Existence préterrestre et préordination du Christ

 

 

James E. Talmage (1862-1933)

 

Président de l'université d'Utah de 1894 à 1897

Membre du collège des Douze de 1911 à 1933

 

 

  

      Nous affirmons, en vertu des saintes Écritures, que l'être qui est connu parmi les hommes sous le nom de Jésus de Nazareth, et par tous ceux qui reconnaissent sa divinité comme Jésus-Christ, existait avec le Père avant sa naissance dans la chair ; et que dans l'état prémortel il fut choisi et ordonné pour être le seul et unique Sauveur et Rédempteur du genre humain. Pour qu'il y ait préordination, la condition essentielle est qu'il y ait préexistence ; c'est pourquoi les Écritures qui se rapportent à l'une se rapportent également à l'autre ; en conséquence, dans notre présentation nous n'essayerons pas de séparer les preuves qui s'appliquent à l'existence préterrestre du Christ ou à sa préordination.

 

      Jean, le Révélateur, contempla en vision certaines des scènes qui s'étaient produites dans le monde spirituel avant le commencement de l'histoire humaine. Il vit des luttes et des querelles entre la loyauté et la révolte, les armées qui défendaient la première, conduites par Michel, l'archange, et les forces rebelles gouvernées par Satan, que l'on appelle également le diable, le serpent et le dragon. Nous lisons : «  Il y eut une guerre dans le ciel. Michel et ses anges combattirent le dragon. Le dragon combattit, lui et ses anges  » (Apocalypse 12:7, voir aussi les versets 8 et 9).

 

      Dans ce combat entre armées non incarnées, les forces étaient inégalement réparties ; Satan n'attira sous sa bannière que le tiers des enfants de Dieu, qui sont symbolisés par le titre les «  étoiles du ciel  » (Apocalypse 12:4, voir aussi Doctrine & Alliances 29:36-38 et 76:25-27) ; la majorité combattit avec Michel, ou du moins s'abstint de toute opposition active, accomplissant ainsi l'objectif de leur «  premier état  » ; tandis que les anges qui se rangeaient aux côtés de Satan «  ne gardèrent pas leur premier état  » (Jude 6 dans la version du roi Jacques) et se disqualifièrent ainsi pour obtenir des possibilités glorieuses d'un état avancé ou «  second état  » (Abraham 3:26, dans la Perle de grand prix). La victoire sourit à Michel et à ses anges ; et Satan ou Lucifer, qui était jusqu'alors un «  fils du matin  », fut chassé du ciel, oui, «  il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui  » (Apocalypse 12:9). Le prophète Ésaïe, à qui ces événements capitaux avaient été révélés quelque huit siècles avant l'époque des écrits de Jean, se lamente en une douleur inspirée sur la chute d'un être si grand et indique que la cause en fut l'ambition égoïste : «  Te voilà tombé du ciel, Astre brillant, fils de l'aurore ! Tu es abattu à terre, toi le vainqueur des nations ! Tu disais en ton cœur : je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, je siégerai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion ; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut. Mais tu as été précipité dans le séjour des morts, dans les profondeurs de la fosse  » (Ésaïe 14:12-15, comparer avec D&A 29:36-38 et 76:23-27).  

 

      On verra pourquoi nous citons ces Écritures dans le cadre de notre présente étude, si l'on examine la cause de cette grande lutte : la situation qui amena cette guerre dans les cieux. D'après les paroles d'Ésaïe, il est clair que Lucifer, qui possédait déjà un rang exalté, chercha à s'agrandir sans tenir compte des droits et de la liberté des autres. Le problème est présenté, en des termes sur lesquels nul ne peut se méprendre, dans une révélation donnée à Moïse et répétée par l'intermédiaire du premier prophète de la dispensation actuelle : «  Et moi, le Seigneur Dieu, je parlai à Moïse, disant : Ce Satan que tu as commandé au nom de mon Fils unique, est celui-là même qui était dès le commencement, et il vint devant moi disant : Me voici, envoie-moi, je serai ton fils et je rachèterai toute l'humanité, de sorte que pas une âme ne sera perdue, et je le ferai certainement ; c'est pourquoi donne-moi ton honneur. Mais, voici, mon Fils bien-aimé, qui était mon Bien-aimé et mon Élu depuis le commencement, me dit : Père, que ta volonté soit faite, et que la gloire t'appartienne à jamais. C'est pourquoi, parce que Satan s'était révolté contre moi, qu'il avait cherché à détruire le libre arbitre de l'homme, que moi, le Seigneur Dieu, je lui avais donné, et aussi parce qu'il voulait que je lui donne mon pouvoir, par le pouvoir de mon Fils unique, je le fis précipiter du ciel ; et il devint Satan, oui, à savoir le diable, le père de tous les mensonges, pour tromper et aveugler les hommes, et mener captifs à sa volonté tous ceux qui ne voudraient pas écouter ma voix  » (Moïse 4:1-4, dans la Perle de grand prix ; voir aussi Abraham 3:27, 28).

