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le Christ
Stephen
E. Robinson
©1995
Stephen Edward
Robinson
Titre de l'édition originale : Following Christ
Traduction :
Claude Boisseau
PRÉFACE
REMERCIEMENTS
CHAPITRE 1 : L’ENTRÉE
DANS LE ROYAUME
CHAPITRE 2 : PERSÉVÉRER JUSQU’A
LA FIN
Que
signifie « être fidèle »
La
parabole des plongeurs Fidélité et repentir
Le
« Grand Changement »
CHAPITRE 3 : LA CHUTE D’ADAM ET ÈVE
La
Mortalité n’est pas notre élément naturel
Les
aspects familiers de la Chute
D’autres
aspects de la Chute
Pourquoi
avoir choisi d’affronter cette situation ?
La
bonne Nouvelle : l’expiation du Christ
CHAPITRE 4 : LA FOI ET LES OEUVRES
Alors
pourquoi travailler ?
D’autres
raisons de travailler à notre salut
Les
oeuvres : une nécessité
La
foi et les oeuvres
L’alliance
Travailler
à son salut
Frustrations
et miséricorde divine
CHAPITRE 5 : LES DANGERS DE LA PERSÉVÉRANCE
Déception
Révélation
par la rumeur ?
Le
troupeau entend ma voix
Plus
ou moins
Menteur
dès le commencement
Résister
à la rancune charnelle
Deux
genres d’hypocrisie
D’autres
dangers : les sado-masos spirituels
L’iniquité
CHAPITRE 6 : LE PREMIER COMMANDEMENT
Mettre
la charrue avant les boeufs
L’œuvre
de Dieu
Un
amour inconditionnel
La
foi, l’espoir et la charité
Une
instructrice de la Primaire
Un
dirigeant scout
Grand’mère
préférait la carcasse des poulets
Passez
à votre voisin
PRÉFACE
Il
y a quelque temps j’ai écrit un livre sur les premiers
principes de l’Évangile que certains membres de l’Église
ont trouvé utile. Ce livre, « Croire le Christ »,
Parabole de la bicyclette et autres bonnes nouvelles »,
explique ce que veut dire avoir foi dans le Seigneur Jésus-Christ
et être justifié par la foi grâce à
l’alliance de l’Évangile, dont la plénitude
a été rétablie en ces derniers jours. Cependant,
comme l’ont montré de nombreux lecteurs, notre vie ne
s’arrête pas après avoir contracté
l'alliance. Dès que nous sommes nés de nouveau, nous
devons faire face à la nécessité de continuer à
vivre. La plus grande frustration que beaucoup de gens ressentent
c’est peut-être que, sans exception, nous sommes
convertis avant d’être rendus parfaits. Cela signifie que
tous autant que nous sommes, devons boiter pendant un temps assez
long au cours duquel nos objectifs et nos désirs ne
correspondent pas avec nos réalisations et pendant ce temps-là
nous devons faire confiance à Dieu dans tous les aspects de
notre vie. Cette condition ne concerne pas seulement l’inadapté
spirituel, mais c’est le lot commun de tout un chacun dans
l’Église. Aussi la question logique qui suit est
celle-ci : « Si Dieu n’exige pas de moi la
perfection absolue tout de suite après ma conversion,
qu’attend-il de moi, et comment suis-je censé y
arriver ? Maintenant que je suis né de nouveau, qu’est-ce
que je fais du reste de ma vie ?
L’endurance
est un des termes le plus utilisé dans les Écritures
concernant ce que Dieu attend du converti. Une fois entrés
dans l’alliance de la grâce par le baptême, il nous
est demandé d’endurer jusqu’à la fin. Ainsi
l’expression « endurer jusqu’à la fin »
décrit de façon adéquate notre obligation à
respecter l’alliance depuis le moment de notre conversion
jusqu’à notre mort.
Alors
que « Croire le Christ » traitait de l’entrée
dans l’alliance, ce livre insistera sur le fait de rester dans
l’alliance. Le livre précédent insistait sur la
croyance en Christ et d’aller au Christ ; le présent
volume parle de suivre et d’adorer le Christ. Si être
véritablement converti c’est accepter le Christ comme
Seigneur et faire de lui le Seigneur de de
notre vie, alors, ceci doit se refléter d’une façon
ou d’une autre dans notre vie ; mais comment ?
Comment le fait de naître de nouveau se traduit-il dans notre
comportement après notre conversion ? Après tout,
la foi et les œuvres ne sont pas les pôles opposés
que certains théologiens prétendraient qu’ils
soient, mais, dans le cadre de l’Alliance, ce sont plutot des
compagnons sous le même joug ou les deux faces de la même
pièce. C’est un peu débile de parler sans cesse
d’aller au Christ sans jamais dire où nous sommes une
fois que nous sommes convertis. L’autre
face de la pièce, la raison d’être des œuvres
exigées par l’Évangile du Christ, est le sujet de
ce livre.
REMERCIEMENTS
Je
tiens à remercier tous ceux qui ont permis que ce livre voie
le jour : mes élèves de l’École du
Dimanche qui m’ont encouragé. Fawn et Carol Morgan pour
m’avoir fourni un refuge pour me permettre d’écrire.
George Karlsven qui m’a aidé à rester en vie en
m’obligeant à marcher dans les collines de Grandview.
Debbie Parker, Sue Olstler, Larry Dahl, Dennis Largey et Karen
Stoddard qui ont lu le manuscrit et m’ont proposé des
suggestions d’amélioration. Et particulièrement
Deseret Book Company qui a tenu patiemment à aller jusqu’au
bout du projet alors que j’étais empêché
par diverses occupations. J’ai eu le bonheur d’avoir deux
excellentes secrétaires, que je veux remercier tout
particulièrement : Michelle
Green et Connie Lankford. Et comme toujours, je reconnais en Janet,
ma muse, dont l’amour souffle doucement sur les faibles
charbons de mes capacités et qui les fait briller pendant un
temps un peu plus que d’habitude.
CHAPITRE
UN : L’ENTRÉE DANS LE ROYAUME
Que
dois-je faire pour entrer dans le royaume de Dieu ? À
cette question les Écritures répondent de façon
étonnamment claire et explicite. Jésus dit dans
l’Évangile de Jean : « Car Dieu a tant
aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin
que tous ceux qui croient en lui ne périssent pas, mais qu’ils
aient la vie éternelle » (Jean 3 :16). Dans
l’Évangile de Marc, alors que Jésus ressuscité
envoie ses apôtres prêcher au monde entier, il leur dit
que « celui qui croit et est baptisé sera sauvé »
(Marc 16 :16). Que dit-il dans le Livre de Mormon ? « Le
Père commande à tous les hommes, de partout, de se
repentir et de croire en moi. Celui qui croit en moi, et est baptisé,
celui-là sera sauvé ; et ce sont ceux qui
hériteront du royaume de Dieu » (3 Néphi
11 :32-33). Le sens profond de ces Écritures et de
nombreuses autres qui s’en rapprochent nous échappent
souvent. En effet, ces Écritures à propos du salut, de
la vie éternelle ou du fait d’hériter du royaume
de Dieu soulignent les conditions à remplir pour entrer dans
l’alliance de l’Évangile et n’ont pas trait
à un lointain futur ou à la façon de vivre le
reste de sa vie. Les éléments qu’elles soulignent
se rencontrent au début de notre vie en Christ et au moment où
nous devenons membres de l’Église. En d’autres
termes, « mettre sa vie en accord avec Dieu »
et devenir héritiers du salut consiste à aller au
Christ et à entrer dans l’alliance de son Évangile.
Nous le faisons en ayant foi au Christ, en nous repentant de nos
péchés et en étant baptisés par immersion
pour la rémission des péchés. Nous recevons
alors de Dieu le don ineffable du Saint-Esprit. C’est pourquoi
nous insistons davantage sur notre conversion initiale en Christ que
sur le jour du Jugement dernier.
Avec
ceci à l’esprit, lisez les paroles de Moïse dans la
Perle de Grand Prix : « Le Seigneur Dieu appela des
hommes de partout par le Saint-Esprit et leur commanda qu’ils
devaient se repentir. Et tous ceux qui croiraient dans le Fils, et se
repentiraient de leurs péchés seraient sauvés,
et tous ceux qui ne croiraient pas et ne se repentiraient pas
seraient damnés, et les paroles sortirent de la bouche de Dieu
en un ferme décret, c’est
pourquoi elles
doivent
s’accomplir »
(Moïse
5 :14-15).
Croire,
se repentir, être baptisé, recevoir le Saint-Esprit,
tels sont les éléments trouvés dans les
Écritures, directement associés au salut, à
l’entrée dans le royaume ou au don de la vie éternelle.
Toutes ces choses arrivent au début de notre vie en Christ,
pas à la fin.
Les
saints des derniers jours hésitent à employer le terme
« être sauvé », comme le font les
protestants, dans le sens « être converti »
ou « venir au Christ », parce qu’ils
considèrent que ce salut est conditionné par leur
persévérance jusqu’à leur mort. Si
certains chrétiens contestent ce fait, il convient de lire les
paroles du Sauveur dans Matthieu 24 :13 : « Mais
celui qui persévère jusqu’à la fin,
celui-là sera sauvé » (voir aussi Matthieu
10 :22 ; Marc 13 :13 ; 2 Néphi
31 :15). C’est pourquoi les saints des derniers jours
hésitent à parler du Salut comme « une
affaire conclue » lors de cette vie (je suppose qu’ils
ne sont pas sûrs de rester fidèles jusqu’à
la fin). Les saints des derniers jours appliquent généralement
le terme ‘sauvé’ à leur situation après
le Jugement, au moment où cette situation sera devenue un fait
accompli, plutôt qu’à une promesse divine
conditionnée par leur « persévérance ».
D’autres chrétiens préfèrent appliquer ce
terme à la situation dans laquelle ils se trouvent au moment
où ils entrent dans l’alliance, ce qui est également
correct et en accord avec les Écritures1. Il est vrai par
ailleurs que si les croyants convertis restent fidèles, ils
sont « sauvés » au présent, alors
même que, d’après le Sauveur, ils seront sauvés
s’ils persévèrent jusqu’à la fin
(Matthieu. 10 :22 ; 24 :13, etc.). Certains
non-mormons pensent que le fait ‘d’être sauvé’
est irrévocable. Les saints des derniers jours ne sont pas
d’accord. D’autres supposent que les ‘sauvés‘
doivent juste rester fidèles. Les différences avec les
saints des derniers jours relèvent plus de la sémantique
que de la théologie.
Lisez
Moïse 6 :59 : « …C’est ainsi
que vous devez naître de nouveau dans le royaume des cieux,
d’eau, et de l’Esprit, et être purifiés par
le sang, même le sang de mon Fils unique, afin que vous soyez
sanctifiés de tous péchés, et jouissiez des
paroles de la vie éternelle dans ce monde, et de la vie
éternelle dans le monde à venir, même la gloire
immortelle ». De nouveau il nous est dit que la porte que
nous devons franchir pour « naître de nouveau dans
le royaume des cieux, être « sanctifiés »
et jouir de la « vie éternelle » et de
la gloire est symbolisée par le baptême et le don du
Saint-Esprit, ce qui signifie entrer dans l’alliance du
baptême. Une fois ces étapes franchies, nous faisons
partie du Christ. Nous faisons partie de son corps métaphorique,
l’Église (1 Corinthiens 12 :27), et nous
sommes justifiés par la grâce de Jésus-Christ
notre Sauveur. En d’autres termes, même si nous sommes
personnellement imparfaits, nous sommes déclarés
innocents parce qu’il est innocent et que nous faisons partie
de lui.
Par
la foi, le repentir et le baptême, nous sommes unis au Christ
et nous recevons une nouvelle identité en lui. Nous ne sommes
plus isolés, nous sommes maintenant en Christ, et il est en
nous, de même qu’un homme et une femme deviennent un par
l’alliance du mariage. Une épouse prend habituellement
le nom de son mari et devient héritière de ses biens à
lui ; de même nous prenons le nom du Christ sur nous pour
devenir héritiers de son royaume par sa mort. Étant
ainsi unis nous devenons une créature nouvelle, composée
d’une partie finie (nous) et d’une partie infinie
(Christ) (2 Corinthiens 5 :17). Puisque le Christ est
infini, c’est sa personnalité qui détermine le
verdict qui devra être prononcé à notre encontre
lors du Jugement. C’est pourquoi tant que nous restons un avec
le Christ dans cette nouvelle relation qu’est l’alliance
de l’Évangile, nous sommes, pour le moment, justifiés
et rachetés grâce à sa justice (2 Néphi
2 :3) parce que nous sommes devenus une partie de lui et que sa
justice est aussi la nôtre. Comme nous sommes un en Christ par
notre partenariat dans l’Évangile, nous bénéficions
du crédit dont jouit le Christ, et c’est son mérite
infini plutôt que nos piètres performances qui assurent
finalement un verdict de non-culpabilité pour la nouvelle
créature que, par son concours, nous sommes devenus en Christ.
Ce processus s’appelle « la justification par la foi
en Christ » (D&A 20 :30 ; Galates 2 :16).
Une
fois justifiés par la foi en Christ, nous sommes sanctifiés
ou rendus saints en recevant le don du Saint-Esprit (3 Néphi
27 :20 ; Alma 13 :12), et ceux qui sont sanctifiés
sont appelés « saints » (du latin
« sancti » ou saint). Sanctifiés
signifie « rendus saints ». Étant
déclarés innocents (justifiés par la foi), nous
sommes alors dignes de recevoir le Saint-Esprit et nous sommes rendus
saints par la réception de ce don. Tous les membres sincères
de l’Église reçoivent le don du Saint-Esprit et
sont sanctifiés à ce moment-là. C’est
pourquoi on les appelle collectivement « les saints ».
C’est de cette façon que Paul s’adresse aux
Corinthiens dans sa première épître : « À
ceux qui sont sanctifiés en Christ Jésus, appelés
à être saints » (1 Corinthiens 1 :2).
Ceux qui sont sanctifiés ou rendus saints par le Christ en ces
derniers jours sont appelés plus précisément
« saints des derniers jours ». Ainsi, pour
nous, les membres de l’Église, même le terme saint
par lequel nous sommes appelés témoigne que nous sommes
déjà saints grâce à l’expiation du
Christ bien que nous soyons encore dans la chair et que nous nous
débattions toujours dans la condition mortelle.
À
proprement parler, pour entrer dans le royaume de Dieu nous devons
avoir la foi en Jésus-Christ, nous repentir et être
baptisés. Pour montrer son engagement dans le processus et
pour accomplir l’alliance, Dieu nous donne le Saint-Esprit.
Ainsi, il est important de souligner le don du Saint-Esprit que nous
recevons lors de la confirmation. Ce don est le signe par lequel Dieu
nous montre qu’il accepte l’alliance du baptême par
laquelle nous sommes passés. Si nous recevons sincèrement
le Saint-Esprit et que nous apprécions ce don merveilleux,
c’est la preuve qu’à partir de ce moment-là
nous sommes véritablement dans l’alliance et dans le
royaume, justifiés par notre foi en Christ et sanctifiés
par le don du Saint-Esprit.
Je
traite ce sujet dans mon livre précédent « Croire
le Christ » auquel le lecteur se rapportera pour plus de
détails. Ainsi la ligne de démarcation entre ceux qui
sont sauvés et ceux qui ne le sont pas, entre ceux qui
héritent du royaume et ceux qui n’en héritent
pas, entre ceux qui sont justes devant Dieu et ceux qui ne le sont
pas n’est pas définie en fonction de « bons »
ou de « mauvais », car techniquement parlant,
nous sommes tous « mauvais » à un degré
ou à un autre (Romains 3 :23 ; Mosiah 2 :21).
Cette ligne de démarcation se définit plutôt par
notre acceptation ou notre rejet de l’alliance avec le Sauveur
Jésus-Christ, le seul être dans l’éternité
qui peut nous rendre notre innocence en nous incorporant à sa
nature infinie, parfaite et sans péché. Cette ligne de
démarcation est franchie lorsque nous accomplissons cette
alliance et que nous entrons dans l’Église de
Jésus-Christ. Comme le Christ est déjà dans le
royaume de Dieu, quand nous venons à lui, nous entrons aussi
dans le royaume.
Ce
que je veux souligner à ce propos devrait aller de soi, mais
pour beaucoup d’entre nous ça n’est apparemment
pas le cas. Pour les membres de l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours, ces étapes importantes, qui
correspondent à notre entrée dans le royaume, sont déjà
du passé. C’est de l’histoire. C’est
pourquoi nous n’attendons pas un éventuel futur verdict.
Si nous sommes dans l’alliance, le verdict a déjà
été rendu. Puisque toutes ces conditions : la foi,
le repentir, le baptême et la réception du Saint-Esprit
doivent être remplies avant d’être comptés
parmi les membres de l’Église, les fidèles sont
déjà dans le royaume. Nous y sommes maintenant. Pour la
plupart des lecteurs de ce livre, la merveilleuse porte d’entrée
a déjà été passée, et les portes
du royaume se sont doucement refermées derrière eux !
Celui qui est entré sincèrement dans l’Église
se trouve véritablement dans son royaume.
Il
est évident qu’il convient d’être dans
l’Église suite à un choix réfléchi
et pas seulement par le fait d’y être né ou pour
d’autres raisons de « mauvaise foi »,
telles que la famille, la société, ou des raisons
économiques.
De
nombreux saints des derniers jours qui croient au Christ, se sont
repentis, ont été baptisés et ont reçu le
don du Saint-Esprit, c’est à dire qui sont déjà
entrés dans l’alliance, continuent de croire, et d’agir
comme si le choix entre le royaume et les ténèbres
extérieures, entre le salut et la damnation, entre le céleste,
le terrestre et le téleste, devait se faire d’une façon
ou d’une autre dans le futur. C’est parce qu’ils
sont influencés par les traditions du monde qu’ils
croient cela. Trop de saints considèrent leur appartenance à
l’Église, pendant leur séjour ici-bas, comme une
sorte de vestibule ou d’antichambre située à
l’extérieur des portes du royaume. Ils pensent que s’ils
œuvrent diligemment ici-bas les portes du royaume finiront par
s’ouvrir pour qu’ils y soient reçus quelque part
dans le futur ; cette croyance est évidemment fausse.
Après
avoir reçu la bonne nouvelle du salut, ils se refusent à
ouvrir l’enveloppe et continuent à battre la campagne en
se demandant jour après jour s’ils sont « suffisamment
bons » pour bénéficier de ce qu’en
réalité ils possèdent déjà. Ils
sont comme un accusé, que le tribunal a déclaré
innocent, mais qui n’aurait pas entendu l’énoncé
du verdict. Des heures après il serait encore assis, seul sur
son banc, à se morfondre et à prier pour être
acquitté, alors que le juge et les jurés se seraient
prononcés depuis longtemps et seraient déjà
rentrés chez eux.
Ces
membres de l’Église croient que leur place dans le
royaume ne leur a pas encore été accordée. Parmi
ceux-là quelques-uns ne sont pas entrés dans l’Église
de bonne foi, les autres sont venus au Christ honnêtement, mais
n’ont pas compris ce qui se produit lorsqu’on a eu la
foi, qu’on s’est repenti, qu’on a été
baptisé et qu’on a reçu le don du Saint-Esprit.
On a passé la porte étroite et resserrée et l’on
se trouve déjà, sous conditions, dans le royaume de
Dieu. Il reste beaucoup à faire, mais on a passé la
porte, cette porte qu’est la foi, le repentir et le baptême.
« Car la porte par laquelle vous devez entrer c’est
le repentir et le baptême d’eau » (2 Néphi
31 :7). Le Seigneur a révélé à Emma
Smith par l’intermédiaire de Joseph, le prophète :
« Tous ceux qui reçoivent mon Évangile sont
des fils et des filles dans mon royaume » (D&A 25 :1).
Il
existe peut-être une raison pour laquelle tant de gens,
souvent, ne saisissent pas ce principe, c’est parce qu’il
y a une ambiguïté dans la façon dont on emploie un
certain terme. Quelquefois, mais ce n’est pas systématique,
« le royaume » ou « le royaume de
Dieu » se rapporte au royaume dans l’avenir, la
réalité physique ou la gloire à venir. C’est
ce sens par exemple qui est utilisé dans 1 Corinthien
15 :50 ; 2 Néphi 10 :25 ;
Alma 41 :4, et D&A 6 :13.
Mais dans d’autres passages, « le royaume »
est un nom collectif se rapportant à la société
des saints et est l’équivalent de « l’Église »
comme dans l’expression : « L’Église
et le royaume de Dieu ». C’est ce sens que l’on
trouve dans Luc 11 :20 ; D&A :27 et D&A
115 :19. Dans cette acception, le terme royaume ne désigne
pas un bien immobilier, mais, il est ici parmi nous (en anglais Luc
17 :21, donne « within » pour « dans »
au lieu de « among » [au milieu de], qui est
traduit correctement en
français). Les « Doctrine et Alliances »
font une distinction nette dans la section 65 :6 entre « le
royaume de Dieu » (le royaume actuel dont nous sommes
membres par le baptême) et « le royaume des cieux »
(le royaume politique futur qui sera établi en gloire). Il n’y
a pas deux royaumes, mais plutôt deux aspects du même
royaume. De plus, cette distinction particulière dans les
termes ne doit pas être poussée trop loin, car elle
n’est pas toujours observée dans les Écritures.
J’aime
la distinction qui est apportée dans le « Guide des
Écritures ». On y trouve deux références
pour « royaume » : « royaume de
Dieu dans les cieux » et « royaume de Dieu sur
terre ». On reconnaît par là les deux aspects
présent et futur pour le même et de plus, l’Évangile
de Matthieu utilise le terme de « royaume des cieux »
là où Luc et Marc utilisent « royaume de
Dieu ». Cet usage n’a pas pour fonction de spécifier
le royaume futur opposé au présent, mais Matthieu, qui
est un document spécifiquement juif, cherche à éviter
par respect la répétition trop fréquente du nom
de Dieu en le remplaçant par le mot cieux.
D’un
côté, le royaume est présent ici et maintenant en
tant qu’Église, et en tant que communauté des
saints. D’un autre côté, on doit encore l’attendre
en tant que réalité politique et géographique,
jusqu’à la seconde venue de notre Seigneur.
De
même le royaume se trouve ici dans un sens, mais que dans
l’autre il ne l’est pas encore, ainsi d’un côté
ma place dans le royaume à venir est sûre est certaine
(puisque la promesse de Dieu est sûre et certaine à
moins que je choisisse de partir), mais d’un autre côté,
je n’ai pas encore été glorifié. Bien que
je sois déjà racheté de la Chute par le Christ,
je dois toujours souffrir de ses conséquences ici-bas. C’est
pourquoi dans un sens je suis déjà sauvé,
l’expiation est accomplie et la victoire est acquise, mais je
ne suis encore pas totalement sauvé, puisque je dois lutter
dans la mortalité, je mourrai sûrement, et en réalité
je ne serai pas glorifié avant longtemps. Si on admet, que
ceux qui atteindront la gloire céleste (s’ils sont
sincères et fidèles) représentent le royaume
sont déjà ici alors ils sont sauvés maintenant,
si on considère ceux qui recevront la gloire céleste,
le royaume se trouve évidemment encore dans le futur.
Je
ne pense pas que les saints des derniers jours adopteront la
terminologie protestante et commenceront à parler du fait
« d’être sauvé » au temps
présent. Il existe un risque que l’on prenne en compte
les autres interprétations protestantes. Cependant, nous
devons comprendre que le salut conditionnel est une réalité
présente, que nous pouvons être certains maintenant de
ce que Dieu a promis pour le futur. Après tout, les saints des
derniers jours utilisent correctement le terme « être
scellé » au présent alors même que
nous savons que ces scellements sont conditionnés par notre
fidélité et ne seront pas pleinement effectifs avant
longtemps. Je suggère que l’on utilise l’expression
« être sauvé » de la même
façon. Nous sommes sauvés maintenant de la même
façon que la plupart d’entre nous le sont : à
condition d’être fidèles continuellement. En
supposant que nous sommes fidèles, nous pouvons dire que nous
sommes « sauvés », au même titre
que nous disons que nous sommes scellés même si la
pleine réalisation de cette promesse n’aura pas lieu
avant la résurrection.
Je
peux illustrer par un exemplela nature ambiguë du « déjà
ici, mais pas encore là » du royaume ou du fait
« d’être sauvé ». J’ai
emmené récemment ma petite fille, Mary, à la
pêche, et il était important pour moi qu’elle
attrape du poisson. J’ai jeté la ligne pour elle et
quand j’ai senti que ça mordait, j’ai ferré
fermement. Ensuite j’ai laissé du mou et j’ai
donné la canne à Mary. J’ai attendu quelques
secondes et je lui ai suggéré de rembobiner lentement.
Après quelques moulinets elle a senti le poisson remuer au
bout de la ligne et criant de joie elle l’a ramené sur
la berge.
Maintenant,
voici ma question : a quel moment le poisson a-t-il été
réellement attrapé ? Est-ce qu’il a été
attrapé lorsque j’ai ferré et que j’ai fait
en sorte que le dénouement soit sûr et certain, ou
est-ce que c’est Mary qui l’a l’attrapé
lorsqu’elle l’a physiquement amené sur la berge ?
On peut accepter les deux possibilités. De même, lorsque
nous héritons du royaume, quand sommes-nous « sauvés » ?
Est-ce que c’est lorsque l’hameçon est accroché,
c’est à dire lorsque les évènements
déterminants ont eu lieu et rendent le dénouement
certain à la seule condition de persévérer
(l’expiation du Christ et mon entrée dans l’alliance)
ou est-ce que c’est lorsque nous ressuscitons dans la gloire
céleste et que nous recevons ce qui nous a été
promis avec certitude ? Il existe des arguments valables des
deux côtés.
Brigham
Young n’éprouvait aucun problème à
utiliser le terme « sauvé » au présent :
« Notre œuvre se fait au présent. Le salut
que l’on cherche est pour le présent, et si on le
cherche correctement, on peut l’obtenir et en jouir
continuellement. S’il continue aujourd’hui, c’est
selon le même principe qu’il continuera demain, le jour
suivant, la semaine suivante, ou l’année prochaine, et
nous pouvons dire dans l’éternité prochaine »
(Journal of Discourses vol. 1, p. 131).
En
fin de compte, l’hameçon est accroché pour ceux
qui sont venus au Christ, et Dieu à l’ intention de nous
amener à lui. Aussi, à moins que nous coupions
délibérément la ligne, nous pouvons tout à
fait anticiper avec joie la venue de ce qui nous est promis. C’est
maintenant que nous sommes membres du royaume à venir, et à
moins de choisir le suicide spirituel, nous pouvons nous considérer
comme sauvés. J’espère que la compréhension
correcte de cette grande vérité aidera de nombreux
membres de l’Église à ressentir plus aisément
« la joie », « l’allégresse »,
« la confiance » et « l’espoir »
que la bonne nouvelle de l’Évangile est censée
apporter.
Il
y a plusieurs années, des amis ont adopté une enfant
assez âgée du tiers monde qui avait connu une vie
difficile avant de venir aux États-Unis. Pendant longtemps ils
subirent de grandes frustrations dans leurs relations avec leur
nouvelle fille à cause de son insécurité
maladive ; elle ne pouvait se faire à l’idée
qu’elle était en sécurité. Elle faisait
attention d’une façon obsessive et servile à tout
ce que disaient ses nouveaux parents de peur de faire une erreur qui
l’aurait fait renvoyer « là-bas ».
Elle était tellement terrifiée de ce que ses parents
pourraient faire si elle n’était pas assez « bonne »,
parfaite, qu’elle fut incapable pendant longtemps d’avoir
les relations d’amour et de confiance qu’ils désiraient
avoir avec elle. Ils ne pouvaient pas faire de suggestions dans le
cadre de son amélioration, ni faire de critiques
constructives, ni montrer le moindre signe d’irritation ou
d’impatience sans que la pauvre fille se mette à
paniquer, à supplier en larmes de lui pardonner et de lui
donner « juste encore une chance ». Ça
faisait mal au cœur de la voir. Ils essayaient de la rassurer
encore et encore qu’elle avait toutes
les « chances »
dont elle
avait besoin,
que leur
décision
de l’adopter était éternelle,
irrévocable, et qu’on ne reviendrait plus làdessus ;
qu’elle faisait maintenant partie de leur famille et qu’elle
n’avait pas besoin d’avoir peur d’être
renvoyée. Ils la suppliaient :
« S’il
te plaît, fais-nous confiance. Ne te rends-tu pas compte que
toi seule peux rompre le lien qui nous unit maintenant ? Il ne
sera jamais tranché de notre côté. Sois sûre
que ta place est avec nous. Tant que tu voudras rester, tu es chez
toi ». Cela lui prit des années pour réaliser
qu’on n’envisageait pas un renvoi éventuel à
chaque fois qu’elle faisait une erreur.
Eh
bien, spirituellement, certains d’entre nous sont exactement
comme elle. Nous avons été si traumatisés par le
monde que nous avons les pires difficultés à accepter
l’amour de Dieu et à croire qu’il nous est
possible d’avoir une place dans sa famille. Nous recevons déjà
son amour et nous sommes déjà adoptés en tant
que fils et filles et certains d’entre nous essaient encore de
gagner son affection et d’entrer dans sa famille. Notre
incapacité à accepter les dons et les tendres
miséricordes de Dieu nous empêche de jouir de cette
relation supérieure que nous pourrions avoir avec lui si nous
connaissions seulement la place que nous occupons dans son amour et
dans son royaume et qui nous permettrait de progresser.
Je
me demande si nos frères et sœurs nés de nouveau
en tant que fils et filles de Dieu grâce à l’expiation
du Christ ne frustrent pas notre Père éternel
lorsqu’ils paniquent à chaque faute de peur qu’Il
cesse de les aimer et les renvoie dans le monde. Je peux presque
l’entendre nous supplier : « S’il te
plaît, aie confiance en moi. Ne sais-tu pas que toi seul peux
briser le lien qui nous relie ? Il ne sera jamais tranché
de mon côté. Ta place avec moi est assurée. Tant
que tu voudras rester, c’est ton foyer. »
De
nouveau, nous devons croire ce que le Seigneur a dit à Emma
Smith : « Tous ceux qui reçoivent mon Evangile
sont fils et filles dans mon royaume (D&A 25 :1) ».
Il doit en être ainsi, car Dieu ne ment pas. Quand nous élevons
nos enfants, nous ne disons pas : « Tu as fait du bon
travail jeune homme. Si tu continues comme ça, tu pourras
gagner ta place dans la famille ! On peut même envisager
que tu puisses devenir notre fils (maintenant, garçon, il ne
faut pas trop espérer !) » non, ce n’est
pas ainsi que nous agissons. Tout d’abord nous créons
des relations familiales et ensuite ces relations deviennent la base
d’un apprentissage. Sans cette relation, nous n’aurions
aucun droit d’imposer un quelconque apprentissage ou attendre
l’obéissance de qui que ce soit. Je crois qu’il en
est de même avec Dieu.
Lorsque
nous allons au Christ avec un cœur brisé et l’esprit
contrit, il nous encercle dans les bras de son amour (2 Néphi
1 :15), il nous adopte en tant que fils et filles. Ensuite comme
un père aimant, il nous enseigne comment devenir comme lui.
Mais le lien, la relation, que nous avons appelé de nos vœux
précède l’enseignement et ce lien justifie et
rend supportables son enseignement et la discipline qu’il nous
impose.
Par
rapport au royaume de Dieu, la plupart des gens sont « dehors
jusqu’à ce qu’ils soient dedans ». Ce
qui veut dire qu’ils ne sont pas membres du royaume tant qu’ils
n’ont pas accepté l’Évangile et n’ont
pas fait alliance. Mais contrairement à cette situation, les
membres de l’Église sont « dedans jusqu’à
ce qu’ils soient dehors ». Ce qui signifie que tous
ceux qui sont dans l’alliance sont maintenant des enfants de
Dieu, et le resteront jusqu’à ce qu’ils
choisissent de partir. Si nous acceptons son enseignement et sa
discipline, si nous persévérons jusqu’à la
fin, nous serons toujours ses enfants au dernier jour.
Peut-être
que la meilleure analogie est cette écriture favorite :
Le Christ en tant qu’Époux, l’Église en
tant qu’Épouse et l’alliance de l’Évangile
en tant que mariage. À quel moment ce mariage estil célébré ?
À quel moment le Sauveur et nous devenons-un par l’alliance ?
Pas au moment d’un jugement futur, mais au baptême !
Nous ne vivons pas seulement ensemble, nous sommes dans l’Église
et l’Église est l’épouse, d’où
il s’ensuit que nous jouissons des relations maritales
maintenant. Étant unis à l’époux par
l’alliance de l’Évangile, nous ne pouvons passer
notre vie comme des concubins, en espérant qu’un jour il
nous épousera et régularisera la situation. Nous sommes
déjà mariés et il attend de nous que nous le
sachions et que nous agissions en conséquence !
Maintenant
il est vrai que nous pouvons décider de ne plus vouloir rester
dans l’alliance et dans le royaume. Nous pouvons nous rebeller
contre Dieu, violer notre accord passé avec lui, et choisir de
partir. Nous pouvons demander le divorce d’avec le Christ. Mais
cette décision n’est pas du fait de Dieu, c’est
notre fait à nous. Il ne nous renverra jamais tant que nous
essayons de faire sa volonté, même si parfois on se
conduit plutôt mal, pas plus que nous condamnerions notre
conjoint ou nos enfants parce qu’ils essaient de faire notre
volonté d’une façon imparfaite. En d’autres
termes, la seule incertitude ou la seule échappatoire
concernant le contrat de l’Évangile se trouve de notre
côté. Cette situation nous donne le moyen de sortir du
royaume si nous désirons le quitter. Ceux qui sont déjà
dans l’alliance, et qui continuent à se faire des soucis
sur ce que Dieu va faire de nous dans le futur n’ont rien
compris. À ce niveau dans notre relation cela n’est plus
du ressort de Dieu, il est lié (D&A 82 :10). La seule
incertitude ne réside pas dans ce que Dieu va faire (on est
sûr de ce qu’il va faire), mais plutôt dans ce que
nous allons faire. Nous avons l’option à n’importe
quel moment d’annuler le contrat, de demander le divorce par
nos actions, mais Dieu, lui, ne le fera pas, il s’est engagé.
Nous pouvons rompre l’accord, mais si nous choisissons de ne
pas le rompre, l’issue est absolument sûre et certaine.
La balle est dans notre camp et notre sort entre nos mains.
Notre
place dans le royaume nous appartient. Nous pouvons la garder ou la
perdre, mais c’est à nous de choisir. En tant que
membres de l’Église, si nous voulons rester dans le
royaume, nous pouvons. Si nous voulons partir, nous pouvons.
