Le Centre d'Études du Proche-Orient
Dans les années 1980, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours créa le Centre d’Études du Proche-Orient à Jérusalem, qui est une extension de l'université Brigham Young, à Provo, en Utah, qui l’utilise pour ses programmes d'étude à l'étranger. Le Centre offre aux 175 étudiants qu'il accueille la possibilité d'étudier pendant six mois en Terre sainte. Grâce à un permis de construire délivré par le gouvernement israélien, la construction commença en 1984, malgré les protestations des israélites ultra, sur un terrain faisant partie d'une zone tampon où les constructions étaient interdites, parce qu'elle était revendiquée par les Palestiniens et les Israéliens. Le Centre fut occupé pour la première fois en mars 1987, date à laquelle les cours commencèrent. Il fut dédicacé en mai 1989 par Howard W. Hunter, président du Collège des Douze.
Situation
Le Centre d’Études du Proche-Orient, qui domine la vieille ville de Jérusalem, est situé à l'extrême sud du mont Scopus, qui, lui-même, est le prolongement septentrional du mont des Oliviers. Le Centre est construit sur un terrain de 1,8 hectares. Depuis les vérandas, les salles de classe et les jardins, on a une vue magnifique de Jérusalem.
Architecture
Le bâtiment, d'une superficie de 11.146 mètres carrés, est construit principalement en bois de teck, en pierre locale, en marbre d'Italie et en verre. Ses sept niveaux à fenêtres cintrées atteignent une hauteur totale de 30,5 mètres et abritent des salles de classe, une bibliothèque, une salle polyvalente, une cafétéria et un réfectoire, deux salles de concerts et des chambres pour 175 étudiants. Les jardins paysagés sont plantés d'essences locales. Le site attire près de 50.000 visiteurs par an.
En approchant, les visiteurs pénètrent tout d'abord dans un jardin isolé agrémenté de fontaines. Ils longent ensuite une longue et haute galerie baignée de lumière irisée. La plupart des surfaces sont recouvertes de marbre, de teck et de pierre de Jérusalem. Avant de pénétrer dans la salle de concerts de l'étage supérieur, les visiteurs traversent la lumière tamisée des passages voûtés à treillage qui entourent la salle.
Quand le bâtiment fut terminé, Jeffrey R. Holland, alors président de l’université Brigham Young, convia Teddy Kollek, maire de Jérusalem, à le visiter. Pendant quarante-cinq minutes, le maire marcha dans le bâtiment sans dire un mot. Puis il déclara : « Vous avez choisi le terrain le plus beau que nous pouvions vous donner, et vous en avez fait plus que ce que j’aurais pu imaginer. Pour moi, cet édifice est le plus beau qui ait été construit à Jérusalem ces dernières années » (L’Étoile, octobre 1993, p. 21).
Auditorium
L'auditorium, doté d'un orgue de trois mille tuyaux, sert également de salle de concert. Des musiciens de l'extérieur viennent souvent s'y produire. Une cinquantaine de concerts y ont lieu chaque année. La salle compte 330 places.
Trois des murs de l'auditorium sont de verre, ce qui lui confèrent une grande luminosité et offre un large panorama, depuis la route de Bethléhem, sur la gauche, jusqu'au site de Gethsémané, sur la droite. À la différence de toutes les autres constructions de Jérusalem, cette salle vitrée offre une vue sur la vieille ville de Jérusalem.
Le 28 décembre 1992, le Chœur du Tabernacle mormon répétait dans l'auditorium la Messe de Requiem opus 5 de Berlioz, sous la direction du chef d'orchestre David Shallon, en vue de deux concerts donnés à Jérusalem et Tel Aviv dans le cadre de « Liturgica 1992 ». Le chœur était assis dans l'auditorium, face au mur de verre masqué d'un rideau, et David Shallon se tenait dos aux vitres pour la répétition. Au milieu de la séance quelqu'un tira les tentures, ce qui offrit au chœur une vue de la vieille ville de Jérusalem dans la lumière du jour. David Shallon, qui se retourna pour regarder, ne put retenir un souffle et resta un moment immobile, les mains jointes sous le menton, devant cette vue.
Administration et corps enseignant
Les professeurs viennent principalement de l'université Brigham Young, de l'université Brigham Young de Hawaï, de l'université Brigham Young d'Idaho et du Département d'Éducation de l'Église, ainsi que d'universités voisines. C'est le cas, par exemple, du rabbin David Rosen, ancien grand rabbin d'Irlande et d'Afrique du Sud, qui donne des cours d'histoire et de culture juive et de langue hébraïque. Le docteur Nafez Nazzal, palestinien, enseigne les sciences politiques et l'histoire de l'islam. Sa femme, Laila Nafez, enseigne l'arabe et la sociologie. En outre, de nombreux spécialistes viennent faire des conférences.
