L’histoire de l'Église en Polynésie française
Yves Perrin
Papeete, Tahiti, 1982
PRÉFACE
Aucune reconstitution
historique aussi fidèle qu’elle soit ne peut rendre à chacun des
participants l’hommage qui lui est dû. L’abrégé de l’histoire de
l’Église mormone en Polynésie Française qui suit n’échappe
malheureusement pas à cette règle. Il est donc nécessaire d’exprimer
des remerciements sincères à certaines catégories de participants dans
une ou plusieurs desquelles tous ceux qui ont œuvré à l’agrandissement
du royaume dans cette partie de la vigne pourront s’identifier.
Le peuple tahitien :
Les nombreuses qualités du peuple Tahitien font que ceux qui sont nés
sur cette terre bénie peuvent être fiers de leur héritage et que ceux
qui y sont venus de l’extérieur restent à jamais marqués par leurs
expériences. Les pages qui suivent montrent que le Seigneur n’a pas
oublié ses enfants vivant à Tahiti. Il avait promis par l’intermédiaire
du prophète Néphi : « ne
savez-vous pas que moi, le Seigneur votre Dieu, j’ai créé tous les
hommes et que je me souviens de ceux qui sont sur les îles de la mer… »
(2 Néphi 29 :7)
Les acteurs : C’est
aux nombreux membres, dirigeants et missionnaires qui ont
laborieusement travaillé dans cette région du monde que cet abrégé
historique est particulièrement dédié. Ceux dont les noms ne figurent
pas dans les pages qui suivent auront souvent eu une influence, par
leurs témoignages et leurs sacrifices, aussi profonde que ceux qui
figurent dans cet ouvrage.
Les chroniqueurs :
Cet abrégé historique a été réalisé grâce à ceux qui ont patiemment
compilé les rapports historiques de la Mission et du pieu ainsi qu’aux
dirigeants qui ont écrit leur Journal personnel. Il faut également
remercier les auteurs qui suivent pour leurs ouvrages : James S. Brown
: Life of a Pioneer ; S. George Ellsworth : Zion in Paradise ; Bengt
Danielson pour son article sur les mormons dans le Mémorial Polynésien
– Tome 2 desquels se sont inspirés les compilateurs.
Les compilateurs : Des
remerciements sincères doivent être adressés au Système éducatif de
l’Église et à son représentant en Polynésie Française, Jean A. Tefan,
pour les encouragements et le soutien fournis. Un remerciement tout
particulier doit être exprimé à Carolyn Bonnet et Anne-Marie
Ruffier-Meray pour leur patient travail de recherche dans les documents
originaux ainsi que pour leur travail de compilation et traduction.
Leur travail a été capital dans la finition de ce document dans les
délais fixés. Un grand merci doit également être adressé à Leila
Hapairai pour la composition graphique de la couverture, à Photolux
pour m’avoir permis d’utiliser certaines photos et aux secrétaires de
l’école mormone pour leur aide précieuse. Je dois préciser que malgré
mes recherches, je n’ai pas pu trouver des photos des trois derniers
présidents de Mission avec leurs missionnaires et que celles-ci
manquent malheureusement à la fin de cet ouvrage.
Il est nécessaire de
souligner que de nombreuses manifestations du pouvoir de la prêtrise
n’ont pas été retenues dans cet ouvrage et que celles qui ont été
gardées sont destinées à permettre à chacun de mettre en pratique
l’exhortation d’Alma : « Et
maintenant, mes frères bien-aimés, je désire ... que vous viviez en
rendant grâces, chaque jour, pour les miséricordes et les bénédictions
qu’il vous accorde. » (Alma 34 :37-38)
Yves Perrin, Papeete, Tahiti, juin 1982
L’ÉVÈNEMENT PAR LE TEXTE
Tout commence le 11 mai 1843 à
Nauvoo, lorsque Joseph Smith entouré du Collège des douze apôtres
décide d'envoyer Addison Pratt, Knowlton F. Hanks, Noah Rogers et
Benjamin F. Grouard en mission à plein temps aux îles Sandwich (Hawaii).
Noah Rogers est le plus âgé et possède une solide expérience
dans les affaires de l'Église : il est donc désigné comme chef du petit
groupe. Knowlton F. Hanks, qui est le seul à ne pas être marié, souffre
de tuberculose et l'on espère que ce voyage l'aidera à se rétablir.
Quant à Addison Pratt et
Benjamin F. Grouard, ils s'intègrent tout naturellement dans une telle
aventure car tous les deux sont d'anciens marins et connaissent déjà le
Pacifique. Le premier en 1822 a même commandé un navire aux îles Hawaii
et a vécu six mois à Oahu où il a pu
apprendre la langue locale. Le second est un excellent matelot et un
remarquable mécanicien puisqu'il a participé à la construction du
premier cuirassé des États-Unis.
Les futurs missionnaires quittent Nauvoo le 1er juin 1843 et s'embarquent à New Bedfort le 9 octobre de la même
année sur le baleinier « Timoleon », à destination des îles de la
Société, car il n'y a pas, semble-t-il, de bateau en partance pour
Hawaii.
Malheureusement après un mois
de mer, Elder Hanks meurt et son corps est immergé. Le reste du voyage
s'effectue sans problème, mais il faut sept mois au « Timoleon » pour
arriver en Polynésie, plus exactement à Tubuai, où il jette l'ancre le
30 avril 1844.
Dès que les natifs apprennent
la présence de missionnaires à bord, ils réclament avec insistance
qu'au moins l'un d'entre eux demeure dans l'île. Addison Pratt qui est
le moins dépaysé par les habitudes et la langue locale se porte
volontaire, désireux de répondre « à la gentillesse, au sens de
l'hospitalité et au besoin de religion manifesté par les habitants. »
Le « Timoleon » quitte Tubuai
le 9 mai et entre dans le port de Papeete le 15 avec à son bord les
Elders Rogers et Grouard. Les débuts de l'Église à Tahiti sont
difficiles et peu de personnes assistent aux réunions tenues par les 2 missionnaires. Au début du mois d'octobre
Elder Noah Rogers part pour Huahine où il restera jusqu'au début du
mois de janvier 1845. En avril, c'est au tour d'Elder Grouard de
quitter Tahiti et le 23avril 1845, il embarque à Tahiti pour
l'île de Anaa ou île de la Chaîne, située à environ deux cents miles à
l'est de Tahiti. Il écrit : «
Nous avions beaucoup entendu parler d'une île, appelée île de la Chaîne
où Anaa, dans l'archipel des Tuamotu's, et située à environ deux cents
miles à l'est de Tahiti, mais ces récits étaient généralement si
défavorables que nous n'avions, jusqu'à maintenant, aucune envie de
nous y rendre. On nous l'avait décrite comme une terre très basse à
peine au-dessus du niveau de la mer, ne produisant rien si ce n'est des
noix de coco, et peuplée d'habitants sauvages, vindicatifs et sans
lois. En un mot, on nous avait prévenus que nos vies ne vaudraient pas
chères au milieu de ces gens-là. Et pourtant nous n'avons accordé aucun
crédit à ces avertissements puisque la volonté de Dieu était qu'au
moins l'un d'entre nous aille dans cette île. »