Il
est important de se rappeler que la porte du royaume de Dieu est
symbolisée par l’alliance de la foi, du repentir, du
baptême et de la réception du Saint-Esprit. Si cela vous
est déjà arrivé, alors les portes se trouvent
derrière vous, et tant que vous êtes fidèles,
vous êtes dans le royaume de Dieu. Cette partie du jugement est
déjà du passé. Rien de ce qui peut se passer
ultérieurement ne peut être considéré
comme une aide pour vous permettre d’entrer dans le royaume, ou
de payer votre entrée, parce que vous y êtes déjà.
Il s’ensuit logiquement que pour ceux qui sont nés de
nouveau, la question cruciale n’est pas de savoir comment
entrer dans le royaume, mais plutôt comment y rester et de
persévérer jusqu’à la fin. Car nous devons
choisir une base ferme sur laquelle reposer, ce choix doit refléter
ce que nous aimons et ce que nous cherchons. C’est pourquoi
persévérer jusqu’à la fin est le cinquième
principe de l’Évangile. Tous les jours notre
interrogation ne devrait pas être : «Est-ce que je
suis déjà arrivé dans le royaume ? Mais
plutôt : « Est-ce que je veux toujours y
rester ? »
Je
crois que la clé capitale pour réussir à suivre
le Christ toute notrevie vie est de se rendre compte que nous
agissons en tant que fils et filles « nés de
nouveau » (Mosiah 5 :7). Je trouve personnellement
une grande puissance et un grand réconfort à savoir que
j’œuvre pour le Christ, j’œuvre comme un
fils, entouré des bras de son amour, en situation sure dans
son royaume. Je crois que la reconnaissance et l’amour que je
ressens en réponse à cette connaissance est une
motivation bien plus forte pour faire le bien que la crainte et
l’angoisse ressenties à cause d’un jugement futur
ou d’éventuels châtiments.
Une
grande partie de la bonne nouvelle contenue dans l’Évangile
est la promesse que le royaume est à nous maintenant. « Voici,
le royaume est à vous, et les ennemis ne vaincront pas »
(D&A 38 :9 ; voir aussi D&A 29 :5 ;
35 :27 ;
38 :9 ; 42 :69 ; 45 :1 ; 50 :35).
Dieu peutil mentir ? Évidemment non. Alors nous devons
accepter le fait que nous sommes membres de son royaume maintenant, ô
joie, ô allégresse ! Tout comme nous devons
accepter aussi les devoirs et les corvées appartenant aux fils
et filles de ce royaume. Alors, arrêtez de vous faire du
souci ! Le poisson est ferré et si vous ne détachez
pas la ligne, il n’existe qu’une seule issue à
votre engagement de fidélité envers le Christ.
Le
choix d’une vie entière pour rester dans le royaume,
pour rester en Christ et continuer avec lui dans l’alliance de
l’Évangile, c’est ce que les Écritures
appellent : « persévérer fidèlement
jusqu’à la fin ». Si on considère
l’entrée dans l’alliance par la foi, le repentir,
le baptême et la réception du Saint-Esprit (la foi au
Christ), et ensuite que l’on reste dans l’alliance en
persévérant fidèlement jusqu’à la
fin de sa vie (en suivant le Christ) tout cela permettra d’hériter
de la gloire céleste à la résurrection. C’est
pourquoi la question n’est pas : « Est-ce que
j’ai fait ce qu’il fallait, ou non ?». La
question est : « Ayant
été admis sous conditions dans le royaume de Dieu par
le baptême par la grâce du Christ, est-ce que je veux
toujours rester ? Est-ce que je choisis de
persévérer ? »
il en sera de la façon dont on répondra honnêtement
à cette question.
CHAPITRE
DEUX : PERSÉVÉRER JUSQU’À
LA FIN
Dans
le chapitre précédent, nous avons vu que, quelle que
soit la persévérance que nous montrons pour conserver
la place qui est déjà la nôtre grâce à
l’alliance que nous avons faite en Christ, nous devons nous
conduire dans le royaume de Dieu en situation de force et de
sécurité. Nous ne partons pas de l’hypothèse
que si nous sommes suffisamment bons, nous verrons un jour s’ouvrir
doucement les portes du royaume. Non, c’est en tant qu’enfants
de Dieu que nous persévérons alors que nous sommes déjà
« encerclés dans les bras de la sécurité »
(Alma 34 :16) et nous savons que cette persévérance
sera d’autant plus facile si nous continuons en nous
considérant comme les héritiers légitimes.
Alors, que signifie exactement persévérer jusqu’à
la fin ? Persévérer : en quoi et comment ?
Et jusques à quand ?
On
trouve peu de promesses dans les Écritures qui aient plus de
crédibilité et de garanties que celles qui sont faites
à ceux qui persévèrent jusqu’à la
fin. Prenez, par exemple, 3 Néphi 15 :9 :
« Levez
les yeux vers moi, et persévérez jusqu’à
la fin, et vous vivrez; car à celui qui persévérera
jusqu’à la fin, je donnerai la vie éternelle.»
Outre les nombreux prophètes qui ont fait écho de cette
promesse au nom de Dieu, les Écritures témoignent que
le Père (2 Néphi 31 :15, 20) et le Fils
(3 Néphi 27 :6) ont eux-mêmes fait cette
promesse. Il n’y a absolument aucun doute que ceux qui
persévèrent jusqu’à la fin seront sauvés.
Pour
la plupart des gens, le terme « persévérer »
inspire des images de goudron et de plumes ou de torture au pilori.
Mais actuellement, peu de saints ont à faire face à de
telles persécutions. Alors sommes-nous moins éprouvés
que les saints des temps passés ? Nous est-il plus
facile, en l’absence d’épreuves physiques
(collectivement parlant) de persévérer jusqu’à
la fin ? Je ne pense pas. En fait, supporter les afflictions
n’est que
l’infime
partie de
ce que
signifie
« persévérer
jusqu’à la fin ».
Très
souvent, les Écritures utilisent le terme « persévérer »
dans le sens de « durer », « continuer »,
ou « rester » plutôt que « souffrir ».
C’est important ; cela indique que la persévérance
se rapproche plus de la régularité que de la
résistance. Par exemple, Alma exprime l’espoir que son
fils Shiblon « continuera(s) à
garder ses commandements ; car béni est celui qui
persévère jusqu’à la fin.» (Alma
38 :2). Dans cet exemple, persévérer jusqu’à
la fin signifie la même chose que continuer fermement jusqu’à
la mort. Néphi le disait déjà clairement dans
2 Néphi 33 :9 : «…qu’ils ne
se soumettent au Christ, et entrent par la porte étroite et
marchent dans la voie resserrée qui mène à la
vie, persévérant dans la voie jusqu’à la
fin du jour de l’épreuve.» Remarquez que ceux qui
viennent au Christ sont déjà entrés par la porte
étroite. Maintenant, ils doivent continuer. Ainsi, persévérer
signifie qu’une fois que l’on a trouvé le chemin
étroit et resserré, on doit continuer dans cette voie
(que l’on a choisi lors du baptême) en respectant son
engagement envers
le Christ. Tout d’abord, on vient au Christ, ensuite on reste
ferme. Persévérer c’est rester ferme dans
l’Église et dans l’alliance.
« La
fin », c’est la fin de notre probation mortelle
(voir 2 Néphi 33 :9). Persévérer
jusqu’à la fin signifie que nous n’abandonnions
pas le Christ ; que nous ne quittions pas l’Église
et le royaume ou que nous ne perdions pas notre témoignage à
cause des difficultés de la vie ou des tentations, nous
restons fermes. A contrario, ne pas persévérer signifie
reculer en deçà de notre point de départ alors
que nous avions juré loyauté envers Dieu et son Église
et que nous renions notre promesse, et, ce faisant, nous démontrons
que nous ne sommes ni fiables ni fidèles. « Quiconque
a mis la main à la charrue, et regarde en arrière n’est
pas digne du royaume de Dieu » (Luc 9 :62).
L’endurance
dans le sens biblique a peu de choses à voir avec la
résistance physique, car beaucoup de saints très
éprouvés sur le plan physique persévèrent
comme des champions pendant qu’ils tracent le sillon que Dieu
leur a assigné. La persévérance est plutôt
une question d’intégrité, de capacité à
garder notre promesse envers Dieu une fois que nous avons été
admis dans son alliance et son royaume.
De
la même façon qu’on fera confiance à un
conjoint qui garde fidèlement l’alliance du mariage, on
fera confiance à ceux qui gardent les alliances de l’Évangile.
Dans les Écritures, le mariage symbolise souvent l’alliance,
il est donc tout à fait juste de considérer que ceux
qui la respectent fidèlement sont des partenaires fidèles.
Dans l’Ancien Testament, les mots foi, fidèles, et
fidélités viennent tous du mot hébreu ‘haman’
(être ferme ou digne de confiance). Ils impliquent plus des
notions de loyauté et de détermination que des notions
de croyance. Les mots pour « sécurité »,
« certitude » et « garantie »
viennent tous de la même racine hébraïque. C’est
pourquoi être fidèle se rapporte moins à notre
croyance ou même à notre activité dans l’Église
qu’à la question de savoir si on peut nous faire
confiance quant à notre devoir dans le royaume terrestre de
Dieu.
Les
alliances du baptême et du temple sont des promesses
solennelles faites envers Dieu se rapportant à la façon
dont nous voulons diriger notre vie. Persévérer jusqu’à
la fin consiste à garder ces promesses toute notre vie,
quelles qu’en soient les conséquences (cependant, garder
ses promesses ne veut pas dire « ne plus jamais pécher »,
puisque l’alliance fournit en elle-même le moyen du
repentir continu en prenant la Sainte-Cène). Malheureusement,
à cause d’influence
confessionnelle dans le français moderne, le mot foi en est
arrivé à être largement associé au mot
croyance et ne tient pas compte de sa connotation d’origine
avec le mot fidélité. Le mot foi rend seulement une
partie du sens de l’hébreu d’origine. Si nous
rétablissons cette nuance d’origine (que la foi est un
engagement actif envers une idée, la fidélité,
plutôt que sa simple acceptation passive), nous résolvons
dans une grande partie le faux choix entre la foi et les œuvres.
Avoir une foi salvatrice en Christ consiste à croire en Christ
et à lui être fidèle. Cela consiste à
s’investir en Christ. Il ne suffit pas d’être
convaincu mentalement qu’il est le Fils de Dieu si cette
conviction n’a aucune influence sur notre mode de vie. Si nous
nous bornons à simplement croire en son identité sans
lui dédier notre vie, alors nous sommes comme les démons
qui eux aussi croient qu’il est, mais ne jouissent pas de cette
connaissance (Jacques 2 :19).
En
général les Écritures associent « persévérer
jusqu’à la fin» avec la fidélité à
nos alliances en tant que chrétiens et à celles de la
communauté qui est l’Église. Par exemple, dans
D&A 20 :29, on dit : « Nous savons que tous
les hommes doivent se repentir et croire au nom de Jésus-Christ,
adorer le Père en son nom, et persévérer jusqu’à
la fin dans la foi en son nom, sinon ils ne peuvent être sauvés
dans le royaume de Dieu » (voir aussi 2 Néphi
9 :24).
Le
Sauveur insiste sur cette dimension que représente la
persévérance dans l’alliance lorsqu’il
enseigne les Néphites, en soulignant en particulier
l’obligation que l’on a de se repentir et d’être
baptisé : « Il arrivera que quiconque se
repentira et sera baptisé en mon nom, sera rassasié; et
s’il persévère jusqu’à la fin,
voici, celui-là je le tiendrai pour innocent devant mon Père,
en ce jour où je me tiendrai pour juger le monde»
(3 Néphi 27 :16).
Donc
persévérer jusqu’à la fin signifie entrer
dans l’alliance de l’Évangile par la foi en
Christ, le repentir, le baptême, et la réception du
Saint-Esprit et ensuite rester fidèle à cette alliance.
Dans D&A 20 :37 « la détermination à
servir le Christ jusqu’à la fin » est une
condition pour être baptisé dans l’Église.
C’est
pourquoi persévérer jusqu’à la fin
signifie plus qu’être pratiquant dans l’Église.
Persévérer jusqu’à la fin exige d’être
conscient des obligations contenues dans l’alliance et que l’on
est profondément déterminé à les garder
fidèlement. Alors que le terme pratiquant décrit un
comportement visible, persévérer jusqu’à
la fin décrit un engagement intérieur envers l’Évangile
et l’Église de Jésus-Christ. Évidemment,
il vaut mieux être pratiquant que ne pas l’être,
mais le fait de l’être ne garantit pas grand-chose de
notre engagement spirituel. On peut être pratiquant pour de
fausses raisons ou des raisons superficielles. Avoir
une connaissance lucide de nos obligations envers l’alliance et
la détermination à les respecter jusqu’à
la fin c’est cela être pratiquant pour les bonnes
raisons.
J’ai
connu un jour un homme que devait décider à chaque fois
qu’il recevait son salaire s’il devait ou non payer sa
dîme, à chaque fois qu’il y avait une réunion,
s’il devait y aller, à chaque fois qu’on lui
offrait un verre, s’il devait l’accepter. J’ai fini
par lui demander : « Pourquoi ne décidez-vous
pas une fois pour toutes à choisir votre camp ? Pourquoi
vous sentez-vous obligé de tester votre loyauté à
chaque fois qu’on vous demande de prendre une décision ?
Vous passez votre
temps à réinventer sans cesse la roue spirituelle. Vous
ne pourrez jamais progresser tant que vous ne construirez pas sur ce
que vous possédez déjà. » Quelques
semaines plus tard, il me demanda de l’emmener à nos
réunions de pieu. Je fus content qu’il vienne et je le
lui dis. Il me répondit :
« Vous
savez, ça ne me plairait pas que ma femme me dise tous les
matins qu’elle doit décider si elle m’aime ou pas,
ou qu’elle me dise qu’elle reste avec moi parce qu’elle
n’a pas encore trouvé de bonnes raisons pour me quitter.
Je pense que le Seigneur mérite, venant de ma part, un
engagement autrement supérieur que celui-là. Je suis
prêt à arrêter de réinventer la roue et à
évoluer dans ma vie. Je suis décidé une fois
pour toutes à être un saint des derniers jours. »
Il
y a des gens qui disent grosso modo : « Bon,
aujourd’hui je pense que l’Église est vraie, mais
venez me le redemander demain. » Il arrive un moment où
notre engagement envers l’Évangile et la conviction que
nous avons de ses vérités règle certaines
questions et prédétermine nos réponses envers
les défis que nous rencontrons quant à notre foi, aux
commandements que nous recevons, ou les sacrifices que nous sommes
appelés à faire. Ce n’est pas de la foi aveugle,
c’est plutôt un vague soupçon (voir la traduction
de Joseph Smith de Luc 14 :38, où le Sauveur conseille à
ses disciples « Méditez ceci en votre cœur,
afin de faire les choses que je vous enseignerai et que je vous
commanderai »)
qui, à terme, a fini par devenir de la vraie foi ! La
foi, après tout, c’est la connaissance spirituelle, ce
n’est pas une supposition, une hypothèse, ni un espoir,
mais c’est de la connaissance. Bien souvent, c’est une
connaissance qui n’est pas soutenue par des preuves tangibles
ni même remise en question par une preuve visible. Tant que
notre foi n’a pas une vie et une force indépendantes et
qu’elle continue à s’appuyer sur des arguments
intellectuels ou des preuves physiques, ce n’est toujours pas
de la foi. Dans ces conditions, ce que nous croyons être de la
foi se limite à n’être que l’argument humain
le plus puissant que nous ayons examiné jusqu’à
ce jour. Un témoignage n’est
pas une hypothèse scientifique, qui peut être soutenue
par une preuve un jour et détruite le lendemain. C’est
une conviction au-delà de la preuve intellectuelle du moment
que certaines choses sont éternellement vraies.
Les
« convertis intérimaires » font partie
de ceux qui n’ont pas reçu cette conviction ou qui ne
veulent pas l’accepter, mais qui n’ont pas encore trouvé
une raison suffisante pour partir. Tout comme un engagement partiel
n’est pas satisfaisant dans le cadre du mariage, il en est de
même à long terme dans le mariage spirituel de
l’Évangile. Ce genre de personnes a besoin de se
convertir et de faire en sorte que le témoignage de l’Esprit
décide une fois pour toutes de la question de la vérité
de l’Évangile. Dans un mariage céleste, on dit :
« Nous sommes scellés, quelles qu’en soient
les conséquences ». De même un membre
véritablement converti dira : « Je suis membre
de cette Église, et ma destinée est d’être
avec les apôtres et les prophètes, qu’importe le
reste. Audelà de ces questions, loyautés, réunions,
engagements, c’est là que je suis, c’est ce que je
crois, c’est là que je veux servir ». C’est
seulement à ce moment que l’on peut goûter aux
pouvoirs et aux bénédictions promis aux fidèles.
Sans
cet engagement préalable, un nouveau commandement,
un sacrifice ou quelque offense réelle
ou supposée de la part des dirigeants de l’Église
pourraient mettre en danger notre persévérance. On peut
être pratiquant dans l’Église sans en être
convaincu, mais on ne peut persévérer jusqu’à
la fin. Le Seigneur a parlé de ceux qui ne pourraient prendre
de tels engagements dans la Parabole du Semeur. Ils n’ont pas
de racines en eux-mêmes, mais ils persévèrent
pendant un temps ; ensuite, lorsque les difficultés
arrivent à cause du monde, alors ils sont offensés
(Matt. 13 :21). Nous ne devons pas craindre d’enfoncer nos
racines profondément, au tréfonds de l’Évangile
et de l’Église, car il est aussi autodestructeur
spirituellement de ne pas être loyal à cent pour cent,
comme nous l’avons promis, que cela l’a été
pour Ananias et Sapphira qui avaient gardé par-devers eux une
partie de leurs offrandes consacrées (voir Actes 5 :1-11).
Selon
les écritures, en dehors du fait d’être fidèles
à nos alliances du baptême, il existe d’autres
éléments soutenant cette persévérance
dans la fidélité :
1.
Se tourner vers le Christ (3 Néphi 15 :9).
2.
Continuer à prendre sur soi le nom du Christ (3 Néphi
27 :6).
3.
Se faire un festin des paroles du Christ avec fermeté,
espérance et amour (2 Néphi 31 :20 ;
Moroni 8 :26).
4.
Offrir toute notre âme au Christ
en prière et en jeûne
(Omni 26).
5.
Suivre l’exemple du Christ (2 Néphi 31 :16).
6.
Adorer le Père au nom du Christ (D&A 20 :29).
7.
Garder les commandements (1 Néphi 22 :31 ; Alma
38 :2 ; D&A 14 :7).
8.
Chercher à établir Sion par la patience et l’humilité
(1 Néphi 13 :37 ; Alma 32 :15 ; D&A
24 :8).
Le
point commun de toutes les exhortations que l’on trouve dans
les Écritures concernant la persévérance n’est
pas la souffrance, mais la loyauté envers le Christ. Il arrive
souvent que ceux qui n’observent pas leurs engagements
cherchent à se justifier en séparant leur loyauté
envers le Christ avec celle qu’ils auraient vis-à-vis de
l’Église(voir aussi les exemples de ceux qui ont entendu
le sermon de Jésus sur le « Pain de Vie »
et se contentèrent de croire en lui lorsqu’il les a
nourris, mais furent offensés et « ne marchèrent
plus avec lui » lorsqu’il leur enseigna une doctrine
plus puissante (Jean 6) ; mais c’est impossible. Les
alliances que nous avons passées dans le cadre de l’Évangile
rétabli du Christ comprennent précisément notre
relation avec son Église et les alliances faites en son sein ;
c’est à dire dans l’Église de Jésus-Christ
des saints des derniers jours. Nous ne pouvons persévérer
jusqu’à la fin dans ces alliances sans persévérer
dans l’Église. Le Seigneur l’a dit clairement :
« Quiconque est de mon Église et y persévère
jusqu’à la fin, je l’établirai sur mon roc
et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre
lui » (D&A 10 :69). Il ne peut y avoir
d’arrangement personnel.
Persévérer
jusqu’à la fin dans nos alliances signifie persévérer
dans l’Église. Dieu n’excusera pas ceux qui
quittent l’Église en pensant qu’ils ont de bonnes
raisons ou qu’ils peuvent garder leurs alliances faites dans
l’Église tout en la rejetant ou en s’opposant à
elle. Quelles que soient leurs intentions, ils se trompent. Par
définition, s’ils ne durent pas, ils ne persévèrent
pas jusqu’à la fin. Il n’existe aucun succédané
acceptable pour remplacer l’alliance en dehors de l’Église
et du royaume de Dieu sur terre.
Que
signifie « être fidèle »
Une
erreur commune à certains membres de l’Église
consiste à assimiler la fidélité, partie
intégrante de la persévérance jusqu’à
la fin, et le fait d’être sans péché. À
chaque fois que nous commettons un péché, arguent-ils,
nous sommes infidèles au Christ et de ce fait violons nos
alliances. Mais ce n’est pas comme cela que cela fonctionne,
car tous les saints fidèles commettent des péchés
de temps en temps. C’est pourquoi le repentir et le
renouvellement des alliances dans le cadre de l’ordonnance de
la Sainte-Cène font partie de l’alliance de l’Évangile.
Dieu a prévu que ses enfants dans l’Église et
dans l’alliance chuteraient plus ou moins régulièrement
et il leur a fourni un remède quand cela leur arriverait.
Tout
comme des conjoints fidèles ne peuvent être parfaits et
peuvent faire des choses blessantes envers leurs partenaires et (voir
aussi D&A 50 :8 et 85 :11, 33) égratigner leurs
relations sans que le mariage prenne fin nécessairement, les
membres fidèles de l’Église sont aussi imparfaits
et peuvent faire des choses qui suscitent des tensions relatives à
l’alliance avec Dieu, sans que pour autant celle-ci prenne fin.
Je ne suis pas en train de dire que ces fautes sont minimes ou sans
importance. Je dis simplement qu’elles n’annulent pas
obligatoirement l’alliance. Qu’est ce que ça veut
dire lorsque Janet, ma femme, dit en faisant les gros yeux :
« Oh au moins, il est fidèle ? ».
Elle ne veut certainement pas dire que je suis parfait ! Mais en
dépit de mes nombreux défauts, je lui suis loyal et il
n’y a personne d’autre.
De
même, dans l’alliance évangélique, être
fidèle ne veut pas dire être parfait. Cela signifie
simplement être loyal envers le Christ et qu’il n’existe
rien d’autre (pas d’intérêt, de cause, ou
d’allégeance qui lui soient supérieurs). Nous
savons distinguer dans nos accords humains entre la perfection d’un
côté et la fidélité de l’autre. Il
est vrai que certains actes peuvent détruire l’alliance
du mariage et le laisser en ruines, mais oublier un anniversaire de
mariage n’en fait pas partie. De même, certains actes
vils brisent l’alliance de l’Évangile et nous font
expulser du royaume, mais jurer dans la circulation n’en est
pas un. C’est pourquoi le Seigneur nous a donné comme
instruction de nous réunir souvent pour partager la
Sainte-Cène, pour nous repentir des péchés qu’il
sait que nous commettons et par là renouveler nos alliances.
Nous les « renouvelons » parce que nous les
souillons et les déchirons dans notre vie quotidienne parce
que nous faisons des fautes et avons besoin de revenir à la
base.
Encore
une fois, tant que le Christ est placé en premier dans notre
vie, tant que nous ne le plaçons pas derrière un
deuxième « amour », alors nous sommes
toujours des partenaires fidèles, bien que nous ayons besoin
de nous excuser de temps en temps et repartir sur de bonnes bases
avec lui. Tant que nous serons mortels, nous devrons nous repentir et
renouveler régulièrement nos alliances. Mais cela ne
signifie pas que nous soyons infidèles, tant qu’une
autre allégeance, un autre amour n’a pas pris la place
du Christ dans nos soucis primordiaux.
Pour
illustrer cela, on peut imaginer un gardien de foot qui est moyen,
mais n’est pas aussi bon que celui d’en face. C’est
pourquoi la plupart du temps il reste sur le banc de touche. Est-il
rejeté de l’équipe parce qu’il ne joue
pas ? Non ; il fait partie de l’équipe ;
simplement, il n’est pas le meilleur joueur pour l’instant.
Maintenant, supposons qu’en raison de blessures, subies par le
gardien d’en face, ce gardien moyen est propulsé dans le
jeu, où il joue correctement, et
que son équipe gagne, même s’il concède
trois buts. Le considère-t-on comme faisant partie de l’autre
équipe parce qu’il a laissé passer trois buts
quand un meilleur goal n’en aurait laissé passé
aucun ? Les joueurs de son équipe vontils le considérer
comme un traître après le match à cause de ses
erreurs ? Du fait que ses talents limités ont joué
en faveur de l’équipe adverse, celle-ci lui doit-elle
quelque chose ? Évidemment non. Notre goal de deuxième
catégorie peut manquer de talent, mais il hors de question de
douter de sa loyauté ni à quelle équipe il
appartient. Jouer du mieux qu’on peut et faire des fautes ne
nous exclut pas de l’équipe. On peut être relégué
sur le banc, mais on n’est pas l’adversaire.
Dans
l’Église et le royaume de Dieu, certains joueurs ont
plus de talents dans certains postes que d’autres ;
certains ont plus de force ou d’expérience que d’autres.
Tout le monde ne peut pas être bon dans toutes les
circonstances ou dans tous les postes. Cela ne fait pas d’eux
des infidèles et qu’ils sont rejetés de l’équipe.
Pour l’instant ils sont en deuxième position. Leur désir
de servir le Christ, de se repentir régulièrement et de
s’améliorer réellement leur garantit qu’ils
sont toujours dans le royaume. Ils sont du bon côté ;
même s’ils ne sont pas les plus talentueux du moment dans
leurs postes. Nous, dans l’Église, nous devons apprendre
à séparer la question de la force et du talent avec
celle de la loyauté et de la fidélité, tant pour
nous évaluer personnellement que pour juger autrui.
Nous
devons aussi apprendre à faire la distinction, comme l’a
montré Frère Dallin Oaks, entre les « fautes »
et les « péchés » (voir Dallin
Oaks, ‘Sins and Mistakes’, BYU Campus Education Week,
août 1994). D’un autre côté, supposons
qu’avant le match, le meilleur goal soit allé voir
l’équipe adverse et qu’il se soit fait payer pour
les laisser marquer. Qui sert-il ? À qui appartient-il ?
Bien qu’il ait des qualités supérieures, il sert
un autre maître que les membres de son équipe et sa
déloyauté en fait un ennemi. Mais être maladroit
ne fait pas de nous un ennemi à la cause.
Certains
parmi nous ont vite fait de penser que nous sommes des joueurs de
deuxième, voire de troisième catégorie, ou que
nous sommes spirituellement maladroits. Nous oublions que Dieu, dans
son jugement parfait, ajuste les crédits et les débits
pour tenir compte des circonstances de l’individu en question.
L’Évangile
dans ce domaine n’est pas un costume « une pièce ».
Dieu nous place tous ici-bas dans des conditions différentes
et nous juge en conséquence. Dans la Parabole des Talents, peu
importe qu’un serviteur ait reçu cinq talents et l’autre
seulement deux. L’important
c’est ce qu’ils en ont fait tous les deux. Le Maître
a dit à chacun d’entre eux : « C’est
bien, bon et fidèle serviteur » (Matt. 25 :21).
Il vaut mieux être un joueur fidèle de deuxième
catégorie avec des talents limités (humour) qu’une
superstar infidèle.
La
parabole des plongeurs
Il
y a longtemps, lorsque j’avais entre neuf et onze ans, j’ai
participé à une activité d’été
pendant les vacances dans la ville où j’ai grandi. Je me
souviens en particulier d’un concours de plongée destiné
à plusieurs groupes d’âge tenu à la piscine
municipale. Certains des gosses les plus fortunés dans notre
région possédaient leur piscine avec des plongeoirs, et
c’était d’assez bons plongeurs amateurs. Il y
avait aussi un gosse de mon âge originaire de la partie
défavorisée de la ville et qui n’avait pas de
piscine. Tout ce qu’il avait c’était du courage à
l’état brut. Alors que la plupart d’entre nous
procédaient à des plongeons tels de petits cygnes
nerveux, des plongeons en arrière, debout en faisant bien
attention à redresser notre dos et à pointer les
orteils, ce jeune garçon essayait des sauts en arrière,
doublés et redoublés et ainsi de suite. Mais qu’il
était empoté ! Il gardait rarement les pieds
joints, ne tenait pas ses orteils bien droits et habituellement
ratait son plongeon. Nous autres, nous l’observions, satisfaits
et suffisants, pendant que les juges levaient leur carton où
s’inscrivaient les scores et qu’il obtenait des notes
inférieures à celles que nous avions obtenues avec nos
simples et sûrs plongeons ; nous nous félicitions
d’être les meilleurs plongeurs. « Il y met
tout son cœur, mais il n’est pas bien fin »,
nous disionsnous. « Après tout, nous, nous gardions
les pieds serrés et les orteils joints. »
L’annonce
des vainqueurs nous fut un grand choc, car le brave gars avec ses
sauts minables nous avait tous battus. J’avais suivi grosso
modo les scores dans ma tête et je savais avec l’arrogance
de ma connaissance limitée que ça ne collait pas. Il
était manifeste que je l’avais battu aux plongeons.
C’est pourquoi certain d’une injustice, je me précipitais
vers la table des arbitres et exigeais une explication. « Degré
de difficulté » me répondit l’arbitre
prosaïquement tout en me regardant dans les yeux. « C’est
sûr, tu as fait mieux dans la forme, mais lui a fait des sauts
plus difficiles. Si tu appliques un coefficient de difficulté,
il t’a battu haut la main, mon garçon ».
J’ignorais jusqu’alors que certains plongeons étaient
dotés de « crédits supplémentaires »
en raison de leur plus grande difficulté.
J’ai
une amie pour qui la vie n’a pas été aimable.
elle s’est mariée au temple, mais son mari a été
infidèle et l’a finalement abandonnée avec leurs
petits enfants. Depuis il n’a jamais payé un sou pour
l’entretien des enfants, mon amie travaille à plein
temps pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses
enfants. Pendant plusieurs années, elle est allée aussi
à l’école des adultes le soir pour améliorer
sa situation financière. Par la force des choses, elle ne
pouvait pas être avec ses enfants autant qu’elle l’aurait
voulu ni les élever et les discipliner comme ils en avaient
besoin. C’était tout simplement impossible dans ses
circonstances difficiles. Le résultat de cette situation de
famille moins que parfaite donna des adolescents à problèmes.
Maintenant, entre deux âges, elle est obligée d’élever
certains de ses petits enfants, de nouveau toute seule. Sans
compagnon fidèle, sans la prêtrise au foyer, sans les
bénédictions qui se réalisent dans un cadre
idéal familial, il est presque inévitable que mon amie
ressente que ses « scores », en tant qu’épouse
et mère, et qui sait, en tant que personne, ne sont pas très
élevés. Lorsqu’elle va à l’église
et qu’elle voit les autres familles « idéales »,
lorsqu’elle les entend porter témoignage et rendre grâce
pour toutes leurs bénédictions spirituelles et
matérielles, elle voit dans sa tête les juges qui lèvent
leur carton pour attribuer des 9.9 ou des 10.10. Quand elle considère
sa vie, son mariage raté, ses enfants à problèmes,
elle sait que les notes sont plus basses, et elle s’angoisse
pour sa place dans le royaume.
Qu’elle
ne s’inquiète pas, car elle est aussi fidèle à
ses alliances dans ses problèmes que le reste d’entre
nous l’est dans nos bénédictions. C’est
vrai qu’il y a des choses qu’elle ne peut pas faire, mais
ce sont les conséquences des circonstances, non pas des choix
qu’elle a faits, et là où il n’y a pas de
choix, il ne peut y avoir de condamnation. Je n’ai aucun doute
que lorsque le « coefficient de difficulté »
sera appliqué pour la vie qu’elle aura menée, sa
couronne brillera bien plus que beaucoup d’autres, car Dieu
applique toujours des « coefficients de difficulté »
dans ses jugements.
Lorsque
je suis tenté de me sentir supérieur à d’autres
saints, la parabole des plongeurs me revient à l’esprit
et je me repens. Au moins dans un concours de plongeons, on peut en
général dire quel est le plongeon le plus difficile.
Mais là, dans la mortalité, nous ne pouvons pas
toujours dire qui porte quels fardeaux : intelligence limitée,
dépression chimique, comportement compulsif, incapacité
à apprendre, environnement familial abusif ou déséquilibré,
mauvaise santé, handicaps physiques ou psychologiques,
personne ne choisit ces choses. C’est pourquoi je ne dois juger
ni mes frères ni mes sœurs. Je suis reconnaissant pour
mes bénédictions, mais je ne m’en fais pas
gloire, car je ne voudrais pas entendre l’Arbitre me dire :
« C’est sûr, tu as fait mieux dans la forme,
mais elle, elle a eu une vie plus difficile. Quand tu affectes un
coefficient de difficulté, elle te bat haut la main ».
Ainsi,
persévérer jusqu’à la fin n’a pas
grand-chose à voir avec souffrir en silence, surmonter tous
les obstacles de la vie, ou même s’accomplir comme saint
des derniers jours idéal (« pointer les orteils »
et « garder les pieds serrés »). Ça
veut simplement dire ne pas abandonner. Cela veut dire garder, dans
la mesure de nos possibilités, les engagements que nous avons
faits avec le Christ lorsque nous avons contracté le mariage
de l’Évangile. Cela signifie ne pas divorcer d’avec
le Sauveur ni de tricher avec lui en permettant que d’autres
amours prennent place dans notre vie. Cela signifie ne pas rejeter
les bénédictions de l’Expiation qu’il a
déversées sur nous lorsque nous sommes entrés
dans son Église et son royaume.
Fidélité
et repentir
On
appelle repentir le processus qui consiste à reconnaître
que notre moi est bien charnel et que ses désirs sont souvent
opposés à la volonté de Dieu. Lors de ce
processus on rejette ce moi charnel afin de se conformer à la
volonté divine. Le mot hébreu pour « repentir »
est shuv, il signifie littéralement « tourner »,
c’est à dire, se détourner du moi charnel et
commencer à suivre le Christ.
Certains
saints ont des difficultés à comprendre la notion du
repentir. Ils le considèrent plus comme un évènement
qu’un mode de vie. S’il est vrai que l’on doit se
repentir avant de se faire baptiser, celui-ci ne se produit pas une
fois pour toutes à ce moment. Ce serait impossible, car le
repentir est un mode vie continue, une façon de vivre en
suivant le Christ. Il est vrai que comme nous n’avons pas la
foi pour ensuite ne plus l’avoir dès que nous sommes
baptisés, de même nous ne nous repentons pas juste une
fois pour ensuite s’arrêter de nous repentir après
le baptême ; la foi et le repentir sont un processus
continuel après le baptême. Le repentir continuel est
essentiel pour suivre le Christ et être fidèle à
nos alliances.
