livre d’Adam
(Migne, Dict. des Apocr. 1:170). Après le départ de
l’Ange de Vie… Énoch se leva, joyeux, revêtu
de gloire pour prêcher au monde. Mais les sept
planètes conspirèrent contre leurs frères et
annoncèrent que la véritable gloire était
seulement une ruse, s’écriant : Ils ont volé
notre gloire ! Ils ont jeté tous les éléments
dans la confusion.
Anthologie Falasha, 100.
[Abraham :] Je ne sais pas si tu es un grand ange…
dans cette gloire, parce que je ne peux voir ta louange. Quand les
anges viennent à moi, je me sens fort, et mon âme est
fortifiée… mais quand tu es venu, mon âme a
été troublée… ma langue est devenue
pesante et faible.
Apoc. d’Élie
(Aeg. 1960, p.197). Le Fils de la Destruction se montrera et
dira : Je suis oint ! bien qu’il ne le soit
pas. Ne le croyez pas [Ephraïm Syriaque 9. Il fera
certainement tous les signes que notre Seigneur accomplit dans le
monde. Cependant il ne ressuscitera pas les morts, parce qu’il
n’a pas de pouvoir sur les esprits.]
|
Moïse 1:20. Et…
Moïse commença à éprouver une crainte
extrême; et comme il commençait à éprouver
de la crainte, il vit l'amertume de l'enfer. Néanmoins…
il commanda, disant: Éloigne-toi de moi, Satan, car je
n'adorerai que le seul Dieu qui est le Dieu de gloire.
Moïse 1:22. Et…
avec des pleurs, des gémissements et des grincements de
dents… il [Satan] se retira.
Moïse 1:25. Et,
invoquant le nom de Dieu, il [Moïse] vit de nouveau sa
gloire, car elle était sur lui.
|
Gizeh 13. Mais Énoch
(manuscrit très confus) dit à Azaël :
Va-t’en ! Éloigne-toi [parerou], il n’y a
pas de paix en toi ! Une grande offense (krima) est sortie de
toi… 2. Je ne te retiens plus ni ne discute avec toi à
cause de ta tromperie et de tes œuvres mauvaises. 3. Alors
allant parmi eux [le peuple], je [Énoch] leur dis tout et
ils furent tous effrayés et ils furent saisis d’une
grande crainte et d’un fort tremblement.
Zech. 3:2. Et le Seigneur
dit à Satan : Le Seigneur te réprimande, Ô
Satan… 4. Ôte les vêtements souillés à
[Josué]… Voici… je te vêtirai de
vêtements de rechange. 5. …Ils mirent une belle mitre
sur sa tête et le vêtirent de vêtements. Et
l’Ange du Seigneur était présent.
Apoc. d’Abr. 12.
(les anges emmènent Abraham sur le sommet du mont Horeb)
13:7. [l’ange :] Celui-ci que tu vois, c’est
l’impiété, c’est l’ange [déchu]
Azazel [Satan]. 8. Alors il lui dit : Honte à toi
Azazel ! 9. Car le lot d’Abraham est dans les cieux,
mais le tien est sur la terre, 10. que tu as choisie pour demeure…
13:14. Éloigne-toi de cet homme… 15. car voici, son
vêtement [de gloire] qui était autrefois le tien dans
les cieux est maintenant mis de côté pour lui et la
corruption qui est la sienne passera sur toi !
1 Én. 63:7. Les
rois de la terre disent : Nous n’avons pas cru avant
lui ni glorifié le nom du Seigneur des esprits… mais
notre espérance était dans le sceptre de notre
royauté et dans notre gloire. 8. Et au jour de la
souffrance et des tribulations, il ne nous sauve pas.
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|
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Les fidèles ne
peuvent échapper à la vision cosmique des choses, parce
que c’est la création qui déclare la gloire de
Dieu :
Moïse 6:63. Toutes
choses sont créées et faites pour rendre témoignage
de moi… tout rend témoignage de moi.
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1 Én. 69:21. Les
étoiles… les vents, les éclairs et tous
ceux-ci croient et rendent grâce devant le Seigneur des
esprits et le glorifient de tout leur pouvoir.
|
Moïse 7:28. Et Hénoc
en rendit témoignage, disant:... 30. S'il était
possible à l'homme de compter les particules de la terre…
ce ne serait même pas le commencement du nombre de tes
créations.
|
Secrets 9.
Et sans me reposer,
j’écrivis tous les signes de la création.
Secrets 10. Et le
Seigneur appela Berebel [Brabeusel, Toth]… qui était
habile à écrire toutes les œuvres du Seigneur.
Et le Seigneur dit à Berebel : Prends un livre dans le
dépôt [khranilnitz) et donne un roseau à
Énoch, et explique-lui et dicte-lui les livres. [Ainsi,
l’ange enseigna à Énoch] toutes les œuvres
[actions] des cieux, de la terre, de la mer et de tous les
éléments, des périodes de temps, les
commandements et les instructions… pendant que j’écrivais
tous les signes [znamienia, semeia = notes]. Ainsi il écrivit
les 360 livres de la création.
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|
Jubilés 2:1.
L’Ange de la Présence parla à Moïse selon
la parole du Seigneur, disant : Écris l’histoire
complète de la Création.
Jubilés 4:17.
Énoch fut le premier parmi les hommes qui sont sur la terre
qui apprit l’écriture, la science et la sagesse, et
qui écrivit les signes du ciel. [Le texte grec ajoute :
« et l’arithmétique, et la géométrie,
et toute la Sophia. »]
|
La Création est
présentée comme un processus évolutif
universel :
Moïse 1:37. Les
cieux… l'homme ne peut les compter… Moïse 1:38.
Et lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et
il n'y a pas de fin à mes œuvres.
|
Zohar
iii 61a, b (Brody). [366] Nous
avons appris ceci : Avant de créer ce monde, le Saint
avait créé des mondes et les avait détruits.
|
La création en tant que processus
est soulignée par la fréquence du mot création
au pluriel, ordinairement en proclamant la grandeur et la majesté
de Dieu : « … Des millions de terres
comme celle-ci, ce ne serait même pas le commencement du nombre
de tes créations » (Moïse 7:30), « tu
as pris Sion dans ton sein, d’entre toutes tes créations »
(Moïse 7:31). « Je peux
étendre les mains et tenir toutes les créations que
j’ai faites. Mon œil peut aussi les percer »
(Moïse 7:36). « Toutes les créations de Dieu
se lamentèrent » (Moïse 7:56) ; « Sion…
sortira de toutes les créations que j’ai faites »
(Moïse 7:64). De tels passages impliquent clairement que la
création est un processus perpétuel.
Moïse 1:38. Et
lorsqu'une terre et ses cieux passeront, une autre viendra. Et il
n'y a pas de fin à mes œuvres.
|
Bin Gorion 1:286. Sept
mondes imparfaits ont été détruits à
cause de l’iniquité.
1:59. « Il y a
18 000 mondes connus seulement de Dieu. »
|
|
Migne, Livre d’Adam,
dans Dict. des Apocr. 1:225. La durée de vie de chaque
planète est différente : le feu et l’eau
forment des cercles autour des 18 000 mondes.
|
Cette même idée se retrouve
dans les Secrets d’Énoch II (Charles, Apoc. and Pseud.
2:436), où les corps célestes dans « leurs
mouvements successifs » sont « toujours allant
et venant, n’ayant de repos ni le jour ni la nuit. Ainsi (id.
16) « le soleil est une grande création dont
le circuit dure 28 ans et recommence depuis le début. »
« Écoute Énoch… à aucun de mes
Anges, je n’ai dit… ni leur naissance ni mon royaume
infini et ils n’ont pas non plus compris mon acte créateur
que je te dis aujourd’hui. » (id. 24) « La
lumière est née de la lumière, une grande époque
est apparue et a montré toute la création »
( id. 25). « Je veux créer un autre monde…
[id. 31]… et il n’y a pas de conseiller ni
d’héritier pour mes créations » (id.
33). Dans le manuscrit R chapitre 10 de l’Énoch
slave, il voit « les échanges de tous les éléments
et leur progression, et leur façon de changer selon les signes
du Zodiaque et la progression de leurs changements », etc.
L’idée de la création
en tant que processus en cours impliquant de nombreux participants
était, bien entendu, offensante pour les docteurs avec leur
obsession moniste. « Le Midrash n’en finit pas de se
demander, écrit E. Hahn, pourquoi il a fallu six jours et dix
paroles à Dieu pour créer le monde, alors qu’un
seul geste aurait suffi » [367]. C’est ainsi qu’on
a réduit au silence le vieil enseignement de la création
en tant que processus.
Une idée tout aussi offensante
était celle d’une pluralité de mondes parce
qu’elle allait à l’encontre d’un
enseignement de base d’Aristote et la preuve du bon sens que ce
monde, étant le plus lourd, doit nécessairement être
au centre de tout et l’humanité le seul animal
rationnel, non seulement sur terre, mais aussi dans toute l’immensité
de l’univers. L’idée de « millions de
terres comme celle-ci » était tout à fait
impensable, voire même comique. « Puisque Dieu
n’avait même pas besoin de ce monde », comme
le vociférait Jonathan Edwards, « pourquoi veut-il
en créer encore plus ? ». Puisque la totalité
du bien est atteinte une fois pour toutes en Dieu »,
disait l’argument officiel, « … Dieu n’a
pas besoin d’un monde et y est indifférent et à
tout ce qui s’y passe. » [368] Chez Énoch,
c’est tout le contraire :
Moïse 7:30. Et s'il
était possible à l'homme de compter les particules
de la terre, oui, des millions de terres comme celle-ci, ce ne
serait même pas le commencement
du nombre de tes créations.
|
Mishna ha-Zohar 1:127 et
suiv. [369] Les créations de Dieu sont « en
sof », sans fin.
|
Moïse 1:37. Les
cieux [galaxies] sont nombreux, et l'homme ne peut les compter.
|
Apocr. de Jacques 1:27 et
suiv.
Les cieux ne peuvent être
dénombrés par l’homme.
|
Moïse 1:33. J'ai
créé des mondes sans nombre.
|
Bin
Gorion, Sagen der Juden 1:59. Les cieux
sont innombrables et chacune des voûtes est comme un monde
indépendant qui, à son tour, contient mille autres
mondes.
|
|
Beraika folio 54.a. Les
Minoëns insensés croient que ceci est le seul monde
existant ! En réalité il y a des mondes sans
nombre.
Slave 13. Maintenant donc
mes enfants, je connais toutes choses… j’ai écrit
sur les extrémités des cieux et ce qu’ils
contiennent. J’ai mesuré les mouvements de leurs
multitudes. J’ai complété le compte des
étoiles, une vaste multitude sans nombre… Nul ne
peut concevoir leurs révolutions [ou orbites] ; les
anges eux-mêmes ne connaissent pas leur nombre.
|
|
Secrets 40:2. J’ai
mesuré et décrit les étoiles, leur
innombrable multitude. 3. Même les anges ne voient pas leur
nombre.
|
Avec tout ce pluralisme, on ne nous
laisse jamais oublier que « du début jusqu’à
la fin, une unique intelligence domine la totalité de ce
complexe illimité », puisque tous reçoivent
les instructions et leur inspiration d’une source unique [370].
Moïse 1:35. Mais je
te parle seulement de cette terre et de ses habitants. Car voici,
il y a beaucoup de mondes qui ont passé par la parole de
mon pouvoir. Et il y en a beaucoup qui existent maintenant, et ils
sont innombrables pour l'homme, mais toutes choses me sont
comptées, car elles sont miennes et je les connais. Moïse
1:37. Les cieux… l'homme ne peut les compter; mais ils me
sont comptés, car ils sont miens.
|
|
Moïse 7:30. …
des millions de terres comme celle-ci… et cependant tu es
là, et ton sein est là.
|
|
Moïse 7:36
C'est pourquoi, je peux étendre les mains et tenir toutes
les créations que j'ai faites. Mon œil peut aussi les
percer.
|
Gizeh 9:4 (trois
versions). Car tu les as tous faits et tu as toute autorité
[exousian], et tout apparaît devant toi et est clairement
révélé [akalypta] et tu vois tout.
1 Én. 84:3. Tu as
fait et gouvernes toutes choses… la sagesse ne quitte pas
le lieu de ton trône ni ne se détourne de ta présence
et tu connais et entends toute chose.
