Le bon usage
Observation de la
vie locale de
l'Église
Réflexion sur le rôle des membres et des dirigeants
La Rédaction
Édition de la feuille d'olivier
Première édition :
12/04/2001
Dernière mise à jour : 14/10/2024
Je leur enseigne de bons principes, et ils se
gouvernent eux-mêmes. »
Joseph Smith
«
Nous apprenons par l’expérience personnelle et par l’observation…
Apprenez de ce grand modèle : les choses que nous acquérons rien qu’en
observant et en participant… L’Église ira de l’avant et va de l’avant ;
et c’est uniquement parce que les membres de la base apprennent par
l’observation, l’enseignement et l’expérience. »
Boyd K. Packer
Et c'est des petites choses que sort ce qui est grand. »
D&A 64:33
Introduction
01.
Les missionnaires à plein temps et le reste de la population
de l’Église
02.
Le ministère d’Autorité générale et
celui d’autorité locale
03.
La haine du péché et le soupçon du mal
04.
La persuasion et la contrainte
05.
La géographie et le culte
06.
La comparaison au passé et la comparaison aux autres
07.
Les formulaires de l'Église et les autres formulaires
08.
L’ingérence et le recours
09.
La critique et l’apostasie
10.
Les réunions de dirigeants
11.
Les réunions publiques
12.
Les ordonnances de la prêtrise
13.
Les instructions de l’Église
14.
La communication
15.
Le langage
16.
La différence
Introduction
Plus
de 170 ans ont passé depuis que les premiers missionnaires
l'Église
de Jésus-Christ des saints des derniers jours sont arrivés en France pour apporter le
message du
rétablissement de l'Évangile de Jésus-Christ.
Grâce à leur foi, à leur témoignage et à
leur enseignement – et à ceux de leurs successeurs – des dizaines
de milliers de Français sont devenus membres de l'Église rétablie.
Depuis
170 ans de nombreux Français ont servi à leur tour
leurs semblables en tant que
missionnaires à plein temps et en tant que dirigeants locaux de
l'Église comme présidents de branche, présidents
de district, présidents de mission, évêques et présidents de pieu.
Quelques-uns d'entre eux ont ensuite été appelés au niveau général de
l'Église comme représentants régionaux des Douze, soixante-dix
d'interrégion et Autorités générales.
Des dizaines de milliers de
Français
sont reconnaissants à ces frères de les avoir aidés
à développer leur foi, leur témoignage et leur
connaissance de l'Évangile de Jésus-Christ, de les
avoir guidés sur la voie de la justice et inspirés, par
leur exemple, le désir de contribuer à l'œuvre de
Dieu. L'exemple et le précepte des autorités
locales et générales de l'Église en France et à
l'étranger ont rapproché et continuent
de rapprocher leurs semblables du Sauveur. Des millions de membres de
l'Église peuvent témoigner de l'exemple de droiture de
leurs dirigeants respectifs.
Tout
appel à servir dans le royaume de Dieu est à la fois un
honneur et une responsabilité. Cette responsabilité est
telle que si nous ne magnifions pas notre appel, Dieu nous tiendra
pour responsable des gens que nous aurions pu sauver si nous avions
fait notre devoir (voir
Enseignements
des présidents de l'Église, John Taylor,
2002, p. 164). Dans l'Église, un appel à présider,
c'est-à-dire un appel à servir (voir D&A 124:134 ;
voir aussi Alma 17:18), est une responsabilité qui rend
spirituellement dépendant du Seigneur. Dans l'exercice de
cette responsabilité, l'aide du Saint-Esprit devient
indispensable. C'est lui qui montre les nuances et les différences
à considérer dans notre devoir pour agir à la
façon du Seigneur.
Constamment,
de nouveaux dirigeants locaux de l'Église sont appelés
à travailler dans la vigne du Seigneur et répondent à
son appel. Ce qui suit est l'exposé de quelques distinctions qu’ils sont amenés à
faire au cours de leur ministère, et de
celles que les membres locaux sont amenés à observer pour soutenir
leurs dirigeants. Les dirigeants locaux de l'Église reçoivent d'autant
plus spontanément le soutien de leur assemblée
qu'ils font bon usage de l'autorité qui leur a été déléguée. Les
domaines de ce bon usage sont très divers. En voici quelques-uns.
1.
Les missionnaires à plein temps et le reste de la population
de l'Église
Observons
la différence entre les missionnaires à plein temps et
le reste de la population de l'Église. Cette différence
est, à bien des égards, semblable à celle
observée entre la vie militaire et la vie civile. À
ceci près que dans certains pays on peut servir dans l'armée
en tant qu'appelé ou en tant que volontaire, alors que dans
l'Église les missionnaires sont à la fois appelés
et volontaires.
Un
parallèle peut être observé entre le gouvernement
de la nation et le gouvernement de l'Église dans les rapports
hiérarchiques internes aux deux sociétés :
de même que dans la nation la relation d'autorité d'un
gradé de l'armée sur un soldat est différente de
celle d'une autorité civile sur un simple citoyen, dans
l'Église, la relation d'autorité d'un président
de mission sur un missionnaire à plein temps est différente
de celle d'un dirigeant local de l'Église sur un membre de son assemblée.
Par
exemple, un président de Mission peut décider de
l'heure du lever des missionnaires qu'il dirige (voir James E. Faust,
L'Étoile,
juillet 1996,
p. 43).
Au
début des années 1980, dans la Mission autrichienne de
Vienne, le
tutoiement entre missionnaires n'était pas autorisé
alors qu'il l'était dans la Mission voisine et qu'il le fut
plus tard dans la Mission de Vienne, après l'arrivée
d'un nouveau président (devenu, plus tard, membre du Premier
collège des soixante-dix). Ceci illustre le pouvoir de
décision d'un président de Mission dans les limites de
sa Mission.
Ce
qu'un président de Mission peut décider pour ses
missionnaires, un dirigeant local ne le pourra ordinairement pas pour
ceux qu'il dirige, que ce soit en termes d'obligation
ou d'interdiction.
Prenons l'exemple de tentatives, rares et locales, d'interdiction des bises dans les églises. Précisons
qu'en France un homme et une femme qui se tutoient se saluent en se
faisant la bise, quel que soit le statut marital de l'un ou de
l'autre. Si le vouvoiement entre un homme et une femme se conjugue le
plus souvent avec la poignée
de main, parfois avec la bise, le tutoiement entre un homme et une
femme s'accommode mal de la poignée de main qui est alors
ressentie comme contradictoire. Enfin, les hommes entre eux, qu'ils
se tutoient ou se vouvoient, se serrent la main, sauf entre membres
d'une même parenté. En
dehors des liens de parenté, la bise entre hommes, jusqu'à
une époque récente, n'était pas courante, bien
qu'elle le soit depuis longtemps dans d'autres cultures.
Il y a de nombreuses décennies, une campagne anti-bises menée par un président de Mission parmi les
membres locaux de l'Église avait été
implicitement désapprouvée par un membre du Premier
collège des soixante-dix, président de l'interrégion
qui, à l'issue d'une réunion de dirigeants accompagnés
de leurs épouses, avait annoncé, avant de les quitter,
qu'il serrerait la main des frères et ferait la bise aux
sœurs, ce qu'il fit (cette Autorité générale
devint par la suite membre de la présidence des soixante-dix).
Notons
à ce propos que l'Église a, depuis toujours, cherché
à honorer plutôt qu'à gommer les différences
culturelles, pour autant qu'il ne s'agisse pas de traditions en
désaccord avec le plan et les enseignements du Seigneur (voir
Richard G. Scott,
L'Étoile,
janvier 1989,
p. 64-65 et
juillet
1998,
p. 98-100 ; Dallin H. Oaks,
Le
Liahona,
mai 2003,
p. 96 et
novembre
2003,
p. 37-40).
Les
rares membres de l'Église qui ne pratiquent pas la bise, ou le font de
façon exceptionnelle, l'ont décidé par
eux-mêmes. À la différence des missionnaires à
plein temps, dans le reste de la population de l'Église ce
genre de décision est laissé à l'individu.
La seule exception connue à ce jour est l'application par l'Église des
recommandations gouvernementales en matière de protection contre une
pandémie.
2.
Le ministère d'Autorité générale et celui
d'autorité locale
A. Politique de
direction
B. Politique
de communication
A. Politique
de direction
De
même qu'une différence existe entre les missionnaires à
plein temps et le reste de la population de l'Église, de même
existe-t-il une différence entre le ministère des
officiers qui ont juridiction sur les missionnaires à plein
temps (présidents de missions, soixante-dix-autorités
interrégionales, Autorités générales) et
le ministère des officiers locaux.
Quand
le Seigneur et les prophètes nous exhortent à être
leurs imitateurs (voir 3 Néphi 27:27 ; 1 Corinthiens
4:16 ; 11:1 ; Philippiens 3:17), ce n'est pas tant pour
imiter leur pouvoir que pour suivre l'exemple qu'ils donnent des
vertus chrétiennes. Dans l'Évangile, c'est précisément
en retour de la charité et de la vertu que vient le véritable
pouvoir (voir Doctrine et Alliances 121:45, 46).
Boyd K. Packer, du
Collège des Douze, a dit au sujet de la prêtrise, en
faisant une distinction entre l'autorité et le pouvoir :
« Votre autorité découle de votre
ordination ; votre pouvoir vient de l'obéissance et de la
dignité » (L'Étoile,
avril 1982,
p.62, colonne 2). Russell M. Nelson, du Collège des Douze, a
énoncé le même principe en disant :
« Lorsque vous êtes ordonnés à un
office de la prêtrise, vous recevez une autorité. Mais
c’est en utilisant cette autorité en droiture que vous
acquérez du pouvoir » (Le
Liahona,
novembre 2003,
p. 44, colonne 3). « Alors, promet le Seigneur, ta
domination sera une domination éternelle et, sans moyens de
contrainte, elle affluera vers toi pour toujours et à
jamais. » (D&A 121:45-46)
Ce
pouvoir, cette influence, cette autorité ne se forcent pas,
ils viennent de façon naturelle, par le Saint-Esprit, orner la
personnalité obéissante, digne, charitable et
vertueuse. On ne force pas l'autorité, elle se manifeste par
elle-même sous l'influence du Saint-Esprit. On ne force pas le
Saint-Esprit. Car « les pouvoirs du ciel ne peuvent être
maîtrisés ou utilisés que selon les principes de
la justice » (D&A 121:36).
À
ce propos, Boyd K. Packer a enseigné : « Vous
ne pouvez pas forcer les choses spirituelles. Des mots tels que
obliger, coercition, contrainte, pression, exigences, ne décrivent
pas les relations privilégiées que nous avons avec
l’Esprit. On ne peut pas plus forcer l’Esprit à
répondre qu’on ne peut forcer un haricot à germer
ou un œuf à éclore avant son temps. On peut créer
un climat qui favorise la croissance, qui nourrit et qui protège,
mais on ne peut pas forcer ou obliger, on doit attendre la
croissance. » (Ensign,
janvier 1983, p. 53)
Le
Seigneur a mis en garde contre la tentation « d'exercer,
avec quelque degré d'injustice que ce soit, une emprise, une
domination ou une contrainte sur l'âme des enfants des hommes »
(D&A 121:37). « Vous les avez dominées avec
violence et avec dureté » (Ézéchiel
34:4), a-t-il accusé les pasteurs d'Israël. Pierre a
exhorté les anciens à paître le troupeau de Dieu
qui est sous leur garde « non comme dominant sur ceux qui
vous sont échus en partage, mais en étant les modèles
du troupeau » (1 Pierre 5:2, 3).
Le
Seigneur a déclaré : « Aucun pouvoir,
aucune influence ne peuvent ou ne devraient être exercés
en vertu de la prêtrise autrement que par la persuasion, par la
longanimité, par la gentillesse et la douceur, et par l'amour
sincère, par la bonté et la connaissance pure… –
réprimandant avec rigueur en temps opportun, sous
l'inspiration du Saint-Esprit ; et faisant preuve ensuite d'un
redoublement d'amour envers celui que tu as réprimandé… »
(D&A 121:41-43)
Joseph
F. Smith (1838-1918), ancien président de l'Église, a
ajouté, à propos de ceux qui détiennent un poste
d'autorité quelconque dans l'Église, qu'ils « doivent
gagner le cœur, la confiance et l'amour de ceux qu'ils
dirigent, par une bonté et un amour sincères, par la
douceur d'esprit, par la persuasion, par un exemple au-dessus de tout
reproche et hors de portée des critiques injustes. De cette
façon, par la bonté de leur cœur, par leur amour
pour le peuple, ils le conduisent sur le chemin de la justice, lui
enseignent la voie du salut, en lui disant, aussi bien par le
précepte que par l'exemple : Suivez-moi, tout comme je
suis notre chef » (Enseignements
des présidents de l'Église, Joseph F. Smith,
1999, p. 142).
Spencer W. Kimball (1895-1985), ancien président
de l'Église, a résumé le propos de cette façon :
« Les femmes et les hommes nobles sont toujours plus
soucieux de servir que d’exercer une domination. »
(L’Étoile,
mai 1980,
p. 175)
Par
ailleurs, le principe enseigné par M. Russell Ballard d'agir comme si
nous étions la personne que nous aimerions devenir (voir
L'Étoile,
décembre 1983,
p. 49) ne nous autorise pas davantage à endosser une autorité
que nous n'avons pas reçue.
Quant
à l'exhortation du Seigneur et des prophètes à
être leurs imitateurs, elle ne signifie pas non plus que nous
devrions imiter les différences culturelles des Autorités
générales. Nous pouvons « suivre les frères » (Boyd K. Packer, L'Étoile,
novembre 1979,
p. 43-49) tout en gardant nos différences culturelles, dès
lors que celles-ci demeurent compatibles
avec le plan et les enseignements du Sauveur.
B. Politique
de communication
Une
autre différence entre les Autorités générales
et les autorités locales réside dans la politique de
communication avec les membres de l’Église :
Depuis
des décennies, la Première Présidence envoie régulièrement aux
autorités locales la même lettre à lire aux membres de l’Église lors de
la réunion de Sainte-Cène. Cette lettre traite du courrier et des
appels téléphoniques adressés par les membres au siège de l’Église : «
Des membres de l’Église continuent de téléphoner et d’écrire au siège
de l’Église à propos de points de doctrine et de questions
personnelles. Avec l’accroissement constant de la population de
l’Église, répondre personnellement à ces questions représente une tâche
presque insurmontable. » (Lettre du 6 juillet 1990, réitérée le 27
janvier 2004 et diffusée dans Le Liahona, juin 2004, Nouvelles de
l'Église, p. 8)
La lettre de la Première Présidence poursuit en disant que les membres
de l’Église ont tous un président de branche ou un évêque, un président
de pieu ou de mission qui, en qualité de conseillers spirituels et
temporels, les aideront à trouver les solutions aux problèmes qui les
préoccupent. Si ces dirigeants ont besoin d’éclaircissement, ils
peuvent écrire, de la part des membres, à la Première Présidence.
Telle est, en matière de communication, l’exhortation de la Première
Présidence afin que les Autorités générales ne soient pas surchargées
de travail pour répondre au courrier des membres de l’Église.
Cette lettre est courte, simple et compréhensible. En la parcourant
nous comprenons aisément ce qu’elle attend de chaque membre. Nous
voyons aussi ce qu’elle ne dit pas :
D’abord, il n’est pas dit que les Autorités générales ne répondent pas
au courrier des membres, bien au contraire. Elles y répondent, ce qui
représente une charge presque insurmontable pour elles. Elles seraient
cependant justifiées de ne pas y répondre, après tant de rappels faits
aux membres de l’Église.
Ensuite, le problème n’est pas d’écrire à une Autorité générale une
lettre anodine, comme lui envoyer des vœux ou des salutations, ou lui
faire part d’un témoignage, d’une idée ou d’une information, sans
solliciter de réponse. Le problème vient des lettres écrites pour
solliciter une réponse à une question, un problème ou une requête
personnelle.
Il n’est pas dit non plus que les Autorités générales ne doivent jamais
être sollicitées, mais que si elles doivent l’être, c’est par les
autorités locales, de la part des membres.
Enfin, il n’est pas dit que les membres de l’Église ne doivent pas
adresser de questions, requêtes ou problèmes personnels à leurs
dirigeants locaux, ni que ceux-ci doivent négliger d'y répondre. Le
fait que les Autorités générales répondent au courrier des membres au
point d’être surchargées est au contraire une indication de la
responsabilité des autorités locales de suivre cet exemple et de ne pas
négliger de répondre aux préoccupations des membres de leur branche,
paroisse, district, pieu ou mission, comme le préconise la Première
Présidence.
En y réfléchissant, on comprend que cette lettre n'est pas seulement
une demande faite aux membres de l'Église de ne pas écrire aux
Autorités générales à propos de questions personnelles. Elle représente
aussi une incitation faite aux dirigeants locaux à répondre au courrier
et messages que leur adressent ceux qu'ils dirigent, de sorte que ces
derniers n'aient pas à s'adresser directement aux Autorités générales.
À ce propos, L. Tom Perry, du Collège des Douze, a déclaré : « Comme
notre Sauveur, en tant que dirigeants de l'Église, nous devons aimer
les gens que nous servons, en montrant notre attention et notre souci
pour chacun individuellement. » (Réunion
mondiale de formation des dirigeants, 11 février
2006 ; voir
Le
Liahona,
juin 2006, p. 60)
Il va sans dire que si
les membres de l'Église sont encouragés à s'adresser à leurs dirigeants
locaux pour ce qui les préoccupe, il est attendu de ces derniers qu'ils
leur répondent. L'idée selon laquelle les dirigeants locaux feraient
bien d'éviter de répondre aux préoccupations personnelles des gens est
erronée, comme le démontre cette lettre de la Première Présidence.
Il en est de même de la façon d'appréhender les conflits entre
personnes. Notre souci et notre attention pour ceux que nous dirigeons
implique aussi que nous les aidions lorsque des conflits surviennent
entre eux, comme les Autorités générales en ont souvent montré
l'exemple.
À ce propos, Spencer W. Kimball, alors membre du Collège des Douze, a
raconté, dans son ouvrage Le miracle du pardon, au chapitre 9, sa
rencontre avec deux personnes, ennemies entre elles de façon chronique,
pour tenter de les réconcilier, et la façon dont il y parvint après
leur avoir rappelé un principe vital pour le salut : Le pardon
inconditionnel. Cet épisode est un enseignement inspirant pour les
dirigeants locaux. Il leur apprend à rencontrer les protagonistes d'un
conflit, à les écouter et à les aider à faire la paix, comme un père
affectueux avec ses enfants.
Il ne fut pas nécessaire à John Taylor, alors membre du Collège des
Douze, d'écouter les doléances de deux frères en conflit venus le voir
pour obtenir son arbitrage : L'esprit qui se dégagea de son
interprétation de plusieurs cantiques en préambule de l'entretien
convainquit les protagonistes de se réconcilier avant même d'avoir
exposé le motif de leur désaccord (voir
Enseignements
des présidents de l'Église, Heber J. Grant,
2003, p. 178-179).
Ce cas n'est cependant
pas le plus ordinaire et, la plupart du temps, l'écoute du dirigeant
local est précieuse. Faire l'économie de cette écoute peut susciter des
frustrations chez les personnes concernées, même longtemps plus tard.
L'exemple de Spencer W. Kimball dans son action de médiation est
instructif à cet égard. Il a patiemment écouté les doléances de chacun
des deux ennemis jurés avant de remédier à leur désaccord à l'aide des
enseignements de l'Évangile, de la prière et de l'inspiration divine.
Cet épisode nous apprend à ne pas ignorer volontairement les besoins
des gens en conflit, mais à leur apporter la médiation dont ils ont
besoin. Sauf exception, cette médiation implique l'écoute des griefs
des deux partis en conflit.
3.
La haine du péché et le soupçon du mal
Les
Écritures enseignent que ceux qui sont animés par
l'amour pur éprouvent aussi de la haine pour le péché
(voir Alma 26:34). Elles enseignent également que la charité,
qui est l'amour pur du Christ (voir Moroni 7:47), ne soupçonne
point le mal (voir 1 Corinthiens 13:5). Par conséquent,
notre haine du péché ne devrait jamais évoluer
en soupçon du mal.
Joseph
F. Smith a lancé l'exhortation suivante, en s'adressant « à
ceux qui président dans l'Église et à ceux qui
exercent de l'autorité parmi le peuple » :
« Changez
votre manière de voir, de regarder, pour passer de la
recherche du mal à la recherche de ce qui est bon et pur…
Cherchez le bien chez les hommes, et lorsqu'ils n'en possèdent
pas, essayez de le créer en eux, essayez d'accroître le
bien en eux ; cherchez le bien, édifiez le bien, soutenez
le bien, et parlez aussi peu que possible du mal. Cela ne sert à
rien de souligner le mal… Mieux vaut ensevelir le mal et
souligner le bien… Que notre ministère soit de sauver
l'humanité et d'enseigner et de guider dans le chemin de la
justice, et non de siéger en juges et de passer jugement sur
ceux qui agissent mal, mais plutôt de sauver les hommes. »
(Conference
Report
,
avril 1913, p. 7-8 ;
Enseignements
des Présidents de l'Église,
Joseph
F. Smith,
1999,
p. 261)
4.
La persuasion et la contrainte
Face au refus d'un
membre de l'Église de suivre les recommandations de son dirigeant
local, celui-ci pourrait être tenté d'exercer une contrainte sur cette
personne par la menace de la non délivrance ou du retrait de sa
recommandation à l'usage du temple.
Les menaces des serviteurs du Seigneur, dans les Écritures, sont des
déclarations prophétiques et non des moyens personnels de contrainte.
Les serviteurs du Seigneur avertissent des conséquences de l'erreur
mais ne s'avancent ni en auteurs ni en acteurs de ces conséquences.
Bien entendu, une recommandation à l'usage du temple ne peut et ne doit
être délivrée que lorsque les conditions pour l'obtenir sont réunies,
mais la menace d'un retrait ou d'une non délivrance comme moyen de
contrainte ne serait pas à la hauteur des enseignements du Sauveur.
D'autre part, s'il est prévu que sa recommandation soit retirée à la
personne qui ne remplit plus les conditions pour la recevoir (voir
Gordon B. Hinckley, réunion mondiale de formation des dirigeants, 19
juin 2004), il n'est pas prévu qu'elle soit retirée au moindre
prétexte. James E. Faust, membre de la Première Présidence, a déclaré :
« Ceux à qui la responsabilité judiciaire est confiée dans le royaume
de Dieu doivent veiller à ce que l'Église reste pure pour que les eaux
vives de la vie coulent sans entrave. Mais la vraie religion ne
consiste pas à être avant tout attentif aux faiblesses, aux manquements
et aux erreurs. Elle consiste à fortifier et à passer sur les fautes,
comme nous voudrions que l'on passe sur les nôtres. Quand nous
concentrons toute notre attention sur ce qui est mal plutôt que sur ce
qui est bien, nous passons à côté de la beauté et de l'essence sublimes
du merveilleux Évangile du Maître. » (L'Étoile,
janvier 1998, p. 68-69)
Si un jour, en tant
que dirigeant, il nous arrive d’être tenté d'obtenir l’allégeance ou
l’obéissance d'une personne sous notre juridiction par la menace de ne
pas lui délivrer de recommandation à l'usage du temple ou de la lui
retirer, nous pourrions nous demander si agir de la sorte ne
reviendrait pas à se servir de la recommandation à l'usage du temple
comme d'une monnaie d'échange et à contraindre cette personne à obéir
plutôt que de susciter en elle la volonté authentique de s’améliorer ou
de nous soutenir.
En
2003, Henry B. Eyring, alors membre du Collège des Douze, a demandé
aux dirigeants locaux de l'Église de ne pas ajouter des conditions aux
questions
figurant dans le carnet de recommandations à l'usage du temple. Il a
dit : « Vous ne devez pas ajouter de conditions. Les réponses
satisfaisantes aux
questions figurant dans le carnet vous permettront de savoir si la
personne se qualifie pour entrer dans le temple. » (Première réunion mondiale de formation des dirigeants,
11 janvier 2003, p. 12)
La déclaration de frère Eyring nous apprend que les questions éditées
sont suffisantes pour juger de la dignité de quelqu'un, qu'il n'est pas
utile d'en ajouter et qu'on ne doit pas le faire.
C'est sous les encouragements et non sous la menace que l'homme fait le
choix du véritable changement. Sa décision naît alors d'une influence
divine plutôt qu'humaine, d'une motivation spirituelle plutôt que de la
contrainte.
À ce sujet Joseph F. Smith a déclaré : « L'obéissance doit être
volontaire ; elle ne doit pas être forcée, il ne doit pas y avoir de
contrainte. Les hommes ne doivent pas être contraints contre leur
volonté à obéir à la volonté de Dieu ; ils doivent y obéir parce qu'ils
savent que c'est bien, parce qu'ils désirent le faire et parce qu'ils
ont plaisir à le faire. Dieu se réjouit du cœur bien disposé. » (Enseignements
des Présidents de l'Église,
Joseph
F. Smith,
1999, p. 271)
5.
La géographie et le culte
S'il
est prévu que les membres de l'Église assistent aux
réunions de la paroisse dont dépend leur domicile, il
arrive que, pour des raisons personnelles, certains d'entre eux
assistent, de façon temporaire au moins, aux réunions
d'une paroisse voisine. Des raisons valables peuvent motiver un tel
choix : une séparation ou un divorce particulièrement
difficile, ou un handicap sérieux auquel le bâtiment
d'une paroisse voisine est mieux adapté. D'autres motifs
peuvent paraître moins impératifs : distances
depuis le domicile ou conditions d'accès. D'autres encore
paraîtront moins significatifs : mésententes ou
affinités.
Il
est compréhensible que ceux qui vivent à l'intérieur
des limites d'une paroisse soient membres de celle-ci et pas d'une
autre : Un évêque préside dans les limites
géographiques de sa paroisse. Cependant, bien que les membres
de l'Église soient encouragés à assister aux
réunions de l'Église dans leur paroisse, on ne peut pas
les y contraindre.
Il
y a des années, un président de pieu soumettait à
une Autorité générale en visite le cas d'une
sœur qui assistait aux réunions de l'Église d'une
autre paroisse que la sienne et refusait d'accéder à la
demande de ses dirigeants de retourner dans sa paroisse. Cette sœur
songeait même à ne plus assister aux réunions de
l'Église si on ne la laissait pas en paix à ce sujet.
L'Autorité générale répondit en
substance : « Qu'est-il préférable pour
le salut de cette sœur : qu’elle assiste aux
réunions d’une autre paroisse, ou qu’elle
n’assiste à aucune réunion ? »
Selon
l'Autorité générale, le salut de cette sœur
était plus important que les limites géographiques
de sa paroisse. On pouvait l'inviter à regagner sa paroisse,
mais l'obliger
n'entrait pas dans le plan du salut.
Le
Sauveur a enseigné : « Le sabbat a été
fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat » (Marc
2:27). Cependant,
il a également révélé : « Ma
maison est une maison d'ordre » (D&A 132:8, 18). C'est
pourquoi, une personne qui assiste aux réunions de l'Église
dans une autre paroisse que la sienne n'y trouvera pas tous les
avantages auxquels elle peut s'attendre dans sa propre paroisse. Par
exemple, elle n'y recevra pas d'appel officiel à servir.
En
revanche, conformément aux enseignements du Sauveur, les
dirigeants n'interdisent à personne l'accès aux
réunions publiques de l'Église (voir 3 Néphi
18:22 et D&A 46:3).
La
personne qui comprend qu'elle ne recevra ni appel ni recommandation à
l'usage du temple en dehors de sa paroisse y retournera probablement.
Si ce n'est pas le cas c'est que, après tout, elle n'est
peut-être pas prête à les recevoir. Mais elle
risque davantage d'y être un jour prête en assistant aux
réunions de l'Église, où que ce soit, qu'en
devenant non pratiquante. L'évêque, quant à lui,
n'est pas contraint de refuser une recommandation à une
personne qu'il dirige au motif qu'elle assiste aux réunions de
l'Église ailleurs que dans sa paroisse.
Parmi
les déclarations les plus adéquates à citer pour
aider, et non contraindre, un membre de l'Église à
regagner sa paroisse, se trouvent probablement l'exhortation de Paul
aux Hébreux : « N'abandonnons pas notre
assemblée, comme c'est la coutume de quelques-uns »
(Hébreux 10:25), et celle de Richard L. Evans (1906-1971), du
Collège des Douze : « Soyons là où
nous devons être, au moment où nous devons y être »
(L'Étoile,
février 1989, p. 34), développée par Hartman
Rector, du Premier collège des soixante-dix :
« Soyez où vous devriez être quand vous le
devez. Quand vous êtes où vous devriez être quand
vous le devez, cette conduite apporte la confiance »
(L'Étoile,
octobre 1979, p. 51) et rappelée par Thomas S. Monson,
membre de la Première Présidence, dans la formule du
succès suivante :
« Soyons là où
nous devons être. Disons ce que nous devons dire. Faisons ce
que nous devons faire. Soyons ce que nous devons être. »
(L'Étoile,
janvier 1994, p. 56 ; enseignement réitéré
lors de la veillée du Département d'Éducation de
l'Église du 14 janvier 2001)
À ces sages
conseils, Dallin
H. Oaks a ajouté : « Pour
pouvoir présenter nos dévotions au Très-Haut
(voir D&A 59:10), nous devons assister aux réunions le
jour du Sabbat dans nos propres paroisses, là où se
trouve notre certificat de membre, où nous payons la dîme
et recevons notre recommandation à l’usage du temple.