Le
Seigneur a tout d’abord donné comme instructions que
nous devions prendre la Sainte-Cène régulièrement
pour renouveler nos alliances. La foi et le repentir qui sont les
étapes antérieures au baptême précèdent
aussi la Sainte-Cène, et la prendre dans le même esprit
peut avoir le même effet spirituel que d’être
baptisé de nouveau. Si nous pouvions nous repentir une fois
pour toutes avant le baptême et laisser nos péchés
derrière nous, nous n’aurions pas besoin de renouveler
fréquemment nos alliances et notre engagement en prenant la
Sainte-Cène.
De
plus, comme notre but est la justice parfaite du Père et du
Fils, étant donné que nous ne pouvons l’atteindre
ici-bas, il y aura toujours quelque chose, tant que nous vivrons,
dont nous devrons nous repentir, quelque erreur à corriger,
des choses sur lesquelles nous devrons travailler ou que nous devrons
éliminer de notre vie pour ressembler de plus en plus à
Dieu. Ceux qui disent qu’ils n’ont pas besoin de repentir
ne sont pas conscients de leurs péchés ou alors ils les
cachent. Étant donné que la perfection n’est pas
de ce monde (à l’inverse de la perfection en Christ,
Romains 3 :23), il y aura toujours quelque chose que l’on
devra abandonner. C’est pourquoi le repentir est un processus
qui doit véritablement commencer dès la conversion et
doit continuer à nous améliorer et à nous
rapprocher de plus en plus de Dieu dans notre vie.
Nous
n’aurons jamais fini de nous repentir tant que nous ne serons
pas devenus comme lui. Dans ce sens, le repentir est une attitude
nous amenant à reconnaître nos péchés, à
poser le principe de leur rejet, pour ensuite a travailler
effectivement pour
s’en débarrasser. Au fur et à mesure que nous
reconnaissons et que nous nous débarrassons des péchés
graves tels que la violence, l’immoralité, ou le mauvais
caractère, nous progressons vers les péchés
moins graves comme l’égoïsme, l’ingratitude
et la paresse. Et on peut espérer arriver aux péchés
véniels comme celui d’arriver en retard à
l’Église ou de s’abstenir d’entonner les
cantiques.
Puisque
le repentir consiste à « tourner » sur
nous-mêmes, on peut utiliser cette analogie marine. Lorsqu’un
commandant décide de faire changer le cap de son bâtiment,
ou de son porte-avions, cela
prend
un certain temps pour opérer la manœuvre. Bien que la
décision ait été prise, que l’ordre ait
été lancé, et que le changement soit en cours,
cela prend un certain temps avant que le navire ait fini de virer de
bord. De même dans notre vie, les décisions se
rapportant au Christ ont pu être prises sincèrement et
effectivement, l’ordre réellement donné et
exécuté, il n’en reste pas moins que cela prend
du temps et de l’espace pour vaincre la résistance
naturelle du moi charnel et réaliser la transformation
complète.
Nous
aurons de la joie lorsque la transformation sera accomplie et que
nous aurons amélioré tout ou partie de notre vie, mais
si nous devons mourir avant la fin de la manœuvre, le Seigneur
tiendra quand même compte de la bonne décision que nous
avons prise, des ordres appropriés que nous avons donnés
et d’avoir essayé de les mettre en application dans
notre vie. Le reste n’est qu’une question de temps. Si
nous mourons, comme nous devons tous mourir, avec quelques péchés
résiduels, cela ne nous gênera pas. Dieu tiendra compte
de ce que nous avons accompli dans le temps qui nous aura été
imparti. (D&A 137 :7-8). Étionsnous sincèrement
repentants ? Alors nous sommes justifiés par le sacrifice
expiatoire du Christ et nous accomplirons à terme ce que nous
avons désiré ici-bas.
Le
« grand changement »
Il
va bien s’en trouver un parmi nous, un de ces masochistes ou
sadiques spirituels (nous avons les deux dans l’Église)
qui va objecter : « Mais qu’est-ce que c’est
le « grand changement » ? »
L’Esprit
n’at-il pas opéré un grand changement parmi le
peuple de Benjamin de sorte qu’il « n’avait
plus de disposition à faire le mal, mais faisait le bien
continuellement ? » (Mosiah 5 :2). C’est
vrai, mais ce que l’on décrit ici est un changement de
disposition, un changement de désir, un changement
d’orientation. À partir du moment où sa
conversion (ou reconversion) est survenue, le peuple de Benjamin a
changé son orientation et
s’est porté
vers la
justice au
lieu de
la méchanceté.
C’était devenu leur unique but. Mais ça ne
signifie pas qu’il l’avait atteint tout de suite !
Cela ne veut pas dire qu’il n’a jamais eu d’autres
pensées charnelles ou qu’il n’a jamais perdu une
bataille contre sa nature charnelle. À ce moment, rempli de
l’Esprit et voyant clairement les deux voies placées
devant lui, le peuple de Benjamin avait perdu tout désir de
suivre la voie du mal. Je ressens la même chose lorsque je
ressens l’Esprit, mais je ne ressens pas toujours l’Esprit.
Comme avec Moïse, lorsque l’Épiphanie (l’apparition
divine) se termine, Satan tente quelquefois sa chance (Moïse
1 :9-12). C’est pourquoi nous devons recharger
régulièrement nos batteries spirituelles.
On
peut commettre de grands dommages spirituels si l’on enseigne
aux saints que le « grand changement » signifie
qu’une fois que l’on est converti, on ne sera plus tenté
de pécher. Car si les saints croient que les véritables
convertis ne sont plus jamais tentés, lorsqu’ils le
seront, et ils vont l’être, ils en concluront qu’ils
ne sont pas réellement convertis. Car la véritable
conversion ne supprime pas les épreuves de la condition
mortelle, car nous continuerons à être éprouvés
et tentés tant que nous serons dans la chair. Même en
tant que membres de l’Église de Jésus-Christ,
nous continuerons à être assujettis aux pulsions de la
chair et autres faiblesses conséquentes de la Chute.
Depuis
ma conversion, si un ange s’était présenté
à moi avec deux possibilités en me disant : « Tu
appuies sur le bouton A et tu ne pécheras plus jamais ;
tu appuies sur le bouton B et tu continues », sans
hésitation, j’aurais appuyé sur le
A et
tellement fort que je me serais cassé le pouce !
Imparfait comme je suis, depuis ma conversion, je n’ai en fait
« aucune
disposition à faire le mal, mais à faire le bien
continuellement »,
et la plupart d’entre nous sont de même. C’est que
nous avons des difficultés à surmonter en tout temps
notre nature charnelle et les conséquences de la Chute afin
d’agir selon notre prédisposition. Nous sommes bien
prédisposés, car lorsque nous agissons différemment
de temps en temps, nous nous sentons mal à l’aise, nous
nous repentons, et retournons vers la justice. L’aiguille
d’une boussole se déplace dans un sens ou dans l’autre,
mais revient toujours pointer vers le Nord, il en est de même
des croyants à qui il peut arriver de faire des faux pas, mais
corrigent toujours leur marche et repartent dans la bonne direction.
C’est cela avoir une disposition claire à faire le bien.
« Le
grand changement », c’est un changement de cœur,
un changement de désir, un changement de disposition
concernant nos objectifs. Ce n’est pas la victoire totale une
fois pour toutes sur la Chute ou sur notre nature charnelle.
CHAPITRE
TROIS : LA CHUTE D’ADAM
ET ÈVE
On
ne peut comprendre la bonne nouvelle de l’Évangile et
particulièrement l’expiation du Christ si nous ne
comprenons tout d’abord la mauvaise nouvelle qui est la chute
d’Adam et Ève, car c’est à cause de la
chute et de ses conséquences qui l’Expiation est devenue
indispensable. La Chute nous sépare de Dieu, l’Expiation
nous ramène en sa présence. C’est pourquoi sans
la Chute, l’Évangile serait inutile, tout comme un
hôpital dans un monde où personne ne serait ni malade ni
blessé. La Chute est le problème et l’Expiation
est la solution.
En
fait, les occasions où nous nous tournons vers Dieu avec le
plus d’empressement sont souvent celles où nous sommes
confrontés directement aux conséquences de la Chute.
Ainsi, lorsque nous, ou un être aimé est malade ou
mourant, nous nous tournons vers Dieu pour avoir de l’aide.
Nous ne réalisons pas que nous lui demandons de supprimer
certains effets de la Chute, et pourtant, c’est ce que nous
faisons. De même, lorsque nous prions pour obtenir le pardon de
nos péchés, ou pour obtenir de l’aide quand nous
n’arrivons pas surmonter les obstacles de la vie, ou quand nous
demandons à être guidés lorsque nous hésitons
à faire un choix, nous prions pour être délivrés
d’aspects particuliers de la Chute ou de ses conséquences
naturelles. Beaucoup d’entre nous pensent que nos problèmes
sont des symptômes personnels et ne saisissent pas la cause
sous-jacente de notre condition. Nous parlons de « problèmes
de santé », de « problèmes de Q.
I. », de
« manque
de volonté », ou de « problème
pour contrôler mes pensées » sans réaliser
qu’il s’agit là de simples symptômes isolés
relevant d’un problème bien plus vaste : la Chute
de la race humaine.. Comme le Président Ezra Taft Benson l’a
dit : « Personne ne sait correctement et d’une
façon appropriée pourquoi on a besoin du Christ tant
qu’on ne comprend pas et n’accepte pas la doctrine de la
Chute et de ses conséquences sur l’ensemble de
l’humanité » (A Witness and A Warning
[Deseret Book : Salt LakeCity, 1988], p. 33)
Nous
devons aussi comprendre la Chute afin de connaître nos limites
ici-bas dans la mortalité. Beaucoup de saints désespèrent
parce qu’ils ne voient pas clairement leurs limites causées
par la Chute, et qu’ils ne peuvent vaincre toutes choses par
eux-mêmes et dans l’immédiat. Mais étant
données les circonstances réelles ici-bas dans la
mortalité, ces espoirs sont complètement irréalistes.
Pendant que nous nous efforçons d’endurer jusqu’à
la fin, nous aurions intérêt à savoir quels sont
nos handicaps. Nous devons savoir ce que nous pouvons raisonnablement
attendre de nos accomplissements personnels et les choses que nous
devons remettre entre les mains du Sauveur pour qu’il vainque
pour nous par son amour et sa miséricorde. Par exemple, il
serait idiot de ma part de penser que si je suis assez juste je
puisse vaincre la vieillesse ou la mort, car la victoire sur ces
ennemis (bien que garantie) ne viendra qu’ultérieurement
et par l’intermédiaire du Christ. Il existe d’autres
ennemis que nous ne pouvons pas espérer vaincre maintenant et
de notre propre fait. Ces empêchements sont tous en rapport
avec la chute d’Adam et Ève.
Les
conséquences de la Chute continuent à se faire sentir
parmi nous bien que Jésus-Christ ait déjà vaincu
tous nos ennemis. Ces conséquences perdureront jusqu’au
retour de celui-ci et il imposera son autorité suprême.
Ainsi, bien que la victoire ultime sur nos ennemis soit un fait
acquis en Jésus-Christ, car déjà accomplie, nous
devons quand même lutter contre eux pendant notre séjour
ici-bas. Dieu veut que nous luttions contre ces handicaps et ces
limitations, car ils font partie de l’épreuve de la
mortalité.
Le
fait est que nous, mortels, avons tous des problèmes,
d’énormes problèmes. Suite à la Chute,
nous nous trouvons dans une situation « d’échec »
appelée la mortalité. Dans ces conditions, nous sommes
à la merci de nombreux ennemis (Satan, le péché,
la mort, l’enfer, la maladie, l’erreur, etc..). Nous
avons besoin de l’aide divine pour nous arracher à leur
pouvoir et à terme nous échapper du piège. Les
gens dénués d’intelligence arrivent à
faire le rapprochement entre le pouvoir rédempteur de Dieu et
leurs problèmes bassement matériels lorsque les
conséquences de la Chute les tiennent entre leurs griffes,
comme la maladie ou la mort. Mais c’est ça tout
l’Évangile : prendre conscience de notre véritable
situation et des circonstances désespérées (le
résultat de la Chute) dans lesquelles nous nous trouvons pour
ensuite apprendre comment elles peuvent être vaincues à
jamais (par le sacrifice du Christ).
Il
semble raisonnable que si nous sommes tombés, c'est que nous
sommes tombés de quelque part. Nous n’avons pas commencé
dans ce monde où nous vivons actuellement, et ce monde n’est
pas notre monde d’origine. Nous avons tout d’abord vécu
en tant qu’enfants d’esprits de Dieu, avec des parents
célestes dans une gloire dans laquelle nous aspirons
maintenant à revenir. On peut dire que nous sommes tombés
de ces lieux célestes et nous cherchons maintenant l’échelle
pour y remonter. Il faut dire aussi que ce fut dans un état
plus glorifié que celui où nous nous trouvons
actuellement que
nos premiers parents furent créés physiquement ici-bas,
une situation équivalant grosso modo à la gloire
terrestre, où personne ne souffre ni ne meure. Dieu a créé
Adam et Ève non mortels et étrangers
à la souffrance, mais ces conditions physiques agréables
ont dégénéré suite à la Chute
Ainsi
l’humanité, qui se trouvait en présence de nos
parents divins, est descendue graduellement du monde prémortel
céleste jusqu’à l’Eden terrestre, et de là
a chuté dans le monde téleste où elle se trouve
actuellement (techniquement, Adam et Ève étaient
« amortels » plutôt qu’immortels.
Amortel signifie que l’on n’est pas sujet à la
mort, bien que sous certaines conditions on pourrait l’être.
Immortel signifie que l’on est immunisé contre la mort
dans n’importe quelles conditions).
Par
son œuvre rédemptrice, le Christ va inverser le
processus, en rétablissant tout d’abord la terre dans sa
gloire paradisiaque ou terrestre (gloire associée à
l’Eden), et ensuite après le Millenium élever la
terre jusqu’à sa gloire céleste ultime (10e
Article de foi : Apocalypse 21 :1-2 ; D&A
77 :1-2).
Cependant,
la Chute n’a été ni une tragédie, ni une
faute, mais une étape nécessaire dans la progression
éternelle des enfants d’esprits de Dieu. Nous avions
atteint le moment dans notre progression prémortelle où
il était temps de faire face à l’opposition dans
un environnement mortel, de rencontrer le mal et les éléments
négatifs de l’existence, pour être triés
selon notre réaction à cette opposition.
La
mortalité est le hangar de triage. Ici certains d’entre
nous s’attacheront à la lumière la plupart du
temps, quel qu’en soit le prix ; certains s’attacheront
à la lumière de temps en temps si ça ne coûte
pas trop cher, et d’autres préféreront les
ténèbres. Malheureusement, nos préférences
ne peuvent être vérifiées que sur un plan
d’égalité, c’est à dire dans un
endroit ou la lumière et les ténèbres, le bien
et le mal sont à notre disposition facilement d’une
manière égale, « car il est nécessaire
qu’il y ait de l’opposition en toutes choses »
(2 Néphi 2 :11). La mortalité a été
faite pour offrir ces conditions. La condition mortelle est semblable
à un buffet où tout le monde se sert de toutes les
options morales étalées devant soit, les pures, les
vertueuses, les justes, et les saintes à un bout de la table
et les abominables, les dépravées, les corrompues, et
les viles à l’autre bout. Prenez ce que vous voulez,
mangez ce que vous voulez, mais votre choix révélera
immanquablement ce que vous préférez et par conséquent
ce que vous êtes. Si nous pouvons obtenir tout ce que nous
voulons de tout ce que nous désirons, nos choix révèlent
sans erreur notre véritable caractère. Suivant cette
analogie, vous êtes ce que vous mangez. Dans la vie réelle,
vous êtes ce que vous choisissez.
Cependant,
l’environnement nécessaire à cette épreuve,
ce buffet où l’on présente le bien et le mal à
la même table, avec l’opposition présente en
toutes choses, n’aurait pu être créé en
présence de Dieu, car « aucune chose impure ne peut
demeurer en la présence de Dieu » (Moïse
6 :57). (Maman ne peut savoir si je suis digne de confiance tant
que je n’ai pas été laissé seul devant la
boîte de gâteaux. Tant qu’elle me surveille, ce
n’est pas un bon test). C’est pourquoi pour que nous
puissions être tentés autant par le bien que par le mal,
il était nécessaire de quitter le foyer, de descendre
de cet endroit exalté où nous étions nés
en esprits pour venir dans un monde comme celui-là : un
terrain neutre pour une épreuve honnête. Ici, nous ne
pouvons même pas dire que nous avons des parents, et encore
moins qu’ils nous surveillent ou non.
Il
serait tout à fait injuste qu’Adam et Ève soient
punis à cause de la Chute (cette séparation d’avec
Dieu qui nous permet d’être attirés autant par le
bien que par le mal). Dieu avait vraiment l’intention qu’elle
ait lieu, ce n’était pas une erreur tragique, mais
nécessaire pour leur progression. Après tout, le jardin
d’Éden était le lieu approprié pour
l’avènement de la Chute. C’est pour cette raison
que Dieu pardonna leur transgression à Adam et Ève
après qu’ils eurent été chassés et
les eut absous de toute faute (Moïse 6 :53). Il leur fut
assuré qu’ils ne subiraient aucun blâme pour ce
qui s'était passé avant la Chute ni pour la Chute
elle-même. Au contraire, puisque celle-ci faisait partie de son
plan, tous ses aspects négatifs seraient supprimés sans
condition et unilatéralement pour eux et pour leur postérité
par sa grâce et l’Expiation de Jésus. Lui seul
porterait le poids de la Chute. J’espère que le lecteur
perçoit la merveilleuse équité de la chose :
puisque celle-ci faisait partie de son plan, ce n’est que lui
et seulement lui qui en assumera tous les coûts et tout le
poids.
C’est
pour cette raison que plusieurs dirigeants de l’Église
ont insisté sur la différence de nature entre la
« transgression » d’Adam et Ève
dans le Jardin d’Eden et les péchés commis après
la Chute. Après tout, la « transgression »
fut commise sous la pression dans le cadre du Jardin avec ses options
extrêmement limitées. Elle fut commise alors qu’Adam
et Ève ne jouissaient pas de toute leur compréhension
morale ou de leur responsabilité. Elle était nécessaire
pour la progression future du plan divin et était prévue
par Dieu comme étant l’issue de l’expérience
en Eden. C’est pourquoi il leur fut pardonné
unilatéralement grâce au sacrifice du Christ. Ce n’est
que justice.
Les
péchés commis par Adam et Ève et leur postérité
après la Chute, en raison de leur libre arbitre, en pleine
connaissance de cause et impliquant leur responsabilité, ne
peuvent être lavés par le sacrifice du Christ que s’ils
acceptent librementt l’alliance de l’Évangile.
Veuillez noter le
parallèle : les effets négatifs de la Chute, qui
surviennent sans notre participation (la maladie, la mort, etc..)
sont aussi annulés sans notre participation. Les effets
négatifs qui surviennent avec notre participation (nos péchés
personnels) ne sont annulés que par notre participation dans
l’alliance de l’Évangile.
Les
aspects familiers de la Chute
Dans
quelle mesure la chute d’Adam et Ève a-t-elle encore des
conséquences sur nous ? En tant que descendants, nous
héritons des conséquences physiques résultant de
leurs actions tout comme nous héritons de la modification de
leur condition physique. La descendance d’Adam et Ève
est physiquement déchue. Ce n’est peut-être pas
évident quand on a vingt ans et que l’on jouit d’une
bonne santé, mais lorsque l’on est malade ou blessé
et que nous vieillissons, cela devient plus évident :
naître c’est aussi souffrir et mourir. Il n’existe
pas de rapport plus inexorable, aucune certitude scientifique plus
fermement établie dans le monde naturel que ce fait. La
mauvaise nouvelle dans ce cas est particulièrement mauvaise :
à un moment de la vie, même si ça va mal, cela ne
fera qu’empirer : on mourra.
Cet
aspect distinctif de la Chute ne nous apparaît pas tout d’un
coup. D’abord, les dents se carient, la taille s’épaissit,
les genoux faiblissent, les cheveux tombent. On commence par avoir
besoin de verres simples, ensuite de prescriptions plus importantes,
après des lentilles à double foyer, et puis à
trois foyers. On ne pense pas toujours que le dentiste,
l’optométriste, ou le fabricant de perruques nous aident
à combattre les conséquences de la Chute, mais en fait,
c’est ce qu’ils font. De même, les médecins,
les infirmières, les pharmaciens, les psychiatres, les
psychologues, les techniciens de laboratoires, les diététiciens,
les fabricants de vitamines, les produits diététiques,
les exercices à bicyclette, et les tapis roulants, tous
ceux-ci et d’autres encore n’existent que pour nous
permettre momentanément de
contenir les effets de la Chute. Mais personne ne peut arrêter
le processus, car les directeurs, les entrepreneurs de pompes
funèbres et les fossoyeurs participent au business de la Chute
et en sont la conclusion ultime et inévitable icibas. Bien que
la mort soit l’évidence la plus dramatique de notre état
physique déchu, nous ne devons pas oublier que les blessures,
la maladie, la douleur, tous les problèmes physiques dont
souffrent les humains sont aussi le résultat de notre état
déchu. En Eden, il n’en était pas ainsi, ni
lorsque le Christ rétablira sa gloire paradisiaque ici-bas.
Si
nous sommes déchus physiquement, nous le sommes aussi sur le
plan spirituel. On peut décrire cette situation comme une
séparation géographique de la présence de Dieu,
à cause de notre condition déchue et pécheresse
(Moïse 5 :4). Mais les aspects spirituels de la Chute se
manifestent plus particulièrement par des sentiments de
solitude, de faiblesse, d’aliénation, d’anxiété,
de dépression, et de culpabilité. Nous avons soudain
été séparés de cette influence divine et
chassés de cet endroit où nous avons vécu et
communiqué avec nos parents célestes pendant peut-être
des milliers, voire des millions d’années. On peut
imaginer le confort, la sécurité que nos parents nous
ont prodigués pendant que nous grandissions grâce à
leurs tendres soins. On ne peut imaginer la place qu’ils ont
occupée durant ces éternités prémortelles.
Et maintenant, telles de jeunes recrues, nous souffrons d’une
anxiété terrible due à la séparation, un
sentiment de perte due à la Chute, mais parce que le voile est
tiré sur notre esprit, nous ne nous souvenons pas de ce que
nous regrettons si désespérément. La situation
qui en découle peut être qualifiée de grave
traumatisme spirituel, comme si on avait reçu un coup sur la
tête, qu’on avait été kidnappé et
qu’on se serait réveillé frappé d’amnésie,
esclave à Tombouctou. Lors de nos moments spirituels plus
sensibles, on peut ressentir qu’il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas dans tout ceci, mais tant qu’on ne trouve pas et
que l’on n’accepte pas l’Évangile de
Jésus-Christ, on ne peut trouver la faille dans cette vie et
la façon de la réparer. Quelque part au fond de nous,
nous pleurons la perte d’un foyer et d’une vie dont nous
ne nous souvenons pas. C’est seulement dans nos os que nous
ressentons cette perte.
D’autres
aspects de la
Chute
Bien
que les aspects spirituels et physiques de la Chute, la mort et la
séparation d’avec Dieu, attirent beaucoup l’attention,
je voudrais souligner d’autres aspects que nous négligeons
souvent, mais qui ont un profond impact sur nous ici-bas. Ainsi, nous
oublions souvent que si nous sommes déchus, nous le sommes
aussi mentalement.
En
tant qu’humains nous nous appuyons sur la raison et la logique.
Certains accordent plus de foi à la raison qu’à
Dieu. Nous avons tendance à considérer que si nous
partons de ce que nous savons être vrai et procédions
logiquement, nous arriverons toujours à des
conclusions correctes. Mais c’est inexact,
car la raison humaine est faillible, elle est déchue. Nous ne
pouvons même pas commencer avec ce que nous savons déjà
puisque nous démarrons sur terre sans rien savoir. Nous
n’apportons aucune donnée avec nous de derrière
le voile. Nous pouvons avoir des éclairs d’intuition, et
certaines choses peuvent nous paraître familières, mais
nous n’avons pas de données empiriques, aucun souvenir
rationnel de notre vie préterrestre. Nous démarrons
avec une bande magnétique vierge. Seul l’Évangile
nous donne des informations garanties de notre point de départ
et une perspective assurée pour l’interpréter.
Même
si la raison déchue avait des données fiables, ce qui
nous permettrait de commencer à réfléchir, nous
ne pourrions arriver à des conclusions correctes, car il se
trouve que l’intellect lui-même est un instrument
défectueux. Si nous utilisons toujours une aune trop longue ou
trop courte pour mesurer, l’erreur ne sera jamais détectée.
Comme notre intellect est une aune défectueuse, elle ne pourra
jamais détecter ses propres distorsions. Beaucoup d’entre
nous savent que notre univers nous réserve des surprises, et
qu’il résiste à nos tentatives de lui imposer
notre façon de voir les choses. Nous vivons journellement en
nous cognant le nez et nous constatons que les choses sont
véritablement différentes de ce que nous supposons. Ce
sont là des leçons pratiques montrant l’incapacité
de l’intellect humain à gérer infailliblement la
réalité de ce bas monde. Si nous ne montrons pas une
certaine humilité, et donc une certaine prudence, sur notre
capacité à raisonner correctement pour contrôler
notre sort, la vie nous le fait payer chèr. Et c’est
quand nous sommes le plus surs de nous que nous sommes le plus en
danger.
L’expérience
et le bon sens nous permettent de percevoir dans notre environnement
les conséquences de la Chute, même si cette perception
n’est pas toujours en relation avec le domaine religieux. Par
exemple, la loi de Murphy définit notre situation déchue
par un dicton populaire : « Si les choses vont mal,
alors elles iront encore plus mal et c’est probablement déjà
le cas ».
Cette tranche de
sagesse populaire admet d’une façon
correcte la « friction » ou l’opposition
dans notre existence, conséquence de la Chute. Cette idée
est contenue dans l’expression populaire : « C’est
le bazar ». Bien que n’étant pas à
proprement parler du domaine religieux, ces deux formules décrivent
les conséquences réelles et perceptibles de la Chute
dans les affaires humaines. Le poète écossais Robert
Burns a remarqué les limitations de la mortalité
lorsqu’il écrit : « The best-laid
schemes o’ mice
an’ men
gang aft agley » (les plans les mieux ourdis des souris et
des hommes sont souvent tordus).
Bien
que les humanistes sincères, et ils s’en trouvent dans
l’Église, argueront du contraire, nous ne pouvons en
tant qu’humains maîtriser notre sort par notre seule
raison, car celle-ci est déchue et défectueuse et nous
induits en erreur. « L’homme naturel ne reçoit
pas les choses de l’Esprit de Dieu ; car elles sont folies
à ses yeux, et il ne les connaît pas non plus, car c’est
spirituellement qu’on les discerne... Car la sagesse de ce
monde est folie pour Dieu » (1 Corinthien 2 :14 ;
3 :19). Si nous voulons arriver à détecter et à
nous élever au-dessus des distorsions de notre intellect
déchu, nous avons besoin d’une autre aune, une correcte
cette fois-ci, pour prendre la mesure de notre raison. L’Évangile
de Jésus-Christ est cette mesure.
En
général, c’est une procédure assez saine
que de se reposer sur notre bon sens. La plupart du temps c’est
ce que nous avons de mieux. Mais ce raisonnement doit toujours être
tempéré par l’humilité et la compréhension
des conséquences de la Chute sur celui-ci. L’intellect
déchu n’arrivera jamais à la vérité
pleine et entière par lui-même. C’est pourquoi
ceux qui considèrent que l’intellect et le raisonnement
humains sont les meilleurs guides ici-bas
sont condamnés à « toujours apprendre, mais
n’arrivant pas à la connaissance de la vérité ».
Ils utilisent une aune qui se contrôle elle-même, et n’en
est pas moins défectueuse. Seul l’Évangile nous
fournit une indication fiable à partir du moment où
nous commençons à agir au-delà de nos
limitations rationnelles. On ne peut utiliser qu’une mesure
révélée pour vérifier le calibrage de la
sagesse humaine. Car l’aune défectueuse de la sagesse
humaine ne peut que se valider si on l’utilise pour la mesurer
elle-même. En
dehors de l’influence du Saint-Esprit à quelque niveau
que ce soit (révélation, inspiration, intuition, ou
n’importe quoi d’autre) notre raison nous conduira à
terme à la faute.
Nous
sommes aussi déchus sur le plan émotionnel. Nos
émotions, comme notre corps, font partie de notre nature
charnelle. Elles sont défectueuses et nous les maîtrisons
rarement. Nous ne choisissons pas notre caractère. En général
on ne choisit pas ses défauts. quelquefois notre état
émotionnel est influencé par des facteurs physiques ou
chimiques agissant dans le cerveau, et celuici ne peut être
contrôlé librement ni en être tenu pour
responsable. Cependant, dans la plupart des cas nos émotions
déchues, comme notre corps physique, peuvent et doivent être
assujetties à la férule de notre esprit. De plus, nous
ne choisissons pas correctement qui ou ce que nous aimons et nous ne
déterminons pas l’intensité de notre amour. Si
nous avons trop de mauvais contacts, nos émotions peuvent
créer des attachements ou en dissoudre d’anciens contre
notre gré. Nos émotions représentent de pauvres
substituts à l’Esprit en tant que guide dans notre vie.
Il est aussi vain de suivre nos émotions débridées
que notre chair. J’exprime là mon opinion que dans la
résurrection, nos émotions, si nous les avons
assujetties à notre esprit seront sous notre maîtrise
complète, et qu’elles ne seront plus déchues,
mais que notre volonté les maîtrisera. Elles seront
alors comme celles de Dieu, toujours sous contrôle et leurs
manifestations auront toujours un caractère rédempteur.
Nous
sommes aussi déchus moralement. Cela signifie que notre sens
du bien et du mal est défectueux. Il est vrai qu’en
général nous pouvons utiliser notre conscience comme
guide, mais il est notoire que deux individus arriveront à des
conclusions opposées s’ils ne font appel qu’à
leur seule conscience. Il arrive aussi que celle-ci ne fournisse
aucune opinion. Le désir de faire le bien n’aide pas
beaucoup quand on ne sait pas ce qu’est le bien. La lumière
du Christ donne aux gens assez de renseignements pour être
responsables de leurs péchés, et peut-être pour
en éviter certains, mais celle-ci ne peut remplacer le
Saint-Esprit. La lumière du Christ n’a pas d’intensité
suffisante pour servir de guide pour tout le monde en toutes
circonstances, surtout si une raison bassement matérielle et
notre nature charnelle nous poussent dans une autre direction.
Cependant, la mortalité exige que nous émettions des
jugements moraux complexes sur ce qui est bien et mal. En l’absence
du don du Saint-Esprit, nous arriverons simplement à la
mauvaise conclusion, et nous pourrons même croire que nous
avons raison.
Notre
déchéance globale (physique, spirituelle, mentale,
émotionnelle et morale) rend le test de la mortalité
encore plus difficile. En même temps, nous recevons un corps
physique qui recherche naturellement les plaisirs plutôt que la
justice. Celui-ci est incapable de distinguer le bien du mal, la
chair n’a pas de conscience. Je le dis littéralement.
Tout comme un thermomètre ne détecte pas les radiations
et que le compteur Geiger ne détecte pas la chaleur, notre
chair ne distingue pas la lumière et la vérité,
elle n’a pas été conçue pour ça. La
chair ne distingue que le plaisir et la douleur, ce qui est agréable
et ce qui ne l’est pas. Le moi charnel qui n’est pas
racheté, notre chair et nos désirs, sert le diable
parce qu’il n’a pas de sens moral, aucun discernement
spirituel, ni aucune conscience. Il n’a pas été
conçu dans ce but, cette capacité a été
donnée à l’esprit. Si notre chair n’est pas
rachetée et que nous n’avons pas la direction de
l’Esprit, celle-ci est moralement aveugle. C’est pourquoi
elle est une ennemie de Dieu. Satan peut persuader la chair que le
péché donne du plaisir alors qu’il ne peut
convaincre l’esprit que le péché est bien. C’est
pourquoi étant à la fois d’une puissance
incroyable et moralement aveugle, tant que le charnel ne se soumet
pas aux inspirations du Saint-Esprit et qu’il n’accepte
pas la direction de notre esprit avec sa vision morale, celui-ci
reste une référence peu fiable et se trouve être
l’ennemi de Dieu (Mosiah 3 :19).
Remarquez
que nous ne cherchons pas à détruire ou à éviter
le côté charnel qui est en nous, mais plutôt à
l’assujettir à l’esprit et à le sanctifier.
La capacité à obtenir du plaisir n’est, après
tout, pas un mal. Il est nécessaire et désirable, mais
il ne faut pas le placer en priorité des priorités,
mais qu’il soit soumis à la direction de l’Esprit
et qu’il serve ses intérêts.
Comme
nous n’avons pas atteint la perfection au moment de notre
conversion, nous ne devons pas nous attendre à ce que notre
moi charnel accepte d’être assujetti à l’esprit
une fois pour toutes. Nous devrons mourir quand bien même nous
avons été rachetés de la mort par l’expiation
et la résurrection du Sauveur, mais nous devrons quand-même
toujours lutter même après avoir vaincu notre nature
charnelle grâce à son expiation.
Dans
le pire des cas, le moi charnel peut être horriblement vicieux.
Dans le meilleur des cas, il peut être aussi humain, les hommes
font, sans Dieu, le bien du mieux qu’ils peuvent, mais ils ont
quand même tout faux à la fin. Même si les
convertis sincères essaient de suivre le Christ, ils ne
doivent pas supposer qu’ils seront délivrés
immédiatement de toute l’influence du moi charnel. La
lutte contre ce moi fait partie de l’épreuve, et
celle-ci n’est pas encore terminée. En fait, le
processus de raffinement durera au-delà de notre vie
terrestre. La victoire est garantie au fidèle grâce au
sacrifice expiatoire du Christ (1 Jean 5 :4-5 ; D&A
38 :7-9), mais notre lutte individuelle continuera tant que nous
serons sur terre.
Le
dernier aspect de la mauvaise nouvelle, c’est que, étant
donné que la Chute nous assujettit à la nature
charnelle, elle nous place aussi devant un risque accru de péché
personnel. La Chute n’est pas en soi la cause immédiate
de nos péchés, mais elle nous place dans un
environnement négatif dans lequel nous sommes susceptibles de
nous trouver face au péché et d’être
tentés. Cette attirance, combinée aux impulsions
enthousiastes de la chair, vainquent souvent les désirs justes
de l’esprit, et nous nous polluons. C’est ce que dit
Moïse 6 :55 : « Étant donné
que tes enfants sont conçus dans le péché,
lorsqu’ils commencent à grandir, le péché
est conçu dans leur cœur, et ils goûtent à
l’amer afin d’apprendre à apprécier le
bien ». Concevoir dans le péché signifie
concevoir dans la mortalité, avec une nature déchue.