1 Én. 39:11. Et
devant lui, il n’y a point de fin, avant que le monde ne
soit créé, il sait ce qu’il est, ainsi que ce
qui se passera de génération en génération.
|
|
Orig. Patrol. Graec.
11:409. Il a créé toute chose conformément au
nombre et à la mesure, parce que pour Dieu, rien n’est
sans limite ni mesure, puisque par son esprit il comprend toute
chose.
|
|
Clém. d’Alex.,
Patrol. Graec. 9:72 et suiv. Psaume 18:2 parle de la pluralité
des cieux, où même les démons reconnaissent
tous que le Christ est le Seigneur. L’enseignement provient
d’Énoch.
|
Moïse 6:61. …
le Consolateur… [qui] donne la vie à tout, ce qui
connaît tout et a tout pouvoir…
|
Clément cite
Daniel qui lui-même cite Énoch : Et je vis toute
substance. Car l’abîme, qui est illimité, entre
dans la même hypostase [définition], [comme la
matière], étant limité et contrôlé
par le pouvoir de Dieu.
|
Un des enseignements les plus
remarquables du livre d’Énoch de Joseph Smith tel qu’on
le trouve dans le livre de Moïse de la Perle de Grand Prix est
la doctrine de la création spirituelle de toutes choses, qui a
précédé la création de cette terre. Ce
qui est significatif, c’est que ce point de doctrine trouve son
soutien le plus complet dans le texte slave d’Énoch et
ne se trouve pas dans le texte de l’Énoch éthiopien :
Moïse 3:5. Car moi,
le Seigneur Dieu, je créai spirituellement toutes les
choses… avant qu'elles fussent naturellement sur… la
terre…
Moïse 3:7. Et l'homme devint un être
vivant… Néanmoins, toutes les choses avaient été
créées auparavant; mais c'est spirituellement
qu'elles avaient été créées.
Moïse 6:51. Je suis
Dieu; j'ai fait le monde, et les hommes avant qu'ils ne fussent
dans la chair.
Moïse 6:44. La
terre… son fondement… c'est lui qui l'a posé,
et il a fait venir une multitude d'hommes à sa surface.
|
Secrets 18. Et Énoch
répondit au peuple, disant : Écoutez, mes
enfants ! Avant que quoi que ce soit ne fût [prezhdye
dazhe vssya nye byila] et avant
que toute la création n’eût lieu, le Seigneur
établit l’Ère de la Création [n. 2,
Adoil], et après cela il fit toute la Création
visible et invisible, et après tout cela, il créa
l’homme à son image. Il lui donna des yeux pour voir,
des oreilles pour entendre, un cœur pour penser, un esprit
pour conseiller ; et alors il prépara les temps et les
lieux fixés. 13. Je vous jure, mes enfants… qu’avant
que l’homme ne soit dans le sein de sa mère, nous
étions préparés, chacun individuellement, et
une place pour chaque esprit… et que chacun devait
séjourner [ici] en son propre temps, afin que l’homme
puisse par là être pesé dans la balance. Oui,
mes enfants… il a été préparé à
l’avance une place pour chaque âme.
|
Moïse
6:45-46. Nous
ne pouvons… nier… car nous avons écrit un
livre de souvenir parmi nous.
|
Et j’ai mis par
écrit l’œuvre de chaque homme et aucune
personne vivante ne peut se cacher ou dissimuler ses œuvres.
|
|
Secrets, ms. R. ch. 11.
J’ai créé l’homme avec une nature à
la fois visible et invisible ; et la raison a reconnu son
image comme étant une création autre et moindre
au-dedans de la plus grande et inversement,
la plus grande contenait la moindre. [Considérant l’esprit
et le corps comme deux créations distinctes.]
|
|
Bin Gorion 1:281. « Le
monde a été créé en deux étapes,
la première étant une création spirituelle. »
|
|
Secrets 24:4. Avant que
toutes les choses ne soient visibles, J’ [Dieu] avais
l’habitude d’aller seul parmi les choses invisibles…
5. Et je conçus la pensée de placer des fondations
et de créer une création visible.
|
|
Secrets 9. Alors l’ange
Braboil dit : Assieds-toi et écris tous les esprits
des hommes, tous ceux qui ne sont pas encore nés et les
lieux qui ont été préparés pour eux.
Toutes ces choses ont été préparées
dès avant la fondation du monde.
|
|
Zohar iii:61 s-b
Brody : « Et tout ce qui se trouve dans ce
monde a été avant et est passé devant lui et
a été arrangé [organisé] devant lui…
toutes les créations du monde qui ont existé dans
chaque génération, avant qu’elles ne viennent
dans ce monde, ont existé devant lui dans leur véritable
forme [d’yaqnah], à savoir toutes les âmes des
enfants des hommes ont été avant de descendre dans
le monde, ont été toutes formées devant lui,
dans les cieux, dans la ressemblance même qu’elles ont
dans ce monde.
|
Le conseil dans les cieux décrit
au quatrième chapitre de Moïse se retrouve dans la
section d’Énoch, confirmé par d’autres
textes énochiens :
Moïse 6:51. Je suis
Dieu; j'ai fait le monde, et les hommes avant qu'ils ne fussent
dans la chair. Moïse 6:52. … Si tu veux te tourner
vers moi… [en son] nom… tout ce que tu demanderas te
sera donné. Moïse 6:57…. Le nom de son Fils
unique est le Fils de l'Homme. Moïse 6:62. … Tel est
le plan de salut pour tous les hommes, par le sang de mon Fils
unique, qui viendra au midi du temps.
|
Én. slave
11. Énoch alla vers le Seigneur, qui lui enseigna tout sur
la Création de ses œuvres… Il vit la matière
non organisée avant la Création… le Conseil
dans les cieux… Il vit Satan Arouchaz aspirer et être
chassé pour devenir le fondement des choses inférieures,
au-delà desquelles il y a les ténèbres
profondes et le néant.
|
|
1 Én. 48:2. Et à
ce moment, le Fils de l’Homme fut nommé en la
présence du Seigneur des esprits… 3. Oui, et avant
que les signes fussent créés, son nom fut prononcé
devant le Seigneur des esprits. 4. Il sera un bâton pour les
justes afin qu’ils puissent s’appuyer sur lui et ne
pas tomber. 5. Tous ceux qui habitent sur la terre se
prosterneront et l’adoreront.
|
|
BHM 5:174 (S. Ha-Yashar).
[Les anges :] Dieu, notre Seigneur de l’Univers !
Ce n’est pas bien ce que les Premiers disent devant toi. Ne
créeras-tu plus jamais Adam ? [Dieu répond :] J’ai
fait et je supprime, je suis longanime et je délivre !
Et immédiatement, ils me virent [Énoch] et ils
dirent devant sa face : Quel est le mérite
de celui-ci, pour qu’il puisse monter aux sommets les plus
élevés ?
|
Une partie peu connue de l’histoire
de la création est le grand Cantique de la Création
chanté dans la grande assemblée. Nous l’entendons
se répercuter dans la déclaration d’Énoch : « Toutes
choses sont créées et faites pour rendre témoignage
de moi » (Moïse 6:63). « À l’aube,
dit l’Énoch slave, les éléments
chantent le Cantique de la Création et tous les oiseaux
chantent et celui qui donne la lumière arrive et donne la
lumière à sa création » car le
cantique du matin est le Cantique de la Création. (Job 38:7,
IQS Manuel de Discipline pl.10). Énoch s’y joint avec
un « Saint, saint, saint ! est le Seigneur des
esprits : il remplit la terre d’esprits. » (1
Én. 39:12) Une vision est donnée par Dieu à
Énoch (Secrets 31:1) : « Je lui ouvris les
cieux, afin qu’il puisse voir les cieux chanter le chant de la
victoire et la nuit sans ténèbres » ou,
comme le dit le texte de Gizeh : « Une vision du
Saint dans les cieux. Il me montra et j’entendis les saintes
acclamations à son intention et en entendant, je compris
également tout en le voyant. » Un fragment des
manuscrits de la mer Morte montre clairement que l’acclamation
est répétée dans l’Énoch de Joseph
Smith :
Moïse 7:31.
… d'entre toutes tes créations, de… toute
éternité; rien d'autre que la paix, la justice et la
vérité n'est la demeure de ton trône; la
miséricorde ira devant ta face et n'aura pas de fin…
|
11 Q Psa
Créat. La grâce et la vérité entourent
sa présence ; la vérité et la justice
sont les fondements de son trône… Par la connaissance
de son esprit, il a apporté l’aube et tous les anges
qui ont vu cela se passer ont chanté à haute voix.
Car il leur a montré ce qu’ils n’avaient pas
connu.
Apoc. Abr. 17:14.
O lumière, qui as brillé avant que la lumière
du matin apparaisse à ta création… 15. Dans
ta demeure céleste, il n’est pas besoin d’autre
lumière.
|
Dans la création toujours en
cours, l’établissement de nouveaux mondes est accompagné
ou représenté par une fermeture de rideaux. Apparemment
ceux-ci maintiennent chaque monde dans ses relations propres avec les
autres. Une affirmation courante dans la littérature
apocalyptique est que Dieu lui-même est nécessairement
caché au regard par un voile, tout comme par la nuée
sur la Montagne de la Transfiguration.
Moïse 7:30.
Des millions de terres comme celle-ci, ce ne serait même pas
le commencement du nombre de tes créations; tes rideaux
sont encore étendus.
|
Clém. d’Alex.
(Patrol. Graec.) 9:677. Ce lieu lui-même est un lieu de feu
[embrasements éternels). C’est pourquoi on dit qu’il
a un voile, de crainte que les choses soient consumées en
Le voyant. Seul l’Archange peut entrer en sa présence,
et c’est en symbole de cela que les grands prêtres
entraient une fois l’an dans le Saint des Saints.
|
|
T.U. 8:368. Le topos de
Jeu, où Jeu, « le Père du Trésor
de la lumière » règne comme « Roi
du Trésor de la Lumière » est séparé
de tous les autres êtres par un voile (katape-tasma).
Évang. de Phil.
132:23 « Le voile dissimulait d’abord la façon
dont Dieu gouvernait la Création, mais quand le voile
sera déchiré [nous saurons]. 133:14. Si certains
sont de la tribu de la Prêtrise, ceux-là seront
capables d’aller à l’intérieur du voile
avec les grands prêtres.
1 Jeu 39. À cet
endroit, les Veilleurs écartent les voiles et vous entrez
dans la présence du Père, qui vous donne son nom et
son sceau.
|
La raison pour laquelle il y a de
nombreux rideaux est qu’il faut impartir à chaque monde
la lumière qu’il est prêt à recevoir. Quand
Moïse pose la question des autres mondes, le Seigneur l’informe
qu’il ne peut pas en recevoir la connaissance maintenant et
Moïse consent à se satisfaire de la connaissance :
« de cette terre et de ses habitants, ainsi que des cieux,
et alors ton serviteur sera satisfait » (Moïse 1:36).
De nombreux documents anciens attestent l’existence de ces
rideaux :
|
« Et toutes
les puissances de l’univers [pleroma] chantèrent un
grand cantique de louanges et il reçut le cantique [de la
création] et fit un voile pour leurs mondes, les entourant
comme d’un mur » (2, œuvre gnostique 47a).
« Et le
mystère sait… pourquoi les étoiles… et
les disques des donneurs de lumière sont apparus et
pourquoi le firmament est a pris naissance avec tous ses voiles »
(Pistis Sophia, 214, 213).
« Le monde est
un système de coques, de voiles ou de vêtements
concentriques, chacun un hékal ou palais ou salle du
temple. L’homme est organisé selon les mêmes
principes » (L’Hekalot, un terme expliqué
dans le Zohar, Ber. 20a, est un vieux livre hébreu
d’Énoch.)