Aller dans une autre paroisse devrait être une exception... Le
Sabbat est un moment où prendre la Sainte-Cène, rendre
service et maintenir une relation avec votre évêque —
le juge ordinaire du Seigneur — celui qu’il vous faudra
voir pour avoir une recommandation à l’usage du
temple. » (Veillée du Département
d'Éducation de l'Église du 4 novembre 2007)
À propos du certificat de membre, le Manuel d'instructions de l'Église
spécifie qu'il doit être gardé dans la paroisse
où le membre réside. Les exceptions, qui doivent rester rares,
nécessitent le consentement des évêques et des présidents de pieu
concernés. Pour demander une exception, le président de pieu utilise la
« Documentation pour dirigeants et greffiers » pour transmettre la demande
au bureau de la Première Présidence. (voir Manuel général d'instructions, 33.6)
6.
La comparaison au passé et la comparaison aux autres
Depuis des années, les
autorités de l'Église exhortent à comparer chaque entité (pieu, paroisse, organisation, famille, individu) avec elle-même
plutôt que les entités de même niveau entre elles.
Il faut remonter à 1960 et 1961 pour trouver des statistiques
comparatives des ordonnances effectuées au temple. À l'époque, le
magazine L'Étoile diffusa pendant quelques mois un tableau comparatif
des différentes missions qui dépendaient du temple de Suisse. Les
chiffres donnés étaient le nombre mensuel de dotations par mission. Ils
comparaient aussi les chiffres à ceux de l'année précédente. Cette
diffusion des statistiques du temple ne dura qu'une année et cessa avec
L'Étoile
de novembre 1961
(voir p. 463). Précisons qu'à l'époque L'Étoile n'était pas encore un
magazine international. Il le deviendra en janvier 1963. Auparavant,
son contenu était choisi localement. Quoi qu'il en soit, la publication
des statistiques du temple fut éphémère puisqu'elle cessa en novembre
1961.
En 1980, le Guide des secrétaires (PS CL 0656 FR) demandait de comparer
les rapports en cours avec les rapports antérieurs pour prendre
connaissance des tendances, par exemple pour voir si l'assiduité
augmente ou diminue, comme le mentionnent toujours les instructions
actuelles.
Depuis 1985, les manuels d'instructions successifs de l'Église
contiennent l'instruction supplémentaire de ne pas comparer une
paroisse avec une autre, un collège avec un autre, ou une personne avec une
autre, chaque paroisse, chaque collège, chaque personne ayant une
situation qui lui est propre puisque ne disposant pas des mêmes
ressources et ne rencontrant pas les mêmes difficultés.
Paul enseignait déjà : « Que chacun examine ses propres œuvres, et
alors il aura sujet de se glorifier pour lui seul, et non par rapport à
autrui » (Galates 6:4). Dieter F. Uchtdorf, de la Première Présidence,
a ajouté : « Le Seigneur... ne compare pas – et nous ne le devrions pas
non plus – nos efforts à ceux des autres. Notre Père céleste demande
seulement que nous fassions de notre mieux, que nous travaillions au
maximum de nos capacités, aussi grandes ou petites soient-elles. » (Le
Liahona,
novembre 2009,
p. 56)
Il y a des années, un président
de collège des anciens, à la lecture du bulletin du programme
d'extraction (indexation des actes d'état civil de plus de cent ans)
rédigé par le Département de Généalogie, découvrit dans la rubrique
Informations locales des tableaux comparant les pieux de France en
terme de nombre d'extracteurs, d'heures consacrées à l'extraction et
d'actes traités. Il s'adressa alors au bureau régional de la Société
généalogique d'Utah, qui diffusait ce rapport, pour signaler
l'incompatibilité de ces tableaux avec la politique de l'Église.
Il écrivit : « Les Autorités
générales se sont prononcées en faveur des comparaisons de chaque
entité avec elle-même et en défaveur des entités entre elles... Les
citations ci-jointes mentionnent les personnes, les organisations et
les paroisses, mais l'esprit de ces instructions s'applique tout autant
à la comparaison des pieux entre eux. Certains pieux comptent davantage
de membres que d'autres, certains ont commencé le programme
d'extraction plus tôt que d'autres et ont eu le temps de se rôder et de
se développer davantage... Or ces critères n'apparaissent pas sur ces
tableaux... Je ne doute pas que leur diffusion vienne d'une volonté de
bien faire, mais je ne pense pas que cette diffusion soit compatible
avec l'esprit, si ce n'est la lettre, des instructions des Autorités
générales et des Écritures... »
Quelques jours plus tard il reçut du
chef du service concerné une lettre disant qu'après analyse de ses
remarques, les statistiques seraient diffusées sous une forme
différente pour respecter l'esprit des instructions de l'Église.
Ajoutons que, dans un tel cas, ce
n'est pas l'outil de travail qui est en cause, mais sa diffusion. S'il
est bon que chaque unité (pieu ou paroisse) dispose de ses propres
chiffres pour évaluer sa progression, il n'est pas prévu qu'elle
dispose des chiffres des unités voisines. L'instruction de l'Église de
ne pas comparer les rapports des unités entre elles permet encore moins
de les diffuser pour fournir aux unités le moyen de cette comparaison.
Lorsque l'instance qui récolte les rapports ne diffuse à chaque unité
que ce qui la concerne, celle-ci se compare alors à elle-même pour
évaluer ses progrès.
7.
Les formulaires de l'Église et les autres formulaires
Depuis 1985, les
instructions de l'Église sur la tenue des registres demandent aux
dirigeants de la prêtrise de veiller à ce que l'information obtenue des
membres se limite à ce que l'Église demande.
En 1993, l'Église publiait un feuillet intitulé Système de rapports de
progression des membres – Instructions (34901 140) qui rappelait aux
dirigeants de la prêtrise de ne pas demander aux paroisses de rendre
compte d'autres renseignements.
Ces instructions n'autorisent pas la collecte de renseignements autres
que ceux mentionnés dans les formulaires édités par l'Église. Il n’est
par exemple pas permis de collecter, auprès des familles et des
personnes, des chiffres relatifs à la prière, au jeûne, à l'étude des
Écritures, à la soirée familiale, à l'œuvre missionnaire, à la tenue
d'annales, à la recherche généalogique, à l'œuvre du temple, aux
réserves ou au service à autrui.
Au dix-neuvième siècle, au cours du mouvement de réforme de 1856, un
questionnaire à usage des instructeurs de quartier fut édité par
l'Église. Il comportait 27 questions que les instructeurs de quartier
(devenus instructeurs au foyer puis frères du service pastoral) posaient aux familles auxquelles
ils rendaient visite pour les inciter à se consacrer au Seigneur et à
ses commandements. Chacune de ces questions suscitait une réponse par
l'affirmative ou la négative. Aucune ne suscitait de réponse
quantitative. De plus, les réponses n'étaient pas enregistrées, et
encore moins additionnées à celles des autres familles (voir
Histoire
de l'Église dans la plénitude des temps,
Religion 341-343,
2002, p. 366 ; 1997, p. 368).
Avant
cette période et après, les 4 ou 5 questions posées régulièrement par
les instructeurs au foyer aux familles de l'Église, comme à la famille
de Joseph Smith (voir
L'Étoile,
avril 1979,
p. 134-135) et à celle de John Taylor (voir
Enseignements
des présidents de l'Église, John Taylor,
2002, p. 117, 119), ne comportaient pas non plus d'aspect quantitatif.
Les réponses reçues n'étaient pas non plus enregistrées.
Quant
aux statistiques des ordonnances du temple publiées dans L'Étoile de
1960 et 1961, il convient de noter qu'elles ne provenaient pas de
renseignements fournis par les membres des différentes missions sous la
juridiction du temple, mais par le bureau du temple lui-même.
Non seulement l'Église n'a jamais, à notre connaissance, édité de
rapports quantitatifs à partir de renseignements qui seraient requis
des familles, mais depuis le milieu des années 1980 elle demande
expressément aux dirigeants de ne pas le faire. Les formules de
rapports de l'Église qui requièrent des renseignements personnels de
leurs utilisateurs sont celles utilisées dans le cadre de leur appel
par un nombre très limité d'officiers de l'Église pour rendre compte de
leur intendance.
Malgré l'instruction répétée de ne pas collecter auprès des membres
d'autres renseignements que ceux demandés par l'Église, dans certaines
régions, les dirigeants qui en avaient l'habitude continuaient de
demander aux personnes qui rentraient du temple le nombre de sessions
auxquelles elles avaient assisté. C'est pourquoi en 1998 fut ajoutée
aux instructions celle de ne pas créer de système de rapports
d'assistance au temple.
Pourtant, dans certaines régions, les membres de l'Église continuèrent
de rendre compte du nombre de sessions qu'ils avaient effectuées dans
la maison du Seigneur, motivés par l'idée de justifier la construction
future d'un temple à proximité de chez eux. Cette idée circulait plus
particulièrement depuis l'annonce par le président Hinckley, en avril
1998, du programme de construction de petits temples (voir
L'Étoile,
juillet 1998,
p. 100-101).
Les
critères de qualification pour la construction d'un temple dans une
région, dans le but de rapprocher les temples des membres de l'Église (voir
L'Étoile,
1986, numéro 2,
p. 47, colonne 1) pour que ceux-ci puissent s'y rendre sans avoir à
parcourir une distance démesurée (voir
Le
Liahona,
novembre 2009,
p. 4), furent alors donnés par les membres de la Première Présidence
eux-mêmes :
À la conférence générale qui suivit l'annonce du programme
de construction de petits temples, le président Faust déclara : « Aux
membres de l'Église qui sont dans des unités de l'Église isolées et qui
veulent avoir un temple près de chez eux, je suggérerais de commencer
par montrer leur foi en payant la dîme afin d'être dignes de recevoir
les bénédictions du temple » (L'Étoile,
janvier 1999,
p. 69). Un an plus tard, le président Hinckley ajouta : « Étant donné
que nous ne construisons pas de temple tant qu'il n'y a pas
suffisamment de gens dans une région, suffisamment de payeurs de dîme
et suffisamment de foi, la construction même de ces bâtiments sacrés
devient un indicateur de l'accroissement de la foi et de l'obéissance
aux principes de l'Évangile. » (Le
Liahona,
janvier 2000,
p. 5)
Ces propos de la
Première Présidence ne mentionnaient pas la quantité de sessions
suivies mais le nombre de membres et le nombre de payeurs de dîme comme
critères de choix d'une région où construire un temple : Autant de
critères déjà mesurés par l'Église.
Par ailleurs, l'œuvre accomplie en faveur des défunts n'est pas le seul
but du temple. Il en est un autre qui n'est pas chiffrable. James E.
Faust a dit : « Il y a un grand besoin de temples partout dans le monde
car ce sont des sanctuaires spirituels. Ceux qui vont au temple peuvent
y trouver une protection contre l'adversaire et contre son désir de les
détruire, leur famille et eux. » (L'Étoile,
janvier 1999,
p. 69)
Notre
fréquentation du temple relève à la fois du culte personnel et du
service aux défunts. Comme l'a dit Howard W. Hunter (1907-1995), ancien
président de l'Église : « Allons-y non seulement pour nos ancêtres
décédés, mais également pour la bénédiction personnelle du culte au
temple, pour la sainteté et la sécurité qui nous sont donnés dans ces
murs sacrés » (L'Étoile,
novembre 1994,
p. 6). Le culte au temple était familier de Joseph Smith, père, le
patriarche. On dit de lui : « Demeurer dans la maison du Seigneur et
s'instruire dans son temple était sa joie quotidienne, et il y reçut
beaucoup de bénédictions, et passa de nombreuses heures en douce
communion avec son Père céleste... Dans son enceinte sacrée, les
visions des cieux s'ouvrirent à son esprit, et son âme se délecta des
richesses de l'éternité. » (History
of the Church,
volume 4, p. 194 ;
Le
Liahona, mai
2005,
p. 67)
James E. Faust a
déclaré : « Nos temples constituent un sanctuaire où nous allons pour
oublier les soucis du monde. Nos temples sont des lieux de paix et de
tranquillité. Dans ces sanctuaires Dieu 'guérit ceux qui ont le cœur
brisé, et panse leurs blessures' » (Le
Liahona,
juillet 2005,
p. 4). Il a ajouté : « Nous devons aller au temple, entre autres
raisons, pour sauvegarder notre sainteté personnelle et celle de notre
famille » (Le
Liahona, mai
2005,
p. 67).
Gordon B. Hinckley a également déclaré : « Je suis convaincu
que chaque homme et chaque femme qui va au temple avec sincérité et foi
ressort meilleur de la maison du Seigneur. Nous avons toujours besoin
de nous améliorer dans la vie. Nous avons besoin de temps en temps
de quitter le bruit et le tumulte du monde qui nous entoure et d'entrer
dans une maison sacrée de Dieu pour y ressentir son esprit dans un
cadre de sainteté et de paix » (L'Étoile,
janvier 1996,
p. 63-64). Ce à quoi David A. Bednar, du Collège des Douze, a ajouté :
« Pensez aux raisons pour lesquelles nous nous livrons au culte dans la
maison du Seigneur et lors de nos réunions du sabbat : Avant tout pour
rechercher les bénédictions et les enseignements du Saint-Esprit. » (Le
Liahona,
novembre 2010, p. 96).
Plus récemment, D. Todd Christofferson, des Douze, a écrit :
« Nous parlons parfois de l’œuvre du temple, mais nous devrions
également
parler du repos au temple. J’encourage chacun de vous à rechercher le
repos et à vous ressourcer chaque semaine dans le respect du sabbat et
au temple. » (Facebook, 7 juillet 2021)
Dans le temple, le
culte et le service, qui sont deux aspects de l'Évangile de
Jésus-Christ, sont étroitement liés. Ainsi liés, ils sont difficilement
quantifiables.
De plus, la quantification suscite la performance qui, elle-même,
suscite les comparaisons. Au temple, la performance est positive aussi
longtemps qu'elle traduit le souci de secourir des âmes et qu'elle ne
se prête pas à des comparaisons.
Tous ne vont pas au temple en bénéficiant de la même condition
physique, de la même santé mentale, de la même force spirituelle, ni
avec les mêmes aspirations. Certaines personnes vont y trouver un
refuge, une protection. D'autres vont y chercher la révélation.
D'autres, la régénération spirituelle. D'autres viennent s'instruire à
la « grande école », à la « maison d'apprentissage » qu'est le temple (Boyd K.
Packer, The
Holy Temple,
Bookcraft, 1980 ; Le temple
sacré,
1982, 1983, p. 5 ; 1998, p. 6 ;
Se
préparer
à aller au saint temple,
2003, p. 7), à « l'université qui prépare
à la vie éternelle » (Enzio Busche,
L'Étoile,
juillet 1989,
p. 64). D'autres encore sont impatients de sauver ceux qui les ont
précédés ici-bas. Tout cela est vécu à travers le service aux défunts,
mais dans des dispositions physiques et mentales différentes selon les
personnes.
C'est pourquoi, selon les instructions de l'Église, les dirigeants
incitent chaque membre doté à se rendre au temple aussi souvent que sa
situation et les besoins de sa famille le lui permettent, mais ne
fixent pas de quotas ni ne créent de système de rapports d'assistance
au temple (voir
Manuel général d'instructions, 25.1.1).
8.
L'ingérence et le recours
Dans 2 Samuel 6:1-11
et 1 Chroniques 13:1-14 est rapportée l'expérience d'Uzza que Teddy E.
Brewerton, du Premier collège des soixante-dix, a résumée ainsi : « Le
peuple avait été averti de ce qu'il ne devait pas toucher l'arche,
symbole de l'alliance. Mais quand les bœufs trébuchèrent et qu'il
sembla que l'arche allait tomber, Uzza tendit la main pour la redresser
et fut immédiatement tué par le Seigneur. » (L'Étoile,
octobre 1981, p. 126)
John
Taylor (1808-1887) et plus tard David O. McKay (1873-1970), anciens
présidents de l'Église, ont enseigné que l'équivalent moderne de la
faute d'Uzza consistait à vouloir « manipuler la prêtrise », à « sortir
de notre propre sphère et d'essayer sans en avoir l'autorité de diriger
les efforts d'un frère », ce qui est le cas « des hommes qui,
négligeant leurs propres responsabilités, passent leur temps à trouver
des fautes à autrui » (Ancien
Testament,
Manuel de l'Étudiant, Religion, Cours 301, 1987,
p. 290). David O. McKay a ajouté que l'équivalent moderne du châtiment
d'Uzza était la mort spirituelle (op. cit.).
Au
vu de ces déclarations, nous pourrions croire qu'il n'y a pas,
dans l'Église, de recours face aux erreurs d'un dirigeant ou à
ce qui peut nous sembler être une erreur. Dans son livre
À
la manière du Seigneur,
Dallin H. Oaks enseigne que ces recours
existent, mais qu'ils doivent s'opérer à la façon
du Seigneur et non à la façon du monde.
Selon
lui, il y a des recours, mais ce ne sont pas les mêmes ni les mêmes
procédures que ceux utilisés à l'égard des dirigeants d'autres
organisations (op. cit. p. 200). Avant de les énoncer, Frère Oaks
rappelle le principe selon lequel nous devrions nous conduire de telle
façon que nos pensées et nos actions ne nous privent pas de la
compagnie et des directives de l'Esprit du Seigneur (op. cit. p. 200).
Il énonce ensuite les recours possibles, comme celui de faire part en
privé de nos différends au dirigeant concerné. Il propose que cela se
fasse dans un entretien privé, lorsque c'est possible, ou par lettre ou
autre, et souligne que de nombreux différends pourraient être résolus
si seulement nous en discutions en privé avec les personnes concernées.
Selon lui, certains différends n'auraient plus lieu d'être une fois que
ces échanges en privé auraient permis de se rendre compte qu'il
s'agissait de malentendus. D'autres différends seraient temporairement
mis de côté en acceptant de ne pas être d'accord (op. cit. p. 202-203).
Une autre possibilité énoncée par Frère Oaks est de s'adresser à
l'officier de l'Église qui a autorité sur la personne soupçonnée être
dans l'erreur ou dans la transgression. Il cite la Bible qui appelle
cela « le dire à l'Église » (Matthieu 18:17). Il ajoute que cette
démarche doit avoir lieu en privé, ceci non pour dissimuler les faits,
mais pour augmenter les possibilités de se corriger et de s'améliorer
(op. cit. p. 203).
Frère Oaks souligne l'importance de résoudre ses différends en privé.
Selon lui le débat public, qui est le moyen de résoudre les différends
dans un gouvernement démocratique, n'est pas approprié dans le
gouvernement de l'Église. Il nous rappelle que nous sommes tous soumis
à l'autorité des serviteurs du Seigneur qui ont été appelés et
soutenus, qu'ils sont et que nous sommes gouvernés par les conseils de
l'Esprit du Seigneur, que cet Esprit n'agit que dans une atmosphère
d'unité, et que c'est pourquoi les différends personnels doivent être
traités en privé et sans querelle. Il ajoute qu'il n'y a rien de mal à
débattre de nos différends en privé, pourvu que cela se fasse dans un
esprit d'amour (op. cit. p. 201).
Frère Oaks mentionne encore d'autres possibilités, comme ignorer le
différend (op. cit. p. 201), réserver son jugement à plus tard et
attendre (op. cit. p. 202), et prier pour trouver une solution au
problème. Il enseigne que nous devrions prier pour le dirigeant qui
selon nous est dans l'erreur, en demandant au Seigneur de remédier à la
situation si besoin est, et qu'en même temps, nous devrions prier pour
nous-mêmes, en demandant au Seigneur de nous éclairer si nous sommes
dans l'erreur (op. cit. p. 204-205).
Frère Oaks affirme qu'une personne qui appréhende dans un esprit
de prière un différend avec un dirigeant de l'Église reste en accord
avec l'Esprit du Seigneur et qu'en agissant ainsi elle s'adresse
directement à celui qui peut résoudre le problème. Il ajoute que la
solution peut venir sous forme d'inspiration donnée à ce dirigeant ou,
pour la personne qui prie, par une compréhension, une force et une
patience accrues (op. cit. p. 204-205).
Frère Oaks rappelle enfin que les cinq possibilités énoncées ci-dessus sont à
la disposition des personnes ayant une divergence d'opinion avec leurs
dirigeants ; que le meilleur moyen dépend des circonstances et de
l'inspiration qui guide ceux qui prient sincèrement. Selon lui, en
suivant ces recommandations, les membres de l'Église peuvent agir pour
la correction d'un dirigeant ou un changement de politique. Il ajoute
que ceux qui le font avec de bonnes intentions n'affligeront pas
l'Esprit du Seigneur, qu'ils ne se couperont pas de leurs dirigeants ou
de leurs frères et sœurs dans l'Église (op. cit. p. 205).
9.
La critique et l'apostasie
Bien que la critique
et l'apostasie soient apparentées, l'une étant souvent la cause ou la
conséquence de l'autre, elles n'ont pas la même gravité et sont
traitées différemment dans l'Église. L'apostasie est sanctionnée par la
discipline de l'Église alors que la critique ne l'est pas, si ce n'est
à de rares exceptions dans l'histoire de l'Église. L'apostasie se
manifeste de différentes façons, par exemple en s'opposant publiquement
à l'Église ou à ses dirigeants de manière répétée, claire, ouverte et
délibérée. Malgré ce qui les distingue, il peut nous arriver, en tant
que dirigeant, d’être tenté d'assimiler la critique à l'apostasie et
d'en appliquer la même sanction.
Dans son livre intitulé
À
la manière du Seigneur, Dallin H.
Oaks parle
des membres de l'Église qui critiquent publiquement les dirigeants de
l'Église. Il explique que tout au long de son histoire, l'Église et ses
dirigeants ont été critiqués par certains membres, mais que l'action
disciplinaire de l'Église à l'encontre de tels membres a été rare ou
inexistante.
Il dit que ceux qui persistent dans leurs critiques se
punissent eux-mêmes ; qu'en se retranchant délibérément de ceux que le
Seigneur a appelés en qualité de dirigeants (locaux ou généraux) de son
Église ils se privent des conseils de l'Esprit du Seigneur, s'éloignent
progressivement de la prière, des Écritures, de l'assistance aux
réunions de l'Église et de l'obéissance aux commandements, perdent
inévitablement leur spiritualité et passent à côté des bénédictions. Il
ajoute que, comme l'a observé Néphi, ceux qui succombent à l'orgueil et
aux « œuvres des ténèbres » sont sur le chemin de la destruction
spirituelle, « car l'Esprit du Seigneur ne luttera pas toujours avec
l'homme » (2 Néphi 26:10-11) (op. cit. p. 205).
Pour revenir au sujet de
l'apostasie et en préciser la définition, Frère Oaks cite Georges Q.
Cannon (1827-1901), du Collège des Douze (1869), qui concevait qu'un
homme puisse avoir un point de vue différent de celui des Autorités de
l'Église sans pour autant être un apostat, mais qui ne pouvait
concevoir qu'un homme publie ces différences de vue et cherche à
diviser l'Église et à lutter contre les Autorités au moyen d'arguments,
de sophismes et de plaidoyers présentés sous un mauvais angle sans
qu'il soit considéré comme un apostat, car une telle conduite était de
l'apostasie, tel qu'il comprenait ce terme (op. cit. p. 246-247 ; voir
George Q. Cannon, Gospel Truth, ed. Jerreld L. Newquist, Deseret Book
Co., 1987, p. 493).
10.
Les réunions de dirigeants
Les embellissements
Le modèle donné
Les réunions de dirigeants
de l'Église sont, pour la plupart, des réunions de présidence, de
comité et de conseil.
Les embellissements
Au fil des décennies nous
avons, partout dans l'Église, embelli ces réunions en y ajoutant
des usages non prévus à l'origine et n'ayant jamais figuré dans les
instructions de l'Église. Si nous utilisons le verbe « embellir »,
c'est pour citer M. Russell Ballard, des Douze, qui a exhorté les dirigeants locaux
à ne pas « embellir » ou « compliquer » leur appel, à ne pas
nécessairement l'« agrandir », mais à plutôt le « simplifier » (Le Liahona, novembre 2006, p. 19).
Parmi ces embellissements, mentionnons :
a.
La lecture et le soutien à main levée du
procès-verbal de la réunion précédente
b.
La pensée spirituelle et la formation des dirigeants
c.
La direction des réunions par le secrétaire exécutif
a. La lecture et le soutien à main levée du
procès-verbal de la réunion précédente
Bien qu'en France l'Église soit
inscrite en tant qu'association et que le soutien à main levée des
procès verbaux des assemblées soit une pratique réglementaire des
associations, les instructions de l'Église sur les réunions de
présidence, de comité et de conseil ne mentionnent pas cet usage. Même
si, à d'autres moments, les mainlevées font partie des usages de
l'Église, le soutien à main levée des procès-verbaux des réunions est
une pratique propre au fonctionnement des associations et des diverses
instances de notre démocratie comme les conseils d'administration, les
conseils d'établissement et les conseils municipaux.
Bien qu'en France
le bureau de l'association de l'Église suive les règles relatives aux
assemblées des associations, ces règles ne concernent pas les réunions
de l'Église elle-même. Lorsque, dans une réunion de l'Église, une décision doit être soutenue
par une mainlevée, elle l'est sans attendre la réunion suivante. Si le
quorum est nécessaire et n'est pas réuni, le soutien a lieu
ultérieurement, mais pas dans le cadre d'une lecture de procès-verbal,
cette lecture n'étant pas prévue par les instructions de l'Église.
La différence
principale entre, d'une part, les conseils d'administration, les
conseils d'établissement et les conseils municipaux et, d'autre part,
les conseils de l'Église, réside dans la forme de gouvernement. Le
gouvernement des associations, des établissements et des communes,
ainsi que des départements, des régions, de la nation et des
organisations intergouvernementales est démocratique tandis que celui
de l'Église est théocratique. Bien que ces deux types de gouvernement
comportent des points communs, l'Église n'est pas une démocratie. De
même, si le gouvernement de l'Église comporte quelque ressemblance avec
la direction d'une entreprise, l'Église n'est pas une entreprise. Ni
démocratie ni entreprise, l'Église est gouvernée selon des critères qui
lui sont propres.
b.
La pensée spirituelle et la formation des dirigeants
Parmi les usages non mentionnés
dans les manuels d'instruction
mais pratiqués dans les réunions de dirigeants comme les conseils de
paroisse, citons ce qu'on appelle la pensée spirituelle et la formation des dirigeants. Nous connaissons les bienfaits,
en d'autres occasions, d'une pensée spirituelle et d'une séance de
formation, cependant ces usages entrent dans la catégorie des
embellissements dont a parlé M.
Russell Ballard lorsqu'il a exhorté les dirigeants locaux à « simplifier
» leur appel plutôt qu'à le « compliquer ». Nous pourrions traduire par
alléger plutôt que surcharger. En un mot : aller à l'essentiel.
Bien sûr, les manuels d'instruction de l'Église n'interdisent pas
l'utilisation de ces outils, mais elles ne les mentionnent pas. Ceci
nous apprend que l'exercice spirituel censé assurer la transition des
préoccupations profanes aux affaires du royaume et nous
mettre au diapason de l'Esprit est la prière d'ouverture. Si
la prière n'est pas suffisante pour permettre
cette transition et cette mise au diapason, ce n'est pas parce qu'elle
doit être complétée par d'autres pratiques, mais parce qu'elle doit
être vécue avec davantage de foi. Ajoutons que si l'Esprit semble
absent ou lointain au cours de la réunion, la prière reste la solution la plus efficace et
l'évêque peut décider d'y avoir recours à tout moment de la réunion.
Si lorsque nous nous réunissons nous avons besoin de plus qu'une prière
pour nous mettre au diapason de l'Esprit, c'est soit que nous ne
bénéficions pas autant que nous le pourrions de la compagnie du Saint-Esprit à laquelle a
droit tout saint des derniers jours, soit que la prière d'ouverture
n'est pas assez fervente pour la recevoir. La solution pérenne à ce
problème n'est pas l'ajout d'éléments non prévus qui
détournent de son objectif le temps précieux du conseil, mais
le renforcement de l'autonomie spirituelle des participants à la
réunion, autonomie à laquelle l'Église travaille déjà.
Pour quelles occasions le
programme des réunions de l'Église prévoit-il une pensée spirituelle ?
La pensée spirituelle est mentionnée deux fois dans les manuels
d'instructions de l'Église, une fois à propos des réunions
spirituelles liées aux activités, une autre fois à propos des leçons du
séminaire. Citons :
« Toute activité commence et éventuellement se termine par une prière. Elle peut inclure un cantique, une
pensée spirituelle ou quelques propos d’un dirigeant. » (Manuel général d'instructions, 20.5.7)
« La leçon [du séminaire] doit commencer par une brève
pensée spirituelle. La pensée spirituelle peut être un excellent
moyen d’unir les élèves en tournant leurs pensées et leur cœur
vers le spirituel. Elle peut aider l’instructeur et les élèves à
ressentir l’Esprit et à être prêts à apprendre. Généralement,
la pensée spirituelle suit un cantique et une prière et consiste en
une pensée tirée des Écritures. Elle est surtout efficace lorsque
les élèves expriment les sentiments et les idées qu’ils ont eus
lors de leur étude personnelle des Écritures et qu’ils rendent
témoignage. Les pensées spirituelles longues et touffues non
seulement empiètent sur le temps de la leçon mais peuvent aller
jusqu’à amener l’Esprit à se retirer. (Enseignement et
apprentissage de l’Évangile : Manuel pour les instructeurs et les
dirigeants des séminaires et instituts de religion, 2012, p. 17)
Nous trouvons une autre définition de la « pensée spirituelle »
dans la littérature de l'Église en français. Elle date de 1964,
lorsque la pensée spirituelle se pratiquait à la réunion de prière de
l'École du dimanche. Citons : « Vient ensuite la pensée pieuse, une
lecture frappante d’Écritures, de poésie ou autre texte. Le
surintendant, ou un de ses conseillers chargé de cette
responsabilité, désigne d’avance un membre de la faculté pour le
faire. Cette pensée spirituelle ne doit pas dépasser deux minutes
et demie. Ce peut être une expression de prière, l’esprit de
témoignage, un exemple de sincérité, d’amour, de dévouement, de
dévotion ou de service. » (L'Étoile, avril 1964, p. 123)
Aujourd'hui, la pensée spirituelle est plutôt définie comme une citation des
prophètes anciens ou modernes, citation brièvement commentée ou laissée
à la réflexion des auditeurs, pour leur édification.