Cela ne veut pas dire une conception coupable, mais la tentation
constante de la nature charnelle rend inévitable le péché
dans notre vie.
Pour
résumer, la mauvaise nouvelle réside dans le fait que
hors l’expiation du Christ, nous sommes, en raison de notre
choix prémortel, coincés dans une existence qui n’offre
que douleur, souffrance, et angoisse. Menés par la tendance
bien compréhensible de notre nature charnelle pour le plaisir
plutôt que pour la douleur, nous sommes, à cause de nos
péchés, devenus les esclaves de Satan. Notre capacité
à raisonner selon des critères célestes est
affaiblie, et cette condition déchue ne sert pas notre esprit,
mais notre chair. Nous ne maîtrisons pas toujours nos émotions,
et nous considérons souvent que le mal est bien. À
terme et inévitablement nous mourrons, et à ce moment,
nous ne pourrons pas revenir à la maison. Et ça, sans
l’Évangile, c’est la mauvaise nouvelle de la
Chute. Mais ne soyez pas déprimés ; la bonne
nouvelle c’est que la Chute et toutes ses conséquences
ont été vaincues par Jésus-Christ, et que nous
ne les subirons plus lorsque cette épreuve mortelle sera
finie.
Pourquoi
avoir choisi d’affronter cette
situation?
Si
la Chute a suscité les conséquences décrites
ci-dessus, pourquoi des gens comme vous et moi ont accepté-t-ils
de les vivre ? Je crois que notre acceptation, dans la vie
prémortelle, à faire face aux dangers de la Chute,
était dans la plupart des cas un acte de foi envers le Christ.
Nous sommes entrés dans le piège de la condition
mortelle sur la foi de la promesse divine, la Parole de Dieu, qu’Il
nous sortirait de là si nous nous repentions quand nous
pécherions et que nous nous tournerions vers lui, et tous les
enfants d’esprit, sauf un petit nombre d’entre nous, qui
arrivent dans ici-bas avaient alors pleinement l’intention de
se repentir et de se tourner vers lui dans cette vie.
Ainsi,
le fait de venir sur terre consiste à se remettre entièrement
entre les mains du Sauveur, à sauter
dans la fosse aux lions et à lui faire confiance pour nous en
retirer. Nous lui avons fait confiance, et nous avons fait alliance
avec lui que nous passerions par les épreuves de la Chute, que
nous nous repentirions et que nous nous
tournerions vers lui, s’il acceptait de vaincre tous nos
ennemis pour nous accorder l’expiation et la résurrection.
S’il échouait, nous étions perdus, mais tout ceci
démontre que nous avions une haute opinion du Christ à
ce moment, puisque nous étions prêts à courir le
risque. Les évènements ont démontré qu’il
a respecté son alliance, alors que beaucoup d’entre nous
ne l’ont pas fait. Le Sauveur n’a pas failli à sa
mission grandiose, et tout ce que nous avons à faire est de
lui faire confiance ici et maintenant comme nous lui avons fait
confiance lorsque nous avons voté pour lui autrefois, et de
nouveau nous remettre complètement entre ses mains.
La
Bonne Nouvelle : l’expiation du Christ
Comme
j’ai écrit assez longuement sur la Bonne Nouvelle dans
mon livre précédent, je ne vais pas reprendre tout ça
ici si ce n’est pour dire que le Christ a surmonté
toutes choses et vaincu tous les ennemis.
Cependant,
si nous choisissons de céder au moi charnel, si nous cherchons
à plaire à la chair, si nous chérissons et
nourrissons les pensées charnelles au lieu de les rejeter de
notre esprit, si nous obéissons à nos pulsions
émotionnelles déplacées, ou si nous persistons à
dire que le mal est bien après que l’Esprit ou des
dirigeants inspirés nous aient instruits différemment,
alors nous sommes responsables de nos choix. Dans ces cas, notre
nature déchue se borne à frapper à la porte, et
nous lui ouvrons largement et nous embrassons avec empressement ce
qui se trouve à l’extérieur au lieu de garder la
porte fermée. Dans ces cas nous ne luttons pas simplement
contre une nature déchue qui passe son temps à nous
imposer ses préférences en gémissant, mais nous
passons la ligne et nous commettons le péché
consciemment. Nous serons tenus responsables de cela si nous ne nous
repentons pas.
Une
partie de la Bonne Nouvelle de l’Évangile est que les
conséquences physiques, spirituelles, mentales, émotionnelles
et morales de la Chute ont toutes été vaincues par le
Sauveur, et que nous serons à terme libérés de
toutes celles-ci par sa grâce. Néanmoins, nous devons
encore travailler pendant un temps avec ces handicaps comme faisant
partie de notre épreuve mortelle ou probation. La maladie et
la mort nous réclameront nonobstant notre foi. Des pensées
charnelles surgiront quelquefois dans notre esprit (même dans
des lieux saints) qu’importe notre justice. Nous commettrons
des erreurs de jugement, quel que soit le niveau de conversion que
nous ayons vis-à-vis du Christ. Nos émotions vont nous
inciter à mal faire et le mal nous semblera bien quel que soit
le niveau d’engagement dans l’Église et le
royaume. Il nous est promis que ces limitations nous seront ôtées
totalement dans la résurrection, et que nous ne serons pas
punis pour les avoir endurées dans la mortalité (à
moins de choisir de les embrasser et d’y obéir), mais
jusqu’à ce grand jour nous devons souffrir les
frustrations et les limitations quand nous luttons contre la bête
immonde. Cela fait partie de notre épreuve.
Notre
devoir consiste à admettre notre handicap, chose que certains
d’entre nous trouvent très difficile à faire, et
continuer quand même à servir humblement et fidèlement
autant que faire se peut jusqu’à ce que nous soyons
délivrés. De plus, au fur et à mesure que nous
apprenons à obéir aux commandements
de Dieu, et que nous progressons pour
devenir de plus en plus semblables à lui, nous nous rendrons
compte que l’influence du moi charnel dans notre vie diminue
avec le temps.
Je
connais des gens dans l’Église qui se flagellent parce
que leur nature est déchue, et qui considèrent ceci
comme un signe de leur indignité dans le royaume. Pour ces
masochistes spirituels, il ne leur suffit pas de contrôler leur
nature charnelle, ou de commencer à diminuer son influence en
développant des habitudes d’obéissance envers
Dieu. Ils ne veulent même pas avoir de nature charnelle. Ils
s’attendent bêtement à ce que leur conversion
envers l’Évangile et leur désir de suivre une vie
céleste leur permettent de vaincre les conséquences de
la Chute maintenant, mais ça n’arrive pas. Le « grand
changement » est un changement d’orientation, de
désirs, de buts, qui nous permet de recevoir les bénédictions
de l’Expiation. Mais la plupart d’entre nous
n’atteindront pas ces buts dans cette vie. C’est un
processus qui continuera dans l’éternité. Dans la
mortalité, le fait de résister aux incitations de nos
pensées charnelles et de les chasser de notre esprit est déjà
un objectif et une attente raisonnables. Mais ne jamais avoir de
pensée charnelle n’est pas un objectif et une attente
raisonnables. Le Président Brigham Young
a dit : « Ne supposez pas que nous serons libres dans
la chair de toute tentation de pécher. Certains supposent
qu’ils peuvent dans la chair se sanctifier le corps et l’esprit
pour devenir si purs qu’ils ne ressentiront plus jamais les
conséquences du pouvoir de l’adversaire de la vérité.
S’il était possible à quelqu’un d’atteindre
ce degré de perfection dans la chair, il ne pourrait mourir ni
rester dans un monde ou le péché prédomine... Je
pense que nous devons plus ou moins ressentir les effets du péché
tant que nous vivons, pour finalement devoir passer par l’épreuve
de la mort. »
Il
faut dire que ce qui précède est la vérité,
mais il y a grand danger à dire ces choses. Le danger c’est
que quelqu’un, quelque part, risque de penser qu’il est
impossible de résister à sa nature charnelle. C’est
faux. La résistance n’est pas seulement possible, elle
est exigée. Dans cette vie le progrès est possible, la
perfection ne l’est pas. Ce qui est impossible est complètement
séparé de notre moi charnel. Nous sommes coincés,
comme des missionnaires dont le compagnon ne veut pas sortir du lit.
On ne peut pas le laisser seul. Alors nous faisons du mieux que nous
pouvons pour respecter les règles tout en essayant de rendre
notre compagnonnage aussi
productif que possible en fonction des circonstances. Et nous
espérons un transfert. De même dans la chair nous
faisons de notre mieux pour résister à l’influence
de notre compagnon charnel pour garder les règles tout en
essayant de rendre notre vie aussi productive que possible en
fonction des circonstances. Et nous espérons la résurrection.
Les
conséquences de la Chute (physiques, spirituelles, mentales,
émotionnelles, et morales) constituent des handicaps
extérieurs sur lesquels nous devons travailler pendant la
mortalité, mais il nous est promis qu’elles seront
supprimées dans l’éternité grâce à
la victoire de Christ.
Les
coincés et les perfectionnistes parmi nous doivent se rendre
compte qu’une grande partie des raisons pour lesquelles les
choses vont mal ici-bas, est à cause de la Chute, et non de
leur incompétence. Une fois que nous comprenons et que nous
acceptons les limitations naturelles placées sur nous à
cause de la Chute et de ses conséquences, alors nous devons
nous attaquer aux risques autrement plus dangereux qui se présentent
à nous dans notre tentative de suivre le Christ : nos
propres péchés.
CHAPITRE
QUATRE : LA FOI ET
LES OEUVRES
J’espère
que les trois premiers chapitres de ce livre auront au moins établi
que :
1.
En tant que membres sincères de l’Église qui ont
contracté l’alliance de l’Évangile, nous
sommes déjà dans le royaume de Dieu (encore que, à
l’heure actuelle, sous conditions) pour autant que nous
choisissions d’y rester.
2.
Endurer fidèlement jusqu’à la fin ne signifie pas
faire face avec succès à nos problèmes ou
souffrir les afflictions avec courage, bien que certains aient à
faire face à ces difficultés. Il est certain que cela
n’a pas grand’ chose à voir avec le fait de
vaincre des obstacles ou d’atteindre des objectifs personnels.
Cela signifie plutôt rester ferme dans le royaume en se tenant
au Christ et à son Église sans modifier notre
engagement, quelqu’en soit le prix. « Endurer »
et « être fidèle » ne signifient
pas être parfaits ou vivre dés notre baptême
jusqu’à la mort sans pécher, car Dieu à
prévu que nous faiblirions et a instauré la Sainte-Cène
comme moyen pour se repentir régulièrement et pour
s’améliorer dans le cadre de l’alliance.
3.
Certaines imperfections qui nous embarrassent dans la mortalité
ne sont pas de notre fait, et nous n’en serons pas tenus
comptables. Les imperfections de ce genre sont des handicaps innés
et des limitations qui sont là simplement à cause de la
Chute, suite à la mortalité, et lorsque nous quitterons
celle-ci alors nous en serons délivrés.
Alors,
pourquoi travailler ?
Si
tout ce qu’on vient de dire est vrai, pourquoi travailler
davantage ? Après tout, si nous sommes déjà
dans le royaume, faire de bonnes œuvres n’a pas pour
finalité d’y entrer ! Les œuvres doivent se
rapporter à autre chose, car nous ne travaillons pas pour
gagner ce que nous avons déjà. Mais si la tâche
monumentale qui
se trouve devant moi en tant que membre mortel de l’Église
ne consiste pas à faire ma place dans le royaume, alors
qu’est-ce ? Si je suis déjà dans le royaume,
pourquoi est-ce que je travaille si dur ? En fait, pourquoi
devrais-je même travailler ?
Certains
chrétiens n’apportent pas de réponses correctes à
ces questions, puisqu’ils ne possèdent pas la plénitude
de l’Évangile. Ils considèrent le salut comme un
simple évènement. Pour eux c’est en fait le seul
véritable évènement significatif existant, et
dès qu’on a atteint le royaume, le jeu est terminé
et on a gagné. Mais pour les saints des derniers jours, la
réponse n’est pas aussi simple. Nous considérons
l’œuvre salvatrice de Dieu dans son intégralité,
non comme un simple évènement, mais comme un processus
avec un commencement et une fin. Le début du processus
consiste à venir au Christ par la foi, le repentir, le
baptême, et la réception du don du Saint-Esprit. Ce
faisant, à un certain moment dans le processus, nous sommes
justifiés, sanctifiés, et « sauvés »
à condition de persévérer (Matthieu 10 :22).
Jusque
là, la théologie des saints des derniers jours est
semblable à celle d’autres chrétiens. Mais les
saints des derniers jours savent que la fin du processus est de loin,
bien plus grandiose que celui d’être sauvé. Le but
ultime, l’objectif de l’œuvre de Dieu, ne se borne
pas à nous sauver de la mort et de l’enfer, aussi
merveilleux que cela puisse être en soi. L’objectif caché
est que nous devenions comme le Christ (cela ne vous semble-t-il pas
fantastique ?) Être sauvés c’est devenir des
enfants de Dieu par l’expiation du Christ, mais le but ultime
pour des enfants consiste à grandir pour devenir semblables à
leurs parents. Seuls les saints des derniers jours intègrent
cette dimension ! Je ne me borne pas à œuvrer dans
le royaume, après ma conversion, pour y entrer. Je ne
travaille pas pour être sauvé. Je travaille pour devenir
ce qu’il est, faire ce qu’il fait, et avoir ce qu’il
a.
Aller
au Christ c’est un peu comme prendre le train pour une
destination précise. Si vous voulez arriver à cette
destination, il est indispensable de monter dans le train. Et après
avoir pris le train, il est inévitable que si nous y restons,
nous arriverons à destination. Mais même si on fait
ceci, prendre le train n’est pas l’objectif du voyage.
Notre objectif c’est d’arriver à destination.
Aller au Christ, être sauvés, c’est le début
de notre transformation. Pour ainsi dire, on monte dans le train.
Mais notre objectif ultime, notre but, c’est de devenir comme
le Christ. C’est pour cela que nous travaillons, pas pour être
sauvés de l’enfer, car le Christ l’a déjà
fait pour nous. Dans sa grande condescendance, Dieu le Fils est
devenu tout ce que nous sommes, a souffert tout ce que nous avons
souffert pour ôter tous les obstacles et ouvrir toutes les
portes (Apoc. 3 :8).
Maintenant,
il nous invite à devenir tout ce qu’il est en suivant le
chemin qu’il a tracé. C’est pourquoi nous
travaillons à diminuer la distance, à devenir plus
semblables à notre Père (Mosiah 5 :7), à
réaliser la perfection individuelle que le Christ a rendue
possible. Ceux qui ne désirent pas devenir entièrement
semblables au Christ tel qu’il est maintenant, se trouveront de
plus en plus mal à l’aise et finiront par descendre du
train, certains plus ou moins loin de leur destination. Mais nul ne
sera rejeté. Si nous restons dans le train, si nous endurons
jusqu’à la fin, nous avons la promesse divine que nous
atteindrons notre destination et que nous deviendrons tout ce qu’il
est, et que nous recevrons tout ce qu’il a (Romains 8 :14-19,
surtout 17 ; Jean 16 :15 ; Luc 12 :44 ;
D&A
84 :38).
Malheureusement,
les autres confessions ne peuvent donner cette réponse, car
selon leur théologie, nous et le Christ sommes deux espèces
complètement dissemblables l’une de l’autre :
il est divin, nous sommes humains. Selon leur point de vue, il est
blasphématoire de suggérer que nous puissions devenir
ce qu’il est. Ils soutiennent qu’il n’existe aucun
processus, aucun but à long terme, et rien dans le domaine de
la religion au-delà de l’évènement isolé
consistant à être sauvé de la mort et de l’enfer.
Une fois sauvés, ils restent théologiquement parlant en
plan sans nulle part où aller, sans rien faire, ni aucune
raison de faire quoi que ce soit. Leur train est immobile, sans
moteur, sans rails, ni destination. Pour eux, monter dans le train
représente la destination finale. Il n’est pas étonnant
que l’évènement unique permettant « d’être
sauvés » devienne pour eux le point central pour
toute l’éternité et que l’insistance des
saints des derniers jours à travailler pour atteindre un but
futur les irrite tellement. Ils nient l’existence d’un
but autre que celui d’être sauvés de la mort et de
l’enfer. Ils supposent à tort que les saints des
derniers jours travaillent pour être sauvés, et
malheureusement, certains parmi nous le font. Mais le Christ a déjà
fait cette œuvre, maintenant nous travaillons à lui
ressembler autant que nous le désirons.
Seuls
les saints des derniers jours comprennent que la grâce de Dieu
consiste à nous ramener vers lui, et de faire de nous,
littéralement, ce qu’il est. Ça, c’est
vraiment de la grâce ! Pour les saints des derniers jours
le point central de cette vie consiste à venir au Christ et à
commencer le processus, mais nous espérons aussi ce moment
grandiose qui adviendra dans l’éternité lorsque
nous lui ressemblerons finalement (1 Jean 3 :2 ;
2 Cor. 3 :18). Nous nous consacrons, en tant qu’enfants
de Dieu, tous les jours de notre vie en vue de ce glorieux jour, afin
que, par nos œuvres nous nous rapprochions de lui. Lorsque nous
utilisons l’expression « aller au Christ »
pour décrire la conversion, il s’agit d’une figure
de style qui définit notre intention et nos désirs.
Mais la réalisation ultime pour arriver au Christ consiste à
diminuer la distance qui nous sépare en faisant ce qu’il
fait pour devenir ce qu’il est.
Si
nous concentrons trop notre attention sur les débuts de notre
vie en Christ, sur notre conversion initiale et notre justification
par la foi en Christ (c’est-à-dire sur le fait d’être
sauvé) on peut obscurcir l’objectif, le but et la raison
de notre nouvelle vie, qui graduellement, dans cette vie et dans
l’éternité devant nous, est de devenir en réalité
semblables au Christ. Une insistance exagérée sur le
début masque l’importance de la fin. Il est tout à
fait capital d’être convertis, si nous ne commençons
pas alors à imiter le Christ et à nous rapprocher
graduellement de lui, nous ne l’honorons pas véritablement
ou nous ne l’adorons pas sincèrement, car la véritable
adoration se manifeste dans l’imitation.
De
même, si nous concentrons trop notre attention sur la
réalisation finale de notre but éternel, à
devenir un jour ce qu’est notre Père, il se peut que
nous sous-évaluions, ou même que nous ne tenions pas
compte de l’œuvre salvatrice du Christ, et qu’au
lieu de cela nous glorifiions nos propres efforts et que nous avons
l’impression de « nous sauver nous-mêmes »
en travaillant à notre objectif. C’est pour cette raison
que beaucoup ne ressentent pas le pouvoir et la bénédiction
d’avoir le Christ dans leur vie maintenant. C’est
pourquoi je suggère qu’il vaut mieux considérer
le salut comme un processus avec un commencement dans cette vie et
une fin dans l’éternité3. Le début est
surtout entre les mains du Christ ; la fin est particulièrement
dans les nôtres. C’est ce que Néphi nous dit dans
2 Néphi 31 :19-20. Nous entrons dans le chemin
étroit et resserré avec une foi inébranlable
dans la parole du Christ, nous reposant totalement sur les mérites
de celui qui est puissant à sauver. Maintenant, nous devons
nous presser en avant avec fermeté dans le Christ avec une
espérance parfaite. Si nous « endurons jusqu’à
la fin » de cette façon, le Père nous
promet : « Vous
aurez la vie éternelle ». Mais nous devons toujours
nous souvenir que tant que nous sommes engagés sincèrement
dans le processus, tant que nous travaillerons du début à
la fin, nous serons en sécurité dans son royaume et
dans ses bras aimants, sauvés au sens classique (Alma 5 :33 ;
34 :16 ; Mormon 5 :11 ; 6 :17).
D’autres
raisons de travailler à notre salut
Il
existe encore d’autres raisons de travailler dans le royaume.
Tout d’abord, l’œuvre que nous accomplissons pour
le royaume est une forme d’adoration ; en fait, c’est
la forme la plus élevée du culte. Dieu, dans tous ses
attributs glorieux, dans toute sa justice parfaite est notre Dieu.
Nous aimons et respectons ce qu’il est. Comment pouvons-nous
l’adorer et ne pas adorer ce qu’il est ? Nous ne
pouvons pas, car ce serait illogique. Une chose est sûre :
nous ne pouvons adorer une chose et ne pas adorer ce qu’elle
est. C’est pourquoi nous honorons, nous respectons, et nous
attachons de la valeur à la justice, car il est juste. Nous
accordons de la valeur à l’amour, car il est amour. Nous
accordons de la valeur à la compassion et au pardon, car il
est plein de compassion et de pardon. Nous cherchons à
posséder ce à quoi nous attachons de la valeur. C’est
ainsi que nous adorons Dieu en cherchant à posséder ses
attributs divins dans notre vie. On adore les faux dieux que sont la
richesse, la célébrité, le sexe, en les
recherchant pour les posséder. Celui qui adore l’argent
cherche à acquérir de l’argent ; celui qui
adore la célébrité cherche à devenir
célèbre et ainsi de suite. Le vrai Dieu est amour,
vérité et lumière. C’est pourquoi si nous
l’adorons véritablement, nous cherchons à
posséder son amour, sa vérité et sa lumière.
Nous ne pouvons rechercher le bien, adorer le bien sans devenir bons
(ou tout au moins sans devenir meilleur avec le temps). La vraie
question que nous devons nous poser sur l’éternité
n’est pas : « Qu’est-ce que je veux
obtenir ? » ni : « Où est-ce
que je veux aller ? », mais : « Qu’est-ce
que je veux être ? ».
Nous
travaillons aussi pour témoigner. Les Écritures nous
donnent plusieurs exemples sur ce point : « Que votre
lumière brille devant les hommes, afin qu’ils voient vos
bonnes œuvres, et glorifient votre Père qui est dans les
cieux » (Matt. 5 :16). À ceci tous
reconnaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez
de l’amour les uns les autres » (Jean 13 :35).
Si le Christ et moi sommes véritablement unis dans l’alliance
de l’Évangile, alors je dois véritablement
refléter sa nature dans ma vie. Ma conduite, en s’améliorant,
témoigne du Christ qui m’a pris à lui. Le
résultat final peut ne pas être visible tout de suite,
mais le processus du changement en moi sera facilement
reconnaissable. Si mon apparence, avec le temps, ne devient pas de
plus en plus visible en moi, si je ne commence pas à porter
les fruits de ma conversion, il semble douteux que je sois entré
de bonne foi dans l’alliance ou que je n’ai pas
secrètement changé d’avis quelque part avec le
temps.
De
plus, selon
Éphésiens
2 :19-22,
nous, les
membres de
l’Église, sommes comme les
pierres ou les briques dans la structure de l’Église.
Maintenant, que font exactement les pierres d’un mur ?
Quelle grande œuvre accomplissent-elles ? Eh bien, elles
sont simplement là, elles ne font pas grand-chose en réalité !
C’est peut-être le cas... mais elles sont là !
En fait, c’est ce qu’elles font. Elles sont là.
Elles sont sûres, elles sont fermes, on peut compter dessus,
elles endurent à l’endroit où on les a placées.
C’est comme cela qu’elles servent le Maître
Bâtisseur. Elles ne font pas de vaet-vient, elles ne se
déplacent pas, elles ne se promènent pas, elles
n’essaient pas de se reposer ou de passer la part de leur
fardeau à leurs voisins, elles ne créent pas de trous
dans le mur.
Nous
aussi, nous faisons du bon travail pour construire le royaume.
D’après mon expérience, ce sont ceux qui sont le
plus convertis à l’Évangile qui travaillent le
plus dur pour l’avancement de l’Évangile. La
vérité c’est que les plus grandes œuvres
suivent la conversion, elle ne la précède pas. Joseph
Smith a donné sa vie, les pionniers ont traversé les
plaines, les premiers chrétiens ont été livrés
aux lions, non pour se convertir à l’Évangile,
mais parce qu’ils étaient déjà convertis.
Lisez
les Écritures suivantes :
1.
Alma 7:24 : « Veillez à avoir la foi,
l’espérance et la charité, alors vous abonderez
toujours en bonnes œuvres ». Il est clair qu’Alma
comprend que ces bonnes œuvres qui arrivent en abondance sont
le résultat de notre foi, de notre espérance et de
notre charité. Les bonnes œuvres d’Alma lui-même
ne sont apparues qu’une fois que sa remarquable conversion au
Christ eut lieu. Alma était positivement méchant
jusqu’à ce qu’il accepte le Christ et soit
racheté ; ensuite, il « œuvra sans
cesse » (Éther 12 :4) « Quiconque
croit en Dieu peut avec assurance espérer un monde meilleur,
oui, même une place à la droite de Dieu, espérance
qui vient de la foi, est une ancre pour l’âme des hommes,
laquelle les rendra fermes et inébranlables, toujours abondant
en bonnes œuvres, étant poussé à glorifier
Dieu ».
De
nouveau, nous noterons que l’on abonde en bonnes œuvres
après avoir reçu cette ancre de la foi et de
l’espérance. C’est la conversion au Christ qui
nous convainc de notre besoin de nous améliorer et qui crée
le désir de se repentir et de faire de bonnes actions. Les
bonnes œuvres sont généralement les fruits
résultant de l’acceptation de l’alliance de
l’Évangile et non l’inverse. Moroni 7 :28 :
« Car il a satisfait aux buts de la loi, et il revendique
tous ceux qui ont foi en lui ; et ceux qui ont foi en lui
s’attacheront à tout ce qui est bon ». C’est
notre foi en Christ et le fait qu’il nous revendique comme
siens qui nous obligent en tant que saints à rechercher le
bien. Les vrais saints s’attacheront à tout ce qui est
bon ; pas pour qu’il les reconnaisse comme siens, mais
parce qu’il les a déjà reconnus comme siens.
De
plus, je crois qu’il existe un lien indissoluble entre l’effort
et le bonheur, une loi qui s’énonce à peu près
comme suit : « Plus on a de volonté à
obtenir de la joie, plus on en obtient ». Notre nature
éternelle comme enfants de Dieu est telle que notre capacité
pour avoir de la joie est
augmentée par
l’effort
que nous
déployons
(opposition en
toutes choses). Après tout les champions du divan perdent
énormément de bonheur dans cette vie ; il se peut
que dans les éternités spirituelles, ces champions
aient manqué certaines choses qu’ils auraient pu obtenir
avec un peu d’effort. Voir
Alma 36 :12-24 (surtout 24).
Si
nous voulons être comme Dieu, nous devons nous souvenir que
Dieu travaille ; et qu’il travaille très dur.
L’œuvre
et la gloire de Dieu consistent à réaliser
l’immortalité et la vie éternelle de ses enfants,
c’est pourquoi si on évite cette œuvre, on perdra
aussi sa gloire.
Il
est naturel que les enfants de la maison participent aux corvées
de la maison. Tout comme le Christ a fait « les œuvres
que le Père lui a données » (Jean 5 :36),
de même, en l’imitant, nous faisons les corvées
qu’il nous a données « Celui qui croit en
moi, fera, lui aussi les œuvres que moi je fais »
(Jean 14 :12). Mon fils Michael, ne m’obéit pas et
ne fait pas les corvées pour devenir mon fils. Je ne lui dis
pas : « Allez, Mike, si tu fais vraiment bien tes
corvées, tu peux espérer devenir un jour mon fils ».
Il est déjà mon fils, et il le sait ; c’est
arrivé il y a des années. Inversement, si je devais
dire aux fils Karlsven qui vivent de l’autre côté
de la rue de tondre ma pelouse, il est probable qu’ils ne le
feraient pas, parce que je ne suis pas leur père, et que ce
n’est pas leur pelouse. Ils ne me doivent aucune corvée.
Michael m’obéit parce que c’est mon fils, et que
cette relation existe déjà entre nous et qu’il
l’apprécie. Il obéit pour montrer qu’il
accepte volontairement les termes qui le lient en tant que fils et la
place qu’il occupe légitimement dans notre famille.
Michael ne peut pas en travaillant comme un forcené, en
rendant service, ou en obéissant devenir mon fils parce qu’il
est déjà mon fils (encore que s’il désobéit
volontairement, et renie cette relation et l’endommage à
un point tel qu’elle ne sera plus qu’un fait biologique
et rien de plus). Parce que tous les deux nous chérissons
cette relation et parce que nous nous aimons, j’essaie d’être
un père compréhensif et il essaie d’être un
fils obéissant. Dans le même esprit, et pour les mêmes
raisons, nous accomplissons, en tant qu’enfants du royaume, les
œuvres que le Père nous a confiées. Si nous
voulons continuer, endurer, dans le cadre de cette relation
glorieuse, alors nous faisons nos corvées du mieux de nos
possibilités.
Les
œuvres : une nécessité
Les
Écritures affirment clairement qu’une conduite correcte
(œuvres) fait partie intégrante de notre vie en Christ.
Le Sauveur a enseigné : « Celui qui dit :
Seigneur, Seigneur, n’entrera pas dans mon royaume, mais
celui-là seul qui fait la volonté de mon Père
dans les cieux... Loin de moi, vous qui commettez
l’iniquité »
(Matt. 7 :21 ; 23). En d’autres termes, il ne suffit
pas de prononcer des mots ou de confesser le Christ, et de refuser de
le reconnaître comme notre Seigneur en le servant et en nous
conformant à sa volonté pour que nous puissions entrer
dans le royaume. La confession ou la reconnaissance du Christ doit se
concrétiser en faisant la volonté du Père qui
est dans les cieux et non en commettant l’iniquité.
Jésus a souligné le lien explicite existant entre le
salut et les bonnes œuvres : « Si tu veux
entrer dans la vie, garde les commandements » (Matt.
19 :17). Dans l’Évangile de Jean (3 :20-21),
il dit : « Car quiconque fait le mal a de la haine
pour la lumière, de peur que ses œuvres ne soient
réprouvées, mais celui qui pratique la vérité
vient à la lumière, afin qu’il soit manifeste que
ses œuvres sont faites en Dieu ». On ne peut faire
le mal et être dans la lumière, nos œuvres, notre
condition spirituelle et notre destinée sont intimement liées.
De
plus, Jésus exige que garder ses commandements, c’est-à-dire
avoir le même comportement que lui, soit une condition pour
demeurer dans son amour. « Si vous gardez mes
commandements, vous
demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les
commandements de
mon Père, et que je demeure dans son amour. » (Jean
15 :10 ; voir aussi 14 :15, 21). Jean développe
la nécessité du rapport entre un comportement correct
et le fait « d’être en Christ » :
« Celui qui dit, je le connais, et ne garde pas ses
commandements, est un menteur, et la vérité n’est
pas en lui, mais, celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu
est vraiment parfait en lui. À ceci nous reconnaissons que
nous sommes en lui » (1 Jean 2 :4). Qui est
véritablement en Christ ? Celui qui garde ses
commandements ! Il y a ceux qui professent le Christ, mais qui
ne travaillent pas pour lui, ceux qui prétendent être
ses enfants, mais refusent de faire leurs corvées. Selon les
Écritures, ce sont des « menteurs ».
Jean
insiste encore sur la nécessité d’avoir une bonne
conduite afin de vivre en Christ : 1 Jean 3 :6-8 :
« Quiconque demeure en lui ne pèche pas ;
quiconque pèche ne l’a pas vu et ne l’a pas connu.
Petits enfants, que personne ne vous égare ; celui qui
pratique la justice est juste, comme lui (Jésus) est juste.
Celui qui commet le péché est du diable, car le diable
pèche dés le commencement ».
En
fin de compte, l’Apôtre Paul, qui ne peut être
accusé d’être opposé à la grâce,
enseigne en plusieurs endroits qu’il est nécessaire que
le salut et les bonnes œuvres soient liés, ainsi dans 1
Corinthien 6 :9-10 : « Ne savez-vous pas que les
injustes n’hériteront pas le royaume de Dieu ? Ne
vous y trompez pas : ni les débauchés, ni les
idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés,
ni les invertis, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni
les insulteurs, ni les accapareurs n’hériteront le
royaume de Dieu. » Point. Aucune exception, même pas
les chrétiens adultères, les chrétiens voleurs,
ou les chrétiens accapareurs. Dans le jargon de mes étudiants,
Dieu n’acceptera pas que nous ayons un discours différent
de nos actions.
La
foi et les oeuvres
La
doctrine de la justification par la foi est en accord totale avec les
Écritures (voir par exemple, Galates 2 :16 ; 2 Néphi
2 :5 ; D&A 20 :30), par contre la justification
par la foi seulement, sans effort, sans obéissance, sans
engagement ni réponse de la part du croyant ne l’est pas
du tout.
Certains
chrétiens (mais pas autant qu’on voudrait le croire)
prétendent que Dieu n’exige rien de nous après
notre conversion, mais qu’il acceptera avec amour n’importe
quel genre de vie dans laquelle la personne sauvée aura choisi
de se vautrer, subventionnant leurs péchés comme un
père riche, indulgent ou crédule qui continue à
payer les factures d’enfants gâtés, ingrats et
rebelles. Pour les saints des derniers jours, cette façon de
voir insulte à la dignité, la justice et l’intégrité
de Dieu.
D’un
autre côté, depuis de nombreuses années le
mormonisme « populaire » (cette religion
déformée inventée par des membres toujours prêts
à trouver une réponse) fait l’erreur de
promouvoir l’autre face du faux dilemme de la grâce
contre les œuvres. Parce que « l’ennemi »,
(c’est-à-dire les baptistes, les pentecôtistes, ou
tout autre confession avec laquelle on est en désaccord)
rejette la nécessité des œuvres et met la seule
grâce en avant, on a ressenti pour des raisons inexplicables le
besoin de prendre la position opposée, rejetant la grâce
et mettant la priorité sur les œuvres seules. La
théologie « populaire » qui en découle
est aussi défectueuse que l’attitude opposée
soutenue par d’autres chrétiens.
Puisque
les Écritures, et pas seulement la Bible, mais toutes les
Écritures discutent de l’importance de la grâce et
des œuvres, nous n’avons pas le droit de choisir l’un
ou l’autre ou de rejeter l’un au bénéfice
de l’autre. L’opinion qui met en relief soit la grâce
soit les œuvres est fausse. Luther a eu tort de ne pas tenir
compte de Jacques. Les saints des derniers jours ont tort de jeter la
pierre à Paul. Jacques et Paul ont tous les deux écrit
la parole de Dieu. L’Épître de Jacques et l’Épître
aux Romains sont toutes les deux des Écritures.