« Il y a un
endroit d’où tous les éons et tous les mondes
tirent leurs origine et leur prototype : un lieu de lumière
sans ombre et de joie indescriptible… et il y a un voile
entre les mondes » (T.U. 60:116-118)
« Les 24 corps
invisibles du ciel sont 10 000 fois plus brillants que le
soleil, dont la lumière doit passer à travers
plusieurs voiles pour nous atteindre, de sorte que nous ne le
voyons pas tel qu’il est réellement »
(Pistis Sophia 84:183-184)
« [Si] le
Gardien de la terre habitée [n’étendait pas
ses ailes pour absorber les rayons ignés du soleil] le
genre humain ne pourrait survivre, ni aucune autre forme de vie. »
(Apoc. Baruch [3] 6:3, 5)
« Le feu et
l’eau forment un cercle autour des 18 000 mondes
[faisant d’eux un symbole d’unité]…
Au-dessus du voile sont les cieux » (pour « cieux »
lire « feu et eau », le nuage qui
enveloppe ; N. Sed. REJ 124:75, 39)
|
Douzième partie
(Ensign, juin 1977)
Note de l’éditeur :
L’iniquité délibérée du peuple de
l’époque d’Énoch créa une agitation
morale qui se refléta dans une nature chaotique :
tremblements de terre, raz de marée, cataclysmes cosmiques.
Sur ce fond tumultueux se détache l’imposante figure
d’Énoch, le prophète, qui détenait les
clés d’une dispensation et qui sonda les mystères
de Dieu à travers ses visions de la création, de la
destinée de l’homme et de la mission du Sauveur. La
ville d’Énoch est issue de la puissance de cette foi et
de cette vision, société qui réalisa le rêve
apparemment impossible d’être vraiment juste, vraiment
pacifique. Dans son exploit et son enlèvement, elle a planté
les germes de l’espérance pour les sociétés
justes qui l’ont suivie, y compris notre propre génération.
Dans cette section, frère Nibley
conclut d’abord son traitement du voile, puis il utilise les
sources scripturaires du livre de Moïse et les mentions non
scripturaires d’auteurs apocryphes de textes qui n’étaient
pas accessibles à Joseph Smith pour nous donner une image très
intéressante de la ville sainte d’Énoch.
Lieu de mise à l’épreuve,
ce monde doit être isolé à la fois en tant que
lieu de test et de mise en quarantaine pour éviter d’en
contaminer d’autres. (2 Néphi 2:21)
Moïse 7:36. Parmi
toute l'œuvre de mes mains, il n'y a pas eu de méchanceté
aussi grande que parmi tes frères.
|
Sophia ChristI 118-119
Il a créé le voile [rideau, katapetasma] entre ce
qui est impérissable et ceux qui ont pris naissance plus
tard, de sorte que ce qui est mis à part [marqué,
compté] pour entrer dans l’existence puisse venir
après toutes les autres générations et le
chaos [originel], afin que cette chair puisse être éprouvée
[dans la lutte] contre l’erreur. Mais ceux-ci formaient un
voile d’esprit.
120 [La lumière
atteint] tous les habitants du monde du chaos… afin qu’il
puisse disposer les voiles qui étaient là dans leur
ordre propre (hormazein).
T.U. 8:402 [Jeu :]
Le Firmament est équipé de voiles et de portes qui
sont gardés. Ils sont très retirés du monde
dans lequel les hommes demeurent.
Hypostase des Archons
142:9 Il existe un rideau entre les aeons supérieurs et
inférieurs. Et il y a une ombre au-dessous de ce rideau
d’où est sortie la matière lors de
la Création.
|
Moïse
1:35. Mais je te parle seulement de
cette terre.
|
4 Esdras 2:21 Les
habitants de la terre ne peuvent comprendre que ce qui est sur la
terre et ceux qui sont dans les cieux que ce qui est au-dessus de
la hauteur céleste.
Livre d’Adam
(Migne, D. A. 1:185) Il y a des rideaux et des voiles, une
infranchissable barrière de feu ardent, entre les créatures
de l’ordre céleste et celles du second état.
Apocryphe de Jean 1:58.
Le profond sommeil d’Adam était dû en réalité
à l’installation d’un voile entre lui et sa
connaissance précédente. 59 Le voile ôta la
mémoire à Adam, comme s’il avait été
drogué. 60 Son esprit étant séparé par
un voile de ce qui se passe réellement dans l’univers.
|
Quand Moïse et Énoch se
risquent à demander ce qu’il y a au-delà de leur
voile, ils sont sévèrement réprimandés.
Vouloir tout savoir en une seule leçon est une faiblesse
humaine qu’il ne faut pas encourager. C’est trop facile
de demander le pourquoi de tout comme le font les petits enfants.
Mais Dieu sait que nous n’y sommes pas préparés.
Moïse 1:30 Dis-moi,
je te prie, pourquoi ces choses sont ainsi, et par quoi tu les a
faites. Moïse 1:31… Et le Seigneur Dieu dit à
Moïse: J'ai fait ces choses dans un dessein qui m'est propre.
Il y a là de la sagesse, et elle demeure en moi.
|
Secrets 11. Et
maintenant, Énoch, tout ce que je t’ai expliqué
et tout ce que tu as vu sur la terre, et tout ce que j’ai
organisé et fait… Il n’y a eu ni conseiller,
ni assistant. C’est moi seul… qui ai été
mon propre conseiller.
|
Moïse 1:32. Et je
les ai créées par la parole de mon pouvoir…
Moïse 1:33 Et j'ai
créé des mondes sans nombre; et je les ai également
créés dans un dessein qui m'est propre, et je les ai
créés par le Fils, qui est mon Fils unique.
|
Et c’est par ma
parole que cela à été réalisé,
et mon œil a tout vu.
Secrets 24:3 Écoute,
Énoch, car je n’ai pas dit mon secret à mes
anges…. et ils n’ont pas non plus compris ma
création, ce que je t’explique aujourd’hui. 4.
Car… j’avais l’habitude d’aller seul
parmi les choses invisibles….5. Et j’ai conçu
la pensée de poser des fondations et de créer une
création visible.
Slave 11:h.15 Il n’a
demandé aucun conseil, son œuvre a tout exécuté,
exactement comme son esprit a tout conçu. [Vaillant n. 14 a
trait à la version grecque, pas logos autou ergon.]
1 Énoch 14:22 Dix
mille fois dix mille [se tenaient] devant lui, et cependant il
n’avait pas besoin de conseiller.
Secrets 25:3 Et moi
[Dieu] j’étais au milieu de la grande lumière
et comme la lumière naît de la lumière, il
parut un grand aeon et montra toute la création que j’avais
dans l’esprit de créer. Et je vis que c’était
bon. 4. Et je plaçai pour moi-même un trône et
j’y pris place.
Slave 11 Et maintenant,
Énoch, tout ce que je t’ai expliqué
et tout ce que tu as vu sur la terre, et tout ce que tu as écrit
dans tes livres, c’est par ma sagesse que j’ai
organisé et fait tout cela… Il n’y a pas eu de
conseiller, ni de continuateur, c’est moi seul…. qui
ai été mon unique conseiller… et c’est
par ma parole que cela a été réalisé
[litt. « la chose a été ma parole »]
et mes yeux ont tout vu. [Voir F. Lachover & I. Tishby, The
Wisdom of the Zohar (Jérusalem, Fondation Byalik 1971,
1:127 et suiv. sur le fait que Dieu seul conçoit ses
« œuvres sans fin »].
|
La Sion d’Énoch
Énoch n’était bien
entendu pas le seul à prêcher la justice dans sa
dispensation et, comme les autres, il rencontra la perplexité,
la crainte, le ressentiment et un certain succès. Le peuple
commença non seulement à le craindre, mais aussi à
le croire « parce qu’il marchait avec Dieu ».
Certains des récits disent que « tout le peuple »
ou « tout le monde » alla après Énoch,
exactement comme nous lisons que « tout le pays de Judée »
suivait Jean-Baptiste dans le désert pour être baptisé
(Marc 1:5). Il devient vite clair dans ces deux cas que ceci est une
façon de parler. Seul un nombre restreint a suivi ces meneurs
jusqu’au bout.
Moïse 6:23 Et ils
étaient des prédicateurs de justice… et
appelaient tous les hommes de partout à se repentir. Et la
foi était enseignée aux enfants des hommes
Moïse 6:26 Et
[tandis] qu'Hénoc voyagea[it] parmi le peuple]…
l'Esprit de Dieu… demeura sur lui.
Moïse 6:38 Et ils
vinrent l'écouter… disant… nous allons là-bas
voir le voyant.
Moïse 6:39 Et…
lorsqu'ils l'entendirent… la crainte envahissait tous ceux
qui l'entendaient, car il marchait avec Dieu.
|
BHM. 4:129 (« Vie
d’Énoch »). Et tout le peuple s’assembla
autour d’Énoch pour entendre cette chose. Et Énoch
enseigna aux enfants des hommes la voie de Dieu… Et
l’Esprit de Dieu était sur Énoch, et il
enseigna à tout son peuple la sagesse de Dieu et ses voies.
130… Et tout le peuple était étonné et
en admiration devant sa sagesse et sa connaissance et se prosterna
à terre devant lui. 131… Et tout le peuple
s’assembla autour d’Énoch…. et il leur
enseigna à nouveau à garder les voies du Seigneur et
leur donna à tous sa paix [etc., etc.])
|
Moïse 6:54
C'est de là que le bruit se répandit parmi le peuple
que le Fils de Dieu a expié la faute originelle.
|
Secrets 16 (Vaillant).
Quand Énoch eut parlé à ses enfants et aux
princes, alors tout le monde dans le voisinage entendit que le
Seigneur avait appelé Énoch et ils se rassemblèrent
au nombre de 2000 hommes, et ils vinrent à Azouchan [ou
Achuzan] où étaient Énoch et ses fils et les
anciens du peuple et le saluèrent : Béni du
Seigneur… bénis maintenant ton peuple et
glorifie-nous à la face du Seigneur, parce que le Seigneur
t’a choisi pour te placer comme quelqu’un qui ôte
nos péchés [371].
Ms. R : Parce que le
Seigneur t’a choisi avant tout autre homme sur la terre…
pour t’établir comme quelqu’un qui ôte
les péchés des hommes, et comme secours [sauveur]
pour le peuple de la maison.
|
Moïse
6:36… et c'est à partir de ce
moment-là que le bruit se répandit dans le pays: Le
Seigneur a suscité un voyant à son peuple.
|
BHM 4:129… et le
bruit courut dans toutes les régions des enfants d’Adam :
Qui est l’homme qui désire connaître les voies
du Seigneur et les bonnes œuvres ? Qu’il aille
vers Énoch ! [372]
|
L’image de deux mille hommes venant
reconnaître et acclamer Énoch à l’endroit
où lui « et ses fils et les anciens du peuple »
étaient fait penser au noyau modeste d’une
organisation. Leur rassemblement est la première étape
d’un long processus de retraite hors d’un monde inique.
Énoch lui-même s’était déjà
retiré, puis était revenu. Il rejoint en ceci Adam,
Abraham, Job, les douze Patriarches et Moïse, tous hommes dont
les « Testaments » apocryphes disent comment le
héros est d’abord enlevé au ciel dans une vision,
puis revient et décrit la vision à sa famille et à
ses disciples et finit par s’en aller définitivement. La
succession de ces morts héroïques évoluera plus
tard pour devenir un genre littéraire dans lequel les moines
scribes s’étendent avec une fascination et une
consternation morbides sur les terreurs de la mort. Le départ
d’Énoch est indéniablement celui qui est le plus
spectaculaire, donnant le ton pour les chars de feu et tous ceux qui
seront enlevés au ciel plus tard. En même temps, c’est
le plus sobre et le plus « scientifique », à
l’exception de la version de Joseph Smith à laquelle
nous allons bientôt arriver. Les sources juives parlent du
départ d’Énoch avec son peuple du point de vue du
monde, de ceux qui restent sur la terre :
« À
cette époque, les enfants des hommes s’assirent devant
Énoch et il leur parla. Et ils levèrent les yeux et
virent quelque chose comme un grand cheval descendre du ciel, et le
cheval se déplaçait dans l’air [le vent] jusqu’au
sol. Et ils dirent à Énoch ce qu’ils avaient vu.
Et Énoch leur dit : ‘Ce cheval est descendu sur la
terre pour me prendre ; le temps et le jour sont proches où
je dois vous quitter et ne plus apparaître parmi vous.’