Quant à la formation des dirigeants, si elle n'a pas lieu pendant
les réunions de conseil, quand est-elle assurée ? Il existe deux
réponses à cette question. D'abord, le Seigneur a déclaré : «
Que
chaque homme s’instruise de son devoir et apprenne à remplir
l’office auquel il est désigné, et ce, en toute diligence »
(D&A 107:99). Ainsi, la responsabilité de se former repose
premièrement sur la personne qui a reçu l'appel. Le rôle du dirigeant
de cette personne est de s'assurer qu'elle dispose de la documentation
lui permettant de s'instruire de son devoir. L'autre réponse est que
l'Église est organisée de sorte que chaque personne appelée reçoive une
formation initiale et continue de son dirigeant direct au niveau de la paroisse ou du pieu ou par quelqu'un chargé de le faire.
Les réunions de conseil ne sont pas prévues pour remplacer la formation
initiale et continue déjà incluse dans l'organisation de l'Église. Les
réunions de conseil se concentrent sur le salut des personnes au
service desquels les membres du conseil ont été appelés. Ce n'est plus
le moment de se former, mais d'agir. Or, le temps passe souvent trop
vite pour y parvenir en amputant ce temps par une formation qui
est déjà assurée par d'autres instances. C'est pourquoi cette formation n'est pas prévue au programme des réunions de conseil.
En cette dernière
dispensation, nous assistons à une accélération et à
un rétrécissement du temps, phénomène naturel et universel qui
s'amplifiera jusqu'à
la Seconde Venue. En 1980, la durée des réunions du sabbat est passée
de deux demi-journées à trois heures consécutives, puis en 2019 à deux
heures consécutives. La même tendance à condenser est constatée dans
l'évolution des cérémonies du temple au fil des décennies. En
comparaison, quand nous continuons à tenir en semaine des réunions
administratives qui durent une heure et demie ou deux heures, nous ne
sommes pas en phase avec cette accélération et ce rétrécissement du
temps dans le monde et dans l'Église.
Le 13 novembre 2010, lors de la réunion mondiale de formation des
dirigeants,
l'Église a proposé en vidéo un
modèle
de réunion du conseil de paroisse dont voici
la retranscription en français.
Ce modèle est complet, de l'ouverture de la réunion à l'annonce de la prière de clôture.
Il ne contient ni pensée spirituelle ni formation et dure moins d'une demi-heure, sans les prières. En
moins
de trente minutes, tous les
sujets de l'ordre du jour sont traités et le sont correctement. C'est
une performance, mais c'est aussi un modèle à suivre.
À
partir de ce modèle et de l'expérience, on peut
raisonnablement estimer à 45 minutes la durée moyenne et à 60 minutes
la durée maximum d'un conseil de paroisse bien préparé et bien mené et
ce, indépendamment de sa fréquence. Au-delà, nous ne sommes plus
en phase avec l'accélération universelle du temps et nous prolongeons
la réunion de conseil au détriment éventuel des
participants et de leurs
familles.
Comme le précisent les instructions de l'Église : « Le conseil de
paroisse se réunit normalement une fois par semaine, mais peut se
réunir moins fréquemment. La réunion ne dure généralement pas plus
d'une heure » (Manuel général d'instructions, 29.2.5).
Prendre cinq minutes pour une pensée spirituelle, ce qui équivaut à
deux
discours de l'École du dimanche d'avant 1980, et dix minutes pour une
formation qui est prévue à d'autres moments par le programme de
l'Église, c'est amputer la réunion du conseil d'un quart de sa durée
ou davantage alors que ce temps est destiné à mettre les compétences et
l'expérience
des membres du conseil au service de la progression de la paroisse. En
d'autres termes, c'est détourner la réunion de son objectif.
À titre exceptionnel, on peut
ressentir que la prière d'ouverture n'a pas été suffisante pour attirer
l'Esprit et qu'une pensée spirituelle ou une séance de formation
compensera un manque de spiritualité, cependant quand l'exception
devient la règle, c'est peut-être parce que nous ne faisons pas
confiance en la capacité des membres du conseil de venir à la réunion
accompagnés de l'Esprit du Seigneur. Quand nous supposons qu'ils ont
besoin d'inspiration et de
formation au moment même où ils viennent nous aider à édifier la
paroisse en s'y étant préparés, nous sous-estimons leur capacité
spirituelle et leurs qualifications.
Vu la durée
relativement réduite de la réunion du conseil de paroisse
(une heure), en transformant un quart de cette réunion en réunion
d'édification spirituelle et de formation, nous utilisons le conseil à
une autre fin que celle qui est la sienne, le temps passé à s'édifier
et à se
former mutuellement n'étant pas passé à prendre soin de l'ensemble des
membres de la paroisse. Ce faisant, nous sous-estimons la spiritualité
et la compétence des membres du conseil et nions par là même la
capacité de l'Église de rendre spirituellement indépendants ses
membres, y compris les participants à la réunion du conseil. Enfin,
nous ajoutons du poids à la charge du secrétaire exécutif à qui revient
de solliciter les personnes qui assureront la pensée spirituelle et la
formation.
Si le programme de l'Église ne
permet pas de rendre spirituellement autonomes les membres du conseil
de paroisse ou de pieu, au point qu'il soit nécessaire de les édifier
et de les former alors que nous disposons de peu de temps pour mettre
leur foi, leur expérience et leurs compétences au service des autres
membres de la paroisse ou du pieu — Si l'Église ne parvient pas à rendre
autonomes les membres de ces conseils, qui parviendra-t-elle à rendre
spirituellement autonome ? Si nous ne sommes pas encore prêts à agir
après la prière d'ouverture mais avons besoin d'autres exercices
spirituels, pendant encore combien d'années aurons-nous besoin de ce
renfort non prévu dans le programme des conseils ?
Dans combien de temps les membres des conseils seront-ils suffisamment autonomes
spirituellement pour pouvoir, sans autre préambule que la prière, œuvrer à l'autonomie spirituelle des
membres de leur paroisse et de leur pieu ? N'ont-ils pas la
responsabilité de leur propre autonomie avant celle des autres ?
Pendant encore combien d'années le temps déjà court passé à tenir
conseil sera-t-il raccourci par l'ajout d'exercices à
cause d'un éventuel manque de préparation des membres du conseil ?
Tenir conseil d'une part, s'édifier et s'instruire mutuellement d'autre
part, sont deux activités distinctes. La réunion du conseil est prévue
pour tenir conseil, pas pour s'y préparer par l'édification et
l'instruction, ces éléments étant censés avoir eu lieu en amont de façon autonome.
David A. Bednar, des Douze, a demandé : « Sommes-nous, vous et moi, des
personnes qui se meuvent et cherchent la connaissance par la foi ou
attendons-nous qu’on nous instruise et qu’on nous meuve ? » (Le Liahona, septembre 2007,
p. 20). Voici la réponse qu'il a donnée : « Nous ne devrions pas
attendre de l’Église, en tant qu’organisation, qu’elle nous enseigne ou
nous dise tout ce que nous devons savoir et faire pour devenir des
disciples engagés et pour persévérer vaillamment jusqu’à la fin. Non,
notre responsabilité personnelle est d’apprendre ce que nous devons
apprendre, de vivre comme nous savons que nous devons le faire, et de
devenir la personne que le Maître voudrait que nous soyons. » (Le Liahona, mai 2019, p. 102)
Répétons-le : L'exercice spirituel censé assurer la transition des
préoccupations profanes aux affaires du royaume et nous
mettre au diapason de l'Esprit est la prière d'ouverture.
Si
la prière n'est pas suffisante pour permettre cette transition et cette
mise au diapason, ce n'est pas parce qu'elle doit être complétée par
d'autres pratiques, mais parce qu'elle doit être vécue avec davantage
de foi :
la foi exercée par tous les participants à la réunion, pas seulement celle du porte-parole de la prière.
La pensée spirituelle et la minute de formation font partie des
éléments ajoutés localement à une époque, sans jamais avoir été
mentionnés dans le programme officiel de l'Église. Dans certaines
régions, ces éléments ont traversé les
décennies et perdurent. Les manuels
d'instruction, élaborés pour une action uniforme des dirigeants de l’Église dans le monde
entier (voir la
Première réunion mondiale de formation des dirigeants, le 11 janvier
2003, p. 24) et régulièrement mis à jour, permettent de
rectifier les usages locaux et périodiques. Quant aux modèles donnés, ils sont un complément illustratif des instructions.
La politique de l'Église est à la simplification de son
programme. Cette politique de simplification, initiée en 1939 (voir
Histoire
de l'Église dans la plénitude des temps,
Religion 341-343,
2002, p. 519-520), relancée en 1960
(op.
cit.,
2002,
p. 562-563) et en 1978 (voir
L'Étoile,
octobre 1978,
p. 180-181), se poursuit de nos jours (voir
Le
Liahona,
novembre 2002,
p. 56-57 ; Quentin L. Cook, Introduction
to Handbook two and related principles,
février 2011). Le 12 février 2011, lors de la réunion mondiale de
formation des dirigeants consacrée au Manuel 2, Administration de
l'Église, 2010, Russell M. Nelson a déclaré dans son discours de
clôture : « Nous espérons simplifier les choses afin que le temps et
les ressources des membres de l'Église soient employés avec une plus
grande efficacité. »
En décalage avec cette politique de
simplification et d'efficacité peuvent aisément
perdurer des pratiques du passé héritées soit des instructions
périmées, soit de la tradition orale. L'Église évolue à une telle
rapidité que nous pouvons, sans nous en rendre compte, avoir plusieurs
années de retard sur son évolution, voire plusieurs décennies dans
certains aspects de cette évolution. Ce retard est très vite pris
lorsque nous cessons de nous instruire de notre devoir (voir D&A
107:99) et ne sommes pas à jour des instructions et modèles donnés par l'Église.
c.
La direction des réunions par le secrétaire exécutif
Dans certaines régions existe l'idée selon laquelle ce
ne sont pas les membres des présidences qui dirigent les réunions de
présidence, de comité et de conseil, mais les secrétaires exécutifs.
Non seulement les instructions de l'Église ne mentionnent pas ce rôle
dans la description de la tâche des secrétaires exécutifs de pieu et de
paroisse, mais elles attribuent à l'officier président la direction de la réunion de présidence, de comité ou de conseil qui le
concerne.
Précisons
que les réunions de dirigeants sont présidées par le président et
dirigées par lui-même ou, en son absence, par l'un de ses conseillers.
Elles ne sont pas animées par quelqu'un d'autre. Dans l'Église, la
notion d'animation des réunions, distincte de la direction,
n'existe pas. On préside, on dirige ou on enseigne, mais on n'anime
pas. On anime, dans le sens de présenter, un spectacle, dans le domaine
des activités, mais pas les réunions ecclésiastiques. Animer une
réunion de dirigeants revient à la diriger. Et dans une
réunion de dirigeants, c'est celui qui préside
qui dirige. En 1996, Boyd K. Packer, des Douze, a déploré que certaines
réunions échappent à l'évêque et a déclaré :
« Nos évêques doivent garder le contrôle des réunions » (Principes de direction, Religion 180 R, p. 111).
Les instructions stipulent que les dirigeants 1. préparent un
ordre du jour pour chaque réunion ou demandent à quelqu'un d'autre de
le préparer sous leur direction,
2. dirigent les réunions en expliquant chaque point à aborder, en
encourageant la discussion, en posant des questions, en écoutant
attentivement, etc. (voir
Manuel général d'instructions, 7.1.1.3 ; voir également :
Guide
de la branche,
2001, p. 19). Selon le
Guide
des dirigeants de la prêtrise et des auxiliaires,
celui qui prépare l'ordre du jour détermine le temps
imparti à chaque point (voir p. 20), ce qui permet, dans le
temps de la réunion, de traiter de tous les sujets prévus.
B.
Le modèle donné
Dans le
modèle
vidéo d'une réunion du conseil de paroisse donné lors de la réunion mondiale de formation des
dirigeants du 13 novembre 2010, on
constate l'absence de rituels ajoutés ici et là au fil
des années : absence de lecture et soutien du procès
verbal de la réunion précédente, absence de pensée spirituelle, absence
de minute de formation. On constate enfin que la réunion
est dirigée par l'évêque lui-même et qu'après la prière, le temps de la
réunion et les compétences des participants sont totalement consacrés
au salut temporel et spirituel des membres de la paroisse.
Cette séquence vidéo nous
permet d'apprendre par l'observation. En 1996, Boyd K. Packer nous a exhortés à apprendre par l'observation. Il a déclaré : «
Nous apprenons par l’expérience personnelle et par l’observation…
Apprenez de ce grand modèle : les choses que nous acquérons rien qu’en
observant et en participant… L’Église ira de l’avant et va de l’avant ;
et c’est uniquement parce que les membres de la base apprennent par
l’observation, l’enseignement et l’expérience. Par-dessus tout, nous
apprenons parce que nous sommes motivés par l’Esprit » (Principes de direction, Religion 180 R, p. 106-112).
Ceci nous apprend non seulement à
examiner le fond des événements, mais aussi à être observateur de la
forme. Ce principe nous servira de guide au cours des chapitres
suivants.
Dans le même discours, frère Packer explique que tout n'est pas écrit et que nous
apprenons non seulement par l'écrit (les manuels publiés) mais aussi
par le non écrit (l'exemple donné par les dirigeants, d'où l'importance
de l'observation). En ce qui concerne le conseil de paroisse, nous
avons les deux : l'écrit grâce au Manuel d'instructions et le non écrit
grâce à cette séquence vidéo. Nous avons à la fois les instructions et
l'exemple donné.
Les
instructions et le modèle de l'Église à propos du conseil de paroisse
sont donnés non seulement pour montrer les procédures, mais aussi
pour rectifier les usages. Selon ces instructions et ce modèle, après
la prière d'ouverture, l'évêque passe aux sujets à traiter par le
conseil.
En ajoutant au conseil de paroisse des usages étrangers aux instructions publiées et aux modèles donnés,
nous l'embellissons, selon le vocabulaire de frère Ballard.
Pour remédier à ce travers, un excellent exercice consiste à lire les
instructions et à regarder le modèle vidéo de l'Église en se posant 3
questions préalables :
1. Qui participe ? Invitons-nous systématiquement certaines personnes qui ne figurent pas parmi les participants ?
2. Qui dirige ? Est-ce que nous confions systématiquement la direction à un autre officier que l'officier président ?
3. Quels sont les exercices d'ouverture ? Ajoutons-nous systématiquement des exercices à la prière d'ouverture ?
La réponse à ces questions est un bon indicateur de la nécessité
d'un recadrage vers les instructions et le modèle de l'Église.
11. Les réunions
publiques
Définition
Éléments divers
Définition
Les
réunions publiques de l'Église sont les réunions
des horaires groupés du dimanche (Sainte-Cène, collèges de prêtrise,
organisations auxiliaires) et quelques autres
réunions comme les conférences de pieu, les conférences
régionales et les conférences
générales.
Les
instructions de l’Église font mention des réunions
publiques
dans deux domaines : Les réunions de l’Église
et l’action disciplinaire de l’Église.
Dans
D&A 46:3 le Seigneur dit : « Néanmoins, il
vous est commandé de ne jamais chasser
qui que ce soit de vos réunions publiques, qui se tiennent
devant le monde ». Les
réunions publiques de l'Église sont ouvertes aux
membres et aux non membres, y compris
aux personnes excommuniées ou disqualifiées.
Dans
le chapitre précédent et dans celui-ci nous reprenons
cette classification des réunions de l’Église en
deux catégories complémentaires : Les réunions
de dirigeants
et les réunions
publiques.
Éléments
divers
A. La réunion de prière
B. La présence d'une autorité
C. Le prélude musical
D. Les annonces
E. L'annonce des prières
F. Les prières collectives
G. Usages liés à l'ordonnance de la Sainte-Cène
H. Les discours
I. Le rôle des
interprètes
J.
L'utilisation du postlude musical
K. Les réunions de l'Église dans une salle de spectacle
A. La réunion de prière
La réunion de prière
n'existe
plus depuis 1998. Elle consistait en une micro réunion préalable à la
réunion de Sainte-Cène entre ceux qui y prenaient une part active.
En
1990, elle a été rebaptisée réunion de planification (traduit de
planning meeting)
dans le Manuel du dirigeant de la prêtrise de Melchisédek (réf. 31184
140). Finalement, en 1998 cette réunion a été soustraite des
instructions de l'Église et, depuis, elle n'est plus mentionnée. Cette
soustraction a été confirmée par Russell M. Nelson lors
de la réunion mondiale de formation des dirigeants, le 21 juin 2003,
quand il a déclaré : « Il n’est pas nécessaire de tenir une réunion de
prière avant la réunion de Sainte-Cène. » (Le
Liahona,
août 2004,
p. 13)
B. La présence d'une autorité
Lorsqu'un membre de la présidence de pieu ou une autorité supérieure
visite une paroisse, il préside les réunions. Même si sa visite est imprévue, le
membre de l'épiscopat
qui dirige la réunion de Sainte-Cène lui demande s'il a l'intention de prendre la parole et
pendant combien de temps. On n'attend
pas que l'autorité demande à prendre la parole. C'est une question
d'égard vis-à-vis de l'autorité qui préside la réunion. Le membre de
l'épiscopat prend ensuite les mesures nécessaires pour que l'autorité
présidente dispose du temps lui permettant de délivrer son message.
Pour ce faire, on peut, avant la réunion, demander aux orateurs de
raccourcir légèrement leur intervention. On peut aussi demander au
directeur musical de ne pas faire chanter l'intégralité des couplets
des cantiques. Le membre du grand conseil du pieu chargé de visiter la
paroisse, bien qu'il ne préside pas la réunion de Sainte-Cène, a droit
aux mêmes égards, en tant qu'envoyé de l'autorité supérieure.
C. Le prélude musical
Les enseignements des officiers généraux de l'Église sur le prélude
musical en font un moment de recueillement et de révélation (voir
L'Étoile, janvier 1992, p. 25 ; janvier 1995, p. 73 ; Le Liahona, août
2004, p. 13 ; mai 2007, p. 13 ; mai 2009, p. 13 ; septembre 2009,
Nouvelles de l'Église, p. 13 ; décembre 2009, p. 28-29 ; etc.)
Boyd K. Packer, des Douze, a déclaré : « L'organiste qui a la
sensibilité nécessaire pour jouer calmement un prélude musical tiré du
recueil de cantiques nous apaise et nous aide à méditer les paroles qui
enseignent les choses paisibles du Royaume. Si nous sommes disposés à
écouter, elles nous enseignent l'Évangile. » (L'Étoile, janvier 1992, p.
25)
Quelques années plus tard, il a ajouté : « Un prélude musical, joué
avec recueillement, nourrit l'esprit. Il favorise l'inspiration. C'est
un moment où, comme l'a dit le poète, 'on se tourne vers soi, et l'on
demande à son cœur ce qu'il sait' (William Shakespeare, Mesure pour
mesure, acte 2, scène 2, vers 136-137). N'empêchez pas les autres
d'écouter le prélude musical, car le recueillement est indispensable à
la révélation. Dieu a dit : Arrêtez, et sachez que je suis Dieu
(Psaumes 46:11). » (L'Étoile, janvier 1995, p. 73)
De même, M. Russell Ballard, des Douze, a écrit :
« Dans nos salles de culte, le bruit et la confusion qui précèdent les
réunions de Sainte-Cène indiquent que nous ne comprenons pas bien ce
qu’est la révérence... Comme ce serait merveilleux si, en entrant dans
la salle de culte, nous pouvions, pour nous préparer à la réunion de
Sainte-Cène, méditer paisiblement pendant quelques minutes sur nos
bénédictions que sont la paix, le pardon, l’amour, la miséricorde, la
compréhension et le plus grand de tous les dons : La vie éternelle
rendue possible grâce à la vie et au sacrifice de Jésus-Christ. Vous
n’avez pas idée des découvertes que nous pouvons faire, des leçons que
nous pouvons apprendre, si nous prenons cinq ou dix minutes avant
chaque réunion de Sainte-Cène pour écouter le prélude musical joué
doucement et pour méditer sur notre vie et sur celui que nous sommes
venus adorer. » (La force dans le conseil : Comment délibérer en
conseil pour le bien de l'Église et de la famille, 1997, chapitre 9)
Russell M. Nelson a déclaré à propos du prélude à la réunion de
Sainte-Cène : « Pendant ce moment de quiétude, le prélude musical ne
doit pas être joué trop fort. Ce moment n’est pas fait pour les
conversations ou la transmission de messages, mais pour la prière et la
méditation ; c’est un moment où dirigeants et membres se préparent
spirituellement pour la Sainte-Cène. » (Le Liahona, août 2004, p. 13)
Bien sûr, ces enseignements sur le prélude musical transparaissent
également dans les instructions de l'Église (voir Manuel général
d'instructions, 29.2.1.3).
Puisque frère Packer nous demande de ne pas empêcher les autres
d'écouter le prélude musical
et que frère Nelson ajoute que ce moment n'est pas fait pour les
conversations, il va sans dire que les salutations doivent avoir lieu
avant le début du prélude musical, ou bien avant d'entrer dans la salle
de culte, ou encore après la réunion de Sainte-Cène. Si un échange de
propos doit impérativement avoir lieu pendant le prélude musical, il se
fait en chuchotant, ou par un simple signe.
Pour favoriser l'écoute du prélude musical, on peut adjoindre à
l'orgue des instruments parmi ceux habituellement utilisés à la réunion de Sainte-Cène (comme ceux du quatuor à cordes, éventuellement équipés d'une sourdine). Autant une
prestation musicale de ce genre ne convient pas en postlude, comme nous le verrons plus loin, autant
elle a des vertus en prélude : elle suscite non seulement la
révérence, mais aussi la ponctualité, car plus la musique est interprétée
avec sensibilité (voir Boyd K. Packer cité plus haut), plus elle est belle et plus les membres de
l'assemblée arrivent tôt pour en bénéficier. Cette tradition est salutaire quand les
membres de l'assemblée qui savent qu'ils seront édifiés par le prélude s'organisent pour ne pas le
manquer. C'est ainsi que la musique a le pouvoir de pousser à la
ponctualité en plus de susciter la révérence et la révélation.
À partir de juin 2024, des cantiques ont été ajoutés à ceux du recueil, avec l'invitation
(2e vidéo) de les faire entendre pendant le prélude de la
réunion de Sainte-Cène afin que les membres de l'assemblée se
familiarisent avec les nouvelles mélodies. Cette invitation est une
occasion idéale pour créer une tradition de prélude musical et pour encourager la
ponctualité du plus grand nombre.
D. Les annonces
Les instructions de l'Église spécifient que les annonces doivent être
limitées au minimum et que la plupart des annonces peuvent être
envoyées électroniquement ou faites lors d’autres réunions (voir Manuel général d'instructions, 29.2.1.4).
Un rappel ne dure que 3 à 4 secondes. Par exemple : le conseil de
paroisse aura lieu tel jour à telle heure (moins de 4 secondes) ; le
chœur répétera à telle heure après les réunions (idem) ; nous
rappelons l'arbre de Noël samedi à 16h (idem) ; etc. Ces rappels sont
toujours des rappels pour certains, mais de nouvelles informations pour
d'autres, d'où leur utilité. Se priver d'annonces essentielles mais
brèves n'est pas l'objectif des instructions. Il est demandé
qu'elles soient « limitées au minimum », pas qu'elles soient totalement éradiquées.
D'autre
part, il arrive
fréquemment que lorsqu'aucune annonce n'est prévue, le membre de
l'épiscopat qui dirige la réunion spécifie qu'il n'y aura pas d'annonce,
ce qui est parfaitement inutile. L'absence d'annonce parle d'elle-même.
« Nous n'avons pas d'annonce à faire aujourd'hui » est déjà une annonce en soi.
S'il n'y a pas d'annonce à faire, profitons-en pour ne pas transformer
cette nouvelle en annonce. Nous gagnerons ainsi le temps d'une annonce.
E. L'annonce des prières
« Untel offrira la prière » est un anglicisme. En français, on offre un sacrifice, mais on fait une prière. Pour
s'exprimer
correctement, on dit : « Untel fera la prière ». L'expression « faire la prière » est le terme correct qui est
utilisé lors de la conférence générale, lors de la dotation du temple,
ainsi que dans les saintes Écritures (voir
1 Rois 8:29 ; 2 Rois 20:2 ; 2 Chroniques 6:40 ; 7:15 ; Esdras 10:1 ;
Marc 11:25). «
Untel va nous offrir la
prière » comporte un double problème, car
ce n'est pas à « nous » que la prière est faite, mais à notre Père
céleste. Notre commentaire de l'anglicisme que constitue l'expression «
offrir la prière » sera plus complet au chapitre 15.
F. Les
prières collectives
Une instruction parfois ignorée
est celle selon laquelle dans les réunions de l'Église les prières
doivent être brèves (voir
Manuel
général d'instructions, 29.6). À ce propos, Russell M. Nelson a ajouté : « Une prière de clôture lors
d’une réunion de l’Église n’a pas besoin de résumer chaque message et
ne doit pas devenir un discours non prévu. Les prières en privé peuvent
être aussi longues que nous le voulons, mais les prières publiques
doivent être de brèves supplications pour demander que l’Esprit du
Seigneur soit avec nous, ou de brèves déclarations de gratitude pour ce
qui s’est passé. » (Le
Liahona,
mai 2009, p. 48)
À l'appui de cette consigne, nous pourrions citer l'Ecclésiaste qui
dit,
à propos de la prière : « Que tes paroles soient donc peu nombreuses…
Car… la voix de l'insensé se fait entendre dans la multitude des
paroles… Car, s'il y a des vanités… il y en a aussi dans beaucoup de
paroles » (Ecclésiaste 5:1-2, 6). Outre la multiplication des paroles
dénoncées par le Sauveur (voir Matthieu 6:7), une prière interminable a
l'inconvénient de détourner l'attention de l'assemblée du message et de
l'esprit des orateurs. Elle a aussi l'inconvénient de retenir en «
otage » les membres de l'assemblée au moment où ils s'apprêtent à
reprendre leur « souffle » après avoir été « accablés par l'Esprit » (1
Néphi 1:6-7) qui s'est manifesté pendant la réunion. Une prière ne doit pas supplanter les messages reçus mais les prolonger avec simplicité.
Le porte parole de la prière ne doit pas détourner l'attention sur lui
par la longueur de sa prière et s'imposer ainsi comme l'acteur
principal de la réunion, mais laisser cet honneur aux orateurs qui ont
su apporter l'Esprit à la réunion. Et s'ils n'ont pas su le faire, ce
n'est pas une prière longue qui le fera. Une prière brève suffira. Dans
tous les cas, une prière brève suffit et est préférable à une prière interminable.
Le
programme des réunions publiques de l'Église prévoit que les prières
(ouverture, Sainte-Cène, clôture) soient précédées d'un cantique (voir
Manuel
général d'instructions, 29.2.1.1 ;
Guide
de la branche,
2001, p. 16). Le cantique nous prépare à ce qui suit et le met en valeur. Ainsi le
cantique et la prière forment un tout de sorte qu'il n'est pas prévu
d'interruption entre ces deux éléments, que ce soit par une
intervention au pupitre ou par un long silence pendant le déplacement
du porte-parole de la prière. C'est pourquoi il est d'usage que ce
dernier, s'il n'assiste pas à la réunion assis sur l'estrade,
se rende sur l'estrade pendant la phase finale du
cantique ou, mieux, aille s'asseoir sur l'estrade pour y chanter le
cantique afin d'éviter de faire ce déplacement juste avant la prière.
Généralement, ceux qui sont désignés pour faire la prière n'appliquent
ces consignes de ponctualité et de brièveté que s'ils en ont été
informés.
Rappelons que les prières ne se font pas à la première personne du
singulier, ni en vouvoyant le Père, comme le font parfois de récents
convertis. Le porte-parole de la prière s'exprime pour l'ensemble des
membres de l'assemblée, c'est pourquoi il utilise la première personne
du pluriel. Et, comme c'est l'usage dans nos Écritures, on utilise le
tutoiement pour s'adresser au Père.
Toujours dans le respect du caractère sacré de la prière et de sa mise
en valeur par le cantique, la prière n'est pas annoncée après que le
cantique ait été chanté, mais le cantique et la prière sont annoncés
ensemble. Si, lorsque le cantique de Sainte-Cène a été chanté, les
frères qui officient à la table de Sainte-Cène n'ont pas terminé de
rompre le pain, l'organiste prolonge la musique jusqu'au moment de la
prière. S'il n'y a pas d'accompagnement musical du cantique, les frères
qui officient à la table de Sainte-Cène prévoient de commencer à rompre
le pain suffisamment tôt pendant le cantique. Dans le cas d'un cantique
court, et même dans tous les cas, il est prudent que les frères
commencent à rompre le pain dès le début du cantique.