Malheureusement, lorsque certains missionnaires saints des derniers
jours, sont confrontés au « par la grâce vous
êtes sauvés » de Paul (Éphésiens
2 :8) ou « Un homme est justifié par la foi
sans les œuvres de la loi » (Romains 3 :28)
contre-attaquent avec « La foi sans les œuvres est
morte » de Jacques (Jacques 2 :26) comme si Paul
avait tort ou comme si Jacques censurait Paul8. Mais Paul était
un apôtre du Seigneur, et ses lettres sont la parole de Dieu au
même titre que celles de Jacques (voir le 8éme Article
de Foi). Nous ne pouvons choisir entre la grâce et les œuvres.
Nous devons choisir les deux !
L’alliance
Le
concept de « l’alliance » que l’on
trouve dans les Écritures nous permet, grâce à
une vue plus large sur le plan théologique de mettre en accord
et la grâce et les œuvres. L’alliance
est un accord passé volontairement entre deux parties et qui a
chacune des obligations. Ce concept est enseigné dans l’Ancien
et le Nouveau Testament et caracérise la relation correcte
entre Dieu et son peuple.
La
possibilité d’entrer dans l’alliance, le Sauveur
qui en est le médiateur, son agonie qui l’a rendue
possible, sont des dons de la grâce : Dieu n’était
pas obligé de les offrir ; Jésus n’était
pas obligé de souffrir. Ces dons nous ont été
octroyés par amour. Mais la décision de rester dans
l’alliance, de tenir ferme et « d’endurer
jusqu’à la fin », ce choix c’est le
nôtre, et nous manifestons celuici en montrant qui nous servons
et quelles œuvres nous accomplissons. Tant que nous choisissons
de lui rester fidèles, le Christ continue à nous
justifier par sa grâce et son expiation pour nos péchés.
Nos éventuelles bonnes œuvres ne sont qu’un signe
de la justice parfaite que nous cherchons sincèrement à
offrir, mais à ce point ces œuvres ne peuvent être
accomplies que dans le Christ, et ce signe montre que c’est lui
que nous servons lui et pas l’ennemi. Ce signe (nos efforts
sincères) est accepté par le Christ, qui seul nous
sauve et nous justifie par l’alliance.
À
terme, le salut, c’est la responsabilité de celui qui
porte le titre : Sauveur. C’est son titre parce que c’est
sa fonction et non la nôtre. Occasionnellement, il nous permet
d’œuvrer pour lui comme instruments pour sauver autrui,
mais jamais pour nous-mêmes. Nous ne pouvons nous baptiser
nous-mêmes, nous faire des bénédictions, nous
ordonner nous-mêmes, ou nous doter personnellement. Cependant,
nous pouvons et nous devons accomplir certaines choses pour entrer et
rester dans l’alliance. Logiquement, nous ne pouvons soutenir
qu’il est notre maître et en même temps refuser de
le servir. Nous ne pouvons suivre les deux chemins en même
temps. Les serviteurs, par définition, servent. Si entrer dans
l’alliance c’est choisir le Christ à la place de
Satan, alors rester dans l’alliance consiste à servir le
Christ, c’est à dire, à continuer à
choisir le Christ, à persévérer ou à
persister à choisir le Christ, et nous manifestons ce choix
par notre conduite. Nous ne pouvons venir au Christ et continuer à
vaquer à nos affaires.
Bien
qu’on puisse trouver ce terme choquant, il n’en est pas
moins vrai que la relation décrite par les termes bibliques de
« serviteurs » et de « maître »
se rapporte à l’institution de l’esclavage. En
fait, le terme « rédimer » signifie
littéralement « racheter ». Nous
appartenions à Satan ; nous étions ses esclaves,
et le Christ nous a rachetés. Mais Jésus ne nous a pas
rachetés avec son sang pour que nous puissions nous
appartenir, maintenant nous lui appartenons. C’est pourquoi il
est le Maître et nous les serviteurs. Nous sommes tenus de le
servir, lui et non pas le péché, le diable ni
nous-mêmes, juste lui. Nous sommes ses serviteurs, rachetés
et payés avec son sang précieux (1 Corinthien
6 :20).
Dire
sans hypocrisie : « Le Christ est le Seigneur »
revient à dire « Le Christ est mon Seigneur ».
Et dire « Le Christ est mon Seigneur » sans
hypocrisie consiste à le servir et à rejeter Satan. Les
Écritures nous assurent que nous ne pouvons nous contenter de
reconnaître sa suzeraineté sans le servir et espérer
ensuite entrer dans son royaume (Matthieu 7 :21). On ne peut
être son serviteur si on ne le sert pas. C’est faire de
beaux discours sans les mettre en application. D’un autre côté,
les œuvres sans la grâce du Christ ne peuvent nous
sauver, car dans nos meilleurs jours, en raison des limitations dues
à la Chute, il nous faut faire plus d’efforts pour nous
maintenir à niveau que pour progresser (voir Mosiah 2 :21 ;
Luc 17 :7-10). Nous ne pouvons, par nos œuvres et en
donnant le meilleur de nous-mêmes, que confirmer notre loyauté
envers notre Sauveur, et réitérer notre désir de
continuer tout en étant justifiés par sa grâce.
Notre obéissance à ses commandements, ce symbole
imparfait de nos intentions parfaites, manifeste notre décision
de rester dans l’alliance.
Jacques
contre Paul
Les
opinions apparemment contradictoires de Jacques et de Paul concernant
la foi et les œuvres représentent peut-être le
plus grand problème que l’on puisse trouver dans le
Nouveau Testament.
On
ne doit pas minimiser cette contradiction apparente. Paul dit d’un
côté dans Romains 3 :28 : « Car
nous pensons que l’homme est justifié par la foi, sans
les œuvres de la loi ». De l’autre côté,
Jacques, le propre demi-frère du Seigneur, dit dans Jacques
2 :14 et 24 : « Mes frères, que sert-il à
un homme de dire qu’il a la foi, s’il n’a pas les
œuvres ? Cette foi peut-elle le sauver ?
[Souvenezvous Paul dit que oui !] …vous voyez que l’homme
est justifié par les œuvres et non par la foi
seulement ». Cette contradiction apparente a suscité
des siècles d’argumentations enflammées pour
savoir si nous sommes justifiés par notre foi ou par nos
œuvres et de nombreux exégètes en sont arrivés
à rejeter l’un en faveur de l’autre. Je crois que
la clé de l’énigme réside dans le fait que
Paul et Jacques définissent différemment dans leurs
écrits le mot foi. Jacques définit la foi dans le sens
moderne du terme : une simple croyance. C’est pourquoi il
montre que les démons croient aussi et qu’ils tremblent.
C’est-à-dire, qu’ils croient, mais ça ne
les empêchera pas d’être damnés, la simple
croyance ne leur sert à rien.
D’un
autre côté, Paul affirme clairement que la foi est plus
qu’une simple croyance. Pour lui, la foi a toujours la
signification qu’on lui donne dans l’Ancien Testament qui
est la « fidélité » (voir
chapitre deux) ou l’engagement dans l’Évangile.
Dans 1 Timothée 4 :1 et 5 :8, par exemple, la
« foi » c’est ce en quoi nous sommes
fidèles, c’est à dire, l’alliance
de l’Évangile,
qu’il
décrit
plus loin
comme pouvant
être « gardée »
ou « reniée » en raison de notre bonne
ou mauvaise conduite.
Maintenant,
si nous utilisons la définition paulinienne de la foi dans le
sens de fidélité à l’alliance de
l’Évangile, nous voyons que la formule de Paul dans
Romains 3 :28 est correcte : La foi seule (engagement dans
l’Évangile) nous justifiera devant Dieu, même si
on ne vit pas la loi de Moïse. D’un autre côté,
si nous définissons la foi comme Jacques, une simple croyance,
alors cette formule est également correcte : une simple
croyance ou une simple affirmation sans une bonne conduite est
insuffisante en elle-même pour nous justifier devant Dieu. Si
nous utilisons la définition étroite de la foi donnée
par Jacques, alors cette formule est correcte. Si nous utilisons la
définition plus large de Paul, alors la formule de Paul est
aussi correcte. Les deux apôtres enseignent la vérité.
Là où nous commençons à avoir des
problèmes, c’est quand nous mélangeons les
définitions de Jacques avec la formule de Paul et vice versa.
Accoler la définition paulinienne de la foi à la
formule de Jacques nous amène à affirmer qu’il
suffit de croire en Jésus pour être sauvés même
en l’absence d’une bonne conduite. Ces deux hybrides sont
faux. Alors si vous êtes encore à faire des efforts pour
entrer dans le royaume, allez-vous vous décider à
abandonner le froid de l’extérieur ? et si vous
êtes entrés dans le royaume sincèrement,
allez-vous faire vos corvées ?
Travailler
à son salut
Une
autre objection courante faite à la doctrine de la grâce
est présentée quand on applique mal les enseignements
de Paul dans l’épître aux Philippiens 2 :12 :
« Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours
obéi, travaillez à votre salut avec crainte et
tremblement, non seulement en ma présence, mais bien plus
encore maintenant que je suis absent. » Ceux qui résistent
à la bonne nouvelle de l’Évangile et voudraient
s’autoproclamer Sauveur en lieu et place du Christ disent en
effet : « Ah, vous voyez ? Jésus ne nous
sauve pas ; il n’accomplit pas l’œuvre. Nous
nous sauvons nous-mêmes, nous travaillons à notre
salut ; c’est pourquoi, nous n’avons pas besoin de
la grâce ou de la miséricorde ; nous faisons tout
nous-mêmes, et Philippiens 2 :12 le prouve. »
En
fait, l’expression « travailler à votre
salut » apparaît trois fois dans les Écritures,
et à chaque fois le sens est exactement l’opposé
de cette affirmation erronnée donnée ci-dessus. Tout
d’abord, dans Philippiens 2 :12, il est commandé
d’obéir avec humilité et non avec l’orgueil
de « celui qui se sauve lui-même »,
sachant que Jésus, et non pas nous, est le Seigneur (verset
11) et sachant que la capacité d’accomplir ce pour quoi
nous œuvrons vient seulement de Dieu et non de nousmêmes
(verset 13).
Dans
le Livre de Mormon, Moroni ordonne : « Demandez au
Père, au nom de Jésus tout ce dont vous avez besoin »
et « (venez) au Seigneur de tout votre cœur ;
et travaillez à votre salut avec crainte et tremblement devant
lui. » (Mormon 9 :27). Mais comment pouvons nous
demander à Dieu avec foi ce dont nous avons besoin, aller au
Christ, et en même temps nier que nous avons des besoins, même
nier implicitement que nous avons besoin du Christ, tout en
travaillant à notre salut ? Nous ne pouvons pas. Ce que
Moroni dit c’est qu’il faut garder l’alliance,
faire notre part avec crainte et tremblement et faire confiance à
Dieu pour ce qui nous manque. Travailler à son salut ne
signifie donc pas travailler indépendamment du Christ et de
son expiation. Cela signifie plutôt respecter notre part de
l’alliance de l’Évangile avec humilité tout
en se reposant sur le Seigneur pour tout ce dont nous avons besoin et
en le demandant avec foi.
Alma
est encore plus explicite à ce propos (Alma 34 :37-38) :
« Je désire que vous vous souveniez de ces choses,
que vous travailliez à votre salut avec crainte devant Dieu,
et que vous ne niiez plus la venue du Christ. Que vous ne luttiez
plus contre le Saint-Esprit ; mais que vous le receviez et
preniez sur vous le nom du Christ ; que vous vous humiliiez même
jusqu’à la poussière ; que vous adoriez Dieu
en quelque lieu que ce soit, en esprit et en vérité ;
que vous viviez en rendant grâces, chaque jour, pour les
miséricordes et les bénédictions nombreuses
qu’il vous accorde ». Nous ne pouvons « travailler
à notre salut » sans le Christ ; nous ne
pouvons « nous humilier jusqu’à la
poussière » si dans notre arrogance nous pensons
pouvoir nous sauver sans le Christ ; nous ne pouvons vivre
« en
rendant grâces, chaque jour, pour les nombreuses miséricordes »
de Dieu, si nous refusons de reconnaître que nous avons eu de
nombreuses miséricordes. En fait,
« tout
ce que nous pouvons faire » (2 Néphi 25 :23)
c’est avoir la foi au Sauveur, nous repentir, entrer dans
l’alliance, et y rester fermement.
Frustrations
et miséricorde divine
Il
semble qu’il y ait dans l’Église d’aujourd’hui
des saints qui ont des difficultés à reconnaître
les grandes miséricordes de Dieu. C’est arrivé
aussi dans d’autres dispensations. Par exemple, Alma cite le
Prophète d’antan Zénock à son peuple (et à
nous) de cette façon : « Tu es irrité,
O seigneur, contre ton peuple, parce qu’il ne veut pas
comprendre les miséricordes que tu as déversées
sur lui à cause de ton Fils » (Alma 3 :16). Je
crois que c’est pécher par ingratitude que de résister
aux miséricordes qui ont été déversées
sur nous grâce au Fils.
Pourquoi
est-il si difficile pour certains d’entre nous d’accepter
et de reconnaître la miséricorde et la grâce de
Dieu ? C’est en grande partie dû à la crainte
que quelqu’un, quelque part s’en sortira avec bénéfice.
Tout d’abord nous avons peur que les coupables puissent « s’en
tirer » sous souffrir. Puisque la bonne nouvelle de la
justification par la foi en Christ est pleine de miséricorde,
elle viole naturellement notre sens de la justice. Et puis si les
gens sont trop assurés de leur place dans le royaume de Dieu,
ils pourraient être tentés de s’en sortir en
faisant moins d’efforts que ce qu’ils devraient faire.
À
propos des durs efforts, je suggère que l’amour et la
reconnaissance sont, sur le long terme, de bien meilleures
motivations pour bien travailler que ne le sont la crainte et
l’angoisse. Elles sont certainement supérieures à
la dépression et au désespoir. Si nous ressentons
l’amour du Sauveur et que nous savons que nous lui appartenons,
notre désir de le servir sera plus fort que si nous ne
connaissons pas son amour et que nous nous inquiétons d’être
envoyés en enfer. Les parents finiront par perdre les enfants
qui obéissent par la crainte, alors que les enfants qui
obéissent par amour resteront avec leurs parents à tout
jamais.
A
propos des coupables qui se débarrassent de leurs péchés,
mon collègue Larry Dahl offre une illustration qui vaut la
peine d’être répétée ici. Il
connaissait un jeune couple non marié qui avait eu des
relations sexuelles. Après quelques temps, une grossesse
inattendue, un scandale énorme, ils se sont repentis, se sont
mariés civilement, et un an plus tard ont été
scellés au temple. Mais des sœurs de la paroisse
s’indignèrent de la « facilité »
avec laquelle ce couple s’en était sorti. On entendit
une sœur dire : « Eh bien, si c’est aussi
facile que ça de s’en tirer, pourquoi n’allons-nous
pas toutes nous amuser et ensuite nous irons nous repentir quand nous
serons attrapées ? »
La
faute que fait cette sœur, comme le souligne frère Dahl,
c’est de penser que le péché est une chose
désirable et que ceux qui pêchent et se repentent
jouissent d’un avantage par rapport à ceux qui ne
pêchent pas. Sa réaction ne relevait pas d’une
supériorité morale. C’était l’envie
d’une nature charnelle bavant littéralement sur les
bonbons dont d’autres jouissaient et elle ressentait de la
colère parce qu’elle ne pouvait pas en avoir. En bref,
elle était verte de jalousie. Dans son cas, elle aurait bien
voulu se conduire mal sur le plan sexuel, mais elle n’osait pas
se lancer et elle se sentait frustrée.
Évidemment,
la façon correcte de voir les choses c’est que les
justes qui gardent les commandements s’arrangent pour vivre
fidèlement, pour avoir la compagnie du Saint-Esprit et font en
sorte de devenir comme le Christ, alors que les pauvres pêcheurs
autour de nous sont embourbés jusqu’à ce qu’ils
se repentent. Les nouveaux repentants devraient nous envier notre
service ininterrompu envers le Maître plutôt que nous,
d’envier leur récent esclavage chez l’adversaire.
La perspective correcte c’est que je jouis de ma relation avec
le Christ depuis trente ans, alors que cette pauvre âme ne
jouit de la vie en Christ que depuis trente jours. Je suis en avance
sur elle, pas en arrière. Je ne me sens derrière ou
désavantagé que lorsque mon système de valeurs
personnel attribue un coefficient de désir supérieur à
la méchanceté plutôt qu’à la
justice ! Le problème c’est de savoir qu’est-ce
qui pour vous est préférable : la vie de péché
ou la vie en Christ. Si c’est le premier, alors laisser les
pécheurs se décrocher de l’hameçon vous
perturbe, et vous voulez qu’ils souffrent (pour contrebalancer
tous ces plaisirs et ces amusements supplémentaires qu’ils
ont eus et que vous n’avez pas eus). Si c’est le
deuxième, alors vous savez que leur vie pécheresse
était déjà leur punition, et vous vous
réjouissez avec les anges pour ceux qui se sont repentis et
ont été sauvés.
Marcher
sur la corde raide
Les
deux principaux dangers lorsqu’ on oppose la foi aux œuvres
tels deux concurrents sont (1) l’antinomianisme et (2) le salut
« do-it-yourself » (faites-le vous-même).
L’antinomianisme
est le mot savant pour dire « tu parles, tu parles, c’est
tout ce que tu sais faire ». C’est croire que la
grâce nous délivre de toute obligation d’accomplir
de bonnes œuvres ou se borner à affirmer que le « Christ
est le Seigneur » garantira le salut aux chrétiens
impies et infidèles. Le Salut « faites le
vous-mêmes» est un terme à moi pour décrire
la croyance qui veut que l’on se sauve soi-même, que nous
« travaillons à notre salut » sans la
grâce et la justification par la foi au Christ.
Théologiquement, nous marchons sur une corde raide entre ces
deux extrêmes également désagréables. Le
produit fini de la relation dans l’alliance, qui n’est
pas fait que de grâce ou que d’œuvre, donne un
Chrétien fidèle sauvé dans le royaume de Dieu
par la grâce en Christ. Sans la grâce du Christ point de
salut. Mais sans notre fidélité il n’est point de
salut non plus. Pour emprunter l’analogie de C.S.
Lewis,
telles les deux lames d’une paire de ciseaux, la grâce et
les œuvres doivent faire partie du processus. C’est
pourquoi la relation est décrite dans les Écritures
comme une alliance et non comme un don de la grâce seule ou une
récompense pour des œuvres seulement. Ceux qui sont
sauvés participent au processus du salut et y contribuent
parce qu’ils sont partie prenante de l’alliance et qu’ils
doivent la respecter. Abandonner la grâce ou abandonner les
efforts personnels et le désir, et il ne vous reste que la
moitié des ciseaux, insuffisant pour accomplir le travail. Les
saints des derniers jours acceptent le principe d’être
sauvés par la grâce. Cependant, ils rejettent la
proposition que la grâce puisse les sauver contre leur volonté,
sans leur assentiment ou suite à la rébellion contre le
Christ.
Pour
autant, il n’existe pas de vie si misérable, ni de
talent si petit ni de force si faible qu’elle ne soit
acceptable dès maintenant, pour que le processus du salut
puisse commencer. Mais nous devons offrir notre vie, nous devons nous
consacrer et nous devons briser notre cœur orgueilleux. Ainsi
quiconque désire le Christ plus que le péché,
quel que soit son passé ou son histoire, peut entrer dans
l’alliance du Christ pour être sauvé.
Notes
1.
Il est évident que certains péchés sont
suffisamment graves pour menacer la relation que nous avons dans
l’alliance. Ces situations doivent être discutées
avec le représentant du Seigneur, l’Evêque ou le
président de branche.
2.
Il est possible d’être sauvé dans un royaume de
gloire, même dans le royaume céleste, sans devenir
pleinement tel que Dieu (D&A 131 :1-4 ; 132 :17)
3.
Les protestants, cependant, n’emploient le terme de « salut »
que pour le début du processus, puisqu’ils ne croient
pas qu’il y ait une fin. Si on ajuste correctement les
définitions, en fait on parle de la même chose.
4.
Voir Alma 36 :12-24
5.
Comme je l’ai présenté clairement dans « Croire
le Christ », « garder les commandements »
n’est pas la même chose que « toujours garder
tous les commandements ». Il y a de la place dans la
relation de l’alliance pour nos erreurs et nos faiblesses (mais
pas pour la rébellion) tant que nous nous améliorons.
6.
La traduction de Joseph Smith précise que Jean ne fait pas
allusion aux infractions occasionnelles, mais au péché
délibéré et répété en
utilisant ici le terme : « continue dans le péché ».
7.
L’expression « par la grâce seule »
n’apparaît pas dans la Bible. On trouve l’expression
« la foi seule » dans Jacques 2 :24, mais
dans un passage qui nie explicitement l’éventualité
de la justification.
8.
Je fus moi-même coupable de cela lorsque j’étais
missionnaire, bien que cela ne fit pas partie des discussions
missionnaires. Je l’avais appris de mes compagnons seniors et
l’avais enseigné à mes compagnons juniors. Pour
autant que je le sache, les bleus ont toujours la maladie (à
savoir que Jacques avait raison et que Paul avait tort) et continuent
de la passer aux autres.
9.
Voir par exemple
Genèse 6 :18 (Noé), Genèse 15 :18 et
17 :2 (Abraham), Exode 34 :27-28 (Moïse), 2 Samuel
23 :5 (David), 2 Rois 11 :17 (Jehoiada), 2 Rois 23 :3
(Josiah), et beaucoup d’autres dans l’A.T. La relation
présentée par Jésus est la nouvelle alliance
selon le Nouveau Testament. Voir
Hébreux 8 :7-13 ; 9 :15-20 (Où
« Testament » signifie « alliance »,
comme le note JST. En réalité, le mot grec traduit par
« Testament » est le même mot pour
alliance. Le Nouveau Testament est la Nouvelle alliance.
10.
Deux fois dans son épître aux Romains chap. 1 verset 5
(qui est mal traduit dans la version du Roi Jacques), et dans
16 :26,
Paul utilise l’expression : « l’obéissance
de la foi », indiquant plus loin, que l’obéissance
ou le comportement fait partie de la foi telle qu’il définit
le terme.
11
La plupart des savants disent que Paul n’a pas écrit les
Epîtres pastorales (1 et 2 Timothée et Tite). Ils
soutiennent que ces lettres furent rédigées par des
proches de Paul en son nom. Je pense qu’ils ont tort, mais cela
importe peu ici. Les « étudiants » de
Paul peuvent être à même de fournir un excellent
témoignage sur la façon dont Paul et ses associés
comprenaient et employaient ce terme.
12
Dans les Écritures, « crainte et tremblement »
décrit une attitude de révérence et de respect,
mais aussi de joie. L’expression
originale se trouve dans le Psaume 2 :11 : « Servez
l’Éternel avec crainte, et réjouissez-vous avec
tremblement ». Ceux qui embrassent le Fils (verset 12)
tremblent de joie, et non de peur dans le sens moderne du terme. Ceci
est d’une importance capitale, car c’est exactement le
contraire de l’interprétation habituelle de l’expression
« avec crainte et tremblement ».
CHAPITRE
CINQ : LES DANGERS
DE LA PERSÉVÉRANCE
Nous
essayons de respecter notre engagement dans l’alliance de
l’Évangile et de persévérer jusqu’à
la fin, cependant il existe certains dangers menaçant notre
constance qui se situent au-delà des limitations de la Chute
et de notre lutte contre la nature charnelle. Dans Matthieu
24 :9-13,
la merveilleuse promesse que le Seigneur a faite à ceux qui
persévéreront comprend un avertissement concernant
trois choses auxquelles on doit prêter attention. Ces dangers
sont la faiblesse dans l’affliction, la déception, et
l’iniquité. A propos de l’affliction, le Seigneur
a dit à ses disciples : « Alors, on vous
livrera aux tourments, et l’on vous fera mourir ; et vous
serez haïs de toutes les nations, à cause de mon nom. Et
ce sera pour beaucoup une occasion chute, ils se trahiront, se
haïront les uns les autres » (Matthieu 24 :9-10).
Satan
est un violent, la première de ses tactiques pour approcher
les fidèles consiste à menacer, bousculer et violenter.
Nous avons dans l’Église des exemples historiques et
contemporains de gens qui n’ont pas supporté et qui ont
brisé leurs alliances plutôt que de faire face à
l’opposition, aux critiques et aux désagréments.
Ils n’ont pas supporté la malice du monde, et c’est
une de ces choses qui nous est promise si nous sommes fidèles
au Christ (Jean 15 :18-19). La devise du monde se résume
à : « tu dois te faire accepter si tu veux
continuer ». Mais nos obligations dans l’alliance et
notre relation avec le Christ ne doivent faire l’objet d’aucun
compromis sur les principes de l’Évangile. Ceuxci
doivent rester non négociables. Cependant, quand Satan menace
certains saints de souffrir voire de mourir, ils perdent de vue qui
sera le vainqueur dans la lutte cosmique. C’est pourquoi ils
perdent pied, délaissent leurs alliances et abandonnent le
royaume.
D’un
autre côté, l’histoire de l’Église
fournit parmi les premiers pionniers les meilleurs exemples de gens
ayant enduré fidèlement les afflictions. Quand nous
pensons à eux et à leurs souffrances, nous devons
réfléchir pendant un instant à ce que
« endurer » pouvait signifier
dans les circonstances qui étaient les leurs. Nous avons
tendance à penser aux saints vivants, s’avançant
victorieusement dans la vallée du Lac Salé après
avoir « enduré » les difficultés
de la piste de l’Ouest, cependant nous devons nous souvenir que
pour beaucoup de saints fidèles, « endurer jusqu’à
la fin » s’est résumé à mourir
sur le chemin. Les vieux, les jeunes, les malades, les malchanceux
n’ont pas enduré les difficultés de la traversée.
Leurs épreuves les a fait mourir, par dizaines et par
centaines. Certains sont juste partis de Nauvoo pour mourir.
Néanmoins, au sens de l’Évangile, ceux qui sont
morts le premier jour sur la piste ont « enduré
jusqu’à la fin », tout comme ceux qui
ont vécu pour entrer dans la vallée. Ils ont « enduré »
parce qu’ils ont été fidèles à
leurs alliances jusqu’à la fin de leur vie.
Aussi
fiers que nous soyons des pionniers qui ont vaincu le désert,
nous devons nous souvenir qu’ « endurer »
ne signifie pas obligatoirement « vaincre » ou
« surmonter ». Nous
ne pouvons permettre que la merveilleuse endurance physique du dur à
cuire éclipse l’endurance spirituelle tout aussi
merveilleuse de celle de l’être fragile, car les faibles
et les isolés peuvent endurer, au sens de l’Évangile,
jusqu’à la fin tout autant que les forts.
Quand
je travaillais à ma maîtrise à l’Université
Brigham Young, je suivais plusieurs cours avec une convertie de
Finlande appelée Helvi Temisevä. Helvi avait contracté
la polio à huit ans, et ensuite avait souffert d’arthrite
rhumatismale. Ainsi dés son enfance, Helvi était
totalement invalide. Elle ne pouvait bouger ni son cou ni son corps.
Elle n’avait qu’un usage partiel de ses mains. Elle
venait en classe dans un étrange moyen de transport qui tenait
du fauteuil et du lit. Helvi tapait un seul caractère à
la fois et tournait les pages des livres avec une longue aiguille à
tricoter qu’elle tenait d’une seule main. Ce n’est
que des années plus tard que j’ai appris qu’il lui
fallait quarante cinq longues minutes tous les matins pour se lever
de sa position inclinée à sa position semi assise avant
de commencer sa journée, et encore quarante cinq autres
minutes douloureuses pour effectuer le processus inverse le soir pour
aller dormir.
Helvi
Temisevä n’a jamais surmonté les obstacles de la
vie ; elle n’a jamais atteint ses buts les plus chers.
Elle n’a jamais marché. Elle ne s’est jamais
mariée. Elle n’a jamais pu se passer de soin pendant
vingt quatre heures. Mais elle a enduré jusqu’à
la fin et a été une bénédiction pour tous
ceux qui la connaissaient. Quand elle est morte à cinquante
deux ans, des saints sur deux continents ont porté le deuil de
son trépas. Car Helvi rayonnait la lumière du Christ.
Elle se tenait à la barre de fer comme nulle autre. Personne
en sa présence ne se permettait de se montrer rude ou
vulgaire, personne ne jurait, ne murmurait ni ne se plaignait. Elle
ne m’a jamais fait de reproche, mais son exemple m’a
rendu honteux de tous mes péchés. Helvi élevait
et améliorait tous ceux qu’elle rencontrait, mais ce
n’était pas son courage qui nous inspirait, ce n’était
pas sa victoire sur les obstacles de la vie, ce n’était
même pas ses souffrances, c’était son engagement
envers le Seigneur, la mesure dont elle l’aimait et le servait
jusque dans sa faiblesse, et même lorsqu’il lui refusait
totalement et sèchement ses plus ferventes prières.
Non, endurer n’est pas toujours surmonter. Quelque fois cela
consiste à être écraser et réduit en
poudre en conservant son nom sur nos lèvres.
Je
suis fortement inspiré par l’exemple d’un pionnier
du nom d’Orson Spencer, un parent éloigné, qui
fut appelé à partir en mission en Angleterre, mais
interrompit ses préparatifs pour fuir Nauvoo avec les saints
en février 1846. Un mois après avoir quitté
Nauvoo, son épouse, Catherine, mourut, alors il repartit vers
la ville de l’Iowa pour l’enterrer à côté
du bébé qu’ils avaient perdu six mois plus tôt.
Finalement, après avoir rejoint les saints à Winter
Quarters, les Frères lui demandèrent de repartir vers
l’Est une fois encore pour commencer
la mission à laquelle il avait été précédemment
appelé. Pour accepter cet appel,
frère Spencer dut laisser six enfants seuls et sans parents à
Winter Quarters. La plus âgée, Ellen, avait quatorze
ans. Les conditions à Winter Quarters empirèrent à
un point que personne n’avait imaginé, et les enfants
Spencer, bien qu’aidés de temps en temps par des voisins
aimants, faillirent mourir de faim. Plus tard dans l’année,
Wilford Woodruff
écrivit une lettre d’excuses à Frère
Spencer, en expliquant qu’avec tant de gens qui mouraient il
avait été impossible de faire plus pour ses enfants.
Après trois longues années, Orson Spencer, finalement,
fut réuni avec ses enfants à Salt Lake City, mais au
bout d’à peine un an il fut
rappelé de nouveau pour une nouvelle mission.
Dans
son courrier envoyé à ses enfants, Frère Spencer
écrivait souvent : « Confiez vous dans le
Seigneur, même s’il vous tue ». Je ne peux
m’empêcher de penser que, d’après les
critères modernes, on pourrait qualifier la famille de Spencer
de « dysfonctionnelle ». Mais ils n’ont
pas tenu compte de cette situation par amour de l’Évangile.
Parmi les enfants d’Orson et de Catherine Spencer, on trouve
Aurélia Spencer Rogers, fondatrice de l’organisation de
la Primaire de l’Église, et Howard Orson Spencer qui
devint plus tard l’évêque d’Orderville. Je
trouve ironique que dans l’Église aujourd’hui,
nous trouvons des gens qui prétendent aux mêmes
avantages de l’alliance, au même dévouement à
l’Évangile que les Spencer et autres pionniers, mais qui
ne sont même pas disposés à accepter un appel à
la Primaire ou une tâche à la ferme du pieu !
Dans
la résurrection, quelle attitude aurons-nous devant ceux qui
donnèrent leur vie, qui perdirent leur foyer et leurs biens,
qui enterrèrent leurs êtres chers dans des tombes à
peine creusées, tout cela pour l’amour de l’Évangile,
si nous plions devant des choses sans importance et si nous lâchons
la barre ? Comment, nous qui refusons de faire le moindre
sacrifice pour le Christ, pouvons-nous espérer avoir part à
son sacrifice infini au dernier jour ? Suivre le Christ consiste
à le suivre lui et personne ni rien d’autre. Si nous
aimons quelqu’un ou quelque chose de plus que lui, nous
devenons des conjoints infidèles, et notre relation ne relève
plus du mariage.
Certaines
des épreuves et des afflictions les plus rudes auxquelles nous
aurons à faire face dans l’Église se manifestent
dans les offenses qui font partie naturellement des relations
humaines. Beaucoup de gens quittent l’Église ou
n’endurent pas jusqu’à la fin parce qu’on
les a offensés. Ils se sentent lésés par
quelqu’un ou par quelque chose dans l’Église, et
ils en arrivent à rejeter leurs alliances et à divorcer
d’avec le Christ.
Je
suis toujours étonné que ceux qui sont offensés
parmi nous pensent qu’il est important de savoir que leurs
plaintes sont justifiés ou non. Ils semblent penser que s’ils
ont été véritablement offensés, alors,
quelque part, ils se sentent justifiés lorsqu’ils
lâchent la barre de fer. Mais que leurs plaintes soient
justifiées n’a jamais été la question. Je
voudrais leur dire : « OK, admettons un instant que
vous avez raison, d’une façon absolue à cent pour
cent. Admettons
que l’évêque X a été maladroit et
stupide, ou que la Sœur Y a été grossière
et pénible, ou que le président Z a trahi votre
confiance, ou que je suis insensible, ou que ma femme vous a snobé.
Et alors ? Une enquête révélera que la
plupart de ces blessures sont infligées sans intention de
nuire, mais admettons que dans votre cas, c’était
vicieux et prémédité. Bon… et alors ?
Qu’est-ce que le Sauveur commande dans le cas d’affront
intentionnel et personnel ? (il ne suggère pas, il ne
conseille pas, il commande). « Tendre l’autre joue »
(Matthieu 5 :39 ; 3 Néphi 12 :39).
S’il
nous commande de tendre l’autre joue lorsque l’offense
est intentionnelle, ne devonsnous pas à plus forte raison
« tendre l’autre joue » lorsque celle-ci
n’est pas intentionnelle !
Mais en supposant que votre plainte soit absolument valable et
correcte, en supposant que vous avez été
profondément blessés, où cela vous mène-t-il ?
Après tout, est-ce que le Christ qui a souffert l’agonie
infinie pour nous a le droit de nous demander de supporter un ou deux
imbéciles dans l’Église pour lui ? Je
parierais que oui. Le Christ est aussi mort pour les imbéciles,
vous savez. Briser ses alliances avec le Christ au motif que l’on
déteste quelqu’un dans l’Église c’est
comme divorcer d’avec un conjoint fidèle parce que l’on
ne peut pas supporter un membre de sa famille.
Déception
Bien
que des cas manifestes isolés de persécution religieuse
arrivent encore et que de nombreux saints supportent de pénibles
épreuves physiques, il ne semble pas qu’aujourd’hui
l’ensemble de l’Église de Jésus-Christ ait
à souffrir d’afflictions physiques et de persécutions
comme cela a été le cas autrefois pour la gloire de
l’Évangile. Actuellement, nos épreuves
collectives les plus importantes semblent se situer dans d’autres
domaines.