Et à cet instant le cheval descendit et se tint devant Énoch,
et tout le peuple qui était avec Énoch le vit. Alors
Énoch s’avança et il lui parvint une voix qui
disait : ‘Qui est l’homme qui se réjouit dans
la connaissance des voies du Seigneur Dieu ? Qu’il vienne
en ce jour à Énoch avant qu’il ne nous soit
enlevé.’ Et tout le peuple se rassembla et vint vers
Énoch en ce jour… Et après cela il monta et
chevaucha le cheval et se mit en route, et tout le peuple s’avança
et le suivit au nombre de 800 000 hommes. Et ils allèrent avec
lui pendant une journée de voyage. Et voici, le deuxième
jour, il leur dit : ‘Retournez et cessez de me suivre
de crainte que vous ne mourriez.’ Mais aucun d’eux ne
revint sur ses pas et tous l’accompagnèrent. Et le
sixième jour, le nombre des personnes s’était
agrandi et elles restaient avec lui. Et elles lui dirent : ‘Nous
irons avec toi là où tu vas. Comme le Seigneur vit,
seule la mort nous séparera de toi !’ Et il arriva
qu’ils prirent courage et allèrent avec lui et personne
ne retourna sur ses pas. Et il cessa alors de leur adresser des
remontrances. Et les rois qui revinrent ordonnèrent qu’un
recensement soit fait de tout le reste des hommes qui étaient
allés avec Énoch. Et ceci se passa le septième
jour et Énoch fut enlevé dans une tempête
[tourbillon] des cieux avec des chevaux de feu et des chars de feu.
Et le huitième jour, tous les rois qui avaient été
avec Énoch envoyèrent [des messagers] pour enregistrer
le nombre des hommes qui étaient restés en arrière
avec lui [quand les rois l’avaient quitté] à
l’endroit d’où il était monté au
ciel. Et tous les rois se rendirent à cet endroit et
trouvèrent tout le sol recouvert de neige et sur cette neige,
d’énormes blocs [pierres] de neige. Et ils se dirent les
uns aux autres : ‘Venez, creusons la neige ici pour voir
si le peuple qui est resté avec Énoch est mort sous les
amas de neige.’ Et ils
recherchèrent Énoch et ne le trouvèrent pas
parce qu’il était monté au ciel. »
(Vie d’Énoch BHM 4:131)
Ce qui rend cette histoire si
remarquable, c’est l’association avec d’autres
ascensions. Les parallèles avec Élie sont évidents,
jusqu’au groupe de chercheurs envoyé par Élisée
(voir 2 Rois 2:11-18). Adam, Moïse et d’autres hommes
dignes ont été mystérieusement enlevés à
différents moments de leur mission (Moïse 6:64 ;
1:1 ; 7:27). Le prophète Baruch, dans un récit
publié pour la première fois en 1866, assembla son
peuple, lui recommanda de se souvenir de Sion puisque « elle
doit être renouvelée en gloire….quand le
Puissant renouvellera sa création » et nomma sept
anciens pour garder le peuple qui demeure jusqu’à ce que
vienne « le nouveau monde qui ne transforme pas en
corruption ceux qui partent vers son état béni…
Car ils demeureront sur les hauteurs de ce monde. Et ils seront
rendus semblables aux anges, avec une excellence surpassant celle des
anges » (2 Baruch 31:1-51).
Les lamentations de son peuple : « En
vérité, nous serons laissés dans les ténèbres
et il n’y aura pas de lumière pour le peuple qui est
resté (v. 46) est un élément standard du départ
d’autres prophètes et apôtres (voir l’Assomption
de Moïse, chap. 11). Quand le prophète Esdras rassemble
son peuple, ce dernier se lamente : « Pourquoi
nous délaisses-tu et habites-tu à cet endroit ?
Car tu restes seul pour nous de tous les prophètes…
comme une lampe dans un lieu de ténèbres. »
Esdras le console, pleure la disparition de Sion, a une vision
apocalyptique des grandes destructions à venir, puis est
« enlevé et emporté à l’endroit
où se trouvent ceux qui étaient comme lui, après
avoir écrit ces choses. Et il est appelé le Scribe de
la Connaissance du Très-Haut [titre également appliqué
à Énoch] pour toujours et à jamais. »
(4 Esdras 12:20-50).
Un prophète est aussi quelqu’un
qui est expérimenté dans le processus du retrait. La
version d’Énoch de Joseph Smith, que l’on retrouve
dans le livre de Moïse, raconte le retrait d’Énoch
en trois étapes. 1) Après son retour, Énoch
rassemble ses disciples et les emmène loin d’un monde
dangereux dans un lieu sûr dans les montagnes. Le Seigneur
combat pour eux, les montagnes s’enfuient, les rivières
changent de lit et toutes les nations les craignent. (Voir Moïse
7:13-18). 2) En sécurité, le peuple prospère,
bâtissant finalement une ville qui va durer 365 ans (voir Moïse
7:17-20). 3) À la fin, le gouvernement divin, dans sa
totalité, doit par nécessité être ôté
du monde – c’est soit la bienheureuse Sion ou le monde
maudit qui doit partir, et c’est ainsi que « Sion,
dans la suite des temps, fut enlevée au ciel »
(Moïse 7:21) [373]. Mais qu’est-il arrivé à
la Sion terrestre entre les lignes de ces trois brefs versets ?
L’intérêt des saints
des derniers jours pour la ville d’Énoch n’est pas
seulement littéraire ou même scientifique. Il est
historique et prophétique. La ville d’Énoch est
quelque chose qui nous concerne beaucoup. Lorsque nous étudions
la communauté d’Énoch, un flot de questions
persistantes bourdonne en arrière-plan. Devons-nous comprendre
toute cette histoire d’une façon littérale et à
quel point ? Comment pouvons-nous imaginer les événements
presque inimaginables de cette époque lointaine ?
Nous ne pouvons nous dérober à
de telles questions puisque nous sommes engagés à
former le plus rapidement possible le partenariat le plus étroit
possible avec cette société.
Le premier pas dans ce face à face
avec la réalité d’Énoch est de se demander
ce que, selon les textes que nous avons, la ville d’Énoch
est censée avoir été. Les documents anciens,
contrairement à une croyance populaire de jadis,
n’apparaissent tout simplement pas comme s’ils sortaient
d’une imagination orientale débridée, mais, comme
le montrent toujours plus clairement des recherches de plus en plus
étendues, doivent toujours être considérés
comme ayant l’un ou l’autre fond historique réel.
Ainsi nous nous demandons, dans quelles circonstances la ville
d’Énoch est-elle apparue ? Comment cela s’est-il
passé ? Qu’est-elle réellement devenue ?
Et que dit le document ?
Toutes les mentions eschatologiques de la
Sion d’Énoch dans les Écritures se trouvent dans
les Prophètes et les Psaumes de l’Ancien Testament –
le Nouveau Testament ne fait que les citer [374]. Dans le livre de
Moïse, le mot SION n’apparaît qu’au chapitre
7, où il est cependant cité pas moins de seize fois, ce
qui fait de ce chapitre le traité le plus important sur ce
sujet. Les savants relèvent depuis longtemps le fait que les
prophètes mettent l’accent sur l’aspect moral de
Sion, alors que les Psaumes, avec leur imagerie royale et leur cadre
rituel archaïque préfèrent l’aspect
politique. Pourtant, les deux parlent d’une communauté
très terrestre, concrétisée dans les deux cas
par l’idée de ramener Sion – reconnaissant que
Sion a réellement été sur terre dans le passé
et peut de nouveau faire le bonheur des saints dès qu’ils
seront disposés à « revenir à la
relation originelle avec Yahweh », seule condition pour
que « la relation filiale d’Israël avec Dieu
puisse être renouvelée et que Dieu… la rétablira
dans le futur [375] ». L’image familière de
Dieu « reprenant possession de son trône à
Jérusalem » en rassemblant « son
peuple dispersé de tous les coins de son héritage, à
une époque du rassemblement » est ordinairement
présentée dans les termes classiques du livre d’Énoch
[376] ».
La meilleure nouvelle – en fait la
seule nouvelle totalement bonne qui puisse parvenir aux habitants de
cette terre d’iniquité – est le retour de Sion
pour bénir la terre en lui apportant le seul ordre de société
acceptable à Dieu et intégralement bénéfique
à l’homme. Sion est toute société dans
laquelle la loi céleste est opérationnelle et « bien
que nous ne puissions réclamer le droit à ces promesses
qui ont été faites aux anciens, parce qu’elles ne
sont pas notre propriété », a rappelé
le prophète Joseph à son peuple, « …
néanmoins, si nous sommes… appelés du même
appel…. [et] contractons la même alliance… nous
pouvons… obtenir les mêmes promesses…..parce
que…..nous-mêmes…. avons la foi….comme ils
[l’avaient]. » (Enseignements du Prophète
Joseph Smith p. 49-50). Sion est un idéal glorieux, quoique
une rare réalité dans l’histoire du monde ;
c’est « le Saint Ordre que Dieu a établi pour
son peuple à toutes les époques du monde où il a
eu un royaume sur la terre. Nous pouvons l’appeler, a dit
Brigham Young, l’ordre d’Énoch, l’ordre de
Joseph, l’ordre de Pierre ou d’Abraham, ou de Moïse,
et remonter jusqu’à Noé…. »
qui, naturellement, nous conduit à Énoch ».
(Journal of Discourses 17:113)
En fait, il a été dit qu’un
état de bonheur peut-être semblable à Sion
régnait en Éden lui-même quand Adam suivait
fidèlement les instructions de Dieu :
« Le Saint de Sion… a
établi les fondations d’Adam-ondi-Ahman »
(D&A 78:15)
« Le Jardin d’Éden
est le Saint des Saints, la demeure du Seigneur… et le mont
Sion est le centre ou nombril de la terre. » (Jubilés
8:19)
Bien que le peuple du temps de Moïse
ne se soit pas qualifié pour le recevoir, « Dieu
lui révéla le modèle de Sion et ses mesures »
(2 Baruch 59:4). Selon R.H. Charles, l’Église chrétienne
primitive s’était modelée sur la communauté
d’Énoch, désignant son dirigeant comme étant
Énoch. Les sections sur Sion et la nouvelle Jérusalem
dans la littérature énochienne sont, selon Charles,
« les plus complètes et les plus cohérentes
de toutes les sections [377] » et étaient les
grandes favorites de tous ces groupes séparatistes, juifs et
chrétiens, qui se refugièrent dans le désert,
s’imaginant être les seuls et uniques représentants
véritables de l’Église et du royaume d’Énoch
sur terre [378]. Minorités persécutées,
elles aspiraient à l’époque où elles
pourraient se retrouver au grand jour lors du retour glorieux du
Seigneur et de la ville d’Énoch. Des passages des
Psaumes de Salomon montrant clairement l’association entre les
premiers chrétiens et les communautés orientales et de
la mer Morte comme Qumran semblent décrire la migration
de ces communautés orientales hors de Palestine plus dans le
sens de la migration d’Énoch que de celle de Moïse :
« Jérusalem, vois tes
enfants rassemblés de l’orient et de l’occident,
du septentrion et du midi, et des îles lointaines. Il a humilié
et nivelé de hautes montagnes devant eux… »
(54:53:11, 5)
« Loin d’eux avaient fui
ceux qui aimaient les assemblées des Saints, comme les
passereaux s’envolent de leur nid… Et les fontaines
perpétuelles étaient contenues (retenues) dans les
abysses et les montagnes élevées parce qu’aucune
d’elles ne pratiquait la justice… devant sa menace, les
païens s’enfuient loin de son visage. Alors il rassemblera
le peuple de Dieu… Il purifiera Jérusalem par la
sanctification, comme c’était autrefois….le
Seigneur (Messie) est son roi. » (60:59:17,
21, 27–28, 33, 36.)
Dans les Psaumes, le couronnement royal
tient la place centrale, le roi représentant le Seigneur et le
peuple de Sion (voir dans Mosiah 2-5 un rite annuel célèbre
dans lequel le roi, bien que faible mortel, joue le rôle de
représentant de Dieu). La vertu transcendante d’Énoch
le qualifie pour être un chaînon vital dans « l’ordre »
du Seigneur lui-même. Comparez ces versets des D&A 76:56-58
avec l’Énoch slave apocryphe.