 

      Nous voyons ainsi qu'avant que l'homme ne soit placé sur la terre, combien de temps avant, nous ne le savons pas, le Christ et Satan, en même temps que les armées des enfants spirituels de Dieu, existaient en tant qu'individus intelligents (on trouvera une étude plus approfondie de la préexistence des esprits dans L'autorité dans le ministère, de l'auteur, au chapitre « La préordination et l'existence préterrestre »), possédant la faculté et le pouvoir de choisir la voie qu'ils poursuivraient et les dirigeants qu'ils se donneraient et auxquels ils obéiraient. Il ne fait pas de doute que, dans cette grande assemblée d'intelligences spirituelles, on discuta du plan du Père selon lequel ses enfants devaient être avancés à leur deuxième état. La possibilité qui fut ainsi placée à la portée des esprits qui devaient avoir l'avantage de prendre un corps sur la terre était si transcendentalement glorieuse que ces multitudes célestes éclatèrent en chants d'allégresse et poussèrent des cris de joie (Job 38:7, version du roi Jacques).

 

      Le plan dictatorial de Satan, aux termes duquel tous seraient amenés sains et saufs à travers la vallée de la mortalité, privés de la liberté d'agir et du libre arbitre de choisir, tellement limités qu'ils seraient obligés de faire le bien – de sorte qu'aucune âme ne serait perdue – fut rejeté ; et l'humble offre de Jésus, le Premier-né, d'assumer la mortalité et de vivre parmi les hommes pour être leur Exemple et leur Maître, respectant la sainteté du libre arbitre de l'homme mais enseignant aux hommes à utiliser correctement cet héritage divin, fut accepté. Cette décision amena la guerre, qui eut pour résultat la défaite de Satan et de ses anges, lesquels furent chassés et privés des avantages sans limites afférents à l'état mortel ou deuxième état.

 

      L’être qui naquit plus tard dans la chair, Fils de Marie, Jésus, joua un rôle important dans cet auguste conseil des anges et des Dieux, et c'est là qu'il fut ordonné par le Père pour être le Sauveur de l'humanité. Du point de vue du temps, le terme étant utilisé dans le sens de toute la durée du passé, c'est la première mention que nous ayons de la présence du Premier-né parmi les fils de Dieu ; pour nous qui lisons, cela marque le début de l'histoire écrite de Jésus le Christ.

 

      Bien que les Écritures de l’Ancien Testament abondent en promesses que le Christ viendra réellement dans la chair, elles sont moins claires au sujet de son existence prémortelle. Vivant encore sous la loi et n'étant pas encore prêts à recevoir l'Évangile, les enfants d'Israël considéraient le Messie comme quelqu'un qui naîtrait dans le lignage d'Abraham et de David, ayant le pouvoir de les libérer de leurs fardeaux personnels et nationaux et de vaincre leurs ennemis. En général le peuple ne se rendait que très vaguement compte, à supposer qu'il pût même le concevoir, que le Messie était bel et bien le Fils élu de Dieu, qui était avec le Père depuis le commencement. Un Être déjà revêtu de puissance et de gloire dans son existence prémortelle ; et bien que la grande vérité fût révélée (Psaumes 25:14 ; Amos 3:7) à des prophètes spécialement commissionnés dans les responsabilités et les droits de la sainte prêtrise, ceux-ci la transmettaient au peuple plutôt dans le langage de l'image et de la parabole qu'en des paroles claires et directes. Néanmoins les témoignages des évangélistes et des apôtres, l'attestation du Christ lui-même tandis qu'il était dans la chair et les révélations données dans la dispensation actuelle nous fournissent des preuves scripturaires en suffisance.

 

      Dans les lignes introductrices de l'Évangile de Jean, l'apôtre, nous lisons : « Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Elle était au commencement avec Dieu. Tout a été fait par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle... La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jean 1:1-3, 14 ; voir aussi 1 Jean 1:1 ; 5:7 ; Apocalypse 19:13 ; cf. D&A 93:1-17, 21).