Toujours pour la même raison, si avant la prière de clôture les membres
d'un chœur se déplacent pour chanter le cantique de clôture, ce chœur
ne se disperse pas avant la prière de clôture, mais après. De même, si
une annonce a été oubliée, elle se fait après la prière plutôt qu'entre
le cantique et la prière, que ce soit en ouverture ou en clôture d'une
réunion. Et dans les cas où l'on a omis de solliciter quelqu'un pour
faire la prière ou que la personne choisie pour la faire oublie qu'elle
a été sollicitée, plutôt que de venir au pupitre pour solliciter
quelqu'un ou rappeler à l'ordre la personne choisie, l'officier qui
dirige la réunion sollicite discrètement quelqu'un assis sur l'estrade
ou fait la prière lui-même. Cela permet de ne pas interrompre la
continuité de l'ensemble que constituent le cantique et la prière, l'un
préparant à l'autre.
Notons une tendance des jeunes à
prononcer la formule finale de la prière en accélérant leur débit
jusqu'à rendre à peine compréhensibles les mots « au nom de
Jésus-Christ. Amen. », comme par satisfaction d'avoir terminé la prière. Puisqu'à ce
moment-là on prononce le nom du Fils de Dieu en s'adressant, au nom de
l'assemblée, à Dieu le Père, on serait en droit d'entendre cette
terminaison prononcée aussi respectueusement et distinctement que le
reste de la prière.
Enfin, les prières se terminant « au nom de Jésus-Christ », on
prononce le nom du Sauveur à la française et non à l'anglaise : en
laissant muettes les deux dernières consonnes de « Christ ». Si « le
Christ » se dit en les laissant entendre, « Jésus-Christ » se dit, en
français, en les laissant muettes. Notre commentaire sur l'anglicisme
qui consiste à prononcer les consonnes finales de « Jésus-Christ » sera
plus complet au chapitre 15.
Le langage utilisé dans la prière sera développé aussi au chapitre 15.
G. Usages liés à l'ordonnance de la Sainte-Cène
a.
Officier en chemise blanche
b.
La prière de Sainte-Cène
c.
La station des diacres pendant la prière
d.
Prendre la Sainte-Cène de la main droite
a. Officier en
chemise blanche
En 1995, Jeffrey R. Holland a lancé l'exhortation suivante :
« Je recommande que partout où c’est possible
les diacres, les instructeurs et les prêtres chargés de la Sainte-Cène
portent une chemise blanche. Pour les ordonnances sacrées de l’Église
nous portons souvent des vêtements cérémoniels et la chemise blanche
pourrait être le rappel discret des vêtements blancs que vous avez
portés dans les fonts baptismaux et une préfiguration de la chemise
blanche que vous porterez bientôt pour aller au temple et pendant votre
mission.
« Cette simple suggestion n’est pas destinée à mettre uniquement
l’accent sur l’apparence extérieure ni à être une règle stricte. Nous
ne voulons pas de diacres ni de prêtres en uniforme ou qui se
préoccupent indûment d’autre chose que de la pureté de leur vie. Mais
la manière de s’habiller de nos jeunes peut nous enseigner à tous un
principe sacré et peut, j’en suis sûr, établir une atmosphère de
sainteté. Comme l’a enseigné un jour David O. McKay, « Une chemise
blanche contribue au caractère sacré de la Sainte-Cène » (David O.
McKay, Conference Report, octobre 1956, p. 89). (L'Étoile, janvier 1996, p. 76-77)
À ce propos, le Manuel général
d'instructions mentionne, au paragraphe 18.9.3 : « Ceux qui
administrent la Sainte-Cène doivent être bien soignés et propres. Ils
ne devraient pas porter de vêtements ou de bijoux qui pourraient nuire
au culte et aux alliances qui sont le but de la Sainte-Cène. Si
l'évêque a besoin de conseiller un détenteur de la prêtrise sur de
telles questions, il le fait avec amour. Il prend également en compte
la maturité de la personne dans l’Église. »
Si ces instructions ne
citent pas le port d'une chemise blanche, elles ne l'excluent pas. Par
conséquent, la suggestion exprimée en 1995 par frère Holland reste tout
autant valable en tant que suggestion et peut tout autant inspirer les
jeunes aujourd'hui qu'à l'époque où elle a été exprimée.
b.
La prière de Sainte-Cène
La prière de Sainte-Cène est une prière fixe.
Cette prière étant récitée ou lue, elle peut facilement être détournée
pour en faire un exercice de diction lorsque le détenteur de la
prêtrise qui la prononce joue sur le débit, le volume sonore et
l'emphase donnée à certains mots. L'expérience a cependant démontré que
la meilleure diction est moins inspirée par le texte de la prière que
par la pensée de la personne à laquelle elle est adressée.
Le
porte-parole qui a
prioritairement à l'esprit la personne à laquelle il s'adresse aura
spontanément une diction qui sonnera juste à la fois aux oreilles de
notre Père céleste et à celles des membres de l'assemblée. Si
le ton pour s'adresser à Dieu est empreint de dignité, de sincérité, de
modestie et de ferveur, comme un homme conscient de s'adresser au
premier membre de
la Divinité, sa diction sonnera juste aux oreilles des autres. La
prière n'est pas un exercice de diction, mais un exercice de foi.
Bien
sûr, la prière doit être prononcée de façon audible et
intelligible, mais la
meilleure garantie d'un ton juste est de fixer
son esprit sur la personne à
qui on s'adresse. On apprend ainsi, avant toute autre préoccupation, à
« regarder vers Dieu » (Alma 37:47), le destinataire de la prière. Il
s'agit
davantage d'être conscient de s'adresser au Père que
d'être préoccupé
d'interpréter la prière, comme le ferait un acteur, pour en faire un
texte pédagogique adressé aux auditeurs. On conserve ainsi à la prière
sa
dimension supérieure de prière et le ton utilisé pour la faire est le
ton juste.
À propos de la prière de Sainte-Cène,
le Manuel général d'instructions de
l'Église donne les consignes suivantes : « L’évêque veille à ce que les
prières de Sainte-Cène soient énoncées de manière claire, précise et
digne. Si quelqu’un commet une erreur dans la formulation, mais se
reprend, aucune autre correction n’est nécessaire. S’il ne corrige pas
son erreur, l’évêque lui demande discrètement et gentiment de répéter
la prière. Il veille à ce que cette demande ne soit pas trop
embarrassante ou ne détourne pas l’attention de l’ordonnance. Si
besoin, un autre frère présent à la table de Sainte-Cène aide. » (Manuel général d'instructions,
18.9.4)
Précisons que lorsque le porte-parole
de la prière fait des fautes de prononciation parce qu'il ne maîtrise
pas bien la langue française,
il n'est pas nécessaire de lui faire répéter la prière dès lors que
tous les mots ont été lus. Il est en effet trop tard pour donner un
cours de prononciation à ce frère. La vérification de la prononciation
des frères qui ne maîtrisent pas le français doit se faire en amont.
À propos de prononciation, rappelons qu'en français le nom du Sauveur, «
Jésus-Christ », se dit en laissant muettes les deux dernières lettres de « Christ », la
dernière à être prononcée étant la voyelle i. Prononcer le « st » final, quand on dit « Jésus-Christ », est un anglicisme.
Remarquons aussi que les deux premiers mots de la prière de Sainte-Cène
donnent à entendre « Odieux Père éternel » si l'on ne marque un bref
arrêt entre Ô et Dieu. Traiter volontairement notre Père céleste
d'odieux serait pire qu'une offense. L'association des deux syllabes «
Ô Dieu » est aussi entendue dans le temple. Puisque dans certaines
langues de la dotation la césure est faite, il est dommage que ce ne
soit pas le cas dans la seule langue où l'absence de césure crée un
problème de sonorité.
c. La
station des diacres pendant la prière
La question se pose de savoir si,
pendant les prières de Sainte-Cène, les diacres doivent être assis au
premier rang ou debout devant la table de Sainte-Cène. Sur cette
question, l'Église n'a pas pris position, préférant, dans ses modèles
vidéos, représenter les deux usages (voir, par exemple, les situations
présentées dans
cette vidéo). Il
revient aux dirigeants locaux et parfois aux circonstances de décider
quelle pratique adopter. Chacune des deux solutions a son avantage et
son inconvénient :
Lorsque
les diacres sont debout devant la table de Sainte-Cène, ils forment un
écran humain qui empêche l'assemblée de voir les emblèmes de la
Sainte-Cène et le prêtre qui les bénit, comme s'ils devaient être cachés. Les membres de l'assemblée ne
peuvent qu'entendre le prêtre. Certes, il n'y a pas de raison pour
qu'ils soient observateurs pendant la prière, mais il n'y a pas non
plus de raison pour que le prêtre et les emblèmes de la Sainte-Cène
soient cachés pendant la bénédiction. D'un autre côté, lorsque les diacres restent assis pendant les prières,
ils multiplient les stations : ils se lèvent pour distribuer le pain,
se rassoient pour la bénédiction de l'eau, se relèvent pour la
distribuer et finalement se rassoient ou se séparent pour rejoindre leur famille.
Une solution intermédiaire
consiste à ce que lorsque les diacres se lèvent pour distribuer le
pain, ils restent debout jusqu'au moment de distribuer de l'eau, mais
cet emblème est alors caché quand les prêtres le découvrent et le
bénissent. En procédant comme cela, la deuxième partie de l'ordonnance
est cachée à la vue de l'assemblée alors que la première est visible.
Cette solution laisse visible le retrait de la nappe recouvrant le pain
mais rend invisible le retrait de la nappe recouvrant l'eau. Notons que la nappe représente le linceul du Christ (voir
Le Liahona, avril 2020, version numérique) et peut rappeler le drap recouvrant l'autel de la tente d'assignation (voir Nombres 4:6-13).
En laissant de côté la
solution intermédiaire pour ne retenir que les
deux premières, l'avantage de l'une est de laisser en permanence
visibles les emblèmes de la Sainte-Cène, les retraits de la nappe qui
les recouvre et les prêtres qui les bénissent. L'avantage de l'autre est de réduire les mouvements des diacres.
Le programme de la réunion de
Sainte-Cène étant conçu sans interruption entre le cantique (ouverture,
Sainte-Cène, clôture) et la prière qui suit le cantique, nous pourrions
concevoir qu'il en soit de même entre le cantique de Sainte-Cène et la
prière de Sainte-Cène, c'est-à-dire sans interruption par une mise en scène entre ces deux
éléments.
Le cantique de Sainte-Cène doit s'enchaîner avec la prière de
Sainte-Cène, raison pour laquelle les prêtres rompent le pain pendant
le cantique. La levée des diacres entre le cantique et la prière
interrompt cet enchaînement. Dans ce sens, le déplacement des diacres
est préférable après la prière. En procédant de la sorte, les diacres
se lèvent au moment d'agir, ce qui est cohérent. Reste ensuite le choix
entre les maintenir en station debout ou les faire asseoir pendant la
bénédiction de l'eau, l'une et l'autre solution ayant son avantage et
son inconvénient, comme nous l'avons vu.
d. Prendre la Sainte-Cène de la
main droite
Il
y a quelques années, le manuel d'instructions de l'Église a été
refondu, et depuis cette date il est diffusé sur le site de l'Église.
Cette refonte était la première depuis que Russell M. Nelson est devenu
président de l'Église. Dans ce manuel a été insérée une courte phrase
qui n'avait jamais paru auparavant. Cette courte phrase fait partie des
instructions aux membres quand ils prennent la Sainte. La voici : «
Lorsque c’est possible, les membres se servent avec la main droite. » (Manuel général d'instructions, 18.9.4.7).
L'instruction paraît simple. Elle suscite cependant une question : Dans
quelles conditions ne serait-il pas possible de prendre la
Sainte-Cène avec la main droite ? Or la réponse a été donnée il y a 40
ans par quelqu'un qui deviendrait membre du Collège des Douze en 1984
et président de l'Église en 2018 : Russell M. Nelson.
Dans un article publié dans le magazine de l'Église de juillet 1983,
Frère Nelson écrivait : « La main qui sert à prendre la Sainte-Cène
devra logiquement être la même que celle qui sert à faire tout autre
serment sacré. Pour la majorité d’entre nous, ce sera la main droite.
Cependant, les alliances liées à la Sainte-Cène, ainsi que les autres
alliances éternelles, peuvent se faire et se font par ceux qui ont
perdu l’usage de la main droite ou qui n’ont pas de main du tout. »
Frère Nelson s'empressait ensuite de préciser que comprendre le caractère
sacré de la Sainte-Cène est plus important que la main avec laquelle on
la prend. Ceci étant dit, il ajoutait : « J'ai une main droite et je m’en
sers pour prendre la Sainte-Cène, comme serment de toujours me rappeler
le sacrifice expiatoire du Sauveur, de toujours prendre son nom sur
moi, de toujours me souvenir de lui et de toujours garder les
commandements de Dieu. Tel est l'honneur sacré qui se présente à tous
les saints fidèles chaque jour de sabbat. »
À la lumière de cet article, nous comprenons à quoi fait référence le
complément « Lorsque c’est possible » de l'instruction actuelle : C'est
possible pour tous ceux qui ont une main droite en état de
fonctionnement.
Au
moment de l'article de frère Nelson paru en 1983 dans le magazine de
l'Église, il n'était pas encore Autorité générale de l'Église
mais avait cependant été représentant régional des Douze et, de 1971 à 1979,
président général de l'École du dimanche. À l'époque ce ces
responsabilités, la Sainte-Cène était administrée deux fois le dimanche
: le matin dans le cadre de l'École du dimanche, et l'après-midi dans
le cadre de la réunion de Sainte-Cène.
Il est intéressant de remarquer que ce qu'un serviteur du Seigneur
écrivait il y a 40 ans, lui tenait encore à cœur près de quatre
décennies plus tard, au point de le faire inclure dans le Manuel
d'instructions de l'Église, manuel devenu accessible par le monde
entier.
Ce faisant, frère Nelson faisait écho à un autre serviteur du Seigneur,
Joseph Fielding Smith qui affirmait :
« Nous prenons la Sainte-Cène de la main droite » (Doctrine du salut, tome 3, 1956, chapitre 6). Le
prophète actuel n'était donc pas le premier futur président de l'Église à désigner la main droite
comme servant à prendre part à l'ordonnance de la Sainte-Cène.
Ceci étant dit, rappelons, comme frère Nelson, qu'être digne de
prendre la Sainte-Cène est plus important que la main avec laquelle on
la prend. Mais ajoutons que la conjonction des deux est une marque
d'engagement encore plus complète. Si l'engagement est le même, la
marque de l'engagement est plus complète.
Comme l'a expliqué Joseph Fielding Smith : « Il a été de coutume, dès
les tout premiers temps, manifestement sur ordre divin, d'associer la
main droite aux prestations de serment et quand il faut être témoin
d'obligations ou les reconnaître. On a utilisé la main droite de
préférence à la main gauche pour officier dans les ordonnances sacrées
où l'on n'utilise qu'une seule main. » (op. cit)
À quoi Russell Nelson a ajouté : « La main droite suggère une préférence ou une faveur symbolique. » (op. cit.)
Aux parents à qui revient d'apprendre à leurs enfants comment
prendre part à la Sainte-Cène, frère Nelson conseillait il y a 40 ans
de le faire au foyer
plutôt que pendant la réunion de Sainte-Cène. Il ajoutait : « S’il
devient nécessaire de faire un rappel lors d’une réunion, on peut alors
le faire calmement, avec patience et amour. »
Il rappelait aussi pourquoi on donne la Sainte-Cène aux enfants non
baptisés de l'Église : « pour les éduquer, les préparer et les former,
en préfiguration de l’alliance qu’ils feront quand ils arriveront à
l’âge de raison. »
Si jusqu'ici nous prenions la Sainte-Cène de la main gauche, soyons
rassuré : cela n'a pas rendu l'ordonnance invalide. Se servir avec la
main droite est l'une des marques de notre engagement envers le
Seigneur, la marque principale étant de prendre la Sainte-Cène.
H. Les
discours
La
plupart des nouveaux membres de l'Église n'ont jamais pris la parole en
public et acceptent volontiers quelques conseils pour prononcer leurs
premiers discours à l'église. Nous pouvons leur donner utilement des
indications comme celles qui suivent. Précisons que ces indications
décrivent un idéal atteint avec l'expérience des années, pas
un idéal que l'orateur doit avoir atteint avant même de prononcer son premier
discours. Par conséquent, les points mentionnés ici ne sont pas à prendre
comme des conditions, mais comme un guide. Il appartient ensuite à
chaque orateur de trouver son propre style qui, amplifié par le pouvoir du
Saint-Esprit, diffère d'autant d'une personne à l'autre.
Signalons qu'une partie des idées développées ci-dessous est tirée du magazine de l'Église d'avril 1997 (voir aussi les numéros de mars 1980 et de novembre 1990.
Après les étapes de préparation du discours, comme rassembler les éléments, les
organiser, les synthétiser et les mémoriser, venons-en directement à la
prise de parole en énumérant quelques lignes directrices :
■ Dans
les grandes paroisses, l'orateur assiste à la réunion assis sur
l'estrade. Mais s'il n'a pas été invité à s'assoir sur l'estrade et
assiste à la réunion dans l'assemblée, l'orateur anticipe son
déplacement jusqu'à l'estrade pour éviter une attente inutile. L'exemple
est donné en conférence générale où les personnes chargées de faire une
prière ou un discours se postent à quelques mètres du pupitre peu avant
leur tour d'intervenir, particulièrement lorsque leur siège ne se situe
pas à proximité du pupitre.
■ Une
fois le micro réglé, on ne se courbe pas au-dessus et on n'y colle pas
ses lèvres, mais on se tient droit et on parle suffisamment fort, comme
en faisant abstraction du micro. On n'adapte pas sa voix aux personnes
qui entendent le mieux, mais à celles qui entendent le moins bien.
■ On
parle lentement et distinctement pour être compris de tout le monde. On
n'adapte pas son débit aux esprits les plus vifs, mais aux personnes
qui ne maîtrisent pas totalement la langue dans laquelle on s'exprime.
■ Lire son discours sans quitter des yeux le texte posé sur
le pupitre est le meilleur moyen de perdre l'attention de l'assemblée.
Il est préférable de limiter ses notes aux idées principales et aux
citations et de s'exprimer de façon libre et directe. Si néanmoins l'orateur doit lire, les conseils publiés dans L'Étoile d'août 1965 lui seront utiles. La parole libre et la lecture
n'ont pas les mêmes vertus. La parole libre, même si elle est préparée,
capte naturellement l'attention. La lecture, pour maintenir
l'attention, exige d'adopter le bon rythme et d'avoir une expression
naturelle et vivante. Mieux vaut une parole libre ponctuée d'arrêts dus
à la réflexion qu'une lecture monocorde ou hâtive, ou ponctuée
d'accidents de diction.
■ On
regarde le plus possible l’assemblée. Pour vaincre la peur du débutant,
on peut choisir une personne de l'assemblée et la regarder comme si on
s'adressait à elle. Une fois l'appréhension passée, il est préférable de porter son regard sur différentes parties de l'assemblée.
■ On ne s'excuse pas par avance de la piètre qualité de son discours.
■ On
ne parle pas de la genèse de son discours : comment on a été sollicité
pour le faire, ce qu'on a ressenti à cette occasion, comment on s'est
préparé, ce que cette expérience nous a appris, etc., mais on aborde
directement le sujet à traiter et on enseigne directement ce qu'on a
appris. L'historique de la préparation peut être consigné dans un
journal intime ou pourra être partagé avec les siens.
■ Quand
le sujet du discours est imposé, il n'est pas indispensable de
commencer en l'énonçant, comme s'il s'agissait d'un devoir de classe.
Il est plus pertinent de commencer par une histoire ou une question.
Bien sûr, rien n'empêche d'énoncer le thème, mais on peut préférer
laisser les membres de l'assemblée le découvrir par eux-mêmes.
■ Quand
on cite un texte dont on n'est pas l'auteur, on donne le nom de
l'auteur. De plus, on ne lit pas un discours tiré du magazine de
l'Église comme si on en était l'auteur. Non seulement ce n'est pas
honnête, mais l'assemblée se rend vite compte que l'on use d'un langage
qui n'est pas le sien et on perd en crédibilité.
■ Un
discours est plus vivant lorsqu'il est le fruit de l'expérience, de la
réflexion et de la méditation de l'orateur que lorsque qu'il est
constitué uniquement de citations. Brigham Young disait : « Je
désire voir les anciens se lever ici, manifester leur esprit et dire ce
qu'ils pensent lorsqu'ils sont seuls dans leurs méditations » (Journal
of Discourses, volume 3, p. 237 ; voir aussi Discours de Brigham Young,
comp. John A. Widtsoe, 1925, chapitre 29).
Russell M. Ballard,
des Douze, se souviendra longtemps de la conférence générale d'avril
2001 où son discours consista à citer des propos du président Hinckley, notamment ceux prononcés la
veille. L'orateur suivant était justement le président Hinckley. Après
avoir remercié le chœur, il dit : « Merci, frère Ballard, d’avoir
redonné mon discours », ce qui provoqua l'hilarité générale (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/2001/04/the-miracle-of-faith?lang=eng)
■ Si on devient nerveux, on marque un temps d’arrêt, on respire profondément, on reprend ses notes et on continue.
■ On reste concentré. On ne laisse pas un détail détourner son attention.
■ L'orateur
qui se place sous l'influence de l'Esprit peut être amené à modifier le
message qu'il a préparé jusqu'à même s'en écarter, pour l'édification
des auditeurs. Il peut aussi être amené à l'adresser à une personne de
l'assemblée, comme l'a fait Thomas S. Monson dans le Tabernacle de Salt
Lake City lors de la conférence générale d'octobre 1975. Il désigna une
fillette sur le balcon à sa gauche et commença son discours en
s'adressant à elle (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/1975/10/the-faith-of-a-child?lang=eng).
Plus
de trente ans plus tard, lors de la conférence d'avril 2007, il raconta
les circonstances et les conséquences de cette expérience de 1975 (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/2007/04/tabernacle-memories?lang=fra).
Bien sûr, on n'interpelle pas un membre de l'assemblée à chaque fois
qu'on prononce un discours. Frère Monson ne l'a fait qu'une fois en 55
ans d'apostolat, et sous l'influence de l'Esprit.
■ Lorsque
le programme de la réunion prévoit comme orateur une autorité en visite
(un membre de la présidence de Mission, ou de pieu ou du grand conseil,
voire une autorité interrégionale ou générale), l'usage veut que cet
orateur prenne la parole en dernier. Si alors on est l'avant-dernier
orateur, on adapte la durée de son discours pour laisser suffisamment de temps au dernier orateur. C'est ce que fit Howard W. Hunter, alors membre des Douze, lors de la conférence générale d'avril 1972, afin de permettre à frère Hugh B. Brown, de la Première Présidence, de parler.
Frère Brown n’avait pas été prévu au programme pour cause de mauvaise santé. Frère
Hunter rangea le texte de son discours dans la poche intérieure de son
veston et raconta une histoire brève mais marquante qui valait
n'importe quel discours élaboré (voir https://www.churchofjesuschrist.org/study/general-conference/1972/04/a-teacher?lang=eng). Bien que son message (voir L'Étoile, février 1973, p. 63) dura moins de trois minutes, il marqua suffisamment les esprits pour qu'on s'en souvienne des décennies plus tard. Cependant, la plus grande leçon donnée ce jour-là fut celle de la déférence à l'égard de l'autorité.
À l'inverse, lors du passage de LeGrand Richards, des Douze, dans une paroisse des États-Unis, les
orateurs à la réunion de Sainte-Cène prirent bien soin de prononcer
l'intégralité de leur discours, et même d'en rajouter, si bien qu'il ne
resta plus que cinq minutes à l'apôtre. Que fit celui-ci ? Il ne parla
que cinq minutes, à la déception de l'assemblée. À qui la faute ?
Certainement pas à l'apôtre qui ne fit que respecter les horaires de la
réunion.
■ On
termine par « Je prie pour… », « C'est ma prière », ou « Je témoigne
de… », « C'est mon témoignage » suivi de « au nom de Jésus-Christ. Amen
», de sorte que le nom du Sauveur soit associé à notre prière ou à
notre témoignage plutôt qu'à notre discours. Tel est l'exemple donné
par les orateurs en conférence générale.
■ On
n'accélère pas son débit au moment de dire « au nom de Jésus-Christ.
Amen », comme par satisfaction d'avoir terminé, mais on prononce cette
formule de façon distincte, par égard et respect pour le nom du Sauveur.
■ À
propos du nom du Sauveur, rappelons qu'en français « Le Christ » se dit
en prononçant les deux dernières lettres (st) alors que « Jésus-Christ
» se dit en laissant muettes les deux dernières lettres, la dernière à
être prononcée étant la voyelle i. Prononcer le « st » final, quand on dit « Jésus-Christ », est un anglicisme. Même si depuis des décennies nous entendons cet
anglicisme dans la bouche de nos missionnaires d'outre Atlantique (nous
le leur pardonnons), il nous revient de prononcer correctement le nom
du Fils de Dieu dans notre langue.
Rappelons que les points développés
ci-dessus ne sont pas des obligations mais des repères pour être un bon
orateur. La meilleure garantie de faire un bon discours est de parler
par l'Esprit. Cela permet d'avoir la clarté si affectionnée par Néphi
(voir 2 Néphi 25:4, 7 ; 31:2-3 ; 33:6) et d'avoir une parole qui
atteint l'esprit et le cœur des membres de l'assemblée. De
plus, l'Esprit magnifie notre personnalité, donnant à chaque orateur un
style unique. Pour parler par l'Esprit on doit d'abord être digne de la
compagnie du Saint-Esprit, même si ce n'est qu'une « portion » de
l'Esprit (Alma 40:13). On doit aussi amasser continuellement dans notre
esprit les paroles de vie (voir D&A 84:85 ; Moroni 6:4). Enfin,
l'adoption des conseils donnés ici contribue à créer les
conditions de l'intervention de l'Esprit.
Ces conseils sont le fruit de l'expérience commune. Fort de l'expérience des autres, chacun entame son propre apprentissage. Notre
apprentissage commence alors au point où en sont arrivés les autres
avant nous. Ce principe est illustré par les propos de Gordon B.
Hinckley sur les études en vue d'un métier. Il a dit : « Profitez
de l’expérience et de la science de ceux qui sont entrés avant vous
dans le domaine de votre choix. L’éducation est le raccourci de la
compétence. Elle permet de retirer une leçon des erreurs du passé. Peu
importe la profession de votre choix, vous pourrez y arriver plus vite
par l’éducation. » (L'Étoile, avril 1982, p. 76)
Dans l'apprentissage de la prise de parole au pupitre, tenir compte de l'expérience commune et suivre les conseils peut dans un premier temps être
ressenti comme un rétrécissement de notre champ d'action, mais en le
faisant nous évitons les erreurs du passé pour laisser place à l'Esprit
qui, à son tour, magnifie notre capacité. Ce faisant, il élargit notre
liberté et la portée de notre parole.
I. Le rôle des
interprètes
L'interprète
est un intermédiaire privilégié entre l'orateur et l'assemblée. À ce
titre, il est responsable de la compréhension du message de l'auteur
par l'auditeur.
Les instructions de l'Église à destination des interprètes
mentionnent : « En contrôlant votre voix, vous devez refléter le style
de l'orateur, en reflétant les émotions et les sentiments que l'orateur
utilise ». Cependant, l'expérience a démontré qu'en voulant bien faire,
l'interprète peut aller « au-delà de la marque » (Jacob 4:14) en
imitant à l'excès le ton de l'orateur
ou même en se substituant à lui pour mettre gratuitement de l'emphase
et de
l'émotion dans sa voix, au point de gêner la compréhension de
l'auditeur, ce qui n'est pas conforme aux mêmes instructions adressées
aux interprètes, qui mentionnent : « Parlez clairement ».
Les propos de l'orateur sont suffisamment puissants,
notamment en conférence générale, pour que le lecteur, même longtemps
après, soit touché par le message écrit, ce qui montre l'inutilité
d'imiter vocalement l'orateur. Cette imitation ou émotion inutile fait
écran à la compréhension de l'auditeur et peut même polluer le message
de l'auteur, voire le trahir. Si au cinéma un acteur fait de la
doublure, ce n'est pas le rôle de la personne qui prête sa voix pour
lire la traduction d'un discours.
Le bon interprète ne dirige pas son
esprit vers la personne de l'orateur mais vers son message, pour la
compréhension des auditeurs.
Cela demande du recul par rapport aux propos tenus par l'orateur.
L'interprète doit savoir se situer dans une zone neutre entre l'orateur
et l'auditeur. Bien sûr, il ne s'agit pas de parler avec la voix
virtuelle d'un logiciel informatique. Il s'agit d'avoir une élocution
claire, distincte et intelligible, sans surjouer ou créer
artificiellement une ambiance.
Le bon interprète ne met en avant
ni son talent d'acteur ni ses émotions mais sait rester en retrait pour
restituer la clarté du texte qu'il lit ou de l'idée qu'il transmet.
L'émotion passe très bien visuellement. Il est dommageable de
se l'approprier pour la transmettre. Quand l'orateur autorise la
traduction de son texte, il n'autorise pas pour autant l'imitation de
son émotion. Cette émotion appartient à
l'orateur et à lui seul.
L'auditeur doit pouvoir recevoir le
texte du discours comme s'il le lisait : un texte exempt
d'interférences perturbatrices. Si quelqu'un doit être ému par les
mots, c'est l'auditeur, pas l'interprète. Lorsque cette émotion émane
de l'interprète, elle empêche la compréhension même des propos à
l'origine de l'émotion. Or, le rôle de l'interprète n'est pas de gêner
la compréhension de l'auditeur, mais de la faciliter. C'est alors que
l'auditeur peut être ému par les propos qu'il a compris. Sinon, cette
émotion lui est confisquée par l'interprète.