« Ce sont ceux
qui sont prêtres et rois, qui ont reçu de sa
plénitude et de sa gloire, et sont prêtres…
selon l'ordre de Melchisédek, qui était selon
l'ordre d'Hénoc, qui était selon l'ordre du Fils
unique. C'est pourquoi, comme il est écrit, ils sont Dieux,
oui, les fils de Dieu. »
|
« Et quand
tout le peuple des environs apprit que le Seigneur avait choisi
Énoch, ils se concertèrent tous disant : Allons
et saluons [tsyelyim] Énoch… Et ils saluèrent
Énoch, disant : Toi, béni du Seigneur, le Roi
des éternités ! Bénis maintenant ton
peuple et glorifie-le à la face du Seigneur, parce que le
Seigneur t’a placé comme celui qui ôte nos
péchés. » (Énoch slav. Vaillant,
p. 60 et suiv.)
|
Selon la Vie d’Énoch hébraïque,
les rois de la terre saluent Énoch comme leur chef suprême
[379], tandis que le livre de Jasher répète simplement
la même histoire, concluant : « Et ils
s’assemblèrent en tout, cent trente rois et princes, et
ils désignèrent Énoch comme leur roi, et ils
étaient tous sous son pouvoir et sous son commandement
[380]. » Tout ceci selon un principe qui était tout
à fait inconnu il y a seulement quelques dizaines d’années.
Comme le dit l’égyptologue J. Zandee : « Non
seulement en Israël, mais aussi dans tout le Proche-Orient
antique, tous les rois sont des messies. Il n’y a pas de
différence entre le Messie eschatologique et le roi régnant
en tant que porteur du salut. Le roi est un Dieu… le roi est
le fils de Dieu… le roi est comme l’image de Dieu sur
terre… le roi apporte la justice à la terre… le
roi est le Bon Berger, le roi est l’homme de Sagesse… Le
roi est le Grand Prêtre doté de pouvoir… Le Roi
est une divinité cosmique [381]. ». Bref, le roi
est un Énoch auquel Dieu a promis son propre trône.
Moïse 7:59. Attendu
que tu es Dieu, que je te connais…
tu m'as fait et que tu m'as donné un droit à ton
trône, non par moi-même, mais par ta propre grâce.
|
Hékhalot, dans BHM
5:174 Le Metatron [Énoch] dit : Dieu
m’a fait un trône sur le modèle du trône
de gloire, et, étant revêtu de gloire [drapé
d’une enveloppe de rayonnement] et de lumière
[Zohar]… de beauté et de grâce comme le trône
de ta gloire… Il me fit asseoir sur ce trône, et un
héraut proclamait dans tous les firmaments des firmaments,
disant : « Énoch est proclamé
Roi divin ! » [175. Il pose une couronne sur sa
tête.]
|
Moïse 7:68. Et tous
les jours de Sion, du temps d'Hénoc, furent de trois cent
soixante-cinq ans.
|
C’est le modèle
du roi annuel dont Énoch est le représentant
principal [382].
|
Par-dessus tout, Sion est la communauté
des saints, des Élus, des « cœurs purs »,
qui sont « d’un seul cœur et d’un seul
esprit » de sorte que « il n’y avait pas
de pauvres parmi eux » (Moïse 7:18). C’est la
Sion vue en vision par les prophètes ; le livre de Moïse,
les Doctrine et Alliances et les ouvrages apocryphes l’appellent
tous expressément la Sion d’Énoch.
Moïse 7:62. …
pour rassembler mes élus… vers… une Ville
sainte… attend[ant] le temps de ma venue; car là
sera mon tabernacle, et elle sera appelée Sion, une
nouvelle Jérusalem... Moïse 7:64 … Sion, qui
sortira de toutes les créations que j'ai faites.
|
Gizeh 1:3 C’est au
sujet des Élus… reçois ma parabole à
leur sujet. Il sortira de sa demeure, le Saint et le Grand. 4. Le
Dieu du monde (aeons) marchera sur la terre, sur la Montagne de
Sion… Et dans la force de sa puissance, il apparaitra du
haut des cieux.
|
Moïse 7:66 Il
[Hénoc] vit de grandes tribulations parmi les méchants.
Il vit aussi que la mer était troublée, que le cœur
des hommes leur manquait.
|
5 Et tous seront dans
l’épouvante…la crainte et un grand tremblement
les saisiront. 6. Les hautes montagnes seront ébranlées…
et elles fondront… 7 et la terre se déchirera…
|
Moïse 7:67 Et il vit
le jour des justes, l'heure de la rédemption, et reçut
une plénitude de joie.
|
8. Aux justes la paix
sera donnée et sur les élus l’unité de
cœur [synteresis] et la paix… Il les bénira
tous, et une lumière apparaîtra et brillera et
portera la paix parmi eux.
|
|
1 Én. 45:4 En ce
jour, je ferai habiter mon Élu au milieu d’eux…
5. et je transformerai la terre, et j’en ferai une
bénédiction. Et j’y ferais habiter mes
Élus….pour qu’ils demeurent devant moi.
51:5 La terre se réjouira
et les justes l’habiteront, et les Élus marcheront et
se promèneront sur elle.
Én. sl. 17. Et
tous les justes qui échapperont au grand jugement s’uniront
au Grand siècle… et ils seront éternels. Il
n’y aura plus en eux ni fatigue, ni souffrance, ni
affliction, ni aucun danger de violence, ni non plus la peur de la
nuit, ni des ténèbres, mais ils auront une grande
lumière pour toujours… un grand paradis, un lieu de
sécurité où ils demeureront pour toujours…
et leur visage brillera comme le Soleil !
|
Les écrits mandéens
comparent Sion à des « firmaments, habitations,
monde et Jourdains » célestes, donnant les
descriptions les plus frappantes et les plus attrayantes de lieux
aussi saints dont, disent-ils, ne jouiront que les « esprits
des bonnes personnes… les sages et les prudentes
des familles d’Abel, de Seth et d’Énoch ».
Les saints y vivent sans discorde et sans dissension ; ce sont
des êtres angéliques, sages et doux, sans méchanceté
ni duplicité, se visitant constamment les uns et les autres.
Il y a un accord parfait entre les mondes, chacun ayant sa gloire
propre et se réjouissant de la gloire des autres étant
donné que tous partagent avec les autres leurs trésors
de connaissance. De vastes distances les séparent mais grâce
à leur Seigneur et Dieu commun, ils sont tous glorieusement
conscients les uns des autres. Tous sont incorruptibles et ne
connaissent donc pas la mort. Ils ne vieillissent pas et ne
s’épuisent pas. Leur nature est impérissable,
leur nombre est fixé parce qu’il est infini, ne peut
être compté. Chacun de ces mondes est une Sion, n’ayant
pas de tribunaux, pas de faim ou de soif, pas de froid ni de chaud,
pas de haine ni de crainte, pas de guerre, pas d’esclavage, pas
de créatures ou de plantes nuisibles. De magnifiques
constructions se dressent au bord de mers paisibles ; des
sources bondissantes donnent de l’eau vivifiante. Tout vibre de
joie. Les besoins des gens sont peu nombreux. Ils se déplacent
dans l’air sans effort. Ils sont chez eux dans les firmaments
et les mondes et parmi les dominations et les pouvoirs. Leur beauté
est en eux et rayonne comme s’ils étaient du cristal
pur. La force venant du Roi coule à travers eux parce qu’ils
s’y exposent par leur persévérance dans la prière
et le chant. Ils étudient et méditent constamment. Ils
dégagent la senteur du bonheur divin. Chacun est plus
remarquable que l’autre, chacun plus illustre [383] ».
Il était naturel que l’Église,
à chaque époque, s’identifie à l’ordre
d’Énoch, ne serait-ce que parce que cet ordre est le
seul acceptable pour Dieu en tout temps.
« Le Seigneur parla à
Énoch [Joseph Smith, fils], disant : Écoutez-moi…
[vous] qui êtes ordonnés à la haute prêtrise…
qui vous êtes assemblés… le moment est venu…
il faut que mon peuple soit organisé… dans le pays de
Sion, comme institution et ordre permanent et éternel pour mon
Église… pour le salut de l’homme… Si vous
n’êtes pas égaux dans les choses terrestres, vous
ne pouvez pas être égaux dans l’obtention des
choses célestes » (D&A 78:1, 3-4, 6).
Car « Sion ne peut être
édifiée que sur les principes de la loi du royaume
céleste, autrement je ne puis la recevoir en moi »
(D&A 105:5). « Si mon peuple n’observe pas cette
loi…..il ne sera pas pour vous un pays de Sion »
(D&A 119:6).
Une marque significative d’authenticité
de la version de Joseph Smith est que la Sion d’Énoch
est définie comme une société où « il
n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moïse
7:18). L’Énoch grec (91-107), qui pour la première
fois nous montre de quelle façon les anciennes sectes se
rattachaieznt à la ville d’Énoch, « montre
une grande partialité pour les humbles et les petits. Nous
sommes ici face à l’éthique du pauvre… ces
gens humbles et nécessiteux doivent rechercher une consolation
dans le fait que c’est à eux que la connaissance de ces
mystères sera révélée [384]. »
La présence d’une telle
société est un reproche permanent pour le reste du
monde. Comme le dit Brigham Young : « Nous
suivons les coutumes d’Énoch et des saints pères
et, à cause de cela, on nous considère comme inaptes à
être une société. Nous ne sommes pas adaptés
à la société des méchants et nous ne
souhaitons pas nous mêler à eux » (JD
10:306). Énoch avait le grand espoir que sa Sion : « une
ville de refuge, une place forte pour les saints du Très-Haut »
(D&A 45:66) serait là pour de bon ; le Seigneur lui
dit qu’il n’en serait pas ainsi : « Énoch
parla avec le Seigneur : assurément, Sion demeurera en
sureté à jamais ; mais le Seigneur dit à
Énoch : J’ai béni Sion, mais j’ai
maudit le reste du peuple. » La séparation allait
devoir continuer jusqu’à ce que finalement « Sion,
dans la suite des temps, fut enlevée au
ciel. » (Moïse 7: 21) Nous voyons la division du peuple à
chaque étape de l’histoire quand « leur
ennemis vinrent se battre contre eux » Énoch
« conduisit le peuple de Dieu » pendant que
« toutes les nations furent saisies d’une grande
crainte » (Moïse 7:13) ; les plus dangereuses
« se tinrent au loin » et même « allèrent
sur la terre qui avait surgi des profondeurs de la mer »
(Moïse 7:14-15). Il en résulta deux mondes, Sion, habitée
par un peuple qui était « d’un seul cœur
et d’un seul esprit » (Moïse 7:18), l’autre,
constamment déchiré par « des guerres et de
l’effusion de sang » (Moïse 7:16). Le caractère
intégral de la division est exprimé de manière
frappante par l’une des figures de style les plus anciennes,
l’antithèse rhétorique :
Moïse 7:20.
J'ai béni Sion,
|
mais j’ai maudit le
reste du peuple.
|
Moïse 5:15.
… croiraient au Fils et se repentiraient de leurs péchés
|
… ne croiraient
pas et ne se repentiraient pas.
|
Moïse 7:16. …
mais le Seigneur vint demeurer avec son peuple, et ils demeurèrent
dans la justice.
|
… et à
partir de ce moment-là, il y eut des guerres et des
effusions de sang parmi eux.
|
Moïse 7:18. il était
d'un seul cœur et d'un seul esprit
|
Moïse 7:33
ils sont sans affection et ils haïssent leur propre sang
|
Moïse 7:18 . Et le
Seigneur appela son peuple Sion, parce qu'il… demeurait
dans la justice
|
Moïse 7:36 …
parmi toute l'œuvre de
mes mains, il n'y a pas eu de méchanceté aussi
grande que parmi tes frères.
|
Quand les sectaires de la mer Morte
appelèrent leur société le Yahad (litt. unité,
union), c’était un rappel que cette « unité »
est la première loi de la société d’Énoch
selon laquelle il est attendu des saints qu’ils la vivent dans
chaque dispensation.