 

      Ce passage est simple, précis et sans équivoque. Nous pouvons raisonnablement donner à l'expression « Au commencement » la même signification qui y est attachée dans la première ligne de la Genèse ; et pareil sens doit indiquer une époque antérieure aux stades les plus reculés de l'existence humaine sur la terre. Le passage affirme clairement que la Parole est Jésus-Christ, qui était avec le Père dans ce commencement et qui était revêtu lui-même du pouvoir et du rang de la Divinité, qu'il vint dans le monde et demeura parmi les hommes. Ces déclarations sont confirmées par une révélation donnée à Moïse dans laquelle il lui fut permis de voir un grand nombre d'entre les créations de Dieu et d'entendre la voix de Dieu commenter les choses qui avaient été faites : « Et je les ai créées par la parole de mon pouvoir, qui est mon Fils unique, lequel est plein de grâce et de vérité » (Moïse 1:32, 33 ; voir aussi 2:5).

 

      Jean l'apôtre affirme à plusieurs reprises l'existence préterrestre du Christ et son autorité et sa puissance dans l'état prémortel (1 Jean 1:1-3 ; 2:13, 14 ; 4:9 ; Apocalypse 3:14). Le témoignage de Paul (2 Timothée 1:9, 10 ; Romains 16:25 ; Éphésiens 1:4 ; 3:9, 11 ; Tite 1:2 ; voir surtout Romains 3:25) et celui de Pierre sont formulés dans le même sens. Instruisant les saints du fondement de leur foi, le dernier apôtre nommé souligna qu'ils n'assureraient pas leur rédemption par des choses corruptibles ni par l'observance extérieure de rites prescrits par la tradition, « mais par le sang précieux de Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache ; il a été désigné d'avance, avant la fondation du monde, et manifesté à la fin des temps, à cause de vous » (1 Pierre 1:19, 20).

 

      Il y a quelque chose de plus impressionnant et d'encore plus concluant : les témoignages personnels du Sauveur sur sa vie prémortelle et la mission dont il avait été chargé parmi les hommes. Nul ne peut accepter que Jésus est le Messie et rejeter logiquement ces preuves de sa nature éternelle. Un jour que les Juifs se disputaient entre eux dans la synagogue et murmuraient parce qu'ils ne parvenaient pas à comprendre correctement ce qu'il disait sur lui-même, et en particulier ce qui touchait sa parenté avec le Père, Jésus leur dit : « car je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé ». Poursuivant ensuite la leçon qu'il tirait de la différence entre la manne avec laquelle leurs pères avaient été nourris dans le désert et le pain de vie qu'il avait à offrir, il ajouta : « Moi, je suis le pain vivant descendu du ciel », et il déclara encore : « Le Père qui est vivant m'a envoyé ». Un grand nombre de ses disciples furent incapables de comprendre ses enseignements, et leurs plaintes lui arrachèrent ces paroles : « Cela vous scandalise ? Et si vous voyiez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ? » (Jean 6:38, 51, 57, 61, 62).

 

      À certains Juifs corrompus, enveloppés du manteau de l'orgueil racial, qui se vantaient de descendre d’Abraham et qui cherchaient à excuser leurs péchés en se servant mal à propos du nom du grand patriarche, notre Seigneur proclama ainsi sa propre prééminence : « En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, moi, je suis » (Jean 8:58 ; voir aussi 17:5, 24 et comparer avec Exode 3:14). Nous traiterons plus loin du sens profond de cette remarque. Qu'il nous suffise pour les besoins présents de considérer que cette Écriture est une affirmation claire et nette de l'antériorité et de la suprématie du Seigneur par rapport à Abraham. Mais comme la naissance d’Abraham avait précédé celle du Christ de plus de dix-neuf siècles, cette antériorité devait se rapporter à un état d'existence précédant celui de la mortalité.

 

      Lorsque le moment approcha où il devait être trahi, dans le dernier entretien qu'il eut avec les apôtres avant son expérience déchirante de Gethsémané, Jésus les consola en disant : « Car le Père lui-même vous aime, parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti d'auprès de Dieu. Je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde ; maintenant, je quitte le monde et je vais vers le Père » (Jean 16:27, 28 ; voir aussi 13:3). En outre, lorsqu'il déversa son cœur en prières pour ceux qui avaient été fidèles à leur témoignage de sa mission messianique, il fit au Père une invocation solennelle : « Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. Je t'ai glorifié sur la terre ; j'ai achevé l’œuvre que tu m'as donnée à faire. Et maintenant, toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j'avais auprès de toi, avant que le monde fût » (Jean 17:3-5 ; voir aussi versets 24-25).  