Ajoutons que dans notre culture latine, une voix
chargée d'émotion devient très vite insupportable à l'écoute. Ce sujet
est aussi abordé dans les instructions adressées aux interprètes,
lorsqu'elles mentionnent : « N'oubliez pas d'être sensible à la culture
et d'utiliser une voix en résonnance avec les auditeurs. » Le rôle de
l'interprète n'est pas d'attirer l'attention sur son talent
d'imitateur ou de créateur d'ambiance artificielle, mais
sur le message de l'orateur, en le restituant sans parasite, de façon audible à tous.
À propos de la traduction linguistique de la conférence générale, nous
lisons : « Une interprétation efficace exige le respect de la cadence
et du ton employés par l’orateur, une articulation claire et la
maîtrise de la langue. Cela demande également la capacité de
transmettre l’émotion et l’intention de l’orateur à la chaire, dans le
même esprit que celui dans lequel le message a été rédigé. » (Le
Liahona, mai 2024, p. 141). Tout est dit. Il est notamment écrit « transmettre l'émotion », pas l'imiter ou la créer de toute pièce.
J. L'utilisation
du postlude musical
Un
usage étranger aux instructions de l'Église consiste,
après la prière de clôture et pendant le postlude
musical de la réunion de Sainte-Cène, à ne
quitter sa place qu'après que l'autorité présidente
se soit levée. Pour commenter cet usage nous traiterons
séparément les aspects suivants :
a.
L'idée
de rester à sa place pour écouter le postlude
b.
L'idée
d'attendre l'autorité présidente pour se lever
a. L'idée
de rester à sa place pour écouter le postlude musical
Il est normal
et même souhaitable qu'à l'issue d'une réunion de l'Église nous nous
sentions « accablé par l'Esprit » (1 Néphi 1:7-8) et souhaitions que ce
moment ne finisse pas et se prolonge aussi longtemps que possible
pendant la musique de postlude. Cependant, ce sentiment et cette
attitude doivent rester
personnels et ne pas faire l'objet d'un cérémonial codifié. Bien
que le caractère sacré de la réunion de Sainte-Cène suscite une
attitude révérencieuse, il n'est pas prévu que le postlude musical de
cette
réunion serve de moment de recueillement avant que l'assistance ne
quitte la salle de culte. Le postlude musical est prévu pour être joué
pendant que l'assistance quitte la salle dans le calme.
En 1995, les instructions contenues dans Musique dans l’Église : Manuel
d’instructions (34574 140), précisaient : « Un postlude musical choisi
avec soin peut prolonger l'esprit de la réunion pendant que les membres
quittent la salle ». Ajoutons que, par conséquent, le postlude musical
devrait commencer aussitôt la prière de clôture terminée et se
poursuivre le temps que l'assemblée quitte les lieux. C'est ainsi que
les instructions actuelles précisent que l'organiste ou le pianiste
joue pendant que les membres quittent la réunion (voir
Manuel général d'instructions, 19.4.3.1),
c'est-à-dire le temps nécessaire à l'assemblée pour quitter la
salle de culte.
La
prière de clôture, comme on pouvait le lire il y a des années dans le
Bulletin, marque la fin de la réunion. Ce principe a été réitéré le 12
février 2011, lors du discours de clôture de la réunion mondiale de
formation des dirigeants. Russell M. Nelson, dernier orateur, a déclaré
: « Merci, frères et sœurs. Nous vous remercions pour vos messages.
Après ma conclusion nous chanterons le cantique n° 3, Vivons ce
bonheur. Sœur Julie Jackson, du pieu de Midland en Utah, fera la prière
de clôture, ce qui marquera la fin de la réunion. » Après la prière de
clôture, la réunion est terminée et l'assistance quitte la salle au son
du postlude musical. En 2007, Jay E. Jensen, des soixante-dix, à propos
de la réunion de Sainte-Cène, nous a encouragés à « quitter la réunion
avec révérence et laisser le postlude prolonger l'esprit de la réunion » (Le
Liahona,
mai 2007,
p. 13).
Comme nous l'avons vu précédemment, les Autorités générales de l'Église attribuent au prélude une dimension
qui n'appartient pas au postlude. Ils présentent le prélude musical
comme un moment d'écoute et de révélation personnelle, tandis que le
postlude est présenté comme un moment de déplacement dans la révérence (voir
Le
Liahona,
mai 2007,
p. 13). Cette différence entre le prélude et le postlude se reflète
aussi dans les instructions de l'Église qui précisent que les
dirigeants montrent l'exemple par leur révérence pendant le moment précédant la réunion de
Sainte-Cène (voir
Manuel général d'instructions, 29.2.1.3) et
qui ne font pas mention de l'après-réunion.
Ces déclarations et
instructions nous apprennent que bien qu'une expérience spirituelle
puisse être vécue à tout moment, s'il doit y avoir un moment à
privilégier, ce n'est pas le postlude mais le prélude musical.
Pourtant, dans notre tentative d'améliorer le degré de révérence de nos
réunions, il nous arrive de viser le postlude quand c'est le prélude
qui devrait l'être.
Au cours de la réunion de Sainte-Cène, les moments de recueillement
silencieux sont la prière d'ouverture, l'ordonnance de la Sainte-Cène
et la prière de clôture, et les moments d'écoute musicale sont les
intermèdes musicaux. Si le prélude est également prévu comme moment
d'écoute pour les personnes déjà arrivées (voir les références déjà
mentionnées), ce n'est pas le cas du postlude. Alors que le prélude est
joué en attendant le début de la réunion, le postlude n'est pas joué
dans l'attente de quoi que ce soit, car la réunion est terminée. Le
postlude est conçu pour accompagner la sortie de l'assemblée et
susciter une atmosphère de révérence pendant
ce déplacement.
Supposons un instant
que le postlude musical soit prévu comme un moment de recueillement
sans que personne ne sorte. Attribuons ensuite le même rôle au prélude
pour en faire un moment de recueillement sans déplacements. Nous voyons
que cette conception empêcherait l'entrée de l'assemblée pendant le prélude. De même que
le prélude musical nous incite à entrer calmement dans la salle du
culte, de même le postlude nous incite à la quitter avec révérence.
Les « cinq à dix minutes avant et après la réunion » que sont censés
durer le prélude et le postlude de la réunion de Sainte-Cène
s'inscrivent dans les dix minutes qui séparent les réunions et
correspondent au temps nécessaire pour remplir ou quitter la salle de
culte. Ni le prélude ni le postlude ne sont prévus pour être un moment
sans déplacement. Si tel était le cas, il faudrait prolonger la durée
officielle de la réunion pour écouter le postlude, ce qui amputerait
l'intervalle avec la réunion suivante. Or les 10 minutes d'intervalle
prévus entre les réunions étant rarement suffisants, il n'est pas prévu
d'écourter ce délai.
Lorsque nous envisageons de transformer le postlude en moment d'écoute
musicale, il est important que nous sachions que cela aura plusieurs
implications : 1. La prolongation de la durée officielle de la réunion
; 2. la diminution du délai de 10 minutes prévu entre les réunions ; 3.
l'utilisation du postlude à d'autres fins que celle prévue par l'Église
; et 4. la relativisation et l'oubli progressif de l'accent mis par les
Autorités générales sur le prélude musical et son impact sur le degré
de révérence des réunions de Sainte-Cène.
Si la notion de révérence suggère de ne pas entamer
de discussions profanes aussitôt prononcé l'amen de la prière de
clôture, elle ne suggère cependant pas l'immobilité après la prière. En
février 2011, quand Russell M. Nelson a rappelé que la prière de
clôture marque la fin de la réunion, nous avons observé, en guise
d'illustration, les Autorités générales sur l'estrade se lever d'un
même élan dès l'amen prononcé après la prière de clôture. S'il est vrai
que quelques secondes de silence après la prière semblent une
transition naturelle avant d'entamer une discussion, par respect à la
fois pour notre interlocuteur et pour notre Père céleste à qui l'on
vient de s'adresser, cette transition peut avoir lieu pendant qu'on est
en train de se mouvoir.
Les prophètes nous
encouragent à passer à l'action après avoir prié. En 2002, Gordon B.
Hinckley a fait cette exhortation : « Agenouillez-vous pour prier le
Tout-Puissant en le remerciant de ses abondantes bénédictions.
Levez-vous ensuite et allez réaliser ses desseins éternels, chacun à
votre manière, en fils et filles de Dieu » (Le
Liahona,
novembre 2002, p. 100). Dans
la même veine, Dieter F. Uchtdorf a déclaré : « Souvent, la réponse à
notre prière ne vient pas quand nous sommes à genoux mais quand nous
sommes debout à servir le Seigneur et les gens qui nous entourent. » (Le
Liahona,
mai 2011, p. 76)
S'agissant de la
réunion de Sainte-Cène, nous sommes encouragés à « quitter la réunion
avec révérence et laisser le postlude prolonger l'esprit de la réunion » (Jay E. Jensen,
Le
Liahona,
mai 2007,
p. 13). Le postlude musical est censé durer jusqu'à
ce que la salle de culte ait été quittée, ou du moins le temps nécessaire
pour que l'assemblée
se retire.
En résumé : 1. Si le
point commun du prélude et du postlude est de susciter une atmosphère
de révérence, leur différence est que le premier prépare à la réunion
qui va commencer, alors que le second accompagne la sortie de
l'assemblée. 2. Cette différence se reflète dans les enseignements des
Autorités générales et des instructions de l'Église qui demandent le
recueillement pendant le prélude et prévoient le déplacement pendant le
postlude. 3. Dans notre tentative d'améliorer le degré de révérence de
nos réunions de Sainte-Cène, lorsque nous attribuons au postlude le
rôle du prélude, nous obtenons le contraire du résultat souhaité, à
savoir : Un prélude bruyant et un postlude solennel, quand ce devrait
être un prélude dans le recueillement et un postlude qui accompagne la
sortie de l'assemblée dans le calme.
Dans les paroisses où l'assemblée est bruyante lors de l'entrée ou de
la sortie de la réunion de Sainte-Cène, il revient aux dirigeants
d'enseigner l'importance de la révérence pendant ces déplacements. Le
fait de demander l'immobilité pendant le postlude n'est pas une
solution à ce problème qui est alors seulement retardé de quelques
instants. Pendant ce temps, les sollicitations des Autorités générales
pour le recueillement au cours du prélude musical se trouvent
relativisées, sinon oubliées.
Quant à
l'immobilité après la prière de clôture, il est préférable qu'elle soit
spontanée sous le poids de l'Esprit (voir par exemple 1 Néphi 1:7-8 ;
Jacob 7:15, 21 ; Alma 18:42 ; 27:17), que commandée.
La différence entre le prélude musical et le postlude musical a été de nouveau confirmée par l'invitation de 2024
(vidéo en bas de page) à apprendre les cantiques ajoutés à ceux du
recueil. Les moments de la réunion de Sainte-Cène mentionnés pour que
l'assemblée les entende sont le prélude et l'intermède. Conformément aux instructions précédentes, le
postlude ne fait pas partie des options.
b. L'idée
d'attendre l'autorité présidente pour se lever
Nous venons de voir
que faire du postlude musical de la réunion de Sainte-Cène un moment
d'écoute silencieuse, c'est détourner le postlude de son objectif et
lui attribuer le rôle que devrait avoir le prélude.
Cette pratique est généralement associée à celle d'attendre, pour
se lever, que l'autorité locale ou générale qui préside la réunion se
lève en premier, comme cela est parfois pratiqué dans l'Armée
française. Il est à remarquer que cet usage n'existe pas même en
présence du président de l'Église à l'issue de la conférence générale :
Non seulement une partie de l'assemblée se lève avant le président de
l'Église, mais c'est aussi le cas parmi les Autorités générales.
L'usage, en revanche, consiste à ce que l'assemblée et les Autorités
générales se tiennent debout lors de l'entrée et de la sortie du
président de l'Église : usage parfois observé aussi au niveau local
lors de la visite d'une Autorité générale.
Revenons à la réunion de Sainte-Cène et au cérémonial consistant,
pendant le postlude, à ne se lever qu'après l'autorité locale.
L'inconvénient n'est pas tant dans le geste en soi que dans la solennité
non prévue donnée au postlude. Celui-ci concurrence alors les moments
de la réunion de Sainte-Cène prévus pour le recueillement : prières et
repas du Seigneur.
Le moment le plus solennel de la réunion de Sainte-Cène, qui est
l'ordonnance de la Sainte-Cène, ne devrait souffrir aucune concurrence.
Semaine après semaine, le temps fort de la vie spirituelle d'un saint
des derniers jours devrait être l'ordonnance de la Sainte-Cène. Tout ce
qui peut altérer cet ordre de valeur est à éviter soigneusement. À ce
propos, Gordon B. Hinckley a dit : « Toutes les autres parties de nos
réunions sont de peu d'importance en comparaison du fait de prendre les
emblèmes du sacrifice de notre Seigneur » (Le
Liahona, mai 2007,
p. 117). Si des parties officielles de la réunion de Sainte-Cène sont
concernées par les propos du président Hinckley, les parties non prévues dans le programme de l'Église le
sont d'autant
plus.
L'usage consistant à
attendre dans le recueillement que l'autorité locale ou générale se
lève à la fin de la réunion non seulement n'existe pas mais est
désapprouvé par les Autorités de l'Église elles-mêmes, comme nous
allons le voir.
En 1992, Boyd K. Packer présidait la conférence où fut créé le pieu de
Bordeaux. Aussitôt la prière de clôture terminée, le chœur de la
conférence commença à chanter un postlude musical. Alors que la plupart
des gens s'attendaient à ce que l'apôtre écoute le postlude interprété
par le chœur de la conférence, il se leva dès les premières notes comme
pour se préparer à partir. Pendant un court instant il fut seul debout
mais très vite, ses voisins sur l'estrade suivirent son exemple et les
déplacements commencèrent sur l'estrade et dans l'assemblée.
Bien que l'attitude de l'apôtre dès le début du postlude fût regrettée
par le directeur du chœur, elle fut pour tous un rappel du but du
postlude. En même temps, son attitude empêchait volontairement un
cérémonial déjà pratiqué à l'époque dans certaines paroisses et qui
consistait à ce que l'assemblée attende longuement et dans le
recueillement que l'autorité présidente se lève pour faire de même. Par
son attitude, l'apôtre désapprouva cet usage et enseigna le but
véritable du postlude.
Depuis, comme déjà mentionné, M. Russell Ballard a exhorté les dirigeants locaux à ne pas «
embellir » ou « compliquer » leur appel, à ne pas nécessairement l'«
agrandir », mais à plutôt le « simplifier » (Le
Liahona,
novembre 2006,
p. 19).
En 2009, un membre de
la présidence de l'interrégion d'Europe, membre du Premier collège des
soixante-dix, contacté à propos du détournement du postlude en faveur
du cérémonial décrit ici, répondit qu'il essaie de stopper ce phénomène
chaque fois qu'il le constate. Il le fait en se levant dès la prière terminée. Notons la cohérence de son action avec
l'attitude de Boyd K. Packer quinze ans plus tôt.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le 12 février 2011, lors de la réunion mondiale de formation des
dirigeants, au cours de laquelle Russell M. Nelson a rappelé que la
prière de
clôture marque la fin de la réunion, on a pu observer, en guise
d'illustration, les dirigeants, tous membres du Collège des Douze, se
lever d'un même élan dès la prière de clôture terminée.
Les dirigeants locaux, par modestie, choisissent de ne pas attirer
l'attention sur eux après la prière de clôture. Ils permettent aux
membres de l'assemblée de garder l'esprit fixé sur le Seigneur plutôt
que sur eux-mêmes. Ils favorisent le souvenir de la solennité du repas
du Seigneur plutôt que d'un cérémonial les mettant en scène. Dans leurs
unités, c'est l'amen adressé au Seigneur qui marque la fin de la
réunion plutôt qu'un hommage à leur égard. Les dirigeants qui ont
compris ce principe découragent tout cérémonial les mettant en valeur.
Ils s'appliquent en revanche à instaurer le prélude musical comme
moment de recueillement et d'expérience spirituelle, selon les
enseignements des Autorités générales.
Il est vrai qu'à la fin d'une réunion
de Sainte-Cène l'Esprit peut être d'une telle intensité que l'on
souhaite rester encore un peu pour en bénéficier. Il arrive même que ce
sentiment soit collectif et que, dans une sorte d'unisson, l'assemblée
reste immobile, comme accablée par l'Esprit (voir 1 Néphi 1:7-8). Cependant, ce phénomène heureux devrait rester spontané
et ne pas faire l'objet d'un protocole.
L'épisode de la conférence de pieu en présence de Boyd K. Packer nous
donne par ailleurs une indication sur le choix de la musique de
postlude en nous apprenant à ne pas faire chanter un chœur à ce
moment-là. À l'issue des réunions et des sessions de conférence tenues
au Tabernacle de Salt Lake City ou au centre de conférence, l'orgue qui
joue le postlude n'accompagne pas de chœur ou de musiciens solistes,
mais joue seul pendant le départ de l'assemblée. La participation d'un
chœur ou de musiciens solistes pendant le postlude attirerait
l'attention de l'assemblée sur eux et retiendrait l'assemblée. C'est
pour que cela n'arrive pas que le Chœur du Tabernacle ne chante pas en
postlude des réunions et des sessions de conférence.
Enfin, signalons le
chapitre 13 de cet article qui apporte un éclairage
supplémentaire à notre propos.
K. Les réunions de l'Église dans une salle de spectacle
Il arrive couramment que lorsque la population d'un pieu devient
importante, l'église servant de centre de pieu ne contienne pas de
salle suffisamment grande pour y tenir les conférences de pieu. On
adopte alors d'autres solutions pour tenir les conférences, comme la
location d'une salle de spectacle. L'expérience a démontré que dans ce
cas, il est prudent de fournir au personnel de la salle, notamment aux
techniciens, les consignes nécessaires pour transformer la salle de
spectacle en salle de réunion et éviter que l'éclairage et la
sonorisation de la conférence soient préparés comme pour un spectacle.
S'agissant de l'éclairage, la salle ne doit pas être dans le noir et
l'éclairage seulement sur la scène. Les orateurs sur la scène doivent
pouvoir avoir un contact visuel avec les membres de l'assemblée. Tout
l'espace devrait être éclairé de sorte que les personnes sur l'estrade
et celles dans l'assemblée puissent se voir mutuellement au même niveau
d'éclairage.
S'agissant de la sonorisation, il est prudent de prévoir les caractéristiques suivantes :
un
retour
du son sur scène de tout ce qui est émis dans le micro des orateurs, un
réglage du volume sonore du clavier selon qu’il accompagne l’assemblée ou le chœur,
des micros
de préférence suspendus au-dessus du chœur, un retour
du son du clavier vers le chœur, un réglage
de la sonorisation du chœur pendant la répétition du chœur ;
lorsque le chœur chante, le micro des orateurs doit être éteint et ceux
du chœur allumés ; lorsque le chœur ne chante pas, les micros du chœur
doivent être éteints.
Dans l'idéal, le chœur est installé sur plusieurs niveaux de gradins,
pour le confort des participants, du chef de chœur et de l'assemblée.
D'autre part, il est utile de prévoir deux
pupitres pour le directeur du chœur : un pour diriger le chœur,
l’autre pour diriger
l’assemblée.
Tous ces critères ne peuvent être prévus par les techniciens que s'ils en ont reçu la consigne.
12.
Les ordonnances de la prêtrise
A. Nom complet
B. Le langage des bénédictions
C. Sceller les bénédictions ?
A. Nom complet
En
général, celui qui accomplit une ordonnance de la prêtrise (appelée
sacrement à l'extérieur de l'Église) le fait en énonçant le nom de la
personne qui reçoit l’ordonnance. Jusqu'en 1998, les instructions en
anglais qui décrivaient les ordonnances de la prêtrise utilisaient le
terme « full name » (traduit indifféremment par « nom complet », « nom
entier », « prénoms et nom » ou « nom et prénoms ») pour les
ordonnances inscrites sur le certificat de membre, à savoir : le
baptême, la confirmation et les ordinations à la prêtrise (les
ordonnances du temple ne sont, de par leur caractère sacré, pas
traitées dans les instructions mentionnées).
Pour les autres
ordonnances, comme la bénédiction des malades (onction et scellement de
l'onction), les bénédictions paternelles, les bénédictions de réconfort
et de conseil et les mises à part, le terme utilisé dans les
instructions en anglais était « name » (traduit par « nom »). Dans un
cas il était requis de prononcer tous les prénoms de la personne, dans
l'autre pas. Le nom complet de la personne, avec tous ses prénoms,
devait être prononcé dans les ordonnances directement liées au salut,
celles qui restent consignées sur le certificat de membre.
Une erreur s'était toutefois glissée dans les instructions en français
à propos des bénédictions paternelles et des bénédictions de réconfort
et de conseil où, à la différence des instructions en anglais, on
lisait « prénoms et noms » ou « nom entier » (voir Guide de la famille,
1981, p. 24 ; Guide d'étude personnelle de la prêtrise de Melchisédek
n° 1, 1989, p. 159 ; n° 2, 1990, p. 163 ; n° 3, 1991, p. 149 ; n° 4, 1992,
p. 185 ; Devoirs et bénédictions de la prêtrise, 1981, p. 49 ; 1998, p.
46 ; Manuel d'instructions du missionnaire, 1990, p. 59-60). À noter
que le Guide de la famille contenait cette erreur dans son édition de
1981, mais pas dans celle de 1992. Avant 1989, dans les manuels
d’instructions, cette erreur s'étendait également aux mises à part.
Depuis 1998 la différence entre nom et nom complet, bien que reposant
auparavant sur un critère simple, celui de l'inscription ou non de
l'ordonnance sur le certificat de membre, ne se pose plus. Désormais, toutes les
ordonnances doivent se faire en prononçant les prénoms et le nom du bénéficiaire (voir
Manuel général d'instructions, 18 ;
Guide
de la famille,
2001, p. 19-24 ;
Guide
de la branche,
2001, p. 12).
Les détenteurs de la prêtrise ont désormais la consigne de prononcer
tous les prénoms et noms de la personne qui reçoit l'ordonnance et ce,
pour toutes les ordonnances.
B. Le langage des bénédictions
En plus de l'autorité de la prêtrise et du pouvoir spirituel de celui
qui la détient, il existe un autre paramètre : la puissance du langage
de celui qui exerce la prêtrise pour donner une bénédiction. Ce langage
peut être gradué de faible à puissant, selon les termes utilisés.
Voici un exemple de langage puissant : Quand Joseph Smith s'adressa à
Elijah Fordham, atteint de la malaria et mourant, il lui dit
d'une voix forte et avec majesté : « Elijah, je te commande, au nom de
Jésus de Nazareth, de te lever et d'être guéri ». Les témoins ont
rapporté que les
paroles du prophète étaient comme la voix de Dieu et qu'il semblait que
la maison tremblait sur ses fondations. Elijah Fordham sauta de son lit
comme un homme ressuscité des morts. De même, lorsque Bates
Noble fut découvert mourant dans la vieille caserne de Montrose, le
prophète entra dans la hutte, prit Bates par la main et dit : « Au
nom de Jésus-Christ, lève-toi et marche ! » Frère Noble sauta
immédiatement de son lit (voir
Sur les rives du Mississippi).
Pour illustrer l'autre extrême, citons des expressions faibles dans
leur formulation, telles que « Nous vous bénissons afin que vous
puissiez être (en meilleure santé) ». Une formulation plus directe serait : « Nous vous bénissons afin que vous
soyez (en meilleure santé) ». Et une formulation encore plus directe serait : « Soyez
(en meilleure santé) ». Bien sûr, même l'expression la plus faible peut
être agréée par le Tout-Puissant. Cependant, le vocabulaire devrait être à
l'image de la foi de celui qui parle et il arrive souvent que ce
dernier utilise un langage faible dans l'exercice de l'autorité la plus
puissante de l'univers.
La même différence existe entre une bénédiction de nouveau-né dans laquelle il est dit : « Nous te bénissons afin que tu
puisses devenir… (un disciple fidèle) » et la même bénédiction formulée plus directement : « Nous te bénissons afin que tu
deviennes…
(un disciple fidèle) ». Ces subtilités de langage révèlent une palette
qui va de l'expression la plus faible à la plus puissante, à la
disposition du détenteur la prêtrise, palette que trop souvent il
n'utilise pas. Notons que l'on pourrait faire la même remarque sur le
langage utilisé dans les prières, langage parfois indirect (« que tu
puisses bénir Untel ») quand il pourrait être direct (« que tu bénisses
Untel »).
À cet égard, on constate comment le verbe pouvoir au présent du
subjonctif (que je puisse, que tu puisses, qu'il puisse, etc.) affaiblit le langage
plutôt que de le renforcer. L'usage de l'autorité de la prêtrise mérite
assurément un langage plus assuré.
C. Sceller les bénédictions ?
Enfin, certains
détenteurs de la prêtrise terminent les bénédictions
de confirmation, d'ordination, de mise à part, de santé, de réconfort
et de conseil, ou paternelles, en les scellant. Or ceci n'est pas
conforme aux instructions de l'Église sur les ordonnances de la
prêtrise. À notre connaissance,
les seules bénédictions qui sont scellées sont la bénédiction
patriarcale et le mariage au temple. Est également scellée l'onction
des malades. En conséquence, si nous ne sommes pas scelleur ou
patriarche et dans l'exercice de l'un ou l'autre de ces offices, notre
autorité de sceller se limite au scellement de l'onction des malades.
Cette autorité n'inclut pas le scellement des bénédictions.
John
A. Widtsoe (1872-1952), du Collège des Douze, a enseigné : « Le
patriarche, regardant dans l'avenir, donne les bénédictions et les
promesses… auxquelles la personne… a droit, et, en vertu de son
autorité, les scelle sur la personne, de sorte qu'elles puissent être
siennes à jamais si elle reste fidèle » (Evidences and Reconciliations,
1943, vol. 1, p. 73-74 ; Le
Liahona,
novembre 2002,
p. 44).
Joseph Fielding Smith
(1876-1972), alors président du Collège des Douze, a écrit que le patriarche a « le
droit... de sceller sur la tête de chacun une bénédiction... » (Gen.
& Hist. Mag., vol. 23, p. 49-50 ; Doctrines of Salvation, 1956,
volume 3 ;
Doctrine
du salut,
vol. 3,
p. 154) et qu' « il a l'autorité de sceller des bénédictions sur la
tête des membres... afin que, s'ils se montrent fidèles, ils puissent
jouir de tout ce qui est prononcé sur leur tête... » (Era, vol. 45, p.
738 ; Doctrines of Salvation, 1956, volume 3 ;
Doctrine
du salut,
vol. 3,
p. 155)
Le pouvoir de sceller une
bénédiction semble relever d'une autorité particulière et ne s'exercer
que dans le cadre d'offices particuliers. L'option de terminer une
bénédiction en la scellant est d'ailleurs absente des instructions de
l'Église adressées à l'ensemble des détenteurs de la prêtrise.
13.
Les instructions de l'Église
A.
Les manuels
d'instruction
B.
L'Église et la
famille
A. Les manuels
d'instructions
Les
manuels d'instructions de l'Église n'étant ni préfacés ni signés par la
Première Présidence et le Collège des Douze, nous pourrions facilement
en diminuer l'importance ou les ignorer et vouloir les remplacer par
l'inspiration, sans nous rendre compte qu'ils sont le fruit de la
révélation et de l'expérience de près de deux siècles.
Les deux
volumes de l'ancien Manuel d’Instructions de l’Église, qui préfiguraient les
Manuel 1 (Présidents de pieu et évêques) et Manuel 2 (Administration
de l'Église), publiés en 2010, étaient le fruit d’un travail de cinq
années réalisé par un comité composé de membres du Collège des Douze,
des soixante-dix et de l’Épiscopat Président soutenus par les avis
éclairés du conseil de la Première Présidence et du Collège des Douze
(voir News of the Church, Ensign,
février 1999,
p. 77). Trois années de plus furent nécessaires à la Première Présidence
et au Collège des Douze pour préparer, en tenant conseil avec les
dirigeants de la prêtrise et des auxiliaires, les deux manuels publiés
en 2010 en remplacement des précédents (voir
Le
Liahona,
mai 2011,
p. 20). Depuis 2020, les deux tomes ont été complétés et réunis en un seul, sous le titre
Manuel général d'instructions, qui est désormais diffusé sur le site internet de l'Église.
En réalité, plus on
tient compte des instructions de l'Église, plus on évite les problèmes
dont elles sont censé nous éloigner. Inversement, plus on les ignore,
plus on doit faire face à des problèmes qui autrement pourraient être
évités. Les manuels d'instructions sont par conséquent un formidable
outil de prévention des maux inutiles, en même temps que la somme de
près de deux siècles d'inspiration et d'expérience. D'autre part, ils
permettent une action uniforme des dirigeants de l’Église dans le monde
entier, comme l’a demandé le président Gordon B. Hinckley lors de la
Première réunion mondiale de formation des dirigeants, le 11 janvier
2003 (p. 24).
Le
Seigneur a demandé que chaque homme s'instruise de son devoir et
apprenne à remplir l'office auquel il est désigné, et ce, en toute
diligence (voir D&A 107:99), et qu'il connaisse mieux ce qui est de
son devoir et les choses que le Seigneur exige de sa part (voir D&A
105:10). Selon le Manuel général d'instructions,
en plus de l'étude des Écritures et des enseignements des prophètes
modernes, les dirigeants apprennent aussi leurs devoirs en étudiant les
instructions des manuels de l'Église. Il est précisé que ces
instructions peuvent faciliter la révélation si on les utilise pour
comprendre les principes, les règles et les modalités à appliquer en
recherchant la direction de l'Esprit (voir
Manuel général d'instructions, 0,0).