Moïse 7:18
Et le Seigneur appela son peuple Sion, parce qu'il était
d'un seul cœur et d'un seul esprit… et il n'y avait
pas de pauvres en son sein.
|
Zohar,
Noé 76b. R. Jose. Depuis [l’histoire de la Tour] nous
apprenons qu’aussi longtemps que le peuple de la terre vécut
en harmonie, étant
d’un seul esprit et d’une seule volonté, bien
que se rebellant contre le Saint, le jugement suprême ne
pouvait l’atteindre. Mais dès qu’il fut divisé,
« le Seigneur les dispersa au loin ».
|
|
2 Bar. 30:1 Alors tous
ceux qui se sont endormis dans son espérance se relèveront…
et ils sortiront… en une seule assemblée d’une
seule pensée.
|
Même
après l’enlèvement de la ville d’Énoch,
l’œuvre de rédemption continua parmi « le
reste du peuple… et lorsque
Sion eut été enlevée au ciel, Hénoc
regarda, et voici, toutes les nations de la terre étaient
devant lui. Et il y eut génération après
génération; et Hénoc était haut et élevé,
dans le sein du Père… et voici, le pouvoir de Satan
était sur toute la surface de la terre »
(Moïse 7:22-24). Selon cette perspective, la navigation de Noé
n’était que la dernière étape dans un
processus d’évacuation qui durait depuis des
générations. Même après que le peuple eut
choisi son camp – Énoch et le Seigneur ou Satan –
l’œuvre missionnaire fut maintenue.
Moïse 7:27 Et Hénoc
vit des anges descendre du Ciel, rendant témoignage…
et le Saint-Esprit tomba sur un grand nombre de personnes, et
elles furent enlevées en Sion par les puissances du Ciel.
Moïse 7:28 Et…
le Dieu du ciel posa les yeux sur le reste du peuple, et il
pleura.
|
Ap. d’Adam (Copte)
96. Des déluges de pluie détruiront toute chair,
« mais des anges puissants descendront des cieux et
emmèneront ces hommes en un endroit où l’on
trouve l’Esprit de vie. »
Gizeh 8 Et il y avait
une grande iniquité sur la terre. Satan [Azael et Semiazas]
enseignant aux hommes toutes sortes d’impiétés.
9 Alors les grands anges… allèrent faire rapport à
Dieu, disant : Que ferons-nous ? 10:1 Dieu envoya donc
Israël [Ms Gs Uriel] au fils de Lémec [Noé]. 2
« Dis-lui en Mon nom de se cacher [Ms Gs 3. Enseigne
au juste ce qu’il doit faire… pour conserver son âme
et échapper.] car la terre entière va être
détruite… Enseigne-lui comment il doit s’échapper.
4 Dieu envoya Raphaël… 9 Gabriel, 11 Michel pour le
diriger dans cette circonstance. 10:15 Quand Dieu enverra les
anges pour détruire tous les esprits bâtards…
17 … tous les justes fuiront et continueront à
rester vivants….pour mille générations.
1 Én 105:1 En ces
jours, le Seigneur ordonna [aux anges]… de témoigner
aux enfants de la terre… de le leur montrer, car vous êtes
leurs guides.
Beatty 100:4 Et les anges
apparaîtront… descendront en ces jours dans des
lieux secrets… 5 et sur les justes et les saints sera
installée une garde de saints anges et ils seront protégés
comme la prunelle de ses yeux jusqu’à ce que les
tribulations et l’iniquité soient passées…
Secrets 23 :80 [Dieu
à Énoch :] J’enverrai mon archange
Michel, et il emmènera l’enfant (Metuschélah)
en lieu sûr.
|
Moïse 7:60
Dans les derniers jours, dans les jours de méchanceté
et de vengeance… Moïse 7:62. … je ferai en
sorte que la justice et la vérité balaient la terre
comme un flot, pour rassembler mes élus… vers un
lieu que je préparerai, une Ville Sainte, afin que mon
peuple puisse… attendre le temps de ma venue… et
elle sera appelée Sion, une nouvelle Jérusalem.
|
Ap. d’Abraham 29:15
et suiv. De grandes tribulations viendront… 17. Mais de ton
peuple les hommes justes seront épargnés… se
hâtant dans la gloire de mon nom vers un lieu que j’ai
préparé pour eux à l’avance »
[Jérusalem].
|
Jusqu’à ce que la séparation
soit complète, les pouvoirs de destruction sont tenus en
échec.
Comme le livre de Moïse le
décrit : « Et il y aura de grandes
tribulations parmi les enfants des hommes, mais je protégerai
mon peuple…..en un lieu que je préparerai afin que mon
peuple puisse… attendre le temps de ma venue. »
(Moïse 7:61-62)
Les documents apocryphes présentent
cette même notion : « Et la terre se
fendra, et tout ce qui est sur la terre sera détruit. Mais il
y aura une grande paix pour les justes et la sécurité
[synteresis] et la paix régneront sur les élus…
et je les bénirai tous. » (Gizeh 1:7-8)
« Dans les jours d’Énoch…
Dieu leur accorda [aux méchants] un répit pendant tout
le temps que les justes, Jéred, Metuschélah et Énoch
étaient en vie ; mais quand ils quittèrent le
monde, Dieu laissa le châtiment s’abattre. »
(Zohar, Bereshith 56 b, cf Genèse 7:23)
« Pourquoi la vision de ces
choses te trouble-t-elle [Énoch] ? Jusqu’à
ce jour a été le temps de sa miséricorde, et il
a été miséricordieux et longanime envers ceux
qui habitent la terre. » (1 Én. 60:4-6)
Quand les anges supplient Dieu d’aller
de l’avant et d’anéantir le genre humain indigne,
il répond : « J’ai fait et j’ôte,
et je suis longanime et je secours ! » (BHM 5:172)
« Et après [cela] Énoch
me montra les anges du châtiment qui sont prêts à
venir déchaîner toutes les puissances des eaux…
pour apporter le châtiment et la destruction à tous ceux
qui demeurent sur la terre. Et le Seigneur des Esprits commanda aux
anges qui sortaient de ne pas faire monter les eaux mais de les
retenir » (1 Én. 66:1.)
Les anges furent donc, pendant de
nombreuses années, une sorte de « messieurs bons
offices », prêchant le repentir et offrant le moyen
d’échapper à tous ceux qui étaient
disposés à écouter. Leur diligence disculpe Dieu
de l’accusation d’être capricieux et cruel en
envoyant le Déluge, argument favori des sceptiques et des
athées de toutes les époques. Selon Jellinek, le but
principal du vieux livre d’Énoch hébreu était
de dénoncer l’invalidité de cet argument :
« Le travail des anges témoignait que Dieu était
juste… Énoch témoigne qu’il devint un ange
dans les cieux, instruit par les anges Shemashasi et Asaël, afin
de rendre son témoignage personnel aux hommes que Dieu, en
envoyant le Déluge, n’était pas cruel [385]. »
Ce point est clairement mis en avant dans la version de Joseph Smith,
version dans laquelle Énoch et le Seigneur discutent,
franchement et exhaustivement, de ce problème dans son
intégralité à la satisfaction totale d’Énoch
(voir Moïse 7:28-67).
Selon les écrits apocryphes,
Abraham, Esdras et Baruch entre autres, mirent en doute la sagesse et
la charité d’envoyer une destruction totale sur le genre
humain. « Penses-tu, dit le Seigneur à Baruch,
que ce Très-Haut se réjouit de ces choses ou que
son nom est glorifié ?... Pour cette raison, va, et
enseigne autant que tu en es capable, afin qu’ils apprennent de
manière à ne pas mourir au dernier temps, mais
apprennent afin qu’ils puissent vivre à la fin des temps
[386]. » Dieu réprimande gentiment Esdras : « Tu
es loin d’être capable d’aimer plus que moi mes
créatures [387] » (Esdras 8:47). Et comme nous
l’avons vu, Énoch, dans le récit de Joseph Smith,
rend le témoignage le plus puissant de tous, qu’il a été
jusqu’à voir Dieu pleurer ! (Moïse 7:28).
Tous ceux qui étaient disposés
à se repentir furent dûment mis en sécurité.
Ce ne furent que ceux qui refusèrent obstinément
d’écouter pendant des années, le « reste
[inique] du peuple » qui dut être abandonné à
la destruction. Ceux qui trouvèrent refuge dans l’arche
ne furent en aucune façon les seuls à être
sauvés. Beaucoup étaient partis avant. Ceci est une
autre phase intéressante de la relation Noé-Énoch.
Moïse 7:25
[Hénoc] vit des anges descendre du ciel… Moïse
7:26 Et il vit Satan; et il avait une grande chaîne à
la main, et elle voilait de ténèbres toute la
surface de la terre… Moïse 7:27 Et Hénoc vit
des anges descendre du ciel… et le Saint-Esprit tomba sur
un grand nombre de personnes, et elles furent enlevées en
Sion par les puissances du ciel.
|
Beatty 102:3 Et pendant
que toute la terre était ébranlée… et
dans la confusion, les anges étaient occupés à
exécuter ce qui leur avait été commandé
[syntachthen]
Apocr. de Jean 3:38: Non
seulement Noé, mais aussi d’autres de la génération
qui étaient loyaux et fidèles entrèrent et
s’enveloppèrent dans un nuage de lumière, et
le Seigneur était au milieu d’eux. Car les ténèbres
étaient déversées sur toute la terre. »
Apocr. de Jean 1:73:7 Noé
ne fut pas le seul [à être sauvé], mais des
hommes de la génération des loyaux et fidèles
[les inébranlables] se rendirent en un lieu spécial
11 et là ils furent enveloppés dans un nuage de
lumière 13 et Noé était conscient de son
appel divin en même temps que ceux qui étaient avec
lui quand la lumière les éclaira. Car les ténèbres
avaient été déversées en tout lieu sur
toute la surface de la terre. Il tint conseil avec les anges
74:1 et les anges furent envoyés vers les enfants des
hommes.
Ap. d’Adam 69 (63)
Après cela, de grands anges viendront dans des nuages
élevés et emmèneront ces gens vers l’endroit
où est l’esprit de vie… et ils descendront des
cieux sur la terre et toute la multitude de la chair périra
dans l’eau.
|
Bien qu’il y ait eu plusieurs fois
sur la terre des communautés qui aspiraient à la gloire
de Sion, c’est vers le retour final de Sion dans les
derniers jours que les prophètes ont tourné les yeux.
Et bien que l’Église, dans chaque dispensation, ait eu
certains aspects qui ressemblaient à la Sion d’Énoch,
le parallèle le plus proche sera la Sion de la fin des temps.
Moïse
7:62 Je préparerai…
une Ville sainte, afin que mon peuple puisse… attendre le
temps de ma venue; car là sera mon tabernacle, et elle sera
appelée Sion, une nouvelle Jérusalem… Moïse
7:64 Et là sera ma demeure, et ce
sera Sion, qui sortira de toutes les créations que j'ai
faites. Et la terre se reposera pendant mille ans.
|
Jub. 1:27 Et il [Dieu]
dit à l’ange de la présence [Sar ha-Panim ou
Énoch] : Écris pour Moïse depuis le
commencement de la création jusqu’au moment où
mon sanctuaire a été bâti pour toute
l’éternité, et le Seigneur apparaîtra
aux yeux de tous et tous sauront que je suis le Dieu d’Israël…
et le Roi sur le Mont Sion pour toute l’éternité.
Et Sion et Jérusalem
seront saintes… jusqu’à ce que le sanctuaire
du Seigneur soit fait à Jérusalem sur le Mont Sion
et que tous les luminaires soient renouvelés pour la
guérison et pour la paix et pour la bénédiction
pour tous les élus d’Israël, et qu’il en
soit ainsi depuis ce jour pendant tous les jours de la terre.
|
Que la ville « sera appelée
Sion, une nouvelle Jérusalem » semble être un
anachronisme évident dans un livre écrit soi-disant
avant le Déluge. Pourtant l’idée est confirmée
d’une façon frappante dans le Testament de Lévi,
un écrit juif très ancien, totalement ignoré
jusqu’au siècle actuel [388], où se trouve une
prophétie expressément attribuée à
Énoch : « Car un tabernacle (oikos) que
se choisira le Seigneur s’appellera Jérusalem, comme il
est écrit dans le livre d’Énoch le Juste. »
(Test. de Lévi 10:5)
R.H. Charles cite des passages parallèles
sur ce thème dans le livre d’Énoch et le livre
des Jubilés pour montrer que ce dernier s’inscrit dans
la tradition authentique d’Énoch, puisque, comme il le
dit, « la ressemblance dans les termes et dans la pensée…
ne peut être considérée comme accidentelle
[389] ». Il souligne que les mots clés démontrent
la parenté :
Én. 5:9 Ils
achèveront le nombre des jours de leur vie. Et leur vie
sera augmentée dans la paix. Et les années de leur
joie seront multipliées.
|
Jub. 23:27, 29) Et les
jours commenceront à devenir nombreux et augmenteront parmi
les enfants de hommes… Et tous leurs jours seront complets
et ils vivront dans la paix et dans la joie.
|
Un article récent paru dans le
Scientific American indique que certaines des idées
conventionnelles du judaïsme et du christianisme anciens doivent
être radicalement corrigées au vu des nouvelles
découvertes de documents. M.E. Stones note que « les
plus importantes de ces découvertes ont été le
livre d’Énoch et le livre des Jubilés, tous deux
traduits de l’éthiopien au 19e siècle. Puis il met en parallèle les passages suivants
d’Énoch et de Jude pour montrer « qu’il
est évident que le livre d’Énoch a servi de
source pour l’épître de Jude… et pour
d’autres écrits du christianisme primitif. ».