David B. Galbraith a été directeur du Centre pendant quinze ans. En 1993, Truman Madsen et Dann Hone étaient, respectivement, directeur et administrateur.
Étudiants
Les étudiants viennent de domaines aussi variés que la danse, l'informatique ou l'ingénierie. Ils consacrent un semestre à des sujets exclusivement en rapport avec la Palestine. Ils suivent un programme d'étude de l'Ancien et du Nouveau Testament, lié aux événements de la région. La deuxième partie du programme porte sur l'histoire et la culture de l'islam, de la Palestine et du judaïsme post-biblique, y compris de l'établissement de l'État d'Israël.
Les étudiants sont amenés à effectuer de nombreuses visites des lieux décrits dans les saintes Écritures, et notamment un voyage de deux semaines en Galilée.
Dès 1993, il y avait une liste d'attente de plus d'un an pour s'inscrire au programme d'étude du Centre.
Opposition
Il y eut opposition à la création du Centre d’Études du Proche-Orient de la part des groupes juifs orthodoxes qui craignaient que les saints des derniers jours n'envisagent d'utiliser le Centre comme base de prosélytisme.
Les membres de la Première Présidence et des Douze, ainsi que Jeffrey R. Holland, alors président de l’université Brigham Young, rencontrèrent à diverses reprises les dirigeants du gouvernement, les chefs religieux et les responsables de l'enseignement en Israël et aux États-Unis qui avaient une influence auprès des Israéliens. Ils assurèrent tous les intéressés que le Centre d’Études du Proche-Orient de Jérusalem ne se livrerait qu'à des activités éducatives et que les étudiants de l’université Brigham Young devraient s'engager à ne se livrer à aucune forme de prosélytisme pendant leur séjour en Israël.
Les tombes de deux missionnaires enterrés en Israël à la fin du 19ème siècle servirent de preuve de la présence antérieure de l'Église en Israël et contribuèrent à l’obtention de l’accord pour la construction du Centre. L’un de ces missionnaires, John Alexander Clark, avait été appelé à servir dans la mission turque en 1894, et mourut des suites de la variole en 1895 à Haïfa, qui fait aujourd'hui partie d'Israël.
Durant la construction du Centre, Teddy Kollek, maire de Jérusalem et partisan convaincu d’une société pluraliste à Jérusalem, ne cessa de mettre sa carrière politique en péril. Plusieurs années plus tard, le 16 février 1992, lors de la tournée du Chœur du Tabernacle mormon en Israël, qu’il avait invité, il déclara : « De tous les combats que j’ai menés en 25 ans dans les fonctions de maire de Jérusalem, celui qui a trait au campus Brigham Young du mont Scopus a peut-être été le plus ardu et certainement parmi les plus importants. Ce n’était pas une action en faveur des mormons mais plutôt pour la tolérance dans une ville qui devrait donner l’exemple au monde. Une ville où chacun puisse prier son Dieu à sa façon et sans restriction. Comment pourrions-nous, nous les juifs qui avons été coupés de nos lieux saints pendant des siècles, refuser aux autres le droit de construire un établissement d’enseignement juste et un lieu de culte à Jérusalem ? » (L’Étoile, octobre 1993, p. 21).
Accord de non prosélytisme
La clause du bail du terrain interdit tout prosélytisme au personnel enseignant et administratif ainsi qu'aux étudiants du Centre. Tous les étudiants signent un accord de non prosélytisme. Cela est lié à l'acquisition du terrain pour le Centre d’Études : entrer en négociations pour ce bail signifiait également s'engager à ne pas faire de prosélytisme. L’Église considère cet accord comme une alliance, ce terme reflétant son engagement sérieux à honorer cet accord.
Site internet
Sources :
• Church News du 9 janvier 1993
• Church News du 13 février 1993
• L’Étoile, avril 1993, Vie de l’Église, p. 3
• L’Étoile, mai 1993, Vie de l’Église, p. 1
• LaRene Gaunt, « D'une seule voix », L’Étoile, octobre 1993, p. 11
• LaRene Gaunt, « Un édifice de lumière et de paix », L’Étoile, octobre 1993, p. 20
• Histoire de l’Église dans la plénitude des temps, 1993, 1997, p. 607