Le
Sauveur nous a avertis de l’existence d’un deuxième
danger visant la persévérance, danger peut-être
plus réel pour les saints d’aujourd’hui que celui
qui consiste à faiblir devant l’affliction. Il s’agit
du danger de la déception : « Plusieurs faux
prophètes s’élèveront et séduiront
beaucoup de gens. » « Car en ces jours-là,
il s’élèvera aussi de faux Christs et de faux
prophètes, et ils feront de grands prodiges et des miracles,
au point de séduire, s’il était possible, même
les élus, oui, ceux qui sont les élus selon
l’alliance » (Matthieu 24 :11 ; Joseph
Smith – Matthieu 1 :22).
Si
Satan n’arrive pas à nous intimider ou nous brutaliser
par des épreuves physiques, il essaiera souvent de nous
tromper en nous présentant des programmes ou des problèmes
de remplacement. Il voudrait nous voir investir notre temps, nos
talents, et notre énergie dans des causes qui ne relèvent
pas de Sion, dans l’espoir, que celles-ci remplacent à
terme notre engagement dans l’Évangile. Il arrive
souvent que ces problèmes soient valables. Mais c’est
hors de propos. La déception arrive lorsque l’on accorde
la priorité à ces problèmes par rapport à
ses alliances dans l’Évangile et ce faisant, on montre
que l’on est infidèle à notre amour prioritaire
qui est le Christ. Ceux qui sont bernés de cette façon
pensent, en général, que l’Église ne fait
pas assez dans le domaine de leurs dadas. Ils peuvent en arriver à
être déçus par les programmes de l’Église
et commencent à écouter « des voix
alternatives ».
Ces
membres ne manquent pas de zèle, en fait, ils sont
suffisamment forts pour endurer des épreuves terribles. Mais
Satan a détourné leur zèle pour défendre
d’autres causes que celle de Sion, et ils ne se rendent pas
compte que le déplacement de leur loyauté est en
réalité de l’infidélité. Ceux qui
sont ainsi déçus, en général, ne
rejettent pas le Christ ; ils décident juste
d’interpréter sa volonté différemment ou
de le servir selon des modes, des critères ou des valeurs
différents, et leur engagement d’origine est mis en
retrait dans leur nouvel ordre du jour. Ils changent fondamentalement
l’orientation de leur boussole
spirituelle. Mais le résultat c’est qu’on ne peut
plus faire confiance à la direction qu’ils ont prise
dans leurs nouveaux engagements. Ils n’ont pas enduré.
À
plusieurs reprises le Seigneur a averti l’Église sur le
fait d’écouter d’autres voix, comme par exemple
dans D&A 43 :5 : « Et ceci sera une loi pour
vous, pour que vous n’acceptiez pas comme révélations
et commandements les enseignements de quiconque viendra devant vous.
Et ceci je vous le donne afin que vous ne soyez pas séduits
afin que vous sachiez qu’ils ne sont pas de moi. »
Ce
verset des Écritures mérite plus d’attention
qu’il n’y paraît. C’est une loi, un
commandement de Dieu, dont les moindres détails engagent les
membres autant que le « Tu ne tueras point » ou
le « Tu ne déroberas point », peut-être
même plus puisqu’il fut donné spécialement
à l’Église dans ces derniers jours. Si nous
voulons éviter d’être trompés, Dieu nous
commande de n’écouter personne qui prétend
révéler sa doctrine ou sa volonté s’il
n’est dirigeant de la prêtrise appelé, soutenu et
ordonné. Point. Pas de si, pas de et, ni de, mais, aucune
exception. Ceci inclut les instructeurs de religion, les auteurs, les
voisins, les rumeurs, les journaux, la télévision, les
soi-disant « intellectuels »,
les opinions scientifiques du moment, les
missionnaires rentrés au foyer, les beaux-frères, les
associés en affaire, les ménagères, les petits
amis, les petites amies, les candidats politiques, « l’ami
d’un ami », un « type dans ma paroisse »,
un mystique, des gourous, et « les gens vraiment
spirituels » (Je n’ai oublié personne ?)
Est-ce qu’on a saisi le message ?
Personne
ne parle pour Dieu si ce n’est Dieu et les personnes dûment
appelées par Dieu et soutenues régulièrement par
l’Église pour le représenter et conduire ses
affaires ici-bas. Je trouve que la soumission aveugle et ignorante de
tant de saints à briser ce commandement
pour suivre ce gourou ou cet instructeur
autoproclamé est aussi scandaleux et inexplicable que la
soumission que montrait l’Israël d’antan à
adorer les idoles dans les clairières et les hauts lieux des
Canaanites. Il est certain que la stupidité exigée et
les résultats qui en découlent sont les mêmes
dans les deux cas.
Je
ne comprends pas pourquoi tant de saints d’aujourd’hui
éprouvent des difficultés avec ce principe. Dieu révèle
sa volonté à ceux dont c’est le devoir de la
recevoir, les individus pour euxmêmes (et seulement pour
eux-mêmes), les parents pour les enfants, les évêques
pour les paroisses, les présidents de pieu pour les pieux et
ainsi de suite. Mais, Dieu révèle les nouvelles
doctrines ou parle autrement à l’ensemble de l’Église
d’une seule façon : par révélation au
Président de l’Eglise. Pourquoi tous ceux dont les
oreilles les démangent (habituellement ce sont ceux qui se
glorifient le plus de leur maturité spirituelle) se
tournent-ils tant vers d’autres sources spirituelles ? Je
ne sais pas, mais j’ai dans le passé conseillé à
plus d’un de mes étudiants d’écrire
« D&A
43 :5 » sur leur front avec un feutre et de le
conserver jusqu’à ce qu’ils aient appris à
garder le commandement qui y est donné.
Mais
Dieu ne révèle-t-il pas des choses à des
personnes qui ne sont pas dirigeants dans la prêtrise ?
N’est-il pas possible que des individus exceptionnels
apprennent des mystères, inconnus du commun des mortels, par
révélation directe ? Oui, c’est possible,
mais cela se fait toujours selon une condition extrêmement
importante donnée dans Alma 12 :9 : « Il
est donné à beaucoup de connaître les mystères
de Dieu ; cependant ce leur est un ordre strict de ne dévoiler
que la portion de sa parole qu’il donne aux enfants des hommes,
selon l’attention et la diligence qu’ils lui apportent ».
En d’autres termes, beaucoup parmi les fidèles peuvent
recevoir des révélations de Dieu, même des
révélations concernant les mystères. Mais il
leur est commandé en même temps, de se taire ! Ils
peuvent partager avec d’autres ce que Dieu a déjà
révélé à l’Église dans les
Écritures et par les prophètes, mais le reste est
privé, et le garder privé est une obligation sacrée.
En
effet, le Seigneur dit de ceux qui sont bénis en recevant
davantage de discernement : « Si je voulais que tout
le monde sache, j’instruirais le prophète afin de
l’enseigner à l’Église. Mais c’est
exclusivement pour vous, alors gardez-le pour vous. »
C’est pourquoi quiconque dans l’Église (ou en
dehors pour ce qui concerne ce sujet) fait part d’une
révélation privée sans en avoir l’autorité,
agit en violation de « l’ordre strict »
de Dieu. Par exemple, si quelqu’un a une vision ou une
expérience extracorporelle et se met ensuite à
instruire les saints sur la nature du monde spirituel ou sur les
évènements de la Seconde Venue, ce serait, à mon
avis, en contradiction directe avec le principe énoncé
dans Alma 12 :9 et une désobéissance à
« l’ordre strict » du Seigneur. C’est
arrivé une fois à l’époque de Joseph Smith
lorsque Hiram Page bien que fidèle dans d’autres
domaines, commença à « révéler »
des choses aux membres. Le Seigneur instruisit l’Église
à ce moment que
« nul
ne sera désigné pour recevoir les commandements et les
révélation dans cette Église si ce n’est
mon serviteur Joseph Smith fils… Car je lui ai donné
les clés des mystères, et les révélations
qui sont scellées, jusqu’à ce
que j’en désigne un
autre à
sa place. » (D&A 28 :2,
7)
Hiram
Page était bien intentionné, mais il fut trompé
et à terme en aurait trompé d’autres avec ses
fausses révélations. Évidemment, si le Seigneur
veut révéler certains renseignements à l’Église,
il le fera, comme l’indique D&A 28 :2 et 43 :5,
par l’intermédiaire de son prophète. Il n’y
a pas de place dans le cadre de la doctrine de l’Église
pour les révélations faites par des francs-tireurs. Il
n’y a pas d’autorités religieuses
« indépendantes » dans l’Église,
et il n’y en a jamais eu. Ce n’est pas la façon du
Seigneur de travailler. Même si les expériences
rapportées sont valables, et quelquefois, elles le sont, en
faire part publiquement revient à trahir la confiance de Dieu.
Et franchement, j’ai peine à croire qu’une
personne suffisamment mûre pour recevoir une révélation
« particulière » se montrerait
suffisamment perverse ou dénuée d’intelligence
pour tourner casaque et manger le morceau.
Il
est possible que s’ils pouvaient se taire selon Alma 12 :9,
beaucoup parmi nous seraient susceptibles de recevoir des révélations
personnelles pour leur édification ! La frontière
se trouve là : Lorsque qu’on impose ses révélations
à autrui sans en avoir l’autorité, soit on ment,
soit on est infidèle, c’est l’un ou l’autre.
Étant donné Alma 12 :9 et D&A 43 :5, il
n’y a pas d’autres possibilité, et les saints
intelligents veilleront à éviter ces révélations
et ces révélateurs comme autant d’embuscades
spirituelles.
Je
rencontre un autre style de cette embuscade presque tous les ans à
BYU. Je suis régulièrement approché par des
étudiants (des deux sexes, mais la majorité sont des
filles) qui me sortent l’histoire suivante : « Frère
Robinson, mon petit ami (ou ma petite amie selon le cas) est un
missionnaire de retour au foyer, et il a eu une révélation
comme quoi il est censé m’épouser. Je ne suis pas
particulièrement amoureux
de cette personne, mais dois-je l’épouser ? Je ne
veux pas désobéir au Seigneur. » Dans ces
cas, je réponds : « Bon, quel est l’ordre
de la prêtrise ? Qui a le droit de recevoir des
révélations pour vous ? Les apôtres et les
prophètes dans l’accomplissement fidèle de leurs
responsabilités. Votre
président de pieu, votre évêque, vos parents, et
votre mari (de même dans l’accomplissement fidèle
de leurs responsabilités). Finalement, et le plus important :
vous. Vous avez
le droit de recevoir des révélations pour vous-même,
et vous avez le devoir de recevoir la confirmation pour vous-même
de toute révélation reçue pour vous par ceux qui
se trouvent dans la ligne d’autorité de la prêtrise.
Est-ce que cette personne, ce missionnaire de retour avec cette
révélation, se trouve-t-elle dans la ligne d’autorité
de la prêtrise ? Non, évidemment pas, bien qu’elle
le veuille désespérément. Le Seigneur vous
a-t-il confirmé cette révélation
personnellement ? Non, évidemment.
Alors fuyez le plus loin possible de cette
personne et aussi rapidement que vous le pouvez. C’est
quelqu’un qui essaie d’utiliser votre religion pour vous
manipuler et vous contrôler. Fuyez maintenant avant de tomber
dans le piège ! »
Maintenant
il se peut que de temps en temps le Seigneur révèle à
quelqu’un qui
il va
épouser.
Ma grand’mère,
Willmia Brown,
par exemple, entendit une fois une voix
claire désigner Joseph E. Robinson
comme son futur époux et c’est ce qui arriva. Mais dans
ces cas on gardera la révélation en confidence jusqu’à
ce que l’autre partie en soit arrivée à la même
conclusion. Ce genre de discernement sacré ne doit pas être
utilisé comme un pied-de-biche pour tenter de forcer autrui à
soumission. Si cette révélation est authentique, cela
arrivera tout seul.
Révélation
par la rumeur ?
Pour
moi, l’observation la plus mémorable de Delbert L.
Stapley, des Douze, et ma citation favorite venant des autorités
générales, est celle-ci : « Les saints
sont des poires. » En réalité, il y en a
beaucoup qui sont des poires, et un domaine dans lequel c’est
tout à fait vrai c’est leur acceptation stupide des
rumeurs. Dieu ne gouverne pas son Église par la rumeur, et
cependant, certains saints sont tout excités en entendant des
rumeurs émises en dehors des circuits appropriés de la
révélation.
Une
fois j’ai eu un étudiant qui est venu me voir pour me
demander si lui et sa femme devaient abandonner leurs études
pour vendre leur voiture afin d’avoir leur année de
réserves à la prochaine conférence d’avril.
« Sans doute pas », lui répondis-je.
« Avoir un an de réserve est un but important, mais
pour l’instant, je penserais qu’il est plus important
pour vous de faire tous les sacrifices nécessaires pour que
vous finissiez vos études. Pourquoi voudriez-vous
abandonner ? » Il me répondit : « Eh
bien, c’est à cause de la prophétie, me dit-il,
vous savez, celle où le président Benson a dit à
sa famille de s’assurer d’avoir sa réserve de
nourriture pour avril parce que « des évènements
importants doivent arriver ». Plusieurs personnes dans ma
paroisse ont parlé de cette prophétie à la
Sainte-Cène depuis quinze jours, et mon épouse et moi
somme inquiets car la seule façon pour nous d’être
prêts pour avril c’est de vendre notre voiture et
d’abandonner nos études. »
« Ah,
mon jeune ami », lui dis-je, réalisant finalement
ce qui s’était passé, « vous avez été
victime de la bande ‘chair de poule’. Ce sont les
inventeurs et les pourvoyeurs de la ‘religion tabloïde’
dans l’Église, ils jugent la vérité d’une
idée à l’aune de son sensationnalisme, de son
côté excitant ou palpitant, vous savez le genre :
‘les extra-terrestres ont kidnappé le président
Hunter’. L’Évangile véritable est beaucoup
trop ennuyeux pour le gang ‘chair de poule’, alors ils
inventent constamment quelque chose et ils en diffusent une version
‘améliorée’ : l’Évangile
‘tabloïde’. Vous avez besoin de vous faire vacciner
contre ça en apprenant un principe fondamental : Le
Seigneur ne gouverne pas son Église par la rumeur. Il n’existe
pas de prophétie telle que celle qu’on vous a rapportée,
ou pour parler plus précisément : il en existe des
douzaines du même acabit : toutes du vent. Apprenez
l’ordre de la prêtrise, mon ami, et sachez que la rumeur
n’y a pas sa place. Alors vous serez assuré contre les
futures déceptions de la bande ‘chair de poule’ et
de leur Évangile tabloïde. »
Ces
dernières années, j’ai repéré des
douzaines de rumeurs promouvant la foi fréquemment répétées
par la bande « chair de poule ». Celles que
j’entends souvent sont du style : « Le prophète
dans l’ascenseur », « Le Néphite
dans la Mesa », et « la soirée familiale
particulière de la famille Benson».
« Le
prophète dans l’ascenseur » se présente
sous différentes formes. Mais grosso modo quelqu’un est
censé se heurter au président de l’Église
en entrant dans un ascenseur, lequel l’avertit explicitement de
faire un an de réserves, de faire sa généalogie,
d’avoir une recommandation pour le temple, ou quelque chose
comme ça, parce que la Seconde Venue, l’appel pour le
retour au Missouri, une attaque soviétique nucléaire,
ou un truc de ce genre, va arriver en avril ou en octobre à la
prochaine conférence générale. Cette histoire
est apparue tout d’abord dans les années 1950 et a été
redite sous une forme ou une autre à propos des présidents
McKay, Smith, Lee, Kimball, Benson et Hunter. Je suis sûr
qu’une version révisée pour le président
Hinckley sera en circulation au moment où ce livre sortira de
presse.
« Le
Néphite dans la Mesa » est aussi en circulation
depuis au moins trente ans : On raconte que des membres
pratiquants vont en voiture à la conférence et sont
arrêtés par un homme en noir. L’étranger
les avertit qu’il leur faut remplir un but spirituel quelconque
(réserve, généalogie, etc.) avant une certaine
date parce qu’un truc apocalyptique va bientôt survenir.
L’homme en
noir demande alors qu’on le dépose, et alors que la
voiture s’éloigne, celui-ci disparaît de leur vue.
Il est évident qu’il est sous-entendu qu'il s’agissait
là d’un des Trois Néphites. Ce qui est moins
évident, c’est pour quelle raison ces instructions
destinées à l’ensemble de l’Église
n’ont pas été données par les circuits
appropriés.
J’ai
le privilège de compter parmi mes amis et collègues,
frère Reed Benson. Après avoir identifié environ
une douzaine de rumeurs attribuées à Reed ou à
sa famille pendant plusieurs semaines, je m’avisais de lui
demander combien il en recevait en réalité. « Oh,
environ soixante par semaine, me dit-il. Quelquefois j’aimerais
qu’on me laisse parler à une conférence rien que
pour dire aux saints une bonne fois pour toutes que la famille Benson
n’a pas eu de révélations particulières,
de prophéties spéciales, de visites extraordinaires, de
conseils de familles exceptionnels, d’ordinations personnelles
ou de renseignements privés. L’Évangile est le
même pour nous comme pour tout le monde. » Une fois
encore, « Le Seigneur ne gouverne pas son peuple au moyen
de rumeurs ».
D’autres
sources fertiles suscitant les rumeurs sont « la
bénédiction patriarcale de l’ami d’un ami »
ou les histoires de missionnaires soi-disant de retour de mission.
Les bénédictions patriarcales font partie des
révélations individuelles, c’est pourquoi, s’il
existe des renseignements particuliers dans une bénédiction,
le commandement se
trouvant dans Alma 12 :9 de les garder sacrés et privés
s’applique particulièrement. S’il ne s’agit
pas de ma bénédiction patriarcale, toute information
s’y trouvant ne peut être considérée comme
me concernant, parce que si cette personne est digne, la bénédiction
ne doit pas être rendue publique. D’un autre côté,
s’il s’agit de ma bénédiction patriarcale,
alors les renseignements s’y trouvant me concerne et ne sont
pour personne d’autre. Beaucoup d’histoires sur les
bénédictions patriarcales d’autrui, et la plupart
des histoires de missionnaires sont devenues des « légendes
urbaines » dans l’Église et en plus sont
fausses. Il n’y a pas grand-chose dans le magasin du « gang
chair de poule » qui puisse édifier, et il convient
que les saints qui ne sont pas tombés de la dernière
pluie ne tiennent pas compte de tout ceci.
Le
troupeau entend ma voix
Dans
la vie prémortelle, nous avons tous rejeté Satan et ses
plans alternatifs. Maintenant nous devons refaire de même. Si
nous devons endurer, il nous appartient d’éviter les
groupes religieux « d’intérêts
particuliers » autant que les influences impies. Tout ce
qui est étiqueté LDS ou qui est religieux n’est
pas forcément bon. Il y a des loups déguisés en
brebis. Malheureusement, les loups ont appris que les saints sont
prêts à acheter ou à croire n’importe quoi,
pourvu qu’une grande étiquette LDS soit clairement
collée dessus. Les loups essaient d’imiter la voix du
berger, mais son troupeau écoute seulement sa voix et le suit
lui-seul (Jean 10 :27).
Actuellement,
il existe de nombreuses autres voix, « des voix
alternatives », essayant d’attirer l’attention
des saints. Il y a des voix sociales, des voix intellectuelles, des
voix politiques, et d’autres encore. Par exemple, j’ai un
ami qui a des soucis. Il est très engagé politiquement.
Il est très concerné par « un nouvel ordre
mondial » et aussi par la fin du monde. Il voit des
conspirations sataniques partout, dans les évènements
mondiaux, dans les écoles, dans le gouvernement, dans la
société, et il ne comprend pas pourquoi l’Église
n’est pas aussi impliquée et concernée que lui
par ces menaces. Il passe beaucoup de temps à essayer
« d’avertir » les membres de l’Église
qui, pour lui, sont endormis, et il se demande en privé si les
dirigeants de l’Église ne sont pas, eux aussi, endormis.
En gros, il fonctionne comme ça dans sa tête :
« Mon
Église et mon point de vue politique me disent deux choses
différentes, et je sais que mon point de vue politique est
bon, donc il doit y avoir quelque chose de faux dans l’Église ».
Il ne veut pas considérer l’autre possibilité
logique : que l’Église doit être vraie et
qu’il ait besoin de remettre en cause son point de vue
politique. Il ne reconnaît pas non plus son apostasie
implicite, le renversement évident de ses priorités et
de sa loyauté dans son esprit. Il est en danger de placer le
Christ après son point de vue politique, et de divorcer d’avec
son premier amour. Il y a souvent du vrai dans ce qu’il dit,
mais ce n’est pas le problème. Le problème c’est
qu’il prête l’oreille à d’autres voix
et qu’il a transféré sa loyauté suprême
vers des programmes différents de ceux du Seigneur.
Tragiquement, son point de vue politique est devenu l’idole
devant laquelle tout dans sa vie doit se courber, même son
engagement envers l’Église et ses alliances envers Dieu.
Ce
concept ne devrait pas être trop difficile à saisir pour
la plupart d’entre nous : L’Église
est vraie. C’est aussi simple que ça. Tout n’est
peut-être pas bien en Sion, mais elle n’en reste pas
moins vraie. Elle n’est pas anémique, elle n’a pas
besoin de suppléments. Elle n’est pas vraie si, et elle
n’est pas vraie mais, et elle n’est pas vraie sauf. Elle
est simplement vraie ! De plus l’Église n’est
pas hors course ; elle ne va pas trop lentement, ni trop vite.
Ses dirigeants ne sont pas endormis, et ils n’ont pas besoin
d’une aide non sollicitée de la part des passagers pour
guider le navire. L’Église
est vraie ! Savoir cela c’est avoir un témoignage
de la véracité de l’Évangile rétablie,
et ceux qui soutiennent autre chose sont des trompeurs ou des égarés
qui ont perdu la foi, échangé leur loyauté et
modifié l’orientation de leur boussole, ont divorcé
d’avec le Christ par amour d’une idole, et n’ont
pas persévéré jusqu’à la fin.
Je
sais que je vais me faire critiquer pour ce qui précède,
car beaucoup de membres fidèles, moi y compris, sont
politiquement conservateurs. La question politique n’est pas en
cause ici ; ce sont les priorités. Si l’Église
ne prend pas un chemin particulier, il y a deux possibilités :
(1) L’Église
est fausse, ou (2) le chemin est faux. Choisissez 2.
Plus
ou moins
On
peut se protéger du danger de se tromper en suivant le
principe du « plus ou moins » : « La
vérité, c’est la connaissance des choses telles
qu’elles sont, telles qu’elles étaient, et telles
qu’elles doivent être, et tout ce qui est plus ou moins
que ceci est l’esprit du Malin qui était menteur dés
le commencement. » (D&A 93 :24-25 ; voir
aussi 3 Néphi 11 :40, 18 :13 ; D&A
10 :68 ; 98 :7)
Dans
le contexte de l’Évangile, la vérité c’est
ce que Dieu a réellement dit, les instructions qu’Il
donne réellement, ce qu’Il exige de nous réellement,
ni plus ni moins. Sur un chemin droit et resserré, il importe
peut que l’on tombe à droite ou a gauche, de toute
façons on a des problèmes. Il importe peu d’être
conservateur ou libéral, si nous croyons trop ou pas assez. Si
Satan ne peut nous faire abandonner les principes de l’Évangile,
il est satisfait si nous les vivons comme
des obsédés ou des fanatiques. L’un
est moins que la volonté du Seigneur, l’autre est plus.
Les deux façons d’agir montrent que nous sommes sur le
territoire du malin.
Je
connais des gens qui ne veulent pas manger de pain blanc, du sucre
raffiné, ou du chocolat parce qu’ils croient que ces
choses sont en contradiction avec la Parole de sagesse. Ils sont
obsédés par les vitamines, les herbes, les compléments
alimentaires. Il se peut qu’ils n’aient pas tort dans
certains cas, il peuvent même avoir raison, sauf qu’ils
enseignent ces choses comme étant la
volonté du Seigneur et comme faisant partie de la Parole de
sagesse. Leur erreur consiste à « rajouter »
à ce
qu’a effectivement
révélé
le Seigneur,
des choses qu’ils auraient voulu que le Seigneur révèle,
ajoutant eux-mêmes à la Parole de sagesse pour ensuite
dire qu’il s’agit de la parole de Dieu. Satan aime le
fanatique autant que le rebelle, car ils sont tous les deux hors du
chemin et donc en son pouvoir. Ce sont des fanatiques ! On ne
doit pas supposer au motif que quelqu’un est un saint des
derniers jours et qu’il montre un grand zèle et qu’il
a une recommandation pour le temple, que cette personne est correcte
ou même crédible. Le canon des Écritures digne de
confiance, c’est ce que le Seigneur a effectivement dit aux
apôtres et aux prophètes de l’Église, ou ce
qu’il a effectivement dit en privé à une personne
pour son bénéfice (et à nul autre).
Nous
avons dans l’Église des gens qui sont gênés
que Dieu ait dit autant de choses, qui n’apprécient pas
certaines de ses paroles, et qui essaient de discréditer les
Autorités générales pour mettre les révélations
et les commandements entre parenthèses. Nous en avons d’autres
qui sont gênés que Dieu n’en ai pas dit assez
concernant leurs marottes, et qui s’emploient à prôner
des programmes et des principes que le Seigneur n’a jamais
révélés. L’un retire les paroles de la
bouche de Dieu, l’autre les y enfourne. Chacun prêche un
« nouvel Évangile amélioré »
inspiré par ce malin qui était menteur dés le
commencement, la première voix alternative.
Cela
exige de la discipline pour accepter et enseigner comme Évangile
exactement ce que le Seigneur a révélé, ni plus
ni moins, et d’éviter de réviser celui-ci pour
l’adapter à nos goûts. Mais ceux qui le font
connaîtront les choses comme elles sont effectivement
(Jacob 4 :13) et éviteront la
tromperie.
Menteur
dès le commencement
Satan
ment, c’est dans sa nature. Comme Dieu est vérité,
et que la vérité est la connaissance des choses telles
qu’elles sont effectivement, Satan est un menteur qui enseigne
les choses exactement telles
qu’elles ne sont pas, mais telles qu’elles semblent être
et souvent comme nous voulons qu’elles soient. Satan est le
dieu du plausible, le dieu des apparences, le dieu des
« ressemblances » et des choses qui « semblent
être ». Il est le dieu des choses telles que nous
les voulons et sous son influence il nous permet de créer
l’univers que nous voulons, car Satan règne en tant que
dieu sur tous les faux univers ainsi créés.
Dans
le monde de Satan, toute philosophie peut être vraie, tout
péché peut être vertu, toute opinion peut être
juste. L’univers
peut être tel que nous le souhaitons puisque Satan nous offre
le moyen d’obtenir ce que nous voulons. En tant que mortels,
nous sommes sensibles aux imitations de ses mondes et de ses réalités
plausibles. Évidemment, le coût en est la vérité,
car la vérité c’est la connaissance des choses
telles qu’elles sont réellement, et non des choses
telles que nous voulons qu’elles soient. Satan veut nous créer
un univers pour satisfaire nos désirs, mais seul Dieu peut
nous montrer la façon d’adapter
nos désirs à l’univers, à l’univers
réel, le seul qui ne changera pas pour nous plaire. Satan
propose une fausse « vérité »
pour légitimer, ou pour avoir la ressemblance, de tout nos
désirs ; alors que Dieu voudrait changer nos désirs
pour accepter la simple et légitime vérité.
Satan
ment. C’est un principe très simple, mais peu s’en
souviennent. À la place nous acceptons aveuglément la
vérité des rumeurs, des reportages des médias,
des anecdotes personnelles, et ainsi de suite qui donne une mauvaise
image de l’Église ou de ses dirigeants. Lors d’un
jugement futur, beaucoup de saints trompés diront lorsqu’ils
apprendront enfin la vérité : « Oh,
vraiment ? Eh bien, j’aurais bien voulu le savoir. Vous
voyez, les renseignements que j’avais précisaient
que...» et ils essaieront de blâmer le fait qu’ils
auront lâché la barre de fer à cause de mauvaises
informations, plutôt que se blâmer eux-mêmes pour
avoir prêté l’oreille aux voix alternatives. Mais
malheureusement, nous serons tenus pour responsables de nous être
laissés trompés. Après tout, nous avons été
clairement prévenus : « Satan mentira si
habilement, que même les élus seront en danger ».
Nous
avons les enseignements des apôtres et des prophètes.
Nous avons les conseils d’autres dirigeants de la prêtrise.
Nous avons les Écritures. Nous avons le don du Saint-Esprit.
Nous avons la prière et la révélation
personnelle. Nous avons reçu tout ce qui nous est utile pour
éviter la séduction dans la doctrine, aussi si nous
sommes trompés dans ce domaine, c’est malheureux, mais
en général, c’est notre faute. D’un autre
côté, ceux qui utilisent correctement toutes ces
ressources et dont les doigts ne peuvent être décrochés
de la barre de fer, ne seront pas trompés : « Et
quiconque garde précieusement ma parole ne sera pas séduit »
(Joseph Smith-Matthieu 1 :37)
La
difficulté ce n’est pas tant de croire que Satan ment,
c’est assez facile. La difficulté pour beaucoup de
saints semble être de croire que Satan puisse mentir
suffisamment habilement pour les tromper au point qu’ils en
arriveraient à lâcher la barre de fer. (« Moi,
séduit ? Allons, soyons sérieux ! L’élu
de base, peut-être, mais moi ? Jamais ! Vous
voyez, je suis... eh bien, je suis un cas à part »).
Ils se croient « à part »,
particulièrement intelligents, doués ou intuitifs, ils
insistent sur leur capacité à détecter la vérité
par eux-mêmes, et c’est à ce moment-là
qu’ils sont perdus. Car Satan ment et il est vraiment très
bon à ce jeu. Certains saints sont particulièrement
vulnérables aux mensonges venant des savants, d’autres
le sont plus de la part des reporters, et d’autres encore
semblent plus vulnérables aux mensonges dits par les amis ou
les collègues. Il est tragique qu’à chaque
nouveau mensonge des saints soient bernés et lâchent la
barre de fer. Ils n’endurent pas jusqu’à la fin.
Satan
est particulièrement habile pour mentir. Il calomnie les
saints, et les calomniateurs sont crédibles et sont crus. En
plus du titre que lui donne les Écritures comme « menteur
dés le commencement » (D&A 93 :25), il en
est un autre qui est « accusateur de nos frères »
(Apoc. 12 :10). Satan est l’archétype du procureur
ou de l’avocat général pour l’accusation.
C’est un accusateur, un procureur, il ne défend jamais.
Satan est un inquisiteur, il trouve la faute, et là où
il n’y a pas faute, il crée astucieusement son
apparence. Voilà ce qu’il est, ce qu’il fait, sa
nature essentielle consiste à mentir et à accuser, et
ses accusations mensongères apparaîtront souvent
correctes à la plupart des observateurs honnêtes et
objectifs. Il accusa Jésus de blasphème et de trahison
et réussit à le faire croire aux gens. Il accusa
faussement l’Oint du Seigneur et le fit croire. Nous ne devons
pas être surpris de voir les Frères d’aujourd’hui,
les oints du Seigneur dans l’Église moderne, mis en
cause par de fausses accusations par les médias du monde.
C’est ce que fait Satan, et il l’a toujours fait dés
le commencement.
Le
Sauveur a fait une promesse a ceux qui le servent : « Si
le monde vous hait, sachez qu’il m’a haït avant
vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à
lui, mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je
vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde
vous hait ». (Jean 15 :18-19).
Il
arrive que les saints des derniers jours soient troublés par
cette Écriture. Nous estimons que parce nous sommes « bons »,
parce que nous sommes « religieux »,
ou parce
que nous
recherchons la
vérité,
le monde doit nous admirer, et nous nous
attendons à ce qu’il le fasse. Nous sommes souvent
surpris de voir que nous sommes méprisés par le monde
proportionnellement à notre foi véritable en Dieu et à
nos tentatives de garder ses commandements. Nous oublions de quel
monde il s’agit (au moins tant que son juste propriétaire
n’est pas encore revenu pour le réclamer). Nous oublions
qui, pour la plus grande partie, tire actuellement les ficelles et
contrôle la situation ici-bas (2 Corinthiens 4 :4).
Lorsque
les charges et les accusations s’abattent sur l’Église,
lorsque les Frères sont accusés, lorsque le monde est
unanime dans sa condamnation, alors les fidèles doivent sentir
la présence du soufre et être prudents. Il est évident
que de vrais scandales peuvent surgir dans l’Église de
temps en temps, la conduite de Judas fut certainement un scandale,
mais en général ce ne sont que des mensonges. Étant
données la nature et la fonction de Satan et l’histoire
de ce monde passé à son service, lorsque les charges et
les accusations s’abattent sur l’Église et ses
dirigeants, les fils et les filles du royaume doivent accorder, au
moins le bénéfice du doute, à leur alliance avec
le Christ dans l’Évangile et certainement le bénéfice
de nombreux doutes. Après tout, pourquoi les affirmations d’un
savant, d’un reporter, ou d’un ancien membre
seraient-elles plus fiables à mes yeux que les affirmations
solennelles du Saint-Esprit répondant à de ferventes
prières ?
Résister
à la rancune
L’opposition
externe du monde envers les saints s’associe à
l’opposition interne qui souvent n’est pas reconnue pour
ce qu’elle est. L’homme
charnel qui est en nous méprise notre façon d’agir
par la foi. C’est un affront et une abomination pour lui. Le
moi charnel se révolte et enrage lorsqu’on lui suggère
qu’il est moralement aveugle et a besoin d’un guide, ou
qu’il ne doit pas assujettir, mais être assujetti. Les
Écritures nous disent que l’homme naturel est l’ennemi
de Dieu (Mosiah 3 :19). Certains parmi nous ne se rendent pas
pleinement compte que le baptême n’a pas totalement
réduit cet ennemi. Le moi naturel, l’homme charnel ou la
femme, qui réside encore en nous fait partie de notre épreuve
mortelle et vu sa façon d’opérer il est toujours
l’ennemi de Dieu. Malheureusement, beaucoup ne reconnaissent
pas cet ennemi domestique, cet être rusé qui réside
en notre sein prêt à trahir, qui répond avec une
irritation immédiate et irrationnelle, avec condescendance ou
hostilité à chaque fois que l’on évoque la
question de Sion.
Ainsi,
je décèle ces petites trahisons chez certains de mes
étudiants de l’Université Brigham Young qui ont
l’habitude de parler de leur université ou de l’Utah
sur un ton moqueur ou avec condescendance. Qu’ils viennent de
villes ou vous ne pouvez circuler en sécurité dans les
rues la nuit, de collèges dont les valeurs morales sont du
niveau de celles d’une série télé, ou de
zones rurales qui sont des déserts intellectuels et culturels,
certains montrent quand même ce mépris moqueur pour la
« vallée heureuse » et pour BYU.