 

      Les Écritures du Livre de Mormon prouvent en termes tout aussi clairs que le Christ eut une existence prémortelle et qu'il fut préordonné à sa mission. Nous ne citerons ici qu'une des nombreuses preuves que l'on y trouve. Un ancien prophète, que le document appelle le frère de Jared, implora un jour le Seigneur en une supplication ardente. « Et le Seigneur lui dit : Crois-tu aux paroles que je dirai ? Et il répondit : Oui, Seigneur, je sais que tu dis la vérité, car tu es un Dieu de vérité, et tu ne peux mentir. Et quand il eut dit ces mots, voici, le Seigneur se montra à lui et dit : Parce que tu sais ces choses, tu es racheté de la chute ; c'est pourquoi tu es ramené en ma présence ; c'est pourquoi, je me montre à toi. Voici, je suis celui qui fut préparé depuis la fondation du monde pour racheter mon peuple. Voici, je suis Jésus-Christ. Je suis le Père et le Fils. En moi, toute l'humanité aura la lumière, et cela éternellement, même ceux qui croiront en mon nom ; et ils deviendront mes fils et mes filles. Et je ne me suis jamais montré à l'homme que j'ai créé, car jamais l'homme n'a cru en moi comme toi. Vois-tu que tu es créé à mon image ? Oui, même tous les hommes furent créés au commencement à ma propre image. Voici, ce corps, que tu vois maintenant, est le corps de mon esprit ; et j'ai créé l'homme selon le corps de mon esprit ; et j'apparaîtrai à mon peuple dans la chair exactement comme je t'apparais dans l'esprit » (Éther 3:11-16 ; voir aussi 1 Néphi 17:30 ; 19:7 ; 2 Néphi 9:5 ; 11:7 ; 25:12 ; 26:12 ; Mosiah 3:5 ; 4:2 ; 7:27 ; 13:34 ; 15:1 ; AIma 11:40 ; HéIaman 14:12 ; 3 Néphi 9:15). Les faits principaux que cette Écriture atteste et qui portent directement sur notre sujet actuel sont que le Christ se manifesta tandis qu'il se trouvait encore dans son état prémortel et qu'il déclara avoir été choisi pour être le Rédempteur, avant la fondation du monde.

 

      La révélation qui nous a été transmise par les prophètes de Dieu dans la dispensation actuelle abonde en passages prouvant que le Christ fut désigné et ordonné dans le monde originel ; et le contenu tout entier de Doctrine et Alliances peut être cité comme témoin. Les exemples suivants sont particulièrement opportuns. Dans une révélation qu'il fit à Joseph Smith, le prophète, en mai 1833, le Seigneur déclara qu'il était celui qui était venu précédemment dans le monde venant du Père, et dont Jean avait témoigné qu'il était la Parole ; et il répète la vérité solennelle que lui, Jésus-Christ, « était au commencement, avant que le monde fût », et en outre qu'il était le Rédempteur qui était « venu dans le monde, parce que le monde avait été fait par lui », et qu'en lui étaient la vie et la lumière des hommes. On l'appelle encore le « Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité, à savoir l'Esprit de vérité qui vint demeurer dans la chair ». Au cours de la même révélation, le Seigneur dit : « Et maintenant, en vérité, je vous le dis, j'étais au commencement avec le Père et je suis le Premier-né » (D&A 93:1-17, 21). Selon ce qu'atteste le prophète moderne, lors d'une précédente occasion, l'un de ses compagnons et lui furent éclairés par l'Esprit de telle sorte qu'ils furent à même de voir et de comprendre les choses de Dieu. Il précise : « À savoir ce qui était dès le commencement avant que le monde fût, qui fut institué par le Père, par l'intermédiaire de son Fils unique, qui était dès le commencement dans le sein du Père, de qui nous rendons témoignage ; et le témoignage que nous rendons est la plénitude de l'Évangile de Jésus-Christ, qui est le Fils, que nous avons vu et avec qui nous avons conversé dans la vision céleste » (D&A 76:13, 14).

 

      Le témoignage des Écritures composées dans les deux hémisphères, celui des documents anciens et modernes, les paroles inspirées de prophètes et d'apôtres et les paroles du Seigneur lui-même proclament d'une seule voix l'existence préterrestre du Christ et son ordination comme Sauveur et Rédempteur de l'humanité choisi au commencement, oui, avant même la fondation du monde.

 

 

Source : James E. Talmage, Jesus the Christ, Salt Lake City, 1915