Une personne que nous appelons à
remplir un poste dans l'Église pourra d'autant plus efficacement
remplir son nouvel office que nous lui aurons, sinon fourni le manuel
d'instructions qui décrit son devoir, au moins indiqué le titre de ce
manuel, sa référence et la façon de se le procurer. Plus tôt nous lui
fournissons ces renseignements, plus tôt la personne que nous appelons
à remplir un poste dans l'Église pourra appliquer le commandement du
Seigneur, à savoir : S'instruire de son devoir (voir D&A 107:99).
L'occasion idéale pour transmettre ces renseignements à la personne
appelée est le moment de l'appel ou de la mise à part. En possession de
ces renseignements, la personne appelée dispose alors des moyens
d'apprendre à remplir son devoir à la façon du Seigneur plutôt qu'à sa
façon. Plus tôt elle dispose de ces renseignements, plus tôt elle est
autonome dans l'apprentissage et l'exercice de sa nouvelle
responsabilité.
Dans l'édification du royaume de
Dieu, faire les choses de façon différente de celle enseignée par les
prophètes, ce qui revient à ne pas faire les choses à la façon du
Seigneur, c'est s'approprier une autorité qu'on n'a pas reçue.
Pourtant, faire les choses à la façon
du Seigneur n'empêche pas un apport personnel dans l'exercice de notre
devoir. « Car voici », dit le Seigneur, « il n'est pas convenable que
je commande en tout… En vérité, je le dis, les hommes doivent œuvrer
avec zèle à une bonne cause, faire beaucoup de choses de leur plein gré
et produire beaucoup de justice. Car ils ont en eux le pouvoir d'agir
par eux-mêmes. Et s'ils font le bien, ils ne perdront en aucune façon
leur récompense. » (D&A 58:26-28)
En réalité, le programme de l'Église
donne une large place à l'initiative personnelle, à la créativité et à
l'inspiration. Ces dons sont exercés par chacun dans les devoirs de son
office, à tous les niveaux de la hiérarchie de l'Église. Mais c'est
dans le cadre des instructions de l'Église que nous les exprimons. Ces
dons, talents et facultés, lorsque nous les employons à servir le
Seigneur en suivant ses instructions, sont alimentés et accrus par
l'Esprit.
À propos de créativité
dans le cadre des instructions de l'Église, M. Russell Ballard a déclaré
en 2006 : « Nous avons des manuels d'instructions, et nous devrions
suivre leurs directives. Mais, dans ce cadre, nous trouverons d'amples
occasions de réfléchir, d'être créatifs et d'utiliser nos talents
personnels » (Le
Liahona,
novembre 2006, p. 19).
Dans
le même discours, après avoir cité D&A 58:26 (cité plus haut), il a
ajouté : « Nous sommes certains que vous, mes frères et sœurs,
utiliserez votre inspiration. Nous avons confiance que vous le ferez
dans le cadre des directives et des principes de l'Église. » (op. cit.)
Dans le même ordre d'idée, la Première Présidence a déclaré en 1940 : «
L’œuvre de l'Église, dans tous les domaines, court le grave danger
d'être régentée jusqu'au moindre détail. Le résultat serait que non
seulement toute initiative serait étouffée, mais que toute occasion
d'intervention de l'Esprit serait éliminée. L'Église n'a pas été
édifiée selon ce principe. Dans tout leur travail, les organisations
auxiliaires doivent non seulement offrir des occasions de prendre des
initiatives, mais doivent les encourager. » (« Memorandum of
Suggestions », 29 mars 1940, p. 4)
D'autre
part, les instructions de l'Église prévoient d'adapter le programme de
l'Église aux effectifs de ses unités. En effet, d'après les
instructions, les présidents de pieu, les évêques et les présidents de
branche sont autorisés à faire des adaptations simples à certains
programmes de l'Église, en respectant certains critères (voir
Manuel général d'instructions, 0,2).
À propos du nouveau Manuel général d'instructions (2020), nous lisons : « Les
principes de flexibilité et d’adaptation inclus dans ce manuel
permettent aux dirigeants et aux membres d’appliquer efficacement les
principes et les programmes de l’Église au sein d’assemblées de toutes
tailles et parmi une communauté de saints mondiale et diversifiée. »
(Le Liahona, novembre 2020, p. 125)
À
ce sujet, L. Tom Perry a rappelé que toutes les unités de l'Église sont
à des stades de développement différents et que toutes ont des besoins
différents (voir Réunion mondiale de formation des dirigeants, 11
février 2006 ;
Le
Liahona,
juin 2006,
p. 59). Trois ans plus tôt, il a dit que la clé pour organiser une
branche, un district, une paroisse ou un pieu, c’est de connaître les
membres, leurs capacités, leurs besoins, et d’établir un programme en
fonction du nombre de dirigeants disponibles et des besoins des
membres. Il a exhorté les dirigeants à ne pas avancer plus vite que la
taille et la maturité de leur unité le permettent, à préserver la force
des membres de leur unité, et à profiter de chaque étape du
développement de leur unité (Première réunion mondiale de formation des
dirigeants, 11 janvier 2003, p. 10).
Cet enseignement nous
apprend que le programme de l’Église, plutôt que d’être appliqué
immédiatement et partout dans sa totalité, doit être appliqué avec
discernement par les dirigeants au fur et à mesure de l’accroissement
des effectifs et des besoins locaux.
Nous voudrions parfois compléter le programme de l'Église en y ajoutant
une règle, un rapport, une réunion ou autre chose, alors que si nous
appliquons ce programme dans sa simplicité et, le jour venu, dans sa
complétude, le reste s'avère superflu. La réalité est que nous ne
parvenons généralement pas à appliquer toute l’étendue du programme de
l'Église et qu'en y ajoutant des éléments qui n’en font pas partie,
nous risquons d'y parvenir encore moins.
À ce sujet, M. Russell Ballard a enseigné en 2006 : « L'instruction de
magnifier nos appels n'est pas un commandement de les embellir et de
les compliquer. Innover ne veut pas forcément dire agrandir ; bien
souvent cela veut dire simplifier (Le
Liahona,
novembre 2006,
p. 19).
À priori, le programme
de l'Église est complet, équilibré et universel. Si nous y incluons des
éléments qui lui sont étrangers et leur donnons de l'importance nous
détournons ceux que nous dirigeons du programme du Seigneur pour le
perfectionnement de son peuple.
L'adjonction d'obligations et d'interdictions faites aux membres de
l'Église les éloigne de la simplicité, de la grandeur et de la
générosité du plan de Dieu pour le salut de ses enfants. Le Seigneur
attend de son peuple qu'il se perfectionne dans ce qu'il lui a déjà
donné.
Dallin H. Oaks a dit : « Tous les dirigeants sont des instructeurs… Les
instructeurs qui doivent enseigner 'les principes de l'Évangile' et 'la
doctrine du royaume' (D&A 88:77), doivent généralement éviter
d'enseigner des règles ou des applications spécifiques… Lorsqu'un
instructeur a enseigné, à partir des Écritures et de la parole des
prophètes actuels, la doctrine et les principes qui y sont associés,
les applications ou les règles précises relèvent généralement de la
responsabilité des individus et des familles. » (Le
Liahona,
janvier 2000, p. 94, 96)
Le président Hinckley
a déclaré : « Ce n'est pas chose facile de devenir membre de cette
Église. Dans la plupart des cas, cela implique d'abandonner de vieilles
habitudes, de quitter d'anciens amis et connaissances et d'entrer dans
une nouvelle société qui est différente et quelque peu exigeante » (L'Étoile,
juillet 1997,
p. 54). Pour reprendre l'expression du président Hinckley, si l’Église
est déjà « quelque peu exigeante », on peut facilement imaginer le
danger que cela représenterait si on en rajoutait.
B. L'Église
et la famille
À
propos du programme de l’Église, Harold B. Lee
(1899-1973), ancien président de
l'Église, a déclaré : « Aussi
importants que soient nos nombreux programmes et efforts
d’organisation, ils ne doivent pas prendre le pas sur le foyer
mais le soutenir. » (Ensign,
mars 1971, p. 3)
À
la fin des années 70, à l'époque de la
simplification du programme de l'Église, Spencer W. Kimball
déclara : « Frères et sœurs, nous
ne voulons pas que la 'simplification' devienne un slogan ou un
encouragement à la paresse. Ce que nous désirons, c'est
que les programmes de l'Église servent les membres de
l'Église, et non l'inverse » (L'Étoile,
octobre 1978,
p. 180).
Il ajouta que « les collèges de la
prêtrise, les organisations auxiliaires, et même les
paroisses et les pieux existent avant tout pour aider les membres à
vivre l'Évangile au foyer », que « les
gens sont plus importants que les programmes » et que
« les programmes de l'Église doivent toujours
soutenir les activités de la famille centrées sur
l'Évangile, et ne jamais leur porter atteinte »
(op.
cit.
p.
181 ;
Le
Liahona,
janvier 2001,
p. 72). Puis il précisa : « Notre volonté
de vivre l'Évangile en le centrant sur le foyer doit devenir
le message clairement exprimé de chaque programme de la
prêtrise et des auxiliaires, réduisant, lorsque c'est
nécessaire, certaines des activités facultatives qui
peuvent empêcher de se concentrer suffisamment sur la famille
et le foyer. » (L'Étoile,
octobre 1978,
p. 181)
À
la même époque (1978), le Guide
d’organisation, Unité de l’Église :
Petite branche,
devenu l’actuel Guide
de la branche
(31179 140), stipulait qu’on ne doit jamais oublier que la
famille est l’unité de base de l’Église et
qu’un appel à servir à l’extérieur
de la famille ne doit pas affaiblir l’unité familiale.
Depuis
1978, le
Guide
de la famille,
à l’époque intitulé Guide
d’organisation, Unité de l’Église :
Famille,
mentionne : « La force de l'Église dépend
de la manière dont les familles et les individus vivent
l'Évangile de Jésus-Christ. Les bénédictions
de l'Évangile reçues par une famille dépendent
grandement de la manière dont le père et la mère
comprennent leurs devoirs fondamentaux de parents et s'en acquittent.
L'Église n'a jamais l'intention de donner aux pères et
aux mères des tâches ou des responsabilités qui
les surchargeront, les décourageront ou leur feront négliger
ces devoirs fondamentaux. » (page 3 de l’édition
2001)
Plus
récemment, Boyd K. Packer a déclaré : « Nous
devons veiller à ce que les programmes et les activités
de l'Église ne deviennent pas un fardeau pour les familles…
Je voudrais que personne ne prenne ce que je dis comme excuse pour
refuser un appel inspiré dans l'Église. Ce que je veux,
c'est encourager les dirigeants à prendre en considération
le foyer afin de ne pas donner d'appels ou de programmer des
activités qui seront des fardeaux inutiles pour les parents et
les enfants. » (L'Étoile,
janvier 1999, p. 26)
Dans
la foulée, la Première Présidence a ajouté :
« Le foyer est le fondement de la droiture, et nul autre
moyen ne peut remplacer ni remplir ses fonctions essentielles…
On ne doit pas permettre à d'autres impératifs ou
activités, aussi légitimes et justifiés
soient-ils, de prendre le pas sur les devoirs confiés par
Dieu, dont seuls les parents et la famille peuvent s'acquitter
correctement. Nous exhortons les évêques et les autres
officiers de l'Église à faire tout leur possible pour
aider les parents en s'assurant que ceux-ci disposent de temps et
d'assistance, si besoin est, pour élever leurs enfants dans
les voies du Seigneur… En fortifiant les familles, c'est toute
l'Église que nous fortifierons. » (Lettre de la
Première Présidence, 11 février 1999)
Déjà
en 1940, J. Reuben Clark, fils (1871-1961), membre de la Première
Présidence, avait déclaré : « Le
foyer est le fondement de la droiture ; nul autre moyen ne peut
le remplacer ni remplir ses fonctions essentielles, et tout ce que
les auxiliaires peuvent faire est d'aider le foyer dans ses
problèmes, en lui apportant une aide particulière
lorsqu'elle est nécessaire. » (Memorandum
of Suggestions,
29 mars 1940, Papers 1933-61, Département d'Histoire de
l'Église, Salt Lake City, p. 3 ;
Histoire
de l'Église dans la plénitude des temps,
Religion 341-343,
2002, p. 519 et 563 ; 1997, p. 521 et 566)
Cet
enseignement de J. Reuben Clark, d'Harold B. Lee, de Spencer W.
Kimball, de Boyd K. Packer et de la Première Présidence
a été récemment réitéré par
M. Russell Ballard et Dallin H. Oaks :
Lors de la première
réunion mondiale de formation des dirigeants, le 11 janvier
2003, M. Russell Ballard a rappelé que l'Église est
organisée pour aider la famille et que les activités
qui se déroulent dans les diverses branches, paroisses et
pieux de l'Église
sont très importantes, mais ne doivent ni remplacer celles de
la famille ni occuper tout le temps dont disposent les parents pour
instruire leurs enfants au sein de leur foyer. Il a ajouté que
les évêques et présidents de pieu doivent faire
preuve de sagesse et de jugement pour veiller attentivement à
l'équilibre entre les activités en famille et celles de
l'Église.
Dallin H. Oaks a
ajouté : « Les programmes de l’Église
doivent se concentrer sur ce qu’il y a de plus efficace pour
atteindre les objectifs qui leur sont assignés, sans empiéter
indûment sur le temps dont les familles ont besoin pour les
devoirs qui leur ont été divinement confiés. »
(Le
Liahona,
novembre 2007,
p. 106)
À
propos de la répartition des responsabilités au sein des unités de
l'Église, rappelons l'exhortation de L. Tom Perry, des Douze : « Nous
devons essayer de donner à chaque personne de nos unités de l'Église un
seul appel en plus du [service pastoral]. » (Première réunion mondiale
de formation des dirigeants, 11 janvier 2003, p. 9), exhortation qu'il
a rappelée trois ans plus tard : « Nous vous rappelons de ne pas
charger vos membres de plus d'un appel en plus du [service pastoral].
Astreignez-vous à respecter les priorités de base, et vous serez
surpris de la manière dont l'inspiration du Seigneur vous guidera pour
vous acquitter de vos responsabilités de serviteur dans son royaume. »
(Réunion mondiale de formation des dirigeants, 11 février 2006 ; voir
Le
Liahona,
juin 2006,
p. 59-60)
14.
La communication
Bien
des difficultés sont évitées quand nous concédons à la communication la
place que le Seigneur lui a réservée dans son Église. Le réseau de
communication, ses relais et ses voies, tels que le Seigneur les a
prévus, constituent une trame parfaite pour prévenir les problèmes et
perfectionner les saints. Lorsque nous négligeons l'un de ces relais,
les difficultés naissent ou s'amplifient.
Ces relais de communication sont les réunions, les visites et les
entretiens. Leur description dans les manuels d'instructions de
l'Église indique leur but, leur déroulement, leur fréquence, leur durée
et les personnes qu'ils concernent. Parfois il n'est pas nécessaire
qu'ils revêtent un caractère officiel, mais ils ont leur place dans
cette trame conçue par le Seigneur pour le bien-être de son peuple.
De la même façon, au foyer, les relais de communication que sont la
prière et la lecture des Écritures en famille, la soirée familiale, les
conseils de famille, les entretiens entre époux, les entretiens entre
parent et enfant, etc. constituent une cotte de mailles de protection
des assauts de l'adversaire contre le foyer. Comme chez la personne,
s'il manque une maille, l'ensemble est vulnérable. L. Tom Perry a
exprimé cette idée de la façon suivante : « Nous devons faire de notre
foyer un lieu de refuge contre la tempête, dont l'intensité augmente
tout autour de nous. Si l'on néglige ne serait-ce que les plus petits
interstices, les influences négatives peuvent s'engouffrer dans les
murs mêmes de notre maison. » (Le
Liahona, mai
2003,
p. 40-41)
L'armure spirituelle préconisée par Paul aux saints d'Éphèse
et par le Seigneur aux saints des derniers jours inclut la « cuirasse de la justice » (Éphésiens 6:14 ; D&A 27:16). En 2002, M. Russell Ballard a fait
le commentaire suivant à propos de cette cuirasse. Il a dit : « Lorsque je me représente cette
armure spirituelle, je préfère la voir comme une cotte de mailles
plutôt que comme un harnais métallique d'une seule pièce fondu pour
correspondre à la forme du corps. Il n'y a pas une seule grande chose
que nous puissions faire pour nous armer spirituellement. Si une flèche
atteint avec précision l'un des défauts de la cuirasse, elle peut
provoquer une blessure mortelle. Je voudrais vous suggérer [quelques]
façons de vous protéger en éliminant les défauts ou les fentes de votre
cuirasse spirituelle : 1. Comptez sur le pouvoir protecteur de la
prière ; 2. Fiez-vous au pouvoir protecteur des Écritures… » (Church
News, 9 mars 2002 ; Le Liahona, août 2002, Nouvelles, p. 12)
Au sujet de la prière en famille, Thomas S. Monson a déclaré : « La
prière familiale est la meilleure protection contre le péché,
et donc la plus grande source de joie et de bonheur. La vieille
formule 'La famille qui prie reste unie' est toujours vraie. »
(L'Étoile,
janvier 1989,
p. 59 ;
Le
Liahona,
octobre 2001,
p. 4)
À
propos de l'étude des Écritures en famille, Howard W.
Hunter a dit : « Les familles sont grandement bénies
quand les pères et les mères pleins de sagesse
réunissent leurs enfants autour d'eux, lisent ensemble dans
les Écritures et puis discutent librement… »
(L'Étoile,
mai 1980, p. 104)
Dallin
H. Oaks a ajouté : « Comparez l'effet du temps
passé dans la même pièce simplement en
spectateurs devant la télévision à celui
consacré à communiquer l'un avec l'autre en famille…
Combien de temps une famille consacre-t-elle à apprendre
l'Évangile par l'étude des Écritures et par
l'enseignement des parents en comparaison du temps que les membres de
la famille passent à regarder les compétitions
sportives, les débats ou les séries télévisées ?
Je crois que beaucoup parmi nous sont suralimentés en
spectacles de mauvaise qualité et sous-alimentés en ce
qui concerne le pain de vie. » (Le
Liahona,
juillet 2001,
p. 101-102)
En 1999, la Première Présidence a
déclaré : « Tout autour de nous nous
voyons les preuves des éléments destructeurs destinés
à détruire nos jeunes... Il en est qui tombent
dans les filets de l'adversaire, qui cessent d'être pratiquants
et qui s'attirent des ennuis… Nous recommandons aux parents et
aux enfants d'accorder toute la priorité à la prière
en famille, à la soirée familiale, à l'étude
et à l'enseignement de l'Évangile et aux activités
familiales saines » (Lettre de la Première
Présidence, 11 février 1999).
Quelques mois plus tard,
la Première Présidence rappelait : « Au
début de cette année nous avons demandé aux
parents de consacrer tous leurs efforts à instruire et à
élever leurs enfants selon les principes de l'Évangile,
ce qui leur permettra de rester proches de l'Église. Nous
avons aussi recommandé aux parents et aux enfants de donner la
plus grande priorité à la prière en famille, à
la soirée familiale, à l'étude et à
l'enseignement de l'Évangile, et aux activités
familiales saines. » (Lettre de la Première
Présidence, 4 octobre 1999 ;
Le
Liahona,
mars 2003,
p. 4)
Ezra
Taft Benson a déclaré à propos de la soirée
familiale : « La soirée familiale constitue
une barrière à l'œuvre de l'adversaire »
(Ensign,
décembre 1971) ;
ce à quoi James E. Faust a ajouté : « Si
nous continuons à faire notre soirée familiale, nos
foyers en seront bénis… et les portes de l'enfer ne
prévaudront pas contre nous » (Le
Liahona,
juin 2003,
p. 6). Et Thomas S. Monson d'ajouter : « La
soirée familiale peut apporter la progression spirituelle à
chaque membre de la famille en l'aidant à résister aux
tentations qui sont partout. » (Le
Liahona,
mai 2005,
p. 19)
L. Tom Perry
a fait le
commentaire suivant sur la soirée familiale : « C'est
l'occasion de tenir conseil, de lire les Écritures, de prier
et de nous divertir ensemble. » (Le
Liahona,
juillet 2001,
p. 43)
David A. Bednar a
déclaré : « Chaque prière en famille, chaque occasion de lire les
Écritures en famille et chaque soirée familiale est un coup de pinceau
sur la toile de notre âme. Il se peut qu’aucun événement ne soit très
marquant ni très mémorable. Mais, de même que les coups de pinceau de
[diverses couleurs] se complètent et produisent un chef-d’œuvre
impressionnant, de même notre persévérance à faire des choses
apparemment petites peut produire des résultats spirituels importants.
» (Le Liahona, novembre 2009, p. 19)
Ezra
Taft Benson a affirmé : « Dans
les familles fortes, on entretient une bonne communication. On
exprime ses problèmes, on fait des projets ensemble et l'on
coopère pour atteindre des objectifs communs. Les soirées
familiales et les conseils de famille servent efficacement à
ces fins » (L'Étoile,
octobre 1984, p. 11 ; février 1994, p. 4). Il a
ajouté : « En encourageant les parents à
tenir des conseils de famille, nous imitons dans nos foyers un modèle
céleste [Abraham 4:26]. » (L'Étoile,
octobre 1979, p. 147)
M. Russell Ballard a lancé l'exhortation
suivante : « Vous, parents, instruisez-vous l'un
l'autre et instruisez vos enfants lors des soirées familiales
et des conseils de famille. » (Le
Liahona,
juillet 2001,
p. 81)
Au
sujet des entretiens entre époux, Neal A. Maxwell (1926-2004),
du Collège des Douze, a enseigné : « Mari
et femme peuvent 'raisonner ensemble' [D&A 50:10] à date
régulière, et faire le point. Il peut être
nécessaire d'apporter des corrections de détail, et ces
entretiens peuvent être plus précieux que nous ne le
pensons. Hélas, trop de couples sont trop occupés. »
(Le
Liahona,
juillet 2001,
p. 45)
Russell M. Nelson a ajouté : « Bien communiquer avec
votre conjoint est important. La bonne communication inclut de
prendre le temps de planifier ensemble. Les conjoints ont besoin de
moments en privé pour faire des observations, pour parler et
pour s'écouter réellement. » (Le
Liahona,
mai 2006,
p. 37)
À
propos des entretiens entre père et enfant, nous lisons :
« Ces entretiens peuvent respecter
une certaine forme ou être détendus et fréquents.
Le père doit exprimer son amour
pour l'enfant et la confiance qu'il a en lui. L'enfant doit avoir
l'occasion d'exprimer
ses sentiments sur n'importe quel sujet, problème ou
expérience. Le père doit
écouter attentivement et prendre au sérieux les
problèmes et les confidences de l'enfant. Le père et
l'enfant doivent prier ensemble » (Guide
de la famille,
p. 10-11 de l’édition
2001).
Thomas S. Monson a enseigné : « Nous
devons être inébranlables dans l'exemple que nous
donnons aux membres de notre famille et être disponibles pour
accorder du temps en tête à tête à chacun
d'entre eux afin de conseiller et de guider. »
(Réunion mondiale de formation des dirigeants, 11 février
2006 ; voir
Le
Liahona,
juin 2006,
p. 68)
M. Russell Ballard a ajouté :
« Vous
devriez avoir couramment
des rencontres en tête à tête avec vos fils. Tout
père a besoin d’au moins une conversation ciblée,
de qualité, avec ses fils chaque mois, au cours de laquelle
ils parlent de choses précises telles que les études,
les amis, les sentiments, les jeux vidéo, les textos, la
dignité, la foi et le témoignage. L’endroit ou le
moment ne sont pas aussi importants que le fait qu’elle ait
lieu...
« Dans vos discussions avec vos fils, utilisez le mot
'penser' le plus souvent possible sans que
cela devienne gênant. Demandez : 'Qu’est-ce
que tu penses de ce que tu apprends dans ce cours ?' 'Que
penses-tu de ce que ton ami a dit ?' 'Que penses-tu de ta prêtrise
et de l’Église ?'
Ne vous croyez pas tenu de tout régler ou de tout résoudre
pendant ces conversations. La plupart du temps, la meilleure chose
que vous puissiez faire, c’est simplement écouter. Les
pères qui écoutent plus qu’ils ne parlent
constatent que leurs fils en disent davantage sur ce qui se passe
vraiment dans leur vie. Pères, écoutez vos fils. »
(Le
Liahona,
novembre 2009,
p. 48, 49)
En 2018, un nouveau programme d'étude
personnelle et familiale, appelé Viens et suis-moi, a été lancé dans
toute l'Église. Tel qu'il est conçu, ce programme inclut la plupart des
éléments du programme de la soirée familiale et engendre les mêmes
bénéfices. Autant on vantait précédemment les bénéfices de la soirée
familiale, autant on annonce maintenant les avantages du programme d'étude Viens et
suis-moi. Ces avantages étant les mêmes d'un programme à l'autre, toutes les déclarations
précédentes sur la soirée familiale peuvent s'appliquer au nouveau
programme familial Viens et suis-moi.
À propos de ce programme, Russell M. Nelson a fait la
promesse suivante : « Le nouveau programme d’étude
centré sur le foyer, soutenu par l’Église
donnera la possibilité aux familles de
transformer leur foyer en sanctuaire
de foi si elles le suivent consciencieusement et soigneusement. Je vous
promets que, si vous travaillez diligemment à transformer votre foyer en centre
d’apprentissage de l’Évangile, au fil
du temps, vos jours du sabbat deviendront un délice, vos enfants seront heureux d’apprendre et de vivre les enseignements du
Sauveur, et l’influence de l’adversaire dans votre vie et votre foyer
diminuera. Les changements dans votre famille seront spectaculaires et
réconfortants. » (Le Liahona, novembre 2018, p. 113)
Selon
cette déclaration, le programme de la soirée
familiale a été refondu dans le programme d'étude familiale Viens et
suis-moi. La soirée familiale du lundi a été recentrée sur le jour de
sabbat, et le manuel Viens et suis-moi, à l'usage des familles, est
devenu le nouveau manuel de soirées familiales.
Au foyer, que les
réunions, entretiens et conseils soient planifiés ou spontanés, ils
font partie du réseau de communication indispensable à la vie du foyer
et au bien-être de ses membres.
Rien ne remplace la communication. Elle est présente dans tout le plan
de salut du Père pour ses enfants, de la prière et la révélation
jusqu'aux ordonnances de la prêtrise en passant par l'enseignement de
l'Évangile, les témoignages reçus et rendus, la confession et la
rémission des péchés, les appels à servir et les comptes rendus de son
intendance, etc.
De nombreux problèmes naissent de l'absence de communication ou d'une
mauvaise communication. Charles Didier, alors membre du Premier collège
des soixante-dix, a déclaré : « Le langage est divin. Certains le
savent peut-être mais n'en comprennent pas les implications dans leur
vie familiale quotidienne. L'amour au foyer commence par un langage
empreint d'amour. Ce besoin est si important que, sans mots affectueux,
certains deviennent des déséquilibrés mentaux, d'autres ont des
troubles émotionnels et certains même peuvent mourir. Aucune société ne
peut survivre quand sa vie familiale s'est détériorée, et cette
détérioration commence toujours par un mot, un seul mot simple. » (L'Étoile,
mai 1980, p. 45)
Une communication de qualité
prévient les problèmes inutiles. Beaucoup de difficultés, au foyer
comme dans l'Église, viennent d'un manque de communication. Le
Seigneur, qui savait cela, a prévu des relais de communication. Il a
dit : « Et voici, vous vous rassemblerez souvent » (3 Néphi 18:22) ; «
Voici, je vous donne le commandement de vous instruire et de vous
édifier les uns les autres lorsque vous êtes assemblés » (D&A
43:8). L'adversaire aussi a ses réseaux de communication, y compris
l'équivalent de la révélation (voir Hélaman 6:26-30). Il est probable
que si nous étions conscients de tout ce dont l'adversaire ne se prive
pas pour atteindre ses buts infernaux nous ne négligerions aucun des
relais de communication prévus par le Seigneur dans son Église.
C'est en grande partie sur la qualité
de la communication que repose l'efficacité d'une réunion, d'un
entretien ou d'une visite. Lorsque le locuteur parle par l'Esprit et
que l'interlocuteur reçoit la parole par le même Esprit (voir D&A
50:17-22), ceci est de la communication par excellence. Un autre
enseignement donné par le Seigneur en faveur d'une bonne communication
dans l'Église et au foyer est celui-ci : « Qu'une personne parle à la
fois, et que tous écoutent ce qu'elle dit, afin que lorsque tous ont
parlé, tous soient édifiés. » (D&A 88:122)
La communication est de meilleure
qualité lorsque ceux qui communiquent ont développé les vertus
chrétiennes telles que l'humilité, l'amour et la patience. Toutes les
vertus améliorent la communication. À l'inverse, l'orgueil,
l'impatience et la colère la détériorent. Tous les péchés la
détériorent. Plus les vertus chrétiennes développent notre
personnalité, plus notre aptitude à communiquer augmente. Plus le
Saint-Esprit nous accompagne, meilleure est notre communication. Mieux
nous communiquons, mieux nous évitons les difficultés inutiles et
vainquons celles qui nous renforcent.
15.
Le langage
Au chapitre 12, nous avons traité de l'impact du langage des détenteurs de la prêtrise quand ils donnent une
bénédiction. Nous avons vu comment le choix des verbes et des tournures
peut exprimer divers degrés de foi et de pouvoir. La même observation
peut être faite à propos du langage de nos prières. Voici à présent un
plaidoyer en faveur d'une langue correcte, juste et précise, inspirée
de la clarté tant recherchée par Néphi (voir 2 Néphi 25:4, 7 ; 31:2-3 ; 33:6).
a. Le langage de l'Église
b. Les anglicismes
c. La langue écrite
a. Le langage de l'Église
Évolution
Révérence
Repentance
Autres expressions
Sigles et acronymes
Parole de sagesse
En français, le
vocabulaire de l'Église évolue avec sa traduction à partir de la langue
du Rétablissement, l'anglais. Ce qui fait autorité en la matière sont
les publications de l'Église. En fonction de l'évolution de la langue
française, un terme qui a été traduit d'une façon pendant un temps peut
un jour être traduit différemment. D'autre part, un terme spécifique au
jargon des membres de l'Église peut n'avoir jamais fait partie de la
terminologie de l'Église.