Pourquoi ? Parce qu’à un certain niveau de
conscience, ils associent ces choses avec l’Église et le
royaume de Dieu, le moi qui n’est pas encore complétement
vaincu en eux est l’ennemi de Dieu. Régulièrement,
je vois même des membres fidèles se mettre en colère
et montrer de l’hostilité ou du mépris et de
l’énervement à l’idée qu’ils
pourraient s’abonner aux magazines de l’Église ou
soutenir financièrement le système d’éducation
de l’Église ou lire « un livre de l’Église ».
Les gens se disent que ce ressentiment inné envers la culture
de l’Église est rationnel, mais il ne l’est
jamais. Il est naturel, et nous reconnaissons rarement notre
ressentiment pour ce qu’il est : L’homme naturel se
met en embuscade en notre sein pour tirer sur la cause de Sion.
De
nombreux saints autrement fidèles qui essaient de suivre le
Christ dans la plupart des cas, se permettent néanmoins de
montrer le ressentiment et l’irritation de cette agressivité
charnelle envers certains aspects du royaume du Christ. Dans toutes
les paroisses on trouve des gens qui réagissent agressivement,
mais qui ne sont ni pécheurs ni méchants ni même
« non pratiquants », mais dont le moi charnel
ne supporte pas d’être assujetti à l’Esprit,
aussi l’irritation et le ressentiment deviennent leurs réponses
normales et habituelles aux programmes et aux autorités de
l’Église. Leur moi charnel n’est pas assez fort
pour les retenir en Égypte, mais il sabote les chariots sur la
route de Canaan. Si nous sommes tenus de servir Dieu de tout notre
cœur, de tout notre pouvoir, de
toute notre
pensée, et
toute notre
force pour
édifier le
royaume, pouvons-nous de bonne foi, résister, avoir du
ressentiment ou attaquer une partie de ce royaume ?
L’objectif
des programmes de l’Église est de toujours perfectionner
les saints. Pour autant, il n’y arrive pas complétement.
Cela signifie que l’Église institutionnelle et ses
membres essaient de faire quelque chose (atteindre la perfection) que
ces programmes ne font pas. Le moi charnel et d’autres
critiques aiment à interpréter cet échec comme
étant de l’hypocrisie. « Hypocrites,
disent-ils, vous vous considérez ‘meilleurs’, vous
essayez d’être tellement bons, mais vous n’êtes
que des humains comme nous autres ». Mais l’hypocrisie
c’est prétendre posséder certaines valeurs qu’en
fait nous n’essayons pas de vivre, il n’y a aucune
prétention quant aux valeurs et aux buts que nous visons, ce
ne sont que nos aspirations sincères. De plus, la faiblesse
n’est pas la même chose que l’hypocrisie et ceux
qui cherchent sincèrement la perfection et n’y arrivent
pas ne sont pas plus hypocrites que le sauteur à la perche qui
n’arrivent pas à passer au-dessus de la barre. Cette
façon de voir est une des ruses dégoûtantes de
Satan la plus largement acceptée. Je vois des gens qui ne
remarquent jamais la corruption de Babylone et bavent littéralement
de colère sur l’imperfection et « l’hypocrisie »
des programmes de l’Église. Mais pourquoi ceux qui
aspirent à la justice et n’y arrivent pas devraient-ils
être plus méprisés que ceux qui aspirent au mal
et réussissent dans le mal ? Parce que l’homme
naturel est l’ennemi de Dieu, et l’homme naturel méprise
toutes tentatives de vivre par l’Esprit.
Maintenant,
qu’est-ce qui vous agace dans l’Église, dans ses
programmes ou son organisation ? Pensez-y. Devons-nous avoir
deux façons de voir ou devons-nous être borgnes ?
Allons nous finalement nous décider à quelle équipe
nous appartenons et assumer les conséquences ?
Même après nous être convertis à
l’Évangile, nous devons faire attention aux petites
trahisons envers la cause de Sion dont l’origine se trouve
enracinée dans l’entêtement du moi charnel à
vouloir maîtriser l’Esprit.
Lorsque
l’homme naturel acquiert plus d’influence sur l’homme
spirituel, il ne se contente plus d’attaques contre les
programmes en périphérie, mais il attaque les éléments
centraux de l’Église ou même directement les
Autorités générales elles-mêmes. Dans ces
cas, le moi charnel ne montre plus simplement de l’entêtement,
il devient la partie dominante de la personne et s’oppose
ouvertement à l’Esprit. C’est la dernière
étape avant la perte totale de
l’Esprit et de l’apostasie complète.
Je
ne dis pas que les saints fidèles ne peuvent pas critiquer de
façon constructive les institutions de l’Église.
Mais nous devons reconnaître et neutraliser le ressentiment qui
nait de notre moi charnel. De nombreux saints ont deux façons
de voir dans ce domaine. Ils se croient loyaux envers le royaume dans
son ensemble tout en étant déloyaux envers les parties
qui le constituent.
Deux
genres d’hypocrisies
Le
mot grec « hypokritếs » traduit
généralement par « hypocrite »
signifie en fait « acteur» ou « joueur ».
Un hypocrite au sens classique est quelqu’un qui prétend
soutenir des croyances ou des principes qu’il n’a pas
adoptés ou qu’il ne vit pas. On rencontre dans l’Église
plusieurs types de vrais hypocrites ; certains sont vicieux
d’autres ne le sont pas. Il existe au moins deux types
d’hypocrites qui constituent un vrai danger pour les saints
fidèles quiveulent persévérer : les
« oxymormons » et les joueurs.
Type
1 : Les « oxymormons ». Tout le monde sait
ce qu’est un oxymore : C’est une figure de style qui
est composée de partie se contredisant mutuellement, comme
« grand nain », « innocence
criminelle » ou « vrais
mensonges ».
Les
« oxymormons » sont des membres de l’Église
dont la théologie se présente de la même façon.
Il est fréquent que leurs sentiments profonds et ceux qu’ils
affichent ne sont pas les mêmes, et ils en arrivent à
soutenir des propositions mutuellement
contradictoires. Par exemple, si on suggère
que nous devons être fidèles selon une « nouvelle »
façon tout en rejetant les propositions fondamentales de
l’Évangile, alors cette « fidélité
infidèle » se contredit elle-même.
Le désir d’être infidèle
associé au désir de ne pas paraître infidèle
fait qu’on en arrive à dire des absurdités. On ne
peut définir l’adultère comme une « nouvelle »
forme de vertu, ou la violence comme une « nouvelle »
façon de présider au foyer, ou douter comme une
nouvelle forme de croyance. De même les ténèbres
ne sont pas une « nouvelle » forme de lumière,
ni la haine une « nouvelle » façon
d’aimer. Ces affirmations confinent à la sottise et au
non sens. Mais il n’empêche que nous avons dans l’Église
des gens qui voudraient devenir une « nouvelle race »
de saints des derniers jours en niant les principes de base de la
foi : à savoir que Jésus est le Christ, que
l’Église est vraie, que Joseph Smith est un prophète,
que le Livre de Mormon est un livre correct. Ce sont des
« oxymormons », ils ne veulent pas quitter
l’Église. Ils veulent la changer. Ils veulent que les
saints soient fidèles d’une « nouvelle »
façon, en rejetant la foi traditionnelle. Après tout,
si on décide que tous les points cardinaux s’appellent
« nord », on ne pourra pas être accusé
d’avoir quitté le cap quelque soit la direction prise !
C’est une stratégie propre à celui qui était
menteur dés le commencement. Mais
cette attitude ne relève pas d’une « nouvelle
mode , et ce n’est pas endurer jusqu’à la
fin. C’est de l’infidélité.
Type
2 : Le joueur de rôle. L’autre
type d’hypocrite que l’on rencontre de temps en temps
dans l’Église est une variété plus passive
que j’appelle « jeu de rôle ». La
plupart des joueurs de rôle ne sont pas vicieux, ils veulent
juste rester dans l’Église même s’ils n’y
croient pas. Mais même ces éventuels hypocrites font
plus de mal qu’ils ne le pensent. Ainsi, il y a plusieurs
années, je rendis un fort témoignage dans une de mes
classes qu’en vivant l’Évangile on pouvait
transformer le foyer en un petit coin de paradis sur terre. Après
la classe une étudiante attendit que tous soient sortis pour
me demander tranquillement : « est-ce que vous nous
racontez des histoires, ou dites-vous la vérité ?
Une famille peut-elle réellement être ce que vous dites,
ou est-ce un conte de fée ? » Je lui demandais
pourquoi elle me posait ce genre de question et me répondit :
« Tous les membres de ma familles sont pratiquants dans
l’Église, nous sommes ‘la famille mormone idéale’.
Toute ma vie, j’ai vu mes parents créer et maintenir
cette apparence de fidélité. Maman est ‘la femme
indispensable’ dans notre paroisse, et papa sert au grand
conseil du pieu, mais tout est mensonge ; c’est juste un
rôle qu’il joue jusqu’à ce qu’ils
rentrent à la maison. Mon frère est moi nous appelons
cela ‘jouer à l’Église’.
Extérieurement, nous paraissons être ‘une famille
mormone idéale’, mais intérieurement
c’est vide. Nous ne faisons pas la
prière en famille ni les soirées familiales. Mes
parents ne s’aiment pas et ne se respectent pas et notre foyer
n’est pas le paradis. J’ai hâte de m’en aller
pour fuir les disputes et l’hypocrisie. Pendant des années
j’ai cru que toutes les familles de l’Église
étaient comme la
mienne et
que ‘vivre
l’Évangile’ signifiait
pour tout
le monde ce que je pensais : juste
« jouer à l’Église ». J’ai
toujours pensé que tout le monde jouait le même rôle
et créait la même illusion pour dire le même
mensonge, et maintenant vous venez me dire que pour certains, il ne
s’agit pas d’une illusion ni d’un mensonge ? »
À
ce moment, elle se mit à pleurer. « Je donnerais
n’importe quoi pour avoir la famille que vous décrivez,
mais est-ce que cela peut vraiment être comme vous le dites, ou
est-ce que vous nous servez toujours la même rengaine ? Je
lui pris la main et je la regardai droit dans les yeux : « Je
vous témoigne sur mon honneur que je vous dis la vérité.
L’Évangile est vrai, et ses bénédictions
sont réelles pour ceux qui le vivent. Ce n’est pas un
conte de fées réconfortant, c’est la vérité. »
Cette
jeune personne avait été grandement blessée par
le jeu de rôle de ses parents, et sa capacité à
croire les promesses de l’Évangile en avait été
diminuée. Malheureusement, il y a beaucoup de joueurs de rôles
dans l’Église, et ils blessent de la même façon
ceux qui les entourent, même s’ils n’ont pas
l’intention de le faire. Ils blessent autrui en enseignant par
maladresse, sans paroles, mais par leur attitude et leur exemple,
qu’on n’a pas besoin de prendre l’Église au
sérieux, que c’est une chose que nous faisons simplement
pour des raisons sociales ou d’affaires, ou parce que c’est
la tradition, ou encore que c’est bon pour les enfants, ou même
que nous sommes trop paresseux pour briser les habitudes de notre
enfance. Souvent ces joueurs de rôle connaissent toutes les
bonnes réponses et prennent les bonnes décisions, mais
intérieurement, ils sont spirituellement morts. Beaucoup
d’entre eux aiment à être pratiquants dans
l’Église, tout comme d’autres apprécient
d’être au Rotary Club ou à l’Automobile
Club.
J’ai
connu des missionnaires, des étudiants, des conjoints et des
enfants qui ont été détruits par l’hypocrisie
de dirigeants ou de parents qui se bornaient à « jouer
à l’Église » sans vrai témoignage
ni conviction. Ces victimes en arrivent à croire que l’Église
n’est qu’une plaisanterie à usage interne que tout
le monde finit par s’en rendre compte, mais que l’on
continue à y jouer, comme avec le Père Noël ou les
œufs de Pâques. Les joueurs de rôle ont un
comportement faux et cet exemple leur ôte l’occasion de
connaître le Saint-Esprit qui pourrait les guider.
Si
vous avez été blessés ou déçus par
des joueurs de rôle, sachez que la grande majorité des
membres ne sont pas ainsi. La persévérance exige que
nous gardions nos convictions envers la vérité, même
si certains pensent que l’Église est une plaisanterie à
usage interne. Ne laissez pas votre témoignage ou votre
persévérance diminuer par ceux dont le Seigneur a dit :
« Malheur aux séducteurs et aux hypocrites, car,
ainsi dit le Seigneur, je les amènerai en jugement. Voici, en
vérité, je vous le dis, il y a des hypocrites parmi
vous, et certains ont été trompés par eux, ce
qui a donné du pouvoir à l’adversaire ; mais
voici, ceux-là seront ramenés ; mais les
hypocrites seront démasqués et retranchés, soit
dans la vie, soit dans la mort » (D&A 50 :6-8)
D’autres
dangers : les sadomasos spirituels
Les
masochistes spirituels, c’est un terme à moi pour
désigner les personnes qui résistent à la bonne
nouvelle du « joug doux et du fardeau léger »
(Matthieu 11 :28-30). Ils imaginent des conditions tellement
difficiles pour obtenir le salut qu’ils savent qu’ils ne
pourront pas les remplir. Croire que Dieu ne peut les sauver place
certaines personnes dans un état de désespoir tel
qu’ils le préfèrent à la joie et ce pour
des raisons charnelles et perverses. Leur souci concernant leurs
péchés et leurs faiblesses tourne en général
à l’obsession, et souvent ça leur donne une sorte
de satisfaction charnelle (« vos problèmes et vos
péchés sont ordinaires, mais les miens sont trop
complexes à résoudre, même pour Dieu !»).
Ces individus ont besoin de se repentir, non pas d’une
quelconque transgression (au moins pas pour commencer), mais plutôt
de l’indulgence malsaine qu’ils montrent envers eux-mêmes
d’un côté et de leur manque de foi dans le pouvoir
infini du Christ de l’autre.
Les
sadiques spirituels sont ceux qui veulent que les autres,
particulièrement ceux qui luttent contre des problèmes
ou supportent des afflictions, sachent combien le salut sera
difficile pour eux. Je pense qu’ils doivent être ennuyés
à l’idée que le paradis risque d’être
encombré, ou peut-être que ça les gêne
d’avoir à le partager avec des êtres qui leur
seraient inférieurs, aussi ils essaient d’en diminuer le
nombre en faisant un peu le ménage avant d’y arriver.
Les masos spirituels et les sadiques agissent tous les deux selon des
motifs charnels plutôt que spirituels, et les deux sont un
danger pour les jeunes, les tendres et les inexpérimentés
qui essaient de persévérer.
J’ai
demandé un jour à une amie proche pourquoi elle avait
quitté l’Église adolescente pour y revenir
quelques années plus tard, et je découvris qu’elle
avait été trompée par une sadique spirituelle.
« Je me souviens que j’étais assise dans la
classe des Lauréoles, me dit-elle, et l’instructrice
était en train de nous dire combien nous devions être
pures et bonnes pour pouvoir entrer dans le royaume céleste.
Elle nous enseignait combien il était dur de se repentir si
nous commettions une faute, et que même si nous nous repentions
nous n’aurions jamais les mêmes bénédictions
qu’avant. Évidemment, à cette époque,
j’avais déjà commis ma part de fautes. Elle
souligna que seul un petit nombre trouverait le chemin droit et
resserré, et lorsque je regardais autour de moi dans la salle
et que je vis la concurrence, avec toutes ces saintesnitouches, je
sus que je n’avais aucune chance d’en faire partie. Ne
jamais embrasser un garçon ? Ne jamais écouter du
rock ? Ne jamais me disputer avec ma mère ? Ne
jamais avoir une pensée impure ? Je sus alors que je
n’avais pas la moindre chance, alors j’ai abandonné
et je ne suis plus venue ». Je lui demandai alors pourquoi
elle était revenue à l’Église après
plus de dix ans, elle répondit : « C’est
là où se trouve la lumière, et je ne pouvais
plus supporter l’obscurité. Au début, tout ce que
je savais c’est qu’il fallait que je quitte l’obscurité,
mais plus je me rapprochais de la lumière, plus je me rendais
compte que mon instructrice n’avait pas dit la vérité.
Il y a de la place pour moi dans le royaume de Dieu, et je n’ai
pas besoin de concourir avec les saintes-nitouches pour y arriver. Je
ne concours avec personne d’autre qu’avec moimême.
Je me suis repentie, j’ai déjà trouvé le
chemin droit et resserré, et tant que je suis un petit peu
meilleure que le mois dernier, un petit peu plus gentille, un petit
peu plus aimable, un petit peu plus compatissante (ou
que j’essaie sincèrement de l’être (D&A
46 :9), en son nom et pour sa gloire, alors je gagnerais
tout ».
L’iniquité
Le
troisième danger cité dans l’avertissement donné
par Jésus est l’iniquité. « Et parce
que l’iniquité se sera accrue, l’amour du plus
grand nombre se refroidira » (Matt. 24 :12). Si Satan
ne peut nous ébranler par les afflictions ou nous tromper avec
des voix et des plans alternatifs, alors quelquefois, il essaie de
nous acheter. Dans les derniers jours beaucoup prendront l’argent
et fuiront, ils prendront le liquide, la chair ou la gloire et
fuiront les obligations de l’alliance. L’épreuve
finale concernant notre endurance consistera à ne pas tomber
amoureux des plaisirs de ce monde. Les fidèles ne peuvent être
achetés avec ces choses. Le dimanche, ils sont à
l’Église, ils paient volontiers leur dîme et leurs
offrandes. Ils gardent leurs appétits physiques et leurs
désirs dans les limites fixées, ils sont honnêtes
dans leurs transactions. Leur loyauté n’est pas diminuée
par les biens matériels et les pouvoirs que Dieu leur a
confiés.
Cependant,
ne pas endurer n’est pas un péché que nous
commettons une fois pour toutes. Tant que nous sommes ici-bas, nous
avons toujours le choix de nous repentir de nos échecs et de
recommencer. Il y a peu, un ancien étudiant est venu me voir
qui avait perdu son statut de membre suite à des actes impies
et répétés. Il me dit qu’il voulait
rectifier sa vie. Je lui demandais s’il avait un témoignage
et me dit que non, il n’en avait pas. Surpris, je lui demandais
pourquoi il voulait se repentir pour retrouver son statut de membre
puisqu’il n’avait pas de témoignage.
Je n’oublierai
jamais sa
réponse :
« Je
ne sais
pas que
l’Église est vraie, mais je sais que je l’ai su,
et je sais que Dieu sait que je l’ai su. L’Église
n’a pas changé entre avant et maintenant, c’est
moi qui ai changé. Et maintenant, je veux savoir de nouveau ce
que je savais avant, et je veux me repentir pour y arriver ».
Même si l’on tombe avant la fin, la repentance peut
toujours susciter un nouveau départ.
Les
épreuves, les déceptions et l’iniquité,
voilà les ennemies de la persévérance. Ceux qui
peuvent supporter la douleur des épreuves, qui peuvent ignorer
le nombre sans cesse grandissant des voix alternatives, qui ne sont
pas déçus par les oxymormons, les joueurs de rôles,
ou les sadiques spirituels, que l’on ne peut acheter avec les
plaisirs impies, ceux là ne trahiront pas la confiance que le
Maître a placée en eux. Ils suivront fidèlement
la course tracée. Qu’importe ce qui arrivera, l’aiguille
de leur boussole reviendra toujours sur le Nord. Ils persévéreront.
Note :
Je dois à mon collègue Joseph F. McConkie le terme
« bande chair de poule » (goose-pimple gang).
Cette expression décrit parfaitement cette frange imbécile
dans l’Église, et les saints crédules qui
répètent n’importe quelle histoire à faire
frissonner leur auditoire. Apparemment, leur critère pour
juger de ces « histoires inspirantes » n’est
pas « est-ce vrai ? », mais plutôt
« est-ce que cela donne la chair de poule ? »
CHAPITRE
SIX : LE PREMIER
COMMANDEMENT
Comme
ce livre traite de la façon de suivre le Christ, on peut être
surpris de ce que je n’ai pas discuté plus avant des
règles et des commandements particuliers et de la façon
de les respecter plus précisément. C’est
peut-être dû au fait que je suis moi-même
rapidement affolé lorsque je pense à l’Évangile
en terme de centaines de règles, toutes exigeant mon attention
immédiate. Je ne nie pas que l’on puisse vivre
l’Évangile de cette façon, mais pour moi c’est
trop. Je suis vite désarçonné à l’idée
qu’être juste envers Dieu consiste à maîtriser
de nombreuses petites choses pour ensuite les exécuter
exactement de la manière adéquate, exactement au bon
moment, et dans le bon ordre.
Mais
d’un autre côté, je ne les ai pas décrites
en détail parce que certains d’entre nous considèrent
un peu rapidement qu’endurer jusqu’à la fin pour
suivre le Christ consiste à garder des centaines de règles
plutôt que de vivre quelques principes. On peut exprimer les
commandements divins sous forme de règles ou de principes
selon les circonstances vécues par les personnes qui reçoivent
la parole. Cependant, il existe une énorme différence
entre les règles et les principes. Les règles sont
habituellement basées sur les principes, mais les règles
sont « taillées sur mesure », à
partir des principes appliqués à certaines situations
particulières. À cause de leur plus grande spécificité,
les règles sont plus rigides et plus inflexibles que les
principes. Par nature, elles n’offrent d’autre choix que
de s’y plier ou de les violer et laissent peu de marge de
manœuvre. Après tout, « la règle est
la règle ». Les règles sont en général
constantes; elles sont les mêmes pour tous en toutes
circonstances.
« La
règle est la règle ». Comme on n’a pas
besoin de comprendre la règle pour s’y plier, c’est
une bonne chose pour les jeunes, ceux qui sont inexpérimentés
ou immatures spirituellement (je n’utilise pas ce terme pour
diminuer qui que ce soit, puisque chacun d’entre nous est
spirituellement immature dans un domaine ou un autre).
Les
règles nous permettent de suivre automatiquement des principes
supérieurs dans nombre de situations de la vie courante. Elles
agissent de façon prédéterminée et
presque mécanique ce qui n’exige pas beaucoup de
jugement ni de discernement pour ceux qui les suivent. « La
règle est la règle ». L’exemple type
de la justice exercée au moyen des règles est la loi de
Moïse (notamment les Dix Commandements), donnée à
l’Israël immature spirituellement dans le désert.
Les
principes, au contraire, ne sont pas rigides et inflexibles dans leur
observation, et on peut souvent les adapter et les changer selon les
circonstances, mais cela exige plus de maturité spirituelle et
de jugement que pour respecter les règles. C’est là
le grand avantage de la justice basée sur le principe par
rapport à la justice basée sur les règles :
pour vivre notre vie selon les règles, nous devrions définir
une règle pour chaque situation, des milliards de milliards de
règles plus que nous ne pourrions nous rappeler, alors que
nous n’avons besoin que de quelques principes sur lesquels nous
appuyer pour vivre, et ceux-ci peuvent toujours être adaptés
selon les circonstances en fonction des milliards de possibilités.
Les
règles, telles que la loi de Moïse, sont accomplies (et
obsolètes) lorsque nous apprenons à vivre selon les
principes supérieurs sur lesquels celles-ci s’appuient.
C’est pourquoi les principes de l’Évangile
accomplissent les règles de la loi de Moïse, qui étaient
une loi composée de « commandements charnels »,
ou une législation réglementaire. Par exemple, dans le
contexte de l’Évangile, la règle concernant
l’homicide est accomplie et obsolète par le principe de
l’amour, la règle concernant l’adultère par
le principe de la chasteté, et ainsi de suite. Les règlements
de la loi de Moïse sont bons et vrais, mais ils expriment
seulement en partie les principes supérieurs de l’Évangile,
et à partir du moment où l’on vit ces principes,
ils sont obsolètes et inutiles.
Vivre
selon les principes exige que l’on connaisse la véritable
nature du Dieu que nous adorons en l’imitant et en appliquant
les principes qu’il a révélés dans son
Évangile. On ne peut vivre selon des principes que nous
ignorons ou suivre un exemple que l’on n’a pas vu. Vivre
selon des principes exige aussi que nous ayons le don du Saint-Esprit
pour nous guider pour les appliquer dans notre vie. Sinon, notre
esprit charnel influencerait notre interprétation des
principes et déformerait nos décisions. Finalement,
vivre selon les principes exige, peut-être
plus que tout, le désir sincère d’obéir à
Dieu. Les menteurs qui veulent être libérés des
contraintes de la règle, mais qui ne veulent pas réellement
obéir à Dieu à un niveau supérieur
peuvent ne pas être immédiatement détectés,
et c’est pourquoi il arrive souvent qu’ils essaient
d’utiliser le principe consistant à « vivre
selon les principes » comme excuse pour briser les règles.
Sans désir sincère d’obéir à Dieu,
vivre selon les principes devient rapidement une excuse pour pécher.
Voilà
trois raisons pour lesquelles seuls ceux qui sont entrés dans
l’alliance et qui la gardent peuvent vivre selon les principes.
Lorsqu’on
a demandé à Joseph Smith comment il pouvait gouverner
tant de saints des derniers jours, il répondit : « Je
leur enseigne de bons principes et ils se gouvernent eux-mêmes ».
C’est à dire, qu’il leur avait enseigné les
principes de l’Évangile, ensuite motivés par le
désir d’obéir à Dieu et avec l’aide
du Saint-Esprit, les saints décidèrent d’appliquer
ces principes dans leur vie. Mais c’est à ce momentlà
qu’ils l’ont véritablement mis en action et qu’ils
se sont gouvernés eux-mêmes selon ses principes (à
BYU on entend souvent dire des étudiants qui se rebellent
contre les principes : « Enseignez-nous les principes
et laissez-nous nous gouverner »...)
Il
y a beaucoup à dire sur la justice basée sur les
règles. Beaucoup estiment que pendant un temps, c’est la
façon la plus aisée de progresser vers une vie
chrétienne. Cela exige beaucoup de travail pour apprendre tous
les détails exigés par Dieu, et cela peut être un
programme d’entraînement efficace pour apprendre à
garder tous les commandements (Galates 3 :24). Les centaines
d’éléments séparés qui se
présentent à nous sont vrais et importants en
eux-mêmes. Et chacun d’entre nous doit s’évaluer
de temps en temps selon une perspective « basée sur
la règle » simplement pour voir comment il gére
les détails et pour évaluer ses progrès.
Cependant,
personnellement, je ne souscris pas à cette approche livresque
pour vivre l’Évangile quotidiennement, non parce que
c’est mauvais ou faux, mais parce qu’il existe une
meilleure voie pour suivre le Christ. Non seulement les principes
supérieurs sont meilleurs que les règles étroites ;
mais il existe encore un principe particulier qui contient en
lui-même tous les autres principes. Jacques l’appelle
« la voie royale » (1 Cor. 12 :31).
Pour moi c’est la différence entre essayer de suivre des
milliers de règles distinctes, comme si on voulait contrôler
des milliers de billes qui rouleraient sur une table, et tenter
d’appliquer un principe de base, qui serait de placer toutes
les billes dans un sac que l’on pourrait manipuler comme un
seul objet. Dans un sac toutes les billes sont toujours là,
mais on se contente de surveiller un objet au lieu de milliers. De la
même façon, un principe contient des milliers de règles.
Il
existe un principe simple, qui inclut toutes les règles, comme
les billes dans un sac, qui fait qu’en vivant ce principe, on
les applique automatiquement. Et de la même façon qu’il
y a une limite au nombre de pages que je peux inclure dans ce livre,
et une limite au nombre de règles que nous devons apprendre
par cœur ou s’inquiéter en une fois, il semblerait
sage et économique, tant spirituellement que matériellement
de se focaliser sur le seul principe plutôt que sur les
milliers de règles individuelles. Ce principe simple est la
loi de l’amour, et si nous l’appliquons correctement,
et le vivons, alors nous vivrons aussi
automatiquement toutes les règles. Ou tout au moins Dieu
jugera qu’il en est ainsi (1 Pierre 4 :8 ; Rom.
4 :7-8).
L’apôtre
Paul a clairement dit que la loi de l’amour comprend toutes les
autres lois : voir Romains 13 :8-10. Maintenant, n’allez
pas me faire dire que je suis opposé à la justice basée
sur la règle (agir sur les parties du tout) ou contre le fait
d’insister sur un ensemble de petites choses quand on peut le
faire. Mais si on a besoin d’un seul objectif pour suivre le
Christ, alors il faut suivre le principe de l’amour.
Le
Sauveur lui-même a clairement affirmé dans le Nouveau
Testament et dans le Livre de Mormon qu’il existe une chose, un
principe, qui, plus qu’aucun autre, fait de nous de vrais
enfants de notre Père céleste : « Aimez
vos ennemis... afin que vous soyez enfants de votre Père qui
est dans les cieux ». Voulez-vous
être un vrai fils de Dieu ? Alors, aimez vos ennemis (et
je pense vos amis aussi), car Dieu aime et bénit tous ses
enfants. Voulez-vous
être comme Dieu ? Alors, cultivez le seul trait qui
caractérise Dieu par-dessus tous les autres : aimez tous
vos frères et sœurs comme il aime tous ses enfants.
En
fait, dans l’Évangile de Jésus-Christ, le
commandement d’aimer est le Premier Commandement. C’est
le premier et le plus important dans l’éternité.
C’est le principe le plus important dans l’Évangile
et il inclut toutes les règles. Aimer autrui et agir en
conséquence nous fera ressembler plus à Dieu que
n’importe quel autre principe. Malheureusement, Il semble que
ce soit l’élément que beaucoup d’entre nous
oublie quand on essaie « d’être religieux ».
Beaucoup de gens « religieux », surtout ceux
qui ont une approche basée sur les règles, pensent que
la religion c’est ce que nous mangeons, comment nous votons, à
combien de réunions nous allons, combien nous donnons
d’argent, ou combien de pages nous lisons. Toutes ces choses
sont importantes, mais aucune d’entre elles n’est plus
importante.
Nous
pouvons être « pratiquants » dans
l’Église tout en étant spirituellement morts,
surtout si nous ne nous aimons pas mutuellement.
C’est ce
que Paul
et Moroni
nous ont
dit dans
1 Cor.
13 et
Moroni 7 :
« Quand je parlerais les langues des hommes et des anges,
si je n’ai pas l’amour, je suis un airain qui résonne,
ou une cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de
prophétie, la science de tous les mystères et toute la
connaissance, quand j’aurais même toute la foi jusqu’à
transporter les montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne
suis rien… L’amour
ne périt jamais… Maintenant, ces trois choses
demeurent : la foi, l’espérance, l’amour ;
mais la plus grande, c’est l’amour » ;
« et si un homme est doux et humble de cœur et
confesse par le pouvoir du Saint-Esprit que Jésus est le
Christ, il faut qu’il ait la charité ; car s’il
n’a pas la charité, il n’est rien ; c’est
pourquoi il faut qu’il ait la charité… C’est
pourquoi mes frères bien-aimés, si vous n’avez
pas la charité, vous n’êtes rien, car la charité
ne périt jamais. Ainsi,
attachez-vous à la charité, qui est le plus grand de
tous les biens »
Le
premier commandement nous a été donné par le
Sauveur en personne pas moins de trois fois dans l’Évangile
de Jean : « Je vous donne un nouveau commandement… »
(Jean 13 :34-35 ; 15 :12-13, 17). Matthieu donne le
premier commandement à une autre occasion. Lorsqu’on a
demandé à Jésus quel était le plus grand
commandement, il a répondu : « Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et
de toute ta pensée. C’est le premier et grand
commandement. Et le second lui est semblable. Tu aimeras ton prochain
comme toi-même. Sur ces deux commandements
reposent la loi et les prophètes. »
(Matt. 22 :37-40).
Ce
n’est pas du sentimentalisme. Ce n’est pas un mirage, ce
n’est pas un vœu pieux, ou de l’idéalisme.
L’amour n’est pas un principe de substitution qui permet
au pleurnichard de satisfaire ses caprices. Ce n’est pas un
truc accordé aux sœurs pour leur faire plaisir ou aux
types hyper sensibles efféminés. Ce n’est pas une
option qui peut être ignorée pour qui ne souhaiterait
pas que les problèmes d’autrui interfèrent dans
sa vie. Il y a là une clé importante, probablement la
plus grande de toutes : le cœur et l’âme de
l’Évangile c’est l’amour, et tout le reste
n’est que commentaire. Quelle que soit la façon dont
nous abordons la religion, nous avons tort, car la véritable
religion c’est l’amour en action, l’amour de Dieu à
notre égard et notre amour pour Dieu et notre prochain. Mais
si je dis : « Je suis juste, j’ai un diplôme
universitaire, je suis président de pieu ou présidente
de Société de Secours, je paie même vingt pour
cent de dîme, j’ai quinze enfants, et je suis allé
en mission. Je me suis marié au temple, je suis Aigle scout,
j’ai deux ans de réserves, et ma généalogie
est faite jusqu’à Adam, Dieu m’exaltera sûrement
grâce à tout ça, même si je ne suis pas
quelqu’un de très compatissant et que je n’aime
pas réellement mes frères et sœurs ».
Faux !
Écoutez
Joseph Smith : « Pour être justifiés
devant Dieu nous devons nous aimer les uns les autres ».
Écoutez
Néphi : « Le Seigneur Dieu a donné un
commandement que tous les hommes doivent avoir la charité,
laquelle charité est l’amour. Et s’ils n’ont
pas la charité ils ne sont rien ».
Écoutez
Alma : « Si vous ne vous souvenez pas d’être
charitables, vous êtes comme du rebut, que les raffineurs
rejettent (parce qu’il n’a pas de valeur) et qui est
foulé au pied des hommes ».
Écoutez
Moroni : « Cet
amour que
tu as
eu pour
les enfants
des hommes est la charité, c’est
pourquoi, si les hommes n’ont pas la charité, ils ne
peuvent hériter ce lieu que tu as préparé dans
les demeures de ton Père ».
Écoutez
de nouveau
Paul :
« Quand
je parlerais
les langues
des hommes et des anges, si je n’ai
pas l’amour, je suis un airain qui résonne, ou une
cymbale qui retentit. Et quand j’aurais le don de prophétie,
la science de tous les mystères et toute la connaissance,
quand j’aurais même toute la foi jusqu’à
transporter des montagnes, si je n’ai pas l’amour, je ne
suis rien ».
Écoutez
Pierre : « Ayant
purifié vos âmes en obéissant à la vérité
pour avoir un amour sincère, aimez-vous ardemment les uns les
autres, de tout votre cœur ».
Écoutez
Jean : « Bien-aimés
aimons-nous les
uns les
autres; car
l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et
connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu
Dieu, car Dieu est amour »
L’amour
est la condition sine qua non pour entrer dans le royaume de Dieu, la
condition sans laquelle nous ne pouvons entrer dans la gloire
céleste. D’autres choses peuvent être exigées,
mais sans l’amour dans notre cœur envers Dieu et nos
frères, nous n’hériterons pas de trône. Il
n’y a aucune exception. Nous ne pouvons devenir comme Dieu,
nous ne pouvons être de vrais fils et filles de Dieu sans
amour, car Dieu est amour.