Énoch : « Et
voici, il vient avec les myriades de ses saints pour exercer son
jugement sur tous et pour détruire tous les impies, pour
condamner toute chair de toutes les œuvres de leur impiété,
qu’ils ont commises dans l’iniquité, et de
toutes les choses dures que les pécheurs impies ont dites
contre eux. »
|
Jude : « Et
c’est aussi pour eux qu’Énoch, le septième
depuis Adam, a prophétisé en ces termes :
Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, pour
exercer un jugement contre tout et pour faire rendre compte à
tous les impies parmi eux de tous les actes d’impiété
qu’ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses
qu’ont proférées contre lui des pécheurs
impies. »
|
Maintenant, ces parallèles, donnés
comme preuve décisive de l’affinité authentique
d’écrits anciens, sont-ils plus contraignants que ceux
existant entre ces mêmes sources anciennes et le livre de Moïse
qui nous a été donné par le prophète
Joseph Smith ?
Moïse 7:62
Je ferai descendre la justice des cieux… et je ferai en
sorte que la justice et la vérité balaient la terre
comme un flot, pour rassembler mes élus des quatre coins de
la terre, vers un lieu [qui]… sera [appelé] Sion,
une nouvelle Jérusalem… Moïse 7:64 Et là
sera ma demeure, et ce sera Sion, qui sortira de toutes les
créations que j'ai faites. Et la terre se reposera pendant
mille ans.
|
1 Én. 39:5 Là
mes yeux virent leurs habitations au milieu des anges de sa
justice, et leurs lits de repos au milieu des saints….et la
justice coulait comme de l’eau devant eux, et la miséricorde
comme de la rosée sur la terre : ainsi en sera-t-il
parmi eux, jusque dans les siècles des siècles. Et
dans ce lieu, mes yeux virent l’Élu de justice et de
fidélité. Je vis sa demeure…
|
Moïse 7:66
Mais avant ce jour-là,
il vit de grandes tribulations parmi les méchants…
Moïse 7:67… Et il vit le jour des justes, l'heure de
la rédemption, et reçut une plénitude de
joie.
|
Ap. d’Abraham 29:14
Avant même que ne commence à croître le siècle
de justice et d’abondance, mon Jugement viendra sur les
païens iniques par le peuple né de ta semence et mis
de côté par Moi. 15 Ces jours-là, je ferai
venir dix plaies … sur toute la création terrestre.
17 Alors resteront les hommes justes de ta semence…
Ils se hâteront dans la gloire de mon nom vers le lieu qui
leur est préparé depuis longtemps [Jérusalem]
où ils pourront vivre en sécurité pendant les
siècles de justice.
|
Des nombreuses figures de style
frappantes qui rattachent définitivement le langage
particulier de l’Énoch de Joseph Smith à celui
des sources anciennes, aucune n’est plus intéressante
que celle qui a trait à la préservation de l’Arche,
un passage qui, à l’évidence, intrigue les
scribes éthiopiens mais qui ressort clairement dans le texte
de Joseph Smith :
Moïse 7:43 C'est
pourquoi Hénoc vit que Noé bâtissait une
arche, et que le Seigneur souriait sur elle et la tenait dans sa
main; mais les flots s'abattirent sur le reste, qui était
méchant, et l'engloutirent.
|
1 Énoch 67:2 Et
maintenant des anges vont travailler des bois (construire ?
R.H. Charles note : « Ce récit
diffère de 89:1 où il est dit que Noé
lui-même fit l’arche ») et quand les anges
auront achevé cette œuvre, j’étendrai ma
main sur elle et je la garderai.
|
Les
saints des derniers jours ont reçu comme enseignement de
considérer leur dispensation comme l’inauguration du
rétablissement final de Sion. L’Église elle-même,
qui ne sera plus jamais ôtée de la terre, doit
s’approcher le plus étroitement possible du modèle
de la Sion d’Énoch car ceux qui « ont
été dispersés retourneront dans les terres de
leur héritage et bâtiront les lieux désolés
de Sion… pour être établis, pour ne plus être
renversés » (D&A 103:11-13). C’est la
même œuvre sous les mêmes auspices : « Je
suis celui-là qui a pris la Sion d’Énoch en son
sein… même tous ceux qui ont cru en mon nom »
(D&A 38:4). Les saints des derniers jours « sont ceux
qui ont rejoint….l’assemblée générale
et l’Église d’Hénoc et du Premier-né… »
(D&A 76:67). « Le Seigneur parla à Énoch
[Joseph Smith, fils], disant : Il faut que mon peuple soit
organisé… dans le pays de Sion… ou, en d’autres
mots, la ville d’Énoch [Joseph] comme
institution et ordre permanent et éternel pour mon Église. »
(D&A 78:1-4).
Sion
est la désignation ordinaire de l’Église établie
dans le monde : « le pays de Sion » étant
« en d’autres mots, la ville d’Énoch »
(D&A 78:3-4). Même si l’œuvre en est encore à
ses débuts, on peut dire à juste titre :
« c’est la nouvelle chapelle » alors
qu’on n’a posé que les fondations. Ainsi, l’Église
peut être appelée Sion même si son œuvre est
à peine commencée : « Mon peuple doit
être mis à l’épreuve en tout, pour qu’il
soit préparé à recevoir la gloire… de
Sion » (D&A 136:31). Et s’ils sont fidèles,
« ils auront, après de nombreux jours, le pouvoir
d’accomplir tout ce qui a trait à Sion » (D&A
105:37). Les saints sont invités à ne pas désespérer :
« Ne vous souciez pas de Sion, car je serai
miséricordieux envers elle » (D&A 111:6) et
« Sion sera rachetée quand je le jugerai bon »
(D&A 136:18). « Sion sera rachetée, bien
qu’elle soit châtiée pour un peu de temps »
(D&A 100:13). Brigham Young rappelait constamment aux saints la
nature préparatoire de l’œuvre dans laquelle ils
étaient engagés :
« Nous avons commencé à
nous organiser, je dirai partiellement, dans le Saint Ordre que Dieu
a établi pour son peuple à toutes les époques du
monde, quand il y a eu un royaume sur la terre. Nous pouvons
l’appeler l’ordre d’Énoch, l’ordre de
Joseph, l’ordre de Pierre ou d’Abraham, ou de Moïse,
et puis remonter jusqu’à Noé et ensuite passer à
notre situation actuelle ici et dire que nous allons nous organiser
autant que nous le pouvons… en vertu des lois
du pays. De nombreux secteurs de l’industrie ont été
organisés ici pour aider au soutien de chacun, pour œuvrer
pour le bien de tous et établir la coopération au sein
de l’Église dans ce lieu » (JD 17:113).
Dans les années qui suivirent
l’entrée dans la vallée du lac Salé, il
mit surtout l’accent sur le thème de la préparation
et sur l’utilité de l’adversité.
« Je n’ai jamais
attribué l’expulsion des saints du Comté de
Jackson à autre chose qu’à la nécessité
de les châtier et de les préparer à édifier
Sion. » (JD 13:148)
Nous ne sommes pas encore prêts
pour aller établir le Pieu central Sion. Le Seigneur a
commencé par l’essayer… Il a donné
révélation sur révélation, mais le peuple
n’a pas pu les supporter. » (JD 11:324).
« Sommes-nous préparés
pour Sion ?... Pourrions-nous rester à Independence ?
Non, nous ne le pourrions pas… Les saints peuvent-ils voir ?
Non, ou seulement quelques-uns d’entre eux ! (JD, 15:3.)
« Et
puis, ne soyez pas trop pressés de voir le Seigneur hâter
son œuvre. Que notre hâte se centre sur une seule chose,
la sanctification de notre cœur, la purification de nos
affections, notre préparation à l'approche des
événements qui arrivent rapidement sur nous. Voilà
ce dont nous devons nous soucier, voilà ce que nous devons
étudier, voilà ce qui doit faire l'objet de nos prières
quotidiennes, et non pas être pressés de voir le
renversement des méchants. »
(JD 9:3).
Supposons que Joseph n’ait pas été
obligé de fuir de Pennsylvanie dans l’état de New
York, aurait-il pu connaître autant de choses que ce qu’il
a appris plus tard ! Supposons qu’il ait pu rester en paix
dans le vieux comté d’Ontario, sans être
persécuté, aurait-il pu apprendre autant que ce qu’il
a appris en étant persécuté ?...
« Joseph n'aurait pas pu être
rendu parfait, quand bien même il aurait vécu mille ans,
s'il n'avait subi des persécutions… Vous pouvez
calculer que lorsque notre peuple est appelé à
traverser des périodes d'affliction et de souffrances, et à
être chassé de chez lui, abattu, dispersé, frappé
et écrasé, le Tout-Puissant fait avancer son œuvre
plus rapidement. (JD 2:5, 7-8).
« Il en est de même avec
l’Israël ancien. Ils ont dû voyager d’un côté
à l’autre du compas et ont été consumés
parce que Dieu était décidé à sauver leur
esprit. (JD 4:53).
« Pendant que nous étions
à Winter Quarters, le Seigneur m’a donné une
révélation… J’ai parlé à mes
frères… mais à l’exception d’un ou
deux des Douze, cela n’a pas touché un seul homme…
J’aurais donné [des millions] si le peuple avait été
préparé à recevoir alors le Royaume de Dieu
selon le modèle donné à Énoch. Mais je
n’ai pas pu les toucher. » (JD 18:244)
L’explication de la réticence
des saints était clairement le fait qu’ils étaient
totalement préoccupés par leur séparation d’avec
le monde, laquelle était violente et contraignante, mais était
un prélude nécessaire à Sion. « Rassemblez-vous,
ô peuple de mon Église, au pays de Sion… c’est
pourquoi… que ceux qui sont parmi les Gentils fuient en Sion…
Et que ceux qui sont de Juda s’enfuient à Jérusalem,
à la montagne de la maison du Seigneur » (D&A
133:4, 12-13). Ils cherchaient un lieu sûr, « le
pays de Sion… pour la défense, le refuge contre la
tempête, et contre la colère, lorsqu’elle sera
renversée sans mélange sur toute la terre. »
(D&A 115:6). La construction de la ville se ferait plus tard.
Le départ spectaculaire de la Sion
d’Énoch ne sera égalé que par son retour
tout aussi étonnant. Il y a des choses qui dépassent
largement l’expérience quotidienne de l’homme.
« Voici, je vous le
dis, il faut que la rédemption de Sion vienne par le
pouvoir. » (D&A 103:15). Une fois que Sion sera
établie à sa place, elle sera comme une sorte de tête
de pont, préparant la voie pour le retour de la Sion d’Énoch
et alors les deux fusionneront.
Moïse 7:63. Alors tu
les y rencontreras, toi et toute ta ville; et nous les recevrons
dans notre sein, et ils nous verront; et nous nous jetterons à
leur cou, et ils se jetteront à notre cou, et nous nous
embrasserons les uns les autres.
|
1 Én. 39:1. Et il
arrivera en ces jours que les enfants élus et saints
descendront du haut des cieux et leur postérité
deviendra une avec les enfants des hommes.