C'est
ainsi que dans les publications actuelles de l'Église on parle de
l’œuvre missionnaire et non du travail missionnaire ; de collègues (à
propos des équipes de missionnaires à plein temps) davantage que de
compagnons ; des amis de l'Église et non des investigateurs ; des
leçons missionnaires et non des discussions missionnaires ; des leçons
pour les nouveaux membres et non des leçons d'intégration ; de la
remotivation ou du retour à l'assiduité et non de la réactivation
; de la communication et non plus des communications (ou relations)
publiques ; des anciens potentiels et non des candidats anciens ;
On parle des veillées et non des coins de feu ; du conseil de pieu
ou de paroisse et non du conseil de coordination de pieu ou de paroisse
; des entretiens de prêtrise et non des entrevues orales de prêtrise ou
entrevues personnelles de prêtrise ; des biens immeubles (immeubles
étant un qualificatif) et non des biens et immeubles ; des membres du
grand conseil et non des grands conseillers ;
On parle du cours de doctrine de
l'Évangile (de l'École du dimanche) et non de la classe des adultes
(cette classe de l'École du dimanche n'est pas la seule à être composée
d'adultes) ; du cours des principes de l'Évangile (de l'École du
dimanche) et non de la classe des amis de l'Église (cette classe
n'accueille pas seulement les amis de l'Église, mais également les
nouveaux membres et les membres qui reviennent à l'Église) ;
On parle de la
réunion de coordination missionnaire et non de la réunion de DMP
(dirigeant de mission de paroisse) ; de la réunion des dirigeants de
prêtrise (de pieu) et non de la réunion trimestrielle de prêtrise (la
fréquence peut changer) ; de la réunion générale de prêtrise (de pieu)
et non de la réunion semestrielle de prêtrise (même remarque que pour
l'exemple précédent) ; de la commémoration du rétablissement de la
prêtrise et non de la commémoration de la prêtrise (on commémore un
événement), de l'indexation et non plus de l'extraction, etc.
En
revanche, la tendance à bannir le terme révérence, s'agissant de
l'attitude qui convient de la part de chacun à l'église, est erronée.
En français, la définition de ce terme correspond exactement à cette
attitude. Alors que le terme recueillement désigne, dans son sens
premier, un acte ponctuel (celui de cesser toute activité, de rompre tout contact avec son
environnement immédiat et de s'isoler mentalement pour se concentrer sur la
vie spirituelle, comme le temps de la prière), le terme révérence
traduit une attitude de respect, de retenue, de déférence qui convient
à toute la durée des réunions et de notre présence à l'église comme en
tout lieu sacré.
On se recueille devant une tombe, mais on reste révérencieux dans tout
le cimetière. « Recueillons-nous » et « Soyons révérencieux » sont des
injonctions aux significations différentes l'une de l'autre. Pour se
recueillir, on s'arrête. À l'église, on se recueille pendant les
prières, mais on reste révérencieux même en parlant dans les couloirs.
Le caractère juste du terme révérence est confirmé par
l'excellente définition qui en est donnée dans le glossaire intitulé
Ancrés
dans la foi, manuel de référence sur l'Évangile,
2005, p. 162-163. Précisons
aussi que le qualificatif lié à révérence est révérencieux
(révérencieuse) et non révérend (révérende), qui est un titre, ni
révérant, qui est le participe présent du verbe révérer.
De même, la tendance à préférer repentir à repentance n'est pas fondée, si ce n'est pour une question de sonorité (repentance rime avec
pénitence). En 1928, dans son Encyclopédie Biblique, Reisdorf-Reece
définissait ainsi le repentir : « Vif regret », et ainsi la repentance
: « Action de changer d'avis ou de résolution », faisant une
distinction entre les deux termes.
Avant lui, Louis Segond avait fait
la même distinction dans sa traduction de la Bible où, dans la version
de 1910, repentir apparaît lorsqu'il s'agit du sentiment (voir Juges
21:6, 15 ; Jérémie 31:19 ; Ézéchiel 24:14 ; Osée 13:14 ; Hébreux 12:17
[voir Genèse 27:38 et 41]) et repentance lorsqu'il s'agit de la
doctrine ou du processus de la repentance (voir Matthieu 3:8, 11 ; Marc
1:4 ; 6:12 ; Luc 3:3, 8 ; 5:32 ; 15:7 ; 24:47 ; Actes 5:31 ; 11:18 ;
13:24 ; 19:4 ; 20:21 ; 26:20 ; Romains 2:4 ; 2 Corinthiens 7:9,
10 ; 2 Timothée 2:25 ; Hébreux 6:6 ; 2 Pierre 3:9).
D'autres expressions du langage parlé couramment utilisées dans
l'Église pourraient l'être plus correctement en français : La (ou une)
soirée de talents devrait devenir la (ou une) soirée
des talents, de même que l'on dit la (ou une) soirée
des Césars (il est vrai qu'en français on dit aussi l'office
de tourisme plutôt que
du tourisme, mais tourisme n'est pas un pluriel comme l'est
talents). De même, on parle correctement du programme de
maîtrise des Écritures, mais on entend parfois dire
une maîtrise d'Écriture pour désigner l'une des Écritures du programme de maîtrise de la doctrine, quand
une
Écriture de maîtrise décrirait parfaitement l'idée.
Pour s'exprimer correctement, il suffitait d'inverser les termes pour passer de maîtrise d'Écriture à Écriture de maîtrise.
De
plus, les sigles comme DMP, RBI, PAJF, JA, JAS, AS, CEP, CCP, EOP, EPP, etc.,
incompréhensibles par nos voisins et nos hôtes, ne font pas partie du
langage des publications de l'Église.
Il est vrai que nos jeunes
ont appris à prononcer le sigle anglais FSY, qui sonne «
effessouaill' ». Non seulement la sonorité est peu élégante
pour les non
anglophones, mais en plus elle ne signifie rien pour eux, alors que la
formule «
Spécial
Jeunes », pas plus longue ni plus difficile à prononcer, décrirait plus
efficacement la même idée. Notons qu'il n'y a pas davantage
de syllabes prononcées pour l'une (Spé – cial – Jeun') que pour l'autre
(Eff – Ess – Ouaill') mais que l'on gagne grandement en compréhension
avec la première.
Il en est de même pour le sigle JA : Jeun' – za – dult'
(3
syllabes) ne comporte qu'une syllabe de plus que J-A (2 syllabes) mais
est tellement plus explicite ! Dans ces cas et d'autres, on ne peut pas
avancer l'économie de syllabes comme excuse.
S'agissant de l'acronyme CAJAF, non seulement sa sonorité est peu
élégante, mais cet acronyme est employé sans que ni les locuteurs ni les
auditeurs n'en connaissent la signification. Les curieux qui vont sur le
site internet dédié n'y trouvent pas davantage le renseignement. On devine seulement que vu l'âge
de ceux qui y participent et en parlent, il s'agit d'une activité pour les jeunes adultes.
L'emploi du terme juste était déjà un souci en 1973 lorsqu'on
suggérait, dans le Manuel d’instructions pour la musique dans l’Église
(réf. PB MU 0031 FR), la terminologie suivante : Assemblée plutôt
qu'auditoire, cantique plutôt que chant, etc. On pourrait ajouter
prière d'ouverture plutôt qu'invocation et prière de clôture plutôt
que bénédiction, anglicismes parfois entendus.
Précisons enfin que ce qu'on nomme la Parole de sagesse est délimité
exclusivement par la section 89 des Doctrine et Alliances (voir le chapeau
de cette section ; voir aussi
Ancrés
dans la foi, manuel de référence sur l'Évangile,
2005, p. 123-125). Si l'on y ajoute des éléments extérieurs, comme la
recommandation de se coucher de bonne heure et de se lever tôt (voir
D&A 88:124), on ne traite plus de la Parole de sagesse proprement
dite, mais d'un concept plus général parfois appelé Code de santé du
Seigneur, englobant toutes les indications du Seigneur sur la santé,
dont la Parole de sagesse.
b. Les anglicismes
La langue du Rétablissement étant l'anglais, les premiers missionnaires
de l'Église étaient d'expression anglaise. Les missionnaires
d'expression anglaise ont longtemps été majoritaires et le sont
peut-être encore. De ce fait, il est naturel que des anglicismes aient
été importés parmi les saints d'expression française, anglicismes dont
nous trouvons des traces encore aujourd'hui dans toutes les paroisses
de France.
Quand un anglicisme fait
partie du fond sonore de notre éducation religieuse et que ce fond
perdure pendant des décennies, il est naturel que nous adoptions cet
anglicisme sans nous en rendre compte et qu'il fasse partie de notre
langage. Pour nous en rendre compte, il faut soit avoir une bonne
connaissance du français, soit que quelqu'un constate l'anglicisme et
nous en fasse la remarque.
Voici quelques exemples d'anglicismes parmi les saints :
a. Chapelle
b. Coin de feu
c. Actif
d. Président
e. Père céleste
f. Christ
g. À propos du témoignage
h. À propos de la prière
i. Jésus-Christ
■ « Chapelle » pour « église ». C'est le langage des missionnaires
anglophones que nous imitons depuis des décennies, sauf dans les
publications de l'Église qui sont en français correct. En français, la
« chapelle » désigne la salle de culte. Comme dans le temple, la
chapelle n'est qu'une partie du bâtiment. Même si dans l'Église
catholique il existe des bâtiments isolés appelés chapelles, les
bâtiments dans lesquels se
tiennent nos réunions dominicales sont des églises. Précisons qu'en
français l'église avec un é minuscule est le bâtiment, alors que
l'Église avec un É majuscule est l'institution.
■ « Coin de feu » pour « veillée ». Un « coin de feu » n'a jamais été
une expression française. L'équivalent a toujours été une « soirée au
coin du feu ». Aujourd'hui nous disons « veillée », terme officiel des
publications de l'Église.
■ « Actif » pour « pratiquant » et « inactif » pour « non pratiquant
». En français, un « membre actif » est le membre d'une association qui
est à jour de sa cotisation. Dans le monde religieux, on est
pratiquant, semi-pratiquant ou non pratiquant.
■ « Président Untel » pour « Le président Untel ». « Président Untel a
déclaré » pour « Le président Untel a déclaré » ; « La femme de président Untel » pour « La femme du président Untel » ; « J'ai parlé à président Untel » pour « J'ai parlé au président Untel ». En anglais, l'article est supprimé devant un nom propre précédé d'un titre. En français, on met l'article devant un titre. On ne dit « Président Untel » que lorsqu'on s'adresse à lui. Notons
que cette règle est respectée dans toutes les publications officielles de l'Église.
■ De même, en
français on emploie l'expression « Père céleste » en la
précédant d'un article défini ou indéfini
(« le », « un ») ou d'un adjectif possessif (« notre », « mon », etc). Par
voie de conséquence, en français on ne dit pas « à Père céleste » mais « au Père
céleste » ou « à notre Père céleste » ; on ne dit pas « de Père céleste » mais « du Père céleste » ou « de notre Père céleste »
; etc. L'appeler directement « Père », suivi d'un qualificatif ou pas,
n'est correct en
français que lorsqu'on s'adresse à lui. D'ailleurs, en français on ne
dit pas « Au nom de Père » mais « Au nom du Père ». Répétons-le : En anglais, devant un titre, on supprime l'article, alors qu'en français on le met. Notons que cette règle est respectée dans
tout le canon des Écritures ainsi que dans toutes les publications
officielles de l'Église.
Une exception à la règle s'est infiltrée dans la tradition
protestante et jusque dans la Bible de Louis Segond qui était pasteur
protestant : « Christ
» pour « le Christ », « à Christ » pour «
au Christ » et « de Christ » pour « du Christ » dans un nombre de
passages
trop important pour qu'il soit utile d'en indiquer les références. Nous
y voyons l'influence de la langue de la Réforme, l'allemand, dans
laquelle le titre « Christus » s'emploie sans article, comme en
anglais. Notons que les publications de l'Église ne se permettent pas
cet écart à la règle. Si elles citent fidèlement la Bible Segond,
elles n'adoptent pas l'usage du terme « Christ » à la mode protestante
qui ne devrait être exporté de la Bible Segond que lorsqu'on la cite.
Le jour où l'Église produira sa propre Bible en français, ce sera
l'occasion de corriger cet écart de la tradition protestante.
■ À propos du témoignage :
À propos de la façon de témoigner, il y a ce qui se dit en anglais mais pas en français.
■ Ce qui ne se dit pas :
« Je vous laisse mon témoignage », car ce qu'on laisse, on ne l'a plus. On ne dit pas non plus « Je vous laisse avec mon témoignage ».
« Je vous offre mon témoignage ». En anglais, le verbe « offrir » est
utilisé dans de nombreux registres. Pas en français. En français, nous avons des
verbes spécifiques. En français, on en fait part de son témoignage. On ne l'offre pas.
« Je vous partage mon témoignage » n'est pas une tournure française. On dit « Je vous fais part de mon témoignage ».
« Je rends mon témoignage » est un anglicisme. En français, on ne rend pas « son » témoignage, comme on rendrait son tablier. L'expression correcte est « rendre
témoignage », pas « rendre son témoignage ».
« Je porte mon témoignage ». On ne porte pas « son » témoignage comme on porterait sa croix. L'expression correcte est « porter
témoignage », pas « porter son témoignage ».
■ Formulations correctes :
« Je rends témoignage ». L'expression correcte est « rendre
témoignage », pas « rendre son témoignage ». Par conséquent, lorsqu'on
traduit : « Rendez votre témoignage… Chaque fois que vous rendez
votre témoignage, vous le fortifiez » (Spencer W. Kimball,
Enseignements des présidents de l'Église, 2006, p. 85), on devrait
utiliser une formulation telle que : «
Rendez témoignage… Chaque fois que vous témoignez, vous fortifiez votre
témoignage ». De même, lorsqu'on traduit : « Je rends mon témoignage
sûr et solennel que… » (Dale G. Renlund, Le Liahona, novembre 2023, p. 98), on devrait utiliser une formulation telle que : « Je rends un témoignage sûr et solennel que… »
« Je porte témoignage ». L'expression
correcte est « porter témoignage », pas « porter son témoignage ».
« Je témoigne » et « J'en témoigne ». C'est
l'expression la plus simple et la plus sûre. Elle peut être utilisée en
début ou en fin de témoignage, comme suit :
« Je témoigne que Dieu vit, que Jésus est le Sauveur du monde et que le président Untel est le prophète de Dieu aujourd'hui. »
« Je sais que Dieu vit, que Jésus est le Sauveur du monde et que le président Untel est le prophète de Dieu aujourd'hui. J'en témoigne. »
« Dieu vit. Jésus est le Sauveur du monde. Le
président Untel est le prophète de Dieu aujourd'hui. Je témoigne de ces vérités sacrées. »
(Ulisses Soares, Le Liahona, novembre 2023, p. 73). Cette dernière formulation a la particularité de ne pas commencer par «
Je » mais par l'énoncé de vérités.
Comme
on le constate, la palette de formulations correctes est riche. Elle
est suffisamment riche pour ne pas avoir besoin de recourir à des
tournures étrangères.
Ceci
étant dit, dans le doute, ne nous abstenons pas ! Ne nous abstenons pas
de témoigner parce que nous ne sommes pas sûrs de notre langage, mais
soyons certains que notre Père céleste accepte tous les témoignages,
comme toutes les prières, quelle que soit leur formulation. Sachons
simplement qu'il existe des formulations correctes en français et d'autres qui ne
le sont pas.
■ À propos de la prière :
En bon français, on ne «
laisse » pas une prière à notre Père céleste. Soit on la lui « fait » (voir 1 Rois 8:29 ; 2 Rois 20:2 ; 2 Chroniques 6:40 ; 7:15 ; Esdras 10:1 ; Marc 11:25), soit on la lui « adresse » (voir 2 Samuel 7:27 ; 1 Rois 8:28, 33, 44, 48, 54
; 2 Chroniques 6:34, 38 ; Néhémie 1:6 ; Job 27:10 ; 33:26 ; Psaumes 5:3
; Romains 15:30). Le verbe « laisser » a une connotation de négligence, voire d'abandon,
qui convient peu à la communication avec le divin. On « laisse » un
message à quelqu'un sur un répondeur téléphonique, mais on « fait » ou
« adresse » une prière à notre Père céleste. La langue française étant
riche, il existe des formules encore plus simples pour terminer une
prière, comme « C'est là notre prière » ou « Nous te prions » suivi de
« Au nom de Jésus-Christ. Amen », cette dernière terminaison pouvant
souvent se suffire à elle-même.
Comme
nous l'avons dit, dans la langue anglaise le verbe « offrir » est
appliqué à
toutes sortes de situations. Par exemple, en anglais on offre ses
condoléances, alors qu'en français on les présente. En bon français, on
n'offre pas une prière, on la fait. En français, on offre un
sacrifice, on offre sa vie, mais on fait une prière. « Offrir la prière
» n'est pas une expression française. C'est pourquoi elle est absente
des publications de l'Église où c'est l'expression « faire la prière »
qui est utilisée, comme dans les saintes Écritures (voir
1 Rois 8:29 ; 2 Rois 20:2 ; 2 Chroniques 6:40 ; 7:15 ; Esdras 10:1 ;
Marc 11:25) et dans le temple.
D'aucuns avanceront que « faire » n'est pas un verbe noble. Pourtant,
il existe dans la langue française plusieurs choses nobles que l'on «
fait », comme la paix et ses adieux. La prière en fait partie.
Seuls deux cas
ont échappé à la vigilance du service des Traductions de l'Église : D&A 93:51
et le premier couplet du cantique « À toi, Dieu, notre Père » (Cantiques, 1993, n° 100). Ces deux cas sont des paradoxes, car dans aucun des deux le texte anglais n'utilise le verbe « offrir
», s'agissant de la prière. Ce verbe n'est pas dans le texte anglais. Le paradoxe est que nos traducteurs
ont introduit dans leur traduction une expression anglaise absente du texte anglais.
Précisons que si l'expression « offrir la prière » est
d'usage en anglais dans le langage courant, elle est cependant totalement absente des
ouvrages canoniques en anglais.
La règle appliquée par nos traducteurs est de ne pas traduire mot à mot
une expression anglaise mais de la rendre par l'expression
équivalente en français. Puisque l'expression française correspondant à
« offrir la prière » est « faire la prière », c'est ainsi qu'elle est
officiellement traduite dans l'Église. S'il existe des infractions
à cette règle, c'est par erreur humaine ou logicielle, ou les deux.
C'est le cas de
l'ouvrage en trois tomes « Les saints », confiée à une
équipe qui n'a pas reçu les instructions en usage ou à un logiciel dans
lequel on ne les a pas intégrées. L'ouvrage
mentionné contient quelques expressions purement anglaises ou tournures
anglo-saxonnes traduites
mot-à-mot, dont la sonorité n'est pas très « heureuse » en français.
Les traducteurs habituels ne font cette erreur qu'exceptionnellement, par omission. Le reste du temps, ils s'en tiennent aux recommandations du manuel qui leur est fourni.
Quant à l'expression « Untel va nous offrir la
prière », elle comporte un double problème : ce n'est pas à « nous » que la prière est faite, mais à notre Père
céleste. La prière n'étant pas destinée à « nous », « Untel va nous faire la prière », bien qu'utilisant le bon verbe, a le même inconvénient.
Alors, que dit-on pour s'exprimer
correctement ? On dit « Untel fera la prière », comme le disent les
traducteurs de la conférence générale. Et lorsqu'on termine la
prière, il existe de nombreux verbes pour le faire : « C'est la prière
que nous te
faisons », ou « t'adressons », ou « prononçons », ou « formulons »,
etc. Comme nous le constatons, la langue française est suffisamment
riche pour ne pas avoir à adopter la traduction d'une expression
anglaise.
■ La prononciation du nom « Jésus-Christ
» est l'anglicisme le plus répandu actuellement parmi
les saints d'expression française. C'est le plus répandu parce que
c'est le nom le plus
souvent prononcé dans l'Église, notamment dans l'emploi de l'expression
« au nom de Jésus-Christ ». En français on dit « le Christ » en
prononçant toutes les lettres (k-r-i-s-t), mais on prononce « Jésus-Christ »
en laissant muettes les deux dernières consonnes (k-r-i). Faire sonner
les consonnes finales est un anglicisme. En français, pour faire sonner
les dernières consonnes on doit ajouter l'article défini « le » entre « Jésus » et « Christ » : « Jésus le
Christ ». Sans l'article défini entre « Jésus » et « Christ », on ne prononce pas les consonnes
finales.
La seule justification à la prononciation des consonnes finales serait
lorsque « Jésus-Christ » est écrit sans trait d'union. Selon le
Grévisse : « Le deuxième élément est une sorte de surnom. Pour essayer de rendre à cette désignation sa valeur première, les auteurs catholiques récents préfèrent écrire Jésus Christ[sans
trait d'union], en prononçant parfois [krist] comme dans l'Église
réformée » (Grévisse, Le bon usage, éd. Duculot, 1986, p. 144). Dans
les Écritures en français, « Jésus-Christ » est orthographié avec un
trait d'union, à la différence des Écritures en anglais. C'est aussi
l'orthographe dans toutes les publications de l'Église en français.
Notre prononciation devrait être conforme à l'orthographe employée.
La prononciation du composé « Jésus-Christ » en laissant entendre les consonnes finales est l'anglicisme qui gagne le
plus de terrain actuellement parmi nous. Sa progression dans nos paroisses est un véritable raz-de-marée dans lequel il serait aisé de se laisser emporter.
Nous pouvons cependant faire le choix d'appliquer la règle de prononciation en français.
En ancien français (avant
1300) et en moyen français (du 14e au 17e siècle), les consonnes
finales se sont progressivement affaiblies, puis elles ont disparu.
Dans le mot « Christ », l’affaiblissement a eu comme conséquence de
faire disparaitre le ‹st› final. À partir du 16e siècle, l’influence savante a rétabli un certain nombre de ces consonnes finales, mais pas dans le composé « Jésus-Christ ». En témoignent les transcriptions phonétiques les plus anciennes dont nous disposons : celle du Père Gile Vaudelin en 1713 et
celle du dictionnaire de l'Académie française, deuxième édition, en
1718. Selon ces sources, la prononciation du composé « Jésus-Christ » se fait en laissant muettes
les consonnes finales. Toutes les éditions suivantes du dictionnaire de
l'Académie
(1740, 1762, 1798, 1835, 1878, 1935), jusqu'à la version en cours,
confirment cette
prononciation.
Les autres dictionnaires sont unanimes à témoigner de la même prononciation. Selon le Larousse : « Christ : précédé du mot Jésus, il se prononce kri : Jé-zu-kri » ; selon le Littré : « Christ nm (krist' ; dans Jésus-Christ
on prononce Jé-zu-kri ; des ministres protestants, à tort, prononcent
Jé-zu-krist') » ; selon le Grévisse, lorsque « Jésus » et « Christ » sont reliés par un trait d'union, on prononce kri ; et selon le Dictionnaire culturel en langue française dirigé par Alain
Rey (Dictionnaires Le Robert), Christ se prononce Krist, et Jésus-Christ se prononce Jézukri.
Au 17e siècle, quelques pasteurs protestants, peut-être sous l'influence de la langue de la Réforme,
l'allemand, ont commencé à prononcer les consonnes finales. Cependant, la prononciation
officielle en français est restée celle consignée dans les dictionnaires de
la langue française et consiste encore et toujours à laisser muettes les
consonnes finales ‹st› quand on dit « Jésus-Christ ». C'est la norme en français.
Les dictionnaires témoignent de la prononciation à la protestante. En 1872, Le Littré précisait : « Jé-zu
Krist' est une mauvaise prononciation très usitée chez les protestants
français à cause de leurs relations fréquentes avec les Anglais et les
Allemands ». En 1913, le linguiste Philippe Martinon confirmait : « Le
groupe final st se prononce dans quelques mots, la plupart étrangers…
Il se prononce dans Christ, qui, employé seul, est un mot savant, mais
il est resté muet dans Jésu(s)-Chri(st), qui est populaire, et qui a
gardé pour ce motif sa prononciation traditionnelle, sauf parfois chez
les protestants. » (Philippe Martinon, Comment on prononce le français, 1913, p. 331)
La liste des anglicismes
couramment entendus dans nos églises serait trop longue à énumérer.
Mais si nous devions n'en retenir qu'un, celui qui ferait la plus
grande différence, c'est la prononciation du nom de notre Seigneur.
Pourquoi ? D'abord parce que c'est son nom. Si c'était le nom de
quelqu'un d'autre, cela nous préoccuperait moins. Mais il s'agit du nom
du Sauveur. Ensuite parce c'est le nom
le plus souvent prononcé dans l'Église : lors des prières, des
ordonnances et des discours. Si nous devions compter le nombre de fois
que le nom du Seigneur est prononcé lors d'une réunion de l'Église,
nous comprendrions l'importance de le prononcer correctement.
Il est à noter que la prononciation du nom du Seigneur en laissant
muettes les consonnes finales n'existe, parmi les langues occidentales, qu'en français. Elle est
particulière à notre langue, d'où l'intérêt de la conserver. Si c'est tout à l'honneur des
anglophones de prononcer le nom du Seigneur à l'anglaise, et des
germanophones de le prononcer à l'allemande, c'est tout à notre honneur
de le prononcer à la française.
Nous nous
empressons de préciser qu'il est plus important de prendre le nom du
Sauveur sur soi et de parler et d'agir en son nom sans prendre son nom
en vain, que de le prononcer à la française. Cependant, prononcer
correctement son nom dans notre langue est une marque supplémentaire de
respect pour lui et pour notre langue. Il est paradoxal de rencontrer
d'excellents disciples de Jésus-Christ qui ne prononcent pas
correctement son nom.
Ce qui apparaît comme un détail peut
être le sujet de tout un discours de conférence générale. Ainsi en
a-t-il été lorsque Dallin H. Oaks, en avril 1993, a plaidé pour que les
saints, lorsqu'ils prient en anglais, utilisent les pronoms « thee », «
thou », « thy » et « thine » au lieu de « you », « your » et « yours »
(voir L'Étoile, juillet 1993,
p. 16-19). Il s'est alors empressé d'ajouter : « Je suis certain que
notre Père céleste, qui aime tous ses enfants, entend toutes les
prières et les exauce, quelle que soit la façon dont elles sont
formulées. S’il est offensé par nos prières, ce sera plutôt par leur
absence que par leur formulation ». Cependant, tout son discours a été
consacré à argumenter en faveur de l'utilisation des pronoms corrects pour
prier en anglais.
Qu'est-ce qui nous dit que Dallin Oaks, s'il avait été de langue française,
et si le français avait été la langue du Rétablissement, n'aurait pas consacré un discours de conférence générale à la
prononciation correcte du nom du Sauveur en français ? Qu'est-ce qui
nous dit qu'il n'aurait pas vu l'utilité et l'importance de
développer une argumentation à ce sujet ? Comment s'adresser à Dieu et
comment prononcer son nom, n'est-ce pas un même sujet, celui de notre
langage à propos de la Divinité ?
Quand nous écoutons la
conférence générale ou la dotation du temple, nous pouvons être
attentifs non seulement au fond mais aussi à la forme. Nous constatons alors que les personnes qui
prêtent leur voix aux orateurs ou aux personnages prononcent
correctement le nom du Sauveur. Puisque,
en
la matière, la norme est respectée au niveau général de
l'Église, pourquoi ne serait-ce pas un modèle à imiter personnellement ?
Certains d'entre nous sont issus de régions où le protestantisme
est prégnant. Depuis leur enfance, ils prononcent le nom du Seigneur
sans effacer les consonnes finales. Il serait vain d'attendre de cette
minorité qu'elle change de prononciation, bien que chacun soit libre
d'adopter la norme. Pour eux, faire honneur au Seigneur avec leur
histoire et leur culture peut passer par la
prononciation historiquement en usage dans ces régions. En revanche, on
peut souhaiter que la majorité choisisse de faire obstacle à
l'influence de la langue anglaise quand elle engloutit une
particularité de notre langue dans un nom aussi important.
D'aucuns ont avancé le
problème de l'homophonie : le composé « Jésus-Christ » prononcé sans
les consonnes finales ferait entendre le verbe crier au présent de
l'indicatif avec Jésus comme sujet. Nous répondons que ce composé est
trop populaire pour qu'il y ait confusion chez l'auditeur. Les
Écritures rapportent effectivement que Jésus cria (voir Jean 11:43), mais l'orthographe de
« Jésus-Christ » ne permet aucune interprétation dans le sens du verbe
crier. Et aucune Écriture ne l'utilise au présent avec Jésus comme
sujet.
La meilleure façon de rétablir la prononciation du nom
du Seigneur à la française est de commencer par soi-même. C'est la
façon la plus efficace de faire perdre du terrain à l'anglicisme le
plus prégnant actuellement dans nos paroisses, toutes régions
confondues. Nous
pourrions commencer par l'expression « au nom de Jésus-Christ »,
notamment dans les ordonnances, les prières et les témoignages, à commencer par la prière de Sainte-Cène. Les
dirigeants pourraient donner l'exemple dans leurs prises de parole.
Plus notre rayon d'influence est large, plus nous avons un devoir
envers notre langue. Plus notre appel nous expose, plus nous sommes
responsables des effets d'imitation de notre langage chez nos
semblables.