Mettre
la charrue avant les
bœufs
Les
gens se créent beaucoup de soucis par rapport à la
religion parce qu’ils mettent la charrue de la doctrine avant
les bœufs au lieu de commencer par les premiers principes ou le
premier commandement. Par exemple, si nous commençons par la
doctrine de l’enfer et des souffrances promises à ceux
qui désobéissent aux commandements, on a vite fait de
conclure que Dieu est une espèce de père Fouettard,
prêt à châtier ceux qui désobéissent.
(Je connais des membres de l’Église qui y croient
vraiment !) Mais si nous commençons par le bon bout, avec
le premier commandement (Dieu est amour, et pour devenir comme lui
nous devons aimer) alors nous constatons que Dieu est un Père
qui essaie d’avertir des enfants précieux des récifs
et des dangers, et qui les guide pour les ramener à lui. Les
souffrances dues à la désobéissance ne sont pas
la rétribution d’un autocrate offensé et vengeur,
mais les conséquences naturelles suite aux avertissements dont
nous n’avons pas tenu compte, avertissements donnés par
un père aimant qui nous supplie de faire attention. Les
commandements ne sont pas une liste d’exigences arbitraires de
Dieu ou des haies que nous devrions sauter pour lui faire plaisir,
mais une carte décrivant les écueils de la vie compilés
par quelqu’un qui connaît ces eaux.
Un
autre exemple de charrue mise avant les bœufs : On le voit
dans l’angoisse et la douleur de gens qui se font du souci sur
la question de savoir qui est scellé à qui (je suis
scellé à A, et je veux être scellé à
B, ou, Maman et Papa sont divorcés et scellés à
des partenaires différents, alors je ne peux pas être
scellé aux parents que j’aime, et ainsi de suite). C’est
vrai, je ne peux répondre à toutes les questions que
l’on se pose, mais je peux adoucir un peu la peine. Commencez
par le bon bout, commencez par l’amour parfait de Dieu et ses
promesses merveilleuses. Cet être merveilleux qui est l’amour
pur nous a promis une plénitude de joie si nous sommes
sincères et fidèles à nos alliances, pas
seulement le bonheur, pas seulement une meilleure vie qu’ici-bas,
mais une plénitude de joie, en d’autres termes,
tellement de joie que jamais nous ne pourrons en avoir davantage.
Aussi au lieu de commencer par moi ou Maman qui est scellée à
la mauvaise personne et en conclure : « Il n’est
pas possible que je sois heureux dans le royaume céleste »,
commencez par l’amour infini de Dieu et la promesse de recevoir
une plénitude de joie et (en faisant preuve d’un peu de
foi), dites-vous que ce problème sera réglé
d’une façon ou d’une autre à ma
satisfaction et à ma joie parfaites. »
Parce
que Dieu s’occupe de ces problèmes, et il va faire
quelque chose. Dieu fera exactement ce que nous choisirions si nous
avions seulement eu toutes les informations et tous les pouvoirs
qu’il a. Nous serons absolument, pleinement et totalement
satisfaits. Il faut qu’il en soit ainsi autrement notre joie ne
pourrait être pleine comme on nous la promit. Nul dans le
royaume céleste ne sera scellé à quelqu’un
qui ne sera pas désiré, ce ne serait pas une plénitude
de joie. Nul ne perdra un être aimé auquel il ne pourra
être scellé, ce ne serait pas une plénitude de
joie non plus. Je ne sais pas comment Dieu démêlera ces
problèmes, mais je sais qu’il nous aime ; je sais
qu’il a promis que les fidèles recevront « toutes
choses »; je sais qu’il leur a promis une plénitude
de joie et je le crois sans réserve. « Ce sont des
choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille
n’a point entendues, et qui ne sont pas montées au cœur
de l’homme, des choses que Dieu a préparées pour
ceux qui l’aiment » (1 Cor. 2 :9). En
d’autres termes, on ne peut même pas imaginer combien ce
sera merveilleux. Alors cessez de vous faire du souci ou de vous
plaindre à l’avance, et faites-lui confiance, vous allez
aimer ça.
L’œuvre
de Dieu
Quelquefois,
lorsque nous regardons par le mauvais bout de la lorgnette, nous
oublions que l’œuvre de Dieu n’est pas la
damnation, mais le salut. Je ne me souviens pas avoir déjà
vu dans les Écritures Dieu dépeint
comme
« Terminator »,
par contre
je me
rappelle du
terme « Sauveur » un
certain nombre de fois. Je ne me rappelle pas que ceux qui essaient
d’imiter le Christ pour faire son œuvre aient jamais été
appelés « destructeurs sur le Mont Sion »,
ou « punisseurs sur la montagne de Sion ». Non,
nous devons être comme lui : des « sauveurs »,
des « sauveurs sur la montagne de Sion ». Alors
qu’est-ce que fait Dieu ? (on a plutôt intérêt
à le savoir si nous essayons d’être comme lui ).
Selon Jean : « Dieu est amour ». Et
comment cet amour s’exprimet-il ? Que fait Dieu ? Il
nous le dit dans la Perle de grand prix : « Car
voici, mon œuvre est ma gloire, réaliser l’immortalité
et la vie éternelle de l’homme » (Moïse
1 :39). L’œuvre
de Dieu, c’est nous ! Il passe sa vie à nous
améliorer, nous pauvres humains et à nous faire de plus
en plus grandir.
Il
est vital que nous comprenions que cette Écriture ne
s’applique pas seulement aux enfants célestes de Dieu,
mais à tous.
Les
nombreuses demeures dans la maison de notre Père comprennent
les royaumes terrestres, télestes et céleste. Ce sont
tous des royaumes de gloire. Ce n’est pas seulement ses enfants
obéissants qui font partie de l’œuvre et de la
gloire de Dieu, et pour lesquels il œuvre; ce sont tous ses
enfants qui seront rachetés du malin et élevés à
un degré de gloire (voir par exemple : D&A 76 :42-43,
85, 88-89). En d’autres termes, Dieu améliore tout le
monde ; il bénit tout un chacun et tout ce qu’il
touche; il est de sa nature d’élever et de bénir.
Il nous a élevés du niveau auquel nous étions
avant d’être des esprits pour faire de nous des enfants
spirituels. Il a donné des corps physiques à ses
enfants qui ont accepté d’en avoir un. Et dans la
résurrection, il nous donnera une gloire éternelle
selon le degré que nous aurons accepté. Dieu essaie de
donner à ses enfants la gloire céleste, mais si nous
résistons, il essaie de nous donner la gloire terrestre. Si
nous résistons encore, il essaie de nous donner la gloire
téleste. Son œuvre consiste à optimiser nos
conditions éternelles, pour nous donner la meilleure situation
dans l’éternité, c’est ce qu’il fait
dans la vie. Naturellement, il veut tout nous donner, mais évidemment
la plupart d’entre nous résistent, alors il nous donne
ce qu’il peut. C’est son travail, son « œuvre »;
et c’est ce qui le magnifie, c’est sa « gloire ».
Nous sauver et nous améliorer, voilà ce qu’il
fait avec nous.
Maintenant,
si nous voulons hériter de son royaume, nous devons l’imiter
et devenir comme lui. Cela signifie que nous aussi, comme lui, devons
aimer tous les enfants de Dieu et améliorer tout un chacun et
tout ce que nous touchons. Si nos enfants ou nos amis résistent
à nos tentatives de les aider à gagner la gloire
céleste, alors nous devons faire marche arrière et
faire ce que nous pouvons pour les aider à gagner la gloire
terrestre. Et s’ils résistent encore, nous devons
travailler pour les faire entrer dans le vestibule, plutôt que
dans le sous-sol de la gloire téleste. Mais si nous devons
devenir comme Dieu et devenir des dieux, alors nous devons, comme
lui, dans la mesure de nos moyens, bénir, élever et
améliorer tous ceux avec qui nous sommes en contact, pas
seulement nos enfants obéissants, pas seulement nos voisins
susceptibles d’entrer dans l’Église.
Il
y a quelques années, j’ai fait une conférence sur
la religion au cours de laquelle le thème de l’amour de
Dieu a été évoqué. Après la
conférence, une femme s’est approchée de moi et
m’a dit :
« Frère
Robinson, j’aimerais que vous me donniez votre avis sur une
chose. Mon mari et moi avons dit tout le temps à notre fille
que si elle se mariait au temple nous paierions pour tout, mais elle
ne s’est pas mariée au temple, elle a fait ce qu’elle
a voulu, et ni son mari ni elle ne sont les bienvenus chez nous. Eh
bien, vous savez ce qu’elle a fait ? Elle est tombée
enceinte et ne peut se marier au temple ! Alors nous allons
tenir parole. Nous n’assisterons pas au mariage, et tant
qu’elle ne réglera pas sa vie, nous ne voulons rien
avoir à faire avec elle. Certains de nos amis disent que nous
sommes un peu durs, mais elle savait ce qu’elle faisait, et
c’est sa responsabilité. Qu’en pensez-vous ? »
Voici
ce que je voulais vraiment dire, mais que je n’ai pas dit :
« Je pense que pendant les deux années qui
viennent, lorsque vous irez, votre mari et vous à l’église,
vous devriez vous asseoir sur le dossier des chaises plutôt que
sur le siège. Comme ça, il se pourrait que les choses
que l’on enseigne-là ne continuent pas à vous
passer audessus de la tête ».
En
fait, ce que j’ai dit, c’est : « Écoutez,
nous qui sommes dans l’alliance de l’Évangile,
notre rôle ne consiste pas à condamner, ça c’est
le rôle que Satan s’est octroyé. Notre tâche
ici consiste à sauver. D’accord, votre fille ne vit pas
en ce moment la loi céleste, mais dans quelle mesure
pouvez-vous l’en rapprocher ? Elle ne va pas se marier au
temple, mais voudra-t-elle se marier à l’église
et permettre à l’évêque d’accomplir
la cérémonie
au lieu
d’aller à
Las Vegas
ou ailleurs ?
Aura-t-elle de bons sentiments envers l’Église et
ressentira-t-elle l’amour de ses amis et de sa famille ici ?
Son expérience positive
avec l’Église lui permettra d’accepter à
l’avenir les visiteurs au foyer et les sœurs visiteuses,
des gens qui en son temps aideront ce jeune couple à être
pratiquant dans l’Église et à terme être
scellé au temple ? Qu’est-ce qui peut être
sauvé en ce moment, sœur, et comment peut-on s’y
prendre ? Faites l’œuvre de Dieu, améliorez
votre fille et aidez-la à s’élever aussi haut
qu’elle le peut. L’œuvre
et la gloire de Dieu consistent autant à aider certains de ses
enfants bienaimés à trouver la gloire téleste ou
terrestre, qu’a aider un petit nombre à atteindre la
gloire céleste. Aussi soyez comme Dieu, rapprochez-vous de
votre fille autant que vous le pouvez et autant qu’elle vous le
permettra. Si j’étais vous, je rentrerais de suite chez
moi et j’appellerais votre fille. Présentez-lui vos
excuses et demandez-lui comment vous et votre mari vous pouvez
l’aider dans ces nouvelles conditions. Ensuite, allez acheter
un siège de bébé et un siège auto en
espérant que votre fille vous pardonne. »
Avez-vous
des enfants qui posent problème ou qui sont infidèles ?
Alors, imaginez la scène suivante. Je ne peux pas affirmer
qu’elle représente la vraie doctrine, mais je crois
véritablement que c’est le cas. Supposez que le Père
céleste vous amène un petit bébé d’esprit
et vous dise : « Cette enfant va avoir plus de
problèmes que la plupart dans la mortalité, mais je
sais que si c’est vous qui l’élevez elle montera
plus haut et ira plus loin que si elle était dans n’importe
quel autre foyer. Voulez-vous
la prendre et l’aimer et lui faire atteindre le maximum de son
potentiel ? Ce sera dur, parce qu’elle n’aura pas
des 20 sur 20 et elle n’aura aucune récompense. Il y
aura des choses qu’elle ne pourra pas surmonter, et par moment
vous endurerez de grandes souffrances. Mais c’est mon bébé,
et elle m’est précieuse, et je sais qu’elle ira
plus loin et plus haut avec vous comme parents qu’avec
n’importe qui d’autre. Voulez-vous
bien la prendre et l’aimer comme moi ? »
Je
crois que de nombreux parents justes dotés d’enfants à
problèmes se sont portés volontaires dans la vie pré
mortelle pour accepter ces enfants afin de les aider à
atteindre un état de gloire supérieure qu’autrement
ils n’auraient pu recevoir. Même Dieu ne peut exalter
tous ses enfants. Nous devons nous souvenir que notre tâche ne
consiste pas nécessairement à
exalter tous les nôtres, mais à imiter Dieu en élevant
et en bénissant tous nos enfants (qui sont aussi les siens)
autant qu’ils nous permettent de le faire, même ceux qui
ont des problèmes. Dans la résurrection, lorsqu’ils
se seront améliorés et se seront finalement tournés
vers Dieu, ils diront : « Tout ce que j’ai
acquis, je le dois à mon Sauveur et à mes nobles
parents ». Ils se lèveront pour nous remercier et
nous bénir pour notre amour notre patience et les sacrifices
que nous aurons faits pour eux.
Un
amour inconditionnel
On
a beaucoup parlé de l’amour « inconditionnel »
de Dieu, et ces discussions n’ont pas été
très fructueuses. Si Dieu est amour, et si la première
directive c’est
d’aimer
comme Dieu
aime, alors
est-ce que
l’amour de Dieu est « inconditionnel » et
dois-je aussi aimer « inconditionnellement » ?
C’est une question importante, car le terme « inconditionnel »
a des
sens différents
selon les
gens, et
le cœur
de l’incompréhension réside
dans ces définitions différentes. (Remarquez que
« l’amour inconditionnel » n’est
pas un terme que l’on trouve dans les Écritures, et je
pense que ce terme n’est pas très utile. L’expérience
m’a montré qu’à chaque fois que l’on
discute des Écritures en utilisant des termes non scripturaux,
on va droit dans les problèmes (comme les Pères au
Concile de Nicée avec les mots trinité et homoousios
(Homoousios est un mot grec que l’on ne trouve pas dans les
Écritures qui signifie « de la même
essence ». Il a été employé dans le
Credo de Nicée pour décrire la relation entre le Père
et le Fils).
Pour
certains, l’amour « inconditionnel » de
Dieu signifie qu’il acceptera tout un chacun à égalité,
qu’importe ce que l’on a pu faire dans cette vie. Il ne
nous tiendra pas comptables de nos péchés, et à
la fin il pardonnera tout à tout le monde et accordera les
mêmes bénédictions à tout un chacun. Les
tenants de ce principe disent : « Les justes n’ont
aucun avantage et les méchants aucun inconvénient,
parce que cela représenterait des conditions, et l’amour
de Dieu et son acceptation sont « inconditionnels ».
Évidemment, ceci est complètement faux. Beaucoup
d’enfants de notre Père ne le reverront jamais, car il
ne leur sera pas permis d’entrer en sa présence dans
leur état impur, sauf peut-être au jour du jugement.
Cependant,
si l’on nie que l’amour de Dieu est « inconditionnel »,
on risque d’aller trop loin en refusant d’admettre qu’il
aime tous ses enfants, et on en arrive à dire qu’il aime
seulement ses « bons » enfants, et qu’il
ne les aime que lorsqu’ils se sont repentis et qu’ils
sont entrés dans l’alliance de l’Évangile.
Ceci est aussi faux. C’est le même amour divin qui fait
que les cieux se réjouissent pour les repentis et les justes
et pleurent sur les rebelles et les méchants (Moïse
7 :28,37). Bons ou mauvais, nous sommes ses enfants, et dans les
deux cas, Dieu nous aime, il nous aime tous.
Les
opposants à la théorie de l’amour de Dieu pour
tous ses enfants s’appuient d’habitude sur une Écriture
dans Jean 15 :10 : « Si vous gardez mes
commandements, vous demeurerez dans mon amour », ce qui
dénote clairement une condition pour « persévérer
dans son amour ». Le malentendu doctrinal vient du fait
que l’on met sur le même pied « être
aimé de Dieu » et « demeurer dans
l’amour de Dieu », car ces deux expressions ne
décrivent pas le même état. Dieu peut nous aimer
que nous lui rendions son amour ou non. Son amour envers nous n’exige
pas une réponse émotionnelle de notre part. Mais pour
ce qui nous concerne, « demeurer dans son amour »
exige que nous voulions y demeurer. Dieu peut m’aimer sans mon
consentement, mais il ne peut pas avoir de relation avec moi, je ne
« demeure pas dans son amour », à moins
que je le veuille.
L’amour
défini comme le désir d’avoir une relation peut
être unilatéral, il n’exige (hélas) qu’une
seule partie. Mais l’amour en tant que relation exige deux
parties. Je peux être amoureux d’une femme qui ne me le
rend pas (ça m’est arrivé). C’est
douloureux, unilatéral et sans condition. C’est
simplement là. Peu importe l’intensité de mon
amour envers cette personne, nous n’avons pas de relation. Même
si je l’aime, nous ne nous aimons pas, parce que la relation
n’existe pas, seul existe mon désir. Elle ne « demeure
pas dans mon amour », même si je le veux, parce
qu’elle refuse qu’il en soit ainsi.
De
même, l’amour de Dieu (compris comme étant son
désir d’avoir une relation avec nous) est
inconditionnel. En réalité, Dieu commande à tous
les hommes de partout de se repentir et de venir à lui
(3 Néphi 11 :32). Il désire nous sauver, pour
nous glorifier et nous exalter tous également et sans
condition. Dieu désire-t-il avoir une relation éternelle
avec tous ses enfants ? Oui, et dans ce sens, l’amour de
Dieu est inconditionnel. « Tous sont invités, nul
n’est exclu ». Mais il faut deux personnes pour
créer une relation. Par définition, une relation exige
deux points de référence, et seuls certains des enfants
de Dieu lui rendent son amour et sont d’accord pour accepter
cette relation désirée de lui. Initialement, il n’aime
pas plus ces enfants que les autres, mais avec le temps, la relation
d’amour qui est possible avec eux est beaucoup, beaucoup plus
importante qu’avec ceux qui le rejettent. Ceux-là
« demeurent dans son amour ».
Beaucoup
d’enfants de Dieu ne l’aimeront pas. Ils n’accepteront
pas la proposition du Fiancé, bien qu’il les aime
tendrement. Ils ne ressentiront jamais les joies que le mariage de
l’Évangile apporte. Cependant, ce n’est pas parce
que Dieu ne veut pas ou parce qu’ils n’ont pas satisfait
aux conditions qui auraient fait que Dieu les aurait acceptés.
C’est parce qu’ils ne veulent pas accepter sa
proposition, ils ne viendront pas aux noces. Bien qu’il les ait
aimés d’abord, ils ne lui ont pas rendu son amour, et
suite à leur choix, la relation ne sera pas aussi puissante
qu’elle aurait pu être, ils refusent de « demeurer
dans son amour ».
Pour
résumer, l’amour de Dieu (c’est-à-dire son
désir envers nous) est inconditionnel. L’amour de Dieu
(c’est-à-dire sa relation avec nous) nécessite
une réponse positive à son désir plein d’amour.
La seule variable, c’est nous. Même Dieu ne peut forcer
quelqu’un à l’aimer. Et même Dieu ne peut
avoir la même relation avec ceux qui le haïssent qu’avec
ceux qui l’aiment. Si l’amour de Dieu peut être
inconditionnel, « demeurer » dans une relation
avec lui exige en retour notre participation et notre amour.
La
foi, L’espoir et la charité
La
plupart des membres de l’Église comprennent que la foi,
l’espérance et la charité (l’amour) sont
liées entre elles, mais beaucoup ne réalisent pas
pleinement l’importance de leurs relations mutuelles telle
qu’elle est décrite dans les Ecritures. C’est
lorsque nous avons véritablement foi au Christ que nous
commençons à croire à sa bonne nouvelle et à
croire en lui, c’est à ce moment-là que nous
réalisons que si le Christ peut faire ce qu’il dit,
alors il peut nous sauver réellement. Il y a là de
l’espoir pour nous. C’est pourquoi si je crois
sincèrement le Christ, alors logiquement, je dois aussi avoir
l’espoir que je serais sauvé et exalté. C’est
le thème du livre Croire le Christ. Mais au-delà de
cela, espérer en Christ amène en retour la charité
(l’amour), et c’est de cela que traite ce livre. Car
l’attente d’être en présence du Christ c’est
aussi l’attente d’être comme le Christ.
Nous
ne pouvons aller au Christ pour l’adorer sans devenir ce qu’il
est, et le Christ est amour. C’est pourquoi il est nécessaire
que croire au Christ nous donne l’espoir d’être
avec lui, et notre espoir d’être avec lui nous incite à
l’imiter maintenant pour partager avec autrui ce qu’il a
partagé avec nous. La foi sincère en Christ est, d’une
certaine façon, semblable à une maladie : elle est
très contagieuse, et elle nous fait briser nos habitudes et
nous tourner vers l’espérance et l’amour. Selon
les Écritures, c’est ainsi que l’on voit si on a
la foi ou pas. Si nous avons la foi, nous avons l’espérance
et nous aimons nos frères et nos sœurs (Jean 13 :35).
J’ai
ressenti en de rares occasions l’amour pur de Dieu se déverser
sur mon âme. Mais j’ai plus souvent ressenti cet amour
par l’intermédiaire d’autrui. J’ai appris
tout d’abord ce qu’était l’amour de Dieu
grâce à la générosité de ma
famille, des amis, et des instructeurs qui m’ont aimé,
se sont sacrifié pour moi, et m’ont béni en son
nom. Leurs noms sont légion, mais je voudrais partager mes
expériences avec seulement trois. Ces gens qui ont eu un tel
impact sur ma vie étaient des membres simples et ordinaires de
ma paroisse et de ma famille qui faisaient de leur mieux pour vivre
l’Évangile. Je ne crois pas qu’ils se considèrent
comme les héros qu’ils sont pour moi.
Une
instructrice de la Primaire
Quand
j’avais dix ou onze ans, je crois que j’étais
« blazer », mon instructrice s’appelait
Maudie Barron. Je ne me souviens pas du tout de ce qu’elle a pu
m’apprendre. Je ne me souviens pas non plus de ce qu’elle
a pu faire de particulier que les autres instructrices n’auraient
pas fait. Mais je savais, alors, et je le sais encore maintenant,
bien que je ne me souvienne pas qu’elle l’ait jamais dit
qu'elle m’aimait. Je le sais parce que je le ressentais du fond
du cœur. En fait, je me souviens d’un jour où une
autre sœur me mettait la pression pour chanter en solo lors
d’un chant qu’elle avait arrangé pour le programme
de Noël de la Primaire. Je suis sûr qu’il était
important pour elle que son programme soit réussi, et pour des
raisons connues d’elle seule, elle pensait qu’il était
nécessaire que je chante cette partie. Je suis sûr aussi
qu’elle ne se rendait pas compte à quel point j’étais
traumatisé d’être forcé de chanter devant
les autres gosses qui me taquinaient et se moquaient de moi. J’aurais
préféré manger des araignées plutôt
que de chanter ce solo. Mais cette sœur continuait à
jouer ma partie encore et encore au piano, frustrée de voir
que je ne voulais pas chanter, les yeux baissés, humilié
et refusant de chanter, de parler, ou de bouger. Finalement, juste
avant que le monde ne s’écroule sous moi, sœur
Barron vit ma situation, vint sur l’estrade et me fit sortir de
la salle. Hors de la chapelle, j’éclatais en sanglots,
elle me serra dans ses bras et m’assura que je n’aurais
pas à chanter si je ne voulais pas. Je sus alors qu’elle
m’aimait plus qu’elle n’aimait ce fichu programme.
À
ce qu’on m’avait dit, sœur Barron avait mauvais
caractère, mais je ne l’ai jamais cru. Aujourd’hui,
presque quarante ans après, je ne peux prononcer son nom sans
que les larmes ne me viennent aux yeux, si grand a été
son impact sur moi, non seulement à cause de cet épisode,
mais aussi à cause de nombreux mois de gentillesse, de
patience, et de soins alors que j’étais un enfant à
un âge encore difficile. Je sais qu’il n’y avait
rien de mauvais dans son cœur, et je ne me borne pas à
me souvenir d’elle, je la révère. Voici
pourquoi : sœur Barron m’a amené plus prés
du royaume de Dieu par son influence chrétienne et en me
faisant ressentir son amour sincère que tous les autres
instructeurs, et ils étaient nombreux, avec leurs leçons
et leurs activités. Je sais que ces leçons m’ont
beaucoup aidé, et je suis reconnaissant à ces
instructeurs qui se sont sacrifiés pour les préparer.
Mais sur le long terme, la meilleure et la seule leçon qui ait
eu le plus grand impact sur moi fut une vie chrétienne et un
amour réel. Même jeune comme j’étais, je
savais que Sœur Barron ressemblait beaucoup à notre Père
céleste, et je savais que je voulais vivre dans l’éternité
dans un endroit où les gens lui ressembleraient.
Peut-être
faut-il remarquer, bien que cela me fasse de la peine de le dire, que
Maudie ne sut jamais ce que je ressentais. Alors que j’étais
assez âgé pour lui dire, son cœur plus
qu’excellent s’était arrêté de
fonctionner, et elle n’était plus là. Il n’est
pas nécessaire de sauver le monde pour obéir à
la Première Directive et être les enfants de notre Père
céleste ; il nous suffit de participer et de s’aimer
les uns les autres. Nous ne pouvons jamais savoir ici-bas qui nous
avons touché, béni, ou même sauvé.
Un
dirigeant scout
Cy
Watson fut mon dirigeant scout pendant plusieurs années et eut
dans ma vie les meilleures influences. Cy était mon type de
gars, c’était un vieux type grincheux. Mais quelque part
sous le grincheux, nous, les scouts, savions qu’il nous aimait.
Cy sacrifiait des heures, des soirées, des week-ends pour
nous. Il ne manquait jamais les réunions de troupe, les
activités, ou les courts d’honneur. Il ne disait jamais
qu’il nous aimait (Cy ne l’aurait jamais fait), mais de
toute façon nous le savions. Et parce que nous le savions,
nous acceptions qu’il nous enseigne. Cy m’a appris
comment plier le drapeau et aimer ma patrie. Il m’a enseigné
que travailler dur apporte des récompenses. Il m’a
appris à réfléchir avant d’agir. Il m’a
enseigné à fermer les portes et à ne pas tolérer
les papiers sales. Un jour il m’a fait « tenir un
arbre » pendant une heure et demie parce que j’avais
désobéi aux règles. Je ne sais plus ce que
j’avais fait, mais il m’a enseigné la loi de la
justice, et que nul n’était au-dessus des lois. J’ai
appris de Cy, par l’exemple, les vertus d’antan. J’ai
appris que l’honneur vaut plus que la richesse et que le devoir
est plus urgent que le désir ou même le besoin. Je n’ai
pas appris ces choses parce que Cy me les aurait dites, je les ai
apprises parce qu’il me les a enseignées, parce que
lui-même y croyait. Il croyait au serment scout, à la
loi scoute, et il m’a insufflé ses valeurs nobles. Que
Dieu le bénisse !
Rétrospectivement,
je me rends compte que je ne connaissais pas grand’choses de
Cy. Je sais qu’il a contribué en grande partie à
ma personnalité d’aujourd’hui. Je sais que je le
respectais. Je sais que je l’aimais. Cy avait un témoignage,
mais sa religion n’était pas ostentatrice. Cependant, il
obéissait à la première directive, et le fruit
qui en est sorti a été une génération
entière de garçons qui sont devenus des hommes, pas
seulement des adultes, mais des hommes. J’attends avec
impatience de le revoir dans le royaume de Dieu.
Grand’mère
préférait la carcasse des
poulets
Je
n’ai pas connu ma grand-mère autant que je l’aurais
souhaité. Elle vivait avec des parents en Arizona, et je la
voyais seulement une ou deux fois l’an. Elle est morte alors
que j’étais encore adolescent, mais je me souviens
encore que grand-mère aimait bien la carcasse du poulet. À
chaque fois que nous mangions du poulet, elle disait : « Oh,
est-ce que je peux avoir la carcasse ? J’adore la
carcasse. » Pour moi c’était complètement
absurde. Comment peut-on aimer la carcasse ? Je veux dire, une
carcasse c’est juste de la peau grillée sur un os avec
un tout petit peu de viande. En grandissant, il était évident
que je n’avais pas ce genre de préférences
absurdes, et j’étais content que mes parents et moi nous
ayons le blanc, les pattes, les cuisses, et que nous les avions en
partie grâce au fait que grand-mère préférait
les carcasses. Mon père me disait qu’elle avait toujours
été comme ça. Quand il était jeune, et
que l’époque était dure à la ferme
ingrate, les poulets étaient rares, et c’était
rare qu’il y ait plus que le nécessaire pour une si
grande famille, et même alors, Grand’mère aimait
la carcasse.
Ce
n’est que des années plus tard que j’ai réalisé,
lorsque j’ai eu la clé en tant qu’adulte avec mes
enfants, des enfants que j’aimais, et dont le bonheur était
plus important pour moi que le mien. Un jour alors que mon cœur
débordait d’amour pour mes êtres chers, je
réalisais que toute sa vie, Grand’mère avait pris
la plus petite part pour elle-même, et laissé le
meilleur aux autres. Ce n’était pas du tout la carcasse
que Grand’mère avait aimée ; c’était
ses enfants et ses petits enfants, ses voisins, ses amies et son
Sauveur. Oh, grand-mère, merci pour la leçon. Je vais
essayer d’aimer davantage les carcasses de poulet.
Passez
à votre voisin
C’est
en suivant le Christ que l’on ressent l’expression la
plus totale de son amour, qu’il le manifeste personnellement ou
par ses serviteurs, nous en sortons élevé et béni
et nous devenons pour autrui ce qu’il a été pour
nous. Quelqu’un dehors va goûter à l’amour
de Dieu tout d’abord et surtout grâce à vous.
L’amour de
Dieu s’étend au loin comme les ondulations créées
par le caillou jeté dans l’eau, comme une maladie
transmise d’une personne à une autre. La loi royale
dit : « Comme je vous ai aimé, aimez-vous les
uns les autres ». Et passez à votre voisin !
Nous ne pouvons toujours rembourser ceux qui nous ont aimés et
qui nous ont le plus servis. Grand-mère, Maudie Barron et Cy
Watson sont partis. Avec le temps, je me rends compte à quel
point je les aimais, je ne pourrais jamais les rembourser. Que
dois-je donc faire pour rembourser ma dette ? Je dois me tourner
vers les autres ; je dois être pour autrui ce que ces
membres ont été pour moi.
Je
rembourse mes parents et mes grands-parents pour leur amour en aimant
mes enfants et mes petits enfants, qui à leur tour aimeront et
béniront leurs enfants et leurs petits enfants. Je rembourse
mes instructeurs pour leur amour en enseignant autrui et en aimant
ceux que j’enseigne. Et eux à leur tour aimeront et
enseigneront encore autrui de sorte que mon influence, qui est celle
de Cy de Maudie et de grandmère et à terme de celle du
Sauveur, ne finisse jamais. Tout comme le Christ a aimé et
servi ceux qui ne pourraient jamais le rembourser, de même
j’aime et je sers ceux qui ne pourront jamais me rembourser, et
eux à leur tour aimeront et serviront autrui qui ne pourra
jamais les rembourser. De cette façon, en fait, l’amour
ne périt jamais (1 Corinthiens 13 :8) ; il se
propage au loin pour l’éternité. En devenant un
maillon de cette chaîne, nous devenons une partie de cette
éternité d’amour dans laquelle le Père et
le Fils sont aussi des liens. Et c’est ainsi que nous suivons
véritablement le Christ.
Nous
pouvons aimer le Christ, aussi, mais nous ne pouvons pas réellement
faire grand’ chose pour lui. Je veux dire qu’il doit
avoir tout ce dont il a besoin à l’heure actuelle.
(C’est un vieux problème : « Que peut-on
faire pour quelqu’un qui a tout ? » ). Il est
sûr que l’on ne peut le sauver. Nous ne pouvons soigner
ses blessures, porter ses fardeaux, ou adoucir sa peine. Nous ne
pouvons le nourrir lorsqu’il est affamé, ou le vêtir
ou prendre soin de lui lorsqu’il est malade, car il est au-delà
de toutes ces choses maintenant. Alors, comment peut-on lui exprimer
correctement notre amour ? C’est dans Mathieu 25 :34-40
qu’il nous montre ce qu’il faut faire :
« Alors
le roi dira à ceux qui seront à sa droite : venez,
vous qui êtes bénis de mon père ; prenez
possession du royaume qui vous a été préparé
dès la fondation du monde. Car j’ai eu faim, et vous
m’avez donné à manger, j’ai eu soif, et
vous m’avez donné à boire ; j’étais
étranger, et vous m’avez recueilli ; j’étais
nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais
malade, et vous m’avez rendu visite ; j’étais
en prison et vous êtes venus à moi. Les justes lui
répondront : Seigneur, quand t’avons-nous donné
avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ;
ou avoir soif, et t’avonsnous donné à boire ?
Quand t’avonsnous vu étranger, et t'avons-nous
recueilli ; ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Et le
roi leur répondra : je vous le dis en vérité,
toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de
ces plus petits de mes frères, c’est à moi que
vous les avez faites ».
Le
Christ nous invite à rembourser la dette en bénissant
autrui en retour. Notre prochain dans le besoin devient le symbole du
Christ, et en satisfaisant aux besoins d’autrui, comme le
Christ a satisfait aux nôtres, nous remboursons partiellement
notre dette. De même, lorsque nous servons notre prochain, nous
endossons le rôle de celui qui bénit, rôle qui est
le sien. Ce faisant, nous devenons ses disciples et en servant autrui
nous devenons comme lui. Celui que nous servons nous imite en
acceptant son amour et sa grâce. En le servant nous nous
« élevons » en nous mettant à la
place du Christ comme celui qui aime, qui bénit et qui sauve.
Nous devenons sauveurs sur le mont de Sion de ceux que nous
servons ;
nous sommes exaltés, élevés à son niveau
et à ses fonctions, par notre amour et notre service envers
autrui.
Maintenant,
sortez et trouvez votre prochain. Trouvez-le et servez-le. Trouvezle
dans votre famille, vos amis, vos voisins, les étudiants, les
collègues, et les inconnus dans la rue. Cherchez-le. Soignez
ses blessures, nourrissez-le. Vêtez-le. Servez-le.
Enseignez-le. Aimezle. Car c’est la Première Directive,
la « loi royale », la « voie plus
excellente ». De cette façon et plus que de toutes
autres manières, nous le suivons véritablement.