4 Esdras 13:36. Quand
Sion apparaît elle est tout à fait parata et
aedificata – une ville tout à fait finie et parfaite
– venant comme une montagne découpée sans
l’aide d’aucune main, dont l’édificateur
et le souverain est Dieu
|
D&A 45:11 Laissez-moi
vous montrer ma sagesse, la sagesse de celui que vous dites être
le Dieu d'Hénoc et de ses frères, D&A 45:12 qui
furent séparés de la terre… ville tenue en
réserve jusqu'à ce qu'un jour de justice vienne…
|
Berl. Manich. Copt. Ms p.
12. Kap 1.1. Quand mon Apôtre [Énoch] s’élèvera,
il sera élevé avec son église et ils seront
élevés de la terre. 5. Elle prendra la forme de mon
assemblée [ekklesia] et sera libre dans la hauteur.
|
Treizième partie
(Ensign, août 1977)
L’« Énoch »
des Manuscrits de la mer Morte
La traduction longtemps attendue du livre
d’Énoch des manuscrits de la mer Morte. (J. T. Milik et
M. Black, dir. de publ., Les Livres d’Énoch, Fragments
araméens de la grotte IV de Qumran, Oxford, Clarendon Press,
1976), arrive juste à temps pour le dernier épisode de
cette étude du livre d’Énoch. Le père
J. T. Milik, l’un des premiers savants à se trouver
sur place lorsque les manuscrits furent découverts, s’est
vu confier trente-deux fragments des livres d’Énoch
provenant de la grotte IV de Qumran ; et tous les savants
travaillant sur Énoch ont attendu impatiemment pendant ce
dernier quart de siècle pour voir quelles nouvelles
informations allaient être ajoutées, quelles théories
risquaient de s’effondrer, quelles hypothèses allaient
être confirmées par ces documents araméens, les
textes énochiens les plus anciens connus.
Voici ce qu’ils montrent :
Ces documents, datés du IIIe au
Ier siècle av. J.-C., confirment toute la littérature
énochienne que nous avons. Il y a eu un véritable livre
d’Énoch, écrit jadis en cinq parties. Voilà
qui met sérieusement à mal les critiques qui ont
soutenu pendant des années que les membres des sectes
anciennes utilisaient Énoch comme fourre-tout pour ce qu’ils
voulaient faire passer pour Écriture.
C’est un ravissement supplémentaire
pour les saints des derniers jours de lire que le professeur Milik
trouve que les textes grecs sont bien supérieurs aux textes
éthiopiens – le récit de Joseph Smith dans la
Perle de Grand Prix est plus proche du texte grec que des textes
éthiopiens. Les saints des derniers jours noteront aussi avec
intérêt la déduction du professeur Milik que l’un
des textes – le texte de Gizeh – fut indubitablement
préparé pour être enterré avec le défunt,
un parallèle avec l’usage prévu pour le texte
d’Abraham.
En outre, le professeur Milik travaille
avec la fascinante hypothèse qu’Énoch avait
préparé un récit de la création et de la
Loi de Dieu qui antidate naturellement celui de Moïse dans la
Genèse et voit dans Genèse 6:1-4, un passage qui a
longtemps laissé perplexes les érudits bibliques, une
citation de cette source énochienne plus ancienne. C’est
exactement ce qui se passe dans la source de Joseph Smith :
Moïse cite Énoch sur des événements qui se
sont produits peu après la Création.
Comme nous l’avons déjà
vu, l’histoire d’Énoch rentre dans la littérature
la plus ancienne du genre humain et le professeur Milik trouve des
liens avec les héros mythologiques de Sumer et de Babylone,
avec l’astronomie de l’Égypte et de la Phénicie
et les idées de la Mésopotamie concernant la terre.
Même s’il ne semble pas reconnaître toute
l’importance de la « figure d’Énoch »,
il fournit des éléments qui sapent une supposition de
plus des érudits : qu’Énoch est une
invention issue des espoirs et des aspirations des Juifs messianiques
du deuxième siècle av. J.-C., alors qu’en fait,
ce même peuple rejetait les textes d’Énoch à
cette même époque. Il passe en revue quelques textes
importants qui montrent que les auteurs du texte araméen
perdaient graduellement de l’intérêt pour les
textes énochiens pendant le premier siècle, les auteurs
de Masada allant jusqu’à éliminer le nom d’Énoch
pour le remplacer par celui de Noé, alors que les chrétiens,
par contre, le portaient aux nues et l’embellissaient de tant
de fioritures astrologiques qu’ils sapaient involontairement la
crédibilité d’Énoch pour les générations
futures.
À tous ces égards, les
fragments d’Énoch de Qumran IV, renforcent plutôt
qu’ils ne réinterprètent ce que nous, saints des
derniers jours, savions déjà au sujet d’Énoch.
Mais ces textes nouvellement traduits apportent une information
authentiquement neuve à notre collection – ce qui est
probablement le test le plus objectif des pouvoirs prophétiques
de Joseph Smith.
Ce qui m’a toujours paru être
le détail le plus bizarre du récit de l’Énoch
de Joseph Smith a été l’apparition on ne sait
d’où du nom du seul personnage non biblique nommé
dans tout le livre : Mahijah (Moïse 6:40). Mahijah est
celui qui pose à Énoch des questions pointues et à
qui il est répondu par une mention du lieu Mahujah, où
Énoch a commencé cette phase particulière de sa
mission (Moïse 7:2). C’est donc avec un sursaut qu’après
avoir parcouru tous les fragments de l’Énoch araméen,
sauf les derniers, sans avoir trouvé quelque chose de
particulièrement nouveau et en en venant à ces tout
derniers petits fragments, que le nom Mahujah m’a sauté
aux yeux encore et encore (p. 300. 302-305, 311, 314). Se pouvait-il
que ce soit là notre Mahujah ou Mahijah ? En fait, ce
pourrait être l’un ou l’autre, non seulement parce
que les semi-voyelles w et y s’écrivent quasiment de la
même façon dans l’écriture araméenne
et sont parfois confondues par les scribes, mais aussi parce que le
nom, tel qu’il est écrit dans le 4QEn, MHWY, est le même
que MHWY-EL qui apparaît dans Genèse 4:18 en tant que
grand-père d’Énoch – rendu dans la Bible
par Mehujaël, nom qui apparaît aussi dans la Septante
grecque sous la forme Mai-el et dans la Vulgate latine sous la forme
Mavia-el, montrant que Mahujah et Mahijah étaient le
même nom.
Alors ? Une coïncidence ?
Un géant ou un Veilleur nommé Mahujah ou Mahijah. Mais
bien plus qu’une coïncidence quand on le prend dans son
contexte. La seule chose qui rend le Mahijah du livre de Moïse
remarquable, c’est le fait qu’il pose des questions
directes et hardies à Énoch, donnant ainsi au
patriarche une ouverture pour appeler le peuple au repentir, le
renvoyant au livre de souvenir et lui parlant du plan de salut. Et
c’est exactement le rôle, et le seul rôle, que le
Mahujah araméen joue dans l’histoire. On ne trouve le
nom dans aucun des autres textes d’Énoch et l’histoire
non plus : c’est quelque chose qui est propre à la
version que Joseph Smith nous a donnée et au plus vieux
manuscrit connu d’Énoch. La traduction suivante est de
Milik et Black, de crainte que l’auteur soit accusé
d’avoir forcé le texte.
Moïse 6:39
Lorsqu'ils l'entendirent… la crainte envahissait
tous ceux qui l'entendaient.
|
4QEnGiantsb
1.20 [Là-dessus] tous les géants [et les nephilim]
prirent peur.
|
Moïse 6:40
Et un homme du nom de Mahijah vint à lui et lui dit:
Dis-nous clairement qui tu es et d'où tu viens.
|
et ils convoquèrent
MHWY et il vint vers eux. Et les géants lui demandèrent
et l’envoyèrent à Énoch ** lui disant :
« Va donc ** et sous peine de mort, tu dois *** et
écoute sa voix ; et dis-lui qu’il doit
t’expliquer et interpréter les rêves**
|
|
6Q8 I.* * Ohya et il dit
à MHWY : « **et (je ?) ne tremble pas.
Qui t’a montré tout (cela), dis [nous (?)]** »
Et MHWY dit : « ** Baraq’el, mon père,
était avec moi. »
|
Moïse 6:41
Et il leur dit: Je suis venu du pays … de mes pères,
qui a été jusqu'à présent un pays de
justice.
|
4QEn. Géantsc
[Ohyah, suivant le rapport de MHWY] : ** … mes
accusateurs** ils demeurent dans [les cieux], parce qu’ils
vivent dans de saintes demeures… ils sont plus puissants
que moi.
|
Moïse 6:42
Et… comme je quittais… par la mer de l'est, j'eus
une vision; et voici, je vis les cieux…
Moïse
7:2-3 Comme je voyageais… , je…
montai sur la montagne… je vis les cieux s'ouvrir…
|
4QEn. Géantsb
[MHWY… s’éleva dans les airs] comme le
tourbillon, et il vola…. et traversa la Solitude, le grand
désert** Et il aperçut Énoch et il l’appela
et lui dit : « Un oracle*** »
|
Moïse 6:45 Énoch :
Nous ne pouvons… nier… Moïse 6:46 Car nous
avons écrit un livre de souvenir parmi nous, selon le
modèle que le doigt de Dieu nous a donné…
dans notre langue.
|
4QEn. Géantsa
7.** à toi, MH[wy**] les deux tablettes** et la seconde n’a
pas encore été lue jusqu’à maintenant.
8. Le li[vre de ** La copie de la seconde tablette de l’épître**
écrite] par Énoch, de la main même du
distingué scribe** et le Saint à Shemihazah et tous
[ses] com[pagnons].
|
Moïse 6:47 Et
tandis qu'Hénoc disait les paroles de Dieu, le peuple
trembla et ne put demeurer en sa présence.
|
4QEnGéantsa
Frg 4 ** Ohyah dit à Hahyah, son frère***ils se
prosternèrent et commencèrent à pleurer
devant [Énoch(?)**].
|
Moïse 6:48
Et il leur dit… nous avons pour lot la misère et le
malheur…
Moïse
6:49… charnels, sensuels et diaboliques et ils sont exclus
de la présence de Dieu.
|
4QEnGéantsa
Frg 8. Le fragment le plus long : décrit la
dépravation et la misère du peuple. Leur demande est
rejetée : Dieu les a chassés. Tout est « pour
le pire ».
|
Moïse 6:52
Si tu veux te tourner vers moi… te repentir… et tu
demanderas tout en son nom… tout… te sera donné.
|
(Dernière ligne)
Et cependant, détachez vos liens (du péché)
qui [vous] enchaînent** et commencez à prier.
|
Moïse 7:13
Et… il [Hénoc] conduisit le peuple de Dieu et leurs
ennemis vinrent se battre contre eux. Et il dit la parole du
Seigneur, et la terre trembla…
|
4QEn.Géantsc
. (Ohyah, l’ennemi d’Énoch) : « …
par la force de mon pouvoir, [j’avais attaqué] toute
chair et je lui avais fait la guerre… ils vivent dans des
demeures saintes et… ils sont plus puissants que moi. »
|
et le rugissement des
lions se fit entendre du désert;
et toutes les nations
furent saisies d'une grande crainte.
|
[Là-dessus**] le
rugissement des bêtes sauvages se fit entendre et la
multitude des animaux sauvages commença à crier** Et
Ohyah parla…. « Mon songe [m’]a accablé?
*** et le s[ommeil] de mes yeux [a fui]…
|
Moïse 7:37.
… ceux-ci vont souffrir.
Moïse 7:38.
… ceux… périront dans les flots; et voici, je
les enfermerai; je leur ai préparé une prison.
|
4QEnGéantsa
Frg 7. Alors Ohyah [dit] à Hahyah, son frère **
Alors Il (Dieu) punit… les [fils] des Veilleurs, les
géants, et tous [leurs] bien-aimés ne seront pas
épargnés*** il nous a emprisonnés et toi, il
t’a soumis (litt. tqaf, saisi, emprisonné).
|
En gardant à l’esprit que
les fragments araméens sont rares, très petits et
arrangés dans l’ordre que les éditeurs pensent
être le meilleur, il est quand même possible de voir que
les thèmes du récit de Joseph Smith apparaissent
clairement au milieu de toutes les modifications et vicissitudes très
manifestes qui se sont produites dans les textes anciens.
FIN