Si jusqu'à présent
nous n'étions pas conscients de nos défauts de langage, soyons rassurés
: ce n'est pas un péché. Dans la hiérarchie des valeurs, il
est assurément plus
important d'être un vrai disciple du Sauveur et un véritable saint des
derniers jours que de parler sans anglicisme. Cependant, notre
progression englobe tout, y compris notre langage. Parmi les changements à apporter à notre vie, même un défaut secondaire vaut la peine d'être
corrigé. « Et c'est des petites choses que sort ce qui est grand »
(D&A 64:33). Or, il est plus facile de s'améliorer quand on
sait précisément en quoi le faire. Et ce que nous apprenons
dans le cadre de l'Église nous sert aussi à l'extérieur.
Le franglais est défini comme étant du
français dans lequel l'influence anglaise (lexique, syntaxe) est
prédominante. Nous, locuteurs, avons un devoir envers notre langue. Comme l'a dit Charles Didier, du premier collège des soixante-dix : «
Les mots sont une forme d'expression personnelle. Ils nous distinguent
tout comme le font les empreintes digitales » (L'Étoile,
mai 1980,
p. 43). Il est tout à notre honneur de refuser d'être pétris
d'anglicismes. Il n'est pas utile d'adopter les fautes de français de
nos modèles anglophones. Adopter le bon exemple de quelqu'un n'exige pas
de le faire au détriment de notre langue. Nous pouvons être fidèles à
la fois au bien et à notre langue.
c. La langue écrite
Comme nous l'avons mentionné, certains termes du langage parlé des
saints, comme les sigles et les anglicismes, sont exclus des
publications de l'Église. Nous avons aussi constaté que les erreurs de
français, notamment celles qui peuvent se glisser dans les saintes
Écritures, sont corrigées au fur et à mesure de leur signalement et des
réimpressions des ouvrages canoniques. Nous allons détailler ce point-là. Nous traiterons ensuite du bon usage des majuscules, notamment dans le nom de
l'Église. Enfin, nous reviendrons sur quelques expressions typiquement anglosaxones et leur équivalent en français.
Les saintes Écritures
Le nom de l'Église
Majuscules et minuscules
Expressions anglosaxones
Les saintes Écritures
Le
texte de la Bible Segond mis en ligne par l'Église contient de
nombreuses coquilles, les mêmes que celles diffusées par une
quarantaine d'autres sites internet. Ces coquilles sont pourtant
absentes de nos Bibles imprimées. Le texte de la Bible Segond mis en
ligne par de nombreux sites est le résultat d'une numérisation de
l'édition imprimée en 1910, suivie d'une reconnaissance de texte pour
obtenir le texte en écriture électronique. Ce procédé de conversion du
texte papier en écriture électronique n'étant pas fiable à cent pour
cent, il a entraîné quelques centaines de déformations du texte, ce qui
est peu pour toute la Bible. Ces quelques centaines de fautes de
français altèrent le texte de la Bible actuellement en ligne dans de
nombreux sites, y compris celui de l'Église.
Par ailleurs, d'autres erreurs se
sont ajoutées
au cours de diverses modifications du texte avant sa mise en ligne. Au
total, l'édition de la Bible mise en ligne par l'Église
comporte plusieurs centaines d'erreurs qui ne se trouvent pas dans
l'édition imprimée, celle que nous emportions le
dimanche à l'église avant la parution de la Bibliothèque de l'Évangile
téléchargeable dans nos terminaux portables.
Aux
erreurs que contient la version numérique de la Bible, il convient
d'ajouter les coquilles déjà signalées dans le
Triptyque. L'édition 1998 du Triptyque en français a été l'occasion d'une retraduction complète par Marcel Kahne,
la précédente traduction étant celle de 1852 pour le Livre de Mormon et
de 1958 pour les Doctrine et Alliances et la Perle de grand prix. Les
coquilles que nous avons trouvées dans l'édition de 1998 ont été
partiellement corrigées dans l'édition de 2008 et les coquilles
restantes ont été partiellement corrigées dans les réimpressions successives
(voir l'historique).
La réimpression de 2023 actuellement en ligne comporte une centaine de
coquilles dont les plus significatives ont été insérées à la liste ci-dessous.
Les erreurs principales
(à
traiter prioritairement) sont énumérées ci-dessous et ont été signalées au département des
Écritures de l'Église. Les coquilles déjà corrigées suite à nos
signalements n'apparaissent pas ici.
Fautes
de conjugaison : Nombres 17:2 ; 2 Samuel 19:chapeau ; 1 Rois 6:37 ;
18:chapeau ; 2 Rois 9:2 ; 17:chapeau ; 2 Chroniques 35:11 ;
Esdras 5:chapeau ; Proverbes 1:23 ; 5:19 ; 8:25 ; Ecclésiaste
2:3 ; Daniel 2:9 ; Actes 16:14
; Romains 11:17 ; Apocalypse 6:10 ; 3
Néphi 1:2
Fautes
d'accord : 2 Chroniques 6:13 ; Galates 2:17 ; 1
Thessaloniciens 2:5 ; 1 Timothée 3:2 ; 2 Timothée 2:18 ; 4:8 ; Tite 1:6 ; 1:15 (deux
cas) ; Hébreux 5:1 ; 9:10, 26, 27, 28 ; Jacques 1:21 ; Jacques
5:5 ; 1 Pierre 1:6 ; 1
Néphi 17:3
Fautes
d'orthographe : Deutéronome 10:17 ; 28:24 ; 1 Chroniques 27:7 ;
28:1 ; Esther 1:1 ; Ésaïe 22:16 ; Jérémie
30:16 ; Zacharie 9:8 ; 2 Corinthiens 10:15 ; 2 Thessaloniciens 1:11 ; 3:16 ; 2
Timothée 1:12 ; 3:13 ; Jacques 1:5, 6, 9 ; 1 Jean 5:16
Traits d'union manquants (outre « Jésus Christ », « Saint Esprit », « Esprit Saint », « Tout Puissant » et « Très Haut ») : 1 Corinthiens 11:22 ; 2 Timothée 2:18 ; 1 Jean 4:7
Traits
d'union ajoutés, entraînant un changement de
signification : Romains 13:3
Mots
accolés par l'absence d'espace de séparation :
Deutéronome 13:13 ;
25:4 ; 33:25 ; Josué 6:6 ; 18:16 : Juges 5:19 ; 1 Rois 2:28,
33 ; 5:8 ; 2 Rois 17:15 ; 23:17 ; 1 Chroniques 15:11 ; 28:5 ; 2
Chroniques 9:16 ; 17:8 ; Psaumes 17:12 ; 22:27 ; 25:3 ; 31:18 ;
37:chapeau ; 74:20 ; 106:33 ; Proverbes 27:13 ; Ecclésiaste
6:3 ; Jérémie 10:18 ; 26:20 ; 2 Pierre 3:11
Phrases
dont il manque un ou plusieurs mots : Josué 10:10 ; Joël 2:8 ; Luc
12:59 ; Actes 15:27 ; 2 Pierre 3:11 ; Éther
1:4 (2e phrase) ; Éther 4:18 ; Moroni 4:3 ; D&A 20:77 ; Guide
des Écritures, Sujet : Principe, 2e paragraphe (la version en ligne
cite la Bible traditionnelle en notant qu'il s'agit de la TJS)
Phrases
comportant un ou plusieurs mots en trop
: 1 Chroniques 23:3 ; Daniel 7:1 ; Romains
16:2 ; Jacques 4:6 ; 2 Pierre 3:11 ; Apocalypse 9:6 ; 11:17 ; D&A
29:chapeau : commentaire des versets 9-11 (dans la version en ligne, différente de la version papier)
Phrases
dont les mots sont dans le désordre : Hébreux 13:17
; 2 Pierre 3:11
Mots
dont les lettres sont dans le désordre : Apocalypse
20:11
Espaces
en trop : Juges 7:24 ; Job 37:23 ; Jérémie 31:22 ; 49:34 ; Jude 1:21
Apostrophes en trop : Proverbes 11:22
Espaces
remplaçant une lettre au sein d'un mot
: Apocalypse 18:14
Répétitions ne figurant pas dans l'original
: Ésaïe 19:23 ; 2
Néphi 15:26-27
Phrases
dont il manque le point final
: Nombres 33:15 ; Juges
13:15 ; Esther 1:17 ; Proverbes 8:22 ; 15:4 ; Ésaïe 53:2
; 63:19 ; Jérémie 19:14 ; 25:14 ; Ézéchiel
32:14 ; Osée 11:2 ; Amos 1:1 ; 1 Timothée 5:16 ; D&A
1:chapeau, dernière phrase (l'erreur n'existe pas dans la
version papier) ; D&A 96:chapeau, dernière phrase
(l'erreur n'existe pas dans la version papier) ; D&A 105:chapeau,
première phrase (l'erreur n'existe pas dans la version papier
; de plus, la version papier et la version en ligne diffusent deux
chapeaux différents)
Versets se terminant par un point final alors que la phrase continue au verset suivant : Psaumes 140:2 (verset 1 dans la Segond 1910)
Ponctuation
modifiée, entraînant un changement de signification
: Nombres 1:7, 9-10 ; 1 Rois 16:23
Ponctuation
mal placée : 1 Rois 18:4 ;
Esther 2:13 ; Job 15:35 ; Ésaïe 10:20 ;
2 Corinthiens 11:1
8 versets où « Esprit-Saint » est orthographié sans trait d'union (contrairement à la version Segond 1910, au Triptyque et aux règles du français)
55 versets où « Très-Haut » est orthographié sans trait d'union (contrairement à la version Segond 1910, au Triptyque et aux règles du français)
59 versets où « Tout-Puissant » ou « tout-puissant » est orthographié sans trait d'union (contrairement à la version Segond 1910, au Triptyque et aux règles du français)
73 versets où « Saint-Esprit » est orthographié sans trait d'union (contrairement à la version Segond 1910, au Triptyque et aux règles du français)
208 versets où « Jésus-Christ » est orthographié sans trait d'union (contrairement à la version Segond 1910, au Triptyque et aux règles du français)
515 versets où le retrait de la ponctuation handicape la lecture (voir la page dédiée)
Ces signalements sont détaillés, expliqués et documentés dans les pages dédiées suivantes : Bible, Triptyque.
Nous savons que l'important dans les
Écritures est leur message spirituel, pas les coquilles de l'éditeur,
que Moroni qualifierait de « erreurs des hommes » (Livre de Mormon, page de
titre). Nous avons signalé celles de l'édition française pour
leur correction en vue de la préservation de l'image de l'Église.
D'autre part, en apprenant ici leur existence, le lecteur ne sera pas
surpris de les trouver par lui-même.
Le nom de l'Église
Il y a un certain nombre d'années, nous nous sommes battus pour que sur
Wikipédia le nom de l'Église conserve les majuscules dans sa deuxième
partie (Saints des Derniers Jours), jusqu'au jour où le service
français des Traductions de l'Église nous a conseillé de ne pas
persévérer dans cette voie car nous avions tort.
En effet, les règles typographiques du français ne sont pas respectées
quand nous écrivons la deuxième partie du nom de l'Église avec des
majuscules. Si nous respections la règle, nous écririons : Église de
Jésus-Christ des saints des derniers jours. Le nom de l'Église prend
normalement des minuscules à « saints des derniers jours », au même
titre qu'en anglais le nom de l'Église s'écrit avec un « d » minuscule
à « day ».
Notons qu'en français les institutions commerciales n'échappent pas à
cette règle. Ainsi écrit-on « le Grand bazar de la rue de Rennes » pour
désigner le fameux grand magasin parisien. Seuls les logos échappent à
la règle.
Malgré toutes les parades que nous avions trouvées pour conserver les
majuscules sur Wikipédia, nous avons fini par nous incliner. Depuis,
nous appliquons la règle dans nos publications.
Il y a des années, nos traducteurs ont obtenu que dans les traductions
en français l'article défini du nom de l'Église conserve sa minuscule,
en vertu des règles du français (sauf en début de phrase, en vertu des
mêmes règles). Notons que cette règle s'applique aussi aux grands
magasins tels que la Samaritaine (sauf dans son logo ou quand l'article
défini est en début de phrase). Sur le même principe, l'application des
règles du français dans la deuxième partie du nom de l'Église reste à
obtenir. Puisque nos traducteurs ont été écoutés sur un point – celui
de l'article défini – on peut prévoir qu'ils le soient sur le reste du
nom de l'Église pour une mise en conformité avec les règles du français.
Wikipédia n'est qu'un exemple parmi les espaces où est exigé le respect
des règles linguistiques. La Communauté du Christ, en revanche,
orthographiait « Latter-Day Saints » avec un D majuscule avant de
changer de nom. L'Église, quant à elle, respecte les règles
linguistiques de l'anglais dans sa façon de typographier le nom de
l'Église. Nous ne doutons pas que sa politique soit de respecter les
règles des autres langues.
Notons qu'en français, les membres des communautés religieuses
s'orthographient avec une minuscule (« les adventistes, les baptistes,
les chrétiens, les évangéliques, les mormons, les musulmans, les saints
des derniers jours »), règle qui est déjà respectée dans les
publications de l'Église, y compris pour écrire « les saints »,
s'agissant des saints des derniers jours. Précisons que partout dans
les Écritures on écrit « les Juifs » avec une majuscule parce qu'il
s'agit du peuple juif. De même, en français « islam » s'écrit avec une
minuscule s'agissant de la religion, avec une majuscule s'agissant de
la civilisation.
Rappelons enfin que la typographie du nom d'un organisme répond à des
règles précises de la langue française alors que celle des logos est
libre. La typographie du logo d'un organisme et celle de son nom
peuvent ne pas être identiques. C'est le cas de l'Église : dans son
logo, aucune première lettre de mot n'est de taille supérieure aux
suivantes, contrairement à son nom. C'est pourquoi la mise en
conformité de la typographie du nom de l'Église en français ne
nécessitera pas de modifier son logo.
Le jour où cette mise en conformité sera faite, elle affectera le canon
des Écritures. En vue de ce temps-là, voici le lien vers la liste des références du Triptyque où le nom de l'Église apparaît.
Majuscules et minuscules
Comme le lecteur le remarquera, dans le document que nous venons de mentionner, nous avons écrit Perle de grand prix,
tel que cela s'écrit en vertu des règles du français. Il devrait en
être également de : École du dimanche, Parole de sagesse, Société de
secours et Articles de foi, quand il ne s'agit pas d'un logo. Ceci est
l'une des nombreuses différences entre l'anglais et le français,
différence que nous signalons à toutes fins utiles.
Ajoutons que « la
Première Vision » est correctement typographiée s'agissant d'un
événement historique. En revanche, on écrit « la première vision de
Joseph Smith » ou « sa première vision », comme c'est le cas dans les
publications de l'Église. Il en de même de « l'Expiation » et de «
l'expiation de Jésus-Christ » ou « son expiation ». Il en est de même
pour « le Rétablissement » et « le rétablissement de l'Église ». Ainsi
que pour « la Seconde Venue » et « la seconde venue de Jésus-Christ ».
En 2023, le service des Traductions de Salt Lake City envisageait de placer une majuscule aux pronoms relatifs à
la Divinité (Il, Lui, Le) dans le futur recueil de cantiques en français. Cette mesure ne nous paraissait pas pertinente pour les raisons suivantes :
1. L'inutilité : En français, à la différence de l'anglais, tous les éléments de la
phrase s'accordent entre eux, de sorte que le lecteur sait à tout
moment de qui on parle, de qui ou de quoi il s'agit. Ce n'est pas le
cas en anglais où rien ou presque ne s'accorde. Dans ce contexte, les
majuscules en anglais sont utiles.
2. L'ajout de complexité : En français, non seulement ces majuscules sont superflues, mais
elles rendent la lecture moins fluide, moins naturelle, plus complexe.
3.
La non conformité : Ces
majuscules sont absentes des saintes Écritures en français, non
seulement du Triptyque mais aussi de la version de la Bible utilisée
par les
saints de langue française. La Bible Segond 1910 est une version
protestante qui
ne typographie pas avec une majuscule les pronoms relatifs à la
Divinité.
4. La régression : L'usage de ces
majuscules étant une tradition catholique, les saints francophones
étant issus pour la plupart du catholicisme,
cette mesure leur donnerait l'impression de
revenir en arrière.
5. L'anachronisme : À notre jeunesse, qui relève déjà le défi de vivre en disciple du Sauveur, nous ajouterions celui de lire
du français d'un autre âge.
Expressions anglosaxones
Nous avons vu comment
l'expression « offrir la prière » se trouvait accidentellement dans
quelques publications de l'Église. D'autres expressions y sont parfois
accidentellement intégrées. C'est le cas de « Parlant de… Untel a dit…
». En français, un verbe suffit. L'expression correcte étant : « À
propos de… Untel a dit… ». Rappelons aussi qu'en français,
contrairement à l'anglais, on met l'article devant un titre : « Le président Untel ».
16.
La différence
Nous sommes enfants
d'un même Père céleste, participons au même plan de salut et, en tant
que saints des derniers jours, sommes membres de la même Église.
Cependant nous sommes tous différents.
Par le Saint-Esprit nous recevons des dons spirituels différents.
Certains en reçoivent un, d'autres un autre (voir D&A 46:12). Tous
ne reçoivent pas les mêmes dons (voir 1 Corinthiens 12:31), ce qui nous
rend complémentaires. De même, nous ne recevons pas les mêmes appels
dans l'Église (voir 1 Corinthiens 12:29). Tous les appels se complètent
(voir 1 Corinthiens 12:14, 20, 27 ; D&A 84:110). Chacun est
important (voir 1 Corinthiens 12:21 ; D&A 84:109).
Voici quelques domaines de différences d'usage :
La prière
L'étude des Écritures
Le jour de jeûne
L'oeuvre missionnaire
La prière
Prier le Père au nom
du Fils est un principe vital de l'Évangile. Ce principe est
d'application par tous. Pourtant, tous ne prononcent pas les mêmes
paroles. Et tous ne prient pas dans la même attitude physique. Selon
les circonstances nous prions à genoux, assis ou debout, les bras
croisés ou les mains l'une dans l'autre placées devant ou derrière soi
ou recouvrant le visage pour mieux entrer en soi. En conférence
générale on voit également le porte-parole de la prière tenir le
pupitre. Rappelons que nous pouvons prier en toute circonstance : En
travaillant, en nous déplaçant, au repos, à haute voix ou en silence,
seul, en famille, en public, en privé.
Certains d'entre nous invoquent le nom du Père à presque chaque phrase
de leur prière alors que d'autres ne le font qu'une fois, au début de
la prière. Si à notre époque la sobriété est d'usage dans ce domaine et
que nous évitons d'invoquer souvent le nom du Père au cours d'une même
prière, nous l'invoquons par deux fois au cours de chacune des prières
de Sainte-Cène (voir Moroni 4, 5 ; D&A 20:77, 79).
Si le Maître nous enseigne à invoquer le Père une fois pour toutes dans
l'exemple de prière qu'il a donné (voir Matthieu 6:9-13 ; 3 Néphi
13:9-13) et que le monde chrétien appelle le Notre Père, dans la prière
dite sacerdotale (« d'intercession » chez les anglophones) que le
Maître adressa à son Père peu avant la fin de son ministère, il
l'invoque une demi-douzaine de fois (voir Jean 17:1, 5, 11, 21, 24-25).
Ces invocations répétées caractérisent d'autres prières contenues dans
les Écritures (voir 1 Chroniques 17:16-27 ; Esdras 9:6-15 ; 2 Néphi
4:30-34 ; Alma 31:26-35 ; 33:4-11 ; 3 Néphi 19:20-23).
En ce qui concerne notre dispensation, dans la prière de consécration
du temple de Kirtland par Joseph Smith en 1836, le Seigneur est invoqué
plus de trente fois (voir D&A 109). En 1893, lors de la
consécration du temple de Salt Lake City par Wilford Woodruff
(1807-1898), le président de l'Église de l'époque, le Seigneur est
invoqué 26 fois (voir Contributor, 14:292). En comparaison, lors de la
prière de consécration du temple de Suisse en 1955 par David O. McKay, le
Seigneur n'est invoqué que cinq fois (voir Improvement Era, novembre
1955). Et dans la prière de consécration du centre de conférence de
Salt Lake City par Gordon B. Hinckley le 8 octobre 2000, le Seigneur
n'est invoqué que trois fois (voir
Le
Liahona,
janvier 2001,
p. 83-84).
Le langage varie d'une
époque à l'autre. Le langage élaboré du dix-neuvième siècle a été
abandonné pour un langage plus dépouillé. Ce qui est considéré d'une
façon à une époque peut avoir une résonance contraire à une autre. Bien
qu'à notre connaissance rien n'ait été publié à ce sujet, il semble
qu'à notre époque une sobriété respectueuse dans notre invocation du
Père au cours d'une même prière soit d'usage. Cependant, cette
observation ne devrait pas enlever toute spontanéité à nos prières.
Comme l'a dit Charles Didier, du premier collège des soixante-dix : «
Les mots sont une forme d'expression personnelle. Ils nous distinguent
tout comme le font les empreintes digitales. Ils reflètent le genre de
personne que nous sommes, sont révélateurs de notre milieu et
dépeignent notre mode de vie. Ils trahissent notre façon de penser
ainsi que nos sentiments intérieurs. » (Le langage,
moyen
divin de communiquer,
L'Étoile,
mai 1980, p. 43)
L'étude des Écritures
La recommandation d'étudier quotidiennement les Écritures est la même
pour tous. Pourtant, nous n'étudions pas tous au même moment de la
journée, n'y consacrons pas tous le même temps et n'étudions pas tous
selon la même méthode.
Selon Howard W. Hunter :
« Beaucoup s'aperçoivent que le meilleur
moment pour étudier est le matin… D'autres préfèrent étudier dans les
heures tranquilles qui suivent le travail… L'idéal serait d'y passer
une heure chaque jour ; mais si ce n'est pas possible, une demi-heure
de façon régulière donnerait un résultat substantiel. Un quart d'heure
est peu, mais la clarté et la compréhension qui peuvent être acquises
sur un sujet si significatif sont surprenantes…
« Certains préfèrent
étudier seuls, mais une étude à plusieurs peut être profitable… Il y en
a qui lisent selon un calendrier avec un certain nombre de pages ou de
chapitres par jour ou par semaine… Il est préférable d'avoir un certain
temps chaque jour pour étudier les Écritures, que d'avoir un certain
nombre de chapitres à lire. Parfois nous nous apercevrons que l'étude
d'un seul verset occupera tout le temps prévu pour une journée. » (L'Étoile,
mai 1980, p. 104)
Henry
B. Eyring a recommandé : « Nous nous
imprégnons de la parole de Dieu non seulement en lisant les
paroles des Écritures, mais également en les étudiant.
Nous pouvons être plus édifiés en méditant
quelques paroles, en permettant au Saint-Esprit de nous en imprégner,
qu’en parcourant rapidement et superficiellement des chapitres
entiers
des Écritures (L’Étoile,
janvier 1998, p. 100).
Russell M. Nelson a ajouté : « Je vous suggère
d'étudier de la manière qui vous convient. Par exemple
en lisant un livre d'Écritures de la première à
la dernière page. Cette méthode donne une bonne vue
d'ensemble. Mais il y a aussi d'autres bonnes méthodes. En
ayant un sujet ou un thème particulier, et en utilisant les
références croisées des notes de bas de page et
des guides d'étude, nous pouvons arriver à bien
comprendre un point de doctrine… Il peut nous arriver de
relire tous les ouvrages canoniques, à la recherche de
directives sur un sujet particulier. » (Le
Liahona,
janvier 2001,
p. 21)
M.
Russell Ballard a renchéri : « Plutôt que de lire
un chapitre ou un certain nombre de pages, consacrez un certain temps
à l'étude. Parfois, votre méditation d'un seul
verset ou d'un court passage et de ses implications dans votre vie
prendra la totalité de ce temps. Étudiez par thèmes
aussi bien que de façon chronologique. Ces deux méthodes
ont leurs avantages. » (Veillée
du Département d’Éducation de l’Église
du
3 mars 2002)
Le jour de
jeûne
Une
autre différence d'application est vécue le jour de
jeûne. En effet, le premier dimanche
de chaque mois, certains d'entre nous jeûnent du midi au midi
(voir Henry B. Eyring,
L'Étoile,
juillet 1996,
p. 68 et
janvier
1997,
p. 36), d'autres du soir au soir (voir Joseph F. Smith, Improvement
Era,
vol. 6, décembre 1903, p. 146 ; Gospel
Doctrine,
1919 ;
Doctrine de l'Évangile, 1982, p. 204 ;
L'Étoile,
1986, n°2,
p. 62 ; Guide d'étude personnelle
de la prêtrise de Melchisédek n° 2, 1990, Je
te destine à être serviteur et témoin,
p. 134), le principe fondamental étant de s'abstenir de deux
repas consécutifs, nourriture et boisson, de prier notre Père
céleste et de faire une offrande de jeûne pour aider les
pauvres, offrande au moins égale à la valeur des
aliments que nous aurions mangés (voir Joseph B. Wirthlin,
Le
Liahona,
juillet 2001,
p. 88).
L'oeuvre missionnaire
De
même, à propos de la responsabilité missionnaire
de chaque membre de l'Église, Henry B. Eyring a souligné
les différences d'une personne à l'autre en déclarant :
« Ils ne suivent pas de schéma type. Il n'y a pas
de technique commune. L'un a toujours avec lui un Livre de Mormon à
donner. Un autre se fixe une date avant laquelle il doit trouver une
personne que les missionnaires pourront instruire. Un autre encore a
trouvé des questions qui amènent les personnes à
parler de ce qui est le plus important dans la vie. Tous ont prié
pour savoir quoi faire. Tous semblent avoir reçu une réponse
différente, adaptée à leur situation et à
celle des personnes qu'ils rencontrent. » (Le
Liahona,
mai 2003,
p. 30)
La différence
La doctrine et les
principes sont éternels. Les modalités d'application varient selon les
époques. Leur application correcte est aussi diverse que ceux qui les
appliquent. Ce sont là des différences salutaires.
À
propos du caractère personnel de la mise en pratique de
l'Évangile, Joseph Smith a déclaré : « Je
leur enseigne de bons principes et ils se gouvernent eux-mêmes »
(cité par John Taylor dans Journal
of Discourses,
10:58 ; voir aussi Millennial
Star,
15 novembre 1851, p. 339 et
Le
Mariage éternel,
Manuel de l’Étudiant,
Religion 234 et 235, 2003, p. VIII).
Harold B. Lee a répété
ce principe en s'adressant aux dirigeants de l'Église :
« Vous devez enseigner des principes corrects afin que les
membres, les dirigeants et les instructeurs sachent se gouverner
eux-mêmes » (Conference
Report,
conférence interrégionale de Munich, 1973, p. 68 ;
Enseignements
des Présidents de l'Église, Harold B. Lee,
2001, p. 96). Ce à quoi Dallin H. Oaks a ajouté :
« La doctrine et les principes, bien enseignés, ont
une influence plus puissante sur la conduite que les règles.
Lorsque nous enseignons la doctrine et les principes de l'Évangile,
nous pouvons avoir le témoignage et les directives de l'Esprit
pour renforcer notre enseignement, et nous faisons appel à la
foi de nos élèves pour chercher l'inspiration de ce
même Esprit pour appliquer ces enseignements dans leur vie
personnelle. » (Le
Liahona,
janvier 2000,
p. 96)
Les différences nées
ainsi sont salutaires. La différence non salutaire est celle que nous
créons en nous éloignant de la doctrine du royaume, des principes de
l'Évangile, des commandements du Seigneur et des instructions des
Frères. Cette différence peut devenir un gouffre qui nous sépare du
Seigneur (voir 1 Néphi 12:18 ; 15:28-30 ; 2 Néphi 1:13 ; Alma 26:20 ;
Luc 16:26).
Le Seigneur a prié pour l'unité entre les saints et pour l'unité des
saints avec lui (voir Jean 17:20-23). Il a organisé son Église pour que
nous parvenions à cette unité (voir Éphésiens 4:13). À notre époque, il
a parlé de l'unité comme d'un commandement (voir D&A 38:27). L'une
des caractéristiques de l'Église de Jésus-Christ des saints des
derniers jours est l'unité des saints dans leurs différences. Chacun de
nous, dirigeant dans le royaume de Dieu ou membre, contribue à cette
unité en réduisant sa différence avec la parole révélée. Il jouit en
retour de la différence que le Saint-Esprit magnifie en lui en
développant sa personnalité et son individualité.
Puisque « là où est l'esprit du Seigneur, là est la liberté » (2
Corinthiens 3:17), chacun peut « choisir la liberté et la vie
éternelle… selon la volonté de [l'] Esprit-Saint » (2 Néphi 2:27-28) au
point de devenir « un véritable ami de la liberté » (Alma 62:37), car «
l'Esprit de Dieu… est aussi l'esprit de liberté qui est en [lui] »
(Alma 61:15).
Le Saint-Esprit est vecteur à la fois de liberté et d'unité. D'unité
avec soi-même, avec sa vraie nature, qui est spirituelle, avec son
identité prémortelle, avec le but de son séjour terrestre ; unité avec
le Père, à l’image du Père et du Fils et par la grâce du Fils ; unité
avec les enfants de notre Père céleste, plus particulièrement dans la
communion des saints. En 2008, Henry B. Eyring, devenu membre de la
Première Présidence, a écrit à propos de l'unité des saints : « Si nous
respectons nos alliances envers Jésus-Christ nous aurons la compagnie
de son Esprit. Cela adoucira nos cœurs et nous unira. Il faut obéir aux
commandements pour avoir droit à la compagnie de l'Esprit, sans lequel
nous ne pouvons être un. » (Le
Liahona,
septembre 2008,
p. 7)
Dans l'Église, la
liberté dans l'unité et la différence dans l'unité sont des équations
rendues possibles par l'action du Saint-